Lettre Culture Science N°19

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FEV 2015 S’interroger sur les fondements d’une recherche universitaire en danse amène à revisiter une idéologie artistique, non académique. C’est plonger dans une histoire militante, humaine et incertaine. Or, ce récit puise ses racines à Nice, dans une ville sans grand centre chorégraphique, sans renommée professionnelle dans le domaine. Mais à la fin des années 60, l’Université, inaugurée en 1965, s’y développe. Des dynamiques particulières peuvent émerger. Ainsi, très vite, une unité de valeur se crée à l’Université de Nice, en sport, sur le corps et le mouvement artistique. Ensuite, l’UNS reste précurseur. En 1984, le DEUG Art Communication Langage, propose une filière danse, qui intégrera en 1989 le département des Arts et prendra la forme d’une Licence. Les premiers postes en France de Maître de Conférences puis de Professeur en Danse seront également créés ici, sans que les compétences nécessaires soient toujours présentes sur le territoire national. En 2002, il y a donc trois candidats au poste de Professeur de la 18e section, en danse. L’un vient du théâtre, l’autre des sciences physiques et sportives, la dernière est une danseuse italienne, docteur en histoire (1). Marina Nordera revient aujourd’hui sur son parcours et sur celui de sa discipline, sur l’importance de maintenir en Danse une formation universitaire pour les étudiants. Sur quoi repose la dynamique niçoise, si particulière dans l’histoire de la danse à l’Université ? C’est le fait de personnes, de leur pugnacité et de leur ténacité. Cela tient beaucoup à Simone Clamens et à son conjoint, Robert Crang, décédé au cours de l’été 2014. Cela s’inscrit aussi dans

Culture

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des étudiantes en danse de l’UNS présentent une chorégraphie au MAMAC en 2006 dans le cadre de l’opération Mars aux Musées

La Lettre

Étudier la danse à l’Université : une histoire qui commence dans un pas de deux niçois un mouvement plus large, dans un contexte où la danse passe, à l’Université, de la filière éducation physique aux arts. Enfin, l’intégration de la Danse à l’Université de Nice se réalise de concert avec un fort essor de la danse contemporaine, dans les années 80. Pour autant, il est vrai que nous ne sommes pas dans une ville de la Danse. Au moment où Jack Lang rendait possible la création de centres chorégraphiques internationaux, à Nice, il n’y en a pas eu. Ce sont donc véritablement ces deux personnes, Simone Clamens et Robert Crang, soutenues par des collègues de littérature, de sociologie, d’histoire, qui ont fait le travail. Tous de la « génération 68 », ils considéraient la danse comme une forme de libération. Ils ont participé aux conseils d’Université, aux ateliers de réflexion organisés par le couple. Il ne faut pas oublier qu’on prête alors au corps une attention toute particulière. Simone Clamens et Robert Crang étaient-ils euxmême danseurs ? Non, ils étaient professeurs de sport, licenciés de leur discipline. Ils sont arrivés à la danse au sein

des pratiques corporelles des services des sports. Lui était Judoka, chanteur, musicien, très intéressé par les arts. Il est devenu un magnifique danseur de danses de société, notamment de tango, de valse. Elle, était plutôt tournée sur le contemporain, sur les mouvements les plus avant-gardistes. La Danse leur permettait d’abandonner les aspects du sport liés à la compétition, à la performance, voire même à l’armée, au conflit. En même temps, ils ont participé à tous ces ateliers interdisciplinaires d’improvisation, de recherche, organisés pour développer une danse nouvelle en France, à l’initiative de chorégraphes (2). Bien qu’isolés à Nice, ils étaient donc très mobiles, et ont pu trouver la nourriture artistique dont ils avaient besoin. Dans leur idée, que signifiait être chercheur en danse ? Cela se distingue-t-il du travail chorégraphique ? En premier lieu, il s’agit en effet d’être praticien et de faire de la recherche sur sa propre pratique. Cela rejoint la démarche chorégraphique de cette époque. Mais avant, cela n’était pas tout à fait


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