Algérie

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ALGÉRIE Octobre-Novembre 2012 Sur les traces d’Albert-le-Solaire

Prologue – Jeudi 25 octobre Demain, moi et mes deux frères Brice et Greg, nous partons pour une semaine en Algérie, pour visiter nos parents qui y vivent depuis maintenant quelques mois (mon père y réalise une mission scientifique sur la pêche, pour le compte de l’Union Européenne, mais j’ai l’impression qu’il joue surtout au Solitaire, en fait). Ce sera des vacances en famille, comme nous n’en avons plus eues depuis celles à Hong-Kong en décembre 2010. Bref, comme j’ai la garde du chien depuis quelques semaines, et comme nous partons tous, pas possible de refiler Toto à mes frères. C’est pourquoi, ce soir, Greg et moi allons déposer Toto chez un ami, Benjamin, qui va le garder pour la semaine. Je récupère aussi du matos pour ma mère, notamment une glacière pleine de charcuterie. Ramener ça en pays Musulman juste pour l’Aïd-el-Kebir, je sens que c’est une belle et grande idée. Après une énorme raclette chez Benjamin, je rentre tard chez moi pour faire les bagages.


Vendredi 26 octobre Ce matin, boulot. Mais je ne force pas trop, car j’ai pris mon après-midi, et que je n’ai pas vraiment la tête à travailler. Je quitte le taf vers midi, un peu à la bourre. Je passe rapidement à l’appart pour récupérer mes bagages, puis je saute de justesse dans le RER. J’ai un énorme sac, une valisette, plus la fameuse glacière. Mais au final, je n’ai que deux T-shirts, deux caleçons, un maillot et quelques chaussettes. Tout le reste n’est qu’obscures marchandises « impies » pour ma mère… Changement à Saint-Michel, RER B, puis OrlyVal (c’est hors de prix, ce truc, je conseille vivement aux voyageurs d’étudier l’option OrlyBus). J’arrive à l’aéroport le premier, vite suivi par mes frères. Nous enregistrons les bagages sans soucis au comptoir d’Aigle Azur (330€ le billet A/R + 85€ de visa). Ça n’a pas raté, quelques personnes nous ont demandé d’enregistrer du poids à leur nom. Poliment, j’ai dit non. Petit McDo en salle d’embarquement, puis décollage avec un petit quart d’heure de retard, dans un minuscule A319. Nous atterrissons à l’heure à Alger (Algiers, comme on dit ici). Nous arrivons en fin de journée, ce qui nous a permis de voir un peu les environs avant l’atterrissage, et ça nous a paru beaucoup moins aride qu’on l’imaginait. C’est joli. Nous récupérons rapidement nos sacs, et je suis soulagé de voir que la glacière pleine de cochon ne s’est pas éventrée devant un docker Musulman… À la douane, nous découvrons, stupéfaits, une horde de Chinois avec passeports de travail, qui monopolise les douaniers. Nous attendons une heure, péniblement, mais tranquillement. Les Algériens, eux, pètent un câble. Je les comprends. Les Chinois fournissent une part très importante de la main d’œuvre en Algérie, notamment sur les chantiers, et pourtant on ne les voit presque jamais : ils sont reclus, entre eux, dans des préfabriqués sur les chantiers. Des rumeurs disent que les chats ont disparu des environs des chantiers où travaillent les Chinois… Une fois les formalités passées, nous retrouvons les parents dans le hall, qui sont accompagnés de Mokhtar, le chauffeur de mon père. Le trajet vers la maison prend une bonne demi-heure, de nuit. Nous découvrons les environs. J’adore cette sensation de filer, la nuit, à travers un nouveau pays, fraîchement débarqué de l’avion. La dernière fois que j’ai vécu ça, c’était en Inde, avec Brice, où nous partions pour trois semaines de folles galères… Nous arrivons donc à la maison, dans un quartier d’El Biar, sur les hauteurs d’Alger. Il y a plusieurs autres maisons dans ce « complexe », qui appartient à un certain monsieur Bentoumi. Le tout est dans une enceinte fermée par quelques barbelés du plus bel effet. Il y a aussi Zico, un jeune rottweiler assez balèze, qui aboie très fort et dont Mokhtar a visiblement une peur bleue. Mais la bête féroce se couche finalement assez vite. C’est marrant de quitter Toto pour découvrir Zico… Surtout que monsieur Bentoumi a également un perroquet gris, comme le nôtre, ce qui laisse une drôle d’impression de copier-coller.


La maison est sympa, les parents sont bien installés, avec une belle terrasse qui donne sur la mer et Alger. Un poulet grille sur le barbecue, pendant que Zico court dans tous les sens, quémandant des caresses – tu parles d’un chien de garde !

Zico, le « chien de garde », alter-ego de Toto

Nous découvrons le pinard algérien, qui n’est en théorie pas mauvais, mais là, nous tombons sur une bouteille particulièrement immonde, plus proche du vinaigre que du vin. Ça picole assez dur, puis vient le temps de se coucher pour notre première nuit à Alger.

