Supplément de Coopération
27 avril 2010
dÉveloppement durable CHeZ Coop
Pour un
monde meilleur
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Sommaire
Un monde meilleur Planète, environnement, développement durable, nature, climat: les enjeux de l’écologie, depuis quelques années, sont devenus globaux et prioritaires, dans un monde qui semblait avoir oublié que les ressources de la terre et les espèces animales et végétales pouvaient, en réalité, s’éteindre ou disparaître un jour. Pour autant, la prise de conscience qui a eu lieu, les discours volontaristes qui ont suivi, suffiront-ils à conjurer les menaces et à éviter les catastrophes qui pourraient survenir? C’est la grande question, à laquelle, seules, sans doute, les actions concrètes peuvent raisonnablement, et durablement, répondre. Suivez-nous tout au long de ce supplément spécial de Coopération consacré aux idées et aux projets de divers visionnaires du développement durable, de l’écologie et du bio, qui ont trouvé en Coop un partenaire résolu à contribuer à transformer ces visions en réalités tangibles et prometteuses. Manière de croire à l’avenir d’un monde meilleur, plus équilibré, plus respectueux, plus lucide. Bonne lecture à chacune et à chacun! Jean-Christophe Aeschlimann
Impressum Editeur: Coop, 4002 Bâle, Felix Wehrle, Joachim Tillessen (direction Presse Coop) Rédaction: Franz Bamert, Anna Bähler, Thomas Compagno, Anne-Marie Cuttat, Christian Degen, Sophie Dürrenmatt, Stefan Fehlmann, Didier Nieto, Jean Pinesi, René Schulte, Bettina Ullmann, Katalin Vereb, Alain Wey, Didier Walzer, Matthias Zehnder Production: Aline Petermann (cheffe de production), Pablo Davila Layout: Peter Hilfiker (chef graphiste), Caroline Koella Impression: Basler Zeitung, Bâle Tirage: 591 000 exemplaires Page de titre: Atelier Oculus
Bio
4–7 L’ère bio a commencé à Coop, il y a dix-sept ans, avec un yogourt… Aujourd’hui, l’assortiment bio de Coop compte plus de 2000 produits. Zoom.
Climat
8–11 Préservons le climat! Coop s’y est engagée en 2004 devant le gouvernement suisse. Avec notamment cet objectif: un bilan neutre en CO2 d’ici à 2023.
Pro Montagna
12–15
Andy Imfeld est le «père» de Pro Montagna, une ligne très appréciée des consommateurs. L’agriculteur bio de la vallée de Conches raconte.
Naturafarm
16–19 Le directeur de la Protection suisse des animaux (PSA), Hansueli Huber, a un objectif précis: améliorer les conditions d’élevage des animaux. Coop y souscrit.
Commerce équitable
20–21
Les produits Max Havelaar sont un succès: pour les producteurs, pour Coop, pour les clients. Parole à un pionnier du commerce équitable, Richard Gerster.
Poissons
22–23 Depuis 2007, Coop est membre du WWF Seafood Group et adapte son offre de poissons aux recommandations du WWF.
Pro Specie Rara
24–27
En Suisse aussi des plantes de culture et des animaux de rente sont menacés de disparaître. Pro Specie Rara en assure la sauvegarde. Avec le concours de Coop.
Naturaline
28–31 Il a fait de sa vision une réalité: Patrick Hohmann livre du coton pour les vêtements de la ligne Coop Naturaline et s’engage socialement.
En bref
32–33 Différents engagements de Coop. Pour la protection de l’environnement. Pour un monde meilleur, plus équitable, maintenant et pour les générations futures.
Table Suisse
34–36 Certains ont trop, d’autres pas assez. La fondation «Table Suisse», dont Coop est partenaire, aide les personnes nécessiteuses en Suisse.
Concours
37 Quelles sont vos idées ou vos visions pour un monde meilleur? Vous avez entre 12 et 16 ans, participez à notre grand concours!
Développement durable
38–39
Le développement durable est désormais inscrit dans les statuts de Coop. Avec le Fonds Coop pour le développement durable, l’engagement est aussi social.
ILLUSTRATION ATELIER OCULUS
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Bio
PRODUCTION BIOLOGIQUE
Dans l’ère bio Voilà dix-sept ans, Coop inaugurait l’époque bio avec un simple yogourt. Ce dont on se moquait alors s’est changé en mode planétaire. Avec plus de 2000 produits bio, Coop devance largement ses concurrents et donne le ton dans le monde du bio suisse.
C’est en 1993, en collaboration avec Bio Suisse, que Coop a lancé sur le marché les premiers produits issus de l’agriculture biologique, estampillés Naturaplan. Parmi ces premiers produits, on retrouvait le yogourt nature et le fromage «Bündner Bergkäse». Une action pionnière – «mais on se moquait de nous», raconte Jürg Peritz, chef de la direction Marketing/Achats chez Coop. Les agriculteurs qui se lancèrent dans le mouvement bio passaient pour des fous, et l’idée de Coop fut considérée comme un gag médiatique. Mais Coop ne baissa pas les bras et s’accrocha à son plan: être le premier grossiste à proposer des produits bio de qualité à des prix équitables. C’est pourquoi Coop s’engagea envers le label au bourgeon, l’un des plus sévères et des plus exigeants du monde, le label de Bio Suisse. «Pour parvenir à nos fins, nous avons misé dès le début sur notre partenariat avec l’Association suisse des organisations d’agriculture biologique de Bio Suisse», souligne Jürg Peritz. Bio Suisse est un label indépendant basé sur des directives très sévères. Grâce à cela, il veille à la crédibilité de la marque Naturaplan. «Ce partenariat entre un détaillant et une association d’agriculteurs bio, ajoute Regina Fuhrer, agricultrice bio et présidente de Bio Suisse, est sous cette forme unique en Europe.» Ainsi, en 1993, Coop présenta le programme Naturaplan aux paysans bio, lors d’un congrès portant le titre «Nouveau partenariat avec le secteur agricole». Pour Coop, les aliments bio ne sont pas des produits que l’on se procure comme du papier hygiénique ou du dentifrice. «Les produits bio que nous vendons sous la marque Naturaplan sont le résultat de notre partenariat», dit M. Peritz. Et Regina Fuhrer de compléter:
«Le système de l’agriculture biologique est à la fois diversifié et homogène, il ne peut donc être défini par des produits pris séparément.» Le partenariat conclu entre Coop et Bio Suisse voilà dix-sept ans était un projet d’avant-garde. Sur ce point, Regina Fuhrer et Jürg Peritz sont unanimes. «Nous avons commencé avec un yogourt bio et un peu de lait bio», sourient-ils. Aujourd’hui, Coop propose plus de 2000 produits bio dans son assortiment. Cela fait longtemps qu’il ne s’agit plus seulement de lait suisse, de pommes, de légumes et de pommes de terre du terroir. Sous la marque Naturaplan, on trouve aujourd’hui des pizzas, des glaces, des crevettes et des sushis de qualité bio. «Nous autres, agriculteurs bio, nous gardons à l’esprit une autre idée, dont nous sommes convaincus, affirme Regina Fuhrer. Nous continuons à répondre de nos produits, même après qu’ils ont quitté le champ ou l’écurie. Nous produisons des aliments sains, mais nous voulons aussi qu’ils soient transformés sainement. C’est pourquoi, avec le bourgeon, nous suivons des directives sévères garantes d’une transformation saine et consciencieuse des aliments.» Aussi les directives vont-elles beaucoup plus loin que ce qui se passe dans le champ ou l’écurie: les produits comportant le bourgeon Bio Suisse ne contiennent ni colorants ni arômes. Regina Fuhrer insiste sur le fait que ces produits ne peuvent pas même contenir de colorants ou d’arômes naturels. «Le yogourt à la fraise tient son goût des fraises qui sont à l’intérieur et non d’un arôme, et il ressemble tout simplement à un yogourt dans lequel se trouvent des fraises. Un point très important pour nous.» Et voici un défi pour le grand distributeur:
ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS
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Bio
«Les directives sévères nous obligent à travailler main dans la main, relève Jürg Peritz. C’est pourquoi le partenariat entre Bio Suisse et Coop, au-delà du champ et de l’écurie, s’est étendu jusqu’à la transformation des aliments.» Le concept de Bio Suisse ne se confine pas aux frontières nationales (tout en restant l’association des agriculteurs et agricultrices suisses). «Nous vivons dans une société à laquelle appartiennent également le café, les bananes, les crevettes et les oranges, rappelle Regina Fuhrer. Il est donc important que nous participions là aussi à rendre l’agriculture plus écologique.» Dans ce domaine, Coop propose encore une fois son aide: «L’homme moderne consomme des produits du monde entier, ceux déjà
transformés étant toujours plus nombreux. Coop en tient compte en proposant une large palette de produits bio», selon Jürg Peritz. Les mêmes directives sévères valent pour les produits importés
sous le signe du bourgeon, qu’il s’agisse de leur production ou de leur transport. «Il est clair qu’on n’importe aucun lait bio, assure Regina Fuhrer. Cela ne serait ni écologique ni sensé. Il s’agit de produits que nous n’avons pas ici,
ou dont les ressources, chez nous, sont limitées. Ainsi, il existe des directives strictes pour le transport: aucun produit frais provenant d’outre-mer, du moment qu’il peut être produit en Europe, pas de transport aérien, et plus c’est proche mieux c’est.» Qu’il s’agisse de concombres ou de crevettes, l’idée de base des produits bio reste la même. Elle remonte aux paysans qui, dans les années 1940, ont cherché des alternatives aux engrais chimico-synthétiques. Les engrais chimico-synthétiques contiennent des substances qui agissent très fortement sur la croissance et le rendement de la plante. Les engrais chimico-synthétiques, c’est un peu comme du dopage de plantes. Les plantes poussent vite et produisent de gros fruits – mais elles épuisent également le sol. «Très tôt déjà, les paysans ont remarqué les conséquences néfastes de ce type d’engrais et se sont mis à chercher des alternatives naturelles», raconte Regina Fuhrer. C’est pourquoi des agriculteurs et des horticulteurs ont fondé en 1947 l’Association suisse pour l’agriculture biologique. Au lieu de maximiser uniquement le rendement à court terme, ils voulaient cultiver les sols de façon durable. «La fertilité des sols demeure le point central, précise Regina Fuhrer. C’est de la terre que nous viennent les fruits. Je ne peux me limiter à prendre, je dois également donner quelque chose en échange au sol, par exemple du fumier. Alors que seule la plante bénéficie des apports des engrais chimico-synthétiques, un engrais organique tel que le «Bschütti» nourrit d’abord le sol et, dans un second temps, la plante. Si la plante grandit vigoureusement, c’est parce que le sol la nourrit davantage. De cette façon, le sol maintient son équilibre avec tous ses micro-organismes.»
