Catalogue des dipl么m茅s 2011
Catalogue des diplômés 2011 École nationale supérieure des Arts Décoratifs
Préface
Cette deuxième édition du Catalogue des diplômés présente les Grands projets (projets de diplôme) des étudiants de la promotion 2011 et rappelle l’intitulé du mémoire accompli par chaque diplômé. Obtenu à l’issue de cinq années d’études, s’inscrivant dans le cadre de la réforme de l’enseignement supérieur européen (LMD) et reconnu au grade de master, le diplôme de l’École est attribué aux étudiants ayant soutenu avec succès leur mémoire ainsi que leur Grand projet. La promotion 2011 était constituée de 123 étudiants répartis dans les dix secteurs de formation de l’École. Très diverses, affirmant des choix souvent insolites, faisant la place à la provocation ou à l’utopie, ces créations s’appuient sur une analyse de la société d’aujourd’hui. Inspirées par une vision parfois sombre, parfois critique, parfois souriante, elles portent la marque de personnalités prêtes à s’engager dans le futur. Je tiens ici à remercier tous les membres des jurys pour l’attention qu’ils ont bien voulu consacrer à ces travaux, et en particulier leurs présidents. Ainsi réunis dans ces pages, tous ces projets témoignent de la pluralité des démarches et de la singularité des créations qui se développent au sein de l’École . Geneviève Gallot, Directrice de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs
Secteurs et jurys
Architecture intérieure (29 > 30 juin 2011) Cette discipline conduit à imaginer des espaces à vivre, nouveaux, au carrefour des arts plastiques, décoratifs et industriels. Président : François Champsaur, architecte décorateur Personnalités qualifiées : Ricardo Busualdo, maîtrise d’ouvrage conseil ; Christophe Lab, architecte, auteur, producteur Enseignants : Fabrice Dusapin, Marc Iseppi, Stéphane Degoutin Art espace (9 > 10 juin 2011) Ce secteur forme des plasticiens aptes à intervenir dans les espaces de l’art, naturels ou urbains, publics ou privés. Président : Fabrice Hyber, artiste Personnalités qualifiées : Jakob Gautel, artiste ; Valérie Labayle, chargée des commandes et résidences d’artistes au MAC VAL Enseignants : Catherine Strasser, coordonnateur du secteur ; Élisabeth Ballet, Roland Schar Cinéma d’animation (28 > 30 juin 2011) L’enseignement vise à développer une maîtrise de l’expression par l’image en mouvement, ayant pour objectif la créativité et l’innovation. Président : Patrick Barres, professeur des universités, arts appliqués, arts plastiques, Université Toulouse-II – Le Mirail Personnalités qualifiées : Solweig von Kleist, réalisatrice ; Christian Pfohl, producteur Enseignants : Georges Sifianos, Serge Verny, coordonnateur du secteur ; Paul Sztulman
Design graphique / multimédia (29 > 30 juin 2011) L’apprentissage du graphisme couvre l’ensemble des outils de conception et de production liés au support papier et au multimédia. Président : Renaud Huberlant, designer, fondateur du studio Salut Public, Bruxelles Personnalités qualifiées : Catherine de Smet, historienne du graphisme et critique d’art ; Emmanuel Bérard, directeur Marketing, Communication et Activités culturelles Artcurial Enseignants : Ruedi Baur, Philippe Millot, Isabelle Guédon Design objet (28 > 29 juin 2011) Ce secteur intègre les différentes pratiques contemporaines du design : design de services, design industriel, design mobilier. Président : Chantal Hamaide, rédacteur en chef de Intramuros Personnalités qualifiées : Karin Aubertin, designer IKEA France ; Constance Guisset, designer Enseignants : Roland Schär, Patrick Renaud, coordonnateur du secteur Design textile et matière (17 juin 2011) La formation suit une progression qui va de la connaissance des composantes du textile à son exploitation créative en intégrant les contraintes techniques, industrielles et économiques. Président : Martine Sitbon, créatrice de mode ; Vice-président : Virginie Motte, Maison BHV / Galeries Lafayette Personnalités qualifiées : Céline Toledano, directrice des études à l’ECSCP ; Caroline Naphegyi, directrice artistique de la galerie du Laboratoire Enseignants : Isabelle Guédon, Côme Touvay, Pascale Lion
Secteurs et jurys
Design vêtement (29 juin 2011) La formation prépare à tous les types de production, de la série à la pièce unique, en passant par la prospective liée au vêtement, à la mode, aux accessoires. Président : Jean-Charles de Castelbajac, couturier, designer Personnalités qualifiées : Catherine Schwaab, rédactrice en chef à Paris Match, auteur de Fashion mode d’emploi Enseignants : Anne Ferrer, Gilles Rosier, Marc Thébault Image imprimée ( 15 > 17 juin 2011) Ce secteur a pour vocation la formation de concepteurs-créateurs d’images avec comme base le dessin. Président : Emmanuelle Beulque, éditions Sarbacane Personnalités qualifiées : Loran Stosskopf, directeur artistique de Télérama ; Éric Corne, artiste peintre Enseignants : Jean-Louis Pradel, coordonnateur des Sciences humaines ; Laurent Corvaisier, Hiroshi Maeda Photo / vidéo (7 > 8 juin 2011) La formation dispensée a pour objectifs la réalisation et la finalisation de projets photo et vidéo, tant dans le champ artistique que dans celui du documentaire ou de la communication. Président : Olivier Richon, responsable du département Photo, Royal College of Art, Londres Personnalités qualifiées : Pascale Cassagnau, critique d’art ; Christian Merlhiot, réalisateur Enseignants : Thomas Bauer, Florence Doléac, Florence Paradeis
Scénographie (29 juin 2011) Art de la représentation, la scénographie requiert la mobilisation potentielle de toutes les formes expressives au service d’une tension dramaturgique entre un espace et une narration. Président : Marie-Christine Soma, éclairagiste Personnalités qualifiées : Hélène Fulgence, directrice des expositions au musée du quai Branly ; Didier Flamand, comédien, metteur en scène Enseignants : Bernard Schira, Denis Pegaz-Blanc, Raymond Sarti
Diplômés 2011
A Nathanaël Abeille > 1 Laura Acquaviva > 2 Fanny Adam > 3 Liberty Adrien > 4 Juanita Arboleda > 5 Aliénor Arnoux > 6 Rita Atiyeh > 7 Marine Aurousseau > 8 Mariette Auvray > 9
D Christian Debbane > 34 Maria Delamarre > 35 Anne-Line Desrousseaux > 36, 109 Hugo Deverchère > 37 Mathilde Dien > 38 Elsa Di Venosa > 39 Gervaise Duchaussoy > 40 Antoine Durand > 41 Margaux Duroux > 42
B Meriem Bennani > 10 Adrien Bonnerot > 11 Capucine Bonneterre > 12 Zoé Boucher > 13 Morgane Bouthors > 14 Jérémy Boy > 15 Delphine Breissand > 16, 47 Steven Briand > 17 Olivier Brichet > 18 Marie Bruel > 19 Pauline Buet > 20
E Bénédicte Enou > 43 Alexandra Épée > 44
C Vincent Capmartin > 21 Jean Carlier > 22 Isabelle Carré > 23 Lucie Casali > 24 Anaïs Caura > 25, 116 Vincent Champenois > 26 Benjamin Charbit > 27 Adeline Charpentier > 28 Mahrez Cherfa > 29 Camille Chevrillon > 30 Angèle Chiodo > 31 Fabien Cosson > 32 Jean-Marie Couchouron > 33
> Projet, collaboration
F Nicolas Fernandez > 45 Ulysse Fiévé > 46 Laure Fissore > 16, 47 Helena Front > 48 G Cécile Gasseng > 49 Mathilde Gaudin > 50 Alexine Gérard > 51 Lia Giraud > 52 Gwenaëlle Goaziou > 53 Jérémy Gobé > 54 Camille Grégoire > 55 Étienne Guignard > 56 H Lucina Hartley-Koudelka > 57 Marie-Charlotte Hébert > 58 Claudia Herbreteau > 59 Emmanuel Honoré > 60 J Marie Jacotey-Voyatzis > 61 Laure Jaffuel > 62 MinHee Jung > 63
A–Z
L Tristan Lahoz > 64 Jade Le Kim > 65 Morgane Le Péchon > 66 Swan Lenczner > 67 Sandra Lipovetsky > 68 Cerise Lopez > 69 Nickolas Lorieux > 70 Perrine Lucain > 71 M Tristan Maillet > 72, 73 Marco Maione > 72, 73 Giulia Manset > 74 Sophie Marouby > 75 Alexis Masurelle > 76 Alexandre Mayeur > 77 Pierre Mazingarbe > 78 Estelle Meissonnier > 79 Victor Melchy > 80 Chéryl Menguy > 81 Leïla Mérou > 82 Sanaz Momtaz > 83 Flore Mounier > 84 Laura Mussard > 85 N Christine Ngono Effa > 86 Mathilde Nocquet > 87 Adrienne Nowak > 88 P Agnès Patron > 89 Marine Perault > 90 Jules Philippe > 91 Laura Prenel > 92 Benoît Pype > 93
R Bérénice Rapegno > 94 Flora Rich > 95 Yonah Riollet > 96 Sandra Rivaud > 97 Émilie Robin > 98 Camille Rosset > 99 S Virginie Sanseigne > 100 Astrid Sarkissian > 101 Delphine Sauvaget 102 Georgiana Savuta > 103 Jonas Schloesing > 104 Virginie Schmitt > 105 Astrid Séfiane > 106 Pierre Seinturier > 107 Xavier Servas > 108 Julie Slowey > 36, 109 Thomas Stavridis > 110 Arthur Stehelin de Taisne > 111 T Tu Tang 112 Flora Tanguy > 113 Jeanne Teston > 114 Antoine Timsit > 115 Bulle Tronel > 25, 116 Charline Troutot > 117 V Hubert Van Rie > 118 Gianna Van Tienhoven > 119 Romain Vaulont > 120 Lucille Vrignaud > 121 W Marie Wilhelm > 122 Z Anastasia Zimikhina > 123
1 Nathanaël Abeille Design objet Erreur Mémoire dirigé par Hiroshi Maeda Réflexion Il est si bon de recevoir du soleil quand il fait beau. Tout espace est transcendé lorsqu’un rayon solaire le traverse. Pourtant, en ville, rares sont les habitations qui bénéficient du soleil tout au long de sa course. Réfléchissons à la place de la lumière naturelle en milieu urbain. « Sans soleil, la vie s’étiole » (Charte d’Athènes). Réflexion est un projet de recherche visant à favoriser la circulation de rayons solaires en zone d’ombre. C’est un système de réflecteurs qui permet de renvoyer la lumière d’une façade ensoleillée vers un habitat situé à l’ombre. Il s’agit d’un design « d’objet » à greffer sur les bâtiments, en fonction de leur orientation. À l’échelle urbaine, Réflexion est un principe de revêtement de façade : pavé de verre, béton coffré ou parement en grès émaillé. À l’échelle domestique, c’est un petit réflecteur, ludique.
1 Nathanaël Abeille Design objet
Réflexion Principe du projet, test de réflexion du pavé de verre à l’échelle 1, réflecteur d’intérieur
2 Laura Acquaviva Image imprimĂŠe
New York, portraits
2 Laura Acquaviva Image imprimée Derrière la vitre Mémoire dirigé par Denis Pérus New York, portraits New York, le voyage, l’ailleurs, l’étranger, l’Autre… Partir, quitter ses proches, s’éloigner, se confronter à ses faiblesses, à sa solitude. Partir, c’est se découvrir un peu. Mais autour de soi combien d’autres solitudes ! Tous ces gens jusqu’alors inconnus me deviennent proches. Qui sont-ils ? Quelle est leur vie ? Quelle est leur histoire ? Techniques et matériaux utilisés : techniques mixtes, gravure, sérigraphie, peinture
3 Fanny Adam Design objet Vivre dans un petit espace Mémoire dirigé par Anna Lalanne-Bernagozzi Daylit. Optimiser l’espace grâce à un mobilier convertible pérenne et à moindre prix Dans la ligne de mon mémoire autour de l’habitation dans des situations urbaines de manque d’espace, j’ai souhaité réfléchir sur l’optimisation du confort dans ce contexte. Après de nombreuses recherches de problématiques, je me suis engagée dans la conception d’un nouveau canapé convertible, archétype de ces petits espaces. En effet, ce canapé transformable en lit que nous avons tous testé, s’achète souvent par nécessité et non par envie et c’est sur ce dernier point que j’ai travaillé. J’ai voulu réaliser un canapé convertible qui suscite l’envie chez l’utilisateur et devient l’élément central de notre espace par les fonctions qu’il propose, sa position et son style. Aujourd’hui, mon projet se dessine autour de quatre fonctions principales – la détente par le canapé, le repos par le lit, le repas et le travail par la table – réunies en un seul objet central et convertible. De bonne qualité, il est conçu pour une grande simplicité d’utilisation, être accessible au plus grand nombre et différent des autres canapés-lits existants. L’incorporation d’une table haute et d’accoudoirs amovibles en tête de lit et lumineux en font un mobilier de typologie convertible optimisée, et dont l’usage génère une ambiance conviviale. Techniques et matériaux utilisés : accoudoirs, tiroirs et table en contreplaqué recouvert de Formica® post-formable, structure en tube d’acier carré, matelas en mousse polyéther de 40 kg / m3, housse en polyester enduit « Silvertex » Partenaires : Formica® (créateur de stratifié décoratif), José Dos Santos (employé chez Vecteur, fabricant de canapés convertibles), Alexandre Lemainque (tapissier), les techniciens de l’EnsAD
3 Fanny Adam Design objet
Daylit. Optimiser l’espace grâce à un mobilier convertible pérenne et à moindre prix Format lit, table permettant de travailler et de prendre un repas, tiroirs de rangement pour les accessoires de nuit
4 Liberty Adrien Design objet
Fox Lima Fox. L’aviation dans l’habitat Lampe Lima, fauteuil Fox
4 Liberty Adrien Design objet Oppression & Création Mémoire dirigé par Olivier Peyricot Fox Lima Fox. L’aviation dans l’habitat Ce projet est né de ma fascination pour l’esprit de découverte et le génie des aventuriers qui élaborèrent les premiers avions. Ses codes, ses matériaux, ses astuces techniques et ses jeux de construction, nés de multiples expérimentations, ont déclenché mon désir de transposer cet univers dans l’habitat. Tout comme les malles Vuitton de la Belle Époque offrant au voyageur la possibilité de transporter avec lui son habitat, j’ai cherché à recréer avec le vocabulaire d’aujourd’hui deux éléments de cette sphère intime : une lampe isolant dans son faisceau de lumière un fauteuil pour le repos et la lecture. Une typologie d’objets mobiles contenant dans leur structure une modularité fonctionnelle permettant au nomade moderne de transporter son univers suivant ses envies. Le savoir-faire artisanal ainsi que la sensorialité de la matière, appuyée par le dialogue entre le cuir, gardant l’empreinte de la vie, et l’aluminium, insensible à l’usure du temps, suscitent une forme de durabilité par la matière mais également par l’usage. Ce projet est une recherche de compatibilité entre mobilier domestique, concept essentiellement figé, et besoin d’évasion actuel. Techniques et matériaux utilisés : structure et pièces techniques en aluminium, revêtement cuir Partenaires : Pascal Autissier (technicien), Serge Amoruso (sellier), Cédric Creutzer (antiquaire), John Adrien (ingénieur Dassault), Guillaume Fandel (photographe)
5 Juanita Arboleda Architecture intérieure La perception de l’espace culturel. Une promenade vers l’appropriation du savoir Mémoire dirigé par Roberto Ostinelli Las Bodegas del Ferrocarril : reconversion des entrepôts ferroviaires du Pacifique, création d’un centre culturel et de loisirs Le projet propose de reconvertir un vaste espace patrimonial, les anciens entrepôts de la gare ferroviaire du Pacifique, à Cali (Colombie), en un espace multifonctionnel caractérisé par la convergence de places et de coulées vertes. L’ambition est de créer un pôle d’activité, un organisme culturel qui soit l’incubateur d’activités humaines. Mais pourquoi le recyclage urbain ? Le terme de recyclage peut s’appliquer à plusieurs activités de la vie quotidienne, les disciplines comme l’architecture et l’urbanisme n’y faisant pas exception. Il peut aussi être compris comme la réutilisation de ce qui est souvent considéré comme relevant du déchet : il introduit la nécessité de développer de nouvelles réponses à ces complexes urbains, patrimoines de la nation, pourtant très obsolètes. Il s’agit de récupérer un site, aménagé en différentes occasions pour des usages divers, de manière à utiliser rationnellement les espaces et l’infrastructure disponibles. Depuis la clôture des entrepôts de la gare ferroviaire du Pacifique en 1990, nombre de propositions ont été formulées visant à redonner vie à une zone de plus en plus désertée et dégradée par le passage du temps et la négligence. Ces propositions vont de l’implantation d’une prison pour femmes, de la relocalisation du marché public pour les vendeurs ambulants jusqu’au « squat » pour SDF. Il faut réinjecter la vie dans un espace tombé dans l’oubli. Dans l’idée de proposer un programme architectural et fonctionnel répondant aux nouvelles attentes, un système a été mis en place pour stimuler les usages mixtes. D’abord par l’intégration d’activités privées et publiques propres à un site de rencontre et de mobilité dynamique. Des changements de la structure spatiale avec des retombées sociales évidentes permettent aux flux piétons de découvrir un site historiquement inaccessible. Cela en créant des axes principaux de circulation, sans empêcher la confluence vers le site des différentes artères de mobilité urbaine. Des travaux de paysagisme tout au long des rails du train permettent la création d’ un parc linéaire composé de jardins, terrasses couvertes et éléments architecturaux qui symbolisent l’idée d’une plateforme ouverte au passage et à la promenade. Techniques et matériaux utilisés : structure en canne de bambou, peau ou revêtement en tissage de tige de bambou
5 Juanita Arboleda Architecture intérieure
Las Bodegas del Ferrocarril : reconversion des entrepôts ferroviaires du Pacifique, création d’un centre culturel et de loisirs Vue extérieure vers l’extension, vue extérieure depuis l’extension, vue extérieure, vue intérieure, vue depuis le pont, vue de la plateforme
6 Aliénor Arnoux Cinéma d’animation
Éclipse
6 Aliénor Arnoux Cinéma d’animation Vado Mori Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte Éclipse Un jeune homme aux prises avec une maladie grave s’interroge sur la façon d’appréhender l’existence. Cherchant dans les mots une explication, une issue, il déroule ses pensées, alternant fulgurante lucidité et égarement rageur. Le fil de son récit est entrecoupé de deux interludes, parenthèses oniriques où se déploient ses angoisses et ses fantasmes. Le discours demeurant impuissant à l’aider, sans cesse parasité par ce corps souffrant qui accapare son être entier, il se perd peu à peu dans ce monologue qui se morcelle jusqu’au silence. J’ai affirmé l’aspect fragmentaire de ce portrait afin de rendre l’éclatement du personnage qui cherche, parmi les débris de son passé et les angoisses du présent, à reconstruire son identité. Ainsi le film est-il construit sur l’alternance du discours du jeune homme, explorant les possibilités de l’écriture pour chercher une issue à ses maux, et de ces brèches ouvertes par le songe, qui laissent entrevoir les abîmes où il se débat. Dans le temps distendu et l’espace incertain où le personnage demeure suspendu, hors du monde, il m’importait cependant de garder le réel comme matériau principal. Je me suis donc orientée vers la vidéo, qui me permettait de jouer avec la surface de cet être, que la maladie a réduit à son corps, et qui cherche sa place dans le monde qui l’entoure. Tantôt en perçoit-on l’imaginaire à travers les dessins et la musique ; tantôt s’immerget-on dans ce monde haptique où la conscience aveugle fouille parmi la matière, obsédante, oscillant entre vie et mort. Techniques : prise de vue réelle et animation ; casting : Mathieu Marie ; musique : Vincent Wavelet
Mémoire avec les félicitations du jury
7 Rita Atiyeh Architecture intérieure La symétrie, une évolution dans le monde de l’architecture Mémoire dirigé par Marc Iseppi Les sources de Kfardebiane Libanaise, j’ai décidé d’emblée de situer mon projet de fin d’études dans mon pays d’origine. Je propose donc un nouveau concept de thermes. En effet, l’absence de tels équipements pousse les Libanais à voyager à l’étranger pour profiter de ce type d’activités dans des lieux souvent magnifiques en pleine nature, loin du stress quotidien. D’évidence, l’environnement et l’emplacement géographique du bâtiment sont aussi importants que sa fonction. Le terrain choisi se situe au sommet d’une des montagnes de la chaîne du Mont Liban, dans la région de Kfardebiane, plus précisément dans le village de Mzaar-Faraya à 2 300 mètres d’altitude. Il offre une vue panoramique avec la mer Méditerranée à l’ouest et la vallée de la Bekaa à l’est. Le choix spécifique de ce terrain se justifie du fait de la présence d’un lac naturel d’eau de source à proximité, qui alimentera les lieux aquatiques. En architecture, comme dans la nature, l’eau joue un rôle essentiel, qui permet de susciter les émotions. Elle est un vecteur primordial dans la transmission des sensations. C’est en me fondant sur cette philosophie que j’ai développé les espaces intérieurs et extérieurs. L’omniprésence de l’eau s’accompagne d’un travail sur la lumière naturelle et artificielle ; le choix de matériaux spécifiques complète l’ensemble. L’interaction des ces trois critères met en évidence chacun de ces espaces avec l’ambition de leur donner une identité. Enfin, à travers cette conception, j’offre l’occasion d’expérimenter certaines ambiances et activités liées à l’eau, en permettant un contact intime avec cet élément source de vie. Les différentes perceptions du mouvement de l’eau, allant de la petite vague dans une piscine jusqu’au jet, sont accompagnées par des expériences visuelles, auditives et tactiles sous diverses formes.
7 Rita Atiyeh
Les sources de Kfardebiane
8 Marine Aurousseau Design vĂŞtement
For While Until
8 Marine Aurousseau Design vêtement Art et mode, les enjeux d’un dialogue Mémoire dirigé par Anne Ferrer For While Until Les processus et outils qui entrent dans la genèse du vêtement sont à la source de mon projet. Ils constituent l’essentiel d’un espace de travail que je cherche à réinitialiser pour mieux le redécouvrir. Le regard que l’on porte est alors renouvelé et permet de prendre conscience du potentiel et de la poésie d’un métier, trop souvent ignorés du fait de l’habitude. Le vêtement est le siège d’une réflexion tacite qui implique le passage d’une représentation 2D à un objet concret 3D. Ce dialogue incessant entre le plan et le volume ouvre des perspectives : le vêtement se fait espace dans lequel évoluer, il se fait cube évoluant dans un espace. Aussi, le vêtement est compris dans toute sa dualité. À la fois ornemental et fonctionnel, il devient boîte, écrin d’un corps féminin. Sa manche s’unit au corps, son épaule est toujours soulignée. Le confinement suscité appelle à une respiration que des espaces dessinés viennent offrir.
Mémoire avec les félicitations du jury
9 Mariette Auvray Photo / vidéo La musique dans les œuvres de cinéma expérimental Mémoire dirigé par Paul Sztulman Côtelette Mme Alexandre est une vieille dame de la bourgeoisie et ancienne « femme côtelette ». Elle reçoit ses « copines » dans son appartement haussmannien pour des ateliers d’hébreu qu’elle préside, et loge un jeune homme bricoleur dans la chambre de son mari. Il s’agit d’un portrait intimiste de Mme Alexandre. De par l’époque et son milieu, elle a dû se conformer à des rôles d’épouse puis de mère, qui ne lui seyaient pas. Vient le moment de la vieillesse, et du dépassement de ces rôles, à l’image de sa gymnastique taï-chi-chuan qu’elle pratique quotidiennement. Tout au long du film, Mme Alexandre raconte son ancienne vie de dame « côtelette », ainsi que son émancipation par le travail et ses prises de conscience. J’ai essayé de comprendre comment une dame aussi charismatique et « forte en gueule » avait été « à la botte de son mari », pour reprendre ses mots. Depuis longtemps, je m’interroge sur les rôles masculin et féminin au sein de la société et leur évolution dans le temps. Il s’agissait d’un moment de transmission entre elle et moi, jeune femme. Le personnage de Guillaume, son jeune colocataire, est également mon relais à l’écran. Il incarne avec humour le choc générationnel, à travers les cours d’informatique qu’il lui donne, et les petites amies qu’il amène à l’appartement. Enfin, ce film est un hommage à la vivacité d’un esprit en perpétuelle quête de connaissances, et d’indépendance. Son appartement, au décor cossu, possède une part de spectacle. J’ai souligné les textures, les grands miroirs qui se font face, les fleurs apportées par les amies, le tea cosy, les pull-overs roses. Les Portraits de femmes d’Alain Cavalier (1986-1988, 1991) ont été une source d’inspiration importante pour mener à bien mes entretiens, qui constituent le noyau du film. Car, avant toute chose, Côtelette est l’histoire d’une femme qui prend la parole. Paysages transitoires Il s’agit d’un travail de collage entre des images et trois voix, trois histoires de femmes, camerounaises, iraniennes et italiennes, dans leur langue maternelle. Les films sont des paysages qui renvoient à une vision distanciée de l’espace urbain. Les femmes racontent leurs premières impressions lors de l’arrivée en France, leurs sensations. Elles parlent du bouleversement de leurs repères spatiaux et identitaires. La caméra suit le cours de leurs pensées. L’installation se veut donc une immersion dans un paysage état d’âme, l’expérience d’un regard en migration. Le montage témoigne de cet équilibre entre une forme de confession et des extérieurs, comme vus de l’intérieur.
Grand projet avec les félicitations du jury
9 Mariette Auvray Photo / vidéo
Côtelette L’Appartement, Le Mariage, le Tea Cosy, La Maternité, La gymnastique, Étude de l’hébreu Paysages transitoires Installation
10 Meriem Bennani CinÊma d’animation
Pamela
10 Meriem Bennani Cinéma d’animation Les héritiers du cartoon ancien Mémoire dirigé par Serge Verny Pamela Le dessin est animé par des chiens sauvages, un deuil tendre, une flûte de Pan trop aiguë, un tatouage réparateur, une danse d’autoroute et des os brisés dans les nuits tièdes. Techniques : dessin animé traditionnel au feutre, compositing sur After Effect
11 Adrien Bonnerot Design objet Sciences et design Mémoire dirigé par Christian Stenz Autismographie. Objets provoqués par certains comportements autistiques Ce projet explore l’univers des troubles envahissants du développement (TED), couramment appelés « autisme ». L’approche de ce handicap nous révèle que la perception qu’ont les autistes de leur environnement n’est pas « une version détériorée de la nôtre » mais que leur relation atypique au monde peut enrichir notre propre compréhension de celui-ci. Une phase d’observation et de documentation a mené au développement de systèmes d’objets expérimentaux fondés sur certains comportements autistiques. Cette série est composée d’un puzzle tactile stimulant à la fois les sens de la vue et du toucher, d’un objet de contention permettant de contrôler certaines angoisses et d’objets à casser, utilisables pour gérer les crises de colère. Les trois dispositifs proposent de mieux comprendre notre propre relation à l’objet, à travers le prisme de l’autisme, mais aussi d’aider certaines personnes atteintes de TED à mieux vivre leur handicap.
11 Adrien Bonnerot Design objet
Autismographie. Objets provoquĂŠs par certains comportements autistiques
12 Capucine Bonneterre Design vĂŞtement
Sens
12 Capucine Bonneterre Design vêtement Du couturier aux blogueurs de mode. La naissance de nouveaux prescripteurs de style Mémoire dirigé par Nasser Bouzid Sens L’origine de Sens est la matière et la lumière. C’est une collection qui donne à voir, à toucher et à sentir. Elle est intuitive, frôle l’invisible, joue avec les transparences et filtre les couleurs. Sens est une ondulation légère, entre apparition et disparition. Elle s’inspire de la chemise d’homme sobre et structurée. Elle la décompose, la double, créant un nouvel espace libre, à fleur de peau, entre le corps et le vêtement, dans lequel vivent des pliages, graphismes et éléments colorés, que seule la lumière, un moment donné, viendra révéler.
