Le Socle Paris - Saison minérale

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Le Socle Paris Saison Minérale © 2021 - Unité d’édition


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Sommaire

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SOMMAIRE INTRODUCTION SOLO SHOWS RERO & STEPHANE PARAIN LAURENT PERBOS MORAG MYERSCOUGH INTERSTICES VALENTIN VAN DER MEULEN FAITS D’HIVER L’ ATLAS COULISSES REMERCIEMENTS CREDITS 4

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La Placette Angle Saint-Martin / Cloître Saint-Merri

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Le Socle Paris Dispositif de programmation, le Socle est conçu comme une de boîte de Petri, un formidable support à expérience urbaine, culturelle et sociale. La diversité culturelle est mise à l’honneur, chaque saison trois artistes sont invités à investir le Socle pour un solo show. Entre chaque solo show sont organisés des temps d’interstices proposant, performances, ateliers, conférences, concerts… en partenariat avec les structures culturelles, associatives, et autres acteurs du quartier. Parce qu’il vise à embellir Paris, chaque saison le Socle revêt un matériau emblématique de la ville de Paris : la pierre naturelle qui orne les immeubles haussmanniens, le parquet, symbole des appartements où se pressent les convives, et le zinc, emblème céleste des toits de la ville lumière. Comme une résonance ou un écho qui vient déployer l’architecture parisienne à même le sol, le Socle fait Introduction

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de la ville elle-même une scène artistique à ciel ouvert. Il zoccolo, évoque déjà, par son étymologie, la promenade, la déambulation et, finalement, la flânerie qui a façonné nos villes. Un socle, c’est ce sur quoi l’on repose : nos pieds, notre corps, notre Terre. C’est à partir de là que le mouvement s’opère et que le paysage défile… Le plus souvent sous-estimé, le piédestal, le cube, le présentoir, la stèle, sont autant d’éléments de mise en valeur d’œuvres que l’on néglige. Pourtant, ce dispositif permet d’attirer le regard et l’attention lorsque la résonance avec l’œuvre opère. Plus qu’une mise en valeur, c’est une mise en lumière, un dialogue qui invite à la conversation, à l’élan, au déplacement. Comme tout geste spectaculaire, il se veut festif en son sens premier. À la fois élément de convivialité du coin de la rue, là où l’on se retrouve, où l’on se relie, mais aussi élément d’inattendu et de surprise, pour tout dire, de subversion : l’habitude et l’émoi. Ou, pour le dire autrement, n’est-ce pas cela qui fait aussi le paysage ? Comme tout aménagement paysager, il est un élément d’artialisation, il transforme et transubstantialise ce qu’il porte sur son dos. Il fait de ce lieu, de cet espace, de ce point de vue, le nôtre, celui d’où l’on est, comme celui où l’on va. Il est un ancrage et un vagabondage, il enracine et fait territoire. Comme tout vagabondage, il transporte et fait voyager.

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Embellir les villes, faire territoire et tisser les liens sont les ambitions du Socle. Embellir la ville par le truchement de l’art contemporain. Un art rendu actuel par sa situation même. Hic et nunc, ici et maintenant, un art autour duquel on tourne et retourne, un art du coin de la rue, un art qui fait ville. Un art-socle sur lequel on repose, à partir duquel on vit la ville. Faire territoire par un lieu totem, emblématique, tout autant que mouvant et inattendu, un territoire artistique qui dérive et se loge dans les interstices de nos déplacements et de nos regards. Un territoire qui, d’invisible, surgit dans la ville comme ouvrant une brèche sur laquelle chacun pose le regard, échange et discute. Un socle comme spectacle, carrefour du monde ! Djeff Concepteur du Socle Commissaire de la Saison Minérale

Introduction

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Solo Shows

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Rero & Stéphane Parain « Loading... symbolise notre rapport au temps et questionne l’œuvre figée ou en train de se construire devant nos yeux ... » Rero & Stéphane Parain

