Les Rencontres à l'échelle 2018 — DOSSIER DE PRESSE

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Visuel © Aurélien Mauplot — création graphique Benoît Paqueteau

dossier de presse relations avec la presse : Benoît Paqueteau — 04 91 64 60 00 communication@lesbancspublics.com


Depuis 13 ans, Les Rencontres à l’échelle inscrivent dans le paysage marseillais un rendez-vous audacieux et rassembleur dédié aux esthétiques contemporaines internationales.

Ouverture de la billetterie : 10 octobre 2018 Réservations : +33(0)4 91 64 60 00 lesrencontresalechelle.com

Toutes les vidéos des spectacles video.lesrencontresalechelle.com Ce dossier sur presse.lesrencontresalechelle.com

direction artistique : Julie Kretzschmar production du festival : Les Bancs Publics association résidente de la Friche la Belle de Mai 41, rue Jobin - 13003 Marseille contact@lesbancspublics.com www.lesbancspublics.com

#echelle2018

Produit par Les Bancs Publics qui viennent de fêter leurs 20 ans, le festival essaime son état d'esprit dans plusieurs lieux de la ville. Chacune des éditions se compose à partir d'artistes peu connus en Europe et de personnalités confirmées. La programmation circule librement entre les disciplines et les horizons géographiques pour mieux interroger les nouvelles régles du monde. Pour cette treizième année, le festival réunit des créations internationales, une exposition et plusieurs parcours cinéma. Parmi les spectacles, deux créations ont remporté un vif succès au Festival d'Avignon cet été. Mama, mis en scène par Ahmed El Attar, est un portrait peu complaisant de la société égyptienne à travers la figure de la femme et de la mère. Avec audace et humilité, Gurshad Shaheman – artiste accompagné depuis de nombreuses années par Les Rencontres – entrelace les témoignages d'éxilés dans sa deuxième mise en scène qualifiée de "spectacle le plus beau et le plus doux du Festival d'Avignon 2018." (Les Inrocks). D'autres spectacles, lectures, performances et projections nourrissent cette édition qui s’ouvre au Merlan, s’installe ensuite à la Friche la Belle de Mai et fait escale à Montévideo, au Gyptis, au Vidéodrome 2 et au nouveau cinéma La Baleine. Espace de rencontres et de réfléxion, le festival s'attache à ouvrir un dialogue entre les artistes et les publics notamment lors de rencontres autour des représentations. Belles découvertes, belles treizièmes Rencontres !


exposition HORSE DAY

10/11 au 02/12 semaine 1 mercredi 7 nov

19H30

samedi 10 nov

17H 20H30

dimanche 11 nov

18H 20H

semaine 2 mardi 13 nov

20H30

mercredi 14 nov

20H30

jeudi 15 nov

14H30 20H30

vendredi 16 nov

19H 21H

samedi 17 nov

15H 19H 20H30 22H

semaine 3 mardi 20 nov

19H30

mercredi 21 nov

20H30

jeudi 22 nov

17H > 21H 20H

vendredi 23 nov

17H > 21H 20H30

samedi 24 nov

15H > 19H

dimanche 25 nov

16H30

semaine 4 samedi 1er déc

19H30 21H

Mohamed Bourouissa

Friche la Belle de Mai Petirama

SOMANI ROAD

Le Gyptis

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DES MOUTONS ET DES HOMMES

Vidéodrome 2

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MAMA

Le Merlan

SANS BRUIT, LES FIGURANTS DU DÉSERT

Vidéodrome 2

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ROOM FOR A MAN

Vidéodrome 2

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IL POURRA TOUJOURS DIRE QUE C'EST POUR L'AMOUR…

Friche la Belle de Mai Grand plateau

P. 10

IL POURRA TOUJOURS DIRE QUE C'EST POUR L'AMOUR…

Friche la Belle de Mai Grand plateau

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Mohamed Fouad (séance scolaire ouverte à tous)

WITHOUT DAMAGE

Friche la Belle de Mai Salle Seita

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ET DIEU NE PESAIT PAS LOURD…

Théâtre Joliette

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ON M'A DONNÉ DU CITRON J'EN AI FAIT DE LA LIMONADE

Friche la Belle de Mai Petit plateau

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BAZIN

Friche la Belle de Mai Salle Seita

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SOURCES ORIENTATIONS FOYER

Friche la Belle de Mai Petit plateau

P. 20

BAZIN

Friche la Belle de Mai Salle Seita

P. 18

ON M'A DONNÉ DU CITRON J'EN AI FAIT DE LA LIMONADE

Friche la Belle de Mai Petit plateau

P. 16

Mohamed Fouad

WITHOUT DAMAGE

Friche la Belle de Mai Salle Seita

P. 12

THE CONGO TRIBUNAL

Cinéma Le Gyptis

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LA CLAIRIÈRE DU GRAND N'IMPORTE QUOI

Montévidéo

P. 22

AS FAR AS MY FINGERTIPS TAKE ME

Friche la Belle de Mai Studio

P. 24

TROP D'INSPIRATION

Friche la Belle de Mai Grand plateau

P. 26

AS FAR AS MY FINGERTIPS TAKE ME

Friche la Belle de Mai Studio

P. 24

TROP D'INSPIRATION

Friche la Belle de Mai Grand plateau

P. 26

Tania El Khoury

AS FAR AS MY FINGERTIPS TAKE ME

Friche la Belle de Mai Studio

P. 24

L'HÉROÏQUE LANDE

La Baleine

P. 31

Nicolas Stemann

CONTRE-ENQUÊTE

Friche la Belle de Mai Petit plateau

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CONCERT DE CLÔTURE (Programmation en cours)

Friche la Belle de Mai

Stefano Savona Karim Sayad

Ahmed El Attar Collectif MML

Anthony Chidiac

Gurshad Shaheman Gurshad Shaheman

Frédéric Fisbach, Dieudonné Niangouna Lætitia Ajenohun Tidiani N'Diaye Ismaïl Bhari

Tidiani N'Diaye Lætitia Ajenohun

Milo Rau

Alain Béhar

Tania El Khoury

Monika Gintersdorfer, Franck Edmond Yao alias Gadoukou la Star Tania El Khoury

Monika Gintersdorfer, Franck Edmond Yao alias Gadoukou la Star

Nicols Klotz, Elisabeth Perceval

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P. 8


ARTISTES INVITÉS Lætitia Ajanohun comédienne, metteure en scène

Ismaël Bahri plasticien, réalisateur

Alain Béhar auteur, metteur en scène

Mohamed Bourouissa plasticien

Tidiani N’Diaye danseur, chorégraphe

Ahmed El Attar metteur en scène, auteur

Tania El Khoury performeuse, plasticienne

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Frédéric Fisbach metteur en scène

Mohamed Fouad danseur et chorégraphe

Monika Gintersdorfer metteur en scène

Gurshad Shaheman metteur en scène, auteur

Nicolas Stemann metteur en scène

Franck Edmond Yao danseur, chorégraphe

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ARTS VISUELS

En collaboration avec

© Mohamed Bourouissa

HORSE DAY

Mohamed Bourouissa

PARIS

Artiste majeur de sa génération, le plasticien franco-algérien célèbre les cowboys afro-américains. Mohamed Bourouissa a initié le projet Horse Day lors d’une résidence à Philadelphie (États-Unis) en 2013. Installé dans le quartier de Fletcher Street, célèbre pour sa communauté hippique afro-américaine, il organise avec les populations locales un concours de costumes équestres. Il documente en photo et vidéo ce carnaval à cheval. De retour en France, l’artiste a produit une série de tableaux-sculptures, The Hood (2015), dont est tirée Good Luck, par un procédé de tirage numérique sur carrosserie de voiture, qui convoquent des associations entre cheval et voiture, entre Western et photographie pictorialiste. Territoire de réparation et de cristallisation des imaginaires, fondé par des cavaliers afro-américains, les écuries de Fletcher Street accueillent les jeunes adultes du quartier et offrent un refuge aux chevaux abandonnés. Bourouissa organise avec les habitants du quartier un grand concours de “tuning” hippique. Sans pour autant documenter une réalité, l’artiste s’est emparé de l’histoire du lieu, de l’imagerie du cowboy et de la conquête des espaces. Le film, de facture cinématographique, retrace ce projet. Il rend compte avec force d’une utopie urbaine. Fasciné par l’histoire de la représentation des cowboys noirs, il synthétise des questionnements récurrents: l’appropriation des territoires, le pouvoir, la transgression. Horse Day a été présenté au Musée d'art Moderne de la la Ville de Paris en 2018.

