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E R I A M M O S oig Tém ner, c’e s
Témoins aujourd’hui
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Mille questions pour une ville Reto Gmünder pasteur
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Q
« PETIT À PETIT LES » COLLABORATIONS SE NOUENT
UI EST MADONNA ? De combien d’eau un être humain a-t-il besoin ? Ces deux questions, parmi de nombreuses autres, ont
servi de tremplin à des activités proposées dans le cadre de la deuxième nuit biennoise des mille questions, en septembre 2008. Parmi les organisateurs, Reto Gmünder est pasteur de l’Eglise réformée. Son poste d’animateur de paroisse comporte un volet orienté sur les distancés de l’institution. Mais il s’empresse d’ajouter : je ne fais pas de racolage pour ma paroisse. La nuit des mille questions n’est pas une activité d’Eglise ! Comment il justifie sa présence ? « Ce qui m’a toujours intéressé dans le message chrétien, c’est sa gratuité et son engagement pour le prochain plutôt que le besoin d’affirmer une Eglise ou une communauté. La spécificité de ma contribution est justement celle-ci. Contrairement à beaucoup d’autres, je n’ai pas d’agenda politique ou économique. » Pour souligner encore la chose, il précise que, lors de l’événement, les activités organisées dans un but intéressé – le recrutement de bénévoles par exemple – ont rencontré les échos les plus mitigés. Reto Gmünder ne veut pas non plus nier son identité. Lorsqu’il a été question de financer le cube – symbole de la fête - par un sponsor, il s’y est opposé. « Je me suis senti très réticent à vendre un symbole. Comme si j’étais, en quelque sorte un marchand du temple ». ✱
Un temple dans la ville Blaise Menu pasteur
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P « CONTRAIREMENT À BEAUCOU A D’AUTRES, JE N’AI PAS D’AGEND » POLITIQUE OU ÉCONOMIQUE.
E ME SOUVIENS DU PROPOS INATTENDU DE JEAN ZIEGLER, membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, il nous a dit “Relisez le sermon sur la montagne, tout est dit “. J’en suis resté bouche bée.» le pasteur Blaise Menu fait référence à l’une des nombreuses rencontres de midi trente qu’il anime depuis bientôt une année à l’Espace Fusterie de Genève. Et d’évoquer encore ces Arméniens qui voulaient à tout prix exprimer à cet endroit leur reconnaissance à l’égard des Genevois, pour leur soutien lors du séisme qui a frappé leur patrie il y a vingt ans. « Il est encore trop tôt pour faire le bilan, et même si j’avance avec précaution et que les présences quotidiennes sont astreignantes, je suis encouragé par cette nouvelle expression de l’Eglise au coeur de la cité ». Depuis avril 2008, le temple de la Fusterie, à proximité immédiate de la prestigieuse rue du Rhône, s’est mué en « Eglise ouverte ». Le culte hebdomadaire est devenu une offre parmi de nombreuses autres. Concerts, expositions, espace de discussion, prière de Taizé et conférences instillent une vitalité créative à ces pierres presque tricentenaires. A l’image de ces églises
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ouvertes qui fleurissent dans les villes alémaniques, l’Espace Fusterie se conçoit comme une vitrine de l’Eglise en prise avec l’actualité, destinée à amorcer la curiosité de l’homo citadinus. L’offre est explicite, mais non agressive. « Si nous voulons inviter les gens à entrer, ce n’est pas pour refermer la porte sur » se
2 ≠ Edito: Ringard, la foi ?
26 ≠ L’inconfort du témoignage
3 ≠ Pourquoi témoins aujourd’hui
28 ≠ Faut il redevenir chrétien ?
4 ≠ Profession : aumônier dans l’armée suisse
défend le pasteur. Pour lui, l’évangile se dit dans la qualité relationnelle, la variété des partenariats et la disponibilité, comme
5 ≠ Prier pour patienter
parfois dans la provocation : « J’aimerais que l’accroche soit
encore plus forte, par des affiches qui proclament par exemple de manière polémique “DIEU EST INUTILE “. Je suis certain que cela déboucherait sur des échanges intéressants. Mais ce n’est pas simple d’approcher les gens qui sont simplement assis sur les marches du temple : pour leur dire quoi ? » Petit à petit les collaborations se nouent avec une librairie, des conservatoires de musique, un groupe de prévention sida, et la reconnaissance sociale s’installe. Bien entendu, le calvinisme omniprésent à Genève en cette année de commémoration s’invite largement dans cet espace sobre, esthétique et convivial. ✱
6 ≠ L’Evangile sous chapiteau
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Hetty Overeem pasteure
LE CHEMIN EST LE BUT
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A VOIX CLAIRE AUX ACCENTS HOLLAN�
DAIS SONNE COMME UN APPEL. L’invitation à la rencontre résonnera durant trois ans, chaque week-end dans tous le pays de Vaud. Partie le 3 mai de Crêt-Bérard, la pasteure Hetty Overeem, accompagnée de son âne speedy et de son chien Barou , se met à l’écoute de la population. L’Eglise réformée se méfie de tout prosélytisme, dit-elle, mais elle a peu d’alternative à offrir. La pasteure, dont
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les talents d’écoute s’exercent depuis de nombreuses années notamment en prison, s’emporte presque : si l’Eglise ne veut plus être inventive dans sa manière
de proposer l’Evangile, elle est à côté de la plaque ! Le soutien de l’Eglise montre que les choses sont entrain de changer. Cela me réjouit beaucoup. Au gré des rencontres, elle se déplacera d’une dizaine de kilomètre au plus chaque semaine. Pour l’hiver, elle cherche un lieu fixe pour établir un ermitage. Au programme : trois offices et trois repas quotidiens à partager. Tout le reste est affaire de hasard ? Elle préfère nettement dire, non sans un brin d’angoisse, qu’elle se laisse guider. � ✱
«LES GENS, ONT SOUVENT NULS» LE SENTIMENT QU’ILS SONT
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EN QUELS TERMES DÉCRIVEZ�VOUS VOTRE PROJET ? Aller à la rencontre des gens là où ils sont. Provoquer des discussions sur Dieu si les gens sont disposés à le faire. Je serai là pour l’écoute aussi. La roulotte permettra d’avoir des entretiens plus confidentiels. VOUS ÊTES PARTIE D’UN CONSTAT SUR L’ABSENCE D’ÉVAN� GÉLISATION ? Pas du tout ! C’est lors d’une prédication qu’un texte biblique m’a violemment bousculée… le mot « jeûne » qui m’a fait tilt. J’ai donc fait une retraite sur le jeûne.. et me suis rendue compte que la démarche va beaucoup plus loin que la privation de nourriture. Ce sont surtout nos fausses images de Dieu, de nous-même et des autres dont il faut jeûner. J’ai très envie de partager cela. La rencontre, en France, d’un nomade, a fait mûrir cette idée, avec ce slogan : le chemin est le but. Je crois que les gens ont très envie de parler de Dieu, mais pas du tout envie d’entrer dans une Eglise. Le plein-air est propice à des rencontrer qui laissent totalement libre.
Les gens, ont souvent le sentiment qu’ils sont nuls, qu’ils n’ont pas de valeur, rien à apporter sur terre. Ils ont une image paternelle de Dieu
gile dit autre chose sur Dieu ! VOUS VOULEZ REMETTRE LES GENS SUR LES BANCS
continuer à cheminer. Les formes sont multiples. Il n’est pas évident de les envoyer d’office à la paroisse locale. J’ai déjà cette difficulté aujourd’hui à la Cascade (lieu d’écoute que Hetty Overeem anime). Ce qui me ferait très envie, c’est de les inviter à l’ermitage en hiver, pour poursuivre de manière plus communautaire et régulière. ✱
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Les Eglises de Suisse en mission ACQUES MATTHEY, DIRECTEUR DU PROGRAMME MIS� SION AU COE, propose un regard en cinq points sur la mission
d’aujourd’hui. Il redonne un sens actuel à des notions clé qui ont nourri, porté et illustré le témoignage de l’Evangile.
ANSMETTRE TR L’EVANGILE AUJOURD’HUI
u EVANGÉLISATION Il est important de retrouver le goût de proposer l’Evangile dans les lieux où il n’est pas (ou mal) connu ou vécu. Il s’agit de retrouver la dynamique de la communication vers « l’extérieur », celle qui pousse à aller là où les personnes se retrouvent (comme Jésus dans Matt 9 :35, toutes les villes et les villages) plutôt que de les attendre dans « nos » lieux : on peut penser aux media, Internet, aux stades, lieux de consommation, etc. Apprenons à nouveau à dire l’essentiel de notre conviction, du message qui nous porte, et cela de manière pertinente et attractive, sans faire abstraction de son caractère religieux. Il faut défendre l’originalité de l’Evangile dans et pour le monde – puis laisser croître. Rappelons-nous quand-même que pour qu’une semence puisse croître, il faut qu’elle ait été semée.
JACQUES MATTHEY directeur du programme Unité, Mission, Evangélisation et Spiritualité COE
Je me permets de souligner un point où il y a débat d’interprétation entre confessions chrétiennes : en effet, s’il y a une tradition à laquelle nous nous référons, il y a par la force des choses un élément d’objectivité dans le message à transmettre. Enfin, il faut souligner qu’il ne saurait y avoir d’évangélisation digne de ce nom sans communauté de référence. C’est aussi ce que nous avons essayé de dire et vivre lors de la conférence missionnaire mondiale de 2005 à Athènes .
T É M O I N
36 ≠ Transmettre l’Evangile aujourd’hui 39 ≠ Recherche de vérités ou de La vérité? 40 ≠ Missionnaire ou humanitaire 42 ≠ Pour poursuivre…
11 ≠ Un témoin de Madagascar
44 ≠ Témoins d’aujourd’hui
12 ≠ Témoigner sans culpabiliser
45 ≠ Comment être témoin ? Des outils pour vous.
14 ≠ Raconter pour questionner
46 ≠ Coupon contact
15 ≠ Notre programmation est résolument tournée vers l’espérance 16 ≠ Le chemin est le but 18 ≠ Croire en politique
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34 ≠ La mission par les Eglises
10 ≠ Une pasteure face au sida
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30 ≠ Le Suisse en quête de réponse
D’EGLISE ? Pas nécessairement ! Ce qui compte c’est qu’ils trouvent un lieu où
Des de nez en nez. de main en main, Certes, la puanteur et subtil qui passe SUR LE ent sur les visages. de PARFUM DÉPOSÉE sourires réapparaiss réanime le courage ce jour-là NE GOUTTE DE ce parfum de fleur sur les personne arrivant demeure, mais voici qui repart POIGNET de chaque ainsi répanassemblée et la et de Dans cette odeur la communauté des gestes de tendresse pas au culte paroissial. vie pour y offrir dont la Bible n’a ressuschemins de la Au nom du Christ récit de cette femme interpelet de solidarité. due, lecture du continue à nous travers des siècles paix, de justice mais dont le geste comme ses témoins au avec désigné l’a retenu le nom elle Jésus, cité. En communion du parfum sur sur les de la terre. ce ler : en versant tant sur Dieu que et jusqu’aux extrémités de Suisse romande, parole de vérité compris comme paroisse réformée le porteur d’une fidèles aussi une de sera dans poignée Vécu coup, son geste associait une petite humains ; après . Ce geste, politiquela Bible (Héparcours liturgique ant des funérailles » évoquée dans suscite le rite accompagn « nuée des témoins ement coûteux, responsabilité grande la la de à économiqu et n de y retrouvait l’essentiel ment dangereux et l’approbatio breux 12.1). On personnes présentes le monde Christ. l’indignation des l’Evangile dans des textes des témoins du où sera proclamé a nourri de la méditation reçue d’elle, ce qu’elle Jésus : « Partout Un travail de mémoire que la parole aussi, en souvenir de poésie pour entier, on racontera travail bibliques. Un travail nous-mêmes. Un plus intime de fait. » (Marc 14.9) une odeur de pain membres nous rejoigne au liens entre les histoire est évoquée, pour tisser des Alors que cette pétri par les enfants ce qui les de communion dans l’église, pain té et faire apparaître de Jésus, et chaud se répand travail de le dernier repas d’une même communau et d’ailleurs. Un Pain rappelant Repas pris croyants de hier de la paroisse. inspirés de avant celui-ci. relie à d’autres d’autres repas et nos gestes soient et de toute rappelant aussi à jamais pour que nos mots demeure gens de tout horizon prière de qui Dieu des garants vie offerte par par Jésus en compagnie la dynamique de en mission. suscitant la réprobation repas vécus qui nous envoie réputation, repas chréreligieuse, insaisissable et de la tradition fois que la mission et un par public chaque : annoncé de l’ordre emprise Mais soyons attentifs e du monde et du festin des nations à tous conquête impérialist comme avant-goût de l’univers offrira tienne devient de leurs traditions, : « Le Seigneur de vins des individus déracinés fois qu’un appel à lointain prophète grasses arrosé maléfique sur Chaque banquet de viandes bonne nouvelle. les peuples un n de biens et elle cesse d’être d’une confiscatio odeur s’accompagne fins. » (Esaïe 25.6-8) Ces dédans les rangs, on. conversion circule la manipulati de vinaigre la de dignité, il devient Puis une coupe agonisant sur audace, d’une privation accordée à Jésus et d’y résister avec vinaigre, de les dénoncer âcre de cette boisson , à cause de ce rives, il importe dans l’assemblée s, de de l’Evangile ! croix. Grimaces e, de souffrance au nom même porteurs d’un parfum ces temps d’amertum et Christ, c’est être à cause aussi de subir. Etre témoins du ion. Parfum subtil faut trop souvent une réconciliat qu’il par de et dans justice d’injustices t absorbées vie, parfum de sont maintenan lèvres et le courage charle sourire sur nos Ces odeurs mélangées non pas celle des Parfum de vie, léger qui ramène Odeur de la mort, recevoir et à partager. guerre d’ici ou à de son nouvelle odeur. Parfum champs nos cœurs. par le souffle de côtoient sur les de mort du Christ et porté niers que certains jamais, mais odeur habité de l’histoire les marquent à et autres déchets d’ailleurs, et qui caoutchouc Esprit. puanteur de gravité de ce quand même : ressent ainsi la piquent, et l’on soit autrefois à brûlés. Les yeux supplice que ce de lieux des Odeur envahissan qui se passe sur dans le monde. mot… Jaques Küng Golgotha ou aujourd’hui avoir le dernier la violence pouvait léger secrétaire général de DM-Echange et Mission te, comme si seule une rose au parfum rose est offerte, Mais voici qu’une
T É M O I N
9 ≠ Un temple dans la ville
erronée : moralisateur, absent, ou encore gentil et insipide. Cela ne correspond pas à Dieu. Je ne vais pas jouer le « gourou », mais l’évan-
EN MISSION 24
8 ≠ Mille questions pour une ville
VOUS AVEZ DIT � FAUSSES IMAGES DE DIEU � ?