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Loading Au détour d’une rue, il tombe nez à nez avec une statue en téléchargement… — « En téléchargement ? Mais tu racontes n’importe quoi. Ça se télécharge pas une statue… » Pourtant c’est bien ce que suggère la première œuvre du Socle. Un buste d’Antoine Coypel, à moitié téléchargé et laissant dépasser de sa base un Loading inscrit sur une icône de carte mémoire. Le duo d’artistes Rero et Stéphane Parain interrogent les formes les plus actuelles, comme l’éternité des formes « classiques ». Après tout, avec une imprimante 3D, une découpeuse laser, ou tout autre outil de prototypage rapide, on peut très bien imaginer le temps de téléchargement du plan vectoriel dans la machine et voir, lentement, se dessiner, se sculpter le buste de Coypel à mesure que les informations transitent dans les tuyaux de fibres optiques et que les outils numériques font leur œuvre… Nous voyons encore régulièrement ces images de « loading » qui nous font patienter. Sorte d’animation pour distraire l’attention d’une humanité numérique qui a oublié le goût de l’attente et de l’ennui et dont les téléchargements — les chargements lointains — sont un prétexte de plus pour s’occuper l’esprit… Rero & Stéphane Parain

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Rero & Stéphane Parain

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Mais Loading, associé au socle, c’est aussi une invitation à l’atterrissage, au Landing. Ou, pour le dire autrement, à l’impression du monde… Le duo nous interroge sur ce fragment dans lequel nous nous trouvons, à mi-chemin d’un numérique physicalisé et d’une matérialité numérisée. Rero et Stéphane Parain sont nés dans les années 80. Ils vivent la ville comme un décor sur lequel intervenir et matérialiser leurs approches. Rero se distingue par l’utilisation systématique de la police verdana et de textes barrés. Un clin d’œil à une époque qui s’intéresse à ce qui est barré, interdit ? Parain explore des rives, a priori, plus classiques. Meilleur ouvrier de France, il fait des décors pour l’opéra. Leur collaboration et l’alliance de leurs points de vue interrogent cette chose dans le jeu, cette res in ludio, cette illusion que sont aujourd’hui nos vies et nos sociétés…

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Rero & Stéphane Parain

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Atelier et premières intentions

Rero & Stéphane Parain

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Rero & Stéphane Parain

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Laurent Perbos « Le chant des oiseaux est libre, il passe au travers des cages » Laurent Perbos

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Firefly Birds À l’angle des rues Saint-Martin et du Cloître Saint-Merri, on se retrouve face à face avec un bouquet de bambou. Le Socle aurait-il donc un fond ? Serait-il devenu un réceptacle ? Un vase ? Un trou ? Une forêt dans laquelle plonger son regard ? Un bouquet géant, c’est en tout cas la première image que convoque ce foisonnement de tiges de bambou qui s’agitent et dansent dans les méandres du vent. Il y a quelque chose d’alchimique, d’élémental qui se dégage de cette œuvre mobile. Aux branches de cet arbre hétéroclite se nichent des « oiseaux-lucioles » dont des cages n’emprisonnent que leurs physicalités car leur chant, rayonnant de lumière, utilise les moindres interstices pour venir nous chatouiller le regard. C’est peut-être la nuit que Firefly Birds révèle l’ampleur de sa poésie projetant autant d’éclats que de lucioles qui s’agitent sur de grandes herbes. De loin, c’est un kaléidoscope lumineux qui se donne à voir. De près, c’est une chorégraphie photonique qui nous invite à danser. Laurent Perbos

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Au gré du vent et des souffles c’est toute la structure qui s’agite et entre en écho avec l’arbre de la placette. Au fil de leurs agitations les lampes oiseaux colorées dessinent des mouvements qui habillent le socle tel un carrousel où viennent rêver petits et grands. C’est presque un dessin animé de Miyazaki qui se donne à voir dans les rues de Paris. Tout au moins, c’est une des possibilités ouvertes par l’oeuvre de Laurent Perbos, artiste plasticien né en 1971, qui oeuvre entre Marseille et Paris et dont les détournements ludiques témoignent de cette sensibilité aux lumières du zénith et du nadir. Il investit nos villes de ses créations ludiques qui animent et embellissent nos flâneries urbaines.

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Atelier et premières intentions

Laurent Perbos

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Laurent Perbos

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Laurent Perbos

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Morag Myerscough « I have always felt strongly that we need art in every form to stimulate us and transport us » Morag Myerscough

