Cueillir le paysage au Grand Domaine de Danne entre Anjou et Bretagne

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cueillir le paysage au

grand domaine de danne entre anjou et bretagne

Lise Saporita Certificat d’études supérieures en paysage, encadré par Alain Freytet, paysagiste DPLG


Encadrant : Alain Freytet, paysagiste DPLG et enseignant à l’ENSP Jury : Alexis Pernet, paysagiste DPLG, géographe et enseignant à l’ENSP François Roumet, paysagiste DPLG et enseignant à l’ENSP Martin de la Soudière, ethnologue, chargé de recherche au CNRS et enseignant à l’ENSP Monique Toublanc, maître de conférences en sciences humaines et sociales et enseignante à l’ENSP Invités particuliers : Charles de Danne Henry de Danne

Lise Saporita Novembre 2018, Versailles Tous droits réservés pour les documents et textes de document sauf mentions contraires. Contact : lise.saporita@gmail.com




Sommaire

A la recherche d'une méthode de conceptrice-cueilleuse P5 Le Domaine de Danne, un écrin menacé P13

L'accueil P15 Premier temps, le temps de cueillir la valeur P29 Deuxième temps, le temps de cultiver le regard P53 Le temps du partage P81 Troisième temps. le temps de recueillir ce qui était dispersé P93

Vers le projet P107

Annexes P117 Bibliographie P123

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une piste... C’est la cueillette qui m’a encouragée à sortir des sentiers battus, à m’aventurer seule en forêt... Pour moi cueillir est comme une méditation qui renoue avec le côté sauvage de mon être, le côté animal, ... Dans le bois de la Sazé, je me suis perdue en suivant les pistes des chasseurs, ou peut-être des sangliers eux-mêmes. Sans téléphone, ni boussole, je me suis enfoncée dans ce dédale, moi qui ai si peur des labyrinthes... J’ai salué du regard Ortie, Frêne, Sureau, Aubépine, Chêne et me suis fiée à mon instinct qui m’a ramenée sur mes pas, tout naturellement....

Domaine de Danne, octobre 2018.

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« Toutes choses par un pouvoir immortel de près ou de loin de manière secrète, les unes aux autres sont reliées si bien que tu ne peux cueillir une fleur, sans troubler une étoile » Francis Thompson, The mistress of vision, 1919, cité par Thierry Thévenin, Le chemin des herbes,

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à la recherche d'une méthode de conceptrice-cueilleuse

Etymologie : méthode, du latin methodus, emprunté au grec ancien methodos, « poursuite ou recherche d’une voie », formé à partir de méta « d’après, au-delà, qui suit, avec » et de hodos « chemin, voie ».

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introduction

Au Domaine de Danne, en Maine-et-Loire, où se déploie mon travail dans le cadre de mon certificat d’études, je rencontre d’anciens éleveurs à la retraite. A ma question «qu’est-ce pour vous le paysage du Domaine de Danne?», ils me répondent en me décrivant les relations qu’ils avaient en tant qu’éleveurs métayers avec les propriétaires aristocrates. Pour eux, paysages et paysans se confondent, il y a ceux qui font le paysage, ceux qui le défont, et ceux qui en ont hérité... Pour reprendre le fil du dialogue sur le champ du paysage et dépasser les clivages d’une sociologie toute particulière, j’illustre mon questionnement en allant puiser dans les gestes du quotidien la sensibilité qui s’y rapporte : quand vous emmeniez vos bêtes au champs ... quand c’était les moissons ... quand il fallait se chauffer... quand vous alliez cueillir des plantes pour vous soigner... C’est alors que la notion de paysage entre dans nos échanges, par les gestes et leur temporalité.

En tant que cueilleuse et étudiante en paysagisme, je suis sensible à ces nuances et je m’interroge sur mes propres gestes qui me mettent en relation avec le paysage. Je me rappelle ce qui m’a amenée à candidater à l’Ecole du Paysage, le chemin parcouru depuis le jardin, le bocage, les landes et les forêts de mon enfance en Bretagne, mes études littéraires puis mon métier d’urbaniste avec ses enquêtes auprès des habitants. Puis, comme une rupture avec ce cycle d’éloignement vis-à-vis de la nature, ma formation sur les plantes médicinales m’a permis de renouer profondément avec mon environnement. Et à travers la pratique de la cueillette sauvage, un geste qui ne m’a jamais quittée, je retrouve le goût du paysage que j’avais oublié. L’ethnobotaniste Pierre Lieuthagui dit de cette rencontre homme-plante, qu’ elle fait aussi bien les paysages de nos pays que certaines friches du rêve, incite à passer la frontière, à écarter soi-même les branches, à saisir les taillis et le pâturage comme des réunions d’êtres porteurs de sens et donneurs de signes jamais étriqués .

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Cueillir est un geste vieux comme le monde. Sur les 4 millions d’années de l’aventure humaine, on estime à 3 988 000 années le nombre d’années de cueillettes, Concevoir le paysage est un peu plus récent... Si l’on considère que la première oeuvre de paysage fut celle de l’agriculture, cela nous fait remonter à 12 000 ans... Cueillir est un de nos tout premiers gestes, une pratique souvent oubliée à l’âge adulte qui nous ramène aux souvenirs de l’enfance, à la pâquerette que l’on défait de ses pétales ou aux mûres que l’on grappille à la lisière des friches interdites.... Un geste concret, porteur d’imaginaires, d’histoires et de partage, profondémment inscrit dans le paysage... Un geste qui, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, était encore très présents dans notre culture, un geste d’appropriation, de revendication d’appartenance à son territoire ; l’entretien d’une culture commune, l’expression d’un groupe social, comme le rappellent les ethnologues Martin de la Soudière et Raphaëlle Larrère.

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En tant que cueilleuse de plantes sauvages médicinales et comestibles participant à la transmission de ces savoirs à travers le collectif cofondé « Les Cueilleuses de paysages », je ne peux que constater l’engouement du grand public pour cette pratique. Un engouement que je n’ai pas connu par le passé dans mon activité d’urbaniste, proche de celle du paysagiste... Car quoi qu’on en dise, concevoir le paysage ou l’urbanisme reste pour la plupart perçu comme une démarche abstraite. Le concept même de paysage est pour beaucoup difficile à saisir, malgré la tentative de la Convention Européenne du Paysage qui le définit comme une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ ou humains et de leurs interrelations. Pour approcher la notion de paysage et la relation que tout un chacun entretient avec lui, je préfère l’approche de Jean Marc Besse, philosophe et historien, enseignant à l’école du paysage : l’espace du paysage, ce n’est pas l’espace objectif, ni l’espace comme spectacle, ni l’espace tel qu’il est élaboré par la représentation intellectuelle : c’est l’espace tel que le corps le comprend, c’est-à-dire aussi le décrit par ses mouvements et sa situation, par ses conduites. Ni objectif ni subjectif : c’est l’aspect du monde auquel le corps s’adresse et s’attache.*


être conceptrice-cueilleuse : être cueillant Être cueillant, redéfinition

Mais qu’est-ce qu’être conceptrice-cueilleuse à l’heure d’aujourd’hui, dans un territoire tel que l’ouest armoriciain où les pratiques de cueillettes sauvages ont quasiment disparu des campagnes, malgré le regain d’intérêt des citadins ?

Mathilde Rue, paysagiste DPLG lors de son diplôme « Raviver l’hospitalité des pentes du pays thiernois, ÊTRE AC-CUEILLANT », propose une définition de l’«être ac-cueillant» qui exprime avec justesse la proximité entre l’expérience de paysage et l’expérience de cueillette et met en relation la dimension accueillante des lieux avec leur caractère nourricier :

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Être cueillant : nouveau, apparu en 2014, à Versailles Rive Gauche, accueillir une jouissance de l’instant, individuelle ou partagée, qui naît au contact du monde, relève de l’expérience de paysage.

Proposition de définition de Mathilde RUE dans Raviver l’hospitalité des pentes du pays thiernois, ÊTRE AC-CUEILLANT, diplôme de fin d’études ENSP Versailles - 2015

Ceuillir est une présence de l’esprit aux choses qui l’environnent et qui lui sont agréables.

« Être cueillant est un état d’esprit, c’est parcourir sans destination De forcément, de se délecter duaccueille voyage toutes naturesen (uneprenant atmosphère,soin des fleurs, la pluie), l’esprit les à samême, consciencedans sa durée et dans son espace, l’esprit disponible aux aventures, tentations, et opportunités de la providence. et à son appréciation. Le fruit devient alors objet de la quête. Toutefois, ce peut être aussiUne l’espoir surprise, d’une espoir de un réveiller intentiond’une pourra ensuite poursuivre cetterencontre, rencontre: fairel’un geste, faire bouquet et un sentiment qui alimente cette mise en posture, le fruit de l’audace. l’offrir, faire de la confiture, une photo, un simple sourire. Cueillir estdes quelque chose qui du nousfruit arriveparmi en étantle au paysage. monde. CetteL’affût invitationde peutl’êêtre L’oeil de l’être cueillant s’aiguise, il cherche et reconnait le motif singulier branches tre cueillant est un état cultivée. d’effervescence qui rend disponible au paysage. » Cueillir est un verbe d’action, c’est-à-dire, qu’il convoque notre intervention. Mais ce n’est pas seulement une action. En effet, la cueillette prend place dans un territoire, selon des temporalités et une géographie. En ce sens c’est une pratique, autrement dit, ce que fait un habitant sur son territoire.

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Ortie dioïque - Urtica dioica. L. Manteau de Notre-Dame - Alchemilla mollis

être conceptrice-cueilleuse, une inspiration sauvage

Sureau noir - Sambucus Nigra. L. Grande Pervenche - Vinca Major. L. Ortie dioïque - Urtica dioica. L. Manteau de Notre-Dame - Alchemilla mollis

L’herbier de chez moi : 40 plantes médicinales et sauvages comestibles dans un rayon d’1km autour de la Maison Radieuse, Ecole Bretonne d’Herboristerie, 2015-2017

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Au-delà de l’expérience organoleptique du paysage que vit l’être cueillant, le concepteur-cueilleur est profondément inspiré de l’état de nature rousseauiste. En quête d’une liberté éclairée, celui-ci puise ses lumières dans l’ethnobotanique car « c’est bien la première des libertés d’accès au monde que de classer ce qui s’éprouve dans la rencontre sensible sensuelle, avec l’infinité des signes » (Pierre Lieuthagui). Il renoue avec cette forme de « sauvagerie, car ne serait pas là où les noms sont encore presque tout entiers dans leurs racines ? » qu’il met en relation avec les sciences modernes de l’espace, l’écologie, mais aussi la santé, les interactions humaines. A l’instar de l’ethnobotanique telle que la décrit Pierre Lieuthagui, le concepteur-cueilleur à sa façon contribue à revivifier le dernier écho reçu d’une initiation millénaire qui nous accorde à un territoire où l’aubépine peut guérir Sureau noir -d’Sambucus Nigra. L. du paysage comme l’empreinte, douce et brutale, de la main humaine sur la joue des herbes. la peur. C’est, dit-il, une forme apprentissage

Grande Vinca de Major. A l’ère de l’anthropocène, il n’Pervenche est pas -dupe la L. disparition du sauvage, mais recherche par extension les lieux incultes et inhabités, les plantes, et les fruits, qui viennent sans culture. Ortie dioïque - Urtica dioica. L.

