berger_STG_Analyse_de_deux_immeubles_parisiens

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20 ateliers & logements d'artistes

16 logements PLI

115, rue de Flandre - 75019 Paris Patrick Berger - 1999

8-14, rue Gasnier Guy - 75020 Paris Simon + Galiano + Tenot - 1999

En approchant la rue de Flandre, large, bruyante, grise et troublée par un trafic intense, une sensation pesante et un peu étouffante s'est emparée de moi : effectivement nous sommes sur un boulevard urbain, l'axe majeur du quartier comme il m'avait été présenté. Sa typologie particulière avec au sud un bâti linéaire et traditionnel et au nord une implantation moins stricte ponctuée d'opérations plus contemporaines ne cherchant pas toujours à s'intégrer au tissu urbain, offre une dimension particulière: une variation d'échelles et de rythmes peut -être inhabituelle pour nos villes historiques. J'avais lu dans AMC que le terre plein central avait fait l'objet d'un travail particulier par l'agence Beri & Raguin afin de proposer une promenade plus agréable pour ses habitants. Il n'en est rien, la grisaille des revêtements, la minéralité un peu rude des sols et les plantations d'arbustes et arbres en cage n'offrent pas du tout cette respiration espérée au boulevard. Assises sur un banc, nous regardons cette végétation et continuons de subir le trafic et les émanations des gaz d'échappement : le café est terminé, j'ai déjà envie de partir pour m'enfoncer dans cette ruelle adjacente plus calme. Le projet de Patrick Berger, malgré sa couleur blanche salie par le temps reste fort grâce à la simplicité de lecture de ses lignes et offre quant à lui cette respiration inespérée au boulevard. Nous faisons face à un bâti simple sans fioritures, un rythme limpide et singulier qui détache l'immeuble de la complexité de ces multiples façades submergeant le boulevard. Intelligible dans cette confusion, le volume est sobre et clair. La ponctuation soignée de ses hautes et fines ouvertures participe elle aussi à l'allègement de ce bloc rectangulaire qui pourrait pourtant inspirer la massivité. Je fais le tour du bâtiment, les deux accès sur rue avec leurs portes se fondant dans la hauteur complète du RDC restent fermées. La forteresse défraîchie me ferme la porte au nez. N'ayant eut accès à l'intérieur je ne suis pas en mesure d'approfondir objectivement ni sensiblement l'analyse de son fonctionnement et de ses aménagements. C'est en traversant le petit parc de la rue Sorbier, que j'ai eu un premier aperçu de l'immeuble d'habitation de la rue Gasnier Guy. A travers les arbres, le dernier niveau, reprenant l'écriture des attiques parisiens se dévoile par ses couleurs anthracite et marron au milieu du vert tendre des feuillages et le rose des fleurs, et me propose une lecture inversée de son architecture : du haut vers le bas. En me rapprochant, de l'opération de logement menée par S+T+G, j'ai été agréablement surprise puisque l'immeuble m'apparut plus beau que ce que j'avais pu imaginer lors de mon analyse. Subtil et délicat, hiérarchisé par ces décrochés réguliers le projet s'intègre tout à fait à son environnement. Les décrochés de niveaux intrinsèques à la pente concordent parfaitement avec les immeubles existants qui lui sont mitoyens. L'habile suggestion de découpe du bâti en quatre entités offre un rythme régulier en accord avec celui pré-existant (historique) de la rue et de son parcellaire. Le nouvel immeuble tisse réellement le lien avec ses voisins, et souligne la fuyante de la rue. Le degré de la pente est respecté, la fusion entre contemporain et la typologie faubourienne est assurée. A la lecture des plans d'étages, j'ai trouvé particulière l'ampleur et la longueur affectée aux accès des appartements. Une chose évidente m'avait échappée, afin de gérer le dénivelé les appartements sont desservis par demi-niveaux. Sensée et agréable, cette interruption et reprise d'enmmarchements évite l'essouflement tout en répondant de façon astucieuse à l'éxistence de la pente. Livrés la même année, ces deux immeubles d'habitations ont une écriture similaire. La blancheur de leurs enduits, le bois chaud utilisé pour les menuiseries et le zinc mate de leurs couvertures les parent d'une colorimétrie identique. Le rythme régulier des ouvertures, l'attention portée au dessin des fenêtres et la gestion du dernier niveau comme un attique, laissent transparaître l'influence qu'a pu avoir Patrick Berger sur le projet du collectif S+T+G.

dalila midoun – retour sur les visites à paris – atelier a.fontaine – 06 04 2014


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