Magazine Downdays, Hiver 2019 (FR)

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Hiver 2019

KARAKORAM / MARKUS EDER / FINLANDE / 10 ANS DE DOWNDAYS

downdays


RIDE& REVOLT


HI G H T ECH M ADE W HER E WE L IV E A N D SK I: BAVA RIA , GE RMANY

VO E LK L.COM

VO E LK L.COM




«CE N’EST PAS CE QUE VOUS FAITES, MAIS COMMENT VOUS LE FAITES.» JOHN WOODEN

Composer ce numéro spécial du 10ème anniversaire du magazine Downdays a présenté à notre équipe éditoriale de nombreux défis: Quel contenu? Que pouvons-nous laisser de côté? Comment revenir sur toute une époque de ski tout en restant tournés vers l'avenir? Appels sur Skype, réunions pizzas de nuit, innombrables e-mails et journées de bousculades pour préparer ce numéro, tout cela nous a rappelé la citation susmentionnée. Nous avons parlé du «comment nous faisons ce magazine»: la collaboration, le compromis et la passion qui contribuent à la création de ces pages. Mais la citation se rattache bien à l’esprit de la pratique du freeski - ce «comment on le fait» spécial qui transforme un trick basique en une œuvre d’art, ou une face vierge en une toile pour l’âme. Tout ce qui est apparu précédemment dans ce magazine est relié à «ce n’est pas ce que vous faites, c’est comment vous le faites». Nous avons articulé ce numéro autour des personnes, des crews et des lieux reflétant cette citation ces 10 dernières années, comme indiqué dans la rubrique spéciale: Une décennie de Downdays PAGE 68. Nous avons rencontré Markus Eder - le skieur européen le plus sousestimé de la dernière décennie - pour une interview et une revue de sa carrière PAGE 82. Comment vous le faites? Nous avons interrogé le vétéran de l'industrie, Stian Hagen PAGE 38, et la nouvelle championne du Freeride World Tour, Arianna Tricomi PAGE 14. Nous avons aussi posé la question dans le freestyle, avec James Woods PAGE 108, Øystein Bråten et Sarah Hoefflin PAGE 36. Et nous avons découvert quelques «choses bien faites»: une équipe gagnante à un contest photo PAGE 108, un film de ski intemporel PAGE 48 et un voyage fou à la recherche d'une montagne de rêve PAGE 54. Et pour rester frais, il y a aussi une galerie de sreet nocturne en Finlande PAGE 92. «Ce n’est pas ce que vous faites, c’est comme vous le faites.» Notre «comment nous le faisons» est le suivant: avec passion, persévérance et un désir inextinguible de vous garder aussi attiré par le ski que vous le méritez. C’est comme ça que nous le faisons depuis dix ans et nous en attendons dix de plus.

L'ÉQUIPE ÉDITORIALE DE DOWNDAYS ÉDITORIAL

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POWDER TO THE PEOPLE CETTE IMAGE DE HENRIK WIND STEDT A ÉTÉ PRISE LE 5 DÉCEMBRE 2017, MAIS ON DIRAIT DÉJÀ MI-HIVER. ON A CONN U PROBABLEMENT UN DES MEILLEURS DÉBUTS DE SAISON EN ENGELBERG, ET LE TRUC COOL EST QUE L’HIVER A CONTINUÉ DE NOUS RÉGALER. JE N’AI FAIT QU’UN VOYAGE L’HIVER DERNIER, IL N’Y AVAIT AUCUNE RAISON DE PARTIR AVEC TOUTE LA NEIGE QUE L’ON AVAIT.

— OSKAR ENANDER

SKIEUR

HENRIK WINDSTEDT

INTRO

PHOTO

OSKAR ENANDER

LIEU

ENGELBERG, SUISSE

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POWDER TO THE PEOPLE

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INTERVIEW: ARIANNA TRICOMI

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GALLERY

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ÉQUIPEMENT: SKIS & MATOS

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VERSUS: ØYSTEIN BRÅTEN & SARAH HOEFFLIN

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THOUGHT: PRENDRE LES DÉCISIONS

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CREATIVE: FREDDIE GRANN

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THÈME: NADINE WALLNER PARLE DES AVALANCHES

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HISTORY: THE BLIZZARD OF AAHHH’S

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KARAKORAM DIARIES

À LA RECHERCHE D'UN SOMMET PARFAIT AU PAKISTAN

10 ANS DE DOWNDAYS

SUR LE FRONT EUROPÉEN DU FREESKI

FINNISH NIGHTS

LA NUIT EST LE BON MOMENT STASH: TROUVER DES JOYAUX

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ÉVÉNEMENT: GIRL POWER

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SPRAY: FUN DE TYPE 2

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PORTRAIT: JAMES WOODS

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OUTRO: ROAD GAPS AU COL DU STELVIO

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CONTENU

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APRÈS: PILLOW PARTY

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MARKUS EDER

FILS PRODIGE DU TYROL DU SUD

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CONTRIBUTEURS STIAN HAGEN

STEPHAN SUTTON

Lorsque Stian Hagen a déménagé pour la première fois à Chamonix en 1994, il ne savait pas qu'il serait toujours là 25 ans plus tard, sans parler de son statut de skieur professionnel. Le point marquant de sa carrière remonte à quelques segments épiques de MSP au début des années 2000. Stian vit toujours de ses skis en tant que testeur de produits. Dans ce numéro, il partage une partie de la sagesse accumulée lors d'innombrables aventures dans les montagnes du monde entier.

Stephan Sutton n'est pas étranger aux épreuves et aux difficultés du shooting en street. Le natif d’Helsinki photographie depuis l’âge de 14ans et est actuellement le photographe de référence de la scène florissante du street en Finlande. La photo de «Finnish Nights» de ce numéro met en lumière certaines des captures nocturnes de Stephan dans un pays où le soleil est rare.

JAAKKO JÄRVENSIVU Très tôt, les films de ski ont influencé la perception de Jaakko Järvensivu. Voir des clips de Dick Barrymore à l'âge de 12 ans sur Sky Channel l'incite, lui et ses amis, à s'aventurer au-delà des limites du domaine skiable local, mais l'impact le plus important est exercé par le protégé de Barrymore, Greg Stump. Dans ce numéro, Jaakko explore les raisons pour lesquelles The Blizzard of Aaahh’s a été une expérience qui a transformé la vie de toute une génération de skieurs.

JÉRÔME TANON Né à Paris et vivant à Annecy, l’engagement de Jérôme Tanon pour la pellicule photo, au lieu du numérique, l'a projeté sur le devant de la scène de la photographie de snowboard. En 2016, il a sorti son premier documentaire vidéo, The Eternal Beauty of Snowboarding - si vous ne l'avez pas encore vu, posez ce mag et allez sur YouTube. L’an dernier, Jérôme a rejoint une expédition extrême au cœur de la chaîne du Karakoram au Pakistan, comme le raconte le reportage «Karakoram Diaries».

EN COUVERTURE SKIEUR

LÉO TAILLEFER

PHOTO

JÉRÔME TANON

LIEU

BIACHERAHI NORTH TOWER, PAKISTAN

MENTIONS LÉGALES Éditeur Distillery Concept & Creation GmbH Innsbruck, Autriche Rédacteur en Chef Ethan Stone | ethan@distillery.cc Directeur de Projet Mark von Roy | mark@distillery.cc Production & Éditeur Photo Klaus Polzer | klaus@distillery.cc Équipe éditoriale Klaus Polzer, Christian Stadler, Ethan Stone, Mark von Roy Éditeur en ligne Roy Kittler | roy@distillery.cc Photographes pour cette édition Axel Adolfsson, Gianmarco Allegrini, Martin Axéll, Darcy Bacha, Jeremy Bernard, Florian Breitenberger, Adam Clark, Dom Daher, Damien Deschamps, Oskar Enander, Jesus Andres Fernandez, Manuel Ferrigato, Ruedi Flück, Mattias Fredriksson,

DOWNDAYS #10

Louis Garnier, Pascal Gombert, Blake Jorgenson, Adam Klingeteg, Pally Learmond, Tim Lloyd, Stefan Mahlknecht, David Malacrida, Alex Meliss, Kyle Meyr, Daniele Molineris, Klaus Polzer, Christian Pondella, Tero Repo, Christoffer Sjöström, Emil Sollie, Ethan Stone, Stephan Sutton, Jérôme Tanon, Sindy Thomas, Andreas Vigl, Mark von Roy, Rod Walker, Danny Warley, Fabrice Wittner Auteurs pour cette édition Sean Balmer, Tori Beattie, Thomas Delfino, Oskar Enander, Yannick Graziani, Stian Hagen, Jaakko Järvensivu, David Malacrida, Zak Mills, Klaus Polzer, Raf Regazzoni, Ethan Stone, Stephan Sutton, Léo Taillefer, Jérôme Tanon, Mark von Roy, Nico Zacek Traduction française & Correction Pierre Brun Direction artistique & Design W—THM Büro für Gestaltung | www.wthm.net

Layout Floyd E. Schulze | hello@wthm.net Traitement d'Image & DTP Klaus Polzer Maison d'Impression F&W Druck- & Mediencenter | www.fw-medien.de Publicité, Marketing & Distribution Christian Stadler | christian@distillery.cc

Si vous voulez le Downdays Magazine dans votre shop, chalet ou bar, envoyez-nous s'il vous plaît un e-mail!

Maison d'Édition & Adresse éditoriale Distillery Concept & Creation GmbH Leopoldstrasse 9 6020 Innsbruck Autriche Tel.: +43 (0)512-307 811 Fax: +43 (0)512-307 812 info@distillery.cc www.distillery.cc Downdays Magazine est publié en Français, Anglais et Allemand. Downdays est aussi un site web: www.downdays.eu Downdays Social Media: www.facebook.com/downdays www.instagram.com/downdays_eu

Le magazine et toutes ses contributions sont sujets au copyright. La duplication, publication ou toute autre reproduction, numérique ou analogique, en intégralité ou en partie, sont autorisées uniquement avec le consentement préalable écrit de l'Éditeur. L'Éditeur et l'equipe éditoriale n'acceptent aucune responsabilité pour les textes ou images soumis à évalution.

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Photo: Jeremy Bernard, FWT

ARI­ ANNA TRICOMI Née le: 1er Août 1992 à Bozen, Italie

1ére overall Freeride World Tour 2018 1ére Freeride World Tour Hakuba 2018 1ére Freeride World Tour Andorra 2018 1ére Freeride World Tour Verbier Xtreme 2018 2émeFreeride World Tour Kicking Horse 2018 3émeoverall Freeride World Tour 2017 1ére Freeride World Tour Andorra 2017 1ére Freeride World Tour Alaska 2017 3émeoverall Freeride World Tour 2016 1ére Freeride World Tour Fieberbrunn 2016 3émeFreeride World Tour Alaska 2016

Vit à: Alta Badia, Italie et Innsbruck, Autriche

Station: Alta Badia et montagnes du Tyrol Hobbies: Telemark, surf, vélo, randonnée, explorer le monde Sponsors: Scott, Atomic, Red Bull, Mons Royale, Alta Badia, Moritzino, Swox, Surftolive

INTERVIEW

«Rookie of the Year» FWT 2016

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UN DE MES AMIS A UN JOUR DÉCRIT ARIANNA TRICOMI COMME «L’ITALIENNE AU CHARME ASSASS IN QUI ENVOIE». C’EST UNE DESCRIPT ION APPROPRIÉE POUR UNE JEUNE FEM ME QUI DÉGAGE UNE PASSION FÉR OCE DANS TOUT CE DANS QUOI ELLE S’ENGAGE. SOIS DE SON CÔTÉ ET ELLE SERA COMME UNE MÈRE ET UNE SŒUR À LA FOIS. MAIS ATTENTION E N’A AUCUN SCRUPULE À À NE PAS SE TROMPER DE CÔTÉ, CAR ELL ÈRE TOTALEMENT, DIRE LES CHOSES EN FACE. C’EST SON CÔTÉ ITALIEN, ET J’ADH ET MÊME PLUS. QU'IL CAR ARIANNA A MIS TOUTE CETTE PASSION DANS SON SKI, S'AGISSE DE CHASSER DES PILLOWS AU JAPON, DE FAIRE DU SKI DE RANDO JOUR ET NUIT EN NORVÈGE OU DE DESCENDRE SANS EFFORT SUR LE LU A A UN AMOUR ABSO NN IA AR , ES SS RO C DE FORMIDABLE BE POUR LE SKI ET LE FAIT À SA MANIÈRE. LA SAISON DERNIÈRE, CETTE

ATTITUDE SANS COMPROMIS L'A AIDÉE À ATTEINDRE LE SOMMET DU CLASSEMENT DU FREERIDE WORLD TOUR. AÎTRE MAIS APRÈS AVOIR PASSÉ UNE SEMAINE À MIEUX LA CONN TOUT EN RIDANT LA POUDRE À HAKUBA, C’EST SA RÉFLEXION ET SA NATURE GÉNÉREUSE QUI ME DONNÈRENT VRAIMENT ENVIE D’INTERVIEWER ARIANNA. INTERVIEW

MARK VON ROY

Lieu: Hakuba, Japon / Photo: Mark von Roy

Salut Arianna! Parle-nous de tes origines, d’où tu viens et comment tu as commencé à skier! Mon père est Sicilien et ma mère moitié Viennoise, moitié Napolitaine. J'ai donc du sang du sud de l'Italie en moi. Ma mère faisait des Coupes du monde de ski alpin et a même participé aux JO de 1980 à Lake Placid. Elle n'a jamais voulu quit-

D’un côté, j'espérais réussir, mais j'étais aussi une petite rebelle qui préférait faire du surf en été. À 16ans, j’ai arrêté les courses, même si j’avais remporté les trois dernières. Je pense que cette décision est due au fait qu’un de mes amis avait récemment perdu la vie dans une avalanche. J’ai compris que je devais juste faire ce que je voulais vraiment. Ce n’était pas une période facile pour moi.

C’est à ce moment-là que tu as découvert le slopestyle en ski?

Arianna dans la Japow durant le FWT 2018.

ter la montagne, alors j'y ai grandi et j'ai commencé à skier très tôt. Quand j'étais petite, j'ai couru en ski alpin et découvert le télémark à 6 ans. Je n’ai jamais été bonne dans les piquets jusqu’à environ 11 ans, puis je suis soudainement devenue bien meilleure. J’ai même fait partie de l'équipe nationale pendant un moment.

ARIANNA TRICOMI

J'ai toujours préféré les sauts et la poudreuse aux piquets - ma mère m'avait initiée à tous les aspects du ski. Daniele, l’ami dont j’ai parlé plus tôt, était l’un des meilleurs skieurs de park en Italie et, d’une certaine manière, je voulais continuer ce qu’il ne pouvait plus faire. À l’époque, il n’était pas facile de s’amélio-

rer en slopestyle car il n’y avait pas de vrais parks. On a construit nos propres sauts, même si on n'avait aucune idée de ce qu’on faisait. Il y a eu des crashs et blessures, mais je suis contente d'avoir vécu cette période sauvage. Plus tard, on a eu des parks, mais la FIS a été impliquée avec toutes ses règles et coachs incompréhensifs, tout ce que j'ai toujours détesté en racing.

Mais tu as continué de faire des contests de slopestyle pendant quelques années. Pourquoi? Pendant un temps, les choses ont vraiment bien marché en slopestyle. J’ai fait 3ème aux Austrian Open et 2ème au Mayrhofen Open. Puis j’ai commencé à participer aux Coupes du Monde FIS, mais c’était une catastrophe. À Silvaplana, le slopestyle était vraiment pourri et les trainings étaient à 7h30 du matin par -17 ° C. Une copine s'est cassée le fémur ce jour-là. Là je me suis demandée pourquoi je faisais ça. Je préférais skier et sauter en backcountry. En plus, en tant que membre de l'équipe Italienne, on devait tout payer nous-même. J'avais 20 ans et je me débrouillais bien, mais pas assez pour atteindre le top. J'ai donc décidé d'arrêter la compétition en slopestyle et, au début, je n'avais aucune idée de ce que j’allais faire. Comment as-tu découvert que les contests de freeride étaient ton truc? Après ma dernière Coupe du Monde de slopestyle, j'ai participé à un Freeride World Qualifier à Goldeck, dans la région autrichienne de Kärtnen. Je n'avais aucune idée de comment se passait un événement du genre. Tout le monde étu-

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diait attentivement la face avec des jumelles, et moi je décidais simplement de descendre quelque part au milieu de la face. Dès le départ, il y avait une cliff, alors je suis partie en switch pour tenter un switch180. Bien sûr, ça n’a pas fonctionné du tout. J'étais dégoutée, j'ai ramassé mes skis et j’ai fini mon run sans vraiment regarder où j’allais. En bas, je me suis mise un vol énorme que j’ai pu replaquer. À l'arrivée, j'étais démoralisée et j'ai commencé à pleurer. C’est à ce moment que l’organisateur de Open Faces m’a dit: «Ton run était un peu étrange, mais tu sais skier. Je te donne une wild card pour l’étape de Kappl.» À l’évènement suivant, j’ai amené ma mère pour me soutenir. Je n’avais toujours pas d’idée de ligne et j’ai juste skié un lip de neige que j’avais vu, ce qui m’a valu la 2ème place. C’est là que j’ai su que c’était ce que je voulais faire.

commencé à regarder les lignes et à essayer de les skier exactement comme je l’avais prévu, afin d’apprendre encore. Tout le reste s'est fait naturellement et à chaque contest, j'en apprenais davantage sur la façon de rester orientée dans mes lignes. La deuxième année sur le FWQ, je ne choisissais toujours pas de lignes compliquées. Je préférais savoir exactement où je me trouvais et skier ma ligne proprement, plutôt que de me perdre dans les rochers. La devise «Reste simple!» fonctionne toujours pour moi aujourd'hui. Je cherche des lignes fluides car je n’aime pas les traversées. Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles les choses se sont si bien déroulées pour moi sur le FWT. Je sais toujours où je suis, donc je peux toujours rider vite. Même sur le Bec des Rosses, je cherche toujours une ligne plutôt joueuse.

Comment a continué ton expérience sur le Freeride World Qualifier? Sur mes premières compétitions, je ne savais même pas qu’il y avait un World Tour, mais j’aimais vraiment les contests et c’était une excuse parfaite pour skier et faire des compétitions. L’hiver après mon premier contest a été gavé de neige ce qui a joué en ma faveur. Je ne comprenais pas encore le choix des lignes, mais j’ai fait un 360 à chaque run. Avec cette stratégie, j'ai toujours réussi à monter sur le podium, mais avec mon choix de ligne facile, je n'ai jamais gagné. Cette année, j'ai manqué de deux ou trois places la qualification pour le World Tour. En résumé, ce fut une expérience formidable de voyager, de rencontrer de nouvelles personnes et de faire des soirées folles. Pour ma deuxième saison sur le Qualifier, je suis arrivée plus concentrée et je me suis qualifiée pour le World Tour.

Y a-t-il autre chose qui t’a aidé a remporté le titre l’hiver dernier? J'avais fini mes études universitaires, ce qui a été très utile mentalement. Je suis désormais une physiothérapeute qualifiée et je sais que je peux trouver du travail dans ce domaine. Ça m'a permis de me concentrer pleinement sur le ski. En plus, ces deux dernières années, j’ai eu l’honneur de rider beaucoup avec «Projekt Pommes» et son crew d’amis, avec qui j’ai beaucoup appris. C’est très rafraîchissant de rider avec ces gars, ils ont une vision différente de la montagne. J'ai notamment beaucoup appris de mon petit-ami Sven, mon coach non-officiel.

Comment as-tu fini par apprendre à choisir tes lignes? La première année de FWQ, j’empruntais des jumelles à l’un des autres skieurs pour checker la face pendant une seconde, mais je ne savais pas quoi faire des informations. Alors, j’ai commencé à demander aux autres: "Comment choisis-tu ta lignes?" Et "Comment sais-tu où tu en es dans la ligne?" Après la première saison, j'ai utilisé une partie du prize money pour acheter des jumelles et j’ai passé beaucoup de temps à les utiliser, même en été. Avec les jumelles, tout est différent: plus large, plus étroit, plus long, plus court. Parfois, tu penses qu’il y a de la place pour six virages, mais il n’y en a que pour deux, ou vice-versa. En freeride, j’ai

INTERVIEW

C’est qui/quoi Projekt Pommes? C’est un Suisse, un Allemand et un Autrichien qui ont tous déménagé à Innsbruck pour l’université, tout comme moi. Mais en réalité, ils sont venus à Innsbruck parce qu'ils voulaient skier. Ils ont skié toute leur vie, avec une énorme passion pour le sport. Ils ont plus d’amour pour le ski que tous les gens que je connais - et je connais beaucoup de skieurs. La façon dont ils interprètent la montagne est ce qui rend vraiment Projekt Pommes spécial. La première fois que je les ai vus, je me suis dit: « je veux skier comme ça!». C’est un art. Pendant deux ans, je les ai vus et j'étais fascinée. Ils rident pour eux-mêmes, pas pour Instagram ou pour des sponsors. Ils veulent juste rentrer chez eux heureux et satisfaits le soir, c’est tout ce qui compte. Skier avec eux est important pour moi, car je suis dans ce monde de ski professionnel et les gars de Project Pommes me remettent toujours les pieds sur terre et me rappellent pourquoi nous aimons tant skier.

Ça signifie quoi pour toi d’avoir gagné le titre sur le FWT, et de quoi es-tu la plus fière ces dernières saisons? Ça a toujours été dur pour mon père de me voir passer tout ce temps à skier. Pour lui, il était extrêmement important que j’aille à l’université et je lui en suis très reconnaissant. Mais ça a été génial de lui montrer que je pouvais aussi gagner de l'argent en skiant. Quand j'ai gagné le Tour, mon père a pété un câble et a dit à tout le monde que sa fille était championne du monde. Il était si heureux! Pour moi, la meilleure chose la saison dernière a été la quantité de journées de ski. Je skie parce que j'aime ça, pas parce que je veux gagner. Un moment spécial du Tour a été quand j'ai posé un 360 en Andorre. J'avais toujours voulu faire ça sur le Tour, mais il n'y avait jamais eu le bon spot ou le bon moment. En Andorre, c’était parfait, et j’ai dit à Sven: «Je vais faire un 360 ici!» Ce n’était pas pour gagner, c’était juste pour moi! Ça ressemble à quoi un jour de contest pour toi? En fait, c’est plutôt chill. J'essaie de ne pas stresser. Avant le contest, je fais quelques runs si c’est possible. En général, je ne me fatigue pas en skiant, mais il me faut un certain temps pour m’échauffer et trouver mon rythme. Bien-sûr, j’ai toujours l’estomac noué avant mon run, mais c’est une bonne chose. Cette année, la seule fois où j'étais vraiment nerveuse, c'était au Bec des Rosses; j'avais le dossard doré [indiquant le leader actuel du classement général]. Heureusement, j'étais avec mes parents et Sven dans un petit chalet où je pouvais relâcher mes nerfs. À l’hôtel des riders, j’aurais probablement dû feindre le calme toute la journée et la nervosité serait montée en moi. Le jour J, j'étais totalement détendue. J’ai été la première fille au départ et c’était un contest entre moi et le Bec, qui m’avait battu deux fois auparavant. Cette fois j'ai gagné le combat. Tu penses quoi du Freeride World Tour en général? C’est un peu difficile en ce moment car il y a tellement de riders et de styles différents. Il y a d'un côté les riders classiques de big mountain, de l'autre les freestylers backountry, ce qui diversifie beaucoup le sport. Sur les faces de contest comme dans la tribune des juges, il est difficile de mettre tout le monde d’accord. Je pense que si quelqu'un fait un trick là où un autre fait un saut droit, c'est une progression qui mérite d'être récompensée. Mais en général, personne

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Lieu: Verbier, Suisse / Photo: Dom Daher, FWT

Même pendant le Swatch Xtreme, Arianna ride une ligne joueuse sur la face raide du Bec des Rosses.

ARIANNA TRICOMI

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sur le FWT ne devrait se plaindre. On a une chambre d'hôtel, à manger, un forfait de ski et on va skier. C’est une tonne de travail pour les gens en coulisses sur le Tour. Les guides passent toute la nuit sur la montagne pour contrôler les pentes. Même chose avec l’équipe média. Les juges doivent rester dans le froid toute la journée et les gars du marketing

courses et ont aidé au nettoyage. Ils étaient des invités formidables! Ils sont une bonne chose pour le Tour.