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Bande son Le projet a suscité de nombreuses collaborations, ainsi Calvin Okunoye, musicien américain de hip hop a été invité à concevoir la bande musicale du film.

Double projection

 du 10 novembre au 2 décembre vernissage le vendredi 9 novembre à 19h 

Fasciné par l’histoire de la représentation des cowboys noirs, Mohamed Bourouissa y synthétise des questionnements récurrents : l’appropriation des territoires, le pouvoir, la transgression. Les notions de fragmentation et de distorsion sont relayées par le dispositif de présentation du film qui met en dialogue deux projections et repense l’espace à partir de lignes obliques. Ainsi modifié, il permet d’expérimenter le décalage entre la réalité d’identités culturelles multiples et une perception stéréotypée.

Friche la Belle de Mai Petirama 41 rue Jobin 13003 Marseille

Né en 1978 à Blida (Algérie), Mohamed Bourouissa met en scène

des

jeunes

socialement,

culturellement

et

économiquement en marge de la société. Dans son

Mohamed Bourouissa Horse Day 2014 - 2015 Dytique vidéo (couleur, son) 13min 32sec Production : Mobiles, avec le soutien du PMU © ADAGP, Paris 2018

travail photographique, sculptural et video, il pénètre la réalité urbaine d’une sous-culture. Alors que tout semble relever du documentaire, il place ses protagonistes à la manière de comédiens dans des mises en scènes savamment étudiées qu’il s’agisse de jeunes de banlieue,

Ce film a bénéficié de l'Aide au film court en Seine-Saint-Denis, dispositif de soutien à la création du Département de la Seine-Saint-Denis.

de détenus filmant leur quotidien ou de cavaliers paradant.

Présenté en coréalisation avec la Friche la Belle de Mai

remarquer du monde de l’art lors de l’exposition « Dynasty », qui présente les œuvres

Après des débuts dans le graffiti, des études aux Arts déco puis au Fresnoy, il se fait de quarante jeunes artistes au Palais de Tokyo et au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Il est depuis suivi par des collectionneurs comme François Pinault et Bernard Arnault et représenté par la galerie kamel mennour, Paris-Londres. Il présente régulièrement son travail en France et à l’étranger : le Musée d’art moderne à Paris, Haus der Kunst à Munich, Maison rouge à Paris, Museum of Art de Philadelphie, Centre Pompidou à Paris, Palais de Tokyo à Paris, Biennale de Venise, Kunsthalle de Vienne, Musée d’art moderne à Istanbul.

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THÉÂ TRE

création Festival d'Avignon 2018

En collaboration avec

MAMA

© Mostapha Abel Aty

Ahmed El Attar

LE CAIRE

Le large et confortable fauteuil de l’aïeule occupe la position stratégique du salon chic et trop vaste. Autour, se perdent et s’ignorent, se vautrent et se confrontent les petits individualismes obstinés des membres d’une famille égyptienne de la bonne société. Entre drame bourgeois, tragédie et soap opéra, Ahmed El Attar clôt avec Mama sa trilogie familiale, après La vie est belle et The last Supper. Il choisit cette fois un sujet électrique : le pouvoir des femmes au sein des familles égyptiennes. L’auteur et metteur en scène l’aborde à rebours des idées reçues vis à vis du monde arabe, comme c’est le cas à chacune de ses créations. Face à l’invariable suprématie masculine, les élégants personnages féminins de Mama optent pour le contrôle de leur progéniture mâle, tours maîtresses de parties d’échecs au train inexorable, car à défaut d’incarner le pouvoir, elles n’ont d’issue que de l’obtenir par procuration. Du moins le pensent-elles. Mères, sœurs, brus, entrent en concurrence et conflit les unes avec les autres, plus ou moins ouvertement. Le metteur en scène cairote nous présente in fine des femmes bien en phase avec leur époque, qui se battent et se défendent, et réinventent leur fonction. En quête d’une reconnaissance absolument justifiée, elles savent, comme la mère de Néron, qu’elles ont encore un rôle à jouer, et ce jusqu’au bout. Spectacle créé au Festival d’Avignon le 17 juillet 2018.

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Entretien avec Ahmed El Attar — extraits � Tout le monde dit que la femme arabe est opprimée, ce n’est pas un secret. Ce qui m’intéresse, c’est le mécanisme de cette oppression, comment elle se reproduit, de génération en génération. Et en y regardant de plus près, je peux constater que la femme arabe est une partie intégrante de sa propre oppression. Je ne nie pas la responsabilité de l’homme dans ce cercle vicieux mais je pense que l’homme ne changera pas. �

Ce qu'en dit la presse  samedi 10 novembre 20h30 

Le Merlan scène nationale avenue Raimu 13014 Marseille

� Ahmed el Attar creuse un peu de silence au cœur du Caire, pour faire résonner ce qui parle, ce qui pense, ce qui ne se résigne pas. � Aurélie Charon, France Culture, mai 2018

≈ 1h15 Performeur, metteur en scène, auteur dramatique, Ahmed

 en arabe surtitré

El Attar n'a de cesse de travailler à bouger les lignes et s'inspire toujours du réel pour en changer la perception.

Texte et mise en scène Ahmed El Attar Avec Abdelrahman Magdy, Dalia Ramzi, Hadeer Moustafa, Heba Rifaat, Menha El Batrawy, Menna El Touny, Mohamed Hatem, Mona Soliman, Moustafa Abdullah, Nanda Mohammad, Noha El Kholy, Ramsi Lehner, Teymour El Attar Musique Hassan Khan Scénographie et costumes Hussein Baydoun Lumières Charlie Alstrom production : Orient productions, Temple Independent Theater Company coproduction : Tamasi Performing Arts Network, MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis Bobigny / Festival d'Automne à Paris, Festival d'Avignon, Le Liberté Scène nationale de Toulon, Maison de la Culture de Bourges Scène nationale soutiens : Agence suédoise de coopération internationale au développement, Studio Emad Eddin Foundation

Ses spectacles puisent problématiques et noeuds dramaturgiques dans la société contemporaine arabe et cherchent toujours du côté des oppressions, notamment familiales pour que l'habituel éclaire. Outre ses activités artistiques, Ahmed El Attar est très actif dans le milieu culturel cairote où il a fondé et dirige un lieu de formation et de résidence et le festival pluridisciplinaire Downtown Contemporary Arts Festival. Il est un artiste familier des Rencontres à l'échelle qui ont largement contribué à faire découvrir ses créations en Europe.

