1
g PLUS D’INFOS SUR strategieslogistique.com
NUMÉRO
Avril/Mai 2019
176 Avril/Mai 2019
@stratlog strategieslogistique.com
Numéro 176 - Avril/Mai 2019 - ISSN 1249-2965 - Prix du numéro : 22 €
STRATÉGIES LOGISTIQUE - Numéro 176
Entrepôts : le temps des bâtisseurs !
IMMOBILIER Le retour des prestataires Stratégies Logistique > n° 134 > Avril / Mai 2012
FORMATION Les serious games investissent la supply-chain
© DR
Nouvelle méthode d’apprentissage ou d’accompagnement au changement, le serious game séduit les organismes de formation et gagne doucement la logistique, en mêlant jeux de plateau collaboratifs et immersion en environnement virtuel. P. 22
SOMMAIRE Stratégies Logistique > n° 176 > Avril/Mai 2019
DÉCOUVRIR
3 Édito 6 Stratégie
PARTAGERCOMPRENDRE
APPROFONDIR
22 Formation
28 Industrie 10 Entreprise
ACHETER
68 Équipements de stockage
5
40 Immobilier 2018, année des logisticiens et des régions de la dorsale 78 Index des sociétés g TOUTE L’INFO SUR : strategieslogistique.com
36 Reportage
48 Solution
EN COUVERTURE
P. 48
Entrepôts : le temps des bâtisseurs !
© BD
54 Tendances
Stratégies Logistique > n° 176 > Avril/Mai 2019
DÉCOUVRIR
PARTAGER-COMPRENDRE
APPROFONDIR
ACHETER
ENTREPRISE
Alberto Nobis
Alberto Nobis est désormais le Pdg de DHL Express Europe. À ce titre, il a intégré le conseil d’administration monde de DHL Express. Directeur financier Monde de DHL Express de 2009 à 2012, Pdg de DHL Express Italie de 2013 à 2019, il succède à John Pearson, qui devient Pdg Monde de DHL Express. Il est désormais responsable de près de 50 pays européens.
Bastien Budria
Bastien Budria est le nouveau business developper grands comptes de Delaplace.pro, la plateforme web de mise en relation entre l’offre et la demande en matière de capacités de stockage et de prestations logistiques associées. Créée en 2017, elle est une filiale d’Engie Ineo. Ce diplômé d’un master Stratégie logistique de l’ESM-A Marne-laVallée était jusqu’alors ingénieur commercial principal chez GS1 France, après avoir été responsable comptes clés chez Chep France.
tal », s’est enthousiasmé le président de Région, Hervé Morin. « La Région Normandie s’étant engagée à apporter les crédits nécessaires pour permettre la réalisation de cette infrastructure de 125 millions, rien ne s’oppose désormais au lancement de ce chantier stratégique, réclamé depuis longtemps par les acteurs économiques de l’axe Seine. » Le plan de financement est donc bouclé, la construction des postes 11 et 12 pourra démarrer dès cette année. n
© Droits réservés
Emmanuelle Verger
Emmanuelle Verger préside désormais le conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Dunkerque. Elle en était déjà membre. Son mandat dure cinq ans. Polytechnicienne, la quadragénaire est directrice de la division production nucléaire et thermique d’EDF. Elle est passée par Veolia et la direction des relations économiques extérieures du ministère de l’Économie. À Dunkerque, elle remplace François Soulet de Brugière.