Samedi 27 octobre La nuit fut correcte, sans plus. J’ai eu alternativement très chaud et très froid, et puis le canapé qui me sert de lit gratte horriblement. Du coup, je me suis levé relativement tôt. Au petit-déj, il y a des croissants. Les Algériens aiment beaucoup les viennoiseries. Bon, il ne s’agit évidemment pas de nos croissants à nous, mais de toute façon on n’est pas venu pour ça. Et puis, ils ne sont pas immondes non plus, ces croissants. Il y a aussi tout un tas de gâteaux secs, plus ou moins réussis. Nous partons à pied pour une balade dans la ville. Depuis les hauteurs d’El Biar, ça descend pas mal, à travers des ruelles pittoresques. Il y a des restes de mouton un peu partout, des cornes, des peaux et du sang, rappelant le « génocide » qui vient d’avoir lieu.

Dans Alger


Les gens sont très gentils et très polis, les automobilistes laissent toujours passer les piétons, et nous sommes tranquilles dans les rues, personne ne nous harcèle pour nous vendre des trucs ou nous faire visiter des machins. L’Algérie n’est pas un pays touristique, c’est certain, et en voilà les bons côtés. Après une petite visite du centre, qui est presque désert, nous longeons le bord de mer, puis nous arrivons à la mythique casbah. Nous en remontons longuement les rues et ruelles. C’est très « mignon ». Malgré les gravats, les saletés et les maisons qui s’écroulent, l’ambiance est très agréable, et il y a une vraie beauté ici, malgré les restes de mouton.

Dans la casbah

Après la casbah, nous marchons longuement, harcelés par un vent glacé, le long de murs immenses et de barbelés : c’est l’Armée. Arrivés à un rond-point, Brice et moi prenons quelques photos de l’avenue qui descend vers la mer. Pas de chance, les photos sont interdites ici, les flics nous arrêtent. Je crains qu’on ne nous confisque nos appareils, mais les policiers sont très gentils et très polis : ils demandent juste à voir les photos, et nous font effacer celles qu’ils jugent problématiques. C’est de la parano pure et simple (il n’y a rien de stratégique sur nos photos, et si nous voulions vraiment prendre des photos, nous aurions des appareils minuscules invisibles et pas nos attitudes de touristes blaireaux). Mais bon, tant que c’est fait avec bonne humeur… Lassés de marcher, nous appelons Mokhtar pour qu’il vienne nous chercher. En attendant, nous faisant halte à l’El-Aurassi, cet hôtel de luxe gigantesque et absolument désert, au design stalinien, qui surplombe la ville. Je sirote un Virgin Colada (Piña Colada sans alcool) pendant que les autres boivent une bière. L’ambiance est vraiment bizarre. C’est grand comme un aéroport international, et il n’y a personne à part les serveurs.


La piscine de l’El-Aurassi

En 4x4, Mokhtar nous fait un peu voir le coin, et il nous emmène jusque Notre-Dame d’Afrique. C’est assez beau, et la vue est très belle, mais c’est fermé. Pas grave. Nous demandons à Mokhtar s’il y a des hammams dans le coin, car je suis assez fan de ce genre de truc, et j’aimerais bien tester ceux du coin. Il nous en indique quelques-uns, mais il n’est pas très loquace, et les infos restent assez parcellaires.

Notre-Dame d’Afrique

Nous retournons à la maison. Nous déjeunons tardivement d’une salade assez light. En effet, ce soir, Mokhtar nous offre le couscous et il nous a dit que ce serait super copieux. J’attends ça avec impatience ! Le reste de l’après-midi est dédiée au dieu de la glande et à la lecture. Le couscous finit par arriver vers 21h. J’ai ultra faim, mais le couscous n’est finalement pas si copieux que ça. Et pas si fameux que ça non plus, je suis assez déçu. Mais ça fait quand même plaisir !

Dimanche 28 octobre Je n’ai quasiment pas dormi de la nuit. Foutues insomnies. Et comme je suis en vacances, je m’interdis de prendre mes somnifères. Du coup, c’est la galère… En plus, il a plu toute la nuit, ça n’aide pas vraiment. Et ce matin, il pleut encore. Du coup, on est un peu niqué pour aller se balader. En attendant que le temps s’améliore, on se retrouve de corvée : devoir trimbaler un


énorme matelas (jamais vu un truc aussi titanesque) dans les escaliers, sous la pluie et avec un Zico déchaîné qui hurle et qui court dans tous les sens. Super. La météo s’améliore l’après-midi, nous permettant de sortir un peu. On visite le « parc de loisirs », on zone dans les ruelles, on fait quelques musées (qui ne sont ridiculement pas chers, et pas trop mal).