Ahmed El Attar aux Rencontres à l’échelle : Before the Revolution (2017) The last Supper (2014) La vie est belle ? (2014) On the importance of being an arab (2011)

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THÉÂ TRE création Festival d'Avignon 2018 production Les Rencontres à l'échelle

© Christophe Raynaud de Lage

IL POURRA TOUJOURS DIRE QUE C'EST POUR L'AMOUR DU PROPHÈTE

Gurshad Shaheman

BRUXELLES/MARSEILLE

Véritable oratorio théâtral, Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète fait se rencontrer, de manière performative, paroles d’exilés, jeunes comédiens et composition électro-acoustique. À la suite à de nombreux entretiens avec des personnes fuyant pour des raisons identitaires, politiques, les guerres ou les intolérances de leurs pays, le francoiranien Gurshad Shaheman a réalisé avec le créateur sonore Lucien Gaudion une oeuvre scénique singulière. Une quinzaine d’acteurs partagent une parole qui circule à travers la salle, récusant toute mise en scène réaliste. Un partage des récits et des fragments de vie qui transforme l’espace en labyrinthe sonore. Le spectateur assiste à l’expression de la présence, où tout geste, même infime, est essentiel et accueille ces existences, ces traversées prises entre violence et amour, corps torturés et corps aimés. Avec cette deuxième création, Gurshad Shaheman affirme un art de la perception et du témoignage où le théâtre passe par les sens. Spectacle créé au Festival d’Avignon le 11 juillet 2018.

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Entretien avec Gurshad Shaheman Votre création allie des présences, sous une forme chorale, avec des paroles d’exilés… Il y a dix acteurs mais pas autant de récits. Les récits sont diffractés, redistribués alors que j’ai réalisé une trentaine d’entretiens. Au début de cette écriture, je suis parti à Calais, j’ai rencontré des associations. Ensuite, j’ai appelé des gens dont je connaissais les déplacements et les histoires. Au fur et à mesure j’ai mieux ciblé qui je devais interroger. Je me suis concentré sur la communauté LGBT et les artistes. Les points communs sont des départs, des traversées, mais également, et c’est tout aussi important, des histoires d’amour. Ma première intuition a été de vouloir pour ces gens du Maghreb et du Moyen-Orient, qui est le berceau des Mille et Une Nuits, rassembler des récits, les imbriquer comme dans un livre, pour en faire une compilation d’aujourd’hui. Les Mille et Une Nuits est un récit érotique du début à la fin. J’ai fini par ne pas poursuivre cette idée, mais il en reste des traces : le matériau très fort, et un rapport à l’érotique qui demeure. Les histoires d’amour viennent contrebalancer le tragique de l’actualité. Il y a évidemment les rafles, les bombes, les guerres, comme il y a ces deux amants qui s’enfuient de la caserne pour faire l’amour dans la neige sans être arrêtés. (...)

 mardi 13 novembre mercredi 14 novembre à 20h30  Friche la Belle de Mai Grand plateau 41, rue Jobin 13003 Marseille  1h30 texte, conception Gurshad Shaheman création sonore Lucien Gaudion création lumières, régie générale Aline Jobert scénographie Mathieu Lorry Dupuy dramaturgie Youness Anzane assistanat à la mise en scène Thomas Rousselot

Les acteurs sur le plateau jouent-ils ces exilés ? Les représentent-ils ? Les acteurs sont dépositaires de ce texte. Il ne s’agit pas d’incarner des personnages. Ils entrent dans ces récits avec une extrême délicatesse. Ils ne les déclament pas. Ils ne les donnent pas à voir. Ils traversent ces récits pour ce qu’ils sont : des récits qui ont à voir avec des fantômes. Ce ne sont que des souvenirs, des choses lointaines, des blessures encore ouvertes pour certains, des histoires d’amour encore brûlantes pour d’autres, qui ont pour point commun de se situer plus ou moins dans un passé proche. entretien réalisé par Marc Blanchet

Né en Iran, Gurshad Shaheman émigre en France à l’âge de douze ans. Après des études de littérature comparée, il intègre l’École Régionale d’Acteur de Cannes. À sa sortie, en 2004, il joue sous la direction de Thierry Bedard au Festival d’Avignon dans Qeskes de Reza Baraheni. Cette rencontre avec l’auteur iranien – dont il deviendra le traducteur – participe sans doute de son désir de revenir à ses origines, à travers un travail d’autofiction qu’il interprète dans la trilogie Pourama Pourama. A partir de septembre 2017, il est artiste associé au Centre Dramatique National de Normandie - Rouen. Enfin, il est lauréat de la Villa Médicis Hors les murs 2017. Il est un des artistes accompagné en production déléguée par Les Bancs Publics depuis 2015.

régie lumière Jeremy Meysen régie son Pauline Parneix costumes Jocelyne Monier

Aux Rencontres à l’échelle : De l'autre côté du mur (2017)

traduction Amer Ghaddar

Pourama Pourama (2015)

avec

T-Trilogy (2014)

Tiebeu Marc-Henry Brissy Ghadout, Flora Chéreau, Sophie Claret, Samuel Diot, Léa Douziech, Juliette Evenard, Thibaut Kuttler, Tamara Lipszyc, Nans Merieux, Eve Pereur, Robin Redjadj, Lucas Sanchez, Antonin Totot

Taste me / Touch me (2013)

En coréalisation avec la Friche la Belle de Mai

production déléguée : Festival Les Rencontres à l’échelle / Les Bancs Publics coproduction : Centre Dramatique National de Normandie-Rouen, Pôle Arts de la Scène – Friche la Belle de Mai, Festival d’Avignon, Campus décentralisé Amiens-Valenciennes (pôles européens de création le phénix scène nationale Valenciennes et la Maison de la Culture d’Amiens), CCAM - Scène Nationale de Vandœuvre-lès-Nancy, Festival Passages et Théâtre de Liège dans le cadre du réseau Bérénice soutenu par le programme Interreg V Grande Région, École Régionale d’Acteurs de Cannes et Marseille

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DANSE

© Mostafa Abdel Aty

WITHOUT DAMAGE

Mohamed Fouad

LE CAIRE

Un homme jaillit de l’obscurité pour laisser trace de sa présence sur le sol qu’il foule : c’est l’histoire de l’humanité. Le danseur, Mohamed Fouad dessine à la craie et par le contact de son corps avec la terre, une errance : la nôtre. Il tournoie jusqu’à l’élévation. Il explore tous les chemins de l’horizontalité, ceux-là qui mènent à la position de l’être humain : la verticalité. Cette recherche chorégraphique est rythmée par une série d’interruptions qui laissent place à l’autre spécificité de l’Homme : la parole. Le danseur se fait interprète des questionnements qui sont les siens : le sens de l’art et sa marchandisation. Mohamed Fouad utilise les corps des spectateurs qui se prêtent au jeu et viennent, à leur tour, dessiner la trace de leur passage sur le plateau. Il les invite à prendre part à la marchandisaiton de l’interpétation, et contre une vingtaine de livres égyptiennes, achète une série de gestes que le spectateur lui assène: une gifle, une étreinte, une disparition. Jusqu’à l’impossible baiser. Without Damage est une expérience sensorielle et interactive, drôle et sensible. Une ludique recherche chorégraphique qui questionne, grâce aux armes de l’humour et de la dérision, et avec la complicité du public, la force et les limites de l’art et de son interprète.

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 jeudi 15 novembre à 14h30 samedi 17 novembre à 22h  Friche la Belle de Mai salle Seita 41, rue Jobin 13003 Marseille  ≈ 1h20 

Mohamed Fouad est diplomé en arts dramatiques de l’Université d’Alexandrie. Il se forme à la danse contemporaine au Caire. Il collabore en tant que performeur, danseur ou chorégraphe à la réalisation de plusieurs spectacles en Egypte. En 2010, il reçoit une bourse de Danceweb pour participer au festival Impulstanz à Viennes. Il a partagé son travail sous forme d’ateliers ou de performances dans plusieurs villes arabes et européennes dont Berlin, Beyrout, Paris, Amsterdam, Riga, Amman, Dusseldorf et Tunis. Il assure aujourd'hui la direction artistique du festival Nassim El Raqs à Alexandrie.

en arabe et en anglais surtitré

conception, chorégraphie Mohamed Fouad musique Ahmed Saleh création lumières régie générale Saber El Sayed production : Orient productions et le D-CAF Festival, avec le soutien de Tamasi performing arts collective.

