École nationale supérieure des Arts Décoratifs
Catalogue des diplômés 2012
Catalogue des diplômés 2012
Catalogue des diplômés 2012 École nationale supérieure des Arts Décoratifs
Préface
Ce catalogue est le troisième opus d’une collection initiée en 2010. Il présente les « Grands projets » (projets de diplôme) des 139 étudiants diplômés en 2012, répartis entre 10 secteurs professionnalisant de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs. Cette promotion 2012 est la première à bénéficier du grade de master, distinction qui parachève l’inscription de l’École des Arts Déco dans le cadre de la réforme de l’enseignement supérieur européen (LMD). Obtenu à l’issue de 5 années d’études, le diplôme de l’École est attribué aux étudiants qui ont soutenu avec succès leur mémoire et leur « Grand projet ». Ce qui frappe dans ces projets, c’est leur implication dans la vie quotidienne. Développement durable et économie solidaires sont des notions très présentes pour cette génération lorsqu’il s’agit de venir en aide à des particuliers, d’embellir le cadre de vie de groupes et de collectivités ou d’accompagner des pays en voie de développement dans le respect de leur propre culture. On peut ainsi espérer qu’avec ces projets et ces objets originaux, les jeunes talents issus des Arts Déco contribueront à apporter des réponses inédites aux enjeux de la crise économique qui traverse nos sociétés. De même, remarquable, parallèlement à cette empathie ambiante, est la réapparition du sens du merveilleux et du goût pour le conte, pour enfin ré enchanter le monde. Je tiens à remercier tous les membres des jurys pour l’attention qu’ils ont bien voulu consacrer à ces travaux et, en particulier, leurs présidents, et souhaite que chacun découvre cet ouvrage avec plaisir et étonnement. Geneviève Gallot, Directrice de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs
Secteurs et jurys
Architecture intérieure (29 juin 2012) Cette discipline conduit à imaginer des espaces à vivre, nouveaux, au carrefour des arts plastiques, décoratifs et industriels. Président : Ricardo Basualdo, assistant maître d’ouvrage culturel Personnalités qualifiées : Bernard Roth, pdg de Périclès Développement Charlotte Lardinois, architecte d’intérieur Enseignants : Marc Iseppi, Fabrice Dusapin, Françoise Couvez Art espace (28 > 29 juin 2012) Ce secteur forme des plasticiens aptes à intervenir dans les espaces de l’art, naturels ou urbains, publics ou privés. Président : Marie Denis Personnalités qualifiées : Sébastien Delot, commissaire d’exposition, Alain Declerq, artiste Enseignants : Catherine Strasser, coordonnatrice du secteur, Elisabeth Ballet, Stéphane Degoutin Cinéma d’animation (25 > 27 juin 2012) L’enseignement vise à développer une maîtrise de l’expression par l’image en mouvement, ayant pour objectif la créativité et l’innovation. Président : Serge Elissalde, réalisateur Personnalités qualifiées : Ron Dyens, Sacrebleu Productions, Ilan Nguyen, lecteur, Tokyo University of the Arts, Film and New Media Enseignants : Georges Sifianos, François Darasse, Élise Capdenat
Design graphique / multimédia (25 > 26 juin 2012) L’apprentissage du graphisme couvre l’ensemble des outils de conception et de production liés au support papier et au multimédia. Président : Joost Grootens, designer, Studio Joost Grootens, Amsterdam Personnalités qualifiées : Stéphane Hugon, sociologue,Béatrice Salmon, directrice du musée des Arts décoratifs, Paris Enseignants : Ruedi Baur, André Baldinger, Olivier Peyricot Design objet (26 > 27 juin 2012) Ce secteur intègre les différentes pratiques contemporaines du design : design industriel, design mobilier, design de services. Président : Erwan Bouroullec, designer Personnalités qualifiées : Guillaume Bardet, designer, Florence Lamblin, responsable des expositions Le Lieu du Design, Paris Enseignants : Patrick Renaud, coordonnateur du secteur, Florence Doléac, Xavier Pangaud Design textile et matière (27 juin 2012) La formation suit une progression qui va de la connaissance des composantes du textile à son exploitation créative en intégrant les contraintes techniques, industrielles et économiques. Président : Olivier Saillard, directeur du musée Galliera Personnalités qualifiées : Éric Richard, architecte DPLG, Capucine Jason, designer MaATERIO Enseignants : Sophie Larger, Sylvie Megret, Roland Schar
Secteurs et jurys
Design vêtement (26 juin 2012) La formation prépare à tous les types de production, de la série à la pièce unique, en passant par la prospective liée au vêtement, à la mode, aux accessoires. Président : Martine Sitbon, créatrice Personnalités qualifiées : Samuel Drira, rédacteur en chef, styliste consultant Hermès Femme, Florence Muller, historienne de la mode, conférencière IFM Enseignants : Laurent Godart, Gilles Rosier, Jayne Cure Image imprimée (14 > 15 juin 2012) Ce secteur a pour vocation la formation de concepteurs créateurs d’images avec comme base le dessin. Président : Marie Sellier, éditrice, auteur Personnalités qualifiées : Quentin Leeds, directeur artistique de la revue XXI, Jérôme Zonder, dessinateur, peintre Enseignants : Toan Vu Huu, Sabine André, Christophe Naux Photo / vidéo (5 > 7 juin) La formation dispensée a pour objectifs la réalisation et la finalisation de projets photo et vidéo, tant dans le champ artistique que dans celui du documentaire ou de la communication. Présidente : Valérie Jouve, photographe Personnalités qualifiées : Keja Ho Kramer, vidéaste, photographe, Virgil Vernier, réalisateur Enseignants : Marc Thébault, Christophe Bourguedieu
Scénographie (28 > 29 juin 2012) Art de la représentation, la scénographie requiert la mobilisation potentielle de toutes les formes expressives au service d’une tension dramaturgique entre un espace et une narration. Président : Philippe Marioge, scénographe Personnalités qualifiées : Stéphane Poli, scénographe, responsable du bureau d’études des expositions et spectacles à La Villette, Nadia Lauro, scénographe Enseignants : Brice Leboucq, coordonnateur du secteur, François Darasse, Annabel Vergne
Diplômés 2012
A Bruno Albizzati > 1 Antonin Anzil > 2 Leïla Arenou > 3 Lysmina Attou > 4 Elsa Aupetit > 5, 24, 95 B Lorine Baron > 6 Anna Belyavina-Normand > 7 Claire Berchon > 8 Sophie Bessette > 9 Cléo Biasini > 10 Hugo Blanzat > 11 Elisabeth Boisson > 12 Philippe Bonan > 13, 77, 116 Melvyn Bonnaffé > 14 Laurent Bonneau > 15 Nathalie-Anne Boucher > 16 Carmen Bouyer > 17, 94 Hiwon Byun > 18 Raphaëlle Caron > 19 C Chloé Carpentier > 20 Julien Cedolin > 21, 119 Aurore Chartier > 22 Julie Chheng-Stephen > 23 Grichka Commaret > 24, 5, 95 Tom Corbin > 25 Arthur Coulet > 26 Chloé Curci > 27 D Sophie Dang Vu > 28 Sara De Jesus Bento > 29 Laurent Delahaye > 30 Luc Delcourt > 31 Céline Devaux > 32 Élise Doss > 33 Louise Dubois > 34 Inès Dufay > 35 Marion Dupas > 36
E Cornelia Eichhorn > 37 Arturo Erbsman > 38 Sarah Escamilla > 39 Jeanne Eveno > 40 F Marine Feuillade > 41, 72 Luca Fiore > 42 Marie Flageul > 43 Yannick Fleury > 44 Hélène-Mahi Fofana > 45 Léo Forest > 46 Élise Foucault > 47 G Kevin Garcia > 48 Martin Gasc > 49 Juliette Gouraud > 50 Cyril Gouyette > 51 Camille Grangé > 52 Kristina Guseva > 53 H Claire Haimart > 54 Daniel Halle > 55 Soraya Hamlaoui > 56 Tom Huet > 57 J Simon Jeannot > 58 Da hee Jeong > 59 Benoît Julienne > 60 K Ieva Kabasinskait > 61 Sarah Kalman > 62 Smaïl Kanouté > 63 Irène Karabayinga > 64 Yann Kebbi > 65 Benjamin Klintoé > 66 L Léa Kohane > 67 Fabien Labeyrie > 68, 110
A – Z
Coline Laine Antoine Lamoureux > 69 Leslie Landucci > 70 Valentina Lazaridi > 71 Pauline Lecomte > 72, 41 Murielle Le Guennec > 73 Quentin Letout > 74 Jonathan Liebermann > 75 Alicia Luxem > 76 M Benjamin Mahieu > 77, 13, 116 Xavier Majewski > 78 Juliette Mallet > 79 Pauline Marcyniuk > 80, 120 Louis Marraud des Grottes > 81 Laura Martinez > 82 Benoît Masson Anaïs Mathieu > 83, 105 Anne Merlin > 84 Anne Morel > 85 N Marie-Luce Nadal > 86 Arash Nassiri Jean-Baptiste Née > 87 Oubadah Nouktah > 88 P Camille Pajot Guillaume Pavageau Mathilde Pellé > 89 Dan Perez > 90 Naïmé Perrette > 91 Mina Perrichon > 92 Jennifer Pineau-Ledreney > 93 Geoffroy Pithon > 94, 17 Martin Plagnol > 95, 5, 24 Pierre-Alain Poirier > 96 Marion Poncelin de Raucourt > 97 Thomas Pons > 98 Aurélie Ponsin > 99 Charles Pottier > 100 Jules Primard > 101
R Carine Ravaud > 102 Juliette Ravel > 103 Prisca Renoux > 104 Marie Riegert > 105, 83 Agathe Roussel > 106 Sabine Rousselot > 107 S Lauranne Schmitt > 108 Julia Schults > 109 Michaël Sok > 110, 68 Maxence Stamatiadis Julia Stern > 111 Clio Szeto > 112 T Hélène Tamalet > 113 Anne Thémans > 114 Sara Théron > 115 Aurélien Thibaudeau > 116, 13, 77 Lucie Touré > 117 Nicolas Tromp > 118 Nicolas Tsan > 119, 21 Maud Tyzon > 120, 80 U Camille Ulrich > 121 V Eugénie Vaquier > 122 Lena Ville > 123 W Laure Wauters > 124 Élodie Weis > 125
1 Bruno Albizzati Image imprimée L’espace blanc du dessin ou le temps incarné Mémoire dirigé par Paul Sztulman Dérives Le terme, au pluriel, est à entendre selon ses différentes acceptions. Il s’agit d’une part de la dérivation d’un objet sous l’effet des vents ou des courants marins et, d’autre part, du fait de s’écarter d’une norme, d’un cadre établi. Le sujet charrie des notions connexes : la fragmentation, la dislocation, le flottement et la perte de repères. Ce projet comprend deux livres et une installation : « Oraison d’inquiétude », « Topiques extérieures », « I lumi della Carta ». Chacun de ces pans procède par ruptures et confrontations. La notion de dérive y circule comme un liant, des dessins aux peintures, de projets éditoriaux à un dispositif spatial. Le doute, transcrit par le repentir et les béances au sein de l’image, est un acteur majeur de ce projet. Les formes y sont mouvantes et incertaines, à dessein. Dans ces trois modules, du paysage mental à l’expérience sensorielle, l’ambiguïté et l’incertitude deviennent des postures créatives. C’est un doute qui stimule, par lequel les compositions sont prises dans des courants contraires, entre apparition et effacement, entre désastre et accalmie.
Mémoire avec les félicitations du jury
1 Bruno Albizzati Image imprimée
Dérives « Sans-titre », huile sur papier, 80 × 60 cm « Sans-titre », huile sur papier, 65 × 50 cm « Sans-titre », huile sur papier, 75 × 110 cm
2 Antonin Anzil Art espace
Volubilis « Papier froissé », feuille de papier A3, peinture, flocage « Reliefs », velin d’Arches gravé à la pointe sèche, 80 × 110 cm « Tapis », paille de sorgo, peinture acrylique, 140 × 180 cm
2 Antonin Anzil Art espace Le nez de l’art Mémoire dirigé par Catherine Strasser Volubilis C’est l’histoire d’un voyage. Qui, enfant, ne s’est jamais pris à rêver plonger la tête dans l’herbe de son jardin ? On imagine un nouvel univers dont on serait le géant, on observe cette forêt miniature que l’on imagine peuplée d’une foule de personnages et autres créatures fantastiques. Ce rêve, je le poursuis lorsque je froisse une feuille de papier et qu’en un instant se construisent des chaînes entières de montagnes, des collines, des vallées, toute la micro topographie d’un paysage imaginaire. Comme l’enfant devant sa maquette de train, je prends la posture d’un créateur démiurge, je domine ce paysage qui pourtant me dépasse totalement. Je m’invente un tour du monde en le balayant du regard comme lorsqu’on laisse glisser son doigt sur la surface d’un globe terrestre. De l’infiniment grand à l’infiniment petit, la carte du monde devient motif, les ornements sont mes paysages. Oscillant entre abstrait et figuratif, paysages fantasmagoriques et cartographies utopiques, j’imagine un nouveau monde. Je m’approprie les lieux, j’en redessine les frontières, j’en recompose les parfums. Je cherche à contrôler d’une manière métaphorique et graphique cet univers, créant ainsi une multitude de formes abstraites à manipuler, autant de labyrinthes à parcourir, d’univers à explorer. Fragments d’espaces qui émergent à la surface d’une feuille de papier, petits biotopes fantastiques comme des passages vers un ailleurs, je cherche à faire vagabonder l’esprit, à inviter au voyage, vers une destination exotique inédite. D’un regard « icarien », je bascule vers celui du Lilliputien perdu dans les méandres, les arabesques, les circonvolutions des motifs. Ceux d’un tapis qui se seraient mis soudainement à pousser. Ou encore ceux d’une frise d’ornements reprenant leurs propriétés initiales en exhalant de nouveau leurs senteurs originelles de feuilles, de bois et de fleurs. Le parfum nous transporte alors, sa simple perception suffit à décupler l’imaginaire.
Mémoire avec les félicitations du jury
3 Leïla Arenou Design objet Design et systèmes Mémoire dirigé par Olivier Peyricot Dodoland L’insomnie est un trouble du sommeil qui reste confiné à des solutions médicales avec peu d’alternatives à la prise de médicaments hypnotiques. L’angle de vue du projet est de présenter des réponses qui restent ouvertes mais se fondent sur des recherches scientifiques et rationnelles. Cette volonté de donner une voix au corps amène à des objets qui formalisent des effets physiologiques que l’on ne remarque pas ; à designer pour mieux désigner. Cette série d’objets répond à la triple fonction d’apaisement, de ritualisation et de dédramatisation de l’aspirant au sommeil.
3 Le誰la Arenou Design objet
Dodoland
4 Lysmina Attou Design vêtement
L’Ève future Coque d’inspiration orthopédique en cuir moulé et lanières de latex sur une robe en crin Col minerve en cuir et lanières de latex Recherche formelle pour une ligne de chaussures, collage
4 Lysmina Attou Design vêtement Être et apparaître femme Mémoire dirigé par Anne Ferrer L’Ève future La mode invente, toutes les saisons, une silhouette « idéale » pour les femmes. Elle ne cesse de pratiquer la correction et la chirurgie des corps voire des squelettes. Ainsi, le styliste, véritable manipulateur de la silhouette, introduit sans cesse de nouvelles proportions et la remodèle constamment. Il produit ainsi un « corps de mode », artificiel et fantasmé, qui cherche à annuler ou exacerber, par des jeux de trompe-l’œil, la structure du corps réel, naturel. La collection se nourrit de cette fascination pour ce pouvoir insensé de la mode, permettant la modification et la réinvention des anatomies, mais également de la lecture du roman symboliste L’Ève Future. Ce récit, publié en 1886 par Villiers de L’Isle Adam et considéré comme le premier ouvrage de science-fiction, décrit la création d’une femme artificielle, plus que parfaite, idéale. Il s’agit en effet de l’histoire d’un inventeur et de sa créature « l’Andréide », femme mécanique, parfaitement programmée, pleine d’esprit, d’intelligence mais sans cœur ni âme… Les volumes dépeignent ainsi un corps qui oscille entre l’anatomie réelle de la femme et une anatomie dénaturée, rêvée. En évoquant un monde médical étrange, les vêtements se construisent telles de délicates orthèses qui auraient fusionné avec des bandages. On y découvre une silhouette redessinée par des coques et des membranes transparentes où le remodelage anatomique, rendu visible, dévoile les véritables contours féminins.