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Parfum de vie
7 ≠ Le chant comme outil de rencontre
29 ≠ Témoins d’aujourd’hui
v EGLISE Le Christ n’a pas seulement appelé des personnes individuelles à le suivre, il a réuni un groupe autour de lui (les « 12 ») représentant un peuple nouveau. Il y a là une question d’interprétation à laquelle il faut être attentifs : est-on humain seul ou comme partie d’une communauté ? Selon l’anthropologie à laquelle on se réfère, nous interprétons différemment le lien entre disciple et Eglise. Il y a là un débat important entre cultures et entre confessions chrétiennes. Pour ma part, je souhaite insister sur l’importance du corps constitué qu’est l’Eglise. Dans un monde et une société fragmentés à l’extrême, l’Eglise comme « corps du Christ » est appelée à renvoyer, par son existence même, à la rupture du mur de séparation rendue possible en Christ, et donc à la réconciliation (cf. Ephésiens). L’unité et la catholicité du nouveau peuple de Dieu font partie intégrante du message et ne sont pas une simple conséquence de choix personnels. Dans un monde où l’injustice est croissante, cette unité se manifestera aussi par un partenariat qui implique un partage du pouvoir entre Eglises du nord et du sud. Or, nous sommes obligés de constater que les évolutions dans la politique de développement actuelle vont vers une concentration du pouvoir au « nord ».
w GUÉRISON Dans les relations entre cultures, il y a débat entre ceux et celles qui conçoivent le monde comme influencé par des forces spirituelles multiples, bienfaisantes ou malfaisantes, et ceux ou celles qui estiment qu’il faut démythologiser ces conceptions pour ne prendre
19 ≠ Un rôle de pionnier 20 ≠ Parfum de vie 22 ≠ La foi et les mots 23 ≠ Témoin de pub 24 ≠ De la Suisse au Mexique
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25 ≠ Du Rwanda en Suisse
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EDITO
Pourquoi Témoins aujourd’hui ?
Ringard, la foi ?
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voir ou ne pas avoir la foi, telle n’est pas la question. L’essentiel, c’est qu’aujourd’hui nous vivons, et qu’un jour, nous mourrons. Vivants, nous aspirons à vivre debout. Debout sur nos jambes, bien sûr ; mais aussi debout dans notre tête et notre cœur, debout dans nos relations, nos projets, nos questions, debout dans notre courage. Vivants, nous faisons l’expérience d’être enfermés. Enfermés par des maladies ou des injustices, enfermés dans les idées que d’autres plaquent sur nous ou dans nos préjugés, traditions et habitudes, enfermés dans des violences subies ou commises. Il est des manières de vivre la foi qui relèvent de l’enfermement. Ces manières sont à critiquer, sans complaisance. Il est des manières de recevoir l’Evangile comme une parole capable de nous rejoindre dans nos enfermements et de nous appeler à être debout, malgré tout. Debout dans notre vie. Debout avec les autres et devant Dieu. Cette Bonne Nouvelle, elle est à déchiffrer dans les récits, prières, conseils, exhortations, questions, expériences de vies transformées, dont la tradition biblique est porteuse. Récits parfois traversés de violence qu’il ne faut pas nier ; mais aussi récits de justice et de paix qui peuvent nous inspirer. Histoires de vie souvent menacées d’enfermement,
Quel est le sens de la vie ? Cette question, mille fois posée et débattue, brûle, au cœur de l’être humain. Penseurs, artistes, savants, mages, théologiens cherchent à y répondre et à proposer des pistes à l’humanité en recherche. Dans un monde en crise, cette quête prend plus d’acuité encore : c’est lorsque l’être humain est déstabilisé, fragilisé, attaqué, qu’il a le plus besoin de réponses spirituelles. C’est alors qu’il a le plus besoin d’être aimé. L’Eglise - communauté des croyant-e-s et corps du Christ - veut et doit partager l’amour qu’elle a reçu de Dieu. Elle est en mission, en mission d’amour. Le document que vous tenez entre vos mains « Témoins aujourd’hui : actes et paroles 2009 » veut être un miroir de la mission actuelle, ici en Suisse et dans le monde. Un miroir dans le double sens de ses propriétés de réflexion. Premièrement, une contribution pour réfléchir à la mission, à son sens, à sa réalisation, à son impact. Deuxièmement, une image - colorée et multiple de l’Eglise en mission, des portraits d’hommes et de femmes qui témoignent et s’engagent en actes et en paroles. Un état de la mission destiné à toutes celles et tous ceux qui souhaitent faire le point, être interpellés, trouver des pistes pour leur propre engagement.
histoires de vie souvent traversées d’un Souffle de renouvellement. En travaillant ces textes, et en les travaillant avec d’autres personnes qui les travaillent ailleurs et autrement, nous découvrons que la foi devient chemin, aventure, dialogue, action de justice et de paix. La foi dit un mystère et vit d’une confiance. Elle n’est pas assurance tout risque et n’a pas réponse à toutes les questions. Elle nous inscrit dans une histoire, elle écrit une communion, elle ouvre un avenir. La question n’est pas d’avoir la foi, mais de devenir témoins de vie aujourd’hui, à la suite de l’homme de Nazareth, dans l’élan de son Esprit et par la grâce de Dieu. Témoins en mission : vous en êtes ?
Bertrand Quartier responsable communication à DM-échange et mission
Jacques Küng secrétaire général de DM-échange et mission
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Profession : aumônier dans l’armée suisse
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e capitaine Jean-Marc Savary est le premier aumônier professionnel engagé par l’armées suisse. Il partage son temps avec un ministère pastoral spécialisé auprès des jeunes au sein de l’Eglise évangélique réformée vaudoise. Le brigadier Dominique Andrey, ancien chef du personnel de l’armée et acteur de cette révolution, ne tarit pas d’éloges sur le mérite de ces spécialistes de l’humain. Sans dévaloriser le travail des services sociaux ou psychologiques de l’armée, il souligne la pertinence du travail des aumôniers : « Je suis persuadé
qu’une dimension spirituelle donne une vision à plus long terme et une perspective plus large qu’un coach ou un psychologue. L’aumônier apporte la notion d’espoir. Il permet de faire cette relation entre le sens de la vie et la notion de service armé. C’est possible, si l’on se souvient que l’armée a pour but de préserver la vie, de protéger une population ».
Prier pour patienter
«
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ello Sister ! » Au son de la voix qui sort du portable, le visage d’Anne-Madeleine Reinmann s’illumine : « C’est un prêtre orthodoxe érythréen qui a déserté l’armée et vient de recevoir son permis B. Il va tenter de faire venir sa famille en Suisse. » Soulagement. Parfois, les choses tournent bien. Le plus souvent, les requérants d’asile sont déboutés, parfois incarcérés, en attente d’un renvoi. Pour beaucoup, la rétention dans l’enceinte de l’aéroport dure deux mois. « Ils tournent comme des lions en cage et sont très angoissés », explique l’aumônière de l’Église protestante genevoise. « Avec l’équipe œcuménique de l’aumônerie, nous passons
beaucoup de temps à les écouter et les mettons rapidement en lien avec ELISA, une association qui offre une aide juridique. » Quant à sa contribution spirituelle, elle résume : « Ils apprécient beaucoup que je prie pour eux. Quelquefois, je leur donne une carte téléphonique, une crème hydratante, une bible ou un coran. Un homme presque aveugle réclamait des messages bibliques en anglais sur cassette. A l’écoute, son comportement agressif s’est apaisé. Je les invite à compter sur leurs ressources et sur l’aide de Dieu, pour trouver le courage de vivre cette expérience. » ✱
Un vis-à-vis de qualité D’ordinaire, l’aumônier reçoit des demandes concernant des impératifs religieux – par exemple, des temps de prière pour les musulmans – mais aussi des entretiens qui touchent à toute problématique existentielle, personnelle ou familiale. Par son aspect retiré des réalités de la vie civile, l’armée donne souvent aux jeunes recrues l’occasion de réfléchir à leur quotidien. Bien entendu, le capitaine pasteur est aussi là en temps de crise. Il assure les services funèbres et accompagne les proches lors de drames. La tragédie de la Jungfrau, en juillet 2007, en constitue un très bon exemple. Sa fonction lui permet encore, lorsqu’il reçoit des témoignages d’abus d’autorité dans une troupe, d’en référer aux supérieurs, pour contribuer à faire régner un climat de respect et de dignité.
