Mémoire, le projet urbain

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Le Cap Décennal : Reconsidération des méthodes et moyens de production en agence d’urbanisme

Le projet urbain : démarche unitaire - démarche incrémentale

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Préface Introduction Problématique I.1 Conception de Projet

I.1.a Le Projet urbain I.1.b La Description I.1.c La Conceptualisation I.1.d La Scénarisation I.1.e La Concrétisation I.1.f Processus et connaissance I.1.g L’accès au projet urbain I.2 Culture de Projet

I.2.a La culture de Projet I.2.b La méthode de travail I.2.c La théorisation et les concepts I.2.d Théorie et pratique II.1 Dispositifs de Projet

II.1.a Le dispositif II.1.b Les acteurs II.1.c Production / Conception II.1.d Entreprise et Organisation contractuelle II.2 Production de Projet

II.2.a Système productif II.2.b La Co-production II.2.c La participation II.2.d Évolution du projet urbain

III.3 Études de cas III.3.a Cornimont, Marckolsheim, Soutlz-sous-forets, Schiltigheim III.3.b Synthèse Conclusion


Architecture du mĂŠmoire

Culture de Projet

Conception de Projet

Dispositifs de Projet

Production de Projet



Préface

L’intérêt pour le sujet abordé dans le cadre d’un stage permettant de développer un sujet de recherche, naît d’une préoccupation sur les bouleversements en cours dans notre société. La révolution numérique modifie nos modes de faire, de penser et d’agir. L’étude se porte ici sur les modifications d’un champ professionnel de par l’évolution globale de notre société et de ses systèmes en place. Le sujet d’étude ne fait pas de parallèle direct entre révolution numérique et l’évolution du champ de l’urbanisme et de l’aménagement, mais s’intéresse à des processus en évolution qui modifient les pratiques et ouvrent de nouvelles perspectives. Elles prennent place au sein de ces deux questionnements dans la mise en réseau des acteurs et des enjeux qui y sont liés. Plus largement le réseau et l’étude des liens mis en jeux dans notre société en transformation deviennent un vaste champ d’exploration.



Introduction La pratique du métier d’architecte se trouve aujourd’hui dans un schéma de modification de l’exercice de la profession. Un certain nombre d’évolutions transforment la pratique. Elle se retrouve aujourd’hui instable et fragilise la structuration des agences d’architecture et d’urbanisme. Trois facteurs influent de manière prépondérante sur les conditions de travail. Le domaine de l’urbanisme n’étant pas régi au même titre que celui de l’architecture, une diversité d’acteurs tendent à s’approprier la pratique du projet urbain. « La transformation récente des conditions d’exercice exacerbe le conflit autour des savoirs, des compétences et des identités professionnelles. »1 Ce conflit s’exprime entre les métiers impliqués dans le projet urbain, chacun tentant de définir sa pratique. Architectes, aménageurs, paysagistes, géographes, ..., essayent de manifester leurs légitimités d’actions en développant leurs compétences d’aménagement du territoire. La production de l’espace fait actuellement face à une complexification de la norme due notamment aux prescriptions environnementales devenues obligatoires. Ceci engendre une pluralité d’acteurs intervenant dans les projets créant ainsi une paupérisation des métiers de l’urbanisme. De plus la législation réglemente fortement l’accès aux projets et impose des temporalités parfois contradictoires avec toutes les interventions nécessaires. « Cadre légal trop complexe, il y a contradiction avec la temporalité du politique. »2 Le projet urbain fait également face aux aléas de chaque intervenants et des changements possibles d’acteurs décisionnels au cours de son déroulé ne facilitant pas les prises de décisions. Les projets sont dans une difficulté de réalisation du fait de la modification des prises de pouvoirs dans les réformes voulues par l’état. « On assiste à une segmentation des projets par la logique de l’appel d’offre qui créer une perte de la maîtrise du processus. »3 La continuité des projets n’est plus assurée par une seule maîtrise d’œuvre. Cette perte de globalité fragilise les processus et rend le travail des urbanistes plus difficile car les libertés d’actions se trouvent de plus en plus contraintes. Ces trois conflits donnent la mesure du contexte dans lequel se trouve la pratique du projet urbain. C’est face à cette situation que l’agence Urbitat + à 1 MATTHEY, Laurent, Malaise dans la profession, les urbanistes suisses face aux transformations de leur métier, Métropolitiques, 14 janvier 2015 2 Ibid 3 Ibid

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souhaité mobiliser mon regard extérieur afin de posséder une vision neuve qui pourrais probablement faire avancer leur pratique. C’est en ce sens que la réflexion tente de porter un regard amenant une reconsidération des méthodes et moyens en agence d’urbanisme. Le projet urbain est aujourd’hui en mutation, une perte de repères se fait sentir et des écarts se creusent entre les disciplines. L’application des savoirs et des compétences de chaque acteur est remise en question ainsi que les identités professionnelles et les référents organisationnels établis. La difficulté de définition commune du projet urbain est l’objet d’étude du mémoire, il s’attache à comprendre les mécanismes et à définir le positionnement des démarches, plus spécifiquement du point de vue de l’architecte urbaniste. L’objectif général est de poser les bases d’une recherche par le projet qui est soit intégrée au projet, soit en décalage du projet.

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Problématique Démarche unitaire - démarche incrémentale Le projet urbain, une démarche unitaire d’un temps de projet, ou une démarche globale d’un procès d’élaboration dans un temps continu ?

Le projet urbain est-il une démarche unitaire qui se définit dans un temps donné et qui mobilise des méthodes, des moyens, des concepteurs, des acteurs dans une organisation définie du projet ? Le projet urbain apparaît ici comme un temps de réflexion, une situation qui met en relation des éléments spécifiques et des personnes, visant un but à atteindre par le bais de ce qui est mobilisé. Il suppose deux contextes : un contexte de processus de conception avec ses outils, ses démarches, ces concepts, ses théories, d’une part ; un contexte de dispositif opérationnel , avec ses acteurs, ses domaines de compétence, ses référents, son déroulé, d’autre part. Cette démarche unitaire permet de tirer des théories, des concepts, des procédés, qui viennent alimenter la réflexion au sein du domaine de l’architecture et de l’urbanisme. L’évolution se fait par le projet, ce qui permet d’être dans une réalité de la pratique et de se baser sur le retour d’expériences pour faire avancer les méthodes et les moyens. Ce mode de production permet de nourrir les objectifs individuels et collectifs et laisse place à des systèmes d’organisation divers, associés, collectifs, co-working, ... « [...] le projet d’innovation radicale ne peut surgir qu’à des moments exceptionnels qui impliquent pour se réaliser la conjonction de différentes opportunités [...] »1 La démarche unitaire regroupe les éléments nécessaires au projet urbain formant une unité de l’action, elle est un processus linéaire de situation, action, solution. Le projet urbain est-il une démarche globale qui se définit dans un temps continu et qui mobilise un véritable processus de projet, imaginant l’imbrication entre conception et théorie et entre dispositif et réalisation ? 1

BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition

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Le projet urbain apparaît ici comme une imbrication entre une démarche de projet plus théorique et une démarche de projet qui propose la mise en situation. Il suppose deux contextes : un contexte de processus de conception qui met en place la recherche-action, avec des procès d’élaboration spécifiques à mettre en place, d’une part ; un contexte de dispositif opérationnel qui met en place la co-production des acteurs, avec une complémentarité des compétences mieux gérées, d’autre part. Cette démarche globale permet une évolution des procès d’élaboration, une capacité d’invention. L’évolution se fait par les méthodes et moyens qui trouvent une application par le projet. L’intégration au processus de la réflexivité et du retour d’expérience est facilitée par des comparaisons simples entre les projets. C’est alors une co-construction entre pratique et théorie qui suppose de réfléchir au méthodes et moyens pour donner un écho au sein des projets mais aussi un champ d’ouverture plus large pour une productivité, une connaissance, et la transmission d’un bien commun. Ce mode de production suppose la continuité et une structure stable qui porte le procès d’élaboration en développant cette démarche globale qui intègre une réflexivité dans la construction même du projet urbain. « [...] le projet d’innovation incrémentale; celui-ci sans avouer son nom cherche néanmoins à faire entrer le changement intentionnel dans le moindre de nos gestes quotidiens. »2 La démarche incrémentale mobilise les éléments nécessaires au projet urbain formant une pluralité de l’action, elle est un processus circulaire de solution, action, situation. Ce dialogue s’inscrit dans un mode de fonctionnement contractuel pour l’architecte urbaniste qui répond à un commanditaire. Cette discussion entre projection unitaire et projection incrémentale vient interroger les relations entre public et privé, entre expertise et maîtrise d’ouvrage, entre système d’organisation de projet et système d’organisation d’entreprise. Les interactions entre ces systèmes et les liens qui en émergent sont l’objet d’étude et ouvrent la réflexion sur l’évolution du champ de l’urbanisme, de ses compétences, de ses moyens d’action. Comment se positionne l’architecte urbaniste face à ses désirs d’innovation et d’être un acteur de changement parfois étriqué dans le temps du projet ? Se pose alors le dialogue entre démarche unitaire et démarche incrémentale, et la place de celui-ci entre ces deux dimensions. 2 BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition

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Le questionnement est abordée dans le cadre d’une reconsidération des méthodes et moyens en agence d’urbanisme, chez Urbitat +. La démarche employée est celle de l’observation participante, pour une prise de distance et une immersion facilitée par le mode du stage. La dimension recherche et stage permet de comprendre la réalité des méthodes et moyens, de les nourrir par des ouvrages théoriques. Observation / théorisation L’analyse se base donc sur cette observation participante et par la contribution à des projets qui deviennent des cas d’études exprimés par une modélisation; mais aussi par la confrontation à la théorie qui touche les champs, de la conception, de la production, de l’organisation du dispositif opérationnel, de l’organisation d’entreprise, ... Elle permet l’analyse de la pratique d’agence, d’en révéler les points forts et points faibles, pour une réflexivité d’Urbitat + sur son devenir et les évolutions qu’elle doit mener dans ses méthodes et ses moyens pour un positionnement affirmé. Faut-il imaginer l’émergence de nouveaux processus d’élaboration ? Faut-il imaginer un nouveau modèle organisationnel ? Quelle place pour la productivité et la notion d’entreprise ? Le projet urbain qu’il soit unitaire d’un temps de projet ou un procès d’élaboration continu dans le temps mobilise une démarche de conception et un dispositif de réalisation. Ces deux éléments proposent donc de détailler dans un premier temps les méthodes de conception pour le projet urbain puis dans un second temps les moyens qu’il mobilise. Ils proposent une lecture conceptuelle et une lecture opérationnelle pour amener la discussion entre projet urbain d’une démarche unitaire ou d’une démarche incrémentale. Cette discussion se formalise sous deux aspects; celui de l’observation participante qui permet l’analyse et la réflexion sur des projets concrets nourrit par des lectures théoriques; celui de la prospective réflexive sur les liens mis en jeux entre théorie et pratique et entre conception et réalisation. - Comment conçoit-on un projet ? Qu’est ce que le lien entre conception et théorie apporte au projet urbain ? Qu’il soit une démarche unitaire d’un temps de projet ou une démarche incrémentale dans un temps continu. 13


- Comment réalise-t-on un projet ? Qu’est ce que le lien entre dispositif et réalisation apporte au projet urbain ? Qu’il soit une démarche unitaire d’un temps de projet ou une démarche incrémentale dans un temps continu. Le sujet portera sur les aspects constituant du projet urbain, il fait l’objet de lectures théoriques et d’études de cas, cette attitude nécessite de porter l’attention « [...] sur les conditions de production de l’espace urbain et les conditions d’élaboration du projet, mettre un égal accent sur la continuité et sur les ruptures, maintenir ouverte une inquiétude sur le savoir et le pouvoir de l’expert, inquiétude nécessaire au constant renouvellement d’une éthique du projet. »3 Ceci guide le fil du mémoire et synthétise les limites et le cadre conceptuel approché. Certaines parties abordées dans le mémoire sont pensées comme des entrées vers des sujets de réflexion plus larges qui viennent nourrir celles abordées ici.

3 TABOURET, René, Fondements du projet urbain : processus et enjeux, Recherche Expérimentation en Maîtrise d’œuvre Urbaine, École d’Architecture de Strasbourg, Strasbourg,1989, n°1

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Conception de Projet

Le projet urbain met en jeu des méthodes de conception qui se définissent par certaines étapes et certains outils le construisant. La méthode est une manière de conduire et d’exprimer sa pensée par l’intervention de savoirs. C’est un procédé d’investigation des enjeux poursuivi qui hiérarchise les données et les objectifs pour imaginer une projection possible. La méthode de conception du projet urbain propose de définir trois grands principes de structuration, la description, la scénarisation et la conceptualisation, pour arriver à la concrétisation. Il mobilise donc des outils, des concepts et des représentations. L’architecte urbaniste utilise ces méthodes afin de s’inscrire dans une pratique. Cette dernière permet de dépasser les rigidités propres à la méthodologie et à la théorie.

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Le Projet Urbain Le projet urbain se définit dans la profession d’architecte urbaniste comme le moyen d’agir sur la ville mettant en relation tous les acteurs concernés. Il réunit des compétences et des acteurs dans le but de produire un espace, de faire émerger des lieux. Cette construction de l’espace met en jeux des phénomènes sociaux, économiques, politiques convergeant pour produire l’espace trouvant alors une acceptation sociale. Il révèle des enjeux politiques, techniques et économiques. Il est alors possible de définir le projet urbain comme mode d’organisation. Il recouvre des acceptions diverses et des interprétations qui le définissent difficilement, des sens pluriels apparaissent selon le champ disciplinaire qui l’aborde. Le projet urbain est donc étudié dans sa pratique par les architectes urbanistes et son acception commune dans les champs disciplinaires de l’architecture, du paysage, de l’aménagement, et plus particulièrement de l’urbanisme. Nouvelle figure de l’urbanisme opérationnel. « Selon les différents dictionnaires du 20eme siècle, l’urbanisme est alternativement défini comme science, art et / ou technique de l’organisation spatiale des établissements humains. »1 Cette difficulté à définir l’urbanisme en discipline autonome, pousse à définir ses modes d’action. L’histoire moderne en France à vu apparaître plusieurs cas de figure pour l’intervention sur la ville depuis la planification urbaine, puis la planification stratégique, jusqu’au projet urbain terme commun qui aujourd’hui rassemble les acteurs de la ville et des territoires. Cette figure commune permet donc un rassemblement de toutes les notions et les actions nécessaires au projet de ville moderne qu’il nous est donné de construire. Un véritable mode opératoire apparu dans un renouvellement de la culture urbaine. Il est donc intéressant de saisir l’apparition du terme de projet urbain dans les champs disciplinaires l’utilisant et d’essayer de comprendre comment il s’est imposé comme un modèle d’action et comme une notion utilisée par tous les acteurs. « Le projet urbain a acquis dans les années 1980, un statut nouveau dans les interventions sur la ville. [...] l’évolution générale d’ordre juridique et la décentralisation des décision d’urbanisme au niveau des communes ont radicalement modifié les modalités de la planification urbaine. [...] (vers la) 1 CHOAY, Françoise, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Presses universitaire de france, Paris, 2009, définition du projet urbain par INGALLINA, Patrizia, et RONCAYOLO, Marcel

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méthode de la planification stratégique, dans laquelle le projet urbain occupe une place centrale. [...] l’évolution libérale de l’économie française, où les entreprises sont des acteurs essentiels, non seulement de la croissance économique, mais du développement urbain, sont aussi porteuses d’un modèle de gestion qu’on tend à appliquer à la ville. »2 Le projet urbain introduit alors une rupture avec les conceptions antérieurement établies et s’impose comme un courant de pensée dont le principal moteur est une culture de l’action urbaine. Cependant la complexité du projet urbain vis avis de toutes les notions et actions qu’il rassemble comprend des diversités de significations. « La terminologie en la matière n’est toujours pas fixée : les expressions ''projet de ville'' et ''projet urbain''' sont souvent utilisées indifféremment, y compris par les maires. Ce flou de la terminologie permet aussi aux responsables urbains d’échapper à une définition des actions qu’ils entendent mener. »3 Cette difficulté de définition commune de la notion de projet urbain suppose de comprendre les mécanismes qui le caractérise ainsi que le positionnement des acteurs s’engageant dans des démarches de projet. Or, si le projet urbain est un outil pour agir, qui permet d’être acteur de changement, il y a nécessité de le déterminer, ceci tant dans sa conception que dans sa production. Le temps de la conception s’articule avec le temps de la production. « Dans un projet urbain, il y a de nombreux problèmes techniques, parce qu’il mobilise plusieurs compétences d’aménagement, de construction, d’écologie. Cette multiplicité des techniques n’a de sens que si elle a une légitimation globale de nature politique. Le projet urbain comporte une série d’opérations emboîtées qui remontent au niveau décisionnel, chargé d’articuler acteurs intéressés, techniques mobilisées, compétences sollicitées. »4 Cette imbrication impose la définition des notions agissantes. La compréhension des modes d’approches et la mesure de leur évolutivité en cours permet de saisir l’évolution des pratiques et des cultures de l’action dans la conception. Un certain nombre d’entrées permettent la construction conceptuelle du projet, c’est ce que l’on appellera la méthode. Elle est sous influence d’une culture de projet véhiculée par un champ des savoirs que constitue l’architecture et l’urbanisme, construisant ainsi des théories et des pratiques particulières. 2 CHOAY, Françoise, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Presses universitaire de france, Paris, 2009, définition du projet urbain par INGALLINA, Patrizia, et RONCAYOLO, Marcel 3 Ibid 4 Ibid

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La première partie s’attache à définir la conception et les méthodes du projet urbain, leurs significations dans la démarche unitaire ou incrémentale, afin de saisir la culture de l’action par le projet urbain pratiqué chez les architectes urbanistes. Cette distinction de démarche apparaît face à des observations de postures différenciées. La démarche unitaire propose de s’intéresser au moment unique que constitue le projet. La démarche incrémentale propose de s’intéresser à une pratique globale qui s’applique dans des instants de projet.

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La Description « Vecteur entre les territoires physiques et les territoires conceptuels »1 La conception du projet urbain nécessite de saisir son pourquoi, ses motivations, et débute par la description d’un contexte. Elle commence par une compréhension intellectuelle des causes et des conséquences qui se rattachent au sujet et l’explique, puis se poursuit par une observation des éléments constitutifs d’une situation. La compréhension se base sur des éléments concrets et propose de les hiérarchiser, de les catégoriser pour en faire une lecture simple. « Comprendre est plus important que déduire; personne ne peut commencer de rien [...] »2 La description formalise la compréhension, c’est le point de départ du projet urbain. Elle découle notamment de l’analyse de site, de l’analyse cartographique, de l’analyse de données,... les résultats mobilisant des disciplines diverses. L’observation est alors un élément essentiel, pour construire un regard et offrir de la matière à partir de laquelle penser et agir. Elle permet de mettre en exergue certains éléments mais aussi d’exprimer une forme de sensibilité. L’observation constitue une « [...] image qui se situe à la frontière de l’interprétation et de la prévision [...]»3 Étant menée par des individualités elle laisse s’exprimer des lectures riches, influencées par les parcours, les formations, les intérêts, ... propres à chacun. La compréhension et l’observation font appel « [...] au passé, à l’histoire, à l’existant. »4 Elle ont recours à des éléments antérieures qui éclairent la situation présente. Ces éléments du passé sont réinterprétés et ce qui en est retenu permet une réappropriation intellectuelle et une transformation matérielle, se trouvant réinscrite dans la description de la situation donnée. Les éléments du passé permettent donc de construire un discours sur les problématiques actuelles, en y repérant des manières de faire, des actions, qui avaient déjà anticipées le sujet abordé aujourd’hui. « Tout acte de description est une tentative de reconstruction logique du monde et procède par, des déconstructions, des effacements, des

1 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble 2 Ibid 3 Ibid 4 TABOURET, René, Fondements du projet urbain : processus et enjeux, Recherche Expérimentation en Maitrise d’œuvre Urbaine, École d’Architecture de Strasbourg, Strasbourg, 1989, n°1

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mises en relief »5 Ces trois étapes sont un mode opératoire qui permet de mettre en avant des caractéristiques propre à chaque projet urbain. Celui-ci issu de la compréhension et de l’observation, se matérialise par l’utilisation d’outils afin de révéler les éléments concret d’une situation, d’un lieu, d’un contexte. La description à donc un fort rapport au lieu. La mobilisation d’outils qui, « [...] décrivent, c’est à dire qu’ils rendent visibles, perceptibles, évidentes, les irrégularités du monde et de son image [...] »6 est donc nécessaire. L’étude des situations de projet suppose une attitude de compréhension et d’observation concrétisée par les outils dans le but de poser les bases d’une transformation ou d’un nouveau devenir possible. « ''Quel que soit le futur engendré par une transformation, il conserve une quantité de passé qui dépasse toujours largement la mesure de la transformation.'' ( MARQUARD 1987 : 66 ) Ceci rend indispensable une soigneuse opération de relevé des lieux et de la société qui les habite, la lecture et l’interprétation des traces, des symptômes et des indices; elle requiert la mise en relation d’objets et de thèmes appartenant à des milieux disciplinaires divers dont le but est de projeter par le biais d’associations d’idées, de dévoilements. »7 Cette étape est essentielle pour poser les bases de projet, elle implique de proposer une lecture large de la situation permettant de révéler des éléments constitutifs important. La description, par son souci de globalité, fait intervenir des champs disciplinaires très divers, histoire, géographie, démographie, sociologie, ... L’appel de ces disciplines produit, au travers des outils, une connaissance du lieu, de son histoire, de ce qui le constitue. Cette dimension de production de connaissance interroge la description, est-elle seulement analytique ou estelle projectuelle ? C’est à dire qu’elle contient des prémisses de projet voir des éléments permettant de définir des objectifs à poursuivre. Les outils peuvent alors constituer une sorte de lecture propre à une agence et nourrir d’autres réflexions, projets, démarches. Ils peuvent par exemple constituer des banques de références ou des catalogues de données comparatives. Cette dialectique entre description analytique et projectuelle aborde les outils dans une démarche allant au delà du projet donné. Elle peut aussi constituer une posture entre description pour le projet ou description par le projet. Se rencontre alors les 5 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble 6 Ibid 7 Ibid

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étapes de la description et de la conceptualisation. La description oriente le projet mais les orientations du projet peuvent participer à la description des structures existantes, du paysage, ... Souligner une structuration spatiale. Le projet se base sur des outils de description et vient décrire le territoire. S’opère un passage entre les ''territoires physiques'' et les ''territoires conceptuels''. La description doit permettre dans sa finalité de proposer une vision du sujet d’étude, une lecture de la situation. L’enjeu de son mode opératoire est bien d’aller vers le projet et de permettre un passage de la réalité à une projection, une constitution de possibles. N’oublions pas que la description constitue à part entière un temps essentiel intervenant en premier dans la conception. Elle permet le passage vers des concepts se basant sur les données révélées. « L’analyse de situation nécessite qu’on lui consacre un certain temps dans la mesure où il va s’agir d’identifier dans l’espace et le temps les différents paramètres à partir desquels sera pensé et conçu le dit projet; [...] Elle vise à repérer les points forts de la situation, ses aspects positifs à côté de ses dysfonctionnement, de ses carences et de ses insuffisances. »8 Les situations dans leur complexité, entre point fort et point faible, vont alors faire appel à des concepts pour valoriser ou solutionner ceux-ci. Se constitue alors le temps de la conceptualisation. Quels sont les différents outils ? Des outils de description spécifiques mobilisent les champs disciplinaires et permettent une compréhension, une observation, une interprétation, une mise en relation, des éléments du contexte pour nourrir et poser les bases du projet à venir. Prenons quelques exemples chez Urbitat + : La situation fait appel au champ géographique, elle « [...] se définit par rapport aux moyens et aux formes de relation assurant d’une part le jeu des forces stratégiques et de toutes forces de domination territoriales, d’autre part des commodités d’échanges commerciaux. »9 Elle propose également de visualiser la géographie du territoire donné, de ses relations avec les grands éléments du paysage. Elle analyse aussi les interrelations territoriales et les hiérarchise. La formation urbaine fait appel au champ historique et retrace l’évolution de l’ère urbaine aussi loin que les données, et les cartographies connues le permettent. Elle permet de situer le projet dans le temps long de la transformation d’une ville, et d’analyser la situation donnée par rapport à des structures existantes. 8 9

BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition GEORGE, Pierre, Dictionnaire de la géographie, Presses universitaires de France, Paris, 2013

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Elle exprime aussi des phases de développement urbain et des typologies de tissus associés. Cet outil sur la formation des villes renvoie à cette idée du passé, des démarches et des solutions amorcées auparavant. Celles-ci peuvent être réinterprétées de manière contemporaine pour révéler la situation étudiée sous un nouvel angle. La densité, fait appel au champ démographique et donne un échantillonnage, ce qui permet de qualifier les tissus existants. « Rapport entre un indicateur statistique (population, logements, emploi, ...) et une surface. »10 Elle se présente de fait sous la forme d’un échantillonnage. La densité permet une compréhension de l’existant et de fixer un repère pour le projet à venir. Elle peut constituer un catalogue de référence en matière de densité, associée à des tissus urbains. La réserve foncière « [...] stocks de terrains que constituent des collectivités publiques pour anticiper sur les évolutions des marchés fonciers, qui leur interdiraient de maîtriser le développement urbain ou qui rendraient plus coûteuse les acquisitions nécessaires. Pour l’essentiel , une politique de réserves foncières consiste , pour les collectivités publiques à anticiper sur le développement urbain de façon à ce que les besoins en terrains à bâtir soient satisfaits à temps et à des prix maîtrisés, assurant du même coup la récupération par la collectivité des plus-values d’urbanisation. »11 ... L’émergence de nouveaux outils de description se fait sentir notamment par l’évolution de la communication, de la représentation et du numérique. Pour exemple Carticipe, un outil développé par l’agence Repérage Urbain, est une plate-forme en ligne sous forme d’une carte interactive et participative ou chacun peut formuler ces attentes sur l’espace urbain. Cette cartographie participative permet de favoriser le débat territorial qui se trouve animé par les citoyens tout en récoltant des informations sur des désirs formulés et explicités. Elles concernent une ville ou un territoire étudié. Cet outil est pensé sous la forme d’une carte intéractive combinée à un réseau social favorisant les échanges et permettant la mise en avant de certaines volontés. Ce système est évolutif grâce à l’action de chacun. De nouvelles entrées se dessinent alors et permettent de faire intervenir des données différentes concernant un contexte. Ici le vécu citoyen permet de 10 CHOAY, Françoise, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Presses universitaire de france, Paris, 2009, définition de la densité, MERLIN, Pierre 11 CHOAY, Françoise, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Presses universitaire de france, Paris, 2009, définition de la réserve foncière, RENARD, Vincent

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soulever les fonctionnements et dysfonctionnements urbains décrivant ainsi des situations plus ou moins problématiques. Le concepteur peut alors se saisir de nouveaux outils permettant d’apporter toujours plus de richesse et de justesse à la description qu’il tente d’établir. La description permet alors grâce à ces outils de saisir une situation, de comprendre et d’observer ses caractéristiques. Elle déclenche alors le processus de conception du projet, en proposant « [...] une évolution permanente à partir d’une conjoncture initiale [...] »12, afin de déterminer des concepts et des scénarios possibles. Une seule attention doit être portée dans le processus de description, la constitution des outils en étant le point central ils doivent trouver une sorte de justesse évitant trop de systématisme mais facilitant les comparaisons dans la récurrence des projets. Un outillage trop formalisé peut devenir une forme d’académisme qui se déconnecte du contexte et perd de sa relation imbriquée avec la conceptualisation.