Dans cette mise en relation des lieux et des savoirs, il recherche le creuset de l’universalité des lieux et la singularité des relations des hommes aux lieux... Comme uneManteau intimedefamiliarité laquelle Notre-Dame - sur Alchemilla mollis construire collectivement le projet de paysage. 10


être conceptrice-cueilleuse, le rapport au site « Toutes les plantes sont là, tôt ou tard, évidentes, probables ou invisibles, déjà familières, tel un visage reconnu. Visage encore incertain du printemps, visage méconnaissable dans le gel d’automne, ou même visage caché, graine enfoui au coeur de l’hiver. Elles sont là, de toute façon, toujours ici ou là.» Thierry Thévenin, paysan-cueilleur dans Le chemin des herbes . Le concepteur-cueilleur recherche une attention au lieu qui confond l’espace et le temps. Au moment de sa rencontre avec le lieu, il observe ce que celui-ci lui offre au regard: les signes d’un environnement plus ou moins perturbé par l’anthropisation, les tensions, la recherche d’un équilibre. Il observe ici des signes d’épuisement, là des germes de renouveau. Le château, la fuie et le fossé médicinal : lotier corniculé, achillée millefeuille, agrimoine eupatoir et gaillet blanc - 28 juin 2018.

C’est l’observation de ces signes plus ou moins subtils qui guide le cueilleur à choisir le site où il cueillera cette année, ou à l’inverse qu’il décidera de laisser au repos et dont il prendra particulièrement soin pour le voir se consolider, maturer. De même, c’est l’observation concomitante de ces fragilités et des possibles en dormance qui stimule chez le concepteur le projet de paysage.

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être conceptrice-cueilleuse, le rapport au temps Le concepteur-cueilleur explore le temps au rythme des saisons, compose avec ce qu’il ne peut maîtriser comme les aléas climatiques, ce qu’il aimerait maîtriser comme le passage destructeur d’un tracteur, la pollution et les aléas de sa vie. Il y a un temps pour chaque étape et souvent une part d’inattendu. Si les débuts prennent les formes d’une rêverie de promeneur solitaire, vient ensuite le temps de l’analyse puis du partage et des échanges.

1- Le temps de cueillir la valeur des lieux

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2- Le temps de cultiver le regard

3- Le temps de recueillir ce qui était dispersé


le domaine de danne, un ĂŠcrin menacĂŠ

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l'accueil

Etymologie : accueillir, du latin classique, ad- «vers » et colligere «cueillir» . D’après E. Littré, Accueillir, sans adverbe ou locution adverbiale qui le modifie, signifie toujours bien accueillir. D’après le CNRTL, Accueillant : « ouvert aux personnes et aux choses ». 15


le domaine de danne aujourd'hui, c'est... Plus de 500 ans d’histoire familiale 320 hectares de propriétés 1 château et 1 logis seigneurial inscrits à l’inventaire des monuments historiques 12 000 m² d’étangs 270 ha de terres agricoles 30 ha de bois 5 500 m² de potager 25 km de promenades 30 km de haies bocagères plus de 600 arbres fruitiers 1 ancienne ferme modèle 1 salle de conférence 1 tiers-lieux, cuisine, espace de travail et d’exposition 10 jours d’utilisation de ces espaces par an 2 fours à pain 2 frères héritiers 1 gardien une dizaine de woofers chaque année 4 locataires 1 jardinier 2 agriculteurs et 1 société d’exploitation agricole 1 4 jours de chasse par an 3 jours de festival par an 1 association de recherche en permaculture 3 000 festivaliers en été 150 stagiaires par an un cortège de chats, perdrix, faisans, écureils, lièvres, biches ... 16

et Gribouille, le chien du château qui m’accompagne en exploration...


Le domaine de danne aujourd'HUI, c'EST

Le Petit Rossignol

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localisation

Le Domaine de Danne se situe dans le Maine-et-Loire dans les Marches entre Anjou et Bretagne, entre Laval (50 km), Rennes (100 km) et Angers (40 km), agglomération la plus proche, à 30 min en voiture. Le Domaine se situe dans le pays de Segré (renommé Segré-en-Anjou-Bleu : 18 456 habitants sur 241,5 km²) et s’étend sur les communes de Saint-Martin-du-Bois (1044 habitants), Louvaines ( 474 habitants) et Aviré ( 490 habitants).

RENNES

LAVAL

Château-Gontier

C’est un domaine paysager et agricole de 320 hectares qui se déploie en 2018 autour du château de Danne et du logis du Grand Rossignol, inscrits tous deux à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Il est la propriété de Charles et Henry de Danne, frères héritiers issus d’une lignée aristocratique ayant accepté ce legs il y a une dizaine d’années.

St-Martin-du-Bois

Segré

Lion d’Angers

Angers nantes

*Le pays segréen, patrimoine d’un territoire, Images du Patrimoine n°256. L’inventaire. Editions 303, arts, re18 cherche, création.

Le mans


Château de Danne La ferme modèle

Le Grand Rossignol

L’étang de Danne La Métairie de Danne

Vue d’oiseau depuis la route de Saint-Martin-du-Bois (ouest)

Les Friches

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les terres du château de danne

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le vallon du grand rossignol

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le domaine de danneAU COEUR D'une campagne entre tradition et modernité Le Domaine s’inscrit dans un paysage rural et agricole très légèrement vallonné où dominent l’arboriculture de pommiers et les champs ouverts tendant progressivement ver l’openfield . Les légères ondulations du relief sont soulignées par des boisements qui ferment l’horizon, sur lesquels se dégagent la volumétrie imposante des fermes modernes industrielles d’élevage bovins et avicoles. Peu visible depuis la route, car dissimulées par des haies, les fermes traditionnelles sont situées en retrait des axes routiers et prennent l’aspect de hameaux dont les longères et bâtiments sont disposés autour d’une cour intérieure.

mare abreuvoir et vivier

étable

haie brise-vent

pressoir aire à battre les céréales

châtaigners

trognes (vannerie et bois de chauffe)

verger

potager longère d’habitation

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Le plateau depuis la route qui mène d’Angers au Domaine

La ferme segréenne traditionnelle


le domaine de danne - un oasis dans le grand paysage

le domaine bocager de Danne

le plateau agricole entre champs ouverts et vergers

la basse vallÊe de l’Oudon

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le domaine de danne sur les premiers plis du massif armoricain Le Domaine de Danne se situe sur un coteau granitique, au flan duquel coule le ru du même nom.

Le logis du Grand Rossignol

vers Aviré

Le château de Danne

Saint Martin du Bois

Le vallon du ru de Danne

vers Louvaines

Le plateau agricole

La basse vallée de l’Oudon

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le domaine de danne - une richesse géologique Le domaine se déploie sur les premiers sillons granitiques du massif armoricain (en rouge sur la carte). De l’antiquité romaine jusqu’à 1986, le Domaine tient sa richesse de ses terres, mais aussi et surtout de sa géologie. On extrayait un granit tendre se durcissant à l’air, aux teintes dorées. De cette époque subsistent des carrières perpétuellement en eau : une grande en dehors du Domaine et une petite à l’entrée. Par ailleurs, ici et là, on trouve des affaissements de terrain qui marquent l’emplacement de sites d’extraction ponctuelle. Les pierres servirent à la construction de la voie romaine qui relie Juliomagus (Angers) à Condate (Rennes), ainsi que l’école publique et le siège social du Crédit Mutuel à St Martin.

Carte géologique du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM)

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La basse vallée de l’Oudon

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L’ étiage de l’Oudon

L’embouchure du ru de Danne dans l’Oudon


de la vallée de l'oudon au domaine de danne

Un ru discret, de sa source à son embouchure, busé et asséché en été.

Le plateau agricole et l’arrivée au Domaine

Le coteau boisé ferme le paysage

On passe par dessus le ru sans s’en apercevoir...

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premier temps, le temps de cueillir la valeur

Etymologie : Cueillir, du latin classique, co-lligere « recueillir, rassembler » . D’après E. Littré, «détacher des fruits, des fleurs, des feuilles de la tige». L’emploi du préfixe co- «avec», ramène à soi la chose à laquelle un individu se lie.

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Fleurs de sureau sauvage, Sambucus nigra, Adoxacées - à la lisière du bois de la Blinière - juillet 2018

Les fleurs ont des propriétés fébrifuges et diurétiques recherchées en cas d’état grippal. C’est une plante typique de la lisière qui apprécie la lumière tamisée et la fraicheur des sous-bois humides. A Danne, quelques individus sont présents autour de la grande clairière. 30


Le temps de cueillir est celui de l’appréciation de la valeur du site. Il s’agit de saisir par le croquis ce qui s’offre immédiatement au regard, tel un fruit mûr tombant entre les mains du cueilleur. Le travail d’arpentage et d’esquisses dont rend compte le carnet de croquis permet à la fin de la journée de partager la valeur que le concepteur-cueilleur attribue aux lieux. C’est un support pour échanger autour de la sensibilité et de l’imaginaire qu’éveille le paysage, les perspectives, les lignes d’horizon, la diversité de la végétation... et rentrer progressivement dans la dimension plus savante de l’espace. Le concepteur-cueilleur établit progressivement une carte sensible qui offre une mise en valeur des lieux, jouant des échelles de perception, proposant un imaginaire à partager... Un paysage à nourrir, au sens propre et au sens figuré auquel s’ adonner pleinement, dans tous ses sens confondus, car, en cela, il est une nourriture. (Etre à la table du paysage, Sébastien Argant et Eugénie Denarnaud)

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le temps d'un été

Charles de Danne, en son Domaine, le22 juin. 2018.

Le temps d’un été, je fais la rencontre de Charles et Henry de Danne. Charles de Danne est architecte ruraliste. Il distille avec parcimonie l’histoire des lieux, souvenirs d’enfance et nouveaux recoins à découvrir sous les broussailles... Charles s’étonne de me voir ramasser les « mauvaises herbes », a plaisir à partager son goût des perspectives, son amour des arbres et du bocage, à me raconter ses efforts de plantations et ses nombreux projets. Jour après jour, nous parcourons ensemble le Domaine malgré les ronces enchevêtrées dans le bois mort, les chemins inondés ou coupant à travers champs. Nous tarderons près d’un mois avant de visiter le château. Puis je finirai par faire l’école buissonnière... 33


Cueillette de cynorhodons avec Maxime, 14 septembre 2018

Nous partageons avec Charles le même ravissement pour la générosité de la nature. Entre les mots et les saveurs, nous avons tous les deux le paysage à la bouche. Si je fais l’expérience de collecter en silence les lieux de cueillettes sauvages, Charles n’est pas avare de transmettre non sans mystère et à effort de devinettes, ses lieux de récolte de fruits. Avec Thomas, Simon, Maxime et les amis de passage, nous cueillons et glanons le long des haies, à la lisière des bois et dans les vergers. Ensemble, nous nous régalons de ce qui fructifie. 34


le temps d'un été

Le potager, les haies fruitières et les herbes médicinales : berce, achillée, millepertuis, bourrache, romarin, plantain, souci. 10 juillet 2018.

Dans le potager à redents de 5500 m² dessiné à la française, qui nourrit le château depuis 500 ans, je prends une de mes premières photographies : au milieu des vergers palissés convertis à la permaculture, un bouquet de fleurs sauvages et cultivées entre patrimoine historique et matrimoine fruitier,

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l'immersion

L’entrée du château du Domaine de Danne, une percée discrète dans le bocage

A l’instar de la plupart des châteaux segréens, le château de Danne s’insère discrètement dans le grand paysage. Le peu de visibilité depuis les voies d’accès principales (on aperçoit à peine la cime de vieux arbres remarquables) contribue à le rendre secret. C’est finalement la continuité d’épais ourlets boisés le long des routes et à travers champs qui signent le caractère de Domaine de cet ensemble, en contraste avec les champs alentours où le bocage s’est amenuisé au fil des années. Le long de la route d’accès depuis Angers vers Saint-Martin, il faut être attentif pour saisir la vue furtive sur le château au bout de l’allée d’honneur.

