Pratique des Arts Hors-série Aquarelle

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HORS-SÉRIE AQUARELLE

PRATIQUE

15 AQUARELLISTES DÉVOILENT LEUR TECHNIQUE Une journée dans l’l’atelier atelier de V. PRISCHEDKO Les jeux de matières de n

DES ARTS

n

REINE-MARIE PINCHON 3 œuvres de A à Z par MARC FOLLY…

n

HORS-SÉRIE AQUARELLE

À VOIR CET ÉTÉ Notre sélection d’expositions à ne pas manquer

EXTRAIT

SPÉCIAL AQUARELLE ANNIE MADEC, ISABELLE GAGNEUX, ANNICK BERTEAUX, JERÔME COSSÉ, BÉNÉDICTE GELÉ, SIMON FLETCHER…

16 PAGES TECHNIQUES ROLAND PALMAERTS DOSSIER SPÉCIAL Scène urbaine sur le vif Les aquarellistes Travailler les effets d’ombre Leçon particulière avec Maîtriser la lumière et et de lumière d’aujourd’hui un artiste de renom les Maîtriser volumes duetportrait glacis transparence n

n

n

HORS-SÉRIE N° 15 – 9,95 €

et les peintres qui les ont inspirés

n

n

Bien choisir son matériel Façade monochrome Réussir 4 œuvres en 50 photos Nature morte en contrastes n n

n

sommaire 6 rencontres 28

Dossier 18 D’hier à aujourd’hui

Quel artiste n’a jamais revendiqué ses influences en peinture ? Annick Berteaux, Jérôme Cossé, Bénédicte Gelé et Luc Marion n’échappent pas à la règle, et révèlent les rencontres, réelles ou non, qui ont scellé leur destin d’aquarellistes.

4

Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

54

72 A.

Madec

S.

Fletcher

I.

Gagneux

P. 6

10

ACTUALITÉS 2008 Notre sélection de Salons, expositions et livres

P. 10 RENCONTRE

Viktoria Prischedko Bâtir avec la couleur P. 18 DOSSIER V.

Prischedko

60

Quatre aquarellistes remontent aux sources de leur inspiration : > Annick BERTEAUX > Jérôme COSSÉ > Bénédicte GELÉ > Luc MARION P. 28 RENCONTRE

Il existe autant de manières de peindre que d’aquarellistes. Tandis que certains prennent la voie de l’abstraction, d’autres poussent loin l’art de la ressemblance et l’attention portée aux détails.

Entre les deux, une multitude de pratiques qui reflètent la richesse de ce médium qui ne se laisse pourtant pas facilement dompter.

R.

Palmaerts

66

P. 35 LES CAHIERS

DE L’AQUARELLISTE Toutes les subtilités de l’aquarelle en 4 démos et des pages shopping R.-M.

LES CAHIERS de l’aquarelliste ? UN

COIN D’ATELIER avec Marc Folly

Pinchon

P. 54 RENCONTRE

35

P. 60 RENCONTRE

P. 37

P. 66 RENCONTRE

? FAÇADE

MONOCHROME P. 41 avec Joëlle Krupa-Astruc ? DEUX

Annie Madec L’aquarelle buissonnière

PORTRAITS avec Marc Folly

P. 45

? SCÈNE

DE RUE avec Francis Saure

P. 49

GUIDE D’ACHAT

P. 52

Isabelle Gagneux Ma lutte avec l’eau Roland Palmaerts Le magicien du pinceau Reine-Marie Pinchon Le savoir poétique P. 72 RENCONTRE

Simon Fletcher Figurer l’émotion paysagère P. 78 CARNET D’ADRESSE P. 79 LIBRAIRIE Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

5

D’hier à aujourd’hui

Aux sources de

ANNICK BERTEAUX 18

Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

LUC MARION

l’inspiration QUATRE AQUARELLISTES AU STYLE BIEN TREMPÉ ET DIFFÉRENT ; QUATRE VISIONS DE L’AQUARELLE TELLE QU’ELLE SE PRATIQUE AUJOURD’HUI. SOIT AUTANT DE SOURCES D’INSPIRATION, TANT PARMI LES MAÎTRES ANCIENS QUE LES ARTISTES CONTEMPORAINS.