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PHOTO FERDINANDO GODENZI
Une belle collaboration: Regina Fuhrer, présidente de Bio Suisse, et Jürg Peritz, chef de la direction Marketing/Achats chez Coop.
C’est pourquoi, depuis des siècles, les paysans travaillent leurs terres sur un modèle de rotation des cultures bien précis. Cela signifie qu’on ne cultive pas chaque année la même plante sur le même champ, mais qu’on cultive différentes sortes de plantes, selon un rythme établi, entrecoupé de périodes de jachère. «Plus l’agriculture conventionnelle dévie de cette alternance des cultures, plus il faut nourrir les sols par des procédés chimiques, explique Regina Fuhrer. Si nous nous en tenons à une rotation des cultures diversifiée, alors le sol n’a pas besoin de la chimie.» Cela sonne bien, mais un problè-
me demeure: le paysan qui se tient aux règles de l’alternance des cultures, et qui cultive des pommes de terre, du blé, de l’orge et de l’avoine sur le même champ, a besoin d’un partenaire qui accepte de travailler au même rythme que lui. «Voilà pourquoi Coop est un partenaire si précieux pour nous, explique Regina Fuhrer. Coop soutient l’alternance des cultures et représente, pour nous autres agriculteurs bio, un partenaire complet. Pour l’exploitation biologique de mon entreprise, il ne m’est d’aucune utilité d’avoir un acheteur pour les pommes de terre, mais aucun pour le blé ou le lait. J’ai besoin d’un par-
Du bio sans compromis Coop Naturaplan, ce sont plus de 1600 articles bio, produits selon les directives sévères de Bio Suisse et labellisés bourgeon. Rappelons que les produits bourgeon proviennent d’exploitations agricoles biologiques et font l’objet de contrôles par des organismes indépendants.
tenaire qui soutienne la diversité et qui mise lui aussi sur le tout.» Entre-temps, le marché du bio s’est énormément développé en Suisse puisqu’il dépasse le milliard de francs. Malgré la crise, ce marché s’est avéré d’une grande stabilité: dans un milieu tendanciellement à la baisse, le chiffre d’affaires des produits bio a continué à progresser. Pour Coop, cet engagement précoce est devenu un véritable coup de chance stratégique: aujourd’hui, Coop détient une part de 50% du marché bio et propose dans ses filiales plus de 2000 produits bio différents.
Regina Fuhrer insiste: «Notre partenariat avec Coop a été et reste visionnaire.» Mais il est tout sauf évident de se retrouver d’emblée sur la même longueur d’onde lors d’un tel partenariat. «Ce n’est pas tous les jours qu’une association d’agriculteurs bio, avec ses prises de décision plus lentes, et un détaillant, qui fonctionne selon une cadence beaucoup plus rapide, trouvent un terrain d’entente et réussissent à travailler dans un respect mutuel, malgré leurs cultures différentes.» Et la suite? Regina Fuhrer est convaincue: «Dans le domaine agricole, l’agriculture bio est LA voie du futur. A l’avenir, nous espérons parvenir à une Suisse intégralement bio.» Et Jürg Peritz de compléter: «L’agriculture biologique apporte également des réponses aux nouveaux défis écologiques, à la question du climat par exemple, ou au problème de la biodiversité.» Tous deux en sont convaincus: l’agriculture biologique, ce n’est pas qu’une vision, c’est notre futur. Matthias Zehnder
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Climat
CO2 NEUTRE
Préservons le climat Coop entend parvenir à un bilan neutre en CO d’ici à 2023 et fixer ainsi de nouveaux standards en matière de protection du climat. 2
Le climat se détraque: canicules, ouragans, sécheresses, inondations. Les conséquences du réchauffement climatique de la planète sont désastreuses. L’homme n’est pas étranger au phénomène: avec ses émissions de gaz à effet de serre CO2, il contribue massivement au changement climatique. Et malgré les avertissements des spécialistes, les émissions de CO2 continuent d’augmenter. En décembre dernier, la Conférence sur le climat a réuni les dirigeants du monde entier à Copenhague. Las, elle n'a débouché sur aucun accord. Les écologistes espèrent que le prochain sommet à Mexico, en fin d’année, aura une issue plus encourageante. La Suisse a signé la convention de l’ONU sur le climat en 1993 et le protocole de Kyoto en 2003, tout en s’engageant en faveur d’une protection du climat coordonnée entre les différents Etats. Mais les politiques n’étant pas parvenus à prendre des mesures rigoureuses au niveau international, les objectifs demeurent plutôt modestes. Dans le cadre du protocole de Kyoto, la Suisse s’est engagée à réduire d’ici à 2012 les émissions de CO2 de 8% par rapport au niveau de 1990. En 2004, Coop s’est engagée auprès de la Confédération à réduire ses
émissions de CO2 et à accroître son efficacité énergétique. Le grand distributeur, un des leaders du commerce de détail en Suisse, a conclu avec les autorités fédérales des accords contraignants. «En adhérant de plein gré au programme de l’Agence de l’énergie, Coop prend fait et cause pour une réduction active des émissions de CO2 et une optimisation de l’efficacité énergétique», explique Armin Eberle, directeur de l’Agence de l’énergie pour l’économie. «Grâce aux mesures déjà mises en œuvre, Coop atteindra, voire dépassera même les objectifs fixés.» Coop ne se contente pas d'être en conformité avec les directives fédérales. En 2008, sa Direction générale a décidé que l'entreprise devait parvenir d'ici à 2023 à un bilan neutre en termes de CO2, dans les domaines qu’il est possible d’influencer. Pour Hansueli Loosli, président de la Direction générale, la vision «neutre en CO2 d’ici à 2023» est déjà plus qu’une simple vision. Elle est un programme. «Nous avons adopté un paquet de mesures visant à réduire d’ici à 2023 les besoins en énergie de près de 20%, et les émissions de CO2 de plus de 50% par rapport à 2008.» Les inévitables rejets de CO2 sont contrebalancés par des projets ambitieux.
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Climat
Pour Coop, il s’agit donc de réduire au maximum la consommation, d'utiliser l'énergie le plus efficacement possible et de recourir principalement à des énergies renouvelables ne rejetant pas ou peu de CO2. Qu’est-ce que cela signifie concrètement? «D’une part, nous réduisons notre consommation d’énergie en construisant ou en adaptant les bâtiments selon le standard Minergie. Pour les transports, nous augmentons le transfert de la route au rail, explique Hansueli Loosli. D’autre part, nous utiliserons davantage des énergies renouvelables ne rejetant pas ou peu de CO2.» La concrétisation de la «visionCO2» exige un travail de fourmi. «Nous avons fait analyser l’entreprise afin de déterminer quel était le potentiel de l’utilisation d’énergies renouvelables dans les domaines du chauffage, du courant électrique et des carburants», précise Hansueli Loosli. Et de continuer: «Nous savons aujourd’hui que nous pouvons augmenter la part d’énergies renouvelables à 80% d'ici à 2023. Nous inverserons le rapport entre énergies renouvelables et non renouvelables, passant de 20/80 à 80/20.» Cela représente 60% de la réduction totale de CO2.
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Pour économiser de l’énergie, Coop se concentre sur les endroits où la consommation est la plus grande: les points de vente. Ils représentent près des trois quarts des besoins en courant et en chauffage de Coop. Depuis la fin de 2007, Coop construit systématiquement tous ses nouveaux points de vente selon le standard Minergie. Un magasin au standard Minergie consomme environ 20% de courant et 40% de chauffage en moins que les points de vente
conventionnels. Lors de modernisations de magasins, le standard Minergie est adopté au moins pour l’éclairage, le chauffage et l’aération. Les mesures testées dans les points de vente pilotes sont si possible appliquées à toutes les nouvelles constructions ou rénovations, puis intégrées aux standards internes. Inauguré début mars, l’Ilfis Center, à Langnau, illustre bien la «vision CO2». «C’est le premier centre commercial totalement conforme au standard Minergie», indique Hansueli Loosli. Il a fallu recourir à de nouvelles techniques: «Dans les zones de service, ainsi que pour les réfrigérateurs et congélateurs, nous utilisons un éclairage LED.» De plus, la chaleur des appareils réfrigérants est récupérée et l’enveloppe de l’immeuble est hautement isolante. Le résultat est impressionnant: comparé à un centre commercial conventionnel et de même volume, l’Ilfis Center émet 80 tonnes de CO2 en moins par année, soit l'équivalent de 350 fois le trajet Bâle-Chiasso par un camion Coop. «Avec notre vision climatique, nous assumons notre responsabilité et nous prouvons que les affaires et la protection de l’environnement
Hansueli Loosli, président de la Direction générale de Coop. peuvent faire bon ménage», souligne Hansueli Loosli. Le président de la Direction générale est d’ailleurs persuadé qu’à long terme, seuls ceux qui assumeront leur responsabilité à l’égard de l’environnement pourront faire de bonnes affaires. «La protection de l’environnement ne concerne pas que le climat, mais nous tous.» Matthias Zehnder
PHOTO HEINER H. SCHMITT
En matière de chauffage par exemple, Coop mise sur le bois, les pompes à chaleur et l’exploitation des rejets de chaleur. Pour chauffer son nouveau centre commercial Muripark, à Muri (AG), Coop réutilise la chaleur issue des systèmes de refroidissement. Elle recourt aussi à une installation moderne à pellets, exploitant ainsi la chaleur du bois, considérée comme neutre en CO2. Pour l’approvisionnement en électricité, Coop mise depuis cette année à 100% sur la force hydraulique. «Par ailleurs, nous étudions aussi des projets axés sur l’énergie éolienne et aménageons des installations photovoltaïques.» Pour le carburant de ses camions, Coop utilise aussi des énergies renouvelables: biodiesel, biogaz et huile comestible usée recyclée.
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Pro Montagna
PRO MONTAGNA
On transforme les produits sur place Le succès de la ligne Pro Montagna doit beaucoup à Andy Imfeld. L’agriculteur bio de la vallée de Conches raconte comment ce label Coop est né et ce qu’il apporte aux paysans de montagne ainsi qu’aux consommateurs.
