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FOCUS

LA PRATIQUE D’UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE ET SPORTIVE POUR LES PERSONNES AVEC TROUBLE DU SPECTRE DE L’AUTISME,

C’EST CAPITAL !

Qui ne se souvient pas de ce jeune autiste, qui, accompagné de sa maman pendant le premier confinement, a découvert la joie de courir à l’extérieur ? Combien d’expériences, anecdotes avons-nous entendues concernant les bienfaits du sport pour ces jeunes ?

PAR LE MINISTÈRE CHARGÉ DES SPORTS

LA PRATIQUE DES APS, UN RÉEL BÉNÉFICE POUR TOUS CEUX QUI ACCÈDENT À UNE OFFRE ADAPTÉE

S’il est acquis que le sport est bon pour la santé de chacun, il existe encore peu de littérature s’intéressant spécifiquement à l’autisme et au rôle des activités physiques et sportives chez les jeunes qui présentent ce handicap. La pratique d’une activité physique et sportive peut avoir de nombreux bénéfices pour tous, valides ou handicapés, neurotypiques ou autistes. Mais les offres de pratique permettant aux personnes autistes d’y accéder régulièrement sont encore insuffisantes. Au-delà des questions de motivation des autistes eux-mêmes, le manque de structures adaptées, l’autocensure des parents, le manque de formation des encadrants ou encore simplement et malheureusement le refus d’accueillir un enfant différent, souvent par peur de mal faire, freinent l’accès de ces jeunes à la pratique. Pourtant, les effets bénéfiques de la pratique d’une activité sportive sur les jeunes autistes ne sont plus à démontrer et se retrouvent sur plusieurs plans :

PHYSIQUE :

➧ Amélioration des capacités cardio-vasculaires, des capacités motrices et de l’endurance ; ➧ Prévention de problèmes de santé chroniques liés à l’inactivité physique ;

SENSORI-MOTEUR :

➧ Meilleure connaissance et plus grande maîtrise des propriétés biomécaniques de son corps ; ➧ Meilleur traitement de l’information sensorielle ; ➧ Construction de représentations du corps (schéma corporel) ; ➧ Construction de schémas d’actions dirigées vers un but extérieur de nature spatiale (saisir un objet) ;

SOCIAL :

➧ Augmentation des interactions verbales et non verbales ; ➧ Augmentation des interactions entre les individus d’un groupe et partage des émotions par l’intermédiaire de postures, de mimiques, de regards ;

HÉDONIQUE :

➧ Plaisir que procure le jeu accompagnant le sport ; ➧ Meilleure perception de soi et de ses capacités. C’est aussi en faisant « comme tout le monde » dans un environnement adapté que l’on permet aux jeunes en situation de handicap de bien grandir, qu’on leur propose une société plus inclusive. Le développement des pratiques parasport et l’accès des jeunes handicapés aux activités physiques et sportives comptent parmi les mesures phares de la Stratégie Nationale Sport et Handicaps présentée par Mme Roxana MARACINEANU, ministre chargée des Sports, le 3 décembre dernier à l’occasion de la Journée internationale des personnes en situation de handicap

(https://www.sports.gouv.fr/accueil-du-site/actualites/article/ presentation-des-mesures-phares-de-la-strategie-nationalesport-et-handicaps).

L’ACCUEIL AU SEIN D’UN CLUB : DE BONNES PRATIQUES À DÉMULTIPLIER

De nombreux clubs sportifs se sont lancés dans l’accueil de personnes avec TSA pour pratiquer une activité physique et sportive, c’est une très bonne nouvelle ! Pour que cette pratique soit la plus bénéfique possible pour les jeunes autistes, il convient d’anticiper et d’adapter les conditions dans lesquelles le projet se met en place. À titre d’exemple, les initiatives remarquables développées en Seine-Maritime où une labellisation de clubs est proposée pour l’accueil spécifique des jeunes autistes avec un cahier des charges précis permettant de garantir à tous un encadrement de qualité. Cette démarche est portée au niveau départemental et associe l’ensemble des acteurs : clubs, services de l’État, ligue régionale du Sport Adapté, ligue régionale et comité départemental de Tennis, Comité Départemental Olympique et Sportif, Centre de Ressources Autisme de Rouen, universitaires, parents, etc. Une étude est par ailleurs en cours pour mesurer précisément l’impact de la pratique du tennis sur une cohorte de jeunes avec TSA ; elle permettra de documenter les bénéfices d’une activité physique et sportive régulière sur la qualité de vie des jeunes autistes et les répercussions sur la vie familiale. De nombreuses initiatives se déploient sur l’ensemble du territoire national dont celles portées par l’ASPTT en lien avec la fondation Orange, qui permettent de mettre à disposition des

CHIFFRES CLÉS

clubs volontaires un accompagnement, des outils et des contenus de sensibilisation pour accueillir toujours plus de jeunes avec TSA en clubs à proximité du lieu de vie.

LA FORMATION EN QUESTION

Le refus d’accueillir une personne avec TSA est souvent induit par la peur de ne pas savoir faire, de mal faire ou bien encore tout simplement en raison de la difficulté à appréhender la différence. Dans la majorité des recours concernant le refus d’accueillir des jeunes autistes, la structure ne dispose pas de professionnels formés. La formation des éducateurs sportifs, qu’ils soient bénévoles ou professionnels, est donc primordiale. Au-delà de l’accueil de personnes en situation de handicap, l’autisme nécessite une connaissance et des contenus spécifiques qui permettent de répondre au mieux aux besoins des jeunes sportifs accueillis. Aussi la Fédération Française du Sport Adapté (FFSA) a-t-elle créé un diplôme universitaire « Autisme et médiations corporelles », qui favorise le développement des compétences complémentaires indispensables aux encadrants d’activités physiques et sportives.

L’IMPORTANCE DU SPORT POUR LES AIDANTS

Enfin, un des paramètres, non négligeable, concerne les bienfaits pour l’entourage proche, en premier lieu les parents. Souvent qualifiées de « bouffées d’oxygène », les activités physiques et sportives sont aussi bénéfiques pour les aidants. Alors même que l’enfant autiste et son entourage sont régulièrement confrontés à de nombreux échecs, dans une société qui n’est pas calibrée pour des enfants différents, ces pratiques qui associent le parent et l’enfant sont très bénéfiques à l’épanouissement de tous. L’association nationale « Handi Surf » en a même fait son cheval de bataille, avec la création de la « Maison des aidants », pour le plus grand bonheur des enfants et des parents concernés : créée à Bayonne, cette maison est destinée aux familles de jeunes participant aux activités nautiques proposées par l’association. Lieu de rencontre, cette structure propose des permanences, des conseils, un accompagnement des jeunes et des familles. Témoignage de Téo Foucher, enseignant en Activité physique adaptée, spécialisé en autisme et troubles associés, intervenant pour l’ASAP (Association Autisme Service à la Personne) : « L’activité physique et sportive adaptée permet aux jeunes de prendre conscience de leur schéma corporel, d’avoir une meilleure coordination et une meilleure vitesse d’exécution dans les différentes tâches de la vie quotidienne. Pour les parents, c’est un réel bienfait d’améliorer l’autonomie de leurs enfants. En termes de communication, les activités physiques adaptées ont pour objet également de développer la prise d’initiatives et les comportements spontanés (faire des demandes, aller vers l’autre…). » ✱

Sources : les chiff res clés-Stratégie nationale autisme 2018-2022, 2018 https://handicap.gouv.fr/archives/ancienne-rub-autism/ strategie-nationale-pour-l-autisme-2018-2022/

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