C

haque aquarelliste, comme tout artiste qui se respecte, possède ses propres sources d’inspiration, aussi variées que sa façon d’aborder l’aquarelle. Les quatre artistes présentés dans ce dossier sont l’illustration de cette diversité. Annick Berteaux trouva sa voie en découvrant une œuvre singulière du maître flamand Peter de Hooch.

Luc Marion, aquarelliste belge est, quant à lui, subjugué par l’œuvre de Maurice Estève – qu’il n’hésite pas à placer au panthéon des grands maîtres, à l’égal de Picasso ou de Matisse. Mais le moteur qui anime chaque artiste peut aussi être le fruit d’une rencontre humaine, à l’image de Jérôme Cossé lors d’un stage avec JeanLouis Morelle. Ce peut être, enfin, Bénédicte Gelé et ses portraits équins, découvrant a posteriori dans les visages de Ben-Ami Koller des similitudes frappantes et un élan nouveau. Il est symptomatique que les aquarellistes de notre époque ne puisent plus seulement leur inspiration dans le seul registre de la peinture à l’eau. De même, certains d’entre eux pratiquent aussi la peinture à l’huile, mais de manière complémentaire, chaque technique venant parfaire l’autre. Se nourrissant de sources diverses, lointaines ou proches, ces quatre artistes témoignent ainsi de la dynamique qui anime l’aquarelle aujourd’hui.

JÉRÔME COSSÉ

BÉNÉDICTE GELÉ

Textes : Laurent Benoist.

Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

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Viktoria

Prischedko

Sentiment d'Automne. 2008. Aquarelle, 76 x 54 cm.

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Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

Portrait Née en 1964 en Ukraine, Viktoria Prischedko commence dès l’âge de 9 ans à se former aux arts du dessin et de l’aquarelle à l’académie des Beaux-Arts de sa ville natale, Kiev.

Elle choisit ensuite une spécialité en architecture et exerce pendant une dizaine d’années en agences privées.

Elle s’installe en Allemagne en 1991 et se consacre dès lors entièrement à l’aquarelle. Elle expose ses œuvres en France, en Allemagne et en Belgique.

Son travail a fait l’objet de multiples récompenses telles que le prix du public du Salon de l’aquarelle de Belgique à Namur en 1999, le prix d’aquarelle du Sud-Ouest de ’Allemagne en 2000 et le 1er prix de la foire d’art Libr’Art à Libramont, en Belgique.

Bâtir avec la couleur ARCHITECTE DE FORMATION, VIKTORIA PRISCHEDKO MÈNE UNE RÉFLEXION SUR L’ESPACE BIPLAN, LES TRUCAGES OPTIQUES ET LE RÉVÉLATEUR ÉMOTIONNEL DE LA COULEUR. SCELLÉE PAR UNE TECHNIQUE À LA FOIS RIGOUREUSE ET INVENTIVE, CETTE ŒUVRE SIMPLE DANS L’APPARENCE DES SUJETS RÉVÈLE, À BIEN Y REGARDER, UNE COMPLEXITÉ PLASTIQUE INÉDITE ET CAPTIVANTE. POUR LA CONTACTER : Rendez-vous dans notre carnet d’adresses p. 78.

I

l existe deux manières distinctes d’appréhender le monde : le voir avec les personnes qui le peuplent ou bien voir les personnes et le monde qu’elles habitent. Mon approche artistique tend à exprimer la première version, celle où la globalité prime sur la particularité.

Je me souviens d’une visite à Bordeaux, un jour de printemps où la pluie torrentielle semblait faire le grand nettoyage de saison. De la ville, de son architecture, je n’ai rien retenu ce jour-là. La seule vision qui envahissait mon esprit contenait les pavés brillants d’une rue piétonne, les pastilles colorées des parapluies, les reflets des passants dans les flaques d’eau claire. La rue était devenue un canal où ruisselaient les couleurs : voilà l’image d’un monde qu’il me fallait exprimer en peinture. Sur une feuille en format vertical, j’allais de même faire couler les teintes, maîtriser et mettre en suspens l’idée d’un déluge. La couleur était mon guide le plus précieux car elle avait fait naître puis fait évoluer l’émotion initiale, point de départ de cette envie de créer. Le rouge et le bleu, mélange d’enseignes de magasins, de pavement gris anthracite et de toiles nylon bariolées, se sont propagées sur la feuille, en silence.