Tu as trouvé un bon moyen de conclure la saison passée. Parlenous de ce trip en Norvège! Pour faire simple, c'était génial. Je crois que c’est le mot parfait- ni extrême

télémark! De s’habituer à skier chaque type de terrain et d’absorber tous les aspects du ski. Je pense qu'au final, le freeride est un mix de tout. Et il faut beaucoup d'expérience sur différents terrains, qui ne peut être accumulée qu’au fil de nombreuses années. Je n’ai pas beaucoup d’expérience, je suis toujours très prudente en backcountry - ce n’est Lieu: Hakuba, Japon / Photo: Mark von Roy

Il y a plein de belles lignes à Hakuba. Arianna en action.

n’ont pas la tâche facile. Je pense que Nicolas Hale-Woods et son équipe font du très bon travail.

Tu fais partie de la jeune génération sur le FWT. Parle-nous du groupe. La saison dernière, j'ai passé beaucoup de temps avec Craig Murray, Berkeley Patterson et Grifen Moller. On a d'abord appris à nous connaître et sommes allés skier au Japon, puis on a maintenu le contact pendant toute la saison. Le Japon a très bien commencé, avec trois jours de ciel bleu et une incroyable poudreuse japonaise. Les montagnes à Hakuba font penser à un jeu vidéo, des sommets pointus, et si ça te va de marcher un peu, tu as accès à une quantité incroyable de spines. Plus tard, les garçons sont venus me rendre visite à Innsbruck pendant une semaine, et je leur ai fait visiter un peu l’Europe. Je les trouve vraiment rafraîchissants parce qu’ils sont surmotivés par le ski. Ce sont aussi des jeunes hommes très bien élevés, amicaux et sincères. Et ils n’ont que 19 ans. À Innsbruck, ils sont allés faire les

INTERVIEW

ni dingue. C'était génial d'être en pleine nature, de partager cette expérience incroyable avec mes meilleurs amis. Les sourires après chaque run dans ce paysage magnifique et cette lumière incroyable - il fait jour pendant si longtemps, on était si excités de skier qu’on ne savait même plus s’il faisait jour ou nuit. Pendant deux semaines, on a vécu une existence intemporelle. On a cuisiné ensemble, fait la fête, admiré le paysage et fait une tonne de ski. C'était authentique et bon pour l'âme. J'ai pris en charge l’organisation et Marco Tribelhorn a fait le travail créatif, la vidéo et l'histoire. J'espère que notre film La Luce Infinita – The Infinite Light reflète les superbes vibrations de ce voyage. Je serais heureuse de faire plus de projets comme ça à l’avenir.

pas un terrain de jeu! Les montagnes sont belles, mais elles peuvent vite devenir dangereuses et on ne doit jamais sous-estimer les risques. Il faut aussi apprendre à abandonner des lignes. Mieux vaut skier jusqu’à quatre-vingts ans que de mourir plus tôt.

Pour finir, quel conseil donnerais-tu aux jeunes freeriders qui rêvent de devenir professionnels? De skier autant qu’ils le peuvent, de toutes les manières possibles. De skier sur les pistes, dans le park, d’essayer le

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ANDRI R AGET TLI [ SNOWPARK L A A X ]

# L A A X I S N I C E Y O


G AL LERY SKIEUR

FABIAN BÖSCH

GALLERY

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GIANMARCO ALLEGRINI

LIEU

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ENGELBERG, SUISSE


SKIEUR

GALLERY

ANDY VOGEL

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AXEL ADOLFSSON

LIEU

HALDIGRAT, SUISSE

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GALLERY

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GALLERY

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SKIEUR

DANE TUDOR

SKIEUR

GALLERY

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BLAKE JORGENSON

WILLIAM LARSSON

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LIEU

MICA HELISKIING, CANADA

OSKAR ENANDER

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KIRORO, JAP0N


SKIEUR

GALLERY

SÄMI ORTLIEB

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ETHAN STONE

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GLARUS, SUISSE

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SKIEUR

GALLERY

WILLIAM LARSSON

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ADAM KLINGETEG

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KAMTCHATKA, RUSSIE

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SKIEUR

CHAD SAYERS

GALLERY

MATTIAS FREDRIKSSON

ALEX CHABOD

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RUEDI FLÃœCK

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BELLA COOLA, CANADA

LIEU

NAX, SUISSE

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SKIEUR

PHOTO


GALLERY

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GALLERY

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SKIEUR

BERNIE ROSOW

GALLERY

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CHRISTIAN PONDELLA

LIEU

SIERRA NEVADA, USA

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SKIEUR

GALLERY

Y RE LLAG

BASTI HUBER

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KLAUS POLZER

LIEU

GLACIER DE STUBAI, AUTRICHE

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SKIS:

C H E S. ANB L P . ÂTONS DE BOIS S I SK . S. ILS SONT UN PEU LA BASE TOUTES CES HISTOIRE

VOICI QUELQUES OPTIONS POUR VOTRE QUIVER.

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Völkl Revolt 95

Un des modèles édition limitée de la gamme Zero de Armada, le JJ UL est 25% plus léger que le JJ originel grâce au noyau bois léger caruba. Bougez-vous chasseurs de poudre, ces skis vont aller vite.

Freeskieur vétéran, Ahmet Dadali a joué un grand rôle dans le design du Revolt, une plateforme stable et polyvalente pour le all-mountain et le snowpark. Zones de Flex au nose et au tail pour des butters faciles.

Dimensions: 139-116-135 (toutes longueurs) Rayon: 18 m @ 185 cm Longueurs: 175/185/192 cm

Dimensions: 129-95-119 (toutes longueurs) Rayon: 21 m @ 173 cm Longueurs: 157/165/173/181 cm

ÉQUIPEMENT

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DENNIS RANALT ER R E P R E S E N T S T H E A B S O LU T PA R K S H R ED T E A M R A I L YA R D - FLA C H A U W I N K L

PIC MARKUS ROHRBACHER


MATOS:

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Pelle Mammut Alugator Light Extrêmement légère: 475 grammes; Lame en Aluminium trempé anodisé; Manche téléscopique oval; Adapté pour ancre à neige et traineau de sauvetage.

ÉQUIPEMENT

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RIDE THE UPPER AND LOWER PARK LINE

KILIAN ERIK MORONE

SNOWPARK.SEISERALM.IT


TEXTE

ETHAN STONE

L’UN EST UN JEUNE VÉTÉRAN VENANT DE NORVÈGE, FAISANT DES COMPÉTITIONS DEPUIS L’ADOLESCENCE; L'AUTRE, UNE SUISSE, UNE NOUVELLE ARRIVÉE DANS LE MILIEU. EFFLIN ONT ØYSTEIN BRÅTEN ET SARAH HO SUIVI DES CHEMINS DIFFÉRENTS DANS LE SKI QUI LES ONT MENÉS TOUS LES DEUX AUX MÉDAILLES D’OR DU SLOPESTYLE DES JO D’HIVER 2018.

ØYSTEIN BRÅTEN

ØYSTEIN: SARAH:

Ø: S:

Né le: 21.07.1995 à Torpo, Norvège

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Habite actuellement à: Ål, Norvège Hobbies: Skateboarding, tennis, snowsurf Sponsors: Red Bull, Oakley, Völkl

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VERSUS

Il y a quoi dans vous écouteurs? Astroworld. Lorde. Dépendance actuelle? Call of Duty World War 2 sur PS4. Boire du panaché et manger une glace. Qu’est-ce qui vous a fait démarrer le freeski? Il y ade très bons freestylers et freeriders là où j’ai grandi. Après être allé quelques fois en montagne avec mes parents, j’ai vite compris que je voulais être comme ces gars. J’ai essayé quelques tricks avec des skis de piste, et après les avoir cassés ainsi que ceux de mon frère, j’ai eu mes premiers twintips à Noël pour mes 10ans. Des amis m’ont dit que mes 360 sans grab en bord de piste pourraient facilement remporter des contests universitaires, et je pourrais remporter une nouvelle paire de twintips, c’était plutôt très alléchant. Ils m’ont aussi dit à quel point c’était cool de faire une saison en montagne, donc quand j’ai fini l’université, je suis allée à Tignes et j’ai adoré apprendre des tricks dans le park. Skieur préféré quand vous étiez petits? Andreas Håtveit. Il habite à 40minutes de chez moi, et c’était le grand héro de tous les skieurs ici. À 14 ans il m’a invité pour skier son park. Je me rappelle encore recevoir ce message de sa part. Kelly Sildaru. Skieurs que vous admirez aujourd’hui? Je suis inspiré chaque jour par des potes avec qui je skie ou que je vois sur instagram. Certains que j’ai toujours aimé voir: Sammy Carlson, Kim Boberg, Antti Ollila et Candide Thovex.

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Skieur: Øystein Bråten / Spot: Dombås, Norvège / Photo: Emil Sollie, Red Bull Content Pool

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Vous avez mangé quoi au petit-déj? Burrito du matin. Un Suisse, ce truc délicieux au chocolat d’une boulangerie de Chamonix.


Skieur: Sarah Hoefflin / Lieu: The Audi Nines @ Sölden, Autriche / Photo: Klaus Polzer, The Distillery

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Surtout des filles, j’aime comme leur niveau progresse. Tess Ledeux, Jennie-Lee Burmansson, Mathilde Gremaud, Giulia Tanno, Johanne Killi et Kelly Sildaru sont mes préférées.

SARAH HOEFFLIN

Décris Øystein/Sarah en une phrase! Toujours souriante! Skieur incroyable et talentueux. Trick préféré que Øystein/Sarah fait? Son switch double 9 est très cool. Son double flat 9 aux XGames Norvège en 2017. Tu droppes pour un run de compét. À quoi tu penses? Ne sors pas du premier rail trop tôt. À quel point je m’amuse à ce moment précis. Note les JO de 1à10 et explique! Je pense que les JO sont un bon concept qui donne plus d’attention au sport, une chose à laquelle quiconque peut s’identifier. Quand j’ai débuté le freeski était loin d’être olympique, et mon plus grand rêve était les X Games. Même si c’est beaucoup de stress, les qualifications et les règlements, c’est une bonne compétition et il y a le plus haut niveau, donc je la noterai 8/10. Sans le podium j’y aurais mis 6/10, parce que même si j’ai adoré visiter la Corée du Sud, j’étais super nerveuse. J’avais les chevilles détruites et un genou qui faisait mal, donc je n’en profitais pas énormément. Mais gagner là-bas me fait dire 10/10 pour tous les trucs dingues après. Quel est la prochaine révolution dans les contests? Ferdinand Dahl. On va commencer de voir des doubles dans les contests féminins. Toutes les filles qui vont pousser le niveau, et ça va être encore plus cool d’en faire partie.

Née le: 8 Janvier 1991 à Genève, Suisse Habite actuellement à: Chamonix, France Hobbies: Escalade, alpinisme, golf, hockey sur gazon,

ØYSTEIN BRÅTEN & SARAH HOEFFLIN

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camping sur glacier, regarder des documentaires, boire du prosecco, voile, ping pong, babyfoot Sponsors: Faction, Oakley, Team Geneva, Loyco SA, Schweizer Sporthilfe


THOUGHT

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PRENDRE LES


PRENDRE LES DÉCISIONS

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a première fois que je suis venu à Chamonix, je ne comptais pas faire carrière dans le ski. Je ne voulais même pas devenir skieur pro, je voulais juste m’amuser le plus possible. Tout changea les années suivantes. Mon ski évolua, et au même moment démarrait la tendance du freeride, ce qui m’a permis d’avoir des sponsors et de gagner de l’argent en skiant. Mais ce n’est que plus tard, avec le diplôme de guide de haute montagne en poche, que j’ai envisagé une carrière dans le ski. Avoir un autre métier, et donc un

L

plan de secours, m’a permis d’être libre de faire mes propres choix. C’est assez improbable de gagner sa vie dans le ski, c’est faisable de vivre le rêve un certain temps, mais gagner assez d’argent pour maintenir une famille est une autre affaire. C’est le cas aujourd’hui, et encore plus vrai à l’époque. C’est important de faire ce choix avec d’autres options viables, plutôt que par nécessité. Le ski a beaucoup changé depuis mes débuts. L’équipement a évolué, plus de personnes font du freeride,

ce qui signifie plus d’argent et donc plus de potentiel pour l’industrie. Mais c’est la perception du ski qui a eu le plus gros impact sur le sport. Le plus gros changement en 20 ans a été l’avènement des réseaux sociaux. À mes débuts à Chamonix, je partais skier, et découvrais les conditions et les compagnons de ride le jourmême, et cela conditionnait le déroulement de la journée. On faisait tout type de ski, et on s’amusait à chaque fois. Aujourd’hui, on dirait qu’il n’y a que des groupes pré-formés qui vont skier, parfois même

avec des taches spécifiques pour chaque personne. Dans les années 90, on n’avait pas de gopro, pas de portable et pas d’internet. Tout ça a modifié notre façon de vivre et d’agir en tant que skieur, encore bien plus que l’invention des skis paraboliques, des twintips, des skis larges ou des fixations à inserts. Les outils de communication modernes, surtout les réseaux sociaux, ont altéré nos décisions avant et durant une journée de ski. Les infos sont disponibles en temps réel, et chacun peut être une source

Stian Hagen Né le: 22 Avril 1974 à Oslo, Norvège Vit à: Chamonix, France Hobbies: Trail running, escalade, surf Sponsors: Völkl, Marker, Dalbello, Arc’teryx

ACTEUR DE SUCCÈS DANS L’INDUSTRIE DU SKI DEPUIS PLUS DE VINGT ANS (DEUX FOIS L’EXISTENCE DE CE MAGA ZINE), STIAN HAGEN SAIT PRENDRE LES BONNES DÉCIS , IL PARTAGE CERTAINS CONCEPTS IONS. DANS CET ARTICLE QU’IL A DÉVELOPPÉS AU FIL DES DÉCENNIES EN TANT QUE SKIEUR PROFESSIONNEL, TEXTE PHOTOS UE S’ASSAGIR ET EXPLIQUE Q ADAM CLARK STIAN HAGEN N’EST PAS QU’UNE QUESTION DE TEMPS.

DÉCISIONS


THOUGHT

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d’information. D’un côté c’est une bonne chose que quiconque puisse apprendre des choses sur internet. Il est rare de rencontrer un freerider bien équipé qui ne sache rien des avalanches. D’un autre côté, il semble que la courbe d'apprentissage soit aujourd'hui un peu trop abrupte pour beaucoup de gens qui se livrent à des activités potentiellement dangereuses comme le freeride. Un savoir sans expérience ne vaut rien et peut même amener les gens à prendre trop de risques. Lorsque j'ai skié mes premières lignes raides à Chamonix, seules quelques personnes le faisaient. Du moins, cela semblait être le cas - il y avait probablement d'autres personnes aussi, mais dont nous n'avons jamais entendu parler. Nous dépendions de notre propre expérience, que nous rassemblions lentement chaque jour passé dans les montagnes, et peut-être aussi de celle de vieux guides. Nous avons procédé pas à pas, en élevant lentement la barre à chaque tentative. Aujourd’hui, quand les conditions sont bonnes sur une ligne raide comme la face nord de l’Aiguille d’Argentière et que quelqu'un la skie, vous le verrez le jour-même et de nombreuses autres personnes s’y lanceront les jours suivants. Vous pouvez regarder la descente du gars qui a posté la vidéo et penser «si ce gars-là peut la skier, je peux aussi!» Sans prendre en compte les conditions ou les antécédents d'alpinisme de cette personne. De nos jours, presque tout le monde peut approcher une ligne escarpée dans des conditions décentes simplement en suivant les réseaux sociaux, mais sans aucune connaissance

spécifique des risques inhérents au manteau neigeux, et sans savoir comment les conditions pourraient changer au cours de la journée. Même en vivant dans le coin, il nous arrive de devoir réduire nos attentes concernant la faisabilité d’une ligne vierge, car vous pouvez être sûr que presque chaque descente aura ses followers - d'abord en ligne, puis dans la vie. Il y a vingt ans, nous avions le luxe d'attendre quelques jours après une tempête pour que les conditions météorologiques soient bonnes. Maintenant, il faut être vraiment rapide pour battre la foule bien informée, quelle que soit la ligne. Tout ne s’arrête pas là quand il s’agit de prendre des décisions. Il ne suffit pas d’être rapide pour vaincre la concurrence, il est également obligatoire de mettre en ligne ce que

vous faites, surtout si vous voulez faire carrière dans le ski. Il n’est alors pas facile de prendre des décisions conservatrices. Il a toujours été difficile d’abandonner un projet en ski en raison de conditions défavorables, voire dangereuses, car cela blesse votre ego, mais maintenant c’est encore plus difficile car nos egos sont constamment exposés. Il m'a fallu beaucoup de temps pour avoir le courage de prendre des décisions conservatrices en règle générale. Naturellement, tout le monde devient plus prudent avec l’âge, surtout avec une famille, ou quand vous voyez des amis devenir victimes des dangers de la haute montagne. Néanmoins, il faut plus que le simple temps qui passe pour s’assagir. Vous devez constamment réfléchir à vos propres décisions, et cette réflexion est devenue plus

difficile dans le tourbillon de tweets, de posts Instagram et de vidéos Facebook. Un autre effet discutable, bien que moins dangereux, des réseaux sociaux semble être que beaucoup de skieurs ont perdu l’intérêt pour la diversité de notre sport. Ils sont fiers de déchirer la dernière zone de poudreuse, même si cela implique une randonnée pendant des heures sur des centaines de km pour y parvenir. La plupart des gens ferait mieux de passer plus de temps à skier et à profiter de tout ce que la montagne a à leur offrir. Je peux m'amuser dans presque toutes les conditions, même si cela signifie parfois que je skie sur piste. "Restez ouverts d'esprit!": un conseil précieux que les adeptes des sports extrêmes semblent ironiquement trop négliger.

Aujourd'hui, ma tâche principale en tant que skieur professionnel est le développement de matériel. Je me suis toujours beaucoup intéressé au matériel- savoir le pourquoi du comment- mais il m'a fallu des années pour que mon avis compte dans les entreprises avec qui je travaille. Il n’est pas simple d’identifier les bonnes personnes à qui parler au sein des structures parfois compliquées des marques. Il faut comprendre comment les décisions sont prises au sein de ces structures. Mais surtout, il faut un peu de réflexion pour développer d'excellents produits - la même qualité qui contribue à rester en vie en montagne. Certaines personnes pourraient trouver les caractéristiques d’un équipement extrêmement bénéfiques, alors que d’autres non. Vous pouvez trouver une solution parfaite à un problème, mais découvrez que très peu de personnes ont le même problème. Dans les deux cas, vos idées ne vous aideront pas à concevoir un produit performant. Après deux décennies de ski professionnel, je me sens extrêmement chanceux. J’ai eu le plaisir de travailler avec plusieurs grandes entreprises qui valorisent ma contribution et me permettent de continuer à faire ce que j’aime, tout en profitant de ma vie avec ma femme et mes deux enfants dans la magnifique vallée de Chamonix. Quand je suis arrivé ici pour la première fois, je n'aurais pas osé rêver d'une telle vie. Mais je suis aussi conscient du fait qu’il est facile de tout gâcher avec une seule mauvaise décision.



POUR FREDDIE GRANN, LES TOILES ET LES PENTES SONT INTERCHANGEABLES. ÂGÉ DE 26 ANS ET VENANT DE BÅLSTA EN SUÈDE, IL EST CONNU POUR SON APPROCHE INNOVANTE DU SKI. ENTRE AUTRE, IL S’AVENTURE HORS DES SENTIERS BATTUS EN COMBINANT LE SKI AVEC L’ART: PEIGNANT À LA BOMBE DES «STRUCTURES» SUR DE LA NEIGE PLATE POUR ENSUITE LES JIBER SKIS AUX PIEDS, OU ENCORE EN METTANT DE LA PEINTURE SUR SES SPATULES POUR PEINDRE UNE TOILE. SKIS SONT SES LA PASSION DE FREDDIE EST SIMPLEMENT CRÉATIVE, ET LES INSTRUMENTS FAVORIS. «COMBINER LE SKI AVEC L’ART EST SPÉCIAL POUR MOI» DIT-IL.

FREDDIE GRANN

IL A TRANSFORMÉ UNE GRANGE ROUGE EN ATELIER, OÙ IL UTILISE DES OBJETS TROUVÉS POU R CRÉER DES ŒUVRES. «ÇA PEUT ÊTRE TOU TES SORTES DE CHOSES» DIT-IL. «C’EST LE RESSENTI QUI COMMANDE, COMME EN SKI». ON A DEMAND ÉÀ FREDDIE DE S’OCCUPER DE LA PAGE CREATIVE DE CE NUMÉRO, ET IL A CHOISI DE NOUS FAIRE UN CADEAU DE 10ÈME ANNIVERSAIRE: NDAYS L’ICÔNE DU NUAGE DOW CARRES DE CONSTRUITE À PARTIR DE

SKIS, QUI EST MAINTENANT ACCROCHÉE FIÈREMENT DANS NOTRE BUREAU D’INNSB RUC

PLUS D’ART DE FREDDIE SUR FREDDIEGRANN.COM.

K.

LE RESSENTI COMMANDE TEXTE

ETHAN STONE PHOTO

MARTIN AXÉLL

CREATIVE

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Photo: Klaus Polzer

NADINE WALLNER Née le: 15 Mai 1989 à Bludenz, Autriche Vit à: Klösterle, Autriche Station: Zone Arlberg, Autriche Hobbies: Escalade, parapente, montagnes en général

PARLE DES

Sponsors: Red Bull, Mammut, Völkl, Marker, Dalbello, Audi, Leki, Klösterle, Stuben Bergbahnen

AVALANCHES

Photo: Andreas Vigl

THÈME

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FILLE D'UN GUIDE DE HAUTE MONTAGNE, NADINE WALLNER A PASSÉ SA VIE DANS LE BACKCOUNTRY. EN 201 3 ET 2014, ELLE A REMPORTÉ DEUX TITRES DE CHAMPIONNE DU MONDE CONSÉCU TIFS SUR LE FREERIDE WORLD TOUR , LUI ASSURANT UNE PLACE AU SOMMET DE LA HIÉRARCHIE DU SPORT. APRÈS UNE BLESSURE SÉRIEUSE À LA FIN DE LA SAISON 2014 ET , ELLE EST UNE ANNÉE PASSÉE EN RÉCUPÉRATION ACRE AUSSI À LA VIDÉO REVENUE SUR LES FACES DES CONTESTS, MAIS SE CONS OÙ ELLE SE DÉFEND ET À D'AUTRES ACTIVITÉS ALPINES COM ME L'ESCALADE, AUSSI AU PLUS HAUT NIVEAU. IL N’EST PAS SURPRENANT QUE CETTE ATHLÈTE DU MAMMUT PRO TEAM SE DÉDIE ACTUELLEMENT À SON NE, DE HAUTE MONTAG E ID GU DE E M Ô PL DI EN PLUS DE SON DIPLÔME DE MONITRICE DE SKI DÉJÀ EN POCHE. AVEC CETTE EXPÉRIENCE IMMENSE, NADINE EST LA PARTENAIRE DE CONVERSATION PARFAITE POUR UNE DISC USSION ES. L E S AVA L A N C H R U S INTERVIEW

KLAUS POLZER Quand les avalanches sont-elles devenues un thème important de ta vie? En fait, depuis que je suis toute gamine, parce que mon père était toujours très soucieux lorsque nous étions en montagne et qu'il insistait toujours sur les choses importantes. J'ai appris à faire une recherche avec un DVA analogique quand j'étais petite, alors que c'était beaucoup plus compliqué qu'aujourd'hui. Aujourd'hui, mon Barryvox me dira quoi faire et me dirigera plus ou moins automatiquement vers la cible. Y a-t-il eu des moments où tu as eu peur des avalanches? Pas vraiment peur. Mon père a toujours souligné les risques, et nous a dit que quelque chose pouvait arriver, mais cela ne me faisait pas peur. Tout cela a créé en moi un respect profond, chose qu’à mon avis tout le monde devrait avoir. As-tu déjà été prise dans une avalanche? Moi directement, heureusement non. Je n’ai pas été ensevelie moi-même, et je n’ai pas encore été obligée de sortir quelqu'un d'enseveli. C'est une expérience que je serais heureuse de ne jamais avoir. J'imagine que si tu dois sortir quelqu'un que tu connais très bien, il y aura une énorme pression émotionnelle. Ce n’est pas une chose à prendre à la légère. Mais tu as été dans des situations limites? Bien sûr, ça fait partie du fait d'être freerider ou d’être en montagne. Quand tu es souvent en backcountry, tu t’ex-

poses inévitablement à des risques et je me suis donc retrouvée dans des situations risquées. D’un autre côté, j’y ai acquis beaucoup d’expérience dans ces situations, ce qui m’aide à prendre des décisions meilleures et plus sûres. Jusqu’à présent, j’ai eu de la chance de pouvoir, moi-même ou les personnes avec qui je ride, échapper aux avalanches que nous aurions pu déclencher. Mais c’est vraiment que de la chance et cela n’a pas grand-chose à voir avec les compétences, il n’y a aucune garantie que ça marchera pareil la prochaine fois. Quand tu te trouves dans ce genre de situation il serait sage de repenser complètement ton comportement en montagne et envisager de le changer.

