Pratique des Arts Hors-série Pastel

PA S T E L

HORS-SÉRIE

DESARTS HORS-SÉRIE

Paysages en touches impressionnistes

EXTRAIT

PA S T E L

La passion des visages de J.-F. Le Saint

Michael Norman Variations autour de la lumière

TOUR DU MONDE Nathalie Picoulet Ode à la sensualité

PASTEL

2010

Pratique et savoir-faire

ET ENCORE…

Un thème, trois interprétations • Nu : comment se détacher du modèle • Règles de transparence au pastel • Le travail des carnations • S’affranchir des contraintes du motif

CLAUDE TEXIER PÉNÉLOPE MILNER PHILIPPE JANIN CYNTHIA BLAIR CLAUDE BAURET-ALLARD MARIE-ÉLISE LARÈNE…

•

M 01106 - 20 H - F: 8,00 E - RD

USA, G.-B., CANADA, RUSSIE, FRANCE, ESPAGNE…

HS N° 20 - JUIN 2010 - 8 €

FRANCE MÉTRO : 8 €- CH : 16 FS - GR : 9,50 €- PORT. CONT. : 9,50 €- SPM : 9 €- DOM SURFACE : 8 €- DOM AVION : 9 €- TOM : 1300 CFP - CAN : 14,95 $ CAN - MAR : 80 DH - MAY : 9,50 €- BEL : 8 €- ESP : 9,50 € - LUX : 9,50 €- TUN : 9,500 DTU – ITA : 9,50 €- CFA SURFACE : 5300 CFA – ALG. : 500 DA

PRATIQUE

Sergueï Oussik

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SOMMAIRE

ÉDITO

Le pastel, un papillon aux ailes poudrées

U

Une œuvre d’art a deux vies. La première est celle de la maturation, de l’inspiration puis de son élaboration dans l’atelier. La seconde est celle de sa révélation : elle sort alors du giron de l’artiste pour accomplir un parcours où elle sera exposée, admirée, et qui sait, peut-être même changera-t-elle de main ?

Ce numéro entièrement consacré au pastel se situe à la confluence de cette existence double. Vous serez au cœur de la création, découvrant notamment la façon dont Claude Texier traduit sur sa feuille les chaudes couleurs du Maroc, comment Jean-François Le Saint nourrit ses portraits quasi ethnographiques, partageant enfin avec le sémillant Sergueï Oussik sa recherche du sujet. Vous serez aussi renseigné sur la seconde vie de ces œuvres : festivals, expositions, musées, voici un tour d’horizon des manifestations où sera mis à l’honneur le pastel. Le pastel qui – comme a pu l’écrire Pierre Rosenberg, président d’honneur du Louvre – a donné « quelques-uns des plus chatoyants papillons de la création humaine ».

60

Jean-François Le Saint

04 Actualités Les principaux festivals autour du pastel cet été dans l’Hexagone.

34 Claude Texier

10 Portfolio Cynthia BLAIR (É.-U.) 16 Nathalie PICOULET (Fr.) Grâce à la liberté que lui procure le pastel, cette ancienne danseuse rend un hommage sensuel au corps de la femme.

20 Michael NORMAN (G.-B.) Autodidacte et plein-airiste accompli, il n’aime rien tant que peindre les paysages cernés d’eau magnifiés par la lumière.

28 Portfolio Pastellistes du monde entier 1re partie 34 Claude TEXIER (Fr.) Malgré sa légendaire discrétion, l’artiste raconte sa passion pour le Maroc de son enfance, sa principale source d’inspiration.

20

40 Philippe JANIN (Fr.)

Michael Norman

44 Sergueï OUSSIK (Rus.)

10Portfolio Cynthia Blair

Des paysages à l’huile, il est passé aux nus au pastel, sans pour autant délaisser ses premières amours. Récit d’une conversion.

74 Pénélope Milner

Dans la tradition des peintres de paysage russes, attentifs aux moindres détails, il revisite sous nos yeux une vue de Paris.

52 Portfolio Pastellistes du monde entier 2e partie 56 Claude BAURET-ALLARD (Fr.) Ses célèbres séries de fruits en décomposition ou de bidons rouillés participent d’une réflexion sur la marche inexorable du temps.