5 > 24, 95 Elsa Aupetit Design graphique / multimédia De l’image au mythe : Marie-Antoinette, anatomie d’un cliché Mémoire dirigé par Gérard Plénacoste Voir – écran – voir « Je crois en effet que le futur n’arrive jamais à posséder des caractéristiques, ou du moins n’arrive jamais à posséder les caractéristiques qu’on a pensées et prévues pour lui, puisque nos projets, forcément conçus dans le présent, se transforment très vite en de nouvelles formes du passé, des formes altérées, des ruines de projets conçus pour l’avenir. Je crois que le futur, qui ne peut être imaginé que dans le présent, est toujours une sorte de désert, et que seuls les décombres de nos merveilleux projets d’avenir atteignent ce désert. Sans compter que notre présent regorge toujours de nouveaux projets, intacts ceux là, pour l’avenir. Du coup, le futur ne m’a jamais tellement passionné et, à tout prendre, s’il faut vraiment se passionner pour quelque chose, je préfère que ce soit pour le présent. » Ettore Sottsass, catalogue de l’exposition du Centre Pompidou, 1994. Passé 1/3 Nos conversations, nos mémoires et nos projets communs nous ont amené à nous questionner sur le temps. Une notion qui subit un écrasement, notamment sur Internet : la cohabitation d’images d’origines et de chronologies diverses nous plonge dans un temps aplati. La méconnaissance du passé nous empêche de nous projeter dans l’avenir et nous précipite dans le présent. Travailler ensemble nous a aidé à proposer différentes interprétations et à produire des formes plus « justes » car elles sont le fruit d’un consensus et d’une critique constante au sein du groupe. En collaboration avec Grichka Commaret et Martin Plagnol
Grand projet avec les félicitations du jury
5 > 24, 95 Elsa Aupetit Design graphique / multimédia
Voir – écran – voir
6 Lorine Baron Scénographie
La Métamorphose, d’après Franz Kafka Temps 1 : Scène d’exposition « découverte de la métamorphose » Temps 2 : La vie depuis la métamorphose « distorsion progressive de l’espace » Temps 3 : La mort « renaissance d’une famille »
6 Lorine Baron Scénographie Art contemporain. « De l’art ou du cochon ? » Mémoire dirigé par René Lesné La Métamorphose, d’après Franz Kafka La Métamorphose est le récit d’un homme qui perd progressivement son humanité. L’histoire d’un représentant de commerce qui se réveille un matin changé en cancrelat, incapable de communiquer. Ce récit constitue un huis clos articulé autour de Gregor Samsa retenu captif dans la chambre de l’appartement familial. A l’arrière-plan duquel apparaît la vie de cette famille. Le contact entre Gregor et les siens sera très conflictuel : tout d’abord emprisonné dans sa chambre, seule sa sœur prendra soin de lui. À trois reprises il en sortira mais sera contraint d’y retourner. Sa dernière sortie le condamnera. Le dispositif scénique propose de rendre compte des perceptions visuelles et sonores de Gregor et des conditions dans lesquelles il est retenu prisonnier dans sa chambre. Le public suit la plus grande partie du spectacle à travers le point de vue du personnage principal. La chambre de Grégor est conçue comme un espace mental, dans lequel sont transposés ses troubles et malaises. Il est difficile pour le public de discerner avec exactitudes ses contours tant la perception varie au fur et à mesure de la pièce. Tout en étant plongé dans l’univers de la chambre, il a accès à la réalité de la famille. Le point de vue donné n’est donc pas totalement subjectif. Le public se retrouve dans un lieu à l’identité trouble à l’intérieur duquel se superposent plusieurs dimensions d’espace et de temps. La plus grande partie du spectacle se déroule à l’intérieur de ce dispositif. Ce n’est qu’à l’annonce de la mort de Gregor que l’espace bascule pour s’ouvrir vers l’extérieur. Le spectateur quitte le point de vue quasi subjectif au travers duquel il avait jusqu’alors vécu l’histoire, pour se retrouver dans la réalité de la famille Samsa.
Mémoire avec les félicitations du jury
7 Anna Belyavina-Normand Design vêtement Évolution et radicalisation des archétypes féminins au XXe siècle : la nymphette, la garçonne et la vamp Mémoire dirigé par Anne Ferrer Metamorphosis « Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses. » Paul Éluard, Le Dur désir de durer Metamorphosis désigne le processus au cours duquel l’être vivant passe par différentes étapes de transformation. Si la créature qui en résulte représente un nouveau monde, elle porte aussi l’empreinte de ses origines. Cette collection révèle ces états transitoires. Les formes et les surfaces s’y recomposent. D’improbables hybrides deviennent possibles grâce à la technique du tuftage qui permet de fusionner les matières. Son autre fonction est d’assurer le passage des différentes formes les unes dans les autres et de faire disparaître les coutures, comme si le vêtement était fait d’un seul tenant. Le vestiaire masculin fournit les structures. Des formes facilement reconnaissables, comme le manteau, la veste tailleur, le pantalon, la robe fourreau ou le gilet, servent de bases. Le vestiaire féminin les anime avec les drapés et les plis qui gomment les contours. Les vêtements jouent sur le passage de l’un à l’autre. Les lignes strictes s’y brouillent progressivement dans l’élan de la matière qui gonfle, bouillonne ou retombe en cascade de plis. Les couleurs sombres et nocturnes, comme le noir, le bleu nuit et le vert sapin, s’animent d’accents lumineux des mauves, des verts clairs et des violines. Le dégradé adoucit leurs passages. La soif de la liberté, la rêverie, la grâce caractérisent la femme qui porte ces vêtements. Dans la volonté farouche de préserver son monde intérieur, elle se cache derrière des lignes rassurantes de coupes classiques. Mais son caractère indépendant et libre prend le dessus pour ressortir dans l’envol gracieux des matières oniriques.
7 Anna Belyavina-Normand Design vĂŞtement
Metamorphosis
8 Claire Berchon Design graphique / multimédia
Tours et détours à Vitry-sur-Seine Se repérer dans la ville actuelle Six thèmes pour en savoir plus
8 Claire Berchon Design graphique / multimédia Rythmes graphiques Mémoire dirigé par Gérard Plénacoste Tours et détours à Vitry-sur-Seine Cette application Ipad consacrée à cette commune de banlieue est destinée à ses habitants et à tous ceux qui souhaitent mieux la connaître. Située dans le Val-de-Marne, à 5 km au sud-est de Paris, elle s’étend entre la plaine alluviale de la Seine et le plateau de Longboyau. L’urbanisation constante de la vallée de la Seine, en particulier de ce qui allait devenir Paris, a favorisé l’installation des hommes sur ce territoire. Durant l’année, j’ai été amenée à rencontrer des habitants de la ville qui témoignaient de leur attachement à celle-ci. Cependant, la plupart étaient surpris par le sujet de cette application. Qu’y a t-il d’historique à Vitry ? Pourquoi s’y promener, pour y voir quoi ? Je me suis rendu compte qu’une partie des habitants dévie rarement du trajet quotidien et que pour beaucoup leur lieu de vie ne présente pas d’intérêt. Cette application invite les habitants à faire une promenade urbaine selon différents thèmes. De nouvelles références viennent ainsi s’ajouter à la perception que le promeneur avait de son environnement. L’application propose une navigation en trois parties. Le promeneur peut faire la visite rapide grâce à des animations commentées. Il a accès à sa position géo localisée et aux informations historiques, architecturales et culturelles sur la carte actuelle, modifiable à l’échelle du temps. Ces informations sont consultables de façon plus détaillée dans la partie, dite « d’approfondissement ».
9 Sophie Bessette Design textile et matière Chromopolis Mémoire dirigé par Blandine Bontour À l’ombre du métro Les espaces publics et urbains, dénués de sensibilité, ne constituent souvent pas des lieux propices à la rencontre, au partage et au lien social. Or, nous sommes connectés au monde physique et social par nos sens. Aussi, un urbanisme sensible et sensuel permet un meilleur usage des espaces communs. La création peut améliorer le confort individuel et le « vivre ensemble ». Ainsi, créer pour l’espace public, c’est agir en concepteur militant. En tant que designer textile, matière et couleur, je me suis positionnée dans cet engagement. Je souhaite développer ces notions en intervenant dans le métro parisien. C’est un espace public souterrain, utilisé en permanence. Prendre le métro, c’est faire un voyage, même au quotidien. L’usager doit y être accueilli et accompagné tout au long du parcours. Son trajet peut devenir une expérience sensible et agréable où l’on retrouve des valeurs humaines. Je propose des interventions pour que le métro devienne un lieu où l’on puisse se rencontrer, échanger, créer du lien et partager ses émotions, en un véritable espace public. Ainsi, à travers mon projet et avec mes outils de designer textile, j’apporte un souffle nouveau en créant des atmosphères originales et des ambiances sensorielles.
9 Sophie Bessette Design textile et matière
À l’ombre du métro
10 Cléo Biasini Cinéma d’animation
Kinobuss Parade
10 Cléo Biasini Cinéma d’animation Rien à signaler Mémoire dirigé par Georges Sifianos Kinobuss Parade Ce mini road-movie raconte mes aventures « cinématographiques » aux côtés de quelques artistes de renom (Priit Tender, Kaspar Jancis et Mikk Rand) dans ce petit pays encore mal connu qu’est l’Estonie. Ce travail n’a pas la prétention d’être un reportage anthropologique, il met plutôt l’accent sur les clivages culturels et la loufoquerie qui en découle. Il veut rendre hommage à ces nouveaux amis qui, loin d’avoir été brisés par les jougs successifs de l’occupation soviétique, laissent exploser leur imagination fertile avec la spontanéité et la vitalité des peuples récemment affranchis, et qui manient l’humour comme une arme offensive sans espérer des lendemains qui chantent. Plutôt qu’une forme linéaire, j’ai préféré une conduite plus échevelée, un rythme chaotique, privilégier une certaine liberté graphique pour retracer les situations. Une route à voies plurielles, sous-tendue par une mise en abyme qui laissera le spectateur sur sa faim. Techniques et matériaux : animation traditionnelle couleur, 16 mn, musique de Kriminaalne Elevant, Kaspar Jancis et Jonas Atlan
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
11 Hugo Blanzat Design graphique / multimédia (Type). Designer en 2011 Mémoire dirigé par André Baldinger Hego Il existe de jolies chaises et des chaises confortables. Il existe même des chaises très confortables et très solides ; ce n’est pas pour autant qu’on souhaite les acquérir. Il existe aussi des chaises qui nous plaisent mais ne sont pas forcément confortables. Elles remplissent néanmoins leur fonction : on peut s’asseoir dessus. Ce n’est pas non plus le seul facteur déterminant lors de l’acquisition d’une chaise. Encore une fois, tout dépend du contexte d’utilisation. Il existe en design graphique les mêmes questions lorsque l’on amène à la lecture d’un signe, d’un mot, d’un texte. Comme l’architecte, le designer graphique travaille sur le schisme mais aussi sur la relation structure / façade lors de la conception d’un caractère. Le projet Hego est un système typographique ouvert, une boite à outils évolutive, un outil de travail personnel. Une typographie est dite « dédiée » lorsqu’elle est conçue pour un usage particulier, unique et contextualisé. Sa forme est alors sous-jacente aux problématiques du projet et au cahier des charges. Elle en subit parfois tellement les contraintes qu’elle n’est alors qu’une réponse technique à ces différentes problématiques, sa forme est alors sans surprise. Mais il existe aussi des tentatives plus universelles dans la conception typographique, où les questions du goût et de l’esthétique sont totalement présentes. En étudiant un certain nombre de typographies historiques, j’ai défini une base de travail, une sorte de squelette, un génome commun à toutes les typographies, une structure fondamentale, l’équivalent des pieds, du soutien commun à toutes les chaises de ce monde. Cette base de travail est ensuite contextualisée et dédiée à un projet. En allant chercher un détail, une anecdote, en s’inspirant du process ou de l’esthétique du projet, le caractère prend sa forme finale. Il est alors question de définir la couleur du dossier et la présence ou non d’accoudoirs. Le caractère typographique conçu est ainsi identitaire et adapté au projet. Mon projet s’articule en deux parties : la première partie est un socle commun de recherches pour déterminer le génome, la seconde contient des sousprojets qui viennent en application de la première.
Grand projet avec les félicitations du jury
11 Hugo Blanzat Design graphique / multimédia
Hego
12 Elisabeth Boisson Art espace
À la mémoire des jours
12 Elisabeth Boisson Art espace Leurre et valeur, l’art est-il nu ? Mémoire dirigé par Marc Thebault À la mémoire des jours Plus je m’éloigne d’où je viens et plus ma culture de fille de paysan me revient comme un élastique qu’on lâche entre les dents. Là où je suis née, il n’y a pas de gare, il n’y a pas de route, pas même de trottoir. Il n’y avait pas d’art non plus au lieu-dit « Les Vallées »… Il y avait des champs et les mains de mon père dans la terre. Mon intérêt pour la création m’aidait à échapper au sentiment de solitude, ou du moins à tenter de sublimer cet ennui. L’ordinateur est vite devenu mon outil et médium de prédilection. À travers lui, je voulais expérimenter ce que je nomme « les différents degrés du réel ». J’aimais inventer des lois qui régissaient ma réalité tout autant que celles qui l’effaçaient. J’ai choisi de faire des études d’art comme on commence une course vers un ailleurs, vers une vie meilleure. Avec le temps, les images et les souvenirs de là d’où je viens se sont effacés. Poitiers, Paris, Berlin sont autant de villes où j’ai vécu et qui ont, tout au long de ces dernières années, étiré les distances qui me séparent de mon passé. Aussi ai-je choisi certains de ces souvenirs comme matière à penser. Ils sont devenus l’essence de mon projet artistique. Pour ce Grand projet, j’ai souhaité présenter un ensemble de travaux qui entrecroisent des éléments conceptuels et matériels issus de cette double culture, paysanne et cybernétique. Pour traduire ma pratique des technologies numériques, j’ai choisi comme moyens d’expression le dessin, la sculpture sur bois ou encore l’écriture. Entre ces deux univers techniques que tout sépare, je cherche à tisser des liens logiques et sensibles. Attentive à des événements et faits réels de mon histoire, je donne forme à ces fragments, les réunis et les projette dans un nouvel espace-temps, comme autant d’hybrides autobiographiques. Mon propos n’est pas de reproduire des images de mon passé, ni de mon présent, mais de trouver une manière symbolique de mélanger les dimensions qui les séparent. « Les Vallées », canevas de ma maison d’enfance vue de satellite ou encore « Au-delà », installation vidéo de l’ombre fantomatique d’une fenêtre, font référence à des souvenirs attachés au lieu précis où j’ai grandi. De même, dans ce qui est faux ou mensonger, j’aime y déceler de la beauté, une forme poétique de la vérité. Les « Dessins pour Maman », série de plantes médicinales utopistes, représentées comme des illustrations scientifiques, ou encore « La Boite noire », recueil de poésie d’arnaqueurs sévissant sur le web, font écho à ma sincère fascination et vigilance pour toutes les formes de croyance, depuis celle de l’enfant candide à celle de l’escroc manipulateur. À la mémoire des jours est un hommage à ce qu’il me reste et à ce qu’il me manque, à ce que je suis devenue et à mes souvenirs perdus.
Mémoire avec les félicitations du jury
13 > 77, 116 Philippe Bonan Architecture intérieure Mythes de demain Mémoire dirigé par Roberto Ostinelli Roues libres Après s’être questionnés sur la façon dont nous voulions travailler dans le domaine de l’espace, nous avons émis des hypothèses de travail pour notre diplôme avant même d’avoir un projet. Il s’agissait, en s’appuyant sur un réseau de références et d’expériences communes, d’esquisser une pratique de l’architecture que nous souhaitions expérimenter et qui nous semblait faire sens. Ces hypothèses, définies plus bas, ont séduit une entreprise sociale au Vietnam qui avait besoin de construire un centre de formation pour adultes handicapés qui intégrerait atelier, logements, espace de restauration et showroom, un « village » de 1 600 m². Nous avons donc été invités par cette entreprise au Vietnam, Reaching Out, à venir les rencontrer et discuter de ce que nous pourrions faire ensemble. Notre volonté était d’articuler notre pratique autour du concept de capacitation qui consiste à lier le projet au contexte socio-économique, en donnant (souvent par le biais du chantier dans le domaine de l’architecture) les moyens théoriques et pratiques aux commanditaires et à la population locale de devenir en partie autonomes. Et c’est comme cela que procède Reaching Out dans le domaine de la formation : les handicapés sont formés à l’artisanat traditionnel puis gagnent leur vie de façon autonome comme n’importe quel artisan salarié de l’entreprise. Cette résonance des pratiques – Reaching Out emploie aussi le terme d’empowerment – dans des champs pourtant différents, nous a logiquement rapprochés et a été une base réflexive pour nos échanges autour du projet. Ce voyage de trois semaines à Hoi An a été l’occasion, grâce à un échange quotidien avec les commanditaires, les artisans et la population locale, de s’imprégner du contexte en construisant une très vaste base de données à la fois « humaine » (sociologie, économie, rapport à l’espace habité, savoir-faire…) et « technique » (climat, matériaux, outils, méthodes de mise en œuvre…) sur laquelle s’est appuyé notre projet tout au long du processus créatif. C’est d’ailleurs grâce à l’analyse de toutes ces données que nous avons pu déceler des potentiels locaux, tels que certains principes architecturaux vernaculaires liés au climat qui, liés à un regard et un savoir-faire contemporains, seront réinterprétés, améliorés et intégrés à une réponse spatiale moderne. Nous espérons en effet poursuivre notre démarche – si le projet se réalise – jusqu’à cette étape que nous souhaitons faire vivre comme un « chantier école » où les éléments théoriques et techniques seront affinés et transmis in situ pour qu’ils soient réutilisables pour d’autres réalisations. En collaboration avec Benjamin Mahieu et Aurélien Thibaudeau
13 > 77, 116 Philippe Bonan Architecture intĂŠrieure
Roues libres
14 Melvyn Bonnaffé Photo / vidéo
Faille « Télomère », tirages 120 × 140 cm, photographies à la chambre 4 × 5 inches « Baleine », vidéo
14 Melvyn Bonnaffé Photo / vidéo T1. Incarnation et transformations corporelles T2. L’actorly transformation, une méthode nouvelle Mémoire dirigé par Brice Dellsperger Faille Trois thèmes me suivent depuis plusieurs années : le rêve, la normalité et le corps. Ces trois thèmes se recoupent car chacun transforme la réalité et chacun porte un regard différent sur le monde. Ils sont mis en œuvre dans mes projets photographiques et vidéo. « Télomère » En référence à l’ADN, ce projet photographique montre des sportifs âgés, dont la peau flétrie qui recouvre les muscles encore saillants raconte le temps vécu. « Une autre vision » Ce projet photographique mêle des portraits de patients internés, de scientifiques chercheurs et d’artistes. J’ai fait un rapprochement entre eux sans les distinguer les uns des autres. Avec ce projet, je questionne l’anormalité acceptable et celle qui ne l’est pas. « Tapis » Cette installation de cinq vidéos montre des personnes qui sont à la fois dans l’effort physique et dans une concentration mentale. Le choix du décor, le hors cadre et la vision frontale introduisent un caractère énigmatique. « Baleine » Cette installation de trois vidéos montre trois personnes qui vivent bien leur surcharge pondérale, dont l’approche toute en douceur incite à nous rapprocher d’eux.
