Dh152 3e trimestre 2015

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3 ème trimestre 2015

Éthique et confiance Anne Courrèges, Processus qualité Photo couverture © Marc Guillochon

et certification

HUGO

7 CHU pour la réussite d'un travail collectif LES REPORTAGES DH CHU : AP-HP - Hôpitaux Universitaires Est Parisien CH : Béziers, Pontoise

Trauma Center

au CHU d'Angers

Bilan du SSA 2015

Salon Santé Autonomie

www.dhmagazine.fr

Directrice de l’Agence de la biomédecine



DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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Un espace informatisé de coordination des soins pour accompagner l’exercice territorial des professionnels de santé.

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AZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R

DH n°152 3 trimestre 2015 e

DH MAGAZINE Tr i m e s t r i e l : 4 0 0 0 e x . INPI : 1716-633 - ISSN : 1277-4383 w w w. d h m a g a z i n e . f r Marc GUILLOCHON, Fondateur de DH Magazine, Directeur d’hôpital EHESP marc.guillochon@dhmagazine.fr

O N T

P A R T I C I P É

À

Bruno Avril, Cadre supérieur de santé CHU Poitiers Christine Balmont, Pdte de l’Association Française des Laveries Thierry Baudoin, Chef de Service Filière Amont, CH Pontoise Dr Hélène Berseneff, Chef du Pôle Femme-Enfant, CH Pontoise Patrick Bert, Commissaire gal, salon Jet Expo Thierry Beuchard, Davigel Thierry Bobineau, Horoquartz Dr Guillaume Bouhours, Anesthésiste réanimateur, CHU Angers Dr Éric Boulet, Chef Pôle Méd. Urgence et Réa., CH Pontoise Jean-Pierre Bretagnon, Resp. du GIP fondé par le CH d’Alès et le CH de Pont St Esprit Yann Bubien, DG, CHU Angers, Pdt du GCS HUGO Sophie Carli Bacher, Maincare Solutions Laurent Chiche, DG, Groupe VEDICI Anne Courrèges, DG de l’Agence de biomédecine Pascal De Wilde, DG, Hôpitaux Universitaires Est Parisien Maryline Delattre, Coord. Unité Soutien Recherche Clinique, CH Pontoise Dr Patrick Deschamps, Chef Service Accueil Urgences, CH Pontoise Pierre Desmarais, Avocat à la Cour, Correspondant Info. et Libertés Dr Edouard Devaud, Chef Pôle Biologie, Imagerie, CH de Pontoise Jean-Pierre Dewitte, DG, CHU Poitiers Isabelle Dichamp, Chargée de mission Dir. Gale, CHU Poitiers Léa Dugit-Gros, Olympus Dr Ana Estrade, CHU Toulouse Albane Fausser, Directeur d’établi. sanitaire, social et médico-social Serge Foursans, Dir. Stratégie et Affaires Médicales, CH de Béziers Dr Claire Gatecel, Pdte de la CME, CH Béziers Claudie Gathion, Dir. Qualité, Gestion des Risques, CH Eure-Seine Christophe Gautier, DG, CHRU Strasbourg Dr Nicolas Geissmann, Chef du Pôle de Psychiatrie, CH Béziers Éric-Alban Giroux, Directeur d’hôpital Paul Grabscheid, Intersystems Pr Bernard Guidet, Pdt CME et resp. Service de réa. hôpital St-Antoine Vincent Hourdequin, Computer Engineering Cécile Jaglin, Déléguée Gal du GCS HUGO Carlos Jaime, Samsung Thomas Josse, Cerner Dr Pierre Karam, Dir. Sté PKCS à Paris et producteur analyses PMSI Christophe Kassel, Dir., CH Pontoise Patricia Kessedjian, Cadre Pôle Biologie, Imagerie CH Pontoise Patrick Koch, Carestream Danièle Lacroix, DG d’hôpital

C E

N U M É R O

:

Dr Jean-Yves Lardeur, Chef de service Urgences, CHU Poitiers Sébastien Leloup, Chef service Certif. établissements santé HAS Solène Louemba, Étudiante à la Sorbonne nouvelle Carole Loux, Dell Thierry Lugbull, DG, CH Mémorial de Saint-Lô. Dr Jean-Michel Muray, Pdt CME, CH Pontoise Sonia Nordey, Cadre de santé, Gestion des flux patients, CH Pontoise Bruno Oble, Dir. Services Techniques, CH Béziers Martine Otter, Pdt, SFIL Renaud Pellé, Dir. adjoint, Hôpitaux Universitaires Est Parisien Dr Marie-Laure Pibarot, Risques & sécurité des patients, AP-HP Stéphane Pic-Pâris, PDG, PG Promotion Séverine Picaud, Kimberly-Clark Professional Jean-Yves Plantec, INSA Delphine Ramajo, Cadre sup. de santé, CH Béziers Sébastien Revel, Electro Calorique Franck Riout, Zebra Technologies Olivier Risse, Pdt Fédération Française des Pressings et Blanchisseries Aline Saponara, Kodak Alaris Gérard Secall, Directeur des Soins, CH Béziers Ibrahima Sidibe, Medasys Antonius Streichenberger, Commissaire général du salon Jet Expo Jérôme Thiebaud, GE Healthcare IT France/ Benelux Pierre Thieulin, CEO, Sérimée Serge Torti, Yansys Vincent Trely, Président de l'APSSIS Marie-Agnès Ulrich, DG, CH Béziers Éric Vallée, Directeur Services Economiques et Logistique, CH Epernay Dr Michel Vaubourdolle, Chef pôle Bio. Médi. et Patho., Hôpitaux U. Est Parisien Jean Wils, Chargé des relations usagers et asso., Hôpitaux U. Est Parisien

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Les 7 points pour comprendre la fusion des hôpitaux

C

haque année en France, 4 à 8 fusions hospitalières sont mises en œuvre. La conduite d’une telle restructuration nécessite une préparation technique et juridique sans failles, le sens de l’anticipation et une bonne dose de souplesse et de réactivité. S’appuyant sur l’expérience de la création du CH Annecy Genevois (CHANGE), ce guide présente une synthèse pratique et inédite de toutes les étapes d’une fusion hospitalière : les choix de gouvernance, de gestion financière, la coordination avec l’ARS, le dialogue social, la communication interne et externe… Directeurs d’établissements, équipes de direction et consultants disposent ainsi de ressources et de conseils pour concevoir, piloter et accompagner une fusion réussie.

Gérante, directrice de la publication / Coordination reportages : Brigitte DELMOTTE-VUATELET brige@dhmagazine.fr Directrice de la communication / Planification des reportages : Janine LAUDET janine@dhmagazine.fr Rédaction : Marie-Valentine BELLANGER MVB Conseil vbellanger@yahoo.fr Rachida EL MOKHTARI rachidaelmokhtari@gmail.com Julie OLAGNOL julie.olagnol@gmail.com Communiqués / Abonnements : Alexandra HENNEQUEZ communiques@dhmagazine.fr

Ouvrage disponible en librairie ou auprès des Presses de l’École des hautes études en santé publique

Illustrations : Jean-Claude DANDRIEUX illustration@dhmagazine.fr

CS 74312 • 35043 Rennes cedex Tél. 02 99 02 29 11 • Fax 02 99 54 22 84 • presses@ehesp.fr

Maquette : Benjamin COURCOT www.courcot.net fabrication@dhmagazine.fr Impression : CORLET IMPRIMEUR 02 31 59 53 00 ZI rue Maximilien Vox - BP 86 14110 CONDE-SUR-NOIREAU

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DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015 Typon.indd 1

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22/09/2015 14:26:15



ÉDITORIAL

Boire ou conduire ? Pierre Kopp est un économiste 1. Il s’est intéressé

Les résultats sont sans ambiguïté : les coûts des

aux « vrais coûts » pour la santé ; alcool, tabac et

addictions sont TRÈS supérieurs aux recettes pour

drogue sont ses sujets préférés. Certes, ce n’est

les finances publiques. Bien sûr, « tout le monde

pas vraiment original mais la dernière étude datait

le savait » ! Mais aujourd’hui, on ne peut plus

de 2006 . Il n’était donc pas inutile de « s’y re-

se cacher ; le déni de réalité devient de plus en

mettre ».

plus grotesque. Les résultats de la compétition ?

2

C’est la Santé publique qui gagne et les Finances Ce qui est intéressant et nouveau, c’est que

publiques qui perdent... Ou l’inverse suivant la

« notre » économiste a voulu « tout dire », tout

manière dont on se place. L’intérêt, c’est que l’on

comptabiliser, les charges directes comme les

peut considérer la Santé publique comme une

charges indirectes voire les charges cachées. Cela

charge ou comme une recette !

n’avait jamais vraiment été fait… On évaluait, on calculait « à la louche » ! Aujourd’hui, plus ques-

Malgré le poids des addictions (250 milliards

tion de se dire benoîtement : « ça » rapporte au-

d'euros par an suivant les chiffres donnés par

tant que « ça » coûte, les addictions d’un côté, les

Pierre Kopp) les Français ne s’en émeuvent guère.

recettes fiscales de l’autre ! Avec Pierre Kopp, on

Un peu comme s’il s’agissait d’un tribut, lourd mais

va pouvoir parler sur des bases justes. Presque un

habituel, « normal » ! Les fumeurs continueront de

changement de paradigme !

fumer – avec ou sans paquets « neutres » –, les alcooliques de boire à l’excès et les habitués de la

Ce n’est pas toujours aisé : comment évaluer, par

drogue ne modifieront pas leurs comportements

exemple, le temps passé par un policier ou un gen-

sauf, peut-être, à utiliser des produits encore plus

darme à lutter contre la drogue, illicite s’entend !

toxiques...

Aussi, notre économiste a-t-il fait ressortir les coûts de ce type mais sans les intégrer à ses calculs. Ce

Un constat guère encourageant. De quoi se mettre

qui veut dire que les chiffres qu’il a retenus sont en

à boire !

1- Professeur à l’université PanthéonSorbonne (Paris I) 2- Le Monde

deçà de la réalité. Mais, même si l’étude est imparfaite, sinon impossible, elle n’en a pas moins été réalisée sur des bases scientifiques.

Marc Guillochon

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SOMMAIRE 7

ÉDITORIAL - BOIRE OU CONDUIRE ! MARC GUILLOCHON

GRAND DOSSIER DH 10

AGENCE DE LA BIOMÉDECINE ÉTHIQUE ET CONFIANCE - ANNE COURRÈGES

18

TRAUMA CENTER Y A-T-IL UN DOCTEUR DANS LE CAMION ? DR GUILLAUME BOUHOURS

ARTICLES DH 24

HUGO, SEPT CHU POUR LA RÉUSSITE D’UN TRAVAIL COLLECTIF YANN BUBIEN ET CÉCILE JAGLIN

32

PROJECTION D'ACTIVITÉ MCO

40

4E JOURNÉE NATIONALE DE L’ALIMENTATION À L’HÔPITAL

42

OUTIL « L’ATELIER DES PROJETS DE PROJETS DE SOINS OBÉSITÉ » DR ANA ESTRADE

45

15E JOURNÉES DE L’INFORMATIQUE EN BIOLOGIE MÉDICALE ORGANISÉES PAR LA SFIL - MARTINE OTTER

53

JET EXPO 2015 LES PROFESSIONNELS DE L’ENTRETIEN DES TEXTILES RÉINVENTENT LEURS MÉTIERS

83

E-SANTÉ CHRISTOPHE GAUTIER

CHRONIQUES DH 54 113

JE CHOISIS MA MACHINE À LAVER PAPIER NUMÉRIQUE VINCENT TRELY

RUBRIQUES DH 46

PROCESSUS QUALITÉ ET CERTIFICATION TIRENT LE SYSTÈME VERS LE HAUT LAURENT CHICHE, CLAUDIE GATHION ET SÉBASTIEN LELOUP

8

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


57

SALON SANTÉ AUTONOMIE CARSTREAM - PATRICK KOCH CERNER - THOMAS JOSSE INEO DIGITAL - THIERRY LUGBULL COMPUTER ENGINEERING - VINCENT HOURDEQUIN DALKIA DAVIGEL - THIERRY BEUCHARD DELL - CAROLE LOUX ELECTRO CALORIQUE - SÉBASTIEN REVEL SÉRIMÉE - PIERRE THIEULIN GE HEALTHCARE IT - JEROME THIEBAUD HOROQUARTZ - THIERRY BOBINEAU INTERSYSTEMS - PAUL GRABSCHEID KIMBERLY-CLARK PROFESSIONAL - SÉVERINE PICAUD KODAK ALARIS - ALINE SAPONARA MAINCARE SOLUTIONS MEDASYS - IBRAHIMA SIDIBE OLYMPUS - LÉA DUGIT-GROS SHAM - DR MARIE-LAURE PIBAROT SAMSUNG - CARLOS JAIME YANSYS - SERGE TORTI ZEBRA TECHNOLOGIES - FRANCK RIOUT

GRAND FORMAT 76

OPTIMISATION DE LA GESTION DES LITS AU CHU DE POITIERS

SOMMAIRE 114

CH DE PONTOISE

UNE STRUCTURE DYNAMIQUE SUR SON TERRITOIRE Consolider l’offre de santé publique CHRISTOPHE KASSEL ET DR JEAN-MICHEL MURAY Une première équipe médicale de territoire - DR ÉRIC BOULET Un premier plateau technique de territoire PATRICIA KESSEDJIAN Plébiscite de l’Unité de Soutien à la recherche clinique MARYLINE DELATTRE ET DR ÉDOUARD DEVAUD Proximité et référence : le double rôle de la maternité DR HÉLÈNE BERSENEFF Urgences : une organisation plus efficace de l’aval DR ÉDOUARD DEVAUD, SONIA NORDEY ET DR PATRICK DESCHAMPS

IN FINE 128

JURIDIQUE

DE NOUVEAUX PRODUITS DE SANTÉ DÉBARQUENT À L’HÔPITAL ! PIERRE DESMARAIS

JEAN-PIERRE DEWITTE, ISABELLE DICHAMP, DR JEAN-YVES LARDEUR ET BRUNO AVRIL

CENTRES HOSPITALIERS 84

HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN SE REGROUPER POUR CONTINUER À INNOVER ET FAIRE FACE À LA CONCURRENCE

Miser sur les partenariats pour mieux répondre aux enjeux de la santé - PASCAL DE WILDE Un projet d’envergure : la réorganisation des activités de Biologie Médicale - DR MICHEL VAUBOURDOLLE La recherche a une vertu structurante dans l'hôpital PR BERNARD GUIDET Le plan stratégique du groupe hospitalier est orienté sur le parcours patient - RENAUD PELLÉ ET JEAN WILS

100

CH DE BÉZIERS

UN HÔPITAL PORTÉ PAR SA CROISSANCE ET SA DYNAMIQUE MANAGÉRIALE L’enjeu d’un projet d’établissement est aussi managérial - MARIE-AGNÈS ULRICH Un plan directeur immobilier qui s'est construit sur la logique des parcours - BRUNO OBLE Le Pôle Psychiatrie, porteur d'innovations au centre hospitalier - SERGE FOURSANS ET DR NICOLAS GEISSMANN L'encadrement a joué un rôle-clé dans la mise en place des projets - GÉRARD SECALL ET DELPHINE RAMAJO Nous avons une culture médico-économique bien partagée au sein de l'établissement - DR CLAIRE GATECEL DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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GRAND DOSSIER DH : AGENCE DE BIOMÉDECINE

ENTRETIEN AVEC

Anne Courrèges

GRAND DOSSIER DH

Directrice Générale de l’Agence de la biomédecine

Reportage de Marc Guillochon

Éthique

et confiance L’éthique est le maître mot de l’Agence de la biomédecine. Elle transcende toute l’activité de l’institution. Rien ne peut se concevoir sans cette exigence absolue. Les règles sont aussi claires qu’intangibles : transparence et équité ! À l’éthique, il faut en ajouter un second qui lui fait écho : la confiance. Sans elle, rien ne peut se faire. Acteurs, médecins, donneurs, receveurs sont des vecteurs qui ne peuvent agir sans la confiance de tous, y compris, voire surtout, celle du « grand public ». La confiance partout et pour tous. À l’ABM, nous ne sommes pas dans une « simple » administration ; nous sommes, comme le souligne Anne Courrèges, au cœur de « l’humain » ! Tout y est sensible, voire exacerbé. La greffe d’un organe (ou de tissus) n’est jamais un acte anodin, banalisé. La greffe ne se conçoit pas comme un objet, encore moins comme une transaction. Elle est exclusivement un don, ce qui lui donne toute sa valeur, une valeur exceptionnelle ! L’activité de l’Agence est très étendue : greffes, procréation, embryologie, génétique humaine… Elle répond à une attente considérable pour des malades ou pour des couples qui, tous, attendent une amélioration de la qualité de leur vie… Pour toutes ces attentes, d’aujourd’hui et de demain, l’ABM est aussi un symbole d’espoir.

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DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


© Marc Guillochon

GRAND DOSSIER DH : AGENCE DE LA BIOMÉDECINE

L'Agence de la biomédecine DH MAGAZINE – Du cabinet du 1er ministre – avec lequel vous travailliez encore il y a quelques mois – à l’Agence de la biomédecine, s’agit-il pour vous de continuité ou de rupture ? ANNE COURRÈGES − Dans tout ce que j’ai fait, que ce soit au Conseil d’État, en administration centrale ou en cabinet, j’ai toujours eu une seule motivation : la volonté d’être utile. Le sens du service public est le fil rouge de mon action. Et ma nomination à l’Agence de la biomédecine s’y inscrit pleinement. C’est l’occasion de participer à des missions, à l’évidence, d’intérêt général, en travaillant avec des personnes engagées et dévouées. Que demander de plus ?

participe à la construction de la confiance des différents acteurs et cela légitime le rôle de régulation et d’accompagnement qui lui est confié. Cela lui donne d’abord, cette forme de neutralité et d’objectivité liée au fait que c’est une personne publique. Cela est d’autant plus essentiel qu’il s’agit d’activités qui sont de pointe, très techniques mais aussi très sensibles. Il y avait, il y a toujours, besoin d’un régulateur d’où l’importance d’avoir un statut public qui permette véritablement de légitimer, de crédibiliser l’action de l’Agence et de construire la confiance avec tous ses partenaires. Donc, je suis très attachée, je ne vous le cache pas, à ce statut d’établissement public qui permet de travailler avec tout le monde sans jamais pouvoir être considéré comme de parti pris. Tout cela, c’est la neutralité incar-

L’Agence de la biomédecine est un établissement

née par l’État.

public de l’État. Qu’est-ce que cela signifie pour Dans les grandes lignes, quelle va être votre

ressenti ?

philosophie pour l’Agence ?

Il est extrêmement important que l’Agence de la bio-

L’Agence de la biomédecine : les maîtres-mots qui

médecine soit un établissement public parce que cela

guident son action sont l’éthique, l’équité, l’écoute et

vous, non en termes juridiques mais en terme de

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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GRAND DOSSIER DH : AGENCE DE LA BIOMÉDECINE

la transparence. Voilà les fondements de l’action de l’Agence de la biomédecine. Ce sont ces fondements, ces « fondamentaux » qui ont permis à l’Agence de devenir l’interlocuteur privilégié de l’ensemble des acteurs dans les secteurs qu’elle régule et qui lui permettent d’occuper aujourd’hui la place qui est la sienne. Aussi, sommes-nous extrêmement attentifs à

intégré à l’Agence de la biomédecine créée en 2005 pour succéder à l’EfG. Il y avait aussi l’activité d’assistance médicale à la procréation, l’activité génétique et l’embryologie humaine...

ces principes d’action fondamentaux, à cette capacité

Tout cela donne l’impression d’un ensemble un

à encadrer, à évaluer comme une agence sanitaire mais

peu hétérogène...

aussi à accompagner et je crois que nos partenaires en Le fil conducteur, le point commun à tout cela, c’est

sont parfaitement conscients.

« Soigner l’homme par l’homme ». Le point d’unité, c’est Le dialogue est l’élément fondamental : associer ses

soigner en mettant en œuvre toutes les thérapeutiques

partenaires aux décisions qu’elle prend contribue à

qui font appel à des éléments du corps humain. C’est

asseoir à la fois sa légitimité, sa crédibilité et l’efficacité

pour tout cela que l’on est passé d’un Établissement

de son action. Cette valeur ajoutée de l’Agence, c’est

français des Greffes à une Agence de la biomédecine qui

la confiance. Avoir noué des relations étroites avec

prend en compte l’ensemble de ces activités. Avec une

l’ensemble de ses partenaires qui permettent aux uns

exception qui tient à des raisons historiques : le sang, qui

et aux autres de se parler. À certains égards, l’Agence

s’est structuré bien avant et relève de l'Établissement

joue un rôle de chef d’orchestre. Le siège des services

Français du Sang. L’Agence de la biomédecine est un

territoriaux de l’Agence, c’est le lieu où tout le monde se

modèle original, spécifique à la France ! Il n’y a pas

réunit, un peu « l’endroit où l’on cause » ! (rires)

d’autres agences dans le monde qui regroupent toutes ces activités.

À l’origine des greffes, quelques initiatives per-

L’autre point commun de ces activités, c’est la haute

sonnelles ; aujourd’hui, l’Agence de la bioméde-

technicité médicale et scientifique et ce sont des

cine... Accepteriez-vous de nous en retracer la

activités qui sont sensibles car elles touchent, toutes, à

genèse ?

c’est aussi promouvoir les valeurs de la loi bioéthique :

Au tout début, il y avait France Transplant avec ses « ramifications » territoriales : Ouest-Transplant, EstTransplant,

la dignité de l’être humain. La philosophie de l’Agence,

Nord-Transplant…

Toutes

étaient

des

l’éthique, la transparence, la solidarité...

En terme de communication, l’intitulé « Agence

associations professionnelles... Le fort développement

de la biomédecine » parle peu. Comment ce

de l’activité des greffes en France et la volonté des

terme a-t-il été choisi ? Et pourquoi pas l’Agence

pouvoirs publics de mieux faire face aux besoins

Nationale de Biomédecine ?

croissants des malades a créé la nécessité d’une régulation. Par ailleurs, des incidents ont pu aussi

Il fallait trouver un nom qui fédère toutes les activités

contribuer à faire encore plus apparaître la nécessité

utilisant les éléments du corps humain biologique pour

d’une régulation publique de cette activité. C’est pour

soigner, pour faire de la médecine. Nos activités sont

cela que l’on a créé l'Établissement français des Greffes.

bien de la biomédecine d’où l’intitulé « L’Agence de la

C’était alors l’organisme de régulation publique de

biomédecine » qui est la façon la plus simple de recouvrir

l’activité de prélèvement et de greffes d’organes, de

cette diversité aujourd’hui exercée par l’Agence. Alors,

cellules et de tissus en France. Il a très bien fonctionné

pourquoi pas national me direz-vous ? Je n’ai pas

pendant dix ans avec de très bons résultats. Il a

vraiment de réponse à cette question. La dénomination

accompagné la progression de l’activité de greffes en

de l’Agence est bien antérieure à mon arrivée ; j’ignore

France. Il est à l’origine, en grande partie, du premier

si cela a fait l’objet d’un « débat » à l’époque mais cela

plan greffes qui a permis à l’activité de prélèvement et de

changerait-il quelque chose ?

greffe « d’exploser ». L’idée s’est alors progressivement

L’intitulé de l’Agence ne semble poser de problème à

imposée qu’il fallait étendre ce modèle et disposer

personne. Nous venons de fêter nos dix ans. C’était

d’un établissement public unique pour réguler tous les

un beau moment et nous sommes fiers de notre nom.

acteurs d’activité utilisant les éléments et produits du

Notre préoccupation constante, ce n’est pas de la

corps humain.

communication en soi, c’est de « créer » de la confiance, y compris avec l’opinion publique. En France, il y a eu,

12

Donc, avec des activités organes-tissus, cellules,

très tôt, une prise de conscience des enjeux de la

notamment cellules souches hématopoïétiques (moelle

bioéthique. Il y a un consensus national sur l’importance

osseuse)... C’est pour cela que le registre « France

de réguler ces activités et de les accompagner avec un

greffe de moelle » – créé par le Pr Jean Dausset – a été

encadrement très fort.

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GRAND DOSSIER DH : AGENCE DE LA BIOMÉDECINE

L’Agence de la biomédecine est au service des patients, c’est sa vraie raison d’être. Ce n’est pas un établissement de santé, c’est une agence sanitaire dont le fonctionnement est de réguler, d’encourager et de développer un certain nombre d’activités : contribuer au développement des greffes d’organes-tissus, contribuer à l’assistance médicale à la procréation, mieux encadrer l’activité de génétique. Campagne d'information sur http://www.genetique-medicale.fr/

La France a-t-elle un rôle à jouer en Europe et à

lité des soins délivrés aux patients. Il s’agit aussi d’aider

l’échelon international ?

les gens qui se posent des questions difficiles : les questions génétiques sont toujours compliquées. L’Agence

Oui, bien sûr, la France a un rôle à jouer. Le modèle

dispose, sur tout le territoire, d’un réseau qui permet de

français repose sur des valeurs importantes. Le modèle

répondre aux besoins des gens. Elle a un rôle de pro-

français fait référence à des valeurs essentielles, nous

motion du don : don d’organes, de gamètes, de moelle

en avons parlé tout à l’heure. Nous le défendons dans le

osseuse... Elle est véritablement au service du patient

cadre de la Communauté Européenne et du Conseil de

même si elle n’est pas en contact direct avec lui.

l’Europe. Nous essayons d’avancer tous ensemble. La France vient, par exemple, de participer très activement à l’élaboration d’une convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre le trafic d’organes qui vient d’être ouverte à la signature ; c’est un texte contraignant, exigeant. Si la France peut participer à la construction

Nous travaillons avec des laboratoires, des établissements de santé, des professionnels de santé mais nous travaillons beaucoup avec les associations de patients. Ils sont représentés au conseil d’orientation de l’Agence – c’est, en quelque sorte, le comité d’éthique

d’un modèle européen d’éthique, ce sera une fierté pour

de l’Agence – ils nous aident à avancer sur un certain

nous tous. Au niveau international, notre expertise est

nombre de sujets. Ainsi, quand nous avons changé en

recherchée. Nous menons des actions de coopération

février 2015 les règles de la répartition des organes,

avec les pays du Maghreb, le Liban et la Moldavie et

s’agissant du rein, nous avons travaillé étroitement avec

participons à des congrès internationaux.

les professionnels de santé mais aussi avec les associations. De la même façon, actuellement, nous mettons

administratif

en œuvre un programme dénommé Maastrich-3 qui per-

d’organisation et régulation. Elle n’a pas de

met de prélever un organe sur un donneur décédé par

rapport direct avec les patients... Ce sont les

arrêt cardiaque suite à l’arrêt des thérapeutiques actives

médecins,

qui

dans le cadre de la Loi Léonetti. Un protocole extrême-

interviennent. Quelle plus-value l’Agence peut-

ment rigoureux a été élaboré pour assurer le respect de

elle apporter aux patients et à l’ensemble de la

l’éthique ; il est actuellement dans sa phase pilote. Et,

L’Agence

reste

un

organisme

chirurgiens,

anesthésistes...

communauté hospitalière ? L’Agence de la biomédecine est au service des pa-

bien évidemment, ce protocole a été discuté également avec les associations et les professionnels. Chaque année, nous avons une journée des associations.

blissement de santé, c’est une agence sanitaire dont

C’est l’occasion de discuter de leurs préoccupations

le fonctionnement est de réguler, d’encourager et de

et de la manière de travailler avec elles. Ce sont des

développer un certain nombre d’activités : contribuer au

associations nationales avec des ramifications locales.

développement des greffes d’organes-tissus, contribuer

L’un des principes de l’Agence est le travail avec les

à l’assistance médicale à la procréation, mieux encadrer

acteurs de terrain qui ont une véritable proximité. Nous

l’activité de génétique. Elle évalue toutes ces activités

devons être présents sur l’ensemble du territoire... Nous

dans le but d’améliorer les pratiques médicales et la qua-

ne sommes jamais coupés des patients !!!

tients, c’est sa vraie raison d’être. Ce n’est pas un éta-

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© Marc Guillochon

GRAND DOSSIER DH : AGENCE DE LA BIOMÉDECINE

La stratégie de « performance » prônée par l’Agence n’est-elle pas un peu choquante ? Il n’y a pas de stratégie de « performance ». La stratégie qui a été définie par les pouvoirs publics c’est d’essayer de développer l’activité face à des besoins très importants. Nous devons répondre à cette attente. C’est un impératif. Nous devons aider les gens, trouver des réponses à leurs besoins, sauver des vies, et même, pour l’assistance médicale à la procréation, aider des couples à donner la vie ! Nous devons donner un espoir à des gens qui sont dans des situations de souffrance. Mais attention ! Même pour développer l’activité, il est hors de question de renoncer aux exigences qui sont les nôtres : exigences de sécurité et de qualité

L’Agence de la biomédecine est une agence statutaire un peu particulière ! À côté du rôle classique d’encadrement et d’évaluation d’une agence sanitaire, c’est aussi une agence opérationnelle, situation héritée de l’époque de l'Établissement français des Greffes. Anne Courrèges

des soins, d’éthique et d’équité. Ce sont ces valeurs qui nous définissent. Cela fait partie de notre identité. Nous y sommes extrêmement attachés. L’Agence de la biomédecine a été créée par la loi de bioéthique du 6 août 2004. Nous sommes extrêmement vigilants dans nos activités et nous ne renoncerons pas à ces principes.

L’Agence reste un organisme administratif. En quoi et comment peut-elle jouer un rôle opérationnel ?

peu particulière ! À côté du rôle classique d’encadrement et d’évaluation d’une agence sanitaire, c’est aussi une agence opérationnelle, situation héritée de l’époque de l'Établissement français des Greffes. Pour l’activité l’Agence

permet de développer l’activité, de nouer des relations avec les professionnels et les parties prenantes sans rien perdre sur ce qui est fondamental : sécurité, éthique

L’Agence de la biomédecine est une agence statutaire un

organes,

La force de l’Agence est de pouvoir créer la confiance qui

dispose

d’une

plateforme

de

répartition des greffons qui travaille 24 h / 24, 7 jours sur 7, qui va ainsi pouvoir répartir les greffons aux patients sur l’ensemble du territoire en temps continu car on ne peut pas se permettre, en matière de greffes d’organes, de perdre du temps. Les services territoriaux de régulation ont des astreintes : nous sommes bien dans cette logique du 24 / 24 et 7 / 7. Nous ne devons prendre aucun risque de perdre un greffon. Un greffon, c’est un bien rare, un bien précieux ! C’est une action

et équité. Pardonnez-moi de me répéter... (rires) Le terme performance n’est qu’un terme administratif qui apparaît dans le « Contrat d’objectifs et de performances » signé par l’Agence avec sa tutelle, la direction générale de la santé, mais qui ne résume pas, à lui seul, la stratégie de l’Agence. Nous travaillons dans le cadre d’une relation avec les tutelles pour définir l’adéquation entre les moyens mis à la disposition de l’Agence et des actions qu’elle engage. C’est un contrat avec la tutelle pour la définition des priorités et les moyens qui y correspondent.

Entre deux malades de mêmes caractéristiques, comment choisir ?

phare de l’Agence de la biomédecine. Les règles de répartition des organes constituent un

14

Nous gérons aussi la liste nationale d’attente pour les

problème très difficile. Comme le nombre de greffons

greffes d’organes et le Registre national des refus.

est insuffisant, il faut faire des choix et organiser des

De même, via le registre France Greffes de Moelle,

priorités : priorités nationales d’abord pour des gens

nous permettons au greffeur de trouver un donneur

hyperimmunisés pour qui il est très difficile de trouver

compatible pour des malades ayant besoin d’une greffe

un greffon compatible ; priorité pour les enfants, pour

de moelle osseuse. Comme vous le voyez, nous avons

les gens s’il y a risque de mort prochaine... Ensuite,

de nombreuses fonctions opérationnelles. Elles sont

suivant les types d’organes, les règles sont différentes

très importantes et mobilisent beaucoup l’Agence et ce,

avec toujours le même objectif : essayer de définir des

dans des cadres extrêmement contraignants.

critères qui assurent que l’organe aille à la personne

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GRAND DOSSIER DH : AGENCE DE LA BIOMÉDECINE

qui en a le plus besoin avec des impératifs d’efficacité, d’équité et de faisabilité.

Enfin, le dernier critère,

c’est la course contre le temps ; si on attend trop, on perd l’organe ! On est obligé de prendre en compte la distance géographique entre le donneur et le receveur. Quoi qu’il en soit, les règles de répartition des organes constituent un problème très difficile. Prenons l’exemple du rein. Nous venons de mettre en place un nouveau « Score » qui est un ensemble des critères qui permettent de désigner le receveur. De nombreuses données y sont intégrées comme la durée sur la liste d’attente, la compatibilité entre le donneur et le receveur ; on tient compte de l’âge, on fait en sorte, que les organes jeunes aillent plutôt vers les receveurs jeunes. C’est un ensemble de critères que l’on va faire « tourner » dans un algorithme qui va permettre d’attribuer l’organe. Le système de répartition des organes a été « travaillé » avec les professionnels les plus compétents. C’est un système objectif, transparent, public. C’est là la force de l’Agence d’avoir construit et mis en place un tel système de répartition. C’est ainsi que se

a dix ans, près de 200 000 enfants sont nés dans ce

construit la confiance dans le système. Mais attention,

cadre. C’est pourquoi l’Agence organise régulièrement

cette confiance est toujours fragile. Dans certains pays,

des campagnes d’information et de recrutement pour

il a pu y avoir de « petits arrangements ». Que se passe-

sensibiliser la population au don de gamètes et donner

t-il alors ? C’est simple : la confiance s’effondre, le

aux couples le bonheur de devenir parents.

nombre de dons s’effondre, le prélèvement s’effondre

Dans le cas d’un couple qui risque de transmettre à

et donc, la greffe s’effondre. Il faut donc un système qui

ses enfants une maladie particulièrement grave et/

soit solide et transparent.

ou incurable au moment du diagnostic – comme par exemple, la maladie de Huntington* – le diagnostic

Aujourd’hui, l’Agence est chargée de nouvelles

préimplantatoire peut être proposé par les médecins.

activités. Pouvez-vous nous parler, au concret,

Il permet d’identifier parmi des embryons du couple

de chacune d’elles : la procréation, la génétique,

obtenus in vitro, celui ou ceux qui sont indemnes de la

l’embryologie humaines ?...

maladie pour les implanter chez la mère en vue d’une grossesse. Lors du déroulement de la grossesse, les

Lors de la création de l’Agence de la biomédecine,

examens de diagnostic prénatal sont susceptibles de

des activités nouvelles ont été ajoutées aux missions

confirmer une pathologie pour laquelle un traitement in

traditionnelles de l'Établissement Français des Greffes.

utero est envisageable : maladies cardiaques, maladie

Ce sont, comme vous le savez : la procréation médicale,

rénale par exemple… Ils peuvent également confirmer

la génétique et l’embryologie humaines... D’abord,

une affection particulièrement grave, incurable au

l’assistance médicale à la procréation qui s’adresse

moment du diagnostic, autorisant l’interruption de

à des couples pour lesquels une infertilité médicale

la grossesse pour un motif médical si les couples le

a été diagnostiquée ou qui risque de transmettre à

souhaitent.

leurs enfants une maladie grave. Dans la majorité des D’une manière plus générale, la prescription d’un

ovocytes) du couple pour leur permettre d’avoir un

examen génétique permet de vérifier si vous avez une

enfant. Dans des cas plus limités, il faut faire appel à

maladie génétique ou si vous êtes le porteur sain d’une

un don, de spermatozoïdes ou d’ovocytes... En France,

maladie génétique. C’est une information importante

environ 24 000 enfants naissent chaque année grâce

pour vous mais aussi pour vos proches. Des membres

à l’Assistance Médicale à la Procréation (ou PMA pour

de votre famille peuvent être porteurs des mêmes

le grand public). Depuis la création de l’Agence, il y

anomalies génétiques ; l’information de la parentèle

cas, on peut utiliser les gamètes (spermatozoïdes ou

* La maladie de Huntington (parfois appelée chorée de Huntington) est une maladie héréditaire et orpheline qui se traduit par une dégénérescence neurologique provoquant d’importants troubles moteurs et cognitifs, et, dans les formes les plus graves, la perte de l’autonomie et la mort. Plusieurs pistes de traitements sont en cours d’expérimentation. La maladie se développe chez des personnes âgées en moyenne de 40 à 50 ans. Plus rarement, elle se manifeste sous une forme précoce avec l’apparition de premiers symptômes entre 15 et 25 ans. (Source : Wikipédia)

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GRAND DOSSIER DH : AGENCE DE LA BIOMÉDECINE

revêt aussi une importance considérable... On le comprend, ces examens génétiques sont extrêmement importants ! Et, soulignons-le bien, en France, les tests génétiques reposent sur une prescription médicale après consultation et un accompagnement.

Quelles sont les différences entre génétique constitutionnelle et génétique humaine ? L’activité de génétique humaine couvre la génétique constitutionnelle ; ce sont les caractéristiques génétiques dont vous avez hérité et que vous allez transmettre à votre descendance. La génétique somatique c’est la génétique des tumeurs.

Ne commençons-nous pas à nous rapprocher de l'eugénisme ? Il n’y a pas d’eugénisme en France, l’eugénisme est interdit par la Loi ! Il s’agit d’offrir à des couples la liberté de choisir face à des pathologies incurables et extrêmement graves. C’est leur liberté ; c’est quelque chose qui leur est proposé, qui ne leur est jamais imposé ! * L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a pour mission d'informer le Parlement français des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin d'éclairer ses décisions. À cette fin, il recueille des informations, met en œuvre des programmes d'études et procède à des évaluations. Situé à l'interface entre le monde politique et le monde de la recherche, il joue le rôle d'interlocuteur reconnu par l'ensemble de la communauté scientifique (partenariat avec l'Académie des sciences, contacts réguliers avec les autres académies et les grands organismes de recherche). Sources : Wikipédia

16

Il peut s’agir d’une interruption médicale de grossesse mais aussi d’une intervention dans le ventre de la mère pour soigner la maladie diagnostiquée sur le fœtus. Au moment de la naissance, un accompagnement néonatal peut permettre de favoriser une prise en charge adaptée de l’enfant. Mais, là encore, c’est toujours la liberté du couple qui prévaut. Et l’information et l’accompagnement qu’on lui donne sont ciblés et identifiés. Il faut rassurer : il n’y a pas la moindre dérive eugénique en France. On est

espoir à beaucoup de malades pour des pathologies très lourdes, invalidantes voire fatales. Pour certains projets, nous en sommes à la phase des essais cliniques. C’est le cas des travaux du Pr Philippe Ménasché pour mettre en œuvre une thérapie cellulaire contre l’insuffisance cardiaque sévère...

Comment l’Agence délivre-t-elle ses autorisations ? La procédure pour les autorisations sur les recherches sur les embryons et les cellules souches embryonnaires est extrêmement exigeante. Une expertise est réalisée par des experts indépendants qui vont vérifier s’il y a bien une finalité médicale dans cette recherche et que les conditions légales sont réunies. Le dossier passera ensuite devant le Conseil d’Orientation de l’Agence – qui est le comité éthique – qui réunit des associations, des professionnels de santé, des membres du Conseil d'État, de la Cour de Cassation, du Comité Consultatif National d’Éthique, de la commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme. Tous ces représentants vont émettre un avis éthique et scientifique sur cette recherche. Cet avis me sera remis en tant que directrice générale et je prendrai la décision finale.

dans un système encadré par le législateur, extrêmement rigoureux et qui s'appuie sur l’éthique.

Pour autant, certains de ces travaux ne risquentils pas d’ouvrir la boite de Pandore ?

Pouvons-nous maintenant parler de l’embryologie ? Non, je ne le pense pas. Nous sommes très vigilants et Précisons d’emblée que la recherche sur l’embryon et

avons la volonté de « tuer dans l’œuf » toutes dérives

les cellules souches embryonnaires humaines ne peut

possibles ; les équipes de recherches concernées sont

avoir qu’une finalité médicale, qu’on en attend des

peu nombreuses mais très impliquées et conscientes des

progrès médicaux importants et qu’il faut avoir vérifié

enjeux, y compris éthiques, de leurs recherches. Pour ce

qu’il n’y avait pas d’alternative à ce mode de recherche.

qui nous concerne, notre préoccupation générale est de

Elle implique, et c’est la première priorité, que le couple

créer des conditions pour apporter les meilleurs soins

ayant conçu l’embryon dans le cadre d’une assistance

possibles à ceux qui en ont besoin avec des conditions

médicale à la procréation et n’ayant plus de projet

d’encadrement extrêmement rigoureuses dans chacune

parental pour cet embryon ait consenti à la recherche. Et,

de nos activités. Nous recevons souvent des demandes

je ne vous surprendrai pas : la recherche sur l’embryon

d’audition de l’Office Parlementaire d'Évaluation des

et les cellules souches embryonnaires humaine est

Choix Scientifiques et Technologiques*. Auditions

encadrée de façon très stricte avec des exigences

auxquelles nous répondons toujours immédiatement.

éthiques extrêmement fortes. Au plan scientifique et

Grâce à cette vigilance de tous, nous espérons bien ne

médical, ces recherches sont susceptibles de donner un

jamais renouveler la sottise de Pandore. (rires)

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GRAND DOSSIER DH : AGENCE DE LA BIOMÉDECINE

Est-ce que les Français sont suffisamment informés ? Bien évidemment, ils peuvent toujours l’être plus, notamment dans des domaines nouveaux. C’est dans cet esprit, par exemple, que nous avons ouvert en 2014 un site Internet d’information sur la génétique médicale. Nous nous efforçons d’informer les gens autant que possible ; au même titre que les professionnels, le Parlement, les médias et les associations. Ce sont des sujets sensibles qui font naître autant de fantasmes que d’inquiétudes. Il est nécessaire d’apporter des réponses

L’une des fonctions de l’Agence de la biomédecine est d’éclairer le Parlement et le Gouvernement... Beaucoup de sujets éthiques peuvent apparaître au fur et à mesure du temps : nous avons un devoir d’anticipation. Nous devons donner au Parlement et au Gouvernement les informations qui leur permettent de comprendre ce qui est en train de se passer et de prendre la décision qui s’impose...

aux questions que certains se posent.

Les rapports remis au Parlement et au Gouvernement constituent-ils les outils nécessaires et suffisants dont vous avez besoin ? Ce sont des outils nécessaires. L’une des fonctions de

l’Agence

est

d’éclairer

le

Parlement

et

le

Gouvernement... Beaucoup de sujets éthiques peuvent apparaître au fur et à mesure du temps : nous avons un devoir d’anticipation. Nous devons donner au Parlement

et sommes auditionnés par le Parlement. Cela donne lieu à des échanges extrêmement ouverts sur des sujets sensibles qui doivent être partagés par toute la société.

Qu’avez-vous envie de dire, d’expliquer, aux hospitaliers : directeurs, médecins, salariés ? J’ai envie de leur dire que toutes les activités que nous gérons constituent de très belles chaînes de solidarité. Chacun en forme un maillon, nous avons besoin de

et au Gouvernement les informations qui leur permettent

chacun d’eux. Cela vaut de même pour les équipes de

de comprendre ce qui est en train de se passer et de

l’Agence. Nous avons tous les mêmes objectifs.

prendre la décision qui s’impose... C’est toujours leur décision ; on n’a pas à se substituer au législateur, au

Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

pouvoir réglementaire. Nous sommes très attachés au dialogue avec notre tutelle et au législateur et, comme

Mais, je ne suis pas mise en examen (rires) sauf peut-

je vous le disais il y a un instant, nous sommes toujours

être par votre revue ! Quoi qu’il en soit, nous ne sommes

en liens étroits avec l’OPECST.

nullement en position défensive. Une bonne analyse de

Enfin, je souligne – même si c’est une évidence – que

notre bilan vous permettra de répondre parfaitement

nous rendons des comptes sur chacune de nos activités.

à cette dernière question... L’Agence travaille bien,

Nous travaillons de façon étroite avec le Parlement, les

l’éthique y est rigoureuse, la volonté de tous les acteurs

professionnels de santé, les associations, les médias...

d’agir de manière irréprochable est évidente. J’espère

Tous les ans, nous rendons public notre rapport d’activité

que cela continuera ainsi pendant longtemps.

n

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ARTICLE DH : TRAUMA CENTER

Y A-T-IL UN DOCTEUR DANS LE CAMION ? Pourquoi et comment un Trauma System au CHU d’Angers

« Traumatisé grave » permettant de structurer et d’organiser l’accueil du malade ; puis de mettre en place des procédures de soins et d’évaluation. Nous devons conforter une dynamique autour de cette pathologie. Entretien avec Dr Guillaume Bouhours, praticien hospitalier, anesthésiste réanimateur

PRINCIPES

et philosophie DH MAGAZINE – Pouvez-vous nous situer votre groupe hospitalier au sein de l'AP-HP ? GUILLAUME BOUHOURS − Jusqu’alors, le SAMU déclenchait un SMUR qui mobilisait un médecin et

Mais ce tri sera-t-il possible dans tous les cas ? L’évaluation de ces patients au sein du réseau repose sur les compétences reconnues des services médicaux préhospitaliers. L’orientation et l’accueil des traumatisés graves sont basés sur une structuration du niveau et des capacités d’accueil des établissements du territoire en fonction de leur plateau technique. L’idée directrice est de ne pas admettre systématiquement tous les patients

un véhicule puis prenait en charge le patient avant de

sur le Trauma Center de niveau 1, c'est-à-dire le CHU,

revenir dans « son » hôpital. Il faisait alors un premier

mais de s’organiser de manière plus pertinente et valo-

bilan et orientait éventuellement et secondairement le

risante pour tous. Les nord-américains ont développé le

patient vers l’hôpital qui avait le plateau technique et

concept du « Scoop and Run » : charger (le malade) et

les chirurgiens nécessaires. L’idée du Trauma System

courir (au plus vite vers le CHU)… Et ce, pour une admis-

est, entre autres, d’éviter – si la gravité du traumatisme

sion systématique non régulée vers les Trauma Center

le nécessite – de faire un arrêt dans le premier

de niveau 1. Ce faisant, ils ont « noyé » leur centres de

hôpital de proximité avant d’admettre le patient dans

niveau 1 : cela ne semble pas très productif en terme

l’établissement adapté en fonction de la pathologie.

médico-économiques.

L’hôpital retenu ne sera pas systématiquement le CHU.

18

Les premières heures de la prise en charge du traumatisé

Précisément, dites-nous en un peu plus…

grave sont déterminantes pour sa survie. Chaque

Ce sont les chirurgiens trauma qui, les premiers, ont su

minute, chaque heure, compte. Le Trauma System

définir des territoires de santé et « stratifier » les centres

s’appuie sur une évaluation et une médicalisation pré-

hospitaliers en fonction du niveau des plateaux tech-

hospitalière du SAMU/SMUR. Tout ceci sur la base de

niques. Les centres de niveau 1 doivent être capables de

procédures d’évaluation, de la graduation de la gravité et

traiter l’ensemble de la traumatologie grave 24 h sur 24.

de protocoles médicaux de prise en charge élaborés par

Ensuite, vous avez les niveaux 2 et 3 dont les plateaux

le Trauma System.

techniques sont moins importants.

Mais aurez-vous les moyens logistiques pour mettre en œuvre cette stratégie ?

En quoi « ces philosophies » sont-elles différentes ?

