Iconographie Coloniale
Une image vaux tous les discours.
Les
Outre son esthétisme propre elle peut
donnent à voir et à comprendre la
aussi véhiculer une idée ou un état
représentation des hommes et des
d’esprit.
femmes noirs dans les sociétés
illustrations présentées ici
occidentales.
Les Orientalistes Fantasmes et sensualités coloniales
Affiche
Foire et Exposition Coloniale Tourisme Publicité Le cas Banania
L'armé coloniale Les Journaux et quotidiens Les Enfants Tintin au Congo École Collection Découpage papiers
Définition Le terme iconographie apparaît dans la langue française en 1547. Son étymologie vient du grec ancien ikon : image, et graphein : écrire. Le terme est utilisé aujourd'hui pour désigner : ●
la description et l'interprétation d'œuvres appartenant aux arts visuels.
●
l'ensemble des représentations d'un même sujet ou autour d'un même thème.
●
le corpus d'illustrations accompagnant une publication ou une exposition.
Définition Le colonialisme est une doctrine ou une idéologie justifiant la colonisation entendue comme l'extension de la souveraineté d'un État étranger sur des territoires situés en dehors de ses frontières nationales. La notion intellectuelle du colonialisme est cependant souvent confondue avec la pratique même de la colonisation étant donné que l'extension de sa souveraineté par un État implique dans les deux cas la domination politique et l'exploitation économique du territoire annexé. L'idéologie colonialiste a été développée durant la seconde partie du XIXe siècle par le mouvement colonial dans la plupart des États européens. Elle était fondée sur la notion d'impérialisme et tentait de donner un fonds de doctrine politique à la nouvelle vague de colonisation. Elle s'est appuyée sur la doctrine juridique élaborée depuis le xvie siècle qui justifiait l'occupation de territoires sans maître ou non constitués sous forme d'État comme mode légal d'acquisition. Elle s'est concrétisée par la mise en place d'une administration politique, militaire et économique de ce territoire, dirigée par les représentants du pays colonisateur et imposée à une population locale. Autrefois symbole de la puissance militaire et économique des peuples qui le pratiquaient, le colonialisme a été finalement reconnu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale comme une relation inégalitaire s'opposant au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Les Orientalistes
Jean-Leon Gérôme Marchand au Caire
Les orientalistes sont en nombre incalculable (plusieurs milliers), d’ailleurs on compte toujours des peintres orientalistes de nos jours. Parmi les figures
“Objet de curiosités et
Alors que s’amorce le
de fantasmes au XVIIe
lent déclin de l’Empire
siècle et surtout au
ottoman, les puissances
XVIIIe siècle, l’Orient
européennes rivalisent
devient « une
d’ambitions colonialistes,
préoccupation générale
surtout la France à
» d’après Victor Hugo
travers la campagne
dans la préface des
d’Égypte de Bonaparte,
Orientales (un recueil de
l’ouverture du Canal de
poèmes qui dépeint
Suez en 1869, la guerre
l’Orient méditerranéen,
de libération de la Grèce
écrit par Victor Hugo et
(1821-1829) et la
publié en 1829).
conquête de l’Algérie par
majeures, citons : Jean-Léon Gérôme, Ludwig Deutsch, Gustav Bauernfeind, Alphonse-Étienne Dinet, Frederick Godall, jules-joseph Lefebvre, Rudolf Ernst…
Jean-Léon Gérôme (1824 - 1904) - Marché aux esclaves à Rome
Les Orientalistes les français en 1830. A
allemands, anglais,
ou tout au moins à la vision
mesure que s’ouvrent les
autrichiens, américains,
occidentale de l’orient. Au
portes de l’Orient, les
etc… ).
XIXe siècle, on trouve surtout
échanges, missions et
Un seul point commun entre
des scènes de harem, des
voyages, notamment
tous ces peintres, ils sont
scènes de chasses et de
d’artistes, se multiplient et
allés en Proche-Orient ou en
combat ou bien encore des
donnent un élan prodigieux à
Afrique du Nord à un moment
représentations de paysages
cet orientalisme.
donné de leur vie artistique.
typiques comme les déserts,
En fait, il ne s’agit pas d’un
L’Orient dont il est question
les oasis ou les villes
mouvement pictural à part
ici, s’étend des Balkans sous
orientales. Au siècle suivant,
entière, ni d’une école, ni
administration ottomane à
ces thèmes vont peu à peu
d’un style, mais d’un sous-
tous le Maghreb en passant
tomber en désuétude au
genre qui débute en France,
par la Turquie, la Syrie, le
profit d’une peinture
les peintres gardent leurs
Liban, la Palestine et l’Égypte.
ethnographique plus précise
styles originels. Certains
Cette période correspond à
et moins idéalisée. D’un point
restent dans l’académiste pur,
l’ère du réalisme en occident.
de vue technique, la peinture
d’autres évoluent vers des
L’orientalisme disparait avec
orientaliste est marquée par
styles plus novateurs, tels
la mort du réalisme et
une utilisation de couleurs
quelques impressionnistes
l’apparition de l’art abstrait.
aux tons plus chauds,
orientaux comme Félix Ziem,
Les thèmes abordés dans la
privilégiant des teintes plus
par exemple. A partir de
peinture orientaliste sont
rouges, jaunes ou brunes. La
1870, de nombreux artistes
assez variés, mais ont pour
lumière est chaude, les
non-français rejoignent le
point commun de se référer à
contrastes accentués.
mouvement ( italiens,
des thématiques orientales,
Rudolf Ernst - Salomé et ses tigres
Jean-Léon Gérôme (1824 - 1904) Phryné devant l’aréopage (1861)
Rudolf Ernst Salomé et ses tigres
Les Orientalistes La Société des Peintres
La Société des Peintres
Après la mort de son
Orientalistes Français sera
Orientalistes français “a pour
fondateur, la Société amorce
fondée en 1893 et organise
but de favoriser les études
une période de déclin. De
son Salon dès cette année au
artistiques conçues sous
1927 à 1933 aucune
Palais de l’Industrie ou Grand
l’inspiration des pays et des
exposition n’est organisée.
Palais, à l’égal de la Société
civilisations d’Orient et
La Société des peintres
des Artistes Français, comme
d’Extrème-Orient”.
Orientaliste Français jouit
annexe d’une exposition d’art
Elle tient un Salon annuel
malgré tout d’un
musulman organisée par le
dont les locaux changeront
rayonnement très important,
directeur du Musée des
plusieurs fois. En 1897 elle
ne serait-ce que parce qu’elle
Beaux-Arts d’Alger. Ce Salon
crée une récompense, la
est chargée par le
sera annuel avec une
médaille de vermeil, destinée
gouvernement général de
interruption pendant la
à un jeune artiste résidant en
l’Algérie de l’attribution du
première guerre. Sa dernière
Afrique Française. Alcide
Prix de la Villa Abd-el-Tif. Elle
exposition se tiendra en
Bariteau en est le premier
a contribué de manière
1948. Parmi ses fondateurs
bénéficiaire grâce à ses vues
importante à la formation des
on trouve Maurice Bompard,
de Bou-Saâda. La Société des
artistes mais aussi à la
Eugène Girardet, Etienne
Peintres Orientalistes Français
diffusion des connaissances
Dinet ou Paul Leroy. Jean-
participe aux grandes
sur les arts musulmans par
Léon Gérôme et Benjamin
Exposition d’État, Expositions
l’intermédiaire de ses
Constant sont nommés
Universelles ou Coloniales.
expositions.
Présidents d’Honneur. Léonce
Elle connut son apogée dans
Bénédite est nommé
les années 1910 avec près de
Président et le restera jusqu’à
1000 œuvres présentées en
sa mort en 1925.
1913.
Jean-Leon Gérôme – Jour chaud au Caire
Frederick Godall (1822-1904) - The Song of the Nubian Slave.
La Société Coloniale des
La particularité de cette
connotation péjorative à cette
Artistes Français sera quant à
société est le nombre très
époque. En 1960, avec le
elle fondée en 1908 et
important de bourses de
début des décolonisations,
devient vite la rivale de la
voyages qu’elle a réussi à
elle devient la Société des
Société des Peintres
décerner, en les sollicitant
Beaux-Arts d’Outre-Mer.
Orientalistes Français. Cette
auprès des différents
La Société décerne ses
société reçoit le patronage du
ministères. En 1946, elle
bourses de voyages tous les
ministère de l’Instruction
devient la Société des Beaux-
ans bien qu’elle n’institue pas
Publique et des Beaux-Arts,
Arts de la France d’Outre-Mer,
au début de Salon annuel ou
ainsi que celui des Colonies et
l’adjectif “colonial”
régulier. C’est à partir de
celui des Affaires Etrangères.
commençant à prendre une
1929 que son Salon devient
Frederick Godall (1822-1904) - A New Light in the Harem
annuel. En plus des bourses
Pour clore ce chapitre de
Les principaux pays coloniaux
de voyages, cette société est
l’envergure de cet intérêt
y participèrent : la Belgique,
chargée de décerner de
pour orientalisme, citons
l’Italie, les Pays-Bas, mais
nombreux Prix pour le
l’Exposition Coloniale
aussi les États-Unis. La
compte de fondations,
Internationale de Paris en
Société des Peintres
entreprises publiques de
1931 qui occupa plus d’une
Orientalistes Français et la
transports ou ministères.
centaine d’hectares dans le
Société Coloniale des Artistes
La Société Coloniale des
Bois de Vincennes, elle fut la
Français, également.
Artistes Français sera à
plus grande jamais organisée.
l’origine de la création du
Il y reste encore quelques
Musée des Beaux-Arts de
bâtiments de cette époque.
Casablanca.
Les Orientalistes
Ludwig Deutsch (1855-1935) - The Nubian Palace Guard
Les Orientalistes
Ludwig Deutsch (1855-1935) - Le vendeur de Sahleb au Caire
Femmes d'Alger dans leur appartement - 1834
Eugène Delacroix
Musée du Louvre, Paris (26 Avril 1798 – 13 Août 1863)
En 1832, Eugène Delacroix
exploite longtemps.
esthétique d’Eugène
fait un unique voyage au
À Alger, il est autorisé à
Delacroix s’enrichit de motifs
Maroc et en Algérie. Il y
visiter le harem d’un corsaire
nouveaux qui deviennent
accompagne le comte de
turc, une révélation qui lui
récurrents dans son œuvre au
Mornay, envoyé spécial de
inspire Femmes d’Alger dans
cours des années suivantes. Il
Louis-Philippe auprès du
leur appartement, chef-
préfère désormais
sultan Moulay Abd el-
d’œuvre qu’il expose au Salon
l’exploitation des sources
Rahman. Il en rapporte des
de 1834.
orientales aux sujets tirés de
livrets de croquis et
Avec son voyage en Afrique
la mythologie et de
d’aquarelles qu’il exploite
du Nord, le répertoire
l’érudition.
Femmes d'Alger dans leur appartement La toile Femmes d’Alger dans
Toute la peinture de Delacroix
leur appartement inaugure
se situe dans ce rapport
admirablement cette veine
difficile entre l’imaginaire et le
qui se prolongera pendant
réel, entre l’observation du
trente ans, jusqu’à la mort de
vrai et l’impulsion visionnaire.
l’artiste.
dessus des pantalons
d’une lumière nouvelle, que
bouffants, des sarouels, qui
tous ne savent pas voir. Ce
laissent voir leurs mollets nus.
n’est pas seulement la qualité
Elles sont parées d’une
expressive de la couleur qui
abondance de précieux
suscite les polémiques, ce ne
représentation qui déchaînent les critiques. C’est la révélation authentique d’une âme et de ses émotions.
femmes sont assises sur de
vaporeuse soie brodée, par-
tableau de Delacroix brille
traité, ni l’audace de la
d’un harem algérois, trois
portent de riches tuniques de
mornes du Salon annuel, le
l’anticonformisme du sujet
Dans l’espace clos et confiné
luxueux tapis orientaux. Elles
Dans les immenses salles
sont ni la nouveauté,
Analyse de l'image
bijoux. La femme de gauche Eugene Delacroix Autoportrait au gilet vert (1837)
s’appuie négligemment sur des coussins empilés, tandis que ses deux compagnes semblent engagées dans une conversation douce et feutrée. À droite, une servante noire sort du champ en tournant la tête vers ses maîtresses.
