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L’identification sur Internet facilitée
L’accord soumis au vote en mars profitera à tous les signataires. Pour que la Suisse obtienne notamment, à terme, une suppression des droits de douane pour 98 % de ses produits, elle a accordé à l’Indonésie des réductions tarifaires sur l’huile de palme, mais en les conditionnant directement à des standards de durabilité. Cet accord tient ainsi compte des objectifs de développement durable de l’ONU (ODD) et favorise uniquement la production d’huile de palme certifiée durable, cela dans les limites d’un quota strict d’importation. Les réductions tarifaires seront en effet accordées uniquement sur des quantités limitées (contingent passant en cinq ans à 12 500 tonnes par an). Pour protéger notre agriculture, notamment celle du colza et du tournesol, l’importation d’huile de palme restera limitée et ne va donc pas croître suite à cet accord.
UN MARCHÉ AU POTENTIEL ÉLEVÉ
Si le débat public risque de se concentrer sur l’huile de palme, les enjeux et les questions réglés sont bien plus larges. L’huile de palme représente moins de 0,1 % du commerce bilatéral entre la Suisse et l’Indonésie ! Observons par exemple les secteurs manufacturiers suisses : pour ceux qui travaillent avec l’Indonésie, le taux de croissance est passé de 6 à 19 %. Quant aux investissements des entreprises suisses, ils ne cessent de croître sur ce marché. Et s’il faut s’armer de patience et de persévérance pour s’y implanter, le chemin en vaut la peine. Quelque 50 000 personnes sont aujourd’hui employées par des sociétés suisses sur place.
Pour Claude Sudan, directeur financier de DC SWISS SA – fabricant d’outils de filetage haut de gamme –, ce défi se révèle gagnant : « Aujourd’hui, l’Indonésie devient pour DC Swiss SA l’un des plus importants marchés du continent asiatique. Cependant, la pression sur les prix se fait de plus en plus forte, notamment face à la concurrence japonaise. Voir les taxes réduites grâce à l’accord de libre-échange négocié nous offrirait une meilleure compétitivité et des opportunités dans ce marché en forte croissance. C’est essentiel pour le développement de nos activités en Asie. » Pour cette entreprise du Jura bernois, qui compte plus de 60 distributeurs et partenaires technologiques dans le monde, l’Indonésie représente en effet des commandes fréquentes et des volumes importants.
UN SIGNAL QUI POSITIONNERA LA SUISSE
Les Suisses voteront sur un accord de libreéchange pour la première fois depuis 1972. Pour l’industrie et les entreprises exportatrices, le signal qui sera donné dans les urnes s’annonce important. Leur garantir un accès aux marchés étrangers s’avère évidemment nécessaire dans un contexte de concurrence mondialisée, mais d’autant plus crucial face à la crise actuelle qui met à mal leurs activités.
Plus d’infos sur le site du SECO : m https://bit.ly/3o5Sp29
La nouvelle loi fédérale sur les services d’identification électronique (LSIE), sur laquelle nous voterons le 7 mars, définit une procédure pour effectuer des achats ou obtenir des services sur la Toile de manière simple et sûre.
Pour faire ses emplettes ou obtenir des services en ligne, il est nécessaire de montrer patte blanche, souvent au moyen d’un identifiant et d’un mot de passe. En Suisse, cependant, aucune procédure de ce genre n’est encadrée par la loi ou ne fait l’objet d’une garantie fédérale quant à sa sécurité et sa fiabilité. C’est la raison pour laquelle Berne a mis sur pied une loi instaurant un système d’identification reconnu : l’e-ID. Un référendum ayant été demandé, le peuple votera sur cet objet le 7 mars 2021.
La LSIE, pour peu qu’elle passe l’écueil populaire, pose les bases juridiques d’une identité électronique reconnue par l’Etat. Le moment est indiscutablement opportun : de plus en plus de privés, d’autorités, d’associations ou d’entreprises entreprennent des démarches en ligne et ont besoin d’une identification infaillible sur Internet.
Cette loi promet de rendre l’identification sur le Web plus sûre et plus facile. Pour en garantir la fiabilité, elle se compose d’un ensemble de données personnelles vérifiées par l’État. Elle permettra aux entreprises et aux autorités de ne pas utiliser une infinité de logins, et de lutter contre l’usurpation d’identité et les fausses déclarations. La Suisse n’étant pas en avance dans le domaine de la cyberadministration, cette e-ID comblera une partie du retard accumulé dans ce domaine.
La Confédération va en confier la mise en œuvre technique à des fournisseurs, qui peuvent être des entreprises, des cantons ou des communes, et garantit la surveillance de leurs activités. L’acquisition d’une e-ID est facultative. Les personnes intéressées devront en faire la demande auprès d’un fournisseur reconnu par Berne. Celui-ci transmettra alors la demande à la Confédération, qui vérifie-
TEXTE JEAN-FRANÇOIS KRÄHENBÜHL JEAN-FRANCOIS.KRAHENBUHL@CVCI.CH PHOTO SHUTTERSTOCK
ra l’identité de la personne, puis autorisera l’émission de l’e-ID.
Dans un contexte de numérisation croissante, la nécessité d’une identité électronique ne fait aucun doute. Un rejet populaire retarderait le processus de plusieurs années et affaiblirait par conséquent notre place économique. Un oui à la LSIE s’impose à l’évidence.