Lettre Culture Sciences N° 27

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AVRIL 2016

La Lettre

Culture

27 Sciences

La Terre a entendu un chant dans l’espace-temps Légende photo : un des bras de l’interféromètre LIGO, situé à Handford aux Etats-Unis et ayant enregistré le passage des ondes gravitationnelles, le 14 septembre 2015. photo sous licence creative commons. Auteur Tobin

Un bruit court sur la toile. Il ne s’agit pas d’une rumeur, mais d’un son. Il dure à peine le temps d’une inspiration. Cet écho, tout droit extirpé des profondeurs de l’univers, plonge nos oreilles dans le silence interstellaire. Il nous livre une bande originale de science fiction. Car ce son est le chant des ondes gravitationnelles. Cet enregistrement confirme de façon « tangible » les prévisions de la théorie de la relativité générale d’Einstein, élaborée il y a un siècle. Il signe l’existence d’ondes d’énergie émises selon l’équation E=mc2. Issues d’événements précis, celles-ci se propagent dans l’espace-temps sans déperdition, mais également sans être visibles. Ce son marque ainsi une révolution.

Pour la première fois, le 14 septembre 2015, les humains ont capturé dans le ciel le signal d’un phénomène physique non lumineux, situé à 1,3 milliard d’années-lumière de la Terre. Or, cette performance aurait été impossible sans l’heureuse convergence des avancées technologiques et théoriques. Pendant un siècle, les physiciens théoriciens ont imaginé, à partir des équations d’Einstein, quels corps, quelles sources pourraient bien émettre les ondes gravitationnelles, si cellesci existaient véritablement. Car pour Einstein, la gravitation n’est plus une force d’attraction mais une déformation de l’espace-temps. En conséquence, la Terre tourne autour du Soleil parce qu‘elle suit une trajectoire linéaire… dans un milieu courbe.


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