13 Zoé Boucher Design textile Le détournement des techniques textiles dans la création contemporaine Mémoire dirigé par Élisabeth Le Guen Peur, émotion bavarde Peur : terreur, effroi, angoisse, phobie, épouvante, affolement… Des mots pour des maux… Multiples en sont les synonymes, vaste le vocabulaire qui s’en fait l’écho pour l’affirmer, la sonder, la crier… Multiples sont les interprétations qu’en fait notre corps. Ainsi, avoir la chair de poule, frissonner, trembler de tout son être, rougir, blêmir, avoir des palpitations, transpirer à grosses gouttes, avoir la gorge serrée ou bien encore avoir les mains moites sont autant de manifestations de notre corps, en réaction à une situation donnée, qui échappent à notre contrôle. Bien souvent nous les considérons comme quelque chose de très intime qui n’appartient qu’à nous et qui doit dans la mesure du possible rester secret. Il n’empêche, même si l’on ne veut pas toujours mettre de mots sur nos émotions, notre corps, lui, s’en charge à notre place. Un langage sans mots, mais aussi puissant et compréhensible que n’importe quelle langue pour peu que l’on sache regarder, analyser, interpréter… Un langage qui communique malgré nous, que l’on ne peut – ou que faiblement – maîtriser. Une communication autonome, en quelque sorte, qui nous échappe, nous dépasse souvent, nous révèle, nous trahit complètement… En prenant appui sur un univers à la fois lourd et mystérieux, j’ai souhaité jouer des codes habituels du bien et du mal, où la peur donnerait naissance à une poésie mélancolique pour une collection à la fois dérangeante et poétique, où malaise et délicatesse s’enlacent. Une collection qui parle de nous et de ce que l’on ressent sans forcément vouloir le dire, de ce que notre corps exprime sans qu’on l’y autorise. Une collection, aussi, qui permet de parler de nous et, dans une certaine mesure, pour nous.
13 Zoé Boucher Design textile
Peur, émotion bavarde « Apaisement », impression laque sur popeline de coton « Soulagement », chaîne et trame, soie et coton « Vision », jersey en viscose, impression transparente « Palpitations », jacquard industriel
14 Morgane Bouthors Image imprimĂŠe
La futilitĂŠ
14 Morgane Bouthors Image imprimée Le protocole Mémoire dirigé par Christian Rondet La futilité « Nom féminin. 1) parole, chose sans importance, dire des futilités, passer son temps à des futilités ; 2) caractère de ce qui est sans importance, la futilité de ses propos, de ses occupations. Expressions : Elle est d’une futilité irritante. Nos journées se perdraient en futilités. » Mon projet est une question posée et ouverte autour du futile. Il s’agit de s’intéresser à un sujet qui par sa définition même ne nécessite pas que l’on s’intéresse à lui. Le terme a été choisi parmi tant d’autres car il résume et évoque un certain nombre de choses. Le thème de mon projet est donc la futilité mais il pourrait prendre pour titre : Presque rien. Une de mes démarches a été de demander directement aux personnes ce que représente la futilité à leurs yeux et, ainsi, de me nourrir de leurs réponses tout au long de mon projet. Les réponses s’équilibrent : on en a besoin, on n’en a pas besoin. Mon titre est l’une des clés du projet. Il résume quelque part un petit paradoxe. Le « presque » est là pour rappeler qu’il n’y a jamais rien, ce n’est pas une fatalité, comme une lueur d’espoir. C’est en l’éteignant que l’on prend conscience de la lumière. Le projet cherche à illustrer l’échantillon des réponses recueillies et à établir des « portraits » de futilité, en ne réduisant pas le portrait à la seule figure humaine. La carte distribuée mentionne bien : « Votre réponse peut être courte, un mot ou plus, cela peut cibler un objet, une personne, une situation, une discussion, un fait divers, etc. Écrivezla au dos en indiquant votre prénom et votre âge. » Certaines personnes attachent de l’importance à des choses, des détails et pourtant beaucoup passent à côté et vice-versa. Aussi je cherche à comprendre notre réelle position face à une multitude d’informations ou à un problème posé : que plaçons-nous en tête ? Les futilités qui reculent la confrontation au vrai problème, ou bien l’affrontons-nous directement ? Les détails « sans importance » le sont-ils vraiment ? Le thème peut faire appel à l’ambiguïté, le paradoxe, l’incompréhension, la collection. Il ne s’agit pas, pour ces informations, de dénoncer ou de prendre parti, mais de les mettre en lumière et de créer un foisonnement d’idées et d’images pour placer le spectateur dans une position de décideur : que doit-il hiérarchiser et comment ? Que va-t-il préférer regarder ? Chacun se reconnaîtra, ou non, face aux informations (objets, mots, images) recueillies. C’est dans un rapport très subjectif que l’on définit si telle ou telle chose est dite « futile ». La manipulation de futilités fait-elle du projet quelque chose de futile ? Technique : sérigraphie
15 Jérémy Boy Design graphique / multimédia Sémantique folklorique, une histoire d’histoires Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand Archéopédie Internet offre aujourd’hui l’accès à une quantité de données jamais égalée. Toutes ont pour vocation d’être consultées, partagées, exploitées et enrichies. Pourtant un grand nombre de ces informations souffrent de problèmes de lisibilité et surtout, de visibilité. Nous ne naviguons que dans une couche très superficielle de la toile. Ce projet a pour vocation d’interroger la qualité de lecture de ce nouveau type de données et de développer des contextes dans lesquels elles seront exploitables par le plus grand nombre. Nous avons pris comme point de départ le domaine de l’archéologie qui, depuis une vingtaine d’années, tend à centraliser ses recherches et à en publier une partie pour le public. C’est à partir de l’étude des systèmes existant de gestion et d’exploitation de données archéologiques (Syslat, Dicocer, Dicobj, etc.) que nous avons donc posé les deux axes majeurs de ce grand projet : – comment développer différents niveaux de lecture et échelles de navigation de cet ensemble de données publiques complexe ? – comment lier les visualisations créées avec un (ou plusieurs) contexte dans lequel ces informations auront pour vocation d’être consultés ? Pour répondre à ces questions, nous avons dû nous interroger sur les statuts des objets archéologiques, à la fois à l’époque de leur production et aujourd’hui. Ce faisant, et avec l’aide d’archéologues de l’Inrap et d’Archéodonum, nous avons tenté d’établir une « politique » et une histoire de l’objet archéologique : où fut-il produit et quand ? Où est-il aujourd’hui conservé et comment le consultons nous ? Quel est son rapport avec la vie quotidienne de l’époque de sa fabrication et avec l’ensemble des autres objets matériels du temps ? Est-il œuvre d’art ou objet utilitaire ? Cette fonction est-elle différente aujourd’hui ? Le sujet n’est donc pas uniquement de produire de nouvelles formes graphiques pour la visualisation de ces données mais de poser aussi de réelles questions archéologiques. Ainsi, pour résoudre le problème de la lisibilité, nous proposons une visualisation / navigation simultanée dans plusieurs espaces : le temps, la géographie et l’échelle / le rapport à l’humain. Ensuite, nous avons du réfléchir à la manière de produire de nouveaux services à partir de ces interprétations graphiques des informations archéologiques. La question principale soulevée est la suivante : en tant que non experts en archéologie, où sommes nous confrontés à des objets archéologiques ? La réponse la plus évidente est celle du musée. Nous avons donc étudié les différentes manières d’intégrer l’information présente sur Internet dans les grandes institutions culturelles. De là, nous avons poussé la réflexion sur la façon de rendre le spectateur acteur. En d’autres termes, comment pousser le visiteur de musée à exploiter et à enrichir ces données. Pour ce faire, nous avons envisagé et développé la possibilité de personnaliser et de socialiser la consultation « en direct » des interfaces produites au préalable.
15 Jérémy Boy Design graphique / multimédia
Archéopédie
16 > 47 Delphine Breissand Image imprimĂŠe
What I Inside Think
16 > 47 Delphine Breissand Image imprimée Les lieux de l’identité Mémoire dirigé par Mathew Staunton What I Inside Think Le point de départ de notre travail a été un intérêt commun pour la danse et pour les systèmes de notation du mouvement, notamment Benesh et Laban. Il s’agit, à la façon de la partition musicale, de systèmes codifiés permettant de décrire les mouvements du corps dans l’espace. Ils servent principalement à la transmission des œuvres chorégraphiques. En étudiant de façon approfondie ces notations, nous nous sommes aperçues de leurs limites : très complexes, elles ne sont bien souvent lisibles ni par le chorégraphe, ni par les danseurs. De plus, la notation du mouvement renseigne sur le ballet final et ne prend pas en compte toute la démarche artistique du chorégraphe. Or c’est la période de création qui donne les clés pour comprendre ses intentions et in fine mieux appréhender l’œuvre finale. Nous avons voulu nous confronter à cette problématique, en assistant à la période de création de deux chorégraphies, Le Corps du ballet et Opus 50 respectivement d’Emio Greco et Jean-Christophe Maillot. À l’issue d’un travail d’observation et de collecte de matière sur trois mois, nous présentons une édition par chorégraphe, deux livres transmettant la démarche et l’intention de chacun. Nous avons choisi de nous réapproprier leur univers afin de restituer par un travail plastique et graphique l’essence de chaque ballet. En collaboration avec Laure Fissore
17 Steven Briand Cinéma d’animation Que dire ? Une étude de la difficulté de dire le monde Mémoire dirigé par René Lesné Frictions Face au mur, un homme se confronte à son pouvoir de générer des papiers. Ce court-métrage mélange prises de vue directes et animation ; il cherche à instaurer une relation crédible entre ces deux techniques. L’objectif est donc de mettre en place un univers où donner vie à des papiers avec ses mains et les manipuler sur un mur apparaît comme une action tout à fait possible. Le dialogue personnage réel / créature de papier devait donc trouver un point d’équilibre pour permettre au spectateur d’accepter que l’un et l’autre, bien que de nature différente, appartiennent ici au même ensemble. Le parti pris a donc consisté à réaliser l’animation « en vrai » – c’est-à-dire sans user d’effets numériques, mais en utilisant les techniques traditionnelles d’animation sous caméra ainsi que de pixellisation – afin d’établir un vocabulaire visuel où l’effet technique s’efface au profit de la narration et de la chorégraphie. Le deuxième défi consistait à exprimer ce dialogue particulier à travers le mouvement du corps humain et celui du mouvement animé. L’un et l’autre ont été tournés séparément, ce qui a nécessité l’écriture d’une chorégraphie prenant en compte l’animation d’une part, et les capacités physiques du comédien d’autre part. Ces contraintes liées aux deux modes de tournage (prises de vue directes et pixillation pour le comédien ; animation sous caméra et animation sur le comédien pour les papiers) ont ainsi eu une réelle incidence sur la création de certaines formes de même que certains mouvements, ce qui finalement renforce la logique formelle du rapport homme réel / créature de papier. Ce projet est né de deux désirs différents : le premier était de mettre en regard l’animation et la prise de vue réelle afin de voir comment l’un et l’autre s’influenceraient dans le processus de création. Le second était d’explorer l’expression par le mouvement du corps humain, à travers l’écriture chorégraphique et la recherche de formes et de phrases visuelles au service d’une narration filmique. Ces deux désirs m’ont amené à réaliser ce film qui, même s’il a considérablement évolué entre les premières recherches et le résultat final, reste en accord avec mon ambition première d’apprenti cinéaste : rendre possible par l’image ce qui ne l’est pas nécessairement dans la réalité. C’est là, à mon sens, que réside le plaisir du spectateur lorsque l’on s’apprête à découvrir un film explorant les techniques de fabrication d’images.
Mémoire avec les félicitations du jury
17 Steven Briand Cinéma d’animation
Frictions
18 Olivier Brichet Scénographie
An Echoic Speech Bassin hiver à la piscine Molitor de Paris (maquette au 1/50), implantation (lumière au sodium), vase acoustique
18 Olivier Brichet Scénographie DComposer avec l’accident Mémoire dirigé par Paul Sztulman An Echoic Speech « Une rencontre est ce qui saute soudain au moment où l’on s’y attend le moins, au moment où l’on flotte, où l’on se concentre, où l’on est concentré à se promener, à penser, recueillir, dans le recueillement […]. Il y a un terrain propice, qui est organisé de telle manière qu’il est possible qu’il se passe un événement, qu’il est nécessaire, qu’il se trouvera après coup nécessaire que la rencontre eut lieu […]. Est-ce qu’en bougeant on rencontre plus de rencontres qu’en restant immobile ? » Christophe Tarkos, Anachronisme Cette proposition électro-acoustique interroge l’écho tant du point de vue du langage, de la communication que de l’architecture et du son. À travers la pièce radiophonique Paysage de Harold Pinter, d’extraits de Christophe Tarkos et de Ghérasim Luca, deux poètes sonores, il s’agit de travailler sur la mise en mémoire comme processus de façon sonore et musicale ; chose qui est très présente dans la pièce de Pinter et qui se joue pour le spectateur via un dispositif électro-acoustique implanté in situ au sein d’une piscine vide. Évoquant leurs propres souvenirs, le mode communicationnel repose davantage sur le son et moins sur le sens en une sorte de faux dialogue. À tel point qu’ils sont à la fois narrateurs et protagonistes de leur propre histoire, le couple dans Paysage rejoue obsessionnellement leurs souvenirs, sur deux voix parallèles, que seuls les accents sonores des deux discours tentent de mettre en relation. De cette narration éclatée, les deux comédiens enregistrent, bruitent, jouent… live pour à mesure sampler, boucler et perdre la source de tout événement sonore. Glisser de la voix et du son direct en voix off et sons enregistrés, pour rendre la narration d’autant plus anachronique. Par cette mise en mémoire, la mise en relation entre les événements est variable et multiple jusqu’à (con)fondre les deux discours. Technique : l’ensemble du dispositif repose sur une régie son classique, une table de bruitage dont la surface est interchangeable ainsi que treize vases acoustiques en céramique faisant subir au son une distorsion qui en rend le timbre plus clair et dilué. À cela s’ajoute un travail sur les déplacements, les rythmes des événements qui, selon qu’ils profitent ou non de l’écho du lieu, chantent et sont perceptibles pour nous différemment, participant de notre capacité de mise en mémoire. Ce projet émet aussi une volonté de travailler à quatre mains. D’associer à un scénographe, un comédien pour tenter à notre tour de dialoguer sur nos propres voies. An Echoic Speech est une proposition écrite avec Fanny Sintès, étudiante à l’École nationale d’art dramatique de Paris.
19 Marie Bruel Architecture intérieure Comment être une parfaite ménagère en temps d’invasion zombie ? Mémoire dirigé par Fabienne Vansteenkiste Quarantaine Ce projet, reposant sur un scénario d’anticipation, s’inscrit dans la continuité de mon mémoire qui explique comment se protéger des zombies. Alors qu’une pandémie virale envahirait l’Europe et rendrait les infectés violents et même cannibales, un petit groupe de survivants, ayant préparé sa survie, se retranche dans un immeuble néo-haussmannien au cœur de Paris. Ils le transforment, au fil des jours, en un abri qui les protège de l’extérieur hostile et leur permet de créer énergie et nourriture de manière autosuffisante. Ce projet un peu fantasque fait écho à un concours lancé aux États Unis sur la conception de projet d’abri anti-zombie. Les survivants utilisent l’intégralité de l’immeuble, se constituant des cellules indépendantes permettant de retenir les assaillants en cas d’intrusion. Pour cela, le programme est réparti de manière ascendante, les aménagements les plus essentiels, tels que les espaces de création de nourriture et d’énergie, sont placés au sommet et les espaces de distractions, moins vitaux pour la survie, aux étages inférieurs. Cet abri fonctionne de manière totalement autonome. L’idée de vivre enfermé est très importante et le programme assez lourd permet de fournir aux douze survivants un confort minimum pour une durée de trente à quarante ans, le temps que le climat apocalyptique s’apaise. Le programme comprend de haut en bas : une serre à champignons, des ateliers de construction, des sas de retenue, des espaces de distractions, des espaces de vie ainsi que des espaces de création, de nourriture et d’énergie. Fonctionnant comme une vraie ferme en milieu citadin, les immeubles aux moulures haussmanniennes affrontent la vigne et les chèvres comme annonçant une mutation naturelle de la ville futuriste. Techniques et matériaux utilisés : dessins au graphite, maquette technique mixte : papier mâché, collages, découpages
19 Marie Bruel Architecture intérieure
Quarantaine Maquette en bas relief de l’abri (échelle 1/20), détail de la maquette de la serre végétale et champignonnière, coupe transversale côté rue du haut de l’abri (échelle 1/20)
20 Pauline Buet Image imprimĂŠe
États
20 Pauline Buet Image imprimée Le Bon Marché, entre tradition et modernité Mémoire dirigé par Denis Pérus États État des lieux, états des corps, états mentaux… Sorte de répertoire poétique de corps réunis dans un contexte de vacuité, dans le théâtre d’un quotidien désœuvré. Que partagent ces êtres ? Qu’est-ce qui les réunit ? On l’ignore ! L’espace qui les rassemble n’est pas figuré. Il peut être perçu comme un non-lieu, un espace interchangeable où l’être humain reste anonyme et solitaire. Le temps est suspendu. Il correspond à un moment où les états d’âme deviennent la préoccupation majeure. Le non-dit est l’enjeu de cet univers intime qui se recompose lorsque nous nous mettons en disponibilité, lorsque nous devenons notre principal intérêt. Les attitudes de ces êtres nous révèlent ce que leurs rapports, tissés de compréhension et d’incompréhension, d’envie ou de désintérêt, de proximité ou d’éloignement comprennent de tension. Il s’agit de « dimensions cachées » au sens de l’anthropologue américain Edward Twitchell Hall (1914-2009)*. Les proxémies sont ici propres aux réunions entre amis ou en famille. Les scènes que j’observe, confusément proches des Contes moraux d’Éric Rohmer, s’inscrivent dans le contexte d’une culture occidentale et contemporaine et concernent des personnes de mon entourage. Je présente un ensemble de trois livrets intitulés « Camille », « Alice » et « Chloé ». S’y ajoute une série de « portraits de groupe », dix gravures grand format (70 × 100 cm) à la pointe sèche sur plexiglas. * La Dimension cachée, Paris, Seuil, 1971
21 Vincent Capmartin Architecture intérieure Habiter parmi les secondes Mémoire dirigé par Catherine Strasser Maison ouverte : un lieu de prostitution à Paris À l’heure où les débats parlementaires envisagent aussi bien la réouverture des maisons closes que la pénalisation des clients, je me suis intéressé au discours des personnes se prostituant de manière régulière et volontaire. Par l’intermédiaire d’un syndicat et d’associations, j’ai pu faire des rencontres qui m’ont amené à différencier la prostitution subie de la prostitution volontaire. Plutôt qu’une aide à la réinsertion professionnelle, ces prostitué(e)s indépendant(e)s revendiquent le choix et le libre exercice de leur activité, qu’ils pratiquent avec responsabilité, professionnalisme et humanisme. Mais alors que la possibilité d’une réouverture des maisons closes suscite leur crainte d’un renforcement du proxénétisme, le droit d’ouvrir et de gérer collectivement des maisons de plaisir leur donnerait des conditions de travail plus confortables et leur permettrait de constituer des groupes solidaires et sécurisés. En contrepoint des différents espaces aménagés en Europe (Belgique, Allemagne, Hollande, Suisse, etc.), j’ai tenté d’imaginer un lieu adapté dans le cas d’une dépénalisation de la prostitution en France. D’un point de vue territorial et urbanistique s’est posée la question de sa place, de sa visibilité et de son accès depuis l’espace public. J’ai cherché à équilibrer le rapport entre insertion dans la ville et préservation de l’intimité, pour rompre avec la marginalisation de l’activité, causée tant par les architectures « schizophrènes » de maisons closes que par son déplacement actuel vers lespériphéries urbaines. Au-delà, il s’agissait de se détacher d’une tradition érotique associant la sexualité au refoulement et de proposer un lieu pour une sensualité claire et ouverte, sans exhibition : un espace de liberté.
Mémoire avec les félicitations du jury
21 Vincent Capmartin Architecture intérieure
Maison ouverte : un lieu de prostitution à Paris Vue extérieure de nuit, vue intérieure du salon au rez-de-chaussée, maquette ouverte (échelle 1/50)
22 Jean Carlier Cinéma d’animation
Bunny Moon
22 Jean Carlier Cinéma d’animation La figure du vampire au cinéma Mémoire dirigé par Pierre Alféri Bunny Moon Prisonnier de son sommeil, le héros un brin loser doit sauver sa petite amie enlevée par un lapin maléfique. Trois compagnons sortis tout droit de son imagination l’aident dans son aventure. La poursuite fantasmée oscille entre fantastique et cauchemar lorsque le héros fait tour à tour l’expérience de superpouvoirs jouissifs ou d’impuissance à contrôler le déroulement de son propre rêve. En voulant porter secours à sa petite amie, le héros devient lui-même la proie du lapin maléfique. Il ne parviendra à vaincre ce dernier qu’en faisant face à ses peurs et à ses démons. Il n’y a pas de vie sans désir, il n’y a pas de désir sans absence. Ici, c’est un lapin qui vient créer cette absence, il dérobe ce que le héros a de plus cher : ce qui lui appartient, mais qui est autre, symbolisé par la petite amie. Le héros part alors à la poursuite de cet être inconnu, qui lui a volé ce qu’il chérit le plus. La course poursuite est la métaphore de cette remise en question permanente, cette remise à niveau perpétuelle entre représentations, projections, fantasmes et réalité, avec sa dureté et tout ce qu’elle nous enlève. L’enjeu est donc de faire coïncider ces représentations avec la réalité, qui apparaît au travers d’aventures. Dans cette quête de soi, le héros, d’abord caractérisé par sa maladresse, va devoir s’affirmer dans l’adversité. C’est pourquoi il y a parfois des phases où l’on s’oublie. Dans un monde à la dérive, sans direction, les protagonistes se retrouvent perdus, détournés de leur chemin, du but, ballottés d’un virage à l’autre sans pouvoir prendre de décisions quant à la direction à suivre. Le héros en vient à s’oublier dans l’immédiateté du plaisir. Dans cet entre-deux-mondes, entre rêve et réalité, entre enfance et âge adulte, le héros va devoir prendre une décision, s’affirmer avec l’aide de ses amis imaginaires qui incarnent son altérité propre, celle-là même qui lui permettra d’évoluer, de s’affranchir de l’illusoire de la fuite. S’amorce une prise de conscience. Retour sur soi où tout ce que le héros a accompli jusqu’à présent, les aventures, les poursuites apparaissent comme un mauvais rêve nécessaire au regard de la connaissance qu’il en a obtenue. La fin reste ouverte car le but de la quête est la quête elle-même. Elle nous offre quelques moments de repos avec ce que nous chérissons, mais nous l’enlève aussitôt pour que nous allions une nouvelle fois à sa recherche. Après un moment de repos salutaire, tout porte à croire que l’aventure continue ! Technique : medium à la fois libre et rigide, la 3D s’est imposée à moi pour retranscrire l’imbrication entre réalité et univers fantasmé présent tout au long du film. Cette technique apporte également dans sa forme une dimension spectaculaire illustrant les thèmes du jeu et de la trivialité qui poursuivent le héros. Ce choix satisfaisait également la volonté d’apprendre cette technique par l’expérience globale du film et non par l’accumulation d’exercices épars.
23 Isabelle Carré Image imprimée Art & Folie Mémoire dirigé par Denis Pouppeville The Inside Does Matter. Création et diffusion d’images imprimées « Création » : Cette série se compose d’images en noir et blanc associées à de courtes formules de type slogan pouvant donner lieu à de multiples interprétations. Sur un ton humoristique, décalé, parfois cynique ou absurde, j’essaie d’intriguer, de faire rire mais aussi de faire réfléchir celui qui regarde. Les sujets sont variés mais tous issus de mon vécu et, plus généralement, du vécu de gens de ma génération. Ils témoignent du questionnement sur soi et sur le monde qui nous anime tous. Le parti pris du noir et blanc vient de ma volonté de simplifier au maximum l’image pour mettre le message en valeur. Pourquoi l’anglais ? D’une part parce que je suis profondément anglophile ; d’autre part parce que l’anglais, largement propagé par les médias et Internet en particulier, présente l’intérêt de formuler des phrases beaucoup plus courtes que le français. Bien que je sois l’auteur de ces images, j’ai décidé de les signer sous le nom d’un collectif d’artistes fictif nommé I.C.Y. Ces lettres peuvent être interprétées comme les initiales de trois personnes ou, plus énigmatiquement, signifier I See Why, sans faire référence à quelqu’un en particulier. Et ce afin de rendre plus universel leur contenu. « Diffusion » : Il s’agit toujours des mêmes images mais déclinées sur différents supports, ce qui me permet de réfléchir à l’impact d’une image donnée selon le support, le mode de diffusion et son destinataire. Tout est imprimé en sérigraphie. La clé de voûte de mon projet est la carte postale, objet populaire et usuel « anodin » et peu onéreux qui n’a pas le caractère « exceptionnel » et sacré d’une œuvre d’art. Mes cartes postales sont mises en dépôt dans différents points de vente (librairies et magasins orientés arts graphiques). Les affiches sont un moyen bien connu de véhiculer largement un message (notamment à caractère publicitaire et politique). D’une durée de vie limitée, elles s’adressent à un public indifférencié. Mes affiches sont placées dans la rue, dans le quartier de la Bastille. Avec les « boîtes », mes images empruntent la voie du monde de l’art contemporain. Elles ont vocation à être exposées dans une galerie à destination d’un public restreint et averti. Avec Internet, l’accessibilité et la visibilité de mes images est illimitée.