25
millions d’euros. C’est la somme mobilisée par l’Europe pour l’accès fluvial direct à Port 2000, dans le cadre de l’appel à propositions Transport 2018 du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE). Cette somme profitera donc à HAROPA - Port du Havre, maître d’ouvrage, afin de cofinancer le projet d’accès fluvial à Port 2000. Ce projet vise à faciliter le transport fluvial et la multimodalité au sein du corridor Atlantique du réseau transeuropéen de transport, et en particulier sur l’axe Seine. « Je me réjouis de cette avancée majeure, tant sur le plan économique qu’environnemen-
Carlsberg et XPO Logistics continuent ensemble au Royaume-uni
Ç
a continue de rouler entre XPO Logistics et Carlsberg UK. Les deux acteurs ont renouvelé leur contrat pluriannuel pour la gestion de la supply-chain de la brasserie au Royaume-Uni, soit 400 millions de litres de bière par an. L’activité est répartie dans trois sites à Northampton, qui reçoivent les matières premières
entrantes avant d’être positionnées sur les lignes de production. Les bouteilles, canettes et fûts remplis sont ensuite déplacés vers des zones de stockage, où ils subissent un contrôle qualité avant que les produits emballés ne soient transférés au centre de distribution pour livraison ultérieure à la clientèle de Carlsberg UK. n
Nomination chez Stratégies Logistique
S
ylvain Chanourdie rejoint la rédaction de Stratégies Logistique en tant que rédacteur en chef adjoint. Précédemment responsable de conférences technologiques, Sylvain est notamment passé par La Lettre des Achats en tant que chef de rubrique Outils et par Stratégies Télécoms & Multimédia en tant que rédacteur en chef. Après les vagues « cyber », « e- », « web x.0 », etc., l’actuelle transformation numérique de la supplychain sera pour lui particulièrement riche à décrypter. Sylvain contribuera à accélérer la transformation de Stratégies Logistique, entamée il y a un peu plus de deux ans : passer d’un journal de logistique à un titre bimédia de supply-chain. Dans ce cadre, il assurera le pilotage et la réalisation des sujets IT et nouvelles technologies pour le magazine bimestriel et les supports numériques. n n° 176 > Avril/Mai 2019 > Stratégies Logistique
© Droits réservés
Valérie Floridia
Lancé en 2018, l’incubateur interne de Gefco, l’Innovation Factory, se dote d’une nouvelle directrice : Valérie Floridia. Avec quinze ans d’expérience au sein de groupes comme Renault et EDF, tant en France et en Allemagne qu’aux États-Unis, elle aura pour mission d’encourager l’émergence de nouvelles idées et de les convertir en véritables projets opérationnels qui viendront renforcer l’expertise du groupe.
L’Europe débloque 25 M€ pour Port 2000 © Droits réservés
Nominations
© Droits réservés
10
g PLUS D’INFOS SUR strategieslogistique.com
© Droits réservés
© Droits réservés
DIMOTRANS RACHÈTE BRETAGNE SERVICES LOGISTIQUES
Renault et Manitou dans le vent de Neoline
E
© Droits réservés
© Droits réservés
n devenant partenaire de Neoline, Renault et Manitou envisagent le transport maritime autrement. Pour réduire l’empreinte carbone de sa supply-chain, le groupe Renault est devenu partenaire de Neoline pour trois ans. Avec ce concepteur et opérateur de cargos à voiles, il compte expérimenter une nouvelle solution de transport maritime. Neoline a conçu un démonstrateur commercial capable de réduire jusqu’à 90 % les émissions de CO2, comparé à un cargo traditionnel sur un trajet équivalent, en ayant recours à une propulsion éolienne principale associée à une vitesse économique et à l’optimisation du mix énergétique. « Ce démonstrateur, navire roulier de 136 m de long et de 4 200 m2 de voilure, combine de façon innovante des solutions techniques issues du transport maritime mais également de la voile sportive, de
Stratégies Logistique > n° 176 > Avril/Mai 2019
manière à permettre un transport à la fois performant en termes logistiques et économiques, tout en étant d’une sobriété exemplaire. » L’ambition, via le partenariat, est désormais de construire deux navires sur ce même modèle, qui devraient être en service en 2020-2021. Ces navires circuleront sur une ligne pilote qui reliera Saint-Nazaire, la côte Est des ÉtatsUnis et Saint-Pierre et Miquelon. Actuellement, près de 60 % du transport de pièces et véhicules du groupe Renault sont effectués par voie maritime. Renault vise à réduire de 25 % son empreinte carbone entre 2010 et 2022, avec un objectif cible de 6 % pour sa supply-chain par rapport à 2016. De son côté, le groupe Manitou s’est dit intéressé par le projet. Il prévoit de transporter plus de 1 000 machines de l’Europe vers les États-Unis en 2019. « Avec ce service, nous conserverons des délais de livraison similaires, tout en optimisant le pré-acheminement depuis nos usines du Grand Ouest jusqu’au port de Nantes–Saint-Nazaire », précise Augustin Merle, manager Transports et Projets logistiques de Manitou. Il semble également que le groupe Bénéteau serait disposé à exporter ses bateaux de plaisance, à voile ou à moteur, sur le Neoliner, à destination de Baltimore. n
Dimotrans Group a annoncé une prise de participation majoritaire dans le logisticien BSL, après un closing le 8 mars. Cette prise de participation s’inscrit dans la continuité du plan stratégique EVOLO du groupe de transport multimodal et logistique lyonnais, qui ambitionne un chiffre d’affaires de 500 M€ d’ici 5 ans, dont 100 M€ en logistique B to B et B to C. La société BSL a été cofondée en 1997 par Jean-René Rioual et Rolf Beyer. Ce dernier conserve la direction et reste actionnaire. Il aura en charge le développement de l’activité B to C du groupe. BSL, qui emploie 300 collaborateurs pour un CA de 28 M€, est un prestataire logistique spécialisé dans l’e-commerce, essentiellement sur les marchés des biens de consommation. Il traite annuellement environ 6 millions de colis, soit environ 30 millions d’articles. Cette opération porte à 60 M€ le CA logistique de Dimotrans, et positionne le groupe parmi les acteurs importants de la logistique de l’e-commerce en France.
