Hors-série PASTEL Pratique des Arts

DESARTS HORS-SÉRIE

PA S T E L

Nà Luther En exclusivité, ses nouvelles créations

EXTRAIT

Bill James Un impressionniste d’aujourd’hui

Marek Swiatecki Le génie de la Nature

PASTEL ÉVÉNEMENTS RENCONTRES, SALONS

SECRETS D’ARTISTES • W. Hosner : en direct sur le motif • V. Romero : le romantisme à l’espagnole • P. Caro : l’illusion de la transparence • J.-C. Baumier : la nature sublimée

Felipe Santamans Hommage aux maîtres classiques

L 14793 - 24 H - F: 8,00 € - RD

ET FESTIVALS DE VOTRE ÉTÉ

HS N° 24 JUIN 2011 - 8 €

PA S T E L

HORS-SÉRIE FRANCE MÉTRO : 8 €- BEL : 9,50 € - CH : 14 FS - ESP : 9,50 €- GR : 9,50 €- PORT. CONT. : 9,50 €- SPM : 9,50 €- DOM : 8 €- TOM : 1350 CFP - CAN : 14 $ CAN - MAR : 68 DH - MAY : 10,50 € - LUX : 9,50 €- TUN : 9,500 DTU- CFA SURFACE : 5500 CFA

PRATIQUE

22 Bill James Les couleurs vibrantes d’un pastelliste qui œuvre aussi à l’aquarelle.

L’été du pastel assionnés de pastel, voici votre saison qui commence ! Un programme riche et varié, initié en juin par le Salon de Giverny, qui mènera les plus voyageurs d’entre vous jusqu’en Espagne ou aux États-Unis à l’automne. On assiste en effet depuis quelques années à un phénomène similaire à celui qu’a connu le monde de l’aquarelle: l’un comme l’autre, et pour des raisons assez proches (support papier mal considéré, inquiétude – injustifiée – sur la pérennité du médium, considéré de surcroît comme une technique d’études…) ont souffert d’un manque de considération que leurs passionnés ont choisi de combattre. Est-il encore besoin de présenter Art du pastel en France et la Société des Pastellistes de France ?

Mais n’oublions pas toutes les autres associations qui se vouent à la promotion de cet art en se fédérant, s’organisant, sortant chaque pastelliste de son isolement, se formant, communiquant… Reconnaissons aujourd’hui l’énorme travail de ses bénévoles et le succès mérité de ses manifestations. Pour preuve, l’exceptionnelle qualité de cette programmation estivale à laquelle ce hors-série souhaite rendre hommage.

P

10 Nà Luther Le goût des compositions minimalistes

2 Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

60 William Hosner La vocation du plein air

50 Pierre Caro Transparences estivales

Terri Ford

46

38

Vicente Romero Ambiances et lumières intimes

Magnifier la beauté des lieux

4

ACTUALITÉS Les événements de l’été

10 NÀ LUTHER Sculpter la lumière

18 JEAN-CLAUDE BAUMIER Aux frontières du rêve

22 BILL JAMES L’émotion de la couleur

28 PATRICK CULLEN Inspiration orientale

32 MAREK SWIATECKI Promenade en forêt

38 VICENTE ROMERO Dans l’intimité des femmes

46 TERRI FORD Des paysages hauts en couleurs

50 PIERRE CARO Transparences et vélatures

56 SHEILA EVANS Gros plan sur la nature

60 WILLIAM HOSNER Un Américain en Bretagne

66 PATRICK GERMOND Passion animale

72 FELIPE SANTAMANS Classicisme à l’espagnole 78 CARNET D’ADRESSES 80 LIBRAIRIE

Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

3

Portfolio B I L L

JAMES

Boen’s Barn - Late Afternoon Pastel, 78,5 x 73,5 cm.

Jusqu’à il y a sept ans, de fréquents séjours dans l’État de Virginie, chez mes beaux-parents, me permettaient de voyager à travers les montagnes afin de prendre des photos de paysage pour des futurs tableaux.

