Pratique des Arts n° 102

N° 102

Pratique

ARTS

EXTRAIT

www.pratiquedesarts.com SONIA PRIVAT

Inspiration ethnique DÉCOUVERTE

Nuckcheddy, étoile montante du pastel

NATURE MORTE

Au cœur de

l’hiver DOSSIER PORTRAIT

GUIDE PRATIQUE p. 43 ■

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L’ART DE LA COULEUR

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Lumière de saison avec S. Toutounov Venise : choisir la bonne palette Réussir les carnations à l’aquarelle Pastel : scène de rue en nocturne Silhouette en pâte à modeler

MILIND MULICK

L’Inde authentique à l’aquarelle

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PORTFOLIO MULTITECHNIQUE

Quand l’huile donne vie aux objets

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DES

Pratique

DES

ARTS

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N°102 SommaireSomma RENCONTRE

Sophie Dumas

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La nature morte, un théâtre de lumières et d’ombres.

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PORTFOLIO

Jours de neige

À la rencontre des artistes…

22 Huile 38 Huile Rencontre SOPHIE DUMAS

JEAN-LOUIS FILOCHE

Sculptant l’huile a minima, en touches légères et sensuelles, elle dévoile un univers pictural d’une rigueur très classique, qui n’en a pas moins quelque chose de troublant.

Sa quête : tenter de fixer des instants d’éternité par le prisme de la lumière.

Un savoir-faire qu’il a acquis au contact des maîtres anciens.

30 Chef-d’œuvre à l’étude 44 Dossier portrait (fin) FÉLIX ZIEM (1821-1911)

Les bases du portrait : LA COULEUR

Ce grand voyageur considérait les reflets de la lumière sur la Méditerranée comme un enchantement. Le musée des Beaux-Arts de Beaune lui offre une rétrospective.

A. Jamet (huile), É. Besnier (huile au couteau), M. De May (aquarelle) et J.-F. Le Saint (pastel) vous offrent leurs conseils.

34 Huile, aquarelle SONIA PRIVAT Des visages métissés éclairent les carnets de voyage de cette artiste autodidacte.

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Pratique des Arts n° 102 / Février-Mars 2012

52 Série à la loupe SIDDICK NUCKCHEDDY Artiste mauricien, il fut convié à exposer pour la première fois en France en 2007.

Depuis, il collectionne les prix.

J.-L. Filoche

Paysages en glacis

56 Tanguy Kan aireSommaireSommaireSom Les atouts TECHNIQUE

de la peinture à la cire

DOSSIER PORTRAIT Maîtriser la couleur

62 AQUARELLE Milind Mulick

Une visite de l’Inde authentique ÀD

ÉT AC

HE

44

R

Le guide pratique Rendez-vous pages 42-43

56 Peinture à la cire TANGUY KAN Une richesse de coloris quasi impressionniste, une profondeur que l’on ne trouve que dans les camés et les laques, voilà le secret des tableaux à la cire.

62 Un lieu, un artiste MILIND MULICK Loin des carnets d’aquarellistes voyageurs, les œuvres de Milind Mulick décrivent une Inde authentique, telle qu’elle est vécue par l’artiste.

Découverte 18 Portfolio Paysages en blanc

Pour plus d’infos www.pratiquedesarts.com

Ce sujet pris à bras-le-corps par les impressionnistes a depuis inspiré des générations de peintres. Paysages enneigés, skieurs dans la poudreuse, bâtiments recouverts de givre, cours d’eau gelés… toute la magie de la neige traduite par les peintres.

14 La vie des arts Ne manquez pas l’actualité culturelle des quatre coins de France et d’Europe.

Espace lecteurs 68 Shop’art 70 Courrier des lecteurs 72 Nos lecteurs ont du talent 74 Votre librairie artistique 78 Petites Annonces 81 Enquête lecteurs 83 Au sommaire du prochain numéro

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Pratique des Arts n° 102 / Février-Mars 2012

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Portfolio Neige

Paysages en

manteau blanc

Keith BOWEN

Lucie RINGUET

GRANDE-BRETAGNE

QUÉBEC

Snowdon : Llechog Face. Huile sur toile, 76 x 60 cm. Collection privée.

La Chute d’Ambroise. Aquarelle, 56 x 38 cm.