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A new now

Il faut bien le dire, lorsqu’on voit surgir dans son champ visuel « A new now », on prend une bonne grosse dose de couleurs dans les mirettes. Et, il ne faut pas négliger de le dire, cette explosion colorimétrique fait sacrément du bien dans cette ambiance covid où tout se ternit si vite. Un nouveau maintenant, un surgissement, une éclaboussure, voilà ce que l’œuvre nous propose. Un choc visuel et poétique pour se réveiller de bonne humeur. Une déferlante colorée pour faire surgir comme par un trou de ver, un nouvel univers enchanté. Une tour psychédélique au milieu de Paris, une ode à la maison des fous de toutes les fêtes foraines du monde entier. Un carnaval par lequel le présent se transforme. Car, ne l’oublions jamais, c’est toujours par le carnaval que les révolutions se font ! C’est par la fête que le monde se transforme ! C’est par la joie que la vie s’intensifie ! Morag Myerscough

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Morag Myerscough

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Une tour qui fait référence à la flèche de Notre-Dame et, encore une fois, le parvis de notre vieille dame était le lieu des fêtes et de la joie ! Mais la flèche c’est aussi ce qui pointe une direction, un objectif à atteindre. Cette fleche de 8m50 recouvre le socle d’un éclat de vie qui vient vitaliser le quartier comme une promesse d’un présent joyeux qui surgit. Morag Myerscough, artiste designer britannique, nous invite ainsi à explorer d’autres possibles mais, pas demain, ni après demain, pas comme des utopies ou des idéaux, mais bien ici et maintenant, right here, right now comme disent nos amis d’outre-manche. Son travail invite à changer de perspective et de point de vue sur les espaces-temps où l’on se trouve, à ouvrir des brèches vers de nouveaux réels.

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Morag Myerscough

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Atelier et premières intentions

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Morag Myerscough

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Interstices

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Interstices

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Entre chaque solo, s’ouvrent des interstices accueillant une programmation annexe, ou plutôt parallèle, au sens que le muletier du socle déploie dans les rues de Paris. On y change la position du socle, faisant apparaître les matériaux évocateurs de Paris, l’imagination matérielle de la capitale. Il devient alors une micro scène urbaine, ouverte à tous, qui se présente dans ses entre-deux de la programmation. C’est un espace mis à disposition des voisins, un lieu de récréation culturelle, de re-création pour tous ceux qui s’en emparent. On a ainsi pu y retrouver une proposition musicale d’élèves du Conservatoire du Centre W.A. Mozart, une conférence sur l’histoire du piédestal dispensée par Gaëlle Pelachaud, conférencière au Centre Pompidou, quatre soirées de danses, une participation à la nuit blanche, un atelier du Musée en herbe et tout un ensemble d’appropriations associatives ou individuelles qui témoignent de la diversité parisienne, de son bouillonnement comme de son effervescence. LeSocle.Paris n’est en aucun cas figé, c’est un rythme, une musique créative qui ouvre un espace potentiel de créativité dans la ville où il s’installe. Peut-être bien qu’il est un interstice par lequel s’immisce en chacun de nous le roi du carnaval…

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Valentin Van der Meulen Valentin Van der Meulen

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Piédestal

Réalisé à l’occasion de la nuit blanche en partenariat avec la Galerie Valerie Delaunay. Œuvre en mutation composée d'un grand dessin au fusain sur papier buvard et d’encre bleue. Heure après heure, les fibres du papier viennent se teinter, altérant la lecture du dessin. Cette performance interroge ce qui compose en partie la culture française à travers le portrait de Voltaire évoquant la philosophie du Siècle des Lumières et sa présence dans la société d’aujourd’hui. Né à Lille, Valentin van der Meulen vit et travaille à Paris. C’est dans sa capacité à conjuguer le projet graphique à l’image choisie que Valentin Van der Meulen révèle sa maîtrise du dessin : la même force qui se dégage du dessin se trouve dans le geste et le regard. Valentin Van der Meulen n’est pas sculpteur, pourtant son dessin parvient à conférer à l’image une présence tangible dans l’espace. Valentin Van der Meulen

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Valentin Van der Meulen

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Festival Faits d’hiver Festival Faits d’hiver

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Le Socle a accueilli le festival Faits d’hiver pour quatre soirées chorégraphiques autour de deux spectacles : Baksrit de Lotus Eddé Khouri & Christophe Macé et Aka-Oni de Yumi Fujitani. Le Socle est suffisamment plastique et polyvalent pour se transformer en micro scène de danse.