Oui, nous disposons, sur notre territoire, des moyens

Un point fondamental : les Américains n’ont « pas de

humains, matériels et de communication. Il s’agit main-

médecin dans le camion »… Ils ont donc développé

tenant de continuer à développer un réseau de soins

une structure avec des personnels paramédicaux avec

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© Catherine Rouger-Jouannet

ARTICLE DH : TRAUMA CENTER

une formation spécifique mais limitée : « Emergency

pouvez avoir un malade qui se présente « plutôt bien »

Médical Technician-Paramedic1 » (EMT-P). L’objectif est

mais avec des lésions qui vont s’exprimer plus tard. On

du « Golden Hour2 » est simple : le malade doit être

se base, bien sûr, sur des critères cliniques pour « objec-

dans la salle d’opération au plus tard une heure après le

tiver » la situation d’un traumatisé : tension très basse,

traumatisme. Il y a une graduation du niveau des inter-

patient ne respire pas, coma (score de Glasgow : ouvrir

venants, certains EMT-P sont habilités à entreprendre

les yeux, réponses verbales, réponses motrices), mais

des gestes de réanimation de base sur des protocoles

également des critères de cinétique ou mécanisme du

extrêmement stricts. Mais, l’objectif fondamental est

traumatisme de l’accident. (Critères de Vittel)

clair : ne pas perdre de temps sur le terrain « Scoop and est d’agir sur place : « Stay and play ». En français dans

Quid s’agissant du SAMU du CHU d’Angers ? Quid s’agissant du Trauma System

le texte : « Rester (sur place) et agir ». Bien sûr, l’objec-

Avec le Trauma Système, il y a 3 catégories de patient :

tif est d’arriver rapidement à l’hôpital, mais en initiant la

du plus grave (A), moins grave (B) et pas grave (C). Mais

réanimation par un docteur dans le camion.

surtout, ce qui est fondamental, c’est que nous parlions

run » : « Charger et courir ». À l’opposé, notre système

tous la même langue. Les médecins des SMUR ont donc

Quel est le meilleur système : « Scoop and run » ou « Stay and play »?

tous les mêmes critères pour savoir si le malade doit être dirigé vers un établissement périphérique ou vers le CHU.

La comparaison n’est pas facile. Les populations de trauEuropéens et les Nord Américains. Chez ces derniers,

Pouvez-vous nous expliquer la différence entre le Trauma Center et le Trauma System ?

on constate beaucoup plus de traumatismes « ouverts »

Pour faire simple, le Trauma Center, c’est le bâtiment,

(traumatisme par arme blanche ou balistique) dont la

le centre hospitalier. Le Trauma System, c’est l’organi-

prise en charge chirurgicale au bloc opératoire en ur-

sation, le réseau de soins au sein d’un territoire. Je suis

gence est bénéfique.

personnellement attaché aux deux concepts qui sont

matisés graves sont sensiblement différentes entre les

indissociables.

Avec la CHT-MAM3 Mayenne, Anjou,

À partir de quand peut-on parler d’un Traumatisé Grave ?

Mauges nous avons structuré les différents établisse-

C’est toute la difficulté de l’exercice. Parfois, nous ne le

Center de niveau 1 est le CHU d’Angers qui dispose

saurons vraiment que lorsque l’on aura fait un scanner

de l’ensemble du

de la tête aux pieds. Prenons le cas d’un patient qui a

plateau technique

subit un traumatisme violent (accident à haute cinétique)

et des spéciali-

pouvant être responsable de lésions engageant le pro-

tés

nostic vital. Il existe du coup différentes présentations

chirurgicales pour

cliniques du patient apparemment indemne mais avec

traiter tout type

des lésions qui vont s’exprimer secondairement jusqu’au

de

patient en état de choc, comateux. Le pronostic vital est

Grave.

2- L'heure d'or (golden hour) est un concept de médecine d'urgence. La plupart des blessés graves (polytraumatisé, ou bien victime d'une hémorragie interne) décèdent dans les premières heures. On a donc un taux de survie optimal si la victime se retrouve sur une table d'opération dans l'heure qui suit l'accident. (Sources : Wikipédia) 3- CHT pour Communauté hospitalière de Territoire

Le Trauma System de la MAM intègre deux SAMU et six SMUR

médicales/

Traumatisme

toujours difficile à évaluer. Lors d’un choc violent, vous

ments selon leur niveau de compétence. Le Trauma

1- Emergency Medical Technicians : personnel paramédical, pouvant effectuer des gestes médicaux sur protocole, avec trois niveaux : - Basic (EMT-B) ; - Intermediate (EMT-I) ; - Paramedic (EMT-P). (Sources : Wikipédia)

Le SAMU du Maine et Loire (49) dispose d'un SAMU (Angers) et de 3 SMUR (Angers, Cholet et Saumur). Le SAMU de la Mayenne (53) dispose d'un SAMU (Laval) et de 3 SMUR (Laval, Mayenne et Château-Gontier). Le SAMU est le centre de réception des appels (centre 15), la maison mère en quelque sorte et ses SMUR les effecteurs

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FIAT LUX Quelle est la genèse du Trauma System - Trauma Center ?

© Catherine Rouger-Jouannet

ARTICLE DH : TRAUMA CENTER

Pour ce qui me concerne, c’est une réflexion d’il y a au moins une dizaine d’années suite à une littérature scientifique émergente sur ce sujet qui m’a toujours intéressé… En particulier ce « papier » du New England de 2006 qui démontrait une réduction de mortalité lors d’une admission directe au trauma center de niveau 1 des patients les plus graves. Nos collègues du Réseau Nord Alpin (TRENAU) nous ont servi d’exemple dans la mise en place d’un tel réseau sur le territoire national. Mon travail au quotidien, au déchoquage, comme aussi le fait de participer à des groupes de travail au plan national sur ce sujet n’ont fait que nourrir ce projet.

Mais il faut bien, un jour, passer de la réflexion à l’action… Tout cela s’est enclenché avec l’élaboration du projet d’établissement, des réorganisations locales avec des projets architecturaux, la création des pôles avec la nouvelle gouvernance. Le Pr Jean-Claude Granry, chef du Pôle anesthésie-réanimation-médecine-d'urgence m’a suggéré de relancer ce projet. C’était également les réflexions sur une nouvelle médecine de territoire avec ce qui allait devenir la loi Bachelot et, entre autres, de la

C’est aussi ce qui permet l’adhésion des collègues des centres de niveau 2 ou 3 ; nous faisons le même métier, nous faisons tous partie de la même organisation.

mise en place des CHT, nous pourrons y revenir si vous le voulez bien. C’était peut-être le bon moment !

Mais vous n’étiez plus les seuls… Effectivement, en parallèle, les orthopédistes traumatologues avaient en réflexion un projet répondant à leur propre thématique. Il aurait été impensable que chacun restât sur son splendide isolement ! La direction générale nous « missionna » le Dr Hafid Talha, chirurgien orthopédiste et moi-même, anesthésiste réanimateur, pour fusionner ces deux projets et créer et développer ce projet ambitieux mais réaliste du Trauma System/ Center. Nous avons donc rédigé et « vendu » ce dossier qui, par ailleurs, se juxtaposait avec la programmation du

Quoi qu’il en soit, le Trauma Center, c’est vous… Non, c’est un travail d’équipes : le vital et le fonctionnel ; Hafid Talha et moi-même n’avons été que des « sherpas » soutenus par une direction volontaire et entreprenante pour ce projet. En ce qui me concerne, c’est aussi l’occasion, je trouve, de démontrer que même dans un établissement universitaire, un praticien hospitalier peut construire des projets et être valorisé dans son activité. Peut-être est-ce un des champs d’investigation possibles pour redynamiser l’attrait et le regard de mes jeunes confrères anesthésistes-réanimateur sur l’exercice de l’anesthésie réanimation en CHU ?

toire d’urgence-déchoquage, Radiologie et Urgences ».

Nous connaissons maintenant la genèse et les principes ; quid des applications ?

Le « Trauma Center » est ainsi le fruit d’une double

C’est du quotidien et du concret de suite. C’est optimi-

réflexion, celle des anesthésistes réanimateurs, pour le

ser le parcours patient. C’est mieux former les équipes,

côté vital (grave) et des orthopédistes davantage pour le

mieux organiser la chaîne des secours pré-hospitaliers

côté fonctionnel (non vital).

médicalisés. C’est accueillir ces patients dans l’établis-

projet de construction d’un futur bâtiment « Bloc opéra-

sement le mieux adapté jusqu’à sa rééducation et sortie

Est-ce un projet qui n’est pas spécifique à Angers ?

à domicile. Cela commence par une admission directe

Non, bien sûr. En France, l’un des premiers réseaux

dans le CH adapté. Ainsi, un traumatisé accidenté en

de Traumatologie Grave était, comme je vous le men-

Nord Mayenne présentant un traumatisme crânien pour-

1

1- TRENAU : RÉseau Nord Alpin des Urgences

20

tionnais tout à l’heure, TRENAU avec, entre autres, le

ra être admis directement vers le CHU d’Angers (distant

CH d’Annecy et le CHU de Grenoble. C’est le Trauma

de 120 Km) via l’hélicoptère régionalisé du SAMU ou

System actuellement plus aboutis et des plus efficients.

la route. Si la situation médicale ne le nécessite pas au

Faire aussi bien était l’un de nos objectifs. En février

regard du bilan du SAMU et des critères de tri, le patient

2013, avec le directeur général, Yann Bubien, le prési-

sera admis au CH Mayenne ou CH Laval selon le niveau

dent de CME, Pr Norbert Ifrah, Hafid Talha et moi-même,

de soins nécessaire supposé. Il en va de même pour

nous étions allés le visiter à Grenoble.

Saumur, Laval, Cholet…

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ARTICLE DH : TRAUMA CENTER

Le T. Center et le T. System ont été organisés de sorte qu’ils soient peu coûteux. Aussi, littérature scientifique à l’appui, le coût financier de la prise en charge de ces patients sera moindre au final puisque, dans un système aboutit, ils seront soignés plus vite et mieux. réanimations, l’ensemble des disciplines chirurgicales et tout particulièrement la neurochirurgie et l’embolisation. Très récemment, le CHU d’Angers a inauguré une salle hybride qui allie la possibilité d’actes chirurgicaux et de radiologie interventionnelle grâce à un environnement technologique exceptionnel. Certains traumatisés du bassin en état de choc hémorragiques (saignements important liées à des fractures

En définitive c’est un (Trauma) système relativement simple… Au moins dans le principe, oui ; la réalité est toujours un

du bassin) peuvent ainsi être traités rapidement et efficacement en passant par les vaisseaux pour arrêter le saignement grâce à cette technique d’embolisation2.

peu plus compliquée vous vous en doutez bien ! Mais surtout, comme le disait Jean Bodin – un Angevin, comme vous le savez – « Il n’est de richesse que d’hommes ». Le cœur du Trauma System, c’est de reconnaître et de valoriser les hommes et les compétences, de favoriser les staffs et de multiplier les échanges… C’est aussi ce

C’est aussi ce qui permet l’adhésion des collègues des centres de niveau 2 ou 3 ; nous faisons le même métier, nous faisons tous partie de la même organisation.

qui permet l’adhésion des collègues des centres de niveau 2 ou 3 ; nous faisons le même métier, nous faisons tous partie de la même organisation. La communication

La neurochirurgie comme la radiologie interventionnelle

entre les praticiens devient plus simple, plus efficace,

représentent le plateau technique de recours (seul dis-

plus facile. Cela peut vous sembler peu, et pourtant, cela

ponible) pour le Maine & Loire (49), la Mayenne (53) et

a changé énormément de choses.

la Sarthe (72). Le CHU dispose également d’un service de neuro-traumatologie reconnus pour la neuro-réani-

Tout cela doit coûter très cher…

mation en liaison avec la traumatologie crânienne. Il ne

Non ! C’est l’un des éléments que nous avions mis en

faut pas oublier la compétence de certains chirurgiens

avant dans notre dossier : le Trauma System s’organise

orthopédistes référents au niveau national voire interna-

autour des ressources actuelles. Le T. Center et le T. Sys-

tional sur certaines pathologies comme la traumatologie

tem ont été organisés de sorte qu’ils soient peu coûteux.

du pied. Le CHU d’Angers peut être le leader médicale-

Aussi, littérature scientifique à l’appui, le coût financier

ment. Autres points forts de notre établissement : l’effet

de la prise en charge de ces patients sera moindre au

volume --plus on traite de cas grave plus on est perfor-

final puisque, dans un système aboutit, ils seront soignés

ment-- qui permet le maintien des compétences et, bien

plus vite et mieux. Dans cet esprit, une ligne télépho-

évidemment, la partie universitaire : recherche et ensei-

nique directe 24 h / 24 h a été réservée. Elle permet de

gnement avec, par exemple, la simulation médicale dont

contacter directement le senior d’anesthésie-réanimation

le CHU d’Angers est un acteur référent au plan national.

du Trauma Center (de niveau 1) ce qui facilite les avis, très appréciée par les hôpitaux périphériques et le même

En quoi le Trauma System est-il autre chose qu’un simple regroupement de 6 CH-CHU ?

principe pour la traumatologie non grave avec partage des

Je préfère parler d’une dynamique autour de la trauma-

radios a été mis en place dans un second temps.

tologie grave associant étroitement les établissements

les transferts et… les relations ! Cette démarche a été

de soins. C’est une réorganisation de la prise en charge

S’agissant du CHU d’Angers, quels sont les points forts qu’il faut faire ressortir ?

du traumatisé grave dans une région sanitaire définie

Incontestablement, c’est d’avoir un plateau technique

séquelles des traumatisés et de traumatologie fonction-

complet, disponible 24 h / 24 h, avec notamment les

nelle d’orthopédie.

avec un objectif : améliorer la survie et diminuer les

2- Embolisation : Une embolisation est une technique ayant pour but d'injecter à l'intérieur d'une artère, une substance, un matériel qui va permettre d'obstruer c'est-à-dire de boucher totalement cette artère.

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Quelles relations entre le CHU et les CH ? Très constructives et très étroites ! Hafid Thala et moimême avons visité, un par un, tous les établissements, pour présenter le projet et faire ressortir notre vision des choses : réunions avec l’équipe de direction, les CME

© Catherine Rouger-Jouannet

ARTICLE DH : TRAUMA CENTER

et, bien évidements, les collègues impliqués dans cette pathologie. Cette démarche indispensable a été, je crois, bien appréciée par nos collègues et permet de resserrer les liens. C’est un système « inclusif » ou chacun doit avoir sa place selon ses compétences et le niveau de plateau technique à la différence de certains modèles « exclusifs ».

Quelle articulation entre la Communauté Hospitalière de Territoire (CHT) et le Trauma Center ? L’aventure de « notre » Trauma Center/ Trauma System est « contemporaine » de l’arrivée de la loi Bachelot et de la mise en œuvre des ARS. Le concept de la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires) était de repenser l’organisation des hôpitaux en termes de territoires sanitaires. C’était une opportunité : il fallait la saisir ! C’est donc sur la base de la CHT Mayenne, Anjou, Mauges1 que nous avons structuré notre Trauma System. Cependant, il ne s’arrête pas à la CHT. C’est le cas du CH du Mans (72-Sarthe) ; même s’il n’est pas actuellement membre de la CHT MAM. Cette extension géographique et de coopération quotidienne est naturelle. Le CHU valorise ainsi ses compétences et défend sa position dans l’organisation régionale.

sévères » ; c’est un diplôme national que je coordonne avec le Pr Sigismond Lasocki, chef du service d’anesthésie. De nombreux collègues – principalement urgentistes de notre CHT, de notre région (Loire Atlantique, Vendée), ou des régions plus éloignées (Bretagne, Centre…) ainsi que l’Algérie – ont obtenu cette qualification. C’est aussi une manière de créer des liens, de passer des messages, de faciliter et d’optimiser les soins. Nous avons ainsi plus facilement un langage commun et une prise en charge unique.

Quel est le contenu de cet enseignement ? 1- La Communauté hospitalière de territoire Mayenne, Anjou,

Mauges (ou MAM) est constitué des : -CHU d'Angers -CH de Saumur -CH de Cholet -CH Nord-Mayenne (Mayenne)

-CH de Laval -CH du Haut-Anjou (ChâteauGontier, Segré) -Centre de santé mentale angevin (Angers)

Il est très concret. Nous traitons de tous les aspects de la prise en charge de la traumatologie grave du préhospitaliers jusqu’aux 24 premières heures. Nous démontrons aux étudiants que le polytraumatisé doit être une prise en charge multidisciplinaire et anticipée dans l’organisation comme dans l’aspect médical pur. Les enseignants sont des réanimateurs mais également des chirurgiens, radiologues… Comme je l’ai déjà dit tout à

ENSEIGNEMENT

1- Une cohorte est une population de sujets qui répondent à une définition donnée et qui sont suivis dans le temps. Une étude de cohorte consiste à comparer la survenue d'une pathologie dans plusieurs populations définies en fonction de leur exposition à un facteur présumé causal pour cette pathologie.

et Recherche

2- Se dit des études scientifiques qui sont faites avec des volontaires en provenance de plusieurs centres médicaux différents. Permet ainsi de réunir un nombre plus grand de patients donc d'obtenir des données médicales plus précises.

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l’heure, à Angers, nous avons aussi une structure exclusivement réservée à la simulation médicale « Haute Fidélité » : c’est une vraie plus value du DIU. Cette année, on y a introduit d’autres formes de simulation avec des

La recherche peut-elle être élargie aux médecins des hôpitaux non CHU ?

cas cliniques interactifs à partir de situation vécues. Cet

Malgré le « U » d’Université, la recherche n’est pas l’apa-

enseignants qui y sont étroitement associés.

enseignement est également très valorisant pour les

nage du CHU même s’il est le principal moteur. Les médecins de l’hôpital non-CHU ont aussi un rôle important

Et en formation continue ?

à jouer ! L’aide des praticiens des hôpitaux périphériques

C’est le DU ou ce peuvent être des journées de forma-

va dynamiser la recherche dans les établissements et

tion avec, parfois, le soutien de laboratoires pharmaceu-

dans les équipes de soins. Bien évidemment, cela va

tiques. Par exemple, nous avons réussi à monter « Les

nous permettre d’augmenter l’importance de nos « co-

Journées du Traumatisé Grave » à destination des ur-

hortes1 » au travers de ces études « multicentriques2 »

gentistes et réanimateurs. La première demi-journée est

et de les rendre plus puissantes.

consacrée à la simulation d’accueil du polytraumatisé et la seconde à des cas cliniques vécus autour des pro-

À côté de la recherche, il y a aussi l’enseignement…

tocoles du Trauma System. La mise en place de RMM

Tout a fait. Il y a sept ans, avec la Faculté de médecine

(Revue de Mortalité et de Morbidité) au sein de cette

d’Angers nous avons mis en place un Diplôme d'Uni-

organisation régionale – et non par établissement – va

versité 3ème cycle : « Prise en charge des traumatismes

également se développer.

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


© Catherine Rouger-Jouannet

ARTICLE DH : TRAUMA CENTER

VIVRE

dangereusement Quels sont les risques d’échecs d’un Trauma Center et que pourrait-il alors se passer ?

Ces protocoles sont en quelque sorte des guides de prise en charge ; ils doivent être optimum et uniformes sur tout le Trauma System.

Je ne veux pas envisager un tel échec. Un des risques serait que le CHU soit perçu comme un leader qui « positionnerait » les pratiques et qui ne valoriserait ni établissements ni les praticiens des autres établissements et développerait un system « exclusif ». C’est de la politique fiction ; note vision réelle des choses est vraiment à l’opposé de ce scénario.

C’est un risque qui existe toujours au regard des individus… C’est un risque qui existe toujours et c’est pour cela

n’hésitent pas à m’en parler et qu’ils sachent que je suis disponible. À court terme, mon périmètre, c’est d’augmenter le nombre de protocoles de prise en charge et qu’ils soient bien suivis et donc évalués. Ces protocoles sont en quelque sorte des guides de prise en charge ; ils doivent être optimum et uniformes sur tout le Trauma System. Notre objectif à court terme est d’entretenir une dynamique autour de ce réseau de soins qui se développe. À moyen terme, il nous faudra créer un registre d’évaluation de notre activité et du de-

que nous sommes toujours attentifs au quotidien. Nous

venir des patients ce qui nécessite des soutiens finan-

avons changé d’époque, pas si ancienne, où les relations

ciers non négligeables.

pouvaient être plus « rudes », plus « irrespectueuses », plus « vaniteuses » ! C’est aussi dans notre rôle de coor-

Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

dinateurs d’être vigilant. Nous devons toujours réfléchir

Le Trauma Center / Trauma System, est une nécessi-

dans l’intérêt du patient.

té absolue ! Nous devons nous unir pour que chaque traumatisé soit pris en charge « au bon endroit, dans

Vous êtes le « patron » du Trauma Center, quel est votre périmètre d’action ?

le bon timing et pour un bon devenir ». La « chaîne »

Holà (rires), je ne suis pas le patron ; le Trauma Center /

tions de patients sont très attentives à tout cela… et

Trauma System, c’est d’abord une question d’équipe. Je

s’associent d’ailleurs à notre démarche. Cette organi-

suis probablement positionné en référent, en personne

sation en réseau de soins correspond également aux

ressource et « manager » mais pas en patron. Je veux

attentes des tutelles. Il nous reste encore beaucoup de

faire en sorte qu’à chaque problème, mes collègues

travail et c’est aussi cela qui est intéressant !

de soins va de l’accident à la rééducation. Les associa-

n

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ARTICLE DH : HUGO

HUGO, Sept CHU pour la réussite d’un travail collectif À la veille de la refonte du paysage français en 13 grandes régions métropolitaines, l’évaluation d’une expérience de coopération interrégionale menée dans le domaine de la santé sur une décennie, mérite d’être mise en valeur. Entretien avec Yann Bubien, directeur général du CHU d’Angers, président du GCS H.U.G.O. & Cécile Jaglin, déléguée général du GCS H.U.G.O.

Au début des années 2000, le paysage sanitaire en France s’était organisé en « super-régions santé ». Furent alors successivement créés et mis en place : le développement de Schémas Interrégionaux de l’Organisation des Soins1 (SIOS), la mise en place de cancéropôles (2003), l’organisation interrégionale du 3ème cycle des études médicales (2004) ou encore la structuration de Délégations Interrégionales à la Recherche Clinique2 (DIRC) en 2005… Saisissant l’opportunité de ce nouveau « découpage santé », plusieurs CHU décidèrent de se regrouper pour se concerter et structurer leurs activités spécifiquement hospitalo-universitaires. C’est ainsi, qu’en 2005, se créaient les Hôpitaux Universitaires du Grand Ouest (HUGO) constitués par 7 CHU et 1 CHR de l’interrégion Grand Ouest : Angers, Brest, Nantes, Orléans, Poitiers, Rennes et Tours, l’ensemble portant sur 4 régions :

1- SIOS : Schémas Interrégionaux de l’Organisation des Soins 2- DIRC : Délégations Interrégionales à la Recherche Clinique

Bretagne, Centre, Pays de la Loire et le Poitou-Charentes. Pour tenir compte, sans exclusion, des liens que chacun d’entre eux avait pu développer avec d’autres établissements hospitaliers, les membres d’HUGO s’engageaient à développer des projets communs

activités nécessitant l’accès à des plateaux techniques hautement

spécialisés

(neurochirurgie,

chirurgie

cardiaque, grands brûlés, greffes…). Pour autant, il serait injuste d’omettre la formation des internes et

pour toutes les activités de dimension interrégionale.

l’organisation de leurs stages, ainsi que la coordination de

Disposer de territoires identiques pour des domaines

la recherche : organisation d’appels à projet, formation,

relevant aussi bien des soins, de la formation et de la

développement des moyens au service des équipes.

recherche a permis aux médecins, chercheurs et chefs

En faisant le pari qu’ils conserveraient une plus grande

d’établissement des CHU de se connaître et de créer

maîtrise de leur destin en s’organisant sans attendre

une dynamique de travail commune sur des sujets

que des décisions leur soient imposées, ils ont acquis

variés.

une incontestable légitimité pour leurs partenaires locaux et nationaux, notamment au regard des Agences

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Plus particulièrement, on en soulignera trois dont le

Régionales de l’Hospitalisation devenues aujourd’hui

moindre n’est pas la coordination des CHU autour des

Agences Régionales de Santé.

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


ARTICLE DH : HUGO

HUGO 2005-2013 :

une « simple » charte !

HUGO s’est d’abord développé dans trois domaines où il existait une incitation nationale : l’organisation interrégionale de la formation des internes, le SIOS et la

Unis par une simple charte pendant 8 ans, les 7 CHU-

recherche clinique. Dans chacun, HUGO a su utiliser les

CHR se donnaient pour ambition d’organiser leurs

incitations de l’État comme levier de développement de

activités de soins de recours de manière concertée,

sa coopération.

d’améliorer et donner une meilleure visibilité à leurs résultats en matière de recherche clinique et coordonner leur politique d’enseignement. Avec comme résultats significatifs : la mise en commun de différents moyens

Rationalisation et développement des filières de soins de recours

et outils, la recherche d’une répartition équilibrée S’agissant des soins, on constate sur dix ans, une ra-

stratégiques pour conforter l’interrégion, des actions

tionalisation des activités de recours comprises dans

coordonnées de réflexion et de communication.

le SIOS avec une diminution du nombre de sites. Il en

et complémentaire des activités, des partenariats

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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ARTICLE DH : HUGO

va ainsi lorsque les seuils d’activités ou la composition des équipes médicales ne permettaient pas de garantir le maintien de compétences de haut niveau ou lorsque la masse critique de patients n’était pas suffisante pour conduire des actions d’enseignement et de recherche. Cette rationalisation s’est traduite par la fermeture de trois sites d’allogreffes pédiatriques, d’un site de neurochirurgie, le recentrage des activités de neurochirurgie pédiatrique, la concentration des prises en charge de

L’enseignement : petites retouches, grands succès Au-delà de la coordination pédagogique des enseignements de 3ème cycle, les Doyens ont également développé diverses actions communes. Ainsi des échanges de médecins (internes, chefs de clinique) favorisant la formation de spécialistes de haut niveau. Ainsi du lancement d’une démarche de gestion prévisionnelle des

grands brûlés sur deux centres.

emplois et des compétences hospitalo-universitaires à

Ces actions préparées par des groupes de travail perma-

de diplômes interuniversitaires (DIU) communs ou de

l’échelle de l’interrégion ou encore de la mise en place

nents constitués par HUGO et pilotés par l’un des Direc-

l’organisation d’un examen blanc interrégional pour les

teurs Généraux – qui assume cette responsabilité pour

internes.

4 ans – ont également permis d’organiser les parcours de prise en charge des patients au sein de l’interrégion, de développer des bonnes pratiques, de mettre en place des Réunions interrégionales de Concertations Pluridisciplinaires (RCP) ou encore de préparer la formation de la relève hospitalo-universitaire dans les disciplines fragilisées sur le plan démographique. Crédibilisés dans cette démarche de restructuration de l’offre, les CHU ont pu obtenir l’ouverture de nouvelles activités de recours dans le cadre d’une organisation coordonnée des filières de soins. L’action d’HUGO a ainsi permis : en 2008, la création d’une banque de sang placentaire à Poitiers ; en 2008, la labellisation de deux centres de réanimation pédiatrique spécialisés à Nantes et Tours ; en 2013, l’ouverture d’un centre de diagnostic préimplantatoire à Nantes ; en 2012, la mise en œuvre d’un centre supplémentaire de greffes de moelle à Tours. Dans le futur proche, un centre de greffes multi viscérales est prévu à Rennes.

Les outils ou plateformes 1. CTAD-PEPI : Centre de Traitement et d'Analyse de Données en Pharmaco-EPIdémiologie 2. PPRIGO : Plateforme de Production Pharmaceutique pour la Recherche Institutionnelle du GO 3. MIAMIGO : Monitoring Immunopharmacologique des Anticorps Monoclonaux thérapeutiques prescrits 4. DEPIDEN : Phénotypage standardisé de la dénutrition de l'enfant sur internet 5. PHYSIODEV : Réseau et plateforme d'études en traitement du signal des rythmes physiologiques au cours du développement 6. UP-CNV : Plateforme Génome UP (Université de Poitiers) Copy Number Variations 7. THESAURUS : Portail internet de recensement des appels d’offres, commun avec le GIRCI Est 8. ELIPS PHARMA : Outil de gestion des produits expérimentaux 9. SPRInG GOCE : Recueil des données cliniques des patients pris en charge en oncologie pédiatrique 10. R-CDC : réseau fédératif de centres de données cliniques 11. GENKYST : Analyse des facteurs cliniques et génétiques influant l’évolution et la réponse au traitement de la polykystose autosomique dominante 12. BERHLINGO : Base d’Etude et de Recherche en Hémostase pour Les INvestigateurs du Grand-Ouest

Répartition des échanges HUGO entre disciplines

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DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

13. HUGOPEREN : Réseau de recherche en pédiatrie de HUGO


ARTICLE DH : HUGO

L’action la plus marquante concerne les « échanges

Recherche et innovation

HUGO ». À ce jour, elle est unique en France. Ces échanges permettent à des internes de deux CHU différents de l’interrégion d’échanger leur lieu de stage, sans contrainte d’ancienneté, de discipline ou de filière, tout en restant rémunérés par leur établissement d’origine.

LES RÉSEAUX DE COMPÉTENCES DU GIRCI

En simplifiant la procédure, ces échanges ont permis à

plus de 900 internes en 8 ans de réaliser un stage validant au sein d’un autre CHU de l’interrégion.

Recherche et innovation : les premiers pas d’une politique scientifique commune

Épidémiologie – Génétique > Recenser les compétences > Répondre aux besoins du Grand Ouest en matière d’épidémiologie génétique et de bio-informatique

Formation > Consolider les connaissances des professionnels de la recherche clinique

Recherche et innovation paramédicales > Partager les expériences, mettre en place des bonnes pratiques en matière de recherche et d’innovations paramédicales > Conseiller, former, apporter une aide méthodologique

Assurance qualité - Vigilance > Harmoniser les méthodes de travail > Former à la qualité et à la vigilance

Bio statistiques, data management et conseils méthodologiques > Contribuer à la planification et à l’analyse d’études > Professionnaliser l’activité de data management

Essais cliniques de Phases Précoces > Recenser les essais précoces > Fédérer les équipes impliquées > Mettre en commun une expertise méthodologique > Communiquer sur l’activité du Grand Ouest

Évaluation Médico-économique > Faciliter l'émergence d'études ou de volets médicoéconomiques > Développer les connaissances et compétences internes

Il faut souligner l’originalité des actions menées dans le domaine de la recherche clinique et de l’innovation grâce aux financements délégués au niveau interrégional par le Ministère de la santé depuis 2006. Pour réaliser les missions que ces crédits contribuent à financer (formation à la recherche, évaluation médico-économique, soutien aux projets européens...), HUGO n’a pas choisi de redistribuer les fonds entre établissements, au prorata de leur taille ou de leurs résultats, comme cela peut exister dans d’autres interrégions. Pour la ventilation de ces crédits, HUGO a préféré développer des moyens et des compétences partagés, selon deux modalités principales. La première consiste à confier à un établissement la responsabilité du développement d’une mission spécialisée et d’en faire bénéficier toute l’interrégion dans le cadre d’un dispositif mutualisé, baptisé « réseau ». La seconde consiste à sélectionner pour un financement « d’amorçage », dans le cadre d’appels à projets, des outils ou des plates-formes développés par des équipes de recherche, baptisés « outils structurants » ; 15 sont actuellement financés

dans ce cadre.

Europe > Réaliser une veille sur les appels à projets de la Commission Européenne > Former et proposer un soutien à l’ingénierie de projets européens

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ARTICLE DH : HUGO

HUGO : UNE NOUVELLE AMBITION : Un groupement de coopération sanitaire (2013)

Il va pouvoir exercer les missions du Groupement Interrégional de Recherche Clinique et d’Innovation2 (GIRCI) et garantir que cette nouvelle structure – mise en place par une circulaire de 2011 et dotée de financements importants – applique la stratégie décidée par ses

Rétrospectivement, à l’issue de cette première étape de

membres. Il va pouvoir élargir la coopération à de nou-

son développement, on constate que l’inscription dans

veaux acteurs ; ainsi du Centre de lutte contre le Cancer

une simple charte de coopération s’est avérée extrême-

Nantes-Angers en 2013 et du CH du Mans (Sarthe) avec

ment efficace. Elle a permis de fixer les objectifs com-

lequel les discussions sont en cours. Autant d’atouts qui

muns sans donner un caractère trop formel à cette rela-

donnent à HUGO un poids plus important pour défendre

tion naissante et sans devoir la soumettre à un droit de

ses positions au sein du Grand Ouest sanitaire mais pas

regard et de contrôle des tutelles des établissements de

seulement…!

santé qui aurait pu freiner les « ardeurs » des différents partenaires. Cette coopération ayant atteint sa maturité, la création d’un outil juridique devenait indispensable.

Les départements et fédérations hospitalouniversitaires de HUGO

Le bilan de cette première période, montre la réussite d’un processus d’acculturation réciproque des CHU et CHR et la construction d’une philosophie d’action commune. Plus concrètement, on peut souligner la valeur ajoutée de l’échelon interrégional, la mise en commun de forces apportant une masse critique d’envergure

FHU CAMIn (CAncer, Microenvironnement et Innovation) relative à la filière de soins en cancérologie dans le domaine des pathologies malignes pulmonaires, urologiques, dermatologiques et hématologiques, coordonnée par le Pr Thierry Lamy du CHU de Rennes

FHU GOAL (Grand Ouest Acute Leukemia) relative aux leucémies aiguës, coordonnée par le Pr Norbert Ifrah du CHU d’Angers, associant des équipes des six CHU

DHU ONCO-GREFFE qui fédère l'hémato-cancérologie, l'onco-dermatologie, l'immunologie (Labex Igo), la médecine nucléaire (Labex Iron) et l'institut de transplantation - urologie - néphrologie (IHU prometteur Cesti), coordonné par le professeur Philippe Moreau du CHU de Nantes

FHU SUPORT (SUrvival oPtimization in ORgan Transplantation) relative aux greffes et conservation d'organes, coordonnée par le professeur Thierry Hauet du CHU de Poitiers, associant des équipes de Poitiers, Limoges et Tours

FHU TECH SAN (Technologies innovantes en Santé) relative aux technologies innovantes en santé, coordonnée par le Pr Philippe Mabo du CHU de Rennes et par le Pr Eric Stindel du CHU de Brest, associant des équipes de Rennes et Brest

DHU 2020 qui rassemble l'institut du thorax et l'institut des maladies de l'appareil digestif autour de la promotion de la médecine personnalisée dans les maladies chroniques, coordonné par le professeur Antoine Magnan du CHU de Nantes

nationale, l’atteinte d’un niveau d’excellence ou encore la mutualisation d’équipements ou de compétences rares. Pour attester de cette maturité, quatre exemples peuvent être donnés : la constitution d'un GCS, les FHU, la coordination d'un projet européen et le projet 20142017 de HUGO.

EXEMPLE 1

Élargissement de la coopération au sein d’un GCS (2013)

1- COMUE : Communautés d'Universités 2- GIRCI : Groupement Interrégional de Recherche Clinique et d’Innovation

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HUGO et l’Institut de Cancérologie de l’Ouest constituent désormais le Groupement de Coopération Sanitaire HUGO, pour accompagner le développement de leurs actions communes et dans le prolongement des actions existantes. Le GCS doit améliorer la visibilité et la lisibilité des activités de soins de recours, des résultats en matière de recherche clinique et d’innovation, des coopérations dans le champ de l’enseignement. Rendue possible par la confiance construite au fil des années, HUGO, doté de la personnalité morale et de la capacité juridique qui en découle, disposant d’une indépendance financière et administrative, devient un outil de coopération majeur qui peut, aujourd’hui, représenter pleinement ses membres. En tant que GCS, il peut désormais « parler » aux ARS, aux Régions, au Ministère de la Santé, aux instances du Cancéropôle, aux Communautés d’Universités1 et au delà…

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


ARTICLE DH : HUGO

On peut souligner la valeur ajoutée de l’échelon interrégional, la mise en commun de forces apportant une masse critique d’envergure nationale, l’atteinte d’un niveau d’excellence ou encore la mutualisation d’équipements ou de compétences rares. Cette structuration s’est accompagnée d’un travail de formalisation des règles de bonnes pratiques. Un directeur à temps plein a été recruté pour assurer le suivi et la coordination de ses actions ; il est placé auprès de l’Administrateur comme délégué général du GCS. Les objectifs principaux du GCS sont nombreux : promouvoir, structurer, développer, coordonner, communiquer, proposer, porter ! HUGO veut promouvoir et structurer au niveau interrégional les missions spécifiques des CHU-CHR – soins, enseignement et recherche – et, pour ce faire, développer des infrastructures d’intérêt commun aux trois domaines. Il a la volonté de mettre en place des actions coordonnées de réflexion ou de communication pour faire connaître la recherche menée et participer à l’élaboration des orientations politiques. Il s’agit aussi de faire

Les objectifs principaux du GCS sont nombreux : promouvoir, structurer, développer, coordonner, communiquer, proposer, porter ! HUGO veut promouvoir et structurer au niveau interrégional les missions spécifiques des CHU-CHR.

des propositions pour le développement des outils et méthodes d’évaluation, de participer à la valorisation des activités de recherche et d’innovation. Enfin, il réalisera tie de ses Membres, dans les domaines de l’innovation, du management, de la valorisation et du transfert. En application de ces nouveaux objectifs, des travaux sont actuellement en cours pour développer une plateforme de simulation multi sites HUGO. Cette technique de formation reproduit des situations ou des environnements de soin et mobilise différents moyens : mannequins, acteurs, patients standardisés, simulateur procédural, réalité virtuelle… Une réflexion de même nature est conduite sur une plate-forme de chirurgie expérimentale pour former les jeunes chirurgiens sur des « modèles animaux ». Enfin, un Atlas de l’excellence, en cours d’élaboration, publiera en 2016 l’état des lieux des meilleurs projets et des meilleures équipes pour constituer la base d’un projet

Initiés dans le prolongement du rapport de la commission Marescaux sur l’avenir des CHU, les départements et fédérations hospitalo-universitaires (DHU et FHU), sont des filières thématiques intégrées de soins, d’enseignement et de recherche. Ils sont créés par convention entre l'INSERM, un (ou des) CHU, une (ou des) université(s), pour associer leurs équipes hospitalo-universitaires et leurs équipes de recherche. Ils sont sélectionnés dans le cadre d’appels à projet compétitifs par des jurys internationaux. À ce jour, seulement une quarantaine de FHU et DHU ont été labellisés en France, HUGO est la seule interrégion ayant organisé un appel à projets interrégional et aboutissant à la labellisation en 2014 de quatre FHU ouverts. Le Grand Ouest dispose aujourd’hui, au total, de six FHU/DHU ; deux d’entre eux ont été labellisés à Nantes en 2013.

scientifique pour l’avenir.

Labelliser des Fédérations Hospitalo-Universitaires

EXEMPLE 2

le « portage » juridique de partenariats, pour tout ou par-

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ARTICLE DH : HUGO

EXEMPLE 3

HUGO : porteur de projets européen (2014)

LE PREMIER SEMESTRE 2015 A PERMIS DE RÉALISER PLUSIEURS DES ACTIONS DE CE PROJET :

Grâce à la dynamique de son réseau d’investigateurs en pédiatrie (HUGOPEREN), plusieurs projets ont pu

> Janvier : Rapprochement avec le Cancéropôle Grand

être soumis en réponse aux appels à projets d’H2020.

Ouest en vue, notamment, de lancer un appel à projets

Les appels à projets européens ont pour objectifs de

interrégional commun,

réunir des équipes de recherche et des entreprises

> Avril : Ouverture du site Internet HUGO (ww.chu-hugo.fr)

de plusieurs pays européens au sein d’un groupement

afin de développer la communication du GCS,

(« consortium »). Plusieurs conditions doivent être réu-

> Avril : Création d’une base documentaire partagée

nies pour pouvoir être sélectionnées : qualité scienti-

entre ses membres pour faciliter leurs échanges,

fique du projet, prise en compte des thèmes prioritaires

> Avril : Lancement du Club de « Partenaires Écono-

de l’appel à projets, constitution d’un réseau d’acteurs

miques » – constitué d’une dizaine d’entreprises – qui

transfrontaliers.

va permettre de développer des actions communes : journées scientifiques, publications d’un Atlas de l’ex-

Aussi, le portage par le GCS d’un projet européen de

cellence... Il s’agit de donner une plus forte lisibilité aux

grande ampleur permet d’impliquer sous une même

équipes des CHU au-delà du monde académique et, à

entité plusieurs CHU du Grand Ouest, leurs équipes et

terme, de créer les conditions de mise en place d’un

leurs cohortes de patients. Il constitue un double avan-

« Cluster santé » du Grand Ouest. (Dans le contexte,

tage : présenter des candidats français disposant de la

le Cluster peut être considéré comme une Groupement

masse critique requise, tout en respectant la contrainte

d’équipes académiques et d’entreprises innovantes).

de limiter le nombre de partenaires français au sein du consortium.

Le second semestre 2015 prévoit : > Septembre : Remise d’un Prix HUGO récompensant

Cette stratégie sera couronnée de succès dès 2015.

une action emblématique de la dynamique interrégionale,

HUGO signera en novembre avec la commission euro-

> Septembre : Remise d’une Bourse Espoirs HUGO

péenne un Grant Agreement (accord de financement)

accompagnant le projet de développement d’un jeune

dans le cadre du programme H2020, pour un premier

professionnel qui s’inscrit dans une démarche « structu-

projet sélectionné sous son nom, avec un coordonna-

rante » pour le territoire du Grand Ouest,

teur scientifique du CHU de Rennes.

> Octobre : Organisation d’une journée scientifique pour faire le bilan de l’action des fédérations et départements hospitalo-universitaires.

HUGO : un projet pour les trois ans qui viennent

EXEMPLE 4

RÉFLEXION SUR L’OPPORTUNITÉ D’UNE FONDATION

30

Dernier élément de preuve de l’efficacité d’HUGO : la

HOSPITALIÈRE INTERRÉGIONALE

capacité des membres à se projeter dans l’avenir et à fixer des objectifs concrets. Les actions s’inscrivent

Ce type de fondation prévue par la loi Hôpital Patients

pour la période 2014-2017 dans un projet, adopté par

Santé Territoire attendait un décret d’application, enfin

l’Assemblée Générale, qui oriente son action et ses prio-

publié en août 2014. Les fondations hospitalières pré-

rités autour de trois ambitions principales. Il convient

sentent trois avantages par rapport aux autres types de

d’abord de conforter le positionnement des CHU de

fondation : en premier lieu la rapidité de création, par

l’interrégion Grand Ouest dans la compétition nationale

décret simple de la ministre de la santé et du ministre de

et européenne mais aussi de développer les interactions

la recherche sur avis du directeur général de l’ARS, en-

avec d’autres acteurs de l’interrégion pour améliorer

suite la maîtrise que ses fondateurs conservent au sein

la cohérence des démarches. Enfin, last but not least,

du conseil d’administration alors qu’ils ne représentent

rechercher des financements complémentaires pour

qu’un tiers des membres et enfin l’absence de montant

conduire des actions communes.

minimum pour la dotation initiale

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


ARTICLE DH : HUGO

Solution complémentaire aux 28 fondations ou fonds de dotation existant sur les thèmes santé/recherche dans la zone HUGO, une fondation

interrégionale

peut

favoriser

l’intervention de mécènes (entreprises ou personnes privées) dans des conditions fiscales avantageuses. Pour HUGO, il s’agit de diversifier les sources de financement contribuant au développement de la recherche en santé, favoriser l’émergence et le développement de pôles d’excellence scientifique, renforcer les synergies entre la recherche publique et la recherche privée.

HUGO

un avenir à construire Malgré les bouleversements annoncés dans le domaine de la santé, HUGO aborde les années qui viennent avec une certaine sérénité. Riche de ses 10 années de coopération, il a fait la preuve de sa capacité d’adaptation et de la dynamique à laquelle il peut contribuer entre ses membres ou avec de nouveaux partenaires. Bousculé par une réforme territoriale qui ne conforte

Malgré les bouleversements annoncés dans le domaine de la santé, HUGO aborde les années qui viennent avec une certaine sérénité. Riche de ses 10 années de coopération, il a fait la preuve de sa capacité d’adaptation…

pas complètement ses frontières, par la réforme des Universités qui a conduit à la création de deux COMUE – Bretagne et Pays de Loire pour la première, Centre,

Dans cette orientation nouvelle, HUGO devra élargir ses

Poitou-Charentes et Limousin pour la seconde – et par

partenariats au-delà de la communauté hospitalo-univer-

la future mise en place de Groupements Hospitaliers de

sitaire. À partir du savoir-faire qu’il a acquis pour faire

Territoire qui focalisera l’attention de chaque CHU sur

travailler ensemble les CHU et pour mettre en place des

son environnement proche, HUGO devra conforter sa

outils et actions vers les centres hospitaliers non univer-

légitimité dans ce nouveau paysage.

sitaires de son territoire, il devra s’ouvrir aux professionnels libéraux et se donner comme objectifs la diffusion

Entouré de plus de 60 centres hospitaliers, de 2 centres

d’informations et le partage d’expériences, l’harmoni-

de lutte contre le cancer (dont l’Institut de Cancérologie

sation des outils et des pratiques professionnelles, le

de l’Ouest) et riche d’un réseau important de cliniques

développement de réseaux de prise en charge, la consti-

privées, HUGO devra sans aucun doute, en relais de

tution de cohortes et le développement de files actives

chaque CHU, compléter ses missions actuelles par un

de patients, en faveur du développement des inclu-

rôle de coordination et d’animation territoriale élargie…

sions dans des protocoles de recherche ville/hôpital.

n

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

31


ARTICLE DH : PROJECTION D'ACTIVITÉ MCO

Retour vers le futur ? Proposition pour une méthode de projection d’activité MCO raisonnée 2015-2030

Un article de Eric-Alban Giroux, Directeur d’hôpital, Albane Fausser, Directeur d’établissement sanitaire, social et médico-social, Dr Pierre Karam, Directeur de la société PKCS à Paris et producteur des analyses PMSI, Solène Louemba, étudiante en management de projets internationaux à la Sorbonne nouvelle, & Danièle Lacroix, Directeur d’hôpital

ORAGES

mais des espoirs ! La possibilité de retravailler les données PMSI MCO accessibles au niveau national a permis d’avoir,

cohérente avec l’observation du passé et assez robuste

notamment, une vision juste et objective de la répartition

sur 15 ans.

des soins entre les différents offreurs de soins et de

Ainsi, l’objet de l’article n’est pas de mettre en regard

démontrer les grandes disparités existantes entre

ces projections d’activités avec des hypothèses de

hôpitaux et cliniques (La T2A est-elle la même pour

moyens, dans le respect des normes de qualité et de

tous ? DH Magazine, 2014, 148, 32-38).

sécurité, voire d’humanité pour les plus ambitieux ; ces problématiques relèvent en effet davantage du débat

« L'habituel défaut de l'homme est de ne pas prévoir

parlementaire. Il est cependant évident que l’on ne peut

l'orage par beau temps. » Cette citation de Nicolas

envisager le modèle économique et social actuel sur

Machiavel rappelle que le beau temps du modèle social à

d’autres bases, ni préparer l’avenir sans la construction

la française est déjà fragilisé et que beaucoup d’énergie

de modèles populationnels intégrés.

aura été déployée pour construire une variété d’outils : - des outils tarifaires (Prix de journée, DGF, T2A…) ; - des outils managériaux (Fusion, HPST, GCS, PPP, pôles, CHT, GHT…) ; - des outils de gestion (PREF, VAST, EPRD, PGFP, HOSPIDIAG, TBFEPS, SAE…) ; - des outils de contrôle (COPERMO, HAS, ANAP, ATIH, ARS…). Il est toutefois essentiel de s’interroger sur ce que sera la santé collective de demain. Quelles hypothèses fiables nous permettent de projeter nos futures activités sanitaires pour la région, le département, l’établissement de santé ? Quels seront les besoins de la population ? À quoi nos établissements seront-ils confrontés dans les 15 prochaines années ? La

32

ainsi permettre d’obtenir une projection raisonnée

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Matériel : les bases PMSI MCO consolidées par l’ATIH à partir des données des établissements de santé Les bases PMSI sont une réalité d’activité passée et s’affranchissent de toute dépendance à tel ou tel courant de pensée. Les données issues de la base nationale PMSI MCO (Programme de médicalisation des systèmes d'information en médecine, chirurgie et obstétrique) ont été étudiées en prenant en compte tous les établissements de France et tous les patients

mise en commun des bases PMSI avec la technique de

déclarant vivre en France.

projection des populations de l’INSEE ainsi que des taux

La méthodologie suivante a été utilisée :

d’hospitalisation à volume constant de la DREES doivent

- les séjours en erreur et les séjours de Prestations

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


ARTICLE DH : PROJECTION D'ACTIVITÉ MCO

Inter-Établissements ont été exclus ; - il a été appliqué les classifications élaborées par l’Agence Technique de l’Information sur l’Hospitalisation (ATIH), classification Médecine Chirurgie Obstétrique (MCO) et classification par Domaine d’Activité et Groupes d’Activité ; - quand la mention hors séances est ajoutée, cela signifie que sont exclus les séjours de la Catégorie Majeure de Diagnostic n°28 (CMD 28 Séances). Dans le cadre de ce travail, seront pris en compte les taux d’hospitalisation par GHM pour chaque tranche d’âge, obtenus à partir de la base PMSI nationale.