12 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble

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La Conceptualisation Figure de la démonstration La conception du projet urbain nécessite une problématisation des observations menées dans la description. Les points forts et points faibles révélés sont l’objet de la conceptualisation qui va chercher à les valoriser ou à les solutionner. Ceci se fait par l’intervention de la théorie au sein de la pratique qui s’exprime sous forme de concepts. Ils sont en lien direct avec le projet mais appartiennent à une réflexion plus générale sur l’urbain. Ce temps de la conception se positionne dans un espace d’abstraction vis à vis de la situation concrète étudiée. La création d’un espace d’abstraction procède d’une décontextualisation du projet et des problèmes qu’il va proposer de résoudre. « Un espace d’abstraction naît de la nécessité de l’inscription d’objets dans un espace [...] fictif dans lequel se réalisent les opérations de leur résolution. »1 Ce temps particulier intervient car la conception exige l’intervention de réflexions plus larges que l’on peut appeler théories. En effet les projets urbains contiennent un savoir construit et partagé définissant des principes urbains ou architecturaux. Le basculement vers cet état fictif du projet permet, d’isoler les éléments constitutifs les uns par rapport aux autres, et de s’affranchir de certaines contraintes qui poussent à la simplification permettant alors la construction d’une réflexion. Cette abstraction permet d’identifier les points forts et points faibles alors essentiels à insuffler dans le futur projet urbain en les hiérarchisant. Se dessinent alors les grands trait de caractère et les orientations générales de ce qui sera projeté. L’expression de différent concepts révèle et solutionne certains points du projet tout en permettant leur description précise. l’utilisation des concepts permet la représentation d’une chose concrète sous forme abstraite, ceci permet au projet de basculer dans une dimension démonstrative. Il est définit comme une sorte de faculté mentale générale, objective, stable, munie d’un support. Les données collectées dans la description sont alors projetées dans un univers conceptuel leur conférant un enrichissement par la pensée. La pensée se construit au cours du déroulé du projet produisant de 1 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble

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la connaissance. « Le concept est une figure de la connaissance. »2 Ceci est un système de pensée autonome s’enrichissant de divers regards et individualités, de toutes les compétences nécessaires à l’émergence de concepts adaptés à la situation donnée. « Le concept est un moment projectuel [...] doté d’une propre autonomie [...] »3 Il gère une forme de complexité. Les concepts permettent le passage du réel au souhaitable intégrant les désirs ou les volontés véhiculées par une société, un collectif, des individualités. Contenant les visions d’un devenir , ils comprennent différents aspects amenant alors cette complexité que se propose de gérer la conceptualisation. Elle réalise ce processus de par sa position dans l’abstraction facilitant ainsi la projection qui se trouve affranchie de certaines contraintes imposées par la réalité d’un contexte. Le projet urbain manipule alors une diversité de concepts alimentés par les préoccupations individuelles ou collectives de ces auteurs. « Le projet formule des concepts, il y a nécessité de sa capacité à les utiliser, les manipuler, les générer. »4 Ces concepts introduits vis-à-vis d’un contexte décrit sont alors testés et éprouvés par le dessein et les contraintes réelles de la situation. Tester devient alors une étape importante de la conceptualisation, les concepts sont éprouvés voir reformulés car la réalité de la situation renvoie les bons et mauvais fonctionnement des principes issus de l’abstraction. « Les idées quelle que soient leurs origines sont soumises dans l’élaboration projectuelle à des transformations. Si cette activité anticipe ou produit des concepts qui passent dans d’autres champs du savoir ceci entraîne une reformulation du concept de départ au cours de sa traduction dans le projet. »5 Les interactions entre les concepts et les domaines de savoir qu’ils mobilisent enrichissent donc le projet et font avancer la réflexion générale sur le projet mais aussi sur les principes mobilisés. La conceptualisation est alors un temps d’échange entre le concret et l’abstrait tout en proposant de démontrer à l’un et a l’autre ses forces et ses faiblesses. Figure de la démonstration, la conceptualisation est la matérialisation d’une pensée abstraite qui commence à donner forme à une stratégie. Cette démonstration va alors permettre de tirer des partis-pris et des orientations guidant le projet. Les concepts peuvent prendre des formes diverses concernant plusieurs 2 Ibid 3 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble 4 Ibid 5 Ibid

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aspects du projet. Ils peuvent concerner, des aspects environnementaux, la forme, les typologies, l’ensoleillement, les vues, les circulations, les rapports entre individus, la mise en place d’identités, les structures excitantes ou projetés,... Le rapport entre la conceptualisation et la description permet de définir des variables et de mettre en perspective une évolution de la situation donnée passant par la formulation des concepts. Elle permet d’émettre des hypothèses qui engendrent un passage d’un état plus théorique vers des solutions, formant ainsi les bases de la scénarisation. La conceptualisation est la matérialisation d’une pensée abstraite qui commence à donner forme à une stratégie, les choix conceptuels engendrant des choix scénaristiques.

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La Scénarisation Penser et construire le futur, amener des possibles La conception du projet urbain nécessite de définir des possibles et de concrétiser des choix. Suite, à l’observation du site produisant une connaissance du projet abordé et, à l’apport de concept permettant de démontrer les axes à poursuivre, la matérialisation du projet suppose de définir les devenirs possibles de sa concrétisation. La scénarisation propose de matérialiser les différents aspects du projet urbain par leur représentation. Elle permet d’effectuer des choix situés entre le souhaitable et le probable pour arriver à un possible. La scénarisation est une méthode permettant de réfléchir, de choisir, de penser et de construire le futur. La mise en forme, les images représentées par les scénarios amènent le projet urbain dans une dimension représentative. En effet le dessin est indissociable de la scénarisation. Le projet s’exprime, grâce à des idées, des formes, des typologies, des modèles, faisant l’objet d’illustrations sous forme de divers scénarios. Le scénario se définit comme une « Construction d’une réflexion sur le futur, procédé capable de créer des images du futur, ou bien de faire émerger systématiquement les conséquences de certaines situations, séquences hypothétiques d’événements, préfigurations de situations hypothétiques, questionnement cohérent sous d’explicites hypothèses, ceci est le rôle important que le scénario peut jouer [...] »1. le scénario est une figure s’exprimant depuis le souhaitable vers le probable pour amener un possible. C’est l’« [...] esquisse d’un compromis entre le possible et le souhaitable. »2 La question du devenir y est centrale, animée par des utopies et des désirs ainsi que par des contraintes et des craintes. Se dessinent plusieurs typologies de scénarios: - Des scénarios souhaitables - Des scénarios probables Ils vont nécessiter des prises de positions successives afin de définir un scénario possible résultat de la conception. Il est généralement appelé scénario de référence. 1 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble 2 BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition

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La formulation d’hypothèses sous-tend la construction de chaque scénario. La conceptualisation et la description ayant apporté des questionnements et des orientations, elles supposent par la suite une formulation prenant la forme d’hypothèses. Ces hypothèses sont alors illustrées par la représentation du projet afin de questionner le devenir d’une situation et d’envisager les finalités plausibles. « Le scénario, [...] est une série d’hypothèses qui interrogent le futur et permet de le traiter, d’en discuter. »3 Cette forme particulière amène des éventualités qui permettent des choix. La scénarisation provoque alors des prises de décisions se constituant étape par étape et recomposant les hypothèses formulées pour des solutions adoptées individuellement ou collectivement. La reformulation permet, la combinaison entre les scénarios, l’amélioration des choix effectués par comparaison des différentes opportunités. La scénarisation, c’est à dire ''toutes les hypothèses possibles'', « [...] sont décomposées dans leurs composantes logiques et la réponse, suscitée par une question, représente, quand ce n’est pas la solution du cas, un avancement dans la connaissance du phénomène observé, l’exclusion d’une possibilité ».4 C’est la dimension de la construction progressive dans la scénarisation. Elle engendre alors des prises de position sur le projet urbain, écartant certaines possibilités au profit de pistes plus favorable afin de maîtriser les enjeux présents et futurs. La scénarisation joue donc un rôle important dans la définition de tous les aspects pris en compte dans l’action de projet. Cette confrontation au choix intègre la notion d’incertitude que se propose de prendre en compte le scénarios afin de mesurer les risques et conséquences de telle ou telle direction prise dans la scénarisation. « Le scénario interprète, utilise les conditions d’incertitudes, de risques et de peurs comme les matériaux de sa propre construction. [...] Le scénario construit des situations inexistantes qui se projettent sur le présent et peuvent influencer le futur. De l’idée de certain ou probable à l’idée de possible, il intègre au futur l’idée d’action. »5 Agir et comment agir par le projet fondent alors des choix plus ou moins pertinents exprimés par le scénario de référence constitué. Il se construit grâce à des compétences et des décisions diverses. Il devient alors un outil de débat pour prendre en compte tous ces aspects. La scénarisation permet alors un échange autour des sujets et des enjeux que le projet urbain nécessite de définir et de clarifier. « Le scénario permet de 3 4 5

BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition Ibid Ibid

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soulever des questions difficiles; il permet de tester des concepts, des stratégies, des priorités, des innovations; il suscite des réactions, intègre d’autres approches, élargit le débat [...] »6 La globalité du projet urbain gère la complexité de toutes les dimensions qu’il entend prendre en compte. La scénarisation propose l’anticipation de tous les phénomènes abordés par le futur projet et suppose alors la gestion de toutes les variables rencontrées. En effet le projet urbain étant soumis à des aléas de divers ordres, politiques, techniques, économiques, il varie selon un contexte futur qui peut lui échapper. La globalité et la complexité présente dans les scénarios suppose de gérer les modifications possibles, pour cela il se définit de manière assez singulière avec des stabilités et des instabilités. La figure du scénario comprend inévitablement des variants et des invariants qu’il est nécessaire de définir. « Un scénario peut être défini comme la combinaison de séquences d’événements ou de phénomènes anticipés, ordinairement situées les unes par rapport aux autres dans un double système de relations diachroniques et causales, en vue de mettre en évidence les caractères probables de l’évolution d’une situation donnée, à partir d’un corps d’hypothèses formulées sur les ''tendances lourdes'' de cette évolution. La valeur heuristique d’un scénario est donc fonction de la pertinence des hypothèses choisies au départ ainsi que la cohérence du système de relation destiné à intégrer l’ensemble des variables de l’évolution décrite. »7 Le scénario affirme et vérifie les choix faits depuis le premier instant de conception du projet urbain. Cette étape formalisée par le scénario de référence va alors définir une certaine capacité d’aller retour entre éléments de conception et éléments de production. C’est pourquoi la scénarisation se propose de fixer des éléments alors portés par ces auteurs tout en permettant des modifications vis-à-vis de nouvelles données qui vont potentiellement s’intégrer ou s’ajouter au futur projet urbain. Ceci définit l’aboutissement d’un processus de conception. Se définit alors, des attitudes potentielles pour les auteurs, et des étapes distinctes de concrétisation du projet. Celles-ci prennent place selon les contextes rencontrés par le scénario de référence dont le but est de produire une base commune admise par tous les acteurs.

6 BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition 7 CHOAY, Françoise, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Presses universitaire de france, Paris, 2009, définition du scénario, DÉCOUFLÉ, andré clément

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Nous distinguerons ici deux attitudes au sein de la scénarisation notamment observées dans le cadre de la pratique du projet urbain chez Urbitat + dans ces méthodes de conception. Le scénario est une stratégie de représentation du projet urbain mais aussi de démonstration par l’illustration des concepts. Se présentent deux manières de communiquer déterminant deux stratégies opératoires de l’utilisation du scénario: - Soit dans une continuité et dans un schéma de déclinaison des scénarios par rapport à des questionnements. Le scénario imagine une problématique, une hypothèse poussée et l’illustre de manière poussée (innovation incrémentale). - Soit de prendre les faiblesses et les forces du projet pour imaginer des scénarios les poussant à l’extrême. Le scénario décline une base en variante qui pousse le projet dans ses retranchements (innovation radicale). Ces deux stratégies adoptées dans la scénarisation renvoient à la démarche unitaire et a la démarche incrémentale. Le projet urbain s’exprime alors dans des attitudes diverses engendrée par la conception et ses méthodes. Les mécanismes du projet urbain dans leur globalité amènent la scénarisation et son scénario de référence à passer par des phases successives se caractérisant dans deux contextes, premièrement dans la phase de conception mobilisant des méthodes, deuxièmement dans la phase de production mobilisant des moyens. La première phase conçoit la scénarisation comme l’aboutissement du processus de conception par la définition du scénario de référence. C’est la finalité de ce moment conceptuel depuis la description en passant par la conceptualisation. La deuxième phase conçoit la scénarisation comme le point de départ du dispositif de production par la vérification et la faisabilité du scénario de référence. Cette phase propose la confrontation du scénario avec les moyens que nécessite le projet urbain. Elle donne à tous les acteurs qui lui sont nécessaires un moyen d’expression. La confrontation avec les contextes, politiques, techniques, économiques, suppose l’évolution et l’expression de cette capacité à gérer l’incertitude et les variants du projets. Tout ceci définit le rôle du scénario et de la scénarisation dans ce que la concrétisation du projet urbain va apporter au moment particulier du processus de conception. 32


La Concrétisation La concrétisation du projet urbain fait intervenir deux phases distinctes mais indissociables de la réalisation. Une phase concernant le processus de conception. Une phase concernant le dispositif de production. La concrétisation définit le passage de l’un à l’autre. S’opère alors une étape de confrontation des méthodes engagées dans la conception avec les moyens de production. Le scénario défini dans le processus de projet est alors l’outil mis à l’épreuve dans les phases postérieures de concrétisation. Il éprouve les concepts du projet face à des contraintes nouvelles qui se placent au sein de mécanismes en jeux. Les ajustements et les négociations techniques, administratives et économiques font l’objet d’aller retour entre le processus de conception et de production. L’enjeu fondamental se trouve alors dans la pérennité des invariants du projet défini au sein de la scénarisation. Ce qui est imaginé par le concepteur doit ici évoluer pour trouver sa pérennité. Les variants sont au contraire ici éprouvés et les données intervenant dans la production permettent de formaliser des choix sur ceux-ci. La concrétisation est un moment charnière pour le projet urbain il passe de la projection fictive à la projection effective. Même si son processus de conception suppose d’intégrer la réalité au sein de sa construction, les enjeux du contexte prennent une dimension particulière, c’est le basculement du projet vers son opérationnalité. La description, la conceptualisation, la scénarisation, puis le basculement vers la concrétisation, formulent les bases des moyens mobilisés par le projet urbain au sein de sa conception. Qu’il soit imaginé dans une démarche unitaire ou incrémentale il mobilise ces temps particuliers, caractéristiques de la conception. Cependant des attitudes peuvent se révéler différemment notamment dans des stratégies de scénarisation et ainsi définir un positionnement et un comportement propre à chaque démarche soutenue par un auteur individuel ou collectif.

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Processus et connaissance Les entrées constitutives de la conception du projet, description, conceptualisation, scénarisation, concrétisation, forment les moyens d’un processus de projet. Elles matérialisent une forme de processus de conception produisant à la fois de la connaissance pratique et de la connaissance théorique. La connaissance pratique est permise par la description qui s’attache alors à un contexte décris. La connaissance théorique étant permise pas la conceptualisation, elle s’attache alors à des théories développées et formalisées par des concepts. Ces deux types de connaissances produites par le processus de conception trouvent leurs expressions par la scénarisation, une image concrète du projet entre fictif et réel est alors produite. Cette imbrication entre théorique et pratique constitue un processus de projet utilisant à la fois des outils, des concepts et des images. Le processus contient donc des informations de divers ordres et permet les liens entre les quatre phases de conception. Il définit leur enchaînement et les aller-retour nécessaires. Se pose alors la question de la visibilité, de la transversalité. Que produit-on dans les quatre phases, et qu’utilise-t-on au sein du projet urbain ? La notion de réflexivité sur les moyens nécessaires à la conception entre en jeu. Mais tout d’abord il est nécessaire de définir la notion de processus et la réflexivité au sein de nos deux approches, entre démarche unitaire et démarche incrémentale. - La démarche unitaire mobilise un processus de conception porté par des acteurs pendant le temps d’un projet ayant une configuration unique. L’action étant unitaire, le processus est propre au projet qu’il tente de matérialiser. Le processus se réfère donc à des moyens de conception communs, les stratégies opératoires sont alors à définir par les acteurs du projet, il est lui aussi unitaire. Il n’existe que pour un contexte donné, une situation donnée et permet d’en faire une particularité propre au sujet d’étude. On parle alors de projet processus. La conception l’utilise comme le matériaux de sa propre construction. Il acquière un caractère singulier. - La démarche incrémentale mobilise un processus de conception porté par des acteurs dans une continuité de l’action de projeté ayant une configuration 34


itérative. L’action étant plurielle le processus est un mode d’action prédéfini trouvant son application par le projet. Le processus élabore et mobilise des moyens de conception préalablement caractérisés par les acteurs. Il se réfère à des stratégies opératoires communes. Il inclut une pluralité d’approches. On parle alors de processus de projet. La conception utilise des étapes successives possédant des interactions et des interrelations. Le processus amène la création d’une forme de connaissance dans le projet urbain. Celui-ci propose une forme d’unité des moyens mobilisés dans la conception amenant une dimension objective sur les modes d’actions et les démarches utilisées. Il produit inévitablement de la connaissance sur le processus même de conception. « Formuler le projet comme lieu de connaissance permet d’être en position de questionnement permanent sur la pratique de conception comme sur sa théorisation possible. »1 La constitution et la présence de cette connaissance amène alors la dimension réflexive. En effet, si le projet urbain dans son processus fabrique un savoir il parait évident de questionner son contenu et ses sources. C’est là qu’apparaît une nécessaire réflexivité sur le projet urbain qui peut se formaliser selon deux approches; une basée sur le retour d’expérience, et une autre basée sur une action consciente. On assiste alors à un basculement fondamental des démarches qui tendent soit vers une action unitaire soit vers une action incrémentale. Tout l’enjeu des acteurs est de se positionner entre ces deux démarches car elles sont les vecteurs de liens entre tous les aspects rencontrés dans les mécanismes constructifs du projet urbain. Le concept de réflexivité doit être éclairé afin de comprendre les démarches et leurs interactions dans le projet urbain. Elles supposent tout d’abord d’être un acteur réflexif. Giddens nous propose une vision claire de la dimension réflexive. « [...] je suis un ''je'' si je m’adresse à ''vous'' et que, au contraire, si vous vous adressez à ''moi'', vous êtes un ''je'' et je suis un ''vous''.» La réflexivité permet la conscience du basculement d’un point de vue à un autre. C’est ce que Giddens distingue par la ''conscience pratique'', relier ses interactions au reste du monde, et la ''conscience discursive'', regarder ses propres interactions. La ''conscience discursive'' apparaît comme la clef indispensable pour se positionner en tant qu’acteur réflexif. La connaissance de la conscience est ce qui anime la réflexivité. Elle permet un retour sur la pensée. Une réflexion se construit se prenant elle1 PESCADOR, Flora et MIRALLAVE, Vicente, re_ARCH’Y en architecture, la recherche et le projet, ENSAL et ULPGC, Lyon, mai 2015, CASANELLES, Joan

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même pour objet. L’usage de la réflexivité renvoie à la définition du projet urbain comme processus de réflexion produisant une forme de connaissance. « Chez Giddens, par exemple le concept de réflexivité renverra assez immédiatement à l’ensemble des processus et dispositifs au travers desquels la société cherche aujourd’hui à se connaître, à se comprendre, à anticiper son avenir, ..., le concept de réflexivité pointant à la fois sur le processus de réflexion permanente qui caractérise les sociétés actuelles, sur les dispositifs cognitifs - parmi lesquels la sociologie joue selon Giddens un rôle central - que ces sociétés mettent en place pour s’auto-réflechir constamment, ainsi que sur le caractère toujours précaire des savoirs ainsi produits, qui contraste avec l’assurance qui pouvait caractériser le modèle scientiste des sociétés modernes. [...] Chez d’autres auteurs, la question de la réflexivité est plus simplement référée au développement d’une ''société de la connaissance'', [...] »2 La réflexivité au sein du projet urbain impose une conscience des connaissances qu’il auto-produit. Elle prend des formes distinctes, comme le retour d’expérience extrinsèque au projet et l’action consciente intrinsèque au projet. La réflexivité propose un nouveau référent sociologique portant un regard sur les pratiques professionnelles. Sa présence permet aux réflexions de trouver leurs légitimités, leurs origines, de construire un savoir spécifique doué d’une certaine efficacité. « [...] l’usage du référentiel de la réflexivité est aujourd’hui devenue une sorte de lieu commun de la sociologie du temps présent au point que, comme c’est le cas avec tous les lieux communs, il en vient à s’imposer avec une sorte d’évidence non problématique, [...] »3 Ce nouveau référent s’insinue petit à petit dans les démarches et processus du projet urbain. Il fait naître de nouvelles méthodes d’élaboration et de conception. L’intégration de la dimension réflexive au sein du processus de projet urbain formule de nouvelles figures de l’urbanisme. François Ascher nous propose la figure d’un ''urbanisme réflexif'', « [...] désignant par là un urbanisme qui aurait renoncé à un modèle ''top down'', fondé sur des certitudes péremptoires, sur l’autonomie des savoirs disciplinaires et sur un partage net des êtres entre ''spécialistes'', détenteurs de compétences légitimes et reconnues, et ''profanes'', les premiers sachant ce qui est bon et bien pour les seconds. L’urbanisme réflexif succéderait ainsi à un urbanisme dirigiste. Il s’appuierait sur la reconnaissance de la précarisation des savoirs experts et, conjointement, de l’intérêt des compétences de sens commun 2 PESCADOR, Flora et MIRALLAVE, Vicente, re_ARCH’Y en architecture, la recherche et le projet, ENSAL et ULPGC, Lyon, mai 2015 3 Ibid

