5 minute read
À quoi sert encore l’Uemoa? par Stéphane Ballong
Bicig et profité, il y a quelques mois, de ses déboires passagers avec la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) pour faire le tour des capitales de la Cemac. « Il est fort probable que des possibilités d’implantation aient été évoquées », renchérit notre observateur.
Coup d’accélérateur
Advertisement
Pour accélérer le mouvement, AFG préfère s’appuyer sur sa filiale camerounaise, dont il a récemment augmenté le capital de 30 milliards de F CFA (46 millions d’euros) à 50 milliards de F CFA. « C’est la preuve que les relations entre le groupe et le couple Beac-Cobac ne sont toujours pas au beau fixe, ironise un banquier local. La création, à l’époque, du holding bancaire, à Genève, non agréé par la Banque nationale suisse, fut un point de rupture radicale avec les institutionsrégionales. »Uneopinion réfutée en interne. « Nos relations avec la Cobac sont très apaisées. C’est l’avenir qui nous importe », conclut Maurice Simo Djom.
Mieux, Paul Fokam mise sur un règlement communautaire de 2010 qui instaure l’agrément unique en zone Cemac pour s’établir dans ces trois pays, une première dans la région. « Afriland First Bank possède une licence bancaire unique pour tous les pays de la zone Cemac. Elle intervient dans quatre des six pays. Il est donc tout à fait normal que nous renforcions notre présence dans ces pays », appuie son responsable de la communication.
La question reste la forme que prendront ces implantations. « Le meilleur schéma serait de voir les nouveaux établissements devenir des succursales de la filiale camerounaise. La réglementation n’étant pas assezprécise,lechoixdelasuccursale lui évite de libérer trois fois le capital minimum de 10 milliards de F CFA nécessaireàl’ouvertured’unefiliale », analyse notre banquier.
GUELA SIMO, LE MAÎTRE D’ŒUVRE
Il conduisait les délégations d’AFB à N’Djamena et à Brazzaville. Il se chargera désormais de l’expansion du groupe en Afrique centrale. À 52 ans, Célestin Guela Simo dirige depuis le 1er juillet la filiale camerounaise, dont la licence servira pour cet essor régional. Neveu de Paul Kammogne Fokam, cet ingénieur titulaire d’un MBA de l’IAE de Paris hérite de la première banque du pays, où il a gravi tous les échelons en vingt-deux ans de carrière. Ses crédits culminaient à 889 milliards de F CFA (1,35 million d’euros) fin 2021, pour des dépôts s’élevant à 1 274 milliards.
O.M.
C O M M U N IQ U É
AVIS D’EXPERT
MITCO
4è étage, Ebene Skies, Rue de l’institut, Ebene 80817, Maurice Tél. : (+230) 404 80 00 Courriel: bd@mitcoworld.com
www.mitcoworld.com
« Privilégier une approche systémique de ses activités pour faire croître son entreprise »
La majeure partie des problématiques des entrepreneurs en Afrique repose sur des difficultés de financement et de transactions bancaires transfrontalières.
De ce constat, Maurice a su développer une expertise pour accompagner les entrepreneurs dans leur démarche de structuration et d’expansion. Sa sophistication bancaire, avec 22 banques dont 4 de renommée internationale, a permis à la juridiction, de s’imposer comme une passerelle pour le développement des activités sur le continent africain. Pour autant, la problématique de financement, et notamment l’obtention de lignes de crédit pour soutenir les échanges commerciaux, suppose une conformité de la structure et de la gestion des activités de l’entreprise. C’est d’ailleurs un des facteurs limitants que nous rencontrons auprès des investisseurs qui sollicitent nos services.
Le premier conseil que j’apporte, qu’il s’agisse d’entreprises ou de structures familiales, repose sur la nécessité à structurer, principalement pour construire un historique d’activité et obtenir des financements, lesquels permettront la croissance organique de l’entreprise, indispensable à la pénétration de nouveaux marchés. MITCO que je représente, s'inscrit comme un acteur de premier ordre, dans l'accompagnement de ces entreprises, notamment par sa connaissance des différents marchés et sa maîtrise du fonctionnement du système bancaire. Pour conclure, nous conseillons aux investisseurs de privilégier une approche systémique. Une analyse fine des activités de l’entreprise sera un gage de réussite pour mesurer les risques, obtenir les financements nécessaires et permettre un développement à l’international.
Nathalie Daynes
Acting Chief Executive Officer
MAROC Amal Benaïssa, équilibriste en chef de BOA
Concilier profits confortables et impact environnemental positif. Gageure ? Oxymore ? En aucun cas, selon la responsable finance durable du géant chérifien, trentenaire ambitieuse qui bouscule les habitudes du groupe d’Othman Benjelloun.
BILAL MOUSJID, ENVOYÉ SPÉCIAL À CASABLANCA
«E n l’espace de quelques années, BankofAfrica (BOA) a réussi à se positionner comme pionnière de la finance durable », indique dans son dernier rapport annuel la banque du milliardaire Othman Benjelloun, qui se targue d’intégrer les risques climatiques aussi bien dans sa gouvernance que dans ses financements. Cette longueurd’avance, c’està Amal Benaïssa, la cheville ouvrière de la finance durable au sein du groupe, que BOA la doit.
Diplômée de l’Université de Boston et de la London School of Economics en relations internationales et en communication politique, Benaïssa a rejoint BOA dès 2007 pour son stage dedoctoratà Londres, «enpleinecrise financière au sein de la City, moment de remise en question des business modèles et du fonctionnement du système financier, et d’émergence de prise de conscience écologique et climatique », se souvient-elle.
Depuis son retour au Maroc, en 2013, elle s’attelle, sous l’égide d’Othman Benjelloun, à « insuffler de la durabilité à travers les métiers bancaires aussi bien au Maroc que dansles filiales du groupe ». Parmi les réalisations de son département : un travaildecoordinationpour« la mise enplacedeplusde100 millionsd’euros de lignes de financementdurable, dont la GreenValueChain (GVC)avec la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) » ou encore une « ligne bleue » de 6 millions d’euros consacrée au secteur de l’eau en partenariat avec l’Agence française de développement(AFD)etlaBanque européenne d’investissement.
Populations vulnérables
« J’échange régulièrementavecdivers bailleurs de fondsetorganismes pour tenter de trouver des opportunités de financement dans les secteurs de l’économie verte », résume-t-elle, citant au passage un projet « inédit » auquel elle a contribué récemment : le premier social bond (obligation à vocation sociale) d’un peu plus de 50 millions d’euros, dont l’émission est prévue au dernier trimestre de 2022.
« Nousavonstravaillédès le second semestre à définir des critères et des cibles à fort impact qui prendront en considération diverses populations vulnérables, aussi bien dans le domaine de la santé que dans celui de l’éducation », nous détaille la manageuse, selon laquelle réconcilier « profits ou dividendes à court terme et impact environnemental positif constitue le véritable graal de [sa] génération ». Selon Amal Benaïssa, il est désormais « de plus en plus évident, dans un monde en mutation, que la finance classique fondée sur le pur gain à court terme a atteint ses limites ». Un constat qui pousse également d’autres banques marocaines à amorcer un virage vers la finance durable. « Aujourd’hui, les banques marocaines, dans leur ensemble, accompagnent les projets verts, notamment l’efficacité énergétiqueetl’optimisationdes ressources, l’eau en particulier,maisaussi lesprojetsd’envergure en matièred’énergies renouvelables ou de dessalement », s’enorgueillit la responsable de Bank of Africa.