Méthode OMPHALE de projection de population proposée par l’INSEE L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) dispose d’une indépendance de fait vis-à-vis du gouvernement, désormais garantie en droit par la loi. L’INSEE définit la méthode OMPHALE (Outil Méthodologique de Projection d'Habitants, d'Actifs, de Logements et d'Élèves) comme « une application qui comprend un modèle théorique de projection de la population, des bases de données démographiques, des techniques d'analyse démographique et des outils de construction

la DREES a été réalisée selon 5 tranches d’âge et en uti-

de scénarios pour le futur ». Pour projeter la population

lisant les code CIM 10 des diagnostics principaux (hors

d’un territoire, le modèle OMPHALE fait évoluer la pyra-

séances, obstétrique et néonatalogie). Aux évolutions

mide des âges de ladite population à une date précise

constatées sur la période 2015-2030 sont additionnées

sur la base de la natalité, la mortalité et des migrations.

les tendances démographiques anticipées par l’INSEE.

Selon cette méthode, les taux d’hospitalisation au sein de chacune des tranches d’âge sont stables. Méthode d’analyse des variations des taux d’hospitalisation à volume constant réalisée par la DREES. La Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) est une direction de l’administration centrale des ministères sanitaires et sociaux qui agit sous cette tutelle. Elle a vocation à fournir aux décideurs publics des informations fiables et des analyses sur les populations et les politiques sanitaires et sociales. La DREES a mobilisé des experts pour anticiper les évolutions des taux d’hospitalisation par tranche d’âge. L’étude intitulée « Impact du vieillissement de la population sur les recours aux

Les patients de 20 à 59 ans sont ceux qui consomment le plus de soins en 2009. Cependant ce sont les patients de plus de 80 ans qui présentent le taux d'hospitalisation (nombre de séjours par habitant) le plus élevé.

soins hospitaliers à l'horizon 2030 dans les Pays de la Loire » reprend les hypothèses nationales d’évolution de taux d’hospitalisation par tranche d’âge et par CMD. Ces données ont été ré-exploitées pour une application

QUELS BESOINS DE SOINS en France ?

nationale. La réponse à cette question doit permettre de savoir

téristiques de l’hospitalisation en 2030 seront la consé-

quel modèle de projection utiliser.

quence de nouveaux traitements, de nouveaux modes

Comme affiché, ce sont effectivement nos aînés qui ont le

de prise en charge et d’actions de santé publique, no-

plus recours à l’hôpital. Il convient de réaliser des projections

tamment en matière de prévention ». L’étude menée par

par tranche d’âge pour se rapprocher le plus de la réalité.

Le principe fondateur de ce travail est que « les carac-

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ARTICLE DH : PROJECTION D'ACTIVITÉ MCO

Les résultats du modèle de projection sont quasi-

UNE PROJECTION POPULATIONNELLE À 30 ANS

identiques à la réalité sur la période (à 1 000 séjours près sur plus de 17 millions). Sur cinq ans, la méthode d’évolution de la demande projetée par tranche d’âge est

S’assurer de la robustesse de la méthode en la testant sur le passé de 2009 à 2013

valide. Mais pour une période plus longue, il est essentiel d’introduire des hypothèses de taux d’hospitalisation par activité du fait de l’évolution des pratiques médicales et de l'épidémiologie.

La possibilité de reprendre d’une part les bases PMSI et d’autre part les projections de l’INSEE réalisées entre 2009 et 2013, permet de valider cette première méthode. Sont ainsi comparées : - l’évolution réelle de la consommation de soins (nombre de séjours hors séances) pour les patients vivant en France métropolitaine entre 2009 et 2013 ; - la projection 2013 de la demande 2009 basée sur l’évolution de la population ;

Appliquer la méthode au futur : « Back to the Future » de 2015 à 2030 Un premier axe consiste à appréhender l’évolution prévisionnelle des effectifs de population. Aussi, le graphique ci-dessous présente les projections démographiques de l’INSEE en France des quatre tranches d’âge de la méthode OMPHALE.

- la projection 2013 de la demande 2009 basée sur l’évolution de la population et des taux d’hospitalisation par tranche d’âge.

Les projections démographiques INSEE 2015-2030 en France métropolitaine anticipent une augmentation de 32 % des personnes des plus de 80 ans, de 24 % des 60-80 ans mais une baisse de 1 % des moins de 60 ans.

La consommation a réellement augmenté de 3,5 % entre 2009 et 2013 en France. Un modèle de projection basé sur la seule évolution de la population minore les prévisions. Un modèle basé sur une évolution de la population par tranche d'âge correspond à la réalité.

34

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

Toxico, intoxication

Hématologie

Rhumatologie

Tissu cutané, sous-cut.

Endocrinologie

Cathé. vasc.

Gynécologie - sein

ORL, Stomato.

Pneumologie

Syst. nerveux (hors cathé.)

Activité inter. spé.

Ophtalmologie

Uro-néphro, génital

Cardio-vasc. (hors cathé.)

Ortho traumato

Digestif

Les activités (hors séances et obstétrique) les plus susceptibles d'augmenter sont les prises en charge de personnes âgées : ophtalmologie, cardiologie, pneumologie. à l'inverse, la demande augmentera de manière modérée pour la gynécologie ou l'ORL.


ARTICLE DH : PROJECTION D'ACTIVITÉ MCO

Si l’histogramme met en évidence une proportion globalement stable d’individus de moins de 60 ans d’ici 2030, il fait également état d’une population vieillissante. À noter que la projection par tranche d’âge minore

UN MODÈLE D’ÉVOLUTION

sociétale basé sur les prises en charge

légèrement l’augmentation des plus de 80 ans. En effet, les plus de 80 ans regroupent des populations

La

très hétérogènes : les 80-90 ans d’une part, les plus de

d’hospitalisation par catégorie de CIM-10 (classification

DREES

propose

une

comparaison

des

taux

90 ans d’autre part. Ainsi, entre 2009 et 2013, le nombre

des diagnostics) entre 2013 et 2030, en excluant

de séjours des 80-89 ans a augmenté de 8.4 % ; celui

séances et séjours d’obstétrique.

des plus de 90 ans, de 61 %.

Les 3 plus fortes augmentations concernent : - le digestif (+19 %)

Un second axe consiste à quantifier l’impact prévisionnel

- les troubles neurologiques (+10 %)

de ces changements socio-démographiques sur la

- la rhumatologie (+8 %)

nature et le volume des activités sanitaires. Les 3 plus fortes augmentations concernent :

Parmi les facteurs explicatifs de ces évolutions, on

- l’ophtalmologie (+22 %)

peut citer une meilleure détection des polypes et

- le cardio-vasculaire (hors cathé.) (+19 %)

cancers intestinaux (progrès technique, campagnes

- les cathétérismes vasculaires (+18 %)

de sensibilisation…) d’une part, la mise en place de politiques d’amélioration de la prise en charge de la

Par ailleurs, on anticipe une hausse de 350 000 séjours

démence d’autre part.

de médecine et chirurgie digestive entre 2013 et 2030,

Les 3 plus fortes baisses concernent :

augmentations la plus sensibles en valeur absolue.

- la pneumologie (-14 %)

Les 3 plus faibles augmentations concernent :

- la toxico, intoxication (-11 %)

- l’ORL, la stomato (+3 %)

- l’endocrinologie (-9 %)

- la toxico, l’intoxication (+4 %) En réponse à des prix en hausse constante et au recours

- la gynécologie - sein (+5 %)

de plus en plus fréquent à des méthodes de sevrage La limite de cette méthode reste la non prise en compte

(e-cigarette notamment), le tabagisme devrait décroître

de l’impact des évolutions sociétales et thérapeutiques

de manière substantielle, une évolution qui se traduirait

sur les activités sanitaires.

par un recul des hospitalisations de « pneumologie ».

Hématologie

Rhumatologie

Toxico, intoxication

Cathé. vasc.

Endocrinologie

Gynécologie - sein

Pneumologie

ORL, Stomato.

Tissu cutané, sous-cut.

Syst. nerveux (hors cathé.)

Ophtalmologie

Activité inter. spé.

Uro-néphro, génital

Cardio-vasc. (hors cathé.)

Ortho traumato

Digestif

La DRESS a réalisé une étude de l'évolution des taux d'hospitalisation. Le graphique ci-dessous est obtenu par transposition à la population française, en fonction des tranches d'âges et par catégorie de la CIM 10 (hors séances et obstétriques)

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ARTICLE DH : PROJECTION D'ACTIVITÉ MCO

En outre, la DREES anticipe un recul des pathologies

La combinaison des 2 techniques associées aux bases

« toxico, intoxication », conséquence attendue d’une

PMSI projette pour 2030 une augmentation globale du

prévention accrue encourageant des modes de vie

nombre de séjours (hors obstétrique et séances) d’environ

plus sains. Enfin, les hospitalisations en endocrinologie

16 % par rapport à 2014, soit environ 2,5 millions de

devraient voir leur nombre diminuer, essentiellement du

séjours. Ce schéma modélise un effet démographique

fait d’une meilleure prise en charge et d’un suivi plus

prévalent, responsable de l’augmentation des effectifs

rapproché des cas de diabète. Cette projection permet

de séjour à hauteur de 80 %. L’évolution des pathologies

d’anticiper une hausse de l’ordre de 600 000 séjours

évoquées précédemment ne devrait donc être à l’origine

de médecine et chirurgie digestive entre 2013 et

que de 20 % d’hospitalisations supplémentaires.

2030, augmentation la plus sensible en valeur absolue. Toutefois, la limite de cette technique prévisionnelle est de ne pas prévoir l’évolution démographique.

Résultat par niche d’activités

UN FUTUR RAISONNÉ ET RAISONNABLE

L’histogramme ci-contre, à droite, présente les effectifs de séjours nationaux par catégorie de CIM 10 à trois niveaux : les effectifs constatés pour l’année 2013, les projections démographiques de l’INSEE pour l’année

Résultat global

2030 puis ces mêmes informations modifiées des taux

L’association des bases PMSI avec la méthode OMPHALE de l’INSEE et les projections de la DREES permet

d’obtenir

une

projection

plus

raisonnée,

raisonnable, et moins partisane. Ainsi, la variation des taux d’hospitalisation à volume constant associée à l’effet démographique doit permettre de prévoir pour les 15 prochaines années l’évolution des activités MCO sur le territoire.

d’hospitalisations prévisionnels de la DREES. La part du lion avec les 3 plus fortes augmentations concernent : - les besoins en digestif (+30 %) - l’ophtalmologie (+28 %) - le système nerveux hors cathétérismes (+23 %) La catégorie « digestif » entraîne à elle seule une demande supplémentaire de plus de 1 million d’hospitalisations. Il est à souhaiter que les équipements humain et matériel nécessaires puissent suivre ou du moins se préparer à cette potentielle évolution. L’assiette du pauvre avec les 3 plus faibles hausses concernent : - l’endocrinologie (+1 %) - l’ORL, stomatologie (+2 %) - l’activité inter-spé. (+3 %)

Pour les séjours (hors obstétrique et séances), la demande à l'horizon de 15 ans pourrait augmenter de +16,4 % en France soit +2,5 millions de séjours dont 80 % par le seul effet démographique.

36

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


ARTICLE DH : PROJECTION D'ACTIVITÉ MCO

CASTING

- certes par la concentration des soins hautement

pour un démiurge ?

techniques dans les structures hospitalières ; - certes par le retour à la polyvalence des équipements sans pour autant souhaiter revenir à la Grand-Salle (ou

On peut prévoir les besoins de population, à quelques

chambre des pauvres) des hospices de Beaune ;

évolutions médicales et changements de conditions de

- mais surtout par une réflexion concertée entre

vie près. Le modèle prévisionnel proposé est un modèle

professionnels de santé.

possible, raisonné et semble raisonnable. Il tente de s’affranchir des combats partisans. En effet :

Face à la crise qui se pérennise, la question du prochain

- il n’est pas raisonnable de n’utiliser qu’un modèle de

modèle sanitaire français se pose. Ainsi, il serait

projection populationnel (INSEE) ;

souhaitable de prévoir en amont ce nouveau modèle

- il n’est pas plus raisonnable de n’utiliser qu’un modèle

afin :

d’évolution sociétale à population fixe (DREES).

- d’assumer les besoins croissants en soins des

Le premier modèle est obligatoirement expansif car

« papys et mamies boomers », sur la base de notre

confronté à l’avènement des « papys et mamies

système sanitaire actuel,

boomers ». Le second est peut-être davantage orienté

- de révolutionner la prise en charge de proximité par la

pour convenir à l’affichage actuel de réduction capacitaire

médecine de ville et l’hospitalisation à domicile,

et de diminution de l’hospitalisation complète, souhaité

- de préparer les populations au refus de soins,

comme solution à la réduction du déficit de la sécurité sociale.

- d’accélérer le développement et la systématisation

Ainsi ce modèle intégrant les projections statistiques

humainement, éthiquement et économiquement plus

« du droit de mourir dans la dignité » comme modèle favorable.

de l’INSEE régulées et celles de la DREES, affiche une augmentation sans précédent des besoins de population.

Aussi raisonnables qu’insouciants, mais néanmoins

Il est donc nécessaire d’adapter nos équipements, tant

conscients des difficultés, notre système n’attend plus

humain que matériel, à cette forte poussée :

qu’un démiurge de la santé pour traiter des problèmes

- certes par l’amélioration de l’efficience des prises en

de demain. Décidément, prévoir est difficile !

charges ;

n

Tissu cutané, sous-cut. + 16 %

Cathé. vasc. +12 %

Endocrinologie + 1%

Gynécologie - sein +6 %

Pneumologie +4 %

ORL, Stomato. +2 %

Syst. nerveux (hors cathé.) +23 %

Ophtalmologie +28 %

Activité inter. spé. +3 %

Uro-néphro, génital + 16 %

Cardio-vasc. (hors cathé.) +15 %

Ortho traumato +18 %

Digestif +30 %

Pour le digestif, l'orthopédie, l'ophtalmologie et la neurologie, les effets « démographiques » et « taux hospitalisation » sont cumulatifs alors que pour la cardiologie (dont les cathé.), l'endocrinologie et l'ORL, ces effets s'inversent.

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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L E S P R O S E N PA R L E N T 38

LA MESSAGERIE SÉCURISÉE MEDIMAIL largement adoptée en Midi-Pyrénées Grâce à une étroite collaboration entre le MiPih et le GCS Télésanté Midi-Pyrénées, plus de 150 établissements de santé utilisent déjà la solution de messagerie sécurisée Medimail.

Les professionnels de santé adoptent de plus en plus

L’intégration de cette messagerie

les messageries sécurisées (MSSanté). La solution Me-

sécurisée a déjà concerné quelque

dimail, développée par la structure de coopération hospi-

150 établissements de la Région

talière MiPih, constitue un service de messagerie sécuri-

Midi-Pyrénées. Parmi eux, le Centre

sée de santé permettant d’échanger de manière sûre les

Hospitalier Intercommunal du Val

données médicales. Cet outil sécurisé, adapté à la santé,

d’Ariège (CHIVA) qui envoie environ

s’appuie sur le principe d’un « coffre-fort électronique »

3500 compte-rendus par ce biais

qui joue le rôle de tiers de confiance entre l’expéditeur

chaque mois.

et le destinataire. Le système assure de manière sécurisée la traçabilité de tous les échanges et documents (radiographies, résultats d’analyses, photos, etc.)

À VOS AGENDAS Le MiPih organise des webinars autour de Medimail. Inscrivez-vous en consultant le site : www.mipih.fr Le mardi 20 octobre à 10 h 30 Le mardi 27 octobre à 14 h 30 Le jeudi 29 octobre à 14 h 30 Pour les établissements de santé, l’intégration de la solution est facilitée par le déploiement à l’échelle régionale. Pour exemple, l’Agence Régionale de Santé (ARS) a en effet financé le projet en Midi-Pyrénées et a désigné le Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) Télésanté Midi-Pyrénées, Maître d’ouvrage du déploiement auprès de ses membres professionnels de santé libé-

RAPIDITÉ

de réception

Aurélien Caumette, responsable du système d’information de territoire au CHIVA - Centre Hospitalier Intercommunal du Val d’Ariège

« La messagerie sécurisée permet d’atteindre beaucoup plus rapidement les médecins de ville, surtout ceux situés dans les zones rurales qui sont parfois pénalisés par les délais d’acheminement du courrier postal », explique Aurélien Caumette, responsable du système d’information de territoire au CHIVA. « Le grand avantage est la rapidité de réception et cela donne une bonne image de l’hôpital car le patient reçoit vite son compterendu d’hospitalisation. Cela fluidifie aussi le processus de traitement en interne : tous les acteurs savent que la transmission de l’information se fait instantanément donc ils vont tous travailler pour faire en sorte que le compte-rendu d’hospitalisation soit rapidement prêt », commente le responsable.

raux, établissements de santé et autres structures de santé. Comme le décrit M. Laurent Dugué, Chef de Projet Solutions Parcours au GCS Télésanté Midi-Pyrénées : « Le déploiement d’une solution d’échanges sécurisés

UN SYSTÈME TRANSPARENT pour l’utilisateur

est une priorité définie par l’agence régionale de santé (ARS) de Midi-Pyrénées pour le GCS Télésanté Midi-Py-

La Clinique Pasteur à Toulouse a aussi adopté

rénées. Il répond aux besoins d’échanges d’informations

Medimail il y a plus d’un an. Aujourd’hui, ce sont quelques

entre acteurs des bassins de santé. Cela contribue à

5000 e-mails par mois qui sont envoyés par le biais de

l’optimisation du parcours de soin des patients dans une

cette messagerie sécurisée. « Les utilisateurs sont

démarche de coordination et de continuité des soins ».

passés à cette nouvelle messagerie du jour au lende-

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


Compo DSIH.pdf 1 29/09/2015 17:59:14

DIRE D’EXPERT La solution en chiffres Un annuaire de 10 000 professionnels de santé Sur les 12 derniers mois, c’est plus de 500 000 messages sécurisés reçus 1 CHU, 43 CH, 32 cliniques, 54 structures de soins et 18 réseaux de santé 5 300 médecins libéraux qui utilisent régulièrement la solution 104 noms de domaine MSSanté déposés auprès de l’ASIP Santé main. L’appropriation de ce nou-

de la solution en interne. « Il était essentiel de propo-

vel outil par nos professionnels

ser une messagerie sécurisée qui ne soit pas contrai-

de santé a été immédiate car

gnante pour les médecins », ajoute Olivier Geoffroy. Le

cela n’a rien changé à leurs habi-

fait que Medimail soit porté par une volonté régionale et

tudes », explique Olivier Geoffroy,

que GCS ait communiqué auprès des médecins de ville,

directeur

« Nous

a largement facilité la mise en place de cette solution

avons procédé à un développe-

en Midi-Pyrénées. « On comptabilise au mois d’octobre

ment spécifique – une passerelle – permettant d’interfa-

60 000 ouvertures de messages sécurisés avec un taux

cer Medimail avec Outlook. Cela permet d’encrypter et

moyen mensuel d’accroissement de 5 % », détaille Éric

de décrypter les mails, et au final, l’utilisateur a l’impres-

Mesere Responsable de la solution Medimail. Pour les

sion que c’est un mail normal et que rien n’a changé »,

établissements de santé, la prochaine étape consis-

poursuit le directeur technique. Le fait que le système

tera à supprimer totalement les envois par courrier

soit totalement transparent pour les médecins et pour

postal avec à la clé, l’assurance d’économies impor-

les secrétariats médicaux a contribué à l’appropriation

tantes et d’une efficience globale.

Olivier Geoffroy, directeur technique de la Clinique Pasteur à Toulouse

technique.

n

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

39


ARTICLE DH : JNAH - BILAN CONCOURS

4e Journée Nationale de l’Alimentation à l’hôpital, en EHPAD et en maisons de retraite : grand succès pour les concours ! Pour la première fois en 2015, la Journée Nationale de l’Alimentation à l’hôpital, en EHPAD et en maisons de retraite a proposé aux établissements de participer à 3 concours nationaux : « Mon goûter d’anniversaire en EHPAD », « Fruits en fête ! », « Dessine-moi un goûter ». Avec 292 inscrits, la formule a reçu un écho enthousiaste. Les jurys, constitués des partenaires associatifs (AFDN, UDHIR, ACEHF, RESTAU’CO), industriels (Davigel) et médias (La Cuisine Collective, Le Cuisinier, Nutrition Infos), se sont réunis le 29 juin 2015 pour désigner les lauréats. Le constat a été unanime : tous les dossiers ont témoigné d’une très grande implication de la part des professionnels au service de l’équilibre alimentaire et du plaisir de manger des patients et des résidents. Les partenaires ont offert les dotations.

« MON GOÛTER D’ANNIVERSAIRE EN EHPAD » Il s’agissait de récompenser la meilleure équipe de diététicien-cuisinier-animateur pour la conception, la réalisation et l’accompagnement d’un goûter-gâteau d’anniversaire en EHPAD. Le jury a examiné 118 dossiers. Davigel a offert aux lauréats une machine à café Nespresso Inissia et une formation dans son Centre de Formation et d’Expertise Culinaire. La Cuisine Collective leur a remis un abonnement d’un an. Les trois lauréats ont été : l’EHPAD La Maison du Moulin du Centre Hospitalier

« Le goûter du Moulin », un gâteau et une animation qui ont fait vivre le site du moulin où est implanté l’EHPAD La Maison du Moulin du Centre Hospitalier de Sambre Avesnois de Maubeuge (59). Lauréat du concours « Mon Goûter d'anniversaire ».

de Sambre Avesnois de Maubeuge (59) pour « Le goûter du Moulin », un gâteau et une animation qui ont fait vivre le site du moulin où est implanté l’établissement ; les EHPAD et services de Soins de Longue Durée du Centre Hospitalier Inter-Communal d’Alençon-Ma-

40

© EHPAD Maison du Moulin

un grand moment fédératif

© Hôpital de la Robertsau

« Le buffet fruits et épices », un buffet de verrines et cocktails de fruits réalisé par les résidents en ateliers culinaires de l’Unité Cognitivo-Comportementale de l’Hôpital de La Robertsau, rattaché aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (67) - Lauréat de « Mon Goûter d'anniversaire ».

CE QU’EN A PENSÉ LE JURY DIDIER GIRARD, CHARGÉ DE MISSION UDHIR POUR LA JOURNÉE, MARIE-CÉCILE ROLLIN, DIRECTRICE DE RESTAU’CO, LAURENCE BONNEVEAU, DIRECTEUR SEGMENT INSTITUTIONNEL DAVIGEL, LAURENT TERRASSON, RÉDACTEUR EN

mers (61) pour « Le goûter ramène sa

CHEF DE LA CUISINE COLLECTIVE

fraise », un fraisier auquel ont participé

Les animations ont été très imaginatives (terroir, métiers

les résidents dans la tradition de l’éta-

d’antan, titres de chansons…), les ateliers très diversi-

blissement : un fraisier annuel géant ;

fiés (décoration, techniques culinaires, cartes d’anniver-

l’Unité Cognitivo-Comportementale de l’Hôpital de La

saires…). Ces approches, toujours portées par les profes-

Robertsau, rattaché aux Hôpitaux Universitaires de Stras-

sionnels eux-mêmes, étaient souvent inscrites dans une

bourg (67) pour « Le buffet fruits et épices », un buffet de

démarche globale de projet d’équipe ou d’établissement.

verrines et cocktails de fruits réalisé par les résidents en

Résultat : des modifications sans doute durables dans les

ateliers culinaires.

pratiques, mais aussi beaucoup d’affect. La journée a aussi

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


été un levier fort de valorisation de chaque métier. En lien avec les diététiciens et les animateurs, les cuisiniers ont préparé des goûters originaux, colorés, savoureux qui ont redonné le plaisir de manger aux personnes âgées. De

© Ch du Haut Anjou

ARTICLE DH : JNAH - BILAN CONCOURS

nombreux candidats ont aussi associé les directeurs et les familles. Le concours a montré que la solution à la malnutrition protéino-énergétique de la personne âgée passait bien par une mobilisation de tous les intervenants.

« FRUITS EN FÊTE ! »

un grand moment de créativité pâtissière Il s’agissait de récompenser la créativité des cuisiniers pour la préparation des fruits frais. Le jury a examiné 146 dossiers. Les lauréats ont reçu un bloc couteaux et éplucheur céramique, une planche à découper antidérapante Master Class offerte par l'agence becom!, un abonnement d’un an et un livre culinaire gastronomique offerts par le magazine

fait ? par qui est-il préparé ? comment s’organise sa distri-

Le Cuisinier.

bution ? qui l’anime ? Le jury a examiné 28 dossiers. Les

Les trois lauréats ont été : Samuel Burot, du Centre

lauréats ont reçu une carte cadeau de 150 € Toys’R'us

Hospitalier Haut Anjou de Château-Gontier (53) pour son

offerte par l'agence becom! et un abonnement d’un an au

« Mille-feuille aux fruits rouges, mousse rhubarbe » ; Yan-

magazine Nutrition Infos.

nick Bigouret, de l’EHPAD Les Bouquets de Bellegarde-en-

Les deux lauréats ont été : le Centre Hospitalier de

Marche (23) pour sa « Panacotta glacée a la rhubarbe » ;

Meaux (77) pour « Le goûter idéal du service Pédiatrie de

Sylvain Michel, de l’EHPAD du Centre Hospitalier d’Hautmont (59) pour son « Inopiné », (superposition de compotée de fruits rouges, compotée d’abricots, biscuits mixés, purée d’avocats, crème chantilly). CE QU’EN A PENSÉ LE JURY

Mille-feuille aux fruits rouges, mousse rhubarbe de Samuel Burot, du Centre Hospitalier Haut Anjou de Château-Gontier (53) lauréat du concours « Fruits en Fête ! »

Meaux », livret plastifié en deux volets de photos et illustrations en couleurs, avec bulles de dialogues ; le Centre Hospitalier régional de Metz-Thionvile (57)

DIDIER GIRARD, CHARGÉ DE MISSION UDHIR POUR LA JOUR-

pour « Le goûter enchan-

NÉE, LAURENT LUSSAGNET, MEMBRE DE L’ACEHF, KARINE

té », 4 planches d’illustra-

AVERTY, RÉDACTRICE EN CHEF DU MAGAZINE LE CUISINIER

tions au trait, avec bulles

La problématique du développement durable était très

contrecollées.

présente, notamment avec l’utilisation fréquente de fruits issus des terroirs. Les préparations avaient toutes le souci d’être accessibles aux personnes qui ont des difficultés ali-

CE QU’EN A PENSÉ

mentaires et de stimuler les sens. Les cuisiniers ont mon-

LE JURY

tré leur capacité à répondre aux multiples contraintes de la

ISABELLE

restauration hospitalière sur le plan nutritionnel, mais aussi

PRÉSIDENTE

technique (feuilletages, textures modifiées, formats) et

SYLVAIN ZERCHER, PRÉSI-

gourmand (visuels, saveurs, tendances : la rhubarbe parle aux anciens et revient à la mode). Les trois recettes lauréates correspondent aux trois grands besoins de l’alimentation : l’innovation, la gourmandise, l’adaptation à tous les publics. En établissements de santé aussi, l’alimentation se montre donc originale, festive, à la portée de tous et équilibrée. De tous ces points de vue, le concours a été édifiant.

PARMENTIER, DE

L’AFDN,

DENT DE L’UDHIR, VIOLAINE COLMET-DAÂGE,

RÉDAC-

TRICE EN CHEF DU MAGAZINE NUTRITION INFOS Par leurs dessins, les jeunes lauréats ont réussi à retranscrire la convivialité de ce moment et l’important travail des équipes qui, dans les coulisses, décident de la composition du goûter, le préparent et l’animent. Au-delà des

« DESSINE-MOI UN GOÛTER »

un grand moment de BD adolescente

approches graphiques très différentes, un point commun se dégage des planches des deux équipes : l’attachement et l’affection que portent les ados à leurs encadrants et au personnel, leur créativité débridée et leur esprit humo-

Il s’agissait de récompenser la meilleure mini-bande des-

ristique et rebelle. Les dialogues sont particulièrement

sinée racontant toutes les étapes du goûter en service

naturels et réalistes. Du vécu !… C’est rafraîchissant, et

Pédiatrie : qui décide de sa composition ? de quoi est-il

plutôt rassurant pour des adolescents hospitalisés !

« Le goûter idéal du service Pédiatrie de Meaux », livret plastifié en deux volets de photos et illustrations en couleurs, avec bulles de dialogues du Centre Hospitalier de Meaux (77) - Lauréat du concours « Dessinemoi un goûter »

n

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

41


ARTICLE DH : PROJET DE SOINS OBÉSITÉ

Outil « l’Atelier des Projets de projets de soins obésité » Outil d’aide à la décision pour construire un parcours de soins pour les patients présentant une obésité. L’obésité est un problème majeur de santé publique et touche actuellement en France 15 % de la population. Le Plan National Obésité 2010-2013 a mis en place en France 37 Centres Spécialisés Obésité (CSO) dont 5 Centres Intégrés de l’Obésité. Les CSO ont pour missions principales de prendre en charge les patients présentant une obésité sévère et multicompliquée et d’organiser la filière de soins régionale. À cette dimension de soins, s’ajoutent dans les CIO, les dimensions de recherche et formation. Le CIO Midi-Pyrénées (http://obesite.univ-tlse3.fr) a développé un outil informatique pour permettre l’orientation du patient dans un parcours de soins adapté. Par Dr Ana Estrade, CHU Toulouse et Jean Yves Plantec, INSA

Cet outil, dénommé « l’Atelier de projets de soins obési-

influençant la prise en charge. Une fois le profil du patient

té », est une œuvre de collaboration, entre le CHU de Tou-

défini, un projet de soins est proposé. La personnalisa-

louse, l’Université Paul Sabatier III de Toulouse et l’INSA de

tion du projet intervient à la suite d’une étape d’évalua-

Toulouse qui se présente sous la forme d'une application

tion selon 4 axes (médical, diététique, activité physique

web.

et psychologique). À l’issue de cette évaluation, la ou les priorités de prise en charge sont choisies en concertation

Il s’agit d’un outil d’aide à la décision médicale. Il permet

avec le patient. En fonction du ou des choix faits, des outils

de co-construire avec un patient un projet personnalisé de

d’action sont proposés pour mettre en œuvre le projet de

soins (PPS) pour une prise en charge de l’obésité.

soins. Ces outils d’action comportent à la fois des fiches de

Le PPS (pour programme personnalisé de soins mais que

conseils et un répertoire de ressources géolocalisées (par

nous préférons appeler projet plutôt que programme) est

exemple, structures de SSR, stages d’éducation thérapeu-

défini par la HAS comme un outil opérationnel proposé

tique…). Ce répertoire est implémenté au fil de l’eau en

aux professionnels de santé pour organiser et planifier le

fonction de l’identification des ressources de soins régio-

parcours de soins des personnes ayant une ou plusieurs

nales.

maladies chroniques. Il correspond à un plan d’action ou

L’outil concerne les patients adultes, mais également les

une feuille de route pour la prise en charge d’un patient

enfants et les sujets âgés, avec des propositions adaptées

atteint de maladie chronique et c’est un outil de coordina-

de PPS à chaque catégorie d’âge.

tion entre professionnels de santé participant à la prise en charge de personnes ayant une maladie chronique. L’outil informatique que nous allons décrire ci-après est un outil qui aide à construire pas à pas avec son patient un PPS.

Pour le niveau 1 (médecins généralistes), l’outil offre la possibilité de faire une évaluation ciblée du patient et de proposer une orientation adaptée dans le parcours de

Objectif

soins.

L’objectif est de mettre face à face un besoin (projet de

Pour le niveau 2 (médecins spécialistes avec ou sans pla-

soins, dont perte pondérale chez un patient donné) et des

teau technique), l’outil permet une identification de ces soi-

ressources ou moyens d’action géolocalisés régionalement, permettant ainsi, du fait d’une visibilité et accessibilité de l’offre de soins, une orientation adaptée du patient dans le parcours de soins.

Concept

42

Potentialités de l’outil

gnants en tant que ressources et rend ainsi l’offre de soins visible et accessible. Pour le niveau 3 (Centre Spécialisé Obésité), cet outil permet d’animer la filière de soins, de rendre lisible l’offre de soins par le biais du référencement, de favoriser l’articula-

La première étape consiste à définir le profil de patient

tion ville-hôpital et de se positionner comme recours dans

à partir de certains items prédéfinis, considérés comme

les situations complexes.

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ARTICLE DH : PROJET DE SOINS OBÉSITÉ

De manière générale, l’outil pourrait permettre l’amélioration du dépistage du retentissement de l’obésité, augmenter le niveau de compétences et de prise en charge et favoriser l’équité d’accès à une prise en charge de qualité.

Faisabilité Actuellement l’outil est en phase de test, notamment dans le cadre d’une thèse de médecine générale.

Perspectives d’utilisation L’outil n’a pas de vocation commerciale. Nous souhaitons pouvoir diffuser son utilisation d’abord en Midi-Pyrénées. Le concept pourrait être étendu à d’autres régions si l’expérience s’avère positive.

Exemple concret Au cours d’une consultation dédiée à la prise en charge

Capture d'écran 1

de l’obésité, le médecin pourra utiliser l’outil pour coconstruire avec son patient un projet de soins. En première lieu, le médecin devra cocher la catégorie d’âge du patient, (enfant ou adolescent, 18-65 ans ou > 65 ans) puis devra cocher le grade d’obésité de son patient (I, II ou III). Selon l’âge du patient, des situations particulières seront proposées et pourront être cochées si la situation présentée par le patient correspond. Ex : (voir capture d'écran 1 ci-contre) dans la catégorie 18-65 ans, sont proposés des items de situations particulières tels que la grossesse, le désir de grossesse, la grossesse avec antécédents de chirurgie bariatrique, les antécédents de chirurgie bariatrique avec reprise de poids, les projets chirurgicaux (autres que bariatriques). De la même manière, des items de situations particulières chez les sujets âgés (> 65 ans) et les enfants sont proposés. Si le médecin coche une de ces situations, il sera dirigé alors vers un projet de soins spécifique à cette situation. Si aucune de ces situations particulières ne correspond au patient, le médecin peut cocher « absence de situation parCapture d'écran 2

ticulière ». Dans ce dernier cas, il lui est proposé de cocher le type de prise en charge. Pour les adultes, il peut s’agir d’une prise en charge initiale,

Une fois cette première étape validée, s’affiche une ru-

ou consécutive à des échecs ou encore d’une demande de

brique appelée « profil patient » (voir capture d'écran 3,

chirurgie bariatrique.

page ci-après) qui récapitule sous forme de liste tous les éléments précédemment cochés par le médecin ainsi qu’une rubrique intitulée « objectif du projet de soins ».

un échec chez un patient adulte, apparaît une autre page

Cette rubrique s’appuie sur les recommandations ou la

listant les comorbidités de l’obésité ainsi que les patholo-

littérature scientifique et propose un niveau de perte de

gies ou traitements ou handicaps pouvant interférer dans

poids pertinent pour le patient en fonction des comorbidi-

la prise en charge.

tés dont il est atteint.

Cette grille permet au médecin de définir de manière pré-

Ainsi, il peut être proposé une perte pondérale de l’ordre

cise le profil du patient qu’il a en face de lui et donc d’adap-

de 10 %, mais dans certaines situations le médecin peut

ter le projet de soins à une situation bien particulière.

être alerté sur les risques de perte pondérale et de dénu-

Ex : (voir capture d'écran 2 ci-contre) il pourra cocher s’il

trition.

a un diabète, de l’arthrose, une pathologie hépatique, ou

Ex : chez un sujet âgé fragile, la perte pondérale sera dé-

des problèmes psychiatriques.

conseillée.

Dans le cas d’une situation de prise en charge initiale ou

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ARTICLE DH : PROJET DE SOINS OBÉSITÉ

adressé), le médecin définit avec son patient les axes prioritaires de prise en charge (médical/diététique/activité physique/psychologique). En fonction des cases cochées, apparaît une rubrique « Moyens de mise en œuvre du projet » qui va proposer des outils d’action classés selon les 4 axes. Les outils d’action regroupant les 4 axes sont classés dans une seule et même rubrique. Ces outils d’action peuvent être soit des fiches de conseils de prise en charge (ex : conseils d’activité physique chez les sujets âgés), soit des ressources régionales géolocalisées (ex : stages d’éducation thérapeutique, séjour en SSR…). Ce même principe (outils d’évaluation et d’action) est éga-

Capture d'écran 3

Si le projet de perte pondérale est pertinent, l’outil

lement applicable aux enfants et aux personnes âgées.

propose alors une étape d’évaluation du patient. Cette étape d’évaluation est indispensable pour permettre la personnalisation du projet de soins qui a été décidée. En effet, 2 patients avec exactement le même profil n’auront peut-être pas les mêmes besoins pour mettre en place un projet de soins pour perdre du poids (ex : pour l’un, la priorité sera donnée à la diététique, pour l’autre à l’activité physique). Cette évaluation se décline en 4 axes, représentés par des étiquettes : axe médical, diététique, activité physique et psychologique. Chaque « étiquette » constitue une boite à outils dans laquelle sont mis à disposition des outils d’évaluation qui apparaissent dans la boite en fonction du profil du patient. Ex : si le patient est diabétique, des outils d’évaluation

En bas de page, apparaît une touche « générer un PDF »

concernant le diabète apparaîtront.

pour permettre au médecin d’enregistrer le PPS créé. Il peut alors ajouter le nom du patient, un commentaire et l’enregistrer sur son propre ordinateur. En général le PPS est proposé pour une période de 6 mois. À l’issue, le patient pourra être réévalué.

Conclusion Selon la HAS, le projet personnalisé de soins définit les différents aspects de la prise en charge pour répondre de manière adaptée aux problèmes de santé, aux besoins, aux attentes, aux difficultés en tenant compte du contexte de vie du patient et de son environnement, dans le cadre d’une pathologie chronique. À cet égard, l’outil développé par le CIO Midi-Pyrénées constitue une aide pour co-construire avec un patient un PPS obésité et permet de dessiner la cartographie régionale des ressources de soins dans le domaine de l’obésité. Il a pour objectif la planification coor-

44

À l’issue de cette évaluation (qui peut elle-même être

donnée et prospective de la prise en charge, l’implication

réalisée en plusieurs étapes soit par le médecin traitant

du patient dans sa prise en charge, l’harmonisation des

lui-même soit par des professionnels à qui le patient est

pratiques et la personnalisation du parcours du patient.

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n


ARTICLE DH : SFIL

Retour sur e

les 15 journées de l’informatique en biologie médicale organisées par la SFIL

Outre une exposition et des ateliers pendant lesquels les éditeurs de logiciels ont pu présenter leurs nouveaux

Du 19 au 21 mai 2015 au Palais des Congrès de Vittel (88) dans le cadre chaleureux du Club Med se sont déroulées les quinzièmes journées de l’informatique en biologie médicale. Grâce aux 180 participants et aux 14 sociétés exposantes, cette édition, qui a permis de fêter les 30 ans de l’association, a été une réelle réussite.

Par Martine Otter, Président de la SFIL

© SFIL

© SFIL

(Société Française d’Informatique de Laboratoire)

produits ainsi que des retours d’expérience avec leurs clients et partenaires, des conférences plénières ont permis d’aborder des sujets d’actualité pour la profession. Les nombreux échanges entre les congressistes et les intervenants ont montré l’intérêt des thèmes évoqués. Ces thèmes, au nombre de quatre, ont été répartis sur les trois journées :

mation de laboratoire : enquête sur le paysage informatique dans les laboratoires de biologie médicale, enjeux

© SFIL

- Travaux en cours concernant les systèmes d’infor-

éthiques de l’informatique dans la biologie médicale, contractualisation entre les laboratoires et les responsables des systèmes d’information, DSI ou fournisseurs, cahier des charges pour la gestion du colisage. - Aide à la mise en conformité des systèmes d’information dans le cadre de la norme NF EN ISO 15189 : 2012 : document d’accompagnement à l’accréditation, fiche pratique pour la réalisation d’un audit des sys-

De plus, à la fin de chaque session plénière, les indus-

tèmes d’information, concept de la gestion des risques,

triels avaient la possibilité de faire une présentation très

démarche de qualification d’un système d’information,

rapide d’une de leurs applications jugée « innovante ».

retour d’expérience d’un évaluateur COFRAC.

Neuf nouveaux produits ont ainsi été présentés, une approche plus étendue pouvant être faite ensuite pendant

- Sécurité et gestion des risques : travaux de la PGS-

les séances d’ateliers.

SI-S, plan de contingence pour assurer la continuité du

Toutes les informations sur cette manifestation (ré-

service, cybercriminalité.

sumés

des

présentations,

diaporamas,

enregistre-

ments audio des séances et photos) sont consul- Innovation : les nouveaux réseaux data et voix, utilisa-

tables sur le site Internet de la SFIL www.sfil.asso.fr,

tion des objets connectés, big data.

rubrique « congrès », « Vittel 2015 ».

n

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RUBRIQUE DH : QAULITÉ

Processus qualité et certification tirent le système vers le haut La qualité est un élément clé pour les établissements de santé. Entrée massivement au cœur des Pôles, la démarche qualité s’est décentralisée, impliquant tous les personnels. Traitement des événements indésirables, traçabilité et transparence, saisie des multiples questionnaires d’évaluation, la certification de la HAS a embarqué les établissements de Santé sur la roue de Deming et la sécurité des processus est au cœur du progrès. Entre respect des normes, préparation des audits, sensibilisation des personnels et qualité de terrain au quotidien, DH s’interroge et interroge sur ce sensible sujet de santé publique.

LAURENT CHICHE − Indéniablement la démarche qualité initialement impulsée par l’ANAES et reprise au travers des quatre itérations de la certification des établissements de santé de la HAS a changé en profondeur le mode de fonctionnement des hôpitaux et des cliniques, et n’ayons pas peur de le dire, dans le sens de l’amélioration. Le recul des infections nosocomiales, la meilleure maîtrise des facteurs de risques au bloc opératoire, en radiothérapie ou autour du médicament, en sont de nombreux exemples aussi incontestables que précieux, tant pour la sécurité des patients que pour la sérénité les professionnels de santé.

PUBLIC ET PRIVÉ : même combat !

Entretien avec Laurent Chiche, Directeur Général du groupe VEDICI & Claudie Gathion, Directrice Qualité Gestion des Risques Centre Hospitalier Eure-Seine Dossier réalisé par Marie-Valentine Bellanger

46

Comment les Établissements gèrent-ils ce processus d'amélioration continu ? L.C. − En l’espace de 15 ans, tous les établissements de santé se sont unanimement structurés autour de la qualité souvent par conviction et quelques fois par

DH MAGAZINE – Quels sont les enjeux de la

contrainte ! Des professionnels experts ont été recrutés.

qualité « totale » ?

Ils ont porté la démarche et contribué à l’acculturation

CLAUDIE GATHION − On peut parler d’amélioration

en relayant les messages de la HAS qui convergeaient

continue de la qualité mais il me semble difficile de par-

d’ailleurs bien souvent avec ceux des sociétés savantes

ler de « qualité totale ». La qualité repose avant tout

et / ou des compagnies d’assurance des établissements

sur une dynamique de groupe, de professionnels dési-

et des praticiens.

reux d’améliorer le service rendu aux patients. Cette

Aujourd’hui, il n’y plus de débat autour de la démarche

recherche implique une évaluation des pratiques, une

qualité. Tous ont compris depuis la certification V3,

analyse des process, des organisations. L’efficience

qu’il ne s’agit pas de rédiger des procédures pour être

des soins repose sur la compétence des soignants,

conformes. La gestion du risque, la sécurisation des

de leur compréhension, de l’organisation des activités,

prises en charge et la capacité à prévoir, mettre en

du contexte de travail. Le management, la façon dont

œuvre, et évaluer font désormais partie de l’ADN des

les choses sont pensées et retransmises auprès des

établissements de santé du secteur sanitaire, au point

professionnels, en fonction des moyens disponibles

que le médico-social fait figure de parent pauvre en l’ab-

en termes d’équipements, d’outils de traçabilité, sont

sence d’un système équivalent.

autant d’éléments déterminants.

En conséquence, la gestion des processus d’améliora-

La qualité, c’est l’obtention d’un résultat optimal, effi-

tion continus est parfaitement intégrée dans l’activité

cient en termes d’organisation, avec la satisfaction du

au quotidien et les instances réglementaires (CLIN/

patient à la clé. Cela signifie donc de prendre en compte

CLUD/ CME/ COMEDIMS…) et la récurrence des visites

l’ensemble de ses attentes, d’identifier ses besoins

de certification constituent le système qui entretient la

avec pertinence, puis la mise en capacité structurelle

démarche en fixant les échéances et en posant à inter-

de répondre avec précision et dans le cadre des bonnes

valles de temps réguliers les questions introspectives

pratiques.

sur les pratiques de l’établissement.

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


De plus, le dynamisme de la HAS, sa capacité à revisiter

La certification avec cette approche processus nous

régulièrement les thématiques qui fondent la démarche

plonge dans le parcours ville / hôpital pour appréhender

qualité, couplée à l’activisme des patients et des repré-

le parcours de soin dans sa globalité.

sentants des usagers, dont la pertinence et l’acuité

Enfin, les « patients traceurs » nous permettent d’avoir

croissent années après années, contribuent à maintenir

un retour concret de leur expérience. Nous faisons par-

la vigilance des établissements et de leur Direction, sur

ticiper les équipes à la réflexion. Elles peuvent échanger

les sujets sensibles couverts par la démarche Qualité.

sur la prise en charge, les difficultés rencontrées, les points forts. Indirectement, elles y trouvent un temps

C.G. − Je confirme le rôle moteur de la HAS qui a su

de parole et peuvent s’exprimer sur leur quotidien. C’est

faire évoluer les référentiels avec le contexte environne-

valorisant, enrichissant et c’est aussi cela la qualité !

mental et social. Nous devons tenir compte des attentes de la population que nous accueillons sur notre territoire. Il s’agit d’organiser nos activités en conséquence pour répondre au mieux aux besoins de cette population. Les responsables de l’organisation de l’offre de soins et les financeurs quant à eux s’assurent que les propositions de soins sont à la hauteur des attentes. Il existe donc

La certification impose aux établissements de se poser des questions en termes de gestion des pratiques.[…] D’autres indicateurs plus globaux nous challengent autour de l’hygiène, par exemple.

des engagements avec l’Agence Régionale de Santé qui en fonction des activités autorisées contrôle le respect des réglementations, la bonne utilisation des moyens alloués, le juste soin par exemple sur le circuit du médi-

L.C. − Le premier des apports de la démarche de certifi-

cament ou encore les activités en cancérologie. Nous

cation a été, selon moi, la nécessité d’instaurer le travail

sommes dans cette mise à plat de tous les circuits, de

en équipe comme valeur fondamentale pour les profes-

tous les parcours de soins ville hôpital, ce qui fait que

sionnels de santé.

l’approche processus proposé dans le cadre de la cer-

Ensuite, le regard introspectif, la culture de l’évaluation

tification V2014 est pertinente, dans un système qui ne

et du parangonnage ont beaucoup contribué à changer

tient pas seulement compte de l’établissement mais

les attitudes, les comportements et à obliger les pro-

aussi du territoire.

fessionnels à remettre en question leurs pratiques. Il y a eu dans cette démarche des sources de progrès significatifs, et des modèles de prises en charges his-

C.G. − Une dynamique ! Nous sommes obligés de nous

toriquement installés ont pu être simplifiés à l’occasion

préoccuper de la façon dont nous travaillons. La cer-

d’audits ou d’autoévaluations. Des transformations

tification impose aux établissements de se poser des

notables comme la conversion « conventionnelle vers

questions en termes de gestion des pratiques. Manuel

ambulatoire » ou la « récupération rapide après chirur-

de certification et indicateurs nationaux nous permettent

gie » doivent beaucoup à la démarche de certification

de nous évaluer sur un certain nombre d’activités, telle

dans sa dimension d’analyse des processus. En effet,

que la prise en charge de l’AVC. D’autres indicateurs

les questionnements induits et la formalisation des sé-

plus globaux nous challengent autour de l’hygiène, par

quences de prise en charge ont permis d’identifier et de

exemple. C’est très intéressant car la mesure des écarts

supprimer les éléments inutiles ou injustifiés dans une

offre la possibilité de dégager des points d’amélioration

logique empruntée à l’industrie autour du concept de

à partir des référentiels qu’on nous propose.