Le dialogue s’est noué, mais je ne trouvais pas la lumière, je ne parvenais pas à rendre le contre-jour de la réalité d’où j’avais vu émerger les silhouettes noires des passants pressés. Le rouge mourrait en voilure orangée dans le bas du tableau et Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

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Viktoria

Prischedko

Le Silence. 2008. Aquarelle, 39 x 104 cm.

“

Ce procédé technique de l’humide sur humide, issu de mon éducation en Ukraine, m’a permis d’appréhender la peinture par l’étude de la couleur.

le même procédé, en prenant soin d’augmenter la transparence de la lampe, au détriment du cœur jaune et opaque de départ lorsqu’il s’agit des lumières lointaines. La lanterne peut être remplacée par un autre objet, du moment que celuici devienne le pilier central de la construction du tableau.

J’ai composé une longue série de tableaux autour d’un pot en céramique que j’avais découvert dans un village d’Espagne.

Installées à chaque pas de porte, ces poteries jalonnaient les rues et en constituaient

LE TRAVAIL DES COULEURS Quatre ou cinq teintes maximum sont appliquées sur ma palette. Petit à petit, elles se mêlent, et j’écoute leur vibration pour ensuite créer les mélanges les plus subtils. Avec cette méthode, instinctive et sensible, j’ai, au fil des années, abandonné des couleurs fabriquées, comme le vert. Mes combinaisons de jaune et de bleu ont mis beaucoup de temps à s’ajuster au diapason des autres teintes, et c’est souvent le hasard des correspondances nées sur la palette qui m’a ouvert des pistes de recherche. Avec la technique de l’humide sur humide, les couleurs se mélangent directement sur la feuille. Les pigments interagissent et mon rôle est de contrôler ces fusions, d’optimiser le mélange, et d’éviter de faire une bouillie grise où les teintes ne se distinguent plus. Avant de commencer à peindre, je simule ces fusions sur une palette afin de jauger les proportions de pigments. Les quantités sont ainsi mieux réparties et la manipulation des teintes devient instinctive.

16

Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

l’emblème et la fierté des habitants qui les fabriquaient de génération en génération. J’étais fascinée par l’importance culturelle que pouvait prendre un simple pot vernissé. Contemplant de plus près ces vases, j’ai peu à peu cerné leur résonance dans le paysage, par leur forme pansue, leur couleur neutre et leur aspect brillant. L’indice devenait le prétexte à peindre et toutes les formes architecturales semblaient naturellement s’articuler autour de cet objet.

L’école de l’architecture De mon éducation en Ukraine, j’ai conservé la technique de l’aquarelle en humide sur humide. Ce procédé, très répandu en Russie, m’a permis d’appréhender la peinture par l’étude de la couleur. Sensibilisée au principe coloriste, j’ai ensuite travaillé le réalisme de la composition, du dessin.

Tout en gardant à l’esprit ces acquis techniques, je me suis peu à peu libérée de la rigueur coloriste et du contrôle de la composition quelque peu dogmatique. Pour ce faire, il fallait en passer par une autre école, celle de l’architecture, puisque ma formation et mon activité initiale concernent la conception du bâti. Connaître les règles de perspective et savoir construire en trois dimensions m’a effectivement été d’un grand secours pour la composition de mes paysages en aquarelle. Grâce à cette approche, je voyais la restitution de la profondeur en deux

LE PINCEAU PLAT Décliné en 4 tailles différentes, un seul modèle de pinceau me sert à la réalisation des tableaux : le pinceau plat Da Vinci, dont le plus gros de la gamme (n° 30) remplace le traditionnel pinceau lavis ou mouilleur.

La mise en couleurs et le dessin sont en partie liés dans mon travail, et j’apprécie la manipulation des longs pinceaux plats qui, sur la tranche ou bien sur le plat, produisent des rendus graphiques totalement différents.