15 Laurent Bonneau Photo / vidéo Montage en bande dessinée Mémoire dirigé par Paul Sztulman Refuge Un jeune homme retourne sur les lieux de son enfance, dans une nature où repose le souvenir de sa famille. Un ailleurs mental s’offre à lui, altéré par ses sentiments. Ce film d’une demi-heure est pensé dans une continuité de la démarche entreprise durant mon cursus. Sa lecture implique une restitution dans une problématique générale de mes films précédents mettant en scène mes obsessions de représentation de corps et de paysages. Souvent conduit par une narration d’errance, j’ai tenté de développer un vocabulaire esthétique en vue d’une restitution de sensations intérieures, pensé non pas comme un discours mais comme un voyage. Parti d’une liste de mots se succédant par analogies d’idées, ce projet a évolué vers une écriture uniquement par l’image et le son ; dans une représentation plastique laissant la place à une psychologie des actes. Techniques : vidéo HD, format 16:9, couleur, 26 mn environ
15 Laurent Bonneau Photo / vidéo
Refuge
16 Nathalie-Anne Boucher Cinéma d’animation
Continuum
16 Nathalie-Anne Boucher Cinéma d’animation Percevoir le temps, de la répétition à l’absurde Mémoire dirigé par Paul Sztulman Continuum Un continuum est un ensemble. Un tout. Ses éléments sont liés dans un espace-temps. Dans ce court-métrage, les spectateurs et acteurs sont tous réunis en un spectacle, en une danse. Un danseur danse. Une boule humaine danse. Du sable s’anime. Un désert bordé de vide se forme progressivement comme un décor fixe. Ce court-métrage évoque une façon de modeler le temps, le rythme, la durée, selon le mouvement d’un groupe d’individus et selon les mouvements propres à chacun de ces individus. Il s’agit de travailler la danse et l’animation comme matières cinématographiques par un découpage chorégraphié. Technique et matériaux : animation 3D (rotoscopie, particules et modélisation), prise de vue réelle (danse contemporaine et hip-hop), Canon 7D, fond bleu, 3dsMax, Blender, After Effects®.
17 > 94 Carmen Bouyer Design objet L’ère du ressenti Mémoire dirigé par Anna Bernagozzi-Lalanne Un instant mon petit. Buvette-manifeste « Dans les interstices des nouveaux espaces du Palais de Tokyo, découvrez une terrasse habitée et récoltez-y fruits et légumes locaux de saison – mordre dedans, s’en faire des jus. Entre archaïsme de bois agencés et glanés, aplats et lettres à la main, atelier d’image et saveur de la fraîche nourriture du potager de Île-de-France, Un instant mon petit construit une embarcation pour prendre le large. Expression d’un activisme joyeux autour de savoir-faire nature, amuse-bouche, paroles et pratiques tissées entre paysans et urbains, Un instant mon petit puise son inspiration dans la dynamique des jardins partagés, de l’économie de moyen et dans la pratique de l’atelier collectif. Il vient les confronter aux métiers de l’art et du design dans une vision autonome du travail fait-main pour rendre ce lieu disponible aux imaginaires les plus fous qui racontent les histoires de l’écologie conviviale. » Le projet Un instant mon petit est mené en collaboration avec Geoffroy Pithon et s’inscrit dans la continuité de recherches réalisées lors de nos études à l’EnsAD en design et graphisme sur le liens entre pratiques de création et enjeux environnementaux au travers d’analyses, de critiques et de propositions. Particulièrement animés par l’idée que nos métiers dans une vision post-industrielle ne sont plus censés produire toujours plus d’objets futiles mais que nos hypothèses de travail doivent interroger les usages en lien avec l’artisanat et l’amateurisme nous déclarons qu’il n’y a plus d’experts mais des sensibilités à émanciper ! Ainsi nous avons mis en place pendant trois mois un lieu pivot totalement eco conçu, au cœur du centre d’art contemporain du Palais de Tokyo. Autour de l’alimentation biologique, locale et saisonnière, il est une plate-forme active et mouvante, véritable tremplin vers des initiatives inspirées des modèles de contre-culture et d’économies alternatives. Un espace qui interroge nos comportements urbains en période de crise. L’opportunité de se saisir d’un lieu est un moyen d’amorcer une démarche de design expérimental au-delà des clivages spectateur-acteurconsommateur. Conçue comme un incubateur d’idées nouvelles, la buvette Un instant mon petit est un foyer de pratiques et de partage de savoir-faire, alliant la mise en place de circuits courts à l’expérience des cultures du Do it Yourself, offrant à chacun la possibilité de rendre son quotidien plus aventureux. En collaboration avec Geoffroy Pithon
17 > 94 Carmen Bouyer Design objet
Un instant mon petit. Buvette-manifeste
18 Hiwon Byun Architecture int茅rieure
P么le de rencontres
18 Hiwon Byun Architecture intérieure Média-façade Mémoire dirigé par Laurent Ungerer Pôle de rencontres Le 8 juillet 2010, l’organisme Paris Sciences et Lettres (PSL*) – qui rassemble treize institutions d’enseignement supérieur et de recherche – a défini un nouveau système de « Plan campus ». L’idée directrice est d’apporter à ce nouveau campus un plus grand rayonnement, à l’image des universités étrangères, en accroissant l’échange et la communication entre les différentes écoles et entre les étudiants du campus, en dynamisant les activités intellectuelle. J’ai choisi d’implanter mon projet au cœur du Quartier latin où coexistent déjà cinq établissements importants, physiquement rattachés par un jardin mais où il n’existe pratiquement aucune communication ni échange entre les étudiants. Le jardin est séparé par une grille et certaines écoles ont des entrées privées : le regroupement des écoles n’est en fait qu’une réalité administrative. Il s’agira alors de créer un espace de rencontre pour les étudiants de ces cinq écoles, afin de dissoudre les frontières, d’augmenter les déplacements intra campus et de développer plus largement les échanges entre étudiants et enseignants. Il faut donc revoir l’aménagement de certains espaces, l’ouverture d’autres et rendre l’ensemble du campus plus accessible. Le projet propose ainsi deux interventions : d’une part, l’aménagement du jardin où un parcours fluide créant un jeu de parcours qui dessert les différentes entrées permettra d’unir l’ensemble des bâtiments ; d’autre part, la réhabilitation de deux niveaux du bâtiment existant (École normale supérieure) qui accueille actuellement des salles de cours et des laboratoires de physique, sur lesquels je prévois une extension pour le transformer en un seul espace polyvalent regroupant activité sportives, jeux, cafétéria, espace lecture et détente. Ce nouveau pôle de rencontre, centralisateur des écoles de PSL*, veut avant tout susciter la curiosité et la surprise grâce à son aspect labyrinthique et ses motifs végétaux que l’on retrouve tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Il procurera ainsi une nouvelle identité visuelle à l’ensemble des bâtiments, en rupture avec la caractère rigide et austères de l’environnement.
19 Raphaëlle Caron Art espace Jouer avec les choses mortes Mémoire dirigé par Catherine Strasser Forêt noire « Le sens est un espace trouble encadré. » Mike Kelley
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
19 Raphaëlle Caron Art espace
Forêt noire « Sans-titre » (détail), arôme de menthe, sucre, eau, colorant, planche de Lorraine, 300 × 25 × 85 cm « Biscotte » (détail), biscotte H, plâtre, bicarbonate de soude, 160 × 4 × 5 cm Vue d’ensemble de l’installation
20 Chloé Carpentier Design objet
Les simulacreries de la ménagerie « Le chamboulement du poisson-lune » « La souris sens dessus dessous » « Le fruit défendu » « La valse de la grenouille »
20 Chloé Carpentier Design objet En jeux de société, une observation des valeurs véhiculées par la société à travers ses jeux Mémoire dirigé par René Lesné Les simulacreries de la ménagerie « Le fruit défendu » « La ruche assiégée » « La secousse de la groseille » « La valse de la grenouille » « Le chamboulement du poisson-lune » « La souris sens dessus dessous » La série des Simulacreries se compose de six objets d’enrichissement qui, dans un zoo, visent à apporter des stimuli pour les animaux vivant en captivité afin d’améliorer leur bien-être. Leur condition captive ne leur permet pas d’occuper leur temps de manière naturelle avec des activités de prédation, de déplacement, de recherche de partenaires sexuels ou de lutte contre les prédateurs. En un mot, les animaux sont sujets à l’ennui. Cela peut avoir pour conséquence une forme de mal-être s’exprimant à travers des comportements pathologiques, une perte de poids ou encore une baisse de la fertilité. Les objets créés sont des enrichissements alimentaires qui proposent des défis d’adresse et d’intelligence afin d’obtenir la nourriture. Ils permettent aux animaux d’exprimer des comportements naturels tels que la recherche, l’exploration et la manipulation. Ils stimulent leur curiosité et leur perception sensorielle. Ils procurent aussi un espace de jeu et de concentration qui occupe une partie de la journée dans la vie de l’enclos. Les différents simulacres démontrent la nécessité de pallier un manque, d’améliorer une mise en scène bancale au sein d’un univers fantasmé. Les Simulacreries racontent la grande fable des zoos. Matériaux : bois de chêne tourné, inox, résine alimentaire et fibres de bambou En partenariat avec la Ménagerie du Jardin des plantes de Paris, son directeur Michel Saint Jalme, la vétérinaire Aude Bourgeois et les étudiantes en éthologie Anaïs Brunon et Laurie Henri, les peintures Auro et Bamboo Fibers Technology
21 > 119 Julien Cedolin Design objet De Robinson au citadin, étude d’objets et de comportements déterminants de la survie en milieu contraignant Mémoire dirigé par Olivier Peyricot Quarante-sept quatre Nous souhaitions dès le départ inscrire notre recherche dans un contexte domestique et travailler à l’élaboration d’une gamme de mobilier qui s’oppose à une vision sédentaire de l’habitat tant à l’échelle de ce dernier (quand les meubles deviennent architecture : aspect des objets et disposition de l’intérieur figés) que vis-à-vis d’une évolution progressive dans le comportement des locataires et des propriétaires vers une plus grande mobilité. Le poids total de notre gamme s’élève à 47,4 kg : elle comprend une armoire, une penderie, une table basse, une table de chevet, un tabouret ainsi que deux formats de lampes murales. Notre projet s’est donc construit autour de l’idée de concevoir du mobilier à la fois léger et dont l’aspect puisse être modifié. Nous nous sommes inspirés de l’habitat nomade des Mongols pour dessiner des meubles dont la structure en bois est habillée de tissu. À ce principe de légèreté se sont ajoutés ceux d’économie de bois, de facilité de transport et de fabrication, qui nous ont conduit à opter pour un procédé de découpe numérique de planches de contreplaqué. Ce matériau a permis de répondre aux contraintes de résistance et de planéité imposées par ces principes. Les différents éléments de structure ont été conçus de manière à limiter la perte de bois dans la planche découpée. Les pièces ainsi mises en œuvre ne nécessitent que peu de finitions avant de pouvoir être assemblées par l’utilisateur ; des systèmes d’encoches minimisent le recours à l’emploi de vis. Les tissus étant fixés à la structure par un système velcro, ils peuvent être ôtés facilement, soit pour modifier l’aspect du meuble (enlever ses façades) soit pour en changer la couleur. En collaboration avec Nicolas Tsan Technique et matériaux : fraisage à commande numérique, couture, contreplaqué de bouleau, batyline, coton, velcro
21 > 119 Julien Cedolin Design objet
Quarante-sept quatre Gamme de mobilier sans son habillage de tissu
22 Aurore Chartier Architecture intérieure
Objets de stimulation urbaine pour une prise de conscience citoyenne Atelier citoyen de jour Workshops : siège pour l’escalier monumental du Ciné Forum, bancs pour la place de l’Agora et bibliothèque mobile
22 Aurore Chartier Architecture intérieure Capsule parisienne(s) Mémoire dirigé par Stéphane Degoutin Objets de stimulation urbaine pour une prise de conscience citoyenne Ce projet part d’une volonté initiale de créer des espaces actifs, perturbations dans le parcours urbain, par l’installation de structures, supports d’événements éphémères favorisant la rencontre et la participation citoyenne. Convaincue que l’action associative est essentielle et plus que jamais justifiée dans ces villes où les habitants sont exclus de toute décision concernant l’espace public, la collaboration avec le collectif Per Partito Preso (Pour Parti Pris) est devenue une évidence pour faire vivre ce projet. Le collectif m’a offert la possibilité de créer pour les habitants, dans une démarche d’échange et de partage des savoirs, de culture, afin d’imaginer des actions concrètes dans le contexte culturel et social particulier de Pagani, ville de la province de Salerne en Italie du Sud. L’objectif est d’engager les habitants à reprendre possession de l’espace public qui par définition leur appartient. Ainsi, le point central du projet est la mise en place d’un atelier de création et de réflexion sur la ville, qui se veut être le catalyseur des désirs citoyens, en favorisant et en activant les échanges dans les projets initiés par Per Partito Preso. Cet atelier, mobile et autonome, abritera des workshops, discussions et événements mis en place par l’association. Dans une vision à long terme, il sera amené à se déplacer de ville en ville. Le premier workshop se développe autour de trois propositions relevant des préoccupations actuelles du collectif : l’agora, lieu de débat et d’information ; le cineforum, espace de projection cinématographique autour d’un thème, support de réflexion ; la bibliothèque, mobile et ouverte, alimentée grâce aux dons d’ouvrages. Ces actions servent de support à un nouvel usage de l’espace public. Ainsi, les interventions que je propose ici sont amenées à évoluer avec les habitants, le but étant de mettre un processus de création dans lequel les citoyens ont un rôle participatif et décisionnel.