4 Jean-Marc Savary aumônier
J’aimerais que les t, recrues ressentend, dans mon regar dans mon attitude, que chacun est unique A c t e s
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Anne-Madeleine Reinmann
Témoin par son étrangeté Dans les premiers contacts avec la troupe, l’aumônier est souvent considéré comme un extra-terrestre. Le port de l’arme et du treillis militaire sont compris comme des éléments qui jurent avec sa foi. Cela ne dérange pas le capitaine Savary. « Je me sens à ma place comme une alternative, parce que je suis ce corps étranger ». Passé cette première étape de méfiance, le témoignage passe avant tout par l’attitude. « Je ne suis pas là pour profiter de ma fonction et vous vendre du Jésus-Christ », dit-il aux recrues pour poser le cadre. Mais il s’empresse d’ajouter : « J’aimerais que les recrues ressentent, dans mon regard, dans mon attitude, que chacun est unique, essentiel et nécessaire à ce monde. C’est ma manière de dire qu’une vie basée sur l’amour reçu de Dieu est possible. Ce qui permet aux recrues de sentir cet amour, c’est le fait d’en être habité moi-même ». ✱
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aumonière à l’aéroport
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L’Evangile sous chapiteau
Michel Lemaire pasteur
voir aussi page 28
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lus de dix mille romands ont applaudi les « concerts en noir et blanc », entre le 22 avril et le 11 mai 2009. Cette collaboration hors du commun a permis à cent chanteurs suisses et béninois d’unir leurs voix au service du gospel et des chants africains. Pour le pasteur Jean-François Ramelet, initiateur de cet ambitieux projet, la spiritualité fait intégralement partie de l’aventure. Il s’empresse d’ajouter qu’il considère l’Evangile comme un processus d’humanisation plus que de conversion. Sur la base des expériences précédentes, il est particulièrement sensible au fait que l’Evangile soit un moyen d’intégration et non pas d’exclusion. Cet élément peut s’avérer sensible avec certains chanteurs ou musiciens, particulièrement allergiques à la religion. L’expérience de l’Evangile se vit surtout au sein du groupe des chanteurs et dans la mobilisation qui jaillit autour de cette aventure. « Suite à nos précédents voyages, nous avons décidé d’imposer les
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Le chant comme outil de rencontre
n mai 2008, l’espace d’une semaine, une tente inhabituelle vient coloniser les bords du Léman sur les rives de Villeneuve. Des paroissiens, sous la houlette du pasteur Michel Lemaire, ont pour objectif de partager l’Evangile avec la population. Cultes, témoignages, musique et clowneries pour les plus jeunes sont autant d’invitations lancées à la population du lieu, aux passants, aux touristes ou aux distancés de l’Eglise. Chaque jour, une bonne centaine de personnes assiste aux rencontres, un noyau de prière se forme spontanément autour du projet, et la paroisse fait preuve d’une capacité extraordinaire de mobilisation. Dans le ciel bleu de cette « Fête de la rencontre », quelques nuages planent pourtant. L’un des intervenants se montre trop enflammé dans son appel pour l’Evangile, et la chorale invitée se sent prise en otage. De plus les cartes-réponses, destinées à manifester un intérêt à poursuivre la découverte, restent désespérément vides. Michel Lemaire s’interroge : « Peut-être aurait-il fallu mieux vendre notre offre, avec le risque que certains soient indisposés ? Idéalement, il faudrait pouvoir démarrer un cours alphalive (NLRD : un cours sur les bases de la foi) après une semaine telle que celle-ci. » Mais les doutes n’ont pas raison de l’élan. La paroisse renouvellera son initiative en 2010. Des appels à d’autres communautés chrétiennes ont été lancés pour développer une nouvelle formule et tirer les enseignements de cette expérience. ✱✱ ✱
cinq premiers recueillements à tous. Les autres étaient facultatifs. 90% des personnes sont venues à l’office, et cela a contribué à forger un sentiment d’appartenance et des valeurs partagées. » Jean-François Ramelet n’hésite pas à se reconnaître sur une autre longueur d’onde spirituelle que celle du piétisme des Béninois. Il admet cependant volontiers que les ressources intérieures des Africains ont marqué les jeunes suisses. « Quelques minutes avant un concert, les choristes béninois apprennent qu’un des leurs vient de perdre sa fille. Deux jours plus tard, ce chanteur se tient à nouveau avec nous, malgré le drame, puisant dans la communauté la force de tenir debout. Les aléas du quotidien ont soudé le groupe et les choristes ont fait un grand cheminement spirituel, je crois. » L’homme d’Eglise se risque à une confession personnelle : « J’étais un libéral convaincu, mais aujourd’hui, je suis beaucoup moins suspicieux face à des expressions de foi plus marquées. Le voyage nous déplace. C’est fondamental. » ✱
dien « Les aléas du quoti e et ont soudé le group les choristes ont fait nt un grand chemineme spirituel»
« Nous avons manqué d’audace os pour valoriser ns » proposition
Jean-François Ramelet, pasteur
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Mille questions pour une ville Reto Gmünder pasteur
message chrétien, c’est sa gratuité et son engagement pour le prochain, plutôt que le besoin d’affirmer une Eglise ou une communauté. La spécificité de ma contribution est justement celle-ci. Contrairement à beaucoup d’autres, je n’ai pas d’agenda politique ou économique. » Pour souligner encore la chose, il précise que, lors de l’événement, les activités organisées dans un but intéressé – le recrutement de bénévoles par exemple – ont rencontré les échos les plus mitigés. Reto Gmünder ne veut pas non plus nier son identité. Lorsqu’il a été question de financer le cube – symbole de la fête - par un sponsor, il s’y est opposé. « Je me suis senti très réticent à vendre un symbole. Comme si j’étais, en quelque sorte, un marchand du temple ». ✱
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eaucoup « Contrairement à b d’agenda d’autres, je n’ai pas e. » politique ou économiqu
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les « Petit à petitn nt » collaboratio s se noue
Un temple dans la ville Blaise Menu pasteur
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e me souviens du propos inattendu de Jean Ziegler, membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, qui nous a dit “Relisez le sermon sur la montagne, tout est dit “. J’en suis resté bouche bée.» Le pasteur Blaise Menu fait référence à l’une des nombreuses rencontres de midi trente, qu’il anime depuis bientôt une année à l’Espace Fusterie de Genève. Et d’évoquer encore ces Arméniens qui voulaient à tout prix exprimer à cet endroit leur reconnaissance à l’égard des Genevois, pour leur soutien lors du séisme qui a frappé leur patrie il y a vingt ans. « Il est encore trop tôt pour faire le bilan, et même si j’avance avec précaution et que les présences quotidiennes sont astreignantes, je suis encouragé par cette nouvelle expression de l’Eglise au coeur de la cité ». Depuis avril 2008, le temple de la Fusterie, à proximité immédiate de la prestigieuse rue du Rhône, s’est mué en « église ouverte ». Le culte hebdomadaire est devenu une offre parmi de nombreuses autres. Concerts, expositions, espace de discussion, prière de Taizé et conférences instillent une vitalité créative à ces pierres presque tricentenaires. A l’image de ces
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églises ouvertes qui fleurissent dans les villes alémaniques, l’Espace Fusterie se conçoit comme une vitrine de l’Eglise en prise avec l’actualité, destinée à amorcer la curiosité de l’homo citadinus. L’offre est explicite, mais non agressive. « Si nous voulons inviter les gens à entrer, ce n’est pas pour refermer la porte sur eux » se défend le pasteur. Pour lui, l’Evangile se dit dans la qualité relationnelle, la variété des partenariats et la disponibilité, comme parfois dans la provocation : « J’aimerais que l’accroche soit encore plus forte, par des affiches qui proclament, par exemple de manière polémique, que “DIEU EST INUTILE “. Je suis certain que cela déboucherait sur des échanges intéressants. Mais ce n’est pas simple d’approcher les gens qui sont simplement assis sur les marches du temple : pour leur dire quoi ? » Petit à petit, les collaborations se nouent avec une librairie, des conservatoires de musique, un groupe de prévention sida, et la reconnaissance sociale s’installe. Bien entendu, le calvinisme, omniprésent à Genève en cette année de commémoration, s’invite largement dans cet espace sobre, esthétique et convivial. ✱
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Une pasteure face au sida
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quoi sert-il de dire à quelqu’un « Jésus t’aime », si ta parole n’est pas accompagnée d’un geste concret d’amour ? ». Traversée par cette conviction, Felicidade Cherinda a créé dans sa paroisse l’association Wansati Pfuka, « Femme, lève-toi », en langue tsonga. Particulièrement touchées par la maladie maudite, des femmes se battent : non pas seulement contre le virus, mais contre les tabous qui l’entourent. Leur slogan : « Chaque vie compte pour Dieu ». Nombreuses sont les formes d’ostracisme et de superstitions liées au fléau qui touche un cinquième de la population du Mozambique. Une femme séropositive témoigne : « C’est grâce à l’appui de l’association et de la pasteure que j’ai réussi à surmonter l’image que j’avais de moi-même. Je sais que Dieu me regarde comme je suis, et pas comme une fautive ». L’Eglise n’est pas épargnée par la tentation de l’indifférence, voire de l’exclusion des séropositifs et des malades. Felicidade Cherinda s’engage donc aussi dans sa propre institution. Les fronts sont multiples : démonter les préjugés, faire de l’Eglise un lieu d’accueil inconditionnel, militer pour que la foi se traduise en engagements visibles.
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Comme beaucoup de femmes africaines, Felicidade n’a pas été épargnée par les aléas de la vie. La longue maladie de son mari l’a contrainte à assumer seule le revenu et les tâches familiales. Durant dix-sept ans, son métier de laborantine suffisait à peine à nourrir sa famille. Son rêve de jeunesse, travailler pour Dieu et pour l’Eglise, passe alors au second plan. A la mort de son mari, l’appel résonne à nouveau. Elle se lance dans une formation théologique et pastorale. Aujourd’hui, elle partage son métier de pasteure de l’Eglise presbytérienne avec son engagement contre le sida. Sa détermination et son extraordinaire capacité de mobilisation puisent, aux racines mêmes de l’Evangile, l’énergie impressionnante qu’elle dégage au quotidien. ✱ ✱
«Chaque vie compte pour Dieu»
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omme tant d’autres, celui que tous nomment simplement «Tovo» aurait pu s’exiler. Son itinéraire académique passe par Moscou, Lausanne et Göttingen. Cependant, Andrianjatovo Rakotoharintsifa, est résolument attaché à sa patrie : « Je vis sur le terrain, le lieu même où ma théologie est mise à l'épreuve, comme dans un laboratoire naturel. Même si cela est dur, je suis humainement là pour servir mon peuple. Je ne quitterai jamais mon pays ». De plus, son expérience dans l’enseignement du Nouveau Testament et de la sociologie des religions se veut ancrée dans une pratique de foi : « J'essaie de mettre mes compétences à la disposition de l'Eglise, de la faire avancer, de parler pour faire progresser la pensée. Le tout dans un esprit critique propre à la théologie qui se veut productive, hors de l'abstraction formelle.» Un brin philosophe, le docteur en théologie de 44 ans ajoute : « Cela commence à passer. Je suis là pour donner, sachant que l'Eglise a aussi besoin d'autres cadres que les théologiens. Le divorce entre théologie et vie d'Eglise est stérile. Pour rester à l'écoute du peuple de l'Eglise, je suis resté pasteur à plein temps, dans une paroisse du centre d'Antananarivo. C'est elle qui me paie. Et c'est en vacataire que j'enseigne à la Faculté de Théologie et à l'Université… » ✱
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Témoigner sans culpabiliser
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Entretien avec Claude Demaurex psychiatre, psychothérapeute et théologien
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on cabinet ressemble à n’importe quel bureau de médecin. Trois fauteuils, une bibliothèque, quelques images. Seul le paquet de Kleenex posé sur un petit guéridon laisse à penser que les échanges sont parfois traversés d’émotions. Comment évoquer la notion de témoignage chrétien en compagnie d’un psy ? Rapidement, Claude Demaurex livre certains éléments de sa biographie. Son éducation dans un milieu évangélique très rigoureux. Son intérêt pour les questions qui dérangent. Sa formation théologique faite à Vancouver – pour prendre un peu de distance. Les interpellations qui lui sont faites lorsqu’il exerce comme assistant en psychiatrie et que l’infirmier-chef découvre son appartenance religieuse. Lorsque le mot « témoignage » revient, la conversation s’oriente sur les images négatives de l’Eglise dans la société. La notion de culpabilité occupe alors le centre de notre échange. En voulant témoigner, les Eglises ont-elles trop culpabilisé ? Je rencontre tous les jours des personnes culpabilisées par la religion. Mais ce n’est pas le christianisme ou les Eglises qui sont en cause. C’est la manière dont l’héritage chrétien est mis en œuvre, vécu et utilisé, par exemple dans l’éducation des enfants. Avec sa notion de faute, de péché, le christianisme est instrumentalisé dans une dynamique de culpabilisation. Ainsi, les personnes
très imprégnées de culture religieuse ont souvent beaucoup de difficulté à approcher la question de la culpabilité hors d’une ambiance moralisatrice.
Rendre compte de l’Evangile de manière non culpabilisante, Estce possible ? Les rencontres de Jésus sont pour moi un axe de réflexion. Il fait peu d’affirmations et pose de nombreuses questions, parfois basiques : « Qu’est-ce que tu veux ? ». Cela m’inspire beaucoup. Je vois que cela dépend toujours d’un individu, non pas d’une institution. Les Eglises sont obnubilées par le besoin d’avoir des fidèles. Pour moi, ce n’est pas la bonne manière d’aborder les choses. Je crois à la force de petits groupes spontanés, à cet idéal de proximité vécu par les disciples, et au lien, qui est fondamental.
Mais la culpabilité existe aussi hors de tout schéma religieux… C’est vrai, la culpabilité est constitutive de l’être humain. C’est le dernier rempart devant la prise de conscience de sa propre impuissance, l’un des sentiments les plus insupportables à vivre. Elle prend son origine dans le petit enfant qui pense que si ses parents se fâchent, c’est de sa faute. J’entends souvent des personnes qui croient que leur souffrance est liée à une punition divine. Il y a tout un travail de libération, au contact du réel, à faire avec elles. Pour témoigner librement, il faut donc supprimer la notion de faute ! De nombreuses paroles de jugement ont été formulées au nom de l’Evangile. Ce jugement n’engage en général pas la personne qui le prononce. Lorsqu’on vient me voir avec un schéma tel que celui-ci, je propose de relire des récits de l’Evangile. Nous découvrons que la moralisation culpabilisatrice n’est pas dans les propos du Christ. A mon sens, ne faut pas chercher à supprimer l’idée de péché, mais lui redonner son sens relationnel. Le péché n’est pas d’abord transgression d’un interdit moral, mais coupure d’avec l’autre.
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L’envie de témoigner n’est donc pas une pathologie ? La liberté de témoigner, lorsqu’elle est ouverte à la différence, est même plutôt un signe de santé psychique. Mais lorsqu’il s’agit d’occuper le terrain et de planter son drapeau, elle devient alors problématique. ✱
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Notre programmation est résolument tournée vers l’espérance
Alix Noble conteuse
Jean Chollet directeur de l’Espace culturel des Terreaux
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n quelques années, l’Espace culturel des Terreaux a gagné l’estime des Lausannois. Au cœur de la ville, aménagé dans une église plus que centenaire, la salle de spectacle porte au loin les couleurs de l’Eglise réformée vaudoise. Rencontre avec Jean Chollet, son directeur, mais aussi pasteur stagiaire à Vevey. Quelle est la spécificité des Terreaux ? Nous favorisons les spectacles qui privilégient très clairement une dimension sociale, éthique ou spirituelle. Vous n’y trouverez donc ni Molière ni Schakespeare. Une priorité est donnée aux textes contemporains qui posent des questions de société : la peine de mort, l’assistance au suicide ou la cohabitation des religions. Peut-on légitimement soutenir une cause par le théâtre ? Le théâtre militant a très mauvaise réputation. Il vieillit mal. En revanche, le théâtre qui met en scène la vie a de beaux jours devant lui. Je crois à un théâtre de situations et d’émotions authentiques.
« J’aime pouvoir raconter une énigme et surtout ne pas y répondre »
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Comment êtes-vous perçu hors du giron des Eglises ? Parmi les abonnés, nombreux sont les fidèles ou proches de l’Eglise. Mais à chaque fois qu’un spectacle se prolonge, le public se diversifie. Nous voulons absolument éviter de nous replier sur nous-mêmes. Depuis peu, des compagnies nous proposent de monter des créations originales dans nos murs. Cela signifie clairement qu’elles ont dépassé les clichés liés à l’Eglise.
