![](https://assets.isu.pub/document-structure/221011155413-7b1cb32dd713953d8bb5e8cb61fb59ab/v1/938eafc0c959587c69a411cdc0052606.jpeg?width=720&quality=85%2C50)
6 minute read
Parti pris
STRATÉGIE Paul Fokam recentre Afriland
Près de deux ans après avoir quitté la Guinée équatoriale, AFG veut s’appuyer sur sa filiale camerounaise pour s’installer au Congo, au Tchad et en Centrafrique. Mais le groupe n’a pas encore tranché sur la forme de ses implantations.
Advertisement
OMER MBADI, À DOUALA
Les audiences de mai n’ont é ch ap pé à pe rs on ne . C onduite par C élestin Guela Simo, alors numéro deux d’Afriland First Bank (AFB) Cameroun (lire encadré page suivante), une délégation d’Afriland First Group (AFG) s’est rendue à N’Djamena et à Brazzaville afin de faire part aux ministres des Finances du projet d’installation du groupe dans leurs pays respectifs. Présent uniquement au Cameroun, après le retrait, en janvier 2021, de la Guinée équatoriale, le groupe bancaire fondé par Paul Kammogne Fokam cible le Congo, le Tchad et la Centrafrique (RCA), sans dévoiler si cette expansion se fera par des rachats oupar des créations d’établissements.
La situation politico-sécuritaire du Tchad et de la RCA ne semble pas inquiéter outre mesure au sein du groupe. « Près de 67 % des Africains vivent dans un pays entaché par un conflit. Devons-nous abandonner notre continent pour cette raison? Notre vision est d’être et de rester la banque africaine du millénaire », objecte Maurice Simo Djom, le directeur de la communication et des relations publiques d’AFG.
Ces audiences interviennent dans un contexte où le groupe s’est davantage illustré,ces dernièresannées, par des désengagements, notamment en Zambie et en Ouganda, pour se prémunir, entre autres, contre l’insécurité juridique et judiciaire. « Notre retrait de certains pays est la traduction de notre démarche stratégique, qui consiste à nous concentrer sur les zones où nous avons une bonne garantie de protection des investissements privés, ainsi qu’une bonne perception des facteurs économiques, sociaux et environnementaux », se défend Maurice Simo Djom. L e s d i f f i c u l t é s n e manquent, du reste, pas. Si les craintes d’une éventuelle éviction de Guinée, à la suite du renversement d’Alpha Condé – dont Paul Fokam était devenu un proche – se sont vite dissipées, le groupe panafricain reste sous la menace d’une tentative d’expropriation en RD Congo, au regard des péripéties que vit sa filiale. Plus d’un an après la cession de CCEI Guinée équatoriale, AFG n’est toujours pas entré en possession des 44,7 millions d’euros issus du rachat de ses parts par Malabo.
![](https://assets.isu.pub/document-structure/221011155413-7b1cb32dd713953d8bb5e8cb61fb59ab/v1/b7c7956a4103d9d2c78cb6081485933e.jpeg?width=720&quality=85%2C50)
Ambition africaine intacte
Le désir de s’implanter durablement dans ces trois pays – le groupe a disposé, il y a quelques années, d’un bureau de représentation à Brazzaville, et accueille le Tchadien Ismael Mahamat Adoum au tour de table de la filiale camerounaise – exprime-t-il un recentrage stratégique en Afrique centrale? « Il ne s’agit pas d’un recentrage ; notre ambition africaine est intacte. AFB participe à plusieurs chantiers de financement des économies des autres pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Il est donc normal quesesdirigeants soient plusprèsdes projets et des clients financés pour s’assurer du bon déroulement de ses opérations au sein de ces pays », soutient Maurice Simo Djom.
« Le groupe doit également tenir compte de l’intérêt de la concurrence pour cette région », observe un analyste. Sans l’avouer, AFG suit avec attention le déploiement de BGFI, d’Henri-Claude Oyima, en RCA et son désir de planter son drapeau à N’Djamena. Pareil pour Atlantic Financial Group (AFG), de Bernard Koné Dossongui, qui a dernièrement fait main basse sur la gabonaise
Bicig et profité, il y a quelques mois, de ses déboires passagers avec la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) pour faire le tour des capitales de la Cemac. « Il est fort probable que des possibilités d’implantation aient été évoquées », renchérit notre observateur.