LOG’S AU MAROC Log’s pose les pieds au Maroc avec son entrée majoritaire dans le capital de Timar Tanger Med (TTM), filiale du groupe Timar, coté à la Bourse de Casablanca. Créée en 2011, TTM propose des prestations de logistique pour des groupes internationaux et pour des fournisseurs qui livrent l’usine de Renault de Tanger. Log’S fait l’acquisition de 3 entrepôts sur les zones portuaires de Tanger Med et dans la Free Trade Zone de Tanger. Cinquante personnes sont employées par TTM.
11
12
DÉCOUVRIR
PARTAGER-COMPRENDRE
APPROFONDIR
ACHETER
ENTREPRISE
© Droits réservés
Le groupe de distribution a concentré de nombreuses innovations logistiques dans un hypermarché proche de Bordeaux. Objectif : tester en conditions réelles ces nouveautés.
P
our être toujours plus omnicanal, le groupe Casino cherche à s’appuyer sur des start-up pour toujours avoir une technologie d’avance, à l’image de ce qu’a mis en place sa filiale e-commerce Cdiscount avec l’incubateur The Warehouse. L’hypermarché Géant Casino de Pessac (14 000 m2, 80 000 produits, 600 commandes drive par jour et 240 salariés) teste en conditions réelles des innovations logistiques. « Tout l’enjeu est de travailler sur des stocks bas avec une gamme de 80 000 produits permanents, d’augmenter la fiabilité des prévisions de commandes, d’optimiser le remplissage des camions et de tendre les flux. Il serait illusoire de croire que l’on peut faire cela tout seul, c’est pourquoi nous nous appuyons sur des start-up », explique Clément Lubin, directeur de la logistique Casino France et Franprix-Leader Price au journal La Tribune.
Des exemples d’innovations Simbe est un robot conçu par la société Simbe Robotics. Il se balade tout seul au milieu des rayons. Capable d’éviter les obstacles, il traque les erreurs en prenant des photos : grâce à la reconnaissance d’images, il détecte les ruptures de stock ou les erreurs d’étiquetage avant de prévenir les collaborateurs. Find & Order a généré une carte 3D du magasin localisant chaque produit afin de proposer des itinéraires de picking
optimisés pour les collaborateurs. La technologie est bluffante, puisqu’elle s’appuie sur les variations du champ magnétique terrestre, pour les croiser avec la base de données des références produits. l’application développée par Yoobic assure le suivi des dates de péremption. Lorsque la DLC approche (le délai étant programmable), une diode bleue clignote à côté de l’étiquette de prix électronique, afin que les salariés puissent réétiqueter le produit. Les consommateurs sont avertis des promotions via leur application Casino Max. Scandit propose une technologie de réalité augmentée pour l’affichage des stocks. Shopopop (qui propose déjà ce service à Intermarché) offre la possibilité aux clients de l’hypermarché d’effectuer des livraisons à domicile, moyennant rémunération. un camion électrique, embarquant une dizaine de commandes, part de l’hypermarché et se rend à un point de stationnement déterminé. De là, plusieurs livreurs à scooters électriques à trois roues de la société GreenLiv se répartissent les commandes. Le client pourra suivre sur son smartphone le parcours de la livraison jusqu’à son domicile. Itelios est capable de prendre en charge plusieurs commandes en même temps. Le suivi sera disponible grâce à des PDA de la marque Bluebird. n n° 176 > Avril/Mai 2019 > Stratégies Logistique
© Droits réservés
Franprix a confié la gestion de son catalogue produit à Alkemics, start-up spécialiste du partage de données produits entre marques et distributeurs. En trois mois, 1 200 fournisseurs de produits de marques nationales ont été embarqués de façon automatisée et centralisée sur la plateforme Alkemics, qui référence 10 500 marques. L’origine de ce projet remonte à juin 2017, lorsque Franprix a lancé son application m-commerce et déployé une solution de Product Information Management (PIM). Les données produits étaient collectées de manière manuelle, avec un temps de récupération très long, des résultats hétéroclites et des risques d’erreur non négligeables. La plateforme Alkemics a permis d’industrialiser et fiabiliser les données produits, pour fluidifier les relations entre les marques, les distributeurs, mais aussi les consommateurs finaux. Le basculement d’une alimentation manuelle et hétérogène de son catalogue produits à une alimentation automatisée et fiabilisée effectué, la start-up et Franprix réfléchissent maintenant à une optimisation des processus. « Aujourd’hui, le processus d’onboarding n’est enclenché qu’une fois le processus de référencement exécuté. Nous comptons nous appuyer sur Alkemics pour mener les deux processus de concert, et ce, pour disposer des données produits dès la référence active et tendre vers un référencement en temps réel », précise Coline Bruland, directrice de l’offre chez Franprix.