« La neige change tout. Du jour au lendemain, le paysage se transforme de façon magique : les endroits familiers prennent un air d’étrangeté enchantée et inconnue. Les couleurs sont à leur apogée en hiver : j’aime les paysages où la neige a dégelé puis regelé, les teintes chaudes affleurant au travers. Les roseaux et les herbes deviennent aussi secs que du parchemin ; bruyères et fougères se parent de tons orange et cramoisi, et la toison des moutons d’un or foncé ; pierres et rochers arborent un gris ocre chaud. Tout cela est mis en valeur par le blanc pur et éclatant de la neige gelée, qui permet à l’artiste de travailler au sein d’un paysage tout simplement plus beau. »

Exprimer l’énergie et la lumière qui coulent en elle… voilà son but. Les œuvres de Lucie Ringuet se démarquent par le réalisme et l’atmosphère qu’elles dégagent. On l’a surnommée « la dame aux chutes », car les chutes d’eau qui déferlent en abondance, les glaces où s’abrite l’eau qui sommeille, sont des sujets stimulant sa créativité. Son travail minutieux s’est vu récompensé par de nombreux prix.

www.keithbowenartist.co.uk

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Pratique des Arts n° 102 / Février-Mars 2012

www.lucieringuet.com

Nombreux furent les artistes du XIXe et de la première moitié du XXe siècles à représenter la neige dans leurs paysages. Monet, Caillebotte, Courbet, Cézanne, Chagall, Gauguin ou encore Dali, pour ne citer qu’eux, expérimentaient ainsi les gris colorés, les jeux entre lumière et ombre, l’étagement des valeurs. Les peintres d’aujourd’hui marchent sur leurs traces en évoquant cette manifestation climatique qui cache tout autant qu’elle dévoile les motifs qu’elle recouvre. Nous vous en présentons ici une sélection.

Mark HARRISON

Hannelore KOEHLER

GRANDE-BRETAGNE

CANADA

Queensboro Bridge. Huile sur panneau, 47 x 47 cm.

White Magic. 2011. Aquarelle, 76,2 x 56 cm.

« Je trouve que les villes sont visuellement plus intéressantes sous la pluie ou recouvertes de neige. Dans une peinture, la neige peut se parer de multiples couleurs, surtout dans les ombres ; de plus, comme la neige reflète les couleurs du ciel, on peut jouer à l’infini avec les combinaisons de couleurs. »

« Mes aquarelles se caractérisent par un arrière-plan humide qui s’affine peu à peu au premier plan, et qui, avec un travail des détails à la brosse, se concentre sur un point focal. Non seulement cela crée de la profondeur, mais cela guide le spectateur à travers toute une gamme d’émotions, révélant cependant mon point de vue. Mes sujets sont variés et expriment mon amour pour la vie : capter la lumière et l’ambiance dans la nature sans cesse changeante, la montée d’adrénaline ressentie par un skieur dans la poudreuse, ou le subtil balancement d’un rideau de dentelle dans la brise du matin. »

www.paintingsbymarkharrison.com

www.koehlerart.com

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Rencontre Sophie Dumas

« J’aime créer du mystère » Jouant de la nature morte comme d’un petit théâtre de lumières et d’ombres, Sophie Dumas sculpte l’huile a minima, en touches légères et sensuelles, traquant le coup de pinceau « qui enlève toute magie ». Son univers pictural, d’une rigueur très classique, n’en a pas moins quelque chose de troublant.

Nous l’avons rencontrée chez elle, dans l’Oise.

Ci-dessus : Sans titre. 2011.

Huile sur toile, 60 x 73 cm.

Ci-contre : Sans titre. 2011.

Huile sur toile, 100 x 81 cm.

PORTRAIT Née en 1959, Sophie Dumas est passée du graphisme à la création de bijoux avant de se consacrer uniquement à la peinture. Fascinée par la nature morte qu’elle cisèle à l’huile, elle en explore toutes les subtilités. Ses compositions en abyme qui flirtent avec le trompe-l’œil ont très vite trouvé leur public. Celle qui se plaît au travail en solitaire à l’atelier s’est vue l’année dernière proposer sa première exposition personnelle à Paris par la galerie Jamot.

