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ROXANA MARACINEANU
from Jeunesse Santé
by DocDuSport
FACILITER L’ACCÈS AU SPORT À L’ÉCOLE EST STRATÉGIQUE.
Plus de sport à l’école fait partie des 4 priorités du ministère. Quelles sont les actions mises en place à ce sujet ?
Mon ambition est d’inscrire un rituel sportif dans la vie de chaque individu et ce, dès le plus jeune âge. C’est ainsi que la pratique d’une activité physique et sportive pourra s’ancrer durablement dans notre quotidien. Une pratique régulière est essentielle pour le bien-être psychique et physique, c’est aussi, et la crise sanitaire nous le rappelle avec force, un atout majeur pour préserver sa santé. C’est pourquoi, avec Jean-Michel Blanquer, nous portons avec conviction le déploiement du savoir nager et du savoir rouler dès le primaire ou encore l’installation des 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école déjà mise en œuvre dans plusieurs académies. La création d’un enseignement de spécialité « sport » au baccalauréat dès 2021 participe de la même démarche : reconnaître et changer la place du sport dans notre société. L’horizon de Paris 2024 nous offre une formidable opportunité de monter en puissance sur ce registre. Faire de la France une nation plus sportive sera, à mes yeux, le plus bel héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques.
Quels sont vos objectifs ?
Les 30 minutes d’activité physique quotidiennes sont déjà expérimentées dans plusieurs académies et notamment dans celle de Créteil. Les réformes prioritaires que sont le Savoir Rouler à Vélo et l’Aisance Aquatique sont déjà bien engagées. L’objectif est de toucher à terme toute une classe d’âge chaque année. Ces initiatives sont destinées à renforcer l’activité physique et sportive des jeunes dans le temps scolaire mais aussi de garantir aux enfants l’acquisition de fondamentaux. C’est aussi un enjeu de sécurité ; il s’agit de leur donner des compétences pour qu’ils soient autonomes et en sécurité dans une piscine ou à vélo.
Pouvez-vous nous présenter le Pass’Sport qui doit favoriser la pratique du sport chez les jeunes ?
Dès le printemps, le ministère chargé des Sports a anticipé l’impact de la crise sanitaire sur le nombre de licences dans les clubs sportifs. Nous avons donc planché sur des mesures de relance de l’activité sportive, surtout pour les personnes les plus fragiles. C’est cette réflexion menée avec le mouvement sportif qui a conduit au concept du Pass’Sport. Une aide financière à la prise de licence dans un club sportif prioritairement axée vers les jeunes dont les familles n’ont pas les moyens de payer une adhésion à une association sportive, notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la Ville. Le Président de la République a annoncé qu’une enveloppe de 100 millions d’euros y serait consacrée dès 2021. C’est un acte très fort qui démontre bien l’utilité sociale du sport et la considération pour le monde sportif.
Quel accompagnement souhaitez-vous apporter aux jeunes ?
Aujourd’hui, il existe une véritable piste de progrès pour faciliter le parcours scolaire et universitaire des jeunes sportifs. Quand on fait du sport de manière intensive, qu’on se destine au haut niveau, l’école doit pouvoir s’adapter au rythme des entraînements et des compétitions, proposer des alternatives pour garantir un suivi scolaire de qualité sans renoncer à sa passion. Certains établissements le font déjà et nos CREPS sont dans cette logique mais il nous faut accélérer le mouvement. Le comité de pilotage dédié installé par Jean-Michel Blanquer et moi-même a aussi cette ambition, mieux accompagner nos sportifs dans leur parcours sportif et de vie.
Quelle doit être la place du sport dans les écoles ?
Notre volonté est de renforcer la place de la pratique sportive dans le temps scolaire. Il est important que les heures d’EPS puissent avoir toute leur place dans les activités des élèves. En outre, le mouvement sportif peut avoir un rôle déterminant pour venir en soutien aux enseignants. En intégrant 30 minutes d’activité physique par jour au primaire, on crée une nouvelle dynamique dans le temps de l’élève pour l’encourager à bouger plus. Mais le véritable enjeu à mes yeux est de considérer la pratique sportive comme un des supports pédagogiques. Nous l’avons fait à l’occasion du Tour de France 2020 de manière originale : dans les villes traversées par le Tour, nous avons mobilisé les clubs de la fédération de cyclisme pour enseigner le savoir rouler dans les écoles et dans la même semaine, les professeurs se sont servis du Tour et du cyclisme pour enseigner la géographie, les mathématiques… C’est plus ludique et tout aussi efficace du point de vue pédagogique. On peut dupliquer l’expérience avec la pratique de la natation qui permet par exemple d’expérimenter la poussée d’Archimède.
Hormis l’école, par quels biais souhaitez-vous rendre le sport accessible aux jeunes ?
Faciliter l’accès au sport à l’école est stratégique car cela permet à tout enfant, quelle que soit son origine sociale, de bénéficier de ces apprentissages. Notre objectif avec Jean-Michel Blanquer est de favoriser les passerelles entre le monde scolaire ou périscolaire avec le monde associatif qui accueille 16 millions d’adhérents dont 9 millions de mineurs. 32 fédérations sportives ont déjà signé des conventions avec l’Éducation nationale pour favoriser et accompagner l’organisation d’activités sportives au sein de l’école et dans le cadre des différents dispositifs ouverts dans les temps scolaire et périscolaire, et ainsi faire découvrir leurs disciplines aux élèves. C’est une démarche vertueuse qui favorise l’égalité d’accès au sport pour tous et permet de capter de nouveaux licenciés pour les associations. Pour encourager ce mouvement, j’ai la volonté d’accorder des financements dédiés aux fédérations et associations motivées à intervenir dans le champ scolaire. L’autre priorité est de vitaminer l’offre sportive dans les quartiers les plus défavorisés. Dans les QPV, nous investissons déjà fortement sur la création et la rénovation d’équipements sportifs, nous finançons des emplois sportifs associatifs mais nous devons aller encore plus loin car le sport est un véritable tremplin pour l’intégration sociale. Au total, en 2020, 75 millions d’euros ont été investis par le ministère dans les quartiers. Et nous allons continuer.
Sport et éducation doivent-ils être indissociables ?
Un éducateur sportif est avant tout un éducateur. Aux côtés de l’école, le monde sportif a la mission de forger des citoyens épanouis, éclairés et autonomes. En rapprochant le ministère des Sports de celui de l’Éducation nationale, notamment à travers une intégration très étroite des services, nous affirmons très clairement la mission éducative du sport. Dans sa pratique sportive, on apprend évidemment une discipline, ses codes et sa philosophie mais on apprend surtout la règle, le dépassement de soi, la tolérance, le respect de l’autre. Je suis très attachée à la notion de progrès véhiculée par le sport qui est transposable au milieu scolaire mais aussi à l’échelle de chaque individu. ✱