8 minute read
Entretien avec Jocelyn Boisvert, auteur
Par Pierre-Alexandre Bonin, responsable de la Sélection chez CJ
UN AUTEUR DE CLASSE
Jocelyn Boisvert écrit pour la jeunesse depuis plus de 25 ans. Cet auteur prolifique et touche-à-tout est surtout connu pour sa série Les héros de ma classe (Éditions FouLire), ainsi que pour l’adaptation en bande dessinée de son roman Mort et déterré, initialement paru chez Soulières éditeur. Nous avons voulu en savoir plus sur la relation qu’il entretient avec l’école et les groupes scolaires, ainsi que sur les liens durables que la littérature jeunesse a noués avec le milieu de l’éducation au Québec.
Avant de connaître le succès avec ses romans, Jocelyn Boisvert se destinait à une toute autre carrière. Comme il l’explique : « J’ai étudié pour être enseignant, à l’université. J’ai fait un an en BEPP (Baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire). » Par contre, il a rapidement compris que ce n’était pas exactement sa tasse de thé… Il avoue en riant : « J’écrivais des pièces de théâtre pendant mes cours, donc c’était clair que je ne m’enlignais pas pour être enseignant ! Mais j’avais tout de même ce désir en moi, voilà pourquoi j’aime faire des animations scolaires. »
GENÈSE D’UNE SÉRIE POPULAIRE
Bien qu’il ait écrit des dizaines de livres au cours de sa carrière, la série Les héros de ma classe a sans contredit contribué à faire de Jocelyn Boisvert un écrivain à succès. Et la genèse de ce projet remonte à une autre gamme d’ouvrages extrêmement populaires dans les années 1980 et 1990 : les livres dont vous êtes le héros ! Eh oui, comme l’auteur l’explique lui-même : « J’ai 48 ans, donc j’ai bien connu les livres dont vous êtes le héros. C’était un concept qui me fascinait, mais j’aimais moins les histoires qui étaient racontées. C’étaient souvent de grandes aventures intergalactiques ou à la sauce fantasy avec des combats contre des monstres invraisemblables. Il me semblait que ce genre de livres serait plus amusant si les histoires se déroulaient dans un contexte réaliste. » Il était cependant loin de se douter de l’ampleur qu’allait prendre son projet. En effet, pour aller au bout de son idée, « il fallait que je réalise un livre pour chaque élève du groupe, et comme je ne voulais pas d’une classe de 4 élèves, j’ai décidé qu’il y en aurait 24, soit 12 avec des personnages de filles et 12 avec des garçons. Donc 24 romans à écrire, pour terminer avec un 25e, celui de l’enseignante, madame Anne. » Un travail pharaonique !
TROUVER L’INSPIRATION AUTOUR DE SOI
Quand on lui demande s’il s’est inspiré d’élèves qu’il a rencontré·e·s pour imaginer ses histoires, Jocelyn Boisvert nous fait cette confession : « Avant d’écrire le premier titre de la série, La folle envie de Jérémie, je cherchais une idée lorsque j’ai reçu un appel de la secrétaire de l’école me demandant de venir à l’école avec des pantalons propres, car mon fils avait eu un petit accident. Je me suis donc dépêché d’y aller, avec les pantalons, curieux de savoir ce qui s’était passé. Et c’est exactement ce qui a constitué par la suite le début de mon roman ! » Comme quoi, la fiction rejoint souvent la réalité ! D’ailleurs, ce n’est pas le seul tome des Héros de ma classe à avoir été inspiré par les enfants de l’auteur. Ce dernier explique que pour La plus grande peur de Camille, où Camille a peur des piqûres : « Ma fille avait une phobie des aiguilles. C’était une épreuve colossale de lui administrer un vaccin. Je me suis donc un peu beaucoup inspiré d’elle. »
UN AUTEUR À L’ÉCOLE
Comme plusieurs de ses collègues auteur·rice·s, Jocelyn Boisvert est présent dans les écoles grâce à des animations scolaires. Il mentionne qu’avec le temps, il accorde de plus en plus d’importance à ces rencontres, « parce que je vois les jeunes aller et que je veux garder le contact avec eux. Les jeunes se renouvellent, mais mon lectorat a essentiellement toujours le même âge. Et comme je n’arrête malheureusement pas de vieillir, le fossé générationnel s’agrandit toujours plus. Il est donc important pour moi de rester en contact avec la réalité des jeunes d’aujourd’hui. » Mais sa présence dans les écoles ne se résume pas à ces activités. En effet, l’auteur révèle, avec de la fierté dans la voix, qu’il écrit de plus en plus de textes pour des manuels scolaires : « J’ai participé à la section consacrée à la nouvelle dans le manuel de secondaire 4 chez ERPI. J’ai adoré l’expérience. On m’a demandé de composer deux nouvelles. Je donne également quelques conseils d’écriture, et je parle de mon processus créatif dans une sympathique entrevue. » Il y a par conséquent plusieurs manières de rejoindre le public jeunesse et de se tailler une place comme auteur·e dans le milieu scolaire.