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Il y a la ferme-modèle et son étable monumentale désaffectée, puis le château et enfin, cette grande clairière, étrange mosaïque céréalière, ponctuée de reliquats de bocage, à l’horizon ourlé de bois épais. Au-delà, pour qui veut s’aventurer, un dédale de champs de céréales et de de haies bocagères où la nature reprend ses droits sur le moindre chemin ou piste tracé... Il y a très peu de points de vue ouverts, l’horizon est immédiat : c’est l’écrin du château. Au fil des siècles, 25 km de parcours ont été tracés à travers des milieux variés : vallon humide, prairies, bois et vergers. Le long du parcours, on devine sous les ronces et les épines, des vestiges architecturaux et des hameaux abandonnés. A moins d’1 km du château, le hameau des Friches et le logis seigneurial du Grand Rossignol sont des repères architecturaux importants malgré leur état de ruine. On cherche les repères, on découvre des arbres autrefois taillés, une charmille abandonnée et quelques trognes fourragères ... Faute d’horizon, on regarde à ses pieds, à portée de main, ce qu’il y a à cueillir, les arbres fruitiers plantés par les générations passées, vestiges d’une époque où ces lieux de vie étaient habités.

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les rêveries d'une cueilleuse au domaine de danne le logis du Grand Rossignol

l’Etang de Danne

le Bocage Segréen

Sureau

Bardane

Salicaire

Menthe

Guimauve

Le Petit Rossignol

Linaire Chénopode

Millepertuis

Ronce Plantain

le Bois de la Blinière

Ortie

le Vivier

Lierre terrestre

la Fuie

l’Arbre qui marche les Vergers du Roi René

L’Arboretum

Achillée

l’Orangerie la Métairie de Danne

Carotte sauvage

la ferme modèle

le Château de Danne

Saint Martin du Bois

Noisetier

Aubépine

le Potager l’Avenue des tilleuls

Eglantier

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les rêveries d'une cueilleuse parcours 1 Quand tu montes le coteau et que tu arrives sur les terres de Danne, passe la première à gauche qui indique la Métairie de Danne, et continue jusqu’à l’entrée solennelle du château. Les premiers arbres de l’avenue des tilleuls sont en fait des châtaigners greffés bicentenaires . Remonte les 300 m d’avenue des tilleuls qui mènent jusqu’à l’espace intime du château délimité par des bornes de granit. Prends la mesure de l’espace qui s’offre à la promenade. A gauche tu devines que sous la masse épaisse des grands arbres, se cachent les dépendances. A droite, il y a cette prairie où galope un cheval et puis ce chemin qui s’enfonce vers un onne-sait-où mystérieux... A l’est, profite de la fenêtre sur l’horizon des champs ourlés de chênes centenaires, c’est le plus vaste panorama qui s’offrira à toi avant quelques temps. On devine le clocher de Saint-Martin au loin. Il y a le Noisetier, l’Aubépine et l’Eglantier tout le long. 200m plus loin sur ta gauche, il y a une allée qui n’a pas de nom... Nous la rebaptiserons «l’allée des woofeurs» avec Charles au cours de notre troisième promenade exploratoire, puis plus tard, «l’allée de l’ardeur». Tu poursuis le long de ce chemin malgré son aspect sauvage qui contraste avec l’allée. Cette dernière te ramène trop tôt à l’univers attendu du château en son domaine, tu préfères un peu d’aventure. 40


Ortie

Lierre terrestre

l’Arbre qui marche les Vergers du Roi René

Achillée Carotte sauvage

le Château de Danne

Saint Martin du Bois

Noisetier

Aubépine

l’Avenue des tilleuls

Eglantier

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Au bout, le chemin bifurque sur la gauche et là entre les ronces, les chênes et les charmes que tu ne nommes plus, tu aperçois un Cerisier. Ton regard s’affine et tu devines sous la masse du roncier, un noyer, un ancien verger... Alors tu reviens sur tes pas car tu as aperçu quelques mètres avant, comme une piste entre les Berces et les Ronces (encore), un tapis de Menthe sous les pieds... derrière, tu découvres, entourées d’herbes folles, de Carotte sauvage, d’Achillée millefeuille et de graminées, la ferme des Friches abandonnée.

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Tu t’enfonces dans une ambiance étrange de petit bois éclairé, une de ces fameuses bandes boisées dont Charles t’as parlé : un perchis de chênes laissant filtrer les rayons du soleil au milieu duquel court une piste ; une création de toute pièce à partir de deux morceaux de champs trop humides et tordus pour être cultivés, Tu montres à Charles le Lierre terrestre qui tapisse le sous-bois... Tu imagines qu’ici pourrait germer une forêt nourricière, sous cette douce lumière : des framboises et des cassis en été, des champignons en automne...

Un rosier grimpant déborde de fleurs offertes au vent et il y a des trognes de châtaigner et de chêne près du puit et un verger de pommiers et de cerisiers aigres derrière la longère. Tu te dis que ce lieu porte ce nom comme une fatalité : cycliquement il reviendra à l’état de friches pour mieux se réinventer.

Tu arrives à l’orée d’un verger plein-vent de pommiers à cidre. Plantés selon un dessin à la française, ils ne sont malheureusement pas entretenus et débordent de ronces eux aussi. Charles te raconte la passion du Roi René pour les jardins. Tu avances au milieu de cette abondance en décadence, au bord de laquelle poussent la berce et la marguerite. On dit que ce lieu est très apprécié des sangliers.

Charles, plus rationnel te répèteras souvent que cette toponymie est certainement la réminiscence du défrichage des bois de Saint-Martin à sa fondation.

Tu arrives au pied d’un magnifique chêne. Derrière lui, une forêt de conifères, l’aridité à leurs pieds, l’obscurité... Tu as perdu à nouveau tout repère.

Tu reprends le chemin que tu avais quitté et tu passes devant la mare des Friches, l’imagination emportée par ce que pouvait être la vie de cette ferme autrefois, à seulement 700 m du château, un autre monde...

Finalement, au bout du bois de conifères, il y avait la grande clairière et au loin le château. Tu as coupé à travers champs, piquée par les orties qui masquent les irrégularités d’un sol argilo-limoneux trop labouré, le vol du busard au dessus de ta tête.


Le Petit Rossignol

Linaire Chénopode

Millepertuis

Ronce Plantain Ortie

Lierre terrestre

l’Arbre qui marche les Vergers du Roi René

Achillée Carotte sauvage

43 le Château de Danne


les rêveries d'une cueilleuse parcours 2 Aujourd’hui, tu commences par l’autre côté du château, le côté des dépendances. Tu pénètres le massif arboré et arrives dans un verger de cerisiers bordés de vieux chênes centenaires. qui ceinture une citadelle médiévale aux allures de contes de fée. A l’intérieur, un potager dessiné à la française avec 6 carrés. Là, cognassier, mûrier, plaqueminier, poiriers, pommiers poussent à leur aise, certains ont une soixantaine d’années. Ici, il y a de la vie. Les stagiaires de l’association de recherche en permaculture préparent le sol des futures cucurbitacées. De l’autre côté du potager, l’Orangerie et la ferme-modèle se déploient autour d’une cour plantée de 4 cerisiers, encombrée par une basse-cour et une pépinière de fruitiers de collection. Malgré l’aspect délabré, la beauté monumentale des lieux t’emporte. Charles t’as parlé d’un vivier du XVIème siècle, tu prends le chemin qu’on appelle le « tour des champs » dans cette direction. En chemin, devant la Métairie de Danne, il y a un figuier, un noyer et un alignement de pommiers à cidre, vestige de la vie fermière des maisons maintenant louées.

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le Bois de la Blinière

Ortie

le Vivier

la Fuie

l’Arbre qui marche

L’Arboretum

l’Orangerie la Métairie de Danne

la ferme modèle

le Château de Danne

le Potager l’Avenue des tilleuls

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Le vivier croule sous la forêt. L’Aubépine ne parvient pas à contenir les lauriers palmes et le Sureau recule devant l’acidité au pied des Séquoias. A l’orée du bois, tu te laisses entraîner par la percée des frênes vers l’étang de Danne. Tu avances tant bien que mal entre les reliques d’une peupleraie récemment abattue et un champ de colza gorgé d’eau. Tu cueilles la Guimauve en chemin. Arrivé à l’étang, un concert d’oiseaux, l’envol des hérons, des canards col-vert et des poules d’eau, le vol siencieux d’un martin pêcheur (tu apprendras plus tard qu’il s’agit d’une femelle habituée des lieux). Tu cherches une ouverture dans le fourré, là le passage des sangliers venus s’abreuver offre une occasion de toucher la Salicaire, le Frêne et le Sureau, un parfum de Menthe s’élève. Un maigre filet d’eau coule dans le ru de Danne qui a été détourné pour créer cet étang de chasse aux canards. Plus loin, il y a un élevage en plein air de volaille : des faisans et des perdrix qui sont chassés au Domaine par la société de chasse qui loue les terres. Il y a aussi l’affût conçu par Charles, d’inspiration dogon, mais là, je m’arrête car j’en dis un peu trop...

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le l’Etang de Danne

Sureau

Bardane

Salicaire

Menthe

Guimauve

Le Petit Ros

Chénopode Ronce

le Bois de la Blinière

Plantain Ortie

le Vivier

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les rêveries d'une cueilleuse parcours 3 Aujourd’hui, tu coupes à travers champs, à nouveau. Direction le Grand Rossignol par le bois de la Blinière. De l’autre côté de la grande clairière, le château a des allures de conte de fée. Tu entends le pic noir. Tu passes devant un chêne superbe sans savoir que tu n’en reverras pas d’équivalent. En chemin, le paysage s’ouvre, les haies se découvrent pour finir par disparaître. Transition brutale sur 600 m. Un premier hangar agricole te ramène à la réalité rurale, et au bout, 2 hangars de volailles industrielles te ramènent à la réalité du monde libéral. Tu entends un poussin qui a dû s’échapper au moment de la livraison et se perdre dans la nature... Il y a une route et puis en face, d’autres hangars, un élevage de vaches laitières tout robotisé, les vaches ne sortent pas, c’est la self-traite, et le self-foin. Il n’y a plus d’attention au lieu. Les voies gravillonnées sont dimensionnées pour des poids lourds, les poubelles sont sur la route. Personne n’habite ici, aucun animal à l’air libre, le fonctionnalisme moderne s’expose, il n’y a plus d’intimité, plus rien à protéger des vents, les haies ont été arrachées. Tu te perds là, propulsée dans un autre univers, on te guide vers le Grand Rossignol juste derrière, ici c’est le Petit Rossignol, c’est indépendant, rien à voir.

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Le logis du Grand Rossignol est une ruine romantique contre laquelle se dresse un poirier qui offre ses fruits depuis des dizaines d’années. Un poirier remarquable, tu en connais beaucoup toi ? Les douves servent d’abreuvoir à une autre ferme traditionnelle, juste derrière, plus discrète. Les quelques pavés de granit qui remontent peut-être à la Renaissance guident tes pas vers une grange à coyaux, et un vivier un peu plus loin. Tu te laisses happer par cet horizon presque ouvert devant toi. Tu chemines le long du talweg, dans la douceur du vallon. Au fond, un concert d’oiseaux à l’approche d’un petit étang. Il est temps de rentrer. Tu retournes sur tes pas et emprunte cette allée le long de laquelle le bois a été soigneusement entassé. Tu pénètres à travers une châtaigneraie et te laisses entrainer par le bocage et ses lignes de fuite à perte de vue. La cime des grands arbres guident tes pas sur le chemin du retour.


le logis du Grand Rossignol le Bocage Segréen

Le Petit Rossignol

Linaire Chénopode

Millepertuis

Ronce Plantain Ortie

Lierre terrestre

49 l’Arbre qui marche les Vergers du Roi René


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repères fruitiers

Le Grand Rossignol et son poirier majestueux

Le potager à redents, la grange de la chouette effraie et les pommiers à cidre de l’entrée -

L’Orangerie et les poiriers palissés du potager

24 septembre 2018.. Domaine de Danne (Maine et Loire)

La serre du potager et le cognassier

La grange de la Métairie de Danne et le talus médicinal

L’entrée au Domaine et les pommiers de la Métairie de Danne

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deuxième temps, le temps de cultiver le regard

Etymologie : Cultiver, du latin cultura, le soin que l’on donne à la terre et l’attention que l’on donne à l’esprit. Action de cultiver la terre, ensemble des connaissances acquises par un individu, du verbe latin colo, colere, «cultiver, soigner».