C’est à cette occasion que j’ai découvert cette étable, peinte ensuite à de nombreuses reprises, aussi bien à l’huile qu’au pastel et à l’aquarelle. Ici, j’ai conçu une scène dans une lumière de fin d’après-midi avec l’étable à contre-jour. Elle offre une forme carrée à la fois très forte et très intéressante, grâce à la couleur choisie pour la représenter. De retour dans mon atelier, j’ai rehaussé toutes les couleurs dans le champ avec des jaunes, des oranges et des roses. Afin de faire ressortir encore plus le bâtiment, je l’ai peint en bleu outremer, créant ainsi une palette de couleurs complémentaires. Ce tableau a remporté le prix de la meilleure œuvre lors l’exposition organisée par la société du pastel de l’Arkansas.

La couleur à l’état pur Excellant aussi bien au pastel qu’à l’aquarelle, Bill James est un artiste dont les œuvres sont autant de fragments d’une Amérique bucolique, nimbée de lumière et fermement ancrée dans son histoire.

Rencontre avec un fervent impressionniste.

22 Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

The Flirt. Pastel, 68,5 x 76 cm.

Il y a de cela plusieurs années, je me souviens d’avoir vu la photo d’un enfant sous une chute d’eau et de m’être dit que cela serait intéressant, un jour, de peindre une telle scène. Il y a un parc aquatique proche de l’endroit où nous habitons et je m’y suis rendu afin d’engranger des images d’enfants se baignant. J’y ai trouvé plusieurs adolescents: deux garçons et une fille. La fille s’est rendu compte que je la prenais en photo, et elle a pris la pose. Même avec un modèle professionnel, je n’aurais pas obtenu de meilleures poses ! Aussi curieux que cela puisse paraître, il en fut de même avec les garçons.

Ils ont dû penser que je travaillais pour un journal local. J’ai pris de nombreux clichés et j’en ai utilisé deux pour composer le tableau. J’aime beaucoup les motifs colorés apportés par l’eau qui tombe sur les personnages. Afin d’équilibrer le bleu de l’eau, j’ai peint un fond chaud.

Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

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V I C E N T E

ROMERO

Romantisme

à l’espagnole

Tout se joue sur un lit, un fauteuil, dans le silence intemporel de la chambre ou d’une terrasse ensoleillée. Observateur patient de la réalité, l’Espagnol Vicente Romero peint des moments d’intimité, baignés de lumière et de poésie.

Ne vous fiez pas au classicisme de sa facture : son dessin à la fois méticuleux et subtil, sa touche tantôt délicate, tantôt fugace montrent l’énergie d’un véritable virtuose de la couleur. Nous l’avons rencontré chez lui, sur la Costa Brava.

38 Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

V I C E N T E

ROMERO

I

Il suffit d’un froissement de drap, d’une mèche de cheveux rebelle, d’un regard baissé pour suggérer l’intimité d’une scène. Vicente Romero le sait, qui guette le corps mouvant sous une robe légère, révélé par la lumière en contrejour. À l’aide du pastel, l’artiste peint la douceur de la peau, la transparence des tissus, la brillance des matières, l’intensité des fleurs. Tout est atmosphère et contemplation.

S’il ne donne aucun titre à ses œuvres, c’est parce qu’ « elles ne racontent pas une histoire ». Chacune est un moment arrêté, fugitif, que le peintre voyeur saisit au vol et montre à voir au spectateur, « comme par le trou d’une serrure ».

Pratique des Arts: Vicente, vos pastels parlent de femmes et de féminité. Pourquoi ce thème ?