23 Isabelle Carré Image imprimée
The Inside Does Matter. Création et diffusion d’images imprimées « #13, Life », « #2, Tryin’ hard », « #14, Hush »
24 Lucie Casali Design textile et matière
Féminité
24 Lucie Casali Design textile et matière Europe Mirrors Africa. L’Europe fait écho à l’Afrique Mémoire dirigé par Élisabeth Le Guen Féminité Mon projet de fin d’études m’a offert l’opportunité de travailler le textile en m’appuyant sur mon histoire personnelle, celle de l’apprentissage et de la transmission de la féminité. Ma mère, puis ma grand-mère m’ont éveillée aux artifices féminins, aux secrets de l’élégance et à la magie des étoffes. C’est cette histoire de femmes liées au textile, qui mènent en sourdine un combat pour leur autonomie, que j’ai voulu raconter. J’en fais partie. Ainsi mon aventure dans cette collection textile est la rencontre assumée entre une féminité reçue en héritage, marquée par l’apprentissage d’une culture textile et féminine, et la féminité telle que je la ressens et la perçois qui se nourrit du vécu et de l’expérience. Pour moi, la féminité est ce que donne à voir la femme, en un caché-montré qui suggère et suscite le désir de l’autre. En 1949, Simone de Beauvoir écrivait : « On ne naît pas femme, on le devient. » En ce sens, on ne cesse jamais de devenir une femme. Et, de génération en génération, apparaît une femme nouvelle. Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. J’ai souhaité créer des textiles qui habillent la femme mais aussi qui la dénudent en empruntant des codes du passé revisités au présent. J’ai souhaité que cette collection de textiles, destinée à une garde-robe féminine et contemporaine, donne à chacun le pouvoir de se souvenir. Techniques utilisées : sérigraphie textile, maille et tissage Jacquard
Mémoire avec les félicitations du jury
25 > 116 Anaïs Caura Cinéma d’animation L’homme vs marionnette. Ça y ressemble mais c’est pas ça Mémoire dirigé par Jean-Yves Hamel How Fear Came (Comment vint la crainte) Nous voulions expérimenter la narration du conte en combinant nos deux domaines, scénographie et cinéma d’animation, sous la forme d’un court-métrage. Ce conte, écrit par Rudyard Kipling (Le Second Livre de la jungle, 1895), narre les premières heures de la jungle et la naissance de ses lois. L’intérêt d’un conte est qu’il est ouvert à toute interprétation visuelle. Nous nous sommes intéressées à ce texte en particulier pour son caractère métaphorique et imagé. Le théâtre de marionnettes est au spectacle vivant ce qu’est l’animation à la prise de vue réelle, une mise à distance du créateur / conteur par rapport au spectateur par le biais d’un objet projectionnel. Le conteur est ici le personnage principal, qui bâtit et présente son histoire aux spectateurs, les faisant peu à peu entrer dans son univers. Nous nous sommes précisément intéressées à ce passage entre la perception et l’imaginaire du spectateur. Nous avons souhaité mettre en scène cette transition qui amène le spectateur de la vision d’un objet pour ce qu’il est, à celle d’un objet investi d’esprit. Pour cela, nous avons laissé apparent le squelette, l’armature, la trame de ces objets, personnages et espaces, qui seront dévoilés au spectateur tout au long du court-métrage. Les marionnettes et le décor sont manipulés à vue. Nous utilisons le décor comme un acteur à part entière de l’histoire, servant à souligner la frontière entre réalité et illusion. Nous avons souhaité nous inspirer des formes organiques des végétaux pour les transposer dans des assemblages d’objets recyclés. La jungle de Kipling est à la fois le théâtre où se déroulent les événements et le moteur de l’action. Ainsi le décor de la forêt est proposé sous la forme d’une machine permettant les changements de décor à vue, ponctuant les différentes parties du récit. Actionnée par les manipulateurs, elle rappelle également la machinerie théâtrale. Nous avons aussi réalisé ce projet par goût pour les matériaux et les objets, ainsi que pour la possibilité de raconter une histoire avec eux. À chaque étape du projet, nous avons travaillé de concert, de manière à mêler nos domaines, sans que l’on puisse les distinguer. Avec la collaboration de Bulle Tronel (Scénographie)
25 > 116 Anaïs Caura Cinéma d’animation
How Fear Came (Comment vint la crainte) « Chapitre 1 : la loi de la jungle » : scène d’ouverture, présentation de la marionnette Tigre (manipulation à vue), présentation des marionnettes animales en silhouette métal, scène de nuit avant la dispute des deux chevreuils « Chapitre 2 : Seeking Fear » : scène d’animation, dessin animé projeté dans le décor
26 Vincent Champenois Design graphique / multimĂŠdia
Textura Composition libre en textura basique et textura sublime ligaturĂŠes Variations de dessins des ligatures de la textura sublime
26 Vincent Champenois Design graphique / multimédia Blackletter, the Content of the Form Mémoire dirigé par Mathew Staunton Textura C’est au xiiie siècle que l’écriture gothique s’est répandue dans toute l’Europe comme vecteur du savoir, visage donné à la littérature profane et religieuse. La première forme d’écriture gothique était appelée textura, du terme latin employé pour décrire la trame d’un tissu. Appliqué à l’écriture, ce terme fait référence à l’homogénéité, à la densité et à la rigueur quasi mathématique du texte obtenu. Le mot textura ne décrit donc pas la lettre mais bien le résultat de la combinaison de ces lettres. Il nous permet d’accéder à l’essence même du gothique : un mouvement de « composition par la division », ou encore la construction de l’ensemble d’un texte à partir d’unités élémentaires simples et homologues, la lettre. Lorsque la gothique était encore dessinée à la main par le calligraphe, il lui était possible de tisser le texte en liant librement les lettres les unes aux autres, et de décider de la forme de la lettre en fonction de sa position dans le texte. L’invention de la typographie rend ces interventions impossibles. Le caractère mobile en plomb enferme la lettre dans un cadre défini, et chaque lettre devient indépendante, son dessin immuable. Il en est de même pour les caractères de photocomposition et les caractères digitaux. La technologie permet aujourd’hui de restituer le geste et la pensée du calligraphe tout en conservant la rigueur et la logique du typographe. C’est sur cette double problématique que repose le projet textura, dessiner la lettre par la texture et réconcilier les deux traditions calligraphique et typographique du caractère gothique. À l’image de la dialectique médiévale, le projet met en lumière le paradoxe du caractère gothique : une construction rigide par la division et la création d’un ensemble cohérent par la mise en relation de la lettre, du texte et de la page.
Mémoire avec les félicitations du jury
27 Benjamin Charbit Cinéma d’animation De l’impression de réalité dans le cinéma d’animation Mémoire dirigé par François Darasse Les Poisons Le film est une adaptation de la nouvelle de Julio Cortázar, Les Poisons. Tel un conte réaliste, il relate la première déception amoureuse, paradigme de la déception, paradigme de l’empoisonnement. Ce premier niveau, narratif, rencontre des éléments plus purement cinématographiques, afin de proposer au spectateur une expérience riche, presque tactile. D’une part, les espaces, les ambiances jouent un rôle clé dans le film : c’est un été décisif, lourd. La chaleur, l’ennui enfantin, les odeurs de la terre et de la pluie sont autant d’outils nécessaires à la résonance de l’histoire. D’autre part, l’utilisation de la vidéo pour intégrer les fourmis dans le film répond aussi à un souci de sensation pure : capter le mouvement caractéristique de ces insectes, véhicule précis quant à la sensation de grouillement, d’envahissement et de douleur. Le travail sonore, plus emprunté aux films dits « de prises de vue réelles » qu’aux films d’animation traditionnels, renforce la profondeur du monde par une spatialisation précise. L’enregistrement des dialogues par des enfants, en essayant de trouver un juste milieu entre texte et improvisation, accentue la présence des personnages. La musique a été composée à partir d’un motif répétitif simple. Elle propose des sentiments en contrepoint de l’image. L’orchestration – un saxophone (alto ou ténor), un vibraphone et une contrebasse – a été réalisée dans un souci de rencontre des timbres des instruments avec l’esthétique de l’image. L’œuvre se veut dense et cohérente, tout en restant ouverte vers son public. Techniques et matériaux utilisés : court métrage, 8 mn, papier découpé et vidéo
Grand projet avec les félicitations du jury
27 Benjamin Charbit CinÊma d’animation
Les Poisons
28 Adeline Charpentier Art espace
Insulae « Dessins », pastel gras, 2011 « Prusse », techniques mixtes, 2010 « Fracturata », techniques mixtes, 2011
28 Adeline Charpentier Art espace Excroissance Mémoire dirigé par Marc Thébault Insulae Notre monde est saturé d’images anxiogènes où se mêlent destruction, morcellement, confusion. D’elles naissent des angoisses qui me font construire. L’île (insula en latin) renvoie à la notion de solitude et est une mise à distance. Cette terre crée un prétexte aux fantasmes et réflexions : mythes, légendes et utopies. Mon diplôme déploie des territoires insulaires en mutation où se confondent déstructuration et restructuration. Des instants saisis que je fige par l’emploi de la sculpture. Il y a deux types de pièces : certaines sont des paysages autonomes pensés à même le sol pour entrer directement en confrontation avec le spectateur ; d’autres sont des fragments de territoires encore inconnus, qui se positionnent comme des étapes intermédiaires dans le processus de travail. Un fragment permet de découvrir (concevoir) une terre qui donne elle-même naissance à d’autres fragments, donc à d’autres possibles. Influencée par certaines sciences (biologie, géologie), mais aussi par le cinéma fantastique et la science-fiction, je m’attache à concevoir des images étranges qui se réfèrent à la catastrophe ou à la métamorphose. Je m’interroge sur l’évolution d’une structure et je crée des formes qui témoignent d’un état transitoire. J’utilise des matériaux qui sont souvent à l’opposé de la chose qui m’a inspirée : ainsi des paillettes s’interprètent galène, ou des images cellulaires sont paralysées dans le béton. Confronter les notions de pérennité et d’éphémère par l’emploi de matériaux inattendus me permet de renforcer l’étrangeté de mes sculptures. Le module, le fragment et la multiplication sont également des termes fondamentaux de ma démarche. Ils sont intimement liés à une angoisse de la solitude. Par ailleurs, le fragment appartenait à un tout qui devient imaginaire : multiplier des éléments, voire les rendre modulaires, me permet de raconter des histoires et d’inviter le spectateur à devenir acteur en le laissant entrevoir d’autres possibilités que celles que je lui propose.
29 Mahrez Cherfa Photo / vidéo La traduction d’un espace moderne en photographie à travers l’exemple de la périphérie algéroise Mémoire dirigé par Christian Courrèges Le Grand Dérangement Ces photographies sont le résultat d’une campagne photographique commencée en 2009 et que je poursuis encore aujourd’hui. Elles sont un support de réflexion, une constatation sensible des évolutions du territoire algérien. En m’intéressant aux abords des agglomérations et aux grands projets d’aménagement, j’ai cherché à capter cette fièvre de construction, cette ville qui dévore la campagne, ce bouleversement des paysages. Mon but est de porter un regard précis mais sans jugement sur une situation complexe. Mais aussi d’être en prise avec les tiraillements et les aspirations que connaît ce pays, tout en laissant la place à une analyse propre du spectateur et à la prospective. Techniques : 11 tirages argentiques (80 × 100 cm), jet d’encre sur papier mat
Grand projet avec les félicitations du jury
29 Mahrez Cherfa Photo / vidéo
Le Grand Dérangement Sidi Khaled, cité du 1er-Novembre, août 2010 Mahelma, ville nouvelle de Sidi Abdallah, septembre 2010 Entre Ouled Fayet et Souidania, construction de l’autoroute Est-Ouest, juillet 2009 Entre Zéralda et Douéra, tracé d’une nouvelle route, août 2010
30 Camille Chevrillon Image imprimĂŠe
Archives imaginaires
30 Camille Chevrillon Image imprimée Cabinet de curiosités et autres figures de l’espace intérieur Mémoire dirigé par Paul Sztulman Archives imaginaires En trois volumes dessinés, j’ai tenté d’esquisser les contours de mon paysage intérieur. État des lieux, État des choses et État d’âme sont le fruit d’une réflexion personnelle sur mon « espace intérieur » envisagé à la lumière des cabinets de curiosités de la Renaissance. Parce que l’espace est à la fois une réalité de la perception et un concept, il peut être mental ou physique. C’est un vide qui demande à être investi d’une façon ou d’une autre et qui acquiert une spécificité dès lors qu’il porte la signature du singulier. Nourri par notre expérience sensorielle et nos pensées, l’espace intérieur est pour chacun d’entre nous le lieu de l’émergence et de l’affirmation de soi ; un espace dans lequel se déploie notre conscience d’exister. Parce que la caractéristique fondamentale du cabinet de curiosités est de s’affirmer comme une métaphore du monde à travers le point de vue unique de celui qui l’ordonne, il est à mes yeux le paradigme de « l’espace intérieur ». Si l’on admet que le cabinet de curiosités est une œuvre d’art singulière dont le collectionneur est l’auteur, le monde intérieur de l’artiste, transposé dans le registre du visible, formerait incontestablement un cabinet de curiosités. Une fois tombés les alibis de la science et du savoir, le cabinet de curiosités n’a d’autre justification que celle de rêver le monde, à partir de textures, de couleurs, de matières et de corps irréguliers… Mes dessins sont à l’image de ce cabinet de curiosités. Ballons, balles, bavardages et baigneurs, pommes pourries et couteau-scie, fusée, maison qui fume, vagues et tourbillons sont autant de curiosités dessinées empruntées au réel mais qui habitent mon imagination. Parce que le monde ne se peuple d’êtres et d’événements qu’à la mesure de notre perception, images et objets de notre attention sont ce que Joseph Beuys appelle poétiquement des « constellations d’idées ». Ils reflètent nos perceptions intimes, nos mémoires inconscientes et cachées et dévoilent nos secrets. Il y a, dans la diversité de ce qui nous entoure, une multitude de choses à penser. Quant à notre pensée, j’imagine qu’elle s’y rattache nécessairement car elles sont le lieu de son éclosion, le contexte de son expression. Tous ces « objets » hétéroclites qui constituent mon trésor, je les interroge pour comprendre ce que chacun d’eux pourrait « signifier », contribuant ainsi à définir un « ensemble à réaliser ». Obéissant à ma propre fantaisie, je peux alors ranger chacun des « habitants » de mon espace intérieur selon un classement qui associe à la logique « objective » du monde, celle de mon rapport à lui. À l’instar du collectionneur, ce classement s’élabore en trois temps, aussi dois-je réunir un bon échantillonnage du monde visible autour de moi (« État des lieux »), mais également confronter chacune des singularités choisies afin de découvrir leurs qualités sensibles (« État des choses »), pour qu’enfin se recompose un ensemble à mon image (« État d’âme »). Cette volonté de réassemblage rejoint le principe du puzzle, mais un puzzle infiniment renouvelable ! Lorsque je dessine, chaque élément du réel me semble la pièce d’un puzzle imaginaire à construire. Toujours je viens piocher dans les formes de ma collection, puis je viens les ordonner sur une page blanche, afin qu’on y sente l’air circuler entre les choses… Celles-ci sont les mots d’histoires que je compose selon ma propre grammaire, des histoires portées par leur singularité, mais qui devront l’être également par le regard singulier du lecteur, qui je l’espère viendra combler le vide nouveau qui s’est formé entre elles… Grand projet avec les félicitations du jury
31 Angèle Chiodo Cinéma d’animation Mémoire de l’idiotie 2 Mémoire dirigé par Henri Foucault La Sole, entre l’eau et le sable La sole est un poisson asymétrique, avec ses deux yeux d’un même côté. Son évolution prête à débat : la métamorphose s’est-elle opérée sur plusieurs générations ? Une telle évolution, dite « progressive », sous-entend que la sole aurait eu des ancêtres à moitié asymétriques, donc peu viables. Ou alors, comme le soutiennent les partisans de l’évolution par paliers, des milliers de poissons seraient nés difformes, au même moment, par hasard, et se seraient révélés être mieux adaptés à leur milieu que les poissons classiques… J’ai voulu donner un ton vivant au vocabulaire rigoureux des sciences de la vie. L’animation qui me semble une technique particulièrement utile à la démarche de vulgarisation scientifique, m’a permis de traduire schématiquement des notions abstraites. La prise de vue réelle est utilisée pour rendre compte des expéditions sur le terrain, au contact des spécialistes en biologie sous-marine et de la faune aquatique. Techniques : documentaire animalier, 15 mn, prise de vue réelle et pixillation, 16 / 9
31 Angèle Chiodo Cinéma d’animation
La Sole, entre l’eau et le sable « Solea Vulgaris », face inférieure (aveugle)
32 Fabien Cosson Architecture intĂŠrieure
Une acadĂŠmie du football aux Comores
32 Fabien Cosson Architecture intérieure Du nomadisme dans l’architecture Mémoire dirigé par Roberto Ostinelli Une académie du football aux Comores Le pays des Comores se dote de sa première académie de football. Il s’agit d’une école associant sport et étude, depuis les classes primaires jusqu’au baccalauréat. De nombreux Comoriens appellent de leurs vœux la réalisation de ce projet afin d’offrir à la région un cadre éducatif rigoureux. À la suite d’un séjour sur place, j’ai pu constater l’engouement que suscite un tel projet au sein de la population et le soutien de nombreux villages. L’architecture participe d’un environnement tropical somptueux au bord de la plage et proche de terrains vallonnés. Une route goudronnée actuellement en construction reliera bientôt cette partie de l’île à la capitale. Le bois tropical et la pierre comorienne sont envisagés comme principaux matériaux. Le pays ne fournissant ni l’eau ni l’électricité de manière constante, l’école doit produire et recycler sa propre énergie. Des méthodes constructives traditionnelles seront associées à des technologies modernes : éoliennes et panneaux solaires pour l’électricité, ventilation naturelle et ombrage pour la température, tressage de feuilles de palmier pour la toiture, etc. L’ensemble du projet comporte un terrain de football, un gymnase, un internat, une cantine, douze salles de classe, une bibliothèque, un pôle multimédia, des espaces de consultation et de travail en groupe, des bureaux administratifs et une salle polyvalente. Ce lieu a pour vocation d’être ouvert aux habitants des villages voisins et s’inscrit dans une culture ancestrale de vie en communauté. L’architecture s’appuie sur un concept général créant des rythmes saccadés et démultipliés et faisant corps avec la nature.
33 Jean-Marie Couchouron Design graphique / multimédia Deuxième vie. Témoignage d’un graffeur Mémoire dirigé par Gérard Plénacoste Communiquer avec une personne sourde Aujourd’hui en France, 6,6 % de la population est atteinte de surdité. Au même titre que la langue française, ces personnes utilisent la langue des signes française (LSF) pour dialoguer. Que se passe-t-il lorsqu’une personne entendante ne parlant pas la LSF rencontre une personne sourde ? Le dialogue est très difficile voire impossible. Généralement ce sont les malentendants qui font l’effort d’essayer d’oraliser en complément des gestes, afin de se faire mieux comprendre. Le résultat est souvent négatif. La surdité dérange, les personnes entendantes confrontées à leurs propres incapacités à communiquer avec une personne sourde abandonnent le dialogue. À travers ce projet, je propose un outil de communication facilitant la compréhension du langage des signes afin d’offrir aux entendants un moyen de dialoguer avec des personnes sourdes. Le projet est une application iPad couplée avec la technologie PrimeSensor de la Kinect, qui est une caméra de reconnaissance 3D. Le principe est d’offrir une traduction instantanée en texte des gestes effectués par la personne sourde grâce à la reconnaissance et la captation des gestes par la caméra. Dans un deuxième temps, l’application permet aussi la traduction instantanée en texte des paroles de l’entendant. Pour compléter cette technologie, j’ai créé un système de représentation pictographique de la LSF pour s’y initier et faciliter son apprentissage. Technique : application iPad
33 Jean-Marie Couchouron Design graphique / multimĂŠdia
Communiquer avec une personne sourde
34 Christian Debbane Design graphique / multimédia
Quand la complexité rend le monde plus clair Vue d’une pièce du volume, vue du grand Atlas et des affiches, le livre comme espace temps pour représenter la chronologie lié à la controverse Hadopi
34 Christian Debbane Design graphique / multimédia Identités visuelles : origine, développement et nouvelles perspectives de création Mémoire dirigé par André Baldinger Quand la complexité rend le monde plus clair Est-il possible de regrouper, au sein d’une représentation, un ensemble de données complexes tout en restant lisible ? Ou faut-il, au contraire, articuler une série de représentations pour communiquer cette richesse d’informations ? L’étude de la controverse autour du projet de loi Hadopi menée par des étudiants à Sciences Po constitue un corpus dont je me suis servi pour mon travail. Mon projet de diplôme vise à expérimenter de nouveaux modes de représentation quant à la cartographie d’un sujet de controverse à partir des acteurs qui s’expriment sur le Web. Il s’attache également à confronter les arguments des acteurs qui ont soutenu ou se sont opposés au projet de loi, et à restituer l’évolution de la controverse dans le temps afin de comprendre sa raison d’être. En effet, le Web peut devenir un lieu de débat où de nombreux sites internet (à caractère politique, médiatique, juridique, etc.) signalent des position vis-à-vis d’une controverse. Il devient alors intéressant de rendre visibles les liens (renvois) et les relations entretenues entre chacun des sites ayant été définis comme des acteurs, ainsi que de mesurer leur « notoriété » et leur éventuelle influence dans l’évolution de la controverse. Mon objectif a été de poser des questions et proposer des solutions, de révéler les diverses possibilités de lecture de ces données, tout en mesurant la pertinence et l’apport de ces nouvelles représentations.
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
35 Maria Delamare Architecture intérieure Espaces confus. Tome 1 : Penser sur le sol Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand Ishdata Les terres peu explorées ou désertées stimulent notre imaginaire tandis que des formes de vie inconnues s’y développent. Conserver ces espaces à l’écart de l’homme pour qu’ils restent ces « lieux des possibles et de l’imaginaire confondus » est l’objet du projet. Il existe à proximité de Bruxelles un lieu dénommé Tour et Taxis, ancien et vaste site industriel dont l’histoire est inscrite dans la mémoire collective des habitants. Pourtant, quarante années d’abandon ont transformé la morphologie de cette friche industrielle en un superbe paysage pré-apocalyptique dépaysant et régénérant. La zone non bâtie du site permet actuellement stockage, incubation et mémoire : réserve naturelle, dépotoir, poubelles, compost, stockage de matériel de chantier, exutoire physique, cimetière industriel… Sur cette zone en jachère emblématique, le projet propose la création d’un Centre de recensement des espaces sauvages (C.R.E.S) où se polarisent, s’enregistrent et se visitent virtuellement tous les espaces sauvages du monde. Il s’agira d’équiper cette zone du site de bâtiments, chemins, plateformes et mobiliers spécifiques. Il paraît essentiel de conserver les qualités paysagères principales qui sont un panorama urbain dégagé, la possibilité d’accéder librement au site et la richesse biologique de la terre semi-marécageuse. L’architecture est ici conçue comme un moyen de transport pour l’imaginaire, un support pour se projeter mentalement. La terre laissée en jachère ne permettra pas aux visiteurs d’occuper le site de façon pérenne mais de continuer à l’explorer et se l’approprier temporairement. On distingue quatre bâtiments mis en tension dans le paysage qui forment un système programmatique. Un Data Center stocke des données informatiques dont celles concernant les espaces sauvages. Il offre son toit émergeant du sol aux visiteurs qui l’utilisent comme une esplanade pour des concerts, pique-niques et autres activités de plein air. Un lieu de projection permet de visionner en direct, en continu, à échelle 1, des vidéos haute définition d’espaces sauvages en provenance d’un dispositif de statues caméras implantées stratégiquement sur des territoires. Une bibliothèque numérique propose au visiteur des récits d’aventures, des reportages et carnets de voyage sur l’ensemble du terrain en friche. Enfin, une résidence, sorte de maison de vacances, reçoit des chercheurs, artistes ou visiteurs le temps d’une recherche, intervention ou méditation. Ses occupants deviennent les gardiens et chroniqueurs passagers du lieu.
35 Maria Delamare Architecture intĂŠrieure
Ishdata
36 > 109 Anne-Line Desrousseaux Design graphique / multimédia
00:00 Journal #3 : « Voyage »
36 > 109 Anne-Line Desrousseaux Design graphique / multimédia Neon Sign Mémoire dirigé par Gérard Plénacoste 00:00 Au cours d’une journée, une série d’événements mystérieux vient perturber le quotidien des habitants de trois zones géographiques : un village en bordure de forêt, une grande ville, un pays exotique. Retranscrites sous la forme d’une trilogie journalistique, ces fictions s’inspirent de légendes urbaines. Des séries photographiques, provenant toutes de Google Images, permettent de monter le décor de ces mondes en apparence banals, constitués d’éléments familiers : une route de campagne, un lotissement, une construction pavillonnaire, une piscine municipale, etc. Le journal nous plonge dans un univers malade et nous fait entrevoir des mondes inconcevables. Il s’agit d’une rencontre entre cette photographie dénuée de toute ambition artistique, utilitaire ou appliquée, disponible en flux continu sur Internet, et ces récits sans cesse réinventés et retransmis, appartenant à un certain folklore. Le journal sert de support pour la mise en place de fictions et propose une réponse à cette question : comment un graphiste peut-il s’approprier des objets d’usage courant pour les déplacer dans un autre contexte ? En collaboration avec Julie Slowey Techniques : impression traceuse sur papier journal et sérigraphie
37 Hugo Deverchère Art espace L’effet cinéma Mémoire dirigé par Jean-Luc Blanc Lunarium Cette situation et les histoires qu’elle amène commencent dans l’obscurité, au fond d’une vallée. C’est la rumeur d’une nuit polaire dans la région des Grands Lacs. Le territoire recomposé de cette histoire sans histoire, dont la carte serait le scénario. Si ce n’est à un récit, le dispositif établi conduit à l’apparition et au décryptage d’une pensée. Pensée animée par l’imaginaire qu’elle appelle (et qui l’appelle) et guidée par la perception d’un environnement possédant ses temporalités, ses échelles, ses mouvements et ses points de fuite. Il s’agit de donner lieu à l’émergence de processus mentaux permettant la naissance d’une fiction dont la narration, flottante, se constitue par associations d’idées, de formes et / ou de points de vue : narration en hors-champ, sans cesse redéployée et réactivée par l’expérience de chaque élément du dispositif. Cette pensée, traduite par des formes qui empruntent au monde contemporain des modes de représentation symptomatiques, élabore son mouvement, dans un va-et-vient constant avec le réel. Oscillation constante ; ici, dans le cycle de ces histoires jamais vraiment énoncées, tout peut commencer et s’achever en un instant.
37 Hugo Deverchère Art espace
Lunarium
38 Mathilde Dien ScĂŠnographie
Le Funambule de Jean Genet
38 Mathilde Dien Scénographie Écouter le bruit Mémoire dirigé par Brice Leboucq Le Funambule de Jean Genet Le réel est si éphémère, si fragile, si facile quelquefois à aborder, que je cherche toujours une garantie. La prise de risque, le fait de se mettre en danger me fait peur. J’ai peur du vide. Je veux me confronter aux hasards, forcer ma curiosité, m’ouvrir, rompre mes idées reçues, chasser cette peur du monde. Le passage entre le monde réel et ce qu’il reflète représente un va-et-vient permanent avec la matière, et ce que cela laisse entrevoir, c’est-à-dire la fragilité intérieure de chacun, associé à une idée de mouvement. Il faut s’y égarer, se perdre soi-même. Pour marcher sur le « fil », on doit se situer dans un lieu intermédiaire, une temporalité que je qualifie de flottante. Ce temps incertain est le temps du regard, c’est un moment de solitude où l’on se questionne sur son passé en même temps que l’on réfléchit sur son futur proche. C’est à travers ce texte que j’espère mener cette quête qui est la mienne. Elle arrive à un moment, ni bon, ni mauvais, elle m’est nécessaire. Ce texte est pour moi signification de passage. Mais je me demande si le « funambule », le créateur, a le droit à l’imaginaire ou s’il est condamné au réel. A-t-il le droit de rêver ? Ce texte nous parle de la recherche d’un lieu acceptable avec toutes les zones intermédiaires qu’il comprend. Est-ce que l’acte créatif nous permet de vivre dans le présent et de s’y sentir bien ? J’ai un problème avec le présent. Je pense beaucoup au passé, je suis hantée par le passé, par des amours mal partagées, des regrets, des échecs, des plaisirs et des petits bonheurs qui reviennent sans cesse. Et en même temps j’ai ce fantasme de me projeter dans le futur. La création n’est pas liée au sentiment d’être, de rester à un endroit mais elle est dans l’avancée, la « traversée du fil », elle permet la quête de quelque chose. Je fais beaucoup de choses seule, la solitude m’est familière ; elle est très présente dans mon quotidien mais elle m’est nécessaire pour me créer mon propre regard sur les choses qui m’entourent. En choisissant ce texte, je refuse de fuir, je ne peux pas, je suis obligée de me retrouver moi-même. Et je prends le risque de me regarder, de me voir, et peut-être de m’accepter. Je déambule pour trouver mon « fil ». J’ai un problème avec la distance, ne pas trop m’impliquer, ne pas trop rester à l’écart, je ne me suis jamais mise en danger dans mon travail et c’est cela qui me fascine, les gens qui prennent le risque de marcher sur leur fil. Ce qui me séduit dans ce poème, c’est Jean Genet s’adressant aux mânes d’Abdallah alors que le beau funambule ne peut pas lui répondre. Il lui parle de la lourdeur du réel qui disparaît dans la solitude pour venir la sublimer. C’est de cette opposition entre la masse du monde et sa disparition que je voudrais orienter mon projet, le passage, ce va-et-vient avec la matière et ce que cela laisse entrevoir. C’est l’équilibre qui laisse percevoir la fragilité, l’incertitude, la nécessité de prendre des risques et de se mettre en danger, pour trouver dans l’apparition cette harmonie.