LEAN Management. Au-delà, comme le système qualité

Les processus de certification nous ont permis d’évoluer

des établissements de santé repose sur l’Humain, la cer-

vers cette recherche d’amélioration, de nous comparer

tification a le mérite de fixer les échéances et à obliger

à des référentiels dans le cadre des évaluations des pra-

une communauté à travailler dans un temps contraint

tiques professionnelles et maintenant de travailler sur

par l’échéance de la visite des experts.

nos parcours, nos processus de soin. La certification, la

Enfin, la démarche de certification amène les établisse-

visite des experts nous oblige à montrer que l’on est en

ments à élever leur niveau pour présenter leur meilleur

capacité de nous remettre en question avec toujours en

profil au moment de la visite de certification, et en dépit

toile de fond, le respect du droit du patient, un patient

d’un relâchement naturel une fois les experts passés, ce

qui devient acteur de son parcours de soin, qui veut

niveau ne redescend jamais entre deux visites.

Qu'apportent les processus de certification ?

comprendre, être informé.

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RUBRIQUE DH : QUALITÉ ET CERTIFICATION

Ces processus de certification ont-ils des limites ? Et dans l’affirmative quelles sont-elles ? C.G. − Les experts viennent à un « instant T » et ils vont se faire une opinion sur l’instant T… Celle-ci pourrait varier à quelques semaines près, en fonction du contexte de l’établissement, de la disponibilité des personnels par exemple. D’où l’intérêt de se préparer. L.C. − Oui, et je peux rajouter que la limite communément stigmatisée est celle liée au risque de subjectivité des experts visiteurs, qui est un risque réel, de temps en temps avéré. Les établissements qui ont eu à subir ce type de distorsions de traitement en sortent souvent traumatisés et la mobilisation de leurs professionnels autour de la démarche qualité peut durablement en pâtir. Parmi les autres limites de la certification, et jusqu’à la V3, un établissement pouvait être certifié avec une réserve majeure ce qui signifiait qu’un dysfonctionnement grave avait été identifié et que malgré tout l’établissement continuait de fonctionner avec seulement l’injonction de corriger dans un laps de temps court. On peut se poser la question du "Quid" de la sécurité des patients pris en charge sur la période allant du constat à sa correction ! La V4, plus exigeante sur cet aspect, semble corriger le paradoxe, en ne certifiant pas, purement et simplement, un établissement présentant un dysfonctionnement pouvant attenter à la sécurité des patients.

et la démarche du DPC ont permis de faire bouger les lignes et les professionnels de santé, au-delà de la transparence qu’ils doivent à leurs patients, ils ont compris avec le temps la nécessité de documenter et de tracer leurs actions. Pour autant, la complétude du dossier Patient et / ou de soins reste un enjeu réel pour tous les établissements de santé notamment parce qu’ils sont « opérateurs dépendants » et qu’il existe une réelle hétérogénéité des pratiques et des volontés, a fortiori dans le système des cliniques privés où la relation avec le corps médicale n’est pas fondé sur un mode employeur/ salariés. Le virage pris par la certification V4, pour privilégier l’évaluation du risque et préparer les professionnels à la gestion de situations imprévues semble plus pragmatique. L’accueil réservé par les soignants en atteste. Le patient « traceur » et la personnalisation de l’étude des risques en fonction des disciplines phares de l’établissement apparaissent comme des mesures à la fois concrètes et pertinentes. Dans tous les cas, et en considérant que la culture Qualité est durablement installée dans les établissements

Les pouvoirs publics, les ARS et les Directions d’établissements doivent rester vigilants ensemble sur deux risques de dérive du dispositif : la technocratisation de la démarche qualité en santé et l’exagération du principe de précaution.

de santé, les pouvoirs publics, les ARS et les Directions d’établissements doivent rester vigilants ensemble sur deux risques de dérive du dispositif : la technocratisation de la démarche qualité en santé et l’exagération du principe de précaution. Les deux conjugués auraient à coup sûr un effet contreproductif, après ces 15 ans de progrès constant de la

Quel équilibre entre nécessités / réalisme et paperasserie excessive ? C.G. − Certes, les soignants peuvent parfois se plaindre d’un trop plein administratif mais écrire, c’est transmettre de l’information et cela va forcément servir aux patients et aux équipes. L.C. − Les procédures, indispensables au demeurant, ont néanmoins nui à la démarche qualité dans sa

48

qualité en santé.

« Être évalué », c’est un peu « être jugé ». Cela entraîne des craintes ? C.G. − Nous sommes dans une dynamique, certes obligatoire mais qui répond également à une demande forte des usagers. Nous devons réfléchir à nos pratiques, assurer une veille permanente, rester en alerte par rapport aux évolutions technologiques et médicales. Et l’évaluation permet de se comparer, de savoir si l’énergie

phase de lancement, puisqu’effectivement considérées

déployée va dans le bon sens. La certification est une

comme de la paperasserie devant être réalisée par le

observation. Elle ne doit pas être vue comme un juge-

Responsable Assurance Qualité dans le seul but « d’être

ment de valeur mais comme un regard extérieur pour

conforme à la certification ». Les choses évoluent, grâce

se situer, et mettre le doigt sur ses points forts et ses

notamment à l’avènement des GED qui rendent la réac-

points faibles. On ne nous demande pas d’être parfaits,

tualisation et la gestion plus aisées.

on attend de nous d’être soucieux, de nous inscrire dans

Par ailleurs, les recommandations des sociétés sa-

une dynamique, une démarche continue d’amélioration

vantes, l’augmentation des procédures contentieuses,

de la qualité !

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© fotolia

RUBRIQUE DH : QUALITÉ ET CERTIFICATION

HAS :

le grand architecte 500 experts visiteurs, 2600 établissements concernés, une évaluation récurrente des processus qualité : la certification, bien que parfaitement intégrée par les structures de santé, est souvent crainte. DH magazine fait le point avec Sébastien Leloup, chef du service Certification des établissements de santé de la Haute Autorité de Santé (HAS).

est axée sur une gestion des risques et de la qualité en continu ainsi que sur une évaluation des prises en charge plus proches de la réalité des parcours des patients au sein des établissements de santé.

Le patient tient une place importante dans la certification ? La mise en place de la nouvelle version de la certification nécessite une plus grande implication des usagers et notamment de leurs représentants dans la procédure. Par

Entretien avec Sébastien Leloup, chef du service Certification des établissements de santé de la Haute Autorité de Santé (HAS)

un renforcement de leur engagement, la HAS souhaite notamment améliorer la transparence de la procédure et ouvrir un nouvel espace de dialogue et d’information entre les professionnels et les usagers sur la qualité et la sécurité des soins, contribuant ainsi à renforcer les

Quels sont les objectifs d’une procédure de certification ? SÉBASTIEN LELOUP − La certification concerne tous les établissements de santé quelle que soit leur taille et leur statut. Les objectifs de la procédure de certifi-

droits collectifs et individuels des usagers. Dans cet objectif, la HAS a élaboré pour les représentants d’usagers un guide visant à les impliquer, notamment en contribuant au Compte Qualité des établissements. Ce guide explicite la procédure de certification afin de la rendre compréhensible et propose des sources

cation sont d’évaluer la qualité et la sécurité des soins

d’information de référence, des grilles de questions per-

et de l’ensemble des prestations délivrées par les éta-

mettant d’investiguer certains thèmes spécifiques ainsi

blissements de santé. La visite de certification est per-

qu’un guide d’entretien pour la rencontre entre les repré-

sonnalisée pour tenir compte de la nature des activités

sentants d'usagers et les experts-visiteurs de la HAS.

de l’établissement engagé dans la procédure. Les éta-

Qu’est-ce que le « compte qualité » ?

le public accueilli, le patient, son entourage et les pro-

La porte d’entrée dans la certification n’est désormais

fessionnels. Le dispositif d’évaluation externe mis en

plus l’autoévaluation conduite pour la certification mais

œuvre par la Haute Autorité de Santé permet dans le

le compte qualité. S’appuyant sur la structuration des

cadre d’un dialogue avec l’établissement, de s’assurer

dispositifs qualité et gestion des risques que les éta-

que les risques sont identifiés, analysés et maîtrisés via

blissements ont mis en place depuis 15 ans, la V2014

des plans d’action. La nouvelle version de la certification

attend de l’établissement, au travers d’une approche

blissements de santé ont des activités à risques pour

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RUBRIQUE DH : QUALITÉ ET CERTIFICATION

gner le fait que les visites de certification ne sont pas des visites de contrôles réglementaires. La certification est une appréciation globale et indépendante de l’établissement qui s’appuie sur l’amélioration continue des conditions de prise en charge des patients. Le fond de l’approche est d’évaluer la capacité de l’établissement à identifier, à maîtriser ses risques et à mettre en place de bonnes pratiques. Des bilans journaliers sont tenus tous les matins avec les responsables de l’établissement. À la fin de la visite, une réunion de restitution est organi-

sée afin de partager un premier retour. orientée gestion des risques, qu’il démontre que son système de management de la qualité et des risques est

Est-ce compliqué de passer la certification ?

suffisamment mature – c’est-à-dire formalisé, déployé

C’est un temps fort pour l’établissement. Il y a un temps

sur le terrain et amélioré en continu – pour maîtriser ses

de préparation, de nombreux échanges avec les profes-

risques et conserver voire dépasser le niveau atteint.

sionnels afin qu’ils expliquent les risques et les mesures

Afin de faciliter la priorisation des actions déployées

prises dans l’établissement pour garantir la maîtrise de

au sein de l’établissement, la HAS a mis en place le

leurs activités. Quand les experts visiteurs missionnés

Compte Qualité, outil de suivi longitudinal du dispositif

par la HAS font les visites, ils regardent des points très

de gestion des risques. C’est un outil que l’établisse-

précis – notamment les Éléments d’Investigation Obli-

ment a vocation à partager avec la HAS tous les 24 mois

gatoire pour lesquels nous avons mis en ligne sur le site

et qui doit lui permettre de faciliter le management de

de la HAS une actualisation du guide au mois de sep-

ses risques et de fournir des informations structurées

tembre. Ces Éléments d’Investigation obligatoires sont

aux experts. Il est intégré dans SARA, le système d’in-

des points de passage obligés qui visent à garantir que

formation de la certification. Pour remplir leur compte

chaque thématique du manuel est investigué identique-

qualité, les établissements conduisent une réflexion en

ment sous tous ses angles par tout expert visiteur dans

interne engageant le top management sur les principaux

tout établissement. Ces éléments permettent de main-

risques auxquels ils sont confrontés puis ils mettent en

tenir la vigilance et le niveau minimal d’exigence sur les

face leur engagement de maîtrise de ceux-ci.

éléments porteur de risques.

La certification est une appréciation globale et indépendante de l’établissement qui s’appuie sur l’amélioration continue des conditions de prise en charge des patients. Le fond de l’approche est d’évaluer la capacité de l’établissement à identifier, à maîtriser ses risques et à mettre en place de bonnes pratiques.

Comment se prend ensuite la décision de certification ? Les éléments présentés à la fin de la visite des experts visiteurs sont donnés à titre informatif et n’engagent pas le Collège de la HAS sur la décision qu’il prendra. En effet, l’établissement dès réception du pré-rapport des experts visiteurs dispose d’une phase contradictoire d’un mois au cours de laquelle il peut formuler toute observation qu’il estime nécessaire. Au terme de la phase

50

Il y a parfois une crainte face aux visites…

contradictoire, la Commission de REvue des DOssiers

La visite de certification permet à la HAS de fonder sa

de certification (CREDO), émet un avis sur chaque

décision ; c’est un temps fort pour l’établissement et

thématique investiguée et propose une décision. La

pour les experts visiteurs engagés. Ces experts visi-

CREDO est composée de professionnels en exercice et

teurs sont des professionnels expérimentés, générale-

d’un représentant d’usagers. 5 catégories de membres

ment en activité dans leur établissement et qui ont bé-

composent cette commission : Directeurs d’établisse-

néficié d’une formation spécifique de la part de la HAS.

ment, médecins, soignants, usagers et experts. C’est

La visite fait l’objet d’un important travail de préparation

donc une approche très professionnalisée qui amènera

en amont qui associe l’établissement. Je tiens à souli-

la commission à émettre un avis. Le Collège de la Haute

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RUBRIQUE DH : QUALITÉ ET CERTIFICATION

Autorité de Santé examine la proposition de la CREDO et prend la décision qui sera notifiée à l’établissement.

Quelle est la fréquence des visites ? Tout dépend du niveau de certification de l’établissement. Une certification A est délivrée pour 6 ans. Pour les établissements en V2014 qui ont ce niveau de certification (c’est-à-dire qui n’ont pas fait l’objet de recommandation d’amélioration ou d’obligation d’amélioration), la HAS met en place un suivi tous les 24 mois dans le cadre du compte qualité. Une certification de niveau B est délivrée pour 4 ans. L’établissement peut faire le choix d’une visite non annoncée avant cette échéance et après le rendu d’un 2ème compte qualité.

La décision peut-elle aller jusqu’à la fermeture ? La HAS peut être amenée à prendre une décision de non-certification. L’établissement devra adresser un compte qualité à la HAS tous les ans. Une nouvelle visite est organisée dans un délai de 2 ans maximum. La décision de non certification n’implique pas fermeture de l’établissement de santé. C’est l’autorité de tutelle de l’établissement qui fait le choix du maintien de l’activité de l’établissement. Quand l’établissement fait l’objet d’une noncertification, il fait l’objet d’un accompagnement. Nous continuons à travailler avec lui à travers l’outil du compte qualité et mettons en place les éléments de ce que nous pourrions appeler un « plan de retour à la qualité ».

Comment la HAS certifie un bloc opératoire ou un service d’Urgences ?

Quand l’établissement fait l’objet d’une noncertification, il fait l’objet d’un accompagnement. Nous continuons à travailler avec lui à travers l’outil du compte qualité et mettons en place les éléments de ce que nous pourrions appeler un « plan de retour à la qualité ».

C’est ce que nous appelons les secteurs à risques. Ils font l’objet d’investigation systématique lors de la visite. Nous réalisons un audit de processus et l’établissement est sollicité, par le biais du compte qualité, pour expliquer, secteur par secteur, quels sont les princi-

Le mot de la fin ? Dans le cadre du suivi des décisions de certification

paux risques identifiés et les mesures prises pour les

de la V2010, nous constatons que les recomman-

maîtriser. La HAS a publié des guides thématiques pour

dations d’amélioration et les obligations d’améliora-

aider et conseiller les établissements sur ces secteurs à

tion ont fait l’objet d’actions le plus souvent significa-

risques. Mais rappelons que nous certifions un établisse-

tives et que les établissements ont progressé dans

ment dans sa globalité et non un secteur en particulier.

leur démarche de qualité et de sécurité des soins.

n

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ARTICLE DH : JET EXPO

JET Expo 2015

Le secteur de l’entretien des textiles profitera du salon JET Expo pour mettre en avant sa capacité d’innovation face à l’évolution des contraintes réglementaires et la prise en compte désormais indispensable du développement durable. Blanchisseries, pressings, laveries et loueurs : tous sont concernés. Selon Christine Balmont, présidente de l’Association Française des Laveries (AFL), « le salon JET Expo trouve la raison de son succès dans les réponses concrètes qu’il apporte aux professionnels, en véritable demande d’un espace propice à la rencontre et à la discussion autour des pratiques et préoccupations du secteur ». L’édition 2015 ne dérogera pas : très attendu encore, l’événement sera une fois de plus la pierre angulaire des secteurs qu’il rassemble et qui sont tous soumis à des évolutions notables.

LES PRESSINGS face à leur avenir

Pour les pressings notamment, les contraintes liées au remplacement dans les exploitations du perchloroéthylène, classé comme cancérogène possible mais procédé le plus couramment utilisé par les pressings, continuent encore à semer le trouble dans l’esprit des professionnels. Le salon sera là encore une occasion idéale pour découvrir et tester les dernières solutions alternatives. Progressivement remplacées, les machines de nettoyage à sec laissent place en effet à des technologies qui font souffler un vent de renouveau sur un marché qui peinait à se renouveler. Comme le souligne Olivier Risse, président de la Fédération Française des Pressings et Blanchisseries, « la mutation de la profession est un passage obligé, essentiel. De nombreuses alternatives à l’utilisation du perchloroéthylène existent, avec leurs différences. Elles représentent une avancée significative pour le respect de l’environnement et la santé des travailleurs. » Résolument, l’axe du développement durable est un des moteurs de l’innovation, tout comme la réglementation. Au-delà, cette évolution ouvre des perspectives en matière d’emploi.

JET EXPO, un salon dynamique à l’image de la Profession

« À l’image des acteurs qu’il réunit tous les deux ans, le salon adopte le principe de " la marche en avant " en plaçant cette prochaine édition sous le signe du développement des affaires », soulignent Antonius Streichenberger

© D.R.

Les professionnels de l’entretien des textiles réinventent leurs métiers

et Patrick Bert, les commissaires généraux du salon. « Les enjeux nombreux auxquels la profession doit faire face sont autant de gages de la pertinence de cet événement référence pour le secteur de l’entretien professionnel du textile. JET Expo entend non seulement rester en pôle position des rencontres des marchés de la blanchisserie, du pressing et de la laverie en France, mais souhaite également poursuivre son développement pour s’adapter aux attentes de son public et de ses exposants. » Une volonté qui a engendré de nombreuses nouveautés développées pour le bénéfice des professionnels et des visiteurs [NDLR : voir à ce propos le numéro 151 de DH Magazine], dont certaines particulièrement remarquables, comme les « Trophées des innovations » et le programme « top acheteurs » permettant de rencontrer les directeurs des achats de grands groupes et administrations. À noter aussi que pour la première fois, JET Expo disposera d’un espace Formation & Emploi (création et reprise d’entreprise), auprès duquel le grand public pourra rencontrer les professionnels et institutionnels, qui sauront conseiller ceux envisageant d’entreprendre ou de se former dans le secteur de l’entretien des textiles.

JET EXPO, l’unique rendez-vous français de la profession

Seul événement dans l’hexagone consacré aux professionnels de l’entretien des textiles à la recherche de solutions dédiées à leur activité, JET Expo a su s’imposer en dix ans comme un rendez-vous incontournable. Il aura lieu du 8 au 10 novembre 2015, au Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris. Plus de 4 000 visiteurs dont 25 % internationaux sont attendus pour cette sixième édition, placée sous le signe du dynamisme et de l’audace. Car désormais, c’est dans l’innovation et l'ouverture que se situent les perspectives d’avenir d’un secteur engagé et très challengé.

n

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CHRONIQUE DH

Je choisis ma machine à laver Élément central de la blanchisserie, la machine à laver nécessite qu’on lui porte une attention particulière. Une blouse immaculée et des draps impeccables sont la première impression que le patient aura sur l’établissement. Des taches et le sentiment d’une hygiène douteuse fera son chemin. Mais comment choisir sa machine ? Quels sont les critères primordiaux ? Les options à privilégier ? DH Magazine s’est entretenu avec 2 Responsables de Blanchisserie en milieu hospitalier.

LES CRITÈRES de choix Dossier réalisé par Marie-Valentine Bellanger

Si le prix d’achat rentre en ligne de compte (le prix d’une laveuse-essoreuse varie de 5 000 à plus de 100 000 e et celui d’un tunnel de lavage tourne autour de 500 000 à 600 000 e), c’est loin d’être le seul critère ! Pour Éric Vallée – Directeur Services Economiques et Logistique du Centre Hospitalier d’Épernay, établissement de plus

Équipe de blanchisserie du Centre Hospitalier d’Alès-Cévennes

de 500 lits (MCO+EHPAD), situé dans la Marne – les

« Dans le cas de petites quantités de draps ou pour le

principaux critères de choix lors de l’achat ou du renou-

linge résidents, on va choisir sa laveuse-essoreuse en

vellement d’une ou du parc de machines à laver sont :

fonction de ses capacités techniques avec une atten-

« l’hygiène, la capacité de lavage, les économies d’eau et d’énergies et la fiabilité ». Jean-Pierre Bretagnon – Responsable du Groupement d’Intérêt Public fondé par le Centre hospitalier d’Alès et le Centre hospitalier de Pont Saint Esprit – ajoute qu’il est primordial de bien cerner et de bien cibler le besoin. « Il est très important de ne pas surdimensionner ou de sous-dimensionner ses installations. » Il faut ensuite raisonner en coût global : « Quand on achète une machine, il ne faut pas penser uniquement à l’achat mais aussi à la consommation en énergie, en eau, aux pièces détachées, au SAV, à la destruction voire au recyclage. Et cela vaut pour tout ce qu’on achète dans la fonction publique », précise-t-il.

tion toute particulière sur ses capacité de récupération d’eau. À titre d’exemple, il y a quelques années, les machines pouvaient consommer plus 35 litres d’eau par kilo de linge. Aujourd’hui, on peut avoir des process en laveuse inférieurs à 7 litres/kilo ». Après, « on privilégiera les machines aseptiques, plus respectueuses de notre norme RABC », poursuit Jean-Pierre Bretagnon, c’està-dire avec chargement du côté sale et déchargement du coté propre. Autre point intéressant : l’informatique embarquée. Grâce à la pesée assistée, les laveuses sont capables d’adapter les quantités d’eau et de produits lessiviels en fonction du poids et les programmateurs sont capables de proposer une multitude d’options de programmation permettant notamment de disposer de

PETITE OU GRANDE QUANTITÉ : laveuse ou tunnel ?

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cycles courts : « Il y a une dizaine d’année, un cycle pouvait durer une heure et demie. Aujourd’hui, on arrive à descendre à 30 minutes. Donc, on favorisera ces ma-

De 5 kilos sans aseptique à 16, 30 voire 200 kilos pour

chines, surtout pour le linge délicat » précise Jean-Pierre

les laveuses et de 35 kilos jusqu’à 100 kilos multipliés

Bretagnon.

par le « nombre d’éléments » pour les tunnels de lavage,

Mais le Responsable du GIP souligne « qu’en général, à

tout va dépendre de ce pour quoi la machine est desti-

partir d’une tonne et demi de linge/jour, on commence

née.

à regarder du côté des tunnels de lavage, plus perfor-

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CHRONIQUE DH

mants, avec des cycles courts et qui ont des consom-

de choix ! » précise Éric Vallée. Sans oublier que le coût

mations d’eau plus faible qu’une laveuse-essoreuse ».

des pièces détachées doit être pris en compte lors de

En effet, certains tunnels de lavage arrivent à passer

l’achat. « Il y a de plus en plus d’électronique et d’un

sous la barre des 3 litres/kilo ! L’autre avantage d’un tun-

fournisseur à un autre, le coût d’une carte électronique

nel vient du fait qu’il peut laver n’importe quel article

varie énormément, parfois du simple au triple ! »

en 30 minutes (soit 2 cycles à l’heure) et qu’il récupère les eaux de rinçage pour les réinjecter dans les modules de prélavage ou de lavage. Toutefois, pour le bon fonctionnement de ce matériel, la maîtrise du process doit

MACHINES « nouvelle génération »

être complète. Une formation poussée doit être mise en

Sur les principales évolutions que ces machines ont

œuvre pour que les agents affectés à la conduite de ce

connues ces dernières années, tous deux s’accordent

matériel exploitent totalement ses capacités.

sur le fait qu’elles touchent les économies d’eau et d’énergie. Éric Vallée met également en avant : « le

Aussi, et en dehors de projets d’externalisation, une

meilleur essorage et la fiabilité du pesage intégré pour le

blanchisserie qui dépasse une tonne et demie par jour

dosage des produits lessiviels ». Jean-Pierre Bretagnon

s’orientera plus naturellement, si ses capacités finan-

ajoute que les possibilités de programmations sont un

cières le permettent, vers un tunnel de lavage avec

réel atout de ces machines nouvelle génération. « La

en support une ou plusieurs laveuses-essoreuses. À

pesée automatique est un réel plus au même titre que la

titre d’exemple, la blanchisserie gardoise, qui traite

traçabilité. Vous pouvez calculer votre nombre de cycle

5,5 tonnes de linge avec parfois des pointes à 7 tonnes

par jour, quels programmes ont été utilisés, comment

pour répondre au besoin de ses 2 000 lits, possède un

ont été remplies les machines… »

tunnel de lavage qui représente 95 % de sa production mais aussi 3 laveuses qui lui permettent de faire du lavage par campagne (des rideaux, du linge résidents, du linge contaminé…)

LES ATTENTES Sur les innovations attendues, le Directeur Services Éco-

AUTRE CRITÈRE DE CHOIX :

nomiques et Logistique du Centre Hospitalier d’Épernay aimerait que la filtration de l’eau en option sur certaines

le Service Après-Vente

machines soit incluse sur toutes les machines et pour le

Si les machines d’aujourd’hui sont robustes, tiennent

loin dans la gestion informatique (plus de tableaux de bord,

longtemps et nécessitent une maintenance préventive,

par exemple), de continuer à réduire les consommations

qui est souvent réalisée en intra, « pouvoir compter sur

d’eau et d’énergie et de travailler avec les fournisseurs de

un SAV réactif et performant est également un critère

produits lessiviels pour être encore plus écologiques ! n

Responsable du GIP, le souhait serait d’aller encore plus

PRIMUS a développé une gamme de laveuses essoreuses aseptiques – la ligne FXB L’innovation a toujours été l’objectif premier de la marque Primus. La société se focalise sur des solutions globales depuis plus d’un siècle. Depuis 2014, elle est une division d’Alliance Laundry Systems, leader mondial de la blanchisserie commerciale. Ses larges gammes offrent des produits d’une grande fiabilité et de qualité pour les établissements de santé. Choisir Primus, c’est l’assurance d’acquérir un matériel d’excellence. Dernièrement PRIMUS a développé une gamme de laveuses essoreuses aseptiques – la ligne FXB : - Celle-ci vous assure la meilleure protection pour votre linge contre la transmission d’agents infectieux en conformité avec la norme EN 14065 et la méthode RABC.

- Cette gamme compacte et ergonomique (18, 24, 28 kg) vous offre un confort d’utilisation de par son positionnement automatique et sa large ouverture de porte (180°). - Sa technologie de lavage Eco3 réduit considérablement les consommations (20 % d’énergie économisée, 15 % d’eau épargnée et 25 % d’humidité résiduelle en moins). - Parmi les autres laveuses essoreuses aseptiques, vous pourrez retrouver la gamme aseptique MB, d’une capacité de 26 kg à 180 kg de chargement ! Primus assoit ainsi son leadership en offrant la plus large gamme disponible sur le marché destinée à tout établissement de santé quel que soit sa taille.

Alliance Laundry France | 3 rue Paul Rieupeyroux 69800 St Priest | Tel. 04 78 79 55 75 | info@alliancels.fr | http://www.primuslaundry.fr/

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LA SEMAINE DES PROFESSIONNELS D E L A S A N T É E T D E L’A U T O N O M I E

24 > 26 MAI 2016 PARIS - PORTE DE VERSAILLES - PAVILLON 1

parishealthcareweek.com UN évéNemeNt

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DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

UNe ORGANISAtION


RUBRIQUE DH : SALON SANTÉ AUTONOMIE

Les salons HopitalExpo, GerontHandicapExpo et HIT se sont tenus à Paris du 19 au 21 mai 2015 à Paris

© Faust Favart

Organisés par PG Promotion* pour la Fédération hospitalière de France, ces 3 salons emblématiques du monde de la santé sont désormais au centre de la très ambitieuse « Paris Healthcare Week ». Entretien avec Stéphane Pic-Pâris, PDG de PG Promotion.

Marisol Touraine, Ministre de la santé, Frédéric Valletoux, Président de la FHF et Stéphane Pic-Pâris, PDG de PG Promotion à l’inauguration des Salons Santé Autonomie 2015

Ces trois salons sont historiquement un point de convergence du monde hospitalier, qu’il soit sanitaire ou médicosocial. Rappelons que la réunification des trois entités en 2013 a répondu à une attente des professionnels qui exercent aujourd’hui au sein d’un système de santé en pleine mutation. Il était nécessaire de proposer une offre

pour offrir une manifestation de qualité ! Tout ceci nous

en adéquation avec les nouveaux paradigmes constatés

a amené à créer la Paris Healthcare Week, une semaine

au cœur même de l’organisation des soins.

consacrée aux professionnels de santé pouvant accueillir

Nous offrons aujourd’hui une vision globale des straté-

des visiteurs nationaux et internationaux au sein d’événe-

gies et solutions innovantes pour le fonctionnement et

ments qui leur sont dédiés.

la transformation des établissements de santé à travers l’ensemble de ses métiers, pôles et fonctions support. HopitalExpo, GerontHandicapExpo et HIT, ce sont 600 ex-

DH MAGAZINE – Que sont devenus les Salons

posants, 120 temps de parole en accès libre et gratuit,

Santé Autonomie ?

des animations et des villages dédiés ! Leader sur le sec-

STÉPHANE PIC-PÂRIS − Nous avons été assez pré-

teur de la santé, de nombreuses associations et fédéra-

curseurs en 2013 en associant les mots « Santé » et

tions manifestent le souhait d’organiser leur congrès ou

« Autonomie ». Ils sont depuis largement utilisés pour

journée d’études pendant ces 3 jours où 15 000 visiteurs

des événements aussi bien

professionnels de santé se retrouvent.

professionnels que grand pu-

De plus, notre système de santé et son organisation sont

blic ! De plus, l’attachement

étudiés et observés par certains pays étrangers qui sont

aux marques historiques pré-

avides de retours d’expérience, bonnes pratiques et ins-

cédemment citées, la crois-

pirations organisationnelles. Nous accueillons tous les

sance des salons et leur né-

ans au sein des salons des délégations étrangères qui

cessaire

viennent à la fois chercher des industriels français de

ont motivé cette transition

qualité mais également des modèles d’organisation dupli-

vers Paris Healthcare Week.

quables.

La prochaine édition aura

Enfin, les salons s’étoffent d’année en année et pro-

lieu du 24 au 26 mai 2016 à

posent toujours plus de contenu qu’il faut structurer

Paris. n

internationalisation

*PG PROMOTION développe depuis plus de 30 ans son expertise et son savoir-faire au cœur du monde hospitalier et médical. Grâce à ses équipes pluridisciplinaires expérimentées, la société propose une offre complète de services pour répondre à l’ensemble des attentes de ses clients. Organisation de Salons professionnels Congrès - Gestion et location de bases de données de professionnels de santé.

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© Rachida El Makhtari

RUBRIQUE DH : SALON SANTÉ AUTONOMIE

Salon Santé Autonomie Une édition 2015 qui a fait la part belle aux technologies et aux services de santé En mai dernier, les Salons Santé Autonomie (Hôpital Expo

sociétale. « Aujourd'hui le médecin doit expliquer et jus-

et HIT notamment) ont rassemblé comme chaque année

tifier ses choix thérapeutiques. Le rôle du médecin a été

tous les savoir-faire et innovations dans le domaine de

totalement bouleversé ces dix dernières années », a rap-

l'hôpital. DH MAGAZINE a choisi de revenir sur cette édi-

pelé Jean-Luc Harousseau, Président de la Haute Autorité

tion 2015, riche en échanges sur la dynamique du monde

de Santé, lors de la grande conférence HIT sur la santé

hospitalier, ses évolutions et son futur. Plus de 15 000 pro-

numérique. Alors que l'hôpital doit répondre à de grands

fessionnels se sont déplacés à Paris, confirmant ainsi à

défis, notamment en redéfinissant le rôle du patient dans

ce rendez-vous annuel son statut d'événement incontour-

le parcours de soins, les exposants ont présenté leurs

nable du secteur. Plus qu'une belle opportunité d'exposi-

dernières innovations pour accompagner ces grands chan-

tion pour les industriels, le salon a donné aux hospitaliers

gements dont la mise en place de projets régionaux sur

l'occasion de découvrir des technologies, de partager leurs

l'e-santé. Support tactile au chevet du patient, solutions de

expériences pour optimiser la gestion de leurs établisse-

mobilité, numérisation transactionnelle, chariot de restau-

ments et l’organisation des soins, de rencontrer leurs four-

ration évolutif, plateforme de santé innovante, réseau so-

nisseurs et d'étendre leur réseau professionnel. De ces

cial, SI plus performants, virtualisation, identification et tra-

rencontres entre experts et hospitaliers naissent parfois

çabilité... DH MAGAZINE propose dans ce dossier un tour

de belles opportunités commerciales. D'ailleurs, 92 % des

d'horizon d'une vingtaine d'exposants, de tous domaines,

visiteurs ont été satisfaits de leur visite aux Salons Santé

qui participent à la transition vers l’hôpital numérique et à

et 87 % estiment que le salon a répondu à leurs attentes.

la modernisation des équipements des établissements de

L’affluence des professionnels de santé sur les stands de

santé. La Health-IT à travers ses objets connectés a aussi

Health-IT a démontré que les questions liées au numé-

rencontré un franc succès, nous lui consacrons la part belle

rique et à la santé connectée constituent une préoccupa-

dans ce numéro.

tion majeure, qui n'est pas que technologique mais aussi Dossier réalisé par Rachida El Makhtari

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DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


FOCUS

RUBRIQUE DH : SALON SANTÉ AUTONOMIE

IMAGERIE MÉDICALE

CARESTREAM séduit les Régions avec ses solutions de partage de données Leader pour les solutions de stockage et de workflow de type « Cloud Computing », la société connaît un grand succès dans les projets régionaux de mutualisation de l'imagerie médicale.

« Carestream fait la différence en proposant à ses clients une offre globale et des services dissociés », affirme Patrick Koch, Directeur Europe de l’Ouest de la division Imagerie médicale

Vous êtes un acteur majeur de l'imagerie médicale, qu'est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?

services qui fait notre succès : de l'archivage d'images

PATRICK KOCH − L’innovation ! Nous

ciens et même vers les patients, qui ont la possibilité d’ac-

avons révolutionné le domaine du « x-ray »

céder à leurs dossiers d’imagerie médicale via leur tablette

il y a quatre ans, en lançant sur le marché

et Smartphone. Nous lançons aux JFR un nouveau service

les premiers capteurs sans fil portables,

– innovant une fois encore – à destination des patients : la

qui numérisent les rayons X et les trans-

possibilité de prendre rendez-vous en ligne, via internet,

forment en image. Cette innovation ma-

pour un examen d’imagerie, une IRM par exemple. Ces

jeure a permis la diffusion très large de

différents services permettant « l'Échange et le Partage »

cette technologie.

répondent idéalement aux besoins des Régions, et sont

médicales, et des outils permettant le diagnostic dans le Cloud, ainsi que la diffusion des résultats vers d'autres clini-

De même, dans le domaine du PACS, nous avons été les

disponibles séparément alors que nos concurrents ne

premiers à intégrer nativement les applications cliniques

les dissocient généralement pas. C'est sur ce point que

dans les consoles de diagnostic, évitant ainsi aux radiolo-

Carestream a fait la différence et a pu décrocher des pro-

gues de jongler entre différents outils de travail avec dif-

jets régionaux : la Région Midi-Pyrénées, la région Centre

férentes interfaces utilisateurs. Nous continuons de dé-

et Pays de la Loire. Nous sommes aussi par ailleurs four-

velopper ces applications cliniques avancées, notamment

nisseur de grands groupements hospitaliers comme l'AP-

avec des algorithmes permettant aux radiologues de me-

HP, pour lesquels nous fournissons un Cloud sécurisé

surer et de comparer automatiquement des structures

constituant la plus grande archive de France, ou de four-

anatomiques ou pathologiques tels que des tumeurs ou

nisseurs de service de téléradiologie, comme Imadis, qui

des nodules pulmonaires. Nous proposons également

utilise notre infrastructure Cloud depuis plusieurs années.

aussi un module natif des créations de comptes rendus « intelligents » intégrant automatiquement les mesures

Quels sont les avantages du Cloud ?

et enrichis par les images significatives choisies par le

Le succès de la technologie du « Cloud computing » est

radiologue. Ce module est bien sûr doté de la reconnais-

porté par la forte croissance de la télémédecine et la né-

sance vocale.

cessité pour les professionnels de santé de collaborer à

Enfin, ces comptes rendus intelligents sont diffusés aux

distance afin d’améliorer la prise en charge des patients

prescripteurs et les images sont accessibles via notre so-

et de fluidifier les parcours de soins. Nous sommes lea-

lution de gestion d'imagerie « Vue PACS » aux cliniciens

der pour les services Cloud dédiés à l’imagerie médicale,

dans l'établissement de santé, aux médecins dans leur

pour lesquels nous disposons de l’agrément d’Hébergeur

cabinet ou en déplacement. Cette accessibilité contribue

de Données de Santé en nom propre ; notre infrastruc-

à faire un diagnostic plus rapidement et à améliorer la col-

ture Cloud est pleinement opérationnelle, avec des data

laboration entre les professionnels de santé.

centers externalisés situés sur le territoire français et en développement rapide. D'ici la fin de l'année, nous attein-

Vous remportez un grand succès auprès des Régions...

drons déjà les 100 sites connectés, dont de grands centres

Les Régions investissent dans des infrastructures de

niques et des centres d'imagerie.

hospitaliers universitaires ou régionaux mais aussi des cli-

mutualisation pour unifier les centres d'imagerie de leur territoire. Nous offrons un portefeuille très étendu de

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RUBRIQUE DH : SALON SANTÉ AUTONOMIE

depuis plusieurs années un véritable savoir-faire dans les projets de mutualisation comme avec le GCS EMOSIST en Franche-Comté ou le GIE du CH de Valenciennes et des cliniques de l’AHNAC. Aujourd’hui, nos logiciels équipent plus de 31 000 lits en France.

Quelle est votre vision de la santé connectée ? Notre système intégré permet un lien natif entre le dossier médical et les informations administratives de prise Thomas Josse, responsable de la Relation Client chez Cerner™, devant le « tableau de bord des urgences » permettant de visualiser l’ensemble des patients et leur évolution, les praticiens en charge, etc. Ce tableau constitue aussi un outil de pilotage pour évaluer le temps d'attente moyen ou encore traiter rapidement une hospitalisation ou une sortie.

en charge. Nous facilitons ainsi le codage de l’activité et l’exhaustivité. Des outils métiers tournés vers une approche processus permettent d’améliorer l’efficience et la qualité des soins au travers l’utilisation de protocoles et de la planification. Grâce au module de prescriptions multimodales, les recommandations de la haute autorité

de santé en termes de protocoles de soins peuvent être

INFORMATIQUE

systématiquement proposées, au bénéfice du patient.

CERNER ouvre les quatre murs de l'hôpital sur l'extérieur

Nous embarquons aussi de l’intelligence dans nos modules avec des algorithmes qui aident entre autre à détecter précocement les cas de sepsis pour apporter une réponse immédiate aux patients.

L'éditeur Cerner™, qui a présenté lors du dernier

La santé connectée c’est aussi l’utilisation crois-

Salon Paris Expo ses innovations dans le domaine

sante et toujours en évolution des appareils mobiles.

de l'informatique médicale, met aussi l'accent sur les

Cerner™ a conçu des solutions qui s’adaptent parfai-

applications de santé connectée reliant l'hôpital à son

tement à ces technologies et apportent le dossier du

environnement.

patient au bout des doigts du clinicien.

Quels produits ont contribué à votre notoriété dans le secteur de l'informatique médicale ? THOMAS JOSSE − En tant qu'éditeur, Cerner a fait de la santé son unique métier depuis 35 ans. Notre valeur ajou-

TECHNOLOGIE

tée est de proposer un progiciel de santé avec une base

INEO DIGITAL Un support tactile à proximité du lit... pour un patient et des soignants connectés!

de données comme socle unique et des modules multiples à la carte : chirurgie, radiologie, etc. Cerner doit sa notoriété à des applications comme Cerner Millennium® qui propose des outils de travail collaboratifs permettant aux professionnels de santé de prendre en charge les patients. Cet outil innovant facilite par exemple le travail quotidien d'une infirmière : elle peut visualiser les

La société Ineo Digital a déployé des Terminaux Santé

tâches à effectuer pour un patient, communiquer en

Patient (TSP) permettant au personnel soignant d'ac-

temps réel avec les autres soignants. Quant au dossier

céder aux informations médicales directement depuis

électronique du patient développé par Cerner et baptisé

chaque chambre d'hôpital.

PowerChart®, il est totalement dématérialisé et permet d’afficher en temps réel toutes les informations concer-

Le CH Mémorial de Saint-Lô et celui de Coutances

nant le suivi du patient.

(Manche) ont opté pour un Terminal Santé Patient touten-un, directement accessible depuis le lit du patient, et

Qui sont vos clients en France ?

permettant l'accès au dossier médical informatisé, mais

Cerner répond aux besoins de ses clients aux profils très

aussi de multiples usages comme le divertissement du

variés : publics, ESPIC, multi-établissements, à statuts

patient ou encore l'accès à des services numériques.

mixtes (public-privé), de 80 à 3 000 lits. Certains nous

« Nous devions rebâtir notre SI, c'était l'occasion d'inven-

ont même confié l’hébergement de leur système dans

ter un Terminal Santé Patient innovant. L'intérêt de ce

notre centre de données. Cerner équipe 15 sites clients

nouveau dispositif est de permettre l'accès aux informa-

en France avec son dossier patient Cerner Millennium®

tions directement depuis la chambre. Le TSP est rattaché

et une trentaine d’établissements avec sa gestion ad-

au lit donc les informations s'affichent automatiquement

ministrative du patient Cerner PowerStay . Parmi les

dans leur contexte, nul besoin de saisir des informations

CHU qui utilisent notre dossier patient, celui de Tours

liées à l’identité du patient », explique Francis Breuille,

ou encore de Nantes. Nous avons également développé

DSI des CH de Saint-Lô et Coutances. C'est la société

®

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FOCUS

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SOLUTION INFORMATIQUE

COMPUTER ENGINEERING renforce sa gamme dédiée à la prise en charge thérapeutique La société de solutions informatiques Computer « Nous proposons des services interactifs directement accessibles au lit du patient depuis un terminal tactile unique », se réjouit Thierry Lugbull, Directeur général du Centre hospitalier Mémorial de Saint-Lô.

Engineering qui équipe déjà quelques 450 établissements publics et privés, a mis l'accent sur la sécurisation du circuit du médicament lors d'une conférence animée par ses experts pendant le salon Hôpital Expo.

Ineo Digital (filiale de Cofely Ineo, Groupe ENGIE) qui a intégré la version tactile du logiciel du dossier patient Orbis ME proposé par l'éditeur AGFA Healthcare.

Un dossier médical unique et partagé par carte à puces Grâce à un support accessible directement depuis la chambre d'hôpital et activable par une simple carte à puces, le médecin passe plus de temps avec le patient. « Nous répondons à un besoin d’informations, les patients ont vraiment besoin de dialogue aujourd’hui car ils accèdent via internet à des informations qu'ils ont besoin de confronter avec le médecin, poursuit le directeur d'hôpital. Le dialogue entre le malade et les soignants est facilité par cet écran tactile : le médecin peut montrer au patient ses analyses, ses IRM, l’infirmière peut lui montrer sa courbe de température, sa biologie, etc... Il est possible pour les soignants de faire de l'éducation thérapeutique au pied du lit du patient. »

Limiter l'isolement du patient « Notre but était de fluidifier au maximum les relations minal Santé Patient qui soit un tout-en-un dans une seule

une solution intégrée de gestion de la prise en charge thérapeutique du patient, baptisée « Soins ». « L’un des processus métiers pour lequel nous sommes reconnu est le circuit du médicament et tout naturellement nous avons élargi notre offre aux actes de soins, avec des nouvelles fonctionnalités que nous proposons afin de constituer un dossier de soins. Cette solution bien aboutie est destinée à tous les acteurs assurant la prise en charge thérapeutique du patient : médecins, pharmaciens, préparateurs, soignants et paramédicaux », a expliqué Vincent Hourdequin. « "La solution Soins" constitue un lien fort avec la partie Pharma qui permet des prescriptions structurées, d'automatiser des posologies dépendant de la douleur, de la température, de la glycémie du patient, etc. C'est un outil simple à appréhender et très intuitif pour nos utilisateurs. Les établissements de santé déploient facilement l'outil et apprécient ses fonctionnalités d'aide à la prescription. Cette solution modulable est totalement interopérable avec les autres applications du système d'information d'un établissement comme le dossier patient informatisé, la gestion administrative, l'imagerie et le laboratoire. »

entres les patients et les soignants pour imaginer un Ter-

Son directeur technique, Vincent Hourdequin, a présenté

et unique interface : la partie classique du dossier médical personnalisé et également la dimension plus ludique pour le patient : des services multimédia, la télévision, la possibilité d'échanger par webcam avec son entourage, etc... », détaille Thierry Lugbull, Directeur Général du Centre Hospitalier Mémorial de Saint-Lô. « Par ailleurs, les médecins de ville pourront accéder au dossier de leurs patients hospitalisés mais aussi de réaliser une « web visite » c'est-à-dire de dialoguer avec leur patient depuis leur cabinet. Cela c’est révolutionnaire! » se réjouit Thierry Lugbull. Le déploiement de cette solution novatrice devrait être achevé cet automne, avec l'installation de 300 terminaux au CH de Saint-Lô et une centaine au CH de Coutances. Vincent Hourdequin, Directeur technique Computer Engineering

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GESTION ÉNERGÉTIQUE

DALKIA aide les hôpitaux à améliorer leur efficacité énergétique

couvrir 80 % des besoins de l'hôpital en chauffage, eau chaude et alimenter le site en électricité sécurisée – haute et basse tension. Les 47 m² de panneaux solaires thermiques fournissent 15 % des besoins en eau chaude de la blanchisserie. Ces installations performantes ont permis à l'Hôpital d'Alès de devenir le premier centre hospitalier français classé haute qualité environnementale (HQE). Dans le Sud-Ouest, le CHU de Bordeaux a confié la réalisation d’une chaufferie bois qui doit permettre de couvrir plus de 80 % des besoins en énergie renouvelable et réduire les émissions de CO2 de 10 700 tonnes/an soit l'équivalent de 7 133 voitures ! Dès cet automne, cette installation innovante devrait couvrir plus de 80 % des

Le secteur de la santé représente 11 % du chiffre d’affaires de Dalkia, avec 2 300 établissements de santé gérés, soit 230 000 lits.

Plusieurs établissements ont opté pour des solutions d’efficacité énergétique qui leur ont permis de réduire leur facture mais également de diminuer leur empreinte carbone.

besoins en eau chaude et chauffage de deux sites (CHU Pellegrin et Charles-Perrens). Cette nouvelle chaufferie devrait représenter une économie de 180 000 e par an, soit près de 5 % du budget des deux établissements. La plus récente réalisation est la chaufferie biomasse du CHU d’Angers, inaugurée le 16 septembre. Le centre hospitalier a confié à Dalkia la conception, la construc-

Dalkia propose une gamme d'offres spécialement dédiée

tion et l’exploitation de ses installations de chauffage,

aux établissements de santé. Baptisée « Sérénis », elle

de ventilation, de traitement d'eau, de production d'eau

s'adapte aux besoins des structures hospitalières enga-

chaude sanitaire et de froid. Une chaufferie biomasse à

gées dans une démarche de développement durable

haut rendement, d’une puissance totale de 6,7 MW a

volontariste. Parmi les nombreux établissements qui

donc été installée sur le site du CHU. Grâce à elle, 85 %

ont vu leur efficacité énergétique améliorée, le CH inter-

de la production générale de chaleur est désormais émise

communal de Courbevoie-Neuilly-Puteaux (396 lits). Cet

par une source d’énergie renouvelable. Le nouvel équipe-

établissement a conclu dès 2013 un contrat d’efficacité

ment permet de réduire les émissions de CO2 de 16 000

énergétique sur 8 ans avec pour objectif de réduire ses

tonnes/an, contribuant ainsi à la décarbonation du mix

consommations de 15 % et ses émissions de CO2 de

énergétique régional.