Un survivant de l’Aïd-el-Kebir, dans le parc de loisirs

On essaie le métro, flambant neuf, conçu par la RATP, et mis en service à peine quelques semaines plutôt. Il est très bien (meilleur que le nôtre !), mais aussi très cher, et du coup il est absolument vide. On descend au « jardin d’essais », un parc botanique. Pas de bol, il est fermé. Mais le garde, très gentil, nous laisse quand même entrer. Imaginez la même scène à Paris, vous n’aurez pas la même conclusion… Le jardin est très beau. Et étonnamment tropical. Pour un peu, à certains endroits, on se croirait en Thaïlande ou quelque autre pays asiatique sous les tropiques. Il y a quelques statues bien stylées, mais, fait étrange, il y a également des étourneaux morts absolument partout, parfois plusieurs au mètre carré. Il semblerait qu’ils aient été gazés. Pour le coup, à Paris, ça ne se serait pas passé pareil non plus…

Dans le jardin d’essais


En passant dans une allée pleine de bambous gigantesques, Brice pour LA question : « Et sinon, les bambous, ça pousse, en Algérie ? ». No comment ^_^. En sortant du parc, on prend le téléphérique qui nous emmène au Mémorial du Martyr, une structure assez énorme (mais pas colossale non plus) érigée en souvenir des morts de la guerre d’Indépendance. Le style est très épuré, militaire. Pas fabuleux, à mes yeux.

Le Mémorial du Martyr

Gloire aux soldats de l’Indépendance

Il fait froid, et j’ai les pieds absolument gelés, mais quand on se pose à la terrasse d’un café, je prends une glace comme l’abruti que je suis. Mokhtar vient nous chercher avec son énorme 4x4 et nous ramène à la maison. Apéro, Zico, dodo.


Lundi 29 octobre J’ai bien dormi, ce coup-ci. Faut dire que n’ayant pas dormi la nuit dernière… Bref. Ce matin, Mokhtar passe nous prendre, nous allons à Tipasa. C’est à une heure de route. On se pose à la Corne d’Or, dans les restes d’un ancien Club Med qui a fermé à force d’être réquisitionné sans préavis par l’Armée.

La Corne d’Or

L’endroit est plutôt chouette. Il fait beau. Nous nous baignons pour la première fois en Algérie, mais c’est un peu kafkaïen : on se laisse flotter dans 30 cm d’eau, prenant soin d’éviter les hordes d’oursins niqueurs de pieds1, et malmenés par les vagues, qui tapent assez dur. Le spectacle des murs d’eau qui éclatent contre les rochers et les falaises alentour est plutôt sympa. Nous nous rhabillons, scrutés par des femmes voilées des pieds à la tête. Drôle d’ambiance… Nous allons déjeuner dans un resto du village, à l’ombre d’une tonnelle, où nous sommes encerclés par des tonnes de chat qui se battent pour quelques restes. L’endroit est assez beau, nous avons vue sur les ruines de Tipasa, et c’est assez classe, d’autant plus qu’il fait encore beau. Papa commande des sardines, et le serveur fait cette étonnante remarque : « Vous êtes sûr ? Vous avez vu la tête de mes sardines ? ». Devant la tronche de celles-ci, il renonce, effectivement. Perso, je déjeune d’une entrecôte, pas fabuleuse, mais correcte. Après le repas, nous allons donc visiter les ruines. Le site est très grand, très beau, en bord de mer. Les arbres sont marqués par le vent, les ruines et la terre ocre sont magnifiques sous ce soleil et ce ciel bleu.

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Oursinus enculei


Les ruines de Tipasa, au loin

Nous marchons jusqu’à la stèle érigée en l’honneur d’Albert Camus, le philosophe, fils d’Alger dont Brice est un grand admirateur. Albert-le-Solaire, comme on dit dans la famille… L’endroit est beau, c’est indéniable. Michel Onfray aussi est venu ici, justement pour écrire son livre sur Camus. Très étrangement, Greg et Maman qui avaient fait bande à part, ont fini la visite avant nous, alors que nous craignions de devoir les attendre pendant des heures. Une fois n’est pas coutume.

La stèle de Camus

Sur le retour, nous faisons une halte au Mausolée Royal de Maurétanie, aussi appelé « Tombeau de la Chrétienne ». C’est un imposant cône de pierre, construit sur une


petite colline qui domine les environs. Ce n’est pas très fin, mais c’est vrai que c’est impressionnant, et joli si on aime le genre. Je me fais la réflexion que ça ressemble surtout à un plat à tajine géant, en fait. Ça, plus une pseudo légende Atlante sur un sarcophage de cristal qui serait caché à l’intérieur, et il ne m’en faut pas plus pour imaginer une parodie d’Indiana Jones : « Algeria Jones et le Royaume du Tajine de Cristal »…

Le Tombeau de la Chrétienne, alias le « Tajine de Cristal »

Retour à la maison, où nous dînons de fabuleuses côtes d’agneau. Mais, comme d’hab’, quand c’est bon, il n’y en a pas assez.

Mardi 30 octobre Nuit moyenne. Foutue insomnie. Aujourd’hui, nous partons pour les gorges de Chréa. C’est à 1h30 de la maison, et, malheureusement, c’est assez nul. Le parc est sûrement très bien, et il y a probablement de très belles balades à faire avec de superbes panoramas, mais c’est plus ou moins interdit. En tous cas, Mokhtar ne veut pas que l’on y aille. Du coup, bin on roule, et puis c’est tout. Et c’est très moyen. On s’arrête parfois sur le bord de la route, où des locaux exposent des paons (je n’ai pas compris le trip, apparemment, en Algérie, ils kiffent les paons), et où l’on peut se faire prendre en photo avec des poneys (des poneys qui mordent, attention). Il y a aussi quelques singes qui s’agitent. Rien de bien passionnant.