39 Elsa Di Venosa Art espace Flux Cities Mémoire dirigé par Brice Leboucq Bruit blanc « L’avenir d’une désolation magnifique. Nous habitons un monde d’objets que nous n’aimons pas, parmi une civilisation urbaine que nous haïssons. Les architectures de l’avenir sont déjà construites. Ce sont les places désertes, les rues abandonnées, les immeubles dévastés. » Coop Himme(l)blau Partir du réel, du corps physique comme point 0, et tendre vers la déconstruction. Posture structurelle. Vers un hors-champ architectural : district. Deux points de fuite vers une déconstruction, projection physique sur la ligne de fuite vers l’immatériel ; décollement. 99 % d’air. Approche progressive d’un cirrostratus. Entre 5 et 12 km d’altitude aux latitudes tempérées. Structure thermique de l’atmosphère. Corps sans corps. Voile transparent et blanchâtre. Approche indiquant la proximité d’une perturbation du système. Ébullition gelée. Azote liquide : - 200 ° C Chape vaporeuse aérienne délimitant la zone intermédiaire de la situation à venir. Limite franchie. Courbe à 120 °. Vision post-apocalyptique, nuée de cendres. Neige d’écran, territoire dévasté, paysage illusoire. Apparition d’une figure imaginaire : Anna comme l’utopie d’un corps incorporel. Projection mentale d’une scène contemporaine advenue mais pas encore survenue. Contre-monde.
39 Elsa Di Venosa Art espace
Bruit blanc
40 Gervaise Duchaussoy Cinéma d’animation
Luna llena
40 Gervaise Duchaussoy Cinéma d’animation Réflexions autour du cinéma d’animation documentaire Mémoire dirigé par François Darrasse Luna llena Mon projet est né du désir de partir de faits réels, vécus, de témoignages vivants pour en faire une fiction. Je confronte deux thématiques récurrentes dans mon film : la maternité et la mort. Au travers d’un rêve, je veux faire ressortir les émotions d’une femme qui se prépare à accueillir la vie mais dont la maternité est mise à l’épreuve. Le spectateur est amené à ressentir et à partager le malaise de cette femme qui lutte mentalement pour préserver cette vie naissante. Mon film se veut poétique et symbolique. Pour aller dans ce sens, j’ai choisi d’utiliser la technique du sable animé, technique assez sensible que je trouve adaptée pour évoquer un rêve, un souvenir, une image mentale. Certains éléments graphiques sont chargés de symbolisme. La pleine lune, symbole de fécondité, est aussi le signe précurseur d’événements à venir mystérieux et inquiétants. Le son que j’ai choisi traduit l’état mental dans lequel nous devons nous trouver. Technique : court-métrage en sable animé
41 Antoine Durand Photo / vidéo La brêche Mémoire dirigé par Mathew Staunton Les Dessous du monde Consistant en une collection de photographies carte-postalisées, ce projet a été conçu en réaction contre la propagande véhiculée par les images des cartes postales traditionnelles de représentation du territoire. L’usage de la carte postale est déterminé par la fonctionnalité de son support manipulable, transportable, échangeable. Elle permet à la fois l’inscription de la trace personnelle et la distribution massive. Les cartes postales qui composent cette collection opèrent un éloignement par rapport aux images reçues. Elles ne racontent pas la vérité ou une certaine vérité « cachée » mais elles exposent, sous un autre mode d’énonciation, une histoire située hors du processus de production médiatique, imposé par l’industrie de la carte postale. Mon intention est de dévoiler des éléments voilés, presque inconscients et, ce faisant, contribuer à minimiser la violence symbolique exercée par les rapports de communication médiatique habituels qui visent à instaurer la vision d’un monde « idéalisé », un monde sans frictions. Cette intention a pour présupposés que l’image possède une puissance d’évocation indéniable, qu’elle peut créer un effet de réel et qu’elle peut faire croire en ce qu’elle fait voir. Montrer des images qui révèlent des liens, des conflits, revient à rompre avec une pratique de l’imaginaire photographique où les tensions sont rentrées, refoulées, censurées. Elle met en œuvre une sorte de reconquête symbolique du territoire, la récupération d’un territoire jusqu’à présent négligé. Techniques : 48 photographies (105 × 148 mm) au recto avec sérigraphie au verso, porte-cartes en fil d’acier cintré
Grand projet avec les félicitations du jury
41 Antoine Durand Photo / vidéo
Les Dessous du monde Avenue de la Camargue, Grau de Piémanson, Arles, France Ménagerie du Jardin des Plantes, Paris, France
42 Margau Duroux Image imprimĂŠe
Kings Story
42 Margau Duroux Image imprimée Auteur(s) d’aujourd’hui. Une vision renouvelée du travail d’auteur Mémoire dirigé par Denis Pérus Kings Story Dans une société placée sous le signe de la distinction et de l’individualité, la célébrité apparaît comme une fin en soi, l’achèvement ultime donnant l’illusion d’une plateforme à partir de laquelle on pourrait tout faire, sans aucune limite. Ces rois sont jeunes, seuls, célèbres. Ils n’ont pas mérité leur place, héritée du simple fait de leur naissance. En tant que rois, ils deviennent figures publiques. Leur vie personnelle est mise au premier plan, scénarisée pour l’amusement collectif d’un public de masse, qui les suit au quotidien et les appelle par leur prénom, pensant ainsi les connaître intimement. Ces rois ont leurs royaumes respectifs à leurs pieds. Ils ont carte blanche. Ils sont libres de tout, excepté de leur vie. Ces rois sont inexpérimentés, perdus, aveuglés par les flashs de la renommée. Sans repères, ils font comme bon leur semble, s’accommodant de leur statut de manière que rien ne vienne entraver le confort auquel ils aspirent. Ils peuvent faire exaucer leurs caprices, dans la démesure dont ils sont capables. Ils peuvent s’unir avec un proche, pour n’être que l’image du pouvoir. Ils peuvent rester discrets, se retirer de la scène. Ils peuvent tuer, massacrer, violer, sans être inquiétés. Permettez-moi de vous présenter… Le roi Stéphane Seigneur Théodore Sa Majesté Nain Son Excellence Albert
43 Bénédicte Enou Architecture intérieure Espace 3.0 Mémoire dirigé par Stéphane Degoutin New Orleans 2020 Les simulations de la montée du niveau de la mer, notamment formulées par la NASA, montrent une augmentation internationale moyenne des eaux de un à deux mètres en 2100. Sous la question de l’eustatisme se cachent plus largement les problématiques climatiques globales liées au réchauffement de la planète. Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale vit dans des zones côtières et sera concernée par la vulnérabilité littorale. Le scénario fondateur du projet formule une approche de la ville sédimentaire. Après une catastrophe climatique, comment une ville doit-elle se reconstruire ? De même que l’on parle de résilience écologique (capacité d’un écosystème, d’un habitat, d’une population à retrouver un fonctionnement et un développement normal après avoir subi une perturbation importante), le projet privilégie le concept de « résilience urbaine ». Comment une ville peut-elle se régénérer et envisager une évolution sous pressions climatiques ? Notre attention s’est portée sur le développement urbain de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Ravagée en 2005 par l’ouragan Katrina, la ville fait aujourd’hui l’objet de programmes de reconstruction. Notre objectif est donc d’avoir une double approche : proposer un projet alternatif à la reconstruction de la ville pour les environs 2020 et, simultanément, le penser comme un projet d’anticipation realtivement à la hausse du niveau de la mer. En utilisant l’eau comme un élément de revalorisation du territoire, ce projet aux enjeux contemporains et prospectifs ouvre une perspective de coexistence et de réconciliation avec cet élément. Nourri par la volonté d’exprimer une vision télescopique du projet, de la ville à l’architecture, il est au service d’une réurbanisation interactive et spontanée. La démarche prospective mise en place pendant huit mois se décompose en plusieurs points. Sept sites représentatifs d’un rapport spécifique de la ville à l’eau ont été choisis pour mener une analyse comparative. Cette étude permet de dégager des principes, des axes d’approche et des logiques, qui nourriront le système pour le projet. Par système, nous entendons une association de composantes formulant la génétique d’un projet aqua-urbain. Appliqué à un site, il s’adaptera aux spécificités locales, sociologiques, culturelles et climatiques pour faire naître deux projets : l’un urbain et l’autre architectural. L’approche multiscalaire a donc été rendue possible grâce à un processus fondamentalement informatisé. Notre démarche révèle un ensemble d’expérimentations informatiques, paramétriques et mathématiques, toujours au service de la réalité et de la philosophie du projet.
Grand projet avec les félicitations du jury
43 Bénédicte Enou Architecture intérieure
New Orleans 2020
44 Alexandra Épée Scénographie
Méthodes Marguerite(s) « Tout le monde veut être Madame Marguerite » « L’école est une seconde famille » « Il n’y a pas que les études dans la vie »
44 Alexandra Épée Scénographie Le corps enseignant Mémoire dirigé par Élise Capdenat Méthodes Marguerite(s) Ce projet s’inscrit dans la continuité de mes recherches sur la place du corps dans l’acte d’apprendre menées en vue de mon mémoire. Il propose un développement autour de la notion de classe en tant qu’espace, mais aussi par rapport à ce qu’elle induit chez chacun, aux rôles qu’elle nous confère. La pièce de Roberto Athayde, Madame Marguerite, constitue le point de départ. Le monologue d’une institutrice stricte et abracadabrantesque face à ses élèves… ou à ses spectateurs. L’ambiguïté est entière tout au long du texte : où sommesnous ? École ou théâtre ? J’ai réduit le discours de Madame Marguerite et introduit les interventions d’un ministre, Xavier Darcos, d’un pédagogue, Philippe Meirieu, d’un auteur, Daniel Pennac, d’enfants, les enfants de Barbiana, pour multiplier les points de vue, les voix, les discours sur l’éducation. Une soutenance sous forme de parcours, guidé par Madame Marguerite, lors duquel le public est amené à rencontrer les textes supplémentaires, les entendre, les lire, les écrire… La notion de cheminement, en termes d’apprentissage, est pour moi essentielle, dans un lieu fort en signification, dans une école. C’est pour cette raison que mon choix s’est porté sur l’École normale supérieure et ses laboratoires. Le parcours débute à l’entrée, 8, rue Érasme à Paris, pour gravir peu à peu les escaliers du bâtiment, rencontrer à chaque palier une installation différente relative aux textes ajoutés. Arriver ensuite au cinquième étage, au niveau de la salle-serre sur le toit, y pénétrer pour entendre la fin du texte puis sortir, comme on quitte l’école, en observant les toits de Paris, et l’horizon. Dans un déploiement de l’espace classe, différents questionnements sont alors mis en présence, les spectateurs / élèves sont tantôt amenés à suivre, écouter, subir, tantôt à écrire, faire, bouger. Ces différents positionnements induisent de multiples façons de voir et laissent les participants à des réflexions personnelles sur leur propre parcours scolaire, sur l’éducation, sur la notion de place. Techniques et matériaux : sept comédiens, vidéo, son, papier, tableaux noirs, chaises et tables d’école
Mémoire avec les félicitations du jury
45 Nicolas Fernandez Photo / vidéo Mémoires d’Hiroshima Mémoire dirigé par Hiroshi Maeda RCP-3000 Ce film dépeint une ville et ses alentours. Elle est inhabitée, les immeubles sont délabrés, la nature a progressivement remplacé le bruit et la lumière de l’activité humaine. Le contenu d’un répondeur que l’on entend en parallèle, comme une voix off, suggère qu’il s’agit d’une ville abandonnée à la suite d’une catastrophe, dont on ne connaît ni la nature ni l’importance. Ce scénario soulève une question fondamentale : comment ces messages peuvent-ils exister si personne n’est là pour en témoigner ? Le spectateur ne participe pas au film en s’identifiant à un survivant mais plutôt à un esprit, une vision omnisciente de ce qui existe, ou plutôt de ce qui reste. Ces images, inspirées des productions Lo-Fi du cinéma de science-fiction, sont réalisées en maquettes et filmées au caméscope. Ce film est comme une fable, le fantasme postapocalyptique d’un enfant des années 1980. Techniques : maquettes, caméra DV
45 Nicolas Fernandez Photo / vidéo
RCP-3000 Visuel du film, capture d’écran
46 Ulysse Fiévé Photo / vidéo
Pavillon giratoire
46 Ulysse Fiévé Photo / vidéo Vertus de l’image cinématographique à l’ère du visuel Mémoire dirigé par Christian Courrèges Pavillon giratoire Misha Kalinski arrive pour son premier jour en qualité d’art-thérapeute dans le service du Dr Lestrade. Le Pavillon giratoire va agir comme un prisme, au travers duquel se révèle le désir d’intégration de Misha, son besoin de normalité. L’ensemble du film a été tourné en huis clos, dans la même pièce. À chaque séquence correspond une organisation différente de l’espace et de la décoration, redéfinissant ainsi leur fonction symbolique (parloir, réfectoire, salle de conférence…). L’institution et ses membres, lieu protocolaire et théâtral par excellence, servent de support aux fantasmes de Misha. L’esthétique du film oscille entre le réalisme d’une caméra se limitant à restituer les aspects concrets du décor et des personnages et l’artificialité des scènes, mise en évidence par le fonctionnement absurde de cette micro-société. Techniques : court-métrage de 17 mn 30 s, caméra HD 5D Canon MarkII, format 1.33
Grand projet avec les félicitations du jury
47 > 16 Laure Fissore Image imprimée Les lieux de l’identité Mémoire dirigé par Mathew Staunton What I Inside Think Le point de départ de notre travail a été un intérêt commun pour la danse et pour les systèmes de notation du mouvement, notamment Benesh et Laban. Il s’agit, à la façon de la partition musicale, de systèmes codifiés permettant de décrire les mouvements du corps dans l’espace. Ils servent principalement à la transmission des œuvres chorégraphiques. En étudiant de façon approfondie ces notations, nous nous sommes aperçues de leurs limites : très complexes, elles ne sont bien souvent lisibles ni par le chorégraphe, ni par les danseurs. De plus, la notation du mouvement renseigne sur le ballet final et ne prend pas en compte toute la démarche artistique du chorégraphe. Or c’est la période de création qui donne les clés pour comprendre ses intentions et in fine mieux appréhender l’œuvre finale. Nous avons voulu nous confronter à cette problématique, en assistant à la période de création de deux chorégraphies, Le Corps du ballet et Opus 50 respectivement d’Emio Greco et Jean-Christophe Maillot. À l’issue d’un travail d’observation et de collecte de matière sur trois mois, nous présentons une édition par chorégraphe, deux livres transmettant la démarche et l’intention de chacun. Nous avons choisi de nous réapproprier leur univers afin de restituer par un travail plastique et graphique l’essence de chaque ballet. En collaboration avec Delphine Breissand
47 > 16 Laure Fissore Image imprimĂŠe
What I Inside Think
48 Helena Front Design textile et matière
Anomalie Motif « Hirsute 2.0 » imprimé sur soie / élasthane Motif « Giga Print » imprimé sur viscose Maille Jacquard 4D
48 Helena Front Design textile et matière Culinaire + Mémoire dirigé par Laure Loutrel Anomalie À contre-courant de notre société normative, obsédée par la beauté et angoissée par le spectacle de la disgrâce physique, je fais l’éloge de manière poétique de l’anormalité physique. À cet effet, je développe dans mon projet un univers fort et contrasté traitant de ma fascination pour la singularité. En m’inspirant des principaux phénomènes de foire et des cabinets de curiosités, j’espère me faire l’écho des freaks « modernes », sans tomber dans la représentation directe des anomalies actuelles. Mon intention n’est pas d’accentuer le sentiment de pitié ni de porter un jugement moralisateur mais de porter un regard décomplexé sur les malformations physiques. D’après Baudelaire pour qui « le beau est toujours bizarre », il s’agit de faire l’éloge de la différence par la sublimation d’une prétendue monstruosité, d’une aberration de la nature. Ce qui est régulier peut devenir monotone ; l’irrégularité, l’élément perturbateur qui viennent déranger la norme constituent la richesse du sujet, sa spécificité. L’œil a besoin d’images décalées et le regard d’être surpris. Techniques et matériaux utilisés: textiles et fils mixtes, maille, tissage, impression numérique, impression au cadre, gravure laser
49 Cécile Gasseng Architecture intérieure Le désordre Mémoire dirigé par Sylvestre Monnier Habiter un pont : une aubaine urbaine. La folle eau-berge Espace de détente, lieu de culture et de divertissement, le parc de La Villette s’étend de la porte de La Villette à la porte de Pantin sur 55 hectares, ce qui en fait le plus grand parc culturel urbain de la capitale. À l’emplacement des anciens abattoirs et grâce au projet architectural de Bernard Tschumi, il fait figure depuis 1979 de trait d’union entre les différentes institutions culturelles du site. Le projet envisagé se situe au niveau du pont de l’ancienne petite ceinture de Paris franchissant le canal de l’Ourcq, juste au sud du parc de La Villette. La proximité avec ce site à la personnalité affirmée incite donc à des jeux de prolongement et à l’engagement d’un dialogue formel entre les deux espaces, en créant une vingt-septième « Folie » rouge s’inscrivant dans la trame préétablie. La réinterprétation qui sera faite de ce langage laissera cependant la place à une liberté de création, notamment en déconstruisant de manière géométrique le volume de la Folie. Le programme de ce projet propose une auberge atypique dans laquelle nous pourrions vivre les actes d’un quotidien au-dessus de l’eau, comme suspendus le temps d’un voyage. La démarche s’inscrit dans la continuité de la revalorisation du canal poursuivie depuis quelques années avec la création entre autres des cinémas MK2, de Paris Plage, de restaurants, bars, péniches, club de canoë-kayak, etc. Le quartier propose des expériences en relation avec le site, des activités tournées vers le divertissement et la contemplation du canal. Créer un nouveau lieu sur un pont est une aubaine urbaine. Le point de vue proposé devient alors atypique et inattendu par rapport à l’habitude que l’on a de ne faire que traverser pour passer d’une rive à l’autre. Un tel positionnement, en suspension, sans fondation ni limite terrestre invite à la divagation. Le pont actuellement à l’abandon sera réhabilité d’une part en restaurant et, d’autre part, en promenade verte ; lui donner un sens revalorise ainsi cet espace de la petite ceinture. Des chambres / appartements viendront parasiter la régularité de ce pont en treille en s’y greffant de manière aléatoire. Six appartements configurés de manière différentes permettront le développement d’une réflexion sur l’individu et le caractère unique de l’expérience. Cette pluralité de configurations permet une adaptation au mode de vie de chacun et cette préoccupation est dans la lignée du sujet de notre mémoire sur la notion de « désordre : une conception en mouvement ».
49 CĂŠcile Gasseng Architecture intĂŠrieure
Habiter un pont : une aubaine urbaine. La folle eau-berge Façade sud, la terrasse restaurant
50 Mathilde Gaudin Architecture intérieure
Kreativwirtschaft Zentrum. Le Centre des arts appliqués de Tempelhof à Berlin Vue satellite de Tempelhof, vue extérieure, entrée principale, vue intérieure, bar caféteria, maquette, plan du projet au 1/100
50 Mathilde Gaudin Architecture intérieure Avoir lieu d’être à Berlin Mémoire dirigé par Stéphane Degoutin Kreativwirtschaft Zentrum. Le Centre des arts appliqués de Tempelhof à Berlin Histoire de fascination… Attirée par la singularité et le dynamisme de la ville de Berlin, je m’y suis établie l’an dernier pour un projet d’étude. Captivée par son histoire poignante et si récente, j’ai été fascinée par l’ancien aéroport de Tempelhof, au sud-ouest de la ville. Édifié par les nazis en 1936 dans le cadre de Germania « capitale du monde », il devint successivement camp de concentration puis de travail forcé dans la production d’armement, centre des forces armées américaines pendant la guerre froide et plateforme de réception du pont aérien, avant de retrouver sa fonction d’aéroport jusqu’en 2008… Cette architecture gigantesque porte les stigmates de l’histoire du xxe siècle. À la fois symbole de fermeture autoritariste et d’ouverture vers le monde, l’avenir de ce monument fermé depuis deux ans et désormais classé suscite la polémique. Statu quo pour la mémoire ou fort potentiel de développement ? Persister à l’entretenir en l’état étant trop onéreux, Berlin opte pour sa requalification. Site très attractif, les propositions urbanistiques et artistiques naissent dans l’effervescence. Un concours est annoncé pour la revalorisation d’une partie du bâtiment. Je rencontre l’équipe de Tempelhof Projekt, développeurs de ce projet. Il s’agit de créer dans l’aile nord de l’aérogare un pôle attractif, centralisant les échanges entre les acteurs de la scène des arts appliqués : le Kreativwirtschaft Zentrum. Ce qui fait sens à Berlin où l’art et le design sont des secteurs essentiels de sa dynamique et de son rayonnement international. Le concours est lancé. Tempelhof Projekt m’a confié cette mission en novembre 2010. Au rezde-chaussée s’établira un espace public d’accueil, d’information et d’échange, de restauration et d’exposition, donnant accès, au premier étage, aux bureaux fixes d’IZD (International Design Zentrum) ainsi qu’à des espaces locatifs suivant le concept du Coworking. Le cœur du projet a été de trouver un juste équilibre entre la conservation de la mémoire du lieu et l’apport d’un souffle novateur répondant aux fonctionnalités d’un nouvel usage. Après l’étude détaillée du contexte architectural, je prends le parti d’y tracer un nouveau parcours. Un bandeau blanc se déroule au sol et au plafond. Visible de l’extérieur, il signale le lieu, guide la lumière naturelle, clarifie les accès aux différents espaces, tout en racontant l’existant sur son parcours.
51 Alexine Gérard Photo / vidéo Photographe / photographié Mémoire dirigé par Christian Courrèges People of the Light “Flying through the valley separating day and night ‘I am death!’ cried the vulture for the people of the light…” Gil Scott-Heron, Your Soul and Mine J’ai voulu créer des images allant au-delà de la reproduction du réel, des images qui ne démontrent rien mais qui laissent voir l’illusion des formes en mouvement. Le mouvement, la lumière, les couleurs forment une nomenclature du visible où l’individu se voit démultiplié, fragmenté ou déformé, mais finalement toujours désincarné par la lumière. Le procédé photographique me permet d’être le seul témoin des possibilités de transfiguration et de translation des corps. Stroboscopes, lasers, rythmes et danses sont autant d’éléments qui composent l’image de façon aléatoire. La technique ne me sert qu’à atteindre une surréalité. Les personnes sont réduites à une posture plus ou moins monstrueuse, affublées de multiples membres. Elles baignent dans leur propre halo et apparaissent tels des spectres. Le rendu pictural des images est alors accentué par l’absence partielle de contexte. Chaque détail peut être pris pour une illusion, et l’abstraction qui en résulte rend plus ténue la frontière réalité-fiction. Ces images d’une énergie aux limites de la frénésie créent une tension et troublent la logique du spectateur. Elles affectent sa rationalité et rendent toute vision ordonnée impossible. Technique : 13 photographies (80 × 100 cm), encres pigmentaires sur papier art graphique
51 Alexine Gérard Photo / vidéo
People of the Light
52 Lia Giraud Photo / vidéo
Expériences « Cultures » : culture no3, photographiée le 03.05.2011 ; culture no8, photographiée le 20.05.2011 « Images du possible » : vidéogramme du module « Interprétation » ; vidéogramme du module « Extraire »
52 Lia Giraud Photo / vidéo L’image recyclée Mémoire dirigé par Clarisse Hahn Expériences Expériences regroupe deux propositions sur la façon de penser l’image photographique et vidéo aujourd’hui, non comme des entités fixes et linéaires mais comme lieux de réactions incertaines où se scénarisent tous les possibles. « Cultures » (installation mixte) : La photographie vit et évolue sous l’influence d’une culture qui lui donne une forme particulière mais jamais unique. Il s’agit là d’un laboratoire de production d’images vivantes et ambivalentes, à mi-chemin entre l’invention biotechnologique et l’exploration d’une technique oubliée. Réalisé en collaboration avec Claude Yépremian, biologiste au Muséum d’histoire naturelle de Paris. « Images du possible » (film modulable) : Dans ce film web modulable et actualisable, les corrélations peuvent se faire et se défaire infiniment. Ce système fait écho au sujet des films : deux portraits de chercheurs qui expliquent et interrogent leurs pratiques. Interface réalisée par Basile de Gaulle (Design graphique / multimédia) ; programmation de Thomas Triau
53 Gwenaëlle Goaziou Image imprimée Addiction et création Mémoire dirigé par René Lesné Mots d’animaux Cette collection de 12 livrets est destinée aux enfants âgés de 5 à 7 ans, en plein apprentissage du langage, de la lecture et de l’écriture. « Bestiaire » : Il est librement inspiré d’expressions françaises elles-mêmes nourries par le règne animal. Chaque expression représente un animal, chaque animal représente une expression. Un petit lexique en fin de chaque volume donne à l’enfant une explication de l’expression retenue. « Découpage et assemblage » : Les animaux prennent forme à partir de couleurs, matières et formes, découpées, superposées, froissées, juxtaposées, etc. « Coffret » : Les livrets de la collection sont présentés dans un coffret rigide de format 15 × 15 cm. Le format et le papier répondent à la manipulation souvent rude qu’en feront les enfants. « Jeux » : À cette collection s’associent plusieurs jeux : – un cahier de jeux (15 × 15 cm) avec mots croisés, mots mêlés, etc. – un jeu de cartes « Hou ! Hou ! Où est le hibou » (7 × 10 cm) comprenant 60 cartes rangées dans une petite boîte séparée dont les règles suivent celles du jeu de paires à reconstituer – un calendrier des animaux 2012, dont la lisibilité a été le parti pris premier. Il présente les animaux sur un fond blanc avec des cases pour chaque jour de chaque mois (un mois par page), où l’enfant a la possibilité d’écrire. Chaque mois, on découvre une expression en relation avec la saison (14 pages couverture comprise, format A4 à accrocher). « Affiches » : Deux affiches sérigraphiées (70 × 100 cm) reflètent l’univers de la collection : le monde de la mer et le monde de l’arbre.
53 Gwenaëlle Goaziou Image imprimée
Mots d’animaux « Le hibou qui dormait debout », couverture « Tous perchés », affiche sérigraphiée « L’hippopotame », extrait du livre « Le flamand lecteur »
54 Jérémy Gobé Art espace
Ne reproduis pas, continue
54 Jérémy Gobé Art espace L’albatros Mémoire dirigé par Patrick Jeannes Ne reproduis pas, continue « Un art qui a de la vie ne reproduit pas le passé, il le continue. » Auguste Rodin Fils de militaire, je suis entré dans l’art par admiration. Pour mon entourage, créer n’était qu’une récréation. Nous avons donc passé un compromis : des études d’architecture. Jusqu’à ce que je choisisse de ne plus faire de compromis. J’ai tout arrêté, ou plutôt tout commencé en entrant dans une école d’art. J’ai tout découvert, tout pris en plein visage, tout admiré. J’ai dû trouver ce qui pour moi avait de la valeur, ce qui me faisait lever le matin. Je veux donner. Je veux échanger, rencontrer, transmettre. Je me lève pour ça. Je travaille : cuisinier, serveur, déménageur, gardien de nuit. Je visite des usines, des villes, des inconnus. On me donne tant. Alors je passe du temps, répète des gestes, oublie ma main et peux penser, donner, échanger, transmettre à mon tour. Je ne suis pas nostalgique. Au contraire, j’échange au présent. Que je remplisse mes sculptures de pâtisseries offertes au public ou que je livre le plus sincèrement possible l’histoire de ma famille dans une édition donnée aux spectateurs de mes expositions, je suis dans le présent. Je me sers du passé, de ce qu’il a construit pour échanger aujourd’hui. Continuer.