Raconter pour questionner On vous connaît en particulier pour votre manière de mettre en mots les récits bibliques. Ils représentent quelque chose de particulier pour vous ? Le texte biblique est ma mémoire, mon terreau. C’est quelque chose qui m’ancre profondément. Raconter un texte de la bible, c’est proposer une expérience, un rêve éveillé à ressentir ensemble. C’est s’approcher des personnages, retrouver leur épaisseur, leur temporalité, leurs questionnements : leur humanité. Conter un texte biblique, dans ce sens-là, ce n’est donc pas transmettre un message, mais rencontrer quelqu’un. Qu’est-ce que ça veut dire ? Le texte biblique se présente comme historique. Il propose une relecture a posteriori d’événements et les interprète. Pour retrouver la force questionnante de l’événement, je propose de raconter l’histoire
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au moment même où elle se déroule et de la dégager de ses interprétations ultérieures. Le texte livre alors de sérieuses questions à l’apprenti conteur : - Comment parle Dieu ? - Comment Abraham comprend-il ce qu’il doit faire avec son fils ? - Voit-on les anges ? Ce travail débouche sur une vraie méditation ! Pour vous, le texte biblique amène à la méditation ? Plutôt à la question. Le texte n’esquive pas la question. Bien raconté, il me met en face de cette question : « Qui est cette voix qui parle ? ». Le mystère, le miracle ne sont jamais expliqués. Je me trouve devant un espace d’énigme qui est très nourrissant pour l’adulte d’aujourd’hui. J’aime pouvoir raconter une énigme et surtout ne pas y répondre. C’est ainsi que l’on avance ! ✱
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«Nous voulons de nous Qu’y a-t-il dans la vitrine de absolument éviter . » l’Eglise que constitue l’espace replier sur nous-mêmes
des Terreaux ? Le modèle classique de l’église paroissiale a vécu ; les bâtiments sont trop nombreux et trop coûteux. Je ne suis pas partisan de vendre ces églises à des privés. Quelques uns de ces lieux peuvent être réinvestis pour d’autres choses, tout en conservant leur dimension spirituelle. En ce sens, notre projet est novateur. ✱
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a voix claire aux accents hollandais sonne comme un appel. L’invitation à la rencontre résonnera durant trois ans, chaque week-end dans tous le Pays de Vaud. Partie le 3 mai de Crêt-Bérard, la pasteure Hetty Overeem, accompagnée de son âne Speedy et de son chien Barou , se met à l’écoute de la population. L’Eglise réformée se méfie de tout prosélytisme, dit-elle, mais elle a peu d’alternative à offrir. La pasteure, dont les talents d’écoute s’exercent depuis de nombreuses années, notamment en prison, s’emporte presque : « Si l’Eglise ne veut plus être inventive dans sa manière de proposer l’Evangile, elle est à côté de la plaque ! Le soutien de l’Eglise montre que les choses sont en train de changer. Cela me réjouit beaucoup.» Au gré des rencontres, elle se déplacera d’une dizaine de kilomètre au plus chaque semaine. Pour l’hiver, elle cherche un lieu fixe pour établir un ermitage. Au programme : trois offices et trois repas quotidiens à partager. Tout le reste est affaire de hasard ? Elle préfère nettement dire, non sans un brin d’angoisse, qu’elle se laisse guider. ✱ ✱
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En quels termes décrivez-vous votre projet ? Aller à la rencontre des gens là où ils sont. Provoquer des discussions sur Dieu, si les gens sont disposés à le faire. Je serai là pour l’écoute aussi. La roulotte permettra d’avoir des entretiens plus confidentiels. Vous êtes partie d’un constat sur l’absence d’évangélisation ? Pas du tout ! C’est lors d’une prédication qu’un texte biblique m’a violemment bousculée… le mot « jeûne » qui m’a fait tilt. J’ai donc fait une retraite sur le jeûne.. et me suis rendu compte que la démarche va beaucoup plus loin que la privation de nourriture. Ce sont surtout nos fausses images de Dieu, de nous-même et des autres dont il faut jeûner. J’ai très envie de partager cela. La rencontre, en France, d’un nomade, a fait mûrir cette idée, avec ce slogan : le chemin est le but. Je crois que les gens ont très envie de parler de Dieu, mais pas du tout envie d’entrer dans une Eglise. Le plein air est propice à des rencontres qui laissent totalement libre. Vous avez dit « fausses images de Dieu » ? Les gens, ont souvent le sentiment qu’ils sont nuls, qu’ils n’ont pas de valeur, rien à apporter sur terre. Ils ont une image paternelle erronée de Dieu : moralisateur, absent, ou encore gentil et insipide. Cela ne correspond pas à Dieu. Je ne vais pas jouer au « gourou », mais l’Evangile dit autre chose sur Dieu ! Vous voulez remettre les gens sur les bancs d’Eglise ? Pas nécessairement ! Ce qui compte c’est qu’ils trouvent un lieu où continuer à cheminer. Les formes sont multiples. Il n’est pas évident de les envoyer d’office à la paroisse locale. J’ai déjà cette difficulté aujourd’hui à la Cascade (lieu d’écoute qu’ Hetty Overeem anime). Ce qui me ferait très envie, c’est de les inviter à l’ermitage en hiver, pour poursuivre de manière plus communautaire et régulière. ✱
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« Le christianisme est une vérité qui ne s’impose pas, mais se propose »
Un rôle de pionnier
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i l’homme est au centre, Dieu est au centre. » C’est un peu le credo de Serge Paccaud, le « Monsieur Solidarité » de l’Eglise évangélique réformée vaudoise dans la région d’Aigle. Pour expliquer son engagement dans l’un des quartiers chauds de la ville, il souligne l’importance de sa perspective : « Il s’agit de considérer l’homme quel qu’il soit, indifféremment de ses comportements. Chaque humain a droit à une place et au pardon. Parmi les personnes dont je m’occupe, certaines ont des problématiques délictueuses; ce n’est pas une raison pour que je les délaisse ou que je les condamne. »
Jean-Pierre Graber conseiller national
Chaud, le quartier ! La Planchette. La seule évocation du nom de ce quartier fait soupirer les Aiglons. Peuplé à 70% d’étrangers, il est synonyme de précarité, de violence et de problèmes sociaux à répétition. Serge Paccaud en a une autre vision. Pour lui, la multiculturalité est une chance. La preuve : il en a fait une gigantesque fête, la fête des couleurs, qui récolte un succès grandissant. « Je suis arrivé avec un simple natel comme instrument de travail. Mon bureau était la boulangerie. J’ai logé six ans dans le quartier. Aujourd’hui, nous donnons des cours de langue, nous avons monté une association pour trouver des fonds et plusieurs services d’entraide sont actifs. »
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Croire en politique
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emblée, Jean-Perre Graber est éloquent sur l’importance capitale que revêt pour lui la foi.Le conseiller national n’hésite pas à souligner son propos de citations bibliques, en évoquant la spécificité du christianisme en matière de révélation. Sur le plan politique, il estime que l’héritage du Christ constitue la source ultime de la démocratie libérale. Volontiers disert, il affectionne les approches philosophiques : « L’attachement au bien des personnes et de la société est le but suprême du politique. Plus idéaliste, la gauche met l’accent sur la société. Plus réaliste, la droite privilégie le bien des personnes dans leur individualité. Les lignes directrices de mon action politique me sont fournies par les grandes articulations de la foi chrétienne. » De sa thèse consacrée à l’étude des périls totalitaires en Occident, il garde l’idée que la Bible offre un magnifique rempart contre l’anarchie, le totalitarisme et la théocratie, les trois fléaux qui guettent.
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Serge Paccaud diacre
Lorsqu’on lui demande s’il vote parfois contre les directives de l’UDC, son parti, il s’aventure dans une grande distinction : « Cela m’arrive. Je vote parfois contre ma conviction, mais jamais contre ma conscience. » Séduit par la construction intellectuelle du christianisme plus que par la vie paroissiale, il lui arrive de se référer aux enseignements judéo-chrétiens jusqu’au Palais fédéral : « Ma philosophie chrétienne transparaît dans certains discours au Parlement, souvent de manière implicite. Mais je ne me dérobe pas. Si quelqu’un a une autre opinion, je la respecte. Le christianisme est une vérité qui ne s’impose pas, mais se propose. » ✱
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«Ce qui m’intéresse c’est le bien-être de l’humain, créé et voulu par Dieu» A c t e s
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Un témoignage ? Mal à l’aise avec l’idée de faire une promotion trop appuyée de son Eglise, Serge Paccaud reprend : « Je vois un rôle pionnier pour l’Eglise : celui de mettre le doigt sur des problématiques existantes. Ce qui m’intéresse, c’est le bien-être de l’humain, créé et voulu par Dieu. C’est une valeur qui prime sur toutes les lois en place. C’est la règle pour l’homme et non l’homme pour la règle. » Et même si le diacre est parfois considéré, par la paroisse, comme un électron libre, il se plaît à souligner que son service est souvent cité en exemple comme vitrine de l’Eglise. ✱
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ier ait avoir le dern la violence pouv e ul se si e m m sante, co le r dé po sé e sur au parfum lége parfum mot… de -là erte, une rose ur jo off t ce es t ne go utte se an ro riv e ar z en nez. Des Mais voici qu’un aque personne nen main, de ne po ig net de ch ur odeur ainsi répa i passe de main tte qu ce il ns bt rtes, la puante Da su Ce l. et s. ia t sur les visage e n’a pas au culte paroiss bl en Bi iss la ra de nt pa e do ap ag e ré mm sourires nime le cour récit de cette fe rfum de fleur ra nous interpelles due, lecture du eure, mais ce pa ste continue à m ge de le qui repart sur nt ici do vo e s m la ai m m assemblée, et e et de té retenu le nom le l’a désigné co ss au el re s, un nd su m te Jé m r de co su la es du parfum sur les offrir des gest e y qu ur eu po Di e r usvi ler : en versant ss su la é, tant chemins de m du Christ re parole de vérit pris comme solidarité. Au no m de co cles i et ss siè le porteur d’une ice s au st de ra ju s e se paix, de oins au traver s coup, son gest n avec ses tém ste, politiqueio ge un humains ; aprè Ce m . m es co ill ra En cité. terre. gnant des funé eux, suscite trémités de la le rite accompa mande, ce iquement coût et jusqu’aux ex om on éc ée de Suisse ro et de x rm n eu fo tio ré ba e ro iss pp ro l’a èles pa ment danger e et s ésente Vécu dans un e poignée de fid s personnes pr sociait une petit ns le monde as da e ile qu (Hée gi ng l’indignation de bl ur va Bi lit l’E la é m parcours oquée dans t où sera procla des témoins » év lité lle, ce qu’elle a ée bi d’e Jésus : « Partou nu sa « ir on en de sp uv an re so gr à la l’essentiel de la ntera aussi, en it co va ra ou on tr r, re tie y en breux 12.1). On .9) in Christ. fait. » (Marc 14 une odeur de pa s textes e, ué oq év t des témoins du es méditation de histoire re nourri de la les enfants oi r ém pa i Alors que cette m tr reçue de pé l le ai in Un trav ur que la paro dans l’église, pa et ail de poésie, po av repas de Jésus, r tr chaud se répand avail ie tr Un rn s. de Un . ue le iq es t bibl de nous-mêm is Pain rappelan au plus intime es lui-ci. Repas pr de la paroisse. br ce ne t ig em an jo m av re s s le us e pa no tr i d’autres re r des liens en de toute se et tis on ur riz po s ho n rappelant auss le i ut io ns de to de commun paraître ce qu mpagnie de ge auté et faire ap s garants un de m de n m l io par Jésus en co co ai at e av ob tr êm pr d’une m d’ailleurs. Un s suscitant la ré oyants d’hier et de cr use, repas vécu s s réputation, repa ie re iré lig ut sp re in d’a on à nt iti ie relie nos gestes so ic et de la trad r un de l’ordre publ jamais ns annoncé pa que nos mots et à tio ur re na po eu , s m re de iè de in i pr st Dieu qu oût du fe a à tous vie offerte par comme avant-g l’univers offrir la dynamique de Le Seigneur de « en mission. : ie te ns vo vi hè en de op us pr sé no lointain n chrédes grasses arro isissable et qui an sa vi in de t ue is que la missio fo nq ba entifs : chaque les peuples un att ns et emprise yo de so on s ai m M .6-8) périaliste du eur im od s, te ng uê ra nq s co ons, le t fins. » (Esaïe 25 cule dans tienne devien de leurs traditi de vinaigre cir sur la vidus déracinés nt di in isa s on pel de Puis une coupe r ag ap s su su e à Jé maléfiqu aque fois qu’un isson accordée ce vinaigre, nne nouvelle. Ch de bo e ens e âcre de cette bo bi tr us ca de d’ê à e n , io ss ée elle ce ne confiscat dans l’assembl ccompagne d’u souffrances, s’a s de n croix. Grimaces Ce e, sio n. m io er tu at nv er ul m co ip la à ces temps d’a , il devient man r. à cause aussi de audace, ation de dignité bi iv ec su pr av t r en ne te uv d’u sis so ré et er et d’y ’il faut trop par une rte de les dénonc d’injustices qu ant absorbées dérives, il impo es sont mainten gé an ar él ! ch m s ile rs de ng eu va lle l’E Ces od rfum de vie, ort, non pas ce au nom même de porteurs d’un pa ci ou r. Odeur de la m Christ, c’est être ps de guerre d’i nouvelle odeu du am ns il et léger ch oi bt s m su le té r um re su Et ns côtoient nciliation. Parf de mort co r ré eu de od s et ai s ice m niers que certai st s, à jamai courage dans no parfum de ju i les marquent r nos lèvres et le su es déchets tr ire au bité ur et ha so d’ailleurs, et qu e, le uc vi e ho outc qui ramèn ager. Parfum de puanteur de ca i la gravité de ce cevoir et à part ✱ ns re à ai it. quand même : t pr um en Es rf ss n Pa re so s. n cœur piquent, et l’o ois par le souffle de e ce soit autref Christ et porté brûlés. Les yeux qu du e, re lic oi pp ist su l’h de r des lieux de vahisqui se passe su onde. Odeur en d’hui dans le m ur jo au ou ha Jacques Küng à Golgot
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La foi et les mots Lucienne Serex écrivaine