Femmes d'Alger dans leur appartement : Analyse de l'image
Esquisse préparatoire
Les murs sont revêtus de
Sur le sol gisent trois
Charles Baudelaire décrit ce
carreaux de faïence ornés de
babouches abandonnées. La
tableau comme « un petit
délicats motifs.
femme aux longs cheveux
poème d’intérieur, plein de
Dans la niche qui surplombe
assise à droite tient dans la
repos et de silence, encombré
un placard aux portes
main gauche le long tuyau
de riches étoffes et de
entrouvertes apparaît de la
d’un narguilé. La pièce est
brimborions de toilette ». Plus
vaisselle précieuse. À gauche
dépourvue de meubles mais il
tard, Cézanne écrira que «
de cette niche est accroché
en émane une impression de
ces roses pâles et ces
un miroir richement encadré.
luxe et d’exotisme.
coussins brodés, cette
Femmes d'Alger dans leur appartement babouche, toute cette
est amené à une véritable
Scènes de harem présentant
limpidité […] vous entrent
révolution du regard qui
des femmes alanguies et
dans l’œil comme un verre de
bouscule conventions et
lascives, scènes viriles de
vin dans le gosier, et on en
conformisme bourgeois.
chasse ou de combat,
est tout de suite ivre ». Quant
descriptions de paysages
à Renoir, il estimera qu’« il n’y
typiques – déserts, oasis ou
a pas de plus beau tableau
villes orientales –, scènes de
au monde ». Pour lui, cette
Interprétation
œuvre « sent la pastille du sérail ».
rue, tels sont les principaux sujets abordés par les
Objet de curiosité et de
peintres, qui mettent l’accent
fantasmes aux XVIIe et
sur certains détails : les
En effet, Eugène Delacroix
XVIIIe siècles, l’Orient
costumes, les particularités
dépeint un univers à la fois
devient, « pour les
de l’architecture, les objets de
étrange et fascinant, dont
intelligences autant que pour
la vie quotidienne et l’habitat.
l’exotisme a une tonalité
les imaginations, une sorte de
Autour de 1880, certains
explicitement érotique. La
préoccupation générale »
thèmes – celui du harem, par
sensualité de ces femmes,
(Victor Hugo, préface des
exemple – tombent en
leurs attitudes abandonnées,
Orientales, 1829) au siècle
désuétude au profit d’une
suggèrent une lascivité
suivant.Son luxe, son
étude ethnographique réaliste
impossible à concevoir en
mystère, l’exotisme dont il est
qui laisse peu de place à
Occident.Le corset des
auréolé, alimentent le rêve du
l’exotisme et au fantasme.
bonnes mœurs de la société
Levant qui inspire les
européenne s’en trouve
écrivains et les artistes.
débridé, et le public du Salon
Esquisse préparatoire
Scènes de harem présentant
sujets abordés par les
exemple – tombent en
des femmes alanguies et
peintres, qui mettent l’accent
désuétude au profit d’une
lascives, scènes viriles de
sur certains détails : les
étude ethnographique réaliste
chasse ou de combat,
costumes, les particularités
qui laisse peu de place à
descriptions de paysages
de l’architecture, les objets de
l’exotisme et au fantasme.
typiques – déserts, oasis ou
la vie quotidienne et l’habitat.
villes orientales –, scènes de
Autour de 1880, certains
rue, tels sont les principaux
thèmes – celui du harem, par
Histoire par l'image Auteur : Alain GALOIN
Edouard Léon Louis Edy-Legrand (1892-1970) - Jour de fête à Marrakech - 1943
Vignettes De Collection La période comprise
l'exemple le plus abouti
entre 1860 et 1914
est la
est caractérisée par
chromolithographie.
deux facteurs qui vont profondément bouleverser la production des images populaires.
Le second est d'ordre sociologique : le développement du capitalisme industriel provoque l'émergence
Le premier réside dans une évolution importante des techniques de l'estampe, dont
d'un marché sur lequel sont proposés de nouveaux produits et qui s'appuie sur des modes de distributions
Vignettes de collection inédits, tels ceux tournés vers les grands magasins. Toutes ces «nouveautés», vont déterminer un âge d'or de la réclame et l'apparition de "cartes-réclame"(vignettes imprimées sur carton, éditées en séries, et offertes massivement aux acheteurs). Editées sous forme de séries courtes au début (six à huit images), elles feront peu à peu place à des séries longues (une centaine de pièces). Du point de vue de l'histoire de l'image populaire, il s'agit là d'une véritable révolution !
Histoire des albums d'images publicitaires en France
L'imagerie publicitaire vit le jour en 1867, A. Boucicaut, propriétaire du Bon Marché à Paris fit imprimer des chromolithographies portant au verso la publicité de ses magasins et au recto des scènes comportant une suite.Chaque jeudi, ces images étaient distribuées aux enfants qui accompagnaient leur mère.
Le succès fut immédiat et le Bon Marché connut, grâce à cette publicité, une période de prospérité.De très nombreuses firmes emboitèrent le pas et
distribuèrent à leur tour des images aux enfants. Liébig, Aiguebelle, Suchard, GuérinBoutron furent parmi les plus actifs.
Ces chromolithographies n'étaient pas destinées à être présentées en album.
Les précurseurs
Chromolithographie Le premier album connu à ce
Le second album connu est
jour, est celui qui fut édité par
celui édité par le journal Le
les Grands Magasins du
Figaro, il permettait de
Printemps vers 1865. Il était
collectionner 100 photos de
destiné à collectionner 304
personnalités du début de la
portraits signés de Justin
Troisième République.
Lallier et de quatre autres photographes, représentant les personnalités de l'époque. Un portrait était remis pour tout achat de 10 francs.
Le procédé fut mis au point, en 1837, par l'éditeur mulhousien Godefroy Engelmann et permit le développement d'un nouvel art de l'affiche grâce à Jules Chéret qui le popularisa en 1866. Les artistes contemporains qui font des lithographies utilisent ce procédé lorsque leur dessin comporte plusieurs couleurs.
Chromolithographie Le dessin est tracé sur une pierre parfaitement lisse avec un crayon gras ou
encore
une
encre
grasse ; le gras est fixé sur la pierre par une gomme arabique. Après avoir humecté la pierre, l'imprimeur y passe un rouleau
d'encre
grasse.
Cette encre ne se dépose que sur les parties non grasses. Pour obtenir une couleur
supplémentaire,
l'artiste trace de nouveau son dessin et humecte la pierre
avec
une
encre
d'une couleur différente. On
utilise
pierres
que
autant le
de
dessin
suppose de couleurs.
4e quart 19e siècle ; 1er quart 20e siècle-Anonyme
4e quart 19e siècle ; 1er quart 20e siècle-Anonyme
Chromolithographie Au cours du xixe siècle, la
qui encadrées, ornaient les
La création de lettres ornées,
chromolithographie se
intérieurs populaires et
colorées, déformées, suscita
développa et se perfectionna,
bourgeois, ou encore de vues
l'apparition dans le domaine
touchant tous les domaines,
« souvenirs » de sites
de la typographie d'une
dont celui du commerce avec
touristiques, à partir de
floraison de caractères
toutes les formes de
photographies en noir et
fantaisistes en plomb, utilisés
publicité: affiches, cartes
blanc remises en couleurs.
pour la publicité et les
commerciales, catalogues,
titrages, d'un goût étrange,
calendriers, images de pain
L'abondance de la production
car créés par des artistes
d'épices, ou autres images à
chromolithographique
sans formation spécifique de
collectionner. Outre l'imagerie
conduisit à considérer avec
créateur de caractères.
populaire, et les images
un certain mépris les images
L'impression
religieuses, morales et
qu'on appela chromos,
chromolithographique sur des
patriotiques, largement
volontiers accompagnées des
supports nouveaux, comme
diffusées par le colportage, se
adjectifs plutôt péjoratifs
les vitrauphanies, destinées à
développa l'édition de livres
pompiers et saint-sulpiciens.
l'origine à faire de faux
illustrés pour les enfants, de
C'est oublier que les grands
vitraux, permit d'imprimer
jeux, d'images à découper et
artistes de l'affiche, depuis
des emballages, des boîtes de
à assembler, de cartes
Chéret, et Toulouse-Lautrec,
sardines, des plaques de
géographiques pour les
ont utilisé la
métal, ou des imitations à
écoles, ainsi que de
chromolithographie.
bon marché de vitraux, pour
reproductions d'œuvres d'art,
Évolutions stylistiques et
les appartements bourgeois
telles l'Angélus de Millet,
techniques
et les églises.
Chromolithographie On n'hésita pas à combiner des impressions or, des gaufrages, des découpes. Les lourdes pierres lithographiques furent progressivement remplacées par des plaques en zinc, plus maniables, plus faciles à entreposer et permettant de plus grands tirages. L'américain Benjamin Day (1838-1916) inventa un procédé de teintes en aplat, par superposition de trames de valeurs différentes: le Benday, qui subsistera jusque dans les années 1970 dans l'impression offset. (Cette technique va perdurer jusqu'après la seconde guerre mondiale, peu à peu remplacée par l'impression offset, mais à un niveau bien moindre.)
Manuel de Lithographie Planche illustrant les étapes de création d'une image couleur utilisant le principe de la chromolithographie.
Chromolithographies années 1870 ~ 1890 Collection conservées au musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée de Paris.
Iimage pour enfants, dÊbut du XXe siècle
Chromolithographie publicitaire
Liebig L'hiver aux pays du soleil Vues au Maroc
Vignette publicitaire « Liebig », vers 1900
Vestiges de la domination romaine en Afrique L'AlgĂŠrie pittoresque
Le Tourisme
Calendrier 1929 des Messageries Maritimes avec en arrière-plan le Champollion. Par Sandy Hook
Viano pour la Compagnie de Navigation Paquet - 1920
L'Algérie
Edouard Herzig (Neuchâtel 1860- Alger 1926)- Arrivé jeune en Algérie, ce Suisse devenu Français fit de ce pays sa patrie d'adoption. Installé en Kabylie comme greffier de justice à Tizi-Ouzou, il s'impose à l'école des Beaux-Arts. Sans
abandonner
la
peinture,
il
s'intéresse passionnément à l'art local et devient chargé de mission pour la renaissance
des
industries
d'art
algériennes. Il parcourt l'Afrique du Nord pour étudier l'art des tapis, de la poterie, de la broderie, de la sculpture sur bois, de la ciselure et du tissage. Les
documents
qu'il
établit
font
référence et il créé lui-même toute une série d'objets utilitaires et décoratifs. Il se fait également caricaturiste de gens et de mœurs de l'époque.
L'Algérie
Roger Jouanneau-Irriera (1884-1957) Peintre
voyageur,
dessinateur
et
illustrateur, il réalise une importante série de dessins pendant les deux guerres mondiales notamment sur le corps
expéditionnaire
d'Afrique
du
Nord. Tantôt
brillant
militaire,
tantôt
dessinateur, il parcourt, toujours muni de son carnet de croquis, l'Afrique du Nord et le Moyen Orient. Il séjourne longuement en Algérie de 1951 à 1956. Excellent
portraitiste
,
peintre
des
paysages et de scènes de moeurs , aussi discret que doué, il a laissé des milliers de croquis, de nombreuses aquarelles, lithographies et affiches. Roger Jouanneau-Irriera - 1924
L'Algérie : Le Hoggar
Paul-Elie Dubois,originaire du Doubs, il resta un habitué de l'Algérie où il fut l'un des premiers artistes à découvrir le Hoggar et les Touaregs dont il réalisa de grandes compositions décoratives. Boursier de la villa Abd-el Tif en 1929, il fait un premier séjour de deux ans en Algérie
et
reçoit
deux
prix
internationaux pour deux tableaux. Il participa
à
la
première
mission
scientifique organisée en 1928 dans le Hoggar. Il accompagnera une nouvelle mission en 1938.
Paul-Elie Dubois, ( Colombier-Chatelôt 1886 - Montbéliard 1949 ). Affiche datant de 1930
L'Algérie
Ancienne colonie militaire romaine de Cuicul, a été fondée à la fin du Ier siècle après J.-C. en pays berbère. Enrichie de nombreux monuments au IIe siècle elle resta une vivante cité numide jusqu'à la fin du Ve siècle. Des fouilles exécutées ont dégagé le forum, l'arc de Caracalla, le théâtre, des
thermes,
mosaïques,
un
des
maisons
baptistère
et
avec deux
basiliques. Le mieux conservé est le temple de la gens Septina, qui abritait les statues de Septime Sévère et de sa femme.