20 %. Pari tenu, car dès la première année, les sites de Neuilly et de Courbevoie ont vu leur facture de chauffage baisser respectivement de 15 % et de 22 %. Sur ces sites, Dalkia a réalisé un audit énergétique qui a conduit d'une part à moderniser les installations – renouveler des chaudières – et d'autre part, à mener des actions de sensibilisation auprès des opérateurs de terrain. Un autre exemple notable, c’est l'Hôpital du Vinatier à Bron (près de Lyon) où Dalkia est chargé de construire une chauffe-

RESTAURATION

DAVIGEL donne sa recette pour régaler vos patients

rie provisoire, des travaux de restructuration du réseau, l’achat d’énergie (chaleur réseau urbain, gaz et électricité)

Le spécialiste de la restauration collective propose des

ainsi que la maintenance des installations. D'une durée

plats surgelés spécialement conçus pour la restaura-

de 8 ans, ce contrat doit permettre une baisse de 10 %

tion des établissements de santé. Son responsable

de facture énergétique en électricité du centre hospitalier.

Projet Hospitalier, Thierry Beuchard, détaille les avantages de l'offre « Carte Santé Restauration ».

Des économies grâce aux énergies renouvelables prise de services énergétiques a conçu un pôle éner-

Les attentes des malades sont de plus en plus fortes. Comment composez-vous les menus et comment vous approvisionnez-vous ?

gétique qui utilise la biomasse et l'énergie solaire pour

THIERRY BEUCHARD − Notre offre répond aux besoins

À l'Hôpital d'Alès-Cévennes (292 lits, 35.000 m ), l’entre2

de tous les patients, y compris les 30 % des patients qui ont un régime spécial. Les établissements ont la possibilité de mettre en place une carte variée de plats que les patients peuvent choisir selon leurs préférences la veille

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FOCUS

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tion des personnes âgées, nous avons récemment signé 2 partenariats majeurs : pour les repas mixés complets avec NutriSens Repas Santé et pour les desserts enrichis en protéines avec le CHU de Rouen. Notre ambition est de conjuguer plaisir et nutrition car l’alimentation est un soin à part entière. « Notre offre permet de diminuer le coût de restauration des établissements de santé tout en maintenant une exigence de qualité nutritionnelle », affirme Thierry Beuchard, responsable Projet Hospitalier Davigel

ou le jour même. Nous proposons aussi une dizaine de nouveautés chaque année et des plats spéciaux pour les fêtes. Nous privilégions les filières certifiées de proximité, l'agriculture éco-certifiée et la pêche durable. Nous avons

investi 38 millions d’euros dans notre site de fabrication à Noyal-Pontivy en Bretagne. Nous sommes à la fois producteur et logisticien, ce qui nous permet une réactivité et une grande proximité avec les établissements.

Quelle est la valeur ajoutée de votre offre par rapport à vos concurrents ? Nous sommes très attachés à la qualité nutritionnelle de nos plats et à la satisfaction des patients. Nous mesurons régulièrement leur satisfaction par des enquêtes sur site avec nos clients. Cela nous permet de trouver des points d'amélioration et de maintenir une offre en phase avec la demande. Nos plats sont adaptés à l'hôpital : en plus du goût et de l'équilibre nutritionnel, nos chefs pensent aussi la commodité à se nourrir : par exemple, nous cuisons la viande à basse température pour que le patient puisse facilement couper des morceaux, même avec un cathéter au bras.

La performance économique est une priorité pour les établissements de santé...

INFORMATIQUE

DELL La virtualisation du poste de travail correspond parfaitement aux besoins d'un hôpital Le groupe informatique conforte sa position dans le

« Nous accompagnons les établissements en offrant des solutions complètes de virtualisation de postes, depuis l’infrastructure jusqu’au terminal », explique Carole Loux, responsable marketing Cloud Client Computing chez Dell

secteur de la santé avec des équipes dédiées à la virtualisation de postes et clients légers pour ce secteur. Elles proposent une informatique décentralisée avec notamment des clients légers, conçus pour s’intégrer facilement au système d'information d'un établissement de santé.

Quels produits proposez-vous aux hôpitaux ?

On peut allier performance économique et qualité ! Notre

CAROLE LOUX − Notre logiciel de virtualisation Wyse

offre « Carte Santé Restauration » est identifiée par le

vWorkspace permet d’utiliser des applications ou des

programme national PHARE (Performance Hospitalière

postes à distance et d’obtenir les mêmes performances

pour des Achats Responsables). Le gaspillage alimentaire

que si elles étaient exécutées localement. Le milieu hos-

est estimé à 40 000 e par an pour 100 lits. Nos plats cuisi-

pitalier est très friand de ce type de solutions : le poste

nés surgelés constituent une vraie solution anti-gaspillage

de travail et ses applications sont virtualisés sur le serveur

à destination des établissements de santé. Par exemple,

ce qui permet au personnel soignant de travailler en se

le CHU de Toulouse (2 800 lits) qui a été notre premier

connectant de n'importe quel endroit dans l'hôpital. Le

client en 2010 a réduit de 18 % le coût global de sa res-

client léger est un poste de travail sur lequel aucune don-

tauration. Il propose à ses patients un choix d'une qua-

née n'est enregistrée en local : comme tout est déporté

rantaine de plats dont trois concoctés par un chef étoilé.

sur le serveur, la mise à jour et le partage de l'information se font en temps réel. Ce client léger est mobile sur un

Quelle est votre ambition de développement pour les prochaines années ?

chariot équipé de batteries donc c'est très pratique en mi-

La demande hospitalière en matière de restauration est

type de fonction car cela permet de centraliser le dossier

croissante. De plus en plus adopté par les établissements

patient et tout le personnel de soins peut s'y connecter

de santé, notre concept est amené à se développer.

depuis n'importe quel poste dans l'hôpital ou depuis une

Outre notre solution « Carte Santé Restauration », afin de

tablette. Certains établissements mixent clients légers et

proposer des moyens concrets de lutter contre la dénutri-

tablettes pour maximiser la mobilité.

lieu hospitalier. Le milieu hospitalier est intéressé par ce

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Quels sont les atouts d'un client léger et de la virtualisation de postes ? L'avantage d'un client léger est de n'avoir aucune donnée en local, d’être fiable et d'offrir tous les avantages classiques de l’informatique de bureau. Certains clients légers peuvent intégrer un système d'exploitation réduit qui se met à jour tout seul sans avoir besoin d'un administrateur. C'est un gain de temps énorme pour les établissements de santé. Ces postes de travail client léger Dell Wyse offrent de bonnes performances à un budget maîtrisé, avec une grande facilité de configuration et ne nécessitent ensuite aucune maintenance. Par exemple, le Client léger Wyse série 3000 qui est doté d’un processeur Intel et du système d’exploitation Microsoft Windows Embedded, permet d'avoir le confort d'un poste de travail traditionnel. Dell propose des solutions complètes de virtualisation de postes basées sous le logiciel de virtualisation de postes vWorkpace. Ces solutions basées sur des architectures de référence ou des « appliances »

« Nous avons développé des solutions adaptées aux besoins et contraintes des hôpitaux, des cliniques et des EHPAD, pour leur proposer des produits permettant de servir le meilleur repas », affirme Sébastien Revel, responsable Grands Comptes

prennent en compte l’ensemble des composants nécessaires à la virtualisation de postes et permettent une mise

la proposer pour la distribution de repas », a détaillé le

en œuvre plus rapide.

responsable Grands Comptes. Ce produit nomade entend répondre aux contraintes de certaines structures hospi-

Qui sont vos clients dans le secteur de la santé ?

talières en manque d'espace ou encore aux services de

De nombreux grands établissements publics, comme

soins ambulatoires ou aux services d’urgence avec des

par exemples les Hospices Civils de Lyon qui utilisent les

locaux non dimensionnés pour recevoir des solutions tra-

solutions Dell. Les HCL disposent de clients légers Dell

ditionnelles.

Wyse placés sur des chariots et aussi installés dans les ment en réanimation. Autre exemple, le CHU de Stras-

Un système Plug & Play pour une utilisation du froid à la demande

bourg qui s'est aussi équipé de nos clients légers. Pour

« La dimension nomade de ce produit permet de ne pas

nous, les établissements de santé constituent un axe de

figer des zones de distribution. Nous arrivons à nous

développement très fort car c'est un secteur qui a des

substituer à du mobilier ce qui permet aux professionnels

gros besoins en informatisation. Dell a l'avantage d'être

de santé d’optimiser l'espace selon les besoins. C'est

un interlocuteur unique pour mettre en œuvre l'ensemble

une solution parfaite pour des services fonctionnant avec

de la solution, de bout en bout.

des rythmes décalés, où le besoin de réactivité est indis-

chambres de certaines unités de soins sensibles, notam-

pensable. L'autonomie du chariot est de 9 heures après une recharge électrique complète, réalisable de nuit. La remise en température des aliments peut se faire par four micro-ondes si nécessaire », a ajouté le responsable RESTAURATION

ELECTRO CALORIQUE lance le premier chariot nomade adapté aux structures de santé L'entreprise qui fait partie des leaders de la distribution de repas, a présenté en avant-première lors du Salon Hôpital Expo le premier chariot nomade froid, utilisable à la demande. Lors du dernier Salon Hôpital Expo, l'entreprise a présenté ses derniers produits dont un chariot nomade complètement autonome. « Electro Calorique utilise une innovation brevetée permettant le stockage et l’utilisation de froid à la demande. Cette technologie était déjà utilisée dans le secteur médical, mais nous sommes les seuls à

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Grands Comptes. Electro Calorique vise aussi la cible des EHPAD qui sont demandeurs de flexibilité mais aussi d'esthétique pour valoriser leur prestation hôtelière. « Le chariot est transformé en élément de distribution s’intégrant parfaitement dans les locaux existants. Cela correspond bien à un usage en établissements d'hébergement, lesquels requièrent une grande polyvalence et ainsi que des produits haut de gamme qui peuvent être déplacés et mixés avec le mobilier de salles à manger » a ajouté Sébastien Revel. Depuis sa création en 1919, Electro Calorique fait preuve d'innovation permanente avec ses solutions de restauration chaude et froide. L'entreprise vient d'ailleurs d'être récompensée du Prix « Host Smart Label » pour sa navette auto-réfrigérée.


SURVEILLANCE

La société SÉRIMÉE propose un produit anti-fugue facile à utiliser Pierre Thieulin, CEO de l'entreprise Sérimée, présente le fonctionnement de « Evit'Errance », une solution non contraignante permettant de prévenir l’errance et

FOCUS

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Comment se différencie votre produit par rapport aux autres solutions du marché ? Nous avions constaté qu'il y avait une vraie problématique d'acceptation des bracelets. Nous avons alors recherché et développé une solution qui sécurise le personnel tout en respectant les résidents. Evit'Errance se distingue par sa simplicité et son ergonomie. Sa valeur ajoutée est de rassurer les familles des résidents en apportant une solution ergonomique, fiable et respectueuse de la personne.

la fugue des malades.

Vous avez été déclaré « pépite » dans le secteur de la « Silver Economy » pour le département du Puy de Dôme. Comment fonctionne votre innovation ? PIERRE THIEULIN − Une vignette de détection est insérée sous la semelle de propreté de chaque chaussure et pantoufle des résidents à risque d’errance d'un établissement de santé. En parallèle, des boucles de détection invisibles sont installées aux accès de l’établissement et reliées à une centrale de coordination. Une alerte est déclenchée si l’un de ces résidents protégés passe dans une zone de détection non autorisée, à l'intérieur comme à l'extérieur. Nous proposons aussi un service de sauvegarde des déplacements et incidents sur notre serveur.

« Nos nouvelles solutions pour informatiser les services d’anatomo-pathologie ont connu un franc succès lors du dernier Salon HIT », affirme Jerome Thiebaud, Directeur commercial GE Healthcare IT France/ Benelux

E-SANTÉ

GE HEALTHCARE IT a transformé son organisation pour devenir à la fois éditeur et intégrateur GE Healthcare vient d'inaugurer à l'hôpital de la PitiéSalpêtrière à Paris le premier TEP-IRM en France, une caméra hybride de nouvelle génération. Son directeur commercial revient sur le dernier salon HIT et détaille le nouveau positionnement de ce leader en imagerie médicale. « La détection au sol du passage des résidents permet aux établissements de santé de disposer d'un système précis et performant », explique Pierre Thieulin, CEO de l'entreprise Sérimée

Qui sont vos clients ? Nous avions ciblé les EHPAD mais notre offre s'est rapidement adaptée à d'autres structures de santé. Aujourd'hui, nous fournissons également des services gériatriques et psychiatriques d'hôpitaux publics, des centres d'aide aux handicapés, des établissements accueillant des résidents atteints de maladies neuro-dégénératives dont la maladie d’Alzheimer, des centres de réadaptation suite à des trauma-

tismes crâniens, etc. Nous venons par exemple d'équiper un centre de rééducation et réadaptation fonctionnelle dans l’Ain. Au total, nous comptabilisons 41 implantations.

Vous avez participé au Salon HIT en mai dernier à Paris, quelles sont vos technologies et services médicaux qui ont le plus intéressé les visiteurs ? JEROME THIEBAUD − GE Healthcare IT a profité comme chaque année de ce salon pour présenter l’ensemble de ses solutions et services liés à l’imagerie, mais également à l’informatisation de certains services critiques comme la réanimation, l’anesthésie ou le bloc opératoire. Cette année, nous avons particulièrement mis à l’honneur nos nouvelles solutions pour informatiser les services d’anatomo-pathologie avec la gamme Omnyx IDP, qui a connu un franc succès avec de nombreuses présentations et démonstrations. Aujourd’hui, environ 95 % des processus de traitement reposent sur l’accès à l’anatomopathologie, du diagnostic initial de la maladie, à l'évaluation de

la réponse du patient au traitement et à la surveillance

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continue. Malgré le rôle essentiel qu’il joue, le pathologiste ne profite pas encore des avantages de l’intégration des technologies de l’information – contrairement à d’autres procédures telles que la radiologie, l’urologie, la cardiologie, les dossiers médicaux ou la prise en charge des patients –. Cette nouvelle solution de pathologie numérique permet aux pathologistes d'examiner les tissus en haute résolution sur un écran d'ordinateur, de s’appuyer sur des solutions logicielles pour aboutir à des analyses encore plus fiables, et de collaborer plus facilement avec

GRH

HOROQUARTZ renforce sa présence dans le monde de la santé

les équipes de soin. L’objectif est ainsi de déterminer plus efficacement le traitement le plus adapté pour le patient.

La filiale du groupe mondial Amano a adapté ses solutions de rationalisation des RH au monde des hôpitaux.

Quelles sont vos dernières innovations qui améliorent la prise en charge du patient ? Les systèmes de santé connaissent une pression sans précédent pour améliorer la qualité des soins alors que les coûts et les défis du traitement de pathologies comme le cancer sont de plus en plus importants. Notre conviction est que l’innovation permettra une meilleure qualité de diagnostic, une meilleure prise en charge, et à terme de réduire les coûts de traitement. Nous développons ainsi des technologies de pointe centrés autour de patient et en partenariat avec des PME et des experts médicaux de grands centres de recherche – comme le TEP-IRM récemment installé à la Pitié-Salpêtrière qui ouvre des perspectives de recherche passionnantes –. Et au-delà de nos technologies, nous proposons des solutions pour les professionnels de santé, pour aider à améliorer les pratiques et l’efficacité et faciliter la collaboration, comme c’est le cas sur la pathologie numérique.

Comment GE Healthcare redéfinit son offre alors que les établissements de santé, confrontés à de fortes contraintes financières, cherchent de plus en plus souvent à mutualiser leurs achats ? Nous collaborons avec les grandes centrales d’achats publiques et privées ainsi que les groupements de cliniques afin de proposer des solutions complètes qui intègrent non seulement les équipements mais également une panoplie de services associés (IT, conseil, financement, maintenance) avec pour objectif d’optimiser le bilan médico-économique des projets des établissements de santé et de répondre aux justes besoins des clients. Sur l’e-santé, les projets régionaux ont pris un nouvel essor sous l’impulsion des ARS et des GCS eSanté et sont désormais omniprésents. Pour répondre à ces nouveaux enjeux, GE Healthcare IT a transformé son organisation pour devenir à la fois éditeur et intégrateur et proposer les solutions technologiquement adaptées comme le Cloud ne nécessitant pas ou peu d’investissement à travers le paiement à l’usage. Les projets « Région sans Film » en Île-de-France, ou plus récemment « Imagerie Médicale Antilles Guyane » qui va fédérer trois régions, favorisent une offre de soins plus équitables et un meilleur suivi patient à travers l’accès sans contraintes aux outils métiers et aux données du patient.

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« Nous proposons des solutions de gestion de ressources humaines à des structures comptant plusieurs dizaines de milliers de salariés », explique Thierry Bobineau, Directeur Marketing et Alliances

Quelles solutions proposez-vous aux établissements de santé ? THIERRY BOBINEAU − Nous offrons aux établissements de santé des solutions informatiques leur permettant de mieux gérer les temps et les plannings de leur personnel médical et non médical. Les cadres de santé sont souvent confrontés à gérer des plannings complexes avec une obligation de continuité de services et des moyens humains parfois limités. Nos outils les aident à mieux gérer les temps de présence et d'absence, les heures supplémentaires, et à automatiser l'interface avec la paie. Une autre solution, baptisée Protecsys 2 permet à nos clients d'optimiser la sécurité des différents espaces d'un hôpital en définissant des zones à accès réglementé comme la pharmacie, les urgences ou encore les parkings.

Comment votre activité a évolué depuis la création d'Horoquartz en 1971 ? À l'origine, la société Horoquartz a été créée par un horloger qui a inventé la première pointeuse électronique en France. La société a conservé la production d'une gamme de pointeuses et badgeuses, mais a évolué pour devenir éditeur de logiciels et de solutions GRH.


FOCUS

RUBRIQUE DH : SALON SANTÉ AUTONOMIE

Quelle part de votre activité représente le segment des hôpitaux ? Tous secteurs confondus, nous sommes leader avec 20% de parts de marché, notamment grâce à notre outil phare de gestion du temps baptisé E-Temptation. Le segment de la santé représente aujourd'hui seulement 5 % de notre activité, mais il est en forte croissance. Nous venons de signer avec le CHU de Nancy qui souhaite moderniser son outil. Le centre hospitalier de Bar-le-Duc (Meuse) et celui de Novillars (Doubs) ont également choisi les solutions proposées par Horoquartz.

Quelles sont vos ambitions dans le secteur médical ? Nous avons déjà équipé une vingtaine d'établissements mais nous ambitionnons d'atteindre de plus en plus de grandes structures. Nous avons développé une expertise des organisations comptant plusieurs dizaines de milliers de salariés, auprès de clients comme Auchan et Michelin par exemple. Notre objectif est d'équiper des centres

« Il est devenu essentiel d’améliorer la coordination des soins sur le territoire, au moins au niveau régional », affirme Paul Grabscheid, viceprésident planning stratégique Intersystems

hospitaliers de moyenne et de grande taille, ainsi que des CHU et des groupements hospitaliers. Beaucoup d'établissements de santé possèdent un système de gestion RH datant du début des années 2000, devenu complètement obsolète. Notre principal axe stratégique consiste aujourd’hui à les aider à renouveler leur système.

nal et national. Son gros avantage réside dans la possibilité de se connecter à n’importe quel système de santé existant. En plus de la gestion de leurs dossiers patients, cette solution propose à nos clients des fonctionnalités analytiques et décisionnelles pour améliorer leurs performances.

Pour vous, quel est l'enjeu principal en matière de système d'information de santé ? LOGICIELS

Le plus problématique aujourd'hui est de connecter les différents systèmes d’information entre eux. Le secteur

INTERSYSTEMS à la pointe de la santé connectée

de la santé est un environnement très complexe avec des

Leader mondial en logiciels de santé connectée, Inter-

car il est devenu essentiel d’améliorer la coordination des

Systems a présenté ses solutions lors du Salon Santé Autonomie à Paris en mai dernier. Paul Grabscheid, vice-président planning stratégique, plaide pour l'unifi-

acteurs multiples et dispersés. Sur chaque territoire, il faut définir l'acteur qui va unifier les systèmes. Ce n’est pas une question technique ou médicale, mais hautement politique. Je m'efforce aujourd'hui de travailler dans ce sens soins sur le territoire, au moins au niveau régional. L'enjeu de santé publique est aussi de faire davantage participer les patients via les dispositifs de santé mobile, car mieux

cation des systèmes d'information au niveau régional.

informés et impliqués, ils sont plus vigilants dans le suivi

InterSystems est présent dans une centaine de pays. Quelles sont vos solutions phares sur le marché français ?

Quelles sont vos perspectives de croissance sur le marché français ?

PAUL GRABSCHEID − Notre système d'information

Notre chiffre d'affaires a augmenté de 18 % l'an dernier

TrakCare offre une interopérabilité inégalée pour per-

en France. Après le Groupe Hospitalier de l'Institut Ca-

mettre aux médecins de collaborer et de prendre les meil-

tholique de Lille (GHICL), le Centre hospitalier de la Côte

leures décisions cliniques grâce à des dossiers patients

basque à Bayonne (CHCB), et le service des urgences du

complets et accessibles instantanément. De nombreux

Centre hospitalier de Saint-Quentin, le Centre hospitalier

établissements de santé utilisent depuis des années

de Montreuil-sur-Mer (CHAM) a aussi adopté la solution

notre logiciel de gestion administrative des patients Clini-

TrakCare pour gérer son DPI. Notre principal axe straté-

com. InterSystems propose aujourd'hui HealthShare, une

gique consiste aujourd’hui à continuer le déploiement

plateforme intégrée d'information qui permet la création

de TrakCare et à poursuivre nos activités de R&D pour

d'un dossier médical électronique au niveau local, régio-

répondre aux besoins spécifiques du marché français.

de leurs traitements.

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RUBRIQUE DH : SALON SANTÉ AUTONOMIE

mains par le personnel. Quand les personnes ont les mains abîmées ou irritées, elles vont avoir tendance à moins pratiqué l’hygiène des mains. C'est pourquoi, nous

étions attachés à proposer des solutions agréables à l'uti-

HYGIÈNE

lisation qui laissent les mains douces et bien hydratées

KIMBERLY-CLARK PROFESSIONAL renforce son offre hospitalière avec son nouveau gel hydro-alcoolique Le fabricant de solutions de nettoyage et d'hygiène déjà bien positionné dans les établissements de santé avec ses

essuie-mains,

a

lancé

une nouvelle solution pour la désinfection, présentée en avant-première au dernier Salon Hôpital Expo

Séverine Picaud, Responsable Marketing Hygiène-Santé, a présenté en avant-première au Salon Hôpital Expo le nouveau gel hydro-alcoolique Kleenex®, développé par Kimberly-Clark Professional et commercialisé depuis l'été dernier

C'est votre première participation au Salon Hôpital Expo. Est-ce le symbole de votre nouveau positionnement ? SÉVERINE PICAUD − Kimberly-Clark Professional est déjà très présent dans les établissements de santé avec ses solutions pour le lavage et le séchage des mains. Nous souhai-

tons renforcer notre offre en proposant une gamme complète pour l'hygiène des mains. Nous offrons aujourd'hui une large gamme de mousses et de crèmes de lavage des mains. Ce nouveau gel hydro-alcoolique Kleenex® a été spécialement développé par Kimberly Clark Profes-

afin de favoriser la pratique de l’hygiène des mains. Ce produit innovant est complété par nos solutions lavantes spécialement adaptées à un usage fréquent et par notre offre de solutions d'essuie-mains qui offrent un degré de douceur et d'absorption supérieure grâce à la technologie brevetée Airflex. Le Gel Hydroalcoolique Kleenex® allie efficacité et respect des mains. Il détruit en 15 à 30 secondes les bactéries les plus courantes à l'origine des infections. Elle est parfaitement adaptée à un usage dans le domaine de la santé. Enrichi en agents émollients, ce produit laisse la peau nette et douce, même en cas d'usage intensif. Côté conditionnement, nous distribuons le produit en flacon de poche de 100 ml et aussi en flacon pompe de 480 ml. Des recharges de plus gros volume (1 l et 1,2 l) sont proposées pour une utilisation très pratique en montage mural.

GED

KODAK ALARIS développe sa gamme de solutions pour les hôpitaux En devenant également éditeur de logiciels de capture de données, Kodak Alaris a élargi son offre à des secteurs spécifiques comme la santé, avec comme credo l'amélioration de la communication avec le patient.

sional pour le personnel de santé exposé à un risque de

Quelles solutions propose Kodak Alaris ?

contamination croisée : il est adapté à la désinfection

ALINE SAPONARA − Nous éditons des solutions logi-

hygiénique et chirurgicale des mains.

cielles qui capturent les données à partir de sources

Nous accompagnons aussi bien les hôpitaux et cliniques

numériques et papier et livrent la bonne information aux

que les établissements d'hébergement pour personnes

bonnes personnes, au bon moment. Le matériel de nu-

âgées dépendantes (EHPAD) en réalisant un audit sur

mérisation, les logiciels de capture et l'assistance tech-

site. Nous analysons leurs méthodes de travail en matière

nique comptent parmi nos nombreux domaines d’exper-

d'hygiène et nous leur proposons ensuite des solutions

tise. Notre nouveau concept KnowledgeShare permet de

adaptées. Notre dispositif est accompagné d'outils de

se rapprocher des métiers de nos utilisateurs et d’orien-

formation pour les soignants et les personnes en charge

ter les clients dans la complexité de la gestion d’informa-

du nettoyage.

tions. Pour les hôpitaux, cela leur permet de se concentrer davantage sur la relation et la communication.

Quels sont les atouts de votre nouveau produit ? Les établissements de santé sont parfois confrontés au problème du non-respect des protocoles d’hygiène des

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FOCUS

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Quelle part représente le secteur de la santé dans votre activité ? La santé représente pour l'instant un quart de notre activité avec des clients variés comme les hôpitaux publics et privés, les laboratoires, ainsi que les branches Famille Maladie et Vieillesse. Pendant longtemps, il y avait beau« Nous permettons aux acteurs de la santé d'intégrer toutes les informations et de les catégoriser pour procurer la bonne réponse au patient », affirme Aline Saponara, Directrice commerciale France « Information Management » de la marque Kodak Alaris

coup de freins du législateur sur le volet numérisation du dossier patient en raison des problématiques de sécurisation des données. Les hôpitaux ont de ce fait commencé lentement à numériser leurs images médicales ainsi que leur archivage. Depuis quelques années, la demande a

En quoi pouvez-vous améliorer la relation entre l'hôpital et le patient ?

bien progressé et nous pouvons davantage invertir cet axe stratégique.

Les transactions réalisées entre l'hôpital et ses patients sont très nombreuses et requièrent une gestion longue et parfois fastidieuse pour le patient de nombreux documents administratifs ou médicaux. Kodak Alaris met la technologie au service de ces patients grâce à la « numérisation transactionnelle » qui fluidifie et améliore la communication au guichet. Pour un hôpital, la qualité du contact avec ses patients est très importante : ils ont besoin d'être écoutés et de ne pas perdre du temps avec des documents administratifs. La possibilité d'intégrer

E-SANTÉ

MAINCARE SOLUTIONS prêt à répondre à la forte demande en mobilité

toutes les informations et de les catégoriser pour procurer la bonne réponse au patient est aussi primordiale.

Le leader du marché sur le dossier patient informatisé (DPI), Maincare Solutions, qui a multiplié les partena-

Quels types de machines sont proposés aux hôpitaux ? Nous optimisons le passage à l'archivage électronique des dossiers. Nos solutions de capture et de gestion des informations s'intègrent au poste de travail car elles sont compactes, ergonomiques et faciles d'utilisation. Un de nos derniers produits innovants est le scanner Kodak Scanmate i1150. Cet appareil a été spécifiquement conçu pour faciliter la relation client directe, ce qui est essentiel à l'hôpital. Petit, il intègre la reconnaissance code à barres et est aussi très rapide en numérisation, avec une prise en main opérateur très simple.

riats ces derniers mois, a développé plusieurs solutions permettant à ses clients de répondre aux enjeux du moment dont la forte demande en logiciels mobilité. En partenariat avec la société GFI, Maincare Solutions propose la solution intégrée M-RH Chronotime qui permet de gérer le temps et les activités des personnels hospitaliers. « Nos solutions de SIRH sont modulaires et nous proposons un portail collaboratif permettant la décentralisation de la gestion des ressources humaines. Ainsi, avec M-RH Kiosque Hôpital, chaque agent peut communiquer en direct avec son cadre. C'est le cas au CHU de Montpellier, par exemple » détaille Sophie Carli Bacher. En partenariat avec la société Ennov, Maincare Solutions a également lancé le produit M-GEDoc pour la gestion des documents administratifs, « un outil performant et totalement en phase avec la dématérialisation portée par le nouveau protocole d’échange standard (PES V2) » assure la Directrice Marketing Produits. Enfin, en partenariat avec la société Bow Médical, Maincare Solutions propose à ses clients un produit nativement intégré au DPI M-CrossWay, baptisé M-Bloc Dianesthésie pour

gérer le dossier Anesthésie en toute sécurité.

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Maincare Solutions innove et enrichit ses solutions avec 4 nouveaux modules

Quelque 140 établissements sont déjà équipés de la solution DPI de Maincare Solutions. Le dossier patient M-CrossWay est utilisable par plusieurs établissements d'un même GHT. « Le produit proposé par Maincare Solutions qui a suscité le plus d'intérêt pendant le salon HIT est le compagnon mobile (outils pour tablettes et smartphones) pour la mise en place d'un dossier patient

SIH

MEDASYS toujours bien positionné sur les projets d'envergure régionale Selon son directeur commercial, Ibrahima Sidibe, Medasys répond bien aux enjeux de la mutualisation grâce à ses solutions intégrées.

informatisé (DPI). Cette solution a fait l'objet d'un pilote

Quelle est la spécificité de Medasys ?

concluant pendant une semaine dans un établissement

IBRAHIMA SIDIBE − En tant qu'éditeur et intégrateur de

avant d'être déployée à plus grande échelle. La mobilité

logiciels médicaux, nous proposons une solution transver-

est aujourd'hui une demande très forte alors que par le

sale et modulaire qui couvre l’ensemble du parcours de

passé, elle était plutôt perçue comme un gadget », a ré-

prise en charge du patient avec trois grands domaines :

vélé la Directrice Marketing Produits. Son lancement est

le dossier patient, la production de soins et les plateaux

prévu en novembre 2015, lors de la Réunion Annuelle des

techniques. Notre solution DxCare est adoptée par de

Utilisateurs Maincare Solutions.

très nombreux établissements de santé. Les solutions Medasys disposent de certifications reconnues, gages de qualité et de performance (LAP, HIMSS, ISO…). DxCare dispose de l’ensemble des fonctionnalités requises pour la mise en œuvre d’un DPI de territoire et permet aux différents établissements de santé d’accéder au Dossier Médical Personnel dans une base de données unique centralisée. Medasys confirme son expertise pour les établissements souhaitant optimiser leur système d'information et leur parcours patient. Les systèmes de santé intégrés constituent un axe majeur dans un contexte de mutualisation de compétences et de moyens.

Pouvez-vous citer quelques réalisations ? Nous sommes l'éditeur numéro un sur la cible des CHU et des grands établissements de santé publics. Nous mettons également en œuvre des dossiers patients de territoire avec notre solution DxCare. En effet nous équipons sur une même instance DxCare les hôpitaux de « Les systèmes de santé intégrés constituent un axe majeur dans un contexte de mutualisation de moyens », selon Ibrahima Sidibe, Directeur commercial Medasys

l’Ariège ou encore les hôpitaux Corses. De nombreuses autres implémentations multi établissements on été réalisées tel que le projet PICARSIS (Hôpitaux de Picardie), Groupe hospitalier Nord-Essonne.

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FOCUS

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Autre exemple, autour du CHRU de Montpellier où nous mettons en œuvre une plateforme innovante de services. Ce dispositif développé par Medasys permettra de mieux relier l'hôpital à son environnement et de faciliter les échanges entre l’ensemble des acteurs de la santé Ville/ Hôpital d'un même territoire. Parmi les services sécurisés proposés, il sera possible de gérer toute la prise de rendez-vous via Internet, de gérer la e-prescription, d’avoir accès aux résultats d’examens, de visualiser la trajectoire globale Ville/hôpital du patient ou encore de payer en ligne.

TECHNOLOGIE

OLYMPUS lance une solution mobile spécialement conçue pour le secteur médical La société spécialisée dans les systèmes médicaux, lance VoiSquare, un assistant médical numérique touten-un avec une interface Wi-Fi et un système d’exploi-

VoiSquare d'Olympus

tation Android. péen d'Olympus est à Hambourg). Plusieurs années de

centrale pour l'hôpital baptisée 'VoiSquare'. En plus

recherche et développement ont permis de mettre au

du système de dictée, cette solution utilisable comme

point un produit s’adaptant aux besoins spécifiques du

smartphone par l’intermédiaire de la technologie VoIP,

milieu médical. Olympus commercialisera cette nouvelle

permet aussi de multiples usages grâce aux applica-

solution d’ici à quelques mois et compte encore renforcer

tions personnalisées ", détaille Léa Dugit-Gros, chef de

sa présence dans le milieu de la santé.

« Nous proposons une nouvelle solution intégrée et

produit Audio chez Olympus. Grâce à sa connexion sans fil (Wi-Fi), les dictées des médecins peuvent être instantanément transmises à la transcription puis être relues immédiatement. L'appareil est connecté avec le système d’information hospitalier (SIH) pour permettre aux médecins d'accéder partout et à tout moment aux informations des patients de façon sécurisée.

Appareil de dictée en temps réel « Cette solution est très facilement intégrable dans un SIH grâce à la passerelle Olympus Communication Gateway (OCG), qui est compatible avec l’interface HL7 (le protocole d’échange de données médicales standard). La liste des patients est mise à jour en temps réel", poursuit un collaborateur de la Division Image et Son. Ce produit phare a été développé dans le cadre d'une

« En plus de ses fonctionnalités avancées de dictée médicale, l’appareil peut être utilisé en guise de téléphone », selon Léa Dugit-Gros, Chef de Produit Audio chez Olympus, à l’occasion du Salon Santé Autonomie

collaboration avec les hôpitaux allemands (le siège euro-

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FOCUS

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demande de formation a été très forte cette année. Les

ASSURANCES

agents perçoivent que ces formations constituent une

Gestion des risques avec SHAM

réelle valeur ajoutée », a témoigné Gaëlle Le Gallais, gestionnaire de risques à l’AP-HP.

Accompagner les établissements de santé pour sécuriser leurs activités et améliorer l’offre de soin : retour d’expérience de Sham à l’AP-HP. À l’occasion des Salons de la Santé et de l’Autonomie 2015, le premier assureur en responsabilité civile médicale en France a présenté une conférence sur l’importance des retours d’expérience en établissement, notamment dans le cadre de ses visites de risque.

Une démarche orientée sécurité des soins Dans le prolongement de cette collaboration, une démarche a été conduite par un groupe de travail conjoint AP-HP / Sham, pour déployer des visites de risques inspirées de celles réalisées par l’assureur. Les thématiques explorées correspondent à des activités de démarche qualité générale, la gestion des plaintes, l’hygiène, le dossier patient, le circuit de médicament, et des services spécifiques que sont le bloc opératoire, la

Des visites de risques très porteuses La société d'assurance mutuelle dispose d'une base de données importante au niveau de la sinistralité, contribuant à une connaissance approfondie des spécialités et activités mé-

maternité et les urgences. « Nous disposons d'un outil de pilotage pragmatique et opérationnel qui constitue un regard complémentaire aux autres dispositifs déjà existants (audit, inspections) », se félicite Madame Le Gallais. « C'est très contributif pour le compte qualité et pour le partage des bonnes idées », ajoute Madame Pibarot. « Au final, un travail de l’AP-HP pour développer, à partir de l’expérience de Sham, un outil orienté sécurité des soins. »

dicales, telles que la chirurgie, l'obstétrique ou encore les urgences. Sur le terrain, les établissements font l'objet de visites de risques régulières « il s’agit de démarches permettant de prévenir les événements indésirables et aussi de Dr Marie-Laure Pibarot, coordinatrice « Risques & sécurité des patients » à la Direction de l’Organisation médicale de l’AP-HP a partagé l'expérience de son établissement pour améliorer la qualité des soins et la sécurité.

construire

une

logique

de défense des dossiers sinistre », précise Isabelle RozéNief, responsable de l’activité Audit Sham. Le déroulement d’une visite de risques passe

par des aspects généraux et par des visites de secteur.

SOLUTIONS CONNECTÉES

Carton plein pour SAMSUNG Au salon HIT 2015, Samsung a démontré avec force ses nouvelles ambitions en proposant une offre complète aux professionnels de santé.

Une restitution à chaud est faite avec la mise en avant des points forts et des points à améliorer, permettant de mettre en évidence des pistes d’action précises. Les éta-

C'est la première participation de Samsung au Salon Health IT...

blissements sont ainsi progressivement capables d'avoir

CARLOS JAIME − Notre présence a étonné

une traçabilité dans les dossiers patients, de produire des

les visiteurs car nous avons reconstitué un

recommandations et de hiérarchiser des priorités.

environnement médical complet comprenant

Lors de leurs interventions en établissement, les équipes

la salle d'attente, la banque d'accueil, la salle

Sham déploient également un outil de diagnostic des

de consultation, etc. Nous avons souhaité

risques, afin de hiérarchiser les points à améliorer. « La

démontrer par cette installation notre valeur

sinistralité de nos clients est analysée de près. Nous pro-

ajoutée et notre capacité à créer des éco-

duisons ensuite des recommandations basées sur notre

systèmes autour de besoins spécifiques. Le

retour d’expérience. Notre démarche s’inscrit dans une logique de prévention pour être aux côtés de nos clients quand malheureusement un incident médical se produit », assure Isabelle Rozé-Nief. L’AP-HP a fait appel depuis deux ans aux équipes Sham, pour former 550 de ses membres à la gestion des risques associés aux soins et aux démarches de retour d’expé-

cal connecté a beaucoup plu aux visiteurs du salon HIT. Présent dans le domaine de la santé depuis 1985, Samsung couvre les besoins en objets connectés (équipements wellness) et fournit des dispositifs médicaux (échographes, tables radios, scanners). Nous lançons une offre pour accompagner les patients atteints de maladies chroniques.

rience. « Au sein des groupes hospitaliers de l'AP-HP, la

lancement de notre offre de dispositif médi-

« Notre philosophie est d'apporter des solutions connectées plus interactives afin que les médecins gagnent du temps et se concentrent sur leur cœur de métier », selon Carlos Jaime, Directeur général de la Division Santé

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Quelles innovations avez-vous présenté ? Samsung propose en partenariat avec Orange et Tapcheck, une offre dédiée à la surveillance à distance et en temps réel de patients souffrant de pathologies nécessitant des relevés de mesures réguliers comme les personnes diabétiques ou souffrant d’hypertension. Avec la société Earlysense, nous avons également développé une solution de surveillance pour les personnes âgées

Pour Serge Torti, Président de Yansys, le patient sera amené à jouer un rôle majeur dans la chaîne de la santé connectée

ou les patients souffrant d’une maladie chronique. Cette innovation prend la forme de capteurs placés sous le matelas de la personne et permet de monitorer son rythme cardiaque, sa fréquence respiratoire, ses déplacements et ainsi d'alerter le personnel soignant si le patient tombe ou sort de son lit. Nous avons montré des nouvelles technologies permettant de transférer des informations médicales (poids, rythme cardiaque, tension) par l'intermédiaire de la télévision avec des outils spécifiques faciles d'utilisation.

Quelles sont vos ambitions ? En plus des dispositifs médicaux, Samsung se positionne sur le parcours de soins digital pour améliorer le flux des patients et la relation entre professionnels avant, pendant, et après l'hospitalisation. Nous sommes capables de conceptualiser un hôpital de A à Z, de le financer, de l'équiper et d'assurer les patients pour améliorer leur prise en charge. Nous avons 10 000 lits d'hospitalisation en Asie et nous venons de construire un hôpital de 2 000 lits à Abu Dhabi exploité par Cleveland Clinics. Sur le marché français, nous sommes présents dans l'échographie, la radiologie, les scanners, les automates de laboratoires délocalisés, etc. Nous apportons des solutions connectées plus interactives avec l'utilisateur pour réduire au maximum le temps de traitement de l'information et permettre aux professionnels de la santé de se concentrer uniquement sur leur métier : faire leur diagnostic et s'occuper du patient. Samsung est très innovant sur les dispositifs médicaux connectés. Nos dernières innovations sont notamment expérimentées au CHU de la CroixRousse à Lyon, en obstétrique pour le suivi des patientes à risque qui souffrent de diabète gestationnel.

IMAGERIE ET SON

YANSYS développe un nouveau réseau social professionnel baptisé « MedWork » La société créée en janvier 2006 a bâti sa renommée sur l'imagerie et la dictée numérique. Elle lance un réseau social avec l'ambition de favoriser l'échange d'information entre professionnels et patients.

Yansys a fait du son et de l'image son cœur de métier... SERGE TORTI − Dans leur pratique professionnelle, les acteurs de la santé manipulent à la fois l'image et le son. Image et son sont indissociables car les médecins ont besoin d'indexer leurs images et la voix répond bien à la nécessité de les catégoriser avec rapidité. Yansys a commencé par l'imagerie radiologique, et s'est investi ensuite dans l'imagerie vidéo. Dans certains pays comme la Russie et les États-Unis, l'imagerie vidéo est une obligation légale, pour les actes de chirurgie par exemple. En France, ce n'est pas encore une volonté du législateur. Pourtant, la vidéo revêt de nombreux avantages du point de vue pédagogique. Elle permet de mieux gérer les incidents grâce à la traçabilité et surtout d'améliorer les savoir-faire.

Qui sont vos clients ? Les solutions développées par Yansys ont été adoptées par le CHU de Lille, à l'Hôpital Edouard Herriot (Hospices Civils de Lyon), dans 9 centres hospitaliers universitaires, une vingtaine d'établissements cliniques et des médecins libéraux qui s'équipent. Les CHU ont besoin de former leurs étudiants sans les faire entrer dans un bloc opératoire, avec de la téléformation. Les cliniques mettent en place ces systèmes aussi pour mettre en œuvre une traçabilité et c'est également une demande des chirurgiens qui veulent montrer leur savoir-faire à leurs homologues et aussi parfois à leurs patients.

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FOCUS

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Pour vous, quelle place sera amené à jouer le patient ? Il est fondamental que le patient devienne acteur de sa santé, qu'il accède à ses examens, qu'il comprenne bien sa pathologie et puisse communiquer plus rapidement avec ses médecins. Nous proposons également l'exploitation des données par leur diffusion à travers notre réseau social professionnel médecins baptisé MedWork. Yansys a développé ce réseau pour permettre aux professionnels de partager des images et de les rendre facile-

aux besoins de nos clients. Zebra Technologies est très

ment accessibles. Gageons qu'à l'avenir, les sociétés de

présent dans le secteur du commerce et de la grande

patients défendront davantage le droit d'accès à l'infor-

distribution, mais nous avons de belles perspectives de

mation médicale !

croissance dans le marché de la santé qui est identifié comme un secteur porteur.

Quelle est l'offre de Zebra Technologies dans le domaine de la santé ? Nous offrons une palette d'outils aux établissements de santé pour le suivi du parcours patient et pour tout besoin d’étiquetage dans la santé permettant l'identification des patients, l'administration de médicaments ou encore les prélèvements sanguins. Nous proposons aussi des solutions pour améliorer la communication et l'échange d'informations grâce à des technologies innovantes. Zebra Technologies a mis au point des imprimantes thermiques et des consommables qui permettent de sécu« La gamme des imprimantes code-barres pour étiquettes QL séduit de nombreux clients grâce à des fonctionnalités adaptées au personnel mobile », selon Franck Riout, Responsable Marketing marché de la Santé chez Zebra Technologies

riser la prise en charge du patient depuis son admission jusqu’après sa sortie, en passant par le laboratoire, le bloc opératoire et la pharmacie, et d’accélérer les processus dans tous les établissements de soins de santé. Autre

TIC

exemple, la technologie RFID appliquée à l'hôpital est

ZEBRA TECHNOLOGIES « Nous répondons à tous les besoins d'identification et de traçabilité à l'hôpital. »

utilisée en blanchisserie pour tracer les draps ou encore en biologie pour les poches de sang. Notre solution sans contact permet de lire des données mais aussi d'ajouter de l'information, ce qui est plus que la lecture d'un simple code à barres. L'imprimante mobile QLn Santé permet d'imprimer des étiquettes directement au lit du patient et donc de réduire le risque d'erreur. Nous

Le leader en solutions d'identification offre des outils

sommes en train de développer de nouvelles applica-

pour sécuriser le parcours patient et l'échange d'infor-

tions de la technologie NFC (sans contact) avec des

mations, et propose d'améliorer plus globalement l'ef-

bracelets patients pour comprendre les processus et

ficience au sein d'un établissement de santé.

faire des actions correctives, pour réduire le délai d'attente dans un service des Urgences par exemple.

n

Quelles sont vos ambitions dans le secteur de la santé ? FRANCK RIOUT − Zebra Technologies propose des solutions de traçabilité et de gestion des actifs (imprimantes d'étiquettes, scanner code à barre et RFID...). Nous avons acquis l'an dernier Motorola Solutions (appareils mobiles, tablettes, scanners de codes-barres), ce qui nous permet d'offrir une large palette d'outils innovants pour répondre

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GRAND FORMAT DH : FLUX

Optimisation

de la gestion des lits

© Stokete/Shutterstock.com - Maincare

au CHU de Poitiers

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Le CHU de Poitiers connaît une petite révolution depuis 2 ans. Des écrans de gestion des flux patients ont pris place dans les couloirs des Urgences et des Unités de soins, supervisés par une cellule de bed managers ou gestionnaires de Flux Patients. Porteur d’un Plan d’Amélioration de l’Accueil des Urgences, l’hôpital organise des formations à destination des directeurs d’établissements, des présidents de CME et des cadres de santé de toute la France, pour partager un retour d’expérience unique sur sa nouvelle organisation et la solution d’optimisation de la gestion des lits M-Visibilité. DH Magazine a suivi l’une de ces sessions et vous présente les grands axes d’innovation.

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CHU de Poitiers Les chiffres 2014 • 1720 lits • DMS de 5,56 jours toutes disciplines confondues (MCO) • 330 930 entrées • 143 272 appels SAMU • 42 896 passages aux urgences adultes

Jean-Pierre Dewitte Directeur Général du CHU de Poitiers

Isabelle Dichamp chargée de mission à la Direction Générale

Dr Jean-Yves Lardeur chef de service des Urgences

Bruno Avril Cadre supérieur de santé, mission « gestion des lits »

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GRAND FORMAT DH : GESTION DES FLUX PATIENTS

La solution M-Visibilité, basée sur le partage d’informations, est chargée du pilotage visuel du flux des patients en temps réel. À tout moment et d’un simple coup d’œil, le personnel sait si un lit est disponible, si le malade est sorti pour un examen, si la chambre a été nettoyée, etc.

Une synergie entre solution informatique et moyens humains déployés En 2013, Marisol Touraine, Ministre de la santé, recommandait une meilleure gestion des lits pour désengorger les Urgences. « Nous n’avions jamais su régler tous les problèmes liés à l’accueil des Urgences, reconnaît JeanPierre Dewitte, Directeur Général du CHU de Poitiers. S’attaquer à l’organisation des Urgences, c’est s’attaquer à tout l’hôpital ». Les enjeux sont de taille : réduire les délais d’attente pour les malades (qui pouvaient aller jusqu’à 8 h), améliorer la fluidité de l’aval de la prise en charge, supprimer les hébergements hors spécialités et les déprogrammations, responsabiliser tous les acteurs et renforcer les liens entre unités de soins et urgentistes… Il n’a fallu finalement que 6 mois au CHU de Poitiers pour mettre en place son Plan d’Amélioration de l’Accueil des Urgences (PAAU). « C’est un projet qui ne nécessite

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La solution est aujourd’hui déployée dans la cellule de gestion des flux sous forme d’une tour de contrôle mais aussi via des écrans tactiles dans les Unités de soins.

