MARS 2015
La Lettre Son imposante silhouette s’est projetée, la première, sur les murs du Grand Château de Valrose. Éminent chercheur, administrateur charismatique, il se reconnaissait des manières « semi-autocratiques ». Pourtant, à l’évocation de son nom, des sourires se dessinent immanquablement. Il achevait ses journées assis au piano et dédiait les premières heures du jour à l’exploration mathématique. Jean Alexandre Dieudonné a été le premier doyen de la Faculté des Sciences de Nice. Entre 1965 et 1969, il installe également, au rez-de chaussée de l’éclatant bâtiment de style gothique, le laboratoire de mathématiques. Désormais sexagénaire, il s’apprête ainsi à achever une carrière menée un temps dans le secret, sous le pseudonyme de Nicolas Bourbaki. Derrière cette identité factice, un groupe de jeunes mathématiciens formé d’entre l’entre-deux guerres a nourri, dès 1934, un projet sans pareil. « Le programme avait du sens. Il s’agissait, au lieu d’étudier les phénomènes pour eux-mêmes, de tenter de les comprendre au moyen d’idées très générales, les plus universelles possibles. De là, émergeaient des théories, dont les mathématiciens espéraient qu’elles se propagent aux cas particuliers », résume Frédéric Patras, directeur de recherche au laboratoire Jean Alexandre Dieudonné (LJAD).
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Jean Alexandre Dieudonné : impact et héritage de la pensée bourbakiste Il a écrit, en 2001, un ouvrage intitulé « La pensée mathématique contemporaine ». Il y revient attentivement sur la théorie des structures, connue pour être l’innovation majeure des bourbakistes. Ce livre, destiné à un large public, permet de mieux cerner l’influence du groupe Bourbaki sur la façon même d’appréhender les mathématiques, jusque sur les bancs de l’école. Et comme le doyen Dieudonné s’avère être un artisan majeur du groupe, il pose les premières pierres de la Faculté des Sciences avec cette idéologie en toile de fond. La confrérie cherchait alors à créer un langage unifié au moyen duquel présenter absolument tous les résultats mathématiques importants.
une véritable refonte « Ils voulaient figer les notions une fois pour toutes », explique Frédéric Patras. Il s’agissait là d’une
entreprise considérable avec des conséquences importantes pour l’enseignement. « Bourbaki a diffusé en France une vision très structurée et très abstraite des mathématiques. De ce point de vue, il y a eu une véritable refonte. C’est en grande partie à cela que nous devons aujourd’hui nos médailles Fields », estime le directeur de recherche du LJAD. Mais il exprime davantage de réserve sur l’attribution du structuralisme aux seuls bourbakistes. Leurs travaux semblent en effet s’inspirer de « l’école allemande » en algèbre. Richard Dedekind, dès le 19ème siècle, s’interroge en effet sur les raisons ultimes de l’existence des théories mathématiques, de résultats et d’objets apparus au cours de calculs. Selon lui, « il manque quelque chose à l’intelligibilité (…) comme si le treillis de ses concepts et résultats indiquaient l’existence d’une idée manquante et nécessaire à sa perfection », écrit Frédéric Patras. À la même
époque, David Hilbert soutient une approche axiomatique des mathématiques. Pour lui, les objets de la géométrie sont fondés en droit et en raison par leur définition formelle et indépendamment de toute intuition. « Chez les bourbakistes, la notion de structure sera ensuite utilisée surtout dans un sens programmatique », souligne le chercheur du LJAD. « Confrontés à un problème, à une théorie, ils tâchaient de l’englober dans une structure formelle, dans un cadre axiomatique, avec des définitions rigoureuses et le degré maximal de généralité », poursuit-il. Intransigeant, Dieudonné opposait ainsi l’unanimité d’une élite à « ceux qui n’ont pas reçu le don d’une imagination inventive », cite Frédéric Patras. Le premier doyen de sciences manifeste peu d’intérêt pour les façons d’utiliser, de mobiliser les idées reines.