J. H. Ponchin - 1925
Jacques Majorelle - 1926
Ferrar - 1930
Compagnie de Navigation Paquet - 1920 par Viano
Compagnie de Navigation Paquet – 1920 par Viano
Roger Broders - 1926
E. Hauville pour les Chemins de fer du Maroc - 1920
Oudjada par Lalla Ma(gh)nia. Affiche signée Alexandre Lunois, vers 1910
Le Maroc Au début du XXe siècle, le
Le Maroc suscite depuis
progressivement. Un accès
Maroc reste l'un des rares
longtemps la convoitise des
est également possible,
Etats d'Afrique encore
Européens. A partir du XIXe
quoique par intermittence,
indépendants. Le sultan y est
siècle, l'entrée dans le
depuis l'Algérie voisine,
"sharîf", descendant du
royaume est facilitée par le
colonie française depuis
Prophète et objet de la plus
régime des protections
1830.Le Maroc devient
grande vénération. A la
accordées par le sultan aux
officiellement un protectorat
différence de la Tunisie et de
grandes puissances
français en 1912. Hugert
l'Algérie, le royaume - qui est
européennes. Par le biais de
Lyautey en est le premier
par ailleurs l'entité la plus
reconnaissances scientifiques
président général, jusqu'en
berbère du Maghreb - n'a pas
ou d'ambassades
1925. Le pays s'ouvre au
connu la domination
diplomatiques, l'image d'un
tourisme avec la conquête
ottomane.
royaume du Maroc moins
française qui débute entre
imaginaire et moins
1911 et 1914, bien plus tard
approximatif va se dessiner
que l'Algérie et la Tunisie.
R. GĂŠnicot - 1920
Meknes Affiche de Mattéo Brondy - 1927 : peintre et auteur de belles affiches sur Meknès était lui-même président du Syndicat d'initiative de Meknès dans les années 1930.
Le Maroc
25
voitures
première
participèrent
manifestation
à
cette
sportive
de
l'Automobile Club Marocain. Elles prirent le départ le 3, 4 ou 5 mai, suivant un horaire déterminé, de Paris, Bruxelles, Lausanne, Rome, Nice et Sfax.
12
seulement
arrivèrent
à
Casablanca le 12 mai. Une
épreuve
supplémentaire
pour
départager les concurrents eut lieu devant un public enthousiaste.
J. H. Ponchin - 1925
Cette affiche Air France de 1937 est signée Gèrard Alexandre, dit Gèrale (1914-1974) ,ou AL.G au bas de ses œuvres. Il
débute
sa
carrière
avant-guerre
comme publicitaire pour la S.N.C.F., la Régie du Tabac
Gèrard Alexandre - 1937
Fantasmes et Sensualités coloniales L
'iconographie coloniale
n'hésite jamais à mélanger les genres. Ainsi les représentations du Maghreb
pour les faire poser très dénudées, dans des attitudes évoquant et incitant à la débauche.
se fondent dans celles d'un Orient rêvé, idéalisé et,
L'art d'aimer aux colonies. récit à caractère pornographique sous prétexte scientifique, publié en 1927.
finalement, complètement mythifié. Dans cet imaginaire occidental, les scènes de harem occupent une place prépondérante.
Un terme est inventé pour les désigner, celui de "mauresques", et ces clichés sont diffusés à vaste échelle, notamment en cartes postales. Toute une série de préjugés se diffusent en France sur les mœurs forcément
Censées représenter l' Orientale, les images dites "scènes et types" des femmes d'Afrique du Nord servent alors de prétexte
dépravées et ataviques de ces modèles, danseuses du ventre ou pensionnaires des "bousbirs" des quartiers réservés.
Fantasmes et sensualités coloniales Il serait fastidieux de vouloir
et plus tard Agatha Christie,
notamment dans les cinq
énumérer la liste des lieux
l'Orient est d'abord presque
lettres qu'il adresse d'Egypte
communs dont une majorité,
entièrement exploré et décrit
à son ami Louis Bouilhet : "
sinon la totalité, à toujours
par des hommes. La
Avant-hier nous fûmes chez
cours aujourd'hui associés à
représentation qui en est
une femme qui nous en fit
l'Orient et aux Orientaux:
donnée est évidemment
baiser deux autres.
tyrannie, violence, sexisme,
influencée par cette donnée
L'appartement délabré et
sensualité, paresse,
première et il est frappant de
percé à tous les vents était
inexactitude, lâcheté,
constater qu'à peu près
éclairé par une veilleuse. On
mensonge, résignation,
aucun des écrivains
voyait un palmier par la
sagesse... On peut
voyageurs du XIXe siècle
fenêtre sans carreaux, et les
néanmoins s'arrêter sur l'un
n'omet d'intégrer à son
deux femmes turques avaient
d'entre eux, qui en plus d'être
périple et à ses écrits une
des vêtements de soie
l'un des plus représentatifs
composante sexuelle ou
brochés d'or. C'est ici qu'on
est aussi une sorte de matrice
sensualiste, parfois
s'entend en contrastes, des
à travers laquelle d'autres
franchement érotique ou, le
choses splendides reluisent
clichés se construisent:
plus souvent, prenant
dans la poussière. j'ai baisé
l'Orient comme fantasme
l'apparence d'une méditation
sur une natte d'où s'était
sexuel.
à caractère ethnographique.
déplacée une nichée de
Remarquons tout d'abord
De ce point de vue, les
chats. Étranges coïts que
qu'à de rares et notables
descriptions par Flaubert de
ceux où l'on se regarde sans
exceptions près comme Lady
ce qu'il nomme ses
pouvoir parler: le regard est
Montagu, la comtesse de
"baisades" se révèlent
doublé par la curiosité et
Gasparin, Isabelle Eberhardt,
particulièrement crues,
l'ébahissement."
Fantasmes et sensualités coloniales Dans ses lettres à Louise
sa vocation à n'être et à ne
idéal, qui a séduit tant
Colet, il évoque également
demeurer qu'un pur "objet"
d'Européens. (...) Pénétrons-
ses ébats avec l'almée
sexuel.
nous bien de cette idée, que
Kutchuk Hanem, qui fut l'une
Gérard de Nerval qui, pour
la femme mariée, dans tout
de ses maîtresses, et y ajoute
pouvoir séjourner
l'empire turc, a les mêmes
des généralités auxquelles il
durablement au Caire, est
privilèges que chez nous, et
donne une dimension
amené en vertu des
qu'elle peut même empêcher
ethnologique fort contestable,
coutumes en vigueur à y
son mari de prendre une
peut-être dans le but de
prendre femme en la
seconde femme (...).
rassurer Louise Colet quant à
personne d'une jeune esclave
Gardons-nous de penser que
l'attrait qui est susceptible
qu'il achète au marché,
ces belles dames consentent
d'exercer sur lui sa rivale: "La
cherche au contraire à
même à chanter ou à danser
femme orientale est une
décrypter et à démystifier ce
pour divertir leur seigneur. Ce
machine, rien de plus, elle
qu'il nomme "les mystères du
sont des talents qui leur
fait aucune différence entre
harem". Il prévient son
paraissent indignes d'une
un homme et un autre
lecteur : " Voilà donc une
femme honnête; mais chacun
homme." On ne saurait en
illusion qu'il faut prendre
a le droit de faire venir dans
tout cas donner de meilleure
encore, les délices du harem,
son harem des almées ou des
définition d'une femme qui,
la toute-puissance du mari ou
ghawasies, et d'en donner le
dans l'esprit de Flaubert et de
du maître, des femmes
divertissement à ses femmes
certains de ses
charmantes s'unissant pour
(...). Le harem est une sorte
contemporains, semble ne
faire le bonheur d'un seul : la
de couvent où domine une
devoir se distinguer de la
religion ou les coutumes
règle austère. On s'y occupe
femme occidentale que par
tempèrent singulièrement cet
principalement d'élever les
Fantasmes et sensualités coloniales enfants, de faire quelques
institutionnalisée. La femme
c'est aussi affirmer la
broderies et de diriger les
orientale apparaît dès lors
puissance de l'Occident, le
esclaves dans les travaux du
comme une possibilité
"viriliser" afin de mieux
ménage. (...) La loi
d'assouvir une sexualité
justifier une attitude de
musulmane n'a donc rien qui
libérée des obligations
pouvoir et de possession.
réduise, comme on l'a cru, les
morales, religieuses ou
Emblématique de ce rapport,
femmes à un état d'esclavage
économiques qui pèsent en
le percement du canal de
ou d'abjection. Elles héritent,
Europe sur le mariage et les
Suez peut d'ailleurs être
elles possèdent
relations entre les sexes.
envisagé sous l'angle d'une
personnellement comme
L'homosexualité ne tardera
symbolique sexuelle. Ainsi
partout, et en dehors même
pas à chercher elle aussi en
peut aussi se comprendre le
de l'autorité du mari. Elles ont
Orient des moyens d'assouvir
commentaire de l'ingénieur
le droit de provoquer le
des plaisirs réprouvés par la
Prosper Barthélemy Enfantin,
divorce pour des motifs réglés
morale occidentale, comme
qui choisit de décrire par ces
par la loi."
en témoignent par exemple
mots le projet de percement
Au XIXe siècle, l'association
certains écrits d'André Gide.
du canal : "Là nous ferons
constante de l'Orient à la
Loin d'être totalement neutre,
l'acte que le monde attend
sensualité et à la licence
cette vision de l'Orient
pour confesser que nous
sexuelle s'explique également
comme objet sexuel, par
sommes mâles." ...
par l'embourgeoisement
nature passif et soumis,
croissant de la société
influence considérablement la
européenne, dans laquelle la
symbolique des rapports
sexualité s'est
qu'entretient avec lui
considérablement
l'Occident. Féminiser l'Orient,
La Mauresque, figure d'un temps arrêté Dans une chronique sur
les goûts du public sont
«l'Algérie vue de Paris»,
souverains : «De la gaze
Théophile Gautier se plaît à
blanche à pois d'or et des
évoquer l'engouement de ses
caleçons couleur pêche, voilà
contemporains pour un
comme le Parisien se figure
spectacle de cirque d'un
l'Aimée», raille-t-il à son tour.
genre nouveau, l'exhibition
La Mauresque rate sa
dansante «de races
première entrée sur la scène
exotiques». En ce jour de
parisienne.
septembre 1845, les
Mais elle revient en force,
«Moresques» sont au
dupliquée à l'infini, sous
programme. Les belles offrent
forme de cartes postales, lors
au public une danse à petits
conclut le chroniqueur, c'est-
des premières décennies du
pas, le corps ondulant avec
à-dire «trop vraies». Et, un
XXe siècle. Qui est donc cette
une grâce imperceptible,
brin apitoyé, il fustige :
Moresque ou Mauresque ?
suivie d'une danse de
«Pourquoi siffler de pauvres
Sont-elles les descendantes
conjuration des esprits, les
diables qui font naïvement ce
des royaumes numides et
chevelures agitées en
qui se fait dans leur pays et
maures, nous projetant ainsi
cadence. Les danseuses sont
vous représentent au naturel
aux temps de l'Antiquité ? Ou
sifflées et raillées : trop
ce que vous admirez dans les
encore les descendantes des
éloignées de leurs comparses
tableaux de Decamps,
Maures andalous qui, vaincus
de «La Révolte au Sérail» (de
d'Eugène Delacroix et de
par les Rois Catholiques,
Filippo Taglioni, 1833), de ces
Marilhat ?» C'est que, en
s'enfuient du «Paradis de
«odalisques de carnaval»,
matière de divertissement,
Grenade» et posent pied en
La Mauresque, figure d'un temps arrêté terre africaine. Sont-elles les
avec les Africains de l'inté
lointaines descendantes de
rieur. L'administration militaire
ces augustes exilés, issues de
française délaisse cette
la tribu du «Dernier des
appellation pour ne plus
Abencerages» que ravive, à
distinguer qu'Arabes et
sa manière, chez François-
Kabyles.En 1929, on retrouve,
René de Chateaubriand, la
sous la plume d'un écrivain-
littérature romantique ?
voyageur, l'évocation de ces
William Shaler, témoin
«braves petites Mauresques»
privilégié de la vie sous les
qui s'engouffrent «voilées,
deys, en tant que consul
sous les portes cochères des
général des Etats-Unis à
hautes demeures du quartier
De la «Moresque» de cirque
Alger, entreprend de
européen» où elles officient
aux «braves petites
présenter les peuples et les
en tant que domestiques.
Mauresques» pittoresques, la
moeurs en vigueur dans ces
L'auteur précise qu'elles
femme «indigène» se
royaumes d'avant la présence
«n'ont plus rien des
perpétue, à travers les
française. Dans son «Esquisse
fabuleuses odalisques des
siècles, sous cette
de l'Etat d'Alger», publié en
contes des "Mille et une
dénomination immuable et
1826, il désigne sous le terme
nuits"». Souci de vérité ou
romantique.