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Fleurs et feuilles de Guimauve sauvage, Altheae officinale, Malvaceae - en allant vers l’étang de Danne - août 2018 Fleurs, feuilles et racines ont des propriétés adoucissantes des muqueuses recherchées en cas d’inflation (mal de gorge...). Elle est indicatrice des milieux humides et sols profonds. A Danne, quelques individus sont présents le long de l’allée de frènes qui mène du vivier à l’étang. La population est fragilisée par les coupes à blanc de la peupleraie et le passage de la moissonneuse au ras de l’allée.. 54


Le temps de «cultiver le regard» consiste non seulement à compiler les savoirs et les données du site, mais à les passer au tamis du discernement en vue du projet de paysage. Le concepteur-cueilleur distingue progressivement les effets et les rapports d’échelles, les tensions et les lignes de vie fondamentales du site. Les parcours de «cueillette de paysages» sur invitation du concepteur-cueilleur sont l’occasion de partager en groupe, le long d’un parcours prédéfini, cette culture, en exerçant le regard au changement d’échelles. Il s’agit de transmettre lors de ces séances de lectures de paysages un peu particulières, les clés d’une observation fine des signes et signaux des forces qui régissent les lieux (hydrographie, pratiques agricoles, gestion forestière, histoire, botanique, ... ). L’alternance des niveaux d’observations, de l’horizon lointain aux plantes rudérales comestibles sur le chemin, invite à renouer avec le paysage en partant de ce qui est à portée de main, de ce que chacun peut cueillir et qui compose le décor du paysage lointain. C’est en cheminant que le concepteur-cueilleur cultive son regard et celui de ses contemporains.

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le coeur du domaine de danne en 2018

Le Petit Rossignol r tou de

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chemin vert

ĂŠtang de Danne

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la formation d'un domaine du xvi au xviii ème siècle C’est la guerre de Cent ans terminée et sous l’influence du Roi René que s’élèvent des châteaux que l’on appelle «donjons de plaisance», un peu partout en Anjou. Au XVIIème siècle, le Domaine s’étend sur près de 1000 hectares, du Grand Rossignol à la Pierrerrhue, en passant par la Blinière et jusqu’à Danne. L’agriculture se consacre à l’élevage et à la culture de chanvre textile. A Danne, un ancien manoir fut probablement construit sur une motte (a) et rasé au XVIIIème siècle. pour laisser place à un logis plus vaste. Le château de Danne est un ensemble clos de cours et bâtiments fermés et défendus de murs (b), selon une configuration où les parties nobles jouxtent la chapelle (détruite en 1870), les dépendances, le bûcher (c) et la fuie (d). Aux environs, se trouve un jeu de paume (e) et face au château, un jardin double d’eau (f) se déploie dans la grande clairière. Tirant parti de la présence naturelle de l’eau du ru, un réseau artificiel jouant des pentes douces et du léger talweg est déployé pour composer ce jardin inspiré de la Renaissance italienne jouant de la géométrie et des éléments. L’eau rejoint ensuite un vivier (g) maçonné pour les poissons qui sont consommés 2 jours par semaine. Il reste de cette époque quelques pierres enfouies dans la clairière, l’emplacement des chênes qui marquent la croisée des canaux, la fuie, le bûcher et le vivier.

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Exemple d’un jardin d’eau double au château du Manoir de Chappe

Les vestiges aujourd’hui

Danne d’après le cadastre napoléonien e

f f d

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b

g


Chemin de l’eau historique et naturel, disparu avec le temps et les ouvrages de drainage.

c. La fuie : ses 350 boulins correspondent à un domaine de 175 ha.

f. Le vivier de 1000 m² sert aussi d’abreuvoir et lavoir

a. Le bûcher reconverti en salle de conférence

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la formation d'un domaine du xvi au xviii ème siècle Au Grand Rossignol, le logis seigneurial est également un ensemble clos de cours et bâtiments fermés et défendus de murs, en économie domaniale et autarcique. La cour carrée (a) entourée de douves vives (b) s’ouvre sur une chapelle, le logis du maître de céans (c), le logement du colon, étables (d), la fuie ronde et la volaillerie, et un peu plus loin le vivier (e). Le logis est en granit et les encadrement en tuffeau signent la richesse du logis. Le tuffeau était acheminé depuis la Loire par la Mayenne puis l’Oudon, et débarqué non loin au lieu-dit «Port aux Anglais» .

Les douves du logis de Bussy-Fontaine

L’ensemble aujourd’hui très dégradé a conservé presque tous ses éléments. Le vivier, d’une structure plus simple que celle de Danne, est bien conservé, bien que recouvert de végétation. Le Grand Rossignol, d’après le cadastre napoléonien

André Sarazin, dans son ouvrage Manoirs et gentilshommes en Anjou, décrit une simplicité patriarcale de la vie quotidienne des hobereaux segréens, gentilshommes chasseurs vivant au milieu de leurs métayers dont la vie ne différait guère.

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e

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Les vestiges aujourd’hui

a

b c

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Le corps de ferme, les pavĂŠs de la cour, le logis du Grand Rossignol et ses douves

le vivier de 1 400 m²

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la formation d'un domaine xix ème siècle : le nouveau château et la ferme modèle En arrivant par la route de la Métairie de Danne, il y a entre les grands chênes entourés de charmes et d’aubépines, cette vue furtive, à saisir. C’est le seul point de vue offrant une vision d’ensemble de la ferme modèle et du château, le premier plan cultivé souligne de se ondulations l’étendue des terres que notre imagination saisit à la volée...

L’arrivée au Domaine de Danne par le chemin de la Métairie 62

Grange de la métairie de Danne


Château Arboretum

Chenil de chasse à courre

Orangerie Cuisine, porcherie et poulailler

Promenade du Tour des champs Avenue des tilleuls

Potager Etable et écurie

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la formation d'un domaine xix ème siècle Au XIXème siècle, Danne connait des transformations majeures, ce qui n’est pas le cas du logis du Grand Rossignol. Le Domaine affirme une centralité forte en rupture avec le polycentrisme hérité de la fusion des domaines.

L’entrée principale du château (façade Est ). Autre époque, autre distinction, le granit de Danne est employé comme pierre de soubassement tandis que le reste de l’appareil est en tuffeau de Loire.

Le château de Danne de style néo-classique est construit entre 1824 et 1832 par l’architecte Delaunay Maussion. Ses élégantes proportions s’élèvent à l’issue d’une allée d’arbres prolongée dans l’axe de celle du XVIème. Dans le même style, à ses cotés, l’Orangerie appelée le « petit château » servait à accueillir les invités au moment des chasses à courre. A proximité, un enclos et une maison avait vocation de chenil. A l’instar d’autres domaines du Segréen, cette rénovation est l’occasion de séparer les pièces nobles des dépendances et de s’engager dans la modernité agricole. C’est l’époque où de nombreux propriétaires terriens à l’instar du Comte de Falloux s’engagent dans l’amélioration de la race bovine locale pour créer celle de la Maine Anjou, participant ainsi au renouveau du Segréen. Une ferme modèle est construite à l’écart du château selon les préceptes des revues savantes et traités d’agronomie. Les bâtiments sont disposés autour d’une cour selon un plan régulier en U. L’architecture, inspirée de l’architecture civile et industrielle contemporaine est élégante et spacieuse, de telle façon que la ferme soit aussi un lieu à visiter pour les châtelains et leurs invités. Un écrin boisé d’arbres remarquables, séquoias, marronnier, hêtre pourpre, etc... sépare cet ensemble du château. 64

L’Orangerie

L’intérieur de l’étable de la ferme modèle


la formation d'un domaine xix ème siècle la fuie (XVIème siécle) l’orangerie le château

le départ de la promenade du tour des champs

un écrin boisé sépare le château de ses dépendances

le bûcher (XVIème siècle) poulailler, boulangerie, porcherie

un écrin boisé sépare le château de ses dépendances

étable et écurie

le potager à redents et tourelles (5 500 m²) le chenil de chasse à courre la serre

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la formation d'un domaine xix ème siècle : le parc-paysagE pittoresque et chasse à courRE All gardening is landscape painting, 1734, Pope

Une fois la construction du nouveau château et de la ferme modèle terminée, un paysagiste est mandaté par la famille de Danne pour restaurer le parc du château qui a souffert de la destruction de la chapelle et du château du XVIème siècle, le jardin d’eau ayant été sans doute abandonné. En 1878, Jacques Chevalier conçoit un parc-paysage, inspiré de la sensibilité pittoresque des Lumières et du philosophe Joseph Addison (1712), avec l’idée de transformer la propriété en une sorte de jardin. Une grande clairière exalte le sens pictural du paysage, aux courbes se fondant avec l’horizon lointain du bocage. Le tour des champs, est une promenade circulaire à travers bois et champs. Autour du château, une profusion de baliveaux et de jeunes arbres préfigurent l’aspect romantique dont jouit aujourd’hui le château. Le potager est établi à l’écart, selon les règles traditionnelles géométriques du potager à la française. Sa spécificité est de posséder un enclos à redents et des tourelles en granit et tuffeau lui donnant un aspect de citadelle romantique.

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a. entrée d’honneur depuis le perron - côté est

c. le potager - vue exterieure depuis le tour des champs

b. parc paysage depuis la salle de réception - côté ouest

c. le potager - vue intérieure


la formation d'un domaine xix ème siècle : le parc-paysage

Sources : cadastre napoléonien et plan du parc-paysage dessiné par Jacques Chevalier (Archives départementales du Maine-et-Loire)

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la formation d'un domaine de 1860 A 1960 : 100 ans de permanence Archives départementales du Maine-et-Loire La mairie. - Vue 1/1

Archives départementales du Maine-et-Loire Grande rue. - Vue 1/1

Les décennies qui suivent sont prospères dans l’ensemble du Segréen. L’âge de la carte postale met à l’honneur Saint Martin, sa nouvelle mairie, sa rue principale, et son église somptueuse élevée grâce à la famille de Danne et bien-sûr, le château. On admire, l’élégance du décor arrivé à maturité avec ses arbres remarquables, le romantisme des vestiges de la Renaissance sous le lierre grimpant et la simplicité de la vie rurale avec une chèvre au premier plan. Sa présence nous dévoile un peu de l’intimité aristocratique et du goût de la Comtesse pour le fromage de chèvres qui lui rappelle son enfance en pays de Bressuire.

Archives départementales du Maine-et-Loire

Toute réutilisation d'information publique doit faire l'objet d'une demande de réutilisation auprès des Archives départementales du Maine-et-Loire - Date d'édition : 01/07/2018

Château de Danne. - Vue 1/1

Toute réutilisation d'information publique doit faire l'objet d'une demande de réutilisation auprès des Archives départementales du Maine-et-Loire - Date d'édition : 01/07/2018

Archives départementales du Maine-et-Loire Château de Danne. - Vue 1/1

Côté paysage, le plan dessiné par Jacques Chevalier est en grande partie appliqué, excepté au fond de la clairière où le bocage fait de la résistance. De même, les chênes centenaires continuent de rappeler l’emplacement du jardin d’eau de la Renaissance, imposant une géométrie à un dessin qui préférait la faire tomber. Au-delà, dans le grand paysage, la trame parcellaire n’a pas évolué depuis le cadastre napoléonien. La culture du chanvre textile et du tabac fournit du travail au monde paysan. Au nom du progrès, les rares menhirs, cimetières mérovingiens et moulins disparaissent du paysage. La carrière de Danne prend son essor.