Casino réinvente la logistique
© Droits réservés
FRANPRIX EMBARQUE 1 200 FOURNISSEURS CHEZ ALKEMICS
g PLUS D’INFOS SUR strategieslogistique.com
© Droits réservés
Un magasin automatique autoportant pour TGW
T
GW propose désormais des solutions dites entrepôts-silos. Dans ce concept, le rayonnage constitue la structure porteuse des éléments du toit et des murs de l’enveloppe du bâtiment, ce qui permet une réduction considérable des coûts de construction. TGW est justement en train de construire un premier magasin automatique autoportant (silo) à Überherrn, en Allemagne, pour le compte du groupe finlandais Amer Sports.
80 000 emplacements sur trois allées « Dans sa version en silo, le système de navettes utilise le rayonnage comme élément de support principal, détaille le constructeur. D’une longueur de 96 mètres et d’une largeur de 13 mètres, le système offre 80 000 emplacements de stockage sur trois allées. La conception compacte du système est un argument décisif en faveur de cette solution. Jusqu’à une hauteur de 27 mètres, l’utilisation optimale de l’espace au sol est assurée. Jusqu’à présent, la version de ce produit n’était disponible que pour les systèmes de palettes, mais pas encore pour les navettes pour bacs ou cartons. » Et d’ajouter : « L’élément crucial est avant tout l’assemblage des murs et de la toiture avec le rayonnage et le raccordement de l’ensemble avec la dalle ». n
Stratégies Logistique > n° 176 > Avril/Mai 2019
13
g PLUS D’INFOS SUR strategieslogistique.com
15
© Droits réservés
L
a Fabrique de la Logistique se définit comme la première plateforme d’accélération de projets innovants et ouverts. Et les secteurs dans lesquels innover sont nombreux : stratégie RSE, réduction des coûts, traçabilité accrue, optimisation des flux, réduction des émissions de CO2 et de polluants, mutualisation des moyens de transport, etc. L’Ademe entend jouer son rôle de catalyseur. Elle propose désormais aux acteurs de la supply-chain une communauté dédiée à l’innovation ouverte, pour rompre les barrières et fédérer les contributions individuelles au profit d’une force collective nationale. Cette communauté, c’est la Fabrique de la logistique.
Stratégies Logistique > n° 176 > Avril/Mai 2019
Start-up et porteurs d’innovations, donneurs d’ordres, prestataires logistiques et transport, organismes de labellisation et de financement, pouvoirs publics et collectivités territoriales, associations et fédérations, laboratoires de recherche, incubateurs et accélérateurs sont invités à rejoindre cet écosystème pour développer des « communs », par exemple une plateforme technologique, des données ouvertes, des logiciels libres, des retours d’expérience, des connaissances, des protocoles ou encore des territoires d’expérimentation. Lors d’un atelier participatif auquel ont été associés de nombreuses start-up et offreurs de solutions, quatre premières thématiques ont
© Droits réservés
accélérer les projets innovants et ouverts
été identifiées pour lancer les travaux de la plateforme : la logistique durable ; la dématérialisation ; la traçabilité et le tracking ; l’intelligence artificielle et la logistique. La gouvernance de la Fabrique est assurée par un comité de pilotage, composé à ce jour de l’Ademe, FM Logistic, la FNTR, GS1, La Poste, Michelin, Samara (groupe Monoprix), Novalog et la région Ilede-France. n