23 Julie Chheng-Stephen Image imprimée Interactivité et mouvement, du livre papier au numérique Mémoire dirigé par Laurent Mercier Pli sur pli Mon grand projet comporte six projets, tous liés par le biais du pli. Ce sont des livres ludiques, interactifs et manipulables, à plier et à déplier. « Glaciers, Ville, Forêt, Mer, Désert », livres en découpes Livres découpés qui dévoilent cinq paysages différents : la Ville, le Désert, la Forêt, la Mer et les Glaciers. Dans chacun de ces paysages, il y a des surprises. 18,5 × 13 cm, découpe Laser, 5 pages, BFK Rives 300 gr/m² « Fold and Go », livres à plier Chaque livre a son système de pli qui va donner vie à l’image et permettre le déroulé de l’histoire. Selon la façon dont la page est pliée, un événement se produit : Le Voleur : plié : 8 × 10,5 cm, déplié : 30 × 42 cm Le Métro : 29 × 23,5 cm, 2 pages Les Bateaux : 32 × 57 cm, 3 pages Sérigraphie / Couverture imprimée et gaufrée, papiers Pop Set 240 gr/m², Olin Regular 50 gr/m² « Le Livre-Mer », livre pop-up à déplier Des bateaux partent à la recherche d’îles abandonnées dans l’immensité de la mer. Au fur et à mesure que la mer se déplie, le livre plié en trames fait des vagues. Plié : 28 × 28 cm, déplié : 52 × 82 cm, papier Bristol 300 gr/m² et 180 gr/m² « Poèmes en Pièces », modules à combiner Ce coffret est un jeu de petits livres à combiner. Chaque feuille comporte deux modules à détacher et à plier. Chaque module est une pièce d’une maison avec des phrases qui se combinent elles aussi. Le lecteur peut ainsi composer des petits appartements tout en poésie. 19,5 × 27 cm, 16 modules de 7,5 × 7,5 cm, imprimé, boîte en tissu imprimé Fibaprint mat 200 gr/m²
Grand projet avec les félicitations du jury
23 Julie Chheng-Stephen Image imprimée
Pli sur pli « Glaciers, Ville, Forêt, Mer, Désert », livres en découpe « Fold and Go », livres à plier « Le Livre-Mer », livre pop-up à déplier « Poèmes en Pièces », modules à combiner
24 > 5, 95 Grichka Commaret Design graphique
Voir – écran – voir
24 > 5, 95 Grichka Commaret Design graphique / multimédia Archéologie d’une pratique utopique en design Mémoire dirigé par Philippe Millot Voir – écran – voir Présent 2/3 Par le biais de notre thématique, nous avons tenté de mettre en place une méthode fondée sur l’intuition : à savoir avancer en gardant les traces de notre processus qui représentait lui-même les effets du Temps. Nous nous intéressons à la proposition d’une façon de faire : les images collectées parlent de notre thème. Nous les avons réutilisées à chaque étape. Chaque image procède de la précédente : elle n’est imprimée directement qu’une seule fois puis scannée pour être reclassée, scannée à nouveau à partir du scan précédent (et ainsi de suite). Chacune d’elle s’altère donc volontairement au fil du processus de classement. Nous avons également développé une méthode scénaristique : le temps est une matière de réflexion et une méthode de travail. Une volonté de créer des objets nous anime car c’est une façon d’expérimenter la durée. Notre thème a donc été un support d’expérimentation : celui d’une méthode intuitive reposant sur le scénario et la projection. Nous souhaitons parallèlement apporter une critique, c’est-à-dire nous opposer aux modes de production contemporains. Face à un temps compressible, et de plus en plus compressé, nous souhaitons réintroduire l’idée du mûrissement des choses, à l’image du temps naturel. C’est en effet un temps de l’attente, qui va à l’encontre de la volonté contemporaine de mesure, de contrôle et de rationalisation. Car nous nous interrogeons sur le temps comme outil du designer : il constitue un impératif pour celui-ci. Face à un rétrécissement du temps de travail et à la rapidité des moyens de communications, ne doit-on pas aussi se poser la question de la revalorisation du temps ? En collaboration avec Elsa Aupetit et Martin Plagnol
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
25 Tom Corbin Image imprimée Graffiti : tous anartistes ! Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Dessin et destins industriels Le monde de l’usine dégage une atmosphère très particulière et une esthétique extrêmement riche et impressionnante. La complexité technique, les entrelacements de tuyaux, chaque élément étant à sa place de manière précise et fonctionnelle, forment un ensemble qui n’a pas à rougir devant une œuvre d’art. Ce monde refoulé hors de notre vue, comme démodé, m’a fasciné. M’imprégnant de la richesse dégagée par cet univers proche de la science-fiction, source d’inspiration, j’ai recréé par le dessin un ensemble industriel imaginaire résultant de la richesse de ce sujet, répertoire de formes. Cette fresque de grande dimension (10 × 1,50 m) a été tracée au crayon de papier pour donner une légèreté contrastant avec l’aspect massif du sujet. Seul le trait gris apparaît sur le papier blanc. Des détails obligent à s’approcher pour distinguer et découvrir le monde créé. Le dessin a été construit au fur et à mesure, une forme en appelant une autre, sans avoir été préconçu, de gauche à droite telle l’écriture. Voyageant par le dessin, partant du bateau plein des matières premières jusqu’à la ville, nous cheminerons par les mots ou les poèmes, côtoyant des représentations industrielles construites selon l’esthétisme dégagé par le secteur concerné. Cette mise en paroles pour rappeler qu’il faut des hommes et des femmes pour faire fonctionner ces usines.
25 Tom Corbin Image imprimĂŠe
Dessin et destins industriels
26 Arthur Coulet Design graphique / multimédia
MMXII. Memorya
26 Arthur Coulet Design graphique / multimédia Néographie Mémoire dirigé par Pierre Alferi M M X I I. Memorya La fin du monde interviendra le 21 décembre 2012 et notre civilisation s’éteindra. Cette prophétie fait de l’ensemble des Grands projets de la promotion 2012 les derniers que connaîtra l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs. Le projet Memorya se propose de laisser une trace de notre monde à travers des médias propres au design graphique tels que l’édition, la typographie, le logotype, la sérigraphie mais aussi la peinture, la photographie et la vidéo. En privilégiant une approche subjective et sensible, neuf expériences ont été menées au cours de l’année. Chacune d’entre elles procède de l’exploration des potentialités narratives et formelles d’un objet défini, qu’il soit matérialisé ou abstrait : une sculpture de Brancusi, un glyphe issu du langage mathématique, une collection de peintures italiennes, le mot « cuivre », un roman inachevé de René Daumal, une tâche d’huile, un emballage de mouchoirs en papier, le trombinoscope des Arts Déco, un caractère typographique d’Otto Weisert. Les productions issues de ces expériences sont envisagées comme autant de traces témoignant d’un monde disparu. Le récit de leur réalisation sera gravé sur des plaques de plexiglas destinées à être enterrées, à la manière d’une capsule temporelle. Appliquer une méthode reposant sur des choix arbitraires à l’entreprise de constitution d’une mémoire collective fait de Memorya un projet volontairement fragmentaire. Memorya questionne la valeur du choix et les enjeux de la représentation – et, à plus forte raison, ceux du design graphique.
27 Chloé Curci Photo / vidéo Images expérimentales Mémoire dirigé par Brice Dellsperger Au lieu du souvenir Durant douze minutes au sein d’un espace et sur plusieurs écrans sont diffusés différents pans d’une mémoire. Dans ce lieu s’articulent les étapes significatives qui constituent l’écriture ou la lecture d’un roman personnel, en même temps qu’un chemin du commun au particulier. Dans Au lieu du souvenir coïncident des événements sélectionnés et ordonnés selon une hiérarchie chronologique. Le système de diffusion les fait se répondre, tout en sachant qu’ils ne peuvent pas se lier totalement. En faisant se recouper la relique d’un repas familial, l’irruption de l’accident fatal d’Ayrton Senna et la désillusion d’Angelica Liddel, se met en place un dispositif qui reprend la construction d’un espace de projection mentale, un espace sensible et affectif où coexistent librement les abstractions de la mémoire. La multiplication des éléments et leur exacerbation participent à la déconstruction de cette entreprise mythologique qu’est le souvenir idéalisé. Les éléments sont tous porteurs d’une sacralisation : se réunir, manger, mourir, aimer, la famille, l’envie, le désir, l’inévitable ; ils cohabitent sans transition et sont parfois brutaux. Les rapports que nous entretenons avec nos vies privées, nos croyances et nos désirs sont traversés par la banalisation des émotions. L’importance de la tragédie, la douleur ou l’affection est en permanence supplantée par une autre envie, un autre désir, une autre peine, l’élément récent masque le précédent. Ce qui compte ici c’est de réorganiser une histoire à partir d’éléments précis, puis d’imaginer qu’entre moi et l’autre l’élaboration d’un rapport égal lui permette d’organiser sa propre histoire, avec ses propres références. Techniques : installation vidéo avec 4 vidéo projections, 1 moniteur vidéo, techniques mixtes HD, DV, VHS, 7 écrans de dimensions variables, 12 mn
27 Chloé Curci Photo / vidéo
Au lieu du souvenir
28 Sophie Dang Vu Design graphique / multimédia
Xin Chào. Outils d’apprentissage pour la langue vietnamienne Portraits de famille, affiche mnémotechnique, jeu de mot combinatoire
28 Sophie Dang Vu Design graphique / multimédia Apprendre par l’image Mémoire dirigé par Pierre Alferi Xin Chào. Outils d’apprentissage pour la langue vietnamienne La langue et la culture vietnamiennes émergent d’un intéressant métissage : un important socle chinois enrichi par des apports européens. Leur seconde caractéristique est d’être étroitement liées l’une à l’autre. Langue et culture sont, en effet, régies par des conventions sociales et des codes culturels spécifiques. L’apprentissage du vietnamien pour un public européen peut paraître à la fois très abordable, grâce à son alphabet latin, mais aussi extrêmement ardu, en raison de sonorités peu familières pour les francophones notamment. N’étant pas l’une des langues les plus apprises et enseignées, le matériel de cours se trouve être souvent limité et classique. Je souhaite inciter l’apprentissage de cette langue en mettant en avant tant les spécificités linguistiques que culturelles, en montrant, par exemple, qu’une règle grammaticale a un impact sur un code social, ou vice versa. Je conçois cette méthode d’apprentissage comme le support d’un cours animé par un professeur, dans lequel la participation de l’élève est sollicitée de manière permanente (toucher et vue; ouïe et vue; toucher, ouïe et vue). Esthétiquement, il s’agit de ne pas tomber dans l’orientalisme abusif ni, au contraire, dans le déni complet de la culture asiatique. Je me suis donc longuement penchée sur l’imagerie populaire vietnamienne et tenter en permanence de trouver un équilibre entre les deux cultures. Techniques et matériaux : gravure, sérigraphie sur acier, papiers découpés, projection vidéo
29 Sara De Jesus Bento Photo-vidéo L’infini et l’infinité. La figure dans le paysage Mémoire dirigé par Paul Sztulman Le chant de la traque Une communauté d’hommes se réunit pendant la période de chasse. Ils retrouvent la nature et traquent l’animal sauvage jusqu’à sa mise à mort. La nuit, un lieutenant de louveterie régule les renards. Ces activités affranchies du quotidien semblent être vécues comme des actes sacrés. Les gestes répétés sont chorégraphiés. La traque commencée, les énergies circulent et les sons s’intensifient. Les cris des hommes, les coups de bâton, de fusil, le son des cors et des chiens créent une musique, un chant qui enrichit les sens. Le rituel de la chasse devient une mise en scène, où les chasseurs libèrent leurs pulsions et leurs fantasmes. Techniques : film couleur HD, 23 mn
29 Sara De Jesus Bento Photo-vidĂŠo
Le chant de la traque
30 Laurent Delahaye Design graphique / multimédia
Goal
30 Laurent Delahaye Design graphique / multimédia Club foot Mémoire dirigé par Gérard Plénacoste Goal Ma marraine m’aurait offert un petit ballon en coton à ma naissance mais mon tout premier souvenir de football remonte à cette récréation de 10 h 30 : une partie mémorable où toucher le ballon deux fois relevait de l’exploit parmi cette faune de cinquante gamins déchaînés. C’était un jeu, avant d’être un sport, et la magie avait opéré. Ainsi débuta mon addiction, le premier shoot dans une balle en mousse, qui heurta le montant droit d’un platane pour se loger finalement entre les jambes du gardien. On devient un héros l’espace d’une minute, congratulé par tous ses camarades. Le premier but, mon premier but dans la vie, c’est prendre du plaisir et en donner aux autres. Nous remontions dans notre classe de CP trempés mais heureux, pensant déjà à la prochaine récréation pour poursuivre cette folie. Les t-shirts deviennent des maillots, les livres des albums Panini, les dessins animés des matchs et les copains des équipiers. Le football avait également cette qualité d’être un outil de communication universel grâce à sa popularité. Je me souviens m’être fait des ami(e)s dans des pays étrangers, sans savoir parler un mot de leur langue mais grâce au jeu. C’est finalement cette passion d’enfant qui me donnera l’amour du graphisme plus tard. On peut certes assimiler les blasons de clubs à des logotypes, les couleurs et motifs des maillots à des identités visuelles, les typographies, statistiques, classements, résultats à des objets éditoriaux hiérarchisés. Mais, surtout, cette première passion me donna une certitude. Vivre de l’épanouissement de sa création et de la jouissance qu’elle procure aux autres sera le chemin que j’essaierai de suivre. Le football m’a donné la philosophie de vie que j’ai observée jusqu’à maintenant. Lui rendre hommage dans mon mémoire puis mon Grand projet est donc une façon évidente de boucler la boucle avant de démarrer cette nouvelle aventure professionnelle qui, je l’espère, concernera toujours le monde du sport et du graphisme. Mais comment aborder ce sport tant critiqué et stéréotypé ? C’est « tendance » de dire qu’on n’aime pas le foot et pourtant tout le monde y a joué au moins une fois ! C’est la raison pour laquelle j’ai évoqué mon enfance, période durant laquelle nous sommes encore en éveil, où nous ne critiquons rien, où tout est rêve. Garder ce plaisir à l’âge adulte, tel est le défi que je me suis lancé avec ce Grand projet, avec un regard neuf, plus expérimenté, celui de l’étudiant en design graphique qui a consacré une année à étudier l’héraldique et à établir des systèmes formels. Celui aussi de l’amateur pratiquant qui annule une fête chez des amis pour rester chez soi devant Real Madrid vs FC Barcelone. Pour ce Grand projet, j’organise des séries de huit éléments qui témoignent de la richesse graphique du football, ainsi qu’une grande bibliothèque de formes et de symboles dont je me servirai ensuite pour divers travaux éditoriaux, et dans la création de nouveaux blasons. Je témoigne d’une beauté du football peu médiatisée à travers des photographies et des vidéos. J’expérimente la lecture d’un match à travers un fanzine et repense sa représentation à travers des sur impressions… Je veux travailler et présenter ce diplôme sur différents médias afin que l’on ressente cette perception ludique que j’avais enfant, que l’on oublie un instant les clichés et les idées toutes faites pour se focaliser sur ces détails qui rendent le football si beau.
31 Luc Delcourt Art espace Enjoy skate boarding Mémoire dirigé par Jean-Luc Blanc Entrez en pourparlers « L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. » Robert Filliou Les pourparlers sont une étape qui précède l’établissement d’un contrat : une offre suffisamment large et ouverte, permettant de discuter de son contenu. Entrez en pourparlers est une invitation à investir un espace en amont de la raison, là où naissent les émotions. « En chacun de nous, il y a comme une ascèse, une partie dirigée contre nous-même. Nous sommes des déserts, mais peuplés de tribus, de faunes et de flores. […] Et toutes ces peuplades, toutes ces foules n’empêchent pas le désert, qui est notre ascèse même, au contraire elles l’habitent, elles passent par lui, sur lui. […] Le désert, l’expérimentation sur soi-même, est notre seule identité, notre chance unique pour toutes les combinaisons qui nous habitent. » Gilles Deleuze En sillonnant les terrains vagues, les usines et zones désaffectées (laissés pour compte, abandonnés, figés entre deux temps, le passé et celui à venir), espaces de jeux de mon enfance, paysages du Nord, m’est venu le goût de l’évasion. C’est dans ces lieux qu’il m’a été possible de reformuler un langage, de faire émerger l’intime et la subjectivité à la surface. Dans ces espaces s’est aguerri mon regard, ange sans merci qui détermine mon rapport au monde. Il est nécessaire pour moi de court-circuiter le discours pour laisser place au geste et à la parole, tous deux marqués par la singularité de l’être et de sa fragilité.
Grand projet avec les félicitations du jury
31 Luc Delcourt Art espace
Entrez en pourparlers
32 Céline Devaux Cinéma d’animation
Vie et mort de l’illustre Grigori Efimovitch Raspoutine
32 Céline Devaux Cinéma d’animation Leni Riefensthal et l’esthétique nazie Mémoire dirigé par Pierre Alferi Vie et mort de l’illustre Grigori Efimovitch Raspoutine Dans ce dessin animé, j’ai choisi de raconter de manière drolatique le destin extraordinaire d’un personnage historique, Grigori Raspoutine. Du point de vue scénaristique, il s’agit d’aborder l’Histoire avec un grand H par le biais de la petite histoire, en se concentrant sur les détails humoristiques et parfois méconnus de la vie d’un « grand homme ». Pour ce faire, j’ai choisi un narrateur peu réaliste, le personnage du loup, qui raconte en rimes, sur le modèle de la complainte médiévale ou du chœur antique, les aventures du héros. Ce narrateur apparaît au début et à la fin du film et nous guide seulement par sa narration ironique tout au long de l’action. La technique est celle du dessin sur celluloïd. Par le grattage successif de l’encre acrylique, j’ai obtenu un rendu proche du monotype ou de la lithographie, qui permet aussi bien une précision graphique générale qu’un grand dynamisme lors des mouvements. L’ensemble des choix graphiques et narratifs suit une ligne de direction bien précise : jouer avec les codes de la narration classique et ceux du dessin animé traditionnel pour les détourner par l’humour et l’imagination. Techniques et matériaux : encre sur celluloïd, animation sous caméra, 10’
33 Élise Doss Image imprimée Art brut et création Mémoire dirigé par René Lesné La rue « Qualité, lumière, profondeur, qui sont là-bas devant nous, n’y sont que parce qu’elles éveillent un écho dans notre corps, parce qu’il leur fait accueil. » Maurice Merleau-Ponty, L’Œil et l’esprit (1960). « Qualité, lumière et profondeur », c’est dans la rue que je les ai trouvées : un foyer de sensations à l’état brut. Gaétan qui a vécu dans la rue en est pour moi l’incarnation. La rue, il connaît. Il en parle librement. Ce projet se fonde sur ses mots. La liberté de sa parole m’évoquait également la liberté d’action des artistes d’art brut. Le choix de la technique s’est alors naturellement porté vers le monotype : le pinceau glissant sans accroche sur la plaque, l’action est plus libre, plus rapide. Les formes découlant naturellement de la technique, les images se sont multipliées. La production abondante m’a permis progressivement de me rapprocher de l’atmosphère souhaitée et de l’univers de Gaétan. Douze monotypes assemblés rappellent l’état brut de mes premières sensations liées à la rue. Les mots de Gaétan réassemblés et que j’ai rapprochés des images qu’ils ont éveillés, forment le canevas du livre intitulé On a tous nos barrières. « Dos » « Le regret c’est que tu regrettes ce que t’aurais dû faire, le remord ce que t’aurais pas dû faire. Des remords j’en ai, mais des trucs débiles… Une fois j’ai pris le chit d’un mec qui était beaucoup plus jeune que moi. En fait je lui ai fais croire que j’allais lui rajouter du chit. Je lui ai pris son chit, et je l’ai gardé. Et j’ai vu son regard au mec. Aujourd’hui j’y pense encore. » « Allal » « Mon premier véritable pote c’est Allal. C’est avec lui que vraiment j’ai commencé à galérer. Et ça renforce grave les liens. Je veux dire toi et moi si on était à la rue du jour au lendemain, qu’on tapait six sept mois ensemble, à la rue, et qu’on s’en sortait, ça créerait des liens de ouf ! Attention hein ! C’est plus pareil ! C’est définitif ! »
33 Élise Doss Image imprimée
La rue « Dos », « Allal »
34 Louise Dubois Design textile et matière
Rencontres sur ma place Composition de mots grâce aux modules lettres du tapis Le tapis sur la place Salvador-Allende à Créteil Moquette recyclée, imprimée de lettres de l’alphabet créant un effet 3D
34 Louise Dubois Design textile et matière Qu’est-ce que je mange quand je mange ? Mémoire dirigé par Sophie Le Chat Rencontres sur ma place « Le tissu est un médium tout à fait actuel, permettant la communication de choses autrement inexprimables, une articulation très particulière de soi à autrui, de l’intime le plus individuel au collectif le plus largement public. » Patrice Hugues, Tissu et travail de civilisation, Rouen, Éditions Médianes, 1996 Sur une place publique désertée et surdimensionnée en région parisienne, j’ai cherché à recréer un lieu vivant par une action participative et ludique. Au cours d’un évènement, je propose aux habitants et aux passants de formuler leurs rêves sur la Place Salvador-Allende à Créteil. Ce lieu, à la croisée des mondes de la culture, du commerce et de la politique est riche de possibilités. Les divers utilisateurs du lieu sont invités à tapisser le sol de leurs désirs en les écrivant avec des lettres textiles, à la manière d’un Scrabble géant. Les mots se croisent, s’ajoutent les uns aux autres pour former un texte collectif à ciel ouvert. Le tapis de lettres provoque le débat et entraîne une transformation spatiale. En délimitant une zone précise sur la place, cette surface modulable rassemble les passants, favorise la rencontre et l’échange. Grâce à des couleurs vivantes, des jeux optiques dynamiques et des matières surprenantes, les dalles textiles renouvellent cet urbanisme des années 1970. Les paroles des habitants forment aussi le motif d’une toile imprimée qui, tendue, est utilisée comme une tonnelle pour ombrager la place durant les trois mois d’été. Elle propose un plafond adapté à l’échelle humaine, faisant naître un nouvel espace abritant, invitant à la détente, accueillant les conversations. Le motif vibrionne, joue de transparence et d’opacité, promettant à la fois ouverture et intimité.