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L’intérieur de l’église. - Vue 1/1 Toute réutilisation d'information publique doit faire l'objet d'une demande de réutilisation auprès des Archives départementales du Maine-et-Loire - Date d'édition : 01/07/2018

Sources : Archives départementales du Maine-et-Loire

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Toute réutilisation d'information publique doit faire l'objet d'une demande de réutilisation auprès des Archives départementales du Maine-et-Loire - Date d'édition : 01/07/2018


la formation d'un domaine de 1860 A 1960 : la permanence du paysage et du bocage

Sources : photographie aĂŠrienne de 1954 (gĂŠoportail) et et plan du parc-paysage de Jacques Chevalier (Archives dĂŠpartementales du Maine-et-Loire)

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la formation d'un domaine fin du xx ème siècle : le plan de ruralisme A partir de la fin des années 60, une nouvelle page s’ouvre dans l’histoire des aménagements paysagers du Domaine, sous l’influence des politiques nationales de modernisation du monde rural : arrivée du service d’électricité qui traverse la grande clairière de la propriété, drainage des champs et busage du ru de Danne par le service des eaux, subventions à la plantation de conifères pour l’exploitation forestière sous forme de «timbre poste», ... Par ailleurs, la fin de la chasse à courre et l’évolution des pratiques de chasse amènent à la création d’une société de chasse qui verse un loyer au domaine chaque année pour chasser « à la billebaude » 14 jours par an. Des parcelles cynégétiques lui sont dédiées, une volière anglaise est installée au Grand Rossignol et des étangs de chasse aux canards sont créées au Grand Rossignol et le long du ru de Danne sur leurs emplacement historiques, au détriment des zones humides.

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Composant avec son temps, le plan de ruralisme conçu et mis en oeuvrepar Charles de Danne à partir des années 1980 est un ambitieux plan de restructuration et de maillage du Domaine à travers un réseau de 25 km de chemins et allées bordés de bandes boisées et haies brise-vents productives. Ce maillage à valeur d’utopie vise à tisser un réseau entre les différentes entités du Domaine. Il relie une trentaine d’hectares de massifs boisés entre eux ainsi qu’un ensemble d’anciennes fermes.


la formation d'un domaine le plan de ruralisme A PARTIR DES ANNEES 1980

Le Petit Rossignol

Sources : photographie aĂŠrienne actuelle (gĂŠoportail) et plan de plantation de Charles de Danne.

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la formation d'un domaine le plan de ruralisme : haies productIVES et bandes boisées Les plantations sont inspirées des principes diffusés par Dominique Soltner, notamment à travers son ouvrage intitulé L’arbre et la haie, pour la production agricole, pour l’équilibre écologique et le cadre de vie rurale paru en 1973. Les bandes boisées sont principalement plantées de chênes qui ont atteint le stade de perchis (2 km de long sur 8 hectares). Les haies brise-vent sont principalement plantées de chênes, charmes et merisiers. Le concept des bandes boisées :

Les hauts sujets sont distants de 8 m et entre eux se déploie la charmille, exploitée tous les 7 ans. a. haie très productive ! Baissez les têtes !

b. promenade à travers une bande boisée

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c. haie bocagère historique


la formation d'un domaine pendant ce temps-lĂ ... la vie aux friches jusqu'aux annĂŠes 80

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la formation d'un domaine l'exploitation forestière aujourd'hui Au début des années 2000, le Domaine adopte un plan de gestion des haies et de la forêt qui met en péril le bocage et fragilise les principes paysagers développés jusqu’à ce jour. Des vergers historiques disparaissent et des haies structurantes sont menacées comme l e chemin vert. En 2017, la peupleraie est exploitée et en 2018, une coupe d’éclaircissage historique est effectuée au cours de l’été : 35 stères, principalement du chêne.

haies de productions bois haies sans production bois haies à déplacer rapidement

Caractérisation des bois et des haies

Les formations boisées: 634-638-855-312-302 sont à vocationd e production haies architecturales

Feuille1 extrait du plan de gestion et d’exploitation forestière et des haies Haie Recensement des essences charme robinier faux acacia érable sycomore chêne merisier alisier frêne châtaigner bouleau érable champêtre tilleul aulne cordé noyer

Bois 381 41 251 2509 412 71 43 152 36 400 68 36 1

charme robinier faux accacia érable sycomore chêne merisier alisier torminale frêne châtaigner peuplier érable champêtre résineux divers

71 355 1944 4390 212 98 2520 203 1009 74 868 16

total dont semis perches petit bois bois moyen gros bois

4401 975 2485 631 152 158

total dont semis perches petit bois bois moyen gros bois

11760 1880 5203 3676 842 159

volume sur pied en m³ bois d’oeuvre 861

volume sur pied en m³ bois d’oeuvre 1913

Les différentes raisons de déplacer la haie 851: → la production de bois d'œuvre est impossible à cause de la ligne électrique → la production de bois énergie ou de petits bois de triturations sera compliquée → l'ouverture optimisera la production agricole, tant par les accès que les linéaires → opportunité de réaliser un drainage de part le profil de la parcelle 851 Hypothèse de déplacement de la haie 851

exploitation forestière à l’été 2018 la charmille de l’ancien terrain de boules des domestiques, menacée de destruction

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la formation d'un domaine le plan de gestion actuel des bois et des haies

haies et boisement menacĂŠs de suppression

haies identifiĂŠes productives

Sources : carte des paysages et document de gestion du Domaine de Danne.

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la formation d'un domaine l'agriculture aujourd'hui En 2018, la plupart des fermes et dépendances ne sont plus affectées à l’agriculture. La ferme des Friches est à l’abandon, la ferme-modèle désaffectée et la Métairie de Danne louée à titre d’habitation. La ferme du Grand Rossignol et celle du Petit Rossignol (une enclave foncière détachée des terres de Danne il y a quelques décennies) sont les dernières en activité. Cette dernière, avec son architure industrielle représente une fracture dans le paysage entre le château et le logis seigneurial. Il n’y a plus que 3 entités agricoles là où autrefois il y en avait au moins 5 : - une ferme d’élevage bovin traditionnelle faisant travailler 1 fermier sur 50 hectares et partant à la retraite en 2019, - une ferme d’élevage industrielle en GAEC faisant travailler 3 associés et 1 salarié sur 230 hectares dont 50 hectares à Danne (110 vaches laitières, 40 veaux et 2 poulaillers hors sol de 62 000 poules). - et une entreprise de travaux agricoles exploitant 170 hectares, une situation qui devrait évoluer fin 2019. Tous cultivent des céréales : maïs, colza, blé tendre, orge, malgré un sol limono-argileux lourd et humide avec une croûte de battance importante en été, et la stagnation de nappes d’eau d’octobre à avril. Les rendements sont irréguliers. L’intensification des méthodes de culture a vu disparaître les fossés, les chemins souffrent du passage des tracteurs, les sols sont laissés à nus entre deux cultures. 76

suppression des fossés

Entre deux cultures, les prairies des Friches se couvrent de Chiendent.

chemin abimé par le passage des tracteurs

Le chiendent, Elytrigia campestris est un indicateur de fatigue des sols compactés qui méritent une régénération par la prairie naturelle multiflore. Sa présence indique une déstructuration des sols par les labours, un excès de nitrates et de potasse, un compactage des sols limoneux à pH élevé et un fort contraste hydrique. On trouve à ses côtés, de la menthe pouliot, Mentha pulegium, caractéristique des sols engorgés en eau l’hiver et avec un fort assèchement en été, provoquant des hydromorphismes avec formation de gley.


la formation d'un domaine la rĂŠpartition du foncier agricole

Le Petit Rossignol

le Grand Rossignol - mutation agricole en 2019 Danne - entreprise de travaux agricole

le Petit Rossignol - exploitation d’Êlevage industrielle

Sources : carte des paysages et document de gestion du Domaine de Danne.

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la formation d'un domaine l'agriculture aujourd'hui

Entre les terres de Danne et le vallon du Grand Rossignol, l’exploitation agricole industrielle du Petit Rossignol est une fracture dans le paysage.

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la formation d'un domaine les prémices d'une ferme permacole dans le potager

L’association La Forêt Nourricière occupe une partie des bâtiments de l’Orangerie et sa cour (a) ainsi que le potager depuis novembre 2017. L’association a pour mission de développer la permaculture en climat tempéré et d’accompagner la transition vers des valeurs humanistes et écologiques à travers la recherche et la transmission de savoir. Elle s’est créée en 2011 autour des recherches de Franck Nathié et depuis, elle accompagne des projets d’écovillages ou d’installations permacoles professionnelles ou familiales vers leur autonomie alimentaire, énergétique et organisationnelle.

a. l’Orangerie et la pépinière au premier plan

Elle effectue des tests de culture étagée pour les particuliers et les professionnels. b. la serre historique

En mars 2018, elle a réalisé deux chantiers de plantation de haies fruitières multiétagées dans le Potager. Plus de 150 arbres, lianes et buissons fruitiers ont été planté pour la recherche sur la rentabilité en maraîchage permacole.

Formes fruitières traditionnelles palissées plantées dans les années 50 et test d’association de culture étagée, arbres, arbustes, lianes et couvre-sol pour l’association Maraichage sur sol vivant. c. le puit

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Leur château s’ouvre au monde

L’agenda Labyrinthe végétal

À Saint-Martin-du-Bois, les héritiers du château de Danne, qui date du XIXe siècle, ouvrent peu à peu leur domaine au public. Autour d’un axe fort : l’écologie, sous toutes ses formes.

Cueillette de la camomille

Jardin Camifolia, 11, rue de l’Arzillé. 02 41 49 84 98.

Anthony PASCO

anthony.pasco@courrier-ouest.com

U

ne longue allée bordée de tilleuls et dominée par une poignée de séquoias, un château néoclassique desservi par deux larges perrons, d’épaisses corniches sculptées dans le tuffeau et les armureries de la famille sur le fronton, un escalier en pierre de 70 marches qui mène aux deux étages, une salle à manger aux murs couleur bleu cyan, du carrelage à cabochons, une grande pièce de réception, une salle de billard, un salon, une belle bibliothèque. N’en jetez plus ! Le château de Danne a tout d’un décor de film d’époque. C’est dans cette ambiance typiquement XIXe que Jean-Claude Brialy avait choisi d’y tourner « Les Malheurs de Sophie » en 1981. Les actuels maîtres des lieux, Charles et Henry de Danne, renouvelleraient volontiers l’expérience pour valoriser leur patrimoine et, accessoirement, financer une partie des frais d’entretien et des travaux de rénovation. « Notre famille a été prospère au XVIIIe siècle, au gré d’alliances prestigieuses. Mais elle a aussi beaucoup souffert pendant la Révolution et la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, on ne vit plus des fermages », rappelle Henry, 63 ans, qui réside à Paris et crée des événements dans le secteur du marché de l’art.

Ce domaine est fait pour s’ouvrir sur l’extérieur »

Route de Saint-Sauveur-de-Landemont, Saint-Laurent-des-Autels. Payant. 02 40 83 78 25.

Montreuil-Bellay

15 h, départ de l’office de tourisme, place du Concorde. Tarifs : 5 €, 2 € de 5 à 15 ans. 02 41 52 44 23.

Jardin de nuit

Parc de Maulévrier. Tarifs : 10 €, gratuit moins de 12 ans. 02 41 55 50 14.

Saumur

16 h 30 à 18 h, château, cour de la caserne Feuquières. Tarifs : 5 €, réduit 2 €, gratuit pour les moins de 7 ans. 02 41 83 30 31. Réservation obligatoire.

Observation astronomique

21 h, observatoire, le Clos-desPerruches, Saint-Saturnin-surLoire. 06 62 09 43 41. Tous les vendredis soirs si la météo le permet. Photo archives co

C

Henry de danne. Propriétaire.