Ça t’arrive souvent? On ne parle pas de ça! Pourquoi pas? Il n’y a pas de quoi se vanter. Principalement en ce qui concerne les réseaux sociaux; les posts sur des situations comme celles-ci sont généralement mal pris. Bien sûr, tu en parles à tes amis, avant de partir et aussi après si un truc risqué s’est produit. Si je ride avec des amis ou des collègues, on parle toujours des risques possibles et de la manière dont on évaluerait diverses situations, en particulier lorsque les opinions divergent. C’est important, parce que tu peux en retirer beaucoup et que ça te garde concentré. On fait toujours un check des DVA avant d’aller sur un terrain dangereux, même si on sait tous comment les utiliser et qu’ils sont allumés. Les avalanches font partie du quotidien?

NADINE WALLNER PARLE DES AVALANCHES

Le fait est que si tu es souvent dans le backcountry et que tu fais du gros freeride, tu en feras partir une de temps en temps. Je ne parle pas que des freeriders pro, mais aussi des guides de haute montagne qui travaillent ici dans l’Arlberg, ils sont en montagne tous les jours, toute la saison. Mais ça ne veut pas dire que c’est toujours une situation incontrôlée. Par contre, on ne sait jamais quand ce n’est pas passé loin, mais que rien n’est arrivé: 5 mètres plus loin à droite et j’aurais déclenché une avalanche. On essaye toujours d’évaluer la situation en fonction de ses connaissances et de son expérience, et sur certaines descentes, il faut se déplacer avec prudence et technique, même pour une simple traversée sur une pente, par exemple. L’important est que vous sachiez ce que vous faites et que vos décisions correspondent aux personnes avec lesquelles vous skiez. En tant que guide de ski avec un groupe d’invités, je suis responsable des autres et je ne prends pas de risques, alors qu’avec mes potes je peux me lancer dans quelque chose qui augmentera mon bagage d’expérience. L'astuce consiste à ne pas laisser votre expérience se tarir, et ne pas la saturer. Dans tous les cas, «100% safe» ça n’existe pas en montagne!

Comment décrirais-tu tes objectifs quand il y a un risque d’avalanche? J'essaie toujours d'éviter de déclencher une avalanche. Cela dépend beaucoup de la situation et des personnes avec qui je suis, et du niveau de risque que je suis prête à assumer. Comme je l’ai dit plus tôt, si je suis avec des invités, je resterai sur la défense. Mais si je suis avec un bon collègue, alors on pourrait skier une pente que j’aurais évitée avec

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Photo: Andreas Vigl / Lieu: Stuben am Arlberg, Autriche

des invités. Pour les shootings vidéo, c'est différent aussi. Chaque situation est différente. Avec mes collègues, je sais exactement quelles sont leurs compétences et comment ils réagiraient s’il le fallait. De plus, ils sont également en mesure de juger de la situation par euxmêmes, ce que les invités ne peuvent ou ne veulent pas faire.

Quand tu skies avec un groupe, genre en freeride avec des amis ou en filmant avec des collègues, discutez-vous ouvertement des risques acceptables et de ceux qui ne le sont pas? Absolument oui, et si quelqu'un n’est pas d’accord avec quoi que ce soit, il le fait savoir. C’est important, même si vous n’avez ni la plus grande expérience ni le plus haut niveau de formation dans le groupe. Quand tout le monde est au même niveau, il peut vite être dangereux de ne pas avoir la confiance nécessaire pour exprimer ses doutes. Sans ça, tout le monde suit les autres aveuglément et assez vite, personne ne sait comment il s’est retrouvé dans une sale situation. C’est comment quand vous filmez? Quand je filme, je décide seule, car c’est moi qui skie ma ligne. Ça ne veut pas dire qu’on ne discute pas de la situation, mais je ne laisserais jamais personne me dire quoi faire, et je ne me soustrais jamais à ma propre responsabilité. On ne peut pas toujours comparer les shootings avec le freeride classique; je peux tenir un œil sur une ligne pendant longtemps jusqu'à ce que les conditions soient réunies pour la filmer. En règle générale, avoir une connaissance des conditions locales est extrêmement important pour déterminer le danger d'avalanche. En freeride, il faut prendre en compte l’ensemble du domaine skiable. Avec les shootings, il se peut que tout soit basé sur une ligne précise que j’observerai toute la saison, juste pour la filmer le bon jour. Quand tu skies avec des invités, sont-ils toujours informés ou intéressés par le sujet des avalanches? Ou veulent-ils simplement skier en poudreuse en toute sécurité? C’est toujours différent; qui plus, qui moins. Les bons comportements sont toujours expliqués, car je dois être sûre que tout le monde soit au moins quelque peu familiarisé avec l'utilisation d’un DVA. Je m’entraîne intensément avec le DVA avant chaque saison. Et je fais toujours un check du DVA, peu importe avec qui je skie. Avoir une routine, c'est bien, mais cela peut aussi devenir dangereux

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de ne plus penser ou faire attention à ce que vous faites. C’est là que des erreurs se produisent. La situation idéale est quand tu parles constamment de ce qui se passe autour de toi. Ceux qui ont plus d'expérience accordent plus d'attention à leur environnement et ceux qui ont moins d'expérience vont apprendre beaucoup en cours de route. Il y a quelque temps, j'ai organisé un camp de jeunes freeriders avec Fabian Lentsch, et ce fut incroyable de voir que nous nous sommes tous traités de manière égale, car tout le monde était impliqué et prenait les choses au sérieux.

Dirais-tu que le sujet des avalanches se limite à la participation à un cours de sécurité? Absolument pas. Par exemple, cet hiver, je participerai à plusieurs journées de freeride avec la Mammut Alpine School, ici en Arlberg. Dans ces camps, il sera question de technique de ski et de

l’expérience de freeride dans son ensemble, mais la sécurité en cas d’avalanche constituera également un objectif majeur. Il faut rester vigilant. Un DVA et un airbag ne suffisent pas. La neige et les avalanches sont un défi complexe qu’il faut préparer avec une pratique, une préparation et un équipement constants.

Visite mammutalpineschool.com pour plus d’info!

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S H A P E D O N T H E AT H L E T E – B E A N AT H L E T E


TEXTE

JAAKKO JÄRVENSIVU

À LA FIN DES ANNÉES 80, UN GROUPE DE SCÉLÉRATS DISSIDENTS FLUOS A SAUVÉ LES SPORTS DE NEIGE DE ROD WALKER LA NORMALITÉ MENAÇANTE DANS UN FILM DE SKI QUI A OUVERT LA VOIE DU FREESKI AUX GÉNÉRATIONS À VENIR. EN 2018, THE BLIZZARD OF AAHHH’S FÊTE SES 30 ANS.

U

ne journée froide d’hiver 1988; si froide que notre prof de gym avait décidé qu’au lieu de jouer au hockey sur glace, on resterait à l’intérieur pour regarder un film. La salle est pleine d’enfants au nez qui coule qui regardent avec scepticisme un prof de ski, d’âge moyen et à la grosse moustache, faire partir le lecteur VHS. Nous étions sceptiques au début, mais au bout de deux minutes de film, nous sommes transcendés et ébahis par nos héros du film, Scott Schmidt, Glen Plake et Mike Hattrup qui déchirent le terrain de jeu que sont les montagnes majestueuses de Chamonix. Le réalisateur du film Greg Stump nous emmène faire un tour dans des lieux lointains et exotiques comme Telluride, Squaw Valley et Chamonix avec nos nouveaux héros. On était captivé, et on n’était pas les seuls. The Blizzard of Aahhh’s a été une expérience déterminante pour toute une génération de skieurs, avec un effet pivot sur le développement du sport et de son image. Des

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skieurs comme Mike Douglas, co-développeur du premier ski twintip; Shane McConkey, le développeur de la technologie rocker; et Seth Morrison, pionnier du freestyle big mountain, ont tous ressenti l’influence de ce film. Craignant les effets de la baisse du nombre de skieurs, les stations de ski ont commencé à abandonner leurs activités de marketing pour privilégier les équipements destinés aux non-skieurs. Les stations jet-set et les célébrités en combinaison étaient les images que beaucoup de gens associaient au ski à cette époque. Si le mainstream semblait sombre et ennuyeux, Blizzard était l’opposé. C’était coloré et poignant, nous montrant des personnes sauvages d’une culture de ski underground, une résistance combattant l’empire du mal que le ski des années 80 était devenu. Les Clambin Kids agissaient depuis leur refuge à Verbier, Rasta Stevie se battait pour faire de Telluride un endroit génial où les skieurs horsnormes pouvaient vivre, et Scott Schmidt

voulait filmer des gens qui poursuivaient légalement les stations de ski pour leurs accidents afin que les skieurs normaux ne puissent pas accéder aux terrains extrêmes. Et puis il y avait Glen Plake, qui incarnait la rébellion elle-même. Quand Blizzard débarqua, le roi omniprésent des films de ski était encore Warren Miller. Il avait 64 ans à l’époque et faisait des films depuis 1950, quand Stump, ancien champion de ski acro, avait la moitié de son âge et représentait une génération différente. Stump avait skié devant les caméras de Miller et de Dick Barrymore, et était déterminé à révolutionner la formule des films de ski de Miller. «Je n’aimais pas les films de Miller» rappelle-t-il. «Ils étaient démodés, ses skieurs étaient moins bons que mes amis, et la musique était nulle.» Stump connaissait la musique, il avait travaillé comme DJ pour une radio de rock du Maine, USA nommée WBLM, et était capable de convaincre le producteur Anglais Trevor Horn de ZTT Records de

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Skieur: Glen Plake / Lieu: Chamonix, France

PHOTOS



HISTORY

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Skieur: Scott Schmidt / Lieu: Chamonix, France

lui garantir l’usage de ses musiques pour son film. La bande originale de The Blizzard of Aahhh’s était révolutionnaire, Stump a été un des premiers à monter les séquences de ski au rythme de la musique, créant une combinaison puissante qui touchait une génération élevée devant les clips musicaux. «le son

LE SKI A ÉNORMÉMENT ÉVOLUÉ DEPUIS 1988,

devait d’abord être transférée de télécine vers cassette vidéo pour être montée. Aujourd’hui, Stump voit le montage comme un des secrets du succès de Blizzard . «j’aime faire du montage» dit-il. «C’est un aspect du métier où je suis le plus à l’aise.» Le film a aussi bénéficié de la percée du magnétoscope à la maison, permettant à Stump de vendre des milliers de cassettes directement à son audience, au lieu de passer par le modèle des tournées de présentation.

film fusionna le style de ski extrême Européen (couloirs raides) avec celui de son cousin Américain (sauter de grosses barres), en faisant un ouvrage si puissant que le niveau a été un point de référence pour la génération de freeskieurs à venir. Le ski a énormément évolué depuis 1988, mais Blizzard se distingue aujourd’hui encore par ses personnages authentiques et leurs histoires. «si tu pouvais être n’importe quel animal,

MAIS BLIZZARD SE DISTINGUE AUJOURD’HUI ENCORE PAR SES PERSONNAGES AUTHENTIQUES ET LEURS HISTOIRES. «SI TU POUVAIS ÊTRE N’IMPORTE QUEL ANIMAL, LEQUEL SERAIS-TU?» DEMANDE-T-ON À GLEN PLAKE AU DÉBUT DE SON SEGMENT À CHAMONIX. «JE SAIS PAS.HMM… MOI!»

Greg Stump filme une des séquences emblématiques de Blizzard à Chamonix en-haut du Couloir des Poubelles aux Grands Montets.

Euro-pop de Trevor collait parfaitement au film » dit Stump. Autre révolution, l’utilisation de séquences POV. Stump avait déjà scotché une vieille caméra sur sa veste de windsurf pour filmer des séquences POV dans son film de 1985 Time Waits for Snowman. Dans Blizzard, la lourde caméra de 8kg était désormais fixée sur la tête de Glen Plake, amenant les spectateurs au plus proche de l’action. Comparé à aujourd’hui, le montage était loin d’être simple: la pellicule 16mm

THE BLIZZARD OF AAHHH’S

Mais avant tout, c’est le ski qui a eu le plus gros impact. Scott Schmidt sautant d’énormes barres à Squaw Valley et attaquant des lignes quasi verticales à Chamonix avec son style angulaire, Glen Plake envoyant des sauts newschool des années avant leur avènement, et Mike Hattrup skiant absolument tout dans un style smooth sans effort. Que ce soit en skiant le couloir des Poubelles de l’Aiguille du Midi ou en sautant depuis le passage en haut des Grands Montets, le

lequel serais-tu?» demande-t-on à Glen Plake au début de son segment à Chamonix. «Je sais pas.Hmm… moi!» répond Plake avec son gros rire distinctif. Il a une grosse crête iroquoise, un short et une veste fluo, et quelque chose qui ressemble à un collier fait de bracelets Swatch. C’est clair qu’on est en présence d’un vrai personnage, et d’un héro du ski au profil bien différent: flamboyant, perspicace et bruyant. Pour de nombreux gosses des années 80, Plake représente

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Skieur: Glen Plake / Lieu: Chamonix, France

Greg Stump et une caméra Arriflex 16mm légendaire.

un héro plus authentique que Alberto Tomba ou Pirmin Zurbriggens dans le paysage média. En revanche, la personnalité de Scott Schmidt, calme, réfléchi, laissant parler son ski, semblait l’exact opposé de celle de Plake. Si Plake était impossible à gérer, vous pouviez toujours vous identifier à Schmidt, et des milliers de personnes l’ont fait. Ensemble ils étaient une combinaison parfaite, et tout ça avec Mike Hattrup en troisième tiers pour compléter les rôles leaders de Blizzard. Stump cite son père Walter, professeur de science du cinéma, en tant qu’influence majeure de son récit. «Il vous laisse croire que la magie existe» se rappelle Stump. Comme tout bon magicien, Stump sait comment créer l’illusion. Il admet que la scène nommée «The Squaw Valley Shootout» où Plake se bat contre Tom Day et Mike Slattery

HISTORY

dans un contest de sauts de barres pour la dernière place dans le film et un billet

ajoute une vraie structure dramatique: au moment où le train entre en gare de Chamonix avec nos trois protagonistes, le spectateur est cloué, anxieux de voir comment la suite va se passer. Le reste fait partie de l’histoire. The Blizzard Of Aahhh’s a été un succès retentissant dans le monde du ski, mais aussi dans le grand public: Schmidt et Plake ont été invités à The Today Show aux USA, ce qui a eu d’après Stump un effet énorme sur leurs carrières. «On était les premiers skieurs dans le Today Show» se rappelle-t-il. «c’était diffusé le matin de l’ouverture du salon du ski à Las Vegas, et ça n’a pas fait de mal.» En plus d’être crédité d’avoir popularisé le ski extrême, Blizzard a aussi ouvert la voie aux professionnels du freeride. Avec le succès du film, Plake a pu négocier un contrat avec K2 Skis entre autres. Schmidt était déjà le premier freeskieur sponsorisé au monde, avec un contrat avec The North face depuis la moitié des années 80, mais bataillait encore à gagner sa vie. Tout ça a changé, en grande partie grâce à Blizzard. Schmidt

C’EST CLAIR QU’ON EST EN PRÉSENCE D’UN VRAI PERSONNAGE, ET D’UN HÉRO DU SKI AU PROFIL BIEN DIFFÉRENT: FLAMBOYANT, PERSPICACE REUX GOSSES ET BRUYANT. POUR DE NOMB ÉSENTE UN HÉRO DES ANNÉES 80, PL AKE REPR PLUS AUTHENTIQUE QUE ALBERTO TOMBA OU PIRMIN ZURBRIGGEN. d’avion pour Chamonix, était pure fiction. «Je n’étais même pas là ce jour-là» dit Stump. «Bruce Benedict a filmé toute la séquence, et j’ai inventé toute l’histoire.» La scène a aussi été utilisée pour créer une rivalité entre le coureur vétéran Schmidt et le nouvel arrivé freestyle Plake. Vrai ou pas, la magie du film

et Plake étaient devenus des modèles pour une nouvelle génération de rebels à skis: forts, confiants et prêts à enfreindre les règles. Le 30ème anniversaire de The Blizzard of Aahhh’s est célébré avec une tournée dans les USA, avec des rumeurs d’étape additionnelles en Europe. blizzard30.com pour plus d’infos.

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JÉRÔME TANON

LE CARNET DE VOYAGE INTIME D'UNE INCROYABLE EXPÉDITION DE FREERIDE AU CŒUR DU KARAKORAM. À LA RECHERCHE D'UNE DES PLUS BELLES MONTAGNES À SKIER DU GLOBE. UNE RENCONTRE ENTRE LE FREERIDE ET L'HIMALAYISME. UNE VÉRITABLE AVENTURE. 8 AVRIL, LE KKH 35 heures de bus direction Skardu. La mythique route nommée Karakoram Highway. La KKH. Autrefois une des routes de la soie, c’est aujourd’hui le seul passage vers la Chine. La route est en chantier perpétuel. Des camions se croisent entre les éboulis de pierre et les nids de poule. Le bordel. Gros mal de crâne. Il faut que j’arrive à dormir, mais à côté de moi il y a Yannick qui me raconte sa face Sud de l’Annapurna et

son pote qui manque de lui claquer entre les doigts. Je l’écoute, baigné dans une odeur d’épices et de diesel, et je réalise avec un sourire intérieur que ce trip va être encore plus fou que les autres. Le Pakistan. Un nouveau pays à découvrir, une nouvelle langue à apprendre : l’Urdu. Nous traversons Abbottabad, la ville où Ben Laden se planquait. Sac de pellicules photo en guise d’oreiller. Shab bakher – Bonne nuit. JÉRÔME

10 AVRIL, 2200 M, SKARDU Je contemple le jardin fleuri du lodge de Skardu, l’Indus qui coule paisiblement en contrebas, des dunes de sables blanc au loin. Je contemple le spectacle de la nature, les yeux grands ouverts. Nous avons plus de 360kg de matériel qu’on devra porter à 8. Plus on s’en rapproche moins cela semble réel. Mais on y est. On est à Skardu, on fait le packing de tout le matos et des vivres à emporter : luges-traineaux, bonbonnes de gaz pour faire fondre la neige, panneaux solaires, splitboards et skis de rando, cordes, tentes, duvets, sachets de lyophilisés, tomme et saucisson, biscuits etc. Il faut être le plus léger possible. Yannick, qui est déjà venu 15 fois au Pakistan, ne fait que le répéter. Demain nous serons à Askole, le dernier village au bout de la route. Encore un rêve sur le point de se réaliser. Qui aurait cru que le snowboard m’emmènerait aussi loin? THOMAS

10 AVRIL, LES JEEPS J’ai chopé une vomichiasse des enfers. Je suis contraint de garder une pile de PQ coincée dans la raie jour et nuit. Je peux

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rien avaler. Pourtant rien ne peut gâcher le plaisir d’être ici. Le chauffeur enrichit mon petit lexique d’Urdu. Wa baraka tu – que la chance soit avec toi. Safar bakher – bon voyage. Allah khosh rake – que Dieu te garde heureux. Yemeri duwahe – je prie pour toi. La route qui monte à Askole se termine par le canyon de la mort. Je retire tout ce j’ai dit sur la KKH. Maintenant c’est vraiment l’angoisse. Entre les chutes de pierre et la piste qui s’effondre dans le ravin, on serre tous les fesses dans nos vieilles Jeeps, au propre comme au figuré JÉRÔME

11 AVRIL, 2900 M, CRICKET AVEC LES LOCAUX On a rejoint les porteurs à Askole. Ils commencent le trek avec nous, puis on s’engage dans une boucle très ambitieuse de 150 km, en passant par le mythique col du Skam La, à 5600m. Personne n’est jamais allé faire du freeride par là-bas. Car le véritable objectif c’est la tour nord Biacherahi. Perdue au fin fond d’un glacier méconnu, c’est une face en forme d’aileron de requin que Thomas avait repéré dans un livre à la

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bibliothèque. Verticale. Jamais skiée. Aucune photo ou information récente. On sait même pas à quoi vont ressembler les glaciers. Mais depuis ce jour, il ne rêve que de la descendre en snow. Quand il a appris que son pote Zak avait eu la même idée il a monté l’expédition. Et maintenant on y est. Le Karakoram.