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détenues par les acteurs concernés par les politiques urbanistiques. il envisagerait dès lors le travail urbanistique comme co-construction et renouvellerait ainsi la figure de l’urbaniste. »4 Cette figure collective du processus de projet renvoie au positionnement de l’architecte urbaniste dans une démarche spécifique. Comment se place-t-il entre démarche unitaire et démarche incrémentale s’il adopte cette figure de l’ ''urbanisme réflexif'' ? Dans un contexte ou la figure générale de l’urbanisme contient les éléments de sa propre réflexivité il est nécessaire de se replacer vis-à-vis des deux démarches étant l’objet général de la discussion. - La démarche unitaire du projet urbain fait intervenir la réflexivité après l’action de projeté. C’est le retour d’expérience extrinsèque au projet. Elle impose aux acteurs de faire un retour sur les méthodes utilisées lors de la conception afin de se saisir des bons et mauvais fonctionnements du processus alors établis. - La démarche incrémentale du projet fait intervenir la réflexivité pendant l’action de projeté. C’est une action consciente intrinsèque au projet. Elle impose aux acteurs une attitude consciente permanente requestionnant les méthodes utilisées lors de la conception, ceci simultanément. Le processus et le projet ont une progression concomitante. La réflexivité s’applique à des temps différents dans les démarches de projet et implique des processus variés. Mais son sujet de réflexion quel que soit le cas, concerne toujours la pratique du projet urbain. Elle impose de se centrer sur le sujet et de l’amener dans une dimension réflexive facilitée par des outils et des démarches appropriées. Soit tendre vers une démarche unitaire, soit vers une démarche incrémentale. Elles proposent une sorte d’échelle de positionnement au sein de la pratique du projet urbain. La réflexivité s’exprime donc au sein même de la pratique du projet urbain. En effet sa complexité et ses incertitudes inhérentes justifient de se placer en acteur conscient de sa connaissance et de sa pratique qui contient inévitablement forces et faiblesses. Le concept de réflexivité peut devenir un outil capable de mieux gérer les processus et d’en permettre une finalité mieux établie. « [...] j’aurais tendance à chercher à vérifier l’extension possible du concept de réflexivité, en partant de 4 PESCADOR, Flora et MIRALLAVE, Vicente, re_ARCH’Y en architecture, la recherche et le projet, ENSAL et ULPGC, Lyon, mai 2015

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l’idée selon laquelle l’architecture est une discipline complexe dont la logique même oblige à se situer conjointement sur les trois domaines de validité que la modernité a contribué à différencier : celui des sciences et des techniques d’abord, celui, ensuite, du monde social et des enjeux normatifs, moraux, politiques, ... que pose l’architecture à cet égard et, enfin celui de la qualité ou de la réussite esthétique. »5 Le projet urbain mettant en jeux une phase de conception et une phase de production comportant chacune multiplicité de moyens et de méthodes contient alors des difficultés évidentes que l’utilisation de la réflexivité peut tenter de solutionner. En effet, être un acteur réflexif conscient de tous les enjeux peut améliorer la pratique de chacun cependant il est indispensable de mener une description et une définition de celle-ci. Pour les différents acteurs, la réflexivité peut s’apparenter à une forme d’éthique et d’humilité sur leurs pratiques. Car « Revendiquer la réflexivité, c’est aussi admettre la fragilité de nos principes de connaissance, c’est aussi défendre une exigence de critique permanente. C’est endosser par rapport à nos efforts de connaissance et de théorisation, une exigence de vigilance et de modestie à la fois. »6 la réflexivité permet d’être en connaissance des enjeux s’imposant dans la pratique du projet urbain. Elle révèle à la fois de nouvelles explorations dans les processus, mais aussi certaines fragilités des métiers intervenant. Elle s’impose comme un mode d’action pour explorer de nouvelles solutions permettant de les évaluer par cette intégration omniprésente du réflexif. Le facteur réussite bascule dans un nouveau registre, le résultat n’est plus nécessairement l’objet seul évalué. « La réussite de la production se situe ici à la fois dans le processus et dans le résultat, la réussite du résultat, de l’œuvre, étant tributaire de celle du processus. Par ailleurs, cette réussite cesse d’être pensée selon les catégories caractéristiques de l’œuvre, la monumentalité, par exemple, mais plutôt selon le critère des effets.»7 Le processus de projet, ses moyens et ses méthodes supplante la finalité du projet urbain par l’intégration de la réflexivité au sein des démarches. Ils deviennent les éléments essentiels à constituer, théoriser et appliquer pour construire les mécanismes de réalisation du projet urbain.

5 PESCADOR, Flora et MIRALLAVE, Vicente, re_ARCH’Y en architecture, la recherche et le projet, ENSAL et ULPGC, Lyon, mai 2015 6 Ibid 7 BERGILEZ, Jean-Didier, GUISSE, Sabine, GUYAUX, Marie-Cécile, Architecture et réflexivité Une discipline en régime d’incertitude, Les Cahiers de La Cambre-Architecture, Bruxelles, 2008, Nouvelle série, n°6

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L’accès au projet urbain L’accès à la commande dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme prend des formes distinctes entre domaine public et domaine privé. En effet ils n’engagent pas les mêmes procédures et les mêmes règles. On distingue l’appel d’offre public, dont la réponse se matérialise soit par la candidature, soit par l’offre,et le concours privé dont la réponse se matérialise par un projet. Le concours peut également faire l’objet d’un appel d’offre, mais il sera ici exprimé uniquement sous l’angle du concours privé. Quant à l’appel d’offre, il sera ici exprimé uniquement sous l’angle de l’appel d’offre public. Tout d’abord L’appel d’offre public, « [...] définit la procédure par laquelle le pouvoir adjudicateur choisit l’attributaire, sans négociations, sur la base de critères objectifs préalablement portés à la connaissance des candidats. »1 Il peut être ouvert ou restreint, tout candidat peut remettre une offre, seul les candidats autorisés après sélection peuvent remettre une offre. Cette différenciation marque deux types de réponses, l’offre et la candidature. L’offre, représente la première étape du projet urbain, elle précède la mission et en définit les termes, les temps, les limites, les objectifs. La maîtrise d’œuvre se constitue alors en équipe afin de répondre aux cahiers des charges en fournissant les compétences correspondantes alors nécessaires au projet. Elle intègre divers éléments pour présenter l’action à mener dans les mécanismes du projet, la motivation, la présentation de l’équipe, la méthodologie, l’analyse du contexte, les étapes de concrétisation et leurs temps nécessaires, les références, le chiffrage de mission. La méthodologie étant l’axe central de l’appel d’offre, elle décrit le mode d’action de la maîtrise d’œuvre dans le déroulement du projet. La candidature est une forme d’offre restreinte qui comprend seulement la motivation, la présentation de l’équipe, la méthodologie et une lecture rapide du contexte. Elle autorise l’accès à l’appel d’offre restreint, ceci permet aux équipes choisies une rémunération plus en amont sur les phases de pré-étude augmentant ainsi les capacités des structures à mieux définir les objectifs de la mission. Elle confère également à la maîtrise d’ouvrage une plus grande appréhension des phases de projets à poursuivre et donc un choix de maîtrise d’œuvre plus apaisé. La candidature soulage les deux parties du poids des décisions et des travaux qui peuvent potentiellement être engagés en vain dans l’offre. 1

Définition, http://www.marche-public.fr/

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Le concours privé reprend souvent les formes de l’appel d’offre public. Cependant il n’est pas soumis à la réglementation de l’appel d’offre public, il prête donc plus de liberté dans le choix d’une entreprise ou d’un groupe de travail. La forme de réponse de type concours comprend la conception d’un projet avancé et de sa représentation graphique afin de faire le choix du projet à réaliser. Il engage du côté de la maîtrise d’œuvre un travail de conception poussé sans allerretour avec la maîtrise d’ouvrage. Il se conclut le plus souvent par un oral et la désignation d’un lauréat. Le concours peut parfois être l’objet d’un appel d’offre public, cependant il est alors soumis à la réglementation des marchés publics. C’est un mode de réponse qui offre une forme de liberté dans la conception puisqu’il se trouve guidé uniquement par les acteurs conceptuels du projet urbain entre urbanistes, paysagistes, architectes et ingénieurs. Le jury de concours juge alors des capacités de la maîtrise d’ouvrage à penser un projet en autonomie mais correspondant aux attentes de tous les acteurs que peut nécessiter la réalisation et la production du futur projet dessiné.

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savoirs individuels

Savoirs Collectifs

Prospective Vision de l’urbain

Concept

Culture de Projet

Utopie

Agir sous la forme du projet mobilise une certaine forme de culture. Cette action particulière est le modèle unique adopté par les architectes urbanistes et plus largement dans tous les milieux professionnels de notre société moderne. Le projet reste tout de même une figure particulière pour le projet urbain car elle contient l’action créatrice de ses éléments constitutifs. La dimension créative se nourrit de la théorie, cette particularité à la capacité de créer une véritable culture de l’action par le projet pour alimenter la réflexion sur les situations urbaines.

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La culture de Projet La notion de projet contient pour les architectes urbanistes l’acte de création. C’est le lieu ou se matérialise la pensée en acte afin de concevoir et de réaliser un projet. Se constitue alors une figure aux multiples acceptions saisissant des variables indispensables à sa propre construction. « La figure du projet représente l’une des formes privilégiées par lesquelles se trouve matérialisé l’acte de création, [...] une telle figure typique de l’activité de création est devenue dans la situation actuelle dominante à l’excès, [...] grâce à la légitimité et à la caution que lui ont apportées les institutions dans notre contexte de modernité et de postmodernité. »1 La notion de projet est devenue omniprésente dans les manières d’agir, cependant nous nous intéressons ici au projet en tant que projet urbain et à la dimension créatrice qu’il renferme sous une signification artistique. Le projet, « [...] plus qu’un concept, une figure emblématique de notre modernité [...] »2. Figure de la pensée. Le projet créé un espace fictif permettant alors sa conception. Cette figure existe dans ce temps particulier de la réflexion et propose de la concrétiser. C’est la création d’un espace fictif autour de problèmes posés permettant leur résolution. L’intellectualisation du sujet se fait dans un temps donné appelé temps du projet c’est en ce sens qu’il devient une figure même de la pensée. Faire projet c’est créer en pensant, il permet de penser et d’agir conjointement. Figure floue. Le projet avance pas à pas se construit au fil des besoins qu’il mobilise pour sa propre création. C’est une figure floue car elle ne se limite pas à des interventions précises mais sollicite toutes les connaissances nécessaires à sa construction. Les limites du champ d’intervention du projet ne se définissent donc pas simplement. Ceci en fait une figure évolutive et capable de s’adapter à chaque situation. Le projet se recompose donc de manières différentes selon le sujet qu’il suppose d’étudier et propose une progression depuis un état donné vers un état projeté. Cette progression se fait par le biais d’étapes successives qui viennent constituer le projet. Cette figure floue est difficile à cerner et n’existe que dans 1 2

BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition Ibid

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ce temps particulier de la réflexion qui se propose de la concrétiser. « Comment cerner une telle figure destinée à rester toujours en pointillés puisqu’elle se détruit par le fait même qu’elle se réalise ? »3 Le projet est un temps éphémère permettant l’élaboration et la construction d’une pensée, pour cela il intègre une diversité d’approches. Figure de l’anticipation. Le projet par sa définition même contient l’idée d’action, donc de projeter, c’est à dire de jeter en avant des idées sur une situation. C’est en ce sens que le projet détient sa capacité d’anticipation. Il permet de visualiser un devenir et de l’imaginer dans des aspects qu’il est nécessaire de maîtriser. L’expression d’un possible non encore existant est alors le but poursuivi par le projet. « Apte à designer les nombreuses situations d’anticipation que suscite notre modernité, le projet n’en reste pas moins cette figure aux caractères flous exprimant le non-encore-être, E. Bloch, [...] »4 Ce nouvel état futur que le projet se propose de penser et de réaliser trouve son point de départ sur un état existant. « Le projet ne peut se concevoir que dans un environnement ouvert, susceptible d’être exploré et modifié. [...] IL y a quelque chose à faire, à aménager, à changer, qui ne pourra l’être que par une action délibérée qu’il s’agit d’anticiper au mieux. »5 Cet état de départ se trouve alors transformé. Le projet se propose, de gérer les différents bouleversements dans un souci de globalité du sujet abordé, de développer une singularité tout en gérant la complexité et l’incertitude de la réponse. Globalité. La figure du projet permet une globalité de l’approche qu’il formule. Il rassemble les éléments indispensables du passage de l’état existant à celui de l’état futur, résultat même du projet. « Le projet porte en lui-même une exigence de globalité. [...] La globalité du projet est donc simultanément attaché au but poursuivi [...], et à la démarche mise en place pour atteindre ce but. »6 La finalité et, les moyens et méthodes, pour y parvenir sont toutes aussi constituante de ce qu’est le projet. Se créé alors une interdépendance entre le ou les buts poursuivis et les systèmes appropriés pour y parvenir. Il apparaît que le projet contient autant les éléments de sa constitution que ceux de sa réalisation. La notion de projet « [...] intègre au sein de la même figure la conception et l’exécution [...] ».7

3 4 5 6 7

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Singularité. La figure du projet, n’existe que dans un temps donné, elle trouve alors un caractère unique. Chaque situation se définit comme nouveau projet. C’est un acte unique qui se caractérise en rapport avec un contexte particulier. Le projet contient une variabilité d’éléments, acteurs, contextes, compétences, c’est en ce sens qu’il est singulier. « [...] ce dernier se veut toujours réponse inédite qu’un acteur singulier apporte à une situation elle-même singulière [...] projet particularisé par des caractéristiques propres, des repères à identifier que cherche à se donner un acteur individuel ou un collectif de travail, projet singularisé ébauché par un acteur lui même singulier, produit d’une histoire personnelle et générateur d’intentions [...] »8 De plus chaque acteur du projet insuffle sa propre vision, ses propres compétences, son regard particulier. Le projet est singulier par son unicité réitérée mais aussi par la singularité des personnes agissant dans sa constitution. Nous pouvons ici nous rapporter aux démarches ( unitaire et incrémentale ) qui supposent deux postures distinctes vis-à-vis de la globalité et de la singularité du projet. En effet la démarche unitaire met en avant la singularité du projet urbain car elle en fait un moment unique qui toutefois permet de gérer la globalité du projet. Au contraire la démarche incrémentale met elle en avant le caractère globale supposé par la figure du projet. Elle imagine une démarche globalisant où interviennent des éléments singuliers formalisés par les moments du projet urbain. Complexité et incertitude. Dans une démarche ou l’autre, la figure que propose le projet permet une gestion de la complexité du projet et des incertitudes qu’il propose de maîtriser et de prendre en compte. « [...] la démarche par projet se trouve l’outil approprié pour gérer la complexité et l’incertitude. »9 La délimitation floue permet la gestion de la complexité, car la malléabilité suppose l’intervention d’une diversité de connaissances selon les besoins. L’incertitude est présente car le projet avance pas à pas, il se recompose selon les modifications possibles et permet de gérer les aléas. La figure de projet contient des étapes d’actions essentielles à sa conception et à sa production. Elles se succèdent pour construire le projet, qui s’intéresse tout d’abord à une situation, faisant ensuite intervenir des acteurs afin de formuler une réponse. « [...] l’espace de création du projet : une triple singularité. la singularité de la situation. [...] c’est dire que toute situation, certes à des degrés très variables, exprime une forme de singularité à explorer et se trouve de ce fait porteuse d’un 8 9

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potentiel de création ( description ). la singularité de l’acteur/auteur. [...] Cet acteur, armé de compétences acquise au cours d’une expérience mais aussi tributaire de déficits et handicaps personnels qu’il n’a pu surmonter, va appréhender la situation d’une façon non pas formelle mais tout à fait singulière. ( conceptualisation ) la singularité de la réponse. [...] c’est le troisième lieu identifiable où s’effectue un travail de création que l’on peut envisager comme la résultante plus ou moins heureuse, l’amalgame plus ou moins réussi des deux premières singularités évoquées. ( scénarisation ) »10 La situation est le point de départ du projet. Il propose de s’intéresser à un contexte particulier qui va subir une évolution. Ceci passe par plusieurs étapes, « L’analyse de situation, l’esquisse d’un projet possible, la stratégie entrevue, la validation sociale [...] »11. La situation est développée dans le cadre du projet urbain sous l’angle de la description. C’est le lieu du changement, le lieu d’intervention. La situation est le contexte du projet, elle contient les enjeux et les objectifs à poursuivre. Elle contient les bases pour formuler un potentiel de projet. L’acteur intervient sur le projet possédant son bagage personnel. Chaque projet fait intervenir une pluralité d’acteurs et trouve alors une forme de singularité jamais réitérée. Les savoirs individuels ou collectifs permettent de percevoir la situation sous un angle unique de par les regards particuliers que chacun se construit au fil de son expérience. Cette singularité de l’acteur va insuffler au projet son caractère singulier renforçant l’idée d’une situation déjà unique. L’acteur intègre donc au projet urbain sa vision personnelle sous l’angle de la conceptualisation. La singularité de la réponse est donc plus ou moins évidente puisque les deux étapes précédentes concourent déjà à faire du projet un acte unique. La réponse est le lieu de synthèse entre la situation et l’action que vont mener les acteurs. C’est la finalité du projet, la réponse unique à une situation particulière faisant intervenir des acteurs particuliers. Que l’on se trouve dans une démarche unitaire ou incrémentale la réponse apportée par les mécanismes du projet ne se duplique pas, elle se recompose à chaque nouvelle action menée. Le projet : est l’existence de l’élaboration d’une pensée par l’action. C‘est ce que Jean Noël blanc appelle la ''pensée-projet''. Une figure si particulière qu’elle contient les méthodes pour élaborée une pensée mais aussi les moyens de sa réalisation. La figure du projet exprime d’autant plus cette particularité lorsqu’elle fait entrer la dimension créatrice dans son processus. La « [...] pensée-projet 10 11

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: cette intelligence particulière qui est à l’œuvre dans le ''projet'', aussi bien en architecture qu’en littérature, voire dans tous les arts. [...] La pensée-projet n’est pas une théorie, c’est un acte. [...] Le nœud de la conception, là où ça s’élabore. »12 Cette chose si particulière rassemblée sous le terme de projet est donc avant tout un processus impliquant l’action. Une action particulière qui tente de saisir tous les aspects que celle-ci nécessite. Figure du recommencement. Le projet et un temps donné qui se matérialise en rapport avec une situation complexe. Une fois les éléments de sa résolution adoptée, cette figure tant à disparaître. Le projet se recompose à chaque situation donné il est une forme de recommencement perpétuel des manières d’agir. Le projet, « [...] Il ne s’agit pas d’une fabrication. Il s’agit d’une aventure toujours recommencée. »13 La démarche unitaire est ici celle permettant au mieux à la figure du recommencement de s’exprimer. Cette démarche se recompose face à chaque situation dans le même temps que se recompose le projet. La démarche incrémentale suppose une vision différente. Elle permet au projet d’exprimer son recommencement mais elle ne suis pas le même temps de la recomposition. En effet elle suppose un temps plus long et la définition d’une certaine forme de culture de projet trouvant son expression par le projet même. La construction d’une culture de projet se matérialise au fil des expériences d’action par le projet. La culture de projet, « C’est accumuler des impressions, des sensations, des pensées, qui ne visent pas à résoudre un problème exactement posé mais qu’on récolte parce qu’elles peuvent servir un jour. »14 Constituer une forme de culture c’est alors définir une posture vis-à-vis du projet. Celle-ci ne se base pas sur le projet même mais sur le processus ou la démarche qui concourt à définir les méthodes et moyen pour agir. « Morale chinoise : l’essentiel ne se trouve pas dans le point d’arrivée, mais dans le chemin qui y conduit, et la forme même de ce chemin est déterminée par la marche qui le créer. »15 La pratique du projet suppose alors de réfléchir moins à l’action mais plus aux modes employés pour l’action. C’est en ce sens que se définit une culture de projet. La pratique de celui-ci s’intéressera alors d’autant plus à l’action de projet et aux démarches ainsi qu’aux processus qui le permette. 12 BLANC, Jean-noël, Le Projet et la «Pensée projet», PU Saint-Etienne, Les cahiers de l’école d’architecture de Saint-Etienne, 2007 13 Ibid 14 Ibid 15 Ibid

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Figure de la pensée active. Le projet est avant tout un procédé qui permet d’agir en pensant. La forme de la pensée active naît du fait que le projet cherche à trouver une réalité tout en y intégrant des théories élaborées. « [...] une connaissance cyclique et persévérante en perpétuel mouvement dans un processus dialectique constamment ouvert entre la pensée et l’action. »16 Ceci pose tous les enjeux de la pratique du projet et du positionnement de ses concepteurs. Les architectes et urbanistes se trouvent parfois en conflit vis-à-vis de cette dialectique entre, réalité de la commande, et volonté de théorisation. Le projet est donc une figure malléable qui plonge parfois dans une pensée trop théorique et parfois dans une action trop pragmatique. C’est là que se révèle l’enjeu du positionnement entre les deux démarches car elle formule ces deux extrêmes. Cependant elles contiennent toutes les deux cette figure remarquable qu’est le projet se nourrissant des allerretour entre pensée et action, éléments indispensables à la constitution du projet urbain.

16 PESCADOR, Flora et MIRALLAVE, Vicente, re_ARCH’Y en architecture, la recherche et le projet, ENSAL et ULPGC, Lyon, mai 2015, MARTI ARIS, Carlos

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La méthode de travail La méthode de travail chez Urbitat+, mon stage ayant permit d’intégrer cette structure, se visualise une forme d’organisation qui est transversale au sein de l’agence. L’organisation transversale des collaborateurs favorise la polyvalence et la multi-appartenance. Elle permet le rattachement à plusieurs processus de projets simultanés. C’est le résultat d’un décloisonnement des champs de compétences et de savoir. Cependant les objectifs poursuivis ne sont alors plus linéaires, il nécessitent des négociations et des arbitrages entre des intérêts convergents et des intérêts divergents. Cette organisation transversale d’entreprise est portée par le mode projet car il définit les objectifs à atteindre et ne met pas en jeu des objectifs personnels trop prononcés. Elle développe le travail de groupe et permet de constituer un savoir collectif depuis des savoirs individuels. L’organisation transversale permet ainsi à une équipe de se définir en tant que groupe mais aussi en tant qu’individu agissant dans ce groupe pour des objectifs à atteindre. Elle facilite aussi une mobilité des participants car elle permet une recomposition et une intégration facilitée. L’organisation transversale s’organise donc dans une structuration par le mode projet et nécessite une forme de récurrence lorsqu’il y a besoin de déployer des mécanismes d’intervention, ceci est définit par le processus. L’environnement pluridisciplinaire de l’organisation transversale fait actuellement apparaître des réseaux d’individus partageant des objectifs professionnels communs. Les trois piliers de ce mode d’organisation se dessinent donc , le mode projet, le processus, le réseau. La relation de cette organisation au projet urbain nécessite donc de concilier les sensibilités individuelles au sein d’une action de groupe. Le consensus des participants est alors nécessaire pour la tenue du projet afin d’éviter les contradictions mais il est difficile à maintenir car les individus trouvent alors obligation d’agir dans les intérêts du groupe et non dans leurs intérêts personnels. L’individu s’efface alors au profit du groupe mais cette forme d’organisation mobilise les compétences et savoirs propres à chacun par sa nécessaire diversité. Cette ambiguïté est une source de conflit au sein des organisations pratiquant le projet car elle peut aboutir à l’expression de rapports de force en lien avec des convictions et des postures personnelles. Le projet urbain dans ses formes 50


possibles pose la question de son identité, est-il une expression de la sensibilité individuelle de son auteur, organisation hiérarchique, ou un consensus issue d’une organisation transversale du travail ? Pour le domaine de l’architecture et de l’urbanisme, les savoirs individuels constituent la richesse des approches conceptuelles car ils permettent d’intégrer des compétences et des préoccupations spécifiques. Celle-ci peuvent faire l’objet de théories développées au sein d’une pratique. Se constitue le plus souvent au sein des structures une éthique collective partagée et construite définissant un regard particulier sur les misions effectuées. Se constitue alors une forme d’identité d’agence.

