Donner cours de religion catholique
Henri DerrOiTTe
C
omment s’approprier et exploiter le Programme du cours de religion catholique ?
Suivant de près la structure et le plan du Programme, le présent ouvrage a pour objectif d’en faciliter la lecture, d’en dégager les accents majeurs et de faire valoir ses finalités. Chaque chapitre de l’ouvrage suit la même logique : • une présentation et une mise en perspective de ce que prescrit le Programme, • une série de questions permettant d’approfondir la réflexion, • des conseils bibliographiques • des textes supplémentaires pour aller plus loin encore dans l’étude de la question envisagée. Ce cheminement permettra à chacun de faire un véritable travail d’appropriation personnelle. Pour les professeurs et futurs professeurs de religion catholique.
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
Pédagogie générale Sciences & mathématiques Sciences humaines Ouvertures
www.deboeck.com
Donner cours de religion catholique
Comprendre le Programme du secondaire
Donner cours de religion catholique Comprendre le Programme du secondaire
lumen vitae ISBN 978-2-8041-2329-1
DOCORE
DOCORE-cov.indd 1
ISBN 978-2-87324-376-0
lumen vitae 10/09/09 9:29:56
Sommaire ★
Introduction
5
Partie I Le Programme du cours de religion catholique 9 Chapitre 1
Un peu d’histoire
11
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
20
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
21
➤➤ Texte
22
Chapitre 2
Pourquoi un Programme en 2003 ?
25
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
35
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
35
➤➤ Textes
35
Chapitre 3
Les deux préfaces
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
37
40
217
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
40
➤➤ Texte
41
Partie II Mise en œuvre du Programme
43
Chapitre 4
45
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
47
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
48
➤➤ Texte
49
Chapitre 5
–Donner cours de religion
Une discipline scolaire à part entière
51
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
53
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
53
➤➤ Textes
53
Chapitre 6
218
Un cours à l’école
Un cours confessionnel
55
➤➤ La confessionnalité, c’est quoi ?
56
➤➤ Conséquences pour les élèves
57
➤➤ Conséquences pour les enseignants
58
➤➤ Légitimité d’un cours de religion confessionnel en Belgique
60
➤➤ Pérennité de cette option
63
➤➤ La recherche sur l’enseignement religieux à l’école
64
➤➤ Des prises de position issues du monde chrétien lui-même
65
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
68
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
69
➤➤ Textes
69
Chapitre 7
Une vision de la personne
77
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
80
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
80
➤➤ Textes
81
Les finalités du cours de religion
83
➤➤ La recherche de sens
85
➤➤ La notion de sens
86
➤➤ Implications et défis pour le cours de religion
90
➤➤ Le processus d’articulation et/ou de confrontation
95
➤➤ Premier niveau de compréhension
96
➤➤ Deuxième niveau de compréhension
97
➤➤ Troisième niveau de compréhension
100
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
102
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
102
➤➤ Textes
103
Chapitre 9
La dynamique du cours de religion catholique 105
➤➤ Racines
106
➤➤ Tronc
109
➤➤ Feuillages
109
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
111
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
112
➤➤ Texte
112
Chapitre 10
Parler de compétences au cours de religion
115
➤➤ Le travail fait pour le primaire
115
➤➤ Les versions intermédiaires du Programme
116
➤➤ L’influence québécoise
118
➤➤ Le concept de compétence tel qu’il est travaillé en Belgique
121
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
123
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
124
➤➤ Texte
124
Chapitre 11
Les compétences terminales
➤➤ Première compétence terminale
127
127
Sommaire
Chapitre 8
219
➤➤ Les précisions nécessaires
128
➤➤ Deuxième compétence terminale
130
➤➤ Les précisions nécessaires
130
➤➤ Troisième compétence terminale
132
➤➤ Les précisions nécessaires
132
➤➤ Quatrième compétence terminale
135
➤➤ Les précisions nécessaires
135
➤➤ Cinquième compétence terminale
137
➤➤ Les précisions nécessaires
137
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
139
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
140
➤➤ Texte
140
Chapitre 12
–Donner cours de religion
143
➤➤ Deux précautions de départ
143
➤➤ L’avis des rédacteurs du Programme
145
➤➤ En comparaison avec le Programme du cours de religion protestante
147
➤➤ Quelques remarques généralistes sur les compétences disciplinaires
147
➤➤ Quelques conseils aux professeurs de religion
149
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
153
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
153
➤➤ Textes
154
Chapitre 13
220
Les compétences disciplinaires
Les compétences transversales
157
➤➤ Au départ, deux hésitations
157
➤➤ Une définition
159
➤➤ Les compétences transversales dans le Programme
159
➤➤ Leur importance pour le cours de religion
160
➤➤ Faut-il les évaluer ?
