J PLUS D’INFOS SUR strategieslogistique.com
1
Octobre/Novembre 2023
NUMÉRO
203
Octobre/Novembre 2023
@stratlog strategieslogistique.com
INTRALOGISTIQUE RaaS, la robotisation pour tous ? DOUANE Chamboule-tout réglementaire en vue
© Adobe Stock
TRANSPORT Le vrai coût de l’électromobilité REPORTAGE
« La mutualisation mise en œuvre par Toopost permet de faire des économies dans un contexte inflationniste. »
Stratégies Logistique > n° 172 > Septembre 2018
Paul Lorne, directeur supply chain et cofondateur de Spartoo
© Spartoo – P. Jayet
Numéro 203 - Octobre/Novembre 2023 - ISSN 1249-2965 - Prix du numéro : 22 €
STRATÉGIES LOGISTIQUE - Numéro 203
LOGICIELS Les innovations 2023
SOMMAIRE
© Lora Barra
Le prix Stratégies Logistique de l’innovation durable (SLID) a fait son retour. Six lauréats d’horizons très variés ont été distingués lors de la cérémonie de remise des prix le 28 septembre. À lire en pages 6 à 8.
Stratégies Logistique > n° 203 > Octobre/Novembre 2023
DÉCOUVRIR
3 Édito
6 L’évènement
Prix SLID 2023 : le durable à l’honneur
PARTAGERCOMPRENDRE
30 Robotisation
Nouveau dédouanement français Delta I/E, nouveau système de contrôle des importations ICSF, taxe carbone aux frontières MACF, plusieurs chantiers douaniers se télescopent.
12 Entreprise
• Spartoo mutualise sa logistique intégrée • Les Mousquetaires musclent leur logistique non alimentaire
56 Logiciels de supply chain
46 DOUANE Nouvelles procédures douanières, mode d’emploi
• Lyreco revalorise les casques de sécurité • CMA CGM et Maersk s’associent pour décarboner
22 Reportage
ACHETER
Robot as a Service, la robotisation pour tous ?
10 Développement durable
Geopost, TICPE, Fnac Darty, Ceva, Amazon, Frichti, etc.
APPROFONDIR
EN COUVERTURE
J TOUTE L’INFO SUR : strategieslogistique.com P. 38
38 Électromobilité
Électrification du transport : quelle sera la facture ?
TRANSPORT
Le vrai coût de l’électromobilité Stratégies Logistique > n° 203 > Octobre/Novembre 2023
5
10
DÉCOUVRIR
PARTAGER-COMPRENDRE
APPROFONDIR
ACHETER
DÉVELOPPEMENT DURABLE
API du Club Déméter
Le 8e appel à projets innovants (API) de Club Déméter – Logistique Responsable est ouvert jusqu’au 14 novembre. Les candidatures seront présélectionnées selon 7 critères : impact environnemental, impact social ou sociétal, impact économique, aspect innovant, intérêt de l’expérimentation, impact sur la chaîne logistique globale (multi-acteurs), contribution mesurable. Les lauréats seront annoncés en janvier 2024.
Un guide des achats responsables de transport Élaboré par l’Ademe, l’AUTF, Eco CO2 et le gouvernement dans le cadre du dispositif Fret21, ce guide pratique s’adresse aux chargeurs afin de les accompagner dans une démarche d’achats écoresponsables de prestations de transport. Sur une trentaine de pages, le document fournit des conseils et des plans d’action à déployer afin de sélectionner les transporteurs adéquats.
Appel à projets Entrepôts 2023
L’Ademe a dévoilé les quatre lauréats de l’appel à projets Entrepôts lancé en février 2023. Les projets sélectionnés visent à répondre aux besoins de connaissance des acteurs tout en étudiant les impacts environnementaux. Il s’agit de B-REF-ENV (benchmark et référentiel bonnes pratiques environnementales entrepôt) porté par la société Argon Consulting ; E3IR (schéma logistique territorial) du consortium Pasca, Bâtir France et Idéa Logistique ; Logistika (étude d’implantation d’une plateforme logistique) conduit par la CCI de Nice Côte d’Azur et Seles (exemplarité logistique, environnementale et sociale) avec la société Striebig Logistique.
Lyreco revalorise les casques de sécurité Le distributeur a mis en place un service de recyclage des casques de sécurité qui s’appuie sur un ensemble de partenaires français. 90 % à 95 % des composants sont valorisés pour produire une matière première secondaire prête à la réutilisation.
L’
offre, intégrée à la gamme Lyreco Recyclable, comprend la livraison d’un conteneur en carton pour la collecte des casques usagés, sa reprise une fois rempli à la demande du client et toutes les opérations logistiques jusqu’au site de valorisation, un bordereau de collecte garantissant la traçabilité et une attestation annuelle de valorisation conforme aux obligations légales. Les conteneurs sont livrés et repris lors des tournées quotidiennes de livraison des 450 chauffeurs-livreurs de Lyreco répartis en France. Cette logistique de retour évite les trajets de véhicules vides à l’aller comme au retour. Une fois collectés, ils sont mis en palette sur les 41 plateformes logistiques de Lyreco, puis expédiés pour une massification dans le centre de distribution de l’entreprise à Villaines-la-Juhel, en Mayenne.
Circuit de proximité Dès que les volumes permettent de charger un poids lourd, les cartons
sont transportés vers l’atelier Chantiers peupins, une entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS) membre du réseau Emmaüs, située dans les Deux-Sèvres à moins de 300 km du site Lyreco. Ce centre de traitement s’occupe alors du tri et du démantèlement des casques afin de séparer les matières plastiques des matières métalliques et de la ferraille. Ces composants sont ensuite acheminés vers deux partenaires de proximité pour être respectivement granulés et fondus. Le conteneur mesure 60 x 50 x 70 cm, il est divisé en 4 compartiments capables d’accueillir 28 casques EPI empilés, avec ou sans visière. Lyreco applique un tarif de 75 € HT par container (soit 2,68 € par casque revalorisé), mais dégressif en fonction des volumes commandés. Il comprend le contenant et tous les services associés, ainsi que 1 € reversé à l’association Lyreco for Education. Q RC
RSE : la France dans le top 5 La 5e édition de l’étude EcoVadis « Performances RSE des entreprises françaises et européennes » maintient la France dans le top 5 en matière de RSE avec un score global de 57,6/100 en 2022, contre 54,3 il y a deux ans. Ce score reste supérieur aux moyennes 2022 de l’UE (55,1) et de l’OCDE (53,1). D’après cette analyse statistique de plus de 100 000 fiches d’évaluations RSE de 62 213 entreprises (dont près de 7 000 françaises), les PME participent à cette progression française (+8,8 points en 5 ans). La progression est plus marquée sur le thème Éthique et, dans une moindre mesure, sur le thème Environnement. Les entreprises françaises sont au coude à coude avec les finlandaises sur le thème Social & Droits humains. Un fait marquant : 28 % des entreprises françaises ont un score RSE supérieur à 65 (elles sont 19 % en Europe et 16 % dans les pays de l’OCDE).
n° 202 > Septembre 2023 > Stratégies Logistique
DÉCOUVRIR
PARTAGER-COMPRENDRE
APPROFONDIR
ACHETER
ENTREPRISE
DACHSER
Anthony Dupont a été nommé directeur général France de l’entité Air & Sea Logistics (ASL) de Dachser. Entre autres missions, il développera les solutions de transport combinées route, air et mer et de groupage maritime. Entré chez Dachser en 2004, il était dernièrement responsable réseau et production de ASL France après avoir dirigé plusieurs agences ASL et accompagné des clients grands comptes.
Retournement du transport maritime
S
elon les chiffres de Container Trades Statistics (CTS), les taux spot sont désormais en dessous de leur niveau prépandémique. En mai 2022, les tarifs entre l’Europe et la côte est des États-Unis dépassaient les 8 000 $, quand ils sont aujourd’hui compris entre 638 $ et 1 500 $. Pour le P.-D.G. de Hapag-Lloyd, Rolf Habben, « cela signifie que nous devons commencer à examiner nos coûts et ce que nous
GLS
En poste depuis le 1er octobre, Karl Pfaff a succédé à Martin Seidenberg en tant que directeur général du groupe GLS. Après avoir travaillé pour le groupe Lufthansa et Bain & Company, il a rejoint GLS en 2014 pour occuper divers postes en stratégie, ventes et gestion opérationnelle, jusqu’à être nommé directeur général de GLS Allemagne en 2020 où il a géré la transition de GLS vers un réseau de colis orienté clients BtoB et BtoC.
FENWICK-LINDE
Jana Gazdikova a été nommée au poste de directrice des ventes nationales de Fenwick-Linde, en charge du développement des ventes auprès des 150 grands comptes en France. Elle était précédemment responsable pour l’Europe du développement commercial des grands comptes internationaux de Linde Material Handling en Grande-Bretagne, où elle a commencé sa carrière en 2008.
pouvons faire pour les réduire ». Le commissionnaire de transport maritime Ovrsea s’attend à une baisse progressive mais importante de la capacité de porte-conteneurs sur l’axe transatlantique, ainsi que sur d’autres trades, eux aussi en proie à la morosité. Selon CTS, alors que la capacité hebdomadaire sur la route maritime lors des six premiers mois de 2023 a bondi de 25 % par rapport à 2022, la demande chutait au même moment de près de 14 %. Ainsi, face à une surcapacité structurelle et des taux spot qui se dégradent, les compagnies maritimes actionnent fortement le levier des blank sailings, c’est-à-dire l’annulation par les armateurs de plusieurs escales ou même de trajets complets. Les chargeurs doivent s’attendre à une recrudescence possible de ces pratiques. Q
Concentration dans le conseil en supply chain
A
près le rachat d’Adameo par Ernst & Young en mars dernier, c’est au tour de PwC France et Maghreb d’étendre son expertise dans le secteur du transport par l’acquisition du cabinet bp2r. Cette intégration vient soutenir le développement des activités opérations de PwC, notamment dans les secteurs stratégiques retail & consumer, industry & manufacturing et le segment des ETI. La solution SaaS Sightness, imaginée il y a 7 ans par bp2r, poursuit son activité de manière indépendante. Créé en 2005, le cabinet de conseil s’est spécialisé au fil des ans dans le domaine de l’amélioration de la performance du transport de marchandises et conseille plus de 300 clients
© bp2r
NOMINATIONS
© Adobe Stock
12
sur leurs enjeux d’ingénierie de flux, d’achat, de transformation digitale ou encore de décarbonation. Xavier Villetard, associé de bp2r, intègre PwC France et Maghreb en tant qu’associé au sein des équipes supply chain, accompagné d’une quinzaine de collaborateurs. Q
n° 203 > Octobre/Novembre 2023 > Stratégies Logistique
J PLUS D’INFOS SUR strategieslogistique.com
Geopost se sépare de Stuart
NOMINATIONS
L
a tempête souffle sur le dernier kilomètre au sein du groupe La Poste. Sa filiale internationale Geopost va céder la plateforme de livraison urbaine qu’elle avait acquise en 2017. L’acquéreur devrait être la société d’investissement allemande Mutares, qui a confirmé son offre ferme de rachat de la société SRT Group, plus connue sous la marque Stuart. La transaction devrait être finalisée avant la fin 2023, sous réserve de l’accord des comités d’entreprise concernés et à l’autorisation des organes de contrôle et de gouvernance. Spécialiste de la livraison urbaine à la demande, notamment pour des clients des secteurs de l’alimentation et de l’épicerie, Stuart opère dans plus de 100 grandes villes européennes. Mais derrière un chiffre d’affaires de plus de 400 M€, le modèle de livraison à la demande proposé par la plateforme n’a pas réussi à trouver un équilibre
VANTIVA
économique. Depuis son rachat en 2017 par Geopost, Stuart accumulait les pertes. Dans ses résultats semestriels présentés début août, la maison mère Geopost ne cachait pas « la difficulté à envisager un retournement financier à horizon raisonnable » de Stuart, provisionnant 134 M€ de dépréciation d’actifs dans ses comptes. La filiale de logistique urbaine Urby est également dans la tourmente, son modèle faisant aussi l’objet d’une « révision stratégique » qui a conduit le groupe à enregistrer des provisions pour risques de -45 M€. Q SC
Coupure du rail entre la France et l’Italie
Stratégies Logistique > n° 203 > Octobre/Novembre 2023
AUTF Yann Viguié a rejoint l’Association des utilisateurs de transport de fret en tant que délégué au développement durable. Spécialiste du transport depuis plus de 30 ans, il est en charge des projets et programmes de décarbonation des transports de fret et relatifs à la transition énergétique. Il pilotera notamment le dispositif Fret21 et le programme ReMoVe dont l’AUTF est porteur associé.
AFRA © Adobe Stock
L
e trafic ferroviaire entre Modane et Saint-Michel – Valloire en Savoie est totalement interrompu dans les deux sens de circulation à la suite d’un gros éboulement survenu le 27 août. Devant l’importance des dégâts, SNCF Réseau n’envisage pas une réouverture de la ligne « avant plusieurs mois ». Les opérateurs des quelque 170 trains de fret qui empruntent cette ligne chaque semaine devront probablement se tourner vers les autoroutes alpines. Cela ne manque pas d’inquiéter de part et d’autre de la frontière : « L’impact économique sur la logistique turinoise est déjà
Rob Wipper devient directeur exécutif de la division de Vantiva (ex-Technicolor) qui regroupe toutes les activités logistiques, disques, DVD, vinyles et microfluides. Il a passé plus de 25 ans de sa carrière dans les opérations de fabrication et de logistique à haut volume et grande intensité. Il était jusqu’à présent directeur exécutif des opérations solutions logistiques pour l’Amérique du Nord de Vantiva.
palpable », assure Enzo Pompilo, président de la Fédération italienne des transports, cité par le Comité pour la Transalpine. « Cette longue interruption pourrait conduire à l’abandon définitif du corridor passant par le tunnel du Fréjus, entraînant la mort de l’intermodalité du fret ferroviaire sur cette ligne, déjà pénalisée par une infrastructure plus que centenaire. » Q
L’Association française du rail a nommé Solène Garcin-Berson au poste de déléguée générale. Ancienne avocate, elle était depuis novembre 2019 directrice juridique de l’association. Solène Garcin-Berson succède à Franck Tuffereau, délégué général depuis août 2016, « qui a choisi de se consacrer à de nouveaux projets entrepreneuriaux », indique l’Afra. Sa nomination arrive dans un contexte délicat pour le fret ferroviaire français.
13
DÉCOUVRIR
PARTAGER-COMPRENDRE
APPROFONDIR
ACHETER
ENTREPRISE
Fnac Darty et Ceva partenaires dans le fulfillment Le distributeur et le 3PL vont créer une joint-venture nommée Weavenn, afin de proposer une offre intégrée de logistique e-commerce. logistique e-commerce, est évalué à environ 80 Md€, en croissance de plus de 10 % par an. Cette coopération avec un des leaders français du retail/ecommerce consolide encore les activités e-commerce de Ceva Logistics en France et en Europe. Présente dans plus de 170 pays, la filiale logistique de CMA CGM pourra en particulier s’appuyer sur l’expertise de sa filiale Shipwire, une plateforme nord-américaine de fulfillment acquise fin 2021 auprès d’Ingram Micro CLS, afin de concurrencer les solutions existantes de création de places de marché telles que Mirakl ou
© Fnac Darty
O
pérationnelle en 2024, la coentreprise détenue à 50-50 associera le réseau de 1 000 magasins du groupe Fnac Darty doté d’un modèle omnicanal avec les capacités de livraison, de transport et de stockage de Ceva Logistics. Weavenn proposera aux acteurs de l’e-commerce la gestion complète des marketplaces, les ventes directes aux consommateurs ou encore la livraison omnicanale via une plateforme SaaS. Les partenaires tablent sur un chiffre d’affaires de plus de 200 M€ à horizon de 5 ans, avec une marge opérationnelle à deux chiffres. Le marché européen visé, celui de la
Enrique Martinez, directeur général de Fnac Darty, FU .BUIJFV 'SJFECFSH 1 % ( EF $FWB -PHJTUJDT
Octopia, filiale de Cdiscount. Plus récemment, Ceva a noué un partenariat avec la filiale colis du groupe La Poste, Geopost, et fait l’acquisition de Colis Privé, spécialiste du dernier kilomètre. Q
Amazon étend son offre 4PL
O
n connaissait le service Expédié par Amazon (Fulfillment by Amazon), complété en France fin 2022 par la livraison express de colis ecommerce Amazon Shipping. Désormais, le géant de l’e-commerce propose à ses clients américains d’externaliser la logistique en amont de la place de marché. L’offre baptisée Supply Chain by Amazon prend en charge toutes
© Amazon
16
"NB[PO PQÍSF VOF áPUUF EF QMVT EF BWJPOT DBSHPT *DJ VO "JSCVT "
les étapes de l’import de marchandises, depuis les stocks des fournisseurs jusqu’à la livraison
finale : « Amazon prélèvera les stocks des sites de production du monde entier, les expédiera à l’international, gérera le dédouanement et le transport terrestre, stockera les stocks en vrac, pilotera le réapprovisionnement d’Amazon et des autres canaux de vente, et livrera directement les clients », explique Dharmesh Mehta, vice-président Worldwide Selling Partner Services. Q
Frichti repris, pas le modèle dark stores
E
n redressement judiciaire depuis mai dernier, Frichti est finalement repris par La Belle Vie, qui ajoute ainsi la livraison de repas à son offre. Start-up française de la livraison de courses à domicile en Île-de-France, La Belle Vie débourse 30 000 € auxquels s’ajoute une provision de 450 000 € pour reprendre les stocks. Dans la foulée, l’entreprise réorganise son process logistique : « Nous allons abandonner le modèle actuel de quick commerce qui a montré ses limites et privilégier une livraison un
peu plus lente basée sur des tournées. Les allers-retours à partir d’un dark store ne sont plus d’actualité. Nos livreurs partiront depuis un seul grand entrepôt pour des tournées avec plus de produits », précise Alban Wienkoop, cofondateur de La Belle Vie. L’entreprise dispose d’un laboratoire de cuisine de 1 300 m2 à Montreuil et d’un entrepôt de 4 700 m2 en plein cœur de Paris. L’offre Frichti Market sera déployée à partir de ces infrastructures existantes et de 4 hubs Frichti qui sont conservés. Q n° 203 > Octobre/Novembre 2023 > Stratégies Logistique
DÉCOUVRIR
PARTAGER-COMPRENDRE
APPROFONDIR
ACHETER
ENTREPRISE
Afilog accélère sur le photovoltaïque
A
près la Charte d’engagements réciproques pour la performance environnementale et économique de l’immobilier logistique français, signée par Afilog et le gouvernement en juillet 2021 et qui compte plus d’une centaine de projets labellisés à ce jour, l’association des acteurs de l’immobilier logistique veut marquer d’une nouvelle pierre verte sa contribution à la future stratégie énergie-climat. Vingt-huit membres se sont engagés à installer 5 Mm² de panneaux solaires sur leurs plateformes logistiques d’ici 5 ans, soit 5 %
de la production photovoltaïque nationale à cette échéance. « La transformation de nos sites logistiques en centrales de production d’énergies renouvelables est un engagement majeur », a insisté Claude Samson, président de l’Afilog, lors de la conférence annuelle de l’association le 10 octobre. Ces nouvelles centrales photovoltaïques seront en mesure de
© Barjane
produire l’équivalent de 1,2 GWc, soit un peu plus qu’un réacteur nucléaire standard, ou la consommation électrique de 600 000 habitants. « Dès 2024, il va falloir au minimum doubler le rythme de construction de centrales photovoltaïques. Actuellement, on développe 2 MWc de centrales photovoltaïques tous les ans. Il faudra passer à entre 4 et 7 MWc tout en respectant le ZAN. Une gageure ! », a détaillé Vincent Kirklar, pilote de la commission Énergie de l’Afilog. La filière peut compter sur quelque 80 Mm² de toitures à travers la France. Q
Telamon vise la neutralité carbone
À
l’image des annonces similaires de Monoprix en 2021, ou plus récemment de GSE, la neutralité carbone des entrepôts devient une tendance forte de l’immobilier logistique. La plateforme logistique de Nanteuil-le-Haudouin (Oise), construite par le promoteur Telamon (ex-Panhard), annonce elle aussi la neutralité carbone. Selon une analyse du cycle de vie du bâtiment (ACV) sur 50 ans, incluant l’exploitation, la potentielle réno-
vation ou même la déconstruction du bâtiment, la centrale photovoltaïque a été déterminante. Telamon a investi plus de 6 M€ afin de recouvrir la toiture de l’entrepôt de 32 000 m2 de panneaux solaires, pour une surface totale de 93 000 m2. La puissance générée s’élève à 6 MWc. De plus, pendant la construction, le promoteur a privilégié les matériaux peu émissifs et l’installation d’équipements peu énergivores. Telamon a indiqué son souhait
© Telamon
20
de dupliquer à l’avenir ce processus vertueux, notamment sur la future plateforme de plus de 100 000 m2 livrée dans les prochaines semaines au Havre. Q
Panattoni France voit l’avenir en blanc
D
eux ans après son implantation en France, le développeur d’immobilier logistique et industriel affiche 350 000 m² de projets en construction ou en phase administrative. La première livraison a eu lieu début septembre à Meaux (Seine-et-Marne), avec un entrepôt cross dock de 38 600 m² qui pourra accueillir un ou deux clients. Dans un contexte de faible taux de vacance et de rareté du foncier, Panattoni tire avan-
tage de la commercialisation en blanc : « Nous sommes globalement sur un secteur où le parc est inadapté à la demande, à la fois en qualité et en quantité. Nos clients utilisateurs, chargeurs ou logisticiens, font constamment évoluer leur façon de travailler.
Ils ont donc besoin de bâtiments flexibles, bien placés, et en outre disponibles le plus rapidement possible », a fait valoir lors d’un point presse Salvi Cals, le directeur général de Panattoni France, qui n’a pas manqué de pointer des délais d’instruction particulièrement longs en France. Dernière annonce en date, Panattoni développera un entrepôt de messagerie de 7 000 m² au sein du pôle logistique aéroportuaire (photo). Q
n° 203 > Octobre/Novembre 2023 > Stratégies Logistique
30 DÉCOUVRIR
PARTAGER-COMPRENDRE
APPROFONDIR
ACHETER
ROBOTISATION
Robot as a Service, la robotisation pour tous ? Dans les entrepôts, le modèle de commercialisation « robot en tant que service » se pose en alternative à la pure acquisition de machines, avec une offre locative tout compris, tarifée au volume et adaptable à l’activité. Décryptage d’une servicisation PAR RENAUD CHASLE en plein essor.
A
lors que la robotisation de la supply chain s ’ i n t e n s i fi e , avec un nombre croissant de déploiements de robots mobiles goods-to-man ou de systèmes de stockage robotisés, notamment dans les entrepôts du retail et de l’e-commerce, les coûts d’investissement restent un frein à leur adoption massive par les acteurs de la logistique.
Les tarifs des AMR, bras robotisés ou robots trieurs, oscillent entre 20 000 et 70 000 € selon leurs équipements, auxquels s’ajoutent des frais d’infrastructure matérielle, logicielle, de maintenance, etc. Le coût de la robotisation s’élève vite à plusieurs centaines de milliers d’euros, voire millions d’euros, avec un ROI d’environ 3 ans mais très variable d’un entrepôt à un autre selon l’utilisation.
Le modèle Capex d’achat de systèmes robotisés, avec souvent un nombre figé de machines qu’il faudra opérer, maintenir, mettre à jour en interne, n’est alors peut-être pas le plus pertinent pour les entreprises dans un contexte où il est difficile de prévoir l’activité et les volumes à long terme. Raison pour laquelle les fabricants de robots et les intégrateurs font évoluer leurs modèles économiques
n° 203 > Octobre/Novembre 2023 > Stratégies Logistique