Lobbying auprès des cadres et des médecins Priorité absolue du CHU de Poitiers, le planning de mise en place du PAAU s’est établi en plusieurs temps. Tout commence en mars 2012 avec l’acquisition de M-Visibilité de Maincare Solutions et la formation d’un groupe de travail pluridisciplinaire en août 2013. C’est l’heure du diagnostic, mais surtout celle du lobbying et de la sensibilisation des médecins aux problèmes des Urgences. « Ces

quasiment aucune dépense. C’est de l’organisation et

réformes ne peuvent se faire que si les médecins et les

encore de l’organisation. Ce n’est pas une question de

soignants jouent le jeu », résume Isabelle Dichamp.

moyens, mais de volonté », martèle Jean-Pierre Dewitte

Le PAAU est né d’une volonté d’associer les médecins

aux sceptiques. En effet, si la gestion des lits a pu être

à l’Urgence. « Les Urgences sont souvent déconsidé-

optimisée au CHU de Poitiers, au point d’obtenir une

rées par le corps médical, alors même qu’elles sont

baisse de la durée moyenne de séjour (DMS) d’une

génératrices d’activité et de moyens financiers », re-

demi-journée en seulement 6 mois, c’est grâce à une

lève le Directeur Général. Il y a un cloisonnement et un

organisation globale supportée par la solution informa-

manque de coopération entre les Unités de soins et les

tique M-Visibilité : la mise en place du PAAU avec 27 lits

Urgences. Celles-ci deviennent un hôpital dans l’hôpital.

dédiés aux Urgences dans les spécialités, l’ouverture

« Il a fallu faire évoluer les mentalités », souligne Isabelle

de l’Unité d’Hospitalisation d’Aval de 22 lits, ainsi que la

Dichamp.

création d’une cellule de gestion des flux patients.

Par ailleurs, il est prouvé que l’hébergement des patients

« Ce sont des réformes qui sont très porteuses pour

dans une mauvaise spécialité augmente en moyenne de

les établissements de santé, affirme Isabelle Dichamp,

2 jours la DMS, avec une réelle perte de chances dans la

chargée de mission à la Direction Générale. Désormais,

prise en charge et un impact financier conséquent pour

les praticiens partagent la même vue sur la disponibilité

l’hôpital. Dès lors, l’objectif du PAAU est clair : « Dès la

des lits et l’avancement de prise en charge dans tout

sortie des Urgences, le patient doit relever de la spécia-

l’établissement.

lité dans laquelle il doit être hospitalisé. »

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© CHU de Poitiers

GRAND FORMAT DH : GESTION DES FLUX PATIENTS

Déploiement de la solution M-Visibilité La solution M-Visibilité, basée sur le partage d’informations, est chargée du pilotage visuel du flux des patients en temps réel. À tout moment et d’un simple coup d’œil, le personnel sait si un lit est disponible, si le malade est sorti pour un examen, si la chambre a été nettoyée, etc. Les protocoles horodatés permettent de détecter des retards et des anomalies, par exemple une sortie retar-

Dans la cellule de gestion des lits, les bed managers visualisent l’occupation globale de l’établissement et réservent rapidement un lit pour un patient qui attend son hospitalisation. Dans les Unités de soins, la solution permet de synchroniser les actions de l’équipe soignante autour du patient et de fluidifier les parcours de soins inter hospitaliers, en réduisant les délais d’attente au cours de la prise en charge et, par conséquent, la DMS.

dée de N heures pour un patient dont la sortie était prévue avant midi. Le principe est simple : l’information est « poussée » sous forme d’icônes, de codes couleurs et de notifications visuelles. La solution est aujourd’hui déployée dans la cellule de gestion des flux sous forme d’une tour de contrôle mais aussi via des écrans tactiles dans les Unités de soins. Il est alimenté par les différents applicatifs métiers du

Nouveau circuit patient et diagnostic des flux non-programmés Pour améliorer l’accueil des Urgences, il a fallu redimen-

pertinentes pour la prise en charge. Les personnels,

sionner les Unités avec des réajustements capacitaires,

selon leurs prérogatives, peuvent effectuer une réser-

tout en tenant compte de l’activité programmée. Un

vation de lit, une demande de structure d’aval, indiquer

défi ! « On ne règle pas le problème en mettant plus de

le moment de début ou de fin du bio-nettoyage, préciser

lits. C’est coûteux et cela prouve qu’on ne sait pas gérer

une date prévisionnelle de sortie…

les flux », opine Isabelle Dichamp.

CHU et consolide automatiquement les informations

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© CHU de Poitiers

GRAND FORMAT DH : GESTION DES FLUX PATIENTS

M-Visibilité - Unité de soins bureau infirmier du CHU Poitiers

Des lits dédiés aux Urgences dans chaque Unité ▲

Au CHU de Poitiers, le taux d’hospitalisation en sor-

Ce travail titanesque sur la récolte et le traitement des

tie des Urgences est très important. Il concerne 38 %

données a permis de calibrer un nombre de lits à dédier

des malades, dont environ 20 % en chirurgie et 80 %

par jour dans les spécialités médicales strictement ré-

en médecine. Dans la nouvelle organisation, l’hospita-

servés aux patients en provenance des urgences, sans

lisation en sortie des Urgences repose sur un circuit

devoir procéder à une augmentation capacitaire. Il s’agit

patient précis. Le malade pourra être orienté vers des

de 27 lits répartis dans les 12 spécialités concernées,

lits dédiés dans les Unités médicales ou bien rester 48

« pas énorme au final pour englober les 40 % des sor-

heures en Unité d’Hospitalisation d’Aval, avant un retour

ties des Urgences », note Isabelle Dichamp.

à domicile, une hospitalisation à domicile (HAD) ou dans

Dans les Unités de soins, de grands écrans partagés de

un lit de spécialité.

M-Visibilité ont pris place dans les bureaux des infirmiers

C’est pourquoi il a fallu définir le besoin en lits dédiés

et d’autres plus petits et tactiles sont fixés aux murs

aux patients des Urgences dans les Unités et le nombre de lits nécessaires pour la future unité tampon en fonction du diagnostic des flux. Un modèle mathématique pour maîtriser les flux même non-programmés – par définition aléatoires – a été mis en place.

dans les couloirs. On peut y voir en temps réel les lits et les demandes de réservation. Depuis n’importe quel poste, tout le monde peut se connecter en quelques secondes avec son matricule, même les brancardiers et les aides-soignantes, souvent « oubliés » du Système d’Information Hospitalier. L’identité du patient est seulement déclinée sur le grand écran ; dans le couloir, on ne

Grâce à sa nouvelle organisation, le CHU de Poitiers a réussi à diviser par 3 le nombre d’« hébergements » qui sont passés de 25-30 % à environ 9 % en seulement quelques mois.

réalise que les saisies rapides. Des icônes apparaissent en cas d’anomalies, ce qui permet de partager l’information en un coup d’œil en toute transparence. Un vrai changement culturel induit par M-Visibilité, puisque tous les personnels peuvent voir à tout moment l’occupation dans n’importe quel service de l’hôpital, et non plus dans sa seule unité de ratta-

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© CHU de Poitiers

GRAND FORMAT DH : GESTION DES FLUX PATIENTS

chement. S’il n’y a pas de lit dédié aux urgences, on peut ainsi compter sur M-Visibilité pour le signaler ! La saisie systématique des actions du bio-nettoyage n’est pas encore entièrement assimilée par les personnels et des efforts restent à faire sur cet axe, mais la plupart des acteurs ont bien compris l’intérêt de renseigner le logiciel… Surtout, les Unités n’ont plus l’impression d’être les seules à absorber les hospitalisations depuis les Urgences.

Création d’une Unité d’Hospitalisation d’Aval Malgré la mise en place des lits dédiés, il peut arriver qu’un patient ne puisse pas être hospitalisé dans la bonne spécialité immédiatement à la sortie des Urgences. En avril 2014, l’ouverture d’une Unité d’Hospitalisation d’Aval de 22 lits, rattachée au Pôle Médipool de médecine interne, est venue compenser l’accueil de ces

Les patients pris en charge à l’UHA bénéficient d’un avis de spécialiste dans les 24 heures et sont prioritaires pour intégrer les Unités au sein des lits dédiés.

patients. Dans cette Unité mixte médico-chirurgicale, la DMS est limitée à 48 heures. C’est le temps que le CHU s’accorde pour trouver une réponse adaptée au malade. D’autres principes régissent le bon fonctionnement de l’UHA. Les patients pris en charge à l’UHA bénéficient

Ce n’est donc plus la disponibilité des lits, mais les besoins de la prise en charge qui conditionnent l’affectation du patient. Grâce à sa nouvelle organisation, le CHU de Poitiers a réussi à diviser par 3 le nombre d’« hébergements » qui sont passés de 25-30 % à environ 9 %

d’un avis de spécialiste dans les 24 heures et sont prioritaires pour intégrer les Unités au sein des lits dédiés. Dans un premier temps, aucune sélection n’était opérée sur le choix des patients. « Avec la pratique, on évite les malades déambulant ou qui présentent des problèmes psycho-sociaux », explique la cadre de l’UHA.

« hébergements », c’est aussi accepter d’avoir des lits

L’Unité bénéficie de 2 ETP médical et de 13,50 ETP para-

vides. « Cela arrive très rarement qu’une Unité nous dise

médical, cadres compris. Cet effectif est amené à être

que ses lits ne sont pas optimisés, mais lorsque cela se

complété. « Nous avons choisi de créer une UHA plutôt

produit et au cas par cas, on peut décider qu’un lit dédié

que d’augmenter la capacité de l’Unité d’Hospitalisation

aux Urgences sera provisoirement réaffecté au program-

de Courte Durée car l’UHCD appartient aux Urgences.

mé », précise la chargée de mission. Il arrive également

L’UHA est une hospitalisation spécifique. La rattacher à

que le problème d’isolement ou de mixité se pose. Pour

autre chose que les Urgences est stratégique », observe

que le système fonctionne, il est important de garder la

Isabelle Dichamp.

en seulement quelques mois. Toutefois, supprimer les

souplesse et de privilégier le dialogue.

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© CHU de Poitiers

GRAND FORMAT DH : GESTION DES FLUX PATIENTS

besoin d’être soignant pour être gestionnaire de flux. Ils ne font pas de présentation clinique, c’est l’infirmier des Urgences qui s’en charge, explique Isabelle Dichamp. En cas de difficultés dans le placement des patients, ils peuvent s’adresser à la direction du site ». Pour que tout se passe en bonne intelligence, une charte a été rédigée, les professionnels des Urgences et des Unités de soins se sont engagés dans le changement et la Direction s’est fortement impliquée. « Le temps que nous pas-

Mise en place du métier de bed managers

sions avant pour rechercher des lits est désormais re-

Située au niveau des Urgences, la cellule de gestion des

Bilan très positif : une demi-journée de DMS en moins

lits a une vision de l’occupation des lits dans tout l’hôpital. Les bed managers, aujourd’hui appelés gestionnaires de flux patients, gardent les yeux rivés sur leur tour de contrôle, huit grands écrans de la solution M-Visibilité.

centré sur les soins », se réjouit le Dr Jean-Yves Lardeur, chef de service des Urgences.

Leur rôle est de placer le patient au bon endroit (bonne

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unité) de suite après la décision d’hospitalisation prise

À peine six mois après la mise en place de la nouvelle or-

par l’urgentiste. Ils cherchent en premier lieu un lit dédié

ganisation, la DMS avait chuté d’une demi-journée, soit

aux Urgences dans la spécialité. Si ce n’est pas possible,

une diminution de 9 %. Plus aucune déprogrammation

ils proposent le placement du malade en Unité d’Hospi-

n’était observée, même lors de l’épidémie grippale de

talisation d’Aval, qui joue alors son rôle d’unité tampon.

janvier 2015. Cette optimisation a permis de rentabiliser

Lorsque l’UHA est pleine, ils ont recours à l’héberge-

le coût du projet « avec un retour sur investissement

ment traditionnel, mais tâchent a minima de choisir le

très rapide ».

bon pôle. « M-Visibilité est une solution très intuitive qui

Enfin, l’hébergement hors spécialité est devenu une

nous permet de gagner en efficience », explique un ges-

exception. « Fin août, on nous demandait même s’il

tionnaire de flux patient.

n’y avait pas des patients à mettre dans les services »,

La cellule de gestion des lits est composée d’un Cadre

sourit Bruno Avril, cadre supérieur de santé à la mission

de santé supérieur et de quatre gestionnaires de flux pa-

« gestion des lits ».

tients, de formations variées puisqu’il y a une ancienne

La DMS en UHA de 48 h est maintenue. « Certains

infirmière, un contrôleur de gestion, un technicien-logis-

patients sont là exceptionnellement depuis 3 semaines

ticien et un jeune diplômé de BTS logistique. Capacités

pour des problèmes le plus souvent sérieux, mais

relationnelles et ténacité font parties de leurs qualités.

on tient quand même la DMS », se félicite Isabelle

Les bed managers travaillent du lundi au vendredi de

Dichamp. Par ailleurs, le taux de rotation des patients à

8 h à 22 h 30 et le samedi de 10 h à 20 h 30, sur des

l’UHA est de 46 % depuis la mise en œuvre du projet.

plages horaires de 10 heures sans RTT. Le dimanche, le

Si la première phase du Plan d’Accueil des Urgences a

cadre de santé de garde aux Urgences prend le relais. Ils

été une réussite, citée par la Haute Autorité de Santé

jouent également le rôle de formateurs dans les Unités

comme processus exemplaire, l’équipe de direction

pour les nouveaux cadres et les soignants et sont char-

du CHU de Poitiers ne compte pas s’arrêter là. Et se

gés de produire le suivi, diffusé sous forme d’indicateurs

met en ordre de marche pour la 2e phase : la créa-

pour la Direction.

tion d’une tour de contrôle des flux programmés/non

Les bed managers sont responsables des mouvements

programmés et un travail de fond sur la date de sor-

et ont toute autorité pour le placement des patients dans

tie prévisionnelle, les sorties avant midi ou encore

les lits dédiés au sein des spécialités et de l’UHA. « Les

la réduction des hospitalisations la veille des inter-

cadres n’auront plus à gérer la recherche de lits pour

ventions chirurgicales. « Un changement culturel qui

les patients en provenance des Urgences. Il n’y a pas

vaut vraiment le coup » selon l’équipe de direction.

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n


ARTICLE DH : E-SANTÉ

e-Santé

Le Directeur général du CHRU de Strasbourg a participé à l'événement « 36 Heures Chrono Grand Est » à Strasbourg le 17 septembre. Ce rendez-vous, qui constituait la deuxième étape de la campagne « Faire avancer la santé numérique », a rassemblé les acteurs de la grande région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne. Christophe Gautier partage avec DH Magazine sa vision de la santé numérique en tant que directeur d'établissement.

© Benjamin Boccas

« Les grands enjeux de la santé numérique se conçoivent à l'échelle de la grande région »

DH MAGAZINE – Les investissements en matière de e-santé sont considérables. Pourquoi la santé numérique est devenue un enjeu stratégique ? CHRISTOPHE GAUTIER − C'est d'abord un enjeu majeur en matière de qualité et de sécurité des soins mais aussi en terme de filière coordonnée de soins. Le système

projets régionaux portés par le GCS Alsace e-Santé : par

d'information constitue une articulation indispensable

exemple le projet Simral pour partager des images, ou

aux différents acteurs intervenant dans le parcours de

encore Albiom, un autre projet dans le domaine de la bio-

soins du patient. La médecine de parcours ne peut pas

logie médicale, permettant au patient, et à son médecin,

se concevoir sans un SI performant. En dernier lieu, c'est

de visualiser en ligne l’historique de ses analyses.

aussi un élément de sécurité économique dans le cadre

Un SI qui va gérer tout l'approvisionnement des blocs

de la tarification à l'activité.

opératoires est un projet intéressant pour optimiser le

« L'effort doit désormais porter sur l'ouverture de nos systèmes d'information » selon Christophe Gautier, Directeur général du CHRU de Strasbourg

fonctionnement des blocs, un projet aussi où en tant que

Le cadre territorial de la grande région (AlsaceLorraine-Champagne-Ardenne) est-il adapté pour faire avancer la santé numérique ?

CHU nous allons proposer un service en tant qu'héber-

Il faut voir large en matière de systèmes d'information.

période 2015-2023.

geur de données de santé. Notre investissement dans les systèmes d'information atteint 60 millions d'euros sur la

La question de l'interopérabilité est essentielle et se pose même à l'échelle nationale. À l'échelle d'une grande région, cette interopérabilité me semble tout à fait néces-

Les personnels soignants sont-ils convaincus de la place du numérique ?

saire et le cadre en est adapté. Concernant le déploie-

Il y a beaucoup de demandes au sein de notre établis-

ment, c'est l'échelle du territoire de santé qui apparaît

sement. Chaque unité ou service souhaite disposer des

comme la plus adaptée. En effet c'est à cette échelle que

logiciels adaptés à leur activité, alors on paramètre les

les acteurs peuvent discuter ensemble de la meilleure

logiciels communs comme le DMP aux spécificités de

façon de construire cette architecture : de la proximité

chaque métier. Il s'agit de faciliter le dialogue entre les

(des médecins de ville qui peuvent discuter avec des éta-

utilisateurs et les concepteurs des systèmes. Le système

blissements) mais la consolidation et les grands enjeux se

d'information doit venir soutenir une organisation optimi-

conçoivent à l'échelle de la grande région. Complémen-

sée et non pas être vécu comme un système venant pal-

taires, ces deux échelons permettent l'harmonisation et

lier les manques d'une organisation. La gouvernance du

l'interopérabilité des systèmes d'information.

SI doit être très collégiale, de façon à ce que les grands choix soient collectifs et qu'ils émanent de discussions et

Le numérique fait-il partie de la culture du CHRU de Strasbourg ?

de réflexions. Aujourd'hui, l'effort doit porter sur l'ouver-

L'interface Ville-Hôpital est très importante. Nous avons

du travail a déjà été réalisée à l'intérieur des établisse-

toujours été leader en matière de DMP, cela fait partie

ments de santé, l'enjeu de la conquête concerne mainte-

de notre culture. Nous avons été un appui dans plusieurs

nant l'interface entre l'hôpital et son environnement.

ture de nos systèmes d'information. Une grande partie

n

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漏 H么pitaux Universitaires Est Parisien - Montage B. Courcot

H么pitaux Universitaires Est Parisien

Photos du reportage fournies par le groupe hospitalier HUEP

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Se regrouper pour continuer à innover et faire face à la concurrence L’AP-HP est le plus grand groupe hospitalier d’Europe, rassemblant 39 hôpitaux qui accueillent 7 millions de patients par an. Constituée de 12 groupes hospitaliers, l’AP-HP réorganise l’offre de soins en Ile-de France. DH Magazine est parti à la rencontre de l’un de ses douze groupes hospitaliers, celui des Hôpitaux Universitaires de l’Est parisien (HUEP). Ce dernier est composé de cinq hôpitaux : Saint-Antoine, Rothschild, Armand-Trousseau, Tenon à Paris (12ème et 20ème arrondissements) et La Roche-Guyon dans le Val d’Oise. Depuis plusieurs années, ce groupe hospitalier s’est lancé dans une restructuration de ses activités pour améliorer l’offre de soins. Son dernier plan stratégique (2010-2014) a permis des transferts et la suppression de doublons, ainsi que la constitution de pôles

forts. Les services supports aux soins connaissent eux-aussi une grande réorganisation. C’est le cas de la biologie du groupe, qui est en train de revêtir un tout nouveau visage. Porté par l’ensemble des services, le plan actuel (2015-2019) prévoit la constitution de plateaux médico-techniques et le développement d’activités innovantes. Dans ces projets de restructuration, le rôle des équipes exécutives de pôle (constitué d’un chef de pôle médecin, d’un cadre administratif et d’un cadre paramédical) est essentiel en termes de management et de conduite de projet. C’est aussi, selon le directeur du groupe hospitalier de l'Est parisien, Pascal De Wilde, la meilleure compréhension des rôles de chacun qui a permis de faire avancer le groupe.

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REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

Miser sur pour

les partenariats

mieux répondre

aux enjeux de la santé DH MAGAZINE – Pouvez-vous nous situer votre groupe hospitalier au sein de l'AP-HP ? PASCAL DE WILDE − Le groupe des Hôpitaux

© Rachida El Mokhtari

Le directeur des Hôpitaux Universitaires de l’Est parisien (HUEP) présente les grandes lignes de son plan stratégique 2015-2019, révélatrices de la dynamique du groupe.

Pascal De Wilde,

Directeur du groupe hospitalier

Universitaires de l’Est parisien (HUEP) est un groupe de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) constitué de douze groupes hospitaliers et de quelques hôpitaux hors groupe. L’AP-HP était constituée jusque fin 2010 de 38 hôpitaux. Les regroupements d’hôpitaux par groupe hospitalier ont été décidés pour mettre en commun des moyens et apporter une réponse sanitaire adaptée sur l’ensemble du territoire. Cela a donné lieu à des regroupements de fonctions administratives et support : par exemple, pour notre GH, il n’y a plus qu’une seule direction des finances (800 millions d’euros

S’inscrire dans une logique de territoire avec le moins de redondance possible

de budget) située à un seul endroit, cela a contribué à réduire les coûts. Nous avons également regroupé les fonctions achats et support logistique, administratives…

Cela a aussi été le cas pour les équipes médicales ? On a regroupé les équipes médicales pour les renforcer et pour mieux répondre aux besoins de la population. Nous avons procédé à des regroupements de services pour créer des pôles forts : comme par exemple créer

lation et nous adapter pour avoir plus de services de médecine : nous avons créé à l’Hôpital Saint-Antoine un Département d’aval des urgences en 2013 puis à l’Hôpital Tenon en 2014. Cela permet de mieux gérer les flux l’urgence et de créer des lits supplémentaires pour avoir une filière mieux organisée et la capacité de les

un pôle autour des pathologies du poumon ou encore

accueillir en post urgence. Cette réorganisation a permis

rassembler la neurologie et la cardiologie.

de raccourcir les délais d’hospitalisation de cette filière, de diminuer les périodes d’hospitalisation sur brancard

Comment les besoins de la population ont évolué ?

au SAU, de diminuer le nombre de transfert hors AP-HP

Sur notre territoire de santé, nous devons nous adapter

Ce dispositif s’inscrit dans l’objectif plus général de

au recours à l’urgence qui est croissant dans la popu-

fluidification de l’aval des urgences qui implique tous

des patients s’adressant aux urgences.

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REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

tout au long du circuit. Depuis 2012 à Tenon, nous avons mis en place dans un bâtiment neuf, un bloc opéra-

13 % capacité d’hospitalisation de l’AP-HP 1 949 lits 9 688 professionnels médicaux et paramédicaux 2 728 personnels médicaux 6 960 personnels non médicaux 17 postes de dialyse 55 fauteuils d’odontologie 175 000 séjours en 2013 dont 55 % en ambulatoire 642 000 consultations externes 157 536 (dont 14 144 urgences gynécologiques)

toire commun de quatorze salles avec une organisation

17 équipes mixtes Inserm-UPMC et une Equipe UPMC

L’hématologie Adultes se développe fortement, mais

passages dans ses services d’accueil des urgences en recherche fondamentale et appliquée

qui nous laisse la possibilité de passer de la chirurgie conventionnelle à la chirurgie ambulatoire. On a la possibilité de jouer sur le nombre de plages horaires allouées à l’ambulatoire. Ce bloc très performant est ainsi utilisé par plusieurs spécialités. Son activité a déjà augmenté mais nous pouvons encore améliorer les organisations pour opérer davantage de patients. Les conseils de bloc opératoire réguliers participent à améliorer le fonctionnement. Un exemple concret : l’équipe de brancardage a participé à la réflexion pour faire en sorte que le patient arrive au bon moment au bloc. Des améliorations ont rapidement été apportées : les brancardiers ont été rapprochés du bloc, le système d’appels et d’anticipation d’appels révisé, les effectifs augmentés…

Quelles sont les activités en forte croissance ? aussi la chirurgie reconstructrice et esthétique, un service créé il y a deux ans, qui propose une reconstruction mammaire aux femmes ayant subi l'ablation d’un

les services de Tenon et les services de gériatrie de Rothschild. Dans une même structure de pôle, on a regroupé les urgences, le premier aval et la prise en charge gériatrique.

Comment répondez-vous aux autres besoins de la population, notamment en cancérologie ? Le groupe hospitalier est reconnu pour ses compétences en termes de prise en charge du cancer. Un de nos axes forts a été la constitution d’une palette de recours en lisible en cancérologie grâce à nos huit centres experts :

croissance importante. Nous développons une activité de préservation de la fertilité : nous offrons la possibilité d'avoir un projet de naissance différé à des malades du cancer grâce à un prélèvement de gamètes.

Comment sortir du lot dans un contexte de concurrence forte ? Nous nous sommes adaptés à cet environnement très concurrentiel, c’est devenu un élément stimulant. Il faut jouer davantage la carte du partenariat que la concurrence pour mieux répondre aux enjeux de la santé.

cancérologie, avec notamment une offre de soins plus

sein. La chirurgie gynécologique connaît également une

Sein, Digestif / Foie, Gynécologie, Thorax, ORL, Urologie, Hématologie et Pédiatrie. La population est demandeuse d'un diagnostic rapide : pour le sein, nous proposons un diagnostic en un jour ; nous allons le mettre en place aussi pour le poumon, la prostate, etc. Il s’agit de proposer des standards de qualité de prise en charge, à la fois des soins de support et des gammes thérapeutiques importantes.

Les patients sont de plus en plus demandeurs de soins en ambulatoire. Comment évolue cette offre en chirurgie ? Dans notre GH, la part de l’ambulatoire en chirurgie est aujourd'hui de 34 %. L’AP-HP vise à réaliser 45 % de ses interventions chirurgicales en ambulatoire d’ici la fin 2019. L’activité ambulatoire est très positive dans un hôpital, car c’est un marqueur de bonne organisation. L’ambulatoire requiert une optimisation de l’organisation avec la mise en place de circuits courts. À l’Hôpital SaintAntoine où nous avons mis en place une unité de chirur-

© Fotolia

HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN

Les chiffres clés

gie ambulatoire, un logiciel trace le parcours du patient

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© Hopital Pitié Salpêtrière

REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

Hôpital Pitié-Salpêtrière - Paris

thoracique, alors nous sommes l’hôpital de recours pour

La prochaine étape consiste-t-elle en un plus grand regroupement ?

cette spécialité. Nous travaillons aussi avec l'hôpital

Personnellement, je pense que le bon périmètre de

Robert Debré sur la prise en charge des jeunes patients

notre organisation serait le périmètre universitaire : c’est

pendant la période d’épidémie hivernale. Nous les ai-

à dire notre GH plus l'hôpital Pitié-Salpêtrière… mais ce

dons à développer leur prise en charge de la douleur

serait un ensemble tellement grand ! Alors est-ce vrai-

grâce à nos experts. Autre exemple, nous travaillons

ment souhaitable ? Je crois qu’il faut continuer à déve-

avec l'hôpital d'Instruction des Armées Bégin avec le-

lopper nos coopérations : faire en sorte que l’on ne soit

quel nous développons des collaborations : pour la prise

pas nous-mêmes en concurrence à l’intérieur de l’AP-HP

en charge des AVC, des avis téléphoniques ou transferts

où il y a par exemple huit services d’urologie. Il s'agit

de patients.

de travailler mieux ensemble pour répartir des plateaux

L'hôpital Pitié-Salpêtrière ne propose pas de chirurgie

On s’inscrit dans une logique de territoire avec le moins de redondance possible. La maternité de Bégin a fermé, alors nous avons ouvert les portes de nos maternités. Il s’agit de proposer des parcours patients lisibles : nous pouvons leur proposer des soins qu’ils n’auront pas à Bégin : curiethérapie de prostate, néphrologie, etc. On essaie d’avoir une coopération qui répond à la stratégie nationale de la santé… sur fond de concurrence.

à l’intérieur de l’AP-HP, au bénéfice de l’organisation et des malades, pour mieux utiliser nos ressources. Nous devons développer la coopération sur notre territoire hors des frontières de notre groupe. Par exemple, nous travaillons à regrouper la fonction Restauration entre le site de Trousseau et celui de Rothschild. L'hôpital Robert Debré pourrait s’agréger à cette opération.

Comment le GH s’articule dans la ville ? On doit améliorer notre lien avec la ville. À terme, nous souhaitons créer des plateformes de services, où en tant que patient on pourrait via internet suivre son parcours,

Personnellement, je pense que le bon périmètre de notre organisation serait le périmètre universitaire : c’est à dire notre GH plus l'hôpital PitiéSalpêtrière… mais ce serait un ensemble tellement grand ! Alors est-ce vraiment souhaitable ?

techniques, des médecins, etc. Faire plus de supra-GH

REMERCIEMENTS Le fait d’avoir constitué des groupes à l’intérieur de l’APHP, permet d’intégrer un territoire sous une seule gouvernance pour mieux organiser l’ensemble. La phase d’après, c’est que les différents GH ne se fassent pas concurrence et essaient de trouver des terrains d’entente. Certes, le mode de financement nous met intrinsèquement en concurrence ; mais nous pouvons trouver des accords. Par exemple, un ESPIC du 12ème nous a demandé de prendre en charge l'anatomopathologie du digestif et de l’urologie.

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REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

accéder au compte rendu rapide, etc. Le compte rendu, c’est un lien important avec la ville, le déploiement du DPI in extenso est un vrai enjeu, le partage est un enjeu essentiel pour des patients poly pathologiques ; les médecins traitants qui ont un bon retour d’information sont satisfaits. À la mi 2016, le DPI devrait être déployé sur l’ensemble du GH.

Comment attirez-vous les bons profils ? C’est un point important car nous sommes confrontés à une démographie difficile sur certains métiers pour assurer la relève de nos postes. Un CHU situé dans Paris est attractif mais il y a de la concurrence. Il y a des spécialités qui connaissent une démographie difficile, comme la chirurgie orthopédique et la rythmologie cardiaque où les praticiens sont attirés par le privé. Nous avons la chance d’avoir une faculté très porteuse : Pierre en France, classée première au classement mondial de Shanghaï. Une des choses importantes est de montrer une démarche collective d’organisation, nous sommes

© Fotolia

et Marie Curie, parmi les universités les plus réputées

devenus un modèle plus attractif par la qualité de son organisation. Nous avons réussi à spécialiser davantage les infirmières de bloc, cela a amélioré l’intérêt du travail dans les blocs. Nous avons plus de succès dans nos recrutements grâce à cette meilleure organisation. En hématologie Adultes, le chef de service est en train de structurer un projet médical très porteur pour le développement de l’hématologie et de la greffe de moelle osseuse.

Où en êtes-vous dans votre démarche de certification ? En juin 2013, la visite de certification V2010 avait relevé quatre réserves relatives à la gestion du dossier du patient, à la prise en charge médicamenteuse, à l’organisation du bloc opératoire et à l’organisation du secteur d’endoscopie. En avril dernier, ces réserves ont été levées et nous avons obtenu notre certification. Trois recommandations sont relatives à la prise en charge du patient en court séjour. Elles portent sur la gestion du dossier patient, l’identification de celui-ci à toutes les étapes ainsi que la prise en charge médicamenteuse de ce dernier. La quatrième est relative à l’organisation du bloc opératoire.

Qu'est-ce qui vous rend fier dans l'élaboration de ce plan stratégique ? Le fait d’avoir constitué les pôles nous a amenés à nous rapprocher des communautés médicales et inversement. Les médecins se sont appropriés les données économiques et nous avons acquis une meilleure connaissance des soins et de leurs difficultés. C'est un changement

Un traitement personnalisé grâce à des plateformes de haute technologie En termes d’offre clinique, le groupe hospitalier souhaite renforcer ses équipements pour permettre une offre complète du diagnostic. Le GH souhaite développer des plateformes de haute technologie. « Le groupe hospitalier parie sur des techniques offrant des perspectives intéressantes en clinique, comme par exemple la spectrométrie de masse », indique Julie Gründlinger, directrice des affaires médicales et de la recherche. Sur la partie Cancer, le développement des diagnostics moléculaires grâce au développement des techniques de séquençage permettra de développer les thérapeutiques personnalisées. Dans la perspective du développement des interactions avec les ESPIC (établissements de santé privés d'intérêt collectif), ces plateformes de haute technologie pourraient bénéficier à l’ensemble du territoire, bien au-delà du GH. Son plan stratégique 2015-2019 priorise les regroupements médico-techniques et des activités de pharmacie hospitalière pour optimiser les ressources. Dans son projet Biologie (lire ci-après), le groupe vise à mieux optimiser ses moyens pour continuer à faire de la biologie universitaire. Sont également prévus le regroupement de l’anatomie pathologique, de la médecine nucléaire adultes à Tenon (TEP, gamma caméra) et le transfert des chambres de radiothérapie métabolique externe à Tenon.

progressif lors des dix dernières années qui facilite la conduite du changement. Être en contact avec les équipes médicales est une chance et une nécessité.

n DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

UN PROJET D’ENVERGURE : LA RÉORGANISATION DES ACTIVITÉS DE BIOLOGIE MÉDICALE

Un projet médical décliné à l’échelle du groupe Site de Trousseau

MAGAZINE – Comment la réorganisation des activités de biologie qui concernait seulement le site de Saint-Antoine s’est-elle imposée à l’échelle du groupe ?

Quelle a été votre méthode pour simplifier cette organisation ?

MICHEL VAUBOURDOLLE − Cette activité se caracté-

aidé à finaliser notre projet de réorganisation. D'un budget

risait par une activité très morcelée avec ses 31 labo-

de 26 millions d’euros, le projet se décompose en plusieurs

ratoires répartis sur quatre sites ! Nous ne pouvions

phases s'achevant en 2019 : en amont, les travaux de re-

pas rester dans une structure dispersée et cloisonnée

groupement des activités de microbiologie sur le site central

comme celle qui prévalait il y a dix ans avant la créa-

de Saint-Antoine prendront fin en 2016. Les activités non

tion du laboratoire multi-sites. Nous avons de plus fortes

urgentes et la biologie de spécialité et de référence (géno-

contraintes immobilières et d’investissement. Au niveau

mique, spectrométrie de masse, etc.) seront rassemblées

des soins, les activités de biologie sont très dispersées

sur un seul et même site central, celui de Saint-Antoine. Le

avec de nombreuses sur-spécialités, jusqu’à quinze im-

site de Trousseau conserve un laboratoire de biologie d’ur-

DH

Entretien avec Dr Michel Vaubourdolle, Chef du pôle de Biologie Médicale et Pathologie

Cette opération, complexe et structurante, repose sur l’adhésion et l’implication des responsables médicaux des structures internes du pôle et sur une réflexion consensuelle. Nous avons fait appel à un prestataire extérieur qui nous a

gence (LBU) et une activité pré et post-analytique en plus

Nous ne pouvions pas rester dans une structure dispersée et cloisonnée comme celle qui prévalait il y a dix ans avant la création du laboratoire multi sites. Nous avons de plus fortes contraintes immobilières et d’investissement.

des activités spécialisées de site, par exemple la génétique ou la biologie de l’allergie en lien avec le centre de l’asthme. À Tenon, seront maintenus également un LBU, une unité pré et post-analytique et des activités spécialisées comme l’AMP ou l’exploration rénale. À Rothschild, un site de biologie de proximité est conservé pour assurer la mission de soins et la qualité des examens au même niveau que les

94

plantations de laboratoires par site et des redondances

autres sites. Pour cela, des activités pré et post-analytiques,

d’activités entre les sites. Il devenait urgent de pallier

ainsi qu’un dispositif de biologie délocalisée ont été mis en

cette complexité organisationnelle devenue une entrave

place avec un technicien sur place. Un pilote unique gère le

à l’accréditation du Laboratoire de Biologie Médical

regroupement dans l’opérationnel. Ce projet est efficient en

(LBM) unique du GH.

terme de ROI et autofinancé en 5 ans seulement.

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

Hôpital de Saint-Antoine Site de Tenon

Pourquoi les activités de biologie n'ont pas été délocalisées ou en partie externalisées ? Nous avions la contrainte de la surface et l'impossibilité de construire. Cependant, il était impensable que ces activités soient délocalisées en dehors de l’hôpital : 70% des diagnostic sont fondés sur la biologie, c’est un pilier essentiel de l’activité clinique ! Il est important de ne pas couper le lien entre les professionnels des diffé-

Hôpital de Rothschild

rentes spécialités. Très impliqués, les biologistes sont en contact avec les cliniciens et les chercheurs hospitalo-universitaires. Une « ré-internalisation » des actes de de nos hôpitaux est également souhaitable pour des rai-

Quels sont les autres maillons importants dans ce projet ?

sons de qualité et d’efficience cumulées. La dimension

La logistique est essentielle : il faut être capable de

Recherche est aussi très importante dans notre groupe

transporter les échantillons dans de bonnes condi-

hospitalier. Par ailleurs, nous avons besoin de dévelop-

tions et dans les délais requis. Nous avons mis en

per des activités de recours dans le cadre régional, terri-

place une navette transversale GH alors qu’aupara-

torial et national. Il est essentiel pour un pôle hospitalo-

vant chaque site gérait indépendamment sa logistique.

universitaire de se doter de plateformes technologiques

L’interopérabilité informatique est aussi très impor-

qui maintiennent notre capacité d’innovation et une bio-

tante : il est impératif d’avoir un seul système de ges-

logie de référence nous permettant de rester compétitif,

tion du laboratoire pour l’ensemble du GH. Nous avons

même par rapport au privé.

comme objectif de le finaliser d’ici à deux ans.

biologie médicale prescrits pour les patients consultants

n

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

95


REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

« LA RECHERCHE

A UNE VERTU STRUCTURANTE DANS L'HÔPITAL »

Promouvoir la culture orientée sur l'équipe pour que tous soient concernés par leur hôpital

Entretien avec Pr Bernard Guidet, Président de la CME et responsable du Service de réanimation médicale de l’hôpital Saint-Antoine

DH MAGAZINE – Vous dites qu'il y a souvent un décalage entre les recommandations et ce qui est concrètement pratiqué en CHU, quelles en sont les causes ?

hospitalier membre de l'AP. La réactivité est essentielle

BERNARD GUIDET − Soit la recommandation est de

sion. Je plaide pour plus d'autonomie et de confiance

mauvaise qualité (par exemple, si elle est sans fonde-

dans la déclinaison du projet, avec comme référents le

ment scientifique ou sous influence d'un lobby), soit ce

directeur du groupe et le président de la CME locale.

sont les personnels (chef de services, médecins, etc.)

Aucun projet ne peut aboutir si le directeur va à l'en-

qui n'adhèrent pas. L'échec d'une recommandation

contre du personnel médical, et inversement. De toute

peut aussi être lié à des facteurs organisationnels. Dans

évidence, c'est une gouvernance médico-administrative.

à la gouvernance, or pour toute prise de décision, il y a une discussion interne, puis au niveau du siège, ensuite à l'ARS et également la mairie de Paris qui peut rentrer dans la discussion : tout cela allonge le temps de déci-

les faits, seul un contrôle continu permet de s'assurer que les recommandations sont bien mises en place.

Comment améliorer et mettre en place ces recommandations ? C'est compliqué, car il y a différents climats et cultures. En matière de management, il y a 3 modèles de cultures : la culture purement procédurale, celle pure-

Il y avait une multitude de projets mais localisés par service, il a fallu regrouper ces parties du puzzle, les comprendre et les synthétiser afin d'établir une feuille de route commune au groupe hospitalier.

ment autoritaire et enfin celle orientée vers les équipes. Il faut promouvoir la culture orientée sur l'équipe, car

faut nécessairement un leader, une culture partagée par

Vous êtes arrivés en même temps avec Pascal De Wilde [directeur du groupe hospitalier], comment fonctionne votre binôme ?

l'équipe et un climat c'est-à-dire qu'il faut une démarche

Assez naturellement, nous nous voyons au moins une

globale qui englobe tous les personnels : du personnel

fois par semaine. Chacun est dans son rôle. Mon filtre,

de nettoyage (un hôpital doit être propre) à l'interne en

c'est d'abord l'offre de soins, sa qualité et la recherche.

médecine, etc. et que toute l'équipe se sente concer-

Je m'intéresse à la cohérence du projet avec le service,

née. Il faut cependant un leader, le directeur d'un CHU

mais aussi s'il a un sens. Il faut être un peu visionnaire,

est un peu un chef d'orchestre : il ne sait pas jouer du

du fait des délais entre la conception du projet et sa

violon comme le violoniste mais doit pouvoir le recadrer

mise en place, il peut s'écouler jusqu'à 5 ans. Ce délai

si sa performance impacte l'orchestre.

est souvent trop long, la discipline concernée peut com-

elle seule permet d'améliorer son efficacité organisationnelle (aptitude au changement, à se former, etc.). Il

plètement changer durant cette période, surtout dans

96

Pouvons-nous évoquer la gouvernance du GH ?

les domaines médico-techniques. Cela représente des

Je n'évoquerai pas la gouvernance de l'AP-HP, si ce n'est

investissements onéreux, ce qui plaide pour des masses

pour souligner l'importance de l'autonomie d'un groupe

critiques plus importantes des groupes hospitaliers.

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

Site de Trousseau

Comment s'est passé la construction du projet médical de l'établissement ?

de faire une radio du thorax « à la demande », et non plus

Il y avait une multitude de projets mais localisés par ser-

artificielle. Cette recommandation a permis une diminu-

vice, il a fallu regrouper ces parties du puzzle, les com-

tion de 35 % des actes de radiologie. Les conclusions de

prendre et les synthétiser afin d'établir une feuille de

cette étude ont été publiées dans The Lancet (en 2009),

route commune au groupe hospitalier. Nous avons tenu

et ont modifié les recommandations au niveau mondial.

notre plan stratégique 2010/2014, incluant des restruc-

La recherche a une vertu structurante dans l'hôpital.

de façon systématique chez les patients sous ventilation

n

turations majeures, ce qui est compliqué (changement des équipes, changement des paramètres financiers, etc.). Nous nous concentrons désormais sur le plan stratégique suivant (2015/2019).

Ce plan vous satisfait-il ? Il reste encore beaucoup à faire, certains projets sont bloqués à l'étape du financement, les circuits d'instruction et de décisions sont très compliqués. Il faut les simplifier. La période est aussi difficile, certains projets cohérents sont bloqués. Je ne défendrais jamais un mauvais dossier, et je me battrai pour les dossiers que je défends mais nous sommes dépendants des arbitrages finaux. Par exemple, nous voulons développer la gériatrie aiguë à Tenon, ce projet a une cohérence médicale.

Pouvez-vous donner un exemple où des études scientifiques ont permis d'amener un changement dans l'organisation ? En 2004, nous avons constaté une grande hétérogénéité du nombre d'actes de radiologie du thorax, facteur variant de 1 à 3 selon les services de réanimation de l'AP-HP. Nous avons alors mis en place un questionnaire

La même qualité de soins pour tous les patients en réanimation à l'Hôpital Saint-Antoine Une étude menée au sein de l'Hôpital Saint-Antoine sur l’épidémiologie et le pronostic des personnes sans domicile fixe admises en réanimation a conclu que ces patients bénéficiaient de la même qualité de soins que les autres patients. Publiée dans la revue Critical Care Medicine, cette grande étude menée sur une période de 12 ans a aussi mis en valeur que le fait d'être précaire allongeait la durée du séjour. « Les hôpitaux qui prennent en charge un grand nombre de précaires sont donc de ce fait "défavorisés" d'un point de vue budgétaire en vertu du système de facturation T2A », a regretté le Pr Bertrand Guidet.

dans les 21 services de réanimation selon la méthode de consensus de Delphi. Nous avons ensuite recommandé

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

LE PLAN STRATÉGIQUE

DU GROUPE HOSPITALIER EST ORIENTÉ SUR LE PARCOURS PATIENT Des usagers associés à la réflexion et à l’élaboration du projet de soins lui éviter d’attendre à l’hôpital. Dans l’unité péri-opératoire gériatrique, un service de soins performant pour la personne âgée opérée (par ex. pour une fracture du col du fémur), l’intérêt est d’hospitaliser en gériatrie et non pas en orthopédie. Cela permet d’offrir aux patients Entretien avec Renaud Pellé, Directeur adjoint & Jean Wils, Chargé des relations avec les usagers et les associations

DH MAGAZINE – Où en êtes-vous dans l'opti-

les compétences d’une équipe pluridisciplinaire formée à la spécificité des soins aux patients âgés dans leur

misation du parcours de soins ?

dimension poly-pathologique. Nous proposons un circuit

RENAUD PELLÉ − Nous avons souhaité orienter notre

différent, le plus adapté possible, qui améliore le délai

plan stratégique 2015-2019 sur la thématique du par-

d’attente et la durée totale du séjour et la qualité des

cours patient. Suite au plan 2010-2014 qui a stabilisé

soins prodigués.

l’offre, le plan en cours consiste à prévoir un accueil des patients de la meilleure qualité possible. Un focus

Comment les usagers sont écoutés ?

particulier est mis sur la prise en charge du cancer et

JEAN WILS − Sur tous les sites, il y a un chargé des

sur le « non programmé » (par ex. la prise en charge

relations avec les usagers, disponible pour les patients

des brûlures chez les enfants, digestives…). Un travail

qui veulent témoigner, demander des renseignements

est porté sur l’accessibilité de nos consultations, nous

ou encore se plaindre. C'est une écoute directe qui est

avons développé des centres d’appels (à Trousseau,

essentielle. Les usagers peuvent aussi contacter per-

Tenon et Saint-Antoine) et proposé une prise de rendez-

sonnellement les Représentants des usagers qui portent

vous professionnalisée. En fonction du type d’appels,

la parole des personnes malades et de leurs proches à la

nous adaptons les délais de rendez-vous. Un numéro de

CRUQPC (Commission des Relations avec les Usagers

téléphone est disponible 24 h / 24 h avec la garantie

et de la Qualité de la Prise en Charge). Il y a aussi, et

d’avoir une prise en charge adaptée.

c’est nouveau à l’AP-HP, des questionnaires de satisfaction en ligne dont les résultats sont directement dispo-

Quels points ont déjà été améliorés ?

nibles pour les Pôles et les Services.

R.P. − Nous avons travaillé sur le délai d’attente pour rendre fluide la prise en charge. Le DAU (Département

98

d’Aval des Urgences) est une structure intermédiaire qui

Quelle place est donnée aux usagers dans la redéfinition de l’organisation ?

intervient en amont des urgences pour éviter l’engorge-

R.P. − Pour la définition de notre plan stratégique, les

ment au niveau du service d’accueil des urgences. Pour

Représentants des Usagers sont associés à la réflexion

la prise en charge des urgences orthopédiques, si il n’y

et à l’élaboration du projet de soins. Ils sont aussi asso-

a pas d’urgence absolue alors le patient est convoqué

ciés aux travaux d’autres comités, comme le Comité de

le lendemain pour une intervention en ambulatoire pour

lutte contre les infections nosocomiales (CLIN).

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


REPORTAGE DH : HÔPITAUX UNIVERSITAIRES EST PARISIEN (AP-HP)

J.W. − Nous avons mis en place une politique de droits des usagers sur l’ensemble du GH en déterminant des axes de travail sur des points clés : notamment l’utilisation des réclamations comme un des indicateurs de qualité, mieux informer les professionnels et les usagers sur les droits des patients mais aussi établir des partenariats avec les Représentants des usagers dans de nombreux comités (Coviris, CLAN, Comité éthique…) ou Commissions (CSIMRT…). Les Représentants des Usagers ont été invités à la CMEL où ils ont souligné les thématiques qui leur paraissent prioritaires : améliorer la rapidité de communication du compte-rendu d’hospitalisation ou encore optimiser l’information liée aux soins. Les Représentants des Usagers sont invités à travailler sur le parcours patient. Ils vont contribuer à la mise en place des « patients traceurs », ce qui permettra d'évaluer la qualité de l'ensemble du parcours. R.P. − Les Représentants des Usagers sont invités au

Sur tous les sites, il y a un chargé des relations avec les usagers, disponible pour les patients qui veulent témoigner, demander des renseignements ou encore se plaindre. C'est une écoute directe qui est essentielle.

comité Vigilance et Risques où sont évoqués tous les événements indésirables, graves ou non. Il y a une construction commune au sein de l’établissement. L’analyse des cas indésirables se fait de façon transparente. Pour éviter que les incidents ne soient cachés, nous ne véhiculons pas une culture punitive : une erreur n’est pas une faute.