Les méchants poneys de Chréa


On s’arrête sur une petite aire, où l’on peut acheter toutes sortes de tajines, certains sont même à l’effigie de Bob l’Éponge, ce qui est assez surprenant il faut bien l’avouer. J’achète une tirelire en forme de ballon (un cadeau private-joke pour un ami). Et puis c’est à peu près tout. On prend le chemin du retour, brecouilles. Mais plutôt que de rentrer directement à la maison, on fait un arrêt au port de SidiFredj. C’est charmant. L’eau est très haute – ou alors les quais sont très bas, c’est selon –, du coup les bateaux sont presque dans le prolongement du sol. Je trouve ça assez sympa. Il y a un petit bras de mer qui passe sous une maison, ça fait me fait un peu penser à Venise, même si je n’y suis jamais allé.

Sidi-Fredj, la « Venise » algérienne

Mais bon, c’est à peu près tout. En essayant de se poser à la terrasse d’un petit bar, un fou nous aborde. Je l’ignore royalement, mais c’est un peu relou. Et, une fois de plus, sans raison, notre famille démontre sa capacité à s’engueuler pour un rien et à plomber l’ambiance. Tous fautifs, tous couillons… Pour la énième fois, je me dis qu’il ne faut plus jamais partir en vacances tous ensembles, parce que ça part en couille à chaque fois. Bref. On rentre à la maison. Sur le retour, on croise une procession funéraire qui marche sur la route, ce qui fout un peu le bordel dans la circulation, il faut bien le dire. Il n’y a que des hommes, ça fait bizarre. Autre bizarrerie : des enfants jouent au pistolet à eau sur l’autoroute, traversant la circulation au mépris du danger. Drôle d’ambiance. Il est à noter que, même lorsqu’il y a des passages protégés pour piétons (des passerelles au-dessus des routes), les Algériens préfèrent traverser la route directement. Cette prise de risque tout à fait absurde est vraiment étonnante. Nous découvrons le Ministère du Développement Durable, qui est, en tous cas en apparence, absolument ridicule : de grandes colonnes grecques très m’as-tu-vu, à l’entrée d’un site protégé par des barbelés, trois lampadaires à panneaux solaires, et une espèce de drôle de mascotte-lézard sur les murs, qui ne ressemble absolument à rien. Très, très curieux.


Nous rentrons. Il est encore assez tôt, je propose donc qu’on essaye d’aller au hammam, mais personne n’est vraiment partant. Bref, une journée assez merdique, au final.

Mercredi 31 octobre Je me lève tôt, après avoir passé un mauvaise nuit à alterner entre le très chaud et le très froid. C’est quoi ce climat, sérieux ? Il pleut, une fois de plus. Avec papa, on part quand même se balader en ville, en espérant notamment que la poissonnerie sera ouverte pour acheter enfin ces fameuses crevettes algériennes. Évidemment, c’est fermé. Apparemment, en Algérie, tout est fermé pendant dix jours autour de l’Aïd. On essaye aussi de glaner des infos sur le hammam : ouvert, ou pas ? À quelle heure ? Difficile de savoir : un fou prostré sous la pluie nous empêche de rentrer dans le premier hammam, et le deuxième semble fermé. Bref, c’est l’échec. On zone sur la place Kennedy, on passe devant Kennedy Habillage. Apparemment, ils aiment bien Kennedy, ici. On achète des fruits, puis on trouve une boucherie ouverte. On en profite pour choper des merguez, même si l’hygiène semble assez douteuse. Retour à la maison pour déjeuner rapidement, puis, comme le temps s’améliore, on repart marcher en ville. Brice fait le guide avec un plan, et il s’en sort plutôt pas mal. On visite une nouvelle fois la casbah, on ne s’en lasse pas. Les coins tout mimi alternent avec les coins beaucoup plus crades, ça fait partie du charme. Certains endroits sont tellement plein d’ordures que ça déborde et « dégouline » carrément. C’est ainsi que, de toits en toits, de terrains vagues en terrains vagues, des espèces de « glaciers » d’ordures se forment et s’écoulent au fil des ans, un peu comme la Mer de Glace des Alpes – mais dans un tout autre style bien sûr. C’est quelque chose qui nous amuse beaucoup Brice et moi, qui sommes devenus des sortes de spécialistes du trash-tracking lors de notre voyage en Inde.

Des maisons effondrées dans la casbah


Nous croisons deux hommes, qui nous saluent et nous expliquent être des policiers en civil. Nous les recroiserons plusieurs fois, comme s’ils étaient toujours sur nos pas. Ce qui n’est pas du tout impossible : ici, les étrangers, les occidentaux, sont surveillés (dans le bon sens du terme : ils sont protégés, les Algériens ne voulant pas revivre certaines horreurs du passé). J’essaie d’entrer dans un hammam pour quémander des infos, quand un passant m’interpelle depuis la rue. Il m’explique gentiment qu’à cette heure là c’est réservé aux femmes, et me dit de repasser vers 17h. Merci pour l’info ! On visite le palais de Hassan Pacha. C’est vraiment beau, et quel contraste avec certains endroits du coin !

Le palais de Hassan Pacha

Dans la rue du Soudan, on passe devant une série de hammams. Je me dis que j’ai trouvé le coin parfait, il faudra juste revenir plus tard. Induits en erreur (mais pas par malice) par des enfants, nous nous retrouvons à visiter un musée bizarroïde en plein milieu de la casbah, qui expose des sortes de tajines étranges. Pourquoi pas. Je remarque aussi que le musée, comme à peu près tout à Alger, regorge d’extincteurs gigantesques tous les deux mètres. Soit la règlementation est absurde, soit les gens ont été traumatisés par un incendie, soit les deux, soit autre chose, mais c’est assurément bizarre. Sur le chemin du retour, on se paume un peu, puis on décide d’appeler Mokhtar car maman n’en peut plus de marcher. Nous voilà donc dans un coin moche, à attendre comme des cons sur un muret, au bord de la route. C’est un peu kafkaïen. On décide donc de pousser jusqu’à l’El-Aurassi, histoire de boire un coup en attendant. Mokhtar finit par arriver, mais ce fut long à cause de la circulation. Le retour à la maison sera lui aussi ultra long. Je suis persuadé qu’à pieds on aurait gagné une heure… C’est impressionnant de voir comment les routes s’engorgent soudainement vers 16h30-17h, quand les gens sortent du travail. Jeudi 1er novembre C’est la Toussaint Rouge, aussi appelée Toussaint Sanglante, en rapport aux attentats du 1er novembre 1954, qui tuèrent sept Chrétiens (et aussi deux


Musulmans), en forme de « prologue » à la guerre d’Algérie. Bref, ça ne donne pas très envie à mon père d’aller en ville, et en plus il fait à peu près beau, alors nous partons pour la plage d’Aïn Taya, à environ quarante kilomètres d’Alger. Le soleil n’est quand même pas très vaillant, et il y a beaucoup de vent. La mer est déchaînée et nous empêche de nous baigner. Nous nous baladons donc un peu sur la mer, marchons jusqu’au « port », où des vagues monstrueuses éclatent contre les blocs de béton. Une barque est là, détruite, à moitié ensevelie dans le sable, tandis qu’un chauffe-eau fatigué roule sur le sable au gré des vagues. Entre deux petites anses, des décharges à ciel ouvert et des Rio Merdo apportent une petite touche folklorique aux maisons en parpaings effondrées.

Aïn Taya Beach

Nous pique-niquons, puis nous décidons de nous « mouiller », à défaut de nous baigner. Avec les frères, nous nous allongeons donc sur le sable, sur la trajectoire des vagues qui remontent la pente. Nous inventons une nouvelle discipline pseudolympique, qui consiste à se faire démonter la gueule par les vagues à même le sable, en équipe, en faisant des « figures » : démontage facial, latéral, diagonal, full-frontal, etc. C’est marrant mais ça nique quand même bien la gueule, et puis le sable est méchamment abrasif. C’est très con comme jeu, mais que voulez-vous, il faut bien s’occuper sur cette immense plage. Lassé de ces jeux stupides, je me pose sur ma serviette et reprends la lecture d’un roman assez amusant : Requiem pour un clou, d’Olga Lossky. Lorsque nous rentrons à la maison, il est encore tôt, et avec Brice nous n’avons pas vraiment l’intention de moisir tout l’après-midi. J’ai par ailleurs le plan sournois, dont je ne démordrai pas, de retourner à la casbah pour tester le hammam. Toussaint Sanglante ou pas, nous flânons donc dans le quartier colonial, qui est aujourd’hui infiniment plus animé que les autres fois où nous y étions allés. En fait, ça a beau être férié, tout, absolument tout est ouvert, ça commerce dans tous les sens et les terrasses sont bondées. L’ambiance est très sympa. Au détour d’une rue, nous tombons sur un bébé dromadaire empaillé. C’est mal fait, répugnant, triste et définitivement creepy. Sur le téléphone portable de ma mère que j’ai emprunté, je reçois un SMS célébrant le début de la guerre. Ambiance… Nous nous hasardons dans un truc un peu bizarre, le Centre Culturel Moudjahid, où des tableaux sanglants récapitulent la guerre. Nous tombons sur un type gentil, qui


nous fait une visite rapide. C’est sympa, notamment le grand patio avec ses arbres gigantesques, mais j’ai peur que la petite visite ne dure des plombes. Mais non, ça va. Je demande, l’air de rien, si les hammams du coin sont ouverts, et comment ça se passe. Il nous dit d’aller voir à la casbah. C’est bien mon intention… Touchés par la Grâce Divine, nous nous laissons donc guider par la Force, et nous entrons dans un hammam qui a l’air accueillant, dans les environs de la rue du Soudan.