En plaine, les citadins flânent déjà sous le soleil printanier, alors qu’ici, dans la Haute-Conches, les habitants n’ont toujours pas échappé à l’hiver. Une atmosphère de renouveau règne toutefois dans les villages haut perchés de la vallée de Conches, et surtout dans la maison de l’agriculteur bio Andy Imfeld. Le Valaisan est en quelque sorte le père de la marque Pro Montagna de Coop, qui continue de grandir brillamment dans sa quatrième année. Avec Pro Montagna, Coop a réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 25 millions de francs en 2009. Andy Imfeld peine à se rendre compte de l’ampleur. «Les clients sentent que Pro Montagna a été conçu dans la sincérité et que les produits sont excellents. Voilà pourquoi ils se jettent dessus.» La solidarité des habitants du plateau envers les régions montagneuses joue aussi son rôle: pour chaque produit vendu, un certain montant revient au Parrainage Coop pour soutenir des projets définis. L’année passée, il se montait à 700 000 francs au total. Tout a commencé dans les années 1990. Une période dramatique pour les paysans, la vallée de Conches et Andy Imfeld. Du jour au lendemain, ce dernier a dû reprendre l’exploita-
tion agricole parentale. Le prix du lait était en chute libre. La fromagerie, qui transformait les quatre millions de litres de lait des agriculteurs conchards, avait fait faillite. Mais dans la nuit, aussi sombre soit-elle, il y a quelque part une lueur qui brille. Et quand elle ne brille pas, il y a toujours quelqu’un comme Andy Imfeld pour la ranimer. De concert avec ses pairs, il a frappé du poing sur la table. En paysan malin, il s’est vite rendu compte que la protestation solitaire ne menait nulle part. Il a donc pris son destin en main, participé aux discussions et pris part aux décisions. «Je suis devenu maîtreagriculteur, je me suis fait élire au conseil d’administration de la Fédération laitière valaisanne et au Conseil municipal. Ici, je suis devenu un des premiers agriculteurs bio.» Andy Imfeld a remué ciel et terre pour permettre aux paysans de la Haute-Conches d’avoir à nouveau leur propre fromagerie. Cela n’était pas du goût des hauts barons du lait, qui auraient préféré garder la mainmise sur le commerce laitier. «Nous sommes allés jusqu’au Tribunal fédéral. Et, depuis 2002, nous possédons notre propre fromagerie à Gluringen. Elle produit chaque année
ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS
Pro Montagna
PHOTO CHARLY RAPPO/ARKIVE.CH
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L’agriculteur bio Andy Imfeld, «père» de Pro Montagna.
70 à 80 tonnes de fromage de montagne.» Le fromage bio de la vallée de Conches est devenu du même coup le premier produit Pro Montagna. Mais les Alpes des paysans conchards étaient encore dans un état pitoyable. Andy Imfeld s’est donc directement adressé à Béatrice Rohr, responsable du Parrainage Coop pour les régions de montagne. Dans la foulée, ils ont l’idée de vendre des produits issus du terroir des régions montagneuses sous une marque particulière. Etape suivante: Andy Imfeld rencontre le président de la Direction générale de Coop, Hansueli Loosli. «On m’avait donné une heure, elle s’est
multipliée par quatre. Par la suite, Hansueli Loosli a établi une étude de faisabilité, se souvient Andy Imfeld. J’ai compris qu’un grossiste n’est pas seulement poussé par les lois d’une rentabilité pure et dure, mais aussi par des personnes douées de cœur et de raison.» En février 2007, le premier fromage Pro Montagna est proposé dans les magasins Coop. Mais avant sa présentation dans les rayons, tous les paramètres du lancement d’une marque ont dû être mûrement réfléchies. Qui finance les préparatifs de démarrage? Comment se présente l’emballage? Qui fournit le transport? Comment faire connaître Pro Montagna? Quelles conditions doivent être remplies? «Nous avons multiplié les séances, et parfois je ne sa-
vais même plus quel jour nous étions, se rappelle Andy Imfeld. Mais j’y ai toujours cru.» Pro Montagna a pour mission de donner un avenir aux régions et paysans des montagnes suisses. Andy Imfeld a vu des fromageries fermer et le lait couler à terre sans être transformé. Avec le lait, c’est aussi toute la vie qui s’écoulait loin de ces montagnes. L’agriculteur, pourtant pacifique de nature, s’emporte lorsqu’il parle d’autres prétendus labels de montagne ou de politiciens qui, en dépit de tout bon sens, propagent ces marques. Il lui semble incompréhensible que des soi-disant représentants des paysans se por-
tent garants de produits montagnards qui n’ont même pas été transformés dans les montagnes. «Regardez ce que mangent nos vaches – des herbes aromatiques, des fleurs, de l’herbe rase – et vous comprendrez la qualité du lait qu’elles produisent. Cette qualité, nous l’obtenons en écrémant le lait nous-mêmes. Autrement nous n’avons aucune chance de survivre.» Quand une fromagerie disparaît, c’est d’abord la famille du fromager qui s’en va, puis ce sont des familles de paysans isolées qui abandonnent, et enfin le vétérinaire, la poste, la banque, le restaurant. C’est exactement là qu’intervient Pro Montagna: le label n’est attribué que si les matières premières proviennent de la région montagneuse et si elles sont
transformées sur place. C’est ainsi qu’on crée de nouveaux emplois. La patrie d’Andy Imfeld est l’exemple même de cette politique: pâtes, pain, céréales ou fromage, la vallée de Conches fournit de nombreux produits Pro Montagna. Aujourd’hui, il existe plus de cent produits porteurs du logo rouge et blanc issus des régions montagneuses suisses. Si cela ne tenait qu’à Andy Imfeld, ils seraient encore plus. Les conseils de l’agriculteur bio sont souvent demandés dans des vallées qui vivent une même situation que celle de Conches il y a quelques années. Tout d’abord, Andy
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Imfeld explique aux agriculteurs qu’ils ne parviendront à rien, du point de vue financier et conceptuel, s’ils ne trouvent pas un terrain d’entente: «Pour nombre de personnes, ce n’est pas facile, mais les échappées solitaires ne mènent à rien.» Deuxièmement: le lait, la viande, les herbes, les céréales de montagne, bref, tous les produits doivent être transformés sur place pour en tirer des spécialités. En restant des fournisseurs pour des exploitations indus-
trielles du «bas», les paysans de montagne n’ont aucune chance de survie. Voilà pourquoi les agriculteurs doivent agir et construire une nouvelle fromagerie ou un abattoir. «Tout cela n’est pas simple et personne ne le pense.» Une chose est sûre: plus il y aura de scandales alimentaires avec de la viande avariée et des fromages artificiels, plus les gens comprendront la valeur d’une alimentation saine et naturelle. Pour Andy Imfeld, le label
Pour nos montagnes Pro Montagna est le label pour des produits issus des régions de montagne suisses. Les matières premières provenant de ces régions sont transformées sur place. C’est un plus en termes de goût et d’authenticité ainsi qu’une valeur ajoutée pour nos régions et la préservation de nos paysages de montagne. De quoi permettre à chacun d’apporter sa contribution.
Pro Montagna n’est pas seulement une baguette magique qu’il suffit de brandir. «Ceux qui participent à ce label peuvent mieux commercialiser leurs produits et ont un partenaire équitable ainsi que de bons prix. Dans le monde où nous vivons, c’est déjà beaucoup, vraiment beaucoup!» Franz Bamert
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Naturafarm
HANSUELI HUBER, DIRECTEUR DE LA PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX (PSA)
Elevages pour le bien des animaux
Hansueli Huber poursuit un objectif précis: l’amélioration constante des conditions d’élevage des animaux. Modeste, il ne se considère pas pour autant comme un visionnaire.
«Visionnaire, moi?» Hansueli Huber secoue la tête en riant: «Non, je ne suis pas visionnaire, je suis réaliste», répond le directeur de la PSA lorsque nous l’interrogeons sur les motifs l’incitant à s’investir pour le bien des animaux. En parlant avec lui, on s’aperçoit très vite qu’il n’est ni «papa gâteau» aveuglé par son amour des animaux, ni activiste radical, mais simplement un homme qui a du cœur. La souffrance des animaux le touche mais il sait très
bien faire la différence entre les sentiments qu’on porte à un animal – en le respectant comme tel – et ceux qu’on porte à un être humain. Son pragmatisme s’explique peut-être par son enfance passée dans une ferme où l’élevage d’animaux était quelque chose de tout à fait normal… avec certaines réserves: «Quand j’étais enfant et que je voyais les vaches attachées dans leur étable, j’avais du mal à l’accepter et je me disais qu’elles seraient bien mieux dehors à se déplacer librement, se souvient-il. Mais c’était une autre époque. La garde d’animaux de rente s’est beaucoup améliorée au cours des dernières années.» Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil aux directives défi définies nies en matière d’élevage d’animaux par les marques montantes et progressistes telles que Coop Naturafarm. On se rend vite compte que la protection des animaux occupe une
place prépondérante en Suisse. La vision du jeune Hansueli Huber s’est réalisée: vaches, cochons et poules se déplacent aujourd’hui librement, vivent dans des étables spacieuses, peuvent aller dehors, profiter des pâturages, du soleil et d’un climat naturel. Mais tout n’est pas aussi simple qu’on le croit. Pour le directeur de la PSA, il est évident que le fermier entretient un rapport à l’animal différent de celui d’une personne qui gâte son animal de compagnie avec les produits les meilleurs et les plus chers du marché. «Quand un fermier dit qu’il aime ses animaux, ça n’a pas le même sens. Il peut aimer les avoir avec lui et, dans l’idéal, bien s’en occuper, mais aime-t-on vraiment un animal qu’on élève pour l’abattre ensuite? Et comment nouer une véritable relation avec chaque animal quand il faut veiller sur 30 vaches, 200 porcs à l’engrais
ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS
Naturafarm
PHOTO CHRISTOPH SONDEREGGER
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Hansueli Huber, directeur de la Protection suisse des animaux (PSA).
