Le Digital Post n°50

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22 /04/11


Le mot de la semaine Chers amis lecteurs, Voici le numéro du printemps. Voici le temps du réchauffement dans l’hémisphère nord et voilà Dame Nature qui nous couvre de ses bienfaits. Et voilà une jeune asperge qui crève la croûte de mousse que l’hiver avait oubliée là. Et ici, n’est-ce pas le martin-pêcheur à l’approche du rut qui se gargarise l’œsophage de jeunes larves tandis que la femelle, besogneuse, résignée, construit en bougonnant ce qui sera l’abri de sa descendance ? Si nous savions lire dans le regard d’une femelle martin-pêcheur, nous y lirions sûrement des reproches. Eh, oui, ainsi va la vie des espèces. Ahh, qu’il est beau ce regain, où tout bourgeonne, s’échauffe et se prépare à la belle saison tant attendue. La belette, elle, s’est réveillée plus tôt que les lapereaux, on la comprend mais le résultat est tragique. Tragique mais logique : 2 morts et un disparu. Mais oublions vite ces tristes nouvelles. Rappelons au passage que le lapin se reproduit quasiment 3 fois plus que la belette, et que donc, par conséquent, il faut bien que quelqu’un s’occupe de tout ce qui est régulation… Au sommaire en page 14, les règles pour se constituer un jardin ouvrier dans une cour d’immeuble et les tout derniers modèles de caméra infrarouge pour surveiller les légumes la nuit. Vous découvrirez dans le deuxième cahier le témoignage saisissant de ce jeune lapon qui avait acheté sur Ebay un Macintosh dont le rechargement solaire fut de fait déficient durant la nuit polaire, s’en suit un abracadabrantesque procès où semble-t-il le pot de fer risque d’écraser le jeune lapon si nous ne l’aidons pas. Connectez vous. Enfin le dossier du mois à l’approche de l’été, véritable remise en question du business digital dans les mois solaires, avec une rubrique et un classement des meilleurs écrans pour lire au soleil, sachant que le meilleur d’origine coréenne décroche péniblement un 2,7/20. Toujours dans ce grand dossier de l’été une étude « être digitalisé à la plage » où on se rend bien compte de la difficulté de rester en veille sur le net quand on est dans les bras d’une très jolie fille à la peau cuivrée sentant bon le monoï, le tout sur la plage arrière d’un bateau un Campari glace dans la main, éventuellement un pippermint soda, le tout noyé dans un flot de Temptations ou de Marvin Gaye. Et le constat attristant voire alarmiste des sociologues qui tous s’accordent à dire qu’il n’est pas facile de faire buzzer ou de faire liker dans ces moments là. Enfin, en page 64, notre désormais culte « digital quizz » avec dans ce numéro un questionnaire passionnant : êtes vous intéressant sur Facebook ? saoulez vous vos amis ? Ont-ils le courage de vous le dire ? Ce que vous likez est il toujours déterminant ? Et dans cette nouvelle édition du Digital Post, quelques bons articles de notre rédaction qui élèvent heureusement le niveau et confirment ce que nous pensons tous, le digital c’est génial, c’est astucieux et c’est utile. Nous ne sommes pas prêts d’en voir le bout, surtout avec un œil sur le Campari et sur la personne qui est en face. Bertrand Suchet, Président, DDB°


“on en parle” Le « eG8 », une gouvernance pour Internet ? NDLR : Le 24 et 25 mai prochains se tiendra à Paris le premier forum international consacré à Internet. Décidé par Nicolas Sarkozy en vue de préparer le « vrai » G8 de Deauville, il rassemblera des personnalités du web, comme Eric Schmidt (Google), Jeff Bezos (Amazon), Jimmy Wales de Wikipedia ou encore Xavier Niel, Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon côté français. Le but ? Nourrir la réflexion des chefs d’Etat sur divers enjeux numériques, comme l’impact des nouvelles technologies sur la croissance, la cybercriminalité, le droit d’auteur, le cloud computing… Fréderic Lefebvre : « Il est temps que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde. » « Bonne nouvelle ! Enfin, on prend conscience que le digital est un véritable enjeu politique, qui nécessite une réflexion globale de fond et une législation particulière. » « Quand on pense aux lois Dadvsi, Hadopi et Loppsi2, on peut craindre le pire... surtout lorsqu’ils parlent de créer un « Internet civilisé »! Espérons que la rencontre avec les acteurs du Web éclairera la lanterne de nos politiques… » « Une parodie du club Le Siècle ! Comme si la régulation du digital allait se mettre en place à coup de déjeuners people… »