Pour entretenir cette demeure de vacances qui peut aussi servir à des rendez-vous mondains, lui et son frère, Charles, 71 ans, installé dans l’ancienne orangerie, ont entrepris d’exploiter la richesse de ce site qui s’étend sur 350 ha, à équidistance de Segré et du Lion-d’Angers. « Il est méconnu parce qu’on n’a rien fait pour le faire connaître. C’est un domaine qui est fait pour s’ouvrir sur l’extérieur, surtout pas pour s’enfermer sur lui-même », estiment en chœur les enfants de René de Ber-

Saint-Martin-du-Bois, 30 juillet 2018. Charles et Henry ont grandi dans ce château construit entre 1824 et 1832 sur des terres qui appartiennent à leur famille depuis le XVIIe siècle. Les jardins et les nombreuses dépendances sont devenus un lieu de rendez-vous des militants de l’écologie raisonnée. Photo CO - Josselin CLAIR nard de la Barre de Danne et d’Elisabeth de La Ville de Férolles des Dorides. Le premier est décédé au château en 1983 à l’âge de 74 ans, la seconde s’est éteinte en 2006 à 95 ans. « Cette propriété, c’était toute leur vie. Moi, ce n’est qu’une partie de mon existence. Je ne veux surtout pas en devenir prisonnier mais je ne veux pas non plus m’en séparer. Mes enfants m’en voudraient beaucoup. On a tellement l’impression d’être hors du monde

quand on est ici », confie Henry. Une sorte d’éco-système s’est mise en mouvement dernièrement dans les annexes, au cœur de ce paysage bocager. Les écuries, le poulailler, le hangar à foin, l’ancienne boulangerie, la porcherie : ces bâtiments qui témoignent d’une époque où tout un village vivait ici en autarcie, grâce à la chasse et l’agriculture, ont été réaménagés pour accueillir des formations et des réunions. Seule l’étable reste à réhabiliter. « Ce serait formidable

de pouvoir en faire une salle de réception. Mais il faut trouver des sous », tempère Charles. Permaculture, festival de musiques du monde (lire ci-dessous), écoconstruction et bientôt jeux de rôles : toutes les activités qui se succèdent poursuivent aussi, de près ou de loin, cette même aspiration à la simplicité et au culte de l’environnement. Quitte à se retrouver « en contradiction avec les valeurs dominantes de la société contemporaine », assume

Le jardinier est chercheur en permaculture

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Clos de murs, la moitié en forme de « ruban plié », le jardin du château de Danne mérite le détour pour une autre raison : il est entretenu par un expert en permaculture. Cette démarche écologique, pour ne pas dire philosophique, consiste à faire cohabiter en harmonie animaux, insectes, êtres humains, plantes et micro-organismes dans un environnement sain et auto-suffisant. Originaire de la région parisienne, Franck Nathié, 42 ans, vit ici depuis novembre pour mener ses expériences. Il partage ses observations dans des ouvrages ou dans le cadre de formations, sous l’égide de La Forêt nourricière, centre de recherche en permaculture. « Je suis chercheur, pas producteur, car je m’autorise à rater », revendique-t-il. Son « jardin d’Eden » qu’il crée dans des bacs de culture associe diverses variétés de légumes ou de fruits, choisis pour « s’entraider et se pro-

Franck Nathié profite du jardin potager pour mener ses expériences. téger plutôt que de se faire concurrence ». L’objectif de cet « éco-système », dit-il, est d’obtenir une récolte

étalée sur l’année et abondante, sans apport d’engrais évidemment, reproductible par tout un chacun sur de

Photo CO - Josselin CLAIR

petites surfaces.

Henry. Une façon finalement « moderne » d’appliquer à la nature les valeurs qui sont celles de sa famille depuis des siècles, des valeurs profondément inspirées de la religion catholique qu’il résume par ces deux mots : « Respect et droiture ». Le Château de Danne en images sur Internet : www.courrierdelouest.fr

grande guerre

Parcours évocateur en 12 étapes. à Lézigné. 14 h, rue de la Mairie. 02 41 76 91 48.

Cadre noir

École nationale d’équitation. Tarifs : 9 €, réduit 8 €, 7 € (moins de 16 ans), famille (2 adultes + 2 enfants) 29 €. 02 41 53 50 60. De 6 à 10 ans : suivre la journée d’un cheval de gala. Enfant accompagné d’un adulte. Les lundis et mercredis à 15 h.

Saint-Florent-le-Vieil

L’expérience

Festival sans alcool Le domaine va accueillir pour la 2e fois un festival de musiques du monde du vendredi 17 au dimanche 19 août. Artisanat éthique, musique harmonique, conférences sur les méthodes alternatives, la nourriture végétarienne, la cuisine autogérée : les organisateurs promettent une « ambiance zen ». D’autant plus zen que la consommation d’alcool et d’autres substances « altérant la conscience » est proscrite sur place. « Ça change tout : le regard des gens, les contacts. Les barrières tombent, personne n’est dérangé par ceux qui se tiennent mal. On vit mieux l’instant présent, l’écoute est plus active, il y a plus de délicatesse dans les rapports », approuve un des participants.

Saint-Florent-le-Vieil, esplanade du Montglonne. Tarif : 5 €. Tous les mardis sur réservation à partir de 2 personnes.

Concerts de l’étang

Camping de l’Étang, BrissacQuincé. Soirées musicales : pop rock, pop française ou brésilienne. Chaque semaine, un groupe différent. Réservation pour les personnes extérieures au camping.

Bain de lectures

Plans d’eau de Combrée et Pouancé. Gratuit. 02 41 92 35 19. Animations proposées par les bibliothèques de Combrée et Pouancé, les 12, 17 et 19 juillet, et les 16, 21, 24 et 31 août. Les enfants devront être accompagnés d’un adulte.

article de presse paru dans le Courrier de l’Ouest le 12 août 2018.

Secrets troglodytes

17 h à 19 h, église de Nantilly, place de Nantilly à Saumur. Tarifs : 5 €, réduit 2 €, gratuit pour les moins de 7 ans. 02 41 83 30 31. Réservation obligatoire.


le temps du partage

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Mots recueillis en chemin tranquille calme

une nature maîtrisée

mais sans plus

paisible boisé champêtre

un parc sauvage avec beaucoup d’espèces mais des

la présence humaine entourée de nature sauvage les futaies et les sous bois sauvages laissent une

impression de liberté naturelle une alcove

diversité

beau mélange de vestiges de l’activité et d’une nature sauvage quand on sait le

percevoir spacieux ne pas trop aménager, garchamps conventionnels

grand

der le coté sauvage !

jolis points de vue

le contraste ça me rappelle le paysage de mon enfance ...

sauvage verdoyant

le charme des vestiges un îlot

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les ronciers estompent les seuils et préparent l’avènement d’une nouvelle structure paysagère... la ronce devient un creuset...


un dispositif de partage : une cueillette de paysage Le festival de l’Arbre qui marche est l’occasion de tester un dispositif pédagogique de partage autour du projet de paysage. : les promenades « Cueillette de paysages», conçues pour le festival en duo avec Thomas Bouchez, sophrologue. A 3 reprises, une quinzaine de personnes sont guidées à la lisière du festival pour transmettre et partager le goût du paysage et de la cueillette, recueillir des impressions sur le site, des idées, des projets...

1 - Introduction : nous nous réunissons à l’orée du bois... Thomas guide une séance de relaxation dynamique propre à la sophrologie : se mettre en disposition de cueillir, une pratique méditative qui relie le geste au paysage. Relâcher ses tensions, respirer pronfondément, être à l’écoute de ses sensations corporelles, prendre contact avec le sol, la terre. Ouvrir les yeux, élargir sa perception. Eveiller ses sens. Retrouver le pouvoir de ses mains.

2 - Promenade à travers différents milieux et ambiances paysagères... Halte à des points de vue contrastés ou qui exprime au mieux la spécificité du paysage, son histoire, ses séquelles et cicatrices. Transmission ethnobotanique autour d’une quinzaine de plantes rencontrées en chemin : herbacées, arbustes, lianes, arbres ... Partage et échanges, recueil des sensations.

3 - Accueil des impressions, sensations liées au parcours de promenade. Arrivés dans une clairière (l’ancien terrain de boules des domestiques du château au XIXème siècle), nous nous asseyons en cercle. Thomas guide une méditation paysagère fidèle à chaque étape du parcours.

4 - Echanges et recueil des impressions : On distribue une feuille à chacun avec quelques questions. Chacun écrit à son rythme, partage à voix haute s’il en a l’envie. On récolte les impressions de paysage dans un panier.

«Choisissez 3 adjectifs pour décrire vos impressions, sensations de paysage en arrivant au festival ? D’après vous, quelle est la singularité du paysage du domaine de Danne ? Qu’est ce qui vous amènerait à revenir vous promener au Domaine de Danne ?» 83


Teucrium Scorodonia

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Euonymus europaeus

Hedera helix

Glechoma hederacea

Prunus avium

Polygonatum multiflorum

Robinia pseudoacacia

Rubus fruticosus

Une cueillette de paysage au Domain


une cueillette de paysage au domaine de danne du bois de la blinière a l'ARBORETUM, en passant par le vivier

Polygonatum multiflorum

Robinia pseudoacacia

Rubus fruticosus

Quercus

Ruscus aeculatus

Sambucus nigra

Coryllus avellana

Crataegus monogyna

Carpinus betulus

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3000 festivaliers viennent réveiller les lieux, sans crier gare, pas de spots radios, quelques rares affiches publicitaires et à peine quelques panneaux dans les environs... Les arbres s’animent, les rires volent au vent, la clairière fraîchement moissonnée se parsème de couleurs vives. Je suis une des rares à connaître l’histoire des lieux. J’observe la façon dont 3000 personnes, venues pour se détendre et s’enrichir de nouvelles rencontres et univers inconnus, pour apprendre à vivre plus respectueusement de l’environnement, pour écouter de la musique, et tout cela sans alcool, s’emparent des lieux... 86


Des fleurs d’un jour ont été disposées dans la prairie, les ronces et les arbres se parent de guirlandes, de lampions et de balançoires, une signalétique légère et éphémère, à l’aide de bouts de coton, feutrine et fanions guide les festivaliers vers les champs dédiés au stationnement, camping, espace enfant ...La caravane des cueilleurs a disposé des panneaux botaniques dans tout le Domaine. 87


La configuration spatiale du festival souligne de façon éphémère la ligne de vie des lieux. La rue des standiers se déploie le long du talweg de la clairière drainée où l’eau ne coule plus, orientée vers le chemin de l’eau, le vivier, l’étang puis le ru de Danne... La brume de la fraîcheur du soir se mêle à la fumée des feux et rappelle que cette terre est profondément humide, malgré tous les signes apparents de sécheresse ...

Il y a le long de l’ancien chemin de l’eau (cf.gravure de 1818), fontaine éphémère, totems et fanions volants au vent.

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Le festival est l’occasion pour Charles de Danne accompagné de Simon et Thomas de partager le projet d’éco-hameau sous le dôme des conférences. Partager ce projet avec une centaine personnes engagées dans la transition énergétique, l’éco-construction, l’agriculture durable est une premère étape. Une soixantaine de personnes expriment leur souhait de rester informés des suites qui seront données par les propriétaires... 89


Pour des milliers de personnes, le Domaine de Danne, c’est une parenthèse enchantée ...

... qui s’étire dans le temps avec le démontage patient et le départ progressif des organisateurs qui quittent les lieux... Certains vont jusqu’à échanger quelques menus services aux propriétaires, contre la possibilité de prolonger un peu la magie de l’été... Des contes naissent le soir au coin du feu...