Vicente Romero: Je ne saurais l’expliquer, si ce n’est que ma formation de sculpteur m’a amené à étudier plus particulièrement la figure humaine, masculine et féminine. Puis j’ai réalisé beaucoup de portraits dans la rue et, quand j’ai commencé à véritablement peindre pour moi, ce sujet de la figure féminine s’est imposé. J’aime le côté à la fois sensuel et romantique de ces scènes intimes, plus ou moins implicites. C’est mon côté voyeur : comme si j’ouvrais une porte et regardais la scène sans être vu. Mes compositions vont dans ce sens : rien ne doit sembler composé. Cela l’est forcément, car c’est l’artifice de l’art, mais je veux donner une « J’aime le côté impression de surprise. Un moromantique et ment volé d’intimité féminine.

sensuel de ces PDA : Un autre thème est celui scènes intimes. des danseuses. Comment y êtesC’est mon côté vous venu ?

V. R.: On m’a un jour proposé de voyeur : comme réaliser un tableau pour un livre sur le thème des apparences : ce si j’ouvrais une qui est caché, ce qui est vu. J’ai porte et regardais pensé aux doubles miroirs, qui multiplient les points de vue. De la sans être vu. » salle de danse à la danseuse, l’idée est devenue prétexte, moi qui n’avais aucune attirance particulière pour ce thème. Je suis ainsi revenu à un principe fondamental de la sculpture: le sujet vu sous tous ses angles et non plus selon un seul point de vue comme en peinture.

PDA: Comment travaillez-vous avec vos modèles ?

V. R.: Je prends beaucoup de photos. Je leur explique ce que j’ai en tête et elles me suggèrent des poses. Mes modèles sont expérimentés car il leur faut comprendre ce que je recherche, rentrer dans un rôle, à la manière d’une actrice. À moi de capter ce qui peut être suggéré par la nuance d’un geste, d’une attitude. Ce que le modèle transmet dans sa pose, je vais devoir à mon tour le transmettre au spectateur par le biais de la peinture.

PDA: La lumière tient une grande place dans vos sujets.

Les travaillez-vous dès la séance de photos avec le modèle?

V. R.: La photo me donne la lumière car je ne peux pas l’inventer. J’ai longtemps travaillé avec des éclairages artificiels, mais aujourd’hui je préfère la lumière naturelle, plus difficile

40 Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

PORTRAIT Né en 1956 à Madrid, Vicente Romero a étudié la sculpture et le dessin à la faculté des beaux-arts de San Fernando de la capitale espagnole. Diplômé en 1982, il se met à voyager et à mener une vie nomade qui le conduit à peindre des portraits dans la rue. En 1987, il s’installe sur la Costa Brava et se consacre à la peinture.

Il expose à Madrid, Malaga, Saint-Émilion (Little Gallery), Londres (galerie Petley), et aux États-Unis. Il sera exposé cet été au Salon du Pastel en Périgord (Saint-Aulaye).

Page précédente : Sans titre. 73 x 50 cm.

Ci-dessous : Sans titre. 65 x 81 cm.

Sans titre. 65 x 50 cm.

à capter mais tellement plus évocatrice ! Directe ou indirecte, elle doit dire quelque chose. En extérieur, la lumière est moins intime mais elle peut conférer une ambiance: je la cherche irréelle.

PDA: Vous aidez-vous de la photographie ?

V. R.: La photo est un point de départ, non un point d’arrivée. Sinon, quel est le but de la peinture ? Je me méfie de son aspect trop concretqui a tendance à fausser le processus créatif. Un original trop parfait risque d’endormir l’imagination, or c’est à moi de mener l’œuvre et non à la photographie de me mener. J’appauvris donc l’image afin de laisser place à mon inspiration et à mon intuition de peintre. Je la floute pour faire disparaître les détails, baisse la saturation ou modifie les contrastes afin d’être plus proche de la réalité et plus loin de la peinture.

PDA : Derrière la couleur se cache un très bon coup de crayon…

V. R.: Je suis une sorte d’autodidacte en peinture mais j’ai pu m’appuyer sur le dessin, qui a été à la base de mon apprentissage aux beaux-arts. Sans lui, une œuvre n’a aucune solidité. Je pars d’un dessin plus ou moins précis qui, s’il Pratique des Arts SPÉCIAL PASTEL

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