la bonne idée Tous égaux devant l’ego

Le contexte : La plupart des marques de voitures surinvestissent aujourd’hui le digital pour assurer la notoriété de leurs nouveaux modèles : il est devenu difficile de faire entendre sa voix au milieu d’un brouhaha qui confine parfois au matraquage… La problématique : Comment convaincre la cible de Volkswagen aux Pays-Bas que la nouvelle Passat est la voiture qui leur correspond ? L’insight : « Au fond, si j’achète une voiture, ce n’est pas pour rouler, c’est plutôt pour frimer. Ma bagnole, c’est le signal social de ma réussite : le reflet de mon ego. » L’idée : LinkedUit est un mini-jeu qui prend la forme d’un combat de « grosses têtes » sur LinkedIn. Choisissez l’un de vos contacts sur le réseau social professionnel pour un match qui vous confrontera via les signes de votre réussite : écoles fréquentées, nombre de contacts, de recommandations… Une opération originale, qui choisit de délaisser les réseaux en vogue (Twitter ou Facebook) au profit d’un point de contact moins utilisé, mais qui correspond parfaitement à la cible : des cadres trentenaires, en pleine ascension professionnelle et capables de débourser 25 000 euros pour une nouvelle voiture ! Les moins : L’application n’existe pour l’instant qu’en néérlendais. S’il est intéressant d’avoir osé lancer l’application sur LinkedIn, on peut se demander si les utilisateurs du réseau se prêteront au jeu, ou considéreront au contraire qu’il n’est pas adapté à un réseau qui demeure encore assez formel. Le site : http://www.linkeduit.nl/


la moins bonne idée Greenwashing Pour le lancement de sa nouvelle gamme bio, DOP a voulu démontrer à quel point elle était une marque soucieuse de l’environnement et de la nature. Mais il en ressort une grande impression de greenwashing. Pour soutenir ce lancement produit, DOP propose sur un site internet dédié d’adopter un déchet. Pour cela, il suffit de donner un nom à un déchet trouvé sur une plage, de le partager sur Facebook et en échange DOP promet de reverser une somme à une association qui lutte en faveur de la protection de l’environnement. Mais le problème est que cette adoption virtuelle est très anecdotique. Le nom de l’opération fait écho à des opérations qui ont buzzé comme « adopte un mec», l’humour est très limite et la production pas à la hauteur. L’internaute n’est pas invité à s’engager mais juste à cliquer et à partager. En regardant le détail de l’opération, on découvre que DOP promet de reverser 5€ par kilo de déchets adoptés dans la limite de 5000€, parce qu’il ne faut pas trop donner non plus. Et la cause soutenue semble être un canular : la propreté des plages de l’Ile d’Oléron. Non pas qu’on doute de la nécessité de nettoyer les plages de l’Ile d’Oléron, mais il y a sûrement des combats plus critiques. Un dispositif qui fait d’une promesse environnementale un prétexte marketing. Gloups. Le site : http://bit.ly/i4JOB7


à découvrir La collaboration digitale, paradigme de la post modernité ? Le sociologue Michel Maffesoli vient de publier son dernier ouvrage : La crise est dans nos têtes. Loin de céder au déclinisme ambiant et au penchant généralisé pour l’autoflagellation, il comprend la crise actuelle au sens étymologique du grec Krisis : le moment charnière qui exige de prendre une décision, de trancher afin d’évoluer. Cette transformation que Maffesoli appelle de ses vœux, il semble l’avoir déjà décelé dans les comportements modernes des digital natives, comme si les problématiques soulevées par le numérique étaient également au cœur d’un changement de société. Pour le sociologue, l’heure est en effet à l’avènement d’un monde nouveau où “l’horizontalité remplace la verticalité” ; où la loi des frères, qui s’amorce dans la cyberculture, se substitue à la loi des Pères. Autant dire que la hiérarchie se délite au profit du collaboratif. Alors que la valeur travail est au cœur de la modernité, c’est la capacité créatrice qui sera la moteur de la culture postmoderne. On délaisse « le pacte rationnel » (notamment le Contrat Social cher à Rousseau) au profit de la « séduction émotionnelle » : l’idée selon laquelle les marques qui sauront s’identifier à des valeurs et à un « big ideal » sortiront gagnantes de la crise semble, une fois de plus, validée.


le digital est partout C’est arrivé près de chez vous Au Royaume-Uni, un mashup entre Foursquare et les données publiques de Police.uk a donné naissance à une application surprenante : Fearsquare. Utilisant l’interface du fameux réseau social de géo-localisation, elle y applique les statistiques criminelles relevées durant le mois précédent par les forces de police. Ainsi, on peut découvrir via un check-in dans notre café préféré qu’un crime atroce y a été commis il y a à peine quelques jours… Le but de cette initiative n’est pas seulement de satisfaire notre curiosité morbide, mais également d’œuvrer pour la recherche scientifique. En effet, c’est le Lincoln Social Computing Research Center qui est à l’origine du projet. Les chercheurs ont ainsi l’intention de déterminer si la connaissance de ces données va influer ou non sur votre comportement : allez-vous renoncer à vous rendre à la banque en bas de chez vous lorsque vous saurez qu’elle a été la cible de plusieurs braquages au cours des dernières semaines? Une appli innovante qui a peu de chance de voir le jour en France, car les données hyperlocalisées des crimes et délits ne sont pas disponibles. Il y a également, sans doute, une rétience à l’idée d’encourager une société de la peur et de la surveillance permanente, avec en contre-modèle les Etats-Unis, qui proposent depuis longtemps déjà des sites de référencement des délinquants sexuels, noms, photos et adresses à l’appui… Le site : http://bit.ly/fslincoln