160
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
161
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
161
➤➤ Textes
162
Les principales ressources de foi chrétienne
163
➤➤ Quatre remarques préliminaires
164
➤➤ Présentation de l’analyse de Louis-Marie Chauvet
167
➤➤ Le schéma et son utilisation dans le Programme
170
➤➤ Ressources de la foi chrétienne à mettre en valeur au cours des degrés : Progressivité
173
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
174
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
174
➤➤ Textes
175
Chapitre 15
L’évaluation au cours de religion
177
➤➤ Ce que dit le Décret-Missions
179
➤➤ Ce que dit le Programme
180
➤➤ Trois tableaux pour bien comprendre l’évaluation
183
➤➤ Les cinq termes techniques des pp. 41-42 du Programme
185
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
191
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
191
➤➤ Textes
191
Chapitre 16
Recommandations pratiques sur le Programme 193
➤➤ Ce qu’il ne faut pas faire
194
➤➤ Ce qu’il faut bien comprendre (pour le réaliser en classe)
197
➤➤ Question pour y réfléchir seul ou en groupe
199
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
199
➤➤ Textes
200
Chapitre 17
Les thématiques
201
➤➤ Les dix thématiques
202
➤➤ Les dix thématiques à privilégier selon les tableaux des pp. 51-71
205
➤➤ Réflexions à distance
206
Sommaire
Chapitre 14
221
➤➤ Questions pour y réfléchir seul ou en groupe
209
➤➤ Bibliographie pour aller plus loin
210
➤➤ Texte
211
Chapitre 18
Conclusions
213
Introduction ★
Le travail que vous vous apprêtez à parcourir demande à vous être au préalable présenté. Il ne s’agit pas de vous tromper sur ce qu’il contient et sur ce qu’il ne contient pas. Il s’agit une présentation du Programme du cours de religion catholique de 2003 1 destiné aux établissements d’enseignement secondaire de Belgique francophone. C’est le même texte qui est utilisé dans les 1
Ministère de la Communauté française, Programme d’études du cours de religion catholique. Enseignement secondaire de plein exercice, Bruxelles, AGERS (Administration Générale de l’Enseignement et de la Recherche Scientifique), 2003 ; référence 236/2003/240 : Il peut être téléchargé librement à cette adresse : http ://www.restode.cfwb.be/pgres/programmes/secd1_1com.htm À noter que, dans la version téléchargeable, n’apparaissent pas deux schémas qui sont pourtant bien utiles à la compréhension (celui de l’arbre et la spirale des thématiques). Par contre, à cette adresse, les 2 schémas y ont été insérés : http ://www.eyn-mayim.be/1_Programme/Historique_programmes/Virlet_programme.html Une autre édition de ce texte existe : Programme de religion catholique. Enseignement secondaire. Humanités générales et technologiques. Humanités professionnelles et techniques, Bruxelles, Licap, 2003, référence éditoriale D/2003/0279/087, 170 p. Une deuxième édition, parue en 2008 sous la référence éditoriale D/2008/0279/006, organise le plan du même texte d’une manière différente. Nous suivons cette réédition de 2008 dans tout notre texte.