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La théorisation et les concepts Les concepts produisent des outils, de la connaissance. Le temps du projet comprend un moment particulier, celui de la conceptualisation. C’est le moment de la confrontation entre la réalité d’un contexte et la théorie exprimée par des concepts. En effet un projet suppose de faire intervenir des principes, de orientations, des directions à prendre qui se trouvent formulées sous la forme de ce que l’on appelle un concept. Ils servent à amener dans le projet dans une réflexion qui apporte les savoirs nécessaires afin de produire une connaissance du sujet étudié. Les concepts se basent sur les divers angles problématiques que le projet tente de résoudre. « Les concepts peuvent servir à élaborer des hypothèses plus générales, relatives à la société, au système de flux, aux écosystèmes, à l’économie, à l’histoire, ... Il peuvent mettre en lumière des pistes de recherches cruciales pour d’autres disciplines. Dans un cadre de connaissance non monolithique et séparée, ceci produit du projet producteur de connaissance. »1 Les concepts offrent alors une réflexion sur un aspect donné et proposent de le développer selon deux axes, celui de la théorisation mais aussi celui des solutions possibles. La conceptualisation est une figure tant dans la réflexion que dans la solution. Grâce aux concepts que le projet développe, pour trouver les éléments de son élaboration, il se place dans la connaissance. Celle-ci évolue grâce aux aller-retour entre théorie et pratique. Les concepts trouvent leur expression notamment par la représentation diagrammatique des sujets qu’ils abordent. Cette figure du diagramme permet la décontextualisation des concepts. La résolution des problèmes qu’il tentent de maîtriser se retrouve alors dans un espace fictif libéré des contraintes réelles. Une forme d’universalité opposé à la situation, obligée par le projet, fait du concept un élément autonome. Cette autonomie permet son évolution mais également la production d’une connaissance plus générale. « Le diagramme, dispositif explicatif qui analyse le projet, l’explique, le communique. [...] capacité à véhiculer des concepts [...] il joue le rôle de médiation entre concepts et images, entre les figures, entre analogies et métaphores de provenances hétérogènes et souvent discordantes. [...] résoudre un problème c’est le représenter autrement. »2 Le 1 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble 2 Ibid

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diagramme possède la capacité de représenter le concept et de le situer dans cette relation entre théorie et pratique. En effet il permet d’exprimer une pensée tout en lui donnant une exigence par la production, d’une image, d’un schéma, qui pourra s’appliquer dans un contexte de projet. Le diagramme explique le concept et créé les outils capable de réfléchir au sujet que soulève le projet tout en commençant à construire des éléments de résolution. « Le diagramme est un outil d’analyse et de projet [...] Le but évident du diagramme est de montrer la flexibilité de l’idée, sa capacité à s’adapter aux formes du territoires et à ses diverses conditions. C’est une façon de véhiculer les abstractions, les théories. Le diagramme est la façon de dialoguer avec l’extérieur, [...] »3 Le diagramme permet l’évolutivité nécessaire aux concepts et engage le dialogue entre théorie et pratique. Ceci grâce à la production d’une forme de connaissance dans l’action de projet. - La démarche unitaire produit des concepts au cours de son déroulé. Il y a une construction simultané de la réflexion et des solutions face à la situation proposée par le projet . - La démarche incrémentale produit des concepts dans un souci de globalité afin de pouvoir les confronter au cours d’instants spécifiques que forment les projets. Le concept développe une forme de vision globale sur les projets. Il donne par la suite la formalisation d’outils spécifiques s’exprimant souvent par une représentation diagrammatique ou schématique. La communication des ces concepts devient l’enjeu de la compréhension du projet permettant aux démarches de s’exprimer au travers de ceux-ci. La vision globale du concept permet l’introduction de théorie dans le projet. Prenons quelques exemples chez Urbitat+ : La mutabilité est un concept qui se base sur l’évolution de la ville, de son tissu, de ses formes. Il trouve sa globalité dans le fait qu’il tente de comprendre un phénomène de transformation possible de l’espace bâti et non bâti. L’étude de cette notion et des facteurs qui la permettent en font un champ théorique d’exploration. Mais il est aussi possible de tester dans le projet des formes nouvelles de bâti, de découpage parcellaire, d’évolutivité possible, faisant alors avancer le concept dans une relation entre théorie et pratique. 3 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble

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Le droit à l’ensoleillement est un concept qui se base sur l’orientation du bâti et sur l’ensoleillement qualitatif du logement. Ceci devient un critère primordial dans la conception. Il devient un critère d’évaluation des projets dans leur réussite ou non à offrir ce droit à l’ensoleillement pour un maximum de logements. L’utilisation de ces concepts au sein du projet mobilise alors des outils d’application. On trouvera alors pour le concept de mutabilité la naissance d’un document appelé ''plan processus''. Il vient alors gérer la malléabilité du projet que met en place la mutabilité. Il s’imagine là un nouveau type de plan permettant de prendre en compte des évolutions non permise par les outils classiques de représentation du projet urbain. L’utilisation du diagramme et du schéma permet alors d’ouvrir tout un champ de représentation qui permet l’invention et l’introduction de nouvelles théories au sein de la pratique. Cette représentation contient évidemment un souci de communication réfléchie, afin de pouvoir transmettre au mieux les nouvelles idées véhiculées par les concepts et leur représentation en diagramme ou en schéma. Ici se dessine également la notion de l’évolution des outils que possède le projet urbain pour sa conception et sa production. Face aux évolutions qu’engendre un projet, l’apparition de nouveaux outils permettant de communiquer au mieux les idées véhiculées devient un champ de réflexion pour les théories développées. Champs de réflexion nécessaires à leur propre construction. On assiste alors à la création de nouveaux concepts, outils, représentations, issues de réflexions menées par les architectes urbanistes. « [...] la méthodologie, les diagrammes, schémas, représentations graphiques correspondent à l’interprétation d’une théorie avec une visée opératoire. »4 La nécessité de formuler des concepts nourrit une recherche par le projet. Celle ci pouvant se développer de manière distincte si l’on se trouve dans une démarche unitaire ou incrémentale.

4 PESCADOR, Flora et MIRALLAVE, Vicente, re_ARCH’Y en architecture, la recherche et le projet, ENSAL et ULPGC, Lyon, mai 2015, FLEURY, François

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Théorie et pratique La question de la relation entre théorie et pratique dans le projet est centrale. Le projet est lui même une figure contenant la réflexion et l’action, il permet de penser et agir. « L’une des particularité du concept de projet est que se joue en son sein deux ordres continuellement enchevêtrés, l’ordre du discours chargé d’expliciter, de décrire, de prescrire, l’ordre de l’action qui engage les intentions dans une planification et une mise en pratique pour réaliser [...] »1 Le projet propose cette articulation de la pensée et de l’action pouvant plus ou moins tendre, vers une approche théorique, ou vers une approche pratique. Le projet peut voir apparaître deux postures dans sa fabrication, une plus pragmatique, une plus utopique. Ceci permet alors de prendre conscience de l’écart possible entre théorie et pratique dans le projet. Ces deux notions peuvent se rapprocher ce qui donne l’approche pragmatique, ou s’éloigner donnant une approche plus utopique. « [...] le projet appartient à ces rares figures qui se situent quelque part entre théorie et pratique [..] c’est lorsque l’écart entre théorie et pratique sera faible, que l’on pourra parler de projet dur [...] dans les cas où l’écart est important entre conception et réalisation, nous sommes en présence d’un projet mou laissant place à une grande improvisation liée à l’incertitude tolérée [...] »2 - L’approche pragmatique, se retrouve dans une démarche unitaire de projet dont le danger est de tendre vers trop de pratique et peut de théorie. Un excès de pragmatisme peu entraîner des certitudes trop fondées. Une difficulté de gérer les aléas et la souplesse nécessaire à la réalisation du projet urbain peut alors se faire sentir. - L’approche utopique, se retrouve dans une démarche incrémentale de projet dont le danger est de tendre vers trop de théorie et peut de pratique. Un excès d’utopisme peu entraîner des incertitudes trop nombreuses. Une difficulté de tenir le projet, de maintenir ses grandes lignes lors de sa réalisation peut apparaître. La relation entre théorie et pratique permet de faire des parallèles sur la relation entre conception et réalisation.

1 2

BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition Ibid

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Le praticien réflexif et le théoricien activiste. La relation entre théorie et pratique pose la question de l’architecture et de l’urbanisme. Est-ce un domaine ou une discipline ? En effet être praticien pousse vers une définition en tant que domaine tandis qu’être théoricien pousse vers une définition en tant que discipline. Le premier se basant sur une recherche empirique par le projet et le deuxième se basant sur une recherche scientifique de la notion de projet. La position face au projet unitaire ou incrémentale pose la question de la place de la théorie entre le retour d’expérience et la recherche active. La démarche unitaire fait de l’architecte urbaniste un praticien réflexif. La démarche incrémentale fait de l’architecte urbaniste un théoricien activiste. La première utilisant le retour d’expérience comme recherche empirique et la seconde la recherche active comme recherche scientifique. Ce dialogue entre les deux démarches de projet, unitaire ou incrémentale, pose l’action au sein du projet urbain comme une science de l’action et non une science du projet. Il s’intéresse bien à la démarche de l’architecte urbaniste dans ses méthodes et moyens d’action. La notion de projet se déporte petit à petit de son résultat vers la mise en valeur de la démarche et du processus mis en place. Ce déplacement questionne les architectes urbanistes sur leur posture. Doiventils introduire dans leurs pratiques un retour d’expérience ou la recherche active ? C’est à dire se positionner entre démarche unitaire et démarche incrémentale. La question du rapport entre théorie et pratique pose la question de la posture à adopter ainsi que de la démarche à privilégier. Le but étant de rapprocher le champ théorique et le champ pratique en introduisant l’un dans l’autre afin de construire une démarche de projet particulière. « C’est essentiellement selon le rôle que l’on donne aux activités scientifiques dans les activités publiques que l’on peut différencier des postures. Si la raison instrumentale est dominante, dans un cadre de réflexion avant tout résolutoire, c’est plutôt du côté de la raison pratique que l’on pourrait identifier une conception à même d’instruire des rapports de force en autant d’épreuves de savoirs. Les enjeux de sciences de l’action sont considérables si on ne les ''restreint'' pas à une science du projet qui est soit trop dépendante d’un seul paradigme ( fût-il de la complexité ), soit en peine d’intégrer justement ce qui s’affirme comme art et ceux qui réfutent tout caractère scientifique à l’urbanisme. C’est une belle occasion à saisir pour que des théoriciens, qui n’ont pas le monopole de la réflexion, soient d’avantage à leur contact, plus à même de comprendre l’élaboration des nouveaux 56


espaces, de leurs idéologies, de leurs modes d’emploi... Il ne s’agit pas d’envisager un rapprochement idyllique de catégories professionnelles différentes, mais d’admettre que les théoriciens ont des pratiques et les praticiens des théories. »3 Le projet urbain devient alors une science de l’action. La réflexion sur la relation entre théorie et pratique peut alors faire du projet urbain « Une science de l’action spatiale peut alors se focaliser sur les usages de documents, explorer l’urbanisme en actes, les cultures professionnelles contrastées qui l’animent, qualifier la plasticité de règles, contrats, tracés projetés, programmes envisagé [...] »4 Le positionnement de l’architecte urbaniste sur la relation entre théorie et pratique concoure à ce qu’il devienne un acteur de changement intentionnel et réflexif dans sa pratique du projet urbain. Il doit donc définir la place des ses méthodes et moyens d’action entre théorie et pratique pour explorer des contextes divers situés dans une opérationnalité et une réflexivité. S’impose alors une définition et une conceptualisation des théories et des outils mobilisés. Pour le praticien réflexif on parlera alors de pratique urbaine et architecturale qui met en place et favorise le retour d’expérience basé sur des sujets de préoccupations personnels ou collectifs. Pour le théoricien activiste on parlera alors de théorie urbaine et architecturale basée sur l’exploration de concepts spécifiques qui s’applique dans une forme d’expérimentation, de vérification, et d’invention par le projet urbain. Ces deux positions prônent les aller-retour réflexifs entre théorie et pratique. L’intervention de regards extérieurs nourris par des compétences diverses, et des intentions ou actions individuelles, devient essentielle. C’est exactement la différenciation entre démarche unitaire et démarche incrémentale qui nécessite pour l’architecte urbaniste un positionnement. Il existe pour cette exploration de la relation entre théorie et pratique, au delà des démarches, des méthodes exploratoires sur la construction des positionnements à adopter. Ces figures de la relation entre théorie et pratique peuvent se présenter ainsi : la prospective / le plan processus / le plan guide / ...

3 p41 4

DEVISME, Laurent, Le praticien réflexif et le théoricien activiste, Revue URBANISME, Paris, mai-juin 2010, n°372, Ibid

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La prospective: regarder en avant

Une figure qui permet largement à la théorie de s’exprimer mais en représentant des solutions qui amène la dimension pratique même si elle reste parfois idéaliste. La prospective propose l’exploration de la recherche active. Cette articulation qui permet de développer une réflexion théorique illustrée par des images pragmatiques comporte trois étapes de construction. La phénoménologie. La prospective se base sur des observations de phénomènes en constante évolution. Elle s’intéressera par exemple, à l’évolution du climat, à la montée des eaux, à la pollution croissante. Elle propose d’isoler ces éléments et de les faire basculer dans un imaginaire qui prenant comme base ce questionnement : que se passe-t-il dans un cas de figure donné. Exemple, niveau des mers +2m, température + 4 °C, pollution totale des sols, ... La prospective propose alors de trouver des réponses théoriques face à ces évolutions et à leurs conséquences. « La prospective cherche à partir de la forme des différents phénomènes, les intentions profondes qui les ont générées et aussi, en isolant les éléments de ces différents facteurs, s’interroge sur les conséquences de leurs évolutions respectives pour ensuite les réunir dans une réflexion générale dans laquelle interagissent différentes conséquences. [...] la prospective est à la fois une construction dans le temps, sa conceptualisation et théorisation. Elle doit conduire à une nouvelle vision du monde, ''une vision en profondeur qui cette fois, ne se fait pas dans l’espace, mais dans le temps''. »5 Elle propose alors une réponse qui gère les phénomènes pris comme base théorique de sa construction. Elle va conceptualiser une réponse en imaginant une temporalité. Cet exercice permet également de produire une forme de connaissance grâce à des réponses apportées vis-à-vis de phénomènes étudiés. La temporalité. La prospective s’imagine dans un futur plutôt lointain. Car son propre est d’exagérer les situations existante afin de voir jusqu’à quel point celle-ci peuvent devenir préoccupantes. Elle permet de mieux gérer les problèmes car la situation extrême trouve souvent une solution mieux adaptée car elle répond à un problème devenant d’importance majeure. « L’horizon temporel de la prospective ne doit pas se limiter à survoler la contingence mais s’étendre au temps long: déchargée du problème de prédiction et intéressée aux situations et non pas aux événements, elle s’occupe des tendances sur le temps long et est complémentaire, et non en opposition, aux prévisions à court terme. [...] La décision 5 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble

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à court terme réduit inévitablement l’horizon du possible tandis que la réflexion sur le temps long laisse la liberté d’imaginer, de ''penser à l’homme'', au centre de la réflexion prospective. »6 Ce temps long permet de se concentrer sur une situation posant un problème central. Cette temporalité lointaine introduit l’homme dans son rapport au temps et le met face à son devenir et face à son adaptation vis-à-vis des phénomènes le menaçant gravement. La prospective produit alors de la connaissance face à des situations extrêmes possiblement rencontrées par l’homme dans un futur plus ou moins proche. La connaissance. La prospective permet de construire une connaissance des phénomènes possibles. Celle-ci trouve appui dans la réponse proposée par la prospective ainsi que dans les images du futur qu’elle propose de construire. Le rôle de l’architecte urbaniste se définit ici comme un constructeur d’images qui concourt à élargir l’imaginaire collectif. « Quand les images produites concernent le futur, et non pas seulement le futur proche qui inclut l’horizon temporel du projet réalisé, elles contribuent à faire du futur un objet de connaissance, de discussion et de construction. »7 La prospective permet une vision lointaine des situations à venir et permet un regard différent sur les situations actuelles et donc des choix qu’il est impératif de mener. « Même les plus vastes scénarios doivent être mis à l’épreuve et ont besoin, pour que leur conséquences soient comprises, d’un territoire-laboratoire.[...] Le but n’est pas celui de bouleverser un lieu par de nouvelles formes ou structures, mais d’investir le territoire de possibilités [...] »8 La prospective se présente alors comme une vision théorique lointaine permettant à la situation actuelle de trouver une réponse plus adaptée et juste. Elle est un outil de relation entre théorie et pratique mais plutôt située du cotée de la théorie et donc dans une démarche incrémentale de projet. Ici n’est pas développé d’exemple de figure permettant la relation entre théorie et pratique dans une démarche unitaire. Elle reste à imaginer et à formaliser. Ces figures de la relation entre théorie et pratique rappellent simplement la nécessité de se positionner dans ce dialogue mais surtout « L’urgence d’imaginer le futur comme un acte collectif pour le projet urbain, pose les bases de nouvelles 6 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble 7 Ibid 8 Ibid

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narrations, d’autres récits de grande ampleur [...] »9 Les démarches doivent se définir mais c’est avant tout dans une construction collective qu’elles doivent s’exprimer afin de conduire le projet urbain vers un nouveau souffle pour qu’il redevienne une figure essentielle de l’action sur l’espace.

9 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Campodarsego, 2012, collection vuesDensemble

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Dispositifs de Projet

Le projet urbain nécessite des moyens de production qui se définissent par certaines étapes et certains acteurs le construisant. Ce passage de la conception à la production marque un basculement. Ces deux grandes étapes se succèdent marquant une action sur le projet qui se réfère à des systèmes parfois contradictoires. L’univers conceptuel laisse place à l’intervention d’une diversité de contextes. Le projet urbain traverse ces contextes se confrontant à une diversité d’acteurs permettant ainsi sa construction.

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Le dispositif Le dispositif de projet urbain suppose de parler des moyens de production de celui ci. Il concerne plusieurs contextes successifs marqués par des étapes structurantes. Ceci est concomitant avec une temporalité du projet. La compréhension de ce dispositif passe par une description des contextes traversés par le projet urbain. L’étude des quatre contextes s’attache à les définir, trouvant leur particularité dans les types d’actions menées, contexte politique, contexte technique, contexte économique, contexte vécu. « Le dispositif est d’abord un assemblage intentionnel d’éléments hétérogènes répartis spécifiquement en fonction d’une finalité attendue. »1 Le contexte politique, est le fondement du projet, une volonté s’exprime sur une opportunité ou une situation. La volonté politique de mener un projet urbain est portée par les acteurs décisionnels, la maîtrise d’ouvrage. Le terme politique prend un sens différent selon le type d’acteurs concernés. Pour un acteur public, le mot politique est envisagé sous un sens démocratique et républicain, qui représente l’état et ces citoyens. Pour acteur privé, le mot politique est envisagé sous une logique de politique d’entreprise plutôt économique, de développement et d’image. Les acteurs politiques définissent un cahier des charges prenant en compte la situation de projet et définissant les termes de l’appel d’offre qui donnera lieu au projet urbain. Cependant le contexte politique est aujourd’hui en forte évolution dans le domaine public. Il se trouve notamment sous les coupes budgétaires de l’État. Cette évolution est accrue par des changements réglementaires de plus en plus contraignants techniquement et économiquement. Le résultat est une diminution voir une disparition de l’action publique dans le projet urbain ainsi que dans l’aménagement des territoires. L’appel d’offre est une étape administrative singulière régie par des codes, il permet l’accès au projet urbain pour les bureaux d’études et implique un changement de contexte dans le cadre d’une action public. L’action privée formalise cette étape sous la forme de concours comprenant lui aussi un cahier des charges mais une réglementation moins ferme. Le contexte technique, tout d’abord, ceci est un contexte général dans lequel interviennent en partie les autres sous la forme, d’une volonté politique, 1

ZITTOUN, Philippe, Dispositif, Dicopart, juin 2013

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Déroulé du Dispositif de projet Administratif

Politique/ Administratif

Économique/ Concrétisation

Projet urbain

Politique

Économique

Technique

Volonté Politique

Vécu

Ajustement Technique Acceptabilité Politique

Faisabilité Économique

PoliticoÉconomique Volonté Politique

Le schéma exprime la continuité entre les contextes traversé par le projet, ils s’enchaînent temporellement trouvant des temps plus ou moins selon la complexité des situations données.

d’une faisabilité économique, d’une acceptabilité politique. Il regroupe les acteurs décisionnels, la maîtrise d’ouvrage, engagée dans une conception de projet avec les acteurs conceptuels et techniques, la maîtrise d’œuvre. Ce contexte fait face à une augmentation des acteurs intervenant du fait de la technicisation du projet. Ceci est le résultat d’une réglementation environnementale et normative des espaces de vie urbains et architecturaux en constante évolution. Il est donc nécessaire de définir les actions de chaque acteurs conceptuels et les méthodes appropriées pour mener la conception urbaine. La maîtrise d’œuvre définit alors une méthodologie d’approche en réponse à l’appel d’offre. Elle expose sa manière d’aborder les étapes de concrétisation notamment par une conception faisant appel à des processus imbriqués, description, conceptualisation, scénarisation. Ce contexte fait place à des aller-retour entre maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage, permis par une construction en étapes et par des présentations de projet trouvant différents niveaux de définition. Intervient un temps politique et administratif de validation du projet prenant deux formes. La concertation fait intervenir les riverains et les habitants permettant une acception ou un refus des éléments constituant du projet urbain. Le permis 65


d’aménager est un moment de validation administrative des choix effectués et permet une étape décisive pour le projet qui est alors animé par un autre contexte. Le contexte économique, tout d’abord, ceci est un contexte général dans lequel interviennent en partie les autres sous la forme, d’une volonté politique, d’ajustements techniques, de négociations politico-économiques. Il regroupe les acteurs décisionnels, la maîtrise d’ouvrage, alors engagés dans une production de projet avec les acteurs conceptuels et techniques, maîtrise d’œuvre, additionné à des acteurs économiques et promotionnels. C’est le temps des négociations et des arbitrages entre les parties intervenantes qui tendent dans cette phase à la défense de leurs intérêts individuels. Ceci est aussi un fait du contexte économique général qui aujourd’hui se trouve tendu et influe donc sur tous les aspects de notre société industrialisée. Le contexte vécu, devient aujourd’hui une nouvelle dimension, notamment depuis la création des éco-quartiers. Tout l’enjeu est de transmettre aux futurs habitants les clefs nécessaires à la compréhension de la complexité opérationnelle, réglementaire, technique, économique du projet dans lequel ils vont vivre. Les différents contextes interviennent successivement mais insufflent au cœur de chacun les contraintes qu’ils imposent. Ici se propose une petite définition de chaque terme utilisé dans la schématisation. - Administratif : appel d’offre, concours, conflit d’intérêt - Politique/administratif : consultation et information des habitants, validation ZAC, Permis d’aménager, documents d’urbanisme POS, PLU, SCOT,... - Économique/concrétisation : vente, construction - Volonté politique : bord politique, activisme politique - Acceptabilité politique : la concertation dans le dispositif et le processus de projet - Politico-économique : subventions, état, région, départements, communautés de commune, labels ... Les études de cas développées ont permis de saisir les projets au sein des contextes ici expliqués. Elles renvoient donc à un ou plusieurs contextes permettant l’illustration schématique et la description de ceux-ci dans une situation réelle observée. 66


Contexte Politique: étude de cas, Schiltigheim Fischer et Marckolsheim Contexte Technique: étude de cas, Cornimont Contexte Économique: étude de cas, Cornimont

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Les acteurs Le projet urbain fait intervenir plusieurs catégories d’acteurs. Ils ont une relation particulière à celui-ci du fait de leurs interventions dans les divers contextes. L’architecte urbaniste fait face à cette diversité il est donc intéressant de comprendre ce qui anime et guide les actions de chacun. « L’auteur d’un projet doit apprendre à compter sur un environnement d’acteurs aux positions variées : personnes ressources qui abondent dans le sens du projet, personnes confrontantes qui vont contrarier les desseins de l’auteur, acteurs indifférents qui opposent leur force d’inertie. »1 La diversité explicitée et analysée ci-dessous ne prétend pas être exhaustive des acteurs possibles du Projet Urbain, cependant elle fait l’objet de tous ceux rencontrés et observés par le biais des études de cas. Chaque acteur possède sa propre vison apportant au projet urbain des logiques, des valeurs, des intérêts, ... Cette diversité dont l’acteur est porteur au sein de son action s’exprime dans le dispositif explicité précédemment. Les acteurs décisionnels : élus, municipalité, maire, comité technique, comité de pilotage. Le projet urbain concerne un quartier, un morceau de ville, une commune, une agglomération, il projette ces éléments dans le devenir possible et probable. Se développe alors une dimension stratégique car le projet urbain met en jeu l’espace dans un schéma concurrentiel. Il présente alors pour ces acteurs des enjeux de développement, de stratégie urbaine, d’accueil de fonction, d’attraction territoriale. Il est une concrétisation du projet politique qui nécessite un engagement de processus opérationnels. Les acteurs conceptuels et techniques : urbaniste, paysagiste, architecte, concepteur, ingénieur ( voirie et réseaux divers, structure et lumière, pollution, environnemental ). Le projet urbain est une investigation de l’espace et de la forme urbaine. L’approche du travail n’étant pas nécessairement liée à une commande publique ou privée. Il est donc question de conception pour ces acteurs se situant dans la représentation et la définition d’un résultat souhaitable et souhaité par les autres acteurs. Ce qui fait du projet urbain un résultat possible pour la production de l’espace. La mission conceptuelle et technique propose un processus allant de l’exploration à l’opérationnel. Le principal conflit rencontré 1

BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, 2015, Paris, 2ème édition

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est la difficulté à maîtriser les niveaux de définitions à atteindre pour que la représentation graphique ne soit pas perçue comme un projet fini et immuable. Les acteurs économiques : promoteur, aménageur, bailleur, pavillonneur. Le projet urbain s’exprime par des intérêts particuliers vis-à-vis de situations foncières ou immobilières. Ils sont sensibles aux modifications du cadre de vie qui peut influer sur les valeurs du marché ce qui lui donne de plus une vision à court terme des actions engagées. La logique opérationnelle du projet est très présente pour ces acteurs. Il sont intégrés de plus en plus en amont des projets afin de garantir des conditions de réalisations favorables dans un contexte économique en difficulté. La mission des acteurs économiques transforme une emprise foncière brute en produit commercial par l’ouvrage, le projet urbain est alors un simple préalable pour une opération immobilière. Les acteurs du vécu : habitants, usagers. Le projet urbain tente de créer un bien commun pour la société, mais il est souvent assimilé à une opération immobilière d’envergure. La concertation est le moyen d’amener le projet urbain dans le débat public et de faire que les habitants y prennent part, en exprimant leur attentes. Elle permet une plus grande attention du public pour les acteurs décisionnels des politiques urbaines. Une cinquième catégorie d’acteurs peut être définie, elle concerne un type différents qui viennent alors se poser en appuis, en assistances des autres catégories. Il sont notamment plus présent avec les acteurs décisionnels apportant un savoir spécifique. Elle se caractérise par l’assistance à maîtrise d’ouvrage, communément appelé AMO. La démarche multipartenariale apparaît donc systématique pour la définition du projet urbain dans ses objectifs. Cependant la diversité des acteurs et du référent que peut constituer le projet urbain pour chacun, fait apparaître des conflits récurrents dans les mécanismes de conception et de production. De plus une évolution de notre société base la définition des milieux professionnels sur un rejet de la norme afin de systématiser la différence et l’originalité pour mettre en avant une pratique par rapport à une autre. L’utilisation commune du terme de projet urbain suppose les prémices de bases communes à construire. L’enjeu est de constituer assez de bases communes à tous les acteurs sans obligatoirement 69


prôner une volonté de consensus sur les notions de fond que chacun insuffle dans le projet urbain. Une approche globale paraît à construire. Celle-ci suppose l’action de tous les acteurs et leur mise en réseau, par la compréhension du projet urbain dans son ensemble. « [...] un lien social insuffisant à tendance à générer dans le dispositif de projet des acteurs indifférents et des acteurs conflictuels [...] »2 Ce pose alors une réflexion sur les modes d’action et sur la co-présence de tous les acteurs, quel système organisationnel imaginer pour concevoir le projet urbain ensemble, la coproduction ?