35 Inès Dufay Design vêtement Barbie, paradoxes et sociétés Mémoire dirigé par Anne Ferrer Bushido Pour cette collection, je me suis inspirée des armures japonaises. L’armure japonaise, entre le vêtement et l’objet, comporte en effet trois dimensions qui me paraissent essentielles : la notion de protection (et de mobilité), aspect purement pratique et fonctionnel ; la notion de technique, de construction, présent sous la forme du système d’assemblage entre les différentes pièces ; la notion d’apparat, ou d’esthétique (effrayer par la splendeur). Plus profondément, l’armure japonaise soulève la question essentielle et inhérente à l’art en général, à savoir celle du rapport entre fonction et esthétisme. En effet, dans l’armure, la technique d’assemblage, purement fonctionnelle, devient aussi source d’ornementation puisqu’elle permet de créer une infinité de motifs. C’est cette question qui m’a guidée : comment un système d’assemblage (pratique) peut-il devenir source d’esthétisme ? D’une part, dans cette collection, les coutures disparaissent pour laisser place à un système d’assemblage fait de trous et de liens. D’autre part, l’aspect graphique, géométrique, la simplicité des formes, sont des notions essentielles dans mon travail. J’ai donc imaginé ces vêtements « à plat », comme une succession de lignes pures. Enfin, la couleur et la matière jouent un rôle prédominant dans la lecture de ces formes : le cuir coupé bord franc associé au jeu contrasté des couleurs contribuent à la clarté de cette collection.
35 Inès Dufay Design vêtement
Bushido
36 Marion Dupas Cinéma d’animation
Le Boucher
36 Marion Dupas Cinéma d’animation Le cinéma d’horreur ou l’homme pulsionnel Mémoire dirigé par François Darasse Le Boucher Mon projet est l’adaptation cinématographique du roman Le Boucher d’Alina Reyes, écrit érotique contant l’initiation sexuelle d’une jeune fille par un boucher, dont la publication en 1988 fit sensation. Techniques : animation traditionnelle en papier découpé sous vitre rétro éclairée
37 Cornelia Eichhorn Photo / vidéo Ainsi parlait… le Bouffon. Une caractérologie contemporaine Mémoire dirigé par Bernard Schira Ved’ma Trois projections simultanés racontent chacune l’histoire d’une femme. Au fur et à mesure, l’histoire d’un écran intègre celle d’à côté avant de s’éteindre. L’installation est fondée sur le mythe de la Baba Yaga et plus particulièrement du conte Vasilissa la très belle, qu’elle réinterprète en interrogeant la figure de la femme : conflits d’identité, de génération, de maternité et de stéréotypes. Dispositif et mythe sont également utilisés comme une métaphore relationnelle : qui est influencé par qui ? Qui dépend de qui ? Comment perçoit-on l’autre ? Qui manipule qui ? Qui nous sert de guide, d’exemple, de modèle, d’idéal ? C’est une quête éternelle qui se poursuit d’une génération à une autre. Cette trinité représente à la fois trois âges de la femme, trois sœurs sorcières ou trois générations. Ved’ma est un mot russe ancien qui voulait dire sorcière, dérivant du mot vedeti signifiant savoir, connaître. Aujourd’hui, il sert d’insulte et veut dire vieille bourrique. Ce mot reste donc ambigu entre admiration et rejet, tout comme les personnages du film. Techniques : installation vidéo / triptique, couleur, format image 16:9 HD, format son 3.1 mono, 14 mn
37 Cornelia Eichhorn Photo / vidéo
Ved’ma
38 Arturo Erbsman Design objet
Lumière polaire. Luminaire d’hiver capteur de phénomènes naturels
38 Arturo Erbsman Design objet Nature, éléments, création artistique et industrielle Mémoire dirigé par Olivier Peyricot Lumière polaire. Luminaire d’hiver capteur de phénomènes naturels Ce projet met en lien un objet avec l’environnement dans lequel il se situe. Les années, l’usure du temps, le climat, l’humidité, les intempéries ont tendance à dégrader, user, abîmer les objets et les matières. Ceux-ci perdent progressivement leur essence, leurs couleurs et leurs fonctionnalités. Ce projet, au contraire, utilise les facteurs climatiques comme un potentiel pouvant interagir avec l’objet. Le luminaire se compose d’une structure métallique souple gainée d’une résille blanche conçue pour accrocher l’eau sous toutes ses formes. Lorsqu’il neige, les flocons adhèrent à la structure, la recouvrant progressivement. L’humidité dans l’air forme des micro-gouttelettes sur toute sa surface. L’eau coule, gèle et se transforme en stalactites. La structure légère et aérienne, avec le temps et le froid, s’habille de neige et de glace. Autonome, ce lustre capte la lumière du soleil pendant la journée. Quand la nuit tombe, il retransmet cette lumière accumulée, éclairant ainsi la neige et la glace. Ce luminaire revêt différents aspects, tailles et épaisseurs. Il évolue avec le temps et les variations météorologiques, tel un nouveau baromètre visuel, utile et en perpétuelle métamorphose. Cet objet onirique envisage l’eau, la neige, le givre et la glace comme matériaux fonctionnels et valorise leurs qualités plastiques, écologiques et structurelles. Techniques et matériaux : chaînettes et tiges d’inox gainées d’une résille blanche qui accroche l’eau et la neige, boîtier lumineux avec LEDs et panneaux photovoltaïques
39 Sarah Escamilla Cinéma d’animation Par-delà le film de guerre, l’ambiguïté cinématographique de La Ligne rouge Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte ∞ (Infini) Une mystérieuse jeune fille crée un gigantesque système solaire. Un astronaute, enfermé dans sa navette, est perdu dans l’espace. Ces deux points de vue interrogent sur ce qu’est la notion d’infini. Techniques : prise de vue réelle et After Effects®
39 Sarah Escamilla Cinéma d’animation
∞ (Infini)
40 Jeanne Eveno ScĂŠnographie
Le Printemps blond
40 Jeanne Eveno Scénographie L’insoutenable, une question cinématographique Mémoire dirigé par Clarisse Hahn Le Printemps blond Cette installation performance est la libre adaptation du texte « Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille » parue dans Tiqqun, revue philosophique française, publiée entre 1991 et 2001, dont le style poétique et l’engagement politique radical l’apparentaient aux théories situationnistes et au lettrisme. « Entre nous et le monde, il y avait une vitrine. Rien ne nous touchait et on ne touchait à rien. Nous n’étions jamais là, nous étions ailleurs, dans un univers virtuel où on était toujours la plus belle. On reprochait à la réalité de ne pas être à la hauteur du spectacle. On n’était pas seulement le pur produit du spectacle, mais la preuve plastique de l’amour qu’on lui vouait. Une sommation faite à chacun de se maintenir à la hauteur des images du spectacle. On se trouvait dans un rapport d’immédiateté et d’affinité avec tout ce qui concourrait au reformatage de l’humanité. Quand le spectacle chantait que la femme était l’avenir de l’homme, c’est de nous qu’il parlait. La prétendue libération des femmes n’avait pas consisté dans leur émancipation de la sphère domestique mais plutôt à l’extension de cette sphère à la société toute entière. Notre triomphe tirait son origine dans l’échec du féminisme. »
41 > 72 Marine Feuillade Photo / vidéo L’explosion. La beauté triomphante de la perte Mémoire dirigé par Pierre Alferi Les Valeureux Brigitte est gouvernante au service d’une noblesse en déclin. Benjamin et ses copains traînent leurs baskets dans un terrain vague. Ils dessinent à leur manière la vie d’une ville de province cernée par une campagne monotone, qui ploie sous l’histoire fastueuse des Bourbons. Entre réminiscences d’un passé aux codes désuets et esquisses d’un futur inconsistant, ils traversent une époque qui piétine et se transforme laborieusement. En collaboration avec Pauline Lecomte Techniques : 28 mn, BetaCam, HD, 16:9, couleur ; musique originale : Requiem pour violoncelles et piano de Popper, Bambino de Plastic Bertrand ; mixage son : Christian Phaure
Grand projet avec les félicitations du jury
41 > 72 Marine Feuillade Photo / vidéo
Les Valeureux
42 Luca Fiore Cinéma d’animation
Otop
42 Luca Fiore Cinéma d’animation L’art et le vandalisme Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Otop Otop est éléphant graffiti chassé de son terrain vague par un humain. Ce court-métrage réalisé en stop motion utilise le tissu urbain et un imaginaire lié au graffiti dans le but de porter l’homme, la peinture et son environnement à interagir réellement. Techniques et matériaux : peintures à l’eau et aérosol sur murs et supports variés
43 Marie Flageul Photo / vidéo Techné Mémoire dirigé par Françoise Courbis Les monologues d’Ada Une actrice s’adresse à un interlocuteur que l’on ne voit jamais. Elle nous parle de son rapport au monde à travers le récit de ses souvenirs. En parallèle, des images apparaissent. Un jeu de correspondances s’instaure entre ces images et son récit. Techniques et matériaux : Sony DV Pal et NTSC
43 Marie Flageul Photo / vidéo
Les monologues d’Ada
44 Yannick Fleury Design graphique / multimédia
Faire tomber les barrières Blog de la rue d’Ulm Plan du campus d’Ulm Affiche posée dans l’EnsAD pour une projection de film à l’ENS
44 Yannick Fleury Design graphique / multimédia Road Movie Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand Faire tomber les barrières Dans un des îlots de la rue d’Ulm cohabitent l’Institut Curie, l’École normale supérieure et l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs. Au centre de cet espace, un jardin, avec une cafétéria. Pourtant, les médecins ne rencontrent jamais les artistes, les physiciens les médecins et les artistes les physiciens. Une barrière se dresse, en effet, au cœur du jardin, coupant l’espace en deux. La loi du territoire est plus que jamais reine dans ces lieux consacrés à la recherche et à l’enseignement. Comment inverser les choses et faire de l’hyper proximité une force ? J’ai tenté durant cette année d’imaginer et de provoquer des rencontres et des synergies nouvelles qui aillent au-delà des frontières matérielles, mais aussi administratives. De cet objectif sont nées plusieurs propositions et expérimentations : faire tomber la barrière située dans le jardin, penser un gymnase dédié aux étudiants et chercheurs de la rue d’Ulm, créer un blog (vivelaruedulm.hautetfort.com) informant de l’activité des différents lieux. Enfin, j’ai imaginé ce que pourrait être un campus dans la rue d’Ulm et le potentiel interdisciplinaire qu’il pourrait constituer.
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
45 Hélène-Mahi Fofana Design objet Design, crise et création Mémoire dirigé par Alexandre Fougea Ergoceramic Le repas est un moment particulièrement important dans la vie d’une personne âgée car il la rythme. Parfois même il lui donne un sens. Pourtant le vieillissement physique, sensoriel, psychologique, peuvent pousser une personne âgée à mal se nourrir. Que les personnes soient à domicile ou en institution, leurs besoins se ressemblent et appellent des réponses similaires. Ergoceramic est un projet de recherche sur une nouvelle ergonomie pour une gamme de vaisselle en porcelaine destinée aux personnes âgées, qui propose une aide pour préserver leur autonomie. Ce projet vise également à aider et à renforcer l’estime de soi en utilisant les codes esthétiques hors du domaine médical. En partenariat avec Bernardaud et l’hôpital Bretonneau de Paris Technique et matériaux : porcelaine
45 HÊlène-Mahi Fofana Design objet
Ergoceramic
46 Léo Forest Image imprimée
Ground Zero « Volcan », « Sans titre », « 50 cent »
46 Léo Forest Image imprimée Le Douzième homme Mémoire dirigé par Toan Vu-Huu Ground Zero « Cette expression est souvent associée aux explosions nucléaires mais elle est aussi utilisée pour déterminer l’emplacement de l’épicentre d’un tremblement de terre, une épidémie et tout autre désastre faisant beaucoup de dégâts. Les dommages occasionnés décroissent depuis ce point. » En envisageant dans sa temporalité une vie comme un signal continu, je me penche sur la question du choc émotionnel en tant que rupture de ce signal. Mes dessins parlent du comportement de l’esprit face à l’accident et du mécanisme qui se met alors en œuvre pour y trouver un sens, une porte de sortie ou, d’une certaine manière, une clé. Sortes de sismographes, mes dessins sont conçus comme des paysages mentaux où le souvenir de la forme tente de se reconstituer sans cesse, sans jamais y parvenir. Dans cet état des choses où tout devient alors incontrôlable, la répétition semble infinie et devient une forme d’errance de la pensée. Mon projet éditorial intitulé Les plans sur la comète présente une série de dessins réalisés au critérium qui se penchent sur la question de la construction identitaire d’un jeune à partir des images de son époque. Inspiré des schémas de manuels scolaire et des images-médias, je tente de dresser un portrait d’une génération où l’accident, s’il est pris comme l’influence des images médias sur l’éducation, y trouve une place de plus en plus importante. Technique : critérium
47 Élise Foucault Photo / vidéo Une approche du cinéma pornographique Mémoire dirigé par Pierre Alferi Jouir sans entraves Si la pornographie est un support de travail pour beaucoup d’artistes, le X est rarement envisagé comme un progrès pour la libération des mœurs. Et si c’était le cas ? Dans Jouir sans entraves, je me suis interrogée sur ce qu’il pouvait y avoir de fascinant dans des images extrêmes. Violentes et gratuites, elles n’ont pas de sens intrinsèque mais la fonction d’exciter ou de provoquer l’effroi. Les images pornographiques ne prennent sens que lorsqu’elles font signe vers quelque chose d’autre : l’histoire, la sociologie. Elles sont envisagées alors comme l’indice d’une idéologie, la preuve d’un tabou sur le sexe par exemple. C’est le contexte qu’on leur accole qui permet de donner aux films pornographique un sens. Jouir sans entraves interroge la relation entre la pornographie et la libération sexuelle, en romançant l’histoire d’héroïnes du cinéma pornographique des années 1970. Sur des films X remontés, une voix fictive qui représente la génération des actrices X de ces années nous explique leur fascination, leur amusement mais aussi les apories liées au cinéma pornographique. Techniques : found footage, film réalisé à partir de films pornographiques des années 1970
47 Élise Foucault Photo / vidéo
Jouir sans entraves
48 Kevin Garcia Design objet
Un nouveau souffle L’inhalateur dans son rangement avec ses doses Des inhalateurs et leurs rangements Utilisation de l’inhalateur
48 Kevin Garcia Design objet Design & Our Health Mémoire dirigé par Anna Bernagozzi-Lalanne Un nouveau souffle Le vaccin inhalable, nouveau moyen de s’immuniser dans un avenir proche, va changer tout le processus aujourd’hui mis en place. Remplacer l’utilisation de la seringue réduit la transmission de maladies, améliore la chaîne de livraison, libère le temps du personnel médical. Le design a un rôle important à jouer dans ce développement, en améliorant la logistique complète de cette innovation. Il peut recentrer l’immunisation autour du patient, de son expérience et de sa relation au vaccin. Un design cognitif, intuitif et simple augmenterait le nombre d’individus vaccinés et permettrait une meilleure implication de la personne. En partenariat avec des professionnels de la médecine, ce projet vise a humaniser une technologie pharmaceutique. Un inhalateur qui puise sa forme et sa sensibilité dans des produits du quotidien. Un service qui communique et traduit les informations essentielles au patient. Un nouveau médium pour le carnet de vaccination et les rappels pour toute la famille. Le but est de réussir une alchimie entre la science de la médecine et l’empathie d’un produit intelligent, pour ainsi réussir à rendre l’expérience de s’immuniser plus captivante et plaisante. Techniques et matériaux : pièces en plastique injecté, silicone moulée, thermoformage
Mémoire avec les félicitations du jury
49 Martin Gasc Architecture intérieure Panique sur les bacs à sable Mémoire dirigé par Fabienne Vansteenkiste Jouer en ville Mon projet fait suite à mon mémoire qui portait sur la sécurisation des aires de jeux collectives. Par ce travail théorique, j’avais été amené à constater que les villes modernes ne permettent plus la pratique du jeu. Si des espaces protégés ont été mis en place pour les plus jeunes, les adultes sont sensés pouvoir s’accommoder de vivre dans des villes où ils ne peuvent ni courir, ni jouer, ni laisser se déployer au hasard les rencontres. À la lumière de ce constat, il semble aujourd’hui nécessaire de redonner à la ville un nouveau potentiel ludique. Tel est l’enjeu de mon projet qui vise à créer, à Paris, un espace de (re)découverte et de pratique du jeu, destiné à tous les publics et adapté aux besoins réels des citadins. Au-delà de cette dimension ludique, il s’agit aussi, en utilisant le jeu comme vecteur, de créer un lieu de partage et de vivre ensemble. Ce projet s’implante dans le quartier Saint-Paul, dans le Marais. Il s’intègre au projet de révision du plan de sauvegarde et de mise en valeur du Marais, actuellement à l’étude. En s’étendant de la rue des Jardins - Saint-Paul au port des Célestins, l’intervention s’ouvre sur la Seine et s’intègre à une autre dynamique urbaine, celle du projet de réaménagement des berges de Seine en lieu de promenade et de loisir. L’un des éléments essentiels de mon projet réside dans la volonté de créer des espaces à potentiel ludique. Pour cela, j’ai d’abord tenté de comprendre ce qui définit la nature du jeu pour ensuite établir des parallèles avec l’activité achitecturale. Il en résulte la création d’espaces où la présence du jeu se veut équilibrée ; la volonté étant de créer des espaces fonctionnels à potentiel ludique, des espaces qui « laissent du jeu ».