5
–Donner cours de religion
6
divers réseaux d’enseignement. La présentation qui est faite ici suppose le plus souvent que le lecteur puisse faire des va-et-vient entre le Programme lui-même et cette présentation : mieux vaut donc avoir à disposition les deux documents. Le plan de ce livre est presque exclusivement cadencé sur le plan du Programme lui-même. Il s’agit d’une présentation qui a été pensée d’abord à destination des professeurs de religion eux-mêmes et des étudiants qui se préparent actuellement à enseigner cette discipline scolaire. Elle a été conçue comme une présentation détaillée, faisant place à des analyses d’enjeux, à des rappels historiques, à des mises en perspective tantôt théologiques, tantôt pédagogiques. Il n’est pas ici question d’exprimer des commentaires, élogieux, critiques, voire sévères sur le document référentiel pour le cours de religion qu’est le Programme. Non que ce ne soit pas une démarche pertinente ! C’est rendre aussi service à un texte, fût-il un document officiel, que de lui assigner une lecture exigeante et libre qui permette de mettre en lumière d’éventuels traits à interroger de manière fondée ou encore de lui adresser après examen effectué avec acribie de justifiées louanges. Le but ici n’est pas d’utiliser les qualificatifs d’éloge ou de sévérité à propos de ce texte. Plus modestement, le point de départ de la démarche est aisé à résumer : voilà un document long, regorgeant d’options et de concepts précis, devenu par la volonté des responsables de l’enseignement religieux, le référentiel obligé pour tous les professeurs de religion de la partie francophone de Belgique. Il est donc à la fois nécessaire et responsable d’en faciliter la lecture, d’en dégager les accents majeurs, d’en faire valoir les finalités afin de permettre à chaque enseignant de s’y plonger et de s’y référer « en toute connaissance de cause ». La démarche qui a été suivie est la suivante : le plan de ce texte suit, étape par étape, le plan du Programme. Chaque chapitre de ce travail est lui-même construit selon une séquence identique : une présentation et une mise en perspective de ce que dit le Programme, une ou plusieurs questions permettant de prolonger la réflexion, seul ou en équipe d’enseignants, une sélection bibliographique de livres et/ ou d’articles sur le sujet traité et un choix de textes supplémentaires permettant d’aller encore plus avant dans l’étude de ladite question. On le voit, c’est une logique permettant un travail d’appropriation personnelle (ou en équipe d’enseignants, par exemple d’un même établissement scolaire) qui a présidé au style d’écriture et au choix de la méthode suivie.
Introduction
Ce texte a directement ou indirectement bénéficié des remarques entendues et échangées dans divers lieux. Je veux ici remercier mes étudiants d’agrégation en théologie de la Faculté de théologie de l’UCL, les maîtres de stages et collègues enseignants qui œuvrent à cet endroit à une formation initiale de qualité pour de futurs professeurs de religion, mais aussi les partenaires du Comité scientifique du CECAFOC-Religion, ceux des comités de pilotage des certificats universitaires en didactique de l’enseignement religieux (CDER et CDERA) ainsi que les inspecteurs de religion catholique de la Communauté française de Belgique.
7
Chapitre
6
Un cours confessionnel ★
Dans leur livre « Pensées neuves sur le cours de religion », les professeurs de Leuven Herman Lombaerts et Didier Pollefeyt, identifient cinq points de vue différents sur le statut de la religion. « Chacun d’eux s’appuie sur différentes sources, choisit des buts éducatifs différents, renvoie à une clé herméneutique différente et attend de l’enseignant qu’il présente un profil différent dans ses contacts avec les élèves » 1. Un groupe formé par le SEGEC à la suite du Congrès de l’enseignement catholique de 2002, identifiait quatre modèles permettant de décrire les finalités d’un enseignement religieux scolaire : cours non confessionnel de sciences des religions, cours non confessionnel de sciences des religions dans le cadre d’une
1
H. LOMBAERTS et D. POLLEFEYT, Pensées neuves sur le cours de religion (coll. Haubans, no 3), Bruxelles, Lumen Vitae, 2009.
55
recherche de sens, cours confessionnel dans le cadre d’une recherche de sens, cours confessionnel de type catéchétique (ce 4e modèle étant d’emblée récusé) 2. Le Programme de 2003 fait explicitement le choix de la confessionnalité : le cours est confessionnel, « il se réfère à la foi chrétienne, dans la tradition catholique » (p. 8). Nous essaierons d’abord de bien comprendre la portée de ce terme, nous verrons ensuite les conséquences de ce positionnement pour les élèves et pour les professeurs de religion, nous chercherons à comprendre comment on peut légitimer ce choix confessionnel, nous nous questionnerons enfin sur la pérennité de cette option.
La confessionnalité, c’est quoi ?
–Donner cours de religion
Selon deux expressions qui ont fait florès en Belgique francophone, on peut dire qu’un cours de religion confessionnel a pour ambition de rendre le christianisme désirable (A. Fossion), en ouvrant la plausibilité (A. Beauduin) du fait chrétien à l’intelligence et à l’interrogation des élèves 3. C’est dire que le cours n’adopte pas une posture de complète neutralité, en prenant parti, pour aucune religion ou philosophie. Il se présente clairement comme enraciné dans la mémoire, dans la référence au christianisme. Cette position n’est évidemment en aucune manière synonyme d’obscurantisme, ni de repli identitaire, elle ne cache pas une volonté plus ou moins consciente d’embrigadement et d’endoctrinement. Le but du cours de religion n’est pas de se servir du prestige scolaire pour exercer de façon éhontée une quelconque pression sur des esprits fragiles des adolescentes et des adolescents.