2

BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition

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Production / Conception Conflit entre, production de projet et ses acteurs, et projet urbain et ses concepteurs. Le scénario joue le rôle de construction entre ces deux grands moments du projet urbain. Il gère les situations conflictuelles et propose des solutions. Le scénario est le lieu de débat entre conception et production de projet. Il rassemble les acteurs les confrontant aux décisions à prendre. C’est le moment du rassemblement dans le passage de l’un à l’autre. La situation de projet rassemble autour d’une démarche. « [...] la méthodologie du projet [...] implique que le concepteur et gestionnaire soient rassemblés dans la même instance, individuelle ou collective, en vertu de la non-division de travail prônée par la logique du projet ; à trop vouloir dissocier conception et gestion, on met les acteurs concernés dans une situation d’aliénation et l’on s’éloigne de ce qu’implique la figure du projet. Une telle exigence reste une perspective idéale pour un projet collectif, et souvent limitée aux seuls responsables directs dudit projet. Mais leurs collaborateurs [...], et tous ses subalternes nécessaires à l’édification des plans et dessins, ou à leur réalisation, vivent la même division du travail que dans le cadre d’une organisation industrielle traditionnelle. »1 Le déroulé du projet met donc au jour un conflit de taille dans les moments collectifs de choix notamment quand les concepteurs mobilisent les compétences décisionnelles, techniques, économiques, ... Ces grands moments de choix font unité dans le déroulé du projet urbain pour avancer d’une étape de concrétisation à l’autre. Il alterne donc entre les phases d’un système organisationnel transversal et les phases d’un système organisationnel hiérarchique. Ces moments de choix où les compétences s’expriment transversalement peuvent être appelées des moments de consensus. Ils sous-tendent les décisions à effectuer par la prise en compte des interventions et des connaissances apportées par chaque acteur. Le rôle de l’architecte urbaniste est alors d’amener ce moment de choix consensuel par une démarche qui le permet. De proposer les outils et le processus qui permet au caractère unitaire de conception et de gestion du projet d’exister. Le premier conflit est cette distinction au sein du projet urbain entre conception et production. Les acteurs conceptuels sont dissociés des acteurs productifs. Prend alors place une division des compétences qui se succèdent les unes aux autres. Ce type de fonctionnement cloisonne les savoirs. 1

BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition, p298

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Conflit entre champ de compétences et champs des savoirs. L’hyperspécification des acteurs dans le projet urbain et la multiplication des compétences complexifie le déroulé du projet. On assiste alors à des conflits sur les interventions au sein du projet urbain, chaque acteur voulant maîtriser au maximum les compétences impliquées. Ce conflit se ressent grandement chez l’architecte urbaniste qui doit exprimer sa compétence de concepteur mais également son rôle de maîtrise sur l’ensemble du déroulé de projet. Il se confronte donc aux conflits possibles avec tous les acteurs intervenants. Ce conflit révèle aussi la difficulté actuelle pour chaque acteur de trouver sa place dans le projet urbain, chacun voulant de plus en plus de maîtrise et d’influence sur celui-ci. Conflit entre système contractuel et système d’entreprise. De plus au sein du projet urbain entre la conception et la production les acteurs intervenant appartiennent à des systèmes d’organisations très divers. Il apparaît des conflits entre personnes fonctionnant dans un schéma transversal et personnes fonctionnant dans un schéma hiérarchique. Cette différenciation amène des clivages entres les acteurs ne prônant alors pas les mêmes principes de la réussite d’un projet. Ces conflits peuvent être le terreau nécessaire à l’introduction de la réflexivité dans le projet urbain. Effectivement l’opposition conception production, peut permettre à chaque acteur intervenant de se poser en acteur réflexif. Ceci guide alors les choix effectués par chacun lors des étapes successives dans un souci de maîtriser les conséquences de ceux-ci dans l’avancée du projet et sur l’action des autres intervenants. On peut alors parler d’attitude réflexive entre les actions dans la conception et les actions dans la production, celle-ci s’intégrant à la démarche unitaire comme à la démarche incrémentale sous la forme de la coproduction. Cependant dans la première démarche, la co-production prend la forme d’un travail collectif de tous les acteurs intervenant dans le temps donné du projet et de son déroulé. Au contraire dans la seconde démarche elle prend la forme d’un travail intégrant chaque acteur le plus en amont possible des questions qui intègre les choix à effectuer. Ceci suppose de maîtriser et d’anticiper les questionnements du projet urbain. D’être un acteur capable de saisir les mécanismes en amont des éléments nécessaires à la construction du projet urbain. Il est alors supposé une maîtrise de la réflexivité en cours entre conception et production.

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Entreprise et Organisation contractuelle Les agences d’urbanisme ont un fonctionnement organisationnel qu’il est nécessaire de décrire, il est le résultat d’une commande provenant essentiellement du domaine public. Ceci s’exprime par un contrat et donc par une organisation contractuelle de l’entreprise. L’accès au projet urbain nécessite donc dans sa concrétisation une contractualisation avec les collectivités publiques, avec la maîtrise d’ouvrage qui commande le projet. Chaque nouvelle situation de projet nécessite pour les acteurs conceptuels de former ce contrat. Ils sont donc fortement soumis aux modifications du contexte politique, notamment par la réglementation et la codification de l’appel d’offre public. Cette organisation contractuelle se répète projet après projet et permet aux concepteurs une variabilité de constitution de l’équipe notamment entre entreprises de champs de compétences spécifiques, urbaniste, paysagiste, architecte, ingénieur. L’équipe se constitue face à un appel d’offre qui demande ou nécessite des compétences diverses, un mandataire est alors en charge du projet et s’associe avec les autres acteurs conceptuels afin de maîtriser tous les aspects de la mission de conception. Ceci est pour les agences d’urbanisme une forme d’externalisation des compétences et permet en interne de posséder des savoirs spécifiques sur l’aménagement en tant qu’architecte urbaniste. La complexification actuelle de la conception urbaine oblige les concepteurs à intégrer d’autres domaines. Elle enrichit le projet mais ne facilite pas l’interaction avec la maîtrise d’ouvrage se trouvant face à une multitude d’acteurs et donc de choix à effectuer sur des domaines de plus en plus pointus et spécifiques qui influent et se limitent les uns les autres. Michel Bonnetti nous livre ici les modifications de l’organisation contractuelle du système anglo-saxon, peuvent-il devenir des nouveaux modèles ? « [...] le développement du partenariat public-privé aboutissant à ce que les institutions publiques délèguent entièrement au secteur privé la maîtrise d’ouvrage, la gestion financière et la réalisation des opérations. La culture juridique, qui fonde les lois sur les pratiques des acteurs, se traduit par une «culture du contrat» qui l’emporte sur le développement des lois, favorise le développement de formes de contractualisation souples. ( C’est ici un système anglo saxon, le cadre légal français est trop rigide ce qui fait obstacle à cette forme 73


d’évolution. ) Il convient de noter que le concept de règle juridique se traduit par ''régulation'' qui signifie bien une régulation des relations entre les acteurs et non pas l’imposition d’obligation intangibles. On comprend que cela puisse favoriser des coopérations plus souples entre les promoteurs, les maîtres d’œuvre et les entreprises. Dans le monde anglo-saxon, il y a également ce qu’on peut appeler une forte «culture d’organisation». Ils s’interrogent fréquemment sur la pertinence des modes d’organisation et expérimentent. Ils ont développé le concept de ''learning organisation'' qui vise à développer les processus d’apprentissage dans le fonctionnement des organisations de manière à favoriser le développement des compétences des agents et à ce qu’en retour, les organisations évoluent de manière à ce que les compétences puissent être mise en œuvre au fur et à mesure de leur développement. »1 Face aux enjeux du projet urbain et à sa complexité, le processus de conception et de concrétisation se restructure, ce qui amène les architectes urbanistes à travailler sur l’articulation entre la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage. Ils participent parfois à cette maîtrise d’ouvrage dans le cadre des missions d’AMO. Ceci pose donc la question de la pérennité du système contractuel avec les collectivités publiques, la frontière entre maîtrise d’œuvre et d’ouvrage devenant de plus en plus floues pour les acteurs conceptuels. Par leurs compétences ils se confondent actuellement dans ces deux rôles intervenant dans les diverses temporalités du projet urbain.

1 BONETTI, Michel, Les nouvelles formes d’activité de la maitrise d’œuvre architecturale et urbaine en Europe, CSTB, Laboratoire de sociologie urbaine générative, Paris, mars 2003

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Production de Projet

L’évolution du projet urbain fait apparaître de nouvelles organisations possibles pour sa production. Ces nouveaux référents sont l’expression de l’évolution professionnelle en cours chez les architectes urbanistes. Il est donc nécessaire d’aller explorer de nouvelles manières de faire mais également de se diriger vers des disciplines jusqu’à lors étrangères au domaine de l’urbanisme. S’intéresser aux systèmes d’organisations, de productions, de managements, d’évaluations, peut engendrer l’expression de nouvelles solutions. L’exploration de ses modes d’actions ouvre un champ de recherche possible qui est encore vierge de prospections du point de vue de la pratique architecturale et urbaine.

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Système productif Intéressons nous tout d’abord à l’évolution des systèmes productifs et des modes de productions dans notre société moderne en pleine mutation. L’évolution de la société et du capitalisme ayant amené une nouvelle logique organisationnelle, celle de se constituer en projet, quelles sont alors les mutations en cours ? Premièrement le système productif est un « [...] mode d’organisation de la production de mise en cohérence entre mode d’organisation du travail et système technique. »1 Il réunit l’ensemble des facteurs et des acteurs concourant à la production. C’est donc un système variable qui s’adapte en fonction des contextes politiques, techniques et économiques. Dans le champ de l’urbanisme apparaît une réflexion sur le positionnement global de la démarche. On parle alors du rapport entre démarche unitaire et démarche incrémentale. Ces deux démarches peuvent définir la variabilité d’un système productif alors appliquées au domaine de l’urbanisme et de l’aménagement. Adopter une démarche c’est adopter un système productif particulier. Deuxièmement les modes de production font face à une complexification dans notre société. Ils concernent la façon dont on traite les facteurs de production pour aboutir à un produit. Le choix d’un mode de production pour une entreprise est un acte de fondation qui pose sa stratégie. Les modification sociales en cours peuvent transformer ou faire naître de nouvelles stratégies. L’émergence d’un nouveau mode de production qui couple l’internet et les réseaux avec la contribution bénévole peut créer une nouvelle ère. Il permet le développement de nouveaux systèmes et se juxtapose avec l’économie capitaliste, et redéfinit certaines limites. Les schémas concurrentiels sont repensés, le partage et la coconstruction, deviennent de nouveaux outils dans les chaînes de production. Nous faisons face à l’émergence d’une nouvelle typologie de mode de production. L’évolution majeure de nos systèmes productifs et de nos modes de production actuels est organisationnelle. Elle transforme les modes d’action vers une structuration prenant la forme du projet. Or dans l’urbanisme, le système de projet n’est pas seulement celui qui permet la production et la réalisation, c’est aussi un système qui fait naître le projet. Ce système le conceptualise et le créé. Le projet est donc une forme combinant système productif et modes de production 1

Définition, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/

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dans le domaine de l’aménagement. Le système productif étant représenté par le positionnement entre démarche unitaire et démarche incrémentale. Les modes de productions étant représentés par les mécanismes du projet urbain et les choix méthodologiques effectués par l’architecte urbaniste. La culture professionnelle et la culture de l’action se détermine de plus en plus par la notion de projets qui se succèdent, que par une pratique professionnelle. L’évolution de la société et de son économie favorise l’action par le projet donnant une démarche globalisante qui prend en compte tous les acteurs et leur multiplication face à l’intégration de la dimension environnementale. La spécialisation et la diversification des corps de métiers se couplent à une évolution de la norme et à une politique de sécurisation maximale. Cette organisation de projet favorise la transversalité des savoirs et des compétences. Cette évolution organisationnelle et productive nécessite l’émergence d’un nouveau modèle, la co-production à tous les niveaux, entre et chez les différents acteurs. Au sein même des agences d’urbanisme, d’architecture et des structures qui constituent la maîtrise d’œuvre, elle s’impose petit à petit et devient nécessaire au vu de la diversité des compétences admises pour produire le projet urbain et prend la forme d’une organisation transversale.

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La Co-production « L’usage intensif, voir généralisé de cette notion [ de projet ] dans le champ professionnel semble traduire une prise de conscience que toute volonté de changement nécessite l’implication des individus en tant que tels [...] Il s’agit en conséquence de négocier en amont et de manager le processus en recherchant pour le moins l’adhésion de chacun. [...] que ceux-ci s’impliquent en tant que partenaire ou en simples adhérents au bien-fondé du projet, la notion de décision sera remplacée par celle de consensus [...] »1 « [...] la notion d’approche globale et transversale attachée au projet urbain est en quelque sorte un principe , voir une formule qui pour se concrétiser se heurte à la difficulté de mettre en convergence et croiser des logiques ou modes d’interventions irréductiblement sectoriels pour être opératoire dans nos sociétés développées. »2 La co-prodution ne peut pas se prôner, elle doit se baser sur des dynamiques effectives ou potentielles, il faut des acteurs mobilisés et révéler cette synergie par le projet. Il parait donc essentiel de manager les processus dans cette démarche multi-partenariale, ceci suppose de travailler à la définition des objectifs communs poursuivis dans le projet urbain. La co-production induit une attitude, des outils, des malléabilités du projet pour aborder des questionnements avec les différents acteurs. Qu’est-ce qui est négociable et avec qui ? La co-production apparaît aussi par une nécessité dans le projet de faire appel à des diversités de compétences, décisionnelles, financières, techniques, conceptuelles. De cette nécessité découle une volonté de faire ensemble et de non hiérarchiser les interventions issues des différents champs de compétences. Elles contribuent à construire le projet, à le rendre opérationnel. La co-production est un nouveau système organisationnel qui peut permettre de devenir un acteur de changement et de repenser les temps établis du projet urbain. Elle permet d’être force de proposition face aux autres acteurs. La co-production intervient car il y a mobilisation de savoirs non fini ( forme du parcellaire/ mutabilité ), elle définit donc un besoin de réflexion avec tous les acteurs pour faire avancer la connaissance sur ces concepts. Elle intervient donc sur des aspects du projet ou la conception a défini que ces points étaient dans 1 2005 2

AVITABILE, Alain, la mise en scène du projet urbain pour une structuration des démarches, l’Harmattan, Paris, Ibid

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un processus de réflexion, ils sont ouverts à la discussion. Les autres aspects changeant du projet lors de la concrétisation et non défini comme des points de réflexion sont dus à des contraintes et des rapports de force entre choix politiques, techniques et économiques. Ces deux aspects font partie prenante de la coproduction et donnent deux types de rapports dans les relations entre concepteur et autres acteurs, ouverture réflexive ou arbitrage. Cependant le terme de consensus interroge car il semble être un accord sur tout et potentiellement absolu. « Ce travail d’exploration des perceptions et attentes communiquées au sein du groupe par ses membres va être génératrice d’une culture partagée vis-à-vis dudit projet et permettra l’élaboration d’un accord portant sur un certain nombre de points jugés essentiels. Cet accord doit être entrevu comme toujours partiel et susceptible d’être revu ultérieurement ; il ne saurait donc être assimilé à un consensus, c’est à dire un accord sur tout. »3 « La négociation implique deux conditions préalables indispensables, constitutives de tout projet (Dupont, 1986 ) : l’existence d’un minimum d’intérêts communs ou complémentaires entre les acteurs concernés ; l’existence d’une solide motivation de part et d’autre afin de parvenir à un accord. »4 La coproduction nécessite l’adoption d’un commun, d’un système référent, d’une procédure, d’un type de dialogue, entre tous les acteurs. Elle force à simplifier la communication. C’est une forme de capitalisation des expériences de coopérations préalables, elle en est le continuum. Elle devient l’accumulation de ces coopérations et permet de constituer un savoir faire commun, un bien commun, compréhensible et transmissible. La coproduction nécessite donc de la part de tous les acteurs la prise en compte des contraintes et des modes opératoires individuels associés. Elle induit pour l’urbaniste et l’architecte une adaptation des méthodes de conception. Se pose ensuite la question de l’adaptabilité des moyens de concrétisation du projet urbain et des acteurs y afférent. Le positionnent entre démarche unitaire et démarche incrémentale est un des éléments de résolution des problèmes actuellement rencontrés dans la co-production au sein de la pratique du projet urbain.

3 4

BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition Ibid

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La participation La participation des différents acteurs dans le projet urbain suppose le partage de valeurs communes, la co-production tente donc de faciliter un mode de production du projet appropriable par tous. Cependant la participation au projet s’organise par des moyens et des méthodes; quels sont les outils qui permettent aujourd’hui de partager un bien commun dans la construction de notre territoire ? L’émergence de la concertation et de la participation citoyenne montre la prise en compte d’acteurs auparavant délaissés dans les mécanismes de production du projet urbain. « La concertation est un processus de construction collective de visions, d’objectifs, de projets communs, en vue d’agir, ou de décider ensemble, qui repose sur un dialogue coopératif entre plusieurs parties prenantes et vise à construire de nouvelles coordinations autour d’un ou plusieurs objectifs problématiques. »1 Le projet urbain facilite de plus en plus l’intervention de ses acteurs ne constituant pas une expertise mais ayant un regard d’usager. La concertation est aussi vue comme un moyen d’expression démocratique, elle prend différentes formes selon les stades de projet. Ainsi la participation peut faire intervenir les citoyens sur la définition même du projet urbain en amont des missions de conception. Elle peut aussi guider les élus sur des choix de scénarisation par une sorte de validation démocratique d’un certain nombre de choix effectués dans la relation entre maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage. L’émergence de nouveaux outils de conception pour faciliter la coproduction. L’apparition du BIM ( Building Information Modeling ) en architecture est l’expression la plus forte du désir d’universalité des outils. La maîtrise de celui-ci par tous les acteurs fait alors tomber les barrières entre les domaines de compétences divers qui jusqu’alors n’étendaient pas forcément les mêmes valeurs au sein de la notion de projet. Celui-ci propose un modèle unique permettant à tous les acteurs d’agir selon leurs domaines de compétence et de faire avancer le projet prenant alors en compte les contraintes possibles désormais solutionnées par tous grâce au système.

1

BEURET, Jean-Eudes, Concertation ( démarche de ), Dicopart, juin 2013

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L’architecte urbaniste doit-il s’emparer de procédés basés sur la notion de « [...] démarche de référence [...] »2 pour le projet urbain. La mise en perspective des postures adoptées nécessite de mener une démarche soit unitaire, soit incrémentale qui devient référence et peut permettre de fonder une éthique à poursuivre. L’architecte urbaniste tente alors de générer un bien commun dans sa participation au projet urbain. Son rôle de concepteur étant essentiellement de construire un projet avec une base de valeur qui permet son appropriation par tous. Il ne produit pas un objet fini mais un processus ayant des composantes capables de satisfaire les objectifs de tous les autres acteurs permettant ainsi la concrétisation du projet urbain.

2 TABOURET, René, Fondements du projet urbain : processus et enjeux, Recherche Expérimentation en Maitrise d’œuvre Urbaine, École d’Architecture de Strasbourg, Strasbourg, 1989, n°1

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Évolution du projet urbain On essaye toujours de questionner le dysfonctionnement du projet urbain sous l’angle de sa conception et de sa culture de projet en imaginant de nouveaux outils, de nouveaux processus. On refonde les temps de réalisation du projet, les normes, les lois, les temporalités d’intervention des différents acteurs. Mais poser la question du projet urbain sous un angle productif ouvre un nouveau regard. À quel système de production moderne appartient-il ? De nouvelles logiques de projet et de nouvelles organisations d’entreprise voit le jour. L’appartenance à un certain type organisationnel influence les méthodes de conception et les moyens de production. Cette évolution peut laisser apparaître dans la pratique du projet urbain l’intervention d’une discipline actuellement en plein essor dans les domaines professionnels, celle de l’audit d’entreprise.

L’audit peut permettre d’agir sur les processus et les démarches menées dans le champ de l’urbanisme. Cependant il nécessite une formalisation des méthodes et des moyens employés afin de pouvoir les évaluer. Ceci peut néanmoins menacer l’indépendance même de l’action par le projet car elle se retrouve dans un système pouvant pousser à la systématisation des mécanismes. La nature même du projet se trouve questionnée par l’audit mais l’évolution des professions pousse l’architecture et l’urbanisme à intégrer des démarches contenant la notion de réflexivité sur la pratique. L’intervention de personnes extérieures évaluant et participant aux mécanismes que nécessite le projet urbain peut apporter ce nouveau regard nécessaire afin de saisir les changements fondamentaux en cours.

Plus que la maîtrise du projet urbain et de ses objectifs, l’action par le projet devient la maîtrise des conflits qu’il engendre, des démarches qu’il mobilise, et des processus qui rendent possible sa construction. Pratiquer le projet urbain devient une habilité face à cette science de l’action. Il est donc essentiel de comprendre et de décrypter ses mécanismes afin d’être un acteur conscient de la pièce qui se joue sur la scène urbaine. le projet se focalise de plus en plus sur son processus d’élaboration, on se concentre moins sur le quoi, plus sur le comment. La définition de ce processus et de la démarche devient alors une stratégie et un 84


mode d’action dans le projet urbain. L’émergence du processus étant entraîné par la complexification des projets, l’augmentation des domaines d’interventions et de leurs compétences spécifiques, du nombre croissant des difficultés rencontrées.