Tout ça à cause d’une photo dans un vieux bouquin. La tour Nord Biacherahi. 5880m. Tom, t’es vraiment un grand malade. JÉRÔME

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12 AVRIL, 3200 M, DÉBUT DU TREK Seul sur le chemin durant 45 min, j’ai le temps de me dire: qu’est-ce que je fous ici? Les porteurs Baltis préparent un déjeuner avec chapatis cuites sur place. Ces gars sont des durs. Ils dorment sous une toile. Nous sommes les premiers de la saison, avec un mois d’avance, et ils

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veulent tous travailler. Ça veut dire que là haut, il n’y aura aucune autre expédition dans toute la région. 25 kg, c’est la charge max qu’ils peuvent porter. Ils sont de tout âge et de tout gabarit. Nous sommes entourés de mules, poneys, chevaux et yaks. Je me couche dans une tente avec Zak et j’arrive pas à dormir. Je compte les jours de voyage depuis le départ: déjà 6 et il en faut encore 5 avant d’espérer faire

notre première descente. Le ride ici ça se mérite! Je repense à ma check-list et j’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose. J’imagine les faces là haut. J’espère qu’on pourra monter sans se mettre en danger. Je fais confiance à Yannick et Hélias mais je sais aussi que la chute n’est pas permise. LÉO

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mais je ne peux pas prendre part aux conversations de tous les jours. C’est pas grave. Ce genre de trip m’inspire à devenir une meilleure personne, à revenir chez moi grandi. Faire plus de grimpe, courir, nager, m’investir plus dans les relations, ne pas gaspiller mon temps. Je suis content d’élargir mes horizons. Je suis malade depuis quelques jours : je chie 4 ou 5 fois par jour et j’ai pas d’énergie. Tout semble plus dur, je m’essouffle sur du plat, c’est ridicule. J’ai hâte de me sentir bien à nouveau. J’ai du mal à dormir aussi. Je commence à prendre des médocs. ZAK

15 AVRIL, 4060 M, LES POTES

13 AVRIL, 3350 M, TRAVERSÉE DU TORRENT Le temps est magnifique et des sommets pointus se détachent du ciel à 360°. On progresse dans un décor variable, un coup dans du sable fin blanc, un coup dans des pierriers. Les mules m’impressionnent par leur agilité, chargées comme elles sont. Un éboulement nous oblige à traverser deux fois la rivière. Les porteurs et leurs mules passent en 5 minutes quand pour nous il faut une demi-heure. Je manœuvre pieds nus sur les rochers glissants et avec le courant l’eau se rapproche dangereusement de mes couilles. Le choc

thermique est violent. Je me retourne en arrivant sur l’autre rive et voit Tom en slip chapeau faisait une drôle de grimasse avec un sacré style de pinpin. LÉO

14 AVRIL, 4060 M, CAMP AVEC LES PORTEURS C’est tellement bon de vivre un rêve éveillé. Par contre, être le seul du groupe à ne pas parler Français ça craint, ils parlent anglais quand c’est important

L’appréhension monte à mesure qu’approche le moment où les porteurs vont nous abandonner. Mes camarades discutent logistique et tourista. Thomas qui s’extasie littéralement devant chaque nouveau sommet qui apparait, quand c’est pas devant les quartz d’un caillou. Léo qui nous fait marrer avec ses jeux de mots pourravs et qui filme tout avec sa gopro. Zak en bon californien qui couve un énorme sac de snacks perso et met la zik à fond sur son blaster quand il randonne. Il a seulement 21 ans et est loin de son Alaska chérie! Il y a nos 2 caméraman dévoués Pierre et Julien, et puis Yannick et Hélias qui débattent sans fin des potins des guides de Chamonix. Yannick le loup des montagnes, qui a déjà 4 sommets de plus de 8000m à sa ceinture, s’insurge de chaque objet non-vital qu’on emporte là-haut. Hélias le petit génie de l’alpinisme avec ses histoires de meuf à dormir debout et son accent anglais à mourir de rire. On fait une belle bande de couillons. JÉRÔME

15 AVRIL, 4400 M, NOBANDE SOBANDE Le soleil se couche au premier camp sur le glacier de Nobande Sobande. Au bout se trouvent la Biacherahi Tower et le Skam La. Ce matin les porteurs nous ont déposés à 4300m d’altitude, avant de repartir en trottinant vers Askole avec un grand sourire. Ils ne sont jamais allés si loin sur ce glacier. N’étant pas sur le chemin d’accès à un sommet de plus de 8000m, l’endroit n’est jamais parcouru. Ils voulaient faire demi-tour bien avant, mais Yannick a négocié à coup de boites de snickers. Ça fera ça de moins à man-

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tousse et n’arrive pas à respirer. Le mal des montagnes. Nous ne savons pas quoi faire pour lui. Il reste 7 km et 200m à monter. Il faut prendre une décision. Jerôme reprend ses esprits et dit qu’il peut continuer s’il passe son tour de luge à quelqu’un. On a 6 luges pour 8. Hélias lui ordonne de boire et manger et de mettre son sac photo sur une luge. LÉO

17 AVRIL, 4830 M, TEMPÊTE

ger, mais aussi ça de moins à porter. Jérôme a distribué des pourboires en plaçant un maximum de salamalèkes en Urdu. Il a fallu packer une nouvelle fois pour remplir les luges. Elles sont si lourdes! Ce soir nous avalons les premiers sachets de lyophilisés d’une longue série. Notre isolement s’est encore renforcé. On est seuls. Complètement seuls.

groupe. Il faut rester groupés. Je me sens loin de tout et vulnérable. On a partagé une tranche de tomme pour le moral et nous avons repris notre épopée. A 13h, Jerôme s’écroule par terre. Il chiale, il

Nous sommes dans la tempête et on ne bouge plus. Repos. Quel plaisir d’être là, avec 7 personnes que j’apprends à connaitre. Ici c’est sauvage et intact. On est des brutes. Les paysages de haute montagne sont passionnants. Hier, j’avais peur que les avalanches déboulent jusqu’au milieu du glacier et n’impactent nos tentes. Ce matin il y a eu une éclaircie : on est en sécurité. Je vais m’en occuper comme il faut de ma bande de petits sauvages. C’est promis. Je les aime ces

THOMAS

16 AVRIL, 4830 M, CAPTAIN TATA EN PLS Réveil 05.30. Pierre fait une drôle de tête. J’ai dû ronfler. Je sors de la tente pour mettre le petit dej’ en route et faire fondre de l’eau, Hélias et Yannick n’ont toujours pas sorti le bout de leur nez. Ils attendent le soleil. Sûrement un trick de guidos. A 7h15 nous commençons le rangement du camp et le packing des luges. J’entame un débat sur l’Arva avec Yannick, il répond: ce truc ne sert à rien et si on l’avait pas ça serait pareil. Au Pakistan si y’a une avalanche tout le monde est mort, donc on se prendra pas d’avalanche. Celui qui fait partir une avalanche je lui en colle une». Nous débattons pour savoir qui a la plus grosse, la plus lourde. On ne parle pas de nos bites mais bien de nos luges. La caravane est en route sur cet immense faux- plat, mais très vite de grands écarts se forment. Jérôme et Pierre se retrouvent loin derrière pour faire des images. Ils ont accéléré et quand ils nous ont rejoint le ciel était complètement gris. Si le brouillard nous avait enveloppé ils ne nous auraient peut-être jamais retrouvés. Jérôme n’était pas content et l’a fait savoir au

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petits gars, je suis content de rester ici avec eux. Ils touchent du doigt quelque chose de neuf, c’est formidable. YANNICK

17 AVRIL, 4830 M, NOBANDE SOBANDE Les maux de tête et la chiasse semblent être passés et mon corps se renforce. Je

suis parti de chez moi depuis déjà 4 semaines et mes amis commencent déjà à me manquer. Je fais tout le temps ce rêve où je suis rentré chez moi juste pour un bref moment, ça semble tellement réel, jusqu’à ce que mes pieds prennent froid et soudainement l’herbe verte est partie et je suis de retour dans cet endroit sauvage. Cela semble être un thème récurrent de ma vie, d’avoir du mal à être heureux et comblé du moment présent, avec ce que j’ai sous les yeux et entre les mains. Je suis excité par ce voyage depuis

trois ans et pourtant je rêve de mon chez moi, mon chien, ma copine. Ce voyage est difficile pour moi. J’ai également découvert des grosses plaques rouges partout sur ma peau, comme si j’étais tombé dans des orties. Ça me réveille la nuit en attaque de démangeaisons diaboliques. Aucune idée d’où ça vient, donc c’est cool. ZAK

18 AVRIL, 4830 M, EN TENTE On est toujours coincé dans ce blizzard. Il est sensé tomber 1m50 en 4 jours! On tourne en rond, on se raconte nos vies, on joue aux cartes. Va-t-on devenir fous? Je cumule les symptômes du mal aigu des montagnes. Maux de tête, nausée, toux, perte de sommeil et perte d’appétit. Je suis prié de rester tranquille le temps de m’acclimater. Selon le GPS il ne manque que 3 kilomètres pour atteindre le pied des premières faces. Les plaques rouges de Zak ont encore grossi. Au téléphone satellite le médecin nous avertit: au premier trouble respiratoire il faut l’évacuer, ça peut être le signe d’un œdème. Sauf qu'on n'a aucun moyen de l’évacuer: Askole est à 6j de marche, et l’armée Pakistanaise, si on arrive à la convaincre, et qu’elle a 2 hélicos dispo,

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ne fait pas de secours par mauvaise visibilité. Alors on lui donne des médocs et on croise les doigts. JÉRÔME

20 AVRIL, 5020 M, LA MISSION Réveil à 5h20. Dehors toujours la tempête, mais on doit bouger le camp coûte que coûte. Personne n’est motivé mais il faut y aller. Demain du beau temps est annoncé. L’entrée de mon igloo est enneigée jusqu’au plafond et les tentes des autres encore pire. Yannick donne des ordres pour démonter le camp, et quand tout le monde est prêt il nous annonce qu’il faut qu’il aille chier. On attend 10min dans le froid. Hélias en encorde trois derrière lui et prend la tête du convoi. Ma luge est lourde. Je tire mon fardeau au milieu des trous, sans corde, sans aucune visu. Je débranche le cerveau et marche sans penser au risque. Je suis épuisé. Ça tombe bien, les autres aussi. Vers 16h, on est toujours dans le blizzard, il est temps de mettre le camp.

On navigue au GPS car on n’y voit que dalle. Je creuse un nouvel igloo mais à 5000m, ça pique. Tom et Hélias me rejoignent quand ils voient que je fatigue. J’ai les pieds gelés, y’a plus d’eau et la flemme de faire à manger. Heureusement Zak m’a donné une tasse de thé et un peu de son lyof ’. La tente flappe dans tous les sens. 5 jours de beau sont annoncés dans la tente d’à côté. Je m’endors. LÉO

Ce gars-là déchire. La face est plus difficile que prévue, pendant 30min nos deux Himalayistes cherchent un passage dans une goulotte de glace. Les spines sont trop chargés de poudreuse. La tension s’installe. Zak perd patience «With my knowledge I would have been at the top 40 min ago», et il se désencorde. Yannick lui dit d’aller se faire foutre. S’il croit pouvoir monter seul, qu’il y aille. Tom calme Yannick et convainc Zak de revenir. Il lui rappelle qu’on est un crew et qu’on doit rester ensemble. LÉO

22 AVRIL, 5020 M, A L’ASSAUT DES TWO TOWERS 5h00 -25°C, et grand beau! L’excitation du 1er jour de ride. On vise un mur de spine proche du camp surplombé de deux grosses pointes rocheuses. Départ 7h20. Hélias nous rejoindra après car il a chié dans son duvet en faisant un prout foireux. On commence l’ascension sans lui. Yannick installe le relai et me dit d’y aller, je passe la rimaye et attaque un mur de glace de 6m de haut avec un seul piolet. Je me hisse difficilement, j’ai le bras tétanisé. Hélias nous rattrape et passe devant.

22 AVRIL, LES TWO TOWERS 3h d’effort et seulement 300m de dénivelé. On sort finalement sur la crête. La face n’est pas très grande mais impressionnante. J’ai laissé beaucoup d’énergie dans la montée et il ne faut pas tomber. Au sommet nous avons peu d’espace pour bouger, Zak, dernier arrivé, partira le premier. Mais d’abord on a tous besoin d’un peu de temps pour profiter de la vue. Les Latoks, le Baintha Brakk, l’Ogre. Cette paroi qui résiste encore à l’homme. C’est dingue, il y a une aura folle ici, je la sens. Je pourrais rester là des heures, mais les filmeurs sont prêts. Zak met du temps à se préparer. Je pense qu’il a la pression d’être le premier. Il drop et disparait derrière le premier spine. Le sluff apparait au pied de la face puis Zak avec deux gros ballons rouges dans le dos. Il a déclenché son airbag, choqué mais il va bien. Il a ridé trop vite, il s’est fait prendre par son sluff. Le drone est toujours en l’air alors je dois enchainer. Yannick parle pour me rassurer. Je lui dit de se taire. Je dois me concentrer. Je respire et me lance. Putain, rider à 5000m c’est pas la même! Ouf! Une première ligne de snowboard après 11jours d’approche depuis Askole avec les porteurs et 7 jours sans eux. La glace de partout dans les faces me fait peur, tu parles d’une ligne d’échauffement! La neige est profonde, il y a beaucoup de sluff, faut faire gaffe. THOMAS

23 AVRIL, 5020 M, LE PLAN Skieur: Léo Taillefer

La fenêtre météo pour passer le Skam La se rétrécissant, on décide d’attaquer la Biacherahi dès le lendemain matin, direct sur la fat mama. Une sacrée bataille. On recharge un max de batteries sur les panneaux solaires. On boit et mange tout ce

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qu’on peut. Je prépare et re-re-prépare mon sac. Tous au lit à 18h30. Demain on monte en haut d’un monstre à 5880m. Je ne sais pas comment expliquer mes sentiments, à la fois excité et effrayé. Je repense à ce que Zak m’a dit: «Biacherahi Tower is for gangsters only». Je ne sais pas si je suis un Gangster. La boule au ventre, je garde ma gourde contre moi pour pas qu’elle gèle. Je regarde les photos de la face et m’endors en me disant: ça va le faire. Ça va le faire. LÉO

24 AVRIL, LE JOUR DE LE BIACHERAHI 7h00 Thomas, Leo, Yannick, Hélias et moi-même avons commencé l’ascension depuis le camp. Nous avons progressé à travers un passage improbable entre deux blocs de glace géants, avant de se retrouver sur une rampe sous les corniches et les séracs. Je me sentais pas super confortable à l’idée de traverser la pente au soleil, mais c’était le meilleur moyen de passer. On s’est espacé et on a ski-randonné jusqu’à se planquer sous une énorme corniche en forme de vague.

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Crampons au pied, on a grimpé jusqu’au col où nous étions en sécurité. Les faces nord de l’Ogre I et II nous dominaient. Certains versants de ces forteresses résistent encore aux alpinistes. Je ne peux pas m’empêcher de penser à Kyle Dempster et Scott Adamson qui ont disparus juste ici dans la face nord de l’Ogre II à l’automne 2016. Un rappel puissant du sérieux de l’endroit où nous nous trouvons. L’ambiance lourde ne nous a pas quittéEn traversant vers l’arrête sommitale on a entendu un gros boum: une partie de la corniche où nous nous trouvions il y a une demi-heure s’est effondrée. On a attaqué les dernières centaines de mètres de l’épaule qui était pleine de corniches à gauches, et de plaques à vent à droite. La pente était de 40° en bas et presque 70° en haut, au-dessus de 1000m de vide qui termine sur le glacier du Choktoï. Une avalanche ici serait une catastrophe. ZAK

Le temps était suspendu toute la journée. Je me suis positionné en face avec Julien pour shooter la descente. Pierre était sur une autre épaule avec le drone. La Biacherahi, unique au monde. Ses spines semblent monter à la verticale jusque sous une corniche qui coiffe l’intégralité

du sommet: on se demande par où ils vont pouvoir accéder à la pente! Je me suis mis à flipper pour les potos. J’ignorais que pendant ce temps, les autres étaient en danger. Une plaque d’avalanche prête à partir, et aucun assurage possible. Pour pas qu’un mec emporte les autres, ils se sont même désencordés. C’est là que Thomas a choisi de faire demi-tour pour ne pas jouer sa vie à pile ou face. Trois ans qu’il rêvait de cette face! Il s’est retrouvé au petit col, seul avec sa décision, pendant qu’au-dessus les autres ont continué l’ascension. JÉRÔME

Quand Thomas a commencé à descendre, Léo et moi avons fait le choix difficile de continuer, faisant confiance à Yannick et Hélias. On espérait que la pente serait sécurisable bientôt. Après 20min d’angoisse ils ont finalement enfoncé deux broches et on s’est remis sur la corde. Leo m’a confié qu’il n’avait jamais grimpé de la glace comme ça, avec piolets et crampons, encore moins avec des skis sur le dos! J’ai été impressionné par son sangfroid et son courage, car il était très loin de sa zone de confort. A 15h30 on se tenait au sommet de la Tour Biacherahi Nord, bien plus tard que

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prévu. On s’est embrassé les uns les autres en se nourrissant de la vue incroyable depuis les 5880m. L’Ogre, l’arrête de Nobande Sobande qui s’étire jusqu’en Chine, par-delà les Latoks et le Choktoï, avec le K2 et le Broad Peak au loin. Impossible à oublier. Prochain challenge: traverser l’arrête sommitale jusqu’à un point où rejoindre les spines. En-dessous de nous, la corniche et la glace nous empêchent de skier d’ici. L’arrête ne fait que 2 à 3 m de large, avec à gauche la corniche à ne pas approcher, et à droite un vide total de plus de 1000m. La cliff de la mort. Léo et moi étions bien contents d’avoir Yannick et Hélias devant! Pour un Regular impossible de chausser du sommet, alors j’ai cramponné avec Yannick. Léo et Hélias ont chaussé leurs skis et attaqué une longue série de dérapages au-dessus du vide, même pas encordés. On a fait un court rappel pour se déposer au départ du

spine principal de la face. Prêt en premier, Léo a été assez généreux pour me laisser l’honneur de la première trace. Alors que je me préparais à rider Hélias m’a rappelé: «No Freeriding». C’est devenu notre gag récurrent. Je voyais qu’il s’en faisait pour moi, depuis ma chute d’il y a deux jours. Le piolet fermement à la main j’ai attaqué le spine, board au pied. La glace était quelques centimètres sous la neige. Après quelques mètres d’inspection j’ai fait des petits virages sautés, nerveux. Je sentais la glace sous la planche. J’ai enchainé jusqu’à ce que mes jambes m’ordonnent de reprendre mon souffle. Manque d’oxygène. Une fois en bas, j’ai rejoint Thomas et je lui ai fait un gros hug. J’avais un immense respect pour lui, d’être resté fidèle à ses convictions et d’avoir fait demi-tour tout en étant heureux pour nous. ZAK

Après la 1ère trace de Zak, Léo a droppé à son tour. Une simple cheville foulée veut dire game-over, expé annulée,10 jours de galère pour rentrer à Askole, tiré par les autres sur une luge. Au lieu d’y aller mollo, il a lâché les chevaux : en control total, Léo a enchainé 5 virages en plein milieu de la face, entre goulottes de glace et rimaye creusée, et il était déjà en bas. J’ai halluciné. Planqué derrière l’œilleton du Pentax, le coeur battant aussi vite que celui de Léo. Il a CASSE le spot. Il a dédié son run à Thomas. JÉRÔME

25 AVRIL, 5430 M, A L’ASSAUT DU SKAM LA Aucun regret d’abandonner mon igloo. On laisse la Biacherahi derrière nous. Nos yeux se tournent vers le Skam La: le col ultime. Je n’arrive toujours pas à croire ce que j’ai skié hier. Une impression de dépucelage. J’ai mis ma vie entre les mains d’Hélias et Yannick et je ne sais toujours pas pourquoi. Pourquoi j’ai pas fait demi tour une fois désencordés sur une plaque à vent? Tu tombes tu meurs. L’inverse de ma vision du ski. Tom a fait l’autre choix. Il a rêvé cette face pendant plus de deux ans, il s’est retrouvé si près du but et a renoncé. Savoir dire non fait de lui un héros à mes yeux. Un mec qui aime la vie. RESPECT. LÉO

25 AVRIL, 5050 M, ÇA VALAIT PAS LE COUP « Je ne riderais jamais cette face. » C’est ce que je m’étais dit en voyant la photo de Pierre Neyret dans « Les Plus Belles Montagnes Du Monde ». C’était vrai. Entre les guides qui hésitaient et les avalanches qui nous pendaient au nez, c’était trop risqué pour moi. Hélias ne m’a pas retenu, il savait que c’était chaud. Tant pis pour la tour Biacherahi. J’ai déjà la chance de pouvoir la contempler d’ici. Pour moi elle restera un rêve. A présent ce que je veux c’est finir la boucle, découvrir Snow Lake, rentrer par le Biafo. Il nous reste six jours. Mais pour moi le jeu en vaut la chandelle. Explorer, découvrir de nouvelles montagnes, qui sait comment ce sera de l’autre côté? THOMAS

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THOMAS

26 AVRIL, SKAM LA!

25 AVRIL, 5430 M, SKAM LA Il est 9h faut se décider. On passe le col ou pas? Jérôme et les filmeurs veulent rester ici pour faire plus d’images. Julien est très insistant. Il a peur? Ses mains tremblent. Zak, Léo et moi sommes d’accord: on veut passer le col. Rester ici serait un second échec pour moi. Hélias est de notre côté. La météo est bonne. Jérôme suit l’avis des riders: nous passerons le Skam La. On bouge aujourd’hui. Le chemin est long jusqu’au col. La pente se raidit. Les luges semblent peser 100kg. C’est infernal. Notre calvaire se termine dans un écrin de beauté à 200m sous le col. Ça sera notre camp numéro 4. Le K2 apparait au loin.

Aujourd’hui nous sommes devenus le 4ème groupe à avoir passé le Skam La à skis. Quel soulagement vu l’effort que c’était! Yannick est un sacré cowboy des montagnes. Il a fallu trois cordes de 60m pour arriver au bout du rappel versant Ouest, alors que la météo se dégradait. Au milieu de ce chaos, c’était un régal d’imaginer qu’à partir de maintenant c’est en descente jusqu’à Askole. Tirer les

LÉO

27 AVRIL, PRESQUE À SNOW LAKE

THOMAS

Le Skam La. Ce col perdu. Seul Pierre Neyret connait bien cet endroit. Y’a quoi derrière le Skam La ? Je veux savoir. Alors Skam La on va le passer. On va découvrir Snow Lake! Il faudra faire descendre les luges en rappel, on va se démerder. Après on pourra plus faire demi-tour. C’est engagé comme truc. C’est un sacré gars ce Pierre Neyret. Qu’est-ce qu’il est venu faire ici. La météo est ok, faut y aller. Allez les petit sauvages. Let’s go.

luges avec la gravité de notre coté sera une affaire bien différente. L’expérience de Yannick nous a sauvés, et Hélias est une machine, il est de loin le membre le plus fort de notre petit groupe.

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1h30 pour hisser les 6 luges dans les 50 derniers mètres du col. À 5630m d’altitude, nous dominons des vallées glacières d’une beauté folle. Mais la suite est plus corsée car la descente est raide. Nous découvrons une pente pleine de

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Nous sommes sur la planète Sim Gang. Un paysage de glace et de roche. Seuls à des dizaines de kilomètres. Au gré des éclaircies nous pouvons admirer les habitants de ce monde. Skam Brakk, Bahinta Brak, Uzun Brak et d’autres anonymes stupéfiants. Je suis abasourdi. Nous descendons ce glacier fantastique et je me dis que j’aimerais y passer du

ZAK

YANNICK

26 AVRIL, 5200 M, LES DÉS SONT JETÉS

prends la tête avec Tom pour rien. Le ciel est bâtard, un coup beau un coup pas beau. 14 bornes sur le glacier de Sim Gang avant Snow Lake. Les luges sont moins lourdes. Le temps s’éclaircit et laisse place à une véritable mer de glace. Je compte huit glaciers qui se rejoignent au même carrefour. C’est dingue! La beauté de l’endroit me fait oublier mon coup de blues.

27 AVRIL, 4770 M, JOUR D’EXPÉDITION

ÈME

J’ouvre les yeux, anxieux. Je pense à toi ma chérie. J’espère que tu vas bien. Je n’ai pas eu de nouvelles par le téléphone satellite. J’ai peur qu’il te soit arrivé quelque chose. Je suis encore à une semaine de Skardu, d’où je pourrai t’envoyer des messages. J’aimerais être au chaud avec toi plutôt que de me cailler les couilles ici. Je suis ronchon, je me

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De haut en bas: Zak Mills (snowboarder/USA), Hélias Millérioux (alpiniste/FRA), Léo Taillefer (skieur/FRA), Jérôme Tanon (photographe & réalisateur/FRA)

glace, de corniches et de séracs. Yannick a repéré un couloir pour descendre. 150m de rappel. Une fois le champignon de neige installé on envoie les luges, puis les hommes, plonger vers le glacier du Sim Gang.


tout ce qui craint le froid : gourdes, chaussures, frontales, cameras, batteries, bonbonne de gaz, stylo. Thomas n’est pas dans son assiette. Il est susceptible, irritable. Son demi-tour à la Biacherahi l’a plus affecté qu’il ne le prétend. Ça se comprend. J’essaye de lui parler, mais je trouve pas les bons mots. Lui qui est d’une positivité légendaire, je ne l’avais jamais vu comme ça. L’épuisement moral et physique nous repousse tous dans nos limites. Mais je le connais bien mon Tuno. La seule chose qui lui fera retrouver sa flamme c’est de remonter sur sa board.

De haut en bas: Pierre Fréchou (caméraman/FRA), Yannick Graziani (alpiniste/FRA), Julien Nadiras (caméraman/FRA), Thomas Delfino (snowboarder/FRA)

JÉRÔME

temps. A peine arrivés nous devons nous dépêcher de trouver une ligne à filmer. L’énorme mur devant nous est trop complexe, rempli de corniches et de crevasses. Je n’aime pas me précipiter. Je veux écouter les montagnes. On pénètre si brusquement dans l’intimité de ces géants. On passe, on prend, on s’en va. Pardon. Je reviendrai faire mieux.