à «Nous avons le ciel on offrir aux gens. Màais côté doit d’abord êtred’e ux»
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i vous êtes de passage dans la zone piétonne de Neuchâtel, un lundi en fin de journée, et que vous apercevez une curieuse sculpture métallique humanoïde, vous êtes à proximité d’un événement littéraire organisé par « les lundis des mots ». Constitué en 2008, ce mouvement se consacre à la promotion de la belle plume et de l’oralité sous toutes ses formes (conte, slam, débat, improvisation, jeu, poésie). L’étincelle à l’origine de ce feu d’artifice verbal se nomme Lucienne Serex. Cette écrivaine, qui vient de publier son second roman, s’enthousiasme du souffle qui attise sa forge : « Notre mouvement rassemble plus de trente associations en quelques mois d’activité et réunit environ vingt personnes chaque lundi autour des mots ! C’est la multiplication des pains ! » Même si elle déclare vouloir avant tout faire son devoir d’écrivaine, elle ne voile pas son appartenance : «Je ne cache ni n’expose ma foi. J’en parle très naturellement. Elle assume résolument : «Je dis souvent que je suis diacre. Comme les gens ne savent pas ce que c’est, je suis obligée d’expliquer.» Sans aucune agressivité, elle précise : « Nous parlons du Ciel, c’est vaste ! Pratiquement, la meilleure façon de le faire, c’est d’aimer les gens et de le leur montrer. Pour les lundis des mots, j’ai invité plusieurs associations chrétiennes et aussi mon Eglise à participer. Personne n’a mal réagi, ça s’est fait tout simplement. L’Association pour la Collégiale, par exemple, collabore avec des slammeurs, des conteurs et des écrivains qui ne cachent parfois pas leur scepticisme. Cela montre une ouverture d’esprit réjouissante, d’un côté comme de l’autre. » Au bénéfice d’une formation diaconale, elle s’engage résolument dans l’idée de décloisonner l’Eglise et la société : «Dans mes livres, comme dans ma vie, je veux mêler le quotidien à la foi. Il n’y a aucune raison de fabriquer des frontières spirituelles. Dans un recueil, je n’ai pas hésité à associer un poème érotique à un texte biblique. » Et dans son élan intégrateur, elle n’hésite pas encourager sa propre Église : «Il nous faut vivre notre identité sur la place publique. Adapter les lieux, les horaires et la forme de nos cultes. Appeler à nouveau au baptême et le faire dans le lac, au vu de tous, vaudrait mieux que de faire de la pub pour la contribution ecclésiastique ! » ✱
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Jean-Charles Rochat directeur artistique
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ngagé dans une grande agence publicitaire genevoise, Jean-Charles Rochat a fait le pari de se mettre à son compte pour des motifs éthiques : « Je ne supportais plus l’idée de vendre des cigarettes à une clientèle de plus en plus jeune ». Aujourd’hui, le graphiste s’implique dans la recherche de cohérence entre l’image du produit et l’entreprise qui en fait la promotion. Ainsi, les structures qui font appel à ses services sont souvent porteuses de valeurs. «J’évite, autant que possible, la publicité manipulatrice ou la pub provocation. Je valorise l’artisanat, l’humanitaire. J’affectionne particulièrement les organismes qui militent pour un autre monde ». Progressivement, il s’est taillé une image liée aux valeurs qu’il défend. « En période de crise économique, il est particulièrement important de communiquer sur les valeurs ». Photographe et illustrateur, ce touche-à-tout du visuel estime que sa foi doit intervenir dans le processus de fabrication d’une image. « Avec ma femme ou certains amis, nous prions régulièrement pour ma créativité. Je pense que Dieu m’inspire parfois ». Pour illustrer ce « coup de pouce d’en haut», il évoque cette organiste très stressée et sûre de ses idées à laquelle il a proposé, sous le coup d’une prière intérieure et d’une sorte de cliché qui lui est apparu, un visuel très inattendu. En évoquant le résultat concluant, Jean-Charles Rochat ajoute simplement : « Je me suis senti à ma place ». ✱
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Du Rwanda en Suisse
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De la Suisse au Mexique Marianne Strub envoyée DM-échange et mission
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ci au Chiapas, les barrières sont hautes entre les Eglises, entre les femmes et les hommes de différentes dénominations, et les blessures profondes. Les préjugés et les fondamentalismes abondent. En tant qu’envoyée dans ce contexte culturellement et ecclésialement complexe, il n’est pas facile de se créer un espace pour vivre ma foi et trouver une communauté où je me sente à l’aise. Des visites à quelques Eglises protestantes ont constitué des expériences un peu difficiles : deux heures de rock chrétien à plein volume me donnent le vertige ; me sentir questionnée pendant le sermon ne m’aide pas vraiment, et toujours devoir me mettre en jupe pour aller au culte ne me motive pas trop avec le froid qu’il fait à San Cristóbal… Grâce à Dieu, j’ai trouvé une paroisse presbytérienne « différente », où je me sens bien et en famille, à Tuxtla Gutiérrez (la capitale de l’Etat, à plus d’une heure de voyage de San Cristóbal). Une autre bénédiction est constituée par l’INESIN lui-même : il offre un espace spirituel ouvert et œcuménique. Autant que possible, il est alimenté par la spiritualité indigène des peuples mayas. Au centre de la salle réunion se trouve l’autel maya. C’est un cercle avec des graines de maïs, le maïs sacré de quatre couleurs : rouge (à l’est), noir (à
« Ces prières, comme la présence de l’autel, ès créent une ambiance tret concentrée respectueuse envers le divin»
l’ouest), blanc (au nord) et jaune (au sud), des bougies de mêmes couleurs ainsi qu’une bleue et une verte au centre, des fleurs de ces quatre couleurs et un peu de terre. Tout cet autel représente la cosmologie maya. Il est plein de signification et de symbolisme : le soleil parcourt son chemin d’est en ouest et représente le chemin de Dieu. Le chemin de l’être humain va, lui, du nord au sud. Ces deux chemins se croisent au milieu : c’est là se trouve le cœur du ciel et le cœur de la terre. Les deux chemins sont cycliques. Dieu se manifeste chaque foi que son chemin croise celui de l’humanité. Les prières se font toujours agenouillés en cercle autour de cet autel. Une femme ou un homme anime la prière, mais tous et toutes prient ensemble à haute voix dans leur propre langue. Des petites bougies sont « semées » autour de l’autel après la prière. Celle-ci est suivie par des danses traditionnelles et rituelles. Ces prières, comme la présence de l’autel, créent une ambiance très concentrée et respectueuse envers le divin, la terre mère et le prochain. La recherche de l’équilibre est centrale dans la spiritualité maya. Cette ambiance, la simplicité et l’esprit de communauté, où chacune et chacun peut être elle ou lui-même, m’aident à entrer en communion avec Dieu. ✱
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rrivé du Rwanda voilà presque vingt ans, l’enseignant primaire devenu docteur en théologie nous propose son regard sur le témoignage des Eglises.
Qu’est-ce qui vous frappe, dans les Eglises, en matière de témoignage ? Dans mon pays d’origine, pendant la période qui a précédé le génocide, les Eglises n’ont pas été suffisamment clairvoyantes. Elles n’ont pas su prendre leurs distances et interpeller le politique, lorsqu’elles ont eu à faire face aux transgressions des valeurs de l’Evangile. Le déficit n’était pas celui de l’engagement des paroissiens, mais celui de la résistance. Elles auraient pu, selon moi, interpeller l’Etat. Leur silence a été coupable. Je suis dès lors devenu très sensible à la capacité d’une Eglise à jouer un rôle prophétique dans la société. Les Eglises suisses sont-elles, selon vous, suffisamment courageuses ?
Innocent Himbaza enseignant d’Ancien Testament à l’Université de Fribourg, pasteur. La FEPS – Fédération des Eglises protestantes de Suisse – émet des prises de position. C’est bien. Mais au niveau de la base, je n’ai pas l’impression que ce soit la même chose. Non pas que les paroisses ne soutiennent pas la FEPS, mais ce type d’engagement ne suit pas. Je n’entends pas, dans nos paroisses, l’audace d’une prise de position, quelle qu’elle soit. Dans ma propre paroisse, on me rétorque « nous ne faisons pas de politique ». Je comprends la sagesse qu’il y a de ne pas amener de différences politiques au sein de la paroisse, mais nous perdons là l’occasion de créer le débat. Vous avez des exemples d’engagement réussi ? A Fribourg, les Eglises se sont engagées auprès des sans-papiers… parfois même en osant transgresser les lois. Dans ce dossier, un responsable de notre Eglise a même été condamné. Même si je ne prétends pas qu’il faut systématiquement contrevenir aux lois, j’estime que l’Eglise a fait un geste très courageux. ✱
Marianne Strub, théologienne, est envoyée par DMéchange et mission au Chiapas (Mexique). Elle collabore avec les Eglises locales au sein de l’INESIN (Institut interculturel d’études et de recherche) pour favoriser l’œcuménisme et les liens entre les différentes Eglises de la région.
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L’inconfort du témoignage
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a conversation est déjà bien engagée lorsque j’entre dans le minuscule bureau. Cinq personnes se penchent sur une épineuse question de caisse maladie. Gottfried Hammann se dégage de l’endroit pour me recevoir avec une parole d’explication : il y aurait de quoi écrire des romans pour décrire les tracasseries administratives faites à ces toxicomanes. La Pastorale de la rue n’est pas grande, mais une bonne quinzaine de personnes s’interpellent dans un jargon caractéristique. Nous nous engageons dans la pièce qui fait office de chapelle et de garde-manger. Il y a là de quoi dépanner les plus nécessiteux… comme de quoi rassasier leur soif de spiritualité. L’ancien professeur d’Histoire de l’Église à l’Université de Neuchâtel s’affale dans un semblant de fauteuil. C’est là, en toute simplicité, qu’il évoque les enjeux du témoignage chrétien en société.
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Lorsqu’on évoque la question du témoignage, deux fronts se dessinent rapidement: D’un côté, les partisans de la parole estiment que la proclamation de la Bonne Nouvelle prime, De l’autre, les champions de l’action jugent que la cause des faibles constitue l’urgence absolue. Cette séparation est-elle récente ? Depuis la Réforme, les protestants ont toujours exalté la parole prêchée, avec cette dérive : il suffirait de bien parler pour avoir bien agi. Au XIXe siècle, la misère sociale générée par la révolution industrielle a encore amplifié ce phénomène. Certains patrons, voulant traduire en gestes leur compréhension de l’Évangile, se sont préoccupés du bien-être matériel de leurs ouvriers. Ils ont alors basculé dans l’utopie de l’entreprise-famille. Je pense par exemple aux Suchard, ici en Suisse, qui construisaient des maisons pour leurs employés. Petit à petit, les tensions croissantes avec le patronat ont conduit à un contre-témoignage dramatique.
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Gottfried Hammann professeur émérite en théologie Mais cette tension a aussi des racines théologiques ? Au sens biblique, la parole est toujours une action. Dieu crée par sa parole. Jésus prêche autant qu’il guérit. La prédication et les actes ne sont que deux faces d’une même pièce. Pourtant, la compréhension du mot « foi » nous joue des tours. Il évoque principalement l’adhésion à un contenu, un credo, une confession personnelle. En latin, on parle alors de « fides ». Mais on oublie la « fiducia » qui signifie « confiance ». La foi comporte plus qu’une déclaration d’intention, mais bien en engagement dans une relation de confiance. Au fil du temps, cette compréhension s’est estompée. Comment réconcilier la proclamation et les actes de témoignage ? Je vois ces deux éléments comme les deux pans d’un toit. Il nous faut rester au faîte, c’est le seul point qui porte sur l’ensemble du paysage. Mais le risque de glisser et de déraper en ne voyant qu’un seul aspect des choses est grand. L’Église doit être une communauté d’inclusion et non pas d’exclusion, ce qu’elle a souvent été. Mais elle doit aussi garder ce qui fait d’elle sa spécificité : elle rend compte d’une vérité, d’une réalité, autres que celles de la société sécularisée. Le jour où cette complémentarité ne se verra plus, l’équilibre instable du témoignage sera perdu.
la théologie, trouvait sa cohérence par rapport à la pratique. Depuis plus de sept ans, je le vérifie chaque semaine. Je mesure aussi à quel point l’urgence et la précarité nous éloignent régulièrement de cet équilibre instable. Et que découvrez-vous ? Devant la tension entre les paroles et les actes, notre réflexe est de vouloir figer les choses. Créer une plate-forme au sommet du toit. Nous nous mettons alors à institutionnaliser les choses pour rigidifier cet équilibre instable. Ce faisant, nous perdons tout le dynamisme et le mouvement occasionnés par la tension, comme lorsqu’on fige une image sur l’écran. L’Église est encore trop confortablement installée dans sa posture. Je considère, par exemple, que les difficultés financières que traversent aujourd’hui nos Églises sont beaucoup plus une chance qu’un risque. L’argent occupe, malheureusement, toujours une place trop prépondérante dans nos institutions. Il faudra passer par la fièvre… peut-être reprendrons-nous alors conscience de la mission première des Églises. ✱
Comment expérimentez-vous cet équilibre fragile au quotidien ? C’est précisément cette interrogation qui m’a préoccupé et animé pour venir à la Pastorale de la rue, ici à Lausanne. J’avais besoin d’un laboratoire de vérification de tout ce que j’avais enseigné, toutes ces années, en ecclésiologie. Je voulais voir comment cette parole théorique, énoncée sous forme académique dans l’enseignement de
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Faut-il redevenir chrétien ?