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Études de cas Les études de cas sont des projets auxquels j’ai participé à différentes phases de la conception et du dispositif. Dans ceux-ci mon rôle était; soit de conception en, phase d’études, phase de concours; soit celui d’observateur lors, de présentations, de projets dans une phase de conception avancée, voir finalisée. Échelle de temps

Étapes méthodologiques

l e d i s p o s i t i f

Étapes de concrétisation

ACteUrs

ConCeption dU projet UrbAin description

Conceptualisation

scénarisation

Outils

Concept

Scénario

l e p r o j e t

prodUCtion dU projet UrbAin savoirs

phasage

l é g e n d e

Le projet urbain se trouve régi par différentes dimensions qui en constituent le cadre et permettent aux méthodes et moyens d’interagir pour sa constitution. Comme explicité précédemment, il fait appel à des processus de conception, et un dispositif de concrétisation. La modélisation permet de saisir les interactions et interrelations entre ces deux dimensions principales, complexifiées par l’intervention d’autres étapes et de divers acteurs. Il est défini trois grandes étapes pour comprendre l’action menée en tant qu’architecte urbaniste dans le projet urbain. Elles sont situées dans une temporalité faisant intervenir des acteurs aux domaines de compétences et de savoirs diversifiés. La temporalité est ici modélisée sur la globalité du temps de projet, mais aussi par les moments de rassemblement des acteurs au sein du dispositif de projet. Ceci permet la validation des étapes énoncées par la suite. 87


Premièrement l’intervention de l’architecte urbaniste fait suite à une décision politique de fabriquer un projet urbain formalisée par un appel d’offre. La réponse à celui-ci constitue la première étape et se définit sous deux aspects, un méthodologique, un de concrétisation. Les étapes méthodologiques forment une sorte de théorisation de la manière d’agir, de concevoir et de fabriquer le projet urbain pour l’architecte urbaniste. C’est le lieu où s’exprime le savoir collectif et la particularité des moyens d’action qu’il définit et tente d’insuffler dans sa pratique. Les étapes de concrétisation constituent les buts à atteindre dans le déroulement du projet, ceci par des formalisations et l’intervention d’acteurs spécifiques. Elles nécessites des compétences particulières pour amener à une production concrète. Elles formalisent également des points d’interaction entre le dispositif de projet et sa conception, progressant simultanément et matérialisés par des éléments institués. Deuxièmement la conception du projet urbain se formalise par une étape charnière dans la concrétisation, celle de la fabrication d’un scénario de référence et d’un permis d’aménager. Ils constituent une étape de consensus des acteurs approuvée administrativement. C’est la marque du passage entre le temps de la création et le temps de la production du projet urbain. L’architecte urbaniste applique ici son savoir de conception en articulant le projet grâce à des méthodes. Il exprime son regard sur le contexte par interprétation. L’étape de conception du projet urbain tente d’exprimer les relations entre description, conceptualisation et scénarisation tout en représentant la mesure d’intervention de chaque acteur selon leurs compétences. Se visualise alors les interactions outils, concepts, scénarios, de ces trois entrées constitutives du projet urbain. Ces relations se situent au sein des étapes de concrétisation, entre l’état des lieux prospectif et la constitution du scénario de référence. La schématisation décrit par proximité des cercles, les connexions entre notions et éléments soulevés par les outils de description, les concepts et les scénarios. Ceux-ci trouvent une certaine forme de récurrence dans l’approche de l’agence vis-à-vis d’un contexte particulier et des enjeux à révéler. La description fait alors intervenir des outils qui peuvent trouver leur échos dans la conceptualisation, ils sont avant tout la matière constitutive de l’état des lieux prospectif. Ces outils collectent les données nécessaires à l’élaboration de concepts et de partis-pris. La conceptualisation conduit à la scénarisation. Elle révèle à son tour les possibilités du projet urbain et apporte les moyens d’établir 88


des choix. Sa capacité à représenter de manière concrète les devenirs de la situation en fait une figure de la concrétisation. On peut donc analyser ce qui, depuis la description jusqu’à la scénarisation sous-tend les choix fait dans le projet urbain. Se découvre un processus non linéaire qui ne met pas en jeux un seul outil avec un seul concept ayant une seule réponse, la modélisation souligne les interdépendances. Entre l’étape qui nous précède et la suivante peut intervenir un moment particulier de validation du projet urbain par la prise en compte d’acteurs souvent moins impliqués dans la conception et la production du projet urbain. L’utilisation de la concertation publique fait intervenir les riverains et les habitants. Cette implication se voit de plus en plus active, elle prend donc une part certaine qui facilite la validation des choix politiques engagés. Elle permet une acception ou un refus des éléments constituant du projet urbain par un regard de citoyen. C’est une forme d’expression de l’action démocratique individuelle. Troisièmement la production du projet urbain marque le temps d’intervention d’acteurs spécifiques dont le rôle est d’éprouver tous les aspects du projet urbain afin de le mener vers son opérationnalité, sa réalisation technique et économique. L’architecte urbaniste joue ici son rôle de médiateur qui doit œuvrer dans l’intérêt du projet, en ménageant les attentes des différentes parties afin de parvenir à la production spatiale. L’étape de production du projet urbain tente d’exprimer le poids de chaque acteur sur les étapes de concrétisation qui suivent le scénario de référence. Elle permet de comprendre le positionnement de l’architecte urbaniste face aux modifications que nécessite des ajustements techniques et économiques, parfois politiques, et ce qu’ils peuvent infliger au projet urbain, au scénario de référence. Les éléments fondamentaux du scénario basent la concrétisation et font l’objet de négociations par leur expositions aux contraintes. Chaque acteur prend part à ce débat selon son domaine de compétence et de savoir. La maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage mènent à bien le projet faisant alors l’objet d’un dessin technique des aménagements, poussé et guidé par des choix économiques. Le dernier moment avant la concrétisation étant la détermination d’un phasage et le positionnement d’entreprises compétentes pour la réalisation du projet urbain. La modélisation propose donc de comprendre les interrelations en jeux dans le projet urbain. Elle se base sur des observations menées au cours du stage 89


et analyse quatre études de cas permettant une lisibilité des mécanismes, de conception et de production. La révélation des enjeux du projet urbain depuis sa volonté politique jusqu’à son vécu offre une lecture d’ensemble. Parmi ces quatre exemples, se trouve deux projets en réponse à des concours et deux projets en réponse à des appels d’offre. Ils permettent une comparativité entre deux situations distinctes mais également de mesurer les différences d’action au sein de ces deux typologies supposant des contextes différents alors menés par des acteurs renouvelés.

90



P o l i t i q U e

reprise de l’étude d’ava La proximité des cercles indique les relations F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

Méthodologie

Candidature

a

aPPel D’offre

Processus de Projet

c co-production

Projet Urbain

D t

Administratif

é culture commune

ateliers

état DeS lieUx ProSPectif

Pression foncière

#

t e c h n i q U e

conceptualisation

Description

1

Volonté politique

t e c h n i q U e

a t e l i e r

Faisabilité économique

Acceptabilité politique

1

Faisabilité économique

a t e l i e r

2

Potentiel Touristique

# a t e l i e r

Typologies existantes

3

Situation

# a t e l i e r

Structure piétonne

Potentiel foncier

#

Potentiel urbain

Repères paysagers

a t e l i e r

Schéma viaire

Réserve foncière

Contraintes urbaines

4

Compacité

Densité

Cheminement piéton

Équipements commerces

Parcours urbain

Coutures

choix économiques et dessins techniques

Riverains

Maison en bande

Logement individuel

Maire

Desserte en U

Maillage viaire

Stationnement individuel

concertation PUbliqUe 1

Typologies

Individualité

Réglementation

Scénario De référence

#

La forme

Identité rurale

Les vues

Maison jumelée

Politique/ Administratif

appropriation par les acteurs

SR

Espace vert

D

comité D technique

Voie partagée

D Municipalité

Recul

Voie partagée

Voie Piétonne

Maitrise d’œuvre

Habitants

Maitrise d’ouvrage a

aMo

c Paysagiste M

Espace vert

c Urbaniste

2

t ingénieur VrD

2 # Volonté politique

é c o n o M i q U e

a t e l i e r

Maitrise d’œuvre

3 Ajustement technique

Politico-économique

Paysagiste M

Voie partagée

c

# a t e l i e r

c

Urbaniste t ingénieur VrD Definition techniques

étUDeS oPérationnelleS

Definition d’exécution

Appel d’offre

Definition des travaux

Espace vert

P h a S a g e

Ma comité D technique


CNM CNM PR PR

ant projet s entre les différentes notions. D

J

F

M

A

M

J

Scénario de référence

C Urbaniste

intervention des acteurs compétences et savoirs

c

Desserte en U

Maillage viaire

Maison jumelée

Paysagiste

C Paysagiste

Scénarisation

Logement individuel

C

Ingénieur VRD

Paysagiste T

Maison en bande

T Ingénieur VRD

T

Ingénieur VRD

Stationnement individuel

PRO et DCE Études opérationnelles

Urbaniste c

Paysagiste

AVP Permis d’aménager

C

Urbaniste

c Mandataire :

Reprise de l’étude

C

C Urbaniste

Maitrise d’œuvre

Paysagiste M

Espace vert

Recul

c

Voie partagée

Urbaniste t ingénieur VrD

Voie Piétonne

D

Maire

Scénario De référence

comité D technique

D

Maitrise d’ouvrage

Municipalité

a aMo

é

Maison en bande

bailleur

investisseur

é Pavillonneur é

Maison jumelée

Maitrise d’œuvre

c

Logement individuel

architecte

Privé

Logement individuel

Maison jumelée

PerMiS D’aMénager

D e S c r i P t i o n

c o n c e P t U a l i S a t i o n

S c é n a r i S a t i o n

rôle +

aire

D

++

+++

D Municipalité

Maitrise d’ouvrage

Plans techniques

a aMo

Calendrier des travaux

Daval

cornimont, Projet quartier d’habitation. Transformation d’une friche industrielle textile en un quartier d’habitation et Cornimont, Projet quartier équipement public paysagé.

J

État des lieux prospectif

cornimont Cornimont Daval

Compétences et savoirs a c

appuis décisionnels, techniques, économiques conceptuels

D

Décisionnels

é

économiques

t

techniques

d’habitation. Transformation d’une AMO : Assistance à Maitrise d’Ouvrage VRD : Voirier et Réseau Divers friche industrielle textile en un quartier SR : Scénario de référence AVP : études d’avant projet d’habitation et équipement public M : mendataire paysagé. Illuptature voluptatquis dolupta qui

volesed et quistrum doles andis eritias este vernatem nus molendi gnisquis apelige nitibus solupit: ut et ipsunt porumet volorerio volupta AMO Assistance à Maîtrise d’Ouvrage quiam, omnihicit quiatio rerum, temqui culparcilla eos ut: Voirie eum eos et este cuptassed Divers magnienimus VRD Réseau incimus aepello repelicae plaborepe dolor solor repro iumquatias modicaectem ipita qui consene SR : Scénario de référence seriatem nus. Eliquis se quam quid’avant blaut ut alitioprojet doloribus audam AVP : études int autem quo bero iundebis eation exeriasped earciae perferum quam faccaecae pedia de optis M : mandataire quist, ut quatiis est, corporiost, officip iciende ssequas perions equatio nsequam in comni cusa quas sa nonesed quid quas apedipis rempores et audanti La temporalité duque projet squossin escil et qui tempore repratur a pro des nem recus, suntur minciatur? seOdit,déroule deuxid etphases sapit laboremsur exceperchil hitam num bien nossundi voluptat. distinctes s’étalant chacune Alis non pedicitiam re maximus autem quia quatsur 6 opta quaspero odi quia nem voluptatiosa non mois. Ce découpage est endae le résultat de eos maiorem venimetur re volendis velis aut voles ratassusam quoditatemo dolorepta laexplabo construction du dispositif en deux rerest in porro eum fuga. Editem erempora vera provid expla cupti verovit litin et, missions séparées, allant d’une par eium aut aut parum sam quo corum id modit as as mod etum sequis audae reici dederia la sim volonté politique deles à lanimentis faisabilité consequiae. Da volum nonsequiae pedis re, cum il in nosanducim eos technique, d’autre par de as la derum faisabilité sim venis ent liquam fuga. Luptur sunt pro estiur autatiis dolor repe Nulpa sit eséconomique. consequi technique à lamosae. faisabilité quis sequamus acepedis di tem ullessini coris et qui berum debisi ne nulparum sam, vel modi Ce découpage trouve aussi comme resereprat. Rempercl’intervention hicabo. Neque nia du venditemps de si autpolitique et facteur ipid molor at ut aborrorem quiates dellorrorum net etus, tem aut omni tempere, sunt enaliatem cours de projet caractérisé par un eturepe imo molor sin consed ex earchit, simin renouvellement des élus municipaux nusapera et int. Igni ilit, si si quas et faceate con cullicias modit mais continuité. occumassurant quis eaquas une re volesequi to blam faccupt atibus inci as in es dolorat. ElenimagnietLais doles modélisation sequedécoupe velicipsam suntem es ma pliti aut et rem undundam ea sequia aut verae donc en deux parties, une qui velluptatis evendae eiusam in eatium adicil incius eum recabor iorrore vit, occus, suntiam, officip s’intéresse à la constitution du scénario sundentur repratem quate pero magni a dolorum elia sequiscianim ium est archicabo. Equis deque référence depuis l’état des lieux pernam fugit, cum susam facesequia culpa sus arciis nos receperibus sam quatature ellaces esto prospectif, une autre qui s’intéresse volorum quassinis audaepelite si dolo verio. Et rectatis as el illigenime quatur aut asin eten fugiam aux études opérationnelles passant dolores es eaque doluptaturio ea nati acernatur? Ihilles ut velignis eum ad ut laut quate volupti par le permis d’aménager depuis le aspissed quam, istem id quo blabo. Us, si officidicae volupta temposant assit inis sae scénario de références définie en earibus quam quas sitat laut laceatectem fugitatust, tem et faccatur ad undam quiandu première partie. cipsum si doluptum faci niendebissit haria volores quasped ma verchit iissequo eumque aut fugitiundis prerum faccum quatior uptur? Préalablement il est At liquo quosanda qui tesciis sam labores asped qui dolorum aut aut eumquo optatin repudae pre, nécessaire de s’intéresser à l’appel none eiumquis dolupta tempos pa si rempost facimporepe pa quid qui debitios nobisitat. d’offre, aux maximus étapesil eaquia méthodologiques Nam doluptate volorrovid eosant omnimus porepraesedi seria nonsequi énoncées par larenda maîtrise d’œuvre et cuptiatem nosto et ene vellant eculloribus


aux étapes de concrétisation qui définissent le cadre de l’action à mener par les acteurs. Les étapes méthodologiques proposent de constituer une éthique à poursuivre dans le projet urbain autour de cinq points. La coproduction définie des interactions spécifiques entre les acteurs conceptuels, décisionnels, économiques, techniques, promotionnels. L’atelier concrétise la co-production. Il devient le lieu

Reprenons donc les deux parties d’élaboration de ce projet urbain liées au découpage particulier de la mission. Premièrement la conception se déroule sur quatre ateliers successifs et permet une construction du scénario de référence par l’utilisation de la description, de la conceptualisation et de la scénarisation. Analysons les interrelations de ces trois entrées au sein de ce projet.

privilégié de l’élaboration du projet urbain construit par ses acteurs. Le processus de projet fait intervenir des grandes étapes, de description, de conceptualisation, de scénarisation, qui permettent l’action et les choix. La culture commune est le résultat de l’addition du processus avec cette idée de co-production. Leur mise en place permet à chaque acteur de prendre part et de faire des choix pour amener vers une appropriation du projet urbain par les acteurs. Ceci décrit une typologie de l’action portée par l’agence. Elle se saisit de ces étapes définies pour mener à bien ses missions de conception et de réalisation. Les étapes de concrétisation. La mission de l’architecte urbaniste pour ce projet s’étend de l’état des lieux prospectif aux études opérationnelles. La caractéristique principale est le découpage du projet urbain en deux temps distincts. la première phase conduit au scénario de référence. L’intervention par la suite du second appel d’offre remet en cause la continuité de la maîtrise d’œuvre sur la réalisation de son scénario. Puis la deuxième phase propose, depuis le scénario de référence, une concrétisation de ce projet urbain par des étapes administratives et opérationnelles qui font intervenir des compétences économiques et techniques spécifiques.

Parmi les outils descriptifs certains sont issus d’un systématisme d’analyse face au contexte, situation, densité, ... Certains se révèlent ici plus spécifique, potentiel urbain, structure piétonne, typologies existantes, ... Ces outils de descriptions fondent la démarche de projet, étudions de plus près quelques outils : - Le potentiel urbain et les structures piétonnes, engendrent la composition du concept de parcours urbain avec des cheminements piétons qui donneront place dans la scénarisation à la représentation d’une voie piétonne, d’un espace vert relié à une voie partagée. - La densité et les typologies existantes, engendrent la composition du concept de compacité et une réflexion sur les typologies d’habitat qui donneront place dans la scénarisation à la représentation de maison en bande, de maison jumelée, de maison individuelle. Ces interrelations donnent la mesure de ce qui est produit par le processus et de ce qui en résulte. Elles permettent de comprendre quels outils ont construit et guidé les choix du projet. La description est ici portée par l’architecte urbaniste et le paysagiste du côté de la maîtrise d’œuvre. Pour la maîtrise d’ouvrage elle se trouve portée par le maire mais est surtout définie en amont de l’appel d’offre grâce à l’AMO dont le rôle est de le rédiger. La conceptualisation se 94


formalise par les choix conceptuels de l’urbaniste et du paysagiste soumis à une certaine forme d’accord de la municipalité. La scénarisation faisant entrer des compétences variées, tous les acteurs interviennent de manière plus ou moins forte se rapportant aux besoins en savoirs spécifiques nécessités par le projet. La modélisation permet de visualiser cette intervention par la représentation

envisagées. Dans cette étape de production du projet, il ne sont habituellement pas encore concernés. Ceci s’est imposé dans le but d’intégrer au plus juste les contraintes économiques dans le projet urbain car il est situé dans un contexte sinistré. L’espace public fait lui l’objet de nombreuses négociations pour son dessin technique vers le permis d’aménager. C’est une validation administrative du

d’intensités symbolisées par les cercles de couleurs. Ici se lit donc l’importance de l’urbaniste et du paysagiste face à la municipalité dans le cadre de cette première partie de conceptualisation.

scénario voulu. Deux éléments sont ici à définir, la voie partagée et les espaces verts, laissant place dans la maîtrise d’œuvre à une forte intervention des ingénieurs, et dans la maîtrise d’ouvrage à l’intervention du comité technique. S’opère alors un arbitrage des décisions prises lors de la conceptualisation pour la production du projet urbain qui oblige la considération de contraintes techniques et économiques. Ces deux éléments font l’objet de décisions cruciales car ils basent la réalisation du futur projet et seront les espaces gérés par la municipalité. Après validation administrative de ces éléments, la phase opérationnelle nécessite de définir un phasage de réalisation des nouveaux aménagements. L’urbaniste termine ici sa mission par un rôle de médiateur entre tous les acteurs. Son action permet de pérenniser les choix effectués dans la conception au sein de la production du projet urbain.

Intervention de la concertation publique sur le scénario de référence. Globalement le projet à ici été bien accueilli par les habitants. Le seul bémol étant la déception due au nombre de logements aidés. L’inquiétude face aux nuisances possibles était le principal sujet de discussion de ces séances ainsi que les préoccupations environnementales. Deuxièmement la production du projet urbain modélise l’intervention des acteurs sur les éléments fondamentaux du scénario de référence. Une différenciation s’opère alors dans la réalisation du scénario. D’une part, l’intervention sur les espaces public. D’autre part l’intervention sur les espaces privés. L’habitat est alors saisi par une maîtrise d’œuvre différenciée comprenant des architectes ou des concepteurs associés à des investisseurs de type bailleurs, pavillonneurs ou privés. Ceux-ci se saisissent alors de la production du cadre bâti sous les prescriptions apportées par le permis d’aménager. La particularité de ce projet étant que les acteurs économiques aient été consultés pour la faisabilité des typologies 95

Cette modélisation renvoie à certaines notions abordées tout au long du mémoire et se réfère à la description de la conception de projet ainsi qu’au déroulé du dispositif de projet.


P o l I T I q U e

Concours d’idée La proximité des cercles indique les relatio N

J

Méthodologie

Candidature

Processus de Projet

C Co-production

Projet Urbain

ConCoURS

Culture commune

Équipe pluridisciplinaire

ÉTAT DeS lIeUx PRoSPeCTIf

Concours

PM

Conceptualisation

Description

Évolution du tissu

Le ried

Mutabilité

Parcellaire agricole

Hiérarchie viaire

Compacité Individualité Grand paysage

T e C h n I q U e

D

Structures urbaines

Logem individ

Typologies logements

Construction viaire

Verge Gestion des espaces publics

Liens avec le paysage Durabilité

Pota Ensoleilement

Représentation

Schémas conceptuels

DoSSIeR De ConCoURS

U

Plan Masse

Hiérarchie viaire

Grand paysage

Phasage

SCÉnARIo

TRAnChe 1

Ensoleilement

TRAnChe 2

Typologies logements

Trame viaire

TRAnChe 3

Structures urbaines

Construction viaire

Liens avec le paysage

oRAl De ConCoURS

Schémas descriptifs

Référenc Trame verte

Cycle de l’eau

Cycle du paysage Gestion des espaces publics


MKH MKH CR CR

public ons entre les différentes notions. F

concours d’idée. Extension de ville sur des terrains agricoles en continuité de l’air urbanisée.

M

État des lieux prospectif

Plan masse

C

Rendu de concours

C

C

Urbaniste

Urbaniste C

Urbaniste

C

C

Paysagiste

Paysagiste

Paysagiste

Intervention des Acteurs Compétences et savoirs

Scénarisation

Parcellaire agricole

C

Maitrise d’œuvre

Urbaniste

Parcellaire souple

M C

Densité faible

Paysagiste Densité moyenne

T Ingénieur VRD

Densité forte

Stationnement mutualisé

ment duel

Logement intermédiaire Logement accolé

Communication

Perspectiviste Logement collectif

ers Maire

D

Pré de fauche

Pré pâturé

Comité D technique

PlAn MASSe

ager

D

Haie

Municipalité

Maitrise d’ouvrage

Orientation sud

A AMo SCÉnARIo

C Urbaniste

Maitrise d’œuvre C

Paysagiste

Note descriptive C

Urbaniste

Maitrise d’œuvre Bureau d’étude

C Paysagiste

Communication

ces

Marckolsheim Marckolsheim Le Ried Le Ried

T Ingénieur VRD

Chiffrage D e S C R I P T I o n

Perspectiviste

C o n C e P T U A l I S A T I o n

S C É n A R I S A T I o n

Rôle + ++

Perspectives

+++

Compétences et savoirs

C

Appuis décisionnels, techniques, économiques Conceptuels

D

Décisionnels

É

Économiques

A

RenDU De ConCoURS

T

Techniques

P

Promotionels

concours d’idée. Extension VRD : Voirier et Réseau Divers deM ville sur : mendataire des terrains agricoles en PM : plan masse continuité de l’aire urbanisée. Exerrum debiti quia denducim ernatem quosam arit rerferum et ulparchit idit autemperae into iminverum cupienis ducid eium qui nulla VRD : Voirie et Réseau Divers debis alique et, officienis soles sus reped et landam, tem quam iducips andemperum cus. M Ignate : mandataire rehenis vollaut vent aspedis maximus moluptas millam, odicti audaect ectios excessit, PM : plan masse comnihil et eaquiatur modis id quam a quuntios acerita tibusto tatur, quatus del magniatiur? Quiame voluptas quament. dolore eum sumdu aut estibus, Tem. Nam qui Laiusdant temporalité projet se coressi se eius, tem ea que minctio reratia vel ipsa consur porenda asperia une déroule cinqepeliqui mois,dolest, elle et propose nulliquae nos voluptatur? Velloriate nieniet quo conet arumqui iderro temporitlieu à phase de quamendaes conception donne incianducil earum imin es aut ut di niendicid eiur, etur de sin plisquae nonsendiae iliqui iusa ipsa unnisoral concours. ditatem. Eliqui re, voluptur acestrum nest abo. Icil dolo estium excepuda enditis invenisciis La modélisation seporum, découpe utatem. Ro quatios doluptasit volorrores ipsae envolupti deux une à il et parties, liquam ulluptur aciats’intéressant eum latiatum ulparuntus ab ist ant oditium harunti doluptaque la nem constitution du plan masse depuis quasintotati ut im sa pel imagnieni ut atessit ipsam, nat mi, sit aliquun dendam dolorunto debis l’état lieux prospectif, une autre quodi des dolorum inciateste rent is aditibeatem excerrum, verferio. Itaqui ipitiat imus aut litas s’intéressant au rendu deatiaecto concours, eum fugia volupturem nobistor cum aux a cumqui conemporpor sequist, cullat as erum éléments spécifiques qu’il nécessite. quibeaquiat remo imendae re secaeca tibustiisi dit, ommoles di rerate cum in et omnimusdae. Nam aut et laboria vellupis et vid quatiae porem re non eum laborem oluptam, od quatur, cus Préalablement il est sum eiurehente qui omnis moluptatur? Ecuptata et ipsaper ionet, comnihi llabo. Et apel idus re nécessaire de s’intéresser à l’appel quiasi nimi, omnienimodi doluptatum harciisto molupta nonsequam et qui officidi blatur? d’offre, aux étapes méthodologiques Pudit omnis esci non eatque pari volut ium alitaep erumque dolumla labores sinture voluptias énoncées par maîtrise d’œuvre maxim estis illuptibus aut restibusda audamenda occus. étapes de concrétisation qui et siaux Otaquam, alignim renes denditia coriosamus ut excesse nes ea idunt evelluptatis a définissent leium cadre depedl’action à mener expel et pro ma deruntion nectore mporitatium si offici aut qui offic tem eat. parcomnis les etacteurs. Nametur? Aperspid quibusa ndunte ipsumqui fugit etur re rat voluptatus Leseiunteceaquo étapes berum méthodologiques nullorem. Nam idelit velitium a exerroris experes proposent de constituer éthique à truptas moluptae alitiis rem ut une excerchitae esciendae lam que id magnatur, eat rempore poursuivre dans le projet urbain autour ctatquibus. Intis nones estis volum que la commolu picidis deexpla cinq points. La incoproduction définie consed et faceatur, re delescit re resequi autem volorepreped ut que eos eriossit liquo des interactions spécifiques entre les minverio blabo. Ut aceaquo et maximodipsum quaspeditio. Ut fuga. Itam estemod et dem acteurs conceptuels, de divers champs licit eius doloria sequia dolut latur alicatur, con posapis dollign iatius ipidel il idel ea deconecabore compétences, urbaniste, architecte, que cumquia speribu saerum verovita dit vit eium dent. paysagiste, ingénieur. L’équipe Num ipsam dolupit, evelest ibusciatate vercita dolupta quibuscil miliqui omnim quam ea nat pluridisciplinaire qui découle de la cout volupitat aspedit quias evellamus, natur aut que volessed quos sum invenim des inimil im arciam production propose échanges derumet, quamus vid magnis rero molupta quunto dolo voles et ipsaune doloremélaboration facitaquiati aut privilégiés pour du atis is aut dolorae. Ita explatescium aspietur, to et evenis a consecepe nimin namus. projet urbain. Le processus de projet Exeris es eostis dolorit ioratiberis magnatet blab inisimus des doloratem resequiamétapes, sitinve faitquointervenir grandes de lenisit persperio duciisque pre qui comnim fugiae optaspitaquo beruntem. Nem quid que ipsus et description, de conceptualisation, de


scénarisation, qui permettent l’action et les choix. La culture commune est le résultat de l’addition du processus avec cette idée de co-production. Leur mise en place permet à chaque acteur de prendre part et de construire un plan masse commun qui rassemble les savoirs individuels et collectifs afin de construire une réponse au concours. Ceci décrit une typologie de l’action portée par l’agence. Elle se

forme de singularité car elle essaye ici plus qu’ailleurs d’intégrer au projet des théories plus élaborées. Les réflexions théoriques peuvent être appliquées de manière plus poussées. L’opérationnalité indirect du concours permet l’expérimentation et une acceptabilité plus grande de solutions novatrices. Ainsi se trouve projeté des concepts tels que celui de mutabilité, d’évolution du tissu, de gestion des espaces

saisit de ces étapes définies pour mener à bien ses missions de conception et de réalisation. Les étapes de concrétisation, la mission de l’architecte urbaniste pour ce projet s’étend de l’état des lieux prospectif au rendu de concours. La caractéristique principale se trouve dans une phase unique de conception n’étant pas destinée à être concrétisée directement dans sa version finale. Le concours imagine seulement un possible et son opérationnalité probable. Il ne fait pas l’objet d’aller-retour entre la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage en produisant un plan masse qui s’identifie au scénario de référence.