60 Jean-François LE SAINT (Fr.) Les visages d’enfants, croisés dans sa Bretagne natale ou lors de ses nombreux voyages, monopolisent l’essentiel de son œuvre.

66 Histoire Découvrez les plus belles collections de pastels des musées français.

70 Marie-Élise LARÈNE (Fr.) Le ciel et l’eau dans laquelle sa lumière se reflète sont ses sujets uniques de pastels. Une relation intense et quasi mystique.

74 Pénélope MILNER (G.-B.) Cette Anglaise touche-à-tout installée en France présente sa dernière recherche en date : une série inspirée de la mythologie.

80 Petites annonces 81 Librairie Pratique des Arts LES MAÎTRES DU PASTEL 3

Portfolio CYNTHIA

BLAIR

Floraisons

sensuelles

SunShower. 30,5 x 56 cm.

Les tulipes du printemps symbolisent la vie qui s’éveille. J’ai suggéré la fragilité des pétales par leur transparence et leur velouté.

Depuis 2002, l’Américaine Cynthia Blair travaille presque exclusivement au pastel sec. De ses études d’illustration, elle a retenu un sens graphique certain, à la fois dans le trait et la composition. Vivant aujourd’hui sur la côte Est des États-Unis, elle a acquis un amour et un respect profond pour la nature.

Le pastel, matière sensuelle, demeure au service de sa vision.

10 Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

Lotus II. 76,2 x 61 cm.

Un gros plan de la Nelumbo nucifera, comme illuminée de l’intérieur. La fleur de lotus nous rappelle inconsciemment le miracle et la beauté de la vie.

Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

11

MICHAEL

NORMAN

La liberté de réinventer Michael Norman guette les reflets et les éclats de lumière : une fugacité qui trouve pourtant son accomplissement dans un éloge de la lenteur. Le sujet, ancré dans sa mémoire grâce au dessin précis, est interprété librement selon son sentiment, essence même de l’acte de création.

Texte et photos: Stéphanie Portal.

20 Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

Santa Maria della Salute. 56 x 76 cm.

MICHAEL

NORMAN October in Venice. 48 x 63 cm.

Le dessin C’est une seconde nature. Le dessin est capital, surtout quand, comme moi, on est attiré par les compositions complexes.

Mon expérience de métreur m’a obligé à ne rien aborder de manière approximative. Quand je dessine un bâtiment, j’éprouve le besoin de dépasser la forme générale pour rentrer dans sa structure même. Au fil des ans, j’ai acquis une certaine habileté à décrire tout ou partie d’un bâtiment de manière convaincante, même de mémoire. C’est avant tout un entraînement de l’œil : plus on fait attention aux formes et aux couleurs, mieux on les perçoit. Progressivement, on parvient à dessiner ce que l’on voit vraiment et non plus ce que l’on croit voir.

L’esquisse Face à un motif simple, telle une plage déserte, je me limite à une simple ligne d’horizon au fusain, voire directement au pastel. Pour les compositions plus recherchées, je m’appuie sur des esquisses au fusain détaillées qui vont constituer une trame sous-jacente précise. Dans le cas d’œuvres plus complexes, je peux avoir recours à une mise au carreau qui comprend horizontales, verticales mais aussi diagonales.

Sur le terrain, je prends différentes sortes de croquis. Il y a les simples croquis en valeurs, rapides (une dizaine de minutes) et destinés à capturer un moment précis. Pour des sujets complexes, mes dessins sont plus détaillés, avec des mesures précises et des notations diverses sur l’atmosphère ou l’harmonie colorée. Sur d’autres où la palette me semble importante, je vais marquer les codes de couleur à partir d’un nuancier de fabricant (j’en transporte toujours un avec moi). Sinon, une mise en couleur rapide à l’aquarelle ou au pastel va constituer une bonne référence, que je m’autorise à ne pas suivre sur l’œuvre définitive.

Bright morning, Exmouth. 47 x 62 cm.

24 Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

La construction du sujet Un bon dessin facilite grandement le processus de création.

J’essaie de ne pas être trop précis mais tout a besoin d’être juste. C’est ce qui me donne l’assurance pour démarrer et me concentrer pleinement sur la couleur. À partir d’une base solide, on est libre de modifier des éléments de la composition, l’harmonie colorée, d’ajouter des détails qui vont permettre d’harmoniser ou d’équilibrer l’ensemble. Mais ces modifications auront lieu pour de bonnes raisons et ne remettront pas en question l’idée de départ.