Grand projet avec les félicitations du jury
55 Camille Grégoire Design objet L’abstraction du geste. L’évolution du geste, médiateur entre l’homme et l’objet Mémoire dirigé par René Lesné Lucioles. Objets lumineux fonctionnant à l’eau « Les petites lucioles donnent forme et lueur à notre fragile immanence, les féroces projecteurs de la grande lumière dévorent toute forme et toute lueur – toute différence – dans la transcendance des fins dernières. » Georges Didi-Huberman, Survivance des lucioles Dans de nombreux objets quotidiens (luminaires, électroménager, transports, etc.), le geste de l’utilisateur est abstrait : il s’agit d’un geste de commande, simple contact, éloigné du fonctionnement interne de l’objet. L’énergie provient d’une source extérieure à l’objet comme à l’utilisateur. La conscience de sa quantité consommée échappe à ce dernier, faute d’une visualisation possible. Nivelé et décontextualisé par l’électronique, le geste d’utilisation se déploie dans un langage codifié qui invite moins, par la manipulation des objets, à rencontrer le réel. Comment réunifier au sein d’un objet la source d’alimentation, la commande de mise en route et la symbolique du scénario d’utilisation par un geste singulier ? Dans une perspective de recherche et d’expérimentation sur de petits objets électriques, mon projet articule trois intentions : l’autonomie en énergie de l’objet, la symbolique du geste d’utilisation et l’intelligibilité de l’objet. Arroser pour éclairer. Ce geste se concrétise dans deux contextes, intérieur et extérieur. La « Luciole-à-renverser » est une petite veilleuse que l’on remplit d’eau et qui s’allume lorsqu’on la bascule. Le prototype présenté est en résine stéréolithographiée. La « Lucioleà-pluie » s’accroche aux murs d’un jardin et s’allume au contact de l’eau. Les prototypes présentés sont en résine cristal ou en céramique.
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
55 Camille Grégoire Design objet
Lucioles. Objets lumineux fonctionnant à l’eau « Luciole-à-pluie », résine teintée pigments blancs, éteinte / allumée « Luciole-à-renverser », sur accroche murale, éteinte / allumée
56 Étienne Guignard Cinéma d’animation
Gramoun
56 Étienne Guignard Cinéma d’animation Les choix narratifs de Bastien Vivès Mémoire dirigé par René Lesné Gramoun Un vieillard seul dans une cabane perd son seul compagnon, un poisson jaune J’ai toujours souhaité travailler dans le dessin, la bande dessinée, l’animation, etc. Au fur et à mesure de mes années d’études, j’ai réalisé que ma véritable passion était la narration, encore plus que l’image. Pour clore mon cursus, j’ai donc décidé de m’essayer à l’exercice du court-métrage. Mon principal objectif a été ici de raconter mon histoire avec le minimum de moyens possible, en essayant au maximum d’être sincère et spontané. La technique utilisée est de la peinture numérique (Photoshop) et j’ai tenu à ce que tout soit fait « à la main ». C’est-àdire que les mouvements de caméra, les effets de fumées ou autres ont été faits image par image, sans recours à des logiciels de post-production. J’ai cherché à garder une animation simple, avec juste ce qu’il faut comme image pour le bon déroulement de la narration. J’ai privilégié l’intuition et le ressenti, avec le minimum de croquis préparatoires. Je me suis orienté vers un rendu sans traits, juste en masses de couleur, laissant toujours une place à la suggestion et à l’interprétation. Il en va de même pour le fond. Je suis parti d’une idée simple dont le déroulement peut être interprété de manière plus ou moins symbolique, avec plusieurs pistes de lecture possibles. Que ce soit pour le son ou la structure globale du film, j’ai alterné des moments calmes avec des scènes plus agitées, en tentant toujours, malgré le caractère parfois contemplatif, de garder un certain rythme.
57 Lucina Hartley-Koudelka Design objet Ordre / désordre Mémoire dirigé par Olivier Peyricot Quiza, support d’expression et de communication à usage collectif « Avez-vous peur de nager dans la mer lorsque vous ne touchez plus le fond ? » lit un employé d’une entreprise dans un petit cadre affiché dans le couloir qui mène à son bureau. À côté de cette question étrange, une grande image colorée formée d’une série de lignes verticales et de plusieurs bâtons colorés représente les réponses de quelques employés s’étant livrés au jeu. Intrigué, il place timidement sa propre réponse sur le tableau : les profondeurs aquatiques le terrorisent. Lorsqu’il repasse dans ce couloir en fin de journée, le nombre de bâtons colorés a augmenté, d’autres employés ont dû participer. Il découvre que la majorité des personnes se déclarent insouciantes dans les profondeurs. Deux jours plus tard, le cadre affiche un questionnement différent : « Le temps c’est de l’argent. » À l’heure du déjeuner, après avoir discuté de la réunion de ce matin avec un collègue, il lui demande : « Et toi, tu as répondu à la question aujourd’hui ? – Oui, tout en bas. – Vraiment ? Pourquoi ? » Techniques et matériaux utilisés : cadres et pièces en bois, structure en aluminium, fil élastique
57 Lucina Hartley-Koudelka Design objet
Quiza, support d’expression et de communication à usage collectif
58 Marie-Charlotte Hébert Design textile et matière
La Chine, un havre de paix et de sérénité « Dentelle de lotus », féerique et surnaturelle, cette dentelle de fleurs exotiques métamorphose l’espace « Rêve mandarin », la matière prend une allure immatérielle qui s’adapte à la scénographie et à la mise en scène « Ombres chinoises », la lumière prend vie dans un jeu dynamique d’ombres et de lumière « Poésie chinoise », la matière prend corps et relief dans la lumière
58 Marie-Charlotte Hébert Design textile et matière Pékin-Beijing, cœur de la cité. L’identité chinoise survivra-t-elle à la course pour la modernité ? Mémoire dirigé par Steen Halbro La Chine, un havre de paix et de sérénité Mon grand projet se développe à partir d’un thème qui me tient particulièrement à cœur : la Chine. Cet attrait pour la Chine m’est venu lors de mes deux stages que j’ai effectués à Pékin et d’un séjour au cœur des montagnes du Guizhou, dans le sud du pays. J’ai traité ce thème d’un point de vue très personnel, en m’appuyant à la fois sur les images de la Chine qui m’ont profondément touchée et les impressions que j’ai ressenties lors de mes séjours. J’ai tenté de traduire et de transmettre ce que j’ai découvert là-bas : un climat de paix et de sérénité que l’exercice de la méditation et de la contemplation a contribué à introduire en moi. Ce climat particulier s’exprime, je l’espère, à la fois dans ma collection et davantage encore dans son processus de réalisation. Ainsi ai-je tout particulièrement utilisé des techniques qui exigent au départ une grande concentration mais qui, au fil du temps et au fur et à mesure de la maîtrise du métier, en raison du caractère répétitif du même geste, vont permettre à l’esprit de se libérer pour d’autres tâches et à la pensée de s’évader en toute liberté. Le tissage, le pliage, l’origami et tous les autres principes de construction textile fondés sur la multiplication de modules reposent, en effet, sur la répétition de gestes qui s’inscrit dans une temporalité et impose un rythme régulier propice à la méditation. Au fil de la réalisation, l’esprit, alors libéré de toute contrainte technique, peut s’adonner à la méditation et atteindre une certaine quiétude, une paix intérieure. Je me retrouve alors seule, face à mon ouvrage.
59 Claudia Herbreteau Image imprimée Elle était une fois… Les modes de représentation de la féminité à travers les contes Mémoire dirigé par Denis Pérus Tout ce qu’il nous reste « L’image est vouée au regard de la mémoire pour conserver l’absent. » Pierre Fédida Cette réflexion porte sur l’absence et sa représentation. Ce thème universel qui renvoie à notre mortalité m’intrigue. Chaque être, chaque objet que nous avons pu croiser laisse physiquement une trace, une empreinte après son passage. Cette trace s’inscrit de manière plus ou moins profonde et claire dans notre mémoire et de cette façon arrive à conjurer l’absence. Ce projet s’articule autour du sentiment d’un temps révolu. La trace, qui est mon fil conducteur, renvoie à ce qui fut et n’est plus, mais dont il subsiste quelque chose de ténu. Une sensation d’abandon s’ajoute à l’idée de disparition et donne à cette trace une teinte nostalgique. La fragilité du crayon graphite s’est naturellement imposée à moi. La malléabilité de cet outil m’a permis de jouer avec le blanc de la page grâce à la gomme. En dessinant, puis en effaçant, je tente ainsi de saisir l’évanescence de la mémoire dans la série « Temps mort ». « Temps mort » : Dans la série des paysages impersonnels et cependant intimes, je recherche un sentiment d’abandon, d’immobilité, de désolation. Le corps est absent et laisse place au vide, au blanc du papier. « Les corps fugitifs » : Dans une série de gravures au trait, le corps est partiellement retrouvé. Elle évoque le travail de reconstitution de la mémoire, comme un puzzle que l’on assemble. Le trait trouve sa force à travers les rythmes qu’il crée. L’absence se dessine maintenant paradoxalement à travers l’empreinte laissée. « Tout ce qu’il nous reste » : Une édition comportant des extraits de Blanc, roman de Claude Louis-Combet, complète ces deux séries d’images. Le narrateur, confiné dans un espace clos, se retrouve étrangement envahi par une lumière blanche. Le monde s’efface peu à peu autour de lui pour enfin laisser place au vide.
59 Claudia Herbreteau Image imprimée
Tout ce qu’il nous reste « Temps morts » (dessin), « Les corps fugitifs » (gravure ), « Tout ce qu’il nous reste » (édition)
60 Emmanuel Honoré Design graphique / multimédia
Image & Musique à l’heure du MP3 Application d’écoute en streaming, « Pochette de morceau », image propre à une chanson et non à un album
60 Emmanuel Honoré Design graphique / multimédia L’image et la musique à l’âge du MP3 Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand Image & Musique à l’heure du MP3 Nous vivons une époque de transition, de passage entre musiques physique et dématérialisée. Le MP3 a remis en cause soixante-dix ans de tradition d’image accompagnant le disque et sa pochette carrée. Mais le passage au numérique a un autre effet : la mort du disquaire, auquel se sont substituées des interfaces qui ne nous offrent plus la vision d’ensemble que l’on pouvait avoir en la remplaçant par un simple onglet de recherche. Or ce défaut de vision globale intervient au moment où l’offre n’a jamais été aussi importante et où les collections n’ont jamais été aussi bien fournies. En effet, il n’est pas rare de rencontrer des personnes ayant plusieurs milliers de morceaux et les sites de diffusion musicale en streaming devenus la norme d’écoute proposent plus de 10 millions de titres… Nous nous sommes précipités dans le numérique en embrassant la métaphore première du monde informatique, celle de la page, omniprésente sur le Web, cliquant pour parcourir les chapitres d’un livre dont on ne voit jamais la totalité, en oubliant la notion de globalité que pouvait nous offrir l’expérience du magasin de disques, nous condamnant à rester sur la page d’accueil si l’on ne sait pas ce que l’on cherche, empêchant toute forme d’exploration, de flânerie entre les bacs numériques. Mon projet consiste en une réflexion autour de ces notions de sélection et de recherche de la musique dans notre nouveau monde digitalisé. Il prend la forme d’un site internet de diffusion musicale en streaming ainsi que d’expériences autour des notions de réalité augmentée. Techniques : multimédia (html5, css3, php et mySQL en ajax, javascript, vidéo, réalité augmentée) et print (livre)
61 Marie Jacotey-Voyatzis Image imprimée Pollution visuelle Mémoire dirigé par René Lesné Pour ne plus faire face à la mort Je propose une collection d’instantanés féminins. Ces femmes, cette femme – « qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre » – sont observées dans leurs relations d’amitié, de couple, de sororité, mais également dans leurs relations à elles-mêmes et, notamment, à la mort. Un premier livret regroupe une série de dessins systématiquement légendés (plutôt humoristiques, décalés souvent) qui, rassemblés, constituent les fragments d’un quotidien féminin que j’examine et imagine. De l’univers aperçu en filigrane dans ce recueil naissent trois nouveaux ensembles. Ensemble I : « Tu vois pas qu’on discute ? » Série de dessins mettant en scène trois femmes. Ensemble II : « Sois ma poupée » et « Elle a dit : ‹ Si je veux, je te tue ›. Il a répondu qu’il s’en foutait. » Duo de livrets sur le thème du couple avec des insertions de gravures. Ensemble III : « Arrivée aux portes de l’église elle s’arrêta. » Série de gravures accompagnées d’une collection de peintures sur plâtre, morceaux de fresques d’inspiration religieuse. Inspirée par les « correspondances » baudelairiennes qui associent des éléments, des mondes au moyen d’improbables analogies, je définis mon projet comme duel : une seconde piste, née de la première, l’éclaire d’un jour nouveau.
Grand projet avec les félicitations du jury
61 Marie Jacotey-Voyatzis Image imprimée
Pour ne plus faire face à la mort « Si je veux je te tue », « Pour ne plus faire face à la mort »
62 Laure Jaffuel Design objet
A Fine Mess
62 Laure Jaffuel Design objet La mémoire des objets Mémoire dirigé par Olivier Peyricot A Fine Mess « Il nous faut montrer que la maison est une des plus grandes puissances d’intégration pour les pensées, les souvenirs et les rêves de l’homme. Dans cette intégration, le principe liant, c’est la rêverie. » Gaston Bachelard Pourquoi et comment ranger les objets ? Cachés, jetés, entassés, classés, exposés, enfermés, empilés, posés, combinés, juxtaposés, exhibés, accumulés… Nos différentes activités influencent la nature des objets qui pullulent dans notre univers domestique et quotidien. La relation que l’on entretient avec eux se lit dans leur organisation dans la maison. En questionnant le statut et la place des objets dans l’habitat, ce projet propose un système de rangement sensible, élément de cloison ; il permet à la fois la liaison et la séparation des territoires et des activités. Les objets sont révélés grâce à un matériau changeant et perforé qui permet différents degrés de visibilité, donc différents regards. La projection de soi dans ces objets est engendrée par l’imaginaire créé autour d’eux, ainsi la suggestion des objets domestiques incite à la rêverie dans le foyer. Techniques et matériaux utilisés : structure acier, peinture époxyque, étagères en contreplaqué replaqué sycomore, façade en panneaux perforés aimantés, PMMA plaqué sycomore Dimensions : 214 × 76 × 28 cm, 107 × 76 × 28 cm
63 MinHee Jung Design textile et matière La déconstruction et la mode Mémoire dirigé par Vonnick Hertig L’Univers des reflets du monde réel au monde virtuel J’ai conçu une collection de tissus d’ameublement haut de gamme dans le but de créer un lieu dépaysant et inattendu dont l’ambiance est le fruit de mon regard personnel sur le reflet. Partout présent dans notre vie et dans notre paysage quotidien, le phénomène optique du reflet est perçu différemment selon notre état d’esprit. De plus, pour un même lieu, la vision que nous avons des reflets varie en fonction du temps qu’il fait, de la saison et des heures de la journée comme l’ont montré de façon magistrale les peintres impressionnistes. Ils ont particulièrement étudié et représenté les reflets, peignant inlassablement des paysages changeant sans cesse selon la lumière, tel Monet qui a ainsi brossé le même paysage à différents moments de la journée, à des saisons différentes et qui a peint également souvent l’eau et ses reflets. L’époque des impressionnistes est aussi celle de la révolution industrielle et ceux-ci ont non seulement étudié les reflets présents dans la nature mais ont aussi peint des paysages urbains éclairés par la lumière artificielle. On peut donc affirmer que peindre l’eau et d’autres matières réfléchissantes a été au cœur de leurs préoccupations artistiques et un véritable défi à relever. Quand je réfléchis à ce thème, je pense aux images reflétées qui naissent grâce aux matériaux réfléchissants omniprésents dans la ville moderne, tels que le miroir, le verre et le métal lorsqu’il est poli ; grâce aussi à l’eau, élément mobile et changeant. En fait, ce que je regarde, ce sont des jeux de reflets saisis par hasard et de manière fugitive. Autrement dit, je remarque des images reflétées en passant par hasard à tel endroit, à tel moment. Ces matériaux réfléchissants transforment la réalité et la déforment. Ils la rendent ambiguë en mettant sur le même plan des éléments d’un espace donné qui ne le sont pas dans la réalité ; en lui substituant des images irréelles, illusoires, étranges et poétiques. Le reflet participe ainsi à la création d’un monde virtuel, il me fait passer du monde de la réalité au monde de l’illusion et, par conséquent, il permet à mon esprit de voyager sans me déplacer, d’imaginer, de créer et de m’évader de la monotonie du quotidien.
63 MinHee Jung Design textile et matière
L’Univers des reflets du monde réel au monde virtuel
64 Tristan Lahoz Design vĂŞtement
Épidaure
64 Tristan Lahoz Design vêtement L’homme animal Mémoire dirigé par Nasser Bouzid Épidaure Cette collection pour homme s’inspire des instruments de musique du xviie siècle. Ces instruments, tels que le luth ou le théorbe, dessinent des formes épurées, traversées par des cordes en tension. Ces instruments sont parfois de véritables chefs-d’œuvre de marqueterie aux tonalités chaudes et aux textures naturelles. J’ai alors appliqué des feuilles d’essences de bois sur le tissu, puis mis en place une gamme de couleurs directement extraite de ces essences et matériaux : des miel, des pain d’épice, des tabac, ainsi que des contrastes entre des blancs et des ébènes. Un vestiaire masculin sobre qui dessine des silhouettes longilignes, les matières sont incrustées, les cuirs tranchés et les découpes dynamiques. Les mains sont habillées de gants de cuir incrustés de bois avec une sophistication et une préciosité comparables à un bijou. Techniques : laser, marqueterie, incrustation. Matières naturelles : batistes et toiles de coton, lin, cuirs argentins, placages de sycomore, movingui et palissandre des Indes, lainages d’été. Flacon du parfum réalisé en collaboration avec Laure Jaffuel du secteur Design objet. Film et photographies réalisés en collaboration avec Mathilde Nocquet du secteur Photo / vidéo.
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
65 Jade Le Kim Design objet Respiration(s) Mémoire dirigé par Anna Lalanne-Bernagozzi Orion Nous vivons dans une société hypermoderne, dont l’adage pourrait être : « Toujours plus, toujours plus vite. » Le temps nous échappe. Aliénés au temps, nous cherchons à l’optimiser, à multiplier les gestes et activités pour rentabiliser la moindre minute. Sous pression, nous manquons de moments de répit. Orion propose d’expérimenter une rupture instantanée avec le temps et l’espace qui nous entoure, au sein d’espaces de repos ou de lieux semi-publics où l’agitation règne. Orion est un abri modulable construit à partir de plaques flexibles et auto-structurantes composées d’un sandwich de plusieurs matériaux – Mylar, Plastazote et maille plastique – qui donnent à ces plaques des propriétés d’isolation thermique, phonique et électromagnétique. Ces plaques, se fixant à une assise, créent un espace de repos pour une personne mais peuvent s’utiliser seules pour composer des abris plus grands. La souplesse du matériau permet à la personne d’adapter la forme de l’abri pour en faire son propre espace.
65 Jade Le Kim Design objet
Orion La personne fixe les plaques au siège et crée elle-même son propre espace de repos, son refuge
66 Morgane Le Péchon Cinéma d’animation
Olga
66 Morgane Le Péchon Cinéma d’animation Animation et réalité Mémoire dirigé par Georges Sifianos Olga Olga est douce comme la soie d’un foulard, Olga est lisse comme des cheveux bien peignés, Olga est tendre comme une paire de ciseaux. Technique : dessin animé
67 Swan Lenczner Cinéma d’animation Wouahaha c’était vraiment super bien fait. Les réalismes dans le cinéma au temps du numérique Mémoire dirigé par Serge Verny EndTV – Le pire sera le meilleur Télévision, nouveaux médias, Internet : l’image est envahissante et nous imprègne. Comme une partie de soi-même, elle est de plus en plus intégrée, ne serait-ce que lorsqu’elle révèle le monde dans son effervescence macabre, ses guerres, ses catastrophes naturelles. L’apocalypse est pour demain, elle sera télégénique. L’omniprésence de l’écran transforme l’individu de spectateur passif en acteur omniscient du spectacle du monde, victime d’une confusion entre réel et virtuel, brisant alors les dernières réticences du spectateur, ébloui et fasciné par l’image, même celle de notre propre fin : fantasme d’un ultime show auquel on se doit de participer. Techniques : film court réalisé avec des techniques mixtes – construction de maquettes, plusieurs tournages en prise de vue réelle des acteurs principaux, d’une foule et de la maquette – puis différentes techniques d’incrustation et de post-production, ainsi que l’utilisation d’images d’archives
67 Swan Lenczner Cinéma d’animation
EndTV – Le pire sera le meilleur
68 Sandra Lipovetsky Architecture interieure
Arenberg, un territoire minier Ă rĂŠinventer
68 Sandra Lipovetsky Architecture interieure Le luxe sacré Mémoire dirigé par Sylvestre Monnier Arenberg, un territoire minier à réinventer Aux jonctions communales de Wallers-Arenberg et Raismes demeurent deux sites de caractère historiquement liés : le carreau de fosse d’Arenberg et la mare à Goriaux. Si l’un est né pour l’exploitation minière, l’autre en est une conséquence géologique. De fait, l’exploitation minière a généré un paysage remarquable, dont les renversements topographiques (affaissements miniers, terrils…) ont progressivement créé un écosystème qui évolue encore à l’heure actuelle. Si le développement d’Arenberg a toujours été lié à celui de l’activité de la mine, sa fermeture en 1989 a marqué le début du déclin de la commune. Aujourd’hui, il existe un projet de reconversion du site minier en « pôle de créativité numérique », offrant ainsi la perspective d’une seconde vie à la région et l’espoir d’une nouvelle dynamique de projets. Dès lors, la fréquentation touristique de masse, encouragée par la reconversion du carreau de fosse, promet de susciter un dialogue antinomique avec la réserve de la mare à Goriaux classée « réserve biologique domaniale » en 1982. Face à la politique de préservation de la réserve, comment protéger l’intérêt biologique des territoires fragiles, tout en permettant à l’homme d’arpenter un territoire, d’observer un milieu naturel sans le déranger ? Le projet est une promenade architecturale et paysagère, offrant un parcours allant de la mémoire du site à la contemplation de ce qu’il est devenu. Il s’articule en deux temps : « Le mémorial ». Implanté dans le terril, il offre une nouvelle percée visuelle vers la mare. L’histoire du terril, dont la terre que l’on traverse aujourd’hui fut laborieusement extraite des galeries, est évoquée par un langage métaphorique. Si les terrils furent acheminés, en miettes, durant plus d’un siècle jusqu’à la création de cette imposante topographie artificielle, c’est aujourd’hui une pluie de lumière qui infiltre le terril. « Tétralu », une micro-architecture motorisée par l’homme. Cette cabine habitable naît d’une expérimentation, à mi-chemin entre la sculpture et l’architecture, passant par la compréhension structurelle et intuitive de l’une des essences mêmes de l’aluminium, provenant elle-même de l’écorce terrestre. Le Tétralu rend hommage à son environnement, non par la quête de l’invisible, mais par le reflet de la beauté existante, grâce à ses multiples facettes. Leur fixation sur monorail permet de guider les visiteurs au cœur des zones aquatiques où la fréquentation humaine est tolérée.
69 Cerise Lopez Cinéma d’animation Musique et cinéma, échange de bons procédés Mémoire dirigé par François Darrasse Les Aimants Les abeilles aiment les fleurs. Les mouches aiment la merde. Et toi, tu m’aimes, ma grosse mouche à miel ? Quand l’amour déboussole, c’est la porte ouverte aux faux-semblants et aux trompe-l’œil. S’en remettre à la marguerite n’est-il pas un peu risqué ? Techniques : prise de vue réelle, compositing (incrustation de séquences animées)
69 Cerise Lopez CinÊma d’animation
Les Aimants
70 Nickolas Lorieux Photo / vidéo
Artifice céleste Durant le stage avec le groupe F, photo du test pyrotechnique à 50 m, capture d’écran video au sol jour test
70 Nickolas Lorieux Photo / vidéo Images de mode : naissance d’un stéréotype féminin Mémoire dirigé par Christian Courrèges Artifice céleste À l’origine de ce projet utopique, un mot : explosion. Un mot charnel qui dans l’imaginaire collectif réveille l’enthousiasme, la fougue, la destruction, la liberté. L’explosion est immédiate, éphémère, intense : elle condense la vie et la mort à elle seule et ce en quelques secondes. J’ai eu l’envie, le besoin de capter cet événement, ses changements d’état, tenter de maîtriser son rythme, ses couleurs, sa trajectoire. Pour cela, j’ai décidé de travailler sur le feu d’artifice. Communément synonyme de festivité, de célébration, il m’a semblé que cela allait être le matériau le plus adéquat pour mettre en scène mon grand projet. J’ai très vite été à la recherche d’un lieu atypique, improbable pour accueillir cette performance. Mais il m’est apparu rapidement que l’endroit le plus spectaculaire serait tout simplement le ciel et, plus improbable encore, l’espace. Alors, ce serait la Terre et non plus l’Homme qui serait célébrée, et le feu d’artifice ne serait plus regardé, mais deviendrait spectateur de notre monde. Au départ, j’avais trouvé de vieux appareils photo à quatre objectifs qui, passant par le tirage lenticulaire, reproduisaient l’effet 3D. J’ai pensé que c’était le meilleur moyen de figer une explosion dans le temps tout en gardant son aspect tridimensionnel. Donnant ainsi à observer dans la durée un événement par essence éphémère. En regardant de près la pellicule de mes premiers tirages lenticulaires de feux d’artifice, j’ai tout de suite pensé aux photos spatiales prises par la NASA (je me suis d’ailleurs rendu compte durant mes recherches qu’il y avait un lien étroit entre la pyrotechnie – à base de poudre noire – et l’exploration de l’espace). D’où mon idée de créer et filmer cette performance inédite qu’est le premier feu d’artifice dans la stratosphère et ce, à l’aide de petites caméras embarquées. J’ai donc cherché à savoir si cela était techniquement réalisable en dépit du grand froid, de la distance et du manque d’oxygène dans la stratosphère. Mes recherches m’ont amené à rencontrer, par le biais d’un professeur de photographie aux Arts Décoratifs également spécialiste dans les arts pyrotechniques, le Groupe F : grand groupe de pyrotechniciens français. Deux d’entre eux, très intéressés par le projet, m’ont aidé à concevoir l’installation pyrotechnique que je compte envoyer dans la stratosphère avec des ballons-sondes météo. Ce système est léger et déclenchable après un laps de temps. Nous avons grâce à des ballons d’hélium fait des expériences à une cinquantaine de mètres qui se sont révélées concluantes. La seconde partie de l’opération consiste à mettre à exécution sa véritable lancée. Pour cela je suis toujours en attente d’autorisations spécifiques (assurances, autorisations d’aviation civile, CNES, etc.). Je n’ai à ce jour reçu aucune réponse positive en France en ce qui concerne les autorisations. J’ai cependant entamé des démarches à l’étranger où certains territoires sont plus propices à ce type d’expériences.
