La lettre Culture Science N°2

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la lettre

Culture Science

Antipolis une publication de l’Université Nice Sophia

N°2 - Mai 2013

unice.fr

MÉTÉO, CLIMAT, LES ÉCHELLES DU TEMPS

Pourquoi évoquer un réchauffement climatique quand il neige sur la Côte d’Azur au mois de Mars ? Sur l’horloge des temps géologiques, la météo pourrait marquer les secondes et le climat donnerait les heures. Quand les aiguilles s’affolent, plusieurs niveaux de lecture s’imposent. Indices de bonne humeur, prétextes à commentaires, variables économiques, la pluie et le beau temps tiennent leur place derrière les comptoirs et sous les colonnes d’actualité. Mais il y a différentes façons de tirer les cartes du ciel. Car, sur l’horloge des temps géologiques, la météo pourrait marquer les secondes et le climat donnerait les heures. Ainsi, quand les aiguillent s’affolent, plusieurs niveaux de lecture s’imposent. Si le ciel joue les girouettes ou s’emballe au hasard du calendrier, si les exceptions ne prennent pas leurs habitudes, il convient de parler de météo. Quand un phénomène se répète suffisamment dans le temps, il témoigne d’une modification du climat. Certains de ces changements apparaissent comme «normaux», car les scientifiques savent les prédire et les expliquer. Il en va ainsi des « âges » glaciaires, des périodes chaudes et intermédiaires. En revanche, depuis peu, les chercheurs suspectent l’empreinte humaine, notamment industrielle, d’accentuer ces phénomènes. Ils mettent alors en garde contre un dérèglement. Tout cela se calcule à différentes échelles de temps et avec divers sources et modèles de simulation. Partout dans le monde, des capteurs, comme des paniers à papillons, enregistrent la température, la pression et l’humidité. Ces données se retrouvent ensuite sur la Toile. Dans ce domaine, le Grand Bazar est américain et s’appelle le GFS, pour Global Forecast System. « 80% des modèles régionaux dans le monde se connectent sur les sorties du GFS, qui leur permettent de s’alimenter en entrées ». « Le savoir-faire » des professionnels et des amateurs avertis

consiste à mettre ces données brutes sous la forme de cartes », explique le Pr. Pierre Carrega, géographe et directeur à l’Université Nice Sophia Antipolis du Master « Climat, Risques, Environnement, Santé » (CRES). Les programmes déterministes compilent les lois physiques régissant l’atmosphère, par exemple celles de la thermodynamique et de la dynamique des fluides. Leurs utilisateurs postulent qu’en présence d’un nombre suffisant de paramètres initiaux pertinents, il devient possible de prédire la pluie et le beau temps. « Ça, on sait le faire à six heures. Après, toutes les petites choses que nous n’avons pas su ou pas pu entrer dans les modèles de calculs faussent tout, parce que les lois ne sont pas linéaires et que le moindre écart prend tout de suite de l’ampleur », révèle le chercheur. En considérant les résultats obtenus comme de nouvelles entrées pour un autre tour de piste, les spécialistes parviennent néanmoins à pousser les prévisions à 8 ou 10 jours. En intégrant les données topo-climatiques (les effets du relief), les scientifiques réduisent également la taille des pixels initiaux sur leurs instantanés du ciel. « C’est indispensable, car par exemple, à l’échelle de l’Europe, si vous « programmez » un anticyclone et une dépression avec une erreur de 300 km, cela peut paraître pas grand chose. Mais au niveau local, cela fera la différence entre un temps minable ou superbe », souligne Pierre Carrega. En revanche, prédire un événement à un mois ou à un an reste parfaitement inaccessible. Alors, pourquoi et comment parler de réchauffement climatique à l’échelle du siècle ?


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