Grand projet avec les félicitations du jury
49 Martin Gasc Architecture intĂŠrieure
Jouer en ville
50 Juliette Gouraud Design vĂŞtement
Palimpseste
50 Juliette Gouraud Design vêtement Cecil Beaton Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand Palimpseste L’usage des codes du vestiaire masculin est la base de cette collection. Par un processus d’évidement de vêtements apparaissent des v primaires offrant des ouvertures au travers desquelles de nouvelles silhouettes deviennent perceptibles. De cet effet de superposition, d’une architecture rendue brute sur un nouveau modelage, naît une perspective de synergies de types, de styles et de matières. Comme un texte partiellement effacé pour être réécrit en vue d’en modifier son sens, chaque vêtement peut être revisité. Comme un mot pouvant être remplacé par un autre, les composantes peuvent se substituer jusqu’au point d’en modifier son style et sa fonction. Les genres masculins et féminins peuvent ainsi se mêler dans une seule silhouette, de même que les temps, au sens des époques. Des styles qui à priori s’opposent, s’épousent. Le sportwear se pare de touches « chic » autant que le « chic » se désacralise pour paraître plus décontracté et plus accessible. L’usage même du vêtement en devient changé. Au-delà de l’apparence visuelle des différents styles, les aspects techniques se mêlent aussi : le jersey, la maille et le « chaîne et trame » se côtoient par effets de superpositions où les teintes tiennent une importance toute particulière. La palette de couleur utilisée pour traduire ces codes se joue sur un camaïeu (dégradé d’une couleur), permettant au spectateur de découvrir la réelle composition du vêtement au gré de sa perception.
51 Cyril Gouyette Art espace Here There Everywhere. La résurgence de la figure de l’ubiquité dans les arts visuels Mémoire dirigé par Jean-Luc Blanc Hors-sol Mon projet consiste en des sculptures qui éprouvent le sol comme horizon, comme limite et comme base pour des éléments d’architecture et de paysage prélevés à l’extérieur et déplacés vers l’espace d’exposition. Ce passage de l’extérieur vers l’intérieur produit une collision entre le caractère usuel de l’objet et sa projection dans un champ analytique artistique. Hors-sol désigne originellement une pratique agricole et renvoie à l’inauthenticité, au détachement, au déracinement du vivant par rapport à son milieu d’origine. J’ai essayé d’en prendre le contre-pied et d’utiliser cette notion à deux niveaux. D’une part, en m’appropriant des fragments architectoniques extérieurs ou des objets domestiques qui renvoient à l’art décoratif. J’ai conservé du sens initial de ce terme une seule idée : le déracinement. En extirpant le modèle de son contexte premier, donc en croisant son milieu d’origine avec un nouveau milieu, je lui confère une sorte d’ambiguïté quant à son statut spatial : ces pièces peuvent à la fois être présentes à l’intérieur et à l’extérieur. Elles se trouvent entre deux situations, à la fois sculpturale et architecturale ; elles ne sont ni ouvertes ni fermées. Elles sont d’aspect provisoire et précaire autant que statique ou fixé. D’autre part, en utilisant la ligne du sol comme horizon et en travaillant avec les appuis, l’équilibre et la gravité. Les miroirs d’eau, les surfaces chromées, les sculptures scindées expriment une tentative d’élargir l’espace d’exposition, de l’étendre au delà des limites de la salle. Et ainsi de la percevoir moins comme une enceinte architecturale que comme des plans semi transparents qui intègreraient l’extérieur ou d’autres espaces intermédiaires. D’où la présence récurrente des fenêtre et des miroirs qui renvoient à un ailleurs, comme un écho. Le choix des matériaux entre en contradiction avec la simplicité et la limpidité du dessin des volumes. Ceci traduit le lien étroit et les aller-retour incessants entre la bidimensionnalité du dessin informatique et la tridimensionnalité incarnée dans la matière la plus brute. Je ne cherche pas à cacher la réalité du travail qui a abouti à ces sculptures, leur réalisation est en cours, inachevée et suspendue. Techniques et matériaux : ronds béton, béton, verre, cuivre, bâche PVC, aluminium, Plexiglas®
51 Cyril Gouyette Art espace
Hors-sol
52 Camille Grangé Scénographie
Camarade, je ne sais pas si tu sais où on va ?
52 Camille Grangé Scénographie Snwolc / clownS Mémoire dirigé par Jean-Yves Hamel Camarade, je ne sais pas si tu sais où on va ? Fondée sur différentes situations exposées dans le roman D’une guerre l’autre, de Ryszard Kapuscinski, sur la guerre civile en Angola durant les années 1970, mon installation raconte une réalité propre à tous les conflits, celle du bouleversement général et de la confusion. Camarade, je ne sais pas si tu sais où on va ? est une installation conçue pour être implantée dans le hangar J-1, situé dans les anciens docks du port de Marseille. C’est ici qu’il y a cinquante ans débarquaient les « rapatriés » d’Algérie. Mais la guerre est aussi un prétexte pour évoquer les bouleversements qui s’annoncent aujourd’hui dans notre société, provoquant eux aussi malaise et confusion. Une partie de l’installation s’inspire d’un événement important de la guerre en Angola : la fuite d’une bonne partie de la population. Ces immenses caisses dans lesquelles chacun entasse tout ce qu’il peut font partie de toutes les guerres. Il s’agit de tenter de sauver ses richesses, mais aussi de ne pas perdre à jamais son passé. À l’intérieur des caisses, des explosions et des rafales de mitraillette se font entendre. On perçoit aussi des voix et, en approchant telle ou telle partie de la caisse ou de son contenu, on entend plus précisément des récits. Ce ne sont pas ceux des propriétaires des caisses mais divers témoignages. La guerre fait rage, elle déborde, envahit l’espace. Cette installation parle de ces générations à qui l’on rabâche que tout s’écroule : le climat, la biodiversité, les frontières, la situation économique, la famille… Elle parle de cette société qui imagine, à mi-chemin entre la peur et l’espoir, que les choses puissent changer…
53 Kristina Guseva Design vêtement Influences Mémoire dirigé par Gérard Plénacoste Flowing « Et s’il n’y avait jamais d’accidents dans notre vie ? Si tout, absolument tout, avait une signification ? Si le hasard n’était qu’une illusion ? » Extrait de Fernand Ouellette, Lucie ou un midi en novembre Imperfections, accidents, instabilités. Flowing est une collection où le hasard est invité et valorisé. Le style épuré est perturbé par l’introduction d’éléments inattendus. Les détails et les finitions des vêtements sont comme liquéfiés et figés grâce à une incrustation de silicone dans les matières luxueuses. Les tissus employés font corps avec la souplesse de l’anatomie féminine, tantôt en moulant ce dernier tantôt en le libérant. Flowing est un vêtement pour une femme qui ne choque pas mais qui surprend.
53 Kristina Guseva Design vĂŞtement
Flowing
54 Claire Haimart Art espace
Hors usage
54 Claire Haimart Art espace Pratiques artistiques et nouveaux usages dans le milieu urbain Mémoire dirigé par Marc Thébault Hors usage L’outil est au centre de ma réflexion ; prolongement de ma main, il est le liant entre mon geste et ma pratique. Hors usage est l’histoire de ce lien, de cette nostalgie de l’outil. C’est aussi l’histoire des premiers hommes qui inventèrent les premières armes. Mais c’est surtout l’histoire de mes outils qui m’entourent dans mon quotidien et dans ma création : contenants, lames, palans, maillets, truelles ; je me suis intéressée à ces outils et à leur usage. J’extrais ces objets de leur utilisation coutumière en modifiant leurs matériaux d’origine : fragilité, dangerosité, inefficacité sont les maîtres mots de mes objets. Des contradictions s’établissent entre l’usage supposé et l’objet créé : des lames décoratives, un palan incapable de porter du poids, ou encore des truelles en marbre… J’utilise le décoratif et le précieux comme moyen de rejouer les codes de l’outil et de lui attribuer une noblesse. L’entrave à l’utilitaire présente l’objet comme un outil réflexif au carrefour de l’artisanat et de l’art.
55 Daniel Halle Image imprimée You foule Mémoire dirigé par Denis Poupeville Q = 22,4 MeV En physique nucléaire, Q désigne la valeur de l’énergie dégagée lors d’une réaction de fission. C’est sur ces mots que débute mon projet éditorial, centre de mon grand projet. Ayant commencé à travailler sur la thématique de l’errance, j’ai imaginé des paysages désertiques, vides comme de grands espaces naturels. Au départ, ma volonté était de créer un univers dans lequel la nature était confrontée à une anomalie non naturelle, artificielle. Je voulais rendre signifiante l’idée d’un monde perdant sa sève. Je me suis inspiré d’artistes tels que Nicolas Moulin et Yang Yongliang. Elaborant des paysages reprenant les dispositions spatiales des ukiyo-e, j’y introduisais une brutalité silencieuse, de l’ordre d’un monde urbain, technique, virtuel. Au fur et à mesure des mes recherches, j’ai pris conscience que ce dont je voulais parler à travers ces divagations était la disparition d’un monde et l’émergence d’un nouveau, qui serait de l’ordre du post-apocalyptique, de la dissolution, du vide. Je suis donc parti des événements de Fukushima, notamment ceux en rapport avec la centrale nucléaire. En dessinant des paysages fragmentés dans lesquels le vide prend une place importante, je cherche à exprimer ce qu’on ne peut décrire : une menace permanente et invisible. Les parcelles de blanc recèlent finalement la part non imaginée et donc plus réelle de cette catastrophe. Mon projet est finalement une interrogation sur la technologie, ses conséquences et sa coexistence avec la nature. Techniques et matériaux : dissolvant de vernis à ongles, fusain, crayon, gomme
55 Daniel Halle Image imprimée
Q = 22,4 MeV
56 Soraya Hamlaoui Image imprimée
Rien, et déjà quelque chose
56 Soraya Hamlaoui Art espace Ralentir ? Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte Rien, et déjà quelque chose Je suis franco-algérienne, de double nationalité et bilingue. J’ai grandi en Algérie, en France, puis dans un va-et-vient entre mes deux pays. Cette approche privilégiée de deux mondes à la fois m’a amenée, par la force des choses, à ne pas tout considérer comme une évidence. Ce qui est rien ici peut être quelque chose là-bas et inversement. Je travaille à partir du postulat qui consiste à dire que « rien est quelque chose ». « Rien » du point de vue strictement rationnel est « quelque chose » à mes yeux. Voilà ce que je cherche à mettre en évidence à travers mes travaux. Pour chaque pièce, je pars d’un fragment d’objet, banal, sans valeur au sens commun, obsolète, abandonné. Mais intéressant à mon sens. Je collecte des traces de ce qui est difficile à voir, à comprendre dans notre époque, des fragments d’objets perdus, oubliés, délaissés, des reliquats, des choses de peu de valeur, qui devraient être jetées, qui ont perdu leur utilité. Je cherche à mettre en relation ces bribes d’objets trouvés et éprouvés à partir de mon expérience personnelle. Je remonte à la généalogie de l’objet pour en révéler une possibilité contemplative inattendue. J’en expérimente les qualités et me laisse surprendre par ce qu’il nous dit. Ainsi le processus d’assemblage et de transformation n’est pas systématique. Il ne préexiste pas à l’objet, il en découle. L’archéologie nous enseigne que les objets sont des éléments témoins, révélateurs de rapports au monde passé. Les objets contemporains racontent l’ambivalence de la notion de progrès. Ils sont une partie qui vaut pour le tout, un support d’observation active de l’état de la Terre. Techniques et matériaux : récupérés, bois, résine, terre à modeler. Collecte, assemblage, collage, modelage, écriture, vidéo, dessin, couture.
57 Tom Huet Scénographie Atmosphère urbaine Rio de Janeiro Mémoire dirigé par Élise Capdenat Les Aveugles. Un drame cosmique Il s’agit d’une pièce sans acteur pour un drame sans action. Perdu sur une île, un groupe d’aveugles se réveille et attend désespérément le retour de leur guide. Cette attente tragique est rythmée par le réveil des forces de la nature. La mer, le vent, les oiseaux prennent une place égale à celle de l’individu. Importance du cosmos et de la mort au-delà de la psychologie. L’atmosphère nous en dit plus que les personnages. Dès le réveil des aveugles, une crise est sous-jacente, les éléments menacent. Angoisse face au néant, nécessité de combler le vide. Le dialogue inutile manifeste le caractère statique de ce drame. Il est élaboré pour suggérer l’indéfinissable. « L’ambiguïté des sensations, la difficulté, voire l’impossibilité de relier les données optiques ou acoustiques, sont autant de traits caractéristiques de la poétique maeterlinckienne. Son objectif c’est de faire vaciller les certitudes. Au spectateur de compenser les silences, le sens manquant, ces blancs nécessaires pour que la pièce ait un impact. L’écriture est au service de l’indétermination, promue au rang d’esthétique. L’imaginaire est sollicité par la discontinuité, par l’inachèvement de la parole. » Paul Gorceix En cherchant à savoir où ils se trouvent et ce qui les entoure, les aveugles nous livrent une série de questions triviales qui pourtant font écho à des interrogations plus profondes. La proposition scénographique accompagne et prolonge celles-ci sans chercher à y répondre. Une présence se manifeste sous différentes formes et aucun des aveugles ne l’interprète de la même manière. Le public, au cœur du dispositif, partage activement cette inquiétude. L’espace visuel, cadré dans un panorama, est un jeu de reflets mouvants qui ouvre plusieurs perspectives dans différents axes. C’est un paysage lumineux laissant libre court aux projections mentales. En adaptant cette pièce symboliste, l’idée était de rester évocateur et suggestif en faisant résonner le texte à travers nos différents sens. Dans cette interprétation sensible et multiple, jusqu’à la fin de ce drame, le champ des possibles reste ouvert. Techniques et matériaux : images fixes des projections lumineuses (tubes fluo, LEDs, lampes à incandescence) sur des plaques suspendues (plexiglas®, laque folie, miroir, miroir sans tain)
Grand projet avec les félicitations du jury
57 Tom Huet ScĂŠnographie
Les Aveugles. Un drame cosmique
58 Simon Jeannot Cinéma d’animation
Je me sauve !
58 Simon Jeannot Cinéma d’animation Rêve et cinéma, mode d’emploi Mémoire dirigé par Serge Verny Je me sauve ! J’ai choisi de m’inspirer d’une nouvelle de Nicolaï Gogol, Le Journal d’un fou pour mon film de fin d’études. J’ai travaillé en reprenant des morceaux de la nouvelle, en les transformant ou en inventant des éléments qui n’étaient pas présents dans le livre, d’ailleurs le film n’a pas la forme d’un journal contrairement à la nouvelle. J’ai axé mes recherches sur la sensation de perte de repères, notamment de la notion d’espace et de temps. En effet le personnage principal est sujet à un état confusionnel à consonnance onirique. Il ne peut pas faire la différence entre la réalité et les hallucinations, ni se situer dans l’espace et on ne sait jamais s’il est chez lui ou à son travail ou dans un espace imaginaire, etc. Son esprit s’éparpille et afin de traduire cette confusion, en m’inspirant en partie du film Meshes of the Afternoon, j’ai pris le risque de diviser le film en séquences hétérogènes dans lesquelles le héro semble ne pas trouver sa place. J’ai voulu que le graphisme soit épuré et ait ce côté non fini qu’on peut trouver dans les croquis de Hugo Pratt ou dans les dégradés d’encre de Chine de Pascal Rabaté pour l’album Ibicus, ou encore l’aspet mouvant, « flou », qu’on peut voir dans les animations d’Alexandre Petrov.