La composition Au-delà de l’agencement des formes, je me préoccupe des relations qu’elles entretiennent les unes avec les autres. Je suis aussi très soucieux du point focal. Je me sers de principes élémentaires, tel le nombre d’or (un tiers de la hauteur, un tiers de la largeur). Puis, tout au long de la mise en couleur, je veille à ce que l’œil du spectateur voyage d’un motif à un autre, sans jamais sortir du tableau. Les touches jouent ici un grand rôle: par leur mouvement et leur direction, elles ramènent constamment l’œil du spectateur vers l’intérieur de l’image.

Winter afternoon, Dartmouth. 58 x 78 cm.

MES SUPPORTS MAISON Quand je n’achète pas les supports tout prêts d’Art Spectrum, réguliers, je les fabrique moi-même à partir de leur médium spécial pastel que j’applique au rouleau sur un contrecollé Musée.

J’obtiens un aspect brut qui se prête très bien à des sujets où la texture est importante, telle ma série sur les paysages du pays de Galles. Peint en orange, il devient un support idéal pour mes sujets vénitiens où les ocres sont omniprésents.

MA COLLECTION DE BOÎTES Il est indispensable de classer ses couleurs par tonalités (bleu moyen, bleu violet, bleu turquoise, etc.), mais les remettre dans leurs cartons respectifs s’avérait trop fastidieux ; j’ai opté donc pour ces boîtes en plastique, que je sépare par couleurs et tonalités. Les pastels reposent sur un lit de poudre de riz (en supermarché) : je peux ainsi fermer la boîte et la secouer quand les pastels ont besoin d’un petit nettoyage. Mes bâtonnets sont ainsi

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25

VISITE GUIDÉE

Les plus belles collections

dedans pastels les musées de France L’histoire du pastel et de son appréciation se décline en deux parties.

On parle volontiers du XVIIIe siècle comme de son âge d’or : ce sont les portraits somptueux de Maurice Quentin de la Tour, de Jean-Baptiste Perronneau, de Jean-Étienne Liotard et de Rosalba Carriera. Autres mœurs, autres goûts, le pastel est délaissé à partir du début du XIXe avant de connaître, à la fin de ce même siècle, un regain d’intérêt. Il est ainsi prisé par les symbolistes pour son aspect duveteux et ses fondus de couleurs propres à retranscrire leur vision poétique du monde. Les collections muséales reflètent ainsi cette affection des artistes pour le pastel et n’hésitent plus à dévoiler au public leurs œuvres dans cette technique, recélant parfois de riches et heureuses surprises. Petit tour d’horizon…

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Texte : Laurent Benoist.

Jean-Baptiste Siméon Chardin (1699-1779), Autoportrait aux bésicles.

Orléans, musée des Beaux-Arts © RMN / Christian Jean

INFOS PRATIQUES Musée des Beaux-Arts d’Orléans 1, rue Fernand Rabier 45000 Orléans. www.orleans.fr Tél. : 02 38 79 21 55.

Horaires Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h.

Musée des Beaux-ar t s d’Or léans e musée municipal de la Ville d’Orléans est un des plus anciens établissements culturels français. Doté d’une riche collection de deux mille peintures, dix mille dessins et près d’un millier de sculptures, il recouvre ainsi à peu près l’ensemble des mouvements artistiques en Europe à partir du XVIe siècle. Il recèle en outre un des ensembles de pastels les plus importants en France, après ceux des musées du Louvre et de Saint-Quentin. On y trouve notamment le célèbre Autoportrait aux bésicles de Jean-Baptiste Chardin (1773, le Louvre en possédant également une ver-

L

sion de 1771). Bien représenté dans le musée est Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783), en qui – comme le pensent certains historiens – Quentin de la Tour voyait un rival. Tandis que ce dernier fut le portraitiste des princes et des rois, Perronneau, élève auprès de Charles Natoire, privilégia les portraits de la noblesse et des classes influentes provinciales, voire étrangères. Avec une sensibilité qui le met sur un pied d’égalité avec le maître de Saint-Quentin, Perronneau a su dresser avec brio et vérité le portrait psychologique de ses modèles ; aussi bien au pastel qu’à l’huile, d’ailleurs.

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