I

l suffit de passer le pont et de longer le quai pour arriver chez Sophie Dumas. C’est dans une bâtisse ancienne nichée au bord de l’Oise, dans un jardin frais avec treille et garage à bateau transformé en atelier, qu’elle a emménagé il y a six ans. « Tous les matins et tous les soirs, j’ouvre mes fenêtres pour voir ce qui se passe sur la rivière. » La peinture de nature morte, genre que Sophie pratique depuis quinze ans, a fini – par capillarité sans doute – par muter. Peu à peu, la lumière naturelle, l’eau, les arbres, les maisons sont entrés dans ses tableaux jusqu’à prendre leur place au milieu des objets immobiles. « Je suis quelqu’un de très lent, confie-t-elle. Je pense que c’est quelque chose que j’ai intégré peu à peu jusqu’à ce que ça devienne une évidence qu’aujourd’hui, dans ma peinture, je parle du paysage. » Cependant, il n’en a pas toujours été ainsi. Pendant plus de quinze ans, Sophie a travaillé exclusivement sur un temps arrêté. Celui des objets qu’elle disposait devant elle en une mise en scène minutieuse.

DES OBJETS CHOISIS POUR LEUR HUMILITÉ De fait, dans son atelier baigné de lumière, aux murs habillés d’étagères de bois blanc, s’étage jusqu’au plafond et dans les niches des murs une impressionnante collection de fers-blancs Pratique des Arts n° 102 / Février-Mars 2012

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Huile et aquarelle Sonia Privat

Désert bleu. Aquarelle, 100 x 75 cm.

L’aquarelle lui ayant surtout appris « à se lâcher, à y aller au feeling », c’est ainsi qu’elle a commencé à favoriser le côté inachevé des fonds, appliqués du même coup à l’huile.

Nées de la difficulté de gérer l’écoulement de la couleur lorsqu’on travaille à la verticale, les coulures sont devenues le moyen de mettre en valeur ce dessin auquel elle reste attachée. « J’aime le côté inachevé, le flou, s’il est poétique et dénué de toute mollesse. » Maîtresse de sa technique, elle aime par-dessus tout que « la peinture paraisse s’être faite toute seule ». Modeste, elle ajoute : « Malgré mes trente ans de pratique, je ne suis pas au bout de mes peines ».

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Des visages qui racontent une histoire Pratique des Arts n° 102 / Février-Mars 2012

Texte et photos : Stéphanie Portal.

PORTRAIT Formée dans une école de mode, Sonia Privat a été illustratrice avant de se consacrer à la peinture et au portrait en particulier. Elle est membre de la Société française de l’Aquarelle (SFA) et d’Aquarelle en MidiPyrénées (AMP). Elle expose régulièrement dans sa région et propose des stages « Dessin avec le cerveau droit », « Portrait à l’aquarelle » et « Portrait à l’huile », à Albi et à Rodez. Elle est l’une des lauréates 2012 du concours d’aquarelle Boesner organisé pour ses 10 ans. À LIRE Les Fées de Zanzibar, en vente sur son site et dans notre librairie.

CONTACT : www.soniaprivat.com

À l’aquarelle ou à l’huile, Sonia Privat peint des visages : des rencontres tantôt réelles, tantôt imaginaires, auxquelles elle donne vie sur papier, sur toile ou sur bois. Elle les aime métissées, gaies et légères, à son image d’artiste autodidacte.

D

es yeux rieurs, de longs cheveux bouclés retenus par un pinceau, Sonia reçoit dans son atelier ruthénois, tongs aux pieds au milieu de l’hiver. Le tutoiement s’impose dès les premières minutes, s’accompagne d’un ou deux cafés, histoire de prolonger au maximum la causette. Sonia est intarissable sur son récent voyage à Zanzibar.

Elle raconte les couleurs, l’atmosphère gaie et festive, l’humilité des gens. Et, bien sûr, en portraitiste qu’elle est, la diversité des visages aux origines multiples : africaines, indiennes, shirazi, arabes… Depuis son retour, les idées fourmillent mais difficile de s’y mettre. Une série de portraits ? Le défi d’une peinture au quotidien ? Un carnet de voyage, un livre ? Cette « feignante consciencieuse » a du mal à se décider mais sait qu’une fois partie, rien ne l’arrêtera.