«Maures» du royaume
nostalgie d'un monde auquel
d'Alger, un mélange d'Arabes
il faut bien renoncer lorsque
des plaines, d'émigrés
l'on se préoccupe de rédiger
d'Espagne ayant contracté
un guide touristique à l'usage
des alliances avec les Turcs et
de ses contemporains ?
Affiches Les expositions (universelles ou coloniales) françaises bénéficient à chaque fois d’affiches pour indiquer leurs présences. Nombres de ces affiches illustrent le village africain ou le spectacle exotique qui devient parfois le thème unique de l’affiche. Divers artistes se sont illustrés dans ce mode de représentation : Chapellier, Dellepiane, Carpiello, R. de la Nézière, Deshays & Arnaud Desmeure, Vercasson, Bellenger ou Bosse.
En dehors des expositions universelles et coloniales, d’autres modes de diffusion ont été utilisés et c’est pratiquement insidieusement que les français vont s’imprégner de la culture coloniale et des clichés qu’elle véhicule au travers de support populaire.
Néziére & Pichon - 1906
Foire Et Exposition Coloniale
De l'exhibition à l'exposition
En France, la colonisation terrestre sera toujours alliée à la colonisation scientifique, avec la découverte des différents peuples, et idéologique, notamment avec le concept de mission civilisatrice. En 1882, Mérignac dans son Précis de législation et d’économies coloniales le résumera ainsi : « Coloniser, c’est se mettre en rapport avec des pays neufs, pour profiter des ressources de toute nature de ces pays, les mettre en valeur dans l’intérêt national, et en même temps apporter aux peuplades primitives qui en sont privés les avantages de la culture intellectuelle, sociale, scientifique, morale, artistique, littéraire, commerciale et industrielle,
apanage des races
habiles dans l’observation des
supérieures. La colonisation
faits anthropologiques. Les
est donc un établissement
voyages faits avec des
fondé en pays neuf par une
savants préparés de longue
race avancée, pour réaliser le
main à ces études étaient et
double but que nous venons
sont encore rares. Aussi est-
d’indiquer. »
ce avec joie que l’on a vu
En conséquence,
certains entrepreneurs
parallèlement aux campagnes
amener en Europe (dans un
militaires, dans la seconde
esprit de lucre, il est vrai) des
moitié du siècle, les grands
représentants des différents
voyages d’explorations
peuples de la Terre. Ces
terrestres vont prendre place.
hommes ont pu alors être
Cependant, ces récits de
étudiés scientifiquement par
voyageurs restent peu
des savants compétents et
crédibles, et les voyages de
fournir de bons résultats.
savants sont encore rares.
Mais toutes ces exhibitions
« Jusqu’à ces derniers temps,
ont été partielles ; il serait,
on ne pouvait étudier les
par suite, à souhaiter qu’une
différents groupes
grande nation européenne
ethnologiques qui se trouvent
prit un jour l’initiative d’une
à la surface du globe que par
exposition universelle des
les récits des voyageurs plus
diverses populations du
ou moins expérimentés et
globe, ou tous les groupes
ethniques fussent
d’indigènes sera reçu sur les
représentés. Il y aurait aussi
pelouses du jardin zoologique
un grand intérêt à exposer
d’acclimatation, en marge du
tous les objets au milieu
bois de Boulogne à Paris,
desquels ces populations ont
emmené par Karl
l’habitude de vivre. On
Hagenbeck, un promoteur
installerait, par exemple, des
privé allemand. Les savants,
villages qui seraient habités
Buffon au XVIIIème siècle,
principalement de la Société
; les maisons seraient garnies
l’être humain est devenu un
d’Anthropologie pourront ainsi
comme elles le sont dans le
véritable objet scientifique et
étudier près de
pays d’où elles auraient été
l’anthropologue s’est mis à
chez eux ces hommes et
apportées ; la cuisine serait
scruter les objets et le corps.
valider leurs théories
faite à la façon indigène, etc.
Or le principal problème des
racialistes. Puis, peu à peu,
… En un mot, on y verrait les
savants, durant la seconde
les villages coloniaux vont se
individus vivre de leur vie
moitié du siècle, c’est bien
développer et se répandre,
propre absolument comme si
l’accès à des sujets vivants et
essentiellement au sein des
on allait voyager dans les
pas seulement à des récits de
expositions universelles et
régions qu’ils habitent. »
voyageurs, à des objets
coloniale et sera une
En effet, le manque d’accès à
ethnographiques ou à des
attraction appréciée des
des sujets vivants sera une
cranes. »
différents publics.
des réoccupations des
Ainsi, dès 1877, en parallèle
scientifiques.
du développement en
Ces villages indigènes, qu’ils
« Depuis les ruptures
métropole d’une passion pour
soient organisés par les
introduites par Linné et
l’exotisme, le premier groupe
autorités elles-mêmes pour
De l'exhibition à l'exposition les expositions universelles ou coloniales, ou par des impresarios privés sillonnant les villes françaises, ou qu’ils se tiennent sur les pelouses du
jardin
zoologique
d’acclimatation vont marquer notre rapport à l’altérité. Ces exhibitions vont conforter les stéréotypes en vogue à cette période et déjà relayés par le music-hall, la littérature, la publicité, le théâtre, plus tard le
cinéma
ou
encore
le
monde muséal. Elles vont également nombre
constituer
pour
français
une
de
occasion
privilégiée
d’appréhender Cependant,
l’altérité.
de
nos
jours,
l’histoire coloniale est très peu
évoquée
phénomène indigènes
de
et
le
villages
pratiquement
tombé dans l’oubli.
Spectacle ethnographique à Paris, en 1892. A partir de 1877, la mode se répand de faire venir des indigènes, exposés dans des enclos, dans de véritables « zoo humains ».
« Zoo Humains »
À partir du milieu du XIXe siècle, c'est entre girafes, autruches, éléphants, crocodiles, singes et autres " merveilles " de la nature réinventée que les visiteurs vont découvrir en Europe et en Amérique des " hommes aux moeurs bizarres et aux rites quelque peu effrayants". Les " zoos humains " viennent de naître. Le mythe du sauvage devient alors une réalité. Il est présent, devant les yeux des occidentaux, et va le rester près d'un siècle. Premier phénomène de masse du XIXe siècle avec les expositions universelles et leurs millions de visiteurs, les exhibitions humaines répondent aux fantasmes et inquiétudes de l'Occident sur l'ailleurs et donnent une
réalité au discours racial alors
dans des zoos, des cirques,
en construction. Si le fait
des foires ou des villages se
colonial - premier contact de
généralise de Hambourg à
masse entre l'Europe et le
Paris, de Chicago à Londres,
reste du monde induit encore
de Milan à Varsovie... “Oui, le
aujourd'hui une vision et une
sauvage existe! je l'ai vu...“ Il
relation complexe entre
convient maintenant de "
l'occident et les autres - ces
l'apprivoiser " avant de le "
exhibitions en sont le
civiliser ".Ces spectacles
fondement car composante
zoologiques,
essentielle du premier
anthropologiques,
contact, ici, entre l'occidental
ethnologiques ou exotiques
et l'autre. Un autre importé,
apparaissent comme l'une
exhibé, mesuré, montré,
des démonstrations de masse
disséqué, spectularisé,
des plus éviolentes et des
scénographié, selon les
plus révoltantes de
attentes d'un Occident en
l'infériorisation et de la sous-
quête de certitudes et de
humanisation de l'autre parce
légitimité sur son rôle de
qu'elle le rapproche
"guide du monde", de
volontairement de l'animal.
"civilisation supérieure". Aussi naturellement que le droit de
Extrait de: Zoo humains - Au temps des exhibitions humaines. N.Blancel P.Blanchard - G.Boetsh - E.Deroo - S.
" coloniser ", ce droit " d'exhiber " des " exotiques "
Lemaire. [Editions La Découverte]
Exposition Coloniale de Marseille
15 avril 1906
la mission civilisatrice de la
Le pavillon représenté sur
Avec ses colonies d'Ancien
France, développé par Jules
cette affiche est le théâtre
Régime
Ferry. Elle attire, entre avril et
Indo-Chinois.
et
les
territoires
conquis ou contrôlés entre
novembre,
1830 et la fin du XIXe siècle,
visiteurs qui admirent une
l'Empire
cinquantaine de pavillons, des
français
recouvre
1
800
000
près de douze millions de
antiquités
km2 majoritairement situés
des artistes orientalistes au
en Afrique et en Indochine ;
travail. Ce succès est dû en
Marseille est alors la « porte
partie à Jules Charles-Roux
de l'Orient », le grand port du
qui avait dirigé en 1900 la
commerce colonial. La ville
section
bénéficie du doublement des
l'Exposition
échanges
entre
Paris et était vice-président
sera
de la Compagnie universelle
1897
et
intervenu 1901
;
il
coloniale universelle
de de
de
décennie
président du Comité central
pour
atteindre un total dépassant 1 824
millions
L'exposition
de
francs.
coloniale
de
Marseille illustre le concept de
depuis
et
multiplié par cinq dans la suivante
Suez
indochinoises
1896
des armateurs de Provence.
et
De l'exhibition à l'exposition
Exposition de 1900. Champ de foire. Salon des sphinx égyptiens. Deux prêtresses égyptiennes. Affiche anonyme.
Joseph de la Nézière , située à Rabat, 1917 Pavillon de Marsan, exposition d'art marocain au profit des œuvres de guerre du Maroc.
Exposition Coloniale
Les grandes expositions nationales coloniales, inaugurée avec celle de Marseille en 1906,
Bellanger - 1906
mettent en œuvre de vastes campagnes d'affichage. Les affiches rivalisent de couleurs et de slogans. Les trois "races" des trois grands espaces
colonisés
:
l'Afrique
noire,
le
Maghreb et l'Indochine, appelées à une longue carrière iconographique.
Marseille 1906
D. Dellepiane - 1922
Soc - 1931
Une lecture de l'Exposition Que l'Exposition coloniale
la fête chères au parti colonial
chez le visiteur l'illusion d'un
internationale de 193 1 ait
parisien, cela peut se lire
voyage dans le monde
d'abord pensé à instruire le
dans son organisation même
colonial. Pensant s'adresser
peuple français selon les
et dans mille détails.
aux lecteurs de Jules Verne,
traditions du spectacle et de
L'Exposition devait provoquer
elle leur promettait «le tour
Jean de la Mézières - 1931
du monde en quatre jours»,
Sans effort, comme dans des
À l'usage de l'élite déjà férue
voire en une journée. Des
dioramas, il pourrait glisser
de tourisme exotique,
affiches publicitaires disaient :
d'une colonie à l'autre. Il irait
l'exposition de Vincennes se
«Pourquoi aller en Tunisie
d'un palais marocain à la rue
voulut aussi un spectacle
quand vous pouvez la visiter
d'un village soudanais, il
d'art où la beauté et la
aux portes de Paris ?» C'est
pourrait entrer dans la grande
couleur des architectures
autour du lac Daumesnil que
mosquée de Djenné avant de
l'emportaient parfois sur le
le visiteur était invité au
gravir la chaussée
strict réalisme. Plusieurs
voyage planétaire.
monumentale du temple
pavillons dits de style local
khmer d'Angkor Vat.
furent de libres
Desmeures - 1931
interprétations, non des
vaguement inspirée des
fins décoratives semblables,
reconstitutions fidèles. Ainsi
humbles poteaux votifs de la
le bois de Vincennes fut orné
le bizarre et beau palais
campagne betsiléo. Le
de somptueux palmiers
rouge de Madagascar fut
pavillon du Cameroun
dattiers, alors que ce palmier
flanqué d'une surprenante
prétendait amplifier la hutte
est rare sur les côtes
tour surmontée de têtes de
des Bamoums, mais il
d'Afrique. On eut soin
bœufs. Mais ce campanile
s'imposait surtout par la
cependant de présenter «aux
altier était une pure création
réussite d'un décor
amis des arts primitifs» des
artistique parisienne,
géométrique original. À des
expositions d'objets
authentiques et de tenter une
rituelles des génies villageois
dignitaires malgaches qui
reconstitution de villages
de l'Annam ou cérémonie
entouraient la reine
indigènes en pays africain et
religieuse dans la pagode du
Ranavalona III avant 1895.
malgache.
Laos. On ressuscita même
Une fois encore, le public fut
Comme dans les précédentes
avec des figurants
invité à entendre des
expositions, mais avec plus
autochtones le cortège du roi
orchestres africains et
de goût et de moyens, furent
Béhanzin ou celui du Morho-
malgaches, des musiciens de
donnés des spectacles
Naba et l'on fit défiler dans
cafés maures ou à admirer
authentiques : processions
leurs uniformes d'apparat les
des ballets annamites et des
troupes de danseurs noirs.