En coréalisation avec la Friche la Belle de Mai

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THÉÂ TRE

En collaboration avec

© Simon Gosselin

ET DIEU NE PESAIT PAS LOURD...

Dieudonné Niangouna Frédéric Fisbach

BRAZZAVILLE

PARIS

C’est l’heure des comptes. Il y a deux hommes en colère. Dieudonné Niangouna, auteur congolais, et Frédéric Fisbach, acteur et metteur en scène français. Ils décident, un soir de fertile mélancolie, de lancer à la face du monde tel qu’il ne va pas cette fusée de mots, Et Dieu ne pesait pas lourd. Avec le sentiment d’une voix à porter haut, nécessaire, documentée et théâtrale. Et l’urgence de ré-occuper la tribune, avec cette charge littéraire et politique, sensible et féroce, contre l’injustice et tout ce qui menace notre humanité aujourd’hui. Le spectacle invite à aborder en belle confiance l’efflorescence d’un texte dru et profond, orchestration magistrale d’un récit aux riches digressions et aux thèmes enchevêtrés. Vigie bouillonnante, Frédéric Fisbach donne voix à un personnage au parcours équivoque, Anton, né à Grigny dans la périphérie de Paris, visiteur lucide de mondes interlopes, avec Timon et Philoctète dans le rétroviseur de la mémoire. Pris dans le vortex déréglé de la géopolitique contemporaine, il est tombé dans les filets d’une secte religieuse, qui le maintient captif, jusqu’à nouvel ordre. Et Dieu ne pesait pas lourd est le plaidoyer d’Anton face à ses geôliers, défense brisée de moments de rage ou de jubilation, le prêche mélancolique aux lèvres, et le regard écarquillé face à la faillite générale. Pour « tout dire jusqu’à l’épuisement ». Spectacle créé à la MC93 (Bobigny) en janvier 2018.

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Entretien avec Frédéric Fisbach Comment faut-il comprendre le titre de la pièce ? Anton est né en banlieue à la fin des années soixante, à une époque où « Dieu ne pesait pas lourd » : Dieu n’était pas le problème alors. Il y a une longue incantation sur Dieu dans le texte où Dieu devient un mot valise : Dieu est tout un chacun et renvoie à la relation intime que chacun entretient à la spiritualité et non pas à une question théologique ou politique ou publique. La question religieuse est une question intime comme le rapport à l’art ou à une autre personne : je pense que le texte raconte cela. De manière drôle et décapante.

 jeudi 15 novembre à 20h30  Théâtre Joliette 2 place Henri Verneuil 13002 Marseille

Le texte, dans son foisonnement, semble au fond livrer un bilan sociopolitique de l’état du monde... Oui, Anton balaye tout ce qu’il peut balancer sur le monde, depuis l’endroit où il se tient en retrait. Malgré lui il se trouve dans une position d’ascèse, tel un ermite qui se met sur sa colonne, sauf que lui ne prie pas, il regarde le monde, il l’interprète, il est traversé par le monde sans pouvoir agir. Et même si tout va plutôt mal, il se dégage de tout celaune vitalité extraordinaire. C’est par là que Dieudonné Niangouna rend tout « possible » ! Avec son humour, sa tendresse, sa musique rend tout possible : il dézingue tout à commencer par lui-même, à travers Anton. Cela n’est jamais nihiliste, parce qu’il y a la volonté chez lui de construire de la relation, il y a la nécessité d’un autre avec qui parler. Il y a une incroyable délicatesse, une ouverture constante à l’autre. C’est la dimension paradoxale de ce texte : il arrive à faire tenir ensemble des choses qui habituellement se repoussent. S’il n’y avait pas cette vitalité, l’écoute serait insoutenable. source : MC93

 1h20

Mise en scène et interprétation Frédéric Fisbach Texte Dieudonné Niangouna Dramaturgie Charlotte Farcet Collaboration artistique Madalina Constantin Scénographie Frédéric Fisbach Kelig Le Bars Lumière Kelig Le Bars Son John Kaced Vidéo John Kaced, Étienne Dusard Production MC93 — Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Ensemble Atopique 2 Coproduction Pôle arts de la Scène Friche la Belle de Mai Avec le soutien du Grand T — théâtre de Loire-Atlantique, de la Ville de Cannes, et Châteauvallon — scène nationale dans le cadre d’une résidence de création.

Après une formation de comédien au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, Frédéric Fisbach accompagne les premières années de l’aventure de la compagnie de Stanislas Nordey jusqu’au Théâtre Nanterre-Amandiers. Il monte des textes de Claudel, Maïakowsky, Kafka, Racine, Corneille, Strindberg, Oriza Hirata, Genet. Il est artiste associé du Festival d’Avignon en 2007, quand il propose à la Cour d’Honneur du Palais des Papes Les Feuillets d’Hypnos de René Char. Il n’a jamais cessé de jouer.

Né à Brazzaville en République du Congo, Dieudonné Niangouna propose un théâtre de l’urgence, inspiré d’un pays ravagé par les séquelles de la colonisation française et des années de guerre civile. Conscient de la nécessité pour le langage théâtral d’être à la fois écrit, dit et entendu, l’auteur se sert d’images et de formules empruntées à sa langue maternelle et orale, le lari, pour inventer un français enrichi et généreux, « une langue vivante pour les vivants ». En 2013, Dieudonné Niangouna est artiste associé au Festival d’Avignon.

Remerciements au Grand T — Théâtre de Loire-Atlantique Le texte est publié aux Éditions Les Solitaires intempestifs.

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THÉÂ TRE

© DR

ON M’A DONNÉ DU CITRON J’EN AI FAIT DE LA LIMONADE

Lætitia Ajanohun

PARIS

Elle s’appelle Aminata. Celle qui est digne de confiance. Elle s’appelle aussi Soumbou. Celle qui fut désirée par son père et par sa mère. Et encore elle s’appelle Souwata Soudou Baba. De toute la famille paternelle c’est toi la plus belle. Elle vient de l’Ouest de l’Afrique plus précisément de Niamey, la capitale du Niger. Il y a cinq ans, elle a déserté Niamey pour Bruxelles. Un exil choisi et joyeux. Et pourtant, dès le début, une césure. Une sensation étrange d’être deux comme si une part d’elle était restée et une autre part était partie. Cela a duré toirs ans. Trois ans à naviguer entre le « je » d’ici et le « je » de là-bas.

Une première étape à été présenté en juin 2018 dans le cadre de Massilia Afropea à la la Friche la Belle de Mai.

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Note d'intention — extrait « On se raconte comme on veut. J’ai toujours eu une affection secrète pour l’imprévu, ce qu’on n’attendait pas. Être une auteure dramatique contemporaine africaine d’expression française c’est être avant tout un improbable. Alors je veux en être, juste par désir de peupler le paysage.

 vendredi 16 novembre à 19h samedi 17 novembre à 20h30  Friche la Belle de Mai petit plateau 41, rue Jobin 13003 Marseille  ≈ 1h15 texte, mise en scène Laetitia Ajanohun avec Aminata Abdoulaye Hama, Aurélien Arnoux, Samuel Padolus musiciens Aurélien Arnoux, Samuel Padolus régisseur son et général Pierre-Jean Rigal créateur lumière Laurent Vergnaud

coproduction : Centre Culturel Franco-Nigérien de Niamey, Théâtre des Doms, Institut Français de Kinshasa, Festival Ça se passe à Kin, Festival Massilia Afropea, Centre Wallonie-Bruxelles résidence de création à Montévidéo espace d'arts.