SOUVENIRS D’AFRIQUE De ce voyage à Zanzibar, Sonia Privat est revenue avec près de 6 000 photos. Parmi elles, on s’en doute, beaucoup de portraits : enfants, femmes, personnes âgées. Des photos plutôt que des croquis car l’important était de préserver la magie de la rencontre : « Leur demander de poser, figés, casse l’intimité. » Face à l’éphémère du moment, Sonia prend son temps, s’imprègne des ambiances, des couleurs, des visages. Elle sait que, de retour à l’atelier, il ne s’agira pas de peindre des portraits rigoureux (« Je ne suis pas là pour faire de la copie, sinon je serais photographe ») mais de réinventer des visages. Entre

Un instant d’éternité.

Huile, 100 x 50 cm.

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Au cœur de la pratique Tanguy Kan

La cire saponifiée

un art à découvrir Une richesse de coloris quasi impressionniste combinée à une profondeur que l’on ne trouve que dans les camées et les laques, voilà le secret des tableaux à la cire que Tanguy Kan peint depuis vingt ans.

Ce chimiste hors pair qui fabrique lui-même sa peinture nous dit tout sur sa passion.

U

ne grande bâtisse ocre jaune surplombant un vallon, ouverte sur un des plus beaux panoramas de Normandie : bienvenue dans l’atelier de Tanguy Kan !

Parlez-lui de peinture à l’œuf, de pigments à l’huile, de tempera, il répondra en expert prêt à donner ses recettes et ses conseils. Depuis plus de vingt ans, ce fils d’ingénieur que rien ne destinait aux arts plastiques n’en finit pas d’expérimenter la peinture et ses secrets, le nez dans les livres, les mains dans la couleur. « J’ai exploré les techniques anciennes comme a pu les travailler un peintre comme Van Eyck. Quand on démarre des études d’art, on pense que la peinture est le lieu de la liberté totale, puis on découvre qu’il y a des règles qui n’ont pas été édictées par hasard et qui aident le peintre à accoucher d’un tableau dans une technique qu’il doit apprendre à maîtriser. L’idéal étant bien entendu de s’en libérer ensuite complètement… »

BIEN CONNAÎTRE SES PIGMENTS Tout en parlant, Tanguy vient d’allumer le feu sous une marmite car, ici, un tableau commence toujours par une émulsion soigneusement contrôlée, des mélanges savamment dosés, bref, par la chimie des couleurs. « J’ai travaillé sur tous types de supports et avec toutes sortes de formats. Puis j’ai poussé plus loin encore les recherches. J’ai expérimenté aussi bien le travail au café sur papier que la peinture sur verre – qui se travaille à l’envers – mais aussi la peinture à l’huile et à l’acide chlorhydrique sur des plaques de tôles rouillées ! J’aime le travail sur les matières. Puis

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Pratique des Arts n° 102 / Février-Mars 2012

Tanguy Kan, dans son atelier du Perche.

Ma recette de la peinture à la cire La cire se présente en gros bloc ou en pastilles. J’en fais fondre 100 g dans un litre d’eau déminéralisée que je porte à ébullition. Je verse ensuite 40 g de carbonate d’ammonium sous forme de poudre que je dissous préalablement dans un peu d’eau. Une émulsion très importante se produit alors. Une fois l’effervescence retombée, il faut mélanger la préparation jusqu’à refroidissement complet en tournant constamment. Ne pas oublier d’aérer. On ajoute ensuite 30 % de résine de Caparol, qui permet de donner une force collante au mélange. La cire seule est très sensible à la chaleur et ne tient pas vraiment les pigments. La résine va consolider l’ensemble. On met le tout dans un bidon. La cire se conserve indéfiniment. Autrefois, on utilisait de la cendre, remplacée aujourd’hui par du carbonate d’ammonium qui permet à la cire de rester liquide même quand elle est froide. Elle s’emploie ainsi aisément sans avoir à être chauffée pendant le travail de peinture. Tous les ingrédients peuvent être trouvés dans les magasins de matériel beaux-arts, mais aussi chez Laverdure, où se fournissent les ébénistes.

Premiers flocons. 2011.

Cire sur toile, 60 x 60 cm.

Pratique des Arts n° 102 / Février-Mars 2012

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