Pour le populaire, avide
Des souks marocains, des
Cependant, chaque soir,
d'exotisme bon enfant, furent
restaurants africains ou
tandis que s'illuminaient les
organisées des caravanes et
tunisiens, le «café du
pavillons, des fêtes
des courses de chameaux,
Cameroun», étaient censés
lumineuses et musicales se
des promenades en pirogues
révéler au peuple la
déroulaient au théâtre d'eau.
malgaches sur le lac
«gastronomie coloniale», les
Mais qu'y venaient faire les
Daumesnil, voire simplement
pâtisseries arabes ou les
ensembles de music-halls
des ventes de casques
«boissons exotiques».
parisiens ?
coloniaux.
Lecture de l'exposition de 1931 Il paraît que les spectacles et
question, on fit large place au
cortèges de nobles mandarins
les plaisirs furent décents.
«joyau de la colonisation
relevaient d'un folklore
Barrès qu'écoeuraient les
française» : la part réservée
disparu ? La grande misère
expositions («Limonade et
aux seuls palais et temples
des paysans d'Indochine fut
prostitution», tranchait-il) eût
d'Indochine représentait, à
dérobée aux regards derrière
peut-être été satisfait.
elle seule, le dixième de la
un paravent de laque. Bref,
Certaines des intentions des
superficie totale de
l'Exposition coloniale de 1931
organisateurs furent aussi
l'Exposition.
resta, comme celles du passé,
fermement soulignées.
D'autres intentions furent
un théâtre d'ombres, non un
L'hommage rendu aux
déjouées. Les organisateurs
reportage fidèle.
missionnaires et aux militaires
auraient voulu démythifier un
était appuyé, lisible jusque
certain exotisme de pacotille
dans le plan. Ainsi les
qui horripilait les coloniaux.
pavillons des missions
Mais, en dressant de luxueux
catholiques et protestantes
décors et en y plaçant
occupaient une place de
d'authentiques personnages
choix au centre de l'«avenue
vêtus d'habits de fête, ils
des Colonies françaises» et
créèrent des impressions
semblaient conduire vers une
esthétiques tout aussi
tour haute de quatre-vingt-
erronées. Les visiteurs
deux mètres, le monument
savaient-ils que bien peu
de l'armée coloniale. En ces
d'Annamites habitaient ces
années où le sort de
demeures aux décorations
l'Indochine était remis en
somptueuses, ou que les Offert par les grand magazins du Louvre
Plan d'ensemble du site - 1931
Maquette dĂŠtail du site - 1931
Lecture de l'exposition de 1931 Lyautey avait demandé qu'on
développement des
décideurs républicains
insistât aussi sur les
populations colonisées,
disparaissaient...
réalisations de la «politique
proclamés «mission sacrée de
Curieusement, les hommes
indigène» et les progrès
la colonisation», furent
politiques furent rares dans
économiques dus à la
affirmés de manière
leurs discours de 1931 à faire
colonisation. Ainsi
didactique ; ils laissèrent les
hommage à la République de
s'expliquent qu'aient été
visiteurs et les journalistes
cet immense empire colonial.
soulignés dans chaque
indifférents.
Certes, le ministre des
pavillon les moindres
Enfin, à supposer que le
Colonies, Paul Reynaud, invita
réalisations sociales et les
ministère des Colonies ait
la foule à la reconnaissance
progrès de l'hygiène et de la
vraiment voulu célébrer
vis-à-vis de ceux «qui ont
santé publique. Mais les salles
l'œuvre coloniale de
fondé à la fois un régime et
qui attirèrent le plus grand
laRépublique, les touristes les
un Empire». Certes, André
nombre de visiteurs furent
plus attentifs y furent
Lebon, ancien ministre des
celles qui présentaient les
insensibles. La grande
Colonies, affirma que «la
arts décoratifs, les collections
épigraphe du musée des
foule française avait salué
de masques et de fétiches.
Colonies disait : «À ses fils
avec déférence et attention la
Les photographies de
qui ont étendu l'empire de
mémoire des artisans connus
réalisations industrielles, les
son génie et fait aimer son
ou anonymes de l'oeuvre
statistiques sur le mouvement
nom au-delà des mers, la
coloniale». Mais aucun
commercial, les collections
France reconnaissante.» Mais,
hommage spectaculaire ne
d'échantillons n'intéressèrent
dans la longue liste des
fut rendu à Vincennes aux
pas le grand public.
artisans du domaine colonial,
grands Républicains
L'amélioration du bien-être, le
les noms des grands
coloniaux.
Il ne fut pas même question de Gambetta, l'initiateur, ni d'Eugène Étienne, son disciple, jusqu'à sa mort chef incontesté du parti colonial. Jules Ferry eut droit à une cérémonie commémorative à Saint-Dié, mais J. PaulBoncour fut peut-être le seul à faire un rapprochement qui s'imposait : «Il me plaît que les splendeurs de cette Exposition coloniale où la France s'admire et s'étonne presque d'une oeuvre qu'elle ne soupçonnait point se soient ouvertes à l'heure où des foules venaient déposer la palme du souvenir dans celui qui en fut l'initiateur méconnu et torturé.»
Selon les rapports des organisateurs, on avait comptabilisé en 193 jours, 33 489 000 entrées à l'Exposition et au parc zoologique. Or, ce parc, l'une des grandes réussites de l'Exposition, enregistra à lui seul 5 288
Bilan matériel et moral de l'Exposition . On ne s'interrogerait pas sur le succès matériel de cette Exposition, incontestable, sauf au point de vue financier, si le nombre des visiteurs ne servait d'ordinaire à mesurer son influence supposée sur l'opinion.
462 entrées à 2 francs, chiffre
les organisateurs estimaient à
qu'il serait légitime pour notre
8 millions le nombre des
propos de soustraire de celui
visiteurs différents, soit,
des visiteurs de l'Exposition
pensaient-ils, 4 millions de
qui acquittaient 3 francs. En
Parisiens, 3 millions de
retenant cependant le total
provinciaux et 1 million
de 33 millions de tickets
d'étrangers.
d'entrée (or il fallait présenter
ette évaluation maximale (on
quatre tickets par personne le
trouverait 6 millions de
vendredi, un les autres jours)
Français en ne tenant pas
et en supposant pour un
compte des visiteurs du seul
même visiteur une moyenne
parc zoologique) permet du
de quatre entrées (les tickets
moins de mesurer les excès
étaient vendus par quatre),
de plume des gazettes
coloniales. L'une d'elles
Les colonies ne seraient plus
des Colonies, Paul Reynaud,
écrivait sans rire le 19
jamais cette terra incognita
la démonstration était faite :
novembre 1931 que «trente-
dont la presse n'entretenait
l'Empire français était devenu
trois millions de Français
ses lecteurs qu'à l'occasion de
un bloc indivisible et les
avaient pris conscience de la
scandales. Après avoir respiré
Français ressentaient
France de cent millions
un peu de l'atmosphère
l'honneur d'en être les
d'habitants».
coloniale, vécu «les heures de
citoyens. «La vieille France
gloire de l'épopée coloniale» ;
d'Europe et la jeune France
Le bilan moral de l'Exposition
les Français seraient plus
d'outre-mer, commentait
reste encore plus difficile à
confiants dans la grandeur de
l'ancien ministre Léon Bérard,
établir. Confortés par le
la France. Dans les milieux
se sont peu à peu
succès d'affluence malgré un
gouvernementaux, on
rapprochées malgré la
temps maussade, les officiels
affirmait que le but avait été
distance, réciproquement
estimèrent dans un premier
atteint : l'esprit colonial avait
pénétrées et mêlées et sont
mouvement que le public
pénétré les masses
devenues inséparables.»
français devait avoir été
populaires. André Tardieu, qui
«séduit et instruit». Les
avait écrit dans L'Illustration
Certains enthousiastes
Français ne pourraient
de janvier 1931 : «Chez nous
affirmaient que «la France
désormais oublier qu'ils
la conscience impériale est à
comme l'Angleterre, deux
avaient un Empire. Celui-ci
naître», affirmait dix mois
siècles avant nous,
cesserait d'être une vague
plus tard : «Elle est née.
commençait à penser
entité, un thème à discours ;
L'Exposition coloniale a été un
impérialement», oubliant au
il deviendrait «la plus
triomphe, une leçon, une
passage que le mot d'ordre :
magnifique des réalités».
espérance.» Pour le ministre
Bilan matériel et moral de l'exposition «Learn to think imperially»
Du côté des écrivains, la
ne se prononçait pas sur les
avait été formulé par Joseph
réflexion sur l'Exposition fut
résultats de l'opération.
Chamberlain en 1895. Le
courte, rarement critique,
L'écrivain colonial Pierre Mille
gouverneur général Olivier,
généralement indifférente à
ne s'y hasardait guère
qui fut, comme délégué
l'oeuvre républicaine. Marcel
davantage : «Au lendemain
général, le maître d'œuvre de
Prévost pensa bien à célébrer
de Vincennes, le Français ne
l'Exposition, prétendait en
le «miracle» de ce qui avait
saura pas où c'est, mais il
novembre 1931 : «En six
été accompli entre «la défaite
saura que ça existe.»
mois, l'idée coloniale a gagné
de 1871 et la victoire de
À Paul Valéry, il semblait au
plus de terrain qu'elle n'en
1914», mais, volontairement
contraire que «l'Exposition
avait gagné en cinquante
ou non, le mot République ne
magnifiquement organisée
ans.» Toutefois, il se
fut pas écrit par lui dans la
avait produit une impression
corrigeait aussitôt : «Peut-on
Revue de France. Il s'attardait
considérable dans le pays [...]
en déduire que, pénétré
à noter la surprise de l'orgueil
Le plus grand nombre des
désormais de l'importance de
national : «Vous ne croyiez
Français n'avaient de leurs
ses colonies, le Français a
pas la France si grande»,
colonies qu'une idée vague
enfin acquis ce sens impérial
mais remarquait la dignité et
sinon toute fausse, où il
qu'on lui a tant reproché de
la retenue de la fierté
entrait de l'indifférence sinon
ne pas avoir ? Je me garderai
populaire. Paul Morand
quelque sentiment assez peu
bien de l'affirmer, ce serait lui
appelait joliment l'Exposition
favorable. L'Exposition a mis
demander un bouleversement
«cette clinique au but précis
la nation en présence de son
trop radical.»
où l'on opère le peuple
œuvre. Elle lui a fait
français de son indifférence
concevoir sa puissance et ses
coloniale», mais, prudent, il
responsabilités».
Mais Valéry feignait de croire
L'Expo révéla peut-être à
que l'on avait proposé aux
certains badauds eux-mêmes
Français sous une forme
la mort du Bon Sauvage.
pittoresque de réfléchir aux
Mais l'Exposition
problèmes coloniaux, car «les
internationale visait aussi, on
problèmes ne manquent
s'en souvient, à démontrer la
pas». Léon Blum se montra
justesse de la cause
plus incisif; il aurait voulu
civilisatrice de l'Occident. Sur
«moins de festivités et de
Quant aux réactions
ce plan, le gouverneur
discours et plus d'intelligence
spontanées du petit peuple,
général Olivier croyait que
humaine». Cette présentation
avouons qu'elles nous
«l'Exposition avait réhabilité
des colonies dans un parc
échappent. Retenons
l'œuvre de l'Europe coloniale.
d'attractions lui paraissait
pourtant que de nombreux
Elle a mis ses élites en garde
même dangereuse parce que
visiteurs qui avaient employé
contre ceux qui lui
mensongère face à la réalité
le tutoiement vis-à-vis des
conseillaient d'abdiquer sous
des insurrections et de la
marchands des souks furent
prétexte que cette oeuvre fut
répression en Annam. S'il
vivement réprimandés par
mauvaise ou qu'elle est
parla donc à plusieurs
ceux auxquels ils
achevée». Telle était aussi
reprises de l'Exposition, ce fut
s'adressaient. Ils se
l'opinion du publiciste et
surtout pour dissocier le parti
déclarèrent stupéfaits de
historien Lucien Romier :
socialiste des actions
cette agressivité. D'autres
l'idéalisme populaire avait été
coloniales du passé et des
incidents éclatèrent entre des
rendu témoin et juge de
politiques du présent.
photographes amateurs et
l'effort de notre civilisation ;
des colonisés ; ceux-ci
«l'élan de la foule a répondu :
protestèrent qu'ils n'étaient
l'Exposition coloniale a restauré
point des objets de curiosité.
la noblesse de l'Europe».
