Jean-Baptiste BAULER
UEM 123 A05
La cimenterie, Barcelone // Ricardo Bofill //
« The factory is a magic place which strange atmosphere is difficult to be perceived by a profane eye. I like the life to be perfectly programmed here, ritualized, in total contrast with my turbulent nomad life. »
Ricardo Bofill
I)
L’ancienne cimenterie
1) Situation géographique La cimenterie Samson a été construite dans les années 1920 dans une nouvelle ville industrielle située à l’époque dans la banlieue proche de Barcelone : Sant Just. Aujourd’hui, cette dernière a été englobée par la capitale catalane et fait désormais partie du quartier Sant Just. Situation de la cimenterie dans Barcelone
2) Une usine performante… mais abandonnée L’usine Samson était pionnière dans les techniques modernes d’industrialisation : « La fabrique » est restée comme le modèle de référence dans la production de ciment en Espagne. A l’époque, le fils du Roi Alphonse et le dictateur Primo de Rivera saluent alors la productivité élevée et la modernité de cette infrastructure. Mais au fil des années, le bruit, la poussière, l’odeur… l’activité industrielle gène les riverains. En 1968, l’usine est alors abandonnée et la production se délocalise, laissant en friche la grande bâtisse.
3) Composition de l’usine Lors de la découverte en 1973 de l’usine par Ricardo Bofill et son équipe, la fabrique comptait alors 30 silos, des galeries souterraines (environ 4km) et d'immenses salles des machines. Du fait que l’usine de ciment date de la première période de l’industrialisation de Barcelone, elle n’a pas été construite selon un plan général mais en juxtaposant divers éléments. Le résultat est alors une série de volumes ajoutés les uns aux autres qui rappelle l’architecture vernaculaire (avec un aspect industriel).
La cimenterie lors de son fonctionnement
II) Reconversion 1)
Une destruction calculée
D’après l’architecte, c’est lors de sa première visite qu’il décide d’acheter la cimenterie dans l’optique de la transformer : « Lors de ma première visite à l’ancienne usine de ciment, j’ai tout de suite pensé qu’une chose horrible pourrait devenir quelque chose de très beau, de la même façon que l’idiotie peut parfois devenir génie » Ricardo Bofill décide donc d’acquérir l’usine en 1973 pour en faire le siège de son agence d’architecture ainsi que sa résidence personnelle. La première étape de la reconversion est une destruction sélective et très calculée de l’usine existante : la démolition de nombreux éléments de structures de l'ancienne cimenterie révélant des formes cachées, permettant un travail de sculpture sur la couche de béton de protection. Première destruction des bâtiments obsolètes
La cimenterie abandonnée et partiellement en ruines était un recueil d'éléments surréalistes : escaliers paradoxaux qui ne mènent nulle part, absurdité de certains éléments qui pendent dans le vide, proportions étranges, d’immenses espaces vides… Ainsi, Ricardo Bofill peut modifier la brutalité d’origine et sculpter les divers éléments qui se trouvent dans la cimenterie comme des œuvres d’art.
Ricardo Bofill au contact du béton
L’usine après destruction de certaines parties
2)
La rénovation
Dans ces bâtiments conservés, l'étape suivante consistait à inventer un nouveau programme pour l'utilisation de ces espaces, dans une quasi négation du fonctionnalisme. En effet, dans ce cas, la fonction n'a pas induit la forme, mais l’architecte a voulu démontrer que n’importe quel espace pouvait être alloué tel qu’il le souhaitait.
Plan des étages courants (Circulation, sanitaires, bureaux dans les silos)
Après avoir fait une démolition sélective des volumes existants, il restait huit silos (6 d’un côté et 2 de l’autre) Ceux-ci, après transformation, sont destinés à devenir des bureaux, un laboratoire, des archives, une bibliothèque et une grande salle appelée « La Cathédrale ». Cette dernière peut se transformer selon les besoins en salle d'exposition, de rencontre pour les clients et les visiteurs mais aussi en toute une gamme de fonctions culturelles liées aux activités professionnelles de l'architecte. Les deux silos isolés ainsi que le bloc qui leur est rattaché est destiné à devenir la résidence de Ricardo Bofill.
La « cathédrale »
L’intérieur d’un silo
3) Styles et espaces intérieurs Le projet de rénovation incorpore différents langages architecturaux : le style gothique catalan et divers éléments surréalistes qui rendent hommage au passé industriel du bâtiment cohabitent avec des meubles contemporains disposés de façon occasionnels. En effet, l'espace intérieur n'a pas été entassé avec trop d'éléments décoratifs : des canapés blancs, de grands tapis monochromes, de grands rideaux et de nombreux autres éléments donnent un style noble à la cimenterie. Le coin bureau est pourvu de tables de conférence spectaculaires ainsi que de sièges en cuir et des gravures architecturales joliment encadrées qui pendent sur les murs.
Salle à manger
Table de réunion
3)
Le jardin
Le complexe qui se tenait auparavant au milieu d’une surface entièrement goudronnée repose désormais au milieu d’un exceptionnel jardin d’eucalyptus, de palmiers, d’oliviers et de cyprès. La toiture étant également arborée, la cimenterie semble comme perdue au milieu de cette végétation luxuriante.
La terrasse
Les silos dévorés par la végétation
III) Conclusion et avis personnel
La reconversion de cette cimenterie par Ricardo Bofill me semble particulièrement réussi. Alors qu’aujourd’hui un visiteur pénètre dans ce bâtiment, il entre dans une agence d’architecture, mais il a toujours la sensation d’être au cœur d’une usine en plein fonctionnement. Le travail du béton en surface, le maintient de divers éléments existants et l’agencement intérieur des meubles qui ne prennent pas le dessus sur l’architecture existante jouent un rôle important dans cet effet. De plus, l’architecte a su intelligemment amener la lumière naturelle grâce à de fines ouvertures qui ne dénaturent en rien les silos et qui au contraire leur donnent un aspect de tour (fenêtres géminées, arcs romans). Il est alors impossible de ne pas penser à un château fort: ainsi, les silos deviennent des tours, les structures se transforment en rempart et la cheminée fonde le donjon. La végétation qui pousse sur le toit et encercle le bâtiment crée même une certaine ambigüité. Un autre aspect intéressant de ce projet : la reconversion continue encore aujourd’hui ; elle a lieu petit à petit. En effet, tous les ans de nouveaux espaces de travail basés sur les ruines de l’ancienne usine prennent forme. Pour moi, ce projet est la preuve du fait qu'un architecte imaginatif peut adapter n'importe quel espace à une nouvelle fonction, peu importe la fonction première de cet espace. Pour finir, on peut dire que "La Fabrique" s’emble offrir un environnement privilégié de travail pour Ricardo Bofill et son équipe au milieu de jardins luxuriants.
Webbographie
http://www.ricardobofill.com/ http://patrindustrialquitectonico.blogspot.fr/2013/03/despacho -y-vivienda-de-ricardo-bofill.html