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Jean - Christophe Emery journaliste à la Radio Suisse Romande
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es sociologues le clament depuis plus de dix ans, le religieux est un supermarché dans lequel on fait ses emplettes pour grappiller des recettes plus que des réponses. Or les Eglises se méfient, à juste titre, des placebos mystico-thérapeutiques. La foi n’est pas une pilule du bonheur. Mais à trop le répéter, on en oublie que Jésus, le Christ, s’est occupé des bobos du corps comme de ceux de l’âme de ses contemporains. Depuis deux mille ans, notre société est peut-être, pour la première fois, confrontée à un phénomène de méconnaissance complète du christianisme. Détachée des réalités de la foi, l’image déformée de l’Eglise devient sclérosée, coupable de dérives autoritaires, teintée d’élitisme. Elle se présente comme un bagage encombrant. Pourquoi donc opter pour les contraintes d’un engagement paroissial ? Pourquoi adhérer à un contenu de foi perçu comme dogmatique ou irrationnel ? Pourquoi soutenir une institution surannée dont les mérites sociaux et les propositions spirituelles sont largement concurrencés par d’autres ? Ils ont raison. D’ailleurs, l’Eglise est la première à dire qu’elle ne cherche pas des supporters, comme un club sportif ou des fans comme une star de la chanson. Mais à trop le répéter, elle en oublie que Jésus, le Christ, a appelé, interpellé, invité et discipliné
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Si le christianisme l institutionnel est be us, il est bien derrière no ux n’en est rien du religie A c t e s
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Et si l’on évoque les ratés de la foi, il faut aussi rappeler que l’Evangile a de tout temps été une puissance libératrice. Je ne crois pas que le cyber-plantigrade du XXIe siècle se soit affranchi des structures d’asservissement qui menacent constamment l’humanité. Je ne crois pas non plus que son consumérisme effréné le rassasie pour longtemps. Mais à trop répéter que l’Eglise ne fait pas de politique, elle en oublie que Jésus, le Christ, a semé un discours subversif dont les responsables politiques de l’époque ont senti la menace. La solution ? Elle est à forger de toutes pièces avec le génie, la détermination et le feu sacré qu’ont eu les réformateurs de tous les temps. Elle passe probablement par l’invention d’un nouveau langage de la foi, à l’écart des formules bénies… ✱
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Mathieu, 32 ans, géographe et enseignant, Godomey Sur le plan de la foi, la diversité des chants me porte au-delà de toute attente. J’ai vécu des moments inoubliables. Nous avons vécu concrètement l’amour : « demeurer ensemble » au-delà des différences.
Emilie, 16 ans, étudiante, Lutry Il y a beaucoup de préjugés sur l’Afrique qui ne correspondent pas à la réalité. Participer à ce projet m’a permis d’aller au-delà des images que j’avais, de vivre des échanges de personnes à personnes.
Isabelle Minger-Baillod
Christine Noyer
Saxon (VS), membre de la commission Action chrétienne en Orient de DM-échange et mission Mon engagement, par la rencontre de personnes d’autres cultures, me fait redécouvrir sans cesse que nous ne savons plus, en Suisse, ce qu’est la grâce de Dieu. Une grâce qui nécessite de se reposer sans cesse sur Lui, pour les plus petits comme pour les plus grands besoins.
Sugiez (FR), membre du Conseil de DM-échange et mission Vivre ma foi selon l’Evangile, c’est être en lien avec des chrétiens d’ici et d’ailleurs. Nous avons besoin les uns des autres pour partager nos soucis et nos joies, porter nos rêves et notre espérance. Avec DM-échange et mission, je vis ce partage individuellement et en communauté.
Séname, 26 ans, étudiante en marketing et notions commerciales, Godomey J’ai constaté que les Eglises de Suisse ne sont que peu fréquentées par les jeunes. Il faut que ces derniers apprennent à connaître Dieu, qu’ils réintègrent les Eglises.
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a quête de sens et de spiritualités n’a jamais été aussi forte que ces dernières années, et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Le fondamentalisme, l’ésotérisme et les thérapies spirituelles ont le vent en poupe, et les manières de croire en Suisse deviennent de plus en plus individuelles. A la différence des années après guerre où la foi était reliée aux Eglises chrétiennes, notre homo croyant d’aujourd’hui a une foi écologique, c’est-à-dire hors des structures ecclésiales traditionnelles. Pourtant, 80% des sondés disent adhérer à la foi chrétienne et seulement 11% n’ont aucune appartenance religieuse 1.
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Le chiffre d’affaire des éditions ésotériques comme des voyants et médiums de tous poils explosent dans le pays de Descartes comme de Guillaume Tell. Il serait largement supérieur à celui de la médecine moderne. En parallèle, la Bible à 1€ ou 2.50.– vient de dépasser le million d’exemplaires vendus entre la Suisse et la France. Ce succès est à mettre en parallèle avec le score d’affluence incroyable des film de « Narnia » et de « Da Vinci Code » : on cherche une dimension spirituelle, mais pas dans les Eglises traditionnelles, quitte à se créer sa propre religion. Lors d’un sondage que j’ai effectué pour une structure chrétienne, l’une des questions posées était « croyez-vous en Dieu ? ». « non, non, je ne suis pas catholique ! » fut la réponse d’une personne… Une des raisons de ce désintérêt pour les Eglises vient du fait que nos concitoyens cherchent des réponses aux « pourquoi » et aux « comment » de leur crise (sociale, financière, identitaire, et bien sûr spirituelle…). Mais ils n’ont pas le réflexe « d’aller voir » une tradition qui, pour eux, ne bouge pas et n’est pas en adéquation avec leurs attentes. Ils imaginent qu’on les recevra avec des formules du genre « c’est comme ça qu’on pense » ou « la vie n’est que questionnements ». La société est en crise, elle a mal à l’âme, elle cherche le ou les médecins qui pourront la guérir. Alors que la foi était mal perçue après les années contestataires de mai 68, car trop irrationnelle et liée au pouvoir politique, elle est considérée comme un lieu inconnu à explorer qui apportera la santé du corps et de l’âme. Du trop de consommation, on est passé à la quête du vivre bien, du vivre mieux, et le spirituel est un champ à explorer. Face à cette recherche, nos Eglises ancrées dans l’histoire sociale de
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notre pays n’ont plus de valeurs que… dans l’Histoire. Hors du temps, elles peinent à comprendre et à s’adapter avec des paraboles et des exemples de la foi chrétienne incarnés dans le quotidien. Avec la peur de perdre son âme et sa raison, l’Eglise reste figée sur ses acquis en restant ancrée dans l’Histoire, persuadée que l’ancien est sacré, ou certaine qu’être ouverte à tout est mieux que d’être fondamentaliste. Si alors ce peu de conviction arrive à l’oreille du citoyen lambda, il est évident qu’il ira chercher Dieu et des réponses ailleurs que chez les chrétiens. Et pourtant… : un Suisse sur cinq affirme que son intérêt pour les questions religieuses a augmenté au cours des trois dernières années. Et 40% des Romands déclarent avoir des questionnements spirituels. Cet intérêt est resté le même pour une majorité (60 %) de la population, alors qu’il n’a diminué que chez 16,8 % des personnes interrogées 2. Si, pour le chrétien, sa foi met à l’épreuve ses peurs et ses certitudes humaines, ces dernières amènent le profane à rechercher cette foi… d’un Dieu inconnu pour lui. Il cherche sans savoir vraiment où, car du « tout consommation », au « tout performance », et en passant par le « tout sécuritaire », notre prochain est ébranlé dans ses certitudes. Bien sûr, la crise financière n’a rien arrangé. Sa vie actuelle est asséchée, mais elle donne soif aussi. Si sa soif n’est pas encore effrénée, elle a un air de radicalité dans les réponses qu’il attend. Il attend des rencontres plus nombreuses avec des témoins convaincus qu’il y a une réponse divine issue de l’Evangile aux questions d’aujourd’hui. ✱ ✱
Eric Jaffrain expert en marketing non marchand
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Selon le recensement fédéral de l’an 2000. Sondage réalisé par MIS Trend en mai 2007.
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32 Eglise protestante de Genève Issue de la Réforme du XVlème siècle, l’Eglise nationale protestante de Genève affirme avec reconnaissance, dans la communion de l’Eglise universelle, la continuité de la foi chrétienne à travers les expressions diverses qui en ont été données dans l’histoire. Sans s’attacher à leur lettre, elle aimerait rendre compte aujourd’hui de sa foi, avec l’aide du Saint-Esprit, dans le service auquel elle est appelée. 4. L’Eglise de Jésus-Christ dépasse les limites des confessions appelées à se reconnaître dans un esprit œcuménique. Locale et universelle, visible et invisible, pécheresse et pardonnée, elle est une communauté de croyants dans laquelle toutes et tous ont une tâche. Elle a pour vocation d’annoncer le salut, de briser les barrières injustes et d’être un lieu de réconciliation. 5. La communauté chrétienne témoigne à nos contemporains de la grâce de Dieu. Le baptême est le signe de l’amour de Dieu et d’une vie nouvelle. La sainte Cène est le repas où le Christ ressuscité nous fait vivre de sa présence et nous rapproche les uns des autres, quelles que soient nos origines. (Déclaration de foi in Constitution, 1992)
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Eglise évangélique réformée du canton de Vaud
Eglise réformée évangélique du Valais
Nous travaillons ensemble à l’oeuvre de Dieu (I Corinthiens 3:9) Art. 9 L’Eglise a pour vocation de faire connaître à chacun, en paroles et en actes, l’amour manifesté par Dieu en Jésus-Christ à l’égard de tous les hommes, sans distinction de races et de conditions. Art. 10 L’Eglise affirme que la souveraineté de Dieu en Jésus-Christ s’exerce non seulement sur la vie individuelle et privée, mais aussi sur la vie culturelle, sociale, économique et politique. Art. 11 L’Eglise s’efforce d’édifier une communauté vivante et fraternelle, pour la gloire de Dieu, par la prédication de l’Evangile, l’administration du baptême et la célébration de la sainte Cène. Art. 12 L’Eglise pourvoit à l’instruction et à l’éducation chrétienne des enfants et adolescents, en collaboration avec leurs parents. Elle forme ses membres au témoignage et au service chrétiens. Art. 13 L’Eglise, consciente de la nécessité et de l’ampleur de la tâche apostolique, participe à l’action missionnaire commune des Eglises. Elle atteste ainsi l’universalité de l’Eglise de Jésus-Christ. Art. 14 L’Eglise collabore avec les forces chrétiennes du pays. Elle entend promouvoir l’esprit et l’action oecuméniques parmi ses membres, pour que l’unité du corps de Christ soit manifestée. Art. 15 L’Eglise, fidèle au principe du sacerdoce universel, rappelle à tous ses membres leur responsabilité personnelle dans l’accomplissement de sa mission.
Article 5 Elle reçoit du Christ la mission de témoigner de l’Evangile en paroles et en actes. Elle accomplit cette mission dans le canton de Vaud, auprès de tous et sans discrimination.
Art. 5 L’EREV annonce l’Evangile à tous. Elle unit ses membres dans la foi, l’espérance et l’amour fraternel. Elle accomplit sa mission tant par le témoignage personnel de ses membres que par les divers ministères que le Saint Esprit suscite dans l’Eglise. Art. 6 L’EREV reconnaît comme sacrements le baptême et la sainte Cène. Art. 7 L’EREV s’efforce d’amener les enfants et les jeunes à la foi chrétienne et d’en faire des membres vivants de l’Eglise. Art. 8 L’EREV est ouverte au dialogue et à la collaboration avec les autres confessions chrétiennes. Art. 9 L’EREV prend une part active à la Mission, proche ou lointaine. Art. 10 L’EREV est prête à s’associer, au nom de Jésus-Christ, à toute oeuvre d’entraide qui se fonde sur l’amour du prochain. Constitution, 1980)
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(extraits des Constitut
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Eglise réformée évangélique de Neuchâtel
(Constitution, 1980)
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LA MISSION DE L’EGLISE
Témoigner de l’Evangile La formulation actuelle met l’accent sur la vie de l’Eglise, ce qui se passe au quotidien de tous ses lieux : - on y partage la foi, l’espérance et l’amour (plus qu’on ne les enseigne ! ) avec les enfants, les jeunes et les adultes; - on prend position en faveur des plus pauvres; - on initie ou participe à des projets en vue d’une plus grande cohésion sociale ; Toutes ces actions sont entreprises en écho à l’événement de vie nouvelle que le Christ suscite dans le coeur des croyants et au coeur des communautés. En un mot, nous sommes témoins du Christ qui vit en nous. Et ce qui vit en nous est si prenant que la seule parole ne suffit pas : il faut encore qu’elle soit relayée par des actes – symboliques et créateurs de sens ou créatifs suscitant de l’événement – dans la précarité de tout témoignage humain. Sera-t-il reçu ou non ? L’essentiel est qu’il soit livré.
LA MISSION DE L’EGLISE
Cette mission dans le canton de Vaud - Mission de témoigner… Ces deux termes se multiplient l’un l’autre ! L’effet de ces actions ne peut rester confiné au seul territoire du canton de Vaud; mais leur point de départ sont les lieux d’Eglise de ce canton et c’est à sa population tout entière qu’elles s’adressent. - Il ajoute immédiatement la notion forte « auprès de tous et sans discrimination » qui évite toute ambiguïté et reprend à frais nouveaux l’expression « au peuple vaudois tout entier » des anciens Principes. Qui plus est : c’est par protestation que nous disons « sans discrimination », en réaction au constat que la société éprouve de moins en moins de scrupules à laisser croître et même encourager les discriminations.