et 5000 poulets?» Hansueli Huber est conscient du fait que le consommateur ne peut indéfiniment dépenser son argent dans l’alimentation. Mais il est tout aussi convaincu que le fermier doit pouvoir gagner sa vie grâce à ses animaux. Lui-même, du reste, mange de la viande. Mais ça n’a pas toujours été le cas. «Dans mon enfance, à la ferme, j’ai assisté à l’abattage des animaux. Une véritable torture pour moi. J’ai donc décidé de ne plus manger de viande! Plutôt inhabituel pour un enfant d’éleveur! Je n’ai recommencé à en manger qu’à l’âge de 30 ans.» Selon le directeur de la PSA, ce revirement est tout à fait compréhensible. D’autant plus qu’à ses yeux, les végétariens ne sont pas des saints. Il estime qu’en consommant des produits laitiers ou des œufs qui proviennent de fermes où les animaux vivent dans de mauvaises conditions, ils se rendent tout aussi coupables que les carnivores. «Les animaux doivent, dans la mesure du possible, vivre dans des conditions respectueuses de leurs besoins, de l’élevage à l’abattage», souligne Hansueli Huber. Manger de la viande doit se faire de manière consciente. «La viande n’est plus un produit de luxe réservé aux riches, remarque-t-il. Cependant, la question qui se pose ne concerne pas
la quantité consommée mais bien la manière dont les animaux sont élevés. Autrement dit: ontils mené une belle vie jusqu’à leur mort?» Hansueli Huber est toutefois conscient que ce message n’a aujourd’hui plus que faiblement voix au chapitre. A l’heure actuelle, du fait de la concurrence mondiale, les revenus des éleveurs s’amenuisent. Ces derniers cherchent alors à compenser leur manque à gagner avec des troupeaux plus grands. Le directeur de la PSA est certain que cette manière de procéder complique encore le tout: «Ce que les gens voient, comme le libre accès aux pâturages, ne suffit pas. Les animaux d’élevage ont aussi besoin d’attention et de soins de la part de leur propriétaire. Il y a une grande différence entre s’occuper de 20 vaches ou de 100. Si l’éleveur possède un grand troupeau, l’animal peut être délaissé et se fondre dans la masse. Ce qui signifie que certains problèmes ou certaines maladies peuvent être remarqués trop tard, voire pas du tout. Lorsque l’attention de l’éleveur et sa présence manquent, même le plus extraordinaire des élevages en plein air peut révéler des carences.» Beaucoup de choses ont changé ces dernières années. Pour une partie de la population en
tout cas, le respect envers les animaux s’est accru. Le succès de marques telles que Coop Naturafarm le prouve. Pour Hansueli Huber, c’est une grande réussite. «Coop a joué un rôle de pionnier important dans la stratégie qualité visant au bien-être des animaux. Elle a contribué ainsi à éveiller les consciences. En cela, la direction de Coop a vraiment fait preuve de clairvoyance», déclare-t-il. Hansueli Huber est ravi de la collaboration avec le grand distributeur. «Les entreprises qui produisent pour le programme Coop Naturafarm sont régulièrement contrôlées par notre association, sans être prévenues. De cette manière, on a pu atteindre un standard faisant office de modèle pour l’élevage des animaux destinés à l’exploitation commerciale.» Dans les faits, la marque Coop Naturafarm vise à ce que les animaux vivent autant que possible dans de bonnes conditions et soient bien traités, de l’élevage à l’abattage. Cela implique un élevage en plein air, une liberté de mouvement dans l’étable, ainsi qu’une alimentation de qualité sans OGM. Même le transport et l’abattage sont contrôlés. C’est pour cela que Hansueli Huber s’est toujours battu, même s’il est encore loin d’avoir atteint pleinement son objectif.
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Ailleurs dans le monde, notamment en Chine, la croissance des richesses engendre une demande toujours plus importante en viande, en produits laitiers et en œufs. Hélas, nombre de pays sont encore bien trop loin des standards respectés par la Suisse. Selon Hansueli Huber, le temps jouera en faveur des animaux. «La tendance est aux substituts de viande. Les scientifi scientifiques ques et l’industrie agroalimentaire sont même en train d’élaborer une «viande artifi artifi-cielle». Les premiers essais sont fructueux. Si le développement continue ainsi, nous n’aurons plus besoin d’élevage intensif d’ici à cinquante ans. Ceux qui élèveront encore des animaux ne le feront plus pour le profit profit mais par réel amour pour eux.» L’avenir dira s’il a raison. N’oublions pas qu’il avait déjà fait preuve de clairvoyance. Même s’il ne se considère pas comme un visionnaire. Stefan Fehlmann
Pour le bien-être des animaux En Suisse, près de 750 exploitations Naturafarm offrent aux porcs des conditions de vie optimales. Les animaux ont un accès permanent à un parcours en plein air, disposent d’aires de couchage paillées et vivent en groupe. La viande de porc Naturafarm n’en est que plus tendre et savoureuse.
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Fairtrade
COMMERCE ÉQUITABLE
Max Havelaar
Coop continue de s’investir pour le commerce équitable. Son assortiment Max Havelaar dépasse les cent cinquante produits. Et l’offre devrait encore s’élargir.
Richard Gerster, conseiller et pionnier de Max Havelaar
Et vous, si l’on vous dit «commerce équitable», que vous vient-il à l’esprit? Max Havelaar? Dans ce cas, vous faites partie des six Suisses sur dix qui connaissent ce label. Dans le cadre d’une étude de marché, cela s’appelle un «taux de notoriété spontané de 60%». Une valeur plutôt honorable étant donné que le label est âgé d’à peine 20 ans. Richard Gerster, conseiller indépendant, est un des pionniers du mouvement qui voulait promouvoir, dans les années 1980, un label s’identifiant au commerce équitable. «Le projet ne bénéficiait que d’une très faible crédibilité au départ», se souvient-il. A l’époque, il représentait les intérêts des six œuvres de bienfaisance suisses à l’origine de l’idée: Pain pour le prochain, Caritas, Action de Carême, EPER, Helvetas et Swissaid. Richard Gerster n’a pas oublié non plus que les grossistes n’entrevoyaient aucun marché pour les produits du commerce équitable, «même si leurs représentants éprouvaient personnellement de la sympathie pour notre demande», ajoute-t-il. L’idée néanmoins était née. C’était le temps des boutiques Tiers-Monde, des bananes du Nicaragua,
mais également de la dérégulation et de l’effondrement des prix des matières premières. Beaucoup prônaient un monde meilleur et des relations commerciales équitables. Rassemblés autour de Richard Gerster, les initiateurs du mouvement ont décidé de prouver qu’il existait bel et bien un marché pour les produits issus du commerce équitable. Ils voulaient aussi montrer que la vision d’un monde meilleur n’avait pas besoin d’assistance médicale, mais bien d’opiniâtreté, pour s’imposer. Ces résolutions se sont concrétisées par une pétition en faveur du commerce équitable, qui a été adressée au monde politique et économique. Très vite, 100 000 personnes ont répondu à l’appel et se sont engagées à promouvoir les produits répondant à des critères à la fois sociaux et écologiques. Elles confirmaient par la même occasion être prêtes à payer davantage pour les produits labellisés fairtrade. Lorsque les œuvres de bienfaisance ont créé la fondation «Max Havelaar Suisse» en 1992 et réussi à prouver que le label du même nom connaissait un réel succès aux Pays-Bas, les grossistes ont fini par céder et sont devenus les partenaires de la première heure de Max Havelaar Suisse. La même année, Coop a décidé de tester les premiers produits labellisés fairtrade en magasin. Le coup
d’envoi de cette success story qui se poursuit encore aujourd’hui était donné. En se remémorant ces années épiques, Richard Gerster retrouve les notes d’un discours prononcé l’année de la fondation du label, un semestre à peine après l’apparition des premiers produits dans les rayons. A l’époque, Coop avait tiré un bilan on ne peut plus positif: «Très satisfaits, réactions positives des clients, écho médiatique important, parts de marchés gagnées dans le secteur des cafés.» Parts de marché et image avaient en effet progressé grâce aux produits Fairtrade. Depuis, Coop continue de s’engager dans cette démarche équitable et d’élargir la gamme de produits proposés dans ses magasins. Six pour cent des produits issus du commerce équitable sont aujourd’hui vendus en Suisse, ce qui représente plus de 250 millions de francs par an, dont plus de 50% générés par Coop. A eux seuls, les produits Max Havelaar commercialisés en Suisse permettent à environ 1,3 million de personnes de l’hémisphère Sud de vivre de façon décente. Coop a même été leader mondial de ce marché pendant des années, avant que des pays comme les Etats-Unis ou la GrandeBretagne ne découvrent à leur tour les avantages du commerce équitable. Aujourd’hui encore, seuls quatre pays (Grande-Bretagne, Etats-Unis, France et Allemagne) réalisent un chiffre d’affaires plus important que la petite Suisse dans ce secteur. «Un succès considérable», estime Richard Gerster. Selon notre interlocuteur, trois facteurs essentiels se dégagent de cette réussite: la qualité des produits, un écart de prix tolérable qui ne dépasse pas 20% et une forte crédibilité. Ce dernier point vient notamment du fait que Max Havelaar est un label indépendant du commerce. Max Havelaar construit, dans les pays producteurs, des structures qui permettent principalement aux pe-
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IDENTITÉ RÉVÉLÉE
ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS; PHOTO CLAUDE GIGER
tits paysans et aux entreprises marginalisées d’accéder au marché. Chez Coop, la gamme de produits Max Havelaar compte aujourd’hui plus de cent cinquante produits. Un chiffre qui devrait encore augmenter, comme nous le confirme Roland Frefel, responsable du secteur «aliments de base et boissons chez Coop». Coop n’entend pas limiter son engagement pour le commerce équitable à cette gamme de marque propre. D’après Roland Frefel, l’objectif doit viser à proposer aussi de plus en plus d’articles de marques certifiées. On compte aujourd’hui déjà les jus d’orange et multivitaminés de Michel, le produit certifié Chicco d’Oro Espresso, le café Equinoxial de La Semeuse ainsi que six crèmes glacées de la marque Ben & Jerry’s. Et ce n’est pas tout: toujours davantage de produits transformés portent le label Max Havelaar. «Cela revêt de plus en plus d’importance, car plusieurs ingrédients d’un produit doivent alors répondre aux critères du commerce équitable et aux exigences environnementales de Max Havelaar, souligne Carine Boetsch, responsable du label Max Havelaar chez Coop. Notre objectif premier est que les consommateurs adoptent Max Havelaar pour les produits classiques en provenance de l’hémisphère Sud.» Thomas Compagno
Qui est Max Havelaar? Quelle ne fut pas la stupéfaction, il y a un peu plus d’un demi-siècle, quand la population suisse découvrait que Betty Bossi était un personnage fictif. fictif. Le pays entier en a été secoué. Eh bien, Max Havelaar n’est pas plus réel que cette chère Betty. Il est le personnage du roman «Max Havelaar ou les ventes de café de la compagnie commerciale des Pays-Bas», paru en 1860. L’auteur, Eduard Douwes Dekker, a vécu au XIXe siècle dans les colonies d’Asie orientale. Fonctionnaire de l’Etat néerlandais, il s’est longtemps battu, en vain, contre les abus du colonialisme. Le roman et son personnage principal sont célèbres aux Pays-Bas et ont été repris, en 1988, comme label de qualité pour le commerce équitable. La Suisse a également choisi de reprendre le nom «Max Havelaar» pour sa première fondation de label de qualité, en 1992. www.maxhavelaar.ch
L’équité est le maître mot La fondation Max Havelaar (Suisse) distribue des produits issus du commerce équitable à condition que ceux-ci répondent à des standards sociaux et écologiques stricts. Les paysans reçoivent un prix minimum leur assurant une vie décente. De plus, une prime «Fairtrade» est accordée aux organisations de producteurs pour des projets sociaux.