Quels changements avez-vous observés ? J.W. − Le visionnage de ce film permet à toutes les équipes de réfléchir ensemble sur la thématique du signalement. Un dialogue s’est instauré. L'équipe de Gestion des Risques qui traite les événements indésirables est en lien avec des correspondants qui reçoivent les

Est-ce que pour vous l’hôpital a les moyens de

fiches. La récurrence d'événements indésirables (EI) est

maîtriser les risques ?

croisée avec les réclamations, ce qui permet d’avoir une

J.W. − Ce n’est pas seulement une question de moyens

meilleure visibilité sur les difficultés des services. Ceci a

mais également de culture. Développer une culture du

permis par, exemple à Rothschild, d’identifier les chutes

risque, c'est intégrer la notion de risque à la notion de

comme un réel problème en raison du nombre d’EI alors

soin. Il y a un certain nombre de risques : un médica-

qu’il n’y avait pas de réclamation à ce sujet. Par ailleurs,

ment a des effets bénéfiques mais aussi des effets

des procédures sont mises en place pour introduire des

indésirables. Il ne faut pas cacher les risques, qui sont

contrôles systématiques, par exemple sur la délivrance

différents selon la pathologie, l’âge, etc. cela fait partie

des médicaments.

de l’information des patients. R.P. − Le projet de la sécurisation de la prise en charge du R.P. − Au cours d'une campagne au sein du GH, nos

médicament est porté par le directeur du GH ; le person-

personnels ont visionné le film « Que reste-t-il de nos

nel infirmier a été formé au calcul de dose pour s’assurer

erreurs » qui retrace trois cas d’erreur en pédiatrie avec

que l’administration du médicament est bien maîtrisée. À

des conséquences graves. Il s'agit de faire travailler

l’issue de cette vérification, un plan de formation pour tous

l’équipe dans laquelle s’est produite l’erreur et non pas

a été organisé, les chariots qui n’étaient plus aux normes

de stigmatiser une personne, afin d'avoir une vision sys-

remplacés, etc. Nous encourageons la réévaluation de

témique et non pas personnelle.

façon régulière des compétences des personnels.

n

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

99


Photos fournies par le centre hospitalier de Béziers

Les chiffres clés • Budget d'exploitation : 189 millions d'euros • Investissement : près de 90 millions d'euros prévus sur 5 ans Le Groupe Hospitalier représente : • 2500 professionnels médicaux et paramédicaux • 250 médecins • Nombre de lits et places MCO, SSR, Psychaitrie : 684 • Nombre de lits d'hébergement : 353 lits et 15 places

100

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


REPORTAGE

Le

Centre Hospitalier

Un hôpital porté par sa croissance et sa dynamique managériale Placé au 4ème rang des établissements du LanguedocRoussillon (le 5ème de la future grande région après les 3 CHU et le CH de Perpignan), le Centre Hospitalier de Béziers (CHB) est l'hôpital de référence d'un bassin de santé de plus de 280 000 habitants. En forte croissance depuis son ouverture en 1995, l'hôpital qui fête ses vingt ans affiche une situation financière maîtrisée et saine. Le CHB place l’innovation au cœur du management tant dans la méthodologie de construction du projet d’établissement que dans sa recomposition architecturale centrée sur les parcours. Porté par un pilotage managérial volontariste, le projet d’établissement (2013-2017) est le résultat d'une

© CH de Béziers

de

Béziers

dynamique participative interne. Sa version finale propose six axes stratégiques : le développement de l’offre de soins, le maillage territorial, l'organisation des parcours de soins, la politique de qualité et d’évaluation, la gestion des ressources humaines et des fonctions support. Dans quelques années, cet établissement achèvera sa mutation, en passant d'un établissement organisé selon des activités à un hôpital proposant des parcours de patients, au sein et en dehors de l'hôpital. Dans le bassin Ouest-Hérault, marqué par des problématiques socio-économiques, cet établissement ouvert sur son territoire joue un rôle majeur dans l'accès aux dispositifs de soins. DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

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DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

L’ENJEU D’UN PROJET

D’ÉTABLISSEMENT EST AUSSI MANAGÉRIAL Construire un projet fédérateur qui va au-delà d’un projet médical

" Il s'agit de mettre les professionnels en situation de partager un diagnostic et de proposer des évolutions. Le changement n’est pas imposé et, au final, ce sont eux qui le proposent et le portent".

ENTRETIEN AVEC

Marie-Agnès Ulrich Directrice générale

La directrice du centre hospitalier de Béziers, Marie-

tale et constitue un vrai sujet de management en don-

Agnès Ulrich, dirige l’établissement depuis six ans.

nant du sens à l'action.

Celle qui a précédemment accompagné le changement durant 13 ans au CHU de Grenoble avec un projet d’éta-

Comment avez-vous procédé ?

blissement ambitieux, avait déjà réalisé l’importance de

Pour réussir un projet et sa mise en œuvre, les équipes

la démarche managériale dans l’élaboration même du

dans leur diversité professionnelle doivent y participer.

projet d’établissement pour emmener des équipes vers

Construire un projet d'établissement ne doit pas être un

un horizon commun.

exercice réglementaire imposé, mais un projet fédérateur qui va au-delà du projet médical. Élaborer le projet

DH MAGAZINE – Qu’est-ce qui fait la force du

d’établissement de façon transversale sans scinder sa

centre hospitalier de Béziers ?

construction en projet médical, projet de soins, projet de

MARIE-AGNÈS ULRICH − Notre établissement est un

gestion… permet de mieux appréhender le fonctionne-

hôpital qui est en croissance depuis une vingtaine d’an-

ment global de l’hôpital et pour les professionnels d’ap-

nées, ce qui lui permet d'afficher une bonne maîtrise

procher les problématiques des autres pôles et directions.

budgétaire... La construction du projet d’établissement

Ainsi, les médecins, les cadres soignants, administra-

2013-2017 a renforcé la dynamique managériale des

tifs ont travaillé sur trois études de cas dont un patient

équipes du CHB.

complexe. Cela a permis de traduire dans « la vraie vie hospitalière », de façon très pragmatique, son parcours et

Quel a été l’enjeu majeur de ce projet d’établissement ?

de répondre de façon transversale comment l’améliorer.

Nous savions très tôt que l’enjeu principal était la défi-

avec toutes les étapes (accueil −> bureau des entrées −>

nition de parcours des patients plus efficients : celui du

secrétariat −> consultation −> secrétariat puis paiement)

patient âgé fragile, du patient programmé, du patient

proche d'un parcours du combattant !

complexe, etc. Cela passe par une réflexion profonde

La démarche du projet d’établissement a permis, en elle-

sur toute l’organisation et des évolutions importantes.

même, de développer dans nos équipes la culture par pro-

La démarche du projet d’établissement est fondamen-

jet et renforcé leurs compétences en la matière.

Autre illustration, le parcours du consultant s'est révélé

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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Pouvoir s’appuyer sur les biologistes médicaux évaluateurs ! L’ensemble des laboratoires de biologie médicale (LBM) devra être accrédité, au moins partiellement, par le Comité Français d’Accréditation (Cofrac) d’ici le mois d’octobre 2016. L’accréditation est fondée sur une évaluation des pratiques des LBM par les pairs, c’est-à-dire par les biologistes médicaux euxmêmes. En facilitant les initiatives individuelles des biologistes médicaux désireux de devenir évaluateur, vous favoriserez : • la démarche d’amélioration du LBM, en profitant de l’échange d’expérience entre biologistes médicaux au cours des évaluations dans des laboratoires publics et privés de modes d’organisation très variés, • l’évaluation des LBM hospitaliers par des équipes comportant au moins un évaluateur hospitalier au fait des spécificités d’organisation et d’activité à l’hôpital, • l’optimisation du système d’accréditation par une participation directe aux différents processus. La formation initiale/continue des biologistes médicaux évaluateurs est reconnue au titre des obligations de formation continue (DPC). Une brochure est à votre disposition sur le site Internet du Cofrac et détaille notamment les conditions d’exercice de l’activité d’évaluateur établies en lien avec la DGOS : • pour les praticiens hospitaliers exerçant à temps plein, les missions d’évaluation peuvent entrer dans le cadre du cumul autorisé (pendant les congés, RTT ou jours de récupération) ou peuvent entrer dans le cadre des activités d’intérêt général, • pour les praticiens hospitaliers et praticiens attachés exerçant à temps partiel, les missions d’évaluation se dérouleront en dehors du temps de travail hospitalier. Renseignements auprès de Magali Théraud, Responsable de l’Unité Support et Evaluateurs - +33 (0)1 44 68 42 84 – magali.theraud@cofrac.fr

104

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


C'est un processus long... La phase de diagnostic requiert du temps mais apporte beaucoup de pertinence et de légitimité à la suite. Très

© CH de Béziers

REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

concrètement, nous avons commencé par faire un diagnostic sans concessions sur tous les points et avec toutes les catégories d’acteurs. Chacune devait travailler sur les matrices Forces Faiblesses Opportunités Menaces de son domaine d’activité, cela a permis de valoriser les forces et d’impliquer les personnes dans le projet. De ce diagnostic partagé lors d’un séminaire, le Comité de pilotage a ensuite identifié 13 enjeux et mis en place 13 ateliers pluri professionnels animés par des binômes médecin-cadre soignant ou directeur-cadre, formés à l’animation et pourvus d'une lettre de mission. Nous avons consulté l’ensemble des instances à toutes les étapes-clés de validation. Les six axes stratégiques du PE 2013-2017 se déclinent en 28 projets à mettre en œuvre dans les cinq ans. Le projet 2013-2017 a été élaboré pendant toute une année, en interne mais aussi en associant aussi des partenaires à l'extérieur de l'hôpital : des médecins de ville, le Réseau de Santé Béziers Méditerranée et d'autres établissements du territoire Ouest-Hérault. Ce projet d’établissement n’est pas dans

L'accroissement et la création d'activités se sont accompagnés d'une politique RH de promotion professionnelle forte et ancienne.

l’exhaustivité, de toute l’activité mais dans la définition des évolutions majeures.

À quels changements prioritaires allez-vous procéder ? Les évolutions majeures concernent l’amélioration du parcours non programmé (projet urgences réanimation en regroupant urgences adultes et pédiatriques), parcours programmé avec la programmation architecturale d’un plateau de consultations unique et la fusion des métiers (accueil, bureau des entrées, secrétariat).

Comment gérez-vous les ressources humaines ? L'accroissement et la création d'activités se sont accompagnés d'une politique RH de promotion professionnelle forte et ancienne (ex. un ASH pouvant devenir infirmier) ou des parcours de promotion interne pour des soignants qui veulent devenir cadre. L’attractivité est parfois un problème, ne serait-ce que par les différences salariales entre public et privé. L'hôpital public peut alors faire la différence par les conditions d'exercice, la forma-

Il s'agit de remettre de la cohérence dans l’architecture

tion et son savoir-faire : en 20 ans, nous avons créé plus

avec le schéma directeur immobilier. Les consultations

de 60 postes médicaux et 800 postes non médicaux, liés

seront gérées avec des box génériques qui seront affec-

au développement de l'offre.

tés par plages horaires et non plus des espaces mobilisés pour une seule et unique spécialité. Globalement, l'espace hospitalier se dessinera plus en

Pâtissez-vous de la concurrence du privé pour recruter des chirurgiens ?

fonction de l’utilisation de plateaux communs et moins

Oui dans certaines spécialités comme l’ophtalmologie,

en fonction des disciplines. La redéfinition des pôles

mais globalement nous arrivons à recruter, aussi parce

a fait émerger un pôle médico-chirurgical pour la prise

que nous avons un plateau opératoire récent, avec des

en charge des sujets complexes et la mise en place de

équipements de qualité, géré par le bureau du bloc.

consultations pluridisciplinaires d’opérabilité des patients fragiles.

Quelles ont été vos difficultés dans la construction de votre projet d'établissement ?

Où en êtes-vous dans la modernisation de votre système d'information ? Nous avons structuré un schéma directeur du SI. Le premier dossier patient informatisé (DPI) a été mis en service en 2006, nous avons depuis généralisé l’infor-

aux changements, l’adhésion ayant été forte, mais aux

matisation avec la prescription médicamenteuse, puis

contraintes liées à l’espace et à la planification dans le

informatisé l’imagerie, le laboratoire… Nous avons en-

temps des réalisations. Le taux d’occupation des unités

core de nombreux chantiers d’informatisation, car il y a

atteint 90%. Il faut rééquilibrer entre les spécialités pour

encore beaucoup de dossier papier : notre objectif est le

atténuer les écarts, avoir plutôt moins de lits dédiés à la

DPI complet et zéro papier ! Les fiches de consultation

chirurgie et plus à la médecine. Nous sommes en train de

seront toutes dématérialisées, comme nous venons de

réévaluer les capacités entre les différentes spécialités.

le faire en orthopédie.

Elles n’ont pas été liées à l’opposition des personnes

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

Il est tout aussi important que les acteurs sachent qu'ils ont le droit à l'erreur dans les projets envisagés ou dans la conduite de ceux-ci. Je suis également attachée à la communication et à la transparence : un calendrier détaillé des projets est partagé pour l’ensemble des agents, sur intranet avec tous les comptes-rendus, les calendriers disponibles… Notre difficulté, dans l’appropriation des enjeux, c'est d'arriver jusqu’au professionnel de terrain. C’est notre challenge le plus complexe avec l'appui des cadres. Nous avons mis en place un « Festival Qualité » avec des prix qui mettent en valeur le travail d’une équipe. Un événement comme la célébration des 20 ans de l'hôpital a constitué une opportunité de dire à tous les agents et

En quoi la télémédecine constitue-t-elle une priorité sur votre territoire ?

de montrer que le succès, c’est eux, au quotidien.

Il existe des difficultés d’accès à l'offre de soins dans

Quel est votre challenge pour demain ?

l'arrière-pays car les praticiens se situent le long du litto-

Cultiver une vision prospective de l’hôpital. Ne pas

ral. Les Hauts Cantons perdent leurs médecins : la télé-

s’endormir « sur ses lauriers », continuer à avancer et

médecine peut permettre de traiter à distance. Ainsi, le

à moderniser l’établissement. Je trouvais qu'il manquait

Pôle de Psychiatrie a développé des consultations de

une vision évolutive sur le plan architectural, s’adaptant

télémédecine qui fonctionnent bien.

aux enjeux de prise en charge. Le travail de construction

Le centre hospitalier gère la santé dans la prison de

du projet a permis à l’ensemble des acteurs de se proje-

Béziers avec une unité sanitaire composée de six mé-

ter ensemble et de penser leur établissement de santé

decins et d'une trentaine de professionnels de santé.

de demain.

Grâce à la télémédecine pour l'anesthésie, le détenu ne se déplace qu’une seule fois au CHB pour l'intervention, c'est plus simple et plus sûr.

Où en êtes-vous dans votre démarche de certification ? Nous avons reçu la visite de certification V 2014 en

Qu'est-ce qui fait votre fierté ?

février dernier, parmi les tout premiers établissements.

Je suis heureuse de notre engagement vis-à-vis de la

Cette nouvelle version très exigeante met en œuvre de

population précaire et l’accès de tous les patients à des

nouveaux outils : patient traceur, compte qualité, ap-

soins de qualité est une mission de service public. C’est notre ciment ici. Mais les acteurs ont également une culture médico-économique ! Notre bonne santé financière est liée à la rigueur de nos cadres, des médecins, de nos équipes. Un équilibre interne n’est pas le succès des seuls directeurs mais aussi celui des médecins, des cadres soignants, administratifs, techniques... Le CHB a été volontaire dans la certification des comptes car cela nous donnait une longueur d’avance. Les administratifs sont très investis dans la qualité (certification des archives, de la blanchisserie, de

proche processus et élève le niveau d’attente. La visite s’est en grande partie déroulée sur le terrain et a pris en compte le regard du patient. Nous venons de répondre au rapport de visite et attendons notre rapport définitif d’ici la fin d’année. La qualité, c’est aussi l’efficience : candidat à l’expérimentation 2014-2015 de l’Incitation Financière à l’Amélioration de la Qualité (IFAQ), le Centre Hospitalier de Béziers s’est vu attribuer un financement exceptionnel de 240 000 € au vu du niveau des résultats obtenus aux indicateurs l’année dernière et des progrès réalisés. n

la cellule des marchés…), la qualité va au-delà de la qualité des soins, qui reste naturellement la priorité.

Quel est votre style de direction ? Je suis attachée à l’approche managériale dans tous les domaines : la démarche des ateliers a clairement montré qu'on obtient une plus forte adhésion des acteurs aux évolutions parfois fortement restructurantes quand nous permettons aux cadres et aux médecins de devenir les acteurs du changement. Le directeur n’est pas celui qui décide seul et qui dit ce qu’il faut faire. Le diagnostic commun est essentiel, car il responsabilise les acteurs.

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Nous avons mis en place un « Festival Qualité » avec des prix qui mettent en valeur le travail d’une équipe. Un événement comme la célébration des 20 ans de l'hôpital a constitué une opportunité de dire à tous les agents et de montrer que le succès, c’est eux, au quotidien.


REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

UN PLAN DIRECTEUR IMMOBILIER

QUI S'EST CONSTRUIT SUR LA LOGIQUE DES PARCOURS Des flux patients bien délimités et un plateau unique de consultation " Il faut avoir une vision utilisateur pour bien aménager un hôpital. Les options architecturales sont directement liées à la logique de flux ", affirme Bruno Oble, en charge du PDI.

DH MAGAZINE – Quels sont les objectifs de votre plan directeur immobilier (PDI) ? Le centre hospitalier de Béziers a adapté son architecture à son projet d’établissement. Ainsi, les parcours Le plan directeur immobilier redessine l'hôpital avec comme principaux objectifs de faciliter les complémentarités en rapprochant les activités proches, de moder-

© CH de Béziers

patients constituent le cœur des projets architecturaux.

niser les locaux et de créer des surfaces en adéquation avec les parcours. Nous étions confrontés à des croisements inappropriés de flux. L'objectif fonctionnel était de clarifier les flux en les dédiant et en les spécialisant. La fluidité et la cohérence architecturales se lisent selon les parcours. Par exemple, nous avons séparé les flux de patients entre « patients programmés » et « patients non programmés ». Nous avons délimité les flux logistiques et techniques (pharmacie, restauration, blanchisserie) pour les contenir dans une zone spécifique. Les patients ne croiseront plus de camions à l'entrée de l'établissement ! En 2017, le flux sortant des repas sortira du site grâce à la création d'une cuisine centrale qui sera en mesure de délivrer jusqu’à 1,3 million de repas par an.

au service des Urgences et l'hélistation desservira directement les unités de soins intensifs et la salle de déchoquage des urgences. Le poids croissant de l’activité des Urgences (60 000 passages/

Entretien avec Bruno Oble, directeur des Services Techniques

an) ne doit pas empêcher un développement de l’activité

programmée,

notam-

Les travaux en chiffres

ment chirurgicale. Un plateau de

consultation

polyvalent,

mutualisé et banalisé permettra une souplesse d’uti-

Urgences Réanimation : 7 300 m2 de construction supplémentaire et 9 200 m2 de surface réaménagée −> Coût travaux : 13 M e H.T. 33 mois de travaux

lisation et de développer la part de l'ambulatoire. Cela nécessite de dissocier les

Quel sera le nouveau visage de l'hôpital de Béziers ?

parcours et de les organiser

Nous avons planifié la construction de nouvelles Ur-

recomposition architecturale

gences-Réanimation (livraison mi-2016 pour la réanima-

est basée sur la redistribu-

tion et mi-2017 pour les urgences) le rapprochement

tion des activités par étage :

de l'Unité de Soins Intensifs Cardiologiques (USIC) et

le niveau -1 sera dédié aux

de l'Unité de Soins Intensifs Neurologiques (USIN), la

Urgences et soins critiques,

création d'un pôle administratif (début 2018) et d'un

le niveau 0 à l'ambulatoire

hôpital de jour (mi-2017). Comme l'unité des Urgences

et les niveaux 1, 2 et 3 aux

est pourvoyeuse de 80 % des soins intensifs, les deux

hospitalisations.

de façon différente. Ainsi, la

Aménagement de l'hôpital de jour −> Coût travaux : 1,5 M e H.T. Neuro-Cardio et tertiaire −> 6,2 M e (démarrage début 2017 et livraison mi-2019)

Cuisine centrale −> Coût travaux & études : 6,4 M e (livraison deuxième trimestre 2017)

unités USIC et USIN seront regroupées et superposées

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© TLR Architectes & Associés

REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

Comment avez-vous organisé la prise en charge du patient ambulatoire? Au niveau 0, le hall de l'hôpital a totalement été repensé

© CH de Béziers

Perspective du service des urgences, filière courte

et rend visible la dissociation des flux. En ambulatoire, nous avons intégré l’ensemble de la prise en charge du patient dans un espace architectural rationnalisé depuis la prise de rendez-vous du patient jusqu'à jusqu’à la facturation. Ce plateau unique de consultations évitera les encombrements et limitera l'attente des patients. Une bonne prise en charge des patients dans l'hôpital traduit aussi la performance de l’organisation architecturale ! Cette réorganisation permettra d'accueillir jusqu'à 135 000 consultants par an contre 90 000 aujourd'hui.

Dans l'élaboration du plan directeur immobilier, avez-vous rencontré des contraintes liées à l'existant ?

Débuté en janvier 2015, la construction du nouveau bâtiment des Urgences s'achèvera fin 2016

Cet établissement a été très bien conçu architecturalement avec des symétries parfaites. Sa structure en X nous permet beaucoup de souplesse dans l'aménagement car nous pouvons intervertir des services ou encore faire des extensions. Les contraintes concernent plutôt la réalisation des différents chantiers en parallèle des soins et la cohabitation de plusieurs flux (Samu, Pompiers, liaisons héliportées, etc.) sans aucune diminution capacitaire.

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L'objectif fonctionnel était de clarifier les flux en les dédiant et en les spécialisant. La fluidité et la cohérence architecturales se lisent selon les parcours. Nous avons délimité les flux logistiques et techniques (pharmacie, restauration, blanchisserie) pour les contenir dans une zone spécifique.


REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

LE PÔLE PSYCHIATRIE,

PORTEUR D'INNOVATIONS AU CENTRE HOSPITALIER

Un service pleinement ouvert sur son environnement Le CHB possède une importante activité psychiatrique avec une équipe pionnière dans plusieurs domaines. Ce pôle innovant a été le premier à mettre en place la prescription informatisée et les consultations de télémédecine.

DH MAGAZINE – Quelles sont les premières réalisations du projet d'établissement ? SERGE FOURSANS − La télémédecine a pu démarrer dès février 2014 avec les consultations de psychiatrie à distance. Cela correspondait à un besoin important, avec une population située sur les hauts cantons que nous n’arrivions pas à couvrir suffisamment et la volonté de trouver de nouveaux moyens pour toucher une nouvelle population qui est éloignée du centre hospitalier. Nous nous sommes appuyés sur des expériences extrarégionales, menées notamment en Bretagne et en région parisienne. NICOLAS GEISSMANN − Une trentaine de patients différents ont pu consulter en télé psychiatrie ce qui a amélioré le rythme des soins médicaux. On la pratique pour des patients déjà rencontrés qui ont donné leur accord en face à face et pour lesquels des adaptations de traitements sont nécessaires. Cela leur permet d’avoir des rendez-vous beaucoup plus rapprochés et un suivi beaucoup plus facile.

Comment se passe une séance de télé-psychiatrie ?

Le projet de télé psychiatrie va-t-il ouvrir la voie à d’autres disciplines ? S.F. − Le déploiement de la télé-psychiatrie s'inscrit dans un projet plus global. La psychiatrie fait des expérimentations et ensuite cela est censé s’étendre à d’autres disciplines : la dermatologie, la chirurgie vasculaire, la cardiologie. On a défini des thématiques prio-

Entretien avec Serge Foursans, Directeur de la Stratégie et des Affaires Médicales & Dr Nicolas Geissmann, Chef du Pôle de Psychiatrie

ritaires comme les plaies complexes, la psychiatrie, la gériatrie, les maladies chroniques, toute validées en interne et par l’ARS. Et tous les plans d’action seront réalisés d’ici la fin de l’année. C’est un projet ambitieux mais réaliste. N.G. − Pour le parcours du patient, cela permet de se situer sur la trajectoire globale du malade. Je ne conçois pas le pôle de Psychiatrie en dehors des autres pôles de l’hôpital, car nous sommes proches des collègues urgentistes, des autres spécialistes.

N.G. − Un infirmier de secteur va chercher le patient à S.F. − Cela crée une émulation entre les disciplines, du

connecte au système de téléconsultation. À Béziers, le

partage, de l’innovation. Il y a une légitimité de la part

médecin fait de même de son côté en se connectant au

d'autres disciplines qui met en confiance pour continuer

système. Nous avons essayé de mettre le maximum de

à oser. Le pôle de Psychiatrie est un terreau particuliè-

convivialité. Le patient est avec un infirmier qu’il connaît,

rement fertile et s'inspire de ses collègues sur certains

il n’est pas seul dans une salle. Les moyens techniques

aspects.

son domicile, l'installe dans la salle de télémédecine, le

utilisés sont très discrets.

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© Fotolia

REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

À quoi est liée cette culture de l'innovation ? S.F. − La méthodologie est au service de l’innovation. Cela relève aussi d’une démarche institutionnelle, avec des équipes médicales et de direction qui ont toujours été dans l’anticipation. Cela est porté par le top management, renforcé par Madame Ulrich et sa conception

L'innovation repose sur la capacité à remettre en question l’outil. Elle est liée à une conjonction de plusieurs facteurs : des nouveaux arrivants avec un regard neuf et partageant une vision plus progressiste de la psychiatrie.

du changement, la démarche projet qu’elle a disséminé dans tous les secteurs d’activité. Béziers ne pouvait pas vivre à l’ombre du CHU de Montpellier : les médecins devaient montrer à quel point ils étaient utiles pour la population. C'est devenu un hôpital de service public, d’accès de tous aux soins. Notre hôpital cultive aussi une pratique d’excellence et nos équipes sont reconnues pour leur expertise. N.G. − L'innovation repose sur la capacité à remettre en question l’outil. Elle est liée à une conjonction de plusieurs facteurs : des nouveaux arrivants avec un regard

Pouvez-vous donner des exemples montrant votre capacité à anticiper ? S.F. − C’est un hôpital qui est très ouvert sur son environnement et qui ne s'est jamais enfermé dans une tour d’ivoire. Nous avons anticipé des textes de lois avant que les dispositions ne deviennent obligatoires. Par exemple, nous avions travaillé avec les bâtonniers pour les audiences des patients hospitalisés sans leur consentement, car en 2010, il était prévu que les patients soient amenés au tribunal. Nous avons expliqué que ce serait

neuf et partageant une vision plus progressiste de la

mieux d'éviter que ces malades se déplacent dans leur

psychiatrie. Aussi, la direction nous a encouragés en

intérêt. Nous conseillons aussi les magistrats sur leur fa-

investissant dans de nouveaux locaux, ce qui nous a per-

çon de s’adresser au patient. Nous avions aussi anticipé

mis de revoir les protocoles. La population change, il est

la réforme de la loi relative aux soins psychiatriques en

très important de laisser la porte ouverte à la modernité.

dématérialisant, le plus possible, les documents relatifs

Nous bénéficions aussi d'un énorme travail de collabo-

aux parcours de soins sans consentement.

ration et de partenariat avec d’autres professionnels du territoire.

N.G. − Autre exemple, nous sommes en train de repenser le fonctionnement des hôpitaux de jour. Nous inversons le paradigme en créant les groupes à partir des patients et non pas l’inverse, pour éviter de se retrouver avec des groupes qui ne correspondant pas forcément aux patients.

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REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

L'ENCADREMENT A JOUÉ UN RÔLE-CLÉ DANS LA MISE EN PLACE DES PROJETS Un collectif de cadres générateur de solutions « Les cadres sont souvent commanditaires d'audits pour évaluer les pratiques et faire des ajustements au niveau organisationnel. »

DH MAGAZINE – Quel rôle a joué l'encadrement dans la construction du projet médical d'établissement ? GÉRARD SECALL − L'originalité de cette construction réside dans la forte mobilisation des équipes. La Direction des Soins a impliqué les cadres dans l’émergence et dans la mise en œuvre des projets. Cette démarche fédératrice

Qu'est-ce qui vous a donné le plus de satisfaction ?

a permis de décloisonner et de décliner des grands axes

G.S. − C'est d'avoir donné un espace de parole aux

qui ne soient pas seulement médicaux, soignants, mais

équipes qui ont su démontrer qu’en s’appuyant sur leur

également des activités logistiques, sociales, etc. Notre

vraie vision de l'activité, elles sont génératrices de propo-

idée était d'arriver à délimiter des grands parcours-pa-

sitions. L'encadrement de santé a pris dès le début une

tients, une organisation qui ne soit pas catégorielle.

place importante dans la mobilisation des équipes. Tous

Entretien avec Gérard Secall, Directeur des Soins & Delphine Ramajo, Cadre supérieure de santé

les 15 jours, 60 cadres soignants se réunissent, s'inforDELPHINE RAMAJO − La plus-value de ce projet est

ment, partagent leurs expériences et abordent leurs diffi-

d'avoir pris le parcours patient dans sa globalité. Nous

cultés. Cet espace de communication fonctionne bien et

voulions dès le départ élaborer non pas uniquement un

a créé un véritable collectif générateur de solutions.

projet médical mais un projet d'établissement qui soit coconstruit par toutes les catégories professionnelles com-

Les cadres de santé sont-ils accompagnés ?

posant l'hôpital.

G.S. − Nous avons un bon taux d'encadrement avec des cadres compétents et autonomes dans leur pôle d'activi-

Combien de personnes ce processus a-t-il concerné ?

tés. Ceux qui ont besoin d'accompagnement sont formés.

G.S. − Environ 250 personnes, c’est-à-dire tous les acteurs

L'encadrement joue aussi un rôle-clé dans la santé bud-

en responsabilité dans notre hôpital : praticiens et cadres,

gétaire de l'établissement. Ils ont bien conscience de la

qu’ils soient soignants, administratifs, techniques, médico-

dimension médico-économique. Comme nous sommes

techniques. Ils ont participé à deux séminaires interactifs

dans un système non punitif, les personnels sont plus

aux étapes-clé, et à des ateliers de travail pluri-profession-

enclins à s'améliorer et cultivent une vraie culture de la

nels autour d'une question entre les deux séminaires. Ces

qualité. Nos cadres sont souvent commanditaires d'au-

ateliers permettaient dans un premier temps de construire

dits pour évaluer les pratiques et faire des ajustements

de façon transversale et de mettre en responsabilité les

au niveau organisationnel.

Nous les sollicitons pour qu'ils expriment leurs difficultés.

professionnels dans les propositions. Dans un second temps, ils ont pu formuler six axes stratégiques constituant la structure du projet 2013-2017 du CHB.

Est-ce facile d'être cadre supérieure au sein de votre organisation ? D.R. − En tant que cadre, on peut très vite s'éloigner de

Pouvez-vous donner un exemple de réalisation ?

notre cœur de métier. Il est essentiel de rester dans un

D.R. − Nous avons travaillé sur la mise en place d'un hôpi-

encadrement de proximité. Il y a des apprentissages mul-

tal de jour. Nous avons imaginé un espace au niveau 0 qui

tiples : une nouvelle culture à s'approprier, apprendre à tra-

prendrait en charge des patients de différentes disciplines :

vailler en binôme ou en trinôme, à préparer des tableaux

à la fois des patients en cancérologie, en médecine et en

de bord, etc. Nous sommes vraiment accompagnés par

gériatrie. Cette simplification est destinée à fluidifier le

la direction des Soins dans ce cheminement. L'enjeu

parcours patient et à faire travailler oncologie et gériatrie

véritable est que chacun trouve sa place au sein du pôle

ensemble. Cela permet de décloisonner les spécialités.

d'activités pour faire appliquer la politique de soins.

n

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REPORTAGE DH : CH DE BÉZIERS (HÉRAULT)

NOUS AVONS UNE CULTURE

MÉDICO-ÉCONOMIQUE BIEN PARTAGÉE AU SEIN DE L'ÉTABLISSEMENT Un hôpital bien géré grâce à des acteurs impliqués

j'ai en matière de gestion des risques m'aide beaucoup dans ma fonction de présidente de CME. Notre cartographie des risques a été réévaluée cette année.

Entretien avec Dr Claire Gatecel, Présidente de la CME

DH MAGAZINE – Qu'est-ce qui a permis la réus-

Qu'est-ce qu'il reste à faire pour améliorer la prise en charge du patient ?

site de ce projet d'établissement ?

Nous travaillons sur les aspects architecturaux pour ré-

CLAIRE GATECEL − Notre premier atout est la bonne

pondre aux objectifs du nouveau projet d'établissement.

santé de l'établissement. Nous avons une culture médico-

Nous améliorons la gestion des interfaces de décloison-

économique relativement bien partagée au sein de l'éta-

nement : le groupe de travail sur la prise en charge du

blissement. Deuxièmement, le CHB connaît une crois-

patient complexe nous a permis de prendre conscience

sance d'activité continue et un développement important

de la nécessité d'une nouvelle organisation pour qu'un pa-

depuis vingt ans. D'un point de vue de la méthode mise

tient puisse être pris en charge par plusieurs disciplines.

en œuvre pour élaborer le projet, les binômes directeur-

Cela requiert une façon différente de travailler, davantage

soignant ont bien fonctionné.

de coordination et des professionnels qui soient mobiles.

Quel a été le principal apport de ces duos directeur-soignant ?

Pour vous, qu'est ce qu'un bon hôpital ?

Les binômes directeur-soignant permettent la rencontre

de soins publique nécessaire à la population qu'il des-

d'une culture et d'un langage différents ; chacun a dû ap-

sert et avoir la capacité de coordination avec les soins

prendre le langage et les modalités de réflexion de l'autre,

en dehors de l'hôpital. Un bon hôpital, c'est une struc-

et de se côtoyer pour construire ensemble. Les pilotes

ture de santé qui s'inscrit pleinement dans son territoire.

d'atelier ont été choisis pour leur implication profession-

Aussi, cet établissement doit avoir une taille suffisam-

nelle, ce qui a permis de créer une pépinière de pilotes de

ment importante pour conserver des équipes médicales

projet au sein de l'établissement. Ils ont été formés et se

pérennes et maintenir l'offre de soins. L'avenir est d'ail-

sont appropriés les outils de la conduite de projet.

leurs au regroupement entre grandes structures pour

En tant que cadre, Un hôpital doit d'abord apporter l'offre

maintenir une technicité importante de proximité. Nous

Lorsque vous êtes arrivée au CHB en 1998, vous aviez la responsabilité de la gestion des risques, comment votre hôpital gère-t-il les risques aujourd'hui ? L'établissement est capable de faire du diagnostic et d'apporter des actions correctives. Parfois, il est compliqué de se donner le temps du diagnostic partagé. La culture de non punition est indispensable pour avancer en matière de sécurité. C'est sur ce point que nous travaillons. En tant qu'ancienne gestionnaire de risque au CHB, la culture que

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anticipons les défis structurels de demain et les orientations de la tutelle sur les GHT.

n

Les binômes directeur-soignant permettent la rencontre d'une culture et d'un langage différents ; chacun a dû apprendre le langage et les modalités de réflexion de l'autre, et à se côtoyer pour construire ensemble.


CHRONIQUE DH

Le papier numérique

Par Vincent Trely, CEO Proxima Conseil, Président de l'APSSIS

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » Rabelais donnait le « la » de la symphonie du progrès,

Ce sont ces communautés de malades, et plus large-

dès le seizième siècle. Libre penseur en indélicatesse

ment de citoyens, qui vont devoir définir les limites de

avec les forces religieuses, il posait cette maxime

cette révolution et c’est bien une conscience collective

intemporelle. C’est par le reggae d’Alpha Blondy, en

qui arbitrera entre ce qui nous fait du bien et ce qui

1992, que celle-ci résonnait en chanson.

devra rester au stade de la fiction. L’être humain ne doit pas, je le crois, devenir une entité ultra connectée,

À l’heure de la révolution numérique et digitale, ces

recevant et émettant en permanence un flux d’informa-

mots nous alertent, invitant à mettre en perspective

tion, quelle que soit la finalité du système ainsi conçu.

de nos découvertes la finalité de celles-ci : le bien être

Les bénéfices des technologies devront être claire-

humain.

ment validés et admis par tous, patients, soignants et

Big Data, learning machines, automatisation et robo-

plus généralement états, puisque l’un des facteurs de

tisation, informatisation des processus de soins, ultra

succès des initiatives liées au big data consiste à parta-

communication, jusqu’à l’intégration, objets connec-

ger au niveau mondial la connaissance médicale et les

tés, et bientôt homme connecté ou « augmenté »

données réelles issues des processus de soins.

prédisposent notre avenir. L’un des premiers réflexes de notre communauté est la méfiance et c’est bien

Le caractère particulier de la maladie ne pourra pas se

normal. Évidemment, les progrès annoncés sont no-

satisfaire d’une réponse exclusivement technologique,

tables : modèles prédictifs permettant d’anticiper les

quelles qu’en soient les promesses. L’angoisse, la né-

pandémies, algorithmes d’aide à la décision médicale

cessité de comprendre, le rapport humain poussé à son

– l’exemple de Watson est le plus avancé1, micro-robo-

intime le plus extrême ne pourront se passer du col-

tique et nanotechnologies adaptées au corps humain,

loque singulier entre le professionnel de santé et son

systèmes centraux de concentration et d’exploitation

patient. Les multiples outils résoudront rapidement les

de données et probablement au final, du mieux vivre et

phases de diagnostic, d’arbres de décisions et de trai-

une augmentation de la durée de vie.

tements, mais pas les phases d’échanges, les regards parlants et les poignées de mains.

Le Professeur Guy Vallancien, dans son ouvrage La Médecine sans médecin ? - Le numérique au service 2

Enfin, même s’il va évoluer considérablement, le sta-

du malade , réalise un exercice prospectif remarquable

tut de la donnée médicale personnelle et confidentielle

sur l’avenir de la médecine et nous dit « L’évolution

– de plus en plus relatif – donnera sans nul doute lieu

accélérée des technologies bouleverse la médecine

à débats, avec l’objectif de trouver le plus juste milieu

et notre système sanitaire. Elle porte à ses dernières

entre le respect de la vie privée de celles et ceux qui le

conséquences le changement que le stéthoscope de

souhaitent et la mise à disposition de la communauté

Laennec avait jadis engagé en forgeant un instrument

de données en temps réel nourrissant les ordinateurs

qui démultiplie le pouvoir de l’observation ». Il définit le

de milliards de variables affinant leurs calculs.

concept de « média médecine », une médecine médiatisée par le recours aux capacités de l’ordinateur, que

Pour notre bonne santé, il semble pertinent de militer

l’on retrouve de la génétique à la robotique chirurgicale,

sereinement mais fermement pour que la conscience

en passant par les télémédecine et les communautés

domine résolument la science, non ?

n

1- www-05.ibm.com/fr/watson 2- www.vallancien.fr Lire également : Gilles Babinet, « Big Data, penser l’homme et le monde autrement » et « L’ère numérique, un nouvel âge de l’humanité »

de malades.

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© B enoît Raja u

© Benoît Rajau

Photos fournies par le centre hospitalier de Pontoise

114

Infos Pratiques

Les chiffres clés

La Communauté Hospitalière Nord Val-d’Oise, composée de 4 établissements publics du Nord Val-d’Oise à l’origine : • le Centre Hospitalier René-Dubos à Pontoise • le Groupement Hospitalier Intercommunal du Vexin à Magny-en-Vexin • le Centre Hospitalier de Carnelle à Saint-Martin-du-Tertre • le Centre hospitalier intercommunal des portes de l’Oise à Beaumont-surOise (CHIPO) Carnelle et le CHIPO ont fusionné au 1er janvier 2015 pour donner le Groupe Hospitalier Carnelle Porte de l’Oise (GHCPO).

• 531 personnels médicaux • 2 786 personnels non-médicaux • 981 lits • 192 places • 145 000 consultations externes par an • Plus de 113 000 passages annuels dans les 4 services d'urgences

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REPORTAGE

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Le

Centre Hospitalier

Pontoise

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Île-d e-Fra

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Une structure dynamique sur son territoire Innovation de la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires (HPST) du 21 juillet 2009, la Communauté Hospitalière de Territoire (CHT) permet aux établissements publics de santé de coopérer sur la base d’un projet médical commun. Le Centre hospitalier René-Dubos à Pontoise a bien compris l’intérêt de raisonner en filières de soins et en équipes médicales de territoire pour consolider l’offre de soins publics. DH Magazine vous présente sa stratégie territoriale, cohérente et efficace ainsi que ses nouveaux projets.

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REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

CONSOLIDER

L’OFFRE DE SANTÉ PUBLIQUE La stratégie territoriale du Centre Hospitalier

ENTRETIEN AVEC

Christophe Kassel

Dr Jean-Michel Muray

Directeur

Président de la CME

DH MAGAZINE – Le Centre Hospitalier René-

J.-M.M. − Nous souhaitons ouvrir le CHRD sur son envi-

Dubos (CHRD) appartient à la Communauté Hospitalière de Territoire Nord Val-d’Oise (CHT) formée à l’origine de 4 établissements puis de 3 en raison d’une fusion. Quels sont les besoins spécifiques du territoire ?

ronnement pour structurer les filières de soins et assurer un développement équilibré avec ses partenaires. Nous cherchons à régler les questions conflictuelles et concurrentielles par des projets communs si la concurrence n’est pas frontale.

CHRISTOPHE KASSEL − La CHT Nord Val-d’Oise couvre le Nord Val-d’Oise, en allant jusqu’au sud de l’Oise, aux confins des Yvelines et au sud-est de l’Eure. Ce qui représente un bassin de population de plus de 300 000 habitants – jusqu’ à 500 000 si on l’étend aux départements voisins non franciliens. Le territoire est vaste et diversifié, avec des typologies et des probléma-

Le CHRD est l’établissement Siège de la Communauté Hospitalière de Territoire Nord Val-d’Oise. Il joue donc un rôle de pivot. J.-M.M. − Au sein de la CHT, Pontoise, du fait de sa technique, prend le rôle de recours par rapport à d’autres struc-

tiques différentes : zones urbaines et rurales, familles ai-

tures. Si le plateau technique n’est pas disponible dans

sées et en difficulté, population vieillissante et démogra-

l’établissement le plus proche, le patient sera orienté vers

phie en développement centrée sur Cergy et Pontoise.

Pontoise. C’est le cas pour l’ophtalmologie, l’urologie, la

JEAN-MICHEL MURAY − Par ailleurs, nous souffrons

cancérologie, etc. Nous avons entamé une réflexion sur

moins de la concurrence que les Hôpitaux Parisiens ;

l’accès aux spécialités et sur l’offre de consultations spé-

l’accès aux soins passe davantage par l’hôpital que la

cialisées (consultations avancées sur le territoire).

clinique.

116

Comment le projet médical du Centre Hospitalier de Pontoise permet-il de répondre à ces besoins ?

En quoi la stratégie de la CHT Nord Val-d’Oise permet-elle de consolider l’offre de santé publique sur tout le territoire ?

C.K. − Nous avons travaillé à la fois à asseoir le rôle de

C.K. − L’objectif de la CHT est de permettre une

proximité de Pontoise sur son cœur de population mais

accessibilité géographique et financière au service

aussi à mieux définir et graduer le parcours patient et

public hospitalier. À ce titre, la CHT, par l’intermé-

le recours à Pontoise par rapport à d’autres structures.

diaire de consultations avancées, de postes partagés,

Affirmer notre rôle d’hôpital de proximité s’est traduit

d’équipes médicales de territoire, de projets de filières

par la réorganisation du service des Urgences et par le

patients et de prise en charge formalisés, permet de

développement de notre offre de soins de premier aval.

consolider l’offre de santé publique sur son territoire.

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


© Benoît Rajau

REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

Par ailleurs, les bonnes relations que nous avons et que nous souhaitons développer avec la médecine de ville et les autres établissements de santé privés ou de SSR, permettent également de consolider l’ensemble de l’offre ainsi que l’accès aux soins quels qu’ils soient.

Quelles ont été les étapes de la mise en place de la CHT, outil de collaboration entre les établissements ? C.K. − Les établissements du Nord Val-d’Oise avaient un historique de collaborations réussies avec deux Groupe-

différents acteurs. Notre but est de maintenir à Beau-

ments de Coopération Sanitaire (GCS) et de nombreuses

mont les actes MCO de proximité. Quant à la filière

conventions. L’Agence Régionale de Santé a clairement

gériatrique, nous voulons consolider l’extra-hospitalier

affiché une volonté politique de mettre en place une

avec la mise en place d’une plate-forme de répit, une

Communauté Hospitalière de Territoire avec 3 autres

MAIA, etc.

établissements. Pour situer le contexte, le Groupement Hospitalier Intercommunal du Vexin est un peu isolé dans un territoire plus rural et le CH de Carnelle a fusion-

Le Centre Hospitalier renforce aussi sa dimension hospitalo-universitaire.

né avec le CHIPO en début d’année, car tous deux pré-

C.K. − Nous n’avons pas vocation à être un CHU et l’Uni-

sentaient notamment des difficultés financières et de

versité de Cergy-Pontoise, une UFR de médecine ! Par

recrutement, même si leur potentiel est intéressant. La

contre, notre objectif est d’améliorer notre offre de soins

convention constitutive a été signée le 22 janvier 2014.

et de partager notre dynamique avec des équipes médi-

Nous n’avons pas rencontré de grosses difficultés car

cales pouvant publier, former, chercher et soutenir l’ac-

nous avons consolidé la CHT par étapes. Les CHT ne

cès à l’innovation pour nos patients. Nous développons

se montent que lorsque le territoire est cohérent et le

de la formation, qui rappelons-le, n’est pas réservée aux

projet médical partagé. Les axes stratégiques définis par

seuls CHU, ce qui constitue une source d’attractivité

la Communauté ne se substituent pas mais viennent en

pour les praticiens dans le Val d’Oise. Cela leur ouvre

complémentarité des projets d’établissements. La mise

la porte à des publications, aux activités de recherche…

en place de la CHT aurait pu être compliquée en cas de

L’enseignement permet de développer l’accueil des in-

doublon d’activités mais ce n’était pas le cas.

ternes et des externes, que nous pourrons ensuite garder au CHRD. L’objectif est aussi de multiplier les postes

La densité médicale est très largement inférieure sur le territoire à la densité médicale d’Ile-deFrance. Cela peut-être un vecteur d’attractivité.

médicaux communs ou partagés avec des services hos-

C.K. − Une de nos missions est de promouvoir le recrute-

ou référents. Nous pourrons enfin également accueillir

ment, et nos actions au sein de la CHT nous permettent

quelques Professeurs des Universités – Praticiens Hos-

d’être plus attractifs à ce niveau. Vous n’êtes pas sans

pitaliers (PU-PH) – comme ce sera le cas au 1er novembre

connaitre la difficulté de recrutement des urgentistes.

avec l’accueil du Professeur Poncelet à la maternité.

pitalo-universitaires et de graduer les prises en charge avec des relais possibles au sein de centres experts

n

A présent, nous pouvons leur proposer du sur-mesure ; entre les urgences, le SAMU et les SMUR, les chefs de services développent des parcours professionnels personnalisés.

