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c’est dire aux start-up de s’installer ailleurs ! »
« L’initiative 99 %, c’est dire aux start-up de s’installer ailleurs ! »
La rengaine chère à la gauche est toujours la même: alléger les impôts sur les salaires des plus pauvres en imposant équitablement le capital des plus riches. Cette fois, la chanson s’intitule «Initiative 99%» et le peuple suisse tranchera le 26 septembre prochain. Explications des conséquences de cette proposition sur les start-up par David Weill, CEO de Primequal SA.
TEXTE ROMAINE NIDEGGER ROMAINE.NIDEGGER@CVCI.CH
Si elle devait être acceptée le 26 septembre prochain, l’initiative 99 % coulerait fatalement les PME qui tentent de sortir la tête de l’eau en cette période de crise. Taxer à 150 % le rendement en capital que pourrait dégager une start-up est doublement punitif. Non seulement parce que ces entrepreneurs verraient leur futur et hypothétique revenu en capital surtaxé massivement, mais aussi parce qu’ils se trouveraient face au manque d’intérêt des investisseurs.
Primequal produit des injecteurs de précision dose à dose, simples d’usage et jetables. Imaginée dans une cave, née d’une combinaison entre des technologies horlogères et des techniques médicales, cette invention intéresse les milieux médicaux, les pharmas, la chirurgie – y compris esthétique – et les vétérinaires. L’injecteur par clic, entièrement fabriqué en Suisse, est aujourd’hui breveté mondialement. De grandes multinationales le convoitent, toutes en quête de récupérer un concept « plus simple, plus sûr, plus rapide et moins cher » que l’offre actuelle. David Weill, qui, il y a dix ans, partait de rien et passait pour le « gars sympa du coin avec une bonne idée », nous explique pourquoi taxer le revenu en capital mettrait en difficulté le financement des start-up suisses, espoirs de réussite.
Quelles incidences l’initiative aurait-elle sur les créateurs d’entreprises?
Lors d’une levée de fonds, l’entrepreneur estime la valeur future de son entreprise pour que l’investisseur se projette financièrement lors de la vente de la société et voit un intérêt à verser un capital. Si l’initiative était acceptée, cette valeur serait taxée comme si la start-up faisait du rendement telle une PME normale. Sauf qu’une jeune pousse ne gagne rien dans ses premières années et est très souvent surendettée. Le financement obtenu doit servir à son développement et non à payer des impôts. C’est insensé… En aucun cas un créateur de start-up déciderait de s’installer en Suisse s’il devait être taxé ainsi. Il irait ailleurs, en France par exemple, pays qui serait ravi de l’accueillir avec ses idées innovantes. Notez que France-Innovation Santé 2030 a prévu 1,5 milliard d’euros pour soutenir l’investissement et relocaliser des industries de la santé.
Selon quels critères un business angel décide-t-il d’investir dans une jeune pousse?
Il recherche des conditions-cadres favorables à ceux qui veulent améliorer et faire avancer les choses. Les règles suisses en matière de taxation des entreprises ne doivent pas devenir absurdes ! Prenons l’Angleterre, lorsqu’un business angel finance une start-up, l’Etat lui garantit un abattement fiscal jusqu’à hauteur de 70 % de l’argent investi. Il allège son impôt sur le revenu et ne prélève rien sur les plus-values ni les bénéfices et en cas d’échec, il étend cet allègement sur le revenu (UK EIS).
Il s’agit de donner une réelle chance à un pays de se doter des meilleures entreprises, en incitant à l’investissement avec plus ou moins de risques. En Suisse, un business angel – décidé sur une base volontaire à financer une jeune société au futur incertain – verrait son potentiel revenu en capital se faire lourdement imposer sans contre-partie de l’Etat.
Doit-on redouter la fin des start-up en Suisse en cas de oui à l’initiative 99%?
L’échec de l’accord-cadre a mis un gros coup de canon dans les financements européens pour l’innovation en Suisse. Si on y ajoute une taxe supplémentaire, je ne sais pas ce que la Suisse fera des sociétés restantes. Pour le monde des start-up, il s’agira d’un enterrement définitif. Si l’initiative passe, quel intérêt y aura-t-il à monter une start-up en Suisse ou à y investir de l’argent ?
L’économie combat ce texte. Personnellement, pour quelles raisons principales allez-vous le rejeter?
En tant qu’entrepreneur, je sais que ce texte est un non-sens complet. Concentrons-nous à valoriser et améliorer notre capacité à créer une industrie plutôt qu’à prélever de l’argent auprès des riches et de la classe moyenne. A force, ils n’investiront plus dans notre pays, ne créeront ni emplois, ni revenus. L’ambition devrait être de proposer des conditions-cadres destinées à accélérer le développement des start-up. Taxer lourdement ne sert personne, au contraire. Le parcours d’une entreprise est éminemment difficile, parfois même violent. C’est dur de chercher de l’argent et de l‘investir au mieux en faveur du développement de la société. Les choses extraordinaires que veulent proposer les start-up peuvent rapporter énormément, raison pour laquelle certains Etats les priorisent. Encourageons-les aussi en Suisse !