Il laisse, pour ainsi dire, les situations concrètes aux autres. Moqué pour ses colères, autoritaire, Dieudonné présente une puissance de travail colossale. « On dit qu’il a mis la touche finale à une grande partie des traités de Bourbaki. Il aurait également écrit la plupart des exercices et rédigé la quasi totalité des notices historiques. Cela force le respect et la sympathie », confie Frédéric Patras. À titre personnel, le premier doyen développera en outre la théorie des groupes formels. Au milieu des années 60, il lègue donc à la nouvelle génération des mathématiciens une vision très rigoureuse et théorique de sa discipline. Plus largement, il essaiera de créer tout de suite à l’Université des groupes de scientifiques très forts et homogènes, dans l’esprit du groupe Bourbaki. Par exemple, le règlement intérieur de la formation ne permet pas à ses membres de poursuivre leurs activités passés 50 ans. Jean Alexandre Dieudonné recrutera systématiquement, pour la faculté des Sciences, de jeunes scientifiques prometteurs, tous sortis de l’École Normale Supérieure et âgés en moyenne d’une trentaine d’années. Mais l’influence du bourbakisme déborde parfois les rangs des mathématiques « pures ». Au début, « il y a eu un « optimisme » structuraliste, l’idée est née qu’il pouvait y avoir des mathématiques un peu partout. Ceci explique sans doute le poids, à une époque, des mathématiques dans l’enseignement », suggère Frédéric Patras. Deux grands noms des sciences humaines et sociales auront par exemple dans l’idée d’appliquer le structuralisme à leur domaine de recherche. L’anthropologue Claude Levi-Strauss et le psychanalyste Jacques Lacan cherchent alors à établir des cadres très généraux, presque de type axiomatique, à l’intérieur desquels étudier, pour l’un le fonctionnement des sociétés primitives et pour l’autre celui de l’esprit. « Là où leur espoir était sans doute un peu excessif, c’est quand ils ont
essayé de décrire leurs structures au moyen d’un langage formalisé proche des mathématiques », estime le directeur de recherche du LJAD. Depuis, les interactions entre les mathématiques et les autres disciplines n’en ont pas moins continué de se développer, comme en économie, en biologie ou en sciences physiques. Et, « contrairement aux idées reçues, cela ne signifie pas la destitution des théories abstraites. Celles-ci peuvent être mobilisées dans les mathématiques appliquées », prévient Frédéric Patras.
l’épuisement des possibilités Pourtant, le structuralisme semble bel et bien avoir épuisé ses possibilités. « Le reproche qui a pu être fait aux bourbakistes touche à la recherche du niveau d’abstraction le plus poussé », explique le mathématicien. « À force, la définition perd de son contenu et donc de son sens. Qui plus est, cette approche obligeait à de nombreux détours pour arriver enfin aux notions importantes et utiles », note Frédéric Patras. Une autre conséquence discutable du structuralisme concerne le sort réservé à la théorie de la connaissance. Car, si la philosophie prend les mathématiques pour objet d’étude dès l’Antiquité, au 20ème siècle, les « vraies » mathématiques évacuent les questions de philosophie. Nicolas Bourbaki, avec le structuralisme, a lancé « un défi majeur pour la théorie de la connaissance, mais sans jamais le prendre au sérieux comme tel », écrit le directeur de recherche. Depuis, de son point de vue, la philosophie mathématique n’a pas retrouvé ses lettres de noblesse. Quant à l’enseignement, Frédéric Patras y déplore aujourd’hui des excès inverses à ceux énoncés plus haut. « Les situations concrètes se sont substituées à l’exigence de l’univers théorique »,
regrette-t-il. Enfin, avec la première génération des bourbakistes, à laquelle appartenait Dieudonné, s’est dissipée une certaine façon d’envisager la recherche. « Jusque dans les années 70, subsistait une volonté d’activité collective, qui disparait en 80. La carrière personnelle, la technicité, la spécialisation, dans un contexte de discours sur l’excellence, contrecarrent une conception assez généreuse de l’activité », termine Frédéric Patras. Laurie CHIARA