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les contes de danne Les woofeurs, le gardien du sourire et les vergers L’Arbre qui marche L’arbre qui marche est un vénérable chêne trogne ayant peut-être 400 ans... Comme poussé par une envie insatiable de liberté, il tend ses branches vers l’au-delà et traverse d’une enjambée affirmée et discrète la clairière abandonnée à elle -même. Il emporte avec lui les plis de la prairie comme une traine semée de glands qui deviendront un jour à leur tour de grands chênes traversant les siècles et dominant le temps... Mais jusqu’où ira-t-il ? et qu’est-ce qui l’arrêtera ? Nul ne le sait... L’arbre marche depuis si longtemps que nul ne se souvient non plus d’où il vient... Tout ce que l’on sait ... c’est que chaque mois d’août, à la pleine lune, quand le fusain rosit et que les mûres se gorgent de soleil, des milliers d’arbres qui marchent se réunissent à son pied, se blottissent entre ses racines, chantent, rient et se balancent à ses branches... avant de repartir, à leur tour cheminer là où la terre les réclame pour être soignée ...

Le château régnait sur la campage et les bois fermaient le décor. Chaque soir, à la nuit tombée, un drapé d’étoiles était tendu sur la clairière. A l’heure où les chouettes effraies se repaissent de leur festin, on entendait la clé tourner dans la serrure de la porte de l’entre-sol du château, et le gardien du sourire sortait pour y cueillir les étoiles. Une à une, constellation après constellation, il les décrochait pour les amener à son atelier situé dans les entrailles du château. Là, l’une après l’autre, étoile après étoile, il astiquait de leur poussière d’or les bocaux dans lesquels étaient enfermés une multitude de sourire. Le père du gardien du sourire était lui-même gardien du sourire et il en était ainsi de génération en génération. Ils avaient connu les vergers du potager en fleurs, la neige sur les bourgeons et le soleil sur la sève collante, mais ils n’avaient jamais goûté leurs fruits. Jusqu’au jour, où vinrent des woofeurs... Curieux de goûter les fruits, ils se mirent en quête de bocaux pour mieux les conserver. Dans les caves du château, ils devinèrent dans la pénombre un beau stock de bocaux en apparence vide... Ils étaient une dizaine et s’empressèrent de les sortir à l’air-libre pour les ouvrir, impatients de les remplir... et voici que tous les rires s’échappèrent ! Ce n’était pas un éclat de rire mais des dizaines et des centaines qui s’en allèrent résonner d’un bois à l’autre de la clairière ensoleillée... A la nuit tombée, les rires résonnaient toujours, à peine étouffés. Alors, les woofeurs s’empressèrent de remplir de pommes, de poires et de figues, les bocaux vidés avec la complicité du gardien du sourire. Pomme grand-mère, Rubillard, Poire conférence et Doyenné du Comice, toutes y passèrent, excepté la Pomme d’Angleterre qu’on réservait pour la manger au printemps. C’est ainsi que depuis, au détour d’une promenade, on entend fréquemment des rires, entre les pommiers à cidre et les poiriers palissés du potager. 91


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troisième temps. le temps de recueillir ce qui était dispersé

Etymologie : Recueillir, du latin recolligere, «rassembler, réunir les choses dispersées». D’après E. Littré, «réunir les fruits, les produits, faire récolte». Par rapport à cueillir, on peut voir dans l’usage du préfixe Re-, la valeur aspectuelle qui marque une sorte d’implication passive du sujet. L’élément étudié agit sur l’action du verbe, peut la faire rebondir, la renvoyer au fond des choses, d’après la linguiste Isabel Weill. *

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Le temps de recueillir consiste à réunir ce qui était dispersé, informations et acteurs pour faire émerger ensemble les prémisses du projet. Le concepteur-cueilleur invite à ce temps de recueil où se partagent intuition, écoute savante et généreuse. Il formulera ensuite le constat partagé et assemblera les pièces du projet. L’atelier participatif sur une journée est à la fois l’outil et le moment précis où s’exerce cette alchimie du projet qui révèle le génie des lieux. En cueillette à des fins de phytothérapie, on parle du totum de la plante, un ensemble cohérent de principes actifs chez la plante, dont la synergie est plus importante que chaque principe isolé. Les effets du totum sont par nature supplémentaires et parfois imprévisibles.

Baies sauvages de cynorhodon, Rosa canina, Rosaceae - dans les haies de Danne - août 2018

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Les baies de l’églantier, vulgairement appelé gratte-culs, sont riches en vitamine C, vingt fois plus que l’orange ! On les recommande en prévention des maux de l’hiver sous forme de décoction ou de confiture. Tout l’hiver les haies se parent de leurs couleurs vives, une ressource de nourriture non négligeable pour les oiseaux. A Danne, l’églantier court à travers le bocage, partout le long des chemins...


I

N O I T A T Atelier participatif autour du paysage du Domaine de Danne I V N

vendredi 21 septembre 2018 de 10h à 16h à l’Orangerie de Danne à Saint-Martin-du-Bois (Segré) La ferme modèle du XIXème

Les fermes et terres agricoles

le château

L’étang et le ru de Danne

Quel paysage pour demain ?

Les bois, le bocage

Acteurs du lieu, experts, habitants et voisins sont conviés à partager leur point de vue et leur savoir sur le paysage du Domaine de Danne, un patrimoine architectural et naturel riche, constitué d’une mosaïque de milieux (zones humides, bois, vergers, ...), en pleine transition agricole et accueillant depuis 2017 un éco-festival et un centre de recherche en permaculture.

Le verger et le potager expérimental

l’éco-centre

Programme de la journée : 10h. Accueil des participants à l’éco-centre 10h.30 - 12h30. Parcours du domaine : échanges et partage 12h30 - 14h. Pique nique : apportez votre panier ! 14h. - 14h30. Visite du potager 14h30 - 15h30. Propositions et cartographie collectives 16h. Clôture de la journée

Atelier proposé par Lise Saporita, diplômée en aménagement du territoire, dans le cadre d’un certificat d’études supérieures en paysage à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles.

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l'atelier participatif

10h. Introduction dans la salle de conférence de l’éco-centre

20 acteurs du lieu et professionnels répondent présents à l’invitation qui suscite beaucoup d’intérêt. C’est la première fois que se trouvent réunis la plupart d’entre eux : - Charles et Henry de Danne, - des organisateurs du festival de l’Arbre qui Marche, - des membres de l’association de permaculture La Forêt Nourricière, - le maire de Saint-Martin-du-Bois, - les animateurs de promenade en calèche au domaine, - la directrice de l’office de tourisme de Segré-en-Anjou-Bleu, - la responsable de la Chambre d’Agriculture de Segré, - un porteur de projet en maraîchage, - des volontaires pour le projet d’éco-hameau, - un agroforestier, - un architecte spécialiste de la rénovation à base de réemploi, - un veneur curieux de connaître le domaine réputé pour la qualité de sa chasse. L’introduction par Charles et Henry est une invitation à investir les lieux. Après un bref aperçu historique sur la formation du Domaine, la carte du parcours ci-contre est présentée. Elle préfigure les mutations agricoles annoncées et les projets des associations actives sur le lieu : les besoins du festival l’Arbre qui marche, le projet de ferme permacole et verger conservatoire de la Forêt Nourricière, les intentions des porteurs de projet d’un éco-hameau. 96


Terres disponibles en 2019 vallon patrimonial terres agricoles parcelles réservées à la chasse a. étangs, b. cultures cynégétique, c. volière anglaise

c a

b b

Festival implantation 2018 parking additionnel Ferme permacole implantation 2018 projet de maraîchage Les Friches jeux de rôles en 2019 projet d’ éco-hameau projet d’élevage

a

éco-centre et château : point de départ parcours de l’atelier

Etat des lieux, projets associatifs et opportunités agricoles : quel paysage pour demain ? Carte d’introduction de l’atelier participatif 97


espace enfants à l’ombre de l’arboretum espace organisation autour de l’éco-centre

tentes activités et stands marchands

10h30. Echanges autour du château et de l’accueil du festival

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scènes musicales «Chêne» et «Paille»

camping festivaliers arrivée des festivaliers


11h. Echanges autour des mÊthodes culturales actuelles, potentiel pour l’agroforesterie

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11h. Echanges autour de la ferme abandonnée des Friches et discussion autour du projet d’éco-hameau

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12h. Le Grand Rossignol : ĂŠchanges autour de la cohabitation difficile entre ĂŠlevage industriel et patrimoine.

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13h. En chemin, réflexion sur la haie, le bocage, l’état des chemins ...

14h. Découverte des expériences en permaculture et culture étagée dans le potager

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13h. Repas partagé dans la salle à manger de l’éco-centre

15h. Retour à la salle de conférence, autour de l’exposition des croquis de terrain classés par thème. Les volontaires choisissent un dessin et partagent en quoi il représente le mieux le Domaine de Danne selon eux.

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15h30 Ă 17h30 - Cartographie collective

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Diversité

mots et carte récoltés

Chantier participatif

Cohérence Métayage Jeux de rôle Culture multi-étagée

Coordination Modèle

Patrimoine Eco-hameau Festivals

Une histoire Slow tourisme

Matrimoine Woofing

Autonomie 106

Permaculture

méthode de conception qui permet de créer des systèmes intégrés à la manière des écosystèmes naturels. cf Introduction à la permaculture de Bill Mollison, ouvrages de la Forêt Nourricière, Ferme du Bec Hellouin, etc.

Holacratie

système d’organisation de la gouvernance, fondé sur la mise en œuvre formalisée de l’intelligence collective. Elle se distingue donc nettement des modèles pyramidaux

Agroforesterie

pratiques, nouvelles ou historiques, associant arbres, cultures et/ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ. cf. AFAC


vers le projet

Etymologie : Projet : ce que l’on a l’intention de faire dans un avenir plus ou moins éloigné. «On n’exécute pas tout ce qui se propose ; Et le chemin est long du projet à la chose», Molière, Tart. III, 1. 107


Années 1950-80

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Rossignol, Danne, les Friches, la Métairie sont des entités vivantes au coeur du domaine. Les cheminements informels suivent le bocage. La conception paysagère rayonnante de Danne marque la distinction (crée un clivage) avec l’environnement bocager.


recherches une evolution

Années 1990-2018

Les intentions du projet :

Le maillage du Domaine par les vergers et le bocage vise à ressérer les liens entre les différentes entités et renouer avec les traits caractéristiques d’un paysage en voie de disparition. Mais tandis que la trame s’étend jusqu’aux confins du Domaine, les entités proches du logis et du château s’éteignent : la Métairie et les Friches finissent par être abandonnées, le foncier agricole restructuré, la maison de la Métairie est louée à titre d’habitation locative, détachée du foncier agricole. Les transformations de la ferme du Petit Rossignol achèvent de séparer cette portion du Domaine de l’entité paysagère de Danne.

Fortifier l’oasis du Domaine de Dannen à travers : la réunion de Danne et Rossignol par le paysage l’enrichissement de la trame bocagère et sa diffusion au delà du domaine la revitalisation des entités du Domaine et la refonte du foncier agricole : la Métairie, les Friches, Rossignol la préservation et la valorisation des milieux naturels (bois, ru, étang) 109


ombelle

pédicelle

ombellule

pédoncule

fente de timidité entre deux ombellules

Première esquisse de projet, août 2018

Holistique, du grec “holos”, entier : qui s’intéresse à un objet dans sa globalité. Principe philosophique qui considère les ensembles supérieurs à la somme de leurs parties et ce, à travers un processus d’évolution créative. Cf la définition du biologiste J.C. Smuts (1870-1950) in Holism and evolution. Les petites entités se rassemblent et évoluent vers des entités plus complexes aux propriétés émergentes. 110

Infructescence de Daucus carotta, Apiacées, ex-Ombélifères - les Friches - octobre 2018

La carotte sauvage est reconnaissable par son inflorescence fractale en ombelles d’ombellules : les pédicelles floraux, égaux ou presque sont tous insérés au même point de la tige, on dit qu’ils sont rayonnants. La tige est poilue et on trouve souvent en son centre une fleur stérile foncée. On cuisine ses racines et ses graines. A Danne, la carotte sauvage accompagne les pas du promeneur un peu partout.


recherches vers un grand domaine holistique Un Grand Domaine réunifié qui compose avec la singularité des lieux à travers l’ombelle circule la vie, dans la timidité des ombellules naissent les échanges ...