Les marques agissent Réconciliation ? Les relations entre les agences de communication et la plate-forme sociale Facebook étaient assez tendues. En effet, Facebook ne se privait pas de changer les conditions générales d’utilisation quand bon lui semblait, de fermer des pages ou des applications sans prévenir la marque (n’est-ce pas Kiabi ou le Petit Marseillais?). Mais le réseau social a bien compris l’importance des agences de communication et tente donc de recoller les morceaux grâce à un site internet qui met en valeur les bonnes pratiques à adopter... Ce site permet aux agences de création de partager leurs idées, les commenter et apprendre des expériences concurrentes. Si l’entreprise est louable et le début d’ouverture de Facebook salué, Facebook Studio risque de devenir juste un lieu où les agences montrent leur business cases réussis plutôt qu’un vrai lieu d’échange et de coopération... Le site : http://www.facebook-studio.com/


le www. de la semaine Canevas

Parmi les bloggers stars, vous connaissez sûrement Yvan Rodic aka FaceHunter qui prend en photo dans la rue des personnes avec un vrai look. Son blog cartonne et lui permet de voyager tout autour du monde pour photographier toujours plus de hipsters. On peut légitimement se demander quel est l’avenir de ces bloggers stars et comment vont-ils tenir dans la durée sans s’épuiser. Quand d’autres travaillent pour des grands médias (comme The Sartorialist), Yvan Rodic se transforme lui-même en marque média grâce à son nouveau site internet très beau et très épuré. Le site est conçu comme son carnet de voyage dans lequel il relate ses différentes étapes et ses découvertes. La démarche est intéressante : en passant du format blog plus personnel au format site internet plus institutionnel, Yvan Rodic se vend comme une marque. Le site : http://yvanrodic.com Le blog : http://facehunter.blogspot.com


la vidéo culte Les mots et les choses On peut être geek et artiste. Le digital amène de nouvelles formes de créativité et d’expérimentations qui repoussent les frontières de l’art. Le travail de l’artiste Kenneth Goldsmith explore les limites du langage et sa nouvelle matérialité. En effet, le digital qui est une nouvelle forme de langage (le code) donne aux mots un pouvoir au-delà de leur signication. Les mots deviennent ainsi la matière première de créations originales. Pour Kenneth Goldsmith, l’écriture à l’heure du digital a changé profondément de nature. Alors qu’elle était originalité et expression, elle devient maintenant manipulation et mélange. Dans cette vidéo, Kenneth Goldsmith démontre la puissance des mots sur une image. La vidéo : http://vimeo.com/22313763


incroyable

600 000 C’est le nombre de fans de la page facebook “Défendons la liberté de Skyrock” une semaine après sa création... Une mobilisation qui a de quoi faire reculer l’actionnaire majoritaire Axa. Un médiateur a donc été nommé pour calmer les tensions survenues après le limogeage de Pierre bellanger.


news du monde digital _ Flipboard se renforce_

La start-up américaine Flipboard, à l’origine de l’application Ipad du même nom, viendrait de boucler une levée de fonds de 50 millions de dollars, étant ainsi valorisée 200 millions de dollars, d’après le site spécialisé All Things Digital. Un signe de confiance de la part des investisseurs, face à la montée du concurrent canadien Zite. _ Priceminister s’étend_

Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur du site Priceminister.com, travaille au développement du site d’achat et de vente entre particuliers, d’abord en GrandeBretagne pour septembre puis en Allemagne pour la fin de l’année. _ Yahoo continue à plonger_

C’est en tout cas ce que laissent penser les résultats du premier trimestre 2011, avec une baisse de 28 % sur un an pour les bénéfices nets et une baisse de 24 % sur la même période pour le chiffre d’affaires.

_ Google se positionne dans la guerre des formats_

YouTube a annoncé que toutes les nouvelles vidéos chargées sur son site seront automatiquement converties au format ouvert WebM. Apple et Microsoft supportent pour leur part le H.264, un codec propriétaire, qui fait l’objet de licences. Dans son communiqué, Google annonce toutefois qu’il continuera “à supporter le H.264, comme un important codec pour la vidéo sur Youtube”. Avec plus de deux milliards de vidéos vues par jour sur Youtube, Google dispose à terme d’un important levier pour tenter d’imposer le format WebM.


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