Un hammam, fermé

Un jeune homme qui discutait avec ses amis devant le hammam décide de nous aider dans les « formalités », et nous explique gentiment comment ça se passe. Il fait l’interprète pour nous, et nous voilà culs nus, enroulés dans un drap immense et tout raide, équipés de vieilles tongs défoncées, dans la salle d’eau, où il règne une douce chaleur. C’est très sympa. Bon, ce n’est clairement pas le grand luxe (rien à voir avec le hammam de la Mosquée de Paris, par exemple) mais justement, ça fait plaisir aussi de tester un truc bien local. C’est délicieusement roots. La salle est grande, le plafond est bas et voûté. En plus de nous, deux hommes sont en train de faire leurs ablutions. Nous nous allongeons maladroitement sur la « pierrade », une petite dalle en marbre chauffée par la vapeur qui passe dessous. L’un des deux hommes, voyant bien que nous ne sommes pas du coin, décide très gentiment de nous introduire aux us et coutumes du hammam. Me voilà donc, allongé par terre, le visage plaqué dans une flaque d’eau savonneuse à la propreté douteuse, pendant que le vieil homme est arc-bouté sur moi, me massant et me faisant craquer toutes les articulations. C’est très physique, et comme il ne parle pas un mot de français, je hurle de plus en plus fort, à mesure que mes muscles s’étirent, pour qu’il sache quand arrêter la torture. Brice assiste au spectacle, amusé mais un peu désœuvré, se demandant probablement s’il sera la prochaine victime.


L’homme me fait signe de me retourner. Je m’exécute. Mais il me refait signe de me retourner. Me voilà donc à avoir fait un tour complet dont l’intérêt m’échappe, à moins que je n’aie rien compris, ce qui est fort probable. L’homme me frotte avec le savon, et me martèle le dos puis les jambes. Il me retourne, s’allonge contre moi. Ça ressemble assez fortement à une prise de catch, mais c’est amusant. Avec un grand sourire, l’homme me fait signe que c’est fini. Je le remercie chaleureusement, tandis qu’il se retourne vers Brice, qui comprend que son heure est venue. Le jeune homme qui nous avait introduits passe régulièrement la tête dans la salle, pour nous demander si tout va bien. C’est très sympa et très prévenant de sa part. Vraiment, les gens ici sont gentils. Peut-être aussi qu’un policier en civil lui a demandé de veiller sur nous, allez savoir. C’est bien possible. Je fais mes ablutions à l’eau chaude et à l’eau froide, dans la douce chaleur qui règne, pendant que Brice grimace et rigole sous la « torture » du vieil homme. Nous traînons encore un peu, puis le jeune homme vient nous chercher pour nous dire que la nuit tombe, et que les rues de la casbah peuvent devenir dangereuses (« à cause des drogués ! »). Il nous explique donc qu’il serait préférable de partir maintenant. Une fois encore, il est probable qu’il ait eu des « ordres », mais ça ne change rien au fait que le processus global est très prévenant et met en confiance. Nous sortons donc de l’étuve, puis on nous remet deux grandes serviettes, une pour se sécher, et l’autre pour le tour de taille. C’est sympa, vraiment, mais malheureusement, les serviettes en question sentent le mouton rance, voire le mouton mort. Puant, mais heureux, nous nous rhabillons, puis nous payons : l’équivalent d’un euros et vingt-cinq centimes. Pour ce hammam bien sympathique, avec massage et savon, c’est vraiment donné. Bon, par contre, nous sentons la mort, mais ce n’est pas grave, j’ai eu ce que je voulais. Nous quittons donc la casbah, puis nous nous posons dans un petit restaurant pour descendre un Fanta bien mérité. Nous mangerions bien ici, les plats donnent vraiment envie, mais nous sommes attendus à la maison. Une sonnerie de téléphone parfaitement ridicule retentit, ça dure, et je m’impatiente que le propriétaire dudit téléphone décroche. Puis, je me fais la réflexion que ce téléphone est peut-être bien celui de ma mère, qui est dans ma poche. Bingo ! C’est mon père, qui nous demande si tout va bien. Je lui dis que oui, que le hammam était super, et que nous en avons pour une bonne heure de marche avant d’être à la maison. Nous nous mettons en route. Il fait nuit noire. Nous en avons un peu plein le cul de marcher, surtout qu’il nous faut remonter sur les hauteurs d’El Biar, ce qui n’est pas rien. Il nous faut effectivement une bonne heure pour rentrer, après nous être pas mal paumés dans de sombres ruelles, parfois infâmes et souvent un peu inquiétantes. Avec Brice, depuis Hong-Kong, et l’Inde, nous sommes un peu devenus spécialistes de ce genre d’opérations, et nous décidons que nous ne sommes plus très loin de notre doctorat en « ruellologie ». Peu avant la maison, nous croisons une femme, qui se présente en français, et qui nous explique être une Chrétienne. Elle nous dit de prendre garde, car le coin peut-


être dangereux. Quoi qu’il en soit, nous rentrons à la maison, sans encombre, mais en nage, après l’effort consenti dans la chaleur nocturne. Nous nous douchons pour évacuer l’odeur de mouton mort, puis nous dînons d’un énorme chili con carne avec une immense bière qui fait un bien fou. Zico, dodo.

Vendredi 02 novembre Aujourd’hui, nous partons pour « randonner » dans la forêt de Bainem. Il fait très beau, limite chaud. La forêt est vraiment belle, la mer est magnifique, le ciel est d’un bleu profond, à peine perturbé par quelques traînées d’avion (certains fumistes parleront de chemtrails, mais bon).