28 AVRIL, LE KITE! On a bifurqué à gauche pour descendre le Biafo. Un vent de Nord s’est levé et nous pousse dans le dos. On est passé à la

THOMAS

28 AVRIL, 4770 M, SNOW LAKE PARADISE 5h40. J’ouvre les yeux. Mon sac de couchage est détrempé. J’entends Jérôme qui s’extasie devant le levé de soleil. Je sors voir le spectacle. Le ciel est bleu, violet, explosif. J’essaye de motiver Tom de monter avec moi. Il refuse. Helias m’accompagne vers une ligne engagée entre les spines. Dans l’attaque Yannick a un mauvais pressentiment. Il est tard, la face chauffe, c’est raide. Demi tour. Je rejoins Zak parti vers une pente moins engagée. Il a commencé la trace sur 100m. Je le relaye et continue jusqu’en haut. La neige est profonde et solide. La fin est raide. Tom a bien fait de pas venir avec nous. La pente avait l’air magnifique et il me tardait de sauter dedans skis au pied. A mon tour d’ouvrir une face. Yallaaa!

fiques. Tom et Zak partent à droite avec Hélias, Yannick et moi à gauche. Cela me fait du bien de me retrouver seul avec Yannick. Il faut y aller franco avec lui. Je passe devant. Au sommet on a une vue imprenable sur la descente des copains. Ça a l’air bien raide leur affaire. Hélias est en train d’assurer Tom qui se prépare à droper dans cette rampe de glace à 55°. Vas-y mon Tom-Tom lâche les chevaux! Mais c’est d’abord à mon tour. Je profite de la vue une dernière fois en attendant le drone. Yannick me répète d’y aller doucement. J’ai ma ligne en tête, je suis focus, je l’écoute pas. Je m’élance. LÉO

29 AVRIL, 4400 M, LES RAMPES DE GHUR vitesse supérieure avec Jérôme en sortant une toile de tente qu’on a utilisé comme une aile de kite! On formait un binôme d’enfer: moitié marin moitié parapentiste. Les autres ont fait pareil. Avec cette technique on a avalé un paquet de bornes. Cerise sur le gâteau: on a monté le camp au pied d’une face à skier pour le lendemain.

Attirés comme des aimants vers un mur de neige verticale, Hélias, Zak et moi partons à l’assaut de la montagne. La face fait 700m. Nous chaussons les crampons à

LÉO

LÉO

28 AVRIL, CRAMÉS Snow Lake. Là où tous les glaciers se rejoignent. Devant nous se dressent les Solu Towers. La fatigue s’accumule. Avec la réverbération, nos gueules sont cramées. La nuit on met dans nos duvets

KARAKORAM DIARIES

29 AVRIL, 4400 M, 17ÈME JOUR Mes hanches et mes épaules me font mal. Comme chaque matin la vue dépote grave et j’oublie mes douleurs. Un glacier de 5km de large entouré de montagnes pointues. Le monstre BIAFO. 10h30 au pied de la face: trois langues magni-

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YANNICK

30 AVRIL, LA RÉUNION

11h. L’excitation monte d’un cran. Hélias passe en tête, la pente semble interminable. En bas sur le glacier Pierre et Jérôme font la taille de fourmis. Ça se raidit, pourtant je n’ai pas peur. Enfin une face qui me donne vraiment envie! Nous nous retrouvons tous les trois en haut de ce bijou. La vue sur Snow Lake est magnifique, les glaciers s’étendent à perte de vue, et au loin le Kanjut Sar. Je regarde ce qui m’attend en-dessous de moi. C’est géant, raide, et bien glacé en haut, mais c’est ce qu’on aime. A cause de la glace Hélias insiste pour m’encorder sur les premiers virages, j’ai aucun problème avec ça, Zak un peu plus. Je n’ai pas envie de partir en toboggan de la mort. C’est très raide, mais la neige est bonne et je me sens super bien. Je lâche la corde. THOMAS

29 AVRIL, DANS LE RAIDE J’ai observé Thomas rider cette pente verticale comme un boss et disparaitre en bas tel un petit point noir. A mon tour. Avant de m’élancer Hélias m’a demandé avec son accent anglais légendaire: «You want ze rope or notte?». J’ai décliné. Au moment le plus glacé ma carre a ripé, j’ai dû m’appuyer à deux mains sur mon piolet enfoncé dans la pente pour stopper la chute. Je suis resté concentré et j’ai pu rejoindre une neige meilleure. C’était spécial de partager cette expérience avec Thomas, car nous avions fait toute cette expé sans avoir jamais partagé une ligne ensemble

FEATURE

jusqu’à aujourd’hui. Voir son grand sourire et lui faire un gros hug en bas valait encore plus que les virages de poudre. ZAK

Salman Ali le chef porteur est apparu au loin, avec quatre Baltis et leurs fameuses mules 4x4. Echange d’embrassade avec les gars du pays. Nous chargeons les mules et attaquons la marche vers Askole. Le soir nous campons en bordure du glacier. Les Baltis préparent le feu, le chaï et les chapatis cuits sur la pierre. Ils chantent des mélodies du coin. Leurs voix et le claquement de leurs mains se sont perdus dans les dernières lueurs du jour. On a presque rien, on est cuits de chez cuits, mais est comme des rois. JÉRÔME

29 AVRIL, LE RETOUR DE STOKE-MAN Le fat come-back de Thomas sur la dernière descente! Incroyable. En Urdu on dit: Zabardast: wonderful. Il a taillé la pente glacée en énormes Z enchainés. Son smile est revenu alors que l’expédition touche à sa fin. Il fait beau et chaud, c’est la joie. On est à la bourre pour le rendez-vous avec les porteurs. Nous tirons nos luges tandis que la pleine Lune se lève. Ne sachant pas comment retrouver les porteurs au milieu de ce désert de glace, nous poussons le plus bas possible jusqu’au milieu de la nuit, en espérant qu’ils nous repèrent. JÉRÔME

1 MAI, 2900 M, LA FIN DU TREK Putain de glacier infini de merde de rochers bancals de crevasses de bordel de moraine qui n’en finit pas chiasse de bite à cul à marcher toute la journée sous le soleil dans ce désert à la con à monter descendre sur des saloperies de tas de cailloux des jours durant! Le dernier jour est le plus dur. Mal de partout, l’esprit obnubilé. Un lit. Le rêve. Le dernier kilomètre avalé, nous voilà à Askole. Les gars apportent le thé, des oeufs, des biscuits. Quel bonheur. Les gorges de la mort en sens inverse ne nous fait plus peur. On a fait cette putain de boucle! Il ne peut plus rien arriver d’affreux maintenant.

30 AVRIL, LA FLAMME Qui a allumé cette flamme en nous? Pourquoi je grimpe?Pourquoi je suis fou d’Himalayisme? Des questions lancinantes. Pourquoi la flamme brûle-t-elle toujours? Pourquoi je suis pas dans mon canap’ avec mes potes? Pourquoi je suis pas comme tout le monde à essayer de vivre une vie tranquille, posée. Pourquoi je suis obligé de venir me perdre ici? L’at-

JÉRÔME

2 MAI, 1800 M, SKARDU Le mauvais temps est revenu. À 4000m c’est l’enfer, le vent et de minuscules cailloux de neige te giflerait le visage et te brulerait les lèvres jusqu’au sang. Le timing a été parfait. La chance a été de notre coté.

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Rider: Thomas Delfino

trait de l’inconnu? L’engagement? Arriver en haut? Nous y sommes. Voilà pourquoi la flamme brule toujours. Quand je suis sur un sommet je sais ce que je ressens. Je retrouve un moment que je connais et que j’avais oublié. Putain on a réussi. C’est quand même la classe d’être là. C’est tellement beau. Je me sens tellement bien. A chaque fois ça m’apporte quelque chose de neuf. Je me sens un homme rempli, et ça bouillonne à l’intérieur de moi. Une putain de bonne sensation.


Ici à Skardu notre équipe se repose. Nous étions seuls dans les montagnes du Karakorum, maintenant on est de retour parmi les hommes comme des bienheureux. YANNICK

3 - 14 MAI Journal rédigé. Helias et Yannick rentrent pour l’ascension du Spantik, le Pic Doré, tandis que le reste de l’équipe suit la rivière Indus à travers le Pakistan en train et bus jusqu’à la mer. À Mianwali nous sommes refoulés par les militaires, retour à Islamabad, et fin du trip avec un tour en moto sur les collines au nord.

15 MAI, DÉPART Notre aventure Pakistanaise semble avoir été hors du temps. Tout est parti de cette photographie de La tour Biacherahi nord. Et ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de montagnes là-bas. En descendant le Biafo je me demandais: Est-ce que je veux continuer à faire ça? Les glaciers, la montagne, la galère, la joie intense. Bien sûr que je veux continuer. Je n’ai fait qu’effleurer un vaste univers. Un monde où les disciplines se mêlent, et qui procure des émotions plus fortes que tout ce que j’ai connu. La montagne, sauvage et brut.

vie. On a su rebondir d’un problème à l’autre pour les transformer en solutions. J’ai hâte de raconter tout ça à mon père, mais en laissant là-haut les anecdotes dangereuses. Il va se foutre de ma gueule en voyant mon look de Pakistanais. J’ai fait un travail sur moi sans même m’en apercevoir. J’ai appris la patience, l’entraide, la vie en communauté. Un

sentiment de bonheur m’envahit en pensant au retour à la maison, mais cette liberté me manque déjà. L’autonomie. Loin de tout. Le meilleur des psy. Des rêves de cette liberté vont me suivre un moment. Pakistan, ce ne sera pas la dernière. On se reverra. LÉO

THOMAS

Peut-on forcer les gens à devenir amis? Un voyage comme ça force l’amitié. Collés les uns aux autres dans nos tentes sous la tempête. Je les aime les copains. Sur ma bécane, en retournant vers l’aéroport, du Pakistan plein les yeux, je réalise que le plus important dans un périple c’est les personnes avec qui on le fait. J’en ai chié, j’ai poussé mon corps au maximum, j’ai cru pendant quelques jours qu’on était les seuls êtres vivants sur Terre, je me suis broyé les orteils dans les pierriers, j’ai perdu 10 kg en 3 semaines, mais j’ai gagné 7 potos. C’est ça, le sel du voyage: les potos. JÉRÔME

Nous sommes dans le minibus que Jérôme et Tom ont arrêté sur le bord de la route pour aller à l’aéroport. Il est tôt, j’ai la tête dans le cul et je sens la fin du voyage. Je suis nostalgique, j’ai envie de chialer et je ne sais pas pourquoi. Toutes ces aventures vécues, le Karakorum, l’expé la plus belle de ma vie. On est tous en forme et en

KARAKORAM DIARIES

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FEATURE

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Photos (par ordre alphabétique): Darcy Bacha, Flo Breitenberger, Ruedi Flück, Pally Learmond, David Malacrida, Kyle Meyr, Klaus Polzer, Christoffer Sjöström, Ethan Stone, Sindy Thomas

DIX ANS DE SUR LE FRONT EUROPÉEN DU

DOWND FREESKI A Y S

TEXTE

ETHAN STONE

PAS DE QUOI EN FAIRE TOUTE UNE HISTOIRE…MA IS NOUS EXISTONS DEPUIS DIX ANS. UN PEU DUR À CROIRE, MAIS LE TEMPS PASSE VITE QUAND ON S’AMUSE, ET ON S’EST BEAUCOUP AMUSÉ CES DIX DERNIÈRES ANNÉES DANS

DE LA CULTURE NOTRE POURSUITE ET AU-DEL À. FREESKI EN EUROPE EN L’HONNEUR DE NOTRE ANNIVERSAIRE, POINT NOUS AVONS CRÉÉ CET ARTICLE SPÉCIAL POUR FAIRE LE SUR LA DÉCENNIE ÉCOULÉE: LES GENS, LES ENDROITS, LES MOMENTS QUI SE SONT DÉMARQUÉS ET QUI ONT FAIT DU FREESKI EN EUROPE CE QU’IL EST AUJOURD’HUI. ATTENDRE: SANS PLUSUE DANS UNE BIENVEN DOWNDAYS. DE IE DÉCENN DIX ANS DE DOWNDAYS

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ORIGINE

«Les Frenchys étaient les Frenchys, les Scandinaves étaient les Scandinaves et il y a avait un milieu germanophone, mais presque aucune connection. On ne savait pas ce qui se passait. C’était dur de savoir où il y avait des compétitions. Donc la première chose à faire était de créer une plateforme de communication Européenne.» Klaus Polzer, co-fondateur de Downdays

FONDATEURS DE DOWNDAYS:

Ben Burnett, Klaus Polzer, Christoph Thaler, Nico Zacek

A

h, la fin des années 2000. Ça n’a pas l’air si loin, non? Mais dans le ski, la décennie passée a vu de nombreux changements. Imaginez ça, 2008, et Instagram n’existe pas. Le Freeride World Tour en est à ses balbutiements, et il n’a pas encore fusionné avec les tours NordAméricains. Le slopestyle et le big air sont bousculés par de nouveaux tricks nommés «double corks», tentés en compétition par des skieurs comme Jon Olsson et Jacob Wester. Tanner Hall règne sur le halfpipe, Sarah Burke est la force motrice du freeski féminin, et Candide Thovex fait un comeback remarquable après s’être brisé le dos en 2007. Bien que l’Europe rattrape son retard, le freeski est encore surtout Nord-Américain. À Innsbruck, quatre amis réunis par la passion de cette nouvelle énergie du ski veulent faire avancer les choses. On parle de commencer un tour de compétitions européennes, mais ils se rendent compte que cela nécessite également une plate-forme médiatique de freeski à l’échelle Européenne, quelque chose qui n’existait pas à l’époque. Le 11 novembre 2008, ils lancent Downdays.eu, un centre paneuropéen de contenu freeski publié en trois langues: Anglais, Allemand et Français. Notre premier slogan ringard, mais encore valable: «L’Europinion du Ski». La graine trouve un sol fertile. Peu de temps après, l'équipe lance Downdays TV, le Downdays DigiMag, et en décembre 2009, le premier numéro imprimé du Downdays Freeski Journal, ancêtre des pages que vous tenez entre vos mains aujourd'hui. Les premières années du magazine imprimé sont marquées par des mises en page très créatives et des particularités telles que du papier glacé œuvres de l’esprit créatif de l’ancien rédacteur Allemand Klaus Polzer. Assez rapidement, le site Web au nom amusant prend racine et se transforme en quelque chose de plus grand qu’un bureau délabré. Raf Regazzoni mène la campagne en France, en invitant les autres sites de ski à «aller se faire foutre». Les événements, shootings et voyages Downdays commencent à percoler aux quatre coins des Alpes tout comme nos magazines et nos contenus en ligne.

SPECIAL

Sean Balmer au boulot pour capturer le boom du milieu freeski en Europe. Photo: Klaus Polzer

«On a longuement discuté pour savoir si le nom devait contenir le mot ‘ski’. On a pris l’exemple de Pleasure, notre mag de snowboard préféré, et avons aimé l’idée de nom unique. À l’origine ça vient d’Alaska, où on part pour un ski trip et on risque d’avoir un paquet de jours foutus (down days) car l’hélico ne peut pas voler. C’est là que vous avez le temps de regarder le site ou de lire le magazine. Quand on a le temps de skier, on skie. Mais quand la journée est pourrie, lisez notre mag. C’était ça l’idée.» Nico Zacek, co-fondateur de Downdays

Le co-fondateur de Downdays Nico Zacek sur une structure urbaine à Prague, 2010. Premier freeskieur Allemand reconnu à l’international, Nico voulait créer une plateforme faite par des skieurs, pour des skieurs. Photo: Klaus Polzer «Notre premier bureau était sur Pradler Strasse à Innsbruck, un coin pas cher avec une pièce minuscule pour le stockage qui était en fait un ascenseur cassé. Nous avons vite réalisé que nos voisines d’en-dessous étaient des prostituées. Un soir nous avons fait une fête, et Sean a décidé de dormir sur le canapé du bureau. Il s’est réveillé avec un vieil homme assis à côté de lui, sans pantalon, simplement assis avec ses fesses sur la tête de Sean. Le mec était ivre mort et s’était trompé de porte, il voulait rendre visite aux filles, mais a eu Sean à leur place. Le vieux bureau est plein d’histoires. On était jeunes et célibataires, quatre skieurs faisant leur truc à eux. Ce n’était pas axé sur le business. Un magazine Européen était quelque chose que le snowboard avait déjà, mais pas le ski. Donc on a décidé de le créer nous-mêmes.» Nico Zacek

«En acceptant ce job, Ben m’a dit qu’ils avaient un endroit pour me loger. C’était le canapé dans le bureau. J’y ai dormi pendant cinq semaines. Pas d’eau chaude, mais une belle vue sur un champs de maïs depuis la douche. Mon revenu me faisait vivre, une vie simple, des amis j’avais tout ce que je voulais. Je filmais du ski pour vivre. L’hiver démarrait avec les tournées des premières des films de ski. On sautait dans la camionnette direction les ouvertures de glaciers, puis c’était le tour des big airs en ville. Zurich était toujours un bon plan, mais Budapest était le top –le Wild Wild Est de l’Europe. Les fans étaient passionnés, les set-ups un peu à l’arrache et les afterparty comme des scènes de Very Bad Trip. Le plus dur dans tout ça était que je ne skiais plus pour le plaisir. Je sentais que c’était mieux pour le freeeski si je filmais continuellement, et montais des edits. Je ressentais une certaine responsabilité, montrer les trucs de dingue en Europe, et Downdays m’a procuré la plateforme parfaite.» Sean Balmer, Video Manager de Downdays 2010 – 2015

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Le timing ne pouvait pas être meilleur, car le lancement de Downdays coïncide avec une montée impressionnante du freeski en Europe, tandis que les nouvelles tendances nord-américaines commencent à fermenter dans les creusets traditionnels des sports alpins. Tout est là, c’est le moment de la récolte: des lignes de poudreuse vierges attendent juste à côté des pistes encombrées, des snowparks jaillissent comme des champignons sur tout le continent ainsi qu’une nouvelle génération de talents européens prêts à assumer le rôle de leader dans le sport.

«Downdays avait de la crédibilité et une voix portante en Europe. Quand j’ai rejoint l’équipe je devais améliorer mon niveau de photographie et d’écriture très rapidement. On avait des responsabilités. En tant que rédacteur il ne suffit pas juste de dire ce qu’il se passe, il faut donner son opinion. J’ai dû apprendre toutes ces choses à la fois.» David Malacrida, rédacteur Downdays 2010-2016

HÉROS É

Candide Thovex, le meilleur de tous les temps. Photo: Christoffer Sjöström

vènements, stations, media, technologie du ski- tout cela a façonné le freeski en Europe. Mais plus que tout, ce sont des personnes qui ont créé la culture que l’on partage et qui ont rempli les pages de ce magazine. Bien sûr, on ne pourra jamais remercier toutes les personnes qui ont eu une influence, mais on va essayer. Et quitte à citer des noms, autant démarrer avec du lourd. Du premier jour de Downdays jusqu’à aujourd’hui, un skieur a dominé les airs comme nul autre. Candide Thovex était déjà une légende, un génie du freeski qui a gagné les X Games en Big Air, Halfpipe et Slopestyle et qui a marqué l’histoire de Chad’s Gap. Mais une fracture de la colonne durant son événement en 2007, le Candide Invitational à La Clusaz, laissait beaucoup de gens se demander si ses jours de domination étaient terminés. En fait, ils ne faisaient que commencer. Candide revint en force avec la vidéo Candide Kamera en 2009, chargeant des lignes de freeride à une vitesse folle, puis en 2010 il remporta le Red Bull Linecatcher à Vars avec un run sauvage qui reste encore un must. Il termina la saison en gagnant l’étape du Freeride World Tour à Chamonix, puis, incroyablement, le titre au classement général. Dur de faire mieux pour un retour. Depuis, Candide a souvent fait profil bas, avant de revenir soudainement de nulle part avec de nouveaux projets vidéo retentissants , tous meilleurs que les précédents. De la révolution des prises de vue avec One of Those Days à son dernier projet Skiing the World, il semble que tout ce que fait Candide devient instantanément un classique. Jérémie Heitz ne jouit pas du même nom que Candide, mais ses accomplissements en freeride n’en sont pas moins importants. Heitz s’est fait un nom par ses lignes à vitesse démoniaque sur le

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Freeride World Tour avant de tous nous époustoufler en 2016 avec La Liste, un concept de film dans lequel Heitz et son compère Sam Anthamatten adaptent le freeride à grande vitesse à des faces parmi les plus raides des Alpes. Les conséquences de La Liste n’ont pas fini de se faire sentir, probablement car très peu de skieurs ont les couilles de skier comme Jérémie. Les rumeurs parlent d’une future La Liste 2. Un autre pionnier des frontières du ski-alpinisme qu’on ne peut omettre de citer est Andreas Fransson, qui a skié des lignes à Chamonix, et dans le monde, réputées impossibles, avant de périr dans une avalanche avec la légende du freeski JP Auclair en Amérique du Sud en 2014. Si d’autres skieurs pouvaient prétendre au titre de ‘leader de la décennie’, Henrik Harlaut serait de ceux-là. Le premier numéro de ce magazine en 2009 avait un article sur Henrik, le phénomène Suédois des parks de 17ans. Six médailles d’or aux X Games et une douzaine de films plus tard, Henrik est une icône, connu de nos parents comme ‘le gosse qui a perdu son pantalon aux JO’, et dans le milieu comme étant un novateur sans précédent, au sommet de son art. Les trois B&E Invitationals de Henrik et Phil Casabon aux Arcs ont établi un nouveau standard en termes de créativité du design des snowparks, tout en offrant à l’Europe son rassemblement de freeski le plus important. En 2016 Henrik a partagé le podium avec Candide pour recevoir les honneurs de l’événement, instant charnière dans l’histoire du freeski, ‘tel père tel fils’. Pendant ce temps, les freeskieuses Européenes étaient occupées à faire monter le niveau. En 2012, Lisa Zimmermann a fait les gros titres avec le premier double cork 12 dans un contest féminin au Nine Queen Big Air à Serfaus-Fiss-Ladis. «C’était genre Yo on a des filles qui déchirent» se rappelle le rédacteur Mark von Roy «un moment décisif». Tandis que Lisa posait ce double, Kelly Sildaru, 10ans, regardait depuis l’extérieur, n’étant pas autorisée à sauter à cause son âge. Quelques années plus tard, ce minuscule phénomène Estonien n’est plus si minuscule mais toujours

«Candide est le leader, il l’a été et le sera toujours. Quand tu le vois skier, c’est facile de comprendre qui il est. Personne ne skie comme lui. Il vient d’un autre monde. Il y a quatre ans, il s’est présenté de manière inattendue à la Coupe du Monde de Slopestyle à Copper Mountain. Il tentait de se qualifier pour le slopestyle des JO de Sotchi. J’étais juge, et je me souviens on était tous en silence juste à le voir skier. Je n’avais jamais ressenti ça avant. Quand tu vois un artiste, quelqu’un d’important, tu t’assois et tu regardes en silence.» Raf Regazzoni, rédacteur Downdays 2009-2012

phénoménal, battant des filles du double de son âge au plus haut niveau. À seulement 16ans, Kelly est une des freeskieuses les plus talentueuses d’Europe. Lisa et Kelly ne sont que deux des nouveaux talents repoussant les limites du freestyle féminin. Par exemple, les films 100% feminins de Sandra Lahsteiner, Shade of Winter, ont mis en avant certains des plus gros noms du freeride, comme Nadine Wallner et Matilda Rapaport (Ski In Peace). Candide peut voler la vedette, mais la France ne manque pas d’autres talents incroyables en freeski. Loïc Collomb-Patton a prouvé que s’il y a quelque

«Il y a dix ans, Henrik ne parlait qu’en jargon hip-hop, il portait des grillz et ne parlait que de Mick Deschenaux. Il voulait skier, skier toute sa vie.» Raf Regazzoni

Jérémie Heitz ré-écrivant les règles du ski raide à Obergabelhorn. Photo: Tero Repo

SPECIAL

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«Je n’oublierai jamais mon premier souvenir de Henrik. C’était à la fin de la LA Session aux Arcs, et tous les riders buvaient un verre ou rentraient chez eux. Henrik avait encore les skis aux pieds, jouant sur une petite bosse d’une dizaine de centimètres. Personne d’autre ne l’aurait vue, et Henrik s’y amusait. C’est là que tout eut un sens pour moi. Quand un mec peut s’amuser sur un si petit truc, il peut devenir le meilleur au monde, car il vit pour ça. Il est devenu le meilleur car c’est le plus passionné.» David Malacrida

Le B&E Invitational aux Arcs a été un vrai rassemblement d’idées qui a révolutionné le design des snowparks. En d’autres mots, l’événement parfait pour Phil Casabon et Henrik Harlaut. Photo: David Malacrida

chose de magique dans l’eau de la Clusaz, alors Candide n’est pas le seul à en avoir bu. Loïc s’est d’abord fait un nom dans le halfpipe, avec de nombreux podiums avant la transformation radicale vers les contests de freeride. Dix ans après avoir raté de peu le podium halfpipe des X Games, Loïc remporte son deuxième titre au général du Freeride World Tour. Il est un de ces rares mix, comme Candide, a avoir maîtrisé le passage freestyle-freeride. En parlant de Français dans le halfpipe, Kevin Rolland doit être cité comme le roi du halfpipe dans un pays fou de sport. Kevin a amassé 4 médailles d’or aux X Games en 2010 et 2011 entre Aspen et Tignes, a pris le bronze aux JO de 2014, et reste parmi l’élite mondiale aujourd’hui. Il faudrait bien sûr citer encore beaucoup de monde, mais afin de laisser un peu de place aux photos, on passe à autre chose. Mais pas d’inquiétude, tout ne fait que commencer.

