Magazine Pratique des Arts n°104

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N° 104

Pratique

ARTS

Une nouvelle manière de dessiner

www.pratiquedesarts.com

EXTRAIT AU MUSÉE

Les secrets d’un maître dévoilés par la science

TECHNIQUE

L’art délicat de la tempera HUILE

Pont-Aven

AU CŒUR DE LA PRATIQUE

L’Ardèche au pastel

POUR OU CONTRE GUIDE PRATIQUE p. 43

AQUARELLE VERNIE :

Une technique d’avenir?

Test : nouveaux supports aquarelle Technique mixte : osez l’art pariétal! Aquarelle à la manière de Charles Reid Maîtriser les lumières en clair-obscur Bouquet de roses au pastel gras

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DES

RANDOCROQUIS


Pratique

DES

ARTS

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N°104 SommaireSomma PAROLES DE PROS

Faut-il vernir ses aquarelle? Les artistes débattent

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Plongée en

eau claire

Un portfolio rafraîchissant, une vague de nouvelles idées.

26 Huile

Vincent Ducourant

À la rencontre des artistes… 22 Huile 38 Huile Rétrospective OLIVER BEVAN

Sur le motif CHRISTIAN HACHE

Uzès, sa ville d’adoption, rend hommage cet été aux cinquante ans de carrière du peintre anglais. Panorama d’un parcours atypique.

L’artiste a fait des jardins de particuliers, simples et familiers, son terrain de jeu favori. Un jour de printemps, nous l’avons accompagné sur le motif, dans l’Est parisien.

26 Huile Rencontre VINCENT DUCOURANT Sa passion pour le territoire, d’Aix-en-Provence à Pont-Aven, l’artiste la traduit au moyen de la couleur pure, pour donner plus de force encore au sujet. Et par la force du geste.

48 Pastels gras HUGO RUALES Tout l’imaginaire et les couleurs de l’Amérique du Sud se retrouvent dans ses œuvres, construites comme des plans de cinéma.

34 Chef-d’œuvre à l’étude 52 Au cœur de la pratique CIMA DA CONEGLIANO CLAUDE CARVIN Pastel sec (1459-1517) Quand la science permet enfin de décrypter les secrets de la peinture de ce grand maître de la Renaissance vénitienne.

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Pratique des Arts n° 104 / Juin-Juillet 2012

Ses chemins, ses cours d’eau, sa tranquillité : l’Ardèche n’en finit pas d’inspirer cet artiste qui se passionne pour la lumière et ses reflets.

Sur le motif

Christian Hache

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aireSommaireSommaireSom 64 LA TEMPERA

avec Marco Piva

52 Claude Carvin L’Ardèche au pastel

43 DÉCOUVERTE

Randocroquis : à vos carnets!

ÀD

ÉT AC

HE

R

Le guide pratique Rendez-vous pages 42-43

58 Paroles de pros VERNIR SES AQUARELLES… OU PAS Les inconditonnels de l’encadrement font face depuis quelques années à une autre alternative en terme de protection des aquarelles : le vernissage. Tour d’horizon de ses avantages et inconvénients.

64 Tempera MARCO PIVA L’artiste turinois a fait sienne cette technique ancestrale, opérant souvent à la tempera à l’œuf, dont il décrypte ici toutes les qualités.

Découverte 14 La vie des arts

Pour plus d’infos www.pratiquedesarts.com

Ne manquez pas l’actualité culturelle des quatre coins de France et d’Europe.

43 Randocroquis Un nouveau concept C’est simultanément en Vendée et en Isère que sont nés les premiers Randocroquis, des parcours d’initiation au dessin pour tous, en partenariat avec l’Office national des forêts. Suivez le guide !

Espace lecteurs 24 Shop’art 72 Courrier des lecteurs 74 Votre librairie artistique 78 Petites Annonces 83 Au sommaire du prochain numéro

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Portfolio eau

Josep MONCADA ESPAGNE, MINORQUE. NÉ EN 1967.