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Poisson
ENGAGEMENT CONTRE LA SURPÊCHE
Pour des mers riches en poissons Une pêche écologique est celle qui permet aux populations de poissons de se régénérer. C’est le but visé par Coop et le WWF Seafood Group.
Mariann Breu, experte au WWF Suisse
Les mers et les océans s’appauvrissent. Près de 80% des poissons de mer sont décimés par la surpêche ou sont en passe de l’être. C’est le constat alarmant de l’Organisation mondiale pour l’alimentation (FAO). Rien que pour l’année 2006, 92 millions de tonnes de poissons ont été pêchés dans les océans – sans compter la pêche illégale. C’est quatre fois plus qu’il y a cinquante ans! Aujourd’hui, les flottes de pêche industrielle sont équipées des techniques les plus modernes. Il n’est pas rare que l’on utilise des sonars pour localiser les bancs de poissons, quand on ne recourt pas carrément aux repérages par satellite ou par hélicoptère. Malgré ces progrès techniques, les méthodes de pêche sont encore trop peu ciblées et les animaux qui finissent accidentellement dans les filets sont très nombreux. Des milliers de dauphins, de requins et d’oiseaux marins périssent ainsi misérablement. Et le fond des mers n’est même pas un refuge, car de lourds chaluts de fond «raclent» les sols marins et engloutissent tout ce qui n’y est pas solidement fixé. Quant aux élevages industriels, ils polluent des littoraux entiers avec leurs eaux usées. La solution passe par l’homme. S’il n’adopte pas un comportement plus responsable, l’équilibre écologique est en danger.
Pour inverser cette tendance, Coop et le WWF Suisse ont fondé en 2007 le WWF Seafood Group. Une initiative pionnière dans la course à la protection des mers. «Le but de notre partenaire, explique Mariann Breu, experte au WWF, est d’intégrer graduellement dans son assortiment des poissons provenant de la pêche durable et de l’élevage écologique.» Coop n’a pas attendu pour appliquer ses engagements. Ces dernières années, plusieurs espèces menacées, telles que le thon à nageoires bleues, l’anguille, le congre, le sébaste et l’espadon ont été retirées de son assortiment. Avant cela, le détaillant avait déjà renoncé aux produits dérivés du requin, ainsi qu’au caviar et à l’esturgeon sauvage. Des mesures sont prises continuellement pour remédier au problème de la surpêche, et des alternatives écologiquement tenables sont recherchées. Actuellement, par exemple, on parle beaucoup du thon à nageoires jaunes. «Il passe pour «non recommandable», indique Mariann Breu. Mais il y a des exceptions: on peut le pêcher de façon sélective à partir de «stocks» sains, avec une canne à pêche ou une ligne d’hameçons.» L’engagement du WWF Seafood Group est honorable. Mais que peut faire concrètement un petit pays comme la
Suisse, sans accès maritime ni fl flottes ottes de pêche en haute mer? Le poisson est considéré comme un aliment sain et il est très prisé chez nous. Cet enthousiasme est confirmé par les chiffres d’une étude du WWF de 2008: ces vingt dernières années, la consommation de poisson en Suisse a augmenté de 20% pour atteindre plus de 56 000 tonnes par an, soit 7,6 kilos par personne. En 2009, on en était déjà à 8,5 kilos. «Il vaut donc la peine de s’engager dans cette voie», constate l’experte du WWF Suisse. C’est aussi l’opinion de Coop. Le détaillant mise surtout sur des écolabels comme le MSC (Marine Stewardship Council) ou le bourgeon de Bio Suisse. Un tiers de l’assortiment Seafood provient déjà de sources certifiées durables. Le MSC se bat pour des pratiques de pêche durable. Pour chaque espèce donnée, il n’est permis de pêcher que ce qu’elle peut produire de façon naturelle. De plus, l’écosystème concerné, avec ses organismes et ses plantes, ne doit subir aucun dommage. Coop soutient le MSC depuis l’an 2000 et a été le premier détaillant à introduire des produits tels que le carrelet certifié MSC. Chez Coop, poissons et crevettes d’élevage biologique contrôlé sont tous certifiés par le bourgeon de Bio Suisse. Ils sont vendus sous la marque Naturaplan. Le bourgeon est le garant d’un élevage respectueux des animaux et de l’environnement: les poissons vivent dans des étangs naturels, dans des canaux d’eau courante, ou dans des enclos de filets en pleine mer. La faible densité de leur population leur garantit un espace suffisant et diminue les risques de maladies. Les poissons ne sont nourris qu’avec de la nourriture bio: céréales bio, protéines de poisson et huile de poisson issues des sous-produits de la préparation des poissons de table. Les médicaments qui dopent la rentabilité, les hormones et autres additifs sont interdits. Avec quatante-cinq produits en tout, Coop détient le plus grand assortiment de poissons et de crustacés bio au monde. René Schulte www.coop.ch/seafoodgroup
ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS; PHOTO WWF SUISSE
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Pro Specie Rara
PRO SPECIE RARA
L’avenir est dans la biodiversité
La fondation Pro Specie Rara a été créée en 1982 avec pour objectif de préserver la diversité agricole suisse. En cette année 2010 consacrée à la biodiversité, force est de constater que l’action de la fondation est plus que jamais d’actualité. La Seconde Guerre mondiale se termine, laissant derrière elle un continent en ruine. C’est dans ce contexte que commence l’industrialisation du domaine agricole, accompagnée des engrais et des pesticides. La culture intensive s’est installée
ensuite, avec les techniques de conservation des produits, et ce qui devait devenir un progrès (l’accès aux produits pour tous) allait mettre terriblement à mal la biodiversité. De fait, et à partir de ce moment-là, beaucoup d’anciennes variétés allaient disparaître irrémédiablement: on ne peut recréer à partir de rien une variété disparue. Pour Denise Gautier, responsable Pro Specie Rara pour la Suisse romande, les anciennes variétés qui ont survécu grâce à l’engagement de la fondation Pro Specie Rara, créée en 1982, sont très intéressantes. Celles-ci portent en effet dans leurs gènes des propriétés innées, comme celles de combattre certaines maladies qui peuvent les atteindre, ou encore s’adapter
aux changements climatiques. On comprend l’enjeu. «Lorsqu’on sait que 50% de ce qui est produit pour l’alimentation sur la planète est détenu par trois grandes firmes de producteurs de semences, rappelle Mme Gautier, on voit où est le problème. Notre souveraineté alimentaire est en jeu.» Concrètement, cela signifie par exemple que si la Suisse ne veut pas se retrouver avec trois sortes de pommes au choix qui se courent après sur le marché, il faudra agir, et vite. En commençant par se souvenir qu’il existe, rien qu’en Suisse, près de 1000 variétés de pommes différentes… une richesse incroyable, dont le public est à peine informé. «La biodiversité est une valeur ajoutée au patrimoine culturel, historique et alimentaire d’une région ou d’un pays, affirme Denise Gautier. A ce jour, 1000 variétés de légumes anciens et 26 races d’animaux ont été préservés par Pro Specie Rara. Mais le chemin est encore long.» Comment agir en tant que consommateur?
ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS
Pro Specie Rara
PHOTO CHARLY RAPPO/ARKIVE.CH
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Denise Gautier, responsable Pro Specie Rara pour la Suisse romande.
«En acquérant ces produits, en les goûtant, répond Denise Gautier. Bien sûr, nous n’avons pas assez de producteurs en Suisse romande. C’est toujours un problème d’offre et de demande: plus les produits sont achetés, plus les producteurs pourront étoffer leur offre et maintenir cette biodiversité. A part ça, chacun peut, dans un bout de son jardin, faire pousser des légumes anciens en se procurant les semences. C’est ça aussi agir pour le maintien de la diversité alimentaire.» Et qu’en est-il des races anciennes d’animaux? On peut en voir des spécimens dans les Fermes de l’Arche. lI y en a une en Suisse romande, à Choëx (VS), et sept en Suisse alémanique. Autant dire que Pro Specie Rara est à la recherche de candidats. «Une Ferme de l’Arche doit être en mesure d’accueillir le public et de proposer plusieurs races d’animaux, précise Mme Gautier. Les pro-
priétaires doivent pouvoir aussi, en parallèle, exploiter leur ferme pour vivre. Les intéressés peuvent bien sûr nous contacter! En revanche, nous avons aussi deux parcs animaliers en Suisse romande. Celui du Jardin botanique de Genève et celui du parc Sauvabelin à Lausanne. Et certains éleveurs préservent une seule race ancienne, comme à la bergerie de Chandossel (FR). Elle accueille un grand troupeau de moutons d’Engadine. La ferme Lafleur à Montfaucon (JU), elle, possède un troupeau de vaches de race grise rhétique.» Toutes ces initiatives sont des gestes forts pour la préservation de la biodiversité; mais le succès dépend encore et toujours de la prise de conscience et de l’enthousiasme du public. C’est pourquoi le célèbre Marché aux plantons Pro Specie Rara (cf. encadré à droite) se tiendra le dimanche 2 mai à Vevey (quai Perdonnet, face à l’Alimentarium). En cette année où la biodiversité
spécial écologie 27 INFOS PRATIQUES
tient le devant de la scène, et tandis que l’Alimentarium fête ses 25 ans, l’implantation du marché face au Musée de l’alimentation véhicule un message fort. Sur le Marché aux plantons, un assortiment de 28 variétés, avec à la fois une diversité de légumes et une diversité de variétés autour de la tomate, sera proposé. Pour compléter cette offre, Sativa sera aussi présent avec un très grand assortiment de semences et notamment un large choix de salades. Parallèlement, Pro Specie Rara est présent à l’intérieur de l’Alimentarium avec un stand consacré à la diversité de deux légumes de garde: la carotte et la pomme de terre. Une dégustation sera proposée. A noter également que Pro Specie Rara sera désormais présent toute l’année dans le jardin du Musée de l’alimentation avec une plate-bande axée sur la diversité des salades et une autre plate-bande où pousse-
ront les variétés proposées lors du marché. Signalons aussi, dans le même ordre d’idées, la première Fête romande de la chèvre bottée, espèce protégée par Pro Specie Rara (cf. encadré). Chaque année en effet, la bottée de Sargans est fidèlement célébrée dans sa région d’origine, le canton de Saint-Gall. Pour la première fois, la chèvre bottée s’invite en Suisse romande pour y tenir sa grande fête annuelle le 1er mai à Brent (VD), entre La Tourde-Peilz et Montreux. Le syndicat d’élevage du menu bétail Montreux/Vevey relève ainsi le défi d’organiser cette journée inédite sous nos latitudes. Concours d’élevage pour les éleveurs, mais aussi présentation au public de cette ancienne race préservée, animations, balades à dos d’âne, cor des Alpes, spectacles de jonglerie, stands d’artisanat: le public est convié à participer à une fête pleine de gaieté. Sophie Dürrenmatt
Pour la diversité des espèces Depuis plus de vingt-cinq ans, la fondation Pro Specie Rara s’engage pour la conservation des plantes de culture traditionnelle et la diversité des animaux de rente. En Suisse, elle soutient des jardins d’exposition, marchés de plantons, parcs animaliers et Fermes de l’Arche. Coop soutient la fondation depuis 1999.