59 Da hee Jeong Cinéma d’animation Immobilité-mobilité et image animée Mémoire dirigé par Serge Verny Le temps de l’arbre En observant le cycle de vie d’un arbre, j’ai pu constater combien il était différent du nôtre en de nombreux points. L’arbre fleurit au printemps et perd ses feuilles lorsque le froid arrive. Son existence peut traverser un siècle et parfois il renaît sous une autre forme, en tant qu’objet par exemple. Ce film est une collection de plusieurs histoires qui s’inspirent de ces différents états de l’arbre et de l’homme, deux éléments qui sont toujours entremêlés dans mes histoires. L’histoire commence avec un vieil homme, assis sous un arbre, qui tient dans ses mains une feuille vierge où l’on aperçoit l’ombre des branches. Sur cette feuille vont se projeter les différentes histoires. La première partie dévoile le déroulement d’une année sur les quatre saisons. J’avais envie de montrer le cycle de vie d’un arbre, ce dernier faisant souvent office « d’horloge ». Dans mon travail, l’arbre s’enracine dans la Terre et la transperce d’un bout à l’autre. Cet arbre devient symbole du temps, il est un sablier qui mesure le changement des cycles. L’arbre est également un témoin de l’Histoire qui permet de la retracer. La deuxième partie traite de l’origine de l’homme et de l’arbre : l’homme est parfois un être végétal qui souhaite s’enraciner à un lieu ou un temps. Il me semble que l’homme et l’arbre sont deux éléments complémentaires. L’homme cherche à s’enraciner comme l’arbre et l’arbre a soif de liberté comme l’homme : il étire ainsi encore plus ses branches et agite ses feuilles. Dans le gros plan du début et le plan final, nous voyons un vieil homme assis seul à côté d’un arbre. Le passé absent de la mémoire, la solitude de l’homme dont nul ne connaît la cause… Ce sont justement ces sentiments inexplicables que j’ai voulu exprimer. Techniques et matériaux : prise de vue réelle et animation classique sur papier utilisant la peinture acrylique
Grand projet avec les félicitations du jury
59 Da hee Jeong Cinéma d’animation
Le temps de l’arbre
60 Benoît Julienne Scénographie
Le Grand Macabre, d’après l’opéra de György Ligéti
60 Benoît Julienne Scénographie La valeur des restes Mémoire dirigé par Marc Thébault Le Grand Macabre, d’après l’opéra de György Ligéti Si l’on parle de la notion de spectacle vivant c’est donc qu’il est voué à mourir. Post hominem vermis, ite missa est. Dans l’angoisse de la mort, dans toute la gravité qu’elle représente, l’être humain doit compenser en investissant, en s’entourant, en surchargeant son environnement. L’enjeu est de tendre vers une certaine légèreté, une instantanéité. Ainsi je souhaite proposer un projet vivant, maintenant. Ce projet se compose d’un patchwork d’éléments rencontrés, glanés, chinés puis rassemblés. Offrir de nouvelles vies à des éléments ayant déjà vécu, les remettre en tension, les recharger de différentes valeurs, à la fois valeurs d’usage, d’histoire et d’émotions. Proposer alors de nouvelles orientations. Ce travail d’assemblage de strates, de juxtapositions, de détournement et d’hybridations permet d’amplifier les sens, d’ouvrir une multiplicité de lectures, vers des dialogues possibles avec une équipe artistique et des publics. Cette multiplicité des langages plastiques pourra conter des histoires. Le rôle du scénographe étant de proposer un squelette permettant d’articuler, de donner vie à ces histoires dans l’espace et dans le temps. Comme au théâtre les morts se relèvent pour saluer et comme les enfants jouent à la guerre, ma proposition scénographique sera une machine à jouer, manipulable, avec laquelle on peut jouer très sérieusement. La place de tout cela dépend des situations, c’est-à-dire de l’endroit où l’on se situe en tant qu’acteur / spectateur. C’est la question fondamentale de l’échelle. En fonction de notre conscience, en relation à notre référence humaine, on joue avec ces rapports d’échelles, tout en contrastes. Rapports dans lesquels on se laisse prendre au jeu du spectacle. Dans ce thème inexorable de la Mort, on joue avec sérieux entre légèreté et gravité. De l’ambiguïté à l’ambivalence, on se jouera d’une approche sereine de l’angoisse.
61 Ieva Kabasinskait Photo / vidéo Histoire des vues Mémoire dirigé par Pierre Alferi Open 24 hours Ce film est une fiction – il a son propre temps, son espace, sa réalité. Il est construit de la même manière que notre mémoire – des fragments, des impressions, des souvenirs – un temps discontinu, éclaté en phases de présence. Les personnages spectateurs ne créent pas la réalité mais plutôt la reflètent. Les faits montrés sont des souvenirs imaginaires. Tout dans cette histoire reste à moitié connu, demi perdu – comme dans toutes les histoires. Techniques : film super16 transféré en HD, couleur, sonore, 7 mn 30 s en boucle
61 Ieva Kabasinskait Photo / vidéo
Open 24 hours
62 Sarah Kalman Design objet
Mes yeux s’en sont allés. Plateau Oïelo Pose de la main afin de connaître l’emplacement de l’objet manquant
62 Sarah Kalman Design objet Objets inanimés, avez-vous une âme ? Mémoire dirigé par René Lesné Mes yeux s’en sont allés. Plateau Oïelo Dans moins de vingt ans, un quart de la population aura plus de soixante-cinq ans et la moitié d’entre elle rencontrera des problèmes de déficience visuelle. Nous sommes tous concernés par ce véritable problème de santé publique. Après une phase d’observation auprès des malvoyants, des besoins individuels ont été évalués et des gestes difficiles du quotidien ont été identifiés. En effet, les troubles visuels vont compliquer la détermination de l’emplacement de leurs objets essentiels dans le domicile privé. La personne peut être aussi affectée de troubles de la mémoire du fait de son âge. Le projet a pour objectif de faciliter le quotidien des personnes âgées rencontrant une perte progressive de la vue, en répondant à la problématique de la perte des objets dans l’habitat. Un vide-poche intelligent rassemble les objets indispensables (clés, sac, télécommande, aide optique, etc.) et informe de l’absence de l’un d’eux en communicant leur emplacement dans la maison. Ce vide-poche se veut adapté aux différents cas de malvoyance, simple et agréable d’utilisation, non stigmatisant (design universel), interactif grâce à la technologie RFID (radio-identification) Une dizaine d’objets incontournables sont organisés sur le vide-poche interactif. Des halots lumineux et multicolores s’allument à leur base lorsqu’ils sont rangés sur le plateau. L’utilisateur est alerté de l’absence d’un objet par un clignotement lumineux blanc. Il peut alors être informé de la nature de l’objet et du lieu où il se trouve dans son domicile par une information vocale en apposant sa main sur l’emplacement concerné. Des capteurs, sortes de balises, sont placés dans des endroits stratégiques de la maison pour permettre l’identification de ces lieux. Techniques et matériaux : bois et silicone
63 Smaïl Kanouté Design graphique / multimédia Un graphisme sans écritures ? Mémoire dirigé par Nasser Bouzid La reconstruction du village de mes parents J’ai effectué un voyage au Mali, plus précisément dans la région de Kayes, à Fégui : cela faisait douze ans que je n’étais pas retourné dans le village de mes parents. Depuis toujours, je me pose des questions sur mes origines car je suis né en France. Lors de ce voyage, plein de souvenirs resurgissaient sans cesse, je n’avais oublié aucune personne du village. Tout le monde avait grandi et je découvrais même des demi-frères et sœurs. Je ne connaissais pas grand chose sur mon père ni sur sa famille car nous communiquons très peu entre nous. Mais les moments, fréquents, où il nous racontait sa vie dans son village restent très présents dans ma mémoire. Pour comprendre, j’ai décidé d’aller à la rencontre des gens du village, pour connaître l’histoire du village, de mon père et de ma famille. J’ai rencontré de nombreuses personnes qui m’ont raconté l’histoire du village et de leur famille. Mais la personne qui m’a le plus marqué est un vieil homme qui m’a énoncé, oralement pendant une heure, les arbres généalogiques des premiers Féguinois et de la grande famille de mon père. Techniques et matériaux : cartographie, installation vidéo, son
63 Smaïl Kanouté Design graphique / multimédia
La reconstruction du village de mes parents Plan mental du village de Fégui dans la région de Kayes au Mali d’après vidéos, témoignages et souvenirs Mariages interfamiliaux, 6e génération Arbre généalogique de la famille Saw via le système de représentation du tronc d’arbre Arbre généalogique de la famille Kanouté
64 Irène Karabayinga Art espace
Sur les rivages de mondes sans fin, des enfants jouent
64 Irène Karabayinga Art espace L’animal : partenaire particulier Mémoire dirigé par Catherine Strasser Sur les rivages de mondes sans fin, des enfants jouent En partant du principe qu’échapper à la réalité est un besoin, je me suis forgé au fur et à mesure que je quittais le monde et les réflexes de l’enfance, non pas en voulant fuir cette réalité mais en la faisant mienne, me servant d’elle comme tremplin vers un chemin d’introspection et de vérité. Ce grand projet est en même temps que l’expression de l’aboutissement d’un parcours de cinq ans riche de luttes et d’enrichissement personnel, l’occasion pour moi de replonger dans les systèmes de jeu qui, enfant, m’ont poussée à m’ouvrir au monde et à développer mes capacités de perception. Ma démarche consiste à considérer l’imaginaire et la création d’une part comme solution face à une réalité (personnelle ou sociale) que je ressens parfois comme traumatisante ou absurde et, d’autre part, comme moyens de célébrer la beauté également contenue dans cette même réalité, que je perçois dans ce que l’humanité entretient de sensible, mais aussi dans le spectacle de la nature et des animaux. Les médiums utilisés vont de la vidéo à la sculpture, en passant par le traitement des images et la création d’objets artisanaux. La fabrication manuelle est fondamentale dans mon travail car elle ajoute à la réflexion l’implication du corps dans le processus de création. Le geste proche, répété, qu’il soit direct ou indirect, est un garant quant à la possibilité qu’auront mes créations d’être habitées de manière tangible par l’intention que je place en elles, de dégager une présence palpable pour ceux qui les regardent. Et enfin que ces choses là soient capables de produire en eux une quelconque résonance.
65 Yann Kebbi Image imprimée La ville, mode d’emploi Mémoire dirigé par Iris levasseur Melting pot Je me sers du motif de la foule, du mouvement urbain, pour créer mon propre univers imaginaire. Le foisonnement de la ville, la discontinuité de nos rapports, l’absurde ballet du quotidien sont autant de sujets qui alimentent mon travail et mes recherches plastiques. Mon moteur est l’expérimentation et le jeu, le mélange des moyens et des genres, la surprise et l’étonnement, la multiplication des regards, la discontinuité, les changements d’échelle… Mon grand projet est ainsi constitué d’explorations visuelles qui visent à imbriquer motifs et techniques, sérieux et fantaisie, structure narrative et tabulaire, citations et inscriptions, etc. Plusieurs ensembles sont ainsi proposés comprenant des séries de grandes images et de projets éditoriaux. La série « Cache-Cache » explore la double lecture que permet un grand format. De loin la foule n’est qu’un motif, un fourmillement, des fragments. De près on peut tisser des liens narratifs, mais aussi confronter les caractères graphiques qui se contredisent. La série « Explosion » explore aussi le rapport entre figuration et abstraction mais d’une manière plus graphique et ludique. Le travail de composition se fait avec des plaques découpées, qui sont ensuite encrées et imprimées en plusieurs passages, jouant sur les superpositions de couleurs et les transparences. Si les séries « Cache-cache « ou « Explosion » abordent l’image « à distance », la série « Corps à Corps « est plus « immersive ». Les personnages et des corps interagissent dans un espace de type sténographique. La partie éditoriale qui comprend des livres, quant à elle, explore la narration de façon délibérément ironique. Elle est un moyen de zoomer sur le motif de la foule, de jouer avec les échelles, de raconter, d’expérimenter les différent formats, et surtout de s’amuser avec le rapport texte et image.
Grand projet avec les félicitations du jury
65 Yann Kebbi Image imprimée
Melting pot Monotypes 110 × 70 cm Crayon et scotch, zoom sur un format 100 × 70 cm
66 Benjamin Klintoe Photo / vidéo
Hospice
66 Benjamin Klintoé Photo / vidéo T1 : Paul / T2 : McCarthy Mémoire dirigé par Clarisse Hahn Hospice Au commencement, il n’y avait pas de photographies. Ni de caméra. Hospice est finalement né de différentes rencontres avec des lieux ou des individus. La première fois que j’ai rencontré Benjamin ou que je me suis aventuré dans la maison d’Adeline, je ne pensais alors pas que je prendrais une seule photographie. C’est après de longues conversations, des moments simples passés ensemble ou de fureteuses promenades, que l’envie d’utiliser un appareil photographique ou une caméra m’est venue. Il ne s’agissait alors pas de documenter un espace ou la vie d’un proche mais plutôt de vivre une expérience particulière, près des personnes que je photographiais ou filmais, dans notre hospice.
Grand projet avec les félicitations du jury
67 Léa Kohane Photo / vidéo Le basculement de la personne au personnage dans le cinéma documentaire à partir de Z32 d’Avi Mograbi Mémoire dirigé par Jean-Claude Pattacini Ces questions que je n’ai jamais osé te poser Dans beaucoup de familles, il existe des silences, des malaises, en relation avec un évènement que l’on préfère taire ou que l’on ne peut exprimer. La peur de se confronter à ses émotions et à celles d’autrui est souvent la raison qui entrave la communication entre les différentes générations. À défaut de connaître la véritable histoire, on la reconstruit à partir des bribes racontées, on déforme la réalité, on imagine le pire. Dans ce film, j’éloigne l’idée de « vérité à découvrir » et tente plutôt de créer un espace de parole. J’entraîne mes aînés, conscients du dispositif filmique, à parler d’un sujet que nous n’avons jamais vraiment abordé auparavant. Techniques : format vidéo HDTV, 16:9, 25 mn 38 s
Mémoire avec les félicitations du jury
67 Léa Kohane Photo / vidéo
Ces questions que je n’ai jamais osé te poser
68 > 110 Fabien Labeyrie Design graphique / multimédia
Conquête de soi(r)
68 > 110 Fabien Labeyrie Design graphique / multimédia If design graphique + code = true Mémoire dirigé par Pierre Hénon Conquête de soi(r) « L’errant en quête du lieu acceptable se situe dans un espace très particulier, l’espace intermédiaire […]. L’errance est certainement l’histoire d’une totalité recherchée […]. Car l’errance n’est ni le voyage ni la promenade, etc. Mais bien : Qu’est-ce que je fais là ? » Alexandre Laumonier, Zones sensibles, dans une lettre à Raymond Depardon. En traitant un sujet comme le clubbing, qui porte l’étiquette de la superficialité, nous avions le désir de réhabiliter son image et d’essayer de comprendre les mécanismes humains qui le faisaient vivre ; car le club, c’est avant tout une société. Nous avons alors démarré un documentaire sur le Pulp, club mythique parisien des années 1997-2007, afin de comprendre pourquoi il représentait dans l’esprit de certains clubbers une sorte de paradis perdu. Au fil de notre enquête, une pratique authentique du clubbing a rapidement émergé, qui sous tendait la recherche et l’affirmation de soi. À partir des captations sonores et des photos prises dans les clubs parisiens actuels, associées aux observations, interviews et recherches documentaires effectués en collaboration avec un sociologue, notre projet se propose de reconstituer visuellement une image humaine et psychologique du Pulp tel qu’on se l’est imaginé. En suivant le fil conducteur de la quête de soi, le projet se décline selon six thèmes qui prennent la forme de six ouvrages imprimés : « La disparition », « La convivialité », « La mise en scène », « L’extase », « L’errance » et « La dissolution ». En collaboration avec Michaël Sok (Image imprimée) Techniques : image numérique, photo, son, vidéo, encre
69 Antoine Lamoureux Image imprimée La représentation de la marginalité Mémoire dirigé par Denis Poupeville Métastases Mon projet se développe autour des notions de dégénérescence et de mutation. La dégénérescence est celle du monde, du corps, de la matière… La mutation, considérée comme le principe qui sous-tend l’évolution des espèces, est vue ici de manière pathogène, résultat d’une catastrophe indéterminée. Le monde post apocalyptique est matérialisé par un fond noir, froid et inconsistant. Il me permet d’isoler les figures qui sont autant de monstres engendrés par la catastrophe. J’ai choisi de développer une vision grotesque et baroque, née de l’impossibilité de susciter la peur par le dessin. Peu à peu, l’interprétation figurative des premiers éléments graphiques a finalement laissé la place à un travail sur la matière même : l’élément représenté devenant une forme organique indéfinie, à la fois figure humaine, élément de paysage, animal, virus… Mon projet est constitué d’une série de dessins de dimensions variables réalisés exclusivement au graphite. Il comprend une sélection de recherches et d’expérimentations autour du thème des métastases, ainsi qu’un livre retraçant l’évolution spatiale et temporelle d’une métamorphose imaginaire. Technique : graphite sur papier
69 Antoine Lamoureux Image imprimée
Métastases
70 Leslie Landucci Design objet
Life Goes On « One Move », système de rangement, acier tubulaire floqué « Holo », horloge vivante, tilleul, tige d’acier, pmma, tulle « Moins le quart », horloge, tilleul, faïence
70 Leslie Landucci Design objet L’uchronie comme moyen de création Mémoire dirigé par Stéphane Degoutin Life Goes On Le TDA (trouble du déficit de l’attention) est un trouble neurologique défini par des problèmes de concentration, une désorganisation chronique, une incapacité à gérer son temps et une procrastination excessive. Ce projet vise à créer des objets aidant à gérer ce trouble au quotidien. Les propositions accompagneront les personnes dans leur vie quotidienne sur des points où aucune médication ne peut agir. Les propositions partent de la pathologie pour arriver à des solutions pour tous les procrastinateurs et les désorganisés, diagnostiqués TDA, mais pas uniquement. Le point central de la recherche repose sur le temps : comment le concrétiser, l’économiser, le décentrer… Avec la collaboration de Cédric Tomissi, Martin De Bie et Raphaël Snow John Techniques et matériaux : acier cintré et floqué, bois de tilleul, faïence, porcelaine, tulle, laiton plié, fil de coton teint à la main
Grand projet avec les félicitations du jury
71 Valentina Lazaridi Architecture intérieure Vers une architecture responsable Mémoire dirigé par Anna Bernagozzi-Lalanne Almaarasan. Résidence hôtelière J’ai choisi d’approfondir ma réflexion sur l’architecture écologique, sujet de mon mémoire, en développant un projet concret. Le projet consiste plus précisément en la construction d’un village dans les montagnes à proximité de la ville, dans lequel les citadins peuvent se reposer et se divertir, tout en demeurant dans une zone naturelle protégée. Pour ce faire, le village comporte une série de petites maisons, munies de tout le confort moderne, dispersées sur le site et un centre d’activités comprenant les services d’information, de restauration, des activités douces. L’implantation se trouve dans les montagnes du Kazakhstan (Asie centrale), à côté de la ville d’Almaty. Je connais bien ce pays pour y être née, qui reste peu connu en France. Il s’agit là d’une excellente occasion d’établir un échange culturel entre les deux pays, si éloignés, autour de la problématique d’actualité et universelle de l’écologie urbaine et de la nature environnante, ainsi que de la réflexion architecturale sur notre façon d’intervenir en milieux naturels.