(Document accompagnateur des Principes constitutifs, 2005)
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La mission Par les eglises (extraits des Constitutions suite…)
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34 Église évangélique réformée du canton de Fribourg Mission de l’Église
Article 3 1. L’Église évangélique réformée du canton de Fribourg a reçu de Jésus-Christ, son seul Seigneur, la mission d’annoncer sa Parole à tout humain sans distinction d’appartenance culturelle, ethnique ou politique. 2. Elle remplit sa tâche par la prédication, le baptême, la sainte cène, l’enseignement religieux, la formation des enfants et des adultes, la cure d’âme, la diaconie, l’évangélisation, la participation aux oeuvres d’entraide et de mission des Églises et par tout autre moyen dont elle dispose. 3. Elle témoigne de la vérité de la parole divine dans tous les domaines de la vie publique, État, société, économie et culture. Elle s’engage pour la justice ainsi que pour l’élimination de la détresse matérielle et spirituelle et de ses causes.
(Constitution ecclésiastique, 1998)
Art. 2 La mission de l’Eglise 1. L’Eglise réformée évangélique du canton de Berne a reçu de son Chef la mission de prêcher à tous, dans l’Eglise et dans le monde, l’Évangile de Jésus-Christ. 2. Elle accomplit cette tâche en vue de l’édification de l’Eglise et s’en acquitte par la prédication, l’administration des sacrements du baptême et de la sainte Cène, l’enseignement de la doctrine, l’instruction de l’enfance et de la jeunesse, la cure d’âmes, la bienfaisance, la mission intérieure et la mission en terre païenne, et par tout autre moyen à sa disposition. 3. Sans faire acception de personnes, elle appelle ses membres à la repentance, à la foi, à la sanctification et les exhorte à prendre une part active à la vie de l’Eglise. 4. Elle proclame que l’autorité de la Parole de Dieu s’étend à tous les domaines de la vie publique tels que l’État, la société, l’économie, la culture. Elle combat toute injustice et lutte contre la misère matérielle et morale dans ses causes et ses manifestations. Art. 3 Relations avec les autres Eglises 1. L’Eglise réformée évangélique du canton de Berne entretient des relations avec les autres Eglises réformées de la Suisse, avec les protestants disséminés, ainsi qu’avec les Eglises soeurs du monde entier et leur organisation oecuménique.
Eglise évangélique libre de Genève
des enfants incombe aux parents, l’EELG leur apporte aide et appui au travers d’activités adaptées.
L’Eglise et sa mission
Vocation 3.1. Reconnaissant que l’homme est pécheur et incapable de se sauver lui-même, l’EELG proclame à tous l’amour de Dieu, le message de libération et de salut de l’Evangile de Jésus-Christ. Elle invite les hommes à se tourner vers Dieu dans la repentance et la reconnaissance du don reçu et à conformer leur vie à ses exigences. Fondement 3.2. L’EELG affirme la souveraineté de Dieu en Jésus-Christ sur tous les domaines de la vie publique et privée. Elle encourage ses membres à prendre leur part de responsabilité dans la vie personnelle, ecclésiale et sociale. 3.5. L’EELG dispense un enseignement biblique aux jeunes et aux moins jeunes. Bien que la responsabilité de l’éducation chrétienne
Relations extérieures 3.6. Sur le plan local, l’EELG partage avec les autres Eglises la responsabilité de l’évangélisation. Elle est ouverte à toute collaboration interecclésiastique oeuvrant dans ce sens. 3.7. L’EELG, consciente de la nécessité et de l’ampleur de la tâche apostolique, participe spirituellement et financièrement à l’action missionnaire universelle. 3.8. Participant à l’oeuvre missionnaire des Eglises protestantes de la Suisse romande, l’EELG soutient, par l’intermédiaire des paroisses, d’autres oeuvres et organisations et collabore avec certaines d’entre elles.
(Constitution, 1982)
(Constitution, 1946 - état 2003)
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Les Eglises de Suisse en mission
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acques Matthey, directeur du Programme mission au COE, propose un regard en cinq points sur la mission d’aujourd’hui. Il redonne un sens actuel à des notions - clé qui ont nourri, porté et illustré le témoignage de l’Evangile.
Eglise
Evangélisation
Il y a là une question d’interprétation à laquelle il faut être attentif : est-on humain seul ou comme partie d’une communauté ? Selon l’anthropologie à laquelle on se réfère, nous interprétons différemment le lien entre disciple et Eglise. Il y a là un débat important entre cultures et entre confessions chrétiennes.
Il est important de retrouver le goût de proposer l’Evangile dans les lieux où il n’est pas (ou mal) connu ou vécu. Il s’agit de retrouver la dynamique de la communication vers « l’extérieur », celle qui pousse à aller là où les personnes se retrouvent (comme Jésus dans Matt 9 :35, toutes les villes et les villages) plutôt que de les attendre dans « nos » lieux : on peut penser aux médias, à internet, aux stades, aux lieux de consommation, etc. Apprenons à nouveau à dire l’essentiel de notre conviction, du message qui nous porte, et cela de manière pertinente et attractive, sans faire abstraction de son caractère religieux. Il faut défendre l’originalité de l’Evangile dans et pour le monde – puis laisser croître. Rappelons-nous quand même que pour qu’une semence puisse croître, il faut qu’elle ait été semée. Je me permets de souligner un point où il y a débat d’interprétation entre confessions chrétiennes : en effet, s’il y a une tradition à laquelle nous nous référons, il y a par la force des choses un élément d’objectivité dans le message à transmettre.
Jacques Matthey directeur du programme Unité, Mission, Evangélisation et Spiritualité au COE
Le Christ n’a pas seulement appelé des personnes individuelles à le suivre, il a réuni un groupe autour de lui (les douze) représentant un peuple nouveau.
Pour ma part, je souhaite insister sur l’importance du corps constitué qu’est l’Eglise. Dans un monde et une société fragmentés à l’extrême, l’Eglise comme « corps du Christ » est appelée à renvoyer, par son existence même, à la rupture du mur de séparation, rendue possible en Christ, et donc à la réconciliation (cf. Ephésiens). L’unité et la catholicité du nouveau peuple de Dieu font partie intégrante du message et ne sont pas une simple conséquence de choix personnels. Dans un monde où l’injustice est croissante, cette unité se manifestera aussi par un partenariat qui implique un partage du pouvoir entre Eglises du Nord et du Sud. Or, nous sommes obligés de constater que les évolutions dans la politique de développement actuelle vont vers une concentration du pouvoir au Nord.
Guérison Enfin, il faut souligner qu’il ne saurait y avoir d’évangélisation digne de ce nom sans communauté de référence. C’est aussi ce que nous avons essayé de dire et de vivre lors de la Conférence missionnaire mondiale de 2005 à Athènes 1.
Dans les relations entre cultures, il y a débat entre ceux et celles qui conçoivent le monde comme influencé par des forces spirituelles multiples, bienfaisantes ou malfaisantes, et ceux ou celles qui estiment qu’il faut démythologiser ces conceptions pour ne prendre en compte que les influences ou structures sociales, psychologiques et économiques.
1 J. Matthey (ed.) : Come, Holy Spirit, heal and reconcile ! Report on the WCC Conference on World Mission and Evangelism, Athens, Greece, May 2005. Geneva, WCC, 2008.
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Les choix opérés en matière de conception du monde ont une influence considérable sur la compréhension du ministère de guérison. Nous devons retravailler le lien entre foi ou théologie et médecines (au pluriel) pour imaginer les formes que le ministère de guérison devra trouver aujourd’hui dans différents contextes. La recherche d’une « communauté de guérison » (healing community) fait partie intégrante de ce ministère essentiel pour témoigner de l’Evangile aujourd’hui. En utilisant cette expression « communauté de guérison », je pense à un lieu où je peux faire l’expérience du pouvoir de guérison de l’Evangile, soit par un rétablissement physique (partiel ou total) ou relationnel, soit par la capacité qui m’est donnée de tenir le coup et continuer à vivre, retrouver un équilibre, au sein de la souffrance.
Justice Jésus parle de l’Evangile du royaume de Dieu. Où est notre passion pour la justice voulue par Dieu, qui en est partie intégrante ? Nous vivons à nouveau un moment historique, où le système économique mondial prouve de manière évidente son échec à faire vivre tous les humains dans la dignité. La crise financière ou les émeutes de la faim – répétition de semblables émeutes précédentes – sont la preuve que le système mondial qui régit nos relations est en faillite. Il y a dans le cadre de la mission de l’Eglise un mandat de dénonciation prophétique essentiel qui est peu utilisé par les Eglises, bien que porté par des mouvements comme l’Alliance pour la justice (Covenanting for justice) dont l’Alliance réformée mondiale s’est fait le champion et que le COE soutient.
Saint Esprit
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Je partage la formule selon laquelle nous sommes appelés à perturber ou à mettre en question ceux et celles qui sont confortables et réconforter ceux et celles qui sont dans la détresse. C’est un excellent résumé du ministère de guérison, dans l’exercice duquel nous devons discerner quand et comment être pastoral et quand (et comment) être prophétique.
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Dans les réflexions des Eglises sur la mission, les références au Saint Esprit sont très rares et peu significatives. Nous sommes trop réformés sur ce point, et je vous invite à prendre au sérieux le dialogue théologique avec les pentecôtistes et les orthodoxes à ce sujet. Seule une meilleure accentuation de la pneumatologie dans le cadre d’une théologie trinitaire peut nous aider à avancer et à nous rendre plus fidèles dans le cadre de la mission de Dieu. ✱
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Recherche de vérités ou de La vérité?
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eut-on aujourd’hui encore parler de mission tout en respectant les convictions de ceux qui ont une autre foi? Et dans l’affirmative, à quoi ressemblerait une mission qui ne serait ni paternaliste, ni colonialiste, et qui respecterait les autres religions? Le Nouveau Testament livre des compréhensions différentes de la notion de mission. Parallèlement à l’impératif d’évangélisation que l’on rencontre par exemple dans le livre de Matthieu (28, 18) : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du saint Esprit leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit », la mission est aussi décrite comme une évolution salvatrice, une possibilité donnée aux hommes de se libérer de ce qui les opprime. Luc (4,14 ss) en donne un bon exemple : « Il (Dieu) m’a envoyé pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue; renvoyer les opprimés en liberté et proclamer une année d’accueil par le Seigneur.» A une époque où, aux quatre coins de la planète, des Eglises locales sont constituées et vivent, la mission peut être comprise comme une solidarité entre Eglises, comme le suggèrent les Actes des Apôtres (16,9). « Une nuit, Paul eut une vision: un Macédonien lui apparut, debout, qui lui faisait cette prière: passe en Macédoine, viens à notre secours ! ». Matthieu (13,33) parle aussi de la mission comme d’un processus peu spectaculaire mais durable qui, à long terme, transforme les individus et même les cultures et les rend réceptifs à la vérité et capables de dialogue: « Le Royaume des Cieux est comparable à du levain, qu’une femme prend et enfouit dans
trois mesures de farine, si bien que toute la masse lève. » Le dialogue comme lieu de rencontre entre différentes formes de mission Le fondement de la mission est de rendre témoignage. Cette dimension est essentielle. Pourtant, transmettre le contenu de la foi n’est pas témoigner ! Nous ne pouvons témoigner que de l’espoir qui nous fait vivre, de ce qui nous donne la force de vivre et qui est source de joie, qui nous est donné par notre foi et qui guide nos actes (cf. 1 Pierre 3,15). C’est cette certitude que nous souhaitons communiquer aux autres pour les convaincre. Avec les croyants d’autres religions, exprimer cette certitude ne peut se faire que sous la forme du dialogue. Elle ne peut être qu’expression d’une conviction personnelle et non prétention à la vérité universelle. Il est important à cet égard que la forme et le contenu de la mission concordent. Si nous sommes habités par cette promesse de Dieu que rien ne peut nous séparer de son amour, qu’il nous accueille dans sa grâce et vient nous libérer (cf. Jean 8,31 ss), une telle certitude ne peut en aucun cas être imposée par la contrainte aux croyants d’autres religions. En témoignant de cette certitude et en la fondant dans le dialogue, la mission n’est plus alors cette démarche contraignante et exclusive, mais elle devient ce moyen de rendre notre foi visible et d’appréhender ce que l’autre peut vivre dans sa foi différente de la nôtre. ✱
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Pia Grossholz-Fahrni,
cheffe du département Œcuménisme-Terre Nouvelle-Migration des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure
En témoignant de cette certitude et en la fondant dans le dialogue, la mission n’est plus alors cettedémarche contrai gnante et exclusive
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? itaire n ma u h u o Evolution de la aire n n issio M mission on porte sur les prioPourquoi cette question? La discussi au loin. Certaines aire ionn miss ion l’act rités à fixer dans breux doutes et nom de à e plac évidences d’hier ont fait incertitudes. milieux protestants Cette dualité, émergeante dans les par le Français Marc ée relev est s, temp depuis quelques : Muller, du Défap. Extraits
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Missionnaire et et pas Humanitaire humanitaire ire missionna re êt Les chrétiens, l’Église se s ne pa Les raisons de t préoccupent autant du salu jourd’hui sont missionnaire au rs des hommes que de leu crées dans les parfois bien an rfo ré besoins matériels et monothér convictions lu les dains: approche intégrale, prosélytisme, mées: refus du si aus professionnels disent oyances des respect des cr re ux ie lig « holistique ». Pour entend re e ism autres, relativ un ir l’Evangile, il faut avo certitude que et finalement e. us pl corps disponible à l’écout t ue es la vie biologiq des t Pour louer Dieu, il fau e tout, plus im importante qu . le el tu iri sp personnes capables de se e vi portante que la tenir debout. Pour être mis e à personne en Non assistanc r alle r voi sionnaire, il faut pou fait de ne pas danger, c’est le ds pie idebout sur ses deux pain, de la sacr lui donner du ess ue iq lit au-devant de ceux qui dés po rêts fier à des inté les s . pèrent de cette vie. Dan ts particuliers ou à des intérê s, ce d an qu , te pays du Sud, pays pauvre rvan L’Église est se nt nne sont les Églises qui pre e de l’humaelle se préoccup , il ion ens en charge cette dim ême et non nité pour elle-m s dan ilité trer en religion. en va de leur crédib pour la faire en la à mis un environnement sou lutter contre la Elle doit donc se. ant des actions concurrence religieu misère en men généreuses.