71 Perrine Lucain Design textile et matière Sounds of Fashion Mémoire dirigé par Isabelle Guédon La Femme désincarnée. Chronique d’une folie ordinaire Il s’agit d’un récit. Celui du quotidien dérangeant d’une femme froide, à la beauté glaciale et ambiguë. Celui d’une femme mystérieuse et intouchable mais qui laisse entrevoir par ses vêtements ses tourments intérieurs. Elle est atteinte de déréalisation. Pour elle, tout lui paraît irréel, comme dans un rêve. Vivant dans un trouble permanent où tout n’est qu’inquiétante étrangeté. Ma collection de textile s’attache à mettre en valeur cette angoisse si particulière, ce monde étrange et confus où l’on commence à s’imaginer des choses… Techniques : techniques mixtes
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
71 Perrine Lucain Design textile et matière
La Femme désincarnée. Chronique d’une folie ordinaire « L’Estasi dell’oro »
72 > 73 Tristan Maillet Design graphique / multimédia
Bienvenue ! De la diversité linguistique et culturelle au trialogue typographique Boîte et jouets permettant d’écrire les 3 systèmes d’écriture avec des modules communs ou différentiels « La typographie arabe »
72 > 73 Tristan Maillet Design graphique / multimédia La typographie arabe Mémoire dirigé par André Baldinger Bienvenue ! De la diversité linguistique et culturelle au trialogue typographique Notre mémoire nous a donné envie d’approfondir les questions de cohabitation typographique, d’évolution des écritures, d’affirmation d’identités individuelles et collectives, des enjeux du multilinguisme dans les sociétés actuelles. Aujourd’hui caractérisées par des populations cosmopolites, et des réalités plurielles, nos sociétés s’expriment par une dense concentration d’identités multiples, de cultures, de langues écrites, de signes venus du monde entier. La cohabitation de ces signes est par conséquent devenue un enjeu majeur pour la représentation des institutions, des universités, des aéroports, des sites touristiques, et constitue de plus en plus la base de la communication économique, politique et culturelle. « L’enjeu de la reconnaissance, c’est l’interconnaissance. C’est la perméabilité des identités singulières les unes pour les autres, leur ouverture les unes sur les autres. » Nous avons choisi pour étude trois principaux systèmes d’écriture : le latin, l’arabe et le mandarin. Une majorité des normes typographiques actuelles a été établie par et pour l’écriture latine, la création de caractères « non latins » se fait donc relativement souvent sous tutelle latine. En variant les rapports de forces et les jeux d’influences entre les différents paramètres propres à chaque système d’écriture, nous tentons de mettre en évidence de façon ludique et didactique des points de rencontre entre le latin, l’arabe et le mandarin. En collaboration avec Marco Maione
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
73 > 72 Marco Maione Design graphique / multimédia La typographie arabe Mémoire dirigé par André Baldinger Bienvenue ! De la diversité linguistique et culturelle au trialogue typographique Notre mémoire nous a donné envie d’approfondir les questions de cohabitation typographique, d’évolution des écritures, d’affirmation d’identités individuelles et collectives, des enjeux du multilinguisme dans les sociétés actuelles. Aujourd’hui caractérisées par des populations cosmopolites, et des réalités plurielles, nos sociétés s’expriment par une dense concentration d’identités multiples, de cultures, de langues écrites, de signes venus du monde entier. La cohabitation de ces signes est par conséquent devenue un enjeu majeur pour la représentation des institutions, des universités, des aéroports, des sites touristiques, et constitue de plus en plus la base de la communication économique, politique et culturelle. « L’enjeu de la reconnaissance, c’est l’interconnaissance. C’est la perméabilité des identités singulières les unes pour les autres, leur ouverture les unes sur les autres. » Nous avons choisi pour étude trois principaux systèmes d’écriture : le latin, l’arabe et le mandarin. Une majorité des normes typographiques actuelles a été établie par et pour l’écriture latine, la création de caractères « non latins » se fait donc relativement souvent sous tutelle latine. En variant les rapports de forces et les jeux d’influences entre les différents paramètres propres à chaque système d’écriture, nous tentons de mettre en évidence de façon ludique et didactique des points de rencontre entre le latin, l’arabe et le mandarin. En collaboration avec Tristan Maillet
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
73 > 72 Marco Maione Design graphique / multimédia
Bienvenue ! De la diversité linguistique et culturelle au trialogue typographique Jeu de construction quadrilingue faisant analogie au mythe de la Tour de Babel « Copies triples », influences des différents systèmes sur les lignes d’écritures
74 Giulia Manset ScĂŠnographie
L’Annulaire de Yoko Ogawa
74 Giulia Manset Scénographie Du paradis à l’utopie : fantasmes de l’espace au xvie siècle Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte L’Annulaire de Yoko Ogawa À la suite d’un léger accident de travail, la narratrice quitte son usine et trouve un emploi d’assistante auprès de M. Deshimaru, directeur d’un laboratoire de spécimens. Dans ce lieu étrange, ancien foyer de jeunes filles quasi désert, elle reçoit la clientèle de cet homme énigmatique. Taxidermiste du souvenir, il recueille, analyse et enferme à jamais les blessures de ceux qui désirent échapper à leur mémoire. Sans vraiment comprendre ce qui se joue sous ses yeux, la jeune femme tombe peu à peu sous la coupe de cet homme…
75 Sophie Marouby Image imprimée À petit feu… l’histoire d’une fascination Mémoire dirigé par Luc Gauthier Le Pendicule de Darwin Le projet présenté est une bande dessinée mêlant un dessin à la ligne fluide et très expressive et un travail de gravure plus méticuleux exécuté à la pointe sèche sur du cuivre. La bande dessinée, de 200 pages environ, comprend neuf livres réunis dans un coffret et met en scène une quinzaine de courtes histoires qui constituent autant de tranches de la vie du personnage principal. Le personnage féminin que nous suivons est malmené par la vie, à moins que ce ne soit l’inverse. Elle se débat pour acquérir une sorte de stabilité dans les aventures matérielles et sentimentales qui lui arrivent. Les dessins en noir et blanc qui se succèdent sur la page, sans être emprisonnés par des cases, expriment la manière dont le personnage affronte la vie, avec ses victoires, ses défaites… Le travail de gravure au style plus fouillé et dont le contenu est plus « abstrait » tente parallèlement de nous faire pénétrer dans l’univers plus psychologique du personnage. Le ton se veut humoristique, bien que les sujets évoqués ne soient pas tous légers.
75 Sophie Marouby Image imprimĂŠe
Le Pendicule de Darwin
76 Alexis Masurelle Photo / vidĂŠo
Magnifiques dĂŠchets
76 Alexis Masurelle Photo / vidéo La mort comme spectacle Mémoire dirigé par Christian Courrèges Magnifiques déchets Ces photographies révèlent des lieux souterrains – carrières, champignonnières et bases militaires – coupés de la lumière, invisibles à l’œil nu, imaginaires. J’explore, dérange et fixe les détails de ces espaces extraordinaires. La nature a réinvesti ces lieux creusés par l’homme, aujourd’hui abandonnés. Il ne reste que les traces de son passage. La poussière, les infiltrations créent des strates au fil des saisons. On peut y lire, imaginer le passé sans pouvoir l’affirmer. Le temps, l’eau, l’air s’accumulent, nous renvoient à la mort, à la transformation… Ce sont des Vanités. Technique : 12 photographies (100 × 66,42 cm), prise de vue numérique, tirage Epson 9900 sur papier Ilford à légère brillance
77 Alexandre Mayeur Photo / vidéo Le canular artistique : de la critique à la résistance Mémoire dirigé par Clarisse Hahn Exotique Cette série photographique traite de la nécessité pour l’homme de s’inventer des rêves, jusque dans ses besoins quotidiens comme se nourrir. Je réalise ici une scénographie du monde de la restauration en considérant le restaurant comme un décor de théâtre et les employés comme des acteurs que je mets en scène « au travail ». J’ai d’abord choisi des restaurants « étrangers », qui vendent de l’ailleurs ou plus précisément la vision fantasmée qu’on a d’autres pays. Tout comme la nourriture est adaptée au palais du consommateur, le décor et l’ambiance du restaurant sont adaptés au désir du client. Ainsi le restaurant indien, chinois ou africain ne sera pas authentiquement indien, chinois ou africain mais fantasme français. Aussi m’a-t-il paru logique d’élargir ce projet à tous les types restaurants, car tous vendent avant tout du rêve. Parce que le décor du restaurant joue un rôle majeur ; j’ai décidé de l’éclairer et de le mettre autant en valeur que les acteurs. J’ai choisi une lumière qui révèle chaque détail, éclaire chaque recoin. Ainsi l’aspect carton-pâte apparaît comme un décor de Disney, saturé de couleurs, de symboles, d’accessoires décoratifs et fonctionnels. L’imperfection et la pauvreté des matériaux est soulignée, ainsi que l’aspect kitch lié à l’accumulation des objets, des couleurs, des matières. Un décor d’imitation est par nature comique et donc dérisoire. De plus, l’accumulation des clichés de ces espaces singuliers, étranges, exotiques, sortant de la norme visuelle, renforce davantage l’aspect comique de ces lieux. Il y a traditionnellement les serveurs sur scène et les cuisiniers en coulisse. Mais tous agissent avec acharnement dans le même but : faire marcher le spectacle du restaurant. J’ai donc décidé de tous les faire figurer dans l’image, car chaque membre de l’équipe est indispensable et responsable du spectacle. Pour éviter la photographie ethnologique, j’ai préféré, avec la complicité des employés, les mettre en scène comme s’ils travaillaient : leur laisser la dignité du travailleur, tout en jouant avec leur sens de l’autodérision. La photographie est posée, chorégraphiée dans des situations identifiables, ce sont des clichés. Je pousse l’aspect théâtral. Le spectateur peut se raconter une histoire. De plus, les acteurs ont tendance à résister aux personnages qu’ils incarnent : ils ne sont pas des acteurs professionnels et la mise en scène n’est qu’un prétexte pour les photographier. Ainsi sortent-ils facilement de leur propre rôle par une maladresse dans le jeu, ou un regard caméra qui rappelle vite qu’il s’agit de portraits de groupes, de différentes communauté. Cette image fiction, je joue à la rapprocher d’une autre image fiction qui vend elle aussi du rêve : l’image formatée de la publicité qui nous harcèle à longueur de journée. J’accentue cet effet, non seulement par la lumière et la mise en scène travaillée, mais aussi par la colorimétrie qui donne cet aspect plastique, presque fabriqué alors qu’il s’agit pourtant de photographies de personnes et lieux tout a fait authentiques. C’est donc également un jeu sur l’ambiguïté d’une réalité spectaculaire qui rejoint l’imagerie de la fiction marchande et donc, en creux, un regard, une critique (au sens positive) sur la société de spectacle. Technique : tirage jet d’encre sur papier Ilford
77 Alexandre Mayeur Photo / vidĂŠo
Exotique
78 Pierre Mazingarbe Cinéma d’animation
Morse ou Bak-jwi, le spectateur dans la diégèse
78 Pierre Mazingarbe Cinéma d’animation Burning House Mémoire dirigé par Bernard Schira Morse ou Bak-jwi, le spectateur dans la diégèse Rien n’est plus intéressant que les femmes. En ce sens, ce projet est une récidive, le dernier opus d’une trilogie autour de l’intime féminin. J’y poursuis une amitié musique-image, entamée dans de précédents travaux, avec les deux chanteuses du groupe Lilt. À l’origine, c’est une projection de La Vie aquatique de Wes Anderson qui m’a amené à construire un bathyscaphe poisson, de près de 6 mètres de long, dans ma grange. Après y avoir vécu un mois, j’y ai invité Camille et Aude (les deux chanteuses, brunes), d’autres amis, ainsi que mon golden retriever (blond). Nous y avons improvisé le tournage d’un vidéoclip, au jour le jour, dans la continuité, à partir d’une de leurs chansons. Ce cadre a permis de faire naître une courte histoire, qui flirte avec le cadavre exquis, comporte des fausses pistes, laisse des béances pour le spectateur. Les paroles de Burning House, poétiques et enlevées, offrent une grande liberté d’interprétation. Nous sommes donc dans un patchwork où d’un plan à l’autre le mot « maison » pourra être remplacé par « poisson » ; un lieu où l’on croisera des femmes truculentes qui écartent les yeux. Le tout se veut une représentation mentale, un système tautologique, un conte bref. Technique : vidéo
79 Estelle Meissonnier Design objet La simplexité appliquée au domaine du design Mémoire dirigé par Vonnick Hertig Sleep Well. Trouver le sommeil, dompter le réveil Le sommeil occupe presque le tiers de notre vie et plus de la moitié de la population se plaint de « mal dormir ». Les Français sont de grands consommateurs d’hypnotiques et le manque de sommeil constitue aujourd’hui un problème de santé publique. Mon projet vise à améliorer le sommeil par l’intermédiaire d’une gamme d’objets complémentaires. Ils conviennent aux adultes comme aux adolescents puisque l’architecture de leur sommeil est semblable. La particularité de ce projet est d’accompagner l’endormissement afin de favoriser le sommeil et faciliter le réveil. « Warning » : Le simulateur de crépuscule a pour objectif d’informer l’utilisateur du moment adéquat pour aller dormir et, ainsi, ne pas décaler son cycle du sommeil lorsqu’il travaille sur son ordinateur. « Lullaby » : L’oreiller propose d’abord un confort ergonomique et, grâce à un système multisensoriel alliant sons et bercements, il permet la relaxation nécessaire à l’endormissement. « Lullaby » stimule également nos sens par le mouvement et la musique en facilitant un réveil progressif. « Hide » : Ce masque de sommeil isole l’utilisateur en occultant parfaitement la lumière. Grâce à sa bande de gel rafraîchissante, il propose une relaxation optimale des muscles oculaires favorisant l’endormissement. Techniques et matériaux utilisés : logiciel libre (« Warning »), mousse moulée, maille 3D, composants électroniques (« Lullaby »), mousse thermoformée, gel silicone, élastiques (« Hide ») Partenariat : Joëlle Adrien, directrice de recherches à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)
79 Estelle Meissonnier Design objet
Sleep Well. Trouver le sommeil, dompter le réveil « Hide », « Lullaby »
80 Victor Melchy ScĂŠnographie
Animaux en paradis de Howard Barker
80 Victor Melchy Scénographie Chercher l’erreur Mémoire dirigé par Jean-Yves Hamel Animaux en paradis de Howard Barker Une reine agonise. Son pays, la Suède, est empêtré dans une guerre totale avec le Danemark. À sa mort, elle charge son fils le prince Taxis de continuer le massacre. Jeune homme obéissant, il endosse le rôle de tyran et ordonne l’érection d’une tour, la plus haute possible, mausolée qui prolongera le règne de sa mère. Les Danois, eux, suivent l’enseignement du philosophe Machiniste. Tenna, sa maîtresse, écœurée par son statut d’objet sexuel, décide de traverser la mer pour s’abandonner aux Suédois. Après l’avoir torturée, ceux-ci la présentent au roi. Fasciné par la vision de son corps tuméfié, Taxis prend le contre-pied de sa mère et s’essaye à l’amour, faisant de Tenna sa reine. Il tente d’imposer la paix en ordonnant le démantèlement de la tour afin de construire un pont reliant les deux nations. De cette union naîtra une fillette étrange qui, loin d’être un symbole d’espoir, semble relancer le cycle de violence. Avec Animaux en paradis, Howard Barker décrit un monde qui se bâtit sur les cadavres et a dépassé le stade de la stérilité : des bébés naissent qu’on enterre aussitôt. Le sexe n’y est en aucun cas partage, il est instrument de domination. Sur cette toile de fond, les tentatives désespérées des personnages pour accéder à la transcendance restent vaines, elles semblent même causer leur propre asservissement. J’ai choisi d’ancrer ma scénographie dans le réel, au cœur d’un quartier populaire, en l’inscrivant dans le squelette d’une usine en cours de destruction à Montreuil. La ruine devient, le temps de la représentation, le théâtre de la lutte sans merci qui oppose Taxis et le philosophe Machiniste pour la domination du corps-paysage de Tenna. Le spectacle se passe au crépuscule, au fond d’une fosse creusée dans la moitié de l’usine. La terre de l’excavation semble fraîchement retournée : en son centre siège une structure étrange, à la fois échafaudage et table de négociation ; dans cet espace ouvert, elle symbolise un territoire qui déchaînera les luttes. C’est un espace contradictoire, à la fois immense et encaissé, qui gomme les différences entre les belligérants tout en exaltant leurs rapports de force, un monument à la guerre et à la reconstruction, à la fois fosse commune et fondation. Inviter le public à assister à l’étrange cérémonie qu’est l’exhumation d’un charnier, quand les corps entassés pêlemêle retrouvent leur unicité avant d’être réenterrés chacun dans des tombes individuelles.
81 Chéryl Menguy Design objet Perception, objet et designer Mémoire dirigé par Vonnick Hertig Aquaelicium Le balcon urbain offre un accès restreint à l’eau de pluie et une forte prise au vent qui assèche la terre des plantes lesquelles requièrent alors un entretien régulier ; cette contrainte limite leur mise en place par un citadin accaparé professionnellement et par diverses activités. La gamme Aquaelicium propose un système d’arrosage continu et autonome pour l’espace végétal du balcon en récupérant l’eau de pluie. Le projet s’adapte aux différentes typologies de balcon grâce à ses trois éléments composant un réseau modulable. Si l’Omnia, indépendant, s’installe dans les compartiments suspendus, le réservoir s’associe aux goutteurs pour alimenter ceux posés au sol. Matériaux utilisés : gamme Aquaelicium, résine et terre battue ; cônes Aquasolo, céramique poreuse Partenariat : Atelier de design paysage Balcoon, Société Aquasolo Un blog réunit les recherches et présente le suivi du projet : www.surmonbalcon.over.blog.fr
81 Chéryl Menguy Design objet
Aquaelicium « Goutteur », « Omnia », raccordement « Réservoir / Goutteur »
82 Leila Merou Architecture intĂŠrieure
Une ĂŠcole dans une caserne
82 Leila Merou Architecture intérieure Le panoptique. Un rêve d’architecture Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand Une école dans une caserne Je m’intéresse particulièrement à la force sociale de l’architecture. À chaque occasion, j’ai consacré mes recherches personnelles à des sujets délicats comme les prisons et les systèmes coercitifs. Mon mémoire portait sur l’incidence du système panoptique imaginé par Jeremy Bentham (1748-1832), philosophe et jurisconsulte anglais, sur notre société actuelle, en élargissant mes recherches à d’autres domaines que l’architecture. Ce principe unique devant régir tous les bâtiments de « pouvoir », comme les écoles, les prisons et les usines, pour assurer le bonheur pour tous par l’utilité de chacun, s’est vu finalement détourner au profit de lieux d’assujettissement, de par les possibilités qu’il offre de contrôler la communication et la libre circulation. J’ai choisi de travailler sur une école polyvalente regroupant des enfants de 3 mois à 11 ans, cette période définissant leur rapport à l’autre et à leur environnement. Le défi du projet était d’installer cet établissement dans un lieu qui, architecturalement, impose un certain ordre et incarne un pouvoir autoritaire afin de le détourner de sa fonction initiale. Mon choix s’est porté sur une caserne désaffectée depuis 1984 à Bonifacio (Corse-du-Sud). Concrètement, la priorité par rapport à ce bâtiment très linéaire a été de créer des circulations multiples et transversales afin de provoquer des situations atypiques dans l’espace et inciter l’enfant à faire des choix de mouvement, en passant soit par les escaliers intérieurs déjà existants, soit par les passerelles dessinées à l’extérieur. L’esthétique de cette nouvelle architecture fait appel à une métaphore de la nature, la croissance de l’enfant suit dans une logique verticale celle de l’arbre qui se développe en branches. Au rez-dechaussée sont implantées la crèche et la maternelle avec une cour de récréation au pied des « Arbres » qui se révèle être un lieu protecteur. Aux étages supérieurs les classes et la cour de l’école primaire s’ouvrent sur l’horizon, à la cime des « Arbres », inspirant la liberté de vue et l’autonomie de mouvement. Ces principes d’architecture viennent s’ajouter au système pédagogique actuel, ils permettent l’exploitation des étapes du développement de l’enfant dans l’espace : comprendre, expérimenter et créer. Pour que celui-ci soit capable de définir ses goûts et sa personnalité, des « Cabanes » situées dans les interstices de la classe dans le temps et l’espace sont réservées à l’éveil de ses sens. Chacune d’elles offre un nouvel outil d’expression, d’abord guidé par l’instituteur par le jeu des contes, puis libre en école primaire. Enfin, une galerie traversant les combles du bâtiment permet aux élèves d’exposer leurs œuvres ou travaux de classe afin que leur diffusion sorte du cercle de la classe et s’ouvre au reste de l’école.
Grand projet avec les félicitations du jury
83 Sanaz Momtaz Architecture intérieure Habitat intergénérationnel Mémoire dirigé par Marc Iseppi À Yazd, un complexe hôtelier sorti des ruines Une zone désertique constitue pratiquement la moitié de la surface de l’Iran. En dépit de ces conditions climatiques rigoureuses (pluviométrie extrêmement basse, températures torrides en été et négatives en hiver), l’homme a su adapter l’architecture au climat et créer des espaces de vie agréables. Afin d’apporter aux habitants une protection contre le climat extrême du désert, des canalisations (ghanat) leur ont amené l’eau et des capteurs de vent la fraîcheur, tandis que des matériaux de construction isolants (briques ou terre cuite) et l’aménagement d’espaces de vie en sous-sol contribuaient à plus de confort. Une architecture fermée vers l’extérieur et ouverte vers un jardin intérieur créait ainsi un petit paradis loin des températures extrêmes. Située au centre du plateau iranien, la ville de Yazd, avec ses paysages à couper le souffle et son architecture spécifique, illustre parfaitement ce combat architectural contre un environnement climatique hostile. La situation actuelle de cette architecture si originale est véritablement dramatique, car 90 % des habitations qui recouvrent la surface de l’ancienne ville sont abandonnées et en état de délabrement extrême. Le spectacle qui s’offre très souvent au regard du promeneur qui parcourt les ruelles de l’ancienne ville est un mur effondré avec, au-delà, un bâtiment en piètre état ou encore des maisons à moitié rasées en raison du passage d’une nouvelle route. Images qui suscitent spontanément le besoin absolu et urgent d’intervenir. Par ailleurs, Yazd devient de plus en plus touristique et attire de nombreux visiteurs du monde entier. Ces deux éléments (menace de disparition d’une architecture unique et afflux de touristes) portent en eux la potentialité de multiples projets de reconversion, dont certains ont déjà été mis en œuvre. Situé en plein cœur de l’ancienne ville, le site ciblé réunit trois maisons historiques datant respectivement de l’époque safavide (xviie siècle) et qàjàr (xixe siècle). Cet ensemble répond parfaitement aux objectifs poursuivis. Le parti pris de ce projet consiste à utiliser les matériaux locaux et les méthodes traditionnelles dans le but de créer des espaces contemporains susceptibles de valoriser l’architecture originelle. Outre sa fonction hôtelière, ce complexe pourra accueillir différentes cérémonies, fêtes et spectacles traditionnels, religieux ou profanes, offrant aux visiteurs l’occasion de mieux connaître l’ancienne Perse et mieux comprendre l’Iran d’aujourd’hui. Dans cette perspective, le site se composera d’un hôtel comprenant cinq chambres, d’un restaurant, d’une salle de projection, d’une salle d’exposition et d’un auditorium en plein air.
83 Sanaz Momtaz Architecture intérieure
À Yazd, un complexe hôtelier sorti des ruines Entrée de l’hôtel, auditorium en plein air, vue intérieure d’une chambre de l’hôtel
84 Flore Mounier Image imprimĂŠe
Unreached, Unheard, Unseen. Idoles adolescentes & fantasmes arrogants
84 Flore Mounier Image imprimée La bascule ou l’androgynie dans la culture pop Mémoire dirigé par Laurent Mercier Unreached, Unheard, Unseen. Idoles adolescentes & fantasmes arrogants « Il y a toujours eu des stars, on en a toujours fabriqué, le public a toujours vécu par procuration grâce à elles, les a investies de tout ce qu’il n’a pas personnellement, parce que de toutes façons la raison même de tout le truc, c’est de créer des mythes et des fantasmes. » Lester Bangs, Psychotic Reactions La première fois que j’ai été fan de quelqu’un, je n’ai pas vraiment osé me l’avouer. Le fanatisme en soi n’a rien de glorieux et, à voir toutes ces personnes grimées en la vedette qu’ils vénèrent, rien d’original non plus. Étrangement, j’ai toujours été plus attirée par les stars de la musique que par celles du cinéma ou autre. J’avais l’impression, peut-être fausse, qu’elles étaient plus honnêtes, plus directes. C’est pourquoi je me suis attachée ici à la création d’idoles de la musique, cinq personnages à l’aura mâtinée d’excès en tout genre, destinées au fanatisme adolescent. Les idoles sont nécessaires : elles réceptionnent le désir de l’instant donné, de façon un peu douloureuse quand on se rend compte que l’envoi est à sens unique, mais elles le réceptionnent tout de même. Et d’idole l’on passe à l’icône, puisque l’image supplante la personne et devient le réceptacle idéal. Ces icônes sont ici le réceptacle de mes fantasmes, elles seraient un condensé de tous ces codes, des stars encore plus stars que les stars, une sorte d’autoportrait-fiction quelque peu arrogant, comme on rêve de l’être à quinze ans. Un autoportrait romancé en cinq parties dans un univers parallèle où seul le personnage de scène existe. La notion de rock’n’roll sert ici d’espace d’auto-création, une allégorie d’un soi magnifié et célèbre. Tous ces personnages sont le fruit d’un mûrissement interne, inscrits dans une chronologie réelle de par les courants musicaux qu’ils représentent mais qui, de par l’existence que je leur donne, sont dans une idée d’intemporalité qui m’est propre. Une mythologie personnelle, recréer des icônes en utilisant ma propre dorure. Afin d’ancrer ces personnages dans le réel, certes un réel fantasmé mais un réel tout de même, la photographie s’imposait. Chaque personnage bénéficie ainsi d’une « photo officielle », où il apparaît à son avantage, et une photo dans son élément, qui appuie sur certains de ses travers et excès. Au-delà des photos, un travail d’identité graphique s’est donc mis en place. Retranscrire l’univers musical, la personnalité d’une star mais aussi son époque à travers des artworks habillant un album. Contributeurs : les modèles Fred Gourdin, Sadie Von Paris, Laetitia Lanvin Bech, Théophile Denis, Annabelle Mouraud, Sébastien Toda, Lola Boumard ; les coiffeurs Michael Marenco, Martial Cognard ; la maquilleuse Cassandre Thauvin ; les stylistes Nam Ng, Hai Nguyen Xuan, Charlène Gasse, Laetitia Lanvin Bech ; les musiciens Théophile Denis, Simon Meuret, Rodrigue Mercier
85 Laura Mussard Design textile et matière Touchez avec les yeux Mémoire dirigé par René Lesné La Matière humaine À travers un projet expérimental, j’ai choisi de mettre au point une gamme de matériaux destinés à l’habitat et aux espaces publics. Pour développer ces matériaux, je me suis inspirée du corps et de ses divers états, ses réactions. J’ai exploité les aspects liquide, solide, structuré des « matières premières » du corps. J’ai voulu tirer l’essence des substances humaines, les filtrer, les faire décanter. Optimiser leurs propriétés pour imaginer de nouvelles applications. Jouer avec les codes du vivant. Reconsidérer ce que peut être la matière humaine et y porter un regard nouveau, teinté d’humour, créatif et décomplexé. Mon parti pris est de considérer le corps comme un matériau composite, en me focalisant sur la relation entre l’os, le muscle et la peau. L’os est traduit par de la résine, le muscle par de la mousse expansée souple, et la peau par une membrane de silicone. Partant de ces trois variables, j’ai exploré toutes les combinatoires possibles pour observer le comportement de la matière. Cette recherche a donné lieu à une série de matériaux composites qui m’ont permis de générer des sensations nouvelles qui stimulent la perception et mettent les sens en éveil. Je propose ainsi une gamme d’assises et de sols sensuels dans des couleurs et des surfaces qui font écho au corps. Mon projet s’inscrit dans une démarche de prospective et d’innovation, notamment à travers une collaboration avec le CNRS / Centre de recherche des matériaux des Mines ParisTech. Techniques et matériaux utilisés : « coulage », moulage, collage, découpe ; mousse PA expansée, mousse orthopédique, silicone, résine PE, bois
85 Laura Mussard Design textile et matière
La Matière humaine Briques de mousse siliconées, surface flexible pour un sol mou
86 Christine Ngono Effa
Enlève la peau et démontre-moi que je suis différente de toi
86 Christine Ngono Effa Design vêtement L’illusion des apparences. « Banlieusard », une minorité Mémoire dirigé par Elisabeth de Senneville Enlève la peau et démontre-moi que je suis différente de toi Aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie jugée d’avance ; la première impression qu’ont souvent eu les gens de moi était heureusement fausse. Par ma peau noire, j’ai été réduite au simple rang d’étrangère, de fille d’immigré, de banlieusarde, parce que tous les noirs vivent forcément en banlieue. Et les préjugés persistent. J’ai souhaité dénoncer « l’illusion des apparences ». Simplement montrer que sous les apparences, il y a un homme ou une femme, l’être humain en chair et en os… Nous sommes suffisamment doués d’amour, de curiosité et d’intelligence pour faire de l’illusion une force, un espoir et non un désespoir.