Mémoire avec les félicitations du jury
71 Valentina Lazaridi Architecture intérieure
Almaarasan. Résidence hôtelière
72 > 41 Pauline Lecomte Cinéma d’animation
Les Valeureux
72 > 41 Pauline Lecomte Cinéma d’animation Mon œil, sa voix, ton image. Le cinéma documentaire ou l’art d’échanger les regards Mémoire dirigé par Paul Sztulman Les Valeureux Brigitte est gouvernante au service d’une noblesse en déclin. Benjamin et ses copains traînent leurs baskets dans un terrain vague. Ils dessinent à leur manière la vie d’une ville de province cernée par une campagne monotone, qui ploie sous l’histoire fastueuse des Bourbons. Entre réminiscences d’un passé aux codes désuets et esquisses d’un futur inconsistant, ils traversent une époque qui piétine et se transforme laborieusement. En collaboration avec Marine Feuillade Techniques : 28 mn, BetaCam, HD, 16:9, couleur ; musique originale : Requiem pour violoncelles et piano de Popper, Bambino de Plastic Bertrand ; mixage son : Christian Phaure
73 Murielle Le Guennec Design objet De l’objet humoristique au design blague Mémoire dirigé par Bernard Justin Jeux d’appétit ! Ce projet est une gamme d’accessoires de table ayant pour but de favoriser les interactions, les échanges lors du repas. L’objectif est de créer un espace ludique et vecteur de liens sociaux. J’ai choisi le repas car c’est un moment privilégié, le moment de réunion assis autour d’une table, propice à l’échange, au partage et au dialogue. Ma gamme d’objets se compose de linge de table avec nappes et sets, jeux de table, accessoires… Ces objets sont des dispositifs conviviaux et pratiques pour faire connaissance autour du jeu, favorisant le lien social. Ils se veulent amusants, pratiques, destinés à toute la famille, à utiliser quotidiennement ou ponctuellement, seul ou à plusieurs. Ils permettent d’échanger, de partager, de discuter, de s’amuser avec son voisin de table et de passer un bon moment. Le lien festif permet de créer un moment de convivialité familiale ou amicale pendant le repas. L’autre but du projet est de créer la surprise ainsi que d’occuper les convives lors du repas et pendant la préparation. Les jeux comportent des règles simples et compréhensibles rapidement. Ils sont nomades, faciles et rapides à installer. Fabriqués avec une certaine économie de moyens, les dispositifs se veulent abordables, accessibles au plus grand nombre, bon marché. Le graphisme manuel et spontané du dessin fait main procure un côté unique à l’objet. Chaque produit est associé à un prénom pour ainsi donner une personnalité à l’objet et renforcer son identité. « La nappe golf » Le kit « nappe golf » est un peu pour l’apéritif. Il est composé d’une valisette contenant une nappe, 6 serviettes de table, 6 pistes de jeu, 6 clubs de golf et une barrière. Les balles de golf utilisées sont des biscuits apéritifs en forme de balles, de type crackers, cacahouètes enrobées, noix… Le parcours est composé de 6 pistes en bois de différents niveaux. Les plateaux de jeu (pistes en bois) doivent être posés à leurs emplacements spécifiés sur la nappe. La barrière peut être posée autour des pistes afin d’éviter les dérapages de balles. Le but est de créer du lien social par le jeu. « La nappe mer » Le kit « nappe mer » comporte une nappe, des serviettes de table, des emporte-pièces permettant de fabriquer des gâteaux à pêcher, un mode d’emploi, des cannes à pêche. A l’aide du kit, avant de recevoir ses invités, l’hôte prépare des gâteaux à pêcher. Les convives les pêcheront avec les cannes à pêche fournies et pourront les manger. Ce jeu permet de créer un moment de convivialité, moment ludique pendant le début du repas et ainsi « briser la glace » entre des invités qui ne se connaissent pas forcément.
73 Murielle Le Guennec Design objet
Jeux d’appétit ! « La nappe golf », « La nappe mer »
74 Quentin Letout Cinéma d’animation
Hollows, For The Love Of Things That Grow
74 Quentin Letout Cinéma d’animation Le corps dansant au cinéma Mémoire dirigé par Sébastien Laudenbach Hollows, For The Love Of Things That Grow Cette fresque romantique suit les déambulations d’un personnage obèse dans les entrailles d’un monde industriel post apocalyptique. Aux côtés de ses congénères il redécouvre la vie, l’envie, l’amour et la mort de son âme sur une musique symphonique. C’est un rituel que l’on pourrait penser millénaire, répété depuis la nuit des temps, dont on ne suit que la trace, comme le souvenir d’un évènement déjà passé et qui se veut la satire d’un éternel recommencement des erreurs humaines. Nourrisson instable, adolescent transi, il passe de la faim à l’amour comme du désir à la vanité et ce jusqu’à l’éveil, le temps d’un fantasme supplémentaire. Sa chute n’est qu’un recommencement, un retour aux sources même de ce qui fait de nous des hommes. La déception sera amère. Gérard de Nerval affirmait que la lumière émanait de toutes choses dans ses rêves. Que jamais l’on ne faisait face à une lumière directe comme le soleil. Ces « auras » émanant des choses et des êtres se mêleraient pour rendre un spectacle incertain du monde. J’ai tenté de reproduire ce « brouillard métaphorique » qui finit par entourer la réalité si bien qu’il nous devient parfois impossible d’en discerner les véritables contours. J’ai voulu qu’on puisse avoir rêvé cette « réalité ». Elle deviendrait alors idéalement la base tangible d’un échange avec le spectateur Le personnage porte dans son excès de graisse son incapacité à communiquer, à anticiper ou à se souvenir. Il est irrémédiablement ramené au présent par son physique lourd, ne réagissant aux évènements que pour mieux les subir. Mais le monde dans lequel il évolue suit ses propres règles et lui facilite le chemin autant qu’il le freine. Il arbore métaphoriquement les maux de l’humanité comme pour mieux s’éloigner du divin dont il cherchera pourtant toujours à se rapprocher. Cette dichotomie perpétuelle se solde ici par le refus du point oméga de son évolution et le retour au ventre de la mère, entraînant un cycle. La placidité qui se dégage de l’univers du film adoucit sa portée critique. La satire devient poème et le cynisme se change en empathie. Techniques et matériaux : le film utilise une technique composite. Les personnages sont en dessin 2D, texturés à la peinture à l’huile. Le tout est recomposé dans un décor dont l’unité graphique est obtenue par sa projection au travers de différents papiers calques et de papier de soie.
75 Jonathan Liebermann Design graphique / multimédia L’œil dans le doigt. Réflexion sur l’intelligence tactile Mémoire dirigé par Laurent Ungerer myKey. Mouse. Interface personnelle de saisie tactile contextuelle Je suis convaincu que notre façon d’interagir avec l’ordinateur n’est pas satisfaisante et loin d’être optimale. Je soutiens qu’il est donc possible de développer une solution innovante qui soit le prolongement de nos habitudes et de nos usages. J’ai voulu réaliser pour cela une nouvelle interface. Pour mémoire, le terme d’interface désigne la surface qui sépare deux milieux, deux entités. Ici, il s’agit de l’Homme et de la machine. J’essaie de trouver une façon d’améliorer leurs échanges, en me servant des nouveaux usages générés par les outils, dits « tactiles ». C’est tout un système informatique que je propose à travers ce projet. Ce système doit permettre à chacun de communiquer avec les ordinateurs de façon plus adaptée, plus personnelle, plus efficace et plus confortable. Il est pensé pour être indépendant de l’outil, du système d’exploitation ou de l’environnement. Cependant ce projet s’inscrit bien dans le réel en prenant en compte ce qui existe, ce que nous utilisons. Je présente ainsi une approche originale de notre façon d’interagir avec l’ordinateur, en évitant d’entrer en rupture avec notre expérience et avec l’existant.
75 Jonathan Liebermann Design graphique / multimédia
myKey. Mouse. Interface personnelle de saisie tactile contextuelle Emploi de l’interface de saisie sans et avec stylet, site internet
76 Alicia Luxem Architecture intérieure
L’alluvion des temps. Renaissance de la papeterie du Moulin de Sainte-Marie, Boissy-le-Châtel (Seine-et-Marne) Maquette avec zone d’intervention La bibliothèque, la salle à manger, le studio sud-ouest, le hall
76 Alicia Luxem Architecture intérieure Les grands ensembles: utopie ou réalité ? Mémoire dirigé par Élise Capdenat L’alluvion des temps. Renaissance de la papeterie du Moulin de Sainte-Marie, Boissy-le-Châtel (Seine-et-Marne) C’est à travers ma rencontre avec la Galleria Continua que j’ai découvert le site du Moulin de Sainte-Marie. Ancienne papeterie du XVIIIe siècle, cette manufacture fabriquait du papier pour la lithographie. Après avoir visité le site à plusieurs reprises, j’ai été touchée par son atemporalité. Auparavant animés par le travail de nombreux ouvriers, les espaces monumentaux dotés de machines gigantesques offrent aujourd’hui à cette ancienne manufacture un site désert où le silence règne. Juste le bruit de l’écoulement de la rivière du Grand Morin se fait entendre. J’ai trouvé ce lieu d’autant plus beau qu’il porte les cicatrices du temps – d’où le titre L’alluvion des temps ; il est visible sur les façades du moulin du fait de l’amalgame des époques de construction, « l’alluvion » étant la sédimentation laissée par l’eau. Ici ce sont les traces du temps qui restent sur l’architecture, et pourquoi « des temps » car normalement le temps se décline au singulier. Mais pour moi c’est comme la rivière, au singulier mais composée d’infinies gouttes d’eau comme le temps d’infinies secondes qui s’écoulent sans cesse, c’est l’éphémère qui s’éternise. Ce sont justement ces traces de chaque instant de la vie du Moulin de Sainte-Marie qui rend ce site aussi beau et singulier. J’ai décidé d’y créer une résidence d’artistes pour six artistes de six disciplines diverses : la photographie, le design vêtement, l’architecture, la scénographie et la musique avec le souhait de rencontres pour créer de nouvelles formes d’inspiration et d’échanges. J’ai choisi de m’implanter dans la partie la plus ancienne du moulin, celle qui longe la rivière. C’est l’histoire intemporelle et universelle de Siddhartha qui a été mon fil conducteur immatériel dans le développement de cette résidence d’artistes. Hermann Hesse, qui a écrit ce roman philosophique, s’inspira de la vie de Siddhartha Gautama, dit « le Bouddha », à la recherche de l’Atman. Siddhartha trouve à travers son cheminement spirituel et ses différentes expériences ses réponses dans l’écoute de la rivière. Un autre élément important qui m’est cher est la lumière naturelle à laquelle je voulais prêter une attention toute particulière. J’ai observé l’interaction de la lumière naturelle dans les divers espaces de Sainte-Marie et cela m’a servi de points de base. La lumière en relation avec la rivière et les reflets qui rythment l’éclairage des murs et des plafonds ont été des éléments clefs. C’est aussi à travers les jeux des ouvertures déjà existantes et pour la plupart rebouchées au fil des années que reprend vie cet ancien Moulin marqué par les alluvion des temps.
77 > 13, 116 Benjamin Mahieu Architecture intérieure Initiation spatiale, les trois grandes influences chez l’enfant Mémoire dirigé par Sylvestre Monnier Roues libres Après s’être questionnés sur la façon dont nous voulions travailler dans le domaine de l’espace, nous avons émis des hypothèses de travail pour notre diplôme avant même d’avoir un projet. Il s’agissait, en s’appuyant sur un réseau de références et d’expériences communes, d’esquisser une pratique de l’architecture que nous souhaitions expérimenter et qui nous semblait faire sens. Ces hypothèses, définies plus bas, ont séduit une entreprise sociale au Vietnam qui avait besoin de construire un centre de formation pour adultes handicapés qui intégrerait atelier, logements, espace de restauration et showroom, un « village » de 1 600 m². Nous avons donc été invités par cette entreprise au Vietnam, Reaching Out, à venir les rencontrer et discuter de ce que nous pourrions faire ensemble. Notre volonté était d’articuler notre pratique autour du concept de capacitation qui consiste à lier le projet au contexte socio-économique, en donnant (souvent par le biais du chantier dans le domaine de l’architecture) les moyens théoriques et pratiques aux commanditaires et à la population locale de devenir en partie autonomes. Et c’est comme cela que procède Reaching Out dans le domaine de la formation : les handicapés sont formés à l’artisanat traditionnel puis gagnent leur vie de façon autonome comme n’importe quel artisan salarié de l’entreprise. Cette résonance des pratiques – Reaching Out emploie aussi le terme d’empowerment – dans des champs pourtant différents, nous a logiquement rapprochés et a été une base réflexive pour nos échanges autour du projet. Ce voyage de trois semaines à Hoi An a été l’occasion, grâce à un échange quotidien avec les commanditaires, les artisans et la population locale, de s’imprégner du contexte en construisant une très vaste base de données à la fois « humaine » (sociologie, économie, rapport à l’espace habité, savoir-faire…) et « technique » (climat, matériaux, outils, méthodes de mise en œuvre…) sur laquelle s’est appuyé notre projet tout au long du processus créatif. C’est d’ailleurs grâce à l’analyse de toutes ces données que nous avons pu déceler des potentiels locaux, tels que certains principes architecturaux vernaculaires liés au climat qui, liés à un regard et un savoir-faire contemporains, seront réinterprétés, améliorés et intégrés à une réponse spatiale moderne. Nous espérons en effet poursuivre notre démarche – si le projet se réalise – jusqu’à cette étape que nous souhaitons faire vivre comme un « chantier école » où les éléments théoriques et techniques seront affinés et transmis in situ pour qu’ils soient réutilisables pour d’autres réalisations. En collaboration avec Philippe Bonan et Aurélien Thibaudeau
77 > 13, 116 Benjamin Mahieu Architecture intĂŠrieure
Roues libres
78 Xavier Majewski Design graphique / multimédia
Cheminer
78 Xavier Majewski Design graphique / multimédia Concevoir et méthodes Mémoire dirigé par Philippe Millot Cheminer Au cours de l’écriture de mon mémoire, j’ai étudié les méthodes de conception relatives au design. J’en conclue qu’il n’existe pas réellement de méthodes pour le design. Une méthode est un gage d’efficacité, on l’utilise en escomptant un résultat. Le design a plus à voir avec le cheminement, on ne sait jamais où l’on va et surtout l’on ne peut pas parler de résultat en design : on ne peut jamais affirmer d’un objet qu’il est « réussi » au sens strict du terme. Ainsi mon terrain d’étude porte sur le cheminement dans la conception. En poursuivant les entretiens initiés durant mon mémoire, je découvre qu’aucun designer ne s’intéresse aux façons de faire des autres. Au contraire, chacun travