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Comment instaurer une politique cycliste ? Les conseils de 4 employeurs
from Biketowork magazine
QUATRE ENTREPRISES ADOPTENT UNE POLITIQUE CYCLISTE
Start to bike : du côté de l’employeur
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Leur politique cycliste est encore jeune, mais elle n’en est pas moins inspirante. Quatre sociétés s’expriment sur les bienfaits du vélo, le sentiment d’appartenance à un groupe de la part des cyclonavetteurs et l’indemnité vélo comme incitant.
Texte : Roel Jacobus en Bracht Castel
Nico Van Gorp, Prévention interne et durabilité, TUI Benelux
« Voilà 19 ans que je fais un ‘duathlon’ depuis ma maison à Bruges vers mon bureau à Ostende. Je pédale jusqu’à la gare, je prends le train, puis je remonte en selle », explique Nico Van Gorp. Sur son badge de l’agence de voyage TUI Benelux, on peut lire ‘Conseiller en prévention interne’ et ‘Spécialiste en Sustainability & Colleague Engagement’. TUI encourage grandement celles et ceux qui souhaitent venir au travail à vélo. « Nous prenons en
charge 100 % des abonnements pour les transports en commun. Pour les trajets entre la gare et notre bureau à Ostende, nous louons 34 vélos ‘blancs’ de la Sociaal Huis, une division du CPAS, qui s’occupe de l’entretien et des réparations. » « Les 2000 membres de notre personnel travaillent soit en agence de voyages, soit sur deux grandes implantations : environ 500 personnes à Ostende et 400 à l’aéroport de Zaventem. Pour l’instant, nous sommes en train de faire l’inventaire des initiatives existantes en Belgique et aux Pays-Bas, et de les harmoniser pour créer un programme de mobilité globale. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la stratégie durable prônée par notre société mère allemande TUI. L’un de ses objectifs est de réduire son empreinte CO2 d’ici 2020. Bien sûr, cela ne se fait pas du jour au lendemain, mais nous faisons beaucoup de progrès. Exemple : à Ostende, une personne sur cinq vient régulièrement au travail à vélo. »
« Mes deux tâches de durabilité et de conseil en prévention interne se marient à merveille dans les initiatives cyclistes. Enfourcher son vélo plus souvent est non seulement bénéfique pour l’environnement, mais l’exercice physique est excellent pour la santé. Le tout forme un bel ensemble. Il subsiste encore un grandpotentiel vélo chez les personnes habitant à moins de 5 km de leur travail ou d’une gare. C’est pourquoi nous lançons de grandes actions cette année. Depuis plus de 10 ans, nous participons à la Journée sans Voitures nationale qui a lieu au mois de septembre, et en mars, nous organisons les ‘Spring eens op je fiets’. Nous allions un petit-déjeuner agréable avec des initiatives stimulantes, comme un contrôle technique ou une explication sur les vélos électriques. » « Il est essentiel de convaincre les gens que le vélo est bon pour leur santé et qu’ils en tireront de la satisfaction. L’indemnité vélo et les objectifs de durabilité arriveront alors d’eux-mêmes. Investissez aussi dans le confort : l’argent n’est pas le seul incitant pour encourager les membres de votre personnel à monter en selle. Nous avons installé des douches et des casiers, et nous proposons 14 places de parking dans un emplacement .
Andy Michiels , Partenaire Business RH, Manutan Belgique
« Je fais du vélo à titre privé dans Bruxelles, mais je prends aussi mon deux-roues pour me rendre au travail. En septembre, mon entreprise a déménagé de Ternat à Anderlecht et depuis lors, je n’habite plus qu’à 5 kilomètres de mon boulot », raconte Andy Machiels. Il est Partenaire Business RH chez Manutan Belgique, qui vend des fournitures de bureau, entrepôts et lieu de travail. Andy a coordonné le déménagement et a examiné avec soin la mobilité des soixante collaboratrices et collaborateurs.
« Nous avons mené une enquête sur des mesures facilitantes telles que les horaires flexibles, l’indemnité vélo et l’intervention de l’employeur dans les frais de transports en commun. Pour la plupart des membres de notre personnel, le déménagement signifiait des trajets plus longs en voiture : notre enquête a donc suscité beaucoup d’intérêt. Nous avons opté pour des horaires plus flexibles et du télétravail. Par ailleurs, nous avons étendu l’indemnité vélo à celles et ceux qui ne circulent pas tout le temps à vélo. Grâce à Bike to Work, nous avons trouvé un système simple et pratique pour organiser toutes ces mesures. La plateforme offre aussi un bon aperçu des habitudes cyclistes de notre personnel. Nous comptons déjà des cyclocollaborateurs et cyclocollaboratrices, et nous voulons promouvoir en force l’usage du vélo dès le printemps. Environ cinq personnes viennent régulièrement au travail à vélo, et une dizaine de temps à autre. Étonnamment, ce ne sont pas toujours les usual suspects les plus proches… L’un de nos collègues emprunte avec plaisir l’autoroute cycliste entreAnderlecht et Liedekerke, où il habite. » « Nous n’avons pas débloqué de budget spécifique pour la mobilité cycliste. L’indemnité vélo et le remboursement des transports en commun font partie de nos initiatives générales.
La combinaison des deux obtient un excellent score sur le marché du travail bruxellois et en périphérie flamande.
Nous avons d’ailleurs consciemment choisi de déménager vers un endroit très accessible : nos bureaux ne sont qu’à deux minutes d’un arrêt de bus et de métro. Notre personnel y est sensible, même s’il vient de plus loin. Le fondement de notre politique de mobilité fonctionne, à savoir des incitants financiers pour promouvoir l’usage du vélo et des transports en commun. Quant à l’association du covoiturage avec le vélo, elle donne aussi d’excellents résultats. » « Mon premier conseil pour les entreprises qui souhaitent adopter une politique cycliste : demandez à vos collaborateurs et collaboratrices ce qu’ils veulent. Chez nous, nous nous sommes rendu compte que les membres de notre personnel souhaitaient principalement une indemnité vélo pour celles et ceux qui ne roulent pas tous les jours. Dans ce but, Bike to Work constitue un système efficace. Second conseil : restez simple et n’essayez pas de mettre en place d’énormes mesures. La décision de rembourser les transports en commun est très facile à prendre et son impact est considérable.
Inge Smolders, Responsable du service Environnement, ville de Dendermonde
« La météo est un facteur déterminant pour savoir si je vais prendre le vélo ou le train vers mon travail. Lorsqu’il fait beau, c’est un plaisir d’enfourcher mon deux-roues depuis ma maison à Lokeren vers mon bureau à Dendermonde. L’itinéraire passe en partie par une autoroute cycliste et ne compte que peu de feux.
En chemin, je rencontre souvent des collègues ou des personnes travaillant dans d’autres organisations des environs. On noue des amitiés et on papote. En voiture, on reste seul et on est assis. Un sentiment d’appartenance nait entre les cyclistes et il fait vraiment des miracles. En outre, nous encourageons nos collaboratrices et collaborateurs à prendre le vélo pour leurs navettes grâce au principe de la carotte : nous récompensons leur courage en leur offrant quelque chose qui les satisfait. Nous espérons ainsi faire passer bientôt notre prime vélo de 21 cents par kilomètre à 23 cents. L’argent motive les gens, c’est aussi simple que ça. Même si vous n’enfourchez que rarement votre vélo, comme moi, vous verrez ce montant se transformer en une somme rondelette. »
Mais l’incitant financier n’est pas le seul à entrer en ligne de compte. Inge : « À l’occasion de la Journée sans Voitures, nous proposons par exemple un petit-déjeuner à ceux et celles qui optent pour une solution durable pour se rendre au travail. Nous avons également distribué plusieurs sacoches et sonnettes cyclistes. À l’heure actuelle, nous manquons de temps et d’argent pour élaborer un plan plus vaste à l’échelle de l’entreprise. Est-ce suffisant ? Au fil du temps, on constate que c’est toujours le même pourcentage de personnes qui viennent à vélo. Notre service compte aujourd’hui beaucoup plus de forces vives, et les gens habitent plus loin de leur travail qu’auparavant : un pourcentage constant est donc plutôt une bonne nouvelle. Dans notre plan climat, l’objectif est d’inciter au moins 20 % des membres de notre personnel à venir à vélo, mais nous n’y sommes pas encore. Dans le cadre de certains événements, nous arrivons à convaincre les gens de laisser leur voiture à la maison, mais cela ne dure pas. Bien souvent, c’est la distance qui constitue la pierre d’achoppement. »
De plus, Dendermonde doit faire face à quelques problèmes spécifiques. « Comme son nom l’indique, c’est une ville d’eau, qui compte donc de nombreux ponts. Pour beaucoup, ces ponts constituent un problème. D’un point de vue historique, Dendermonde était autrefois une ville fortifiée : tout a été conçu pour empêcher les gens de rentrer. Nous devons en tenir compte dans notre infrastructure mobilité, puisque les voies d’accès sont souvent étroites et peu propices au vélo. Nous contrebalançons cette situation par une infrastructure de qualité lorsque les cyclistes arrivent au travail : des douches et un parking vélo de taille. On trouve aussi quelques vélos électriques de service et notre service Jeunesse dispose même d’un bakfiets, qui sert à distribuer des jouets aux enfants du quartier. »
Maarten Dheedene, Coordinateur de projet responsabilité, Voka
« Tous les matins, j’installe ma fille à l’arrière de mon vélo, je la dépose à la crèche, puis je continue à vélo vers le boulot. Depuis qu’elle est là, je ne monte pas en selle sans casque. Avant, je ne le faisais que pour le VTT, mais maintenant, je veux montrer le bon exemple. Chez mon employeur Voka Oost-Vlaanderen, c’est ainsi qu’on encourage l’usage du vélo pour les navettes : lead by example. Notre chef habite à 25 km du bureau et vient tous les jours à vélo. Ce n’est pas lui qui se pavanerait avec une grosse BMW et c’est important, parce que son comportement fait forte impression. »
« Presque personne n’a de voiture de sociétéchez nous. Par contre, les membres de notre personnel peuvent louer un vélo avec une partie de leur treizième mois. Pour ce faire, nous collaborons avec la société o2o, qui organise une séance permettant de tester et de choisir un nouveau vélo. Le choix est très vaste : vélos rétro, électriques, pliables, bolides… Nous sommes un peu comme des enfants dans un magasin de jouets ! Ce système de leasing inclut une protection contre le vol, mais aussi une assurance et un entretien semestriel. Votre vélo est réparé lorsque vous êtes au travail. Pour celui ou celle qui l’utilise, cette solution offre une tranquillité d’esprit incroyable ! Pas moins de neuf collègues ont déjà opté pour ce luxe et les nouveaux leur jettent parfois des regards jaloux en voyant passer leurs superbes deux-roues… Ils auront la possibilité d’en profiter lors d’une nouvelle séance d’inscription.
De mon côté, je profite vraiment du vélo en allant au travail, mais aussi en travaillant, puisque nous effectuons souvent nos visites professionnelles à vélo. Ce serait le comble de prôner l’entrepreneuriat durable et d’arriver en voiture alors que l’entreprise est située à distance de vélo… C’est une manière de montrer l’exemple. »
« C’est aussi une excellente occasion de pousser les collègues non cyclistes à sortir de leur zone de confort, puisqu’ils peuvent emprunter un vélo d’entreprise. Pédaler à plusieurs est une expérience tout à fait différente que d’être coincés dans les embouteillages ensemble. La dynamique est positive et on apprend à se connaître d’une autre manière. Le vélo rythme aussi votre journée, même si ce n’est que pour cinq minutes. Si le temps n’est pas de la partie, j’ai aussi l’opportunité de faire du vélo au bureau : nous disposons en effet de deskbikes pour pédaler pendant notre travail. Le système peut être couplé à une application ou à votre smartphone pour vous indiquer le nombre de kilomètres que vous avez parcourus, votre vitesse, etc. Au cours des premières minutes, on est un peu perturbé, mais on oublie vite qu’on est assis sur un vélo. Si je ne roule pas pendant une journée, ça me manque. »