87 Mathilde Nocquet Photo / vidéo Le méchant, la figure du mal dans le cinéma américain Mémoire dirigé par Henri Foucault Wing Chloé est une adolescente mal dans sa peau qui manque de confiance en elle. Son petit ami, un jeune gardien de piscine, donne des cours de natation à une femme séduisante. Chloé la trouve plus belle, plus élégante, plus attirante qu’elle. Fascinée et obsédée par elle, l’adolescente sombre dans la jalousie. L’histoire de ce film remonte à ma propre adolescence. Bonnet en latex, vestiaires métalliques, odeur de chlore : j’étais nageuse, élève en sport-étude natation. Loin d’avoir le niveau suffisant pour prétendre aux Jeux olympiques, reléguée aux vestiaires, des crises d’angoisse s’étaient substituées aux entraînements. La piscine était devenue pour moi un lieu de crainte et d’anxiété. C’est pourquoi j’ai choisi de réutiliser le contexte de la piscine pour décrire l’itinéraire trouble d’une adolescente, dont la féminité naissante va se heurter à la sensualité affirmée d’une femme plus âgée et plus sûre d’elle. Ce film est en quelque sorte la projection d’un sentiment que tout le monde a pu éprouver un jour (la jalousie) sur un espace symbolique personnel (la piscine) à travers la perception sensible d’un personnage en devenir (l’adolescente). Le dispositif scénaristique est donc simple : un sentiment, un espace, un personnage principal. La jalousie est un sentiment universel dans lequel la part d’imaginaire est importante et où le rêve (ou plutôt le cauchemar) et la réalité se confondent. Je souhaitais travailler sur ce rapport étroit et tenter, à travers la construction narrative et la mise en scène, de brouiller la perception spatiale et temporelle du spectateur. Prise dans un enchaînement irrationnel de pensées et de gestes, Chloé suspecte, invente et subit cette jalousie. Le film donne à voir la perception particulière de ce personnage, prisonnier entre réel et fantasmes. Le huis clos et l’espace spécifique de la piscine relèvent d’un choix précis : je désirais travailler sur l’atmosphère particulière de ce lieu afin de produire de l’incertitude. C’est par une approche sensorielle et visuelle des éléments que j’ai tenté de capter et recréer une ambiance singulière. Les dialogues ne sont que des repères factuels, c’est à travers les images et l’esthétique précise du film que l’histoire est retranscrite. Chloé est un personnage ambigu et son adolescence la caractérise. Elle est jalouse et fascinée, elle déteste et envie. Elle souhaite devenir cette femme sensuelle et sûre d’elle. Alors cette femme qu’elle n’est pas encore, elle la regarde, l’observe, l’imite, puis l’épie et la jalouse. Chloé est à un âge auquel les questions de la féminité, de l’amour et de la sexualité se confondent un peu. Ces thèmes sont abordés à travers sa perception des choses, et sa vision est exagérée, maniérée, quelquefois proche du cliché et c’est précisément cette exagération qui permet à la folie d’arriver. C’est le premier film réellement personnel que je réalise. Je me suis attachée à produire une esthétique en accord avec ces nouveaux questionnements, et j’ai essayé d’ajuster la mise en scène à ces préoccupations. Il ne s’agit évidemment que d’un premier film, et j’espère pouvoir continuer d’affiner ce rapport entre l’émotion des personnages et sa retranscription cinématographique dans mes prochains films. Technique : court-métrage de fiction, 11 mn, caméra Red One
87 Mathilde Nocquet Photo / vidĂŠo
Wing
88 Adrienne Nowak CinÊma d’animation
Ma maison
88 Adrienne Nowak Cinéma d’animation Penser la vieillesse Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte Ma maison La journée dans une maison de retraite. On suit les déplacements d’une vieille dame et de l’infirmière qui l’aide. J’ai essayé de raconter une expérience qui m’a touchée sans être pesante. Technique : papiers découpés
89 Agnès Patron Cinéma d’animation Métamorphoses, l’illusion continue Mémoire dirigé par René Lesné La Veuve Caillou Craquements dans la montagne. La veuve Caillou casse du bois, et il ne lui reste que ça. À moins qu’elle n’aille rejoindre ceux qui dorment au fond de sa mémoire. Technique : encre de gravure (taille-douce) sur verre Son et musique originale : Pierre Oberkampf
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
89 Agnès Patron Cinéma d’animation
La Veuve Caillou
90 Marine Perault Art espace
Sans titre (jardin #1) « Bird’s eye », « Plage-arrêt »
90 Marine Perault Art espace Situations Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Sans titre (jardin #1) « Séquence extérieur / nord » : Les grands ensembles offrent parfois des zones étranges et désertes où la matité des gris dessine de longues aires de repos. Derniers sentiments de l’hiver et quelques promeneurs comme retardés. Plage arrêt où la lumière oscille sans fin – sentiments ex-futurs et faux espoirs. « Séquence extérieur / est – nuit » : La scène aurait dû avoir lieu le long du Léman, en souvenir d’un Paris-Venise plongé à toute vitesse dans la nuit épaisse. Elle aura finalement lieu en banlieue, auprès d’un lac étale. Va-et-vient entêtant entre la course lente des avions qui décollent et l’eau qui frémit à peine. « Séquence extérieur / ouest – nuit – été » : Un étang, une parcelle de territoire reliée à l’enfance et hantée par les histoires d’un grand-père désespérément attaché à son Neverland. Une fête aura lieu dans les prochaines semaines : événements éphémères qui tenteront de redonner vie à l’imaginaire en veille de cet espace. En attendant, une installation scénario, une aire d’échauffement où l’on peut d’ores et déjà découvrir la programmation des événements à venir. Techniques : « Pond », installation moquette et bassin eau, 400 × 300 × 10 cm ; « Bird’s Eye », vidéo 9 mn ; « Plage arrêt », béton cellulaire et lumière LED programmée en cycle, 250 × 225 × 20 cm
91 Jules Philippe Image imprimée Graphiti Mémoire dirigé par Pierre Alféri Le cube (ma réalité) Si la réalité est une appréciation subjective, une construction que se fait chacun de nous à partir du réel (sorte de matière universelle concrète, multitude commune à tous les champs des possibles), alors j’ai choisi de la représenter par un cube. Le cube est une construction posée dans un espace interne, avec six faces opposées deux à deux. L’homme, l’être humain, recherche constamment au cours de sa vie un équilibre entre divers oppositions, contrastes, dualités, qui le tiraillent en permanence. On pourrait ainsi, métaphoriquement, représenter l’homme dans sa réalité (dans son cube) cherchant un équilibre (en son intérieur) entres plusieurs dualités (les faces opposées du cube). J’ai donc tenté de traduire graphiquement cette recherche d’équilibre entre six notions plus ou moins opposées (trois dualités), pouvant définir un être humain de nos jours. Générant ainsi une affiche et un livret pour chaque notion, soit six affiches, six livrets pour un cube (une réalité) à six faces. Technique : sérigraphie
Mémoire avec les félicitations du jury
91 Jules Philippe Image imprimée
Le cube (ma réalité)
92 Laura Prenel Design textile et matière
Du vivant à l’inerte
92 Laura Prenel Design textile et matière Matériau : structure et surface de l’objet Mémoire dirigé par Isabelle Guédon Du vivant à l’inerte La source d’inspiration de mon projet est la diatomée, une « algue unicellulaire microscopique dont l’enveloppe siliceuse se compose de deux valves emboîtées ». Cette enveloppe en est la structure apparente. J’ai souhaité traiter dans ma collection de produits textiles les deux états de la vie de ces algues microscopiques : l’état d’organisme vivant et celui d’organisme fossile. La délicatesse des diatomées s’exprime par les caractères propres à l’espèce. Mon objectif est de rendre visible ce qui est invisible et palpable ce qui est impalpable en utilisant leurs propriétés (translucidité / opacité, structure, fossilisation) et exprimer ainsi la poésie qui émane de ces algues. Ce phénomène de fossilisation, ce « passage » d’un corps organisé (la diatomée) à « l’état de fossile » (qui s’opère ici par pétrification), me permet, par les contrastes de matières organique et minérale, de créer un dialogue sensible entre deux univers opposés : le vivant, la structure organique, humide, translucide, souple ; l’inerte, le fossile pétrifié, sec, opaque, rigide. Ce passage d’un état à un autre s’opère à travers mes textiles, il reproduit ce processus naturel de fossilisation.
93 Benoît Pype Art espace Voyage et déplacement : l’artiste contemporain et ses expéditions Mémoire dirigé par Catherine Strasser Décélération Les actions simples telles que prélever, collecter, déposer ou encore soustraire font partie de mon vocabulaire de gestes usuels, appliqués à une variété de mediums frugaux, allant de la goutte d’eau à la feuille d’arbre, en passant par le brin d’herbe. À partir de l’observation attentive de mon environnement immédiat, je formule des tentatives de domestication, d’appropriation des formes. Je m’applique ainsi à capter les manifestations quasi imperceptibles des changements d’état de la matière en portant une attention toute particulière sur le dérisoire, l’anodin. Il s’agit dès lors de mettre en évidence la richesse et les qualités propres aux transformations discrètes, aux matériaux de peu de valeur, et d’inscrire par là même mes interventions dans le champ de la sculpture. Les dialectiques du naturel et du culturel, de l’organique et de l’artificiel constituent un socle de réflexion permanent dans ma démarche. La présentation de mes travaux s’articule autour de trois bureaux spécifiques, trois stations de travail privilégiant l’œuvre en cours et soulignant l’importance du processus et du déploiement de l’activité dans la durée. Nos modes de vie actuels soumis au culte de la vitesse et de l’instantanéité alimentent un certain nombre de questions. Mon engagement se déploie à cet endroit et s’appuie sur une revalorisation du temps, du bon usage de la lenteur, en vue d’augmenter notre capacité à accueillir l’événement. Le « Socle pour une goutte d’eau » et les « Sculptures de fond de poche » poursuivent mes recherches sur l’observation des formes infimes et transitoires. Cet ensemble de sculptures dialogue avec « Extraction » et « Papier pressé », fabrique de papier artisanal appliquée à convertir mon désir d’instantanéité en activité lente et séculaire. La « Table d’orientation » relie les deux bureaux et présente une cartographie végétale, mouvante et éphémère.
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
93 Benoît Pype Art espace
Décélération « Piet Mondrian Greatest Hits », « Sculptures de fond de poche », « La collection »
94 Bérénice Rapegno Photo / vidéo
Scherzo
94 Bérénice Rapegno Photo / vidéo James Bond : corps et réincarnation Mémoire dirigé par Brice Dellsperger Scherzo En me servant de ce qui me restait du film Le Magicien d’Oz* et du roman Un roi sans divertissement**, j’ai décidé de revisiter des images qui s’inscrivent d’emblée dans la référence collective. Dès le début de mes recherches, j’ai collecté des captures de films, des images de tableaux, des photos mais aussi des musiques qui tournaient autour des thématiques de la magie et du pouvoir. Il ne s’agissait pas tant de créer un stock d’images que de rejouer la mobilité des souvenirs. C’est donc par un jeu de combinaisons et de connexions que j’ai composé mes vidéos. En effet, l’oubli et la dégradation des souvenirs m’ont permis de reconstruire et d’enrichir autrement mes vidéos. J’ai donc voulu en premier lieu élaborer cette distance. L’ensemble de mon travail est constitué d’une série de spectacles autonomes. Une fois adoptée cette perspective fragmentaire, le montage linéaire classique ne pouvait convenir car les différents spectacles devaient jouer un autre rôle que narratif. Plutôt qu’une succession, il fallait trouver un autre principe d’articulation des images qui évacue la narration et libère le fragment pour lui-même, libéré du récit. Dans la mesure où la mémoire ne fonctionne pas non plus comme une simple juxtaposition, j’en suis venue peu à peu à concevoir l’installation comme le seul moyen de démultiplier les images sans les isoler. Cette démultiplication se révèle, pour celui qui navigue dans ses souvenirs, comme une boucle nécessairement vouée à la reprise, à une sorte de relecture qui produit une réactualisation incessante : en ce sens, la rupture et les anachronismes ont immédiatement fait partie intégrante de ma démarche. L’ enjeu se précisait : il fallait restituer la liberté qu’a la mémoire d’établir des connexions imprévisibles, en un « télescopage » dont la légèreté garantirait à la fois un divertissement grinçant, une fantaisie utopique et la perte des illusions. Néanmoins, l’ensemble conserve une structure semblable aux actes d’une pièce de théâtre : ces actes ne découpent pas un récit, mais divisent la vidéo en une orchestration de la mémoire. Techniques : installation vidéo, 7 mn, techniques mixtes HD / DV / VHS / Super 8 * Le Magicien d’Oz est un film musical américain sorti en 1939, réalisé par Victor Fleming et produit par la MGM, d’après le roman éponyme de L. Frank Baum. ** Un roi sans divertissement est un roman de Jean Giono, publié en 1947. Le titre Un roi sans divertissement renvoie à la phrase qui clôt le roman et que Giono emprunte aux Pensées de Pascal : « un roi sans divertissement est un homme plein de misères » (fragment 142 de l’édition Brunschvicg).
95 Flora Rich Design objet L’effort. Le corps face à la contrainte Mémoire dirigé par Anna Lalanne-Bernagozzi Petite nature Les insectes sont des acteurs majeurs des écosystèmes. Parmi eux, les insectes auxiliaires sont ceux qui « aident » à entretenir un jardin : les coccinelles et les chrysopes débarrassent plantes et arbres des parasites, et les abeilles assurent la pollinisation. Ce projet consiste à installer des habitats artificiels pour ces trois insectes dans des parcs éco-gérés, de manière à favoriser leur présence dans les espaces verts. Les exigences de survie de chacun d’eux déterminent trois types d’architecture spécifiques. Ces microarchitectures sont conçues en grès émaillé. Cette nouvelle typologie d’habitat pour les insectes vise à sensibiliser les passants afin qu’ils portent un regard plus attentif sur ces êtres minuscules. Aussi, leur donner une visibilité tend-elle à faire naître une relation plus intime entre les citadins et cette si petite nature. Matériaux utilisés : grès émaillé, fers à béton
95 Flora Rich Design objet
Petite nature
96 Yonah Riollet Design objet
Parason Vue d’ensemble, détail du système son relié au système de diffusion (MP3 ou I-Phone), détail du système son seul
96 Yonah Riollet Design objet Le bruit est un son Mémoire dirigé par Patrick Fleury Parason Il est un dispositif de partage de la musique, pliant et convivial. Il ajoute une notion de partage à l’objet casque qui ne permet qu’une écoute solitaire. C’est une structure issue du parasol qui utilise les propriétés acoustiques de la parabole qui, associée à un textile spécifique, permet une bonne diffusion du son. C’est un objet participatif où chacun peut proposer la musique de son choix via son MP3 ou iPhone. Un matelas et un traversin autogonflables complètent le dispositif envisagé pour un groupe pouvant comprendre jusqu’à quatre personnes. Objet estival, le parason est fait pour un usage privé ou semi-privé. Il se transporte et se déploie en des points choisis. Il s’utilise à l’extérieur et s’inscrit dans des contextes de plage, piscine, parc, etc. On peut imaginer un espace où sont installés plusieurs parasons destinés à plusieurs petits groupes, dans des festivals ou autres contextes événementiels. Techniques et matériaux utilisés : acier, tissu occultant, toile imperméable, ABS thermoformé, haut-parleurs, amplificateurs et batterie
97 Sandra Rivaud Cinéma d’animation Mon carnet de voyage en animation ou comment partager l’expérience d’un ailleurs Mémoire dirigé par Georges Sifianos Holi hai ! C’est Holi ! Les couleurs ont envahi les étals, les munitions sont prêtes, le feu crépite et les percussions résonnent. Enfin la grande bataille des couleurs peut commencer ! Chaque année en Inde, à l’arrivée du printemps, petits et grands célèbrent le festival de Holi. À la manière d’un carnet de voyage, mon film tente de faire partager au spectateur ma propre expérience de cette incroyable fête.
Mémoire avec les félicitations du jury
97 Sandra Rivaud CinÊma d’animation
Holi hai !
98 Émilie Robin Cinéma d’animation
Motha
98 Émilie Robin Cinéma d’animation Trangressif. L’art de choquer Mémoire dirigé par René Lesné Motha « À la montée du lait commence l’amour maternel. » André Gide Technique : animation traditionnelle colorisée par ordinateur
99 Camille Rosset Photo / vidéo When Boy Meets Girl Mémoire dirigé par Henri Foucault La Cité des Châtres-Sacs Ce film accompagne les derniers moments de la cité des Châtres-Sacs, une cité d’urgence construite par Emmaüs en 1955, en banlieue parisienne. Dans ce village dans la ville, les habitants vivent heureux dans leurs logements précaires et défendent leur bout de territoire. Juste à côté se construisent les immeubles où ils pourront être relogés, sur les cendres des maisons qu’ils ont habitées toute leur vie. Le film se passe sur trois ans au fil des saisons : un été solaire du lieu habité, un hiver enneigé de la cité murée, un automne de la disparition et un printemps de la reconstruction. Technique : documentaire, 20 mn, MiniDV
Éros VHS À la question : « Quel est votre premier souvenir de scène érotique vue dans un film ? », quinze personnes – des spectateurs devenus conteurs – témoignent et se remémorent, dans un monologue filmé en plan-séquence, leur expérience floue, intime, et en même temps universelle, leur premier souvenir de scène érotique vue dans un film. Le spectateur actuel, celui de l’installation, voit sur un écran toutes ces personnes se mouvoir et raconter, sans les entendre. Intrigué d’abord par l’une, puis par une autre, il peut choisir le témoignage qu’il veut écouter. De perception à perception, de mémoire affective à imaginaire collectif, les scènes érotiques se transmettent, s’enchevêtrent et se délitent. Technique : installation vidéo, 15 × 4 mn, HDV
Mémoire avec les félicitations du jury
99 Camille Rosset Photo / vidéo
La Cité des Châtres-Sacs Éros VHS
100 Virginie Sanseigne Image imprimĂŠe
Micrographies
100 Virginie Sanseigne Image imprimée Laid Mémoire dirigé par Denis Pouppeville Micrographies « En ayant un demi-centimètre de quelque chose, vous avez plus de chance de tenir un certain sentiment de l’univers que si vous avez la prétention de faire le ciel entier. » Alberto Giacometti Partant d’une pratique régulière de la dermographie (autrement dit du tatouage), j’ai été amenée à m’intéresser, d’une part à cette façon d’aborder la matière par cette technique – une aiguille ou groupement d’aiguilles relié à un moteur qui perce littéralement le derme pour ensuite y laisser de l’encre qui, après cicatrisation, fera partie intégrante de cette matière vivante qu’est la peau, d’autre part à la peau elle-même – matière vivante composée d’une structure et d’une esthétique complexes –, quasiment invisible à l’œil nu. De fil en « aiguille », j’en suis arrivée précisément à me concentrer sur l’univers microscopique. Par univers microscopique, j’entends microbes, cellules, atomes, etc., tout ce qui nous compose : l’essence de la matière à l’état brut. Démarche mi-scientifique mi-poétique, j’ai voulu mettre en avant ces « petites choses de rien », comme disait Édouard Manet, qui font partie intégrante de notre vie, de notre cosmogénèse, et qui nous renvoient invariablement aux mystères de l’univers – finalement à notre condition d’être vivant –, à cette géométrie secrète que seules des « prothèses » de vision telles que les microscopes peuvent nous faire découvrir. Sont ici présentées quatre séries : quinze gravures sur Rhenalon réalisées au dermographe (procédé original mis au point pour ce projet), quatre grands formats piqués sur calque, dix gravures tatouées sur cuivre, dix résines. Par ailleurs, cinq livrets de recherches accompagnent cette présentation pour rendre compte de mon travail préliminaire.
101 Astrid Sarkissian Scénographie Le motif dans la scénographie, jusqu’à l’étalagisme Mémoire dirigé par Claude Nessi Espaces défilé, une scénographie mouvante dans le musée du Design et de l’Industrie de Roubaix Ce projet a été initié pour parler de l’évolution de la scénographie de mode, un désir de rallier le monde de la scénographie et de la mode. Les danseurs, mannequins, ainsi que le public, investissent les lieux comme un espace de création et de démonstration, le temps d’un événement ouvert au public. Cette proposition de scénographie se veut avant tout mouvante, reflétant en cela l’évolution de la mode. Pour cette proposition scénographique, j’ai choisi cinq temps forts, pour décrire l’espace, de la cabine jusqu’à l’écran, en passant par le podium. L’espace ainsi représenté illustre également l’idée d’espace privé, public ou commun, idée que l’on rencontre également dans la scénographie qui interagit avec le public. Il s’agit d’une performance, permettant de propulser le spectateur dans la machinerie de l’industrie de la haute couture par l’organisation de l’espace de présentation. Le but, dans un premier temps, est de faire découvrir ce milieu aux personnes non initiées. Le travail scénographique consistait à trouver un lieu ayant la particularité d’être en longueur, assez étroit, devant faire référence au défilé traditionnel. Et, en même temps, possédant un espace que je pouvais transformer en cabines. Le musée du Design et de l’Industrie de Roubaix correspondait exactement à cette attente. Le défilé ne tourne pas vraiment en dérision le rituel de la mode. Il se déroule en marge d’un univers sophistiqué qui sait lui-même se mettre en perspective et où les enjeux ne sont pas seulement ceux du commerce, mais des enjeux sociétaux. Ainsi, en me basant sur des extraits d’ouvrages traitant de la mode et de l’histoire du mannequinat, j’en ai déduit des espaces scénographiques centrés au départ sur une cabine. J’ai donc choisi de considérer la mode au-delà même de son aspect éphémère et de son cérémonial. Au final, le vêtement est ici comme un tissu en fonctionnement, une seconde peau, mettant en valeur l’espace scénique et n’ayant plus du tout la même valeur que des vêtements présentés lors d’un défilé. Pour conclure, mon projet tient davantage de la performance ou de la mise en scène théâtrale que du défilé de mode.
101 Astrid Sarkissian Scénographie
Espaces défilé, une scénographie mouvante dans le musée du Design et de l’Industrie de Roubaix
102 Delphine Sauvaget Image imprimĂŠe
IntranquillitĂŠs
102 Delphine Sauvaget Image imprimée Une chambre « à soi » Mémoire dirigé par Marc Tanguy Intranquillités Inspiré par Le Livre de l’intranquillité, mon travail tente de traduire ces choses séduisantes et absurdes que Fernando Pessõa décrit comme inconcevables pour notre vision. Projections mentales de lieux imaginés dans le réel, continuité de l’extérieur dans l’intérieur et fausses perspectives structurant des espaces flottants font partie intégrante de ma vision de cette intranquillité. Pour cela, j’utilise deux techniques que je détourne : le dessin à la poudre graphite, qui s’en tient à des formes géométriques, m’offre la possibilité de revenir sur des lieux oniriques aux échelles et aux dimensions déréglées. La gravure, modifiée à chaque étape d’impression, me permet d’explorer la déconstruction. Deux séries et une édition à tirage limité constituent ce projet.
103 Georgiana Savuta Scénographie Ouest ou Est, identités scénographiques Mémoire dirigé par Claude Nessi Je marque ce jour d’une pierre blanche ou l’Autre Côté du pays des merveilles D’après Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll et ses correspondances avec ses amies enfants*. Tout a commencé avec la lecture d’Alice au pays des merveilles et de De l’autre côté du miroir. Plus je lisais et plus je plongeais dans le merveilleux qui habitait l’imaginaire de Lewis Carroll. Ou faut-il dire l’imaginaire de Charles Lutwidge Dodgson ? En fouillant dans le monde de son imaginaire, j’ai découvert une réalité. Une vie. J’ai découvert son journal et sa correspondance. C’est à ce moment-là que ce projet est né. J’ai commencé à chercher l’autre côté du pays des merveilles – les origines de l’histoire. Ces origines existent, le monde des merveilles n’est pas (que) fictif. La scénographie que je propose se construit autour d’un double plan – réel et imaginaire. Le glissement continu de l’un vers l’autre me permet de mettre face à face l’auteur avec son œuvre. Dans un espace qui semble être merveilleux, le repère du réel s’effectue grâce à l’écoute des lettres de Lewis Carroll adressées à ses jeunes correspondantes. Inspirée par la maison de Dodgson et par l’envie de creuser dans son inconscient, le soussol donne sens à mon espace. Le regard vers ce niveau caché démasque les apparences. Je propose donc un décor qui s’élève d’un niveau à chaque changement de scène. L’arrivée à la surface, au niveau du public, représente la fin du monde des merveilles et donc la limite physique entre le conscient et l’inconscient de Lewis Carroll. C’est seulement à la fin que la vérité est rétablie : Alice n’est pas qu’un personnage du pays de merveilles. Elle a existé, elle a habité le conscient et l’inconscient de Lewis. Elle va donc être la seule à pouvoir atteindre la surface, contrairement aux autres personnages du texte. Les profondeurs de ce monde sont sans limites, enterrées dans l’inconscient de Lewis. Leur exploration permet de ramener à la surface non seulement le vrai personnage d’Alice, mais aussi le personnage de Lewis. En alternant des ambiances sombres et des images en couleur, un autre côté du pays des merveilles se dévoile : celui qui marque d’une pierre blanche le journal de Charles Lutwidge Dodgson. * Les occasions importantes consignées dans son journal, les journées où il s’est lié d’amitié, où il a pris des photos superbes, où il a passé des moments avec l’une de ses amies enfants, le jour où il a raconté à Alice Liddell pour la première fois l’histoire d’Alice au pays des merveilles, le 4 juillet 1862.
103 Georgiana Savuta Scénographie
Je marque ce jour d’une pierre blanche ou l’Autre Côté du pays des merveilles Descente d’Alice dans le terrier du lapin ; ambiances dans la maison de Lewis Carroll ; la scène monte, changement de décor pour la scène « Terrain de croquet de la Reine »
104 Jonas Schloesing Cinéma d’animation
Je ne suis personne
104 Jonas Schloesing Cinéma d’animation Le faux documentaire. Les films trompe-l’œil ou le plaisir d’être dupé Mémoire dirigé par Georges Sifianos Je ne suis personne Un portrait en creux, fuyant et fragmenté, de Fernando Pessõa, poète de l’intranquillité. Technique : dessin (crayon, huile)
105 Virginie Schmitt Design vêtement Difformité et figure du biforme vue à travers l’étude des silhouettes et postures féminines dans la mode Mémoire dirigé par Bernard Schira Sweet Exo Vixen « Séduire, c’est mourir comme réalité et se produire comme fiction. » France Borel, Le Vêtement incarné. Les métamorphoses du corps, Paris, Calmann-Lévy, 1992, p. 63. Cette envoûtante pin-up contemporaine s’habille des codes du cabaret burlesque, du fétichisme et de l’érotisme. Tirée d’un cabinet de curiosités, la collection sculpte son corps hybride et profilé. Métamorphosée par des implants injectés sous le tissu, elle devient une femme irréelle et révèle ses courbes fatales. Belle et monstrueuse, dangereuse et innocente, elle susurre…
Grand projet avec les félicitations du jury
105 Virginie Schmitt Design vĂŞtement
Sweet Exo Vixen
106 Astrid Sefiane Image imprimĂŠe
Retour. En souvenir de BerbĂŠrie
106 Astrid Sefiane Image imprimée Entre (elles) deux Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Retour. En souvenir de Berbérie Cette histoire-là n’a pas de commencement ni de fin. Peut-être même que ce n’est pas véritablement une histoire. C’est un voyage, une déambulation. Longtemps je me suis imaginé ce pays (l’Algérie, plus précisément la Kabylie), celui de mon père, que l’on me racontait et que l’on me raconte encore aujourd’hui, mais toujours avec cette distance qu’impose la rêverie. On me décrit, on m’explique, mais les lacunes sont bien là. Et c’est dans ces lacunes que mon voyage commence. De ces zones d’incertitude est apparue une chimère, un fantasme. Un pays ni tout à fait réel, ni tout à fait imaginaire. Un entredeux, un espace à parcourir, l’évocation toujours partielle d’un pays inconnu. Différents thèmes se sont alors imposés d’eux-mêmes, des réalités, des souvenirs par procuration, des inventions. Se pose alors la question de la transmission de la mémoire familiale. Comment est-elle reçue ? Comment devient-elle malléable et poreuse à tel point qu’elle flirte avec la fiction ? Les réalités, les anecdotes, les souvenirs par procuration se mêlent aux inventions, aux suppositions, aux mythes. Alors émerge un espace incertain, un lieu isolé et précieux qui appelle au retour. Un retour en souvenir de Berberie.