ci-contre, Jean Dieudonné membre de l’Académie des Sciences. Illustrations tirées du livre « Jean Dieudonné Mathématicien complet », de Pierre Dugac (éd. Gerbay)
l’optimisme structuraliste
Les clés du changement Les tirets peints en blanc sur le bitume s’estompent au bénéfice de curieux pochoirs. Une longue prise électrique dessine les contours d’une voiture citadine. Ailleurs, des bornes de stationnement pour vélos s’étirent sur une dizaine de mètres. Désormais, le long des trottoirs, les collectivités locales apposent ainsi leur engagement en faveur des véhicules non polluants. Pour autant, amener la « conduite du changement » peut s’avérer un exercice complexe. L’introduction d’une innovation technologique modifie des pratiques, rompt des processus. Le « facteur humain » empêche alors parfois l’évolution souhaitée. Ainsi, les décisionnaires travaillent, pour certains, à éviter ce genre d’écueil. Ceci a amené le laboratoire I3M (Information Milieux Médias Médiations) de l’Université Nice Sophia Antipolis à participer à la recherche Infini Drive sur les conditions du déploiement massif de véhicules électriques et de leurs infrastructures de recharge intelligentes en milieu professionnel. Il s’agissait pour les chercheurs engagés d’établir les clés de la «communication du changement». Avec sept partenaires (1), dont La Poste et ERDF, ils ont répondu à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « véhicule routier du futur », émis par l’ADEME et présenté au programme des Investissements d’avenir. Francine Boillot, responsable scientifique Infini Drive pour I3M revient sur cette expérience. Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, ses recherches portent sur la communication écocitoyenne. Elle a également créé et dirigé le Master Pro Communication écocitoyenne, patrimoines et développement durable. Quels ont été la durée et l’objet de l’étude ? F.B : L’étude à démarré en 2012 et elle vient de s’achever, pour un montant global de 9 millions d’euros. Infini Drive porte spécifiquement sur les infrastructures de recharge intelligentes et sur leur capacité à résoudre les problèmes éventuels liés à un déploiement massif de véhicules électriques en milieu urbain. Notre action a porté sur l’établissement de La Poste de Nice-Thiers, engagé à expérimenter le 100% véhicules électriques. Notre thème de recherche à tous a consisté à réfléchir aux problèmes que pouvait poser un déploiement massif de véhicules électriques en milieu urbain. Trois lieux d’expérimentation ont été retenus au niveau national, pour leur disparités géographiques : Nice, Grenoble et Nantes. Nice présente un modèle très urbain, avec également un relief montagneux. Le centre-ville y est très contraint, le climat chaud. Il s’agit en outre d’une zone dite de grande précarité électrique, car située en bout de réseau de distribution. La composante organisationnelle du projet a donc consisté à identifier les plages horaires où le réseau se trouve le plus disponible pour recharger les voitures. Il fallait également considérer le coût, estimer la consommation du fait de la charge et du trajet des véhicules. La composante environnementale visait
à montrer que nous essayions de sélectionner une énergie la moins polluante possible. Le laboratoire I3M a apporté une expertise en particulier sur la « communication du changement ». De quoi s’agit-il précisément ? F.B : Cela englobe une série de théories : la « conduite du changement », très bien connue par les sociologues, la théorie de la « communication engageante », développée en marketing et en psychologie sociale, tout ce qui concerne la communication appliquée au développement durable. Enfin, la communication scientifique joue un rôle très important. Dans l’exemple de La Poste, les experts avaient eu tendance à simplifier au maximum l’utilisation des bornes de recharge « intelligentes », à rendre la technique opaque. I3M a fait également appel, pour ce projet, à d’autres compétences universitaires. Comment s’est déroulée cette collaboration ? F.B : Peggy Cadel et Emmanuel Marty, Maîtres de Conférences en sciences de l’information et de la communication ont travaillé avec