En coréalisation avec la Friche la Belle de Mai

Sur mes papiers je suis née à Liège un jour d’hiver neigeux d’une mère belge et d’un père béninois mais mon identité d’auteure s’est façonnée au-delà du Détroit de Gibraltar, je ne l’ai pas cherché, c’est ainsi. On m’a donné du citron et j’en ai fait de la limonade ne raconte que ça : les chemins de l’exil et le comment se réinventer. � Laetitia Ajanohun

Laetitia Ajanohun a été formée à l’Institut des Arts de Diffusion en Belgique en tant que comédienne. Très vite l’envie, l’urgence d’écrire et de mettre en scène se sont manifestées en elle, tout comme le désir d’arpenter des ailleurs. Elle se met, alors, à élaborer des projets et à jouer dans des créations à Bruxelles mais aussi à Montréal, en France, à Berlin, à Cologne ainsi que dans différents pays de l’Afrique francophone (Burkina-Faso, RDC, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal, Niger,…) Elle travaille, entre autre , depuis 5 ans en tant que comédienne, collaboratrice artistique ou metteure-en-scène dans la compagnie française Les Bruits de la Rue dirigée par Dieudonné Niangouna (Shéda au Festival d’Avignon et en tournée en France, en Hollande et en Argentine, Le Kung-Fu en tournée en France et en Allemagne, Nkenguégi à la MC93 hors les murs au TGP et en tournée en France, en Hollande et en Allemagne, Costume ou demi-Dakar au Festival des francophonies en Limousin à Africologne, au Festival Ça se passe à Kin Antoine m’ a vendu son Destin/Sony chez les chiens au Théâtre de la Colline, au Quartz de Brest, au Festival Theaterformen…). Elle a écrit une petite dizaine de textes de théâtre et édité La Noyée aux éditions l’Harmattan, Les mots sont manouches aux éditions Lansman dans la scène aux ados et Le Décapsuleur aux éditions Passage(s). Ce dernier a été lu au Festival d’Avignon in en 2017 dans le cadre des lectures RFI.

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DANSE

DR

BAZIN

Tidiani N'Diaye

BAMAKO

Le dimanche à Bamako c’est le jour de mariage / Les bazins et les bogolans sont au rendez-vous chantent les musiciens maliens Amadou et Mariam. C’est sur cette même envie de mélopée, chorégraphique en l’occurrence, que Tidiani N’Diaye évoque ce tissu emblématique de son pays, le Mali. Avec ce dernier, il retrace d’une part sa propre histoire ; celle d’un déplacement du Mali vers la France ainsi qu’une histoire plus vaste liée aux traces de la colonisation ainsi qu’aux géographies de la globalisation. Car si le bazin est teint au Mali, il est dans un premier temps fabriqué dans les usines allemandes ou chinoises avant d’être exporté vers l’Afrique de l’Ouest où il est transformé, magnifié et porté. Dans Bazin, Tidiani N’Diaye donne corps et forme à ce tissu et aux possibles rencontres qu’il génère dans la danse de la réappropriation ; celle qui est pensée comme une allégorie de l’esprit malien, comme le récit d’un détournement et le mariage des multitudes.

Spectacle crée en novembre 2017 au Théâtre de l’Usine (Genève).

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Note d'intention — extrait « La question n’est pas identitaire, celle qui crée une dichotomie entre Afrique et Europe, entre Noir et Blanc, c’est plutôt la question des identités multiples qui façonnent un être humain, qui se jouent dans les corps.

 vendredi 16 novembre à 21h samedi 17 novembre à 19h  Friche la Belle de Mai salle Seita 41, rue Jobin 13003 Marseille  1h chorégraphie Tidiani N’Diaye avec Arthur Eskenazi Tidiani N’Diaye Création lumière Hugo Cahn vidéo, direction technique Olivier Heinry regards extérieurs Loïc Touzé, Christine Jouve, Fatou Traoré Production : copier coller Coproductions : BLONBA – Agence culturelle bamakoise/Mali, Théâtre de l’Arlequin/Morsang sur Orge, Théâtre de l’Abri/Genève Soutien : DRAC pays de la Loire (aide à a création)

Dès lors les deux grands thèmes abordés dans la chorégraphie sont le détournement et la multiplicité. Par la danse le tissu subit sa troisième transformation dans un jeu subtil de métamorphoses : il est tantôt lange, tantôt linceul, matière dansante. Il est aussi le lien entre les danseurs, cordon ombilical, camisole de force, corps drapé, statufié… � Tidiani N'Daye

Après 4 ans de formation en danse à Bamako, Tidiani N’Diaye obtient en 2009, le premier prix du Bal des Donkelaw organisée par l’Institut français de Bamako et Donko Seko avec sa première pièce Être Différent. Il entre au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers sous la direction d’Emmanuelle Huynh en 2011 et obtient le diplôme national supérieur de danseur professionnel. En septembre 2013, il entre au Centre National Chorégraphique de Montpellier au sein du master ex.e.r.ce sous la direction de Mathilde Monnier dont il sort diplômé en 2015. Depuis 2010, il mène des projets entre danse et art numérique. Il crée notamment la structure Copier Coller, centre de ressources multimédia et de création artistique qui mène des activités artistiques, culturelles, éducatives et sociales pour le développement et la valorisation de danse contemporaine en France et au Mali. La compagnie possède une antenne à Bamako qui a été crée en 2011 avec le soutien de la Cie Gilles Jobin. www.copiercoller.info

En coréalisation avec la Friche la Belle de Mai

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ARTS VISUELS

© DR

SOURCE ORIENTATIONS FOYER Ismaïl Bahri

TUNIS/PARIS

Si Orientations est un portrait de Tunis reflété dans un verre d’encre, Foyer semble être une projection sans film, où la seule chose visible est un écran blanc. Des voix habitent les images (quasi) vides, celles de personnes qui ont approché l’artiste entrain de filmer et lui ont demandé ce qu’il faisait. La caméra devient un point d’attraction autour duquel se réunir, écouter, échanger des impressions de la ville après la révolution. L’opacité qu’Ismaïl Bahri introduit dans ses films dévoile davantage que ne le feraient des images. Le spectateur est le témoin indirect de micro-événements qui remettent en question les conditions de sa vision, offrant la possibilité d’un renouvellement total de sa perception visuelle. Ce cycle, composé de trois films, nous plongent dans le langage cinématographique et trace une ligne hypothétique entre le calme instable de Tunis avant et après la révolution.

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Entretien avec Ismaïl Bahri à propos de Foyer « (...) j’aime beaucoup travailler en Tunisie et ce projet appelait spontanément à se faire dans son univers lumineux. Je suis d’abord parti retrouver une lumière. Filmer en Tunisie est pour moi naturel, c’est là où j’ai grandi, où se trouve ma famille. Puis j’ai compris que le fait d’obstruer la caméra était une façon de filmer sans saisir, de filmer sans ramener d’horizons ou de points de vues sur un réel que je ne me sens pas capable de fixer ou de définir. Le film part de cette incompétence d’une certaine façon et cherche un moyen formel d’en tirer profit. Foyer n’est pas un film sur la Tunisie. »  samedi 17 novembre 15h  Friche la Belle de Mai petit plateau 41, rue Jobin 13003 Marseille Soucre (2016) HD video - 16/9 Commande publique du Centre National des Arts Plastiques – Ministère de la Culture et de la Communication production : G.R.E.C avec le soutien du CNC. Collection La première image, 2016.

Ismaïl Bahri a étudié l’art à Paris et Tunis, d’où il est originaire. Son œuvre s’ouvre à de multiples références culturelles et esthétiques et développe des expérimentations plasticiennes précises et sensibles. Leurs résultats prennent la forme de dessins, de vidéos, de photographies, d’installations ou encore d’hybridations entre ces différents supports. Le travail d'Ismaïl Bahri a été montré dans divers lieux tels que le le FID à Marseille, Les églises de Chelles, le Collège des Bernardins (Paris), la Cinémathèque de Tanger, la Staatliche Kunsthalle (Karlsruhe), Kunst Im Tunnel (Düsseldorf), la Centrale électrique (Bruxelles), le British Film Institute (Londres), la Fondazione Mertz (Turin), ou la Calouste Gulbenkian Foundation (Lisbonne).

Orientations (2010) Vidéo Hdv couleur — 16/9 20 min.

Foyer (2016) 32 min. langue originale : Arabe tunisien production : Spectre en coproduction avec La Fabrique Phantom producteur : Olivier Marboeuf producteur associé : Cédric Walter

En coréalisation avec la Friche la Belle de Mai

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LEC TURE

En collaboration avec

© Sellig Nossam

LA CLAIRIÈRE DU GRAND N'IMPORTE QUOI

Alain Béhar

BÉZIERS

Une sorte de conte, à conter sur un plateau ou sous un arbre. Il y est question entre autres choses d’une Afrique fantasmée, de catastrophes planétaires en tous genres, de gens qui migrent vers l’imaginaire et d’un grand bateau en papier qui accueille tous les métissages. Alain Béhar et la compagnie Quasi feront régulièrement cette saison des lectures publiques de ce nouveau texte, de plus en plus mises en espace ou « performées ». Dans des contextes divers, à l’issue de courtes résidences. Dans des théâtres, des bibliothèques, des librairies, des cafés, chez des gens… Biensûr pour le faire entendre ici et là, mais aussi en imaginant ces lectures peu à peu augmentées, de moins en moins lues, comme le processus de fabrication d’un spectacle qui verra le jour l’été ou l’automne 2019.

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Extrait

 mercredi 21 novembre à 20h30  Montévidéo Centre d'art 3 impasse Montévidéo 13006 Marseille  1h15

« En 2043, il semble qu’un truc en général s’est détraqué plus vite qu’on ne le pensait en particulier, et pas du tout comme on croyait le savoir. Il y a eu une inversion du système des vents des courants et des flux. Quoi qu’on en pense, ça reste difficile à concevoir sur un seul niveau de réalité. L’évolution inéluctable des tendances fâcheuses, peut-être, la colère des poissons, la fin d’un cycle prévisible ou bien la vérité des trous noirs, on n’en sait rien… Tout cela invite à rester modeste, à tous les niveaux… Peut-être simplement une image folle dans le mauvais rêve d’un autre, ou un essai atomique de trop dans les profondeurs des Bermudes... Peut-être à cause d’un chef idiot du Levant du nord ou bien d’un autre vers le Couchant très à l’ouest. On ne sait pas. La terre, en tous cas, s’est mise à tourner sur elle-même dans l’autre sens et autour d’autre chose. »

texte Alain Béhar avec Alain Béhar

Alain Béhar se consacre, à partir de 1998, à la mise en scène de ses propres textes. Avec sa compagnie Quasi, il crée quatre pièces depuis 2003 : Sérénité des impasses* 26 sorties du sens atteint, Des Fins (épilogues de Molière), une variation avec les 33 fins des 33 pièces de Molière, Manège et Mô.

avec la participation de Marie Vayssière Claire Eloy Cécile Marc (en cours) Production: Compagnie Quasi. Coproduction (en cours) : Les 13 vents CDN de Montpellier, Théâtre du Bois de l’Aune/ Aix en Provence Le texte de la pièce sera édité en janvier 2019 aux éditions Espace 34. La compagnie Quasi est conventionnée par la DRAC, subventionnée par la Région Occitanie et le département de l’Aude.

Ses spectacles sont présentés au Théâtre des Bernardines à Marseille, au Théâtre de la Cité internationale à Paris, au Festival d’Avignon, au Théâtre Garonne à Toulouse, au TNB à Rennes, au Quartz de Brest, aux Subsistances à Lyon, au Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, à L’Échangeur à Bagnolet, à la Scène Nationale de Dieppe, au Théâtre de l’Université Paul Valéry à Montpellier… A l'automne 2017, il écrit, crée et joue dans Les Vagabondes, spectacle dans lequel Montaine Chevalier partage la scène avec lui.

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PERFOR MANCE

© DR

AS FAR AS MY FINGERTIPS TAKE ME

Tania El Khoury

BEYROUTH

À la croisée des arts plastiques et de la performance, les expériences proposées par Tania El Khoury, artiste installée entre Beyrouth et Londres, sont souvent une aventure solitaire pour le spectateur. Pour commencer, tu mets un casque sur ta tête et tu glisses ton bras dans un trou à travers le mur. Une voix te parle. Elle est toujours là, douce, elle te guide. Des doigts vont te toucher, puis c’est une pointe qui te mord l’avant-bras. L’ambiguïté des sensations te plonge dans un trouble. Ta peau plie sous la pression, digitale et métallique, appliquée et continue, mais il n’y a pas de douleur. La voix s’est mise à te raconter une histoire, avec des mots et en chanson. In the boats, all the faces are stressed / Holding their breaths / Bracing their wounds / They've heard so much gunfire / They no longer feel anything (Dans les bateaux, tous les visages sont tendus / Retenant leur souffle /Pansant leurs blessures / Ils ont entendu tellement de coups de feu / Ils ne ressentent plus rien). C’est un récit de notre temps, récit de migration obligée, commun et improbable, vécu, si actuel. La voix est celle de Basel Zaraa, un artiste palestinien, et il a dessiné quelque chose sur ton bras. Toi tu repars avec cette encre sur la peau. Combien de temps tiendras-tu sans regarder le petit dessin sur ton bras ? As-tu déjà saisi que tu emportes aussi ses empreintes à lui, le réfugié, noyées dans l’encre ?

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 jeudi 22 et vendredi 23 novembre de 17h à 21h samedi 24 novembre de 15h à 19h  Friche la Belle de Mai Studio 41, rue Jobin 13003 Marseille

Tania El Khoury crée des installations et des performances interactives qui sollicitent activement le spectateur. Son travail a été présenté partout dans le monde, dans des lieux très divers, du musée au téléphérique. Tania El Khoury a remporté le prix international de l’art vivant, le prix du Total Theatre pour la catégorie de l’innovation et le prix Arches Brick. Associée au Forest Fringe au Royaume-Uni, elle est aussi cofondatrice du Dictaphone Group, collectif de recherche urbaine et de performances in situ, à Beyrouth. Elle est titulaire d’un doctorat en études théâtrales de Royal Holloway, Université de Londres, où elle a été financée par Arts and Humanities Research Council.

10 minutes  performance pour un spectateur

Conception Tania El Khoury Avec Basel Zaraa Musique Basel Zaraa (chant, basse et clavier), Emily Churchill Zaraa (chant) et Katie Stevens (flûte et clarinette) production : lattitudes contemporaines En coréalisation avec la Friche la Belle de Mai

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THÉÂTRE DANSE

© DR

TROP D'INSPIRATION PIÉCE D'ACTUALITÉ N°11

Monika Gintersdorfer Franck Edmond Yao

BERLIN

BERLIN

Après avoir créé La Jet Set, qui revenait sur l’histoire du Coupé décalé, né dans la diaspora ivoirienne à Paris, Monika Gintersdorfer et Franck Edmond Yao souhaitent continuer à rendre hommage à cette culture musicale et à ce style de danse qui font vibrer les nuits d’Abidjan et de Paris. Cette fois, ils élargissent leur recherche à des tendances plus récentes, comme l’Afropop, et collaborent avec les membres les plus jeunes de leur nouveau groupe, LA FLEUR. N’dombolo, Coupé décalé, rap français et trap américain se mêlent avec bonheur et audace pour produire ces nouveaux sons et ces nouvelles danses. Les dédicaces (l’atalakou), les textes et les punchlines de ces morceaux portent la voix d’une nouvelle génération qui peut parler tout autant de la vie dans les banlieues françaises que de leurs pays d’origine. Dans la pièce, des jeunes amateurs de la région marseillaise occuperont le plateau avec les danseuses /danseurs /chorégraphes les plus « dangereux » du Coupé décalé : Alaingo, Annick Choco, Misha, Ordinateur ! Une rencontre explosive où danse et musique dépassent les frontières internationales. Le spectacle a été créé le 17 mars 2018 à La Commune, centre dramatique national (Aubervilliers).