Kelly Sildaru en route pour la victoire aux European Freeski Open à Laax en 2016. Photo: Ethan Stone

Les films de Sandra Lahnsteiner, Shades of Winter, ont mis les freeskieuses, incluant Sandra elle-même, sous les projecteurs. Photo: Klaus Polzer

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CRE WS

T

out le monde sait que le ski c’est mieux avec des amis. C’est donc logique que quelques crews aient joué un grand rôle dans la culture freeski mise en avant dans notre mag. Les crews sont des réserves de stoke, où la passion est partagée, et nous avons souvent dédié des pages aux crews passant de l’Espagne à la Russie. L’histoire des Legs of Steel est étrangement semblable à la notre: créé en 2009 à Innsbruck par quatre amis pour offrir quelque chose de nouveau. Les talents combinés de Bene Mayr, Paddy Graham, Tobi Reindl et Thomas Hlawitschka ont donné naissance à la production la plus prestigieuse du monde germanophone. Les films de LOS ont solidement mis en avant l’Europe centrale, tout en donnant une place à des

«La première fois que j’ai vu Loïc, il faisait certains des premiers runs en switch dans un contest de halfpipe. J’étais époustouflé par la hauteur qu’il prenait. Quand j’ai su qu’il avait ensuite gagné le FWT je me suis dit ‘Attend, c’est le même mec?’» Ethan Stone

gars comme Fabio Studer et Fabian Lentsch. Certains de leurs shootings, comme le triple kicker de 2011 à Kaunertal sont devenus légendaires. De l’autre côté du spectre, même s’ils sont officiellement approuvés, le Swiss Freeski Team demeure un crew. Depuis ses débuts en 2009, l’équipe est devenue une force incontournable sur les circuits de contests. L’investissement de la Suisse dans ce programme a catapulté ses riders sur des échelons supérieurs, en passant de l’enfant prodige Elias Ambühl aux tueurs actuels Fabian Bösch, Kai Mahler, Andri Ragettli etc. Le côté féminin du team est tout aussi fort (voir page 37 pour la preuve). Gpsy Feelin provient d’un groupe d’amis qui skient à Val d’Isère, ils sont devenus un des crews les plus influents du milieu francophone. Leurs nombreux

«J’ai toujours shooté avec différents crews. Les mecs de Life Steeze Media en Russie m’ont envoyé une vidéo et je leur ai répondu ‘C’est cool, vous faites quoi en Janvier? Je peux venir shooter avec vous?’ On en parlait le dimanche et j’achetais le billet pour la Russie le mardi. Même chose avec The Bunch. J’étais curieux, je voulais voir comment ils vivaient. Travailler pour Downdays m’a donné une vision internationale du freeski.» David Malacrida

films de 2007 à 2015 ont amené un style inimitable sur la scène Européenne, tout en présentant une floppée de skieurs bien énervés (voir la couverture pour preuve). Les Crapules était un autre crew Français influent, avec des talents comme le skieur/filmeur Etienne Mérel, qui a été derrière la caméra pour certaines des meilleures productions Européennes de freeski ces dernières années. Ce groupe d’Allemands émigrés à Innsbruck appelé Freeski-Crew est sans doute celui le plus terre à terre à avoir eu une reconnaissance internationale. Parcourant le monde avec leur matériel, enthousiasme et talent pur, tout en faisant la fête, ils ont régulièrement transformé leurs efforts en films et sont parvenus à gagner des prix à l’IF3. Plus underground que tous les crews de cette liste, ils ne cherchaient ni gloire ni argent des sponsors, mais juste la voie du ski. Dans les pays nordiques, des tonnes de crews ont marqué et influencé le freeski. En Finlande le jeu des webisodes a démarré tôt, avec l’énergie brute de Nipwitz et la créativité débridée de Real

En 2011, le triple-kicker à Kaunertal des Legs of Steel est devenu un des segments de kick les plus sauvages de l’histoire di freeski. Si vous ne l’avez pas encore vu, Youtube est votre ami. Riders: Tobi Tritscher, Fabio Studer, Lolo Favre & Toni Höllwart; Photo: Klaus Polzer

SPECIAL

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«Tous les riders Gpsy étaient différents. Leo Taillefer avait son influence, Julien Lange avait une influence. Ils étaient créatifs, montrant leur ski d’une manière particulière en vous amenant dans un nouveau monde. Ils étaient sans compromis et faisaient ce qu’ils voulaient.» David Malacrida

Skifi et ils ont conquis une renommée internationale. En Norvège, Field Productions est passé d’un crew freeski core à un poids lourd des productions vidéo avec des succès de masse comme ‘Supervention’, démontrant que les films de ski n’ont pas besoin d’être une niche. Le crew skiant le park privé de Andreas Håtveit a produit des vidéos hallucinantes tout en laissant place à d’incroyables jeunes talents. (voir page 36) Encore plus que n’importe quel autre crew, l’improbable alliance de Suédois connu comme The Bunch a joué un rôle pivot dans le type de ski qu’on voit en park, street et poudre dans le monde. Lucas Stål-Madison et Magnus Graner, vainqueurs du Superunknown de Level 1 en 2012 et 2013 font partie de cette paillette unique de riders. Ils ont changé le ski moderne pour les nouvelles générations. Julien Lange et les Gpsy Feelin ont profité au mieux du terrain de jeu de Val D’Isère. Photo: Fabrice Wittner

«The Bunch: c’est une évolution du ski devant nos yeux» David Malacrida

«Nipwitz & Real Skifi me font kiffer. Ils faisaient leur truc à eux quel que soit le terrain. Ils se moquent de ne pas avoir de gros cliffs ou de parks de dingue. Leur seul besoin est une paire de skis.» Sean Balmer

En 2013, le rédacteur et photographe Downdays, David Malacrida, est allé au nord en Suède pour rejoindre un crew qui a redéfini—et le fait encore—ce à quoi le ski peut ressembler. Rider: Per ‘Peyben’ Hägglund

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ENDRO ITS C

omme une mauvaise herbe, le freeski a poussé de partout, passant de parks artisanaux dans les bois aux plus hauts sommets des Alpes. Quand la culture du ski Européen s’est adaptée à cette tendance, des destinations se sont démarquées pour ces nouveaux skieurs. Dans tous les cas, la passion d’un petit groupe, parfois une seule personne, a fait pencher la balance pour transformer ces lieux en des joyaux modernes. Il est dur de parler de freeski en Europe sans nommer Laax. Pendant des décennies, cette station avant-gardiste des Alpes Suisses s’est dédiée à la communauté freestyle avec certains des meilleurs parks et des plus gros évènements des sports freestyles d’hiver. Jusqu’en 2017, l’European Freeski Open de Laax était un des piliers du milieu freeski, le plus gros événement open du continent. Tout le monde

«Peu importait que l’on ne parle pas la même langue ou que ce soit notre première rencontre. On était des freeskieurs et c’était une raison de faire la fête. Le Banana Bar est né le 14 Mars 2008 à l’afterparty du slopestyle du Laax Euro Open. Le team manager de Line Skye Darden et celui d’Atomic Rex Thomas étaient au bar, et j’ai su qu’ils voulaient ouvrir un bar sur la piste. Je le voulais aussi, alors je suis allé au supermarché et j’ai vidé mon compte en banque, rempli deux sacs poubelle avec des gobelets et de l’alcool, et j’ai tout mis dans la télécabine. À mi-chemin, j’ai vu deux yeux bloqués sur les caisses de bière, c’était Skye. Là je savais qu’on avait un truc épique à faire. On a commencé de construire le bar en bas du halfpipe de LAAX, un amphithéâtre naturel où on peut voir toute l’action et où passent tous les athlètes. Huit riders seulement pour les finales, ça faisait beaucoup de monde pour regarder et célébrer. Rex a mangé une banane et a mis la peau sur un bâton de ski, et de là est venu le nom. De là, j’ai pu rencontrer les athlètes, les team managers, les vidéastes, les fans et les photographes. C’était une masterclass de réseaux sociaux, car les likes étaient réels.» Sean Balmer

pouvait tenter sa chance contre les meilleurs, se faire des amis de toute l’Europe, et s’abreuver copieusement au Banana Bar. Bien que l’EFO ait rejoint les annales de l’histoire, pour l’instant, Laax reste un point de rencontre central pour le milieu Européen. Avec un passé de freestyle datant de la fin des années 90, Absolut Park à Flachauwinkl en Autriche est une

Un jeune nouveau venu Suisse, Kai Mahler, envoie du lourd dans le halfpipe des Laax European Freeski Open en 2011. Photo: Klaus Polzer

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La Spring Battle à Absolut Park l’an dernier a reçu sa dose de poudreuse de printemps, mais ça n’a pas empêché les riders de profiter du park. Riders: Morten Aulin, Quinn Wolferman, Ferdinand Dahl, Nicky Keefer; Photo: Ethan Stone

destination classique pour la communauté des parks, un pilier de la culture freeski dans les Alpes. Ce n’est pas un park que pour Autrichiens, il y a aussi des riders de toute l’Europe de l’Est et plein de visiteurs internationaux. L’Absolut Park Spring Battle est devenu un des contests les plus prestigieux en Europe, rassemblant des centaines de prétendants pour ce contest vidéo novateur où les riders ont une semaine pour filmer en follow-cam leur meilleure ligne slopestyle. La saison dernière, le vainqueur remportait 130.000$,

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poussant la crème de la crème du sport à tout lâcher dans les parks légendaires de Shutleberg. Le village Italien Livigno est une autre des success story majeure, et la station Mottolino est au cœur de ce succès. La région s’est développée en tant que destination freeride avec son propre bulletin d’avalanches et en même temps, les excellents snowparks de Mottolino sont devenus un attrait majeur. De gros shootings comme les films des Legs of Steel et l’emblématique Nine Knights ont contribué à propulser la station au premier plan du milieu freestyle. Certains des moments les plus mémorables de ces dix dernières années se sont tenus à Mottolino, comme le double backflip au-dessus du gap de la mort de Jesper Tjäder au Nine Knights 2014. Avec ses superbes snowparks, son backcountry facile d’accès et l’avantage unique d’exemption d’impôts de Livigno, Mottolino offre une visite mémorable pour tout type de skieur-double backflips au-dessus du pipe sont optionnels. Plein de stations construisent des parks, mais seules quelques unes se sont

hissées au rang de meilleure destination d’Europe. La station Italienne Seiser Alm est l’une d’entre elles. Là, l’équipe de shape F-Tech a poussé la tradition Européenne de construction de kicks parfaits à l’extrême, construisant des parks comme des œuvres d’art et attirant des riders du monde entier. En particulier, le slopestyle de la coupe du monde de Seiser Alm a été élu le meilleur du circuit FIS. Juste en-dessous des pics des Dolomites, Seiser Alm continue d’être un centre majeur du milieu freeski dans les Alpes du Sud.

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Les mega-shoots du Nine Knights ont sacrément poussé le freeski à Livigno, avec encore plus de structures spectaculaires émergeant des pistes du Mottolino. Ben Valentin vole au-dessus du château en 2012. Photo: Tim Lloyd

Les snowparks sculpturaux de Seiser Alm s’unissent magnifiquement aux cimes splendides des Dolomites. Lisa Zimmermann profite de la vue. Photo: Klaus Polzer «Le Nine Knights et le Nine Queen sont des temps forts. Chaque année des trucs de tarés s’y passent, et ça met l’Europe sous les projecteurs.» Mark von Roy, Rédacteur en Chef de Downdays 2014-2016

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ENDROITS ET EVEN EMEN TS «La Balme à La clusaz. Ils n’ont pas de snowpark et n’en ont pas besoin. C’est un terrain de jeu: le terrain de Candide. J’y ai emmené LSM et Linus Tornberg de The Bunch alors qu’ils n’avaient jamais skié avec des skis de poudre ni skié de poudreuse. On est arrivé à Balme, et j’ai entendu ‘Hey David’, je me suis retourné et c’était Candide. Maintenant imaginez ces deux gosses Suédois à peine arrivés, et qui rencontrent Candide Thovex en bas de la station. On a pris la télécabine avec l’ancien coach de Candide. Un rêve devenu réalité pour ces deux gamins. C’est comme ça La Clusaz, tu y vas et tu vois les meilleurs skieurs de France ridant pour le fun, et des mecs dont tu n’as jamais entendu parler qui tuent tout.»

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David Malacrida

ous avons parlé de plein d’endroits au top du freeski et des skieurs majeurs en Europe durant cette dernière décennie, mais pour tout traiter il aurait fallu dix autres années de magazines et

contenus en ligne! On n’a pas parlé de gros évènements comme les X Games de Tignes et Oslo, ou du Jon Olsson Invitational et des Super Sessions à Åre. Mais il y a aussi la présence constante du SFR Tour, circuit Européen indépendant de slopestyle, l’histoire riche de La Clusaz, les snowparks à Mayrhofen, Champery, Andorra, Kläppen, Ruka et d’autres. Coup d’œil au Nord: l’influence Nordique est indéniable dans cette décennie Downdays. Norvège, Finlande et Suède brillent comme un foutu arbre de Noël. Ruka a émergé comme le meilleur terreau pour les talents freestyle Finlandais, tandis qu’en Suède Kläppen a acquis la réputation de park à absolument rider. Rikgränsen demeure une destination backcountry classique, tandis qu’en Norvège les îles Lofoten sont devenues un des sites de randonnée les plus en vue d’Europe. Les pistes sans neige du Royaume-Uni ont tout de même produit des talents majeurs comme James Woods (page 108).

La légende du freeski Français Seb Michaud fait un gros drop aux îles Lofoten en Norvége, un vrai joyau du freeride. Photo: Manuel Ferrigato

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«Il a toujours été question de passion pour le sport et de le représenter de la bonne manière. C’est de là que vient le slogan ‘curing freeski culture’. Le freeski est plus que la somme de ses parties. C’est une culture, et nous voulions en faire partie à l’échelle Européenne. Rétrospectivement, nous avons une histoire inégalée de ce qui s’est passé dans le freeski en Europe. Personne d’autre n’avait revendiqué cette place, toucher l’Europe et toutes les bases du freeski, du freeride au street au ski ballet. Comment tout cela ne pourrait pas parfaitement fusionner? Avec tous ces gamins se lançant dans le freeski, il est plus important que jamais de savoir comment nous en sommes arrivés là.» Mark von Roy

Dans l’Est, la culture freeski se développe en Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Slovénie. Les Life Steeze Media ont poussé le ski en street en Russie, tandis que les expéditions Snowmads de Fabian Lentsch ont dévoilé les réserves de poudreuse dans le sud-est de l’Europe. Les guides chuchottent sur le potentiel de l’Islande, tandis que la Géorgie est devenue un point névralgique de la folie de l’héliski et du freeride dans le Caucase. Où en étions-nous? Ah oui, le présent. La meilleure partie de tout ça, c’est que ce n’est pas encore terminé. De nouvelles frontières se dessinent. En freestyle, c’est l’aube de l’ère Olympique du freeski, mais aussi du monde du street et de la nouvelle tendance: skier d’une manière incalculable pour des juges. En freeride, on constate le même élan: des lignes plus grosses, plus audacieuses et plus rapides, et toujours de nouveaux mondes à être découverts pour le freestyle backcountry. De nouveaux défis s’annoncent également, alors que la perspective de l’accélération du changement climatique jette des doutes sur l’avenir de cette neige magique qui rend tout ça possible. Ces dix dernières années, nous avons été ici pour remplir vos ‘down days’ avec des histoires géniales, des gens, des endroits et une énergie appelée culture freeski. Ce fut un honneur pour tout le staff Downdays- tous passionnés de freeski- de faire partie de ce mouvement à travers l’Europe. Nous sommes fiers de faire partie d’une communauté aussi fantastique et inspirante que ce que l’avenir nous réserve. Joyeux 10ème Anniversaire!

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Photos (par ordre alphabétique): Jeremy Bernard, Flo Breitenberger, Damien Deschamps, Jesus Andres Fernandez, Louis Garnier, Pascal Gombert, Klaus Polzer, Ethan Stone, Sindy Thomas, Mark von Roy

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FEATURE

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Photo: Daniele Molineris

MARKUS EDER FILS PRODIGE DU TYROL DU SUD

HAUTEMENT CLASSÉ, MAIS TOUJOURS SOUS-ESTIMÉ, MARKUS EDER EST APPARU DANS LE MILIEU EN TANT QU’UN DES SKIEURS DE PARK LES PLUS TALENTUEUX , T ET EST RAPIDEMEN IN DEVENU UN ASSASS EXPERT DU BACKCOUNTRY. DE NOS JOURS, LE FILS LE PLUS PRODIGIEUX DU SKI EN TYROL DU SUD

Segments vidéo: 2011: Life Long – Aestivation 2012: In Space – JOB 2013: Satori – JOB 2014: Days of my Youth – MSP 2015: Fade to Winter – MSP 2016: Ruin and Rose – MSP 2017: Drop Everything – MSP 2018: Hoji — the Movie – MSP Résultats: 2010: 2011: 2011: 2011: 2012: 2013: 2013: 2014: 2016: 2018: 2018: 2018:

1. Nine Knights Big Air 2. Red Bull Linecatcher 1. Swatch Skiers Cup 1. SFR Tour Slopestyle 1. World Heli Challenge 1. FWT Courmayeur 1. Swatch Skiers Cup 15. JO Slopestyle – Sochi 1. Swatch Skiers Cup 2. FWT Kicking Horse 3. FWT Verbier Xtreme 2. FWT Overall Ranking

INTERVIEW

MARK VON ROY

Né le: 30 Novembre 1990

Vit à: Luttach, Tyrol du Sud, Italie Station: Klausberg, Tyrol du Sud

Sponsors: Völkl, The North Face, Red Bull, Smith, Marker, Dalbello, F-Tech Snowparks

EST ENCORE PLUS QUE CAPABLE DE TOUT TUER DANS CES DEUX MONDES DIFFÉRENTS. IL EST LE SKIEUR EUROPÉEN LE PLUS SOUS-ESTIMÉ DE CETTE DERNIÈRE DÉCENNIE.


e Tyrol du Sud est un endroit spécial. Bien qu’ils parlent Allemand, Italien et un dialecte étrange nommé Ladin, ça ne fait absolument pas partie de l’Autriche, et pas franchement de l’Italie non plus. C’est juste le Tyrol du Sud: un terrain fertile pour les humains talentueux. Celui sur lequel nous nous concentrons dans les pages suivantes est né il y a 28ans d’un couple fanatique de ski et a grandi dans une petite vallée appelée Ahrntal. Son père est un vétéran du secours alpin local, sa mère une adepte du ski de rando bien avant le boom des fixations à inserts. Je parle de Markus Eder, qui commença à skier à l’âge de 3ans. J’ai rencontré Markus il y a 6ans, mais je n’ai commencé de bien le connaître que l’an dernier. Pour être honnête, j’ai eu un peu un coup de foudre pour Makke, comme l’appellent ses amis. Tout débuta à Hakuba, Japon, la dernière nuit de l’étape du Freeride World Tour. Tout le monde partait le jour suivant, et après deux semaines d’immersion dans la Japow, on avait enfin la chance de découvrir un peu de culture japonaise. Un type que je venais de rencontrer par hasard insistait pour que j’aille voir jouer les Seppuku Pistols, un groupe Japonais traditionnel qui faisait des reprises de punk. «Fuck yeah» j’ai donc cherché du monde avec qui y aller. Après avoir tenté de convaincre des gens que je connaissais à peine, Markus a été le seul à vraiment venir. On n’était pas encore vraiment amis, mais après une heure et demie de délire et de head-bang, je crois qu’on était officiellement potes. Contrairement à d’autres «athlètes professionnels», Makke n’a pas d’égo surdimensionné, ni la grosse tête. Il est non seulement humble et authentique, mais aussi gentil, marrant et excentrique. Je crois que c’est un coup de foudre masculin, car si je devais choisir de skier avec quiconque dans le monde, ce serait avec Markus Eder, et le fait qu’il ne soit pas l’idole de plus de gamins reste un mystère pour moi. Oui, Candide est un dieu et Henrik est un boss, aucun doute. Mais à mon avis, pour toutes ces raisons humaines, Markus Eder est le skieur Européen le plus sous-estimé de la dernière décennie. Je sais que Markus n’aime pas parler de lui, donc cette interview a été faite dans le sous-sol d’un bar. Avec l’aide de plein de tournées de bière, j’ai réussi à délier la langue de cette personne à la voix douce. MARK VON ROY: Dis-moi comment tout a commencé. Comment s’est développé ton amour pour le freeski? MARKUS EDER: J’ai mis les skis à 3ans, et commencé les piquets très tôt. Mon coach était toujours déçu car je ne faisais jamais ce que je devais. J’ai toujours été un peu bizarre. À 14ans, j’ai tout laissé tomber, et me rappelle parfaitement à quel point je me suis senti mal. J’étais dans le club alpin depuis toujours, et je devais expliquer à mes parents que je ne voulais plus y aller. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais, alors j’ai glandé avec des snowblades pendant un an. À l’époque je n’avais aucune idée de ce qu’étaient les X Games et ne savait pas que le freeski existait. On construisait des sauts en poudreuse sans aucun espoir de plaquer quoi que ce soit: juste envoyer le plus de spin ou de flip possibles, et poser dans la neige peu importe comment. Il n’y avait qu’un freeskieur dans la station, Fille (Philip Kaiser), qui est encore aujourd’hui un bon ami. Il m’a donné mon premier

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film de ski, Happy Dayz de Poor Boyz Productions. Je m’en souviens parfaitement, il me l’a donné à la fermeture de la station, et je l’ai regardé deux à trois fois par jour tout l’été. Je connaissais tout par cœur, et en automne mon père a dû m’acheter mes p re m i e r s twintips.

C’était comment de grandir à Ahrntal? C’est un petit village de 6000 habitants dans une petite vallée, donc tout le monde se connaît. Les gens d’ici sont assez humbles. Si quelqu’un tente de se la péter, il n’est pas franchement populaire. On est peut- être tous introver ti s, et c’était mon cas, surtout les premières années quand j’ai voyagé. J ’é t a i s super timide, mais avec le temps ce n’est

plus vraiment le cas. J’ai étudié pour devenir électricien, pas parce que j’aimais ça, mais parce que parmi toutes les possibilités pour me libérer du temps pour skier, devenir électricien semblait la meilleure. J’ai ensuite travaillé en tant que tel pendant trois ans. Je cherchais des boulots qui me laisseraient l’hiver libre. La première année j’ai eu un mois de libre, la deuxième: deux mois, et la dernière l’hiver entier. Ensuite j’ai arrêté ce boulot. Je me souviens parfaitement de certains des employés parlant mal de moi après ça. Ils ne comprenaient pas comment je pouvais être aussi fanatique de ski, ni le sport que c’était. Rien à foutre de ce que les gens pouvaient en penser.

Tu avais programmé de devenir un pro? Quand j’ai commencé on ne pouvait pas imaginer de faire carrière dans le freeski. Peut-être en Amérique du Nord, mais ce n’était que les débuts. En Europe, il n’y avait que quelques personnes qui

vivaient du freeski. Mais en faire une carrière? Ça n’a pas traversé mon esprit, mais ça s’est fait tout seul. J’aimais tellement le ski que je n’ai jamais vraiment réfléchi si je pouvais y faire carrière ou pas. J’avais un plan B, être électricien, mais je voulais suivre la voie du freeski aussi longtemps que possible. À 17ans je n’avais aucune idée de là où je serais dix ans plus tard. Je skiais tout le temps, ça avait toujours été ma plus grande passion. Je n’aurais jamais pensé arriver là où j’en suis à 27ans, d’aller si loin, de suivre mes rêves, et de créer et réaliser mes propres projets.