La forêt de Bainem

La balade est sympa, elle se fait sur une route/sentier, qui fait des lacets dans la « montagne ». Le problème, c’est que ça n’en finit pas. Moi, ça me va, mais les autres commencent à en avoir un peu marre et cherchent donc une « porte » de sortie, mais rien n’y fait, nous sommes apparemment condamnés jusqu’au bout de la route qui, pour ce que nous en savons, pourrait bien être très longue. On voulait descendre jusqu’à la mer, mais on a dû se tromper à un embranchement, parce que nous ne descendons pas du tout. On finit par croiser un type qui nous indique comment couper, et un petit chemin pour rejoindre la ville. Cela nous fait passer par un stade totalement abandonné, en ruine. Drôle d’ambiance, mais moi j’ai toujours surkiffé les constructions désertées – ça me rappelle un peu les hôtels abandonnés, en Casamance. Papa appelle Mokhtar pour qu’il vienne nous chercher. Nous attendons une petite heure, sur un terrain vague, qui semble vaguement servir de lieu d’entraînement pour une auto-école du coin. Une petite vieille nous propose de visiter, mais elle a l’air un peu folle, et puis, il n’y a rien à visiter, ce n’est qu’un terrain vague colonisé par les mauvaises herbes. Mokhtar finit par arriver, et nous rentrons par la côte. Nous faisons quelques arrêts pour apprécier le paysage, les rocades qui supportent la route au-dessus de la mer, et les constructions bizarroïdes qui font penser à des châteaux forts abandonnés. C’est assez joli. Au détour d’une petite place, nous tombons sur un graffiti relativement spécial : « Nik l’Algérie, vive la France ! » …


Nous nous arrêtons également pour voir un petit cimetière bien paisible, avec une superbe vue sur la mer. Quelques mètres plus loin, une animalerie expose des pigeons en cage, misérables. Ainsi qu’un faucon. Strange.

R.I.P.

Sur le retour, nous nous arrêtons pour acheter un assortiment de pâtisseries locales. C’est bon et sucré, mais c’est évidemment très riche, gorgé d’huile et recouvert de pâte d’amandes. Nous rentrons tardivement, pour déjeuner de quelques boureks pas trop mauvais, mais bien malin qui pourra dire lequel est aux légumes et lequel est au poisson, étant donné qu’ils sont surtout à l’huile. Nous glandons le reste de la journée. Pas la force de retourner marcher dans Alger pour devoir remonter après.

Samedi 03 novembre Aujourd’hui, plage. Nous partons de bonne heure pour Tipasa, afin d’y chercher une plage potable. Il y a bien sûr la grande plage de Chenoua, mais elle n’est pas si fameuse que ça. Nous poursuivons donc notre route, mais à chaque traversée de village, nous nous rendons compte que les plages ne sont que des dépotoirs, ce qui est assez frustrant. Dommage, le paysage est tellement beau. En fait, ce qu’il faut faire, c’est s’arrêter entre deux villages, se garer au bord de la route, et couper à travers champs jusqu’à la mer. Là, il y a des chances de trouver un endroit potable. Après quelques tentatives, nous trouvons effectivement un assez joli coin dans les rochers. Pas de sable, mais c’est pas grave (j’aurais même tendance à dire : tant mieux), l’endroit est classe et la quantité d’ordures est très limitée, ce qui est un plus non négligeable. Il y a quelques pêcheurs dans le coin, mais nous sommes totalement peinards.


Petit coin peinard vers Chenoua

L’eau est délicieusement fraîche, mais ces enculés d’oursins sont présents par milliers. Heureusement, nous avons les masques et les tubas, ce qui nous permet d’éviter ces gros bâtards et, surtout, de faire des petites sessions snorkeling bien sympas. Il n’y a pas beaucoup de poissons, mais les fonds sont assez jolis, et nous trouvons même une petite arche rocailleuse à traverser sous l’eau. Il y a aussi une espèce de colonne étrange, sûrement humaine, mais probablement pas très vieille. Nous pique-niquons un peu, et nous glandons beaucoup. Sur le retour, nous faisons tout de même un arrêt à Chenoua Plage. Il fait assez chaud – voire atrocement chaud, avec ce sable qui renvoie l’énergie solaire. Brice se baigne, mais moi je ne suis pas très emballé. C’est alors que retentit, comme tous les jours et plusieurs fois par jour, l’appel à la prière. La différence, c’est qu’ici, dans cette anse de plusieurs kilomètres, l’appel fait écho dans les montagnes, et les hautparleurs désynchronisés forment un canon tout à fait spécial.

Chenoua Beach

Nous faisons ensuite halte au Mortuaire de Sainte-Salsa. C’est magnifique. Extrêmement classe, même. C’est un peu comme les ruines de Tipasa, mais en plus petit, et en plus beau, aussi, par moments. Ce mélange de ruines et d’arbres, au


bord de la mer, avec cette lumière magnifique sur ces pierres jaune et ocre, c’est fabuleux. Il y a là des dizaines de tombes, dont certaines sont ouvertes et laissent encore entrevoir des ossements humains. D’autres, comme semble manifestement l’exiger une coutume locale, sont pleines à craquer d’ordures compactées. Un type bizarre ne nous lâche pas d’une semelle, et fait semblant de regarder ailleurs dès qu’on se retourne. Sécurité discrète ? Possible.