Par quelles réalisations concrètes le travail de coopération entre les établissements s’est-il traduit ? C.K. − Il y a eu renfort et mutualisation du plateau technique avec la création d’un laboratoire médical de territoire pour maintenir un site biologique de proximité à Beaumont, regrouper toutes les activités spécifiques à Pontoise et réinitialiser des activités qui avaient été externalisées. Nous avons mis en place un Département d’Information Médicale de territoire et des parcours pour les filières en difficultés, avec des rencontres entre les

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

117


REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

UNE PREMIÈRE ÉQUIPE MÉDICALE DE TERRITOIRE

L’exemple de la filière de soins en Réanimation sur 2 sites de la CHT au niveau de ce service. Cet effectif a été mis à niveau avec 6 ETP qui ont été intégrés à l’équipe de territoire (praticiens recrutés sur le site de Pontoise et financement assuré par une convention entre les 2 établissements), réalisant ainsi un effectif de 17,5 ETP en 2015. Les praticiens participant à l’activité bi-sites sont pour la plupart volontaires, mais il est certain que la non participation Entretien avec Dr Éric Boulet, Chef du Pôle Médecine d’Urgence et Réanimation, PH en Réanimation - CH de Pontoise ; Chef du service territorial de Réanimation - GHCPO

DH MAGAZINE – Dans quel contexte s’est opé-

de certains praticiens à cette activité bi-sites a pu poser

rée la mise en place d'une équipe territoriale de réanimation ?

quelques problèmes dans les services. La direction du CH

ÉRIC BOULET − L’hôpital de Beaumont-sur-Oise est situé

des locaux neufs de bonne qualité, et l’ensemble du ma-

à une vingtaine de kilomètres de celui de Pontoise. Cette

tériel nécessaire a été actualisé : les conditions de travail

équipe de territoire a été mise en place en 2010 à l’ini-

étaient donc sécurisées et absolument identiques entre les

tiative des deux chefs de service de réanimation dans le

deux sites ce qui était une condition indispensable. Enfin,

contexte d’un départ à la retraite du chef de service de la

la direction de Beaumont, a mis à niveau le personnel para-

réanimation de Beaumont, avec une succession qui s’an-

médical (équipe unique travaillant jour-nuit, cadre commun).

de Beaumont a mis à la disposition des équipes médicales

nonçait difficile. La taille des deux établissements est très

118

différente, de même que la taille des services de réanima-

Comment les volontaires ont-ils été encouragés ?

tion (28 lits à Pontoise, 12 lits à Beaumont). Le service de

Les praticiens embauchés dans le service depuis 2010

réanimation de Pontoise était souvent saturé en nombre

sont au courant de cette activité multi-sites qui est incon-

de places disponibles. Celui de Beaumont était lui aussi

tournable. Ceux qui peuvent y prétendre bénéficient d’une

souvent saturé mais avec une durée moyenne de séjour

prime multi-site dont l’enveloppe est gérée par l’Agence

supérieure à la moyenne nationale, ce qui laissait penser

Régionale de Santé et les attributions décidées chaque

que l’on pouvait obtenir au niveau du territoire de santé un

année sur présentation d’un rapport d’activité globale, et

gain de lit en réduisant la DMS sur ce site. Parallèlement

précisées pour chaque praticien participant à l’activité mul-

à cela, un acteur privé souhaitait développer des lits de

ti-sites. Par ailleurs, il persiste sur chaque site entre deux

réanimation et il y a eu une volonté commune des deux

et trois équivalents temps plein fixes qui assurent la conti-

établissements publics de conserver l’activité de réanima-

nuité des soins, les rapports avec les familles, de même

tion dans le domaine public.

que les activités transversales au sein des établissements.

De quels moyens humains et matériels l’équipe médicale de territoire dispose-t-elle ?

Quels sont les avantages pour le patient ?

Les moyens humains au niveau de l’hôpital de Pontoise

ment la durée moyenne de séjour sur le site de Beau-

étaient adaptés à la capacité du service, soit 11,5 ETP ; les

mont, passant de 11 à 7,2 jours pour une population de

moyens de Beaumont étaient quant à eux un peu justes à

patients en réanimation essentiellement médicale. Nous

5 ETP, ce qui posait des problèmes pour établir une liste de

avons pu augmenter le nombre de lits libérés sur le ter-

garde autonome en assurant une présence médicale stable

ritoire de santé et donc de limiter les transferts dans les

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

Cette équipe bi-sites, a permis de réduire considérable-


© Studio Florentine Tourmante / ARS Île-de-France

REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

Lien ville-hôpital : une lettre pour les professionnels de santé de ville

hôpitaux plus éloignés. Par ailleurs, les rapports étant très étroits entre les deux réanimations, les patients com-

Preuve que le CHRD de Pontoise multiplie les efforts d’intégration dans son territoire, la lettre d’informations trimestrielle « Contact » est envoyée à plus de 700 professionnels de santé de ville depuis sa création en janvier 2015. Un focus, un article ville-hôpital mais aussi des news, les nouveaux praticiens et l’agenda composent ce cahier de 4 pages. Le comité de rédaction est composé de professionnels médicaux, paramédicaux et administratifs.

plexes traités sur Beaumont, et ceux qui nécessitent un bilan très spécialisé en sortir de réanimation sont plus facilement transférés sur l’hôpital de Pontoise. Les patients de notre territoire de santé bénéficient donc maintenant de soins de réanimation de proximité.

Et pour les médecins ? Cette activité bi-sites permet un autre type d’exercice de la médecine de réanimation. En effet, l’hôpital de Pontoise, établissement de référence sur le territoire de santé, est un établissement à forte activité, bénéficiant de nombreuses lignes de garde et d’un accès facile à

René-Dubos s’ouvre au covoiturage

l’imagerie H24 (scanner et IRM), à la radiologie interventionnelle et aux blocs opératoires. L’activité sur le site de Beaumont est moins soutenue en réanimation mais avec des patients restant graves, ce qui oblige à un autre type de réflexion médicale. Les praticiens ont par ailleurs plus de temps sur le site de Beaumont pour effectuer du temps hors clinique (bibliographie et rédaction de protocoles de soins destinés à être utilisés sur les deux sites afin d’homogénéiser nos pratiques de soins). Cette mutualisation des équipes de réanimation a aussi permis de dynamiser les échanges dans d’autres secteurs entre nos deux établissements (urgences, pneumologie,

Le Centre Hospitalier René-Dubos a mis en place une plate-forme de covoiturage à destination de ses 3 300 employés. En partenariat avec Blablacar, ce service permet de mettre en relation ceux qui souhaitent venir travailler « solidaires ». Une carte de géolocalisation leur permet d’identifier les covoitureurs près de chez eux et une écocalculette d’estimer leurs économies potentielles ainsi que la réduction de leurs gaz à effet de serre.

www.covoituragehopitaldepontoise.fr

neurologie, cardiologie…) et d’augmenter le « pool » global de praticiens sur les 2 sites.

n

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

119


REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

UN PREMIER PLATEAU TECHNIQUE DE TERRITOIRE

L’exemple de la réalisation d’un laboratoire de biologie médicale pour mutualiser les moyens et gagner en efficience.

Entretien avec Patricia Kessedjian, Cadre du Pôle Biologie, Imagerie, Activités médicales transversales et santé publique

DH MAGAZINE – Dans quel contexte s’est opérée la création du GCS de biologie ? PATRICIA KESSEDJIAN − Il y avait deux laboratoires hospitaliers : un à Pontoise et l’autre à Beaumont. Dans le contexte de la réforme de la biologie médicale et de l’obligation d’accréditation, nous avons décidé en 2011 de mutualiser nos démarches d’accréditation, via la création d’un laboratoire inter-hospitalier multi-sites. Madame Coulhon, l’actuelle responsable du GCS de biologie médicale Nord Val-d’Oise, a travaillé à sa mise en place avec les directions, dans une démarche projet soutenue par l’ARS et des cabinets conseils. Nous avons déposé le dossier commun d’accréditation en octobre 2012. À la mise en place du GCS de biologie médicale, nous aurions dû être 3 : Pontoise, Beaumont et l'Établissement Français du Sang qui s’est finalement retiré. Le site de Pontoise a dû développer l’activité d’hématologie biologique qu’il a réintégrée en novembre 2014.

Quels sont les objectifs du GCS ? Nous souhaitions maintenir un laboratoire de proximité et à réponse rapide à Beaumont et développer un plateau technique de territoire à Pontoise. L’enjeu était de maintenir une offre publique dans le domaine de la biologie pour les patients de nos 2 établissements, ouverte aux patients externes. Nous sommes un des premiers GCS de biologie médicale constitué en Île-de-France soutenus par l’ARS, et s’inscrivant dans la logique de son SROS. La démarche se développe très diversement dans les autres régions.

sions transversales. L’obtention de ces ressources ainsi que celle d’un logiciel qualité sont indissociables de la création du GCS ! L’encadrement technique des 2 sites collabore sur de nombreux sujets. Depuis fin 2014, deux biologistes du site de Pontoise sont à 20 % sur le site de Beaumont. L’harmonisation des pratiques biologiques entre les deux sites est amorcée. La démarche qualité commune a permis au GCS d’obtenir l’accréditation du Laboratoire bi-sites en Décembre 2014.

Quelles ont été les difficultés à la mise en place du GCS ? L’acceptation par les équipes du laboratoire, mais aussi par les cliniciens, de la répartition des activités entre les sites et donc celle de pertes pour le site de Beaumont. La création d’une équipe de biologistes multi-activités et multi-sites est complexe. À Pontoise, la quasi totalité des biologistes a un exercice et une expérience mono-spécialité, alors qu’à Beaumont l’exercice est polyvalent. La réorganisation transversale du temps médical commencée sur la base du volontariat se développe au fur et à mesure des recrutements. Si pour les directions et les encadrements ce projet est stimulant, la résistance aux changements est inéluctable. Au regard d’une telle réorganisation, l’accompagnement des équipes n’est jamais suffisant. Il a fallu beaucoup de temps pour lever les inquiétudes, fédérer tout le monde, harmoniser les procédures, réaliser un manuel de prélèvements commun, un MAQ unique…

Quels sont vos projets en cours ? Quels ont été les points positifs de cette création ? Nous avons mis en place un groupement de commandes pour optimiser les coûts. Cela nous a permis d’investir dans les nouvelles technologies, notamment en bactériologie. Nous sommes à présent équipés d’un appareil de spectrométrie de masse pour l’identification des bactéries et d’un ensemenceur, pour réduire les tâches répétitives et de faible valeur ajoutée. Le site de Pontoise a consolidé ses secteurs de biologie spécialisée. Plusieurs postes ont été créés : ingénieur qualité, référent informatique, référent métrologie communs – pour les mis-

120

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

Le renouvellement des analyseurs de biochimie et d’immunologie des deux sites avec une automatisation péri-analytique sur le site principal, le développement de la liaison informatique entre les deux sites, prérequis obligatoire au transfert complet de la bactériologie du site Beaumont à Pontoise (sauf examens directs et prélèvement urgents) prévu à mi-novembre. Il nous reste encore beaucoup de travail. La dynamique est en place et le développement des temps partagés médicaux depuis octobre 2015 est un des leviers de la réussite du projet. n


REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

PLÉBISCITE DE L’UNITÉ DE SOUTIEN À LA RECHERCHE CLINIQUE La recherche, un vecteur de dynamisme au sein du Centre Hospitalier

DH MAGAZINE – Quel est le potentiel de la recherche au sein d’un centre hospitalier ? MARYLINE DELATTRE − La recherche n’est pas l’apa-

Et pour les patients ?

nage des Centres Universitaires et le Centre Hospitalier

M.D. − De plus en plus de patients entendent parler de

René-Dubos (CHRD) a choisi de faire du développement

la recherche clinique, soit par Internet, par les médias

de la recherche clinique un axe fort de son projet médi-

ou soit grâce aux médecins. Pour certaines pathologies,

cal. Le CHRD avait une grande volonté de développer la

ils sont eux-mêmes demandeurs mais on ne peut pas

recherche clinique, dans l’intérêt des patients et des pra-

demander à un patient de faire 2 heures de route pour

ticiens. La recherche est essentielle au progrès médical.

en bénéficier !

C’est aussi un élément de dynamisme pour les équipes médicales et paramédicales. ÉDOUARD DEVAUD − L’universitarisation de Pontoise

Avec quels moyens humains et financiers l’USRC a-t-elle été mise en place ?

était très attendue au niveau politique et par les méde-

M.D. − Pour la première fois, le CHRD a bénéficié en

cins, c’était un devoir étant donné notre bassin de popu-

2013 d’un financement de 811 000 e dans le cadre des

lation et notre rayonnement. Sur le plan clinique, on voit

MERRI (Missions d’Enseignement, de Recherche, de

des patients que l’AP-HP ne voit pas. Les diagnostics

Référence

auraient pu traîner.

recherche clinique est un cercle vertueux. La direction

Entretien avec Maryline Delattre, Coordinatrice de l’Unité de Soutien à la Recherche Clinique & Dr Édouard Devaud, Chef du Pôle Biologie, Imagerie, Activités médicales transversales et Santé publique, pôle qui intègre l’USRC

et d’Innovation). L’aide financière dans la

a apporté son soutien et a permis la création de la struc-

Pourquoi avoir décidé de créer une Unité de Soutien à la Recherche Clinique (USRC) au sein de l'hôpital ?

ture. Neuf personnes ont été embauchées entre sep-

M.D. − Des protocoles thérapeutiques étaient déjà en

du promoteur – et moi-même, coordinatrice de l’USRC,

place au Centre Hospitalier avant l'USRC ; celle-ci a per-

accompagnée d’une adjointe administrative.

tembre 2013 et maintenant : 5 techniciens d’étude clinique, 2 attachés de recherche clinique – représentants

mis de coordonner les actions et d’allouer des moyens humains. J’insiste sur l’importance du soutien de la Direction pour la rendre efficiente.

En quoi la recherche clinique est-elle un élément d’attractivité pour les équipes médicales et paramédicales ?

La recherche n’est pas l’apanage des Centres Universitaires et le Centre Hospitalier René-Dubos (CHRD) a choisi de faire du développement de la recherche clinique un axe fort de son projet médical.

É.D. − La recherche médicale est une démarche stimu-

Quelles sont les prérogatives de l’USRC ?

cins cette démarche permanente de l’acquisition des

M.D. − L’USRC a une visibilité de l’ensemble de la

savoirs mais également de remise en question des ac-

recherche sur l’établissement. Elle apporte une aide

quis. La recherche clinique crée une émulation positive,

concrète pour les fonctions administratives, réglemen-

bénéfique aux patients, récompensée par une recon-

taires et logistiques des études. Le fait d’avoir avec

naissance publique nationale, voire internationale.

nous des techniciens d’études cliniques dédiés est un

M.D. − La recherche est une école de la rigueur qui per-

point positif pour les investigateurs qui n’ont pas for-

met aux médecins d’acquérir une méthode et des habi-

cément le temps ainsi que pour les promoteurs qui

tudes. Elle contribue à l’amélioration de l’efficacité, de

attendent de la rigueur avec des « dead line » courtes.

la qualité et donc de la sécurité des soins ainsi qu’à la

Nous travaillons en interne avec la Commission de re-

standardisation de la prise en charge.

cherche clinique et en externe avec nos partenaires.

lante sur le plan intellectuel entretenant chez les méde-

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121


© CHRD

REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

L'équipe de l'USRC en 2014

Les membres du bureau de la commission de recherche

M.D. − En deux ans, le nombre de services investis a

clinique se réunissent tous les 15 jours pour prendre les

presque doublé ; de plus en plus se lancent. Ils étaient

décisions collégiales et institutionnaliser la recherche.

15 avant la mise en place de l’USRC. Ils sont à présent 26, sur une cinquantaine de services. Les services les

Comment est-elle structurée ?

plus actifs en matière de recherche clinique sont actuel-

M.D. − L’USRC est dédiée à tous les services, elle ne

lement les suivants : oncologie, hématologie, urologie,

pouvait pas être intégrée à un pôle clinique spécifique.

pneumologie, neurologie, réanimation, gynécologie, car-

Elle se compose de 4 cellules. Une cellule d’investiga-

diologie et SAMU. En outre, possibilité est donnée aux

tion clinique qui prend en charge les projets externes

professionnels de proposer eux-mêmes les sujets des

promus par d’autres hôpitaux ou les industriels ; une cel-

études. © MACSF

lule promotion qui travaille sur la conception de projets en interne ; une cellule gestion, réglementaire et qualité et une cellule méthodologie et statistiques pour laquelle nous faisons appel à des partenaires externes épaulés par un médecin pour la rédaction de publications scientifiques.

Cela vous permet-il de nouer des partenariats ? M.D. − Oui. Nous sommes membres depuis 2014 du Groupement Interrégional de Recherche Clinique et d’Innovation d’Île-de-France. Nous avons des partenariats

la première Unité structurée sur le Val-d’Oise. Même si

Pouvez-vous nous donner un exemple de travaux de recherche qui n’auraient pas pu être réalisés sans l’USRC ?

nous ne sommes pas labellisés, notre activité est néan-

Nous participons par exemple à une étude de grande

moins possible et essentielle.

ampleur sur 2 000 nouveau-nés à la maternité sur le dé-

avec l’Unité de Recherche Clinique Paris-Nord et des Universités sur des projets spécifiques. Nous sommes

pistage d’une maladie rare. Cela ne pourrait pas être réaLes chiffres de l’USRC - 159 études en cours en septembre 2015 - 70 % de ces études sont gérées par l’Unité - 20 % des études proviennent des industriels - 50 % de recherches biomédicales - 1 500 inclusions en septembre 2015 contre 1 200 en 2014

122

Les praticiens hospitaliers portaient-il déjà un intérêt à la recherche clinique ?

lisé sans le soutien de l’Unité. Nous développons aussi

É.D. − Le CH bénéficie, de par sa situation géographique

d’offres de la Direction Générale de l’Offre de Soins

et de la démographie médicale au regard du bassin de

(DGOS) et notre projet a été accepté. Il porte sur la télé-

population, d’une activité clinique prospère, attractive

transmission des pompes à morphines chez les patients

et largement sujette à la recherche clinique. Mais c’est

cancéreux douloureux à domicile. C’est la première fois

souvent par manque de disponibilité ou de connais-

que notre établissement obtient un Programme Hospi-

sances administratives que les praticiens renonçaient à

talier de Recherche Clinique (PHRC). Grâce à l’USRC,

mener en parallèle, clinique et recherche. L’USRC et les

participer ou concevoir une étude clinique devient pos-

ressources qu’elle apporte ont permis l’effacement de

sible pour nos cliniciens, que ce soit des études ob-

ce renoncement.

servationnelles ou interventionnelles.

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

la promotion. En 2014, nous avons répondu à un appel

n


REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

PROXIMITÉ ET RÉFÉRENCE : LE DOUBLE RÔLE DE LA MATERNITÉ Les enjeux de la 6e maternité de France métropolitaine DH MAGAZINE – En quoi la maternité de Pontoise est-elle pilote sur le territoire ?

Une

Unité

obstétricale

phy-

siologique, gérée par 2 sages-

HÉLÈNE BERSENEFF − Avec 5 029 naissances par an, la

femmes,

maternité se classe au 6e rang des maternités de France

seurs directs

métropolitaine en nombre d’accouchements. Nous de-

d’accouchement

vrions encore progresser de 500 accouchements sur

prise

5 ans, en raison de la démographie naturelle et des loge-

médicalisé « traditionnel ». Son développement devrait

ments créés. Nous sommes à la fois une maternité de

permettre de fluidifier les suites de couches.

type III avec une réanimation néonatale et un service de

Nous développons également les filières chirurgicales

radiologie interventionnelle pour les embolisations uté-

gynécologiques. Nous disposons de l’agrément en can-

rines, et une maternité de proximité pour les habitantes

cérologie mammaire et pelvienne et toute la chirurgie

ne présentant pas de problèmes médicaux particuliers.

gynécologique est pratiquée dans notre service. Nous

avec

en

des

ascen-

vers le bloc propose

charge

aux

alternative

parturientes à

une

l’accouchement

Entretien avec Dr Hélène Berseneff, Chef du Pôle Femme-Enfant

avons des liens forts avec l’Institut Curie pour des proto-

Avec la maternité de Beaumont (de type IIA), une filière autour de la périnatalité se met progressivement en place. L’objectif est le maintien des patientes sans pathologie à Beaumont lorsqu’il s’agit de la maternité la plus proche de chez elles. Nous avons deux médecins travaillant sur les deux établissements qui assurent la bonne liaison des équipes médicales. Les protocoles de prise en charge sont communs, Pontoise étant la maternité de référence en cas de pathologie maternelle ou fœtale.

La maternité présente des spécialités diversifiées. Pouvez-vous nous parler de leur évolution ? L’activité du Centre de Diagnostic Prénatal qui réalise plus de 1400 consultations par an va être renforcée par la mise en place d’un circuit de Cytogénétique en collaboration avec le Groupe Hospitalier Universitaire Paris Saint-Denis (site de Jean Verdier - AP-HP). Le service ne dispose pas d’agrément pour l’AMP mais de consultations avancées de l’équipe du CH de Poissy. Il y a là matière à développer une meilleure offre de soins

coles de recherche en cancérologie.

Quelle est l’organisation de la maternité dans la Communauté Hospitalière de Territoire (CHT) Nord Val-d’Oise ?

Les chiffres de la maternité •5

029 naissances par an,

6e maternité de France métropolitaine • 79

lits d’obstétrique,

dont 15 lits de grossesse pathologique et 64 de post-partum • 10

salles de travail, 2 salles de césarienne réanimation néonatale de 32 lits dont 6 lits kangourous • 1 maison de naissance, 90 accouchements physiologiques •1

par an

• 800 •2

IVG pratiquées (toutes modalités confondues) 617 échographies spécifiques au Centre Pluridisciplinaire

de Diagnostic Prénatal • 603

séances de monitorage de l’ovulation pour l’activité

de Procréation Médicalement Assistée • 20

000 urgences gynécologiques et obstétricales

• 70

nouveaux cas de cancers gynécologiques pris en charge par an

• 164 nouveaux cas de cancers du sein pris en charge par an

publics au service des couples d’un département jeune.

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123


© CHRD

REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

Bâtiment Femme-Enfant

Enfin, notre filière orthogénie est organisée avec un secrétariat dédié, deux sages-femmes et un médecin généraliste ; une montée en puissance du nombre d’IVG réalisées doit être poursuivie.

Une analyse fine des besoins de la population est réalisée par la mise en place d’un staff médicopsycho-social afin de dépister la vulnérabilité.

Pouvez-vous nous citer un projet qui illustre l’intégration de la maternité sur son territoire ? Avec son double rôle de référence et de proximité, la

Quelles sont vos relations avec le CHU et l’Université ? Nous développons des relations avec le CHU Jean-Verdier en Seine-Saint-Denis, du fait de la venue prochaine du Professeur Poncelet en qualité de chef de service, et nous sommes en collaboration étroite avec le CHU Louis-Mourier à Colombes (92) pour le Diagnostic Prénatal dont nous avons à Pontoise l’agrément. Par ailleurs, nous formons des externes de Paris VII, des internes, des sages-femmes de Poissy et des assistants. Nous développons également la recherche clinique au sein de l’établissement grâce à l’Unité de Soutien à la Recherche Clinique.

maternité de Pontoise doit proposer une offre de soins adaptée à son territoire et à la situation médico-sociale des patientes. Une analyse fine des besoins de la population est réalisée par la mise en place d’un staff médicopsycho-social afin de dépister les patientes les plus vulnérables. Une réflexion sur les sorties précoces a été menée avec l’Hospitalisation à Domicile, le PRADO et la Réhabilitation Précoce des Césariennes, pour accueillir plus de patientes, dans de meilleures conditions. L’Unité de Naissance Physiologique peut augmenter aussi sa capacité pour offrir une moindre médicalisation aux femmes qui le souhaitent. L'objectif est ainsi la création d’un parcours « fléché » des parturientes sur les niveaux de maternité de la CHT en fonction du niveau de pathologie de la grossesse et de la domiciliation. Cette organisation en CHT va permettre la création d’un « Pole Femme Enfant de Territoire » permettant une meilleure répartition des parturientes.

124

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

n


REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

URGENCES : UNE ORGANISATION PLUS EFFICACE DE L’AVAL Filières d’urgence et gestion des flux au Centre Hospitalier RenéDubos DH MAGAZINE – La problématique de la gestion des flux aux Urgences est commune à tous les établissements de santé. Pour dégager de la capacité hospitalière, vous avez choisi de travailler sur l’aval. PATRICK DESCHAMPS − Les Urgences sont un système inflationniste. Un Français sur 4 va systématique-

cas par cas aux urgences. Ensuite, nous nous sommes en-

ment aux urgences. La permanence des soins en ville est

gagés dans une dynamique de cadrage dès l’admission.

de plus en plus compliquée avec les déserts médicaux.

On s’astreint à formuler une durée prévisionnelle de

Les médecins n’exercent plus certaines tâches. La fémi-

séjour pour structurer le parcours patient puis à mieux

nisation de la profession a modifié l’offre sur le nombre

programmer sa sortie grâce à l’organisation de check-

d’heures de consultations. Pour toutes ces raisons, les

list de sortie. Cette démarche d’anticipation médicale se

patients affluent vers les urgences et, contrairement à

développe doucement.

ce que l’on entend souvent, seuls environ 10 % n’ont

É.D. − Après quelques mois d’une approche détaillée de

rien à y faire. Il n’y a pas 36 solutions : c’est à l’hôpital

nos flux de patients et de nos pratiques, les grands axes

de s’adapter. Il a donc fallu s’attaquer à l’organisation de

de la politique de gestion de flux peuvent être déclinés :

l’accueil au sein du service et à l’aval si besoins d’hos-

- mobiliser l’ensemble de la communauté médicale au-

pitalisations.

tour de la problématique d’engorgement des urgences

ÉDOUARD DEVAUD − L’aval est effectivement l’un des

en admettant qu’elle dépasse le seul périmètre du ser-

axes majeur de travail dans le cadre de l’amélioration

vice des urgences,

des flux de patients à partir du Service d’Accueil des

- rendre le capacitaire lisible et visible de tous en temps

Urgences. Il paraît évident que l’Hôpital dans un devoir

réel,

d’adaptation doit impérativement procéder à une remise

- faciliter les admissions dans les services en aval des

en question de ses pratiques. Nos premières réflexions

urgences en sécurisant l’adéquation des orientations,

ont logiquement concerné l’adéquation entre nos flux et

- assurer un cadrage dynamique des séjours en s’astrei-

le capacitaire ainsi que la pertinence de nos organisa-

gnant au principe prévisionnel et en définissant dès l’ad-

tions autour des ces flux : « toutes les admissions sont

mission une date prévisionnelle de sortie,

elles pertinentes ? Tous les lits occupés le sont-ils de

- renforcer la coordination des acteurs autour de la flui-

façon pertinente un jour donné ? »

dité de l’aval,

Entretien avec Dr Édouard Devaud, Chef de l’Unité d’Aval des Urgences, Coordonnateur médical de la cellule gestion des flux & Sonia Nordey, Cadre de santé, Gestionnaire des flux patients & Dr Patrick Deschamps, Chef du Service d’Accueil des Urgences Adultes

- assurer une veille des séjours longs.

Comment avez-vous procédé pour mettre en place une gestion des flux non programmés efficace ? l’une des difficultés du parcours patient : manque de

S.N. − Ce n’est qu’une durée à titre indicatif bien sûr.

coordination entre les urgences et les unités, inadapta-

Cela permet au patient de s’organiser. Son parcours de

tion des soins liée au manque de gestion des flux, etc.

soins est mieux cadré, c’est rassurant pour lui. Sa famille

Or le flux des malades non programmés est en fait tota-

peut anticiper son retour chez lui ou se mettre en rela-

lement prévisible année après année. Dans un premier

tion avec des prestataires de soins. Nous avons fait un

temps, je me suis déplacée dans toutes les unités pour

gros travail de sensibilisation des équipes à la culture de

compter les lits. Avant, cela se faisait par téléphone au

l’entrée et de la sortie prévisionnelle.

SONIA NORDEY − La gestion des flux de patients est

Mais est-ce vraiment bénéfique pour le patient ? N’y a-t-il pas un risque de les « renvoyer » plus vite chez eux pour avoir des lits disponibles ?

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

125


REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

Et pour gérer les lits disponibles ? S.N. − Le tableau des disponibilités de lits sur notre Intranet, accessible à tous et mis à jour automatiquement en temps réel, a été une véritable révolution en 2013. Il y a 3 ans, nous n’avions aucune visibilité. La gestion des flux se fait dans chaque unité par les cadres qui indiquent pour les urgences les sorties prévisionnelles à 7 jours sur intranet. Nous organisons les parcours patients pour qu’ils soient rapidement hospitalisés dans l’unité adéquate. É.D. − Nous avons fait le choix à Pontoise de ne pas mettre en place de « bed manager », un responsable des lits dédié, comme c’est le cas dans d’autres hôpitaux. Nous avons préféré mettre les outils à disposition, car le parcours patient est l’affaire de tous.

É.D. − les mesures proposées permettent : le lien étroit entre inadéquation et morbidité accrue,

Les médecins sont donc obligés d’accepter les malades dans leur Unité. Plus question de « cacher » des lits ou de se renvoyer la balle ?

- un cadrage des séjours apaisant pour les patients et leurs

S.N. − S’il y a eu des « oublis », j’ai effectivement cette

familles en renforçant la lisibilité des projets thérapeutiques,

fonction de contrôle avec le tableau des lits mais j’ai éga-

- une sécurisation des processus de sortie qui mal pré-

lement un rôle d’interface facilitateur en cas de problé-

parées accroissent les taux de réadmissions dans les

matiques entre les unités.

- une rationalisation des durées de séjours dont on connaît

trente jours.

Quels sont les outils techniques que vous avez mis en place ensuite pour fluidifier le parcours patient ?

É.D. − L’Unité d’Aval des Urgences est par excellence l’outil de ce changement de paradigme qui consiste à

É.D. − La mise en place des outils de gestion de flux

envisager dès l’admission le déroulement dynamique du

débute fin 2013 alors que nous rendons opérationnelle

séjour. Il s’agit d’une unité diagnostique et thérapeutique

la lecture en temps réel de notre capacitaire, grâce à

dédiée aux séjours définis comme courts (24 à 72 h) dès

une solution numérique simple réalisant une extraction

l’admission. Intégrée dans le pôle de médecine d’ur-

toutes les 3 mn du logiciel de gestion administrative

gence et réanimation, et paramétrée sur une capacité

des mouvements. Fédérée autour d’une charte d’hos-

de 17 lits, il m’a paru essentiel que les patients admis au

pitalisation la communauté médicale s’engage autour de

sein de l’UAU soit gérés au quotidien par des médecins

5 grands principes :

non urgentistes, issus de la filière polyvalente ou inter-

- continuité des soins,

niste. Après 18 mois d’activité l’UAU est au rendez-vous

- principe de communauté, réaffirmant que les pro-

de ses objectifs, affichant le nombre de séjours attendu

blèmes des patients aux urgences sont à la charge de la

et une durée moyenne de séjour autour de 2,35 jours

communauté médicale dans son ensemble,

sans taux de ré-hospitalisations accru. Elle reste desti-

- pertinence, chaque praticien s'engage dans une veille accrue de

née à la gestion complète de séjours avant retour vers le

la pertinence des admissions et des journées d’hospitalisation,

lieu de vie dans 70 % des cas, mais continue d’assurer

- subsidiarité suggérant une entière délégation de la lo-

un rôle tampon au sein de l’institution, en prenant en

gistique des mouvements de patients au personnel para-

charge de façon adaptée sans délais, des patients avant

médical, épargnant un temps médical précieux,

transfert vers unités spécialisées à hauteur de 30 % des

- prévisionnel

séjours.

Par la suite sont mis en place : - Un catalogue des filières qui facilite l’adéquation des

Avez-vous déjà pu constater les bénéfices de cette nouvelle organisation ?

orientations à partir des urgences. Ce catalogue liste par

P.D. − On gagne en capacité et en souplesse, c’est une

pôles, puis par services les orientations prioritaire mais

bouffée d’oxygène ! Le nombre de transferts a chuté.

également des alternatives secondaires voir tertiaires,

On espère atteindre en UHCD une DMS à 1,2 avant la

dans l’hypothèse d’indisponibilités capacitaires.

fin de l’année. La culture de la gestion des lits rentre à

- Un annuaire des « référents urgences » au sein de

l’hôpital. Lors du mouvement de grève des urgentistes

chaque service qui, par le biais de numéro unique par

qui refusaient de chercher les lits pour ne pas perdre

unité ou spécialité, permet aux urgentistes de joindre

de temps, nous n’avons eu aucun gréviste : c’est bien

un spécialiste dédié quotidiennement à l’interface ur-

la preuve que les choses fonctionnent mieux.

gences / unités d’hospitalisation.

126

La création de l’Unité d’Aval des Urgences (UAU) a été le point d’orgue de tout ce travail.

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

n


La Réorganisation du Service d’Accueil des Urgences adultes Des travaux de restructuration des urgences adultes ont été réalisés avec un investissement de 380 000 €. Le service a été réaménagé pour fonctionner par niveau de gravité et de temps de prise en charge au lieu de spé-

Entretien avec Dr Édouard Devaud, Chef du Service d’Accueil des Urgences Adultes

cialités, avec la fusion médecine/chirurgie. « L’ancienne organisation du service reposait sur une vieille dichotomie avec deux ailes qui ne se regardaient pas : une aile chirurgicale et une aile médicale, explique Patrick Deschamps. Pour un traumatisme de membre, cela ne posait pas de problème, mais pour une douleur de ventre ou une infection urinaire, où fallait-il orienter le patient ? » Plus logique, la nouvelle organisation structurelle raisonne en termes de filière longue pour les malades graves ou plus complexes et en termes de filière courte pour les patients évalués comme non graves.

La toute nouvelle Unité d’Hospitalisation Médico-Psychologique

(UHMP)

de

18 lits, construite dans le prolonge-

Le patient se voit attribué un niveau de tri par une IOA formée à la grille de priorisation. Un médecin d’accueil et d’orientation travaille en binôme avec elle. Les deux postes de soins, auparavant séparés, ont été réunis. Les travaux ont été réceptionnés en 2014.

L’ouverture de l’Unité d’Hospitalisation Médico-Psychologique

n

ment de l’actuel accueil psychiatrique, ouverte depuis le 19 octobre dernier. Les travaux ont démarré en janvier 2014 et ont coûté près de 1,5 M€. Elle permet de mieux organiser la prise en charge des patients suicidant ou anxio-déprimés et de fluidifier la filière de soins. Le nouveau pavillon de 430 m2, de plain pied, se compose de 4 chambres doubles et 10 chambres simples. Il accueille uniquement des patients stabilisés sur le plan somatique. « La DMS provisionnelle est de 10 jours,

Entretien avec Dr Thierry Baudoin, Chef de Service Filière Amont (Accueil des urgences psychiatriques, Liaisons, UHMP, UCSA)

avec des séjours courts d’évaluation du risque suicidaire, d’autres d’environ une semaine pour la prise en charge de la crise suicidaire et jusqu’à 3 semaines pour le traitement des dépressions. En cas de séjours longs, les malades pourront être orientés vers les

Entrée de l'UHMP

cliniques privées ». L’équipe de cette © SDF Dugit-Gros & Davaine

LES PRINCIPAUX TRAVAUX RÉALISÉS EN 2014

REPORTAGE DH : CH DE PONTOISE (VAL-D'OISE)

unité non sectorisée a été renforcée en conséquence : 1 PH, 1 interne, 5 infirmières et 3 aides-soignants en plus. « L’idée d’une UHMP, née d’une volonté d’améliorer la prise en charge, remonte à 2006, se souvient Thierry Baudoin. Les restructurations au sein des services médicaux qui prenaient en charge ces patients historiquement avaient entraîné la disparition progressive des lits alloués à la psychiatrie de liaison. » En attendant l’unité définitive, une UHMP provisoire, composée de 8 lits, a été mise en place en octobre 2013 grâce aux efforts conjugués de l’accueil psychiatrique, de l’Unité d’Hospitalisation

de

Courte

Durée

(UHCD) et de l’hôpital de semaine. n

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

127


RUBRIQUE DH : JURIDIQUE

De nouveaux produits de santé débarquent à l’hôpital ! Le Code de la Santé Publique donne une liste précise des produits de santé : médicaments, dispositifs médicaux, lentilles de contact… la liste est longue et dresser un inventaire à la Prévert n’aurait ici aucun intérêt. Pierre Desmarais Avocat à la Cour Correspondant Informatique et Libertés

DE NOUVEAUX PRODUITS de santé…

… ET CRÉENT DE NOUVEAUX RISQUES

Ce qui est intéressant, c’est de voir que la pratique voit

Traditionnellement, les patients sont exposés à quatre

naître de nouveaux types de produits dédiés à la santé.

principaux risques : l’erreur de diagnostic, le défaut d'or-

Certains sont les dérivés de produits de santé actuels :

ganisation du service, l’infection nosocomiale et le défaut

les dispositifs médicaux communicants sont les plus

d'information. Mais avec l’arrivée à l’hôpital de ces nou-

connus, mais depuis l’été 2015, on peut également évo-

veaux produits, vont s’ajouter à ces risques :

quer les médicaments connectés. Oui, c’est déjà une réalité. Aux côtés de ces classiques remis au goût du jour

- le défaut de marquage CE : oui, rappelons que le logo

se dressent désormais les objets connectés dédiés à la

CE est apposé sur 11 autres types de produits que les

santé et les applications mobiles de santé. Ces nouveaux

dispositifs médicaux !

produits dédiés à la santé obéissent à un régime juridique

- le défaut d’interfaçage entre un objet connecté ou une

bien différent. Alors que les premiers obéissent au droit

application et le Dossier Patient Informatisé (DPI) : rappe-

des produits de santé – obligation d’assurance, pas de

lez-vous ce dramatique accident au CH de Versailles,

clause élusive de responsabilité, etc. –, les seconds sont

- le défaut d’information sur le risque numérique,

régis par le droit de la consommation, le droit des produits

- les bugs et attaques informatiques : avez-vous déjà

défectueux et le droit civil.

googlé « Barnaby Jack » ? - les failles de sécurité du SIH,

… ENTRENT DANS L’HÔPITAL

- la réutilisation des données par un prestataire : aviezvous suivi l’Affaire ivg.gouv.fr dans laquelle le Ministère de la Santé fournissait complaisamment à Google les don-

L’impact de cette différence de régime ne doit pas être

nées relatives aux internautes en quête d’information sur

négligé, d’autant qu’objets connectés et applications de

l’IVG ?

santé mobile sont déjà monnaie courante dans les établissements. Certains hôpitaux, précurseurs, entrent ainsi de plain-pied dans le 21ème siècle. Mais dans la plupart des cas, la porte d’entrée, ce sont les praticiens eux-mêmes.

CE DÉBARQUEMENT MODIFIERA

le fondement des actions en responsabilité

Le phénomène a été baptisé Bring Your Own Device

128

(BYOD). Mais à l’hôpital, le BYOD expose les patients à

Le classique article L1142-1 du Code de la Santé Publique

des risques nouveaux.

ne permettra pas d’encadrer les actions en responsabilité

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015


RUBRIQUE DH : JURIDIQUE

tendant à la réparation des dommages consécutifs à la réalisation de ces risques. Les patients se tourneront donc vers d’autres solutions. Des solutions nettement plus favorables. En cas d’altération, de perte ou de divulgation de données, l’obligation de moyens renforcée pesant sur l’hôpital en matière de confidentialité fera peser la charge de la preuve de l’absence de faute sur l’établissement. En cas de divulgation de données, ce sera d’ailleurs du pain béni pour le patient. Pourquoi ? Parce que l’article 9 du Code Civil, relatif à la protection de la vie privée, dispensera le patient de démontrer un préjudice. Face au traditionnel triptyque faute-préjudice-lien causal, le simple constat de la divulgation devrait alors suffire à obtenir une indemnité.

… CE QUI POURRAIT LAISSER

l’hôpital sans couverture assurantielle Eh oui ! relisez vos polices d’assurance. Elles couvrent en principe exclusivement les actions relatives à des actes de diagnostic, de soins ou de prévention et à l’utilisation de produits de santé acquis par l’hôpital. Les divulgations de données et leur reconstitution en cas d’attaque infor-

l’application mobile dans l’hôpital est sérieusement envi-

matique ne sont pas couvertes. N’est probablement pas

sageable. Les juges ont, en effet, d’ores et déjà admis

non plus couverte l’utilisation d’objets connectés appor-

des recours récursoires en cas de violation caractérisée

tés par les praticiens ou d’applications installées sur leur

des règles de déontologie – l’utilisation d’une messagerie

smartphone.

personnelle pour envoyer une information médicale à un confrère, c’est déjà une violation du secret médical ! – ou

L’HÔPITAL,

responsable des défauts du BYOD ? Vous l’aurez compris, la situation est particulièrement délicate. Juridiquement, l’hôpital pourrait devenir responsable sans faute du fait de l’utilisation – sans qu’il en ait connaissance – d’objets connectés ou d’applications de

de faute d'une gravité extrême et inexcusable – utiliser une application de santé mobile, y stocker des données sur ses patients et ne pas les inscrire dans le DPI, peut-être ?

L’IDÉAL SERAIT

peut-être de prévenir ?

santé mobile appartenant à un praticien. Dans cette hypo-

Tenter d’interdire le Bring Your Own Device n’est pas réa-

thèse, l’hôpital aura deux solutions :

liste. Une telle mesure serait à peu près autant respectée

- exercer un recours contre le fabricant : il faudra alors

que l’interdiction de traverser en dehors des passages

démontrer un défaut, c’est-à-dire que le produit « n'offre

piétons. La solution consiste donc à l’aménager, à l’enca-

pas la sécurité à laquelle on peut légitimement s'at-

drer en introduisant volontairement les objets connectés

tendre », ce qui sera en réalité pratiquement impossible,

et applications de santé mobile à l’hôpital. Il s’agirait alors

si le marquage CE – Dispositif médical n’a pas été apposé

d’établir la liste des outils autorisés et de laisser les prati-

dessus ;

ciens choisir de les utiliser dans leur pratique quotidienne.

- exercer un recours contre le médecin.

On parle alors de Choose Your Own Device. La DSI devra nécessairement être associée à ce type d’achats. De

LA SOLUTION, SE RETOURNER vers le médecin ?

même qu’elle devra prendre les mesures – techniques et organisationnelles – nécessaires pour empêcher l’utilisation d’autres outils et pour conditionner le CYOD à l'absence d'externalisation des données patients – toutes

Je vous imagine déjà, tiquant à la lecture de la ligne pré-

doivent être dans le DPI, et nulle part ailleurs.

cédente. Oui, je pèse mes mots. Un recours récursoire

Bon, dans cette attente, il ne reste plus qu’à rédiger l’ap-

contre le médecin ayant introduit l’objet connecté ou

pel d’offres !

n

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

129


B

A

SE

H

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H O P I TA L

AS

INFORMATION PRATIQUE GRÉÉE

est disponible dans votre établissement ? Vous pouvez désormais bénéficier gratuitement de sur votre smartphone !

Une installation simple en 3 étapes : I Installez l’application V VIDAL Mobile vvia votre Store. Accès direct à l’application en scannant le QR Code ci-contre.

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DIRE D’EXPERT

les appli-mobiles santé

LES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ PEUVENT BÉNÉFICIER D’UNE VERSION GRATUITE DU VIDAL SUR SMARTPHONE L’utilisation de l’application VIDAL Mobile est disponible gratuitement en téléchargement pour tous les praticiens des établissements déjà équipés de VIDAL Hoptimal. Retour d’expérience au CHU de Grenoble où quelque 1600 praticiens ont la possibilité d’utiliser la solution VIDAL Mobile depuis juin dernier. Entretien avec : Pr Vincent Danel, responsable SAMU 38 : « VIDAL Mobile constitue un bon support d’aide à la décision clinique » Dr Isabelle Pin, pneumologue-pédiatre : « Je me sers de cette application notamment pour valider une posologie » Hélène Sol, DSI du CHU de Grenoble : « Cet outil pratique est très apprécié par les médecins » Optimisée pour les tablettes et les Smartphones, l’appli-

trouver

cation VIDAL Mobile Compagnon est teléchargeable

informations relatives à sa

uniquement

les

gratuitement sur les plateformes App Store, Google Play

spécialité, la médecin s’est

et Windows Phone Store pour tous les hospitaliers dont

déclarée globalement très

l’établissement est équipé de la solution VIDAL Hoptimal.

satisfaite par l’application.

Le CHU de Grenoble a souscrit à l’offre VIDAL Hoptimal il 2015, j’ai pu tester et apprécier la solution VIDAL Mobile

SOIGNANT NOMADE ET CONNECTÉ

après l’avoir installée sur mon Iphone 6 plus », témoigne

Très appréciées en mobi-

Hélène Sol, Directrice des Systèmes d’Information au

lité, les Recos VIDAL dont

y a déjà plusieurs années. « Lors du congrès HIT de mai

CHU de Grenoble. Après ce test concluant, le lancement à l’ensemble du Centre hospitalier universitaire de Grenoble a été enclenché dès la mi-juin avec une communication portée par le secrétariat de la CME à destination de plus de 1600 praticiens exerçant dans l’établissement. Parmi ces professionnels de santé, le Professeur Vincent Danel qui utilise VIDAL Mobile sur son Smartphone au quotidien. « C’est un outil d’aide à la décision dans notre pratique médicale. Cette application permet de consulter de façon rapide une information sur le médicament à travers une « monographie » détaillée. Facile à installer, l’outil propose une navigation aisée à l’aide de menus permettant de trouver l’information utile et pertinente », détaille le Pr Vincent Danel qui s’en sert depuis plusieurs mois. « C’est pratique d’avoir sur soi toute cette base de connaissances », se réjouit-il. L’ensemble des praticiens du SAMU 38 utilise très régulièrement VIDAL Mobile pour avoir l’état actuel de la science. « Dans un contexte d’urgence, c’est pratique pour vérifier très rapidement qu’il n’y a pas d’interaction médicamenteuse avec le traitement d’un patient. Pour les maladies rares, c’est aussi très utile d’accéder à la base de données en mobilité.

la 6ème édition vient de paraître, constituent une véritable innovation en matière De nombreuses autres fonctionnalités sont

d’outil d’aide à la décision thérapeutique. « Elles synthé- disponibles dans tisent toutes les recommandations thérapeutiques sous l’application VIDAL

forme d’arbres décisionnels très pratiques », explique Mobile : les adresses des centres de

Didier Vinxe, Directeur des Ventes Hôpital chez VIDAL. pharmacovigilance, « La Reco du mois est très intéressante en mobi- des informations sur lité, confirme le Pr Danel. Cela permet d’actualiser ses le médicament et la

conduite automobile,

connaissances n’importe où, dans les transports en com- la contraception muns ou ailleurs. » À l’hôpital, l’heure est à la mobilité et orale, etc. Une mise

au praticien nomade qui accède aux informations direc- à jour quotidienne sur le médicament est

tement depuis le lit du patient. « Le CHU de Grenoble également accessible propose l’accès Internet WIFI sur les Smartphones des par la fonctionnalité médecins depuis avril 2015. Techniquement, le réseau « Actualités ». WIFI est en cours de finalisation dans tout le reste de l’établissement », précise la Directrice des Systèmes d’information, Hélène Sol. Dans le cadre de l’installation de VIDAL Mobile, une connexion Internet est nécessaire lors du premier lancement et pour la mise à jour des applications mais VIDAL Mobile est ensuite utilisable à tout moment sans connexion Internet.

Cette application constitue un bon support d’aide à la dé-

Depuis mai 2015, les professionnels de santé bénéficient

cision clinique », ajoute le Pr Danel. Une autre praticienne,

de l’accès à la base de connaissance mondiale UptoDate

Dr Isabelle Pin, était déjà abonnée à l’application VIDAL

sur tous les équipements informatiques du CHU et

Mobile à titre personnel avant que le CHU ne lui procure

sur leurs téléphones portables. Les cliniques de soins

l’accès gratuitement. « La dernière fois, je l’ai utilisé hier

viennent d’être équipées en chariots mobiles grand écran

pour vérifier le dosage de Rapamune Sirolimus, un médi-

et grande autonomie pour que les médecins et les infir-

cament que je n’ai pas l’habitude de prescrire » a témoi-

mières accèdent, saisissent et dictent toutes les informa-

gné la pneumologue-pédiatre qui apprécie la rapidité

tions nécessaires aux soins au lit du patient ou devant les

d’accès à ce type d’information. Même si elle s’attend à

chambres. Une belle avancée qui favorise les échanges et

une optimisation de la présentation de l’information pour

contribue à rompre l’isolement des patients.

n

DH MAGAZINE 152 / 3E TRIMESTRE 2015

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