Hélène Ledouble, spécialiste en analyse linguistique de l’Université Sud Toulon Var. Grâce à eux, nous avons compilé les discours de La Poste sur sept années. Autrement dit, nous avons traité des centaines de milliers de mots au moyen de deux logiciels. Le premier a permis d’appréhender le corpus de façon statistique. Il a permis de travailler sur les occurrences des mots et sur leur contexte d’apparition, mettant en lumière l’organisation interne de chaque texte et les contrastes entre les discours (managériaux vs destinés aux usagers). Le second a fourni une approche plus sémantique. Il compilait les mots correspondant à des concepts. Notre objectif était de savoir si le contexte dans lequel évoluaient les salariés était culturellement favorable au passage au tout électrique. Or, pour savoir si les notions de développement durable et responsable, d’innovation étaient présentes, il a déjà fallu nous entendre sur les termes que nous placions derrière elles. Si des mots pouvaient apparaître seuls ou s’ils devaient être associés à d’autres etc. Valérie Hauch, du GREDEG, était aussi à nos côtés. Elle est plutôt spécialisée en communication des organisations et de l’innovation. En communication du changement, la direction doit s’engager la première, puis toutes les lignes de management jusqu’aux usagers de l’innovation. Quels dispositifs avez-vous déployé au sein de l’entreprise ? F.B : il nous fallait à la fois tester un dispositif de communication du changement et faciliter une R&D in situ, celle ci reposant beaucoup sur le retour d’expérience des utilisateurs. Pour favoriser l’implication de ces salariés-chercheurs, nous avons mis en place différents ateliers interactifs et suivis qualitatifs. Nous avons travaillé avec eux sur
ce que peut être une Recherche et Développement, sur l’utilité des dysfonctionnements dans une expérimentation. Nous avons également produit avec eux une communication sur la réduction des gaz à effet de serre liée à l’utilisation des véhicules électriques. Cependant, dans toute communication du changement, après une première phase de forte adhésion, il est courant d’assister à un rejet complet. L’argument environnemental, notamment, pâtit d’une suspicion de « greenwashing ». Les salariés commencent à suspecter l’entreprise d’investir dans la communication « verte » pour « blanchir » son image. À ce moment là, l’accompagnement est particulièrement important. Nous avons tâché de montrer aux personnels que nous avancions dans l’incertain et le complexe, et que nous avions à vivre cela ensemble. Le « syndrome de la goutte d’eau » peut également se manifester. Le changement nécessite un effort d’adaptation. Or, un découragement peut survenir, lié au sentiment que « les autres », de leur côté, n’agissent pas. Nous avons alors réinjecté des informations sur l’engagement collectif déployé sur le territoire. Au final, nous pouvons dire que la mobilisation des utilisateurs repose de façon stable sur la facilité d’usage et à l’adaptation au métier. Leur attrait pour la haute technologie est fort mais trop sous estimé par les gestionnaires. L’argument environnemental, très actif au départ, s’avère plus délicat à manier ou en tous cas, un bon indicateur du niveau d’adhésion du salarié. Tous nos résultats et préconisations sont consignés dans le guide « Pour un futur (simple) du véhicule électrique » téléchargeable sur le site de l’ADEME. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ? F.B : Infini Drive est d’abord une belle aventure intellectuelle car cette R&D pluripartenariale nous a confronté à des univers et problématiques souvent aigus et inhabituels. Elle a aussi été une vraie expérience interdisciplinaire. En outre, j’avais fait appel à une ancienne major de promotion du Master Pro et, grâce à son travail, à sa capacité d’immersion, celle-ci s’est vue offrir un poste à Nantes, pour accompagner la mobilité de nos partenaires. Cela montre que cette R&D a joué à plein son rôle d’insertion. Pour finir, je soulignerai l’importance du « facteur humain » et donc des SHS qui s’est fortement imposée au fil d’un projet pourtant au départ à 90% technique.