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Le N’dombolo Le N’dombolo Le N’dombolo est un style lui-même assez jeune, qui découle de la rumba congolaise et du soukous. Le but du N’dombolo est de faire danser dans une forte ambiance, durant laquelle intervient un « animateur » : à la fois chanteur, joueur de hochets et danseur. Aujourd’hui, le N’dombolo est de plus en plus imprégné d’influences de la culture rap et l’animateur peut parfois être un DJ rappeur.

Le Coupé-Décalé Contrairement à la plupart des styles musicaux qui naissent en Côte d’Ivoire avant de s’exporter, la culture coupé-décalé, elle, voit le jour dans la diaspora ivoirienne en France avant d’arriver en Côte d’Ivoire et de s’étendre encore plus sur le continent africain. Le mouvement coupé-décalé naît au début des années 2000, quand de jeunes ivoiriens vivant à Paris et dans sa banlieue forment un groupe appelé «La Jet Set». Le coupé-décalé est le fruit de leur volonté d’en mettre plein les yeux à tout le monde à travers des virées nocturnes dans les boîtes de nuit africaines.

L’Afrotrap  jeudi 22 novembre à 20h + rencontre* vendredi 23 novembre à 20h30  Friche la Belle de Mai Grand Plateau 41, rue Jobin 13003 Marseille conception et mise en scène Monika Gintersdorfer Franck Edmond Yao alias Gadoukou La Star avec Alaingo, Annick Choco, Mishaa, Ordinateur et en alternance ATL_DBA, Diaman, Dikoane, Adja Raï, Feu Rouge, Hamed, Mamba, Mini Zota, Mya, Mooki Snoup, Lika, Queen Das, Stéphane (Excès), Vitalina, Wizlex arrangement son Max Hero costumes BOBWEAR vidéo Lingobi production La Commune CDN d’Aubervilliers En coréalisation avec la Friche la Belle de Mai

L’ afrotrap est un style de musique mêlant l’afrobeat et le trap. L’afrobeat, crée par Fela Kuti et popularisé en Afrique dans les années 70, mélangeait musique traditionnelle nigériane, jazz, highlife, funk, chant et percussion. Le trap est une nouvelle esthétique du rap, devenue dominante dans le hip hop, depuis 2010. Beaucoup considèrent qu’elle a notamment bouleversé le rap français. L’afrotrap surgi avec le très jeune rappeur français d’origine guinéenne MHD.

L’Afropop L’afropop panache tous les courants de musique pop américaine et africaine : il puise dans les rythmiques traditionnelles l’afrobeat de Fela Kuti, le hip-hop et l’électro, avec des touches de rumba congolaise et de coupédécalé ivoirien. LA FLEUR Depuis 2005, la metteuse en scène Monika Gintersdorfer crée des pièces au sein du groupe ivoiro-allemand Gintersdorfer/Klaßen, dont l’un des piliers est Franck Edmond Yao alias Gadoukou la Star, acteur-danseur-chorégraphe. Ensemble, ils explorent l’univers artistique et les stratégies développées par les artistes ivoiriens pour percer et se faire un nom. Ils fondent le collectif LA FLEUR en 2016 avec le désir de réunir une constellation de personnes qui fréquentent la capitale française et de rassembler deux générations de coupédécalé : les plus âgés sont chanteurs, danseurs, animateurs et chorégraphes et animent depuis les années 2000 les nuits de la diaspora ivoirienne à Paris ; les plus jeunes se sont formés dans la légendaire Rue Princesse à Abidjan et se produisent à présent régulièrement en France. * RENCONTRE BORD DE SCÈNE Le 22 novembre à l'issue de la représentation, rencontre avec Monika Gintersdofer et Joachim Umlauf (directeur du Goethe Institut Lyon et Marseille).

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LEC TURE

© DR

CONTRE-ENQUÊTE

Nicolas Stemann

BERLIN

Lecture d'extraits de Meursault contre-enquête de Kamel Daoud et autres textes

Nicolas Stemann s’inspire du célèbre roman de Kamel Daoud qui fait parler le prétendu frère de l’arabe tué par Meursault, le héros de L’Étranger de Camus et orchestre un jeu théâtral, aussi ludique que critique, pour interroger les rapports entre les cultures occidentales et arabes. Dans L’Étranger, Meursault tue, un dimanche après-midi, l’Arabe à qui Albert Camus ne donne pas de nom. Dans Meursault contre-enquête, l’auteur algérien Kamel Daoud fait parler le prétendu frère de cette victime anonyme dont le crime est à l’origine de la profonde réflexion métaphysique du colon français sur la place de l’homme dans le monde. Dans cet hommage critique à Albert Camus, il pointe hypocrisies et responsabilités autant du côté de la France que de l'Algérie. Le metteur en scène allemand Nicolas Stemann prend pour point de départ ce roman qui révéla l’écriture incisive de Kamel Daoud et poursuit son décryptage du sous-texte postcolonial et néolibéral qui sourd derrière l’actualité sociopolitique de l’Europe contemporaine. Y aurait-il un lien entre la folie d’attentats apparemment motivés par la religion et l’histoire refoulée de l’oppression et du mépris coloniaux ? Cette lecture est issue d’une première résidence de répétitions pour le spectacle Contre-enquête mis en scène par Nicolas Stemann, Contre-enquête sera créé en mars 2020 au Théâtre Vidy-Lausanne en collaboration avec le Schauspielhaus de Zurich.

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Extrait

 samedi 1er décembre 19h30  Friche la Belle de Mai Petit plateau 41, rue Jobin 13003 Marseille

« Étrange histoire, non ? Récapitulons : on a là des aveux, écrits à la première personne, sans qu’on n’ait rien d’autre pour inculper Meursault ; sa mère n’a jamais existé et encore moins pour lui ; Moussa* est un Arabe que l’on peut remplacer par mille autres de son espèce, ou même par un corbeau ou un roseau, ou que sais je encore ; la plage a disparu sous les traces de pas ou les constructions de béton ; il n’y a pas eu de témoin sauf un astre – le Soleil ; les plaignants étaient des illettrés qui ont changé de ville ; et enfin, le procès a été une mascarade, un vice de colons désœuvrés. Que faire d’un homme que vous rencontrez sur une île déserte et qui vous dit qu’il a tué, la veille, un Vendredi ? Rien. » Kamel Daoud, Meursault contre-enquête, Barzakh / Actes Sud, 2014.

 en français

* Moussa est le prénom que le personnage du roman donne à son « frère » assassiné.

Mise en scène et scénographie Nicolas Stemann Assistanat à la mise en scène Mathias Brossard Avec Mounir Margoum (en cours) Production Théâtre Vidy-Lausanne, Schauspielhaus Zürich

En coréalisation avec la Friche la Belle de Mai

L’Allemand Nicolas Stemann s’intéresse aux classiques du répertoire autant qu’aux écritures contemporaines, avec une prédilection pour celle d’Elfriede Jelinek. Chaque projet est l’occasion de réinterroger la forme théâtrale en convoquant à l’envi codes et outils disponibles, révélant l’actualité des enjeux d’une oeuvre tout en la questionnant. Il met en place une utilisation très musicale du texte théâtral, le considérant avant tout comme une partition, s’affranchissant de la contrainte des personnages. Dès 2002, il se fait remarquer par des mises en scène particulièrement libres d’Hamlet et des Souffrances du jeune Werther à Hanovre et, dix ans plus tard à Avignon, avec Les Contrats du commerçant de Jelinek et l’intégrale de Faust.

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CINÉ MA

sortie nationale

PAR COURS 1

En collaboration avec

SAMOUNI ROAD

Stefano Savona

PALERME

 mercredi 7 novembre à 19h30  Cinéma Le Gyptis

Dans la périphérie rurale de la ville de Gaza, la famille Samouni s’apprête à célébrer un mariage. C’est la première fête depuis la dernière guerre. Amal, Fouad, leurs frères et leurs cousins ont perdu leurs parents, leurs maisons et leurs oliviers. Le quartier où ils habitent est en reconstruction. Ils replantent des arbres et labourent les champs, mais une tâche plus difficile encore incombe à ces jeunes survivants : reconstruire leur propre mémoire. Au fil de leurs souvenirs, Samouni Road dresse un portrait de cette famille avant, pendant et après l’événement qui a changé leur vie à jamais. Samouni Road a été présentée à la Quinzaine des Réalisation lors du Festival de Cannes 2018.

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L’HÉROÏQUE LANDE, LA FRONTIÈRE BRÛLE

THE CONGO TRIBUNAL

Milo Rau

BERLIN/ZURICH

Nicolas Klotz PARIS Elisabeth Perceval

 mardi 20 novembre à 19h30  Cinéma Le Gyptis

PARIS

 dimanche 25 novembre à 16h30  Cinéma La Baleine

The Congo Tribunal montre les raisons et les causes d’une des guerres économiques les plus sanglantes de notre histoire à travers un extraordinaire projet transmédia.

En hiver 2016, la Jungle de Calais est une ville naissante en pleine croissance où vivent près de 12 000 personnes. Au début du printemps, la zone Sud, avec ses commerces, ses rues, ses habitations, sera entièrement détruite. Les habitants expulsés déplacent alors leurs maisons vers la zone Nord, pour s’abriter et continuer à vivre. En automne, l’Etat organise le démantèlement définitif de la Jungle. Mais la Jungle est un territoire mutant, une ville monde, une ville du futur ; même détruite, elle renait toujours de ses cendres. Tourné avec des jeunes gens pris dans le tumulte des guerres, des violences policières, et leurs tentatives de traverser la frontière vers l’Angleterre, L’Héroïque Lande pourrait être un épisode ignoré de l’Odyssée d’Homère.

Depuis plus de 20 ans, une guerre civile complexe a transformé une région de la taille de l’Europe occidentale en un enfer sur terre. Déclenchée par le génocide rwandais en 1994, la « troisième guerre mondiale », comme est aussi appelée la guerre du Congo, a déjà coûté la vie à 6 millions de personnes. De nombreux observateurs y voient non seulement une lutte pour la dominance politique de l’Afrique centrale, mais aussi un massacre pour la répartition des ressources économiques à l’ère de la mondialisation. Car les raisons de cette guerre ne sont plus depuis longtemps seulement des conflits ethniques, mais les matières premières indispensables aux technologies contemporaines. Nulle part ailleurs dans le monde, les intérêts globaux de toutes les grandes puissances économiques se chevauchent autant avec les revendications locales, le passé colonial et le présent postcolonial. Cette guerre économique, la plus sanglante de l’histoire de l’humanité, déciderait-elle de l’avenir économique de la communauté internationale ?

En présence des réalisateurs (sous réserve).

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CINÉ MA PAR COURS 2

© DR

DES MOUTONS ET DES HOMMES

En collaboration avec

Karim Sayad

 samedi 10 novembre à 17h  Vidéodrome 2 Alger, 2016. Habib, 16 ans, rêve de devenir vétérinaire. Mais il a arrêté l’école et décide d’entraîner un bélier nommé El Bouq espérant en faire un champion de combats de moutons. Samir, 42 ans, n’a plus d’autres rêves que de survivre aux difficultés de son quotidien en vendant des moutons pour gagner un peu d’argent. Alors que l’Aïd approche et que tout le pays s’apprête à sacrifier un mouton, une occasion unique s’offre à Samir d’augmenter ses bénéfices.

Ce corpus de films documente l’histoire d’individus marginalisés par la société qui, parfois avec la complicité du réalisateur, transforment leur quotidien, transcendant la réalité jusqu’à créer un monde onirique. De la périphérie de Beyrouth à Alger en passant par Philadelphie*, une utopie urbaine où se côtoient cow-boys et dresseurs de moutons, stars hollywoodiennes et personnages bibliques.

* Cf Horse Day de Mohamed Bourouissa page 6.

Des Moutons et des Hommes raconte la relation contradictoire de Samir et Habib aux moutons qu’ils élèvent à travers l’empathie de ces hommes envers leurs béliers et leur capacité à les soumettre à des rituels violents et codifiés dans l’Algérie de 2017. Des Moutons et des Hommes pose un regard sur ces hommes sacrifiés, les violences infligées aux moutons et celles vécues par leurs maîtres au quotidien. Un portrait intime d’hommes marginalisés, d’une violence codifiée où les démonstrations extérieures de masculinité cachent des dimensions plus profondes d’impuissance face à la répression.

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© DR

© DR

SANS BRUIT, LES FIGURANTS DU DÉSERT

ROOM FOR A MAN

Anthony Chidiac

Collectif MML

 dimanche 11 novembre à 18h

 dimanche 11 novembre à 20h

 Vidéodrome 2

 Vidéodrome 2

La ville marocaine d’Ouarzazate et ses alentours farouchement arides ont été le territoire de très nombreuses productions cinématographiques internationales, et les gens de la région sont devenus « les figurants du désert ». Les cinéastes Michał Mądracki, Maciej Mądracki et Gilles Lepore leur consacrent un film singulier, où se brouillent les frontières entre réalité et fiction.

Dans l’appartement d’une banlieue de Beyrouth où il vit avec sa mère et son chien, Anthony Chidiac tente de reconstruire son identité à travers la reconstruction de sa chambre. Cette chambre, à la fois refuge et prison, sera le décor d’une grande partie du film. Nous sommes au Liban, dans une famille fière de son nom et de ses ancêtres. Une famille conservatrice, où tout n’est pas permis. Surtout pas l’homosexualité... Dans ce film-essai profondément intime, le réalisateur s’empare brillamment du cinéma pour en faire un outil de réflexion, un moyen de survie et de résistance, une ouverture sur le monde. La visite d’ouvriers syriens, un album de famille, un appel par Skype ou une quête en Argentine sont autant d’éléments qui constituent le tableau bouleversant d’une existence brimée, mue par le désir de fuir. Room for a man est l’essai intimiste d’un jeune homme qui questionne la masculinité.

Sans bruit, les figurants du désert cherche à capter l'atmosphère d'un territoire singulier où la production cinématographique s'est immiscée dans la culture locale et entretient une histoire commune depuis plus d'un siècle. Depuis 2008, Gilles Lepore (artiste et réalisateur), Maciej (réalisateur) et son frère Michal Mądracki (écrivain et scénariste) crééent le collectif MML avec l’objectif de réaliser des vidéos et films expérimentaux. Leur travail s’intéresse à des communautés spécifiques, avec lesquelles ils développent des relations sur plusieurs années afin d’élaborer une narration qui mêlent l’imaginaire et le réel. Leur premier film The Work of Machines (Praca Maszyn, 2010) a remporté le Grand Prix du FID en compétition internationale

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MUSI QUE

CONCERT DE CLÔTURE Programmation en cours...

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PARTENAIRES Institutionnels

En coréalisation avec

Médias (en cours)

En 2018, Les Rencontres à l’échelle bénéficient du label EFFE — Europe for Festivals, Festivals for Europe. Lancé par European Festivals Association avec le soutien de la Commission européenne, le label EFFE distingue les festivals pour leur aspect novateur, la promotion de la création artistique et leur influence à l’échelle locale, nationale et internationale.

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#echelle2018

Les Bancs Publics association rĂŠsidente de La Friche la Belle de Mai 41 rue Jobin - 13003 Marseille - France +33(0)4 91 64 60 00 - lesbancspublics.com - contact@lesbancspublics.com


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