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xix - hier Danne romantique, le pittoresque comme idĂŠal

xx- aujourd'hui Danne essentialiste, la grille a valeur d’utopie

xxi - demain ? Danne holistique, le tout est plus que la somme des parties

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VERS LE GRAND DOMAINE DE DANNE, en quete d'une'ABONDANCE respectueuse des équilibres écologiques

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cueillir le paysage au grand domaine de danne le projet Cueillir le paysage au Grand Domaine de Danne vise à concevoir un ensemble paysagé singulier, un écrin d’abondance, comme une oasis dans le paysage de Segré. Il s’agit de réunir l’architecture et l’histoire (patrimoine) & le paysage et l’écologie (matrimoine), à travers une conception paysagère qui redonne ses lettres de noblesse au Domaine, tisse le cortège du vivant entre ses différentes entités et enrichit un écrin naturel à préserver. La grande réunion au rendez-vous est celle des deux entités historiques fondatrices, Danne et Rossignol. C’est une immersion dans un paysage à cueillir qui entraine le promeneur du Potager au Grand Domaine réunifié, à travers jardins fruitiers, vergers et bocage, un parcours accueillant à travers l’histoire, discrètement ouvert sur le grand paysage. Le maillage de l’axe Danne-Rossignol est à la fois le centre et la lisière du projet. En effet, autour, les Friches, la Métairie, les bois, l’étang et le ru.. ont évolué de façon parfois chaotique, souvent indépendemment les uns des autres. Composant avec la spécificité de chaque lieu, le projet Cueillir le paysage au Grand Domaine de Danne vise à générer un ensemble cohérent exprimant la singularité de chaque entité, chacune contribuant à déployer la philosophie du Grand Domaine. Les principes de l’agroécologie et de la permaculture guident les pratiques agricoles et forestières et permettent de renouer avec la singularité du paysage segréen. La trame bocagère est enrichie et propage le cortège du vivant à travers le Domaine et au-delà, là où il est menacé (le long du ru de Danne, à travers les champs ouverts...).Les transformations du paysage s’accompagnent de la refonte du foncier agricole afin de reconstituer des ensembles hameau+terres agricoles ou préserver des milieux fragiles (bois et vallons humides). La rénovation des hameaux et des bâtiments désaffectés permet l’accueil d’associations et porteurs de projets proposant une gestion écologique des lieux (écopâturage & entretien des chemins et prairies, cueillette & conduite des arbres fruitiers ...). L’accès et les abords de la ferme-modèle rénovée sont aménagés pour permettre l’accueil du public, et déployer sa vocation pédagogique et culturelle. A terme, le réseau de promenades étendu relie le Grand Domaine de Danne aux bourgs de Louvaines, Aviré et Saint Martin. Les mutations du foncier agricole prévues courant 2019 sont définitivement une occasion historique pour repenser le paysage de demain et orienter le Grand Domaine de Danne vers une nouvelle abondance respectueuse des équilibres écologiques.

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VERS LE GRAND DOMAINE DE DANNE, les etapes 2019. Refonte du foncier agricole autour du Grand Rossignol, des Friches et de la Métairie afin d’accueillir de nouvelles initiatives paysannes et revitaliser les hameaux

Grand Rossignol

Les Friches

La Métairie

Reprise progressive du foncier à destination de la création de la promenade de Danne à Rossignol

La promenade de Danne à Rossignol

Aménagement des abords de la ferme-modèle et amélioration des conditions d’accueil du public (stationnement, signalisation, entretien paysager)

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VERS LE GRAND DOMAINE DE DANNE, les etapes

2019-2028 Ouverture de la Grande Clairière Confortation du bocage et plantations de haies et boisement à la lisière du Domaine Création de la promenade à cueillir de Danne à Rossignol : jardins et vergers, tronçons de chemins et pistes à cheval manquants Poursuite des aménagement facilitant l’accueil du public Introduction des pratiques d’agroforesterie en harmonie avec les spécificités paysagères Création des chemins reliant le Grand Domaine de Danne aux bourgs de Louvaines, Sainr-Martin-du-Bois, Aviré et la Jaillette en longeant le ru de Danne

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le grand domaine de danne

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L'arrivée à danne

Petit stationnement réservé aux usagers et PMR à l’entrée de la Métairie 120

Grand stationnement grand public à l’entrée du Domaine


le coeur du domaine ouvert au grand public

Grand stationnement grand public à l’entrée du Domaine 121


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annexes instants cueillis au fil d'une annĂŠe aU potager du roi

contact cueilleusesdepaysages@gmail.com Lise Saporita : 07 68 40 86 57 Lucile Chapsal : 06 99 77 07 63

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promenades decouvertes des plantes mÉdicinales & comestibles Observer toucher cueillir sentir et goûter Depuis le printemps 2018, les cueilleuses proposent des promenades autour des plantes médicinales et comestibles, principalement au Potager du Roi à Versailles. Les participants découvrent des plantes sauvages et cultivées, goûtent fleurs, feuilles et graines, et apprenent les bases de la botanique pour reconnaître les grandes familles de plantes. En 2019, ces balades se déclinent à Meudon, Angers et dans Paris intra-muros.

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atelier d'initiation a l'illustration botanique La pédagogie par le dessin Pour apprendre une plante, la comprendre, la reconnaître, le dessin est un excellent outil. Nous proposons des ateliers d’initiation à l’illustration botanique pour tous niveaux : du croquis de terrain au dessin sur table, à l’aquarelle, au crayon ou à l’encre, les participants essayent différentes techniques de représentation des végétaux, toujours à partir d’échantillons vivants.

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atelier d'herboristerie familiale Préparer ses remèdes Baume aux fleurs de soucis ou à la racine de consoude, sirop de thym, infusions digestives et apaisantes...ces préparations sont autant de remèdes qui peuvent être réalisés chez soi pour soulager les maux du quotidien. Les participants aux ateliers réalisent toutes les étapes des préparations, de la cueillette à la mise en flacon, et repartent avec leur préparation et la recette.

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evenements Savourer la lisière Le 9 octobre s’est déroulé une soirée «banquet d’automne et performance ethnobotanique» au Musée de la Chasse et de la Nature, Paris III. Autour de l’installation «Forêt» de l’atelier Le Balto, nous avons proposé à un public restreint (40 personnes), une pièce chorégraphique de Phlaurian Pettier intitulée «Effeuiller», des lectures de textes, «Chroniques de cueilleuses», ainsi qu’un banquet organoleptique, composé d’amuses bouches aux plantes sauvages (egopode, pariétaire, sorbes, ortie, bardane...), savamment préparé par Eldar Kabiri (chef gastronomique) et Patrick Redeuilh (auteur éditeur naturaliste et cueilleur). D’autres évènements similaires sont en préparation pour le printemps 2019...

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bibliographie

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BESSE Jean-Marc, Comme une danse, Les carnets du Paysage, Acte Sud, p12 COLLECTIF Le pays segréen, patrimoine d’un teritoire, Images du Patrimoine n°256. L’inventaire. Editions 303, arts, recherche, création. COLLECTIF Atlas de paysages des Pays de la Loire – UNITE PAYSAGERE N°22 : LES MARCHES ENTRE ANJOU ET BRETAGNE DREAL DES PAYS DE LA LOIRE, VU D’ICI – URBAN’ism – Terres Neuves – Emanence – Althis - Aqualan COLLECTIF Nourritures, Les Carnets du paysage n°25, Actes sud et l’École Nationale Supérieure de Paysage, janvier 2014. LARRÈRE Raphaël et LA SOUDIÈRE Martin de, Cueillir la montagne, Paris, La Manufacture, 1985. LEVEQUE Isabelle, Les Parcs et jardins de l’Anjou, Lieux dits, 2015. LIEUTAGHI Pierre, Le livre des bonnes herbes, Actes Sud, 1996. LIEUTAGHI Pierre, Le livre des arbustes, arbres et arbrisseaux, Actes sud, 2004. LIEUTAGHI Pierre, 1983, « L’ethnobotanique au péril du gazon », Terrain, n° 1, pp. 4-10 LIEUTAGHI, Pierre, La plante compagne. Pratique et imaginaire de la flore sauvage en Europe occidentale. Genève, Conservatoire et jardin botaniques/Vevey, Musée de ralimentation/Neuchâtel, Musée d’histoire naturelle, 1991 PERNET, Alexis, Le grand paysage en projet, histoire, critique et expérience, Métis Presses, 2014 THEVENIN Thierry, Connaître, cueillir et utiliser les plantes sauvages, Lucien Souny, 2012. RUE Mathilde, Raviver l’hospitalité des pentes du pays thiernois, Être accueillant, ENSP - TPFE sous la direction de Laurence Crémel 2015.

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merci Je remercie profondément Charles et Henry de Danne pour avoir accepté cette rencontre d’un été avec toutes ses péripéties, ses joies et ses surprises. Que l’automne et l’hiver protègent les graines semées pour voir germer de beaux projets en 2019 ... Je remercie Elodie, Simon, les Arbres Qui Marchent pour leur attention et leur regard éclairé sur ma démarche. Je remercie toutes les personnes ayant contribué à l’élaboration de ce travail de près ou de loin, les cueilleurs de paysages d’un festival, les participants à l’atelier, les membres de l’association La Forêt Nourricière, Alexandra, Cyrille, Jean et Noëlle, ... Je remercie mes professeurs de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage, Alain Freytet mon tuteur, pour ses conseils précieux et généreux, Mongi Hammami pour son écoute inspirée, les membres de mon jury, Alexis Pernet, François Roumet, Martin de la Soudière et Monique Toublanc ainsi que tous les professeurs rencontrés à l’ENSP qui ont nourri mon évolution professionnelle. Je remercie mes amies nantaises, pour leurs encouragements, mes compagnes de CESP pour leur solidarité et nos échanges passionnés, les élèves de l’ENSP pour leur sympathie et leurs conseils avisés. Je remercie vivement les directeurs ainsi que le personnel de l’ENSP et du Potager du Roi, pour leur sens de l’accueil, la confiance accordée à nos ateliers autour des plantes médicinales et sauvages organisés au Potager du Roi, le soin apporté aux lieux et aux personnes, c’est un grand honneur et un immense plaisir de travailler ici et ainsi. Je remercie mes professeurs et mes collègues de l’Ecole Bretonne d’Herboristerie - Cap Santé ainsi que tous les cueilleurs rencontrés depuis mon enfance et au gré des voyages pour leur passion et leur goût de la transmission. Enfin, je remercie tout particulièrement mes amie-s cueilleurs et cueillis en chemin : Lou, Phlaurian, Ophélie, Laurence, Marjorie, Patrick, Loïc, Anaïs... et Lucile Chapsal, cueilleuse de paysage de coeur, Enfin, je remercie tendrement mes parents pour m’avoir soutenue au gré de mes projets et des revirements de la vie et mon compagnon Thomas pour son soutien délicat et sans faille.

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cueillir le paysage au grand domaine de danne entre anjou et bretagne A première vue, c’est un vaste domaine assoupi aux allures sauvages, et pourtant ... Depuis 2017, l’ancienne ferme-modèle accueille une association de recherche en permaculture, 3 000 personnes viennent réveiller la clairière chaque été et un projet d’éco-hameau sommeille... Comment disposer les lieux à accueillir ces nouvelles pratiques ? Comment se saisir de ces initiatives pour entraîner un projet de paysage qui unit les entités du domaine et incarne ces utopies ? Et si une démarche inspirée de la cueillette permettait de révéler le Domaine et d’insuffler une nouvelle orientation paysagère, comme une promesse d’abondance pour l’avenir ?


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