Abraçar el passat, viure el present. Huile sur toile, 110 x 110 cm.

Dolça caricia. Huile sur toile, 110 x 110 cm. « J’utilise l’art comme un canal à émotions. Chaque coup de pinceau, chaque toile est un véritable moment de méditation qui me transporte dans un autre monde. Je ne voyage pas tant que ça physiquement, mais l’art me permet d’aborder différents univers. Peindre permet de traduire la subtilité, la transparence, le rythme des choses que nous ne voyons pas. Une façon de découvrir d’où nous venons et où nous allons. » www.josepmoncada.com

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Plongée en

eau claire L’écume des vagues, les jeux de lumière sur l’eau, les reflets scintillants, la puissance du courant ou la sérénité d’un cours d’eau tranquille… l’eau est un thème d’une richesse inépuisable pour le peintre. Mais depuis quelques années, une nouvelle génération d’artistes l’appréhendent d’une façon différente : le corps et les déformations engendrées par l’eau constituent la matière première de leurs recherches. Rafraîchissant ! Texte : Élodie Blain. Photos : D. R.

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Sur le motif Christian Hache

L’habitué d’un jardin de l’Est parisien À Champs-sur-Marne, chevalet sur le dos et sac en bandoulière, Christian Hache s’installe dans son jardin d’adoption. Un coin de nature où il a ses habitudes, convié par les hôtes à y puiser l’inspiration. Libre d’observer les arbres au fil des saisons, de guetter l’éclosion des fleurs, de se déplacer selon l’ensoleillement, il peint sur le motif l’intimité colorée d’un jardin familier, offrant à ses propriétaires la vision sublimée de leur trésor caché.

P

arisien et rôdé à la pratique du modèle vivant, Christian ne pensait pas se lancer un jour dans le nomadisme des jardins. Mais peu à peu ses rêves l’ont porté à placer ses nus féminins peints dans l’atelier dans des espaces de nature imaginaire. Sensible au vivant et à ce qui est proche de l’humain, il a eu l’idée de peindre des jardins. Ceux d’amis, simples et familiers, où les éléments ont été plantés au cours du temps. Des lieux uniques et semblables à la fois. Les uns s’emplissent d’arbres commémorant la naissance des enfants, d’autres trahissent la passion immodérée de la maîtresse des lieux pour les pivoines. Des sapins ou des noisetiers protègent du vis-à-vis inévitable à quelques kilomètres de Paris. Des arbustes florifères, magnolia, rhododendron, lilas, offrent leurs fleurs colorées et parfumées au gré des saisons. De petites plantes, communes et éternelles, s’échangent entre voisins, ramenées de la campagne, arrachées définitivement aux terrains vagues. « Ce que j’aime dans les jardins avant tout, confiet-il, c’est le calme qu’on y trouve pour se concentrer. Je m’imprègne de leur ambiance pour la faire revivre sur la toile. Je suis sensible aux jardins qui ne se révèlent pas au premier regard, gardant pour eux une part de mystère. On y trouve toujours une infinité de plans et de volumes insoupçonnés. » Peignant toujours sur le motif, Christian guette les évolutions, observe ses mouvements sous le vent, le changement des couleurs et des formes au rythme des heures de la journée.

PENSER COULEURS ET DYNAMISME Pour qui aime rendre la vie, être face au sujet s’impose forcément. Christian ne travaille jamais d’après document et ne prend aucune photographie des lieux qu’il peint. Il préfère s’en tenir à l’essentiel. Il exécute un vague dessin puis se lance dans la peinture avec des jus de couleurs qu’il nourrira au fur et à mesure. Il pense couleurs et dynamiques, s’immisce dans son sujet avec une concentration étonnante « sans prendre le temps de réfléchir ». La pratique du modèle vivant et son intérêt pour les poses courtes lui ont appris à peindre vite. La difficulté ne lui fait pas peur, bien au contraire. Il capte les sensations du moment en touches spontanées. « La peinture n’est pas peinturlure, affirme-t-il, je cherche à apporter un