Marché aux plantons Pro Specie Rara Date: dimanche 2 mai de 9 h à 18 h Lieu: Alimentarium, quai Perdonnet 25, 1800 Vevey Inscription: entrée libre, pas d’inscription nécessaire. Informations: d’autres animations sont proposées par l’Alimentarium durant cette journée. www.alimentarium.ch Fête romande de la chèvre bottée Date: samedi 1er mai de 8 h à 16 h Lieu: place du village de Brent (VD) Accès en transport public: www.cff.ch en voiture: Autoroute A9, sortie 15 (Montreux) Inscription: entrée libre, pas d’inscription nécessaire. www.stiefelgeiss.ch (cliquez sur la version française)
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Naturaline
PATRICK HOHMANN
Du coton bio pour une vie meilleure Les idées deviennent vision puis réalité. Patrick Hohmann, initiateur des projets de coton bio pour les textiles Coop Naturaline, en est un bon exemple.
«On ne peut pas dire de soi-même qu’on est un visionnaire, estime Patrick Hohmann. Je n’ai pas lancé ce projet dans le but de concrétiser une vision.» Et alors quoi? Empressons-nous de répondre que sans lui, il n’y aurait jamais eu de projet de coton bio en Inde et en Afrique, donc pas non plus de produits en coton bio de Coop Naturaline aussi répandus. Dès le début des années 1990, Patrick Hohmann a caressé l’idée d’une culture du coton bio inoffensive pour l’homme et la nature. A cette époque déjà, la culture conventionnelle du coton se trouvait dans une impasse écologique et ethique: les producteurs de coton croulaient sous les dettes parce qu’on leur avait laissé entendre qu’il était impossible de récolter du coton vendable sans recours aux pesticides. Or le coût de ces pesticides dépassait les moyens financiers dont ils disposaient. Les cultivateurs et leurs familles tombaient gravement malades depuis des générations à cause de ces mêmes pesticides – aux effets similaires sur l’homme que les gaz neuroplégiques – qui minaient leur santé. Au niveau mondial, la culture conventionnelle du coton couvre environ 2,5% des surfaces agricoles mais engloutit 25% de tous les insecticides et 10% de tous les pesticides. La consommation d’eau nécessaire à la fabrication conventionnelle du coton est si élevée que les conséquences sont visibles sur les cartes géographiques actualisées. La mer d’Aral au Kazakhstan, par exemple, était autrefois la quatrième surface d’eau salée intérieure du monde avec une superficie de 64 000 km² en 1960. Aujourd’hui, elle est considérée comme asséchée*. Rien d’étonnant quand on sait qu’il faut 20 000 litres d’eau pour fabriquer un seul T-shirt issu de la culture de coton conventionnelle, alors qu’il en faut environ trois fois moins pour un T-shirt bio!
«Dans les années 1980, on ne parlait que de bio, rappelle Patrick Hohmann, lui-même actif dans la branche en tant que fournisseur de textiles et négociant en coton, et dont l’idée de produire un coton bio propre et équitable se précisait. Un jour, un de ses partenaires a déposé sur son bureau un dépliant sur la cueillette manuelle du coton. Patrick Hohmann explique que cela aurait déjà permis des avancées, et notamment la résolution du problème des défoliants. (Les défoliants sont des produits chimiques toxiques connus depuis la guerre du Vietnam sous le nom d’agent orange. Dans la culture conventionnelle, les champs de coton sont traités avec des défoliants qui facilitent la cueillette sur les cotonniers.) Mais pour lui, la question du coton bio en entraînait une autre: «Qu’advient-il de l’humain? Notre économie de marché ne se préoccupe que des produits.» Selon lui, ces projets de coton bio pour Coop Naturaline ont donc dépassé d’emblée le seul cadre de l’agriculture bio. La priorité va audelà des x tonnes de pesticides économisées en cultivant du coton selon des directives biologiques, des x millions de litres d’eau non gaspillés, des sols à nouveau durablement fertiles sur lesquels poussent en alternance différents fruits bio ainsi que des textiles chimiquement neutres et génétiquement non modifiés pour des clients en Europe. Et Patrick Hohmann de citer cet exemple: «Personne ne veut faire travailler des enfants. Mais la question qui se pose est de savoir où sont les enfants, s’ils vont à l’école et, dans le cas contraire, s’il faut leur construire une école.» Outre leurs avantages écologiques et sanitaires, tous les textiles de Coop Naturaline comprennent une contribution financière équitable. Ce supplément est directement remis aux cultivateurs sous forme de «prime», considérée comme la planche de salut permettant
ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS
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Naturaline
PHOTO HEINER H. SCHMITT
Le projet de Patrick Hohmann a changé le quotidien de plus de 8000 cultivateurs.
aux paysans de survivre. De surcroît, la prime est également versée les années de mauvaise récolte. Grâce à elle et à un écoulement assuré de leur récolte, les paysans disposent d’une marge de manœuvre financière qui leur assure un minimum existentiel. Seule une base économique solide permet d’envisager à long terme qu’ils puissent prendre leur destinée en main. Avec chaque cultivateur – ils sont aujourd’hui plus de 8000 – entré dans le programme depuis la création de Coop Naturaline, l’idée de Patrick Hohmann a pris de nouvelles dimensions et perspectives. Qu’on la définisse comme une «vision», une transposition conséquente de valeurs éthiques soumises à l’économie de marché ou encore, comme il le dit lui-même, comme «décision raisonnable», les familles qui participent aux projets du coton de Naturaline en Inde et en Afrique ont repris son idée. Grâce à Naturaline, leur niveau de vie s’est sensiblement amélioré et des villages et contrées entières en tirent profit. On y trouve des écoles, des fontaines proches et salubres ainsi qu’un minimum d’assistance médicale.
«Ce n’est pas mon œuvre mais une combinaison de différents facteurs favorables. En fin de compte, ce sont mes partenaires qui ont rendu ce projet possible sous cette forme: ma femme et mes collaborateurs – sans oublier Coop, évidemment. C’est en effet grâce à notre partenariat avec Coop et sa clientèle que nous avons pu véritablement décoller.» Cette coopération fête aujourd’hui ses seize ans d’existence et de succès. Environ 42% des Suisses connaissent Coop Naturaline en tant que marque de textiles écologiques. Entre-temps, Coop est devenu le plus important négociant au monde de textiles équitablement fabriqués à partir de coton bio. En fait, il s’agit d’un véritable succès, reconnu et distingué par les milieux spécialisés. Ainsi, grâce à Naturaline, Coop et Remei AG ont gagné toute une série de prix convoités qui confirment le bilan positif des efforts engagés par chaque partenaire. En voici quelquesuns: • Prix international de l’environnement pour des partenariats durables, obtenu en 2002 à Johannesburg (Afrique du Sud) par
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COOP NATURALINE
Coop et Remei AG pour Coop Naturaline. • Award for Swiss Business Ethics 2006. • Prix du développement durable de la Banque Cantonale Zurichoise attribué en 2009 à Remei AG. La vision d’une culture écologique de coton bio, traitée de A à Z selon des critères d’économie durable et d’équité sociale, a franchi une foule d’obstacles en cours de route. Et Patrick Hohmann de souligner:
«Aucun de nous n’aurait pu prendre un autre chemin.» La prochaine vision poursuit elle aussi un objectif clair: toute la chaîne de production de textiles Coop Naturaline doit être neutre en CO2 d’ici à 2013. Une vision, une réalité pour un monde meilleur. Bettina Ullmann * Pour en savoir plus sur la mer d’Aral, cliquez sur: http://fr.wikipedia.org/wiki/Mer_d’Aral http://www.unesco.org/courier/2000_01/fr/ planete/txt1.htm
Mode écologique Coop est le leader mondial en matière d’offre de textiles en coton bio issus du commerce équitable. La production du coton bio, qui concerne environ dix mille agriculteurs, est soumise à des directives sociales et écologiques strictes.