Si le graphisme est plus délicat et les lignes très fines ou travaillées en pointillés, j’utilise un pinceau traînard fin.

dimensions comme un défi et je savais que seuls mon savoir et mon intuition m’aideraient à mettre au point ma propre technique. Ainsi, les bâtiments, traditionnellement représentés en masses distinctes, subissent dans mes réalisations un traitement chromatique particulier dont le procédé est d’imbriquer les blocs les uns dans les autres.

Semblables à des plaques de couleur, plus ou moins transparentes, les rectangles colorés se rencontrent, se juxtaposent. En promenant mon pinceau sur la feuille, je pense toujours en termes de rapports, de couleurs, de formes, de contrastes. Même si, au cours de la réalisation, tout semble plongé dans une sorte de chaos, les jus échappant presque à mon contrôle, les formes en perpétuelle décomposition, je garde une ligne de conduite déterminée et recommence plusieurs fois les mêmes gestes, jusqu’à ce que ces jeux de rapports se stabilisent sur un point d’équilibre. Bien sûr, cette persévérance ne saurait être le seul critère de satisfaction. Parfois le geste réitéré s’avère, inadéquat. C’est alors à la couleur que je m’adresse. Un peu d’eau sur la palette, j’observe la course des pigments, j’abreuve mon regard à cette mine d’or. Les couleurs en mouvement dilatent soudain mon esprit et me procurent la solution transitoire pour sortir de l’impasse. n Lumière du Soir. 2007. Aquarelle, 54 x 76 cm.

Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

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SOMMAIRE Marc Folly

37

Joëlle Krupa-Astruc

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Marc Folly

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Francis Saure

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Guide d’achat

52

>> NATURE MORTE : UN COIN D’ATELIER >> FAÇADE EN MONOCHROME >> DEUX FAÇONS DE TRAITER LE PORTRAIT >> UNE SCÈNE DE RUE

SPÉCIAL AQUARELLE

LESdeCAHIERS l’aquarelliste 5 DÉMOS

PAS À PATESS LES BONS GES LE MATÉRIEL LES ASTUCES…

Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

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Deux façons de traiter le portrait

“

MARC FOLLY

Un rayon de soleil dans l’atelier et voilà une occasion qui se présente de traiter rapidement deux portraits contrastés avec, à chaque fois, une palette extrêmement réduite.

Portait classique rapide MATÉRIEL n Papier Moulin du Coq, grain fin, 325 g, 30 x 40 cm os n Pinceaux : Isabey n 2 et 4 petito gris 6235 ; Raphaël n 4 martre 8404 ; pinceau chinois. n Couleurs aquarelles Winsor & newton et Daler-Rowney n Crayon HB et gomme.

Nuancier Bleu de cobalt n Terre de Sienne brûlée n Jaune de cadmium n Magenta n

Le dessin au crayon HB me Je place les premières masses de couleurs à l’aide d’un Je m’attaque au visage 1et permet de placer les contrastes 2 gris trichrome obtenu en additionnant du bleu à la terre 3 avec un mélange terre d’apprécier la façon dont de Sienne (elle-même composée de jaune et de magenta). de Sienne et jaune de la lumière marque le visage du modèle, sans m’appesantir sur les détails.

Avec le pinceau chinois, dans un geste libre, je délimite le pourtour de la tête et le mur du fond, dans l’ombre.

cadmium. Je travaille de haut en bas en opposition ombre/lumière, en insistant sur les ombres pour apporter le volume.

un spalter chargé d’eau claire, Je procède à quelques derniers Je considère ce portrait rapidement 4afinjeAvec frôle les zones derrière la tête 5 ajustements. Gardez en tête 6 brossé plus comme un exercice qui de faire fuser la couleur sur la que, dans ce type d’exercice, ce qui m’a permis d’appréhender le modèle partie blanche. En nuançant ainsi le pourtour de la tête, elle s’intègre mieux au fond. J’opère des retraits de blanc au chiffon sec afin d’animer la surface. Je rajoute à sec, au pinceau fin, des petites touches de graphisme.

compte c’est le résultat final, pas et de me libérer à la fois la main et la méthode de travail. Avec une l’esprit. gomme, j’efface les traits de crayon.

Cela permet de déstructurer les formes encore un peu plus et de rendre le portrait moins figé.

Pratique des Arts n SPÉCIAL AQUARELLE

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