Que pensaient tes parents d’une carrière dans le ski? Mon père sautait skis aux pieds depuis bien longtemps, j’ai une super photo de lui faisant un énorme frontflip superman, donc il a tout de suite compris, et ma mère aussi. Mais c‘était quand même important pour eux que je termine quelque chose, que j’ai une éducation pour le futur si la carrière dans le ski ne marchait pas. Personne chez moi ne pensait que l’on pouvait en vivre, moi inclus. Mais chaque année ça avançait un peu. Je progressais et allais un peu plus loin pour les contests, j’étais invité à des shootings ici et là. Et c’est là que l’effet boule de neige a commencé, et j’espère que ça va continuer. Qui d’autre dois-tu remercier pour cet effet boule de neige? Je suis très reconnaissant envers «Aasche Crew». Ils ont créé le snowpark chez moi et m’ont adopté, et ensemble on a fait grandir le park d’année en année. On a organisé des contests, et on se déplaçait en permanence sur d’autres contests. Ces gars m’ont vraiment marqué. Ils étaient plus grands que moi, et même si ils étaient tous en snowboard sauf Fille, ils m’ont donné la passion pour le freeski, la confiance et ont construit mon moi d’aujourd’hui. J’avais aussi quelques idoles, même s’il n’y en avait pas un en particulier. C’était plus le milieu en général qui me motivait. Il y avait ce genre de rébellion, même si je ne me vois pas en rebelle. J’ai eu ce ressenti spécial la première fois grâce au ski, ce lifestyle que nous seuls pouvons comprendre: pas de coach, pas d’autorité, juste des amis faisant leurs trucs en se faisant putain de plaisir. Pas besoin de justifier quoi que ce soit. Qu’est-ce que tu aimes le plus dans le ski? J’aime vraiment tous les aspects du ski, du park au street et tout le hors-piste. Les pillows, les sauts en backcountry, les mini-golfs, les grosses lignes, le raide etc.

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Lieu: Tordrillo Mountains Alaska, USA / Photo: Blake Jorgenson

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Il n’y a plus beaucoup de pros qui skient dans tous les domaines, ou du moins pas à ce niveau. Pourquoi tu crois que ça vaut la peine? Au début tout le monde faisait toutes les disciplines, slopestyle, halfpipe et backcountry. Aujourd’hui le niveau de chaque discipline est tellement haut qu’on ne peut plus être bon de partout, sauf Dollo (Henrik Harlaut) bien sûr. Si tu veux aller aux JO, tu peux oublier de pouvoir chausser des skis de poudre, parce que tu dois te concentrer à 200%. Idem avec le Freeride World Tour. C’est la raison pour laquelle ces disciplines se sont éloignées les unes des autres. Mais c’est aussi pourquoi on a désormais autant de

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sous-branches. Un peu comme les nou- J’AVAIS AUSSI veautés avec The Bunch, ce qu’ils font est super cool et novateur, et j’aimerais QUELQUES IDOLES, apprendre les mêmes trucs. MÊME S’IL N’Y EN Avant les JO, AVAIT PAS UN EN j’étais en fait un LE MILIEU peu soucieux de ce PARTICULIER. C’ÉTAIT PLUS qui arriverait au EN GÉNÉRAL QUI ME MOTIVAIT. sport, soucieux que le monde des compétitions –avec la FIS IL Y AVAIT CE GENRE DE et les règlements- ne détruise le freeski. RÉBELLION, MÊME Au contraire, le freeski a développé sa SI JE NE ME VOIS PAS propre et forte culture qui avance par elle-même. Peu importe si la FIS arrive et EN REBELLE. tente de tout changer. C’est aussi pour ça que le freeski s’est divisé en tant de En Décembre 2010 il y avait une neige branches différentes, la milieu core est de dingue, et c’était ma première fois encore plus core qu’avant. dans le backcountry, même si j’étais sur des skis de parks. C’est cette saison-là que j’ai essayé des skis de poudreuse, et Quand as-tu réalisé que tu pouvais ensuite au Linecatcher j’ai fini deuxième. faire carrière dans le ski? Il y a eu deux moments importants. Dans la raquette après ma ligne, j’ai Le premier a été de gagner le Nine même pleuré parce que tout s’était bien Knights en 2010, quand j’y étais arrivé passé. Tous mes idoles étaient là, Rory grâce au contest vidéo, et en tant que Bushfield, Richard Permin, Wiley Miller, rookie avec une wildcard j’avais gagné JP Auclair, Sage Cattabriga et Sean Pettit l’événement. Le deuxième a été l’année qui avait gagné. J’étais encore trop timide suivante quand j’ai fini deuxième au pour dire quoi que ce soit, et quand je Redbull Linecatcher, ce qui reste à ce m’y osais, c’était ridicule. J’étais super jour l’accomplissement dont je suis le nerveux d’être soudainement entouré plus fier. Au début je ne voulais même par tous mes idoles. La sensation que j’ai eue après ce run pas y participer car je n’avais jamais skié sur des skis de poudreuse avant l’événe- au Linecatcher, je n’avais jamais ressenti ça, et je doute que ça se reproduise. ment.

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Lieu: Klausberg Ahrntal, Italie / Photo: Klaus Polzer

L’an dernier en Géorgie, j’ai fait ma première expédition. Cette expérience m’a marqué. J’ai toujours eu besoin de cette diversité. Notre sport a tant d’éléments différents, ce n’est jamais ennuyeux. Aujourd’hui encore, je suis super motivé d’aller sur les glaciers en été faire du rail, du kick dans les parks. C’est un gros contraste par rapport au backcountry, où il faut toujours plus d’équipement et d’expérience pour rester en sécurité. Dans le park, tu as juste besoin d’un sweat et de skis de park. Même plus besoin de pantalon dernièrement, haha. Je trouve ce contraste super excitant, tous ces mondes à explorer.


Lieu: Alagna Val Sesia, Italie / Photo: Stefan Mahlknecht

C’était comme gagner le Nine Knights, mais au Linecatcher encore plus intense. Cette année, après le butter au Freeride World Tour à Verbier et en finissant deuxième au général, j’étais super heureux mais je pense que j’aurais pu faire mieux. Au Linecatcher je savais avoir dépassé mes limites. Je suis bien meilleur skieur aujourd’hui, mais ce run me ferait kiffer aujourd’hui encore. C’était comme un nouveau monde qui s’ouvrait à moi. Soudainement, ce n’était plus le park, le street ou les contests de slopestyle. À ce moment-là, avec ce nouveau monde, tout changea. Je crois que c’est là que ma carrière débuta vraiment.

C’est le moment où tu as commencé de filmer avec Matchstick Productions, faisant des vagues dans le milieu international et prenant part au FWT. Comment a été la transition vers le Tour? Je crois que j’avais un peu sous-estimé le FWT la première année. J’avais quelques années de ski en poudre à mon actif, et ça s’était bien passé sur quelques contests. Je pensais que ça serait facile –la compétition ne semble pas si difficile, mais elle l’est! Du ski technique sur un terrain tracé ou une neige variable était

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quelque chose où je n’étais pas bon au début, parce qu’à l’époque je n’avais skié de la poudreuse que lorsque les conditions étaient bonnes. Je faisais encore des contests de slopestyle à ce moment, et tentait de me qualifier pour Sotchi. Même si j’ai toujours été sceptique envers la FIS, c’était un gros objectif de participer aux premiers JO de notre sport. Après une année sans compétition, et en ne faisant que filmer avec MSP, la saison dernière a été la première pendant laquelle j’ai commencé à bosser sur ma technique de ski, skiant fort même quand la neige n'était pas bonne et que tout était tracé. Je suis à fond là-dedans. C’est dingue la sensation d’aller très fort sur une pente tracée tout en gardant le contrôle, et d’enchainer des runs de haut en bas sans arrêt. Ça m’a vraiment aidé la saison dernière.

On dirait que tu essayes continuellement de te pousser sur plusieurs fronts. Tu n’as jamais peur? C’est probablement la question que l’on me pose le plus. Oui, j’ai peur de temps en temps. Comme Hoji (Eric Hjorleifson) le dit: «Si tu n’as pas peur, ça ne marchera pas dans le film». Je vois la peur avec respect. Si tu fais quelque

chose de gros, ou que tu apprends un nouveau truc, la peur aide à analyser chaque détail. Et c’est la partie marrante du processus: apprendre et dépasser ses peurs grâce aux compétences.

Ce qui me vient à l’esprit pour la saison passée ce sont ce triple flatspin sur un saut en backcountry, et ce nose butter 360 sur le Bec des Rosses à la finale du FWT. Comment comparer les deux? Le kicker du triple flatspin était juste parfait. Ça me trottait dans la tête depuis un moment, et ça me faisait assez peur, mais je savais que c’était ma chance et que je pouvais le faire. À Verbier, je n’avais pas si peur que ça du nose butter lui-même, parce qu’il n’aurait pas eu de grosses conséquences. C’était en fin de run, et si j’étais tombé, j’aurais atterri dans de la poudre. Mais tout le reste du run était assez effrayant. Au sommet, j’étais le seul à me lancer sur cette partie de la face. Sam Lee est entré exactement là où j’avais prévu d’aller et toute la section est partie en avalanche, j’ai donc dû passer au plan B, qui était le seul avec un accès à cette cliff que je voulais sauter. Y arriver passait par du raide et du technique, si j’étais tombé ça aurait continué

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Lieu: Munich, Allemagne / Photo: Klaus Polzer

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Lieu: Whistler, Canada / Photo: Blake Jorgenson

Lieu: Mestia, Géorgie / Photo: Tero Repo

jusqu’en bas. Par chance personne n’est passé par là, et j’ai eu de la très bonne neige, ce qui a rendu le tout un peu plus facile. La section en haut me terrorisait bien plus que le nose butter 360. Quand j’y repense, le feeling de ce run à Verbier est assez proche de celui du Linecatcher d’il y a quelques années.

Quels sont tes gros objectifs pour les prochaines années? Qu’en est-il du futur pour Markus Eder? Champion du Freeride World Tour? C’est tout en haut de ma liste. Gagner le FWT est un rêve depuis longtemps. Mais le niveau ces dernières années a été vraiment haut et continue de monter, et je crois que la saison prochaine sera encore plus dure. Tu peux être plus que fier si tu montes sur la première marche. Comment tout le reste va se passer est dur à dire, on pourra parler de ça pour le numéro anniversaire des 20 ans haha. Mais mon objectif est de rester le plus actif possible les dix prochaines années. Je veux continuer de skier autant que possible, et l’objectif ultime est de toujours être aussi heureux de skier quand j’aurai 50 ans, et de toujours être capable de poser un bon backflip ici et là. Tu fais assez profil bas quand il s’agit d’exprimer ton opinion. Dis-moi comment tu te sens vraiment! Qu’est ce qui t’énerve? Ha! Ok, la FIS m’énerve. La mentalité avec laquelle ils approchent notre sport m’énerve. Ça m’énerve que les compétitions soient si viciées: pas de créativité dans le format ou le jugement. Ça m’énerve que les jeunes ne puissent désormais percer qu’à travers toute cette merde, ces compétitions et les équipes nationales. Le sport a grandi, mais à l’époque tout le monde connaissait tout le monde, tout le monde trainait avec tout le monde et tu pouvais voyager dans le monde avec des gens de n’importe quel pays. Maintenant on dirait que tout est réduit aux équipes nationales. Ça m’énerve que les gosses doivent faire tout ce que les fédérations exigent, ça tue l’individualité. Ce n’est pas comme ça pour toutes les équipes nationales, mais c’est le cas pour la plupart, équipe nationale Italienne incluse. J’imagine que le bon côté est que le sport est devenu plus compréhensible pour le grand public. Il est diffusé largement, et peut-être que des gens découvrent le freeski parce qu’ils regardent les JO, et qu’ensuite ils découvrent toutes ses facettes. Je vois ça comme ça, parce que les contests sont devenus bien plus mainstream, et que tous les autres aspects sont devenus bien plus cores.

MARKUS EDER

Que penses-tu des contests de Quel feedback donnerais-tu du halfpipe? système de jugement du FWT? De tous les aspects différents du Ouh, tu me fais passer pour un hater freeski, le halfpipe est le seul que je n’ai aujourd’hui. Mais allons-y pour cette fois. jamais fait. C’est tellement dangereux! Je voudrais voir des lignes avec des tricks J’adore le regarder, mais c’est la seule gros ou difficiles, qui n’ont pas de conséchose pour laquelle je n’ai jamais res- quences massives, être plus récompensenti de motivation pour y prendre part. sées qu’un straight-air sur une énorme Pour que le halfpipe soit bon, il faut barre dans une zone de non-chute où tu qu’il soit glacé, et la plus petite erreur te risques de mourir si tu ne plaques pas. fera te crasher sur le coping ou poser On dirait que ces actions de kamikazes tout en bas de la transition. Il y a entre 5 sont encore hautement récompensées. Je et 10 riders qui AU SOMMET, J’ÉTAIS LE SEUL À ME sont super bons, PARTIE DE LA qui jouent dans la LANCER SUR CETTE même cour, et les FACE. SAM LEE EST ENTRÉ autres sont justes EXACTEMENT LÀ OÙ J’AVAIS PRÉVU largués. Ce n’est pas le cas avec le D’ALLER ET TOUTE LA SECTION EST slopestyle où il y a PARTIE EN AVALANCHE, environ 50 skieurs J’AI DONC DÛ PASSER qui se battent au AU PL AN B, QU I ÉTAIT LE SEUL plus haut niveau, AV EC UN AC CÈ SÀ avec pas tant de différence de niveau entre CETTE CLIFF QUE JE VOULAIS eux. À peu près tous ceux qui se concentrent sur le halfpipe SAUTER. Y ARRIVER PASSAIT

PAR DU RAIDE ET DU TECHNIQUE, SI J’ÉTAIS TOMBÉ ÇA AURAIT CONTINUÉ JUSQU’EN BAS.

ont des problèmes avec les blessures, par exemple Kevin Rolland sortait du halfpipe en boitant après chaque run à Pyeongchang. Je respecte vraiment le simple fait qu’il ait eu la motivation de remonter chaque fois. On a souvent affirmé que le freeski avait atteint une limite, quand le premier switch 1080 a été posé, c’était la «limite», et maintenant on pose des quadruples. Mais dans le halfpipe, je crois qu’on est vraiment proche de la limite. Mais je suis prêt à ce qu’on me démontre le contraire.

ne sais pas si ça changera, mais j’espère que oui, surtout pour les riders du FWQ. L’organisation doit se demander si risque et gagne ou meurt –ou soit sérieusement blessé- sont les bons messages à faire passer. On peut encore bien progresser pour le niveau des tricks, mais pas sur le niveau du danger.

Quel conseil peux-tu donner qui n’est pas encore bien établi pour les gens allant en backcountry? Il y a quelques années j’ai commencé de faire de l’alpinisme et du ski de ran-

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Haha, ça marche, on termine l’interview. Mais prenons une autre bière…

FEATURE

senti et de recherche d’informations. J’ai souvent été très prudent. Quand d’autres se seraient lancés direct dans la face, ON NE DOIT PAS SE METTRE DANS DES moi j’attends mon SITUATIONS DIFFICILES groupe, j’observe un instant, IMMÉDIATEMENT, IL FAUT et souvent je reviens en arrière. Ma SE CONSTRUIRE devise est: tu trouveras toujours quelque chose de cool à skier. Tu n’as pas forcé- LENTEMENT. FAIRE DES CHE ment besoin de skier la ligne S D’AVAL AN N IO T A L U la plus dingue ou la plus raide. IM CE S DE CONFIAN S N E G Tu peux te faire super plaisir S E D AVEC en skiant des trucs en bord de piste, un saut cool par ici, un EXPÉRIMENTÉS. petit jib par là, ou en skiant ce qui est déjà tracé, ou encore en allant dans le park. Je ne veux pas me mettre la pression pour aller en backcountry. Ça doit être le bon moment. Photo: Blake Jorgenson

donnée, et j’ai découvert un tout nouvel aspect des montagnes. Plus on connaît de situations différentes en montagne, plus on apprend et plus on peut évaluer des situations différentes. J’ai eu la chance d’apprendre avec des personnes expérimentées qui m’ont transmis leur savoir. Je crois que là où j’ai le plus appris c’est en filmant avec MSP et en skiant avec Sam Anthamatten. On ne doit pas se mettre dans des situations difficiles immédiatement, il faut se construire lentement. Faire des simulations d’avalanche avec des gens de confiance expérimentés. Quand on voyage dans un nouvel endroit, la première chose à faire est d’étudier les conditions météos passées: y a-t-il eu des risques d’avalanche? Les conditions sont-elles meilleures? Quelle température y avait-il? Quels changements de température? Du vent? Il faut parler aux gens qui connaissent l’endroit, et se faire une idée globale de la situation. C’est difficile de dire «suivez ces étapes». C’est plus une question de res-

Lieu: Mestia, Géorgie / Photo: Tero Repo

Bien dit mon frère. Ok dernière question: Quel est le sens de la vie? Pour moi le sens de la vie est de trouver ce que l’on aime vraiment. Une fois que tu l’as trouvé, tu fais automatiquement tout ce que tu peux pour le préserver. Le succès ne devrait pas être mesuré sur la base de combien on gagne, mais sur la base d’à quel point on est heureux. Merde la bière est en train de monter au cerveau.

Lieu: Spot secret, Nomansland / Photo: Tero Repo

tous les privilèges que nous avons à vivre en Europe. J’ai vraiment appris à être reconnaissant pour tout ça. Un petit exemple: j’entends des gens se plaindre que le ski est de plus en plus cher dans les Alpes. C’est peut-être vrai, et ce n’est pas bon, mais en Europe c’est encore bien moins cher de skier comparé à la plupart des endroits dans le monde, où ce n’est qu’un sport pour personnes riches. Un skipass ici coûte en moyenne 50€, mais aux USA, en Australie ou au Canada c’est dans les 150$. Les stations sont bien plus grandes, on peut arriver à presque 4000m, atteindre des zones incroyables sans hélicoptère ou marche interminable. J’en suis venu à apprécier ce que l’on a à la maison. Et pas seulement en relation avec le ski, mais en général, nous sommes privilégiés ici. La plupart des gens peuvent se permettre l’éducation…

Quoi d’autre as-tu appris en tant que pro skieur au fil des années? J’ai appris à apprécier beaucoup de choses. Avec tous les voyages j’ai fini par voir une variété incroyable de cultures différentes. L’abondance, la pauvreté et

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MARKUS EDER

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Skieur: Markus Fรถhr / Lieu: Espoo, Finlande

FINNISH

NIGHTS

PAS DE SOL EIL? PAS DE PROBLร ME.

LA NUIT EST LE MOMENT PARFAIT FINL AN POUR SKIER LES RUES DE D FEATURE

TEXTE & PHOTOS

STEPHAN SUTTON E. 92


NIGHTS FIN

FINNISH

Dans les sombres nuits hivernales de Finlande, les groupes électrogènes crient, les treuils gémissent et les flashs claquent. Pas de montagne, pas de problème. Les rues glacées suffisent pour pros et gosses du coin. Le photographe Stephan Sutton a grandi à Helsinki, et a skié ces rues avec ses potes jusqu’à ce qu’une blessure le fasse passer à la photo. Il passe maintenant ses longues nuits arctiques à shooter des riders locaux et des crews venus d’ailleurs.

FINNISH NIGHTS

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La raison principale pour laquelle les gens viennent en Finlande pour du street est la quantité de spots que peut offrir une ville comme Helsinki, mais aussi le coté plus tolérant des passants et de la police. Oui il peut y avoir quelques mécontentements, et oui la police risque de venir vous dire deux mots. Mais en gardant la bonne attitude, vous n’aurez aucun problème, et souvent on vous autorisera à continuer de skier et filmer. Quand il s’agit de trouver des spots, il y en a tellement que le vrai souci est de choisir lequel vous voulez skier.

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NISH NIGHTS F Skieur: Will Wesson / Lieu: Espoo, Finlande

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Skieur: Lauri Kivari / Lieu: Oulu, Finlande

NISH NIGH

Shooter de nuit est normal ici parce que le jour dure peu de temps en hiver. Les flashs et les équipements d’illumination externe sont un must, qui peuvent prendre beaucoup de temps et rendre le shooting bien plus compliqué. Je ne dirais pas que ça oblige à être créatif car on peut l’être de toute manière. Mais ça vous pousse à apprendre comment gérer une illumination externe et à contrôler l’exposition, ce qui ouvre les portes de la créativité.

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Cette nuit nous avions décidé de skier ce spot, le temps est passé de +3°C avec pluie à -13°C et ciel dégagé, et tout a donc glacé. Tout est devenu très compliqué à construire, et avec 3 riders voulant skier, ça a pris bien plus de temps que prévu. Des moments comme ça vous font demander ce que vous faites là et pourquoi insister. Disons simplement que tout le monde ici n’était pas forcément de bonne humeur, même si chaque rider a eu une bonne photo et personne ne s’est blessé.

FINNISH NIGHTS

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FIN

Pour les riders Finlandais, faire du street est une chose avec laquelle ils grandissent. Étant gosse, si on ne pouvait pas trouver quelqu’un pour nous amener en montagne, on allait juste faire du street proche de chez nous, ou on construisait quelque chose dans un jardin. Nous n’avons pas de vraie montagne et de poudreuse, et dans le Sud on a des stations d’une altitude moyenne de 60 mètres. C’est probablement pour ça que la Finlande n’a pas de tueur de backcountry ou en freeride, mais que beaucoup de gars sont bons en rail et dans le park.

FEATURE

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S FINNISH NIG

C’est un des premiers spots sur lequel je suis venu avec Antti pour shooter sa séquence pour X Games Real Ski. En fait il voulait faire le rail de l’autre côté, mais il était plein de skate stoppers. Pontus Penttilä voulait se faire ce rail, donc on a tout préparé et shooté. Antti a décidé de faire quelques essais, et on en est sorti avec cette photo. Au final, on est revenu avec une meuleuse, on a fait péter ces stoppers et on a fait une session sur l’autre rail aussi.

Skieur: Antti Ollila / Lieu: Oulu, Finlande

FINNISH NIGHTS

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I

l neige fort. Les troncs et les petites bosses se transforment doucement en pillows moelleux. Il y a devant vous une de ces lignes raides, qui plonge dans une forêt bien espacée. Les seules traces sont les vôtres et celles de vos amis, pendant un run où vous êtes allés sur la droite. Vous droppez à gauche et êtes immergés instantanément dans une poudreuse vierge et douce… C’est un rêve, un de ceux qui semble de moins en moins réel de nos jours, et pas seulement car le nombre d’adeptes du freeride a augmenté ces vingt dernières années. C’est aussi à cause du pouvoir de la recherche sur internet, sans parler des réseaux sociaux. Tout cela permet aux affamés de poudreuse d’accéder aux spots jadis tenus secrets, dans lesquels il faut désormais se lever très tôt ou s’éloigner encore plus afin de poser les premières traces. Je me souviens d’un exemple en Suisse il y a quelques années: un long skilift sur

un col, 50cm de neige fraîche et un parking vide. Jackpot. Mais en retournant au départ du skilift après le premier run, un bus sur le parking déchargeait un essaim entier d’Italiens casqués, armés de gros skis de poudre. Et c’était en pleine semaine! Le perchiste expliqua que ça arrivait de plus en plus souvent. Deux heures plus tard, les derniers endroits vierges disparaissaient. Le rêve est-il mort? Pas forcément. Par chance je connais bien assez de contreexemples avec des réserves cachées encore intactes. Pas même des endroits reculés à l’extrême, mais en plein milieu de stations connues, même dans certaines stations réputées pour le freeride. Il y a 2 ans, on faisait un shooting freestyle à Saalbach. Puisqu’il neigeait fort et qu’on n’avait pas assez de vitesse pour les modules, on a pris un day-off. Le FWT était ici aussi pour leur étape Skicircus Saalbach-Hinterglemm-Fieberbrunn. Autant dire que le timing n’était pas idéal pour les acharnés de neige vierge. Et pourtant, on a trouvé un terrain de jeu formidable en traversant simplement la zone de l’école de ski en haut des remontées et en se rendant vers le

JOYAUX CACHÉS

ravin derrière. Personne, à part nous, n’avait remarqué cet endroit, et on avait passé la journée à poser nos signatures dans ce monde des merveilles. En bas, une traversée rapide vers la route ramenait sans problème au départ du skilift pour le prochain run. Comme des amis nous l’ont dit par la suite, on n’était pas les seuls à avoir trouvé une réserve privée dans un coin connu d’une grosse station. Depuis, j’ai régulièrement trouvé la paix et la poudre dans des coins inattendus des vallées entre Saalbach et Fieberbrunn, tout comme dans d’autres stations. Oui ils existent encore, les secret spots où le rêve devient réalité. Il faut juste savoir où regarder. C’est plus facile avec une carte topographique et la bonne préparation. La plupart des spots vierges le demeurent pour la raison qu’ils finissent en cul de sac, rendant les choses non seulement difficiles mais aussi dangereuses. Gardez les yeux ouverts à la recherche des joyaux cachés.