Patrick Hohmann (59 ans), négociant en textiles, a passé son enfance en Egypte et au Soudan. Il est convaincu que ses souvenirs d’enfant dans ces pays l’ont profondément marqué. «Le lieu de naissance d’une personne relève du pur hasard.» Il vit en Suisse depuis 1961 et fonde en 1983 la société Remei AG établie à Rotkreuz (ZG), fournisseur en textile de la fondation bioRe. En 1994, il rencontre Jürg Peritz, membre de la Direction générale et responsable des achats chez Coop, lequel reprend aussitôt l’idée d’un coton bio fabriqué proprement et la développe. En 1993, Coop Naturaline est lancé en tant que label de textiles écologiques. Depuis 1995, les textiles de Coop Naturaline sont issus exclusivement de cultures de coton biologique et du commerce équitable. Le coton bio provient aujourd’hui à 100% des projets partenaires bioRe en Inde et bioRe dans le district de Meatu en Tanzanie. Le coton bio est cultivé dans des cultures mixtes respectueuses de la nature, sans utilisation de produits phytosanitaires chimiques de synthèse et d’engrais artificiels. De plus, les paysans de bioRe bénéficient en permanence de conseils gratuits. Les textiles de Naturaline sont blanchis sans chlore et teints avec des colorants exempts de métaux lourds toxiques, et les producteurs s’engagent à épurer les eaux usées. Des conditions de travail humaines, des mesures de protection pour les collaborateurs et des salaires garantis ont été instaurés. Quatre cent cinquante modèles sont aujourd’hui commercialisés sous la marque Coop Naturaline, ce qui représente un chiffre d’affaires avoisinant les 55 millions de francs. www.coop.ch/naturaline
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Projets
Fonds Coop: des projets durables
BONNE PIOCHE
Des projets durables
Coop soutient une quarantaine de projets au moyen du Fonds pour le développement durable. Les contributions totalisent annuellement 14 millions de francs et sont notamment accordées: • à la recherche, pour favoriser les cultures maraîchères et les grandes cultures neutres au plan climatique • au club Krax de la Protection suisse des animaux • au développement de solutions écologiques pour l’alimentation des poissons d’élevage biologique • à la préservation des vergers à hautes tiges qui font partie de notre patrimoine culturel • au développement de semences pour l’agriculture biologique www.coop.ch/fonds
L’impact du développement durable se développe dans de petits et de grands projets. Tour d’horizon, du biogaz aux auxiliaires.
La qualité dans les hauteurs Dans de nombreuses régions de Suisse, les arbres fruitiers à hautes tiges font partie du paysage. Leurs premières branches se situent à 1,60 m de hauteur et forment de grandes cimes arrondies. On les trouve dans les vergers environnant les fermes et les villages, en bordure des routes, dans les prés. Ils abritent de nombreuses niches écologiques. Leurs creux servent de nichoirs aux oiseaux. Les arbres à haute tiges portent d’anciennes variétés de fruits, qui donnent un jus de qualité. Coop propose désormais un jus de fruits label Hautes-Tiges. Pour plus d’informations, rendez-vous sur: www.hochstamm-suisse.ch
Préserver les océans Les poissons et les crevettes d’élevages bio de Coop portent tous le bourgeon de Bio Suisse. Celui-ci garantit un élevage soucieux de la protection de la faune et de l’environnement. Les poissons vivent dans des étangs, des canaux à eau courante ou des filets dans la mer. Ils sont nourris bio.
Kompogas: des déchets écologiques
En 2009, les centrales de distribution de Coop ont produit près de 18 000 tonnes de déchets organiques. Une partie de ces derniers sont remis aux éleveurs pour nourrir le bétail. Près de la moitié sont transformés par la société Kompogas en biogaz. Celui-ci peut être transformé en électricité, en chaleur ou en carburant écologique respectueux de l’environnement, qu’utilisent notamment les camions Coop. Il peut également servir à l’alimentation du réseau de gaz naturel.
Coop soutient les installations de biogaz Plus de 20 millions de tonnes de déchets organiques sont produites chaque année par l’agriculture suisse. Cette énergie peut être transformée en électricité et en chaleur grâce à une installation de biogaz. Une exploitation agricole moyenne équipée pour le biogaz peut approvisionner environ cent ménages en électricité. La matière organique restante fait office d’engrais. Coop est convaincue du potentiel des installations de biogaz. Elle encourage les exploitations Naturafarm et bio à s’équiper. Pour un tel investissement, le Fonds Coop pour le développement durable met à la disposition des exploitants un montant maximum de 200 000 francs.
spécial écologie 33 Carburants bio et transports ferroviaires Coop mise sur des véhicules peu polluants et sur un carburant biologique. A sa demande, plus de 6000 tonnes de déchets «verts» sont transformées chaque année en biogaz par la société Kompogas, soit l’équivalent de 420 000 litres de diesel environ. Coop renonce à l’utilisation de carburants bio provenant de plantes alimentaires comme le maïs, le blé ou le soja, du fait qu’ils accentuent la faim dans le monde et affichent un bilan CO2 problématique. Coop transfère le plus grand nombre possible de trajets effectués par la route au rail. En 2009, le volume de transports routiers au départ des centrales de distribution nationales a diminué de plus de 8%. La quantité de produits acheminés par train, elle, a augmenté de près de 5%, portant ainsi la part du transport ferroviaire en trafic longue distance audelà des 60%.
Abeille noire, doux miel La génétique de l’abeille noire est unique. Sa préservation est donc essentielle. Plus la diversité génétique est importante, plus les chances d’adaptation à un environnement en mutation sont grandes. L’Association suisse des amis de l’abeille noire a été fondée en 1993 pour promouvoir l’élevage et la préservation de cette productrice de miel. Slow Food, avec Pro Specie Rara, a créé il y a deux ans la Sentinelle l’«Abeille noire suisse». Coop soutient financièrement cette collaboration et vend ce miel de Slow Food. www.coop. ch/slowfood
Pour la protection des forêts La disparition des forêts est dramatique. Pour contrecarrer cette évolution, Coop mise sur du papier recyclé et du bois FSC. Ce label garantit une exploitation de la forêt en harmonie avec la nature. Pas de surexploitation, pas de coupes de bois illégales, la promotion de la biodiversité. Des instituts de contrôle indépendants vérifient la chaîne de production depuis la provenance du bois dans la forêt jusque dans les points de vente, selon les indications du FSC. Pour le WWF, le label FSC est au niveau international le seul certificat crédible pour une exploitation responsable de la forêt. Avec les produits Oecoplan, Coop propose uniquement du papier recyclé et du bois ou des articles en bois labellisés FSC.
Des auxiliaires contre les parasites Chaque année, les parasites dévorent des tonnes de céréales et de farine. Au lieu de les combattre au moyen d’insecticides chimico-synthétiques, Coop a décidé de miser sur les auxiliaires. Ces ennemis naturels des parasites s’en nourrissent ou en font leurs hôtes. Depuis 2009, Coop utilise avec grand succès cette méthode naturelle dans quatre de ses boulangeries industrielles. Dans le courant de l’année, cette technique sera introduite dans d’autres établissements.
Suisse exotique
Vous rêvez d’une pause sous les palmiers? De vous régaler de bananes, de mangues ou de papayes? Les maisons tropicales de Frutigen (BE) et Wolhusen (LU) font de votre rêve une réalité! Les menus proposés par les restaurants s’accordent avec les lieux: un mélange de produits tropicaux et de spécialités bio locales. A Frutigen, la chaleur nécessaire aux serres tropicales est produite par l’eau chaude provenant de la galerie de la NLFA. A Wolhusen, elle vient d’une station de compression de gaz naturel. Les deux maisons tropicales mettent à disposition des sentiers d’exploration. Les visiteurs peuvent partir à la découverte de l’eau, de la montagne, de l’alimentation ou de l’énergie. www.tropenhaus.ch
ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS
L’amour de l’environnement Le développement, la composition et la provenance de chaque produit Oecoplan, dont la gamme comprend plus de 1400 articles, sont soumis à de sévères critères écologiques. Ces derniers vont au-delà des dispositions légales et souvent des exigences d’autres labels de qualité liés à l’environnement. Les articles de jardin comme les fl fleurs eurs portent le bourgeon de Bio Suisse.
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Table Suisse
ENGAGEMENT SOCIAL
Des aliments pour tous
«Table Suisse» collecte des produits alimentaires dont la date limite de vente est dépassée et les redistribue à des institutions sociales avec le soutien de Coop.
«Voilà ce qu’il nous faut», s’était exclamée Yvonne Kurzmeyer en regardant, il y a une dizaine d’années, un documentaire à la télévision sur l’organisation City Harvest, qui, à New York, collecte les denrées alimentaires en surplus auprès des entreprises de restauration et les redistribue aux sans-abri. Quelques mois auparavant, Yvonne Kurzmeyer avait créé avec d’autres personnes la fondation «Hoffnung für Menschen in Not» (Espoir pour les personnes dans le besoin). Cet organisme s’était donné pour but d’apporter une aide aux personnes qui étaient pour ainsi dire passées entre les mailles du filet social en Suisse. Le projet manquait toutefois encore d’une idée concrète. Urs Grossenbacher, à l’époque directeur de la fondation, et Yvonne Kurzmeyer ont étudié la situation de la Suisse. Par rapport à la ville de New York, les restaurants et les hôtels suisses ont considérablement moins de restes alimentaires qu’ils sont
contraints de jeter. En revanche, les producteurs et les enseignes du commerce de détail doivent, chaque année, mettre au rebut près de 250 000 tonnes de denrées dont la date limite de vente est dépassée, alors qu’une grande partie est encore consommable. Yvonne Kurzmeyer découvre en Allemagne une organisation qui récolte des aliments périmés et les redistribue. Lors d’une visite à la «Berliner Tafel» (La table berlinoise), elle remarque un classeur avec la mention «McKinsey» sur une étagère. «Etonnée, j’ai demandé comment une association à but non lucratif pouvait en arriver à recourir aux services d’un conseiller en gestion. C’était en fait nécessaire pour venir à bout de la confusion régnant au sein de l’institution.» Bénévolement, McKinsey a permis de structurer ce projet jusque dans les moindres détails. «Si j’entreprends quelque chose, je dois la réaliser de la meilleure façon possible, c’est-à-dire avec professionnalisme», se répétait Yvonne Kurzmeyer. En sa qualité d’épouse de banquier, elle ne craint pas d’approcher les milieux économiques. «McKinsey Suisse a mis à