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L’Atlas

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Pour cet interstice, L’Atlas a détourné une barrière Vauban en acier galvanisé cherchant à investir l’espace public d'une autre manière, redonnant ainsi un sens à la dimension architecturale de son travail. L’Atlas est né en France en 1978. Il commence le graffiti dans les années 90. Fasciné par le travail du trait et de l'écriture, il part étudier la calligraphie arabe traditionnelle au Maroc, en Égypte et en Syrie. Il s'intéresse tout particulièrement au Kufi ‫يفوك‬, écriture géométrique dont il transpose les codes dans l'alphabet latin, créant ainsi sa propre typographie. Fort de ces expériences et sans cesser d'intervenir dans la rue, il développe un univers pictural où toute lettre est considérée comme une forme, et toute forme comme une lettre. Peu à peu, la ville elle-même lui apparaît chargée de signes dont il collecte la trace presque abstraite avec un système d'empreinte. Cet interstice a été réalisé en partenariat avec le Musée en Herbe qui a animé un atelier pour les enfants du quartier en présence de l’artiste.

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Coulisses Durant la saison minérale, le socle était revêtu de pierre d’Euville, un matériau noble qui a permis de construire de nombreux monuments. Ce calcaire très dur et résistant au gel abrite de nombreux fragments de fossiles, les entroques. Cette pierre dure, claire, au grain serré, issue des carrières de la commune d’Euville (Meuse), a connu une grande notoriété durant le Second Empire, le milieu du XIXe siècle, à l’occasion des grands travaux de Paris : l’Opéra Garnier, l’entablement du Pont-Neuf, le musée du Louvre, la gare Paris-Est, le pont Alexandre III. Puis, les architectes et les sculpteurs de l’art nouveau, à la Belle Époque (1890-1914), apprécièrent ses qualités pour les formes sinueuses et harmonieuses qu’elle permettait, Nancy étant le véritable laboratoire de ce nouveau style consacré par l’Exposition universelle de 1900. LeSocle, c’est aussi une aventure technique. Pour exprimer les matériaux de la ville de Paris, Le Socle change de revêtement tous les ans (pierre, bois, zinc), mais garde la même architecture de base : un squelette métallique soudé, très solide pour porter les revêtements dans leur diversité, supporter les multiples œuvres au poids variable et servir à des évènements culturels. Coulisses

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La structure métallique a été conçue pour résister à toutes ces contraintes ! L’esprit et les compétences de Make ICI ont trouvé un écho naturel à cette démarche. Cette entreprise est le premier réseau de manufactures collaboratives et solidaires pour les artisans, artistes, designers, startups et entrepreneurs du « Faire ».

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Remerciements Cette aventure n’aurait pas été possible sans le soutien d’un certain nombre de partenaires : La marie de Paris et la mairie du 4e, les équipes d’Embellir Paris notamment Lucie et Audrey, les multiples techniciens de la Ville qui ont porté un regard bienveillant sur le Socle, le centre Pompidou, le studio Akatre, le Musée en Herbe, l’église Saint Merry, le conseil de quartier, le conservatoire municipal W.A. Mozart, les commerçants du quartier, Micadanses, les services ville, la voirie. Et pour l’accompagnement dans la réalisation technique du socle : Makeici, Rocamat, Lefèvre, Sika, Fluctuart, H2impression. Merci pour leur soutien : Ihab, Valerie, Benjamin, Nasserine, Nicolas, Françoise, Pauline, Marie-José, Juliette, Florence, Valentin, Paolo, Damien, Hadrien, Youssef, Lakdar, Anne-Valèrie. Enfin un grand merci aux artistes qui ont partagé cette belle saison. Remerciements

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Crédits

LeSocle.Paris est un dispositif culturel imaginé et conçu par l’artiste plasticien Djeff dès 2018. Il a été rendu possible grâce au programme Embellir.Paris en 2019 dont il a été l’un des lauréats. Sa production et sa gestion est assurée par l’association 6m3 créée spécialement à cet effet.

Crédits

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DESIGN GRAPHIQUE : AKATRE TEXTES : AURÉLIEN FOUILLET PHOTOS : GABRIEL MOKAYED, CLEMENT HALBORN, ARTHUR MALOISEL, PHILIPPE MARTINEAU, ANTOINE LAURENT, THOMAS LANG, GARETH GARDNER, ART MILAN MAZAUD, ADA LAFERRERE VIDEOS : GABRIEL MOKAYED POLICE DE COUVERTURE : TIMES NOW BY JHA POLICE DE TEXTE : BIG CASLON FB IMPRESSION : KOPA 78

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ISBN : 978-2-9564864-2-8 € PRIX : 19 © 2021 UNITÉ D’EDITION PARIS

www.lesocle.paris



Introduction

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