Missionnaire et pas humanitaire Les chrétiens s’occupent avant tout de religion, de cultuel et de proclamation de l’évangile. La conversion des non croyants à la foi chrétienne est cependant devenue une idée secrète pour les luthéro-réformés. Longtemps restée inavouable et même refoulée dans l’Eglise, elle resurgit durant les récents synodes. L’humanitaire, c’est pour les ONG, ce n’est pas le boulot de l’Église. Dans une société riche et laïque, l’humanitaire est confié à l’Etat-providence, aux urgentistes internationaux et aux ONG spécialisées dans la santé, l’éducation, le développement rural.
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« Missionnaire / humanitaire », est-ce une alternative dépassée, un problème mal posé ? La juxtaposition « missionnaire/ humanitaire » peut laisser perplexe, s’il s’agit de réfléchir aux priorités de notre témoignage aujourd’hui. Le langage courant a laïcisé le mot « missionnaire »; il recouvre le projet civilisateur de l’ « humanitaire », depuis Schweitzer jusqu’à Kouchner. L’alliance de ces termes dévoile une part de l’imaginaire des Églises du Nord. Celles-ci tendent à assimiler I’aide aux pauvres et l’évangélisation. En 2008, le terrain « missionnaire humanitaire » externe luthéro-réformé français se superpose toujours avec l’ancien espace colonial. Mais qu’en est-il de l’annonce missionnaire de l’Évangile, de l’action apostolique, dans les Églises du Nord ?
Notes : • Marc Muller a donné un exposé lors de la rencontre du Défap en 2008 sur ce thème. Cette rencontre a réuni de nombreuses organisations protestantes, dont DM échange et mission. • Le rapport complet de ce Forum et disponible à DM - échange et mission.
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Quelques conclusions : A l’écoute de l’Évangile et des débats, un collectif a mis en avant quelques enjeux et réflexions, dont voici quelques pistes : nous faisons le constat d’un bouleversement dans l’organisation de notre monde. Devant la complexité de cette situation, nous avons la volonté de mieux comprendre les mécanismes de ce changement, afin de donner un sens à nos engagements. Nous mesurons la nécessité de trouver de nouvelles réponses dans les relations entre le Nord et le Sud. Cependant, nous constatons que nous sommes sans cesse tentés de reproduire des schémas anciens : d’un côté, ceux qui ont les moyens et de l’autre, ceux qui ont des besoins. Notre souci est de ne pas alimenter une démarche qui serait teintée de néo-colonialisme et aussi de ne pas tomber dans des stratégies de complaisance. La mission de l’Église passe par la reconnaissance mutuelle de nos forces et de nos faiblesses au regard de cette nouvelle réalité internationale. Il n’est pas légitime d’opposer radicalement le geste missionnaire et le geste humanitaire dans le cadre de nos Églises. En revanche, il nous faut discerner en fonction des temps et des lieux la forme du témoignage la mieux adaptée. Elle sera, selon le cas, plutôt missionnaire ou plutôt humanitaire. Les participants à ce rassemblement relèvent que l’expérience du Christ leur donne l’enthousiasme et la force pour être témoins de ce que Dieu fait pour nous.
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uand Jésus envoie ses disciples deux à deux, il leur demande d’inciter les gens à la conversion, de chasser des démons et d’oindre d’huile les malades, lit-on dans l’Evangile de Marc (ch.6). En termes actualisés, l’envoyé-e affirme que le changement est possible. Il encourage autrui à s’y risquer. Il dénonce ce qui brime l’humain, prenant position face à des comportements déstructeurs. Il bénit chacun-e dans un mouvement d’amour inconditionnel inspiré du cœur de Dieu. On retrouve ces différents éléments dans les témoignages réunis ici. Tous, ils manifestent le désir d’accompagner les gens en phase avec ce qu’ils vivent en posant sur eux un regard de respect et d’accueil. Dieu est là, dehors, alors allez !
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L’envoi a cependant deux facettes conjointes : celle d’aller vers les autres mais aussi celle d’aller vers soi-même. C’est cette dernière qu’on délaisse souvent. Une réflexion de Louis Evely vient bien à propos : « Comment croire que l’amour est plus fort que la mort s’il ne vous a pas rendu vivant ? » Comment donc partager avec d’autres ce qu’on n’a pas expérimenté soi-même ? Pour ce faire, nous sommes invités à exposer nos propres vies de façon continuelle à la bénédiction de Dieu. Ainsi pourrons-nous percevoir son opposition face aux démons qui nous habitent. Ceux qui nous voilent la compréhension de la grâce, qui pervertissent le sens du pardon et de l’amour. Ceux qui nous font croire que nous ne pouvons rien partager avec les autres, car nous ne sommes pas des spécialistes. Ainsi nous faut-il être attentifs à l’apport de la présence de Dieu dans tous les recoins de nos vies, revisiter nos apprentissages de la foi, chercher sa face qui ne nous est jamais tout à fait dévoilée.
… re v i u rs u o p r u Po
Il faut…, c’est déjà l’envoi. Car sur ce chemin qui semble tout intérieur et personnel, nous avons la surprise d’être de fait en route avec d’autres et vers d’autres comme une évidence, comme un appel entendu au fond de soi et une obéissance, comme une lumière sur un socle. ✱
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ancien envoyé à cuba (2007-2008) J’ai profité du soutien de DMéchange et mission pour vivre une expérience unique sur les plans social, professionnel, culturel et spirituel. M’engager aujourd’hui en Suisse pour promouvoir ses actions permet de passer le témoin à d’autres envoyés ou futurs envoyés.
Irénée Haniss Pierrehumbert (GE), responsable Afrique Australe et ACO à DM-échange et mission Etre en relation de partage avec les Eglises d’ailleurs et d’ici, apprendre à exprimer ma foi sous différentes formes – parole, danse, chant – et témoigner ici de cette richesse sont un privilège pour moi.
Laure Schmied
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Epalinges (VD), ancienne envoyée de DM-échange et mission, membre du Conseil cantonal Terre Nouvelle Vivre et partager ma foi parmi et avec les plus pauvres, dans des situations de totale dépendance, m’a permis de toucher du doigt les vérités et promesses de Dieu ; et malgré la distance, de créer ou de resserrer des liens forts avec nos amis, notre famille et notre paroisse.
Cossonay (VD), ancienne envoyée au Mexique (2005-2006) Mon petit sentier à moi passe par le travail que j’ai trouvé à mon retour en Suisse, au sein d’une Institution qui accompagne des personnes en situation de handicap. Voilà un continent caché et mystérieux à la découverte duquel il vaut la peine de cheminer! C’est d’un « exotisme » aussi bouleversant que mon expérience mexicaine... Ce que j’ai vécu là-bas, je le porte en moi encore aujourd’hui, c’est « dans mon sac à dos », et je le partage avec ceux que je rencontre... La reconnaissance d’avoir pu vivre quelque chose d’aussi plein. Pierre à pierre, chacun à notre manière, nous construisons le Royaume, au quotidien, sans fanfares ni trompettes.
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Affiches, signets et sets de ❷ table
Les textes et témoignages du document que vous avez entre les mains vous donnent-ils envie d’aller plus loin ? En réponse à ce « comment », il y a bien sûr de multiples moyens que vous pourrez mettre en oeuvre dans les paroisses locales ou encore auprès des Eglises cantonales, notamment grâce au réseau Terre Nouvelle, et directement auprès de DM-échange et mission qui vous propose
DM-échange et mission vous propose 4 affiches - de format A3 - à placer dans votre paroisse, chez vous ou dans un lieu de rencontre. Elles engagent à poser ou se poser des questions sur la foi et l’Evangile.
3 possibilités de témoigner
❶
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S’engager et se ❶ former sur le terrain Vous avez 3 atouts ? ✱ un métier ✱ une conviction ✱ l’amour du prochain
LES TÉMOIGNSEZ UNS LE AUTRES TÉMOIGNER, C’EST SE DONNER
Cinq types de séjour et d’engagement sont proposés:
LES TÉMOIGNSEZ UNS LE AUTRES TÉMOIGNER DE SA FOI, C’EST PAS RINGARD
A lire : 2 Timothée 1v7
A lire : Romains 12 v 6 -10
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Mandats professionnels 1. long terme ( 2 ans et plus ) 2. moyen terme ( 6 à 12 mois ) 3. service civil en Suisse ou à l’étranger ( 6 à 13 mois )
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LES TÉMOIGNSEZ UNS LE AUTRES
Découverte et sensibilisation 4. séjour individuel (2 à 4 mois) 5. voyages et visites de groupes
LES TÉMOIGNSEZ UNS LE AUTRES
TÉMOIGNER, C’EST AIMER
TÉMOIGNER, C’EST ÊTRE GÉNÉREUX
A lire : Philippiens 2 v 1-4
A lire : 2 Corinthiens 8 et 9
Pour commander et recevoir gratuitement des affiches, des sets de table et des signets, détachez le coupon contact en dernière page Ou contactez Denise Goetz à DM-échange et mission, 021 643 73 99 ou animation@dmr.ch
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✁ Coupon Contact
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1. Votre don de temps : être bénévole avec DM-échange et mission. Votre métier, votre passion, votre amour du prochain sont des outils utiles pour DM-échange et mission et pour ceux que vous allez rencontrer. C’est un don qui construit ! 2. Votre don financier : même modeste, un don financier aide DM-échange et mission à poursuivre sa mission et à encourager le témoignage de l’Evangile.
C’est un don qui fait une différence ! DM-échange et mission est financé principalement par des dons privés. Il reçoit aussi des contributions des Eglises protestantes de Suisse, de Pain pour le prochain ou d’ organismes publics.
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3. Votre don de foi : en priant pour DM-échange et mission et ceux que nous aidons. Nous croyons à la force de la prière
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Témoin (bulletin trimestriel)
DM-échange et mission chemin des Cèdres 5 CH - 1004 Lausanne
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Un RdV. Merci de me téléphoner au :_________________________________________________________ www.dmr.ch
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TÉMOIGNER DE SA FOI, C’EST PAS RINGARD
A lire : Jean 15 v13
A lire : 2 Timothée 1v 7
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A lire : Philippiens 2 v 1-4
A lire : 2 Corinthiens 8 et 9
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Témoignages et photos d’hier et d’aujourd’hui
« Appel à témoin ! »
Tout n’est pas dit dans ce numéro, et nous sommes prêts à recevoir votre témoignage de foi pour le prochain numéro de Témoins aujourd’hui
Ecrivez votre témoignage au dos
Ou contactez Denise Goetz à DM-échange et mission, 021 643 73 99 ou animation@dmr.ch
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(Suite éventuelle sur une feuille volante)
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N°7 Octobre Décembre 09
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Monnard
¼ Bénin: témoigne r en chan tant
Grâce à vos par l’envo dons, DM-échan i de perso ge et missi soutien on se met à des proje nnes au servic au servic e d’Egl développe ts de forma tion théolo ises et de parte e du prochain, DM-échan ment en Afriqu naires du gique e, Sud, et s’engage ge et mission est en Amérique latine , d’éducation, le sur le terrai en lien direc et au Moye de santé et de n au trave t n-Orient. *Suite à rs des 20 avec des parte Aujourd’hu nos appel postes d’env naires dans i, s de janvie 12 oyés et r et juin de 80 projepays et ts.
Nous déco « Nouvel baisse ces uvrons un peup le naissa le siens partic dernières année mauricien attach nce » s. à essaimer. ipent à la vie paroi Dans l’Eglise é à la pratique Ils ont cruell ssiale, mais presbytérienne, religieuse, malgr de paroi emen é une ils la ssiens. Pour l’heur t manqué de semblent avoir moitié des paroi tion des de spasteurs respo e, nous avons des et ont connula peine à croître jeunes adulte nsables de et tâches une s, des anima communautés sociaux de maiso de coaching et hémorragie et teurs du n, des de forma culte, à part l’animdes acteurs de l’évangélisa des coordinateugroupes de familières, ation des cultes tion. Ce les autre et la forma sont des rs de projets s doma défis de tion des Faites conna ines sont passablemejeunes qui me taille : issance avec sont nt nouve nos envoy aux. é-e-s sur www.dmr.ch, rubrique envoyés
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Cette année 2009, « Nouvelle Naissa intitulée nce », corresp aux trente ans de l’autonomie ond l’Eglise. de
DU SÉPEY À L’ÎLE MAURICE
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