TEXTE & PHOTO

KLAUS POLZER

POUDREUSE FRAÎCHE, ET PERSONNE POUR LA SKIER? ÇA EXISTE ENCORE?

Skieur: Mark von Roy / Lieu: Saalbach, Autriche

STASH

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EVENT


Skieuse: Sophie Lechasseur

GIRL

POWER

TEXTE & PHOTOS

KLAUS POLZER

POUR LA 10ÈME ÉDITION DU CONTEST VIDÉO ET PHOTO CLICK ON THE MOUNTAIN, UNE ÉQUIPE D'ATHLÈTES FÉMININES S'EST JOINTE À LA MÊLÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS. ÉLÉMENTS POUR LECHASSEUR ONT BRAVÉ LES GIULIA MONEGO ET SOPHIE MONTRER LEURS TALENTS ET LAISSER LEURS CONCURRENTS MASCULINS DANS LA POUSSIÈRE.

L

es filles n’ont jamais eu la vie facile dans le monde du ski. Alors que les compétitions FIS et le Freeride World Tour offrent depuis peu un minimum d'égalité, les hommes occupent toujours une place prépondérante lors d'événements importants sur invitation et jouent presque toujours le rôle principal dans les grosses productions vidéo. Que ce soit en raison du nombre restreint ou à cause d’autres raisons, les filles ne sont pas le premier choix aux contests vidéo et photo. Quoi qu'il en soit, personne ne sera surpris d'apprendre que, depuis dix ans de Click On The Mountain à Courmayeur, aucune femme n'a participé jusqu'à la saison dernière. Quand les organisateurs m'ont parlé de l'édition du jubilé du COTM, j'étais encore plus motivé à participer au contest avec une équipe féminine. En réalité, le faire correctement signifierait également que filmeur et photographe soient aussi des femmes; mais comme elles sont peut-être encore moins représentées chez les photographes et filmeurs de sports extrêmes que comme athlètes, les organisateurs voulaient une équipe de deux skieuses. Sans y réfléchir à deux fois, j'ai dit oui. Les skieuses étaient Giulia Monego, une freerideuse Italienne incroyable, et Sophie Lechasseur, une Canadienne vivant dans les montagnes Françaises. Giulia est originaire de Cortina d’Ampezzo et y a passé la plus grande partie de sa carrière. Elle a participé au Freeride World Tour à Verbier et vit actuellement à Chamonix. Sophie, avec beau-

GIRL POWER

coup d'expérience dans les pentes raides, est mariée à la star Française de freeski Enak Gavaggio et vit avec lui dans sa maison aux Arcs. Florian Albert d’Innsbruck, avec qui j’avais déjà travaillé, a complété l’équipe en tant que filmeur. Bien-sûr, nous avons conçu un plan d’attaque pour la 10ème édition de Click On The Mountain. Notre tâche était la suivante: en quatre jours, prendre des photos autour de Courmayeur pour quatre catégories différentes et également produire un clip vidéo plus long et une vidéo Instagram plus courte. La liste de tâches qui en a résulté était basée sur les compétences alpines de

nos athlètes, ainsi que sur les précieuses connaissances locales de Giulia. L’un de nos projets était de nous rendre dans un refuge, afin de pouvoir capter la meilleure lumière au lever et au coucher du soleil sur certaines lignes intéressantes. Mais comme souvent, la météo a anéanti nos plans bien établis. Il avait neigé avant la compétition, mais les températures ont été si chaudes que la neige avait pris des qualités remarquablement déplaisantes. En plus des défis, une couche de gros nuages le premier jour nous a empêché de shooter sur des terrains dégagés. La deuxième journée était ensoleillée, même si une tempête se levait visi-

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Skieuse: Sophie Lechasseur (Best Lifestyle Photo @ COTM 2018) Skieuse: Giulia Monego

blement derrière les sommets. Giulia et Sophie ont trouvé une ligne spectaculaire qu'elles voulaient skier, mais avec une entrée difficile. Flo et moi pouvions shooter de la pente d’en face et avions rapidement trouvé notre position; mais nous avons dû attendre longtemps nos skieuses, car la tempête perturbait le fonctionnement des télécabines. Alors que la lumière menaçait de s’étouffer et de disparaître, Giulia et Sophie sont apparues au sommet de la ligne. On a eu de la chance, ou du moins on le pensait - jusqu'à ce que Giulia droppe la première, et que toute la pente se casse en une seule plaque. La tempête avait transformé la montagne en champ de mines. Heureusement, Giulia et Sophie se sont échappées saines et sauves, mais tout cet effort n'avait servi à rien. Après un jour et demi, on n’avait pas grand chose d’utilisable. Vues les circonstances, on avait renoncé à notre plan de rester au refuge et l'avons remplacé par une mission dans l’après-midi hors du domaine skiable pour avoir le soleil couchant, avant de terminer par une photographie au flash pendant la descente en vallée. Mais nos plans les mieux conçus n’ont rien donné. À trois heures du matin, les nuages se sont rapprochés, tuant la lumière. En arrivant dans le backcountry pour tenter de faire quelque chose avec de la lumière artificielle, nous avons été témoins de l'accident d'avalanche d'un autre groupe de skieurs. La petite avalanche n’avait pas enseveli le skieur, mais il s’était blessé à la jambe et ne pouvait plus bouger. Giulia, candidate au poste de guide de haute montagne, s’est précipitée pour aider et, une fois encore, nous n’avons pu être productifs. Comme une tempête importante soufflait toujours, l'hélicoptère avait des difficultés à atteindre le skieur blessé. À la tombée de la nuit, l’opération a pu être achevée grâce aux manœuvres habiles du pilote; mais notre motivation pour continuer à shooter avait disparu et nous sommes redescendus dans la vallée les mains vides. Nos espoirs reposent sur le jour 3, jour de la dépose traditionnelle en hélico du Click On The Mountain. Chaque équipe est posée en hélicoptère sur un pic différent, explorant le backcountry à partir de là par ses propres moyens. On a eu de la chance, on nous a donné le lieu de dépose qu’on préférait, où se trouvaient plusieurs lignes raides. Mais le risque d'avalanche était encore considérable et on devait agir avec les précautions nécessaires. Sécurisée par une corde, Giulia s'est frayée un chemin jusqu'au point d'entrée prévu pour la première ligne! Et de

GIRL POWER

nouveau, toute la pente s’est déchirée en un enfer blanc. Rien à faire, on devait se déplacer sur un terrain plus plat. Pire encore, à ce moment précis, l’hélicoptère a posé une autre équipe sur notre zone, après avoir été incapable d’atterrir à leur emplacement prévu à l’origine. Cela a augmenté la concurrence, avec des possibilités déjà limitées pour travailler. Mais après que l’autre groupe ait fait partir une autre plaque pour leur première descente, ils sont redescendus, décontenancés et on a retrouvé la montagne pour nous tous seuls. Giulia et Sophie ne se découragent pas facilement. Du point de dépose, on a mis les peaux pour rejoindre un bowl moins raide, avec de bonnes conditions de lumière. Pour les riders, ce n’était pas

Notre expérience Click On the Mountain s'est conclue par le gala de clôture et la cérémonie de remise des prix à Courmayeur. Gros suspens avant de voir ce que les autres participants avaient réussi à accomplir et comment les membres du jury avaient récompensé nos efforts. En plus de nous, il y avait une équipe Italienne avec les snowboarders Simon Gruber et Marco Grigis, une équipe française avec les skieurs Julien Eustache et Nathan Gaidet, et les skieurs suédois William Larsson et Erik Lundmark. Malgré les conditions difficiles, toutes les soumissions étaient remarquables, mais deux équipes se sont partagées les prix. Team Suède avec le photographe Adam Klingelteg et le filmeur Sebastian Oden Sandblad ont remporté

L'équipe du Click On The Mountain: Caméraman Flo, Giulia, Sophie, guide Alex et l'auteur.

la chose la plus amusante de rider sur des descentes peu spectaculaires. Le timing était crucial, avec de longues attentes, suivies de délires chaotiques pour se mettre en position. Mais les filles ont travaillé dur et à la fin, Flo et moi étions très heureux du résultat. C’était déjà le crépuscule quand nous sommes arrivés dans la vallée. La dernière journée de l’événement nous a encore offert un ciel gris, qui, combiné à la qualité de neige modeste, ne nous laissait pas beaucoup d’options. Nous nous sommes dirigés vers la montagne pour prendre des photos lifestyle pour le clip, puis avons découvert un champ de pillows caché, où Sophie et Giulia ont pu ouvrir les gaz. Malgré une zone minuscule pour le landing, les

le prix de la «Best vidéo» avec un clip très créatif, ainsi que «Best Action» et «Best Street» dans les catégories photo. Pendant ce temps, notre travail acharné a porté ses fruits avec le prix du meilleur clip Instagram et les honneurs photo «Best Lifestyle» et «Meilleur usage de la lumière», ce dernier ayant également été sélectionné comme «Best photo» sur l'ensemble de l'événement. Nous avons été surpris et ravis d’avoir si bien réussi dans ce contest. Ce fut un réel plaisir de travailler avec deux athlètes aussi talentueuses, enthousiastes, charmantes et surtout dévouées au cours de quatre jours de shooting. Merci Giulia, merci Sophie! J'espère qu'à l'avenir, davantage de filles et de femmes auront la chance de prouver leur audace à de telles occasions.

LA TEMPÊTE AVAIT deux ont posé de gros TRANSFORMÉ LA MONTAGNE EN backflips. On a passé le reste CHAMP DE de la journée à Courmayeur pour les MINES. photos lifestyle, avant une dernière nuit de montage pour Flo et moi; nous devions soumettre nos images le lendemain matin.

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FUN

TEXTE

ETHAN STONE

CONNAÎTRE LES N E FU D S T YPE VOUS PERMET DE VOIR LES CHOSES DU BON CÔTÉ, MÊME LOR S CES N IE R É P X D'E FÂCH EUSE S.

DE TYPE

T

PHOTO

KLAUS POLZER

out n’est pas toujours tout rose. Parfois les choses ne marchent pas comme prévu. À mi-chemin de votre randonnée à ski, le temps se gâte et l’itiné-

que prévu. Vous n’auriez peut-être pas dû descendre ce pack de six bières la soirée précédente. Félicitations, vous êtes en train d'expérimenter le fun de type 2.

raire planifié se transforme en épreuve précaire, descendant lentement dans le jour blanc. Vous ne skiez pas loin des pistes, mais prenez le mauvais virage, et passez les heures suivantes à remonter hors d’un ravin. Vous avez peut-être passé la journée sur un spot de street, en arrivant toujours plus proche de la fin du rail, mais en sortant avant la fin à chaque fois. Ou bien vous êtes au refuge pendant une expédition et vous réalisez que la journée va être beaucoup plus longue et difficile

Le dictionnaire définit le fun de Type 2 comme «une activité qui ne devient sympa que lorsqu’elle se termine». Ou encore comme «pitoyable pendant son déroulement, mais amusante rétrospectivement». Pour la définition chez Downdays, une simple analogie pragmatique suffira: l’expérience n’aura pas été cool tandis qu’elle se déroule, mais vous aurez tout de même une bonne histoire à raconter à tout le monde le soir au bar.

SPRAY

Le concept de fun de Type 2 existe car, comme je l’ai dit, ce n’est pas toujours tout rose. Des skieurs passionnés ne vont pas toujours se faire plaisir et passer un bon moment à chaque sortie. C’est la nature même du jeu: les montagnes sont imprévisibles et nous sommes sujets à leurs caprices. On sera refoulé, gémissant et cassé, de certains de nos objectifs. Les fixations vont péter, les peaux vont glisser, les pistes seront glacées, les itinéraires seront bloqués, les lignes seront inskiables, et les tricks ne rentreront pas. Comprendre le fun de Type 2 nous permet de tirer le meilleur de ces situations. Ce ne sera pas la meilleure ligne dans ce blizzard, mais peu importe, vous y étiez! Oui, vous venez de passer cinq heures à arpenter cette voie sans issue, mais vous l’avez tout de même skiée. Oui vous avez explosé sur ce landing, mais au moins vous avez tenté ce trick. Oui, vos muscles pleurent de douleur après cette ascension de 2000m,

mais vous l’avez faite, vous êtes en haut de cette putain de montagne, et vous buvez maintenant cette bière qui était si lourde à la montée. Le baume apaisant du fun de Type 2 va rapidement soulager la douleur. Mec, t’as vraiment fait ça? Demanderont vos potes incrédules. Et vous répondrez OUAIS, avec un soupçon de fierté. C’était sans aucun doute un cas de fun de Type 2.

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PORTRAIT

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WOODS

SES PROPR ES MOTS:

Lieu: Kimbo Session @ Kläppen, Suède / Photo: Ethan Stone

JAMES

AU LONG D’UNE CARRIÈRE QUI L’EMMENA DES PISTES EN PLASTIQUE DE CHEZ LUI À SHEFFIELD, UK JUSQU’À DE MULTIPLES FINALES AUX JO, X GAMES, DEW TOUR ET COUPES DU MONDE, JAMES WOODS A LENTEMENT MAIS SÛREMENT ÉTABLI SA PLACE EN TANT QU’UN DES SKIEURS LES PLUS CONSTANTS, TALENTUEUX ET APPRÉCIÉS SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE. AYANT ÉVOLUÉ DE SON LOOK À MOITIÉ RASÉ À LA SKRILLEX ET DE LA PUNK ATTITUDE QUI VA AVE C, WOODSY EST AUJOURD’HUI UN PROFESSIONNEL CHEVRONNÉ, PLUS RÉFLÉCHI, MAIS TOUJOURS AUSSI MOTIVÉ ET AUTHENTIQUE. AVEC UNE PASSION CONTAGIEUSE POUR LE SKI ET UNE QUÊTE INLASSABLE DU SUCCÈS, L’HOMME QUI PRÊCHE QUE L’ESSENCE VÉRITABLE DU FREESKI EST «LE SIMPLE FA TEXTE IT DE TWEAKER TORI BEATTIE UN MUTE» A PLEIN DE SAGESSE À PARTAGER. ORIGINES.

E

n grandissant c’était incroyable, tu pouvais être professionnel en ski ou snowboard sans quitter le Royaume Uni. On avait tous les magazines et tous les films. J’avais plein d’idoles en Grande Bretagne dont vous n’avez jamais entendu parler, et ils étaient super forts et si proches de chez moi, mais on idolâtrait évidemment aussi les gars du milieu international. Les montagnes étaient intouchables, je n’avais pas d’argent

pour y aller. C’est pourquoi j’avais du mal à regarder les films, c’était un peu «je déteste ces mecs pour la chance qu’ils ont, je ferais pareil si j’y étais», j’étais super jaloux. Impossible de regarder un film de ski entier. Il n’y avait pas de transition possible, c’était juste une passion. Le bouleversement a été: je m’en vais de chez moi. Je n’aimais pas la ville où j’avais grandi. Je la détestais et l’aurais quittée de toute manière. Donc je suis parti en caravane avec tous mes potes jusque sur le continent européen, et c’est là que j’ai commencé à tourner un peu et voir les compétitions comme solution pour vivre.

Photo: Danny Warley

COMPÉTITION.

Né le: 19 Janvier 1992 à Sheffield, UK Réside à: Là où mes chaussures sont en train de sécher

Hobbies: Surfing, skydiving Sponsors: Monster Energy, Salomon, Planks Clothing, SunGod, BawBags Underwear

JAMES WOODS

J’ai toujours voulu être un skieur. Ça ne pouvait arriver qu’en partant, et puisque je n’avais pas un sou, j’ai compris que les compétitions étaient la seule solution pour que je devienne un skieur. Les compétitions sont devenues si importantes pour moi pour cette raison là. Je voyageais en europe, et c’était pas simple. C’était marrant, l’argent ne devait évidemment pas être la motivation, mais tu n’as pas un rond, c’est tout de même la motivation de base. Mais c’était cool, du genre «bon je fais ça, je me débrouille plutôt bien, et je gagne de l’argent.» C’est comme ça que tout commença. Je n’ai jamais voulu arrêter les compétitions, j’ai toujours voulu faire de mon mieux. J’aime ça. Il n’y a jamais eu de meilleur moment pour faire des compétitions, on a eu tellement de problèmes avec la FIS, et maintenant les coupes du

monde comptent parmi les meilleures compétitions. Elles sont géniales. On a des gens de notre coté, il y a tant d’opportunités avec les équipes nationales, et c’est un tout nouveau monde.

LONGÉVITÉ. Les choses sont devenues un défi du jour au lendemain une fois que je n’étais plus un des nouveaux gamins. Il y a eu un gros changement dans ma tête, j’étais obsédé par le ski, désespéré, et j’en voulais toujours plus. J’ai réalisé que le ski était mon travail, et il peut arriver de ne pas aimer sa journée de boulot. Du genre: «je n’ai pas envie d’être là-haut, ça souffle fort, mais je dois le faire pour me qualifier aux X Games» ou encore, je dois prendre une photo etc. Ça a été une grosse prise de conscience: c’est OK de passer une mauvaise journée. La prise de conscience suivante a été que je n’étais plus un outsider, je devais être à la hauteur de moi-même, j’ai gagné ma place, et maintenant je dois la conforter, bien skier, et avoir le dos solide quand les choses ne vont pas comme je le souhaite. J’ai compris que des gens seront meilleurs que moi dans certaines choses, mais que je serai bon dans ce que je fais.

QUATRIÈME PLACE.

[Woodsy a fini quatrième dans de nombreux slopestyles des X Games, et aussi au slopestyle des JO 2018.]

Quand j’y repense de manière rationnelle, je suis tellement fier de ces quatrièmes places. Je fais des compétitions

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La Kimbo Session du Park Suédois de Kläppen est chaque année l'apogée du style, et donc le lieu parfait pour Woodsy. Photo: Ethan Stone

PROGRESSION.

RÉSEAUX SOCIAUX.

On est tous passé par là. Ce n’est pas à nous de dire ce qui va suivre. Je vais rester accroché au wagon aussi longtemps que possible, mais à un moment je serai dépassé car je n’ai pas grandi en voyant toutes ces choses possibles, alors que les gosses d’aujourd’hui, oui. C’est notre responsabilité d’aller plus loin. La progression humaine est un truc de dingue, et si on se dit qu’on a raison juste parce qu’on est bon à un moment donné, c’est comme dire « pas la peine d’aller dans l’espace, on n’en a pas besoin». On sait tous ce qu’est le style et ce que l’on veut. Et c’est ça qui compte. Il n’y a rien qui empêche un triple cork d’être ultra stylé.

Ça a changé le jeu d’un point de vue professionnel. Il y a de bons et de mauvais cotés. Pour moi, les compétitions ne sont pas la panacée. On peut être une star des réseaux sociaux et aller très loin avec ça. Je crois qu’on essaye encore tous d’équilibrer la balance. On cherche ce qui est cool et ce qui ne l’est pas, et ce que l’on veut voir. Personnellement je veux investir plus de temps dans les réseaux sociaux, pas pour être célèbre, mais juste parce que je veux montrer ce que je fais de la meilleure des manières. J’ai une vie de dingue, et je sais que des gens auront envie de voir ça. Je voudrais faire plus de vidéos, et c’est à moi de m’obliger à le faire, au lieu d’attendre que les choses se fassent seules. Il est temps pour moi de tout réévaluer et de donner aux gens autre chose que mon moi de 16ans; de leur donner une version de 26ans, plus mature, et de voir si ils aiment ça. C’est là que je veux aller.

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PORTRAIT

le freeski peut sembler prendre le chemin du ski acro, et je serais vraiment triste si dans 20 ans ça devenait ce sport ennuyeux que je déteste. Mais ça ne serait qu’une part infime de notre sport, et des gens continueront de skier et d’aimer ça. Pour tous ceux qui ragent sur cet aspect, rien ne vous empêche de sortir et de faire un 180 mute. Rien ne vous empêche de sortir et de poser les virages que vous voulez. Ne suivez pas les JO si vous ne voulez pas voir ce genre de ski!

E

pense de cette manière, plus rien à foutre de ne pas gagner. L’histoire des 4èmes places, c’est marrant. Tout le monde la voit différemment. Il y a eu des gens incroyables avant moi qui n’ont jamais rien gagné. Mais j’ai de la chance parce que j’ai deux victoires tu vois. J’ai plein de titres cools à mon actif, et comme je suis sympa et marrant, c’est OK de plaisanter avec ça. Mais merde, ça pique quand même.

E

ES J’AI PLEIN DE TITR COOLS À MON ACTIF, ET COMME JE SUIS A ET MARRANT, C’EST OK DE l’ampleur en tant SYMP PL AISANTE R AVEC ÇA Merde, que collectif.» Alors quand j’y .

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parce que j’aime ça et j’aime repousser mes limites, mais ce qui fait mal c’est de savoir que j’aurais pu gagner. Dans ce sport tu ne dois pas chercher à gagner, parce que d’après moi c’est un mix magnifique d’art et de science, et il n’y a pas de formule gagnante. C’est plus un sentiment. Mais ça pique de ne pas gagner, c’est ça qui pique. Surtout pour les JO, quand je rage de ne pas avoir gagné je me dis «attends une seconde. La raison pour laquelle je suis ici et je fais ça c’est parce que j’ai fui les bouffons qui ne pensent qu’à l’argent, aux accolades et aux likes des JO, et au final, ils nous ont invité dans leur monde juste parce que nous prenions de



TEXTE

MARK VON ROY PHOTO

KLAUS POLZER SKIEUR

BENE MAYR LIEU

COL DU STELVIO, ITALIE

R

étrospectivement, ce projet était un peu une idée stupide. Ne vous méprenez pas, en théorie c’était génial; mais quand il a fallu construire cette ligne géante, et ensuite la skier, tous les gens impliqués ont senti qu’on était allé un peu trop loin. Cette séquence -plus de 70 photos soigneusement assemblées- ne montre même pas la moitié de la ligne complète. Au total, le run inclut plus de 20 structures avec un total de 12 road gaps, (avec certains landings faits de pierre et de terre), 500 mètres de dénivelé, un enfer à skier, plein de lourdes conséquences auxquelles personne ne voulait penser trop longtemps. Après plus d’un an de planification, environ 20 shapers ont passé des heures incalculables à construire cette ligne, tout ça pour que la pluie et le soleil détruisent presque tout deux semaines avant la date du shooting. Tandis que nos rêves disparaissaient, on a tout déplacé d’une semaine afin que Bene Mayr et Markus Eder puissent lancer leurs carcasses sur la ligne la plus sketchy que j’aie jamais vue. C’était clairement du haut risque… Consultez le résultat de nos choix douteux sur redbull.com pour la vidéo complète et les coulisses de Stelvio Road Gaps.

OUTRO

112


ROAD GAPS AU COL DU STELVIO

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NE LAISSENT PAS LEURS AMIS

*AVERTISSEMENT: RÉFLÉCHISSEZ AVANT DE FAIRE VOTRE PROPRE PILLOW PARTY!

CAR DES AMIS

DROPPER SEULS

MARKUS EDER

SKIEURS

ROB HEULE

FELIX WIEMERS

PHOTO

LIEU

ALEX MELISS

APRÈS

GOLDEN BC, CANADA 114


36 RIDERS | 2I CAMERAS | 2 LOCATIONS | I EVENT

[O] KLAUS POLZER

TO THE FUTURE OBERGURGL HOCHGURGL / NIGHTSHOW

SÖLDEN / PUBLIC CONTEST DAY


www.downdays.eu

#FREESKI CULTURE


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