notre disposition une équipe de conseillers, et ce gratuitement.» Cette aide était la bienvenue, car le projet s’est révélé considérablement plus compliqué que ce qu’elle avait prévu au départ. Le concept allemand a dû être adapté aux conditions helvétiques. «En Allemagne, des bénévoles vont chercher les aliments avec leur propre véhicule et les apportent ensuite aux bénéficiaires. Ici, cela ne peut pas marcher. Il y a des prescriptions strictes, qui exigent que certaines denrées soient constamment réfrigérées, aussi pendant le transport.» L’organisation d’entraide avait donc besoin de véhicules frigorifiques. D’autre part, convaincre les fournisseurs (producteurs et commerçants) de donner les marchandises dont les dates limites de vente étaient dépassées constituait un défi supplémentaire. «A l’époque, la pauvreté était encore un sujet tabou en Suisse.» Certains craignaient de subir des pertes sur leur chiffre d’affaires. «Mais pour la plupart d’entre eux, jeter la marchandise n’était pas non plus une bonne chose, ce qui nous a permis de les persuader, l’un après l’autre.» En 2001, la fondation a démarré le projet «Table Suisse», qui a depuis régulièrement étendu ses activités. L’association est présente dans onze régions du pays. Quotidiennement, 29 véhicules frigorifiques font la collecte de 10,8 tonnes de denrées alimentaires, dont près de la moitié proviennent de Coop. Ces produits sont redistribués le jour même à quelque 500 institutions sociales. «Table Suisse» ne distribue pas directement les aliments aux personnes dans le besoin, comme le fait l’organisation analogue «Table couvre-toi», mais elle les distribue aux abris d’urgence, aux cuisines populaires, aux homes, aux centres d’accueil ou aux œuvres d’entraide. «Nous atteignons ainsi bien plus de personnes.» Dans des régions comme le Tessin et le Valais, «Table Suisse» et «Table couvre-toi» collaborent directement, alors que dans d’autres lieux, elles se complètent
ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS
Table Suisse
Les produits dont la date limite de vente est dépassée doivent être redistribués très rapidement. «C’est un vrai défi logistique», affirme Yvonne Kurzmeyer, qui a travaillé dans un service extérieur et sait par conséquent comment organiser les tournées le plus efficacement possible. Chez «Table Suisse», ces tâches de planification sont assurées par des responsables régionaux engagés par la fondation. Pour les trajets, on recourt aussi à des bénévoles, à des personnes effectuant leur service civil ou à des chômeurs. «Les personnes dans le besoin ne savent jamais ce qu’elles vont recevoir – à chaque fois, c’est la surprise – et la redistribution doit se faire le plus judicieusement possible.» Les bénéficiaires de l’aide doivent bien sûr aussi faire preuve de pas mal d’inventivité. La créativité, voilà certainement ce qu’Yvonne Kurzmeyer apprécie le plus dans son engagement auprès de «Table Suisse»: «J’ai appris tellement de choses, rencontré tant de gens intéressants, que je ne peux
plus m’en passer!» Sa charge de travail bénévole a par moments représenté bien plus qu’un emploi à plein temps. «Un jour, quelqu’un a dit à mon sujet que j’accumulais les risques, étant donné que tant de choses dépendaient de ma personne», se rappelle la fondatrice, aujourd’hui âgée de 54 ans. Il y a deux ans, elle a décidé se retirer un peu et a beaucoup délégué. «A un moment donné, il faut que le projet devienne indépendant, c’est un peu comme un enfant», nous dit cette mère de deux enfants. Désormais, elle œuvre à assurer un bon soutien au projet. Les bailleurs de fonds, sans lesquels «Table Suisse» ne pourrait pas exister, jouent un rôle essentiel. Certes, les fournisseurs donnent la marchandise gratuitement, mais il faut bien que quelqu’un assume les frais de transport et de gestion. «Nous maintenons les coûts aussi bas que possible et optimisons sans cesse nos processus.» Depuis 2005, Coop fait don annuellement de 150 000 francs, en sus des aliments offerts. Coop soutient aussi l’organisation «Table couvre-toi» par des dons en nature et un montant identique. Dans le rapport sur le développement durable de Coop, on explique cet engagement par la volonté de l’entreprise d’éviter que «des denrées alimentaires ne soient jetées». Un groupe de femmes associées sous le nom de «Table Suisse Fundraising» apporte également une contribution essentielle à «Table Suisse». Ce sont ces femmes qui, avec des collaborateurs bénévoles du Crédit Suisse, organisent chaque année la Journée de la soupe. Pour l’occasion, des cuisiniers de renom de la région mitonnent une soupe qui est ensuite servie sur une place publi-
PHOTO PETER MOSIMANN
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que par des personnalités connues. «Nous voulons ainsi en même temps récolter de l’argent et réaliser un travail d’information en attirant l’attention des gens sur la pauvreté dans notre pays. Il est clair que l’on pourrait reprocher à notre projet de soutenir un ordre social injuste dans la mesure où l’on nourrit les pauvres avec les restes de la société de consommation. Il me semble cependant que c’est bien mieux que de ne rien faire du tout.» Et son association a encore du pain sur la planche: «Aujourd’hui, il y a toujours une grande quantité de denrées alimentaires qui sont tout simplement jetées à la poubelle. Si nous obtenons le soutien nécessaire, nous pourrons aussi les redistribuer.»
Anna Bähler www.tablesuisse.ch www.tablecouvretoi.ch
Yvonne Kurzmeyer de l’organisation d’utilité publique «Table Suisse».
Concours 37
IDÉES POUR LE FUTUR
Vision 2025: pour un monde meilleur Concours pour écoliers: nous recherchons des jeunes prêts à améliorer le monde.
Si tu as des idées concrètes pour améliorer l’état de la planète, tu es au bon endroit. Nous recherchons des jeunes entre 12 et 16 ans, qui rêvent d’améliorer le monde. Soumets-nous ton projet pour l’amélioration de l’état de notre planète. Avec un peu de chance, nous te permettrons de le réaliser. Nous recherchons les propositions à la fois les plus visionnaires et concrètes. Conditions de participation Le concours est ouvert aux groupes de jeunes de 12 à 16 ans, composés de 4 à 25 participants au maximum, et domiciliés en Suisse. Le projet d’un monde meilleur doit se référer (environ) à l’année 2020 et comprendre une idée détaillée, c’est-à-dire un objectif, ainsi qu’une esquisse aussi précise que possible des mesures à prendre pour l’atteindre. Jury Gerhard Schwarz (NZZ, directeur désigné d’Avenir Suisse) Prof. Stefanie Hellweger (ETH Zurich) Andreas Schönenberger (Google Suisse) Sibyl Anwander (Coop) Brenda Mäder (présidente JLRS) Premier prix Le journal Coopération réunira le groupe gagnant et le partenaire politique ou économique correspondant au thème et au projet. Le but est d’aider à la mise en place du projet et d’entreprendre les premiers pas pour sa réalisation. Le journal Coopération rédigera un article sur le projet, ce qui permettra de le faire connaître du public et, pourquoi pas, d’envisager la possibilité d’un appel de fonds. Deuxième et troisième prix Visite d’un laboratoire du futur de l’EPF de Zurich. Du quatrième au dixième prix Visite de classe à la Maison tropicale de Frutigen.
ILLUSTRATION ATELIER OCULUS
Tu trouveras plus d’informations sur la façon de déposer ton projet à l’adresse www.cooperation-online.ch/2025
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Développement durable
Le développement durable joue un rôle important chez Coop. Cette attitude est valable pour l’ensemble de l’entreprise, de son assortiment à sa responsabilité envers la société. POUR L’HUMAIN ET L’ENVIRONNEMENT
La durabilité chez Coop
le Coop et ment pe dévelopwww.coop. e: durabl durabilite ch/
Coop mise sur le développement durable à l’échelle de l’entreprise. La direction et les collaborateurs sont unanimes: une entreprise ne peut avoir de succès durable que si elle agit de façon prévoyante et prend soin de ses ressources. Cette position revêt une telle importance pour Coop qu’elle y est déjà ancrée dans les statuts de la Coopérative. On peut y lire l’article suivant: «Coop prend les mesures nécessaires pour assurer durablement sa compétitivité et donc son existence, selon les principes de l’économie de marché, de l’écologie et de l’éthique.»
spécial écologie 39
Pour ce faire, Coop intègre les aspects du développement durable dans l’ensemble de ses activités. Le Comité de pilotage pour le développement durable a pour mission d’ancrer ce thème dans tous les secteurs d’activité ainsi que dans la philosophie d’entreprise. «Coop essaie d’harmoniser les trois niveaux du développement durable, à savoir économie, écologie et équité sociale», précise Sibyl Anwander, cheffe du Comité de pilotage de la Coopérative. Chez Coop, la stratégie pour le développement durable repose donc sur trois piliers.
PHOTOS ET ILLUSTRATIONS ATELIER OCULUS
1. Prestations d’assortiment durable: chaque jour, plus d’un million de clients font leurs achats chez Coop. Cette fidélité représente une chance pour le développement durable, puisque la consommation
privée pèse lourd dans la balance écologique. La façon dont Coop se procure ses produits et ses prestations de service génère donc un grand effet de levier. C’est pourquoi Coop teste régulièrement et sur l’ensemble de son assortiment de nouvelles possibilités de production et d’approvisionnement encore plus respectueuses de l’environnement. Elle propose de plus un grand choix de produits au coefficient social et écologique élevé (par exemple avec le label Pro Montagna ou le label bourgeon de Bio Suisse). 2. Efficacité des ressources et protection du climat: de la logistique aux entreprises de production, de l’administration aux points de vente, Coop veut exploiter toutes ses ressources de façon efficace en protégeant le climat. Concrètement, cela
se note dans son engagement pour le maintien de la biodiversité ou dans le cadre de Vision CO2. Celle-ci stipule que, d’ici à 2023, Coop doit parvenir à un bilan CO2 neutre dans tous les secteurs qui se trouvent sous son influence directe. 3. Collaborateurs et société: Coop assume la responsabilité de plus de 50 000 collaborateurs et 3000 apprentis. L’entreprise fait preuve d’équité et de loyauté à leur égard, les rétribue correctement et leur offre la possibilité de compléter leur formation et d’assumer des postes à responsabilité. Avec le Fonds Coop en faveur du développement durable, le Parrainage Coop pour les régions de montagne ou le projet «Table couvre-toi», Coop s’engage socialement en faveur d’un large public.
Qui dit «dévelopement durable» dit «interdépendance». Ceci est symbolisé par ce long tableau de l’Atelier Oculus, spécialement réalisé pour ce supplément.
Les artistes au travail: Marcus Moser et Sibylle Heusser, de l’Atelier Oculus, et Olivia Aloisi, de Illustra.
Pour les générations à venir. Les générations futures ont, comme nous, le droit de grandir dans un monde riche et bien vivant. Nous leur devons de préserver les ressources disponibles et de restituer à la Terre un maximum de ce qu’elle nous donne, et ce sans attendre. Pionnière de la préservation de l’environnement et du développement durable, Coop propose d’ores et déjà à ses clients huit labels de confiance respectueux de l’homme et de la nature. Mais son action va bien au-delà: elle englobe la réduction de sa consommation d’énergie, la diminution et la compensation des émissions de CO2, le renforcement de sa position de leader du marché bio, le développement de sa gamme de textiles en coton bio, les normes sociales applicables à ses collaborateurs et à ses fournisseurs, le travail du Fonds Coop pour le développement durable ou encore son étroite collaboration avec le WWF et Bio Suisse. Si le développement durable vous tient à cœur autant qu’à nous, rendez-vous sur: www.coop.ch/developpementdurable.
Pour la seule Terre que nous avons.