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Pratique des Arts n° 104 / Juin-Juillet 2012

Texte : Catherine Desvé. Photos : Virginie Merle. L’Arbre en fleurs. Huile sur toile. 80 x 80 cm


MA PALETTE

BIEN CHOISIR SES COULEURS

Jaune de cadmium citron, jaune de cadmium clair ou moyen, jaune de cadmium foncé, rouge de cadmium clair, jaune brun hollandais (celuici donne de beaux orangés), rouge de cadmium moyen (qui est un rouge dense), rouge de cadmium pourpre (utilisés pour les rouges foncés et les mélanges avec les bleus), rouge anglais ou rouge de Venise, carmin d’alizarine (une couleur que j’aime mélanger avec les verts), des roses qu’on ne peut obtenir autrement comme le rose de scheveningen, bleu de cobalt clair, outremer foncé, vert émeraude, vert de vessie, terre d’ombre naturelle, terre d’ombre brûlée, noir et blanc (modérément).

Pour garder de belles couleurs, il faut toujours nettoyer ses pinceaux. Je vois trop d’élèves garder tout le long d’une séance le même godet dans lequel ils trempent leur pinceau. Dès que je veux obtenir une couleur lumineuse, je le trempe dans le white-spirit et je le nettoie soigneusement. Pour choisir ses couleurs en boutique, il convient de se méfier des échantillons imprimés qui ne reproduisent pas la réalité et la densité des teintes. Pour ma part, je teste toujours la couleur d’un tube sur le bout du doigt.

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La tempera

De l’eau, de l’œuf et beaucoup de patience

Nocturne. Tempera, tempera à l’œuf sur bois, 48 x 67 cm.

Dans son atelier, Marco Piva dispose d’une table d’architecte inclinable qui lui permet de travailler plus ou moins à plat sur ses très grandes œuvres. Ce meuble se révèle plus pratique que le chevalet, vu l’utilisation de l’eau faite par le peintre.

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Tempera Marco Piva

FABRIQUER LA TEMPERA À L’ŒUF Chaque « chef » a sa propre recette. Marco Piva, lui, sépare soigneusement le blanc et le jaune de l’œuf, faisant délicatement glisser ce dernier d’une main à l’autre. « Le jaune seul est un liant très efficace, alors que conserver le blanc de l’œuf implique un processus beaucoup plus complexe. » Au jaune, il ajoute quelques gouttes de vinaigre blanc pour éviter que le mélange ne se putréfie. Dans un autre gobelet, il dépose un peu de pigment qu’il l’humidifie d’un peu d’eau, à l’aide d’une pipette. « Cela fait une pâte un peu liquide, qui se mélange mieux avec l’œuf. » Dernière étape : mélanger le tout. La bonne dose : « Environ moitié couleur et moitié œuf.» Même s’il finit par sécher, le mélange peut être ranimé avec un peu d’eau.

Un jaune d’œuf, trois gouttes d’eau qui font office de « véhicule », une pincée de poésie et une bonne dose de patience : Marco Piva, peintre italien, nous fait partager sa passion pour la tempera et la tempera à l’œuf en décryptant généreusement ces deux techniques.

L

es meilleurs pinceaux sont des « maîtres pinceaux » et la toile « boit » la couleur, dans l’atelier de Marco Piva… Avec ce peintre spécialiste de la tempera, cette technique très précise et minutieuse prend vie. L’artiste, qui partage généreusement ses recettes, nous accueille avec gentillesse dans son atelier à la lumière douce, où il peint et enseigne, au cœur de la vieille ville de Turin. Au mur, plusieurs œuvres représentent des œufs, l’un de ses sujets favoris. On comprend pourquoi il affectionne ces techniques héritées du Moyen Âge : le chromatisme doux et l’opacité de la tempera, des dégradés subtils, révèlent l’authenticité des objets. « J’apprécie la matité et le caractère couvrant de la tempera », explique le peintre. Il lui arrive de peindre à l’huile, mais il en apprécie peu la brillance.

Aqueuse, la tempera s’associe facilement avec d’autres peintures pour élargir ses possibilités artistiques et, notamment, éviter qu’opacité et matité ne rendent le sujet trop terne. « L’aquarelle me permet d’étendre ma gamme, car certaines teintes me manquent en tempera. J’utilise l’aquarelle pour assombrir avec le gris de Payne, ou au contraire pour avoir des couleurs plus vives, plus brillantes. En réalité, je ne crois pas beaucoup aux distinctions entre l’aquarelle et la tempera… » commente Marco Piva, qui mélange volontiers les deux. Le peintre « charge » alors l’aquarelle, utilisée en tubes, pour obtenir une couleur plus concentrée.

DES SENSATIONS DIFFÉRENTES Mais, pour l’essentiel, Marco Piva préfère la tempera et la tempera à l’œuf, jouant des caractéristiques de chacune, en fonction des supports. Pratique des Arts n° 104 / Juin-Juillet 2012

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HUILE avec la collaboration AQUARELLE avec la collaboration de Sergueï Toutounov d’André Méhu

Texte et photos : Hélène Renais.

Texte et photos : David Gauduchon.

Nature morte à l’aquarelle Ses coordonnées sur www.pratiquedesarts.com

Matériel

J’AVAIS ENVIE DE TRAVAILLER CETTE NATURE MORTE À LA MANIÈRE DE L’ARTISTE AMÉRICAIN CHARLES REID, PASSÉ MAÎTRE DANS L’ART DE TRADUIRE LA SIMPLICITÉ AU MOYEN DE COULEURS GAIES ET FRAÎCHES. POUR LUI, L’ACTE DE PEINDRE EST PENSÉ DÈS LE DESSIN ! J’AI DONC PASSÉ BEAUCOUP DE TEMPS SUR LA PHASE PRÉPARATOIRE, PARCE QUE LE DESSIN INITIE, À SA FAÇON, LES FUTURS COUPS DE PINCEAU.

■ Papier Centenaire 300 g, grain torchon : pour cette technique, mieux vaut le torchon, car le grain du papier crée des blancs et des contours assez peu réguliers. ■ Aquarelle extrafine. Je ne suis attaché à aucune marque, j’utilise donc tour à tour, en fonction des couleurs, Daler-Rowney, Daniel Smith, Winsor & Newton et Holbein. ■ Pinceaux : je me sers de Léonard (7733RO) et de Raphaël (8404). Un tel travail ne peut se faire qu’avec de la martre kolinski et des pinceaux qui pointent beaucoup. Chargés d’eau et de pigment, ils gardent une belle pointe ; je peux ainsi faire des formes détaillées. ■ Papier absorbant ■ Bassine d’eau.

1 Le dessin du bouquet achevé, je m’attarde sur l’ombre portée de l’aubergine et marque les points de l’ombre du pomelo. J’aborde le citron vert par le bas, marque sa zone d’ombre et son rehaut. Les racines des oignons renvoient à l’aubergine, connectée avec quelques lignes dans les tiges du vase. Je lie les trois piments aux éléments déjà présents.

La technique du contour drawing Cette technique donne des dessins originaux et prépare bien l’aquarelle. Elle permet de relier les objets entre eux et les objets en arrière-plan sans faire de contours nets partout. Cela demande du temps et de la concentration, car il faut trouver des points de connexion entre chaque élément. Lors de la mise en couleurs, l’esprit de cette technique se retrouve, car chaque forme aura des contours nets et des contours diffus, qui se fondront les uns dans les autres. Un exemple ici : le vert de l’aubergine se fond dans celui des tiges d’oignons.

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2 Lys blanc et freesias jaunes J’avance par zones, sans glacis ni lavis, en superposant très peu les couches. J’isole les lys afin de trouver la bonne valeur d’emblée. J’éclaircis les fleurs qui les entourent, en partant sur du jaune de bismuth et de l’outremer. J’ajoute du magenta et laisse les couleurs se mélanger.

Je ne cherche pas à attirer l’œil vers les fleurs. Ce qui m’intéresse, ce sont les taches de couleurs qu’offre le tout, sur une surface en deux dimensions.

3 Gerbera et freesias. Le gerbera s’organise avec

l’alizarine permanente, du carmin et du jaune de cadm (parties éclairées) et du magenta permanent pour le c Les bouquets de freesias sont jaune de cadmium. J’ajo carmin, céruléum et jaune de bismuth pour le vert des pétales. Pour des notes sombres un peu verdâtres dan freesias, j’utilise du bleu céruléum pour les ombres fro de l’ocre jaune pour les ombres chaudes.


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Palette

7 Le tournesol ouvert est fait avec du jaune et de l’orange de cadmium. Pour le centre, bien sombre, je mélange beaucoup de jaune de cadmium, du magenta, du bleu outremer, sans chercher à obtenir un beau disque.

Magenta permanent (Daler-Rowney), cramoisi d’alizarine permanent (Winsor & Newton), carmin (DalerRowney), rouge de cadmium clair (Schmincke), orange de cadmium (Winsor & Newton), jaune de cadmium (Daler-Rowney), jaune de cadmium pâle (Daler-Rowney), jaune ocre (Daler-Rowney), jaune de bismuth (Daler-Rowney), terre de Sienne naturelle (Daler-Rowney), jaune de mars Holbein (pour remplacer la terre d’ombre naturelle, que je trouve dure à travailler car elle fait des paquets), bleu céruléum (Holbein), bleu de cobalt (Holbein), bleu outremer (Daniel Smith), violet dioxazine (Winsor & Newton).

6 La tulipe est montée avec du carmin et du rouge de cadmium pour les valeurs claires. Magenta et alizarine font l’ombre. Pour la base de la feuille, sans tenir compte de son aspect luisant, je mettrai un peu de jaune de cadmium, du magenta et du bleu outremer.

4 Tournesol fermé et verdure. Un peu de bleu outremer et de magenta préparent la base du tournesol fermé. Je fais des projections de bleu céruléum et de jaune de bismuth pour donner de la spontanéité et de la légèreté à cette zone. Puis j’associe bleu outremer et jaune de bismuth pour un vert un peu plus sombre à côté du gerbera rouge.

5 Eucalyptus. Avec bleu céruléum, ocre, carmin et un peu de bleu outremer, je fais les zones foncées de l’eucalyptus. Si besoin, j’ajoute du cobalt, puis un peu de blanc du côté éclairé. En haut à droite, quelques feuilles imaginaires sont faites avec du jaune de bismuth et du bleu outremer. Le tournesol fermé est jaune de cadmium pur.

Phase préparatoire Le choix des fruits et des légumes. Autour d’un magnifique bouquet composé de lys, de freesias, de gerberas, de tulipes rouges, de tournesols et de branches d’eucalyptus, je dispose un citron vert, une clémentine de Corse (avec ses feuilles), une tangerine, deux pamplemousses, deux aubergines et une botte d’oignons nouveaux. J’aime ajouter à ce genre de compositions des petits piments, cela donne une note colorée à l’ensemble. On gagne ainsi des sombres et leur forme entortillée, en arabesque, me plaît. Souvent, je place aussi des petits objets dans mes natures mortes. Ici, j’ai opté pour un allume-gaz, j’aime sa couleur anisée et il crée une oblique bienvenue dans ma composition, tout comme les motifs de la nappe. La tige de la clémentine de Corse répond à la verticale du vase, mais dans une dimension différente – elle tasse un peu la verticale – et sa feuille verte donne elle aussi une oblique à l’ensemble. Pratique des Arts n° 104 / Juin-Juillet 2012

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