Coup d’accélérateur
Pour accélérer le mouvement, AFG préfère s’appuyer sur sa filiale camerounaise, dont il a récemment augmenté le capital de 30 milliards de F CFA (46 millions d’euros) à 50 milliards de F CFA. « C’est la preuve que les relations entre le groupe et le couple Beac-Cobac ne sont toujours pas au beau fixe, ironise un banquier local. La création, à l’époque, du holding bancaire, à Genève, non agréé par la Banque nationale suisse, fut un point de rupture radicale avec les institutionsrégionales. »Uneopinion réfutée en interne. « Nos relations avec la Cobac sont très apaisées. C’est l’avenir qui nous importe », conclut Maurice Simo Djom.
Mieux, Paul Fokam mise sur un règlement communautaire de 2010 qui instaure l’agrément unique en zone Cemac pour s’établir dans ces trois pays, une première dans la région. « Afriland First Bank possède une licence bancaire unique pour tous les pays de la zone Cemac. Elle intervient dans quatre des six pays. Il est donc tout à fait normal que nous renforcions notre présence dans ces pays », appuie son responsable de la communication.
La question reste la forme que prendront ces implantations. « Le meilleur schéma serait de voir les nouveaux établissements devenir des succursales de la filiale camerounaise. La réglementation n’étant pas assezprécise,lechoixdelasuccursale lui évite de libérer trois fois le capital minimum de 10 milliards de F CFA nécessaireàl’ouvertured’unefiliale », analyse notre banquier.
GUELA SIMO, LE MAÎTRE D’ŒUVRE
Il conduisait les délégations d’AFB à N’Djamena et à Brazzaville. Il se chargera désormais de l’expansion du groupe en Afrique centrale. À 52 ans, Célestin Guela Simo dirige depuis le 1er juillet la filiale camerounaise, dont la licence servira pour cet essor régional. Neveu de Paul Kammogne Fokam, cet ingénieur titulaire d’un MBA de l’IAE de Paris hérite de la première banque du pays, où il a gravi tous les échelons en vingt-deux ans de carrière. Ses crédits culminaient à 889 milliards de F CFA (1,35 million d’euros) fin 2021, pour des dépôts s’élevant à 1 274 milliards.
O.M.
C O M M U N IQ U É
AVIS D’EXPERT
MITCO
4è étage, Ebene Skies, Rue de l’institut, Ebene 80817, Maurice Tél. : (+230) 404 80 00 Courriel: bd@mitcoworld.com
www.mitcoworld.com
« Privilégier une approche systémique de ses activités pour faire croître son entreprise »
La majeure partie des problématiques des entrepreneurs en Afrique repose sur des difficultés de financement et de transactions bancaires transfrontalières.
De ce constat, Maurice a su développer une expertise pour accompagner les entrepreneurs dans leur démarche de structuration et d’expansion. Sa sophistication bancaire, avec 22 banques dont 4 de renommée internationale, a permis à la juridiction, de s’imposer comme une passerelle pour le développement des activités sur le continent africain. Pour autant, la problématique de financement, et notamment l’obtention de lignes de crédit pour soutenir les échanges commerciaux, suppose une conformité de la structure et de la gestion des activités de l’entreprise. C’est d’ailleurs un des facteurs limitants que nous rencontrons auprès des investisseurs qui sollicitent nos services.
Le premier conseil que j’apporte, qu’il s’agisse d’entreprises ou de structures familiales, repose sur la nécessité à structurer, principalement pour construire un historique d’activité et obtenir des financements, lesquels permettront la croissance organique de l’entreprise, indispensable à la pénétration de nouveaux marchés. MITCO que je représente, s'inscrit comme un acteur de premier ordre, dans l'accompagnement de ces entreprises, notamment par sa connaissance des différents marchés et sa maîtrise du fonctionnement du système bancaire. Pour conclure, nous conseillons aux investisseurs de privilégier une approche systémique. Une analyse fine des activités de l’entreprise sera un gage de réussite pour mesurer les risques, obtenir les financements nécessaires et permettre un développement à l’international.