56
2 Groupe sens, Le cours de religion catholique dans l’enseignement secondaire. Déploiement des orientations du Programme. Essai de typologie, juin 2004, pp. 13-20. Ce texte peut être téléchargé gratuitement à cette adresse : http ://www.segec.be/Documents/ Fesec/Secteurs/religion/Sens4.pdf. 3 L’expression « christianisme désirable » a été longuement exposée par A. FOSSION dans sa contribution : Rendre le christianisme désirable. Un défi pour l’enseignement religieux, dans A. JOIN-LAMBERT (dir.), Enseignement de la religion et expérience spirituelle (coll. Haubans, no 2), Bruxelles, Lumen Vitae, 2007, pp. 11-32 ; l’ouverture à la « plausibilité » a été évoquée par A. BEAUDUIN lors de son allocution finale du Congrès de l’enseignement catholique belge en 2002 : A. BEAUDUIN, Pour un après-Congrès. Le sens d’une démarche, dans Actes du Congrès de l’enseignement catholique, 11 et 12 octobre 2002, Bruxelles, SEGEC, 2002, p. 61).
Affirmer la confessionnalité d’un cours de religion au xxie siècle implique qu’un fil rouge déontologique rigoureux doit immédiatement accompagner l’affirmation.
•• Un
cours confessionnel est un cours qui reste travaillé par des questions ;
•• Un
cours confessionnel regarde avec estime les autres traditions philosophiques et religieuses ;
•• Un
cours confessionnel ne se permet pas de dénigrer les autres traditions humanistes ;
•• Un cours confessionnel n’impose à aucun élève le devoir d’affirmer en public ses propres convictions ;
•• Un cours confessionnel ne se transforme pas en un lieu de catéchèse, ni en un lieu de prière ou de célébration, ni encore en un lieu d’engagement social chrétien.
Les élèves qui suivent les cours de religion, quel que soit le réseau qu’ils fréquentent, ont des positions individuelles bien diverses à propos de la foi chrétienne. Il est donc important de dire d’emblée qu’un cours confessionnel, dans l’esprit du Programme, ne présuppose pas la foi des élèves, il ne l’impose pas, il ne l’évalue pas non plus. Il a pour ambition de présenter l’éclairage de la foi chrétienne sur diverses grandes questions qui traversent les pensées de nos contemporains, en particulier des jeunes de nos régions, de notre temps. Dans la classe de religion, on peut penser que certains élèves sont déjà chrétiens, baptisés, lecteurs des Évangiles, pratiquants, insérés dans des communautés chrétiennes. Pour eux, le cours de religion peut avoir comme effet de venir donner des assises intellectuelles à une démarche spirituelle et croyante déjà vécue. Il peut en ce sens nourrir leur foi déjà vivante, l’aider à mûrir. Il leur permet aussi d’apprendre à penser le christianisme et son interprétation dans le dialogue avec d’autres courants de pensée (représentés par des opinions différentes d’élèves et par l’étude accompagnée de documents d’origines variées). Qu’un cours de religion catholique soutienne dans leur foi les élèves qui sont déjà catholiques est un objectif somme toute bien logique.
Chapitre 6 Un cours confessionnel
Conséquences pour les élèves
57
Dans la classe de religion, il peut y avoir aussi des élèves qui confessent une autre religion ou qui affirment en pleine conscience leur athéisme. Le cas de classes du cours de religion dans le réseau libre où la grande majorité des élèves se réclame de l’islam est connu et relativement fréquent dans certaines de nos grandes villes. Là le cours de religion confessionnel n’a bien sûr pas comme agenda ou comme finalité de mettre en péril ces convictions d’élèves, il ne sert pas à décrier, il n’a pas pour vocation non plus de se transformer en une constante apologétique du christianisme. Il a pour mission de faire connaître la structure, l’intelligence du christianisme tel qu’il est vu, vécu et célébré par les chrétiens eux-mêmes et non par le biais de ce qu’en dit l’islam lui-même par exemple 4. Il privilégiera certainement l’acquisition de compétences disciplinaires en lien avec la pratique du dialogue interconvictionnel, il ne tombera pas dans le piège du syncrétisme ou dans celui des replis communautaires. Sur les bancs du cours de religion, il y a encore tous ces élèves dont on ne peut pas savoir leurs choix en matière philosophique et religieuse : élèves indifférents à ces questions, élèves en recherche, élèves sans stabilité sur ces sujets. Le cours de religion se présente à tous ceux-là en respectant leur jardin secret, en invitant chacun à prendre connaissance des données du christianisme afin de rendre possible, en toute liberté, un éventuel positionnement existentiel personnel. Sans les contrôler, le cours confessionnel ira jusqu’à proposer à chacun un temps d’appropriation, invitant à se poser la question de la pertinence de ce qui aura été dit, travaillé, discuté, comparé, exposé pour une construction de sens du jeune.