(1) La Poste, ERDF, L’École des Mines de Sophia Antipolis et de Nancy, Locaposte et Greenovia, filiales du groupe La Poste et la start-up G2mobility
Éthique et don d’organe : actualités et enjeux L’Espace éthique azuréen a organisé le 2 février la seconde conférence du cycle « Médecine et Psychologie », avec pour thème la greffe d’organes, déclarée impératif de santé publique dans la loi de bioéthique du 7 juillet 2011. Un des défis en la matière consiste à réduire le pourcentage d’oppositions « présumées » des potentiels donneurs. Or, pour le Dr Patrick Jambou, médecin coordinateur au sein de la coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus, le corps médical a en ce sens, tout intérêt à se rapprocher des psychologues. Penser à donner un organe de son vivant ou en cas de décès prématuré, c’est comme passer devant un bus de collecte de sang. Le regard s’attarde quelques minutes sur le véhicule, le passant se demande brièvement s’il pourrait retrousser sa manche au-dessus du coude, puis il poursuit sa route, généralement satisfait de se dire que oui, il en serait capable. Volontiers, même. En réalité, l’idée de céder à un(e) inconnu(e) une partie de soi, toute biologique, voire non nécessaire fut-elle, peut ne pas sembler naturelle ou évidente, éventuellement relever du tabou. Après tout, dans quelle mesure devrions-nous nous sentir responsables de la survie d’autrui ? Le progrès technique, le savoir-faire médical peuvent-ils légitimement bousculer notre instinct de conservation ? Nous projeter dans la situation du nécessiteux suffit-il à éveiller notre
La Lettre
charité ? Et puis faut-il vraiment parler de sa mort avec ses proches ? Ces barrières, désormais, le corps médical s’y intéresse. Car, dans une situation de diagnostic de mort encéphalique, quand le cerveau s’avère irréversiblement détruit, mais que des organes et des tissus demeurent sains, 33% des personnes de l’entourage refusent tout prélèvement. Pourtant, seulement 14% de la population française entreprend d’exprimer son opposition au don d’organe sur le registre national prévu à cet effet. Et sans cela, tout sujet devient « consentant présumé ». « Mais, nous avons le devoir de nous enquérir auprès des proches, qui deviennent des témoins du défunt. Le législateur nous a ici glissé une peau de banane », estime le Dr Patrick Jambou. Car l’entourage, justement, peut ne jamais avoir évoqué la question avec la personne décédée. Il risque alors de se laisser aller à projeter ses propres doutes et réticences sur le sujet. Selon le médecin, les raisons de ce rejet demeurent donc multiples et résistent invariablement à toutes les campagnes d’information et de communication expérimentées depuis une dizaine d’années. La notion de bien public resterait ainsi trop abstraite pour constituer une motivation. Les croyances, les cultures relatives au destin du défunt, la notion de respect des morts entrent également en jeu. Enfin, les circonstances
Culture Sciences Rédaction Laurie Chiara - Service Culture-Sciences - Direction de la Culture Crédits photos : DSD - Service Communication - Christophe Rousseau, Aurélie Macarri Mise en page : Emilie Deplantay
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brutales dans lesquelles sera formulée la demande, l’urgence d’obtenir une réponse, bousculent un entourage oscillant entre deuil et stupéfaction. Qui plus est, « la mort encéphalique va de paire avec une présentation du cadavre très éloignée des repères habituels », insiste le Dr Patrick Jambou. En effet, le défunt demeure notamment branché à des appareils médicaux. Il faut donc davantage accompagner les proches dans la compréhension des événements. Il est ainsi convaincu de l’importance, pour le corps médical et infirmier, de se rapprocher des psychologues, d’entamer un dialogue avec eux. Il aimerait notamment comprendre comment, en Espagne, le pourcentage d’oppositions au don par non positionnement a pu descendre à 15%. « Cela représenterait pour nous 1500 greffes annuelles supplémentaires », souligne le médecin coordinateur. Actuellement, en France, 5000 transplantations sont réalisées chaque année, pour 18 000 patients en attente. 700 d’entre eux en moyenne mourront avant d’avoir trouvé un donneur. « Si 85% des Français sont réellement favorables au don d’organes, comment les inciter à passer à l’acte, à faire connaître leur choix ? », interroge-t-il. Laurie CHIARA
contact : culture-sciences@unice.fr
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