publics, de l’ensoleillement. Le concours d’idée devient le lieux pour exprimer à des élus politiques des réflexions plus théorique appliquées à un projet concret tout en démontrant leurs pertinences. Il permet aussi de tester la théorie et de la pousser dans ses retranchements. La scénarisation devient alors un terrain d’expérimentation pour les concepts. Tout ceci est facilité par la seul intervention de la maîtrise d’ouvrage, urbaniste, architecte, paysagiste, puisqu’ici une seule étape d’interaction entre maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage intervient lors de l’oral du concours. Les interrelations description, conceptualisation, scénarisation sont quelques peu différentes, elles vont à l’essentiel afin d’exposer un discours qui à un impacte clair. Étudions quelques entrées : - Le parcellaire agricole engendre la composition du concept de mutabilité et d’évolution du tissu qui donneront place dans la scénarisation à la représentation de la conservation du parcellaire agricole, à l’expérimentation d’un parcellaire souple pour le quartier laissant la possibilité d’adapter la densification, densité forte, densité moyenne, densité faible sur un même plan masse. - Le grand paysage engendre la composition du concept de lien avec le paysage soutenu par, une gestion des espaces publics et une attention sur la

Reprenons donc les deux parties d’élaboration de ce concours d’idées. Premièrement la conception théorique du projet qui permet une construction du plan masse par l’utilisation des étapes de description, de conceptualisation et de scénarisation. Analysons les interrelations de ces trois entrées au sein de ce projet. Les outils descriptifs s’attachent ici à décrire une situation particulière animée par des éléments constitutifs plus singuliers. Ainsi la description est plus concise et moins systématique, elle ne relève que l’essentiel des bases d’appuis du projet. La conceptualisation trouve aussi une certaine 98


durabilité ceci grâce à l’ensoleillement, qui donneront place dans la scénarisation à la représentation et à la présence; de vergers, de potagers, de pré-pâturé, de pré de fauche, pour une auto-gestion des espaces verts, et une orientation sud de tous les bâtiments. Ces interrelations donnent la mesure de ce qui est produit par le processus et de ce qui en résulte, elles

projets vis-à-vis des volontés politiques et du rapport au contexte de la situation envisagée. Cette modélisation renvoie à certaines notions abordées tout au long du mémoire et se réfère à la description de la conception de projet ainsi qu’au déroulé du dispositif de projet.

permettent de comprendre quels outils ont construit et guidé les choix du projet. Deuxièmement le rendu de concours nécessite des documents de compréhension du projet conçu. L’architecte urbaniste et le paysagiste s’attachent à décrire le projet grâce à différents médiums et moyens de compréhension. La description et la conceptualisation se trouvent alors explicitées par des schémas conceptuels. La scénarisation, prend elle la forme d’un scénario illustré par un plan masse du projet urbain. Ce scénario étant découpé temporellement par l’expression d’un phasage possible de l’opération. De plus des schémas descriptifs rendent compréhensible les concepts injectés dans le projet et formalisent leur capacité d’innovation et d’expérimentation. L’équipe de concepteurs sous-traitent alors deux phases du rendu de concours qui ne sont pas de manière pointue dans leurs domaines de compétence, le chiffrage assuré par les ingénieurs, et les illustrations de type perspectives réalisées par un graphiste, perspectiviste. Le rendu de concours se formalise par un oral, c’est le moment d’interaction avec la maîtrise d’ouvrage évaluant la pertinence des projets urbains par un classements des divers participants. Cette décision étant appuyée par des critères énoncés lors du concours ainsi que par la pertinence des 99


P O l I T I Q U e

Phase d’étude pré-opéra La proximité des cercles indique les relations D

J

F

M

A

Méthodologie

Candidature

É

A

APPel D’OffRe

Projet Urbain

D T

Administratif

é

Mandataire : Culture commune

Ateliers

éTAT DeS lIeUx PROSPeCTIf

pr

Processus de Projet

C Co-production

Urb

Appropriation par les acteurs

SR

Pay

Conceptualisation

Description

1 #

Densité

A T e l I e R

Forme urbaine Forme parcellaire

Hauteurs bâties

Réserve foncière Couture

Formation urbaine

Réglementation

Historique viaire

Hiérarchie viaire

Rupture

Situation

Structure piétonne

Équipements commerces

Le grand paysages

Géographie Topographie

Les vues

Volonté politique 2 Compacité

#

Cheminement piéton

A T e l I e R

T e C h n I Q U e

Formation urbaine

Réglementation

Co-visibilité

Logement Accolée

Individualité

Centralité

Lo in

Convivialité

Situation

Intimité Transparences Le grand paysages

Loge Interm

Franges

Les vues

Faisabilité économique 3 #

La forme

Parking mutualisé

A T e l I e R

Ensoleillement

Réserve foncière

Dent-creuse

Schéma viaire

Typologies

Compacité Cheminement piéton

Co-visibilité

Réglementation Centralité

Situation

Logement Accolée

Lo in

Individualité

Convivialité Intimité Équipements commerces

Structure piétonne

Lim parce

Transparences

Franges Les vues

Acceptabilité politique

Politique/ Administratif

COnCeRTATIOn PUblIQUe

Rapport au contexte

Ha frui


SSF SSF PR PR

ationnelle entre les différentes notions. M

J

Projet d’éco-quartier. Création d’un quartier d’habitation à haute qualité environnementale au sein d’un tissu en mutation, densificationProjet d’une dent-creuse, 8d’éco-quartier. logements.

J

État des lieux rospectif

AVP Permis d’aménager

Scénario de référence

C

C

baniste

T Ingénieur VRD

Urbaniste T

C

ysagiste

PRO et DCE Études opérationnelles

C

Urbaniste

C

Ingénieur VRD

Paysagiste T

C

Ingénieur VRD

Paysagiste

C Paysagiste

Suivi des projets architecturaux

T

C

Ingénieur VRD

Urbaniste

C Paysagiste

C

Intervention des Acteurs Compétences et savoirs

C

Maitrise d’œuvre

Urbaniste M

C

Maillage viaire

Paysagiste T Ingénieur VRD

D

Maire

Parking

Comité D technique

Rue Voie partagée

Comité A de pilotage

D

Voie Piétonne Espace privé

Maitrise d’ouvrage

Municipalité

Espace Imperméabilisé

ogement ndividuel

AMO SDAU Venelle

Espace public

A

A Comité CG Quartier +

Espace vert Espace de jeux

ement médiaire Logement collectif

Recul Verger

Proximité

Voie partagée Stationnement individuel

D e S C R I P T I O n

Circulation Voie Piétonne

ogement ndividuel Espace privé

Venelle

Espace public

Espace vert

C O n C e P T U A l I S A T I O n

S C é n A R I S A T I O n

Rôle

mites ellaire

aies itière

EXE. DET, AOR, DCE Phases de réalisation

Urbaniste

Scénarisation

Stationnement individuel

Logement collectif

Soultz sous forets Soultz-sous-forêts Salzbaechel Salzbaechel

+ Recul

++ Verger +++

Compétences et savoirs A

SCénARIO De RéféRenCe

C

Appuis décisionnels, techniques, économiques Conceptuels

D

Décisionnels

é

économiques

T

Techniques

Création d’un quartier à AMO : Assistance à Maitrise d’habitation d’Ouvrage, SDAU : Schéma Directeur d’Aménagement et haute qualité environnementale au sein d’Urbanisme, Comité CG Quartier + : Comité Conseil Général d’un tissu en mutation, densification Certification Quartier + VRD : Voirier et Réseau Divers d’une dent-creuse, 8 logements. Le SR : Scénario de référence AVP : études d’avant projet point de départ du projet urbain, fait face M : mendataire à un plan de composition issue d’une Le point de départ du projet urbain, se positionne face un plan de composition fabrication parà concertation avec les issue d’une fabrication par concertation avec les habitants. Ce Ce plan est à requestionner et à habitants. plan est à requestionner confirmer selon ses divers aspect pour mener le vers sa faisabilité. etprojet à confirmer selon ses divers aspects pour mener le projet vers sa faisabilité. Ferit es min porem aut vendiorent incia volupti isintem volor aditem vera quodit, si autas eaquas experor eperia net ut eatem es nuscit eos quid magnati tem litate volorum adi volorep AMO : Assistance erepero voloribus estiat. à Maîtrise Catibus diae simendantium harit, odi volorent d’Ouvrage lam faccus eosae. Faccum veribea tinctempore nobisciae. Itatque perem. Nequi doluptas plis SDAU : Schéma Directeur dolumqu aecaborem hillore hendaesciat volenis et quibus utem non esedit voluptae vera sit d’Aménagement et d’Urbanisme quo ende la eatem volupta temperem velitae venihicatem quas maximagnatem liamenieturConseil a Comité CG Quartier + : Comité il maximil escius dolende bitinciumqui totasim perferovit venihicipsa nobit lita quatatiam + que Général Certification Quartier as es et veliquam ea initat lignis nobis pores dit, que et lique velici officie nimodio mil mos repudi VRD : Voirie et Réseau Divers velecest hil eum cus molecearum ad ea everfer chillandae aut lateturide reroréférence cum et lab ius quamus SR : Scénario sam et vernatur, ut auda sant peliscit odis venem andicab inctiaectur? Ut volorero quas ullorep AVP : études d’avant projet ratiumq uiberferum aut eariamusam at iderum Meostio. : mandataire Qui blatibus es volut expername nost voluptat modissequos simos eaqui adi consend ebitiscipsus delia quam enimi, solore secabo. Et eum venimpo riberum a con eum qui re la que eos dolorit enis Laimtemporalité du projet se rempos sum rem quasimet est, offictu restiunt et omniae peratium im sed magni déroule huit mois, ellevolum propose une que verumsur demporia qui dolupis cum es vollestio blam quam volutem sum eosanda phase de conception qui construit le eperumquat. Eptur, testo quam, nia que quam, etur, ut quam scénario de référence. sunt ullorehenet pedist, omnihita velectemque veliquam soluptatiis nis miliqui s atae‘intéresse nos volupta La modélisation alique et eicitet acernat rehenihit labo. Inus ari qui non eaquam veri di dolut est dusinitiale à voluptam, la phase de conception remolupta sam quamus dolori vollaut volum quis consequiae. Dem quae depuis l’état des comnihi lieux ligentiure prospectif con nullatur reiciam vent, ut quibus a nonsedit erspienim idento occus eum saepell jusqu’au scénario de idelibu référence. Elle audant ut fuga. Imusdae parum quo quatinc iur, es ditatide arum es et ateliers asperib usciis seillenis compose trois deadtravail esti solupta sperspe ritiae. Equiae pa idit apid ma qui par rnamus une concertation sed se quo concluent qui ut et a quaecae aut hil in restemo doloreh enihillaut dolorrum as evelesto publique milit id quossur eum les fuga. scénarisations. Ucillab iunt. Rionsequi conemporrum et reperibus ipicieture quatectem hitiisi to od enditasi nis derum none sit, officiis etur adio idebis solutasinto omnihit a nonetur alitPréalablement il est ommolupta elibuscid et ius quiatur ad ut aut ut perum vitium quidellam eosa nécessaire de s’intéresser à l’appel sequaestrum et untibus velis a que est, sitatur milis estio ex eaque quidit offici te doluptatis eati d’offre, aux étapes méthodologiques cor rate in commodiam quo es etum quid molore dio. Nem quossero optate ne pa non ra paritas énoncées par la maîtrise d’œuvre adis nonsequam, consequ atecaerumqui tem que derepudam, nuscium autaspid etquibus auxearum étapes de concrétisation qui undanisquis dendesci solorere ventibus


définissent le cadre de l’action à mener par les acteurs. Les étapes méthodologiques proposent de constituer une éthique à poursuivre dans le projet urbain autour de cinq points. La coproduction définie des interactions spécifiques entre les acteurs conceptuels, décisionnels, économiques, techniques, promotionnels. L’atelier concrétise la co-production. Il devient le lieu

et économiques se répartissant entre la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage selon les interventions de savoirs nécessaires.

privilégié de l’élaboration du projet urbain construit par ses acteurs. Le processus de projet fait intervenir des grandes étapes, de description, de conceptualisation, de scénarisation, qui permettent l’action et les choix. La culture commune est le résultat de l’addition du processus avec cette idée de co-production. Leur mise en place permet à chaque acteur de prendre part et de faire des choix pour amener vers une appropriation du projet urbain par les acteurs. Ceci décrit une typologie de l’action portée par l’agence. Elle se saisit de ces étapes définies pour mener à bien ses missions de conception et de réalisation. Les étapes de concrétisation, la mission de l’architecte urbaniste pour ce projet s’étend de l’état des lieux prospectif au suivi des projets architecturaux. La modélisation étudie seulement les mécanismes en jeux lors de la première étape de concrétisation. Cet appel d’offre propose à la maîtrise d’œuvre une mission complète depuis les premières études sur le contexte du projet jusqu’à la réalisation finale de celui-ci dans ses espaces tant publiques que privés. Ce type de mission permet à la maîtrise d’ouvrage un contrôle globale sur le projet urbain pour ainsi assurer sa continuité tout en mobilisant les compétences diverses nécessaires à sa réalisation. Elle comprend donc des étapes administratives, techniques

Premier atelier, il consiste à observer le contexte du projet et donc à décrire son environnement au travers de différentes échelles et outils. L’utilisation systématique de certains outils de description permettent une collecte de données sur le site pour ensuite conceptualiser, problématiser dans le but de scénariser. Le premier atelier génère une connaissance du lieu et laisse apparaître peu de concepts et d’éléments de scénarios. Pour exemple : - La forme urbaine et la structure piétonne engendrent la composition du concept de couture avec l’existant, ceci donnera dans la scénarisation l’obligation de choix à effectuer sur le maillage viaire. Deuxième atelier, il consiste à conceptualiser le projet, à imaginer les possibles scénarios offrant des choix de à la maîtrise d’ouvrage. La description est complétée en retour du premier atelier alors que la conceptualisation prend forme en rapport avec les attentes de chaque acteurs. La scénarisation est ici très diversifiée pour mettre chacun face à des choix décisifs, elle extrémise certains aspects du projet pour positionner une forme de justesse à atteindre. Pour exemple : - Les vues, engendrent la composition des concepts d’individualité, d’intimité, de co-visibilité, ce qui donnera dans la scénarisation une attention

Étudions donc les trois ateliers nécessaires à la définition du scénario de référence, deux lectures du processus de conception vont se suivre, une verticale, une horizontale.

102


particulière sur les reculs à aménager et sur les typologies de maisons individuelles et de maisons accolées. Troisième atelier, il consiste à définir des scénarios concrets, souhaitables et opérationnellement viables. La description se synthétise en même temps que les concepts ce qui caractérise le projet urbain et le précise. Des choix s’opèrent alors dans la scénarisation

processus et de ce qui en résulte. Elles permettent de comprendre quels outils ont construit et guidé les choix du projet. La description est ici portée par l’architecte urbaniste et le paysagiste du côté de la maîtrise d’œuvre. Pour la maîtrise d’ouvrage elle est portée par le maire mais est surtout définie et en amont de l’appel d’offre grâce à, l’AMO et le comité du conseil général pour la certification quartier +, qui

et éclipse certaines possibilités tout en conservant plusieurs scénarios. Elle glisse vers des déclinaisons plus que vers des scénarisations autonomes définissant des variants et fixant des invariants dans le projet urbain. Pour exemple : - La structure piétonne engendre la composition du concept de parking mutualisé permettant un schéma viaire minimum et structuré par des cheminements piétons, ceci donnera dans la scénarisation la représentation de circulations douces sous forme de venelles. La description au fil des ateliers se synthétise et se précise. Elle passe d’une quantité d’informations à une justesse des informations énoncées. Elle oublie la systématisation des outils nécessaires à la première description du contexte. La conceptualisation au fil des ateliers se construit, les concepts enrichissent petit à petit le projet par accumulation et par la précision de leur définition. La scénarisation apparaît de manière croissante pour imaginer des larges possibles emportant le projet vers ses extrêmes et ses retranchements. Puis elle se réduit afin de définir des scénarios réalisables engendrés par les choix clairs et assumés des différents acteurs laissant ouvert les déclinaisons possibles. Ces interrelations donnent la mesure de ce qui est produit par le

le rédige. La conceptualisation se formalise par les choix conceptuels de l’urbaniste et du paysagiste soumis à une certaine forme d’accord de la municipalité dans laquelle le maire joue un rôle ici très actif au sein du processus. La scénarisation faisant entrer des compétences variées, tous les acteurs interviennent de manière plus ou moins forte se rapportant aux besoins en savoirs spécifiques que le projet nécessite. La modélisation permet de visualiser cette intervention par la représentation d’intensité, symbolisé part les cercles de couleurs. Ici se lit donc l’importance de l’urbaniste et du paysagiste face à la municipalité dans le cadre de cette première partie de conceptualisation. Intervention de la concertation publique sur le scénario de référence. Globalement le projet à ici été bien accueilli par les habitants, fruit d’une concertation et d’une participation en amont lors de la définition de l’appel d’offre. Ceci à permis un accueil favorable du projet urbain grâce à une démarche de sensibilisation du public aux enjeux que soulevait l’aménagement de cet éco-quartier. Cette modélisation renvoie à certaines notions abordées tout au long du mémoire et se réfère à la description de la conception de projet ainsi qu’au déroulé du dispositif de projet.

103


P o l I T I q U e

Concours priv La proximité des cercles indique les relation M

A

M

Méthodologie

Candidature

Processus de Projet

C Co-production

Projet Urbain

ConCoURS

Culture commune

Équipe pluridisciplinaire

ÉTAT DeS lIeUx PRoSPeCTIf

Concours

PG

Conceptualisation

Description

Situation métropolitaine

Façade urbaine Ville des infrastructures Accroche résidentielle

Interfaces urbaines

Accroche industrielle

Ceinture verte Rapport au ciel

T e C h n I q U e

Faubourg industriel

Rapport au sol

Souplesse spatiale

Structure existante Circuitcourt

Ville constituée

Calme et intensité Un signal Conservation transformation

Représentation

DoSSIeR De ConCoURS

Schémas conceptuels

Situation métropolitaine

Ville des infrastructures

Ur

Plan guide

Interfaces urbaines

Faubourg industriel

Ceinture verte

Points hauts

Ville constituée

Façade urbaine

Structure existante

Rapport au ciel

Secteurs commerciaux

SCÉnARIo 3

Référence Secteurs Residentiels

Espace vert public / privé Circulation RDC actif / habité

Rapport au sol

oRAl De ConCoURS

Schémas descriptifs SCÉnARIo 2

Alignements continu / discontinu

Accroche industrielle

SCÉnARIo 1

Places

Accroche résidentielle

Souplesse spatiale

Plan Masse

Réhabilitation

Parking Cœur d’îlot Hauteurs


SLK SLK CR CR

vé ns entre les différentes notions. J

État des lieux prospectif

Plan guide

Rendu de concours

C

C

C

Urbaniste

Urbaniste C

Urbaniste

C

C

Paysagiste

Paysagiste

Paysagiste

C

C

Architecte

Architecte

Intervention des Acteurs Compétences et savoirs

Scénarisation

P Promoteur 1 M

Front bâti

Paysage ouvert

Copromotion

P Promoteur 2

Ruelle

Boulevard Rue

Loisirs

Communication

Commerces

Communication

Logements Perspectiviste

C

Coconception

Urbaniste

Malterie C Paysagiste

PlAn gUIDe

Brasserie originelle Salle de brassage

C Architecte 1 C Architecte 2 T environnemental

SCÉnARIo 1

Bureau d’étude

C Architecte 3

T Structure et lumière T

SCÉnARIo 2

Pollution

SCÉnARIo 3

Note descriptive C

rbaniste

es

Réseau de placette

T Ingénieur VRD

Coconception C Copromotion

Paysagiste C Architecte 1

P Promoteur 1 M

Chiffrage

P Promoteur 2

D e S C R I P T I o n

C Architecte 2 C Architecte 3

Schiltigheim

Concours. Transformation de la friche Fischer industrielle, usine Fischer en un quartier d’habitation, Logements, Commerces, Bureaux, Loisirs.