Le Mortuaire de la Sainte-Salsa

Sur l’autoroute qui longe le site du « Tajine de Cristal », nous nous faisons doubler par un Coréen dans une monstrueuse voiture diplomatique. C’est toujours assez particulier de penser à ces Asiatiques présents ici…

Dernier coucher de soleil depuis la maison


Dimanche 04 novembre Nous voilà au bout du chemin. Ce soir, nous rentrons en France, pour retrouver sans beaucoup de bonheur le froid, la pluie, la RATP et le boulot. Mais en attendant, nous profitons une dernière fois de la plage. Bon, ce n’est pas Hawaii : c’est la plage à côté du lieu de travail de mon père, à El Djamila, et ça n’est ni très sympa ni très propre, mais bon, on fait avec. Sur la plage, il y a une curieuse dépression qui crache de l’eau. Je comprendrai plus tard que c’est la sortie d’un égout qui s’enfonce dans la terre, un peu plus haut dans la rue… Ça fait toujours plaisir.

Le port d’El Djamila

Quelques enfants viennent taper la discute dans un français approximatif (mais bon, on ne va rien dire, ils parlent plus le français que moi l’arabe, hein). Il y en a un qui m’emprunte ma serviette pour se sécher, tranquille. Pourquoi pas, c’est amusant. Papa finit par se pointer, plus tôt que prévu : il n’y a ni électricité ni internet au bureau, donc il ne bossera pas aujourd’hui. Et, si on fait le bilan, il n’aura en fait strictement rien branlé de la semaine, les Algériens étant tous partis pour l’Aïd. Le Gouvernement aura par ailleurs décrété, à l’arrache, une semaine de vacances pour tous les écoliers. Apparemment, ça se passe comme ça, ici ! Mais bon, le point positif, c’est qu’il aura enfin trouvé une poissonnerie ouverte ET avec des crevettes. Ce sera un festin ce midi… Nous allons également acheter quelques bouteilles chez le marchant d’alcool du coin. Il vient de se faire livrer, et il y a la queue, pays Musulman ou pas. Je prends deux bouteilles de vin Algérien. Sur l’une, il était écrit « mis en bouteille en France ». J’en ai donc demandé une autre, un peu plus locale. Retour à la maison. Notre avion est à 19h, Mokhtar passe donc nous prendre à 16h. Après des adieux déchirants à Zico, nous partons. Je voyage quasiment à vide, puisque je n’ai pas de glacière pleine de cochon ce coup-ci.


Il y a des bouchons sur la route, mais nous arrivons à l’heure. Nous saluons et remercions ce cher Mokhtar, faisons la bise aux parents, et puis c’est l’heure du retour. Dans le duty free, il y a des hordes de tajines moches et hors de prix. Je me demande qui peut bien acheter ça. Vol de retour sans histoire, avec repas halal, en A320. Bilan L’Algérie est un très beau pays, en tous cas de ce que j’ai pu en voir à Alger et dans les environs. Dommage que les troubles ne soient pas encore totalement du passé, et qu’il ne soit donc pas possible d’aller où l’on veut sans se heurter au refus de l’Armée. Cela étant, comme ce n’est pas du tout touristique, on est totalement peinard, il n’y a pas de hordes d’Américains, pas de flash dans tous les sens, pas de locaux pour nous harceler et nous vendre des bibelots. Les gens sont très gentils et très prévenants. Il faudra que l’on y retourne quand les parents connaîtront mieux le coin et les combines pour voir plus de choses.

Épilogue : Paris, mon « amour » Il m’aura fallu plus de trois heures pour faire Orly-Saint Quentin en transports en commun, alors que c’est à vingt-cinq minutes en voiture. À cause de travaux sur la ligne B ET sur la ligne C. Des travaux que l’employé d’OrlyVal, totalement antipathique, n’aura pas cru bon de nous signaler (et qu’on ne me dise pas qu’il n’était pas au courant) et qui n’étaient pas indiqués, alors qu’il aurait été finalement beaucoup plus rapide – et moins onéreux – de prendre l’OrlyBus, OrlyVal condamnant ses passagers à se jeter dans le goulot d’étranglement des travaux et de ses bus de déviation. Juste pour le fun, voici l’itinéraire retour : aéroport, Orlyval, Anthony, Cité Universitaire, bus à cause des travaux jusqu’à Denfert Rochereau, Saint Michel, là, travaux again, donc pas de RER C, donc métro 4 (avec un ticket qui décide de ne plus fonctionner, des écrans qui n’annoncent rien, et des panneaux qui disent de regarder les écrans, la boucle est bouclée). Ensuite, direction Montparnasse pour choper un train pour Saint Quentin. Un train antédiluvien, qui pue la mort, sans chiottes, qui se traîne monstrueusement la bite, et où quatre agents de la Sûreté RATP font les cow-boys avec leur Tonfa pour coller des amendes aux gens qui mettent leurs pieds sur les sièges, le tout bercé par des annonces inintelligibles car inaudibles. Quand on pense qu’à la descente de l’avion, Aéroports de Paris nous annonce fièrement que « Le monde entier est notre invité », ça fait rêver… Bref. Je suis revenu en région parisienne.


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