Mémoire avec les félicitations du jury
107 Pierre Seinturier Image imprimée Dessin de presse et dessin d’humour ; les origines de la bande dessinée Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Greetings From Ennis Mon projet présente ma vision fantasmée des États-Unis. Pétri de références américaines, aussi bien cinématographiques (American Graffiti, Midnight Cowboy, Terminator, etc.) que musicales (Frank Zappa notamment), photographiques (William Eggleston, Stephen Shore, Walker Evans, Saul Leiter mais aussi Miroslav Tichý, etc.), humoristiques (Peter Arno, Chas Addams, James Thurber) ou encore picturales (Peter Doig, Edward Hopper ou le sculpteur John Ahearn), je m’en nourris comme autant de fragments qui composent et sous-tendent chacune de mes images. Ces bribes imaginaires, dessinées de mémoire, s’organisent autour de la trame de l’aventure rocambolesque d’un jeune couple et de leur rencontre improbable avec un autostoppeur recherché par des tueurs, un groupe de rock nommé Shogun, un robot tueur, etc. Il y est question d’un disque pirate sur fond de décor de l’« American way of life » comme le fastfood Chicken & Purrito… Le tout fait l’objet d’un grand livre de 48 pages, de format 65 × 45 cm, réalisé en sérigraphie. Trois écritures servant trois narrations distinctes déterminent le rythme de mon ouvrage.
107 Pierre Seinturier Image imprimĂŠe
Greetings From Ennis Couverture, sĂŠrigraphie, recherche
108 Xavier Servas Design objet
Batch
108 Xavier Servas Design objet L’objet glocal Mémoire dirigé par Bernard Justin Batch Ce projet redonne vie à la bâche publicitaire, en optimisant son cycle d’utilisation et en exploitant ses diverses propriétés. Cette recherche propose une première assise, entièrement conçue en récupération, de bâche pour l’habillage et de copeaux de mousse pour le rembourrage. Ainsi, ce canapé robuste aux formes sensuelles et enveloppantes, et dont la place se trouve centrale dans l’habitat, permet d’apprivoiser la démarche de récupération. Les motifs très graphiques, ici fragmentés par un patron singulier, donnent un nouveau sens à l’outil de communication. Chaque assise est unique, née au gré du hasard.
109 > 36 Julie Slowey Design graphique / multimédia Affiches de théâtre, des mises en scène graphiques Mémoire dirigé par Gérard Plénacoste 00:00 Au cours d’une journée, une série d’événements mystérieux vient perturber le quotidien des habitants de trois zones géographiques : un village en bordure de forêt, une grande ville, un pays exotique. Retranscrites sous la forme d’une trilogie journalistique, ces fictions s’inspirent de légendes urbaines. Des séries photographiques, provenant toutes de Google Images, permettent de monter le décor de ces mondes en apparence banals, constitués d’éléments familiers : une route de campagne, un lotissement, une construction pavillonnaire, une piscine municipale, etc. Le journal nous plonge dans un univers malade et nous fait entrevoir des mondes inconcevables. Il s’agit d’une rencontre entre cette photographie dénuée de toute ambition artistique, utilitaire ou appliquée, disponible en flux continu sur Internet, et ces récits sans cesse réinventés et retransmis, appartenant à un certain folklore. Le journal sert de support pour la mise en place de fictions et propose une réponse à cette question : comment un graphiste peut-il s’approprier des objets d’usage courant pour les déplacer dans un autre contexte ? En collaboration avec Anne-Line Desrousseaux Techniques : impression traceuse sur papier journal et sérigraphie
109 > 36 Julie Slowey Design graphique / multimédia
00:00 Journal #1 : « Forêt » Journal #2 : « Ville »
110 Thomas Stavridis Design graphique / multimédia
Apprentissage communiquant franco-japonais Détails et traduction d’une phrase en japonais et en français, mode pour apprendre à écrire les caractères
110 Thomas Stavridis Design graphique / multimédia La typographie japonaise Mémoire dirigé par André Baldinger Apprentissage communiquant franco-japonais Les supports d’apprentissage de langues sont multiples et continuent de progresser, ce qui permet d’ouvrir de nouvelles possibilités de création sur le plan graphique. Grâce à l’évolution des supports, le texte et le son interagissent mais le cadre d’apprentissage reste figé et préétabli. Or, il est démontré que l’apprentissage d’une langue se fait au mieux en interaction avec l’environnement : pour apprendre une langue, il faut la vivre et la partager avec les gens qui la parlent. L’interaction entre le son et l’image, rendant l’apprentissage beaucoup plus vivant, a le pouvoir de le situer au cœur de l’échange avec son environnement. On passe ainsi d’un apprentissage réactif et unilatéral à un apprentissage pro-actif dans lequel l’individu apprend par ses choix de communication. Dans cette optique d’échange et sur la base d’une expérience personnelle, je me propose de développer un concept de communication interactif sur l’apprentissage de la langue japonaise. Le projet, dans le cadre d’une recherche sur un concept de design minimal, explore les différentes notions d’interaction entre une personne de culture française et une personne de culture japonaise, sur le plan visuel et sonore. Il s’agit de donner corps visuellement à toutes les possibilités d’échanges engagées dans cet apprentissage. Technique : application iPad
111 Arthur Stehelin de Taisne Architecture intérieure Une intervention sensée Mémoire dirigé par Sylvestre Monnier Le Buron L’intervention a pour objectif de réhabiliter un buron – bâtiment montagnard traditionnel auvergnat – en résidence principale. Le couple qui a décidé de s’y installer arrive en fin de carrière et a opté pour ce bâtiment situé en plein Parc régional des volcans d’Auvergne, sur une parcelle de 70 hectares en leur possession. Ce bâtiment sommaire, un R+1 d’une superficie habitable de 150 m2, composé de pierre et de bois locaux (granit, basalte, lauze, chêne), n’est aujourd’hui équipé ni en électricité ni en eau courante. Un panoramique unique à 360 ° sur les lignes des crêtes, son isolement et son architecture traditionnelle lui confèrent un charme tout particulier. Pour répondre à leurs attentes, le bâtiment devra répondre à plusieurs critères : – être un refuge d’au moins 250 m2 proposant un grand confort – être contrairement à l’actuel ouvert sur l’extérieur et lumineux – être un bâtiment répondant aux critères d’un BBC (bâtiment basse consommation). L’analyse du bâti existant dans son contexte a permis de mettre en évidence un certain nombre de principes utilisés par les anciens, pleins de bon sens. Ces principes assurent l’intégration dans le paysage, une bonne protection contre le climat rude, et la valorisation des apports naturels. Ils seront réexploités voire accentués pour apporter un maximum de confort et d’intelligence au bâtiment. Dans la logique des architectures traditionnelles locales, le bâtiment s’adaptera aux formes de la montagne, les matériaux seront principalement le bois et la pierre locale, et il respectera l’axe est-ouest existant. En ce qui concerne l’intérieur en revanche, contrairement à sa configuration actuelle, tout sera mis en œuvre pour aérer, y faire pénétrer un maximum de lumière et pour ouvrir sur l’extérieur. Étant considérés comme la seule enveloppe protégeant ses habitants contre leur environnement hostile, les formes et les matériaux de cette machine à habiter isolée auront pour but d’offrir un refuge efficace et confortable. Techniques et matériaux utilisés : murs en pierre de basalte banchée, structure en poutres lami-bois, isolant en fibre de bois, lambris en chêne rouge, couverture de lauzes
111 Arthur Stehelin de Taisne Architecture intĂŠrieure
Le Buron
112 Tu Tang Architecture intĂŠrieure
Le MusĂŠe du Chocolat
112 Tu Tang Architecture intérieure L’architecture dans l’exposition artistique Mémoire dirigé par Roberto Ostinelli Le Musée du Chocolat Cet espace est dédié à l’univers du chocolat : origine, déclinaisons, présentations et évocations du plaisir lié à ce produit magique, inspirateur de créations uniques en Europe et particulièrement en France. Le musée se présente sur trois niveaux totalement différents de surface et de structure, avec l’idée d’y intégrer une scénographie évoquant les mouvements souples et fluides du chocolat à l’état liquide dans ses différentes phases de préparation. Ce rappel apparaît dès la façade du bâtiment et revendique une esthétique ondoyante constituée de bandes linéaires présentes tout au long du parcours, puis traversant verticalement et horizontalement les espaces intérieurs du musée. Les salles de présentation sont conçues de façon distincte à partir de trois thématiques proposées au public : « Les origines historiques du chocolat » au rez-de-chaussée, « Les évolutions du chocolat » au premier étage, et « Les arts du chocolat » au sous-sol. Dès l’accueil, le visiteur découvre trois modules ovales, telles trois fèves géantes révélant les objets des sections du premier niveau, riche d’un ensemble de vestiges de la période précolombienne. Cette première vision s’inscrit dans une évocation d’archéologie : les murs, le mobilier, les vitrines, le traitement du sol et le plafond sont conçus en cohérence dans une structure de courbure de pierre unie, tandis que sur des écrans de projection défilent les images colorées de la forêt maya où a été découverte la précieuse fève. Pour le premier étage du musée, qui traite du deuxième thème, l’intention était de développer un espace permettant de rendre lisibles les explications d’une présentation didactique consacrée aux évolutions du chocolat. À partir de jeux de vitrines agencées graduellement et situées latéralement sur chacun des deux côtés de la salle, un grand mur a été conçu transversalement afin de ménager des zones de présentation pour les différentes sections. Cette forte diagonale s’associe aux courbes reliant les différentes zones dans un mouvement permanent symbolique de cette évolution. Enfin, l’espace du sous-sol montre les événements de caractère plus ou moins spectaculaire liés à cette activité : de la fabrication à la conception d’œuvres originales, peintures, sculptures, installations, démonstrations, information sur les festivals, salons, etc. Toute une actualité se trouve ici réunie, parallèlement à la présentation des publicités, conditionnements, images et papiers d’emballage du chocolat à travers les âges… Grands abat-jour de carton ondulé, murs de papier doré : la visite du musée s’achève dans un environnement de fête et de lumière à la gloire du « chocolat », ainsi nommé par les peuples aztèques avant sa découverte au xviie siècle par les Européens. L’on a vu depuis combien les plus grands chefs le subliment, de génération en génération, et exposent leurs créations comme des pièces de joaillerie…
113 Flora Tanguy Scénographie Frontières. La découverte des quartiers chinois à Paris Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte La Mort à Venise de Thomas Mann Au début du xxe siècle, Gustav Aschenbach est un écrivain munichois de grande notoriété. Une mystérieuse rencontre va troubler son quotidien. Ayant décidé de partir pour Venise, dans un hôtel du Lido, il fait la connaissance d’un jeune aristocrate polonais nommé Tadzio. Il en tombe follement amoureux. Une épidémie de choléra sévit. Tout en étant conscient du danger qu’il court, il ne quitte pas la ville et finit par rencontrer la mort. Dans cette adaptation du roman pour le théâtre, je souhaite mettre en évidence les sentiments amoureux de cet homme se traduisant par des sensations, une impression de solitude et de distance, des fantasmes… Ma démarche scénographique est de rendre visibles les émotions dans l’espace. J’ai choisi comme lieu de représentation un alvéole de la base sous-marine de Saint-Nazaire. Au-delà de la dimension dramaturgique du lieu, j’interviens dans l’espace en modifiant son apparence, de même que Venise évolue constamment, passant d’une beauté fascinante à une ambiance fétide où la mort est perceptible. Un travail de surface sur les murs en peinture, en lumière et en projection permet de faire basculer l’environnement en fonction des sentiments d’Aschenbach. Venise est plus ou moins révélée, créant une atmosphère en perpétuelle mutation. Dans cette adaptation, Tadzio est représenté sous forme de statues. Le public n’aperçoit jamais son visage. Sa beauté abstraite nous atteint à travers la fascination amoureuse d’Aschenbach. L’entrée de la lumière dans le lieu rythme les apparitions de Tadzio, révélant la matière translucide de son corps. Autour de ces deux personnages principaux gravitent des ombres, des êtres figurant la société, qui renforcent la sensation de solitude de l’homme face à un amour inaccessible.
Mémoire avec les félicitations du jury
113 Flora Tanguy ScĂŠnographie
La Mort Ă Venise de Thomas Mann
114 Jeanne Teston Secteur vĂŞtement
Une minute avant le dĂŠluge
114 Jeanne Teston Design vêtement Et in Arcadia ego Mémoire dirigé par René Lesné Une minute avant le déluge Ma collection parle de quelque chose de lointain dans le temps, passé ou futur, quelque chose qu’on envisage ou qu’on se rappelle vaguement, une sensation fugace et éternelle d’un événement violent mais dont les preuves nous échappent. Quelque chose qui s’est peut-être déjà produit et qui va sans doute recommencer, au début des temps ou à la fin de l’éternité. Déluge, angoisse, incidents du quotidien, légendes ou catastrophes naturelles, ce genre de sensation se rencontre à tous moments de la vie, de l’histoire de l’Homme ou de celle des hommes, à n’importe quelle échelle. Ces scènes de fin du monde, nous nous les représentons comme celles dont nous disposons en témoignage de fins d’autres mondes, d’autres civilisations, des fragments à déchiffrer enfouis dans les eaux de l’oubli ou dans les sables des temps. Traduites sur le corps, ces écritures se transforment en tatouages, cryptogrammes dont la signification nous échappe encore parfois, rites antiques d’éternité, la peau tatouée ne se décompose pas, ils révèlent certaines parties du corps et émergent de drapés comme des dunes ou de l’eau.
115 Antoine Timsit Image imprimée Esthétique et témoignage Mémoire dirigé par Michel Zoladz Le Cycle – La Nouvelle Blague En février 2011, Michel Gondry se transformait en commissaire d’exposition au Centre Pompidou. Intitulée « L’Usine de films amateurs », l’exposition avait pour enjeu la réalisation de courts-métrages par des visiteurs sans expérience dans le domaine. Le processus de création se déroulait dans un espace compartimenté. Passant de décor en décor, les groupes de specta-créateurs étaient invités à construire un film de manière autonome et artisanale. Gondry revient sur cet aspect artisanal du processus dans une interview. Il explique qu’avec des moyens limités, un peu d’organisation, on peut créer des films ne répondant pas forcément aux codes habituels du cinéma, mais dont justement l’aspect artisanal devient un élément esthétique à part entière. De plus, en 2009, lors d’un stage dans une équipe de peintres décorateurs, j’ai réalisé que le dessin et les techniques d’impression avaient une place prépondérante, à tous les stades de l’élaboration du téléfilm sur lequel nous travaillions. Le projet est né ainsi : essayer de combiner film, « artisanat » et image imprimée. Le projet s’intéresse à la manière dont l’image imprimée peut intervenir dans la réalisation d’un court-métrage. De sa genèse, sous la forme d’un storyboard, en passant par des recherches d’atmosphères, de styles pour les personnages, et jusqu’à la création de décors et d’accessoires, il s’agit de voir comment le travail de l’image imprimée façonne un film. En fait, ce court-métrage est le prétexte à imaginer un univers graphique par le biais de l’image imprimée alors qu’il rend indispensable dans le même temps l’image dont il se nourrit. Trois notions m’ont particulièrement intéressé : la lumière, le mouvement et le rythme. Elles se retrouvent à deux niveaux : d’une part dans les travaux préparatoires (storyboard, repérages dessinés…), sortes de « rushes » fixes permettant de délimiter les possibilités animées. D’autre part dans l’utilisation de la gravure et de la sérigraphie pour créer des décors (voir le décor de ville dans les visuels). Enfin l’objectif n’est pas de masquer la présence d’images imprimées au sein du film. Bien au contraire il s’agit de les intégrer de façon à créer un tout cohérent, entre le graphisme des images fixes et le mouvement des images filmées.
115 Antoine Timsit Image imprimée
Le Cycle – La Nouvelle Blague
116 > 25 Bulle Tronel Scénographie
How Fear Came (Comment vint la crainte) Photographie tirée du film, format scope, scène de nuit, Marais du nord Scène d’animation banc-titre, chapitre 2 « Seeking Fear », le tigre se fait battre par la jungle Préparation du décor de la jungle avant tournage avec les réalisatrices
116 > 25 Bulle Tronel Scénographie Rouge diversion Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte How Fear Came (Comment vint la crainte) Nous voulions expérimenter la narration du conte en combinant nos deux domaines, scénographie et cinéma d’animation, sous la forme d’un court-métrage. Ce conte, écrit par Rudyard Kipling (Le Second Livre de la jungle, 1895), narre les premières heures de la jungle et la naissance de ses lois. L’intérêt d’un conte est qu’il est ouvert à toute interprétation visuelle. Nous nous sommes intéressées à ce texte en particulier pour son caractère métaphorique et imagé. Le théâtre de marionnettes est au spectacle vivant ce qu’est l’animation à la prise de vue réelle, une mise à distance du créateur / conteur par rapport au spectateur par le biais d’un objet projectionnel. Le conteur est ici le personnage principal, qui bâtit et présente son histoire aux spectateurs, les faisant peu à peu rentrer dans son univers. Nous nous sommes précisément intéressées à ce passage entre la perception et l’imaginaire du spectateur. Nous avons souhaité mettre en scène cette transition qui amène le spectateur de la vision d’un objet pour ce qu’il est, à celle d’un objet investi d’esprit. Pour cela, nous avons laissé apparent le squelette, l’armature, la trame de ces objets, personnages et espaces, qui seront dévoilés au spectateur tout au long du court-métrage. Les marionnettes et le décor sont manipulés à vue. Nous utilisons le décor comme un acteur à part entière de l’histoire, servant à souligner la frontière entre réalité et illusion. Nous avons souhaité nous inspirer des formes organiques des végétaux pour les transposer dans des assemblages d’objets recyclés. La jungle de Kipling est à la fois le théâtre où se déroulent les événements et le moteur de l’action. Ainsi le décor de la forêt est proposé sous la forme d’une machine permettant les changements de décor à vue, ponctuant les différentes parties du récit. Actionnée par les manipulateurs, elle rappelle également la machinerie théâtrale. Nous avons aussi réalisé ce projet par goût pour les matériaux et les objets, ainsi que pour la possibilité de raconter une histoire avec eux. À chaque étape du projet, nous avons travaillé de concert, de manière à mêler nos domaines, sans que l’on puisse les distinguer. Avec la collaboration d’Anaïs Caura (Cinéma d’animation)
117 Charline Troutot Design vêtement SApe Mémoire dirigé par Nasser Bouzid Bergam Telle une invitation à l’évasion, un voyage urbain entre ici et ailleurs, cette collection s’inscrit dans l’inépuisable source des éléments qui m’entourent : les différentes cultures, les savoir être et savoir-faire. Les matières et matériaux se rencontrent, se surprennent et s’unissent. Du dialogue entre la structure simple, épurée, du vêtement et l’aspect brut des parures naissent des silhouettes à l’esprit sophistiqué. Dans une atmosphère chaude, la symbiose entre matière et couleur éveille nos sens dans une agréable légèreté.
117 Charline Troutot Design vĂŞtement
Bergam
118 Hubert Van Rie Image imprimée
Tarte à la crème & langue de bois
118 Hubert Van Rie Image imprimée L’affiche politique aujourd’hui ? Mémoire dirigé par Denis Pérus Tarte à la crème & langue de bois « Lorsqu’un terme veut tout dire, il ne veut plus rien dire. » Jean-François Revel Les hommes politiques promettent-ils d’arrêter la langue de bois ? Le langage creux se développe à merveille aujourd’hui dans les médias, dans l’administration, dans la vie publique… Dans la bouche des politiques ou des journalistes, on entend encore chaque jour des formules creuses ou des mots à la mode qui peuvent être placés dans n’importe quel contexte… Mon projet s’intéresse particulièrement à la communication politique qui passe principalement par les formules et les mots. Mais par ailleurs la communication politique revêt bien d’autres formes ; je me suis donc penché sur quelques-unes d’entre elles.
119 Gianna van Tienhoven Design objet Petite chronologie de l’objet Mémoire dirigé par Anna Lalanne-Bernagozzi Synapses : objets suggestifs à fonctionnalité libre L’univers qu’évoquent ces objets remet en question les notions de certitude et de permanence. Confectionnés en tissu et en polyuréthane, ces volumes créent un registre formel qui vacille entre le biomorphisme, le primitif et des formes établies. Leur légèreté et leur peau proposent une relation sensible où l’utilisateur découvre par lui-même les usages possibles. C’est en les prenant en main, en les manipulant, qu’on les découvre et les apprivoise. Les dix modèles proposés sont issus de gestes et de mouvements observés pendant des séances expérimentales d’usage. L’utilisateur est invité à les approcher et à les tester en se laissant guider par ses intuitions.
Grand projet avec les félicitations du jury
119 Gianna van Tienhoven Design objet
Synapses : objets suggestifs Ă fonctionnalitĂŠ libre
120 Romain Vaulont Design objet
ManufacturÊ – Fait main
120 Romain Vaulont Design objet Tongue of Confusions Mémoire dirigé par René Lesné Manufacturé – Fait main Le projet se propose de réfléchir aux transformations engendrées par l’arrivée du numérique dans l’industrie et notamment dans le mobilier. Des techniques comme la découpe numérique, le fraisage numérique et la stéréolithographie se développent aujourd’hui à une vitesse incroyable. Mon projet tente de comprendre les nouvelles possibilités offertes par ces techniques, et leurs impacts potentiels sur la chaîne de production de l’objet. J’ai choisi de réaliser une chaise en utilisant comme outil principal la découpe numérique sur tube, une technique pour le moment utilisée exclusivement dans la sous-traitance industrielle. Grâce aux possibilités de découpes complexes et très précises sur des profilés, la chaise sera livrée directement sous forme de tubes. Un système d’encoches et de rainures pré-usinées permettra de plier les tubes pour former la chaise à la main sur le lieu de livraison. Ainsi, la chaise pliée utilisera les mêmes méthodes de conditionnement et de livraison que pour des profilés « vierges », et ne nécessitera pas d’outils pour l’étape de façonnage. Chaque commande de chaises (à partir d’une dizaine de pièces) peut être réalisée en petite série par toutes les unités de découpe laser sur tube car celles-ci proposent un tarif horaire non dégressif et peu variable d’une usine à l’autre. Ainsi, en envoyant les fichiers des pièces dans une usine au plus prés du lieu de livraison des chaises, on engendre peu de frais de transport et de stockage sur une petite série.
121 Lucile Vrignault Art espace L’espace de la performance, une scène propice à de nouvelles qualifications de l’accessoire Mémoire dirigé par Marc Thébault Revenir, Retenir J’expérimente mon quotidien. Il est le moteur de mon imagination : prendre les transports en commun, découper une feuille de papier, saisir un livre dans une bibliothèque sont autant de gestes, de trajectoires, de principes mécaniques que je capte. Le quotidien est un paradoxe, celui de plier ses gestes à la mouvance commune mais aussi une somme d’instants que l’on éprouve. J’associe à ces actions des objets de référence : chaussures, ciseaux, clé anglaise, etc., auxquels je lie des matériaux usuels tels que le métal, le bois ou le tissu. J’extrais du monde qui m’entoure des plans, des trames, des motifs pour en travailler les formes et les réinsuffler dans des objets. En m’inspirant du musée de la Monnaie, j’ai réalisé « Tamis ». Plus que le quotidien, c’est cette fois l’actualité qui a guidé ce travail, plus précisément la crise économique de 2008 et ses conséquences au quotidien qui m’ont amenée à faire ce projet. Préalablement découpées, les pièces de 50 cents ont été assemblées de manière à élaborer une maille. Plus récemment, j’ai utilisé le dessin pour tracer des lignes, des trajectoires qui transcrivent un mouvement dans un espace urbain. Mon projet intitulé « Gare de Saint-Pancras » témoigne de cette recherche. Ainsi je constitue une écriture inspirée de celle de la danse, qui met en place une partition proposée aux spectateurs. Le passage au volume me permet d’activer un saut dans la réalité et d’apporter d’autres agencements. Par exemple, le multiple « Fig. » propose différentes configurations de pas. Chaque tentative équivaut à un jet, chaque jet constituant une proposition de positionnement du corps, ou une figure impossible à réaliser. Je joue et rejoue des situations. Je crée des interférences, des vibrations pour une chorégraphie d’objets sculptures. Le cercle que « Ciseaux » délimite de par la répétition de sa découpe est un espace qui semble s’ouvrir à l’infini.
Grand projet avec les félicitations du jury
121 Lucile Vrignault Art espace
Revenir, Retenir « Ciseaux », « Fig. », vue d’ensemble
122 Marie Wilhelm Design vĂŞtements
Blancs
122 Marie Wilhelm Design vêtement Mode et artisanat : quel avenir pour les artisans de la mode et du luxe ? Mémoire dirigé par Rodier-Clergue Blancs Intriguant mais jamais pesant, le blanc est avant tout une respiration. Une envie de douceur et de légèreté dans le vestiaire masculin. Le blanc est aussi une perte de mémoire, un effacement, à la fois trace d’un passé anonyme et propre témoin de sa présence. Les détails disparaissent, les couleurs se diluent et les matières se mélangent pour une lecture simplifiée mais toujours élégante de la silhouette. Les photographies et images qui ont inspiré cette collection échappent au statut de témoignage pour devenir une matière malléable permettant de créer de nouvelles formes. Le blanc est enfin un éclat de lumière, un révélateur. Par sa puissance et sa force, il interroge et retient l’œil. La collection juxtapose ces trois lectures du mot « blanc » en conjuguant passé et présent, masculinité et sensibilité.
Grand projet avec les félicitations du jury
123 Anastasia Zimikhina Design vêtement France-Russie, la mode, une histoire d’amour… Mémoire dirigé par Anne Ferrer Frisson Se laisser porter par un souffle glacé, frissonnant de plaisir dans le vêtement porté. Changements du temps et des saisons, les vents rythment les horizons. Transformations, tourbillons et mouvements, les étoffes claquent au son du vent, dont les changements de direction donnent le ton et les modulations qui inquiètent ou enchantent. Une fille douce et fragile, baignant dans la lumière d’un temps docile, prise dans un changement aux multiples surprises. Bousculée par les éléments, elle résiste et se tient forte malgré les caprices des éléments. Enveloppée dans les étoffes serrées contre son corps, elle se dresse et fait face à l’adversité, sa seconde peau est là, pour la protéger, l’adapter et la conforter. Alors grandie, le mouvement maîtrisé, elle brille d’une grâce enchantée dans le climat nordique faisant son entrée. Les courbes des silhouettes, dansant au gré des vents, sont saisies dans la coupe des vêtements, exprimant les différents sensations que leur mise en scène peut suggérer par l’ampleur et le rythme de ses vibrations. Cette approche générique du mouvement figé dans son élan vient de l’excitation des sens causée par les déformations des courants, entraînant l’imaginaire, conscient ou inconscient, vers des sphères ou règne une poésie sensuelle étrange. Position du corps confronté aux éléments, tantôt contrit et refermé, tantôt ouvert et éclatant, dont les tenues tracent quant à elles des courbes mouvantes, conformes ou contraires aux différents déplacements. De face, de profil ou de dos, la vision des plis, pinces, fermetures et emmanchures révèle une direction, la difficulté étant de créer des modèles avec un parti pris fort quant aux coupes et aux structures, en prenant soin de toujours privilégier le confort et l’élégance.
123 Anastasia Zimikhina Design VĂŞtement
Frisson
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