J

Réseau de Jardin

Schiltigheim Fischer

Communication

Communication

C o n C e P T U A l I S A T I o n

S C É n A R I S A T I o n

Rôle +

Perspectiviste

++

Perspectives

+++

Compétences et savoirs A

RenDU De ConCoURS

C

Appuis décisionnels, techniques, économiques Conceptuels

D

Décisionnels

É

Économiques

T

Techniques

P

Promotionels

VRD : VoirierConcours. et Réseau Divers Transformation M : mendataire de la guidefriche industrielle, usine PG : plan Fischer en un quartier d’habitation, Alit de nonesti andigendam, si qui sitasit vollabo ruptas aceaque ipienda aut ut ero Logements, Commerces, Bureaux, berfero vidunte mporio est, sercimos eatur sequi dolor rem nonsequate niatio quiaecto volo con Loisirs. neceaquam ini ut rem. Nequasp iendem faccabo

rporum que ne por ant adi cus, suntor accum ipita inis moluptatior res voluptati nonse dolor simi, a sae demporum vit et et harunti amusam VRD : Voirie quia et Réseau Divers quas eosa dit exped quuntur maxim accus ex eat uteseni necus. M : mandataire Cero eaqui dolenimusam, quate es alitiusam aspedi beriatur am nimostrum audae prepele PG : plan guide ndantem qui blaboru mendento con esedis doles maximpor maios est, soluptis apid moluptae et, apisim duciliquodit eaquam quiduci eniamentur, omnim quis adis volor du sendisprojet aut sequam qui La temporalité se dollabo. Obisto cus, vit eaquuntume nate volore déroule cinq mois, elle propose nonsequam sur quas nos dit quidis sequae pelique rere praturis dolupta tquatene pra pe labore prae une phase de conception qui donne nobis eos alitae. Cabor mosa enimus. Ehender itioreicias eum in rentis remo consequis lieu à un oral concours. sam lacescid maximde reprore rianducit quas aut omniscium quae placimi, sus mi, tente vit aute eum, ea iuntLa modélisation assim nulpa voluptatquese sim découpe que voluptiatur? Occulparum fugiatias magnis il en une s’intéressant à idelladeux dis ut ut parties, quas ut magni officatia sam ulligen Torpos maximi, omnis init quo ma ladelibusdae. constitution du plan guide depuis se sitate et et, sediti voluptaturi aut haritaquae iur, si blatur? Occabor autemqui desequiatur, to l’état des lieux prospectif, une autre quid modit quiberum ide voloreh enistem quos poraectur? Qui omnis prerovit ut hiliquos auta s’intéressant au rendu de concours, sus. Iberfercil éléments ipsam, imus, aut spécifiques earum remod qui qu’il aux derioressunt laboria dolupta tibus, sit lignis niet lam eaquam cus nobitia dolescita volupta nécessite. quiscident ut quia desto earum, coruntiaspel et faccusa nturibusciae nonsed estorror si dus veruptae esto occus volum dolenienis es velluptat quiaPréalablement illes sus quiduci demquis mi, nulpa il est volorem ex eum lique dolectiae re paruptat a dis esendust laboremde quiass’intéresser de senduciis exped nécessaire à utl’appel optatiatem dellorrum hil molum volor solorest liquam doloreribus num estiorrométhodologiques estrum et, que et d’offre, aux étapes quae sequo molupta dolupta volorum esequam énoncées parillendebiti la maîtrise d’œuvre nime est, sit omnim andisquo del expe voluptu sandandi officimi, utem qui dolor rehendi et aux étapes dedolor concrétisation qui onsequuntus estruptianim anducimi, que nobis quasitae ne etur aut pratiur, omnimod définissent le cadre de l’action à quae. Apisi sed ea quia ex essuntur aut unto tem quistrum erit voluptatium facium earchil mener parexplita lestesequiam acteurs. Ceatuscid concours lupitiatum aut esecupt enditat. trouve un cadre particulier Igendande millandam nat laccull oribusandae nuscar il dolo voluptas reperup tatatem sin con etus natio s’effectue sous estrunt contrat avec un quis aut eosanie nimolum isserfe rehenis ni offic te voles et ab ius acerum sum fugiatur groupement de promoteurs. La sintio consecte et idemolor modigentias eum qui ullut litia pro consequis et prernam vid ut accus conception s’effectue alors entre codolum velicimos eumet exped que quiderita cumquia dolum est ad quid quae. Velluptur ra conception et co-promotion, analogue invello reperibusdae dolor apiciat issit, ute pro tor rehenet autecta dem quibus unt liciendem ex à une collaboration entre maîtrise eribus repudae dem quiant etureium consendem expellab ipiti im et ut officaeptas volorum autem d’ouvrage maîtrise d’œuvre en hilloribust eniaesed qui nus. Evelest ruptius im ilibus es nit ut et ut id molorepudi phase préalable. id moluptibust, nes num ut fugit licae veniaspis nonem harchil iatemporitem que reptus delit, Les étapes méthodologiques cus suntibu sapicienist, voloruntem etur rerions equibus dolliqu ideliquam volori ute animi, proposent de constituer une éthique


à poursuivre dans le projet urbain autour de cinq points. La coproduction définie des interactions spécifiques entre les acteurs conceptuels, de divers champs de compétences, urbaniste, architecte, paysagiste, ingénieur. L’équipe pluridisciplinaire qui découle de la co-production propose des échanges privilégiés pour une élaboration du projet urbain. Le processus de projet

l’utilisation des étapes de description, de conceptualisation et de scénarisation. Analysons les interrelations de ces trois entrées au sein de ce projet. Les outils descriptifs s’attachent ici à décrire une situation particulière animée par des éléments constitutifs plus singuliers. Ainsi la description est plus concise et moins systématique, elle ne relève que l’essentiel des bases d’appuis du projet. La

fait intervenir des grandes étapes, de description, de conceptualisation, de scénarisation, qui permettent l’action et les choix. La culture commune est le résultat de l’addition du processus avec cette idée de co-production. Leur mise en place permet à chaque acteur de prendre part et de construire un plan guide commun qui rassemble les savoirs individuels et collectifs pour une réponse au concours. Ceci décrit une typologie de l’action portée par l’agence, elle se saisit de ces étapes définies pour mener à bien ses missions de conception et de réalisation. Les étapes de concrétisation, la mission de l’architecte urbaniste pour ce projet s’étend de l’état des lieux prospectif au rendu de concours. La caractéristique principale se trouve dans une phase unique de conception n’étant pas destinée à être concrétisée directement dans sa version finale. Le concours imagine seulement un possible et son opérationnalité probable, il ne fait pas l’objet d’aller-retour entre la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage en produisant un plan Guide qui s’identifie au scénario de référence.

conceptualisation trouve aussi une certaine forme de singularité car elle essaye ici plus qu’ailleurs d’intégrer au projet des théories plus élaborées. Les réflexions théoriques peuvent être appliquées de manière plus poussées. L’opérationnalité indirect du concours permet l’expérimentation et une acceptabilité plus grande de solutions novatrices. Ainsi se trouvent projetés des concepts tels que celui de souplesse spatiale, de circuit-court, de rapport au ciel, rapport au sol. Ce concours fait intervenir un nombre d’acteurs conséquent. D’un côté la co-promotion qui réunit deux promoteurs. Ils jouent ici le rôle de mandataire, ils répondent à ce concours privé par l’intervention nécessaire de compétences et de savoirs spécifiques nécessitant un certain nombre d’acteurs. S’organise alors une co-conception de par la division des interventions qui se retrouvent dans les deux phases de construction du projet urbain. La première phase fait donc intervenir une équipe de conception avec d’un côté les urbanistes et paysagistes qui construisent les bases du projet, et d’un autre coté une équipe d’architectes qui vérifie et illustre la faisabilité des orientations urbaines. La deuxième phase, fait elle intervenir des compétences additionnelles assurées, d’un côté par des bureaux d’études, et d’un autre côté par des compétences en communication. Ceux-ci étant

Reprenons donc les deux parties d’élaboration de ce concours d’idée. Premièrement la conception théorique du projet qui permet une construction du plan guide par

106


développés dans la deuxième partie. La co-conception permet donc une diversité des regards, les interrelations description, conceptualisation, scénarisation sont alors quelques peu différentes, elles vont à l’essentiel afin d’exposer un discours qui a un impact clair. Étudions quelques entrées : - Le faubourg industriel et la structure existante engendrent la

le projet et formalisent leurs capacités d’innovation et d’expérimentation. La coconception fait alors intervenir: - Les bureaux d’études qui traitent les notes descriptives et le chiffrage. - La communication qui traite, du rendu de projet faisant le lien final entre la production de tous les acteurs, et la réalisation de perspectives. Elle organise production et la constitution des documents

composition du concept d’accroches à la fois résidentielle et industrielle qui donneront lieux dans la scénarisation à la représentation d’un réseau de jardin et de placette. - La situation métropolitaine, la ville des infrastructures, les interfaces urbaines, la ceinture verte, engendrent la composition du concept de façade urbaine en rapport avec la ville existante ce qui donne lieu dans la scénarisation à la représentation d’un front bâti laissant place à un paysage ouvert. Ces interrelations donnent la mesure de ce qui est produit par le processus et de ce qui en résulte, elles permettent de comprendre quels outils ont construits et guidés les choix du projet.

de présentation. Le rendu de concours se formalise par un oral, c’est le moment d’interaction avec les commanditaires privés du projet évaluant la pertinence des réponses par un classement des divers participants. Cette décision étant appuyée par des critères énoncés lors du concours ainsi que par la pertinence des projets vis-à-vis des volontés de l’entreprise et du rapport au contexte de la situation envisagée. Cette modélisation renvoie à certaines notions abordées tout au long du mémoire et se réfère à la description de la conception de projet ainsi qu’au déroulé du dispositif de projet.

Deuxièmement le rendu de concours nécessite des documents de compréhension du projet conçu. L’architecte urbaniste et le paysagiste s’attachent à décrire le projet grâce à différents médiums et moyens de compréhension. La description et la conceptualisation se trouvent alors explicitées par des schémas conceptuels. La scénarisation prend elle la forme d’un scénario illustré par un plan guide et un plan masse du projet urbain. Elle s’exprime ici par trois possibles distincts donnant lieu à trois scénarios possibles. De plus des schémas descriptifs rendent compréhensible les concepts injectés dans 107


Synthèse La complexité du projet urbain à nécessité l’analyse diagrammatique des différentes dimensions qui entrent en jeux afin de dessiner un regard complet et de déchiffrer les différentes étapes par leur hiérarchisation constitutive et temporelle. Cette vision d’ensemble permet de mesurer les mécanisme à l’œuvre dans le projet urbain. Se dessine alors dans les projets l’importance de la conception pour les urbanistes, paysagistes, architectes. Il y a pour eux nécessité de bien définir leur mode d’action, de le construire, de se positionner en tant qu’acteur réfléchi au sein de la pratique. Ceci peut révéler des méthodes et des moyens devenant spécifiques à une pratique d’agence. On peut voir se dessiner des modes opératoires et des engagements activistes sur les manières de conduire un projet urbain. Cette modélisation devient alors une sorte d’outil pour l’architecte urbaniste et favorise la réflexivité sur les projets engagés ou terminés. Cette attitude réflexive face au projet ce fait à posteriori. L’analyse des situations d’action précédemment évoquées provient d’un regard in-situ. Par distanciation il permet d’organiser cette vision d’ensemble, c’est une forme de retour d’expérience. Il place la réflexion sur les méthodes et moyens du projet urbain de manière détachée de la pratique. Se dessine alors une démarche unitaire de projet. Comment pouvons-nous alors imaginer cette modélisation dans une démarche incrémentale de projet intégrant sa propre réflexivité ? La modélisation ou la pensée diagrammatique est alors un médium capable de visualiser toutes les interrelations mobilisées par le projet. Certains outils en architecture rassemblent dors et déjà tous les acteurs sur une seule et même représentation du projet pour en maîtriser sa globalité ( BIM ). Mais dans les cas exposés la modélisation se porte sur la posture de l’architecte urbaniste et se focalise sur une forme de pensée par le projet. Une nouvelle attitude de pensée-action est alors nécessaire à l’architecte urbaniste pour devenir un acteur conscient des enjeux façonnant le projet urbain afin d’acquérir la capacité de se positionner et d’inventer ses propres postures. La réflexion se porte alors sur des dimensions pré-établies mais aussi sur de nouvelles en construction qui répondent à l’évolution de notre société et de ses systèmes de production. Mener une démarche réflexive incrémentée au projet nécessite une recherche approfondie et des discussions pour la constitution d’une éthique. Elle se construit dans les sensibilités individuelles afin de définir une attitude de projet urbain collective. 108


La méthode de modélisation permet de s’engager sur la démarche de réflexivité au sein de l’agence, qu’elle prennent la forme du retour d’expérience ou la forme de l’imbrication entre théorie et pratique. Le regard extérieur permet alors de révéler des attitudes plus ou moins lisibles. Il pointe les aspects sur lesquels l’architecte urbaniste peut agir pour faire évoluer sa pratique ainsi que ses méthodes et moyens d’actions. Il questionne notamment, la place de ceux qu’il souhaite mettre en avant, et l’importance de valoriser ou de diminuer la présence de certains mécanismes constituant du projet urbain. La comparaison entre les études de cas révèle deux attitudes assez distinctes entre les réponses aux concours et les projets concrets. Tout d’abord la réponse aux concours mobilise uniquement une phase impliquant les acteurs conceptuels, supposant alors moins d’aller-retour entre des domaines de compétences plus diversifiés. Il octroie une liberté plus grande dans la conception qui se trouve alors dégagée de contraintes techniques et économiques plus opérationnelles. Entre les études de cas comparées sur la posture de l’agence face au concours, les attitudes sembles assez stable. Les modifications principales étant la diversité ou non des acteurs intervenants, ceci influe sur la prise en charge d’un plus ou moins grand nombre de taches par l’architecte urbaniste. Dans le cas de figure du projet concret, l’étude mobilise des acteurs aux domaines de compétences plus diversifiés augmentant alors les aléas possibles dans le projet urbain. L’attitude de l’architecte urbaniste se trouve alors plus sujette aux déstabilisations. Par exemple l’étude du cas de Cornimont fait intervenir l’aléa du temps politique ayant pour conséquence une division des missions de projet. L’architecte urbaniste fait face aux perturbations qui éprouvent sa posture d’action préalablement définie dans la réponse à l’appel d’offre et explicitée par la méthodologie. Cette posture est essentielle dans la structuration car elle définit le savoir collectif d’individus agissant en tant qu’experts sur un contexte particulier. L’expert étant ici l’urbaniste. Les phases de production sont les épreuves du projet urbain et de ses concepteurs sur leurs capacités d’anticipation des contraintes techniques et économiques. Elles supposent une continuité qui doit être vérifiée et stabilisée. Cette continuité est malheureusement parfois écartée dans la définition des missions de maîtrise d’œuvre. Agir en amont des projets urbain dans la définition des missions par l’assistance à maîtrise d’ouvrage devient alors un facteur de 109


changement des moyens de production. Il peut y être apporté des modifications sur, les postures de chaque acteur, la définition des temporalités, les méthodes de conception, ... Cette ouverture de mission pour l’architecte urbaniste permet de devenir un acteur de changement à des niveaux de plus en plus diversifiés et de préparer au mieux les modifications à venir de son champ de compétences. C’est là une situation d’acteur réflexif entre définition de missions et réalisation de missions.

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Conclusion Le projet urbain est un vaste champs d’exploration tant pratique que théorique. La réflexion sur les démarches en jeu au cours de sa construction est ici le champs d’exploration qui se propose de questionner l’action contenue au sein de cette figure. Le contexte général de cette étude se situe au sein d’une structure proposant d’apporter un regard sur leur manière de concevoir et de produire le projet. Cette vision est permise par l’action participante. L’immersion au cœur de la pratique permet de saisir les mécanismes du projet urbain et de les questionner en les nourrissant par une approche théorique. Cette approche théorique sur le projet urbain s’intéresse au deux grands moments qui permettent la construction du projet urbain, la conception et la production. Le cursus poursuivit dans mes études supérieures n’est pas sans effet sur cette approche des mécanismes étudiés. En effet les connaissances acquises sur les méthodes de conception facilitent leur analyse, tandis que l’exploration des moyens de production introduit la recherche sur de nouvelles connaissances spécifiques. L’habitude de la manipulation des processus de conception facilite leur compréhension. La production du projet urbain touchant à des domaines comme celui, du management, de la production, de l’organisation sociale, de l’économie, du monde de l’entreprise, ..., se trouve plus difficile à aborder. Néanmoins elle permet au sujet de recherche de trouver des champs d’explorations élargis en dehors du domaine de l’architecture et de l’urbanisme habituellement développé. En effet la question du projet urbain est beaucoup plus souvent abordé dans la documentation sous l’angle de la conception. Elle se développe peu du côté de la production concernant souvent uniquement l’action des acteurs et les contextes traversés. Le mémoire propose donc une tentative d’exploration plus large mettant en avant les interrelations entre conception et production illustrée par les études de cas. Le rôle de la discussion, développée entre démarche unitaire et démarche incrémentale est avant tout de proposer une échelle permettant le positionnement. Elle tente de prendre en compte les dimensions intégrées au sein des démarches et propose une réflexion sur les postures qu’elles intègrent. La posture de l’architecte urbaniste permet de définir et de constituer une démarche, il acquiert alors une manière de faire le projet urbain et véhicule une science de l’action particulière.

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DÉMAR RÉFÉR

Retour d’expérience

Réflex

Po st

Praticien réflexif

ur e

Théor prati Approche pragmatique

Processus linéaire Extraite du processus

Solution

Recherche empirique

Action

Situation

Métho de conc Projet processus

Singularité

Unité de l’action Innovation radicale

st

ur

e

Moment unique

Po

DÉMARCHE UNITAIRE

Reche par le

Travail collectif

PRO URB

Moy de prod

Co-prod des ac


RCHE DE RENCE

Action consciente

xivité

rie et ique

erche projet

Théoricien activiste

Processus Circulaire Recherche scientifique Intégrée au processus

Action Solution

odes ception

OJET BAIN

yens duction

Situation Multiplicité

Processus de projet

Pluralité de l’action Innovation incrémentale

Pratique globale

Travail intégratif

st

Po

duction cteurs

Po

st

ur

e

Approche utopique

DÉMARCHE INCRÉMENTALE

e

ur


Les évolutions en cours dans le projet urbain rendent essentielle la définition d’une ‘’démarche de référence’’. Celle-ci sous-tend un certain nombre de réflexions constituant quelques unes des entrées étudiées dans le mémoire. Les entrées tentent d’éclairer les postures à adopter et permettent le positionnement de l’architecte urbaniste entre démarche unitaire et démarche incrémentale. Les choix à effectuer et les postures à adopter au sein de la pratique sont ainsi misent à jour. La démarche de référence implique un positionnement de l’architecte urbaniste sur sa relation aux : - Projets Urbains - Méthodes de conception - Moyens de production - Recherches par le projet - Théories et pratiques - Réflexivités - Co-productions C’est en ce sens qu’une forte évolution du métier d’architecte urbaniste est à venir. La définition de la pratique et de ses processus deviennent essentiels, afin d’être un acteur de changements au sein du projet urbain. Il se ressaisit alors de son domaine de compétences pouvant lui permettre de contrôler et d’explorer le devenir de sa profession. Cependant il doit être épaulé par les autres acteurs intervenant dans le projet urbain, notamment par les acteurs décisionnels. La réussite d’un changement de paradigme dans le projet urbain ne peut trouver sa réussite que dans une construction collective définissant une acception commune des démarches. Cette construction de la notion commune du projet urbain nécessite un acteur portant cette volonté, elle peut être saisie par les intervenants actuels ouvrant alors un nouveau champ des possibles. La modélisation permet de synthétiser l’approche globale du mémoire et de comprendre l’intégration de la discussion sur les démarches au sein du discours. Les entres du mémoire généralisent parfois certains aspects de la pratique mais permettent de nourrir la réflexion tout en constituant le spectre de l’action par le projet urbain. La modélisation se constitue alors comme une sorte d’échelle qui permet de visualiser le positionnement sur diverses entrées et de les situer, soit du côté de la démarche unitaire, soit du côté de la démarche incrémentale. évidemment le positionnement de l’architecte urbaniste n’est pas à envisager de 116


manière unilatérale. Cette bilatéralité permet de situer les pratiques et d’établir leur appartenance à une typologie de démarche. Ces deux démarches naissent de postures opposées observées au sein de l’agence Urbitat+. Elle peuvent être un début de solution mais également une ouverture vers la réflexion sur les démarches qui ne se limitent peut être par simplement à deux extrêmes. Un panel possible de démarches entre unitaire d’un côté et incrémentale de l’autre offre une exploration des méthodes et moyens en agence d’urbanisme. La forme de l’audit peut se voir appliquée au sein des structures de conception et de production du projet urbain ouvrant ainsi un nouveau milieu professionnel. La pratique du projet urbain se saisit de nouveaux enjeux. La définition et l’exploration des démarches font parties de la pratique. Constituer une posture devient un préalable à l’action.

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Bibliographie ISO 690

Ouvrages

AVITABILE, Alain, la mise en scène du projet urbain pour une structuration des démarches, l’Harmattan, Paris, 2005 BERGILEZ, Jean-Didier, GUISSE, Sabine, GUYAUX, Marie-Cécile, Architecture et réflexivité Une discipline en régime d’incertitude, Les Cahiers de La CambreArchitecture, Bruxelles, 2008, Nouvelle série, n°6 BLANC, Jean-noël, Le Projet et la «Pensée projet», PU Saint-Étienne, Les cahiers de l’école d’architecture de Saint-Étienne, 2007 BOUTINET, Jean-Pierre, Anthropologie du Projet, PUF, Paris, 2015, 2ème édition CHOAY, Françoise, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Presses universitaires de France, Paris, 2009 FNAU, fédération nationale des agences d’urbanisme, Le projet urbain : l’expérience singulière des agences d’urbanisme, Gallimard Alternatives, Paris, 2014 GEORGE, Pierre, Dictionnaire de la géographie, Presses universitaires de France, Paris, 2013 GOFFMAN, Erving, Les rites d’interaction, Les éditions de Minuit, Paris, 1974 GRAND PRIX DE L’URBANISME, Extension du domaine de l’urbanisme : Bonnet Frédéric, Parenthèses, Marseille, 2014 PESCADOR, Flora et MIRALLAVE, Vicente, re_ARCH’Y en architecture, la recherche et le projet, ENSAL et ULPGC, Lyon, mai 2015 TABOURET, René, Fondements du projet urbain : processus et enjeux, Recherche Expérimentation en Maitrise d’œuvre Urbaine, École d’Architecture de Strasbourg, Strasbourg, 1989, n°1 VIGANO, Paola, Les territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissance, MetisPresses, Compodarsego, 2012, collection vuesDensemble

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Articles

DANIEL-LACOMBE, Eric et ZETLAOUI-LÉGER, Jodelle, Vers des dynamiques de coproduction et une hybridation des savoirs dans les projets d’urbanisme ? évaluation réflexive d’un dispositif d’Assistance à Maitrise d’Ouvrage, «Savoirs «citoyens» et démocratie participative dazns la question urbaine», 6 et 7 février 2009 BEURET, Jean-Eudes, Concertation ( démarche de ), Dicopart, juin 2013 BONETTI, Michel, Les nouvelles formes d’activité de la maitrise d’œuvre architecturale et urbaine en Europe, CSTB, Laboratoire de sociologie urbaine générative, Paris, mars 2003 DEVISME, Laurent, Le praticien réflexif et le théoricien activiste, Revue URBANISME, Paris, mai-juin 2010, n°372, p41 GODARD, Olivier, Jeux de nature : quand le débat sur l’efficacité des politiques publiques contient la question de leur légitimité, HAL, archives-ouvertes.fr, 26 septembre 2011 MATTHEY, Laurent, Malaise dans la profession, les urbanistes suisses face aux transformations de leur métier, Métropolitiques, 14 janvier 2015 PAQUOT, Thierry, éditorial Théories/Pratiques, Revue URBANISME, Paris, maijuin 2010, n°372, p39 UNIL, Université de Lausanne, Institut de Géographie, Vues sur la ville, Figures de l’urbanisme : un champ de savoirs et une profession en mutation, IRIS-Ecologie, Lausanne, 2012 ZETLAOUI-LÉGER, Jodelle, Urbanisme participatif, Dicopart, juin 2013 ZITTOUN, Philippe, Dispositif, Dicopart, juin 2013

Pistes de lectures complémentaires BOLTANSKI, Luc et CHIAPELLO, Ève, Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, Paris,1999 CALLON, Michel, Agir dans un monde incertain : essai sur la démocratie technique, éditions du Seuil, Paris, 2001

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CHEMETOFF, Alexandre, Le plan guide (suites), Archibooks, Paris, 2010 DUBARD, Claude, Sociologie des professions, A. Colin, Paris, 2011 GRAND PRIX DE L’URBANISME, Le paysage en préalable : Desvigne Michel, Parenthèses, Marseille, 2011 GRAND PRIX DE L’URBANISME, La ville sur mesure : Grether François, Parenthèses, Marseille, 2012 GRAND PRIX DE L’URBANISME, Aucun territoire n’est désespéré : Lion Yves, Parenthèses, Marseille, 2007 GRAND PRIX DE L’URBANISME, Métamorphose de l’ordinaire : Vigano Paola, Parenthèses, Marseille, 2013 HAYOT, Alain, Le projet urbain : enjeux, expérimentations et professions, éditions de la Villette, Paris, 2000 RENARD, Jacques, Théorie et pratique de l’audit interne, Eyrolles, Paris, 2013, Références SAINSAULIEU, Renaud, L’identité au travail : les effets culturels de l’organisation, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Presses de Sciences Po, Paris, 2014 TERRIN, Jean-Jacques, Le projet du projet : concevoir la ville contemporaine, Parenthèses, Marseille, 2014

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Remerciement Je tiens à remercier toutes les personnes m’ayant soutenu au long de mes études et plus particulièrement celles qui m’ont soutenue dans cette dernière année. Je remercie toute l’équipe d’Urbitat + qui a permis un stage offrant une réflexion sur le métier d’architecte urbaniste ainsi que sur la pratique du projet urbain. Jean Werlen, Aljosha Faure, Claire Hamann, François Nowakowski. Je remercie l’équipe enseignante qui m’a accompagnée durant ces années de master à Strasbourg. Et tout particulièrement Cristiana Mazzoni qui a su me guider dans cette formation complémentaire et dans le choix du stage. Je tiens à adresser un grand merci à ma famille, mes amis, qui ont été présent à mes côtés dans ces nombreuses et riches années d’études. Je tiens à remercier plus particulièrement Estelle Mouron et Julien Tabuteau qui ont supporté de près se travail y apportant leur contribution toute particulière.

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DENÉCHAUD SÉBASTIEN Le Cap Décennal : Reconsidération des méthodes et moyens de production en agence d’urbanisme Le projet urbain : démarche unitaire - démarche incrémentale Octobre 2015 Mémoire de stage - fin d’étude Master 2 Urbanisme et aménagement, spécialité architecture, structures et projets urbains



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