–Donner cours de religion
Conséquences pour les enseignants
58
Il y a des conséquences de cette option confessionnelle pour les enseignants eux-mêmes. Par souci de clarté, nous les distinguons et les résumons brièvement. Commençons par une anecdote. Il y a quelques années, un professeur de religion, tout récemment diplômé, avait commencé son premier cours de l’année par cette phrase : « Que vous soyez chrétiens 4
Se reporter sur ce sujet au texte du SEGEC, Outils d’accompagnement du Programme de religion catholique pour les classes à forte population musulmane, Bruxelles, SEGEC, juin 2004 (à télécharger sur le site : http ://www.segec.be/congres/sens4.pdf) et aussi le texte du SEGEC – Secteur Religion, Note complémentaire au Programme de religion, Bruxelles, SEGEC, mai 2007, pp. 18-19 (à télécharger sur le site : http ://www.segec.be/Documents/ Fesec/Secteurs/religion/Note_complementaire_programme_reli %20080507.pdf).
5
Rencontre avec les étudiants de l’agrégation en théologie, Louvain-la-Neuve, 19 décembre 2007.
Chapitre 6 Un cours confessionnel
ou pas, je m’en fous complètement ! ». Cette formule maladroite avait vivement fait réagir les parents de plusieurs élèves et avait obligé la direction à recadrer les propos de l’enseignant néophyte. On comprend ce qu’il avait à l’esprit : « je respecterai équivalemment tous les élèves du groupe, je ne vous évaluerai pas sur vos convictions intimes, je n’exercerai pas de pression sur vous pour obtenir votre adhésion… » Mais l’effet produit était différent : les parents avaient entendu autre chose. Comment est-il possible de confier le cours de religion à quelqu’un qui ne croit guère en ce qu’il fait et n’espère pas intéresser ses élèves au christianisme ? Une première conséquence de la confessionnalité pour le professeur est qu’il est invité à se situer lui-même par rapport à la religion qu’il enseigne. Il est invité à avoir une cohérence et une authenticité. Est-il possible de donner un cours de religion confessionnel, tel que le Programme le définit sans être soi-même existentiellement impliqué par une profession de foi personnelle ? La réponse est dans la question ! Cela ne signifie pas que le professeur devra toujours coller à 100 % à toute déclaration pontificale, qu’il devra craindre comme la peste toute hésitation ou tout doute dans son cheminement spirituel, qu’il devra vivre moralement comme un saint. Mais, à l’entame de ce métier, au moment de choisir d’embrasser la carrière de professeur de religion catholique, il y a là une question de cohérence personnelle. Dans sa présentation devant les étudiants de la Faculté de théologie de l’UCL du concept de confessionnalité, un des rédacteurs du Programme, Mme Marie-Pierre Polis expliquait de la manière suivante les implications pour l’enseignant : il s’agira pour lui, disait-elle de « présenter le message chrétien d’une manière habitée, de sorte qu’il puisse faire sens, de le faire avec empathie » 5. Une deuxième conséquence pour le professeur sera liée à sa déontologie. On a déjà dit qu’il évitera tout embrigadement. Concrètement, cela signifie, par exemple, qu’il s’abstiendra de toute formule orale inclusive du type « nous qui sommes des chrétiens », « nous qui avons entendu dimanche dernier cet extrait de l’évangile de St Matthieu… ». Autre attention à avoir : dans la formulation des questions en vue d’une évaluation certificative, le professeur évitera d’avoir à juger et à noter sur base de questions mal formulées. Par exemple, il faut éviter à tout prix de poser une question qui fera l’objet d’une cotation
59