DES RENCONTRES STIMULANTES
Quand on lui demande s’il juge important que les auteur·rice·s jeunesse soient présent·e·s auprès des jeunes dans les écoles, Jocelyn Boisvert répond immédiatement : « Je vois bien l’engouement des jeunes pour la lecture après mon passage dans leur classe. Certains élèves rébarbatifs à la lecture ont soudainement envie d’ouvrir un livre. Des profs ou des gens dans les salons du livre me confient que leur élève ou leur enfant ne lisait pas du tout avant cette activité. “Je ne sais pas ce que vous lui avez dit, mais maintenant, il est accro et il adore ça”, me disent-ils. Personnellement, mon but est de transmettre à ces jeunes toute ma passion et mon bonheur, même si l’écriture est loin d’être un travail facile. » Alors qu’il travaille sur le 25e, et dernier, tome de sa série Les héros de ma classe, tout en enchaînant les rencontres durant l’année scolaire, Jocelyn Boisvert est loin de ralentir la cadence. Sa tête fourmille d’idées et de projets, et on sent chez lui une énergie contagieuse lorsqu’il parle de littérature jeunesse. On n’a donc pas fini de lire ses histoires, et ça, c’est une excellente nouvelle !
Voici cinq romans pour découvrir la richesse et la diversité de l’univers littéraire de Jocelyn Boisvert.
LA FOLLE ENVIE DE JÉRÉMIE
ill.: Philippe Germain FouLire
Pauvre Jérémie… Il a complètement oublié d’aller aux toilettes avant la récréation. Sauras-tu l’aider à s’y rendre AVANT qu’il fasse pipi dans ses pantalons?
À partir de 8 ans
MORT ET DÉTERRÉ
Soulières éditeur
Yan meurt subitement, lors d’un accident de la route. Pourtant, même dans son cercueil, il continue de percevoir ce qui l’entoure. C’est alors le début d’une étrange aventure!
À partir de 12 ans
L’ABOMINABLE CRÉATURE DES BOIS
ill.: Fabio Lai Les Malins
Quand Caleb et son père débarquent au camping Sasquatch, réputé pour la présence de Big Foots dans les bois qui l’entourent, ils sont loin de se douter dans quoi ils s’embarquent!
À partir de 9 ans
LA CRIQUE DES DAMNÉS
ill.: Jocelyn Cabot la courte échelle
Lors d’un voyage aux Îles-dela-Madeleine, Nathan et son frère Rémi deviennent amis avec Noé et Maya. Lorsque Noé mentionne l’existence d’une crique réputé maudit, Nathan ne peut résister au défi lancé par ce dernier. Mais les deux adolescents nagent en eaux troubles…
À partir de 9 ans
LE JOURNAL COMPROMETTANT DE VINCENT
ill.: Philippe Germain FouLire
Vincent est catastrophé lorsqu’il découvre que son précieux journal intime a disparu. Non seulement il y consigne des commentaires peu flatteurs sur ses camadares de classe, mais il y a aussi écrit une longue lettre d’amour à la belle Ève. Pourras-tu aider Vincent à retrouver son journal avant tout le monde?
À partir de 8 ans
À PROPOS DE JOCELYN BOISVERT
Auteur de plus de 70 titres de romans, de scénarios de bande dessinée et d’albums illustrés, Jocelyn aborde la littérature jeunesse de manière ludique et inventive. Il aime faire rigoler les plus jeunes et faire frissonner les plus vieux. Ces dernières années, il s’est découvert une passion pour les histoires d’horreur. C’est son tout premier roman d’épouvante, Les moustiques, qui lui a (littéralement!) donné la piqûre. Depuis, il arpente les plages des Îles-de-la-Madeleine en se demandant quels affreux cauchemars il pourrait bien inventer pour flanquer la frousse à ses lecteurs et lectrices.