Bilan matériel et moral de l'exposition Les militants de la cause
«elle n'aura été qu'une feria
Bientôt les augures du parti
coloniale furent, dans
colossale» si elle n'était
colonial se déclarèrent
l'ensemble, moins satisfaits.
partout continuée, si elle ne
franchement déçus. Le
Parce qu'ils avaient espéré
pénétrait pas tous les ordres
secrétaire général de la plus
que «la jeunesse française
d'enseignement.
puissante des associations
trouverait dans l'Exposition
coloniales privées, L'Union
l'enseignement qui a manqué
coloniale, affirmait en 1932,
aux générations
dans son rapport annuel, que
précédentes», ils
«l'Exposition coloniale avec
expliquèrent, plus ou moins
toutes ses merveilles qui
aimablement, qu'on avait trop
reflétaient l'existence réelle
sacrifié au pittoresque.
de nos richesses d'outre-Mer
L'Exposition n'avait pas été
a frappé l'imagination. Elle
assez éducative. Dans La
n'a point fixé dans les esprits
Dépêche coloniale, Rondet-
l'importance capitale de notre
Saint écrivait : «L'Exposition a
Empire. La colonisation reste
été une apothéose certes,
incomprise». Un économiste,
mais elle n'a pas revêtu dans
du Vivier de Steel,
son ensemble ce caractère
personnalité importante du
d'enseignement, de leçons de
parti colonial, avouait à ses
choses qu'on eût aimé
pairs : «Je dois dire qu'à mon
trouver en elle.» Pour le
sentiment, cette magnifique
président de l'Association
manifestation a plus instruit
sciences-colonies, Messimy,
la masse populaire,
Bilan matériel et moral de l'exposition naturellement sensible et
Telles étaient aussi - pourquoi
vibrante, que l'élite française
l'a-t-on caché ? - les
volontiers en défense contre
conclusions du maréchal
les nouveautés de la politique
Lyautey. Dans la préface qu'il
coloniale». Celle-ci avait
donna en 1932 au rapport sur
refusé de s'intéresser à la
l'Exposition, Lyautey, qui avait
complexité des problèmes
parlé en novembre 193 1 du
économiques et politiques
«succès inespéré» de
soulevés par la colonisation.
l'Exposition, précisait que le
L'intelligentsia française,
succès n'était que matériel ;
sommée de réfléchir aux
dans l'ordre colonial et social,
conséquences possibles
il en allait autrement : «À un
«d'une insurrection de l'Asie
an de sa clôture, l'on est en
jaune ou de l'Afrique noire ou
mesure de constater que si
arabe», pressée de trouver
l'Exposition a produit son
des solutions politiques à
maximum d'effet et atteint
l'hostilité latente des
ses buts d'éducation vis-à-vis
indigènes, était restée, selon
des masses et surtout de la
lui, indifférente.
jeunesse, elle n'a en rien modifié la mentalité des cerveaux adultes, ou ceux des gens en place qui n'étaient pas par avance convaincus.»
Affiche de P. BossĂŠ - 1931
La Publicité S'il est d'abord artistique et littéraire au début des années 1900, l'Orient en tant que discours trouve logiquement sa place dans l'imagerie et l'argumentation publicitaire. Certaines marques comme l'alcool de menthe Ricqlès ou le soda aromatisé Schweppes, qui contenait de la quinine, furent par exemple réputées efficaces dans la prévention du paludisme et par conséquent recommandées aux voyageurs dès le début du XIXe siècle, d'autant plus que la qualité de l'eau était l'un des problèmes majeurs qui se posaient aux voyageurs. Tous les produits qui utilisent l'imagerie
Cirage Nubien - 1897
orientale dans leur argumentation publicitaire n'ont pas cependant un lien aussi direct avec l'Orient. Ce sont plutôt les valeurs et les modes de vie liés au voyage que l'on cherche à leur associer.
Felix Potin, Chocolat - 1900
De nombreuses publicités se sont servies des hommes et femmes noirs comme support. On les retrouve pour mettre en valeur des produits exotiques (cacao, café, tabac, rhum, sucre…), dans des produits dont il est possible Années 1900
d’opposer
blancheur
et
noirceur
(lessive,
dentifrices, savons…) ou pour des produits tels que le cirage, le personnage principal étant de même couleur que le produit qu’il représente. Les publicitaires jouent également sur les contrastes entre technique et primitivité, civilisation et animalité.
L’esclave a longtemps été une image bienséante dans la publicité. Les champs de canne à sucre ou de coton d’une part, et les pantalons rayés rouge et blanc d’autre part, ont en été les symboles.
1895
1897
1904
Tôle émaillée-signées Ogé Caricature des quatres races
Ogé - 1906
Le savon, thème récurant Affiche représentant Edouard
Seule la France républicaine
Il esquive ainsi "l'étrillage"
VII, Guillaume II, Marianne,
échappe au traitement. Elle
qui aurait été de plus
Alphonse XIII, Nicolas II, le
est une plantureuse Marianne
mauvais goût. Dans sa
roi d'Italie, l'oncle Sam et le
en sabots. Souriante,
fantaisie satirique, Ogé
sultan Abdelaziz du Maroc.
rassurante, maternelle
désigne les impérialistes
même, elle prend un plaisir
européens attirés par le
Ogé détourne avec malice
évident à brosser un
Maroc, l'un des rares pays
l'actualité au profit d'un
personnage en mauvaise
africains à conserver son
produit marseillais de grande
posture dans un bac trop
indépendance. Plus que leur
consommation. On peut
petit. La mine décomposée, il
déchaînement, le
imaginer les réactions du
est savonné, brossé de la
caricaturiste suggère un
public se gaussant du casque
tête aux pieds contre sa
Maroc internationalisé, son
trop large du roi d'Italie, de
volonté. Autour du cou, en
blanchiment, son
la coiffure en pointe du
lettres capitales sur un
européanisation par l'Acte
Kaiser surmontée par un
carton, le mot:Maroc.
général signé à Algésiras le 7
sachet de lessive en poudre,
Le régime qu'Ogé applique
avril 1906, contraignant
ou raillant l'attitude
visuellement au Maroc est
l'Empire chérifien à accepter
enfantine, irresponsable, du
celui d'un "blanchiment" en
un protectorat de la France et
tsar de toutes les Russies.
règle.
de l'Espagne.
Vignette du Bon Marché vers 1910
La Bicyclette « SANCHOC » 1910 : Caricature du faciès, corps débridé emprunt de cannibalisme, slogan petit-nègre, cet africain ridicule bien que sympathique a été transformé en cycliste pour surprendre — rencontre du sauvage et du progrès — et pour démontrer la facilité
Edouard Bernard, vers 1910
d’utilisation du
Affiche du savon « La Perdrix »
produit.
(opposition noirceur/blancheur)
Réclames Coloniales L'iconographie publicitaire,
utilisant les caractéristiques
un "clin d'oeil" équivoque, qui
bien qu'elle ne soit pas
physiques des populations et
prime : l'Africain sert alors à
maîtrisée par le discours
des décors de l'Empire pour
vendre de la blancheur et
officiel, participe à la
authentifier sa marchandise,
l'efficacité de produits comme
construction de la mythologie
l'autre cherchant plutôt
le savon, la lessive ou le
coloniale. Même si de
l'exotisme, l'anecdotique, le
dentifrice ou, au contraire,
fréquents conflits les
sensationnel, pour valoriser
pour souligner la noirceur par
opposent, commerce privé et
un produit qui n'a que très
son identification à un produit
autorité publique partagent,
peu, voire aucun lien, avec le
comme le cirage.
sur le terrain, de nombreux
monde colonial.
Première utilisatrice
objectifs et intérêts. Aussi
Parmi les premiers, on
d'arguments réducteurs,
l'apparition des thèmes
retrouve notamment les
bénéficiant d'un redoutable
coloniaux dans l'iconographie
fabricants de chocolat, de
instrument pour les propager,
à usage publicitaire est
café, de tabac, ou les
la publicité, durant toute la
précoce, accompagnant la
négociants de fruits exotiques
période coloniale, a été l'une
conquête puis l'administration
telle la banane qui arborent
des grande pourvoyeuses de
de l'Empire. On distingue
l'image de l' "indigène" et
stéréotypes sur les
cependant deux typologies de
plus particulièrement celle du
populations colonisées et de
représentation. L'une
"Noir" comme icône.
visions fausses sur les
directement liée à des
Quand au second, c'est la
mondes exploités.
produits d'origine coloniale,
référence à un cliché,
Les
produits
à
base
de
chocolat, destinés en priorité aux
enfants,
sont
grands
producteurs
d'images
à
collectionner,
d'albums
à
compléter,
de
jeux
concours
divers.
et Les
stéréotypes du "bon Noir" couleur chocolat, du fidèle serviteur,
de
l'amuseur
y
dominent et s'incrustent dans l'esprit
de
générations consommateurs.
plusieurs de
petits Buvard pour l'amidon "Au Nègre", produit jusqu'au années cinquante. L'amidon est fait à base de manioc, et la colle de gomme arabique.
Dans « Blanchissez-moi tous ces nègres », paru en mars 2010, le journaliste franco-ivoirien Serge Bilé explore les origines sociales et historiques du blanchiment de la peau. Pour mieux lutter, explique-t-il, contre un problème sanitaire en forte expansion. Certaines publicités du début du XXe siècle qui feraient presque passer le célèbre « Y’a bon Banania » pour un modèle d’ouverture et de tolérance. La marque Lessive de la ménagère claironnait, par exemple : « Elle blanchirait un nègre ! », comme en écho au dicton populaire « À blanchir la tête d’un nègre, on perd sa lessive ! »
Savonnerie nationale de Genève en 1900
C’est d’ailleurs avec une affiche publicitaire du même acabit, éditée par la Savonnerie nationale de Genève en 1900 et représentant un Noir sortant ses mains devenues blanches d’un bac à lessive, que Serge Bilé a choisi d’illustrer la couverture de son essai.
Sur le plan iconographique, la première guerre mondiale constitue un tournant pour les représentations des colonisés, notamment ceux
1919
de l’Afrique subsaharienne. Le cannibale deviendra ainsi le soldat fidèle, tirailleur sénégalais, dont une des images les plus représentatives est celle de la publicité Banania. L’emprise de la France sur l’Afrique avait fonctionné, cette représentation nous apprenait que l’Empire avait dompté ses indigènes. 1924
Les tirailleurs étaient apparus pour la première fois lors du défilé du 14 juillet 1899, à Paris. Ils avaient été constitués en 1857 au Sénégal par Faidherbe. Baptisés ensuite la force noire ils devinrent rapidement le symbole de la réussite coloniale de la IIIème République. 1931
Le cas Banania Chocolat Banania : Née le 30 août 1915, cette publicité pour une boisson chocolatée remporte un immense succès. Le tirailleur au teint "chocolat" se distingue nettement du fond jaune (qui rappelle la banane qui rentre dans la composition de la boisson en poudre). Il incarne le personnage du bon géant aux traits grossiers, dont la force n’a d’égale que la simplicité. Il arbore fièrement la tenue traditionnelle du tirailleur composée d'une chéchia rouge au pompon bleu. Le slogan « y’a bon » reproduit le parler « petit-nègre ». Il faut attendre 1980 pour qu’il disparaisse des affiches au profit d’un visage stylisé toujours avec chéchia et arborant le même sourire.
Le cas Banania La campagne publicitaire La
tête
du
Pourquoi le tirailleur ? tirailleur
de
Pour
des
raisons
Pendant la première guerre
Banania ( qui pour l’occasion
commerciales, les arguments
mondiale
a été nommé Bamboula ) est
étant que la boisson apporte
subissent des pertes assez
une réussite publicitaire dont
force et énergie. L’énergie est
considérables. En effet, un
le succès s’étale sur plus d’un
symbolisée
tirailleur sur cinq ne reviendra
demi-siècle. Créée en 1915
jaune
par le peintre De Andreis, ses
banane.
multiples variantes déclinent
représentée par l’uniforme du
Malgré cela, quand on les
sur fond jaune ou sur fond de
tirailleur sénégalais, la « force
interroge sur leur condition
bananes, le visage familier
noire » venu aider la mère
militaire, ils répondent :
coiffé d’une chéchia rouge et
patrie.
« Y’a bon !».
par
qui La
la
couleur
symbolise force
la
les
tirailleurs
pas au pays.
sera
le pompon bleu, insignes du
C’est de la que le slogan de
tirailleur.
Banania a été tiré. Derrière
Elle sera stylisée par Hervé
cette réponse on peut voir
Morvan en 1957.
une motivation profonde :
A l’aube des années 1980, le
Celle d’être considéré comme
slogan disparaît, et l’artiste
Français.
Seikigushi stylise le tirailleur d’une simplicité telle qu’il ne reste que le sourire et les yeux.
Evolution du logo du tirailleur Sénegalais utilisé par les chocolats en poudre de la marque Banania
" Petit-nègre " et romans " y a bon " Le débat actuel qui
On connaît moins les
réexamine l'héritage de la
différents relais qui ont
encolure qui, assis sur une de
colonisation oublie souvent
construit ce stéréotype, avec
ses cantines renversées, fume
l'imaginaire linguistique
lequel ceux qui se sont lancés
nonchalamment un brûle-
qu'elle a construit. Il charrie
dans ce que l'on a appelé l'"
gueule noirci, il lui dit en style
pourtant bien des
aventure coloniale " ont
télégraphique - car ses
stéréotypes, le plus connu
débarqué sur ce continent, et
lectures lui ont enseigné que
étant peut-être le parler "
parmi ces relais toute une
les Noirs ne parlent qu'au
petit-nègre ", popularisé par
littérature d'aventures, qui a
mode infinitif - "Toi porter
le célèbre :
rempli d'images la
mes bagages à la douane,
" y a bon Banania ".
bibliothèque intérieure de ces
moi payer toi". " (Maurice
" fous d'Afrique ", comme les
Delafosse, Broussard ou les
appelle le journaliste Jean de
états d'âme d'un colonial.)
La Guérivière:
" En avisant un Noir de forte
« Petit nègre » et romans « Y a bon » C'est justement Maurice
C'est bel et bien le Noir - ou,
était proposé aux officiers
Delafosse, administrateur
d'une manière plus générale,
français pour leur permettre
colonial et linguiste (1870-
le primitif - qui a forgé le
de communiquer avec leurs
1926), qui publie la première
petit-nègre, en adaptant le
tirailleurs.
description linguistique de ce
français à son état d'esprit. "
On y lit notamment en vis-à-
fameux " petit-nègre ", dans
Et il finit son introduction sur
vis des traductions de
un ouvrage publié en 1904. Il
ces mots : " Si nous voulons
français standard à français-
l'appelle également " français
nous faire comprendre vite et
tirailleur :
tirailleur " par référence aux
bien, il nous faut parler aux
tirailleurs sénégalais, dont il
Noirs en nous mettant à leur
" Français standard : La
serait le jargon. Il décrit ce
portée, c'est-à-dire leur parler
sentinelle doit se placer pour
parler, qui se distingue par
petit-nègre. " Une telle
bien voir et se laisser voir.
l'usage des pronoms toniques
position a pu donner lieu à
et des verbes à l'infinitif,
bien des aberrations. Le petit-
Français tirailleur : Sentinelle
comme une " simplification
nègre s'est ainsi retrouvé être
y a besoin chercher bonne
naturelle et rationnelle de
l'objet d'un enseignement au
place. Ennemi y a pas moyen
notre langue si compliquée ".
sein de l'armée coloniale (on
mirer lui ; Lui y a moyen
" Comment voudrait-on qu'un
parlait plus pudiquement de "
mirer tout secteur pour lui. "
Noir, poursuit-il, dont la
français simplifié "). Il en
langue est d'une simplicité
existe un manuel, publié en
rudimentaire et d'une logique
1916, de type méthode
presque toujours absolue,
Assimil, qui permettait de
s'assimile rapidement un
rapidement connaître les
idiome aussi raffiné et
rudiments de ce jargon et qui
illogique que le nôtre ?
1875
1878
1881
1888
1890
1892
1894
1894
1895
1900
1900
1908
1908
1910
1910
1910
1913
1915
1917
1920
1922
1922
1922
1922
1927
1927
1929
« Petit nègre » et romans « Y a bon » Au sein de l'armée, il n'a
Cette campagne de réclame
succès et essayiste. L'un des
certes pas manqué d'officiers
s'appuyait sur la
ressorts comiques de ce
de bon sens pointant le fait
popularisation des tirailleurs
genre de romans est la mise
que dire toi y en a balayer la
sénégalais, dont les exploits
en scène de dialogues menés
chambre n'a rien de simplifié
guerriers furent magnifiés par
entièrement en " petit-nègre "
par rapport à la bonne vieille
la presse durant la première
:
tournure impérative: balaie la
guerre mondiale, et qui
chambre...
nouèrent des liens avec la
" Samba, comment s'appelle ton village ?
population civile lors de leurs
- Mon lieutenant, lui s'appelle Doundia, cercle de Kindia.
Mais l'aventure linguistique
hivernages méditerranéens, à
- Ça y a bon village ?
du " petit-nègre " ne s'arrête
Marseille, Fréjus, Nice et
pas là : le français tirailleur et
Menton. Outre un cliché
- Ah ! mon lieutenant, ça y a bon trop !
le personnage du tirailleur
publicitaire, ce personnage du
sénégalais intègrent bientôt la
tirailleur va devenir le héros
culture populaire française
d'une littérature coloniale,
hexagonale, avec le
écrite par des coloniaux,
lancement de la boisson
militaires ou fonctionnaires,
chocolatée " Banania " en
mais également le
1914. La mémoire collective
protagoniste de plusieurs
française garde ainsi l'image
romans populaires, que
Cette littérature peut faire
du visage hilare d'un Noir en
j'appelle romans " y a bon ",
sourire aujourd'hui. Il ne faut
uniforme de tirailleur, au-
dont le célèbre Mahmadou
pourtant pas en oublier
dessus du slogan " Y a bon
Fofana, publié en 1928 par
l'impact idéologique.
Banania ".
Raymond Escholier, écrivain à
- Toi y en a gagner papa, maman, là-bas ? - Pardon, mon lieutenant, mon papa et mon maman sont morts. Moi y en a gagné seulement mon grand frère. - Comment s'appelle-t-il ? - Lui s'appelle Bokari Kamara. Lui y en a bon trop. Lui y en a gagné trois moussos ! "
1930
1930
1931
1933
1935
1935
1937
1944
1945
« Petit nègre » et romans « Y a bon » Ces romans se trouvaient sur
reflet des stéréotypes
typifier des Africains (la
les rayonnages de la
langagiers et sociaux).
première version de Tintin au
bibliothèque de l'Ecole
L'expression apparaît ainsi à
Congo d'Hergé en est
coloniale (devenue, à partir
l'entrée " nègre " du Larousse
l'exemple archiconnu) que
de 1934, Ecole nationale de
du XXesiècle, publié en 1928,
des Indiens d'Amérique.
la France d'outre-mer), créée
avec cette définition: "
en 1889 et qui, surtout à
Français élémentaire qui est
stéréotypé proposé comme
partir de la fin de la première
usité par les Nègres des
exemple dans Le Petit Robert,
guerre mondiale, a formé les
colonies. "
qui repose sur une étrange
administrateurs envoyés dans
Mais le " petit-nègre " n'est
ambiguïté : " Moi pas vouloir
l'Empire français, en Asie ou
pas l'apanage des seuls "
quitter pays " (Le Petit
en Afrique. Ils attestent de la
Nègres " ou Africains.
Robert, édition de 1993). En
circulation d'un certain type
Progressivement, et avant de
effet, l'exemple du
de savoir et participent de la
prendre un sens dérivé de
dictionnaire (qui ne cite pas
construction progressive d'un
charabia, il en vient à
ses sources) n'est en rien un
imaginaire collectif colonial
qualifier toutes les variétés de
énoncé " naturel ", mais un
français.
français parlées par des
extrait d'une chanson d'Edith
D'une certaine manière,
peuples colonisés et apparaît
Piaf Le Voyage du pauvre
l'apparition du terme " petit-
dans des formes populaires et
Nègre (1939): " Moi pas
nègre " dans les dictionnaires
racistes de représentation de
vouloir quitter pays/Moi
français au tournant des
parler de " peu évolué " ou
vouloir voir le grand
années 1930 entérine ce
de " sauvage ", comme par
bateau/Qui crache du feu et
processus (on sait que les
exemple dans la bande
marche sur l'eau/Et sur le
dictionnaires sont un bon
dessinée, aussi bien pour
pont, moi j'ai dormi.
Autre emblème : l'énoncé
1947
1949
1950
1950
1950
1950
1955
1960
1962
« Petit nègre » et romans « Y a bon » / Alors bateau il est parti/Et
En 1952, Frantz Fanon,
termes: " Quoi toi y en a ? "
capitaine a dit comme
médecin et essayiste antillais,
et " Bonjour mon z'ami ! Où y
ça/Nègre au charbon il
dans son célèbre Peau noire,
a mal ?
travaillera/Monsieur Bon Dieu,
masques blancs, qui reste
vous n'êtes pas gentil/Y en a
une référence de la littérature
le coeur ? " et il notait: "
maintenant perdu pays. "
anticolonialiste, évoquait la
Parler petit-nègre, c'est
Preuve que rien n'est simple
façon dont certains médecins
exprimer cette idée: "Toi,
dans la survivance de ces
européens pouvaient
reste où tu es".
stéréotypes. Sans compter
s'adresser aux " indigènes "
qu'ils ont la vie longue.
noirs ou arabes en ces
Dis voir un peu ? le ventre ?
Cécile Van Den Avenne, Le Monde des livres du 9 Juin Chocolat Gaucher - 1935
2000
La Polynésie, (ici, une carte postale éditée par la marque de cirage : "Lion noir"), si son image est moins présente dans l'iconographie populaire, elle
véhicule
systématiquement
les
clichés de la vahiné, du bon tahitien, du paradis perdu : "La population indigène de race maori est
malheureusement
en
voie
de
disparition... elle se nourrit du fruit à pain et se pare volontiers de fleurs..."
Charles Brouty, annĂŠes 30
La Presse Le XIXème siècle est l’âge d’or du quotidien : on en compte 0.4 exemplaires pour 1000 habitants en 1788, vingt-cinq en 1867, soixante-treize en 1880, deux cent quarante quatre en 1914, soit dix fois plus qu’à la fin du Second Empire.
A côté de l’écrit, l’utilisation de la photographie, associant poids des mots et choc des images, fait le succès de l’Illustration, qui tire à 280 000 en 1914 et est couramment lu par les classes moyennes. L’image prend une importance nouvelle, avec la photographie et ses applications, telle la carte postale, qui supplante la vieille image d’Epinal.
Cette importance tient à l’ambivalence même de la photographie. Elle se présente comme une vérité, celle de l’objectif, et parait bannir l’arbitraire. C’est ce qu’explique un missionnaire, auteur d’un Album sur le Zambèze : « Bien que moins artistiques, les photographies sont dignes de foi ».
La France au Maroc Le Petit Journal, novembre 1911
Le petit Journal
Victoire Française au Sud AlgÊrien Le Petit Journal, 28 mars 1897 dos
Frontière Congo Cameroun - Le Petit Journal, novembre 1913 Français et les Allemands
L'exposition
de
1931,
si
elle
ne
déclenche pas de réelles oppositions, n'en donne pas moins l'occasion à la plupart des revues humoristiques de l'époque de déduire Blancs et indigènes aux
stéréotypes
habituels
:
anthropophagie, sexe débridé, paresse, grotesque...
Le Rire du 23 mai 1931
Du 22 au 29 mai 1930
Du 24 du 12 juin-1930
Les aventures de Tintin reporter au petit vingtieme Au Congo
Gouache réalisée en 1931 pour la couverture de la première édition de Tintin au Congo
Hergé dessine et écrit "Tintin au Congo" en 1930 et 1931. Il s'agit du second album des aventures du reporter. L'idée en revient à l'abbé Norbert Wallez, directeur du quotidien Le vingtième siècle où Hergé (alias Georges Remi) est embauché en 1925. Après avoir plongé Tintin en Bolchévie ("Tintin au pays des Soviets"), Wallez convainc le dessinateur de s'intéresser au Congo, l'unique, mais gigantesque colonie belge, un territoire 80 fois plus grand que celui de la petite métropole!
La colonisation du Congo fut
Berlin, en 1885. Le bassin du
tout à fait particulière, une
Congo lui est attribué à titre
des plus sauvages et des plus
personnel. Seul contrainte
singulières du continent. A
pour Léopold II, maintenir la
partir du dernier tiers du XIX°
liberté de navigation et de
siècle, le roi des Belges
commerce dans le bassin du
Léopold II songe à se tailler
Congo, pour les autres
un territoire au centre de
puissances européennes. Les
l'Afrique équatoriale. En
compagnies étrangères ne
jouant des rivalités entre les
peuvent obtenir de
grandes puissances
concessions qu'en passant
(Royaume Uni, Allemagne,
des accords avec Léopold II.
France), il parvient à ses fins à l'issue de la conférence de
Les aventures de Tintin reporter au Congo Hergé déclarera ainsi à
Il faut dire qu'Hergé est à la
de la grande guerre. D'autre
propos de l'album : « Pour le
fois catholique, nationaliste et
part, l'intense propagande
Congo tout comme pour
conservateur. Fidèle à son
coloniale commence à porter
Tintin au pays des Soviets, il
mentor, il affirme qu'il doit
ses fruits.
se fait que j’étais nourri des
tout à l'abbé Wallez, un
préjugés du milieu dans
personnage tonitruant, à la
lequel je vivais… C’était en
fois anticommuniste,
1930. Je ne connaissais de ce
antisémite et admirateur de
pays que ce que les gens en
Mussolini. Hergé concédera
racontaient à l’époque : "Les
qu'il était "fascistisant". Bref,
nègres sont de grands
sans être un fasciste lui-
enfants, heureusement que
même, le jeune Hergé gravite
nous sommes là !", etc. Et je
autour des milieux d'extrême
les ai dessinés, ces Africains,
droite nationaliste. Lorsque
d’après ces critères-là, dans
sort Tintin au Congo, en
le pur esprit paternaliste qui
1931, le système colonial
était celui de l’époque en
paraît à son apogée. La
Belgique. » Certes, il convient
même année, en France,
d'éviter l'anachronisme et il
l'exposition coloniale
ne s'agit pas d'exercer une
remporte un succès colossal.
justice rétrospective. Nombre
Les métropoles ont
de tenants de la colonisation
notamment pu mesurer
étaient pétris de bonnes
l'apport appréciable des
intentions.
troupes coloniales au cours
N° 25 du 18 juin 1931-complémentspages 124
ĂŠduquer
Juger pacifier
Soigner
Travailler
1931
Armée Coloniale
L'art d'aimer aux colonies. récit à caractère pornographique sous prétexte scientifique, publié en 1927.
Les troupes coloniales,
Les Français sont orientés
héritières des unités de
vers les zouaves et les
Marine créées sous
chasseurs, les indigènes
Colbert, ont été instituées
vers les tirailleurs et les
en 1900. Au lendemain de
spahis (à cheval). Pour les
la prise d’Alger en 1830,
premiers les carrières sont
des militaires français de
plus rapides qu’en
carrière forment avec des
métropole, au prix de
sous-officiers indigènes
l’éloignement et de
l’encadrement des
l’inconfort, compensés par
bataillons de supplétifs –
le goût de l’exotisme et de
souvent recrutés au sein
la domination. La conduite
des populations indigènes.
du commandant
L’Armée d’Afrique née au
Marchand, héros de
cours de ce premier acte
Fachoda (1898) symbolise
du renouveau colonial
l’engagement de la
français occupe une place
Coloniale pendant la
à part dans les troupes
Première Guerre
coloniales.
mondiale.
J-L. Beuzon - 1930
G. Scott - 1930
L. Favet - 1930
La victoire et l’octroi à la France de
nouveaux
administrer
territoires
renouvellent
à le
sentiment de puissance. Chez les indigènes, le manque de reconnaissance
collective
de
leur sacrifice sur tous les fronts (Marne, Verdun, Chemin des Dames) a déçu les espoirs d’autonomie
et
sans
favorisé
une
rébellions
armées.
menaçante
a
doute
vague La
provoqué
de plus la
guerre du Rif, au Maroc, dans laquelle
la
France
est
intervenue en 1924 et a vaincu Abd el Krim en 1926. G. Scott - 1930
Maurice Toussaint - 1938
Sergent, troupes coloniales belges, 1943 A partir de juin 1940, des éléments de la Force publique du Congo belge combattent aux côtés des Alliés.
En négociant l'armistice,
En revanche, c'est bien
en 1940, les Français
en Afrique et au
ont réussi à convaincre
Maghreb que la France
les Allemands de leur
combattante amorce sa
symboles de l'ouverture en terre
laisser une forte armée
revanche.
exotique. Le jeune dans sa tenue de
coloniale et d'Afrique
Cette affiche comme la plupart des affiches coloniales, reprend les
guerre portée en métropole, est guidé
afin de se protéger des
La propagande de Vichy
appétits Anglais.
prépare à celle d'Alger
par l'ancien en grande tenue blanche, vers des horizons paisibles. Toutefois, leurs regards déterminés vers un
un an plus tard. Avec l'éloignement de l'Indochine et la perte graduelle de l'Afrique
même objectif soulignent également la
équatoriale, ce sont
volonté d'action ainsi que la mission de
maintenant des
ces hommes, trait commun à l'ensemble de ces affiches.
paysages désertiques qui accompagnent le soldat d'infanterie coloniale, une sorte d'hérésie puisqu'il n'est pas destiné à y servir.
Engagez-vous rengagez-vous dans les troupes coloniales. - Georges Dutriac 1930
1. En 1830, les Français ont pris Alger. Ensuite ils firent la conquête de l'Algérie. Il y eut beaucoup de batailles. À Mazagran, cent vingt-trois Français ont été vainqueurs de douze mille Arabes
Les Enfants
La mise en scène de l'Empire ainsi que de la métropole elle-même offre, comme pour celle destinée aux adultes, un Protége cahier des années 50. récit à caractère pornographique sous prétexte scientifique, publié en 1927.
miroir par lequel le "blanc" se complaît à regarder son "oeuvre" aux colonie. En raison de son âge, de son esprit malléable, de son engouement pour
l'aventure, la jeunesse est une cible privilégiée à laquelle on propose une stratégie savamment élaborée.
Abécédaire - 1930
L'école
L'école constitue bien évidemment un relais privilégié. Les manuels scolaires diffusent des idées très simples et donc facilement assimilables avec une étonnante fixité de l'argumentaire. Les cartes géographiques reproduisant l'étendue de l'Empire mais aussi et surtout les images d'Epinal,
les bons points et autres images de récompense, les protège-cahiers, les planches photographiques pédagogiques, les concours ou encore les films documentaires et même les jouets servent à véhiculer l'idée impériale au même titre que les petits musées scolaires comportant des échantillons de produits
coloniaux délivrés par l'Agence de propagande officielle. L'édition et la presse sont également mises à contribution.
Face à une telle production propagandiste, peu d'opposants se manifestent pendant ces années pour dénoncer l'entreprise coloniale.
Géographie Illustrée Cours élémentaire Années 1930
3, Un Français, Brazza, a conquis sans batailles de grands territoires au Congo. Il a délivré des esclaves et fait beaucoup de bien dans le pays.
HISTOIRE Les Les conquêtes conquêtes de de la la France France
Chap. 22 de l'Histoire de France Chap. 22 de l'Histoire de France E. Lavisse (1929) E. Lavisse (1929)
cours coursélémentaire élémentaire
Dans beaucoup de pays
Ces malheureux s'appellent
d'Afrique habités par les
des esclaves. Un esclave
nègres, il y a des marchés où
appartient à l'homme qui l'a
l'on vend des hommes.
acheté, comme une bête
Celui qui les achète les
appartient à son maître.
attache deux par deux, l'un derrière l'autre. Ils ont le cou
L'esclavage est donc une
3 - La bonté de la France
serré dans un collier ; leurs
chose abominable. Aussi la
Vous avez vu des marchés,
jambes sont liées l'une à
France ne veut pas qu'il y ait
où l'on vend des chevaux, des
l'autre par une corde. Ils
des esclaves dans les pays
vaches et d'autres animaux.
peuvent marcher, mais ils ne
qu'elle possède.
peuvent pas courir pour se sauver.
Regardez l'image. Vous y
Cela voulait dire que ce pays-
Et vous voyez que l'on enlève
voyez un homme debout près
là appartenait à la France.
aux esclaves les colliers qui
d'un drapeau. Cet homme est
Un jour où le drapeau fut
emprisonnent leurs cous et
un Français qui s'appelle
hissé près d'un village du
les cordes qui lient leurs
Brazza. Il porte des
Congo, une troupe d'esclaves
jambes. Deux de ces pauvres
vêtements tout blancs et un
passa. Brazza la fit arrêter et
gens qui viennent d'être
chapeau en liège, recouvert
il dit : "Partout où est le
délivrés sont si joyeux qu'ils
de toile blanche. Deux autres
drapeau de la France, il ne
font des cabrioles.
Français sont vêtus de la
doit pas y avoir d'esclaves".
même façon. C'est à cause de
Cela prouve encore que la
la grande chaleur qu'ils sont
France est bonne et
ainsi habillés.
généreuse pour les peuples qu'elle a soumis.
Brazza fut un homme admirable. Il voyagea dans un grand pays d'Afrique appelé le Congo. Il ne fit pas de mal aux habitants. Il leur parlait doucement, et leur demandait d'obéir à la France. Quand ils avaient promis, il plantait par terre une grande perche, en haut de laquelle on hissait le drapeau français.
GEOGRAPHIE
Geographie cours élémentaire - 1934
Géographie (1947 )cours élémentaire (dessins de René Bresson
Première Géographie documentaire Le Sahara Illustrations d' André Chanson - 1948
Première GÊographie documentaire - 1948
L'Afrique en 1895 – En blanc les zones inconnues
Géographie (Première édition) - Illustration de Jean Chaperon - 1936
Géographie (Première édition) - Illustration de Jean Chaperon - 1936
Première Géographie documentaire – Les Habitations - 1948
Mon premier livre de GÊographie – Le Soudan - 1957
Le français au C.P.2
Géographie des petits
les classiques africains Illustré par René Bresson - 1965
H. Filloux, vers 1950 Illustrations de R. Bresson, Les éditons de l'Ecole
Les Pauwnies ROMANET (éditeur) Millésime création/exécution : 1877 - 1907
Album de vignettes à coller édité par le chocolat Cémoi en 1930. Dans celui dédié à l'Algérie (ci-dessous), la préface précise : " Conquerir l'Algérie c'était autre chose. En faire ce qu'elle est aujourd'hui, voilà le miracle que nous pouvons avec fierté montrer au monde..."
Séduire les enfants Un soin particulier est apporté aux images et discours diffusés auprès des jeunes enfants et adolescents français afin de les imprégner de l'idée coloniale porteuse de valeurs comme l'ordre, l'obéissance et, de manière subjective, de la supériorité de la civilisation occidentale.
La mise en scène de l'Empire
la jeunesse est une cible
ainsi que de la métropole
privilégiée à laquelle on
elle-même offre, comme pour
propose une stratégie
celle destinée aux adultes, un
savamment élaborée.
miroir par lequel le "blanc" se
Les propagandistes estiment
complaît à regarder son
que convaincus dès leur
"œuvre" aux colonie.
enfance des attraits du fait
En raison de son âge, de son
colonial, ces futurs électeurs
esprit malléable, de son
s'en feront à leur tour les
engouement pour l'aventure,
chantres.
Album « Tapiocat Louit », années trente , ce sont des vignettes à découvrir dans chaque boîte du produit et à collectionner dans un album qui va "servir à l'instruction des jeunes français".
Il s'agit d'une stratégie à
les garçons, on évoque
long terme qui utilise la
l'aventure coloniale, les
pédagogie à travers des
explorateurs, les grands
campagnes de promotion
travaux.
réalisées en fonction de l'âge et du sexe des enfants et de leur supposé intérêt. Ainsi pour les filles, on insiste davantage sur les "oeuvres" d'assistance alors que pour
Séduire les enfants pédagogiques, les concours ou encore les films documentaires et même les jouets servent à véhiculer l'idée impériale au même titre que les petits musées scolaires comportant des échantillons de produits coloniaux délivrés par l'Agence de propagande officielle. L'édition et la presse sont également mises à contribution. Face à une telle production propagandiste, peu d'opposants se manifestent pendant ces années pour dénoncer l'entreprise coloniale.
Durant l'entre-deux guerres, la plupart des marques alimentaires pour enfants proposent de tels albums de voyage où les colonies figurent en première place
Pages suivantes, la série Colonie Française offert par les « cafés Gilbert » dans les années 30.
La Nouvelle-Calédonie est régulièrement présentée comme l'île du nickel ou des derniers cannibales : les Canaques; la Guyane, un espace insalubre et inhabité, une terre de bagne et d'aventuriers, tels ces orpailleurs sur la vignette des cafés Gilbert, vers 1930.
Chocolat Cantaloup Voyage autour du Monde
BeautĂŠs Africaines
Album Chocolat Eclair Les Races Humaines
Nestle
Chocolat Miliat Les Habitations-1933-1934
Jeux La Tunisie - 1931
Diorama orient - 1919
Petit bricolage - 1932 scène arabe
MaKoKo tire la langue - 1936
Tartarin Ă la Chasse au Lion 1935
Au Pays des KoKoPaKui 1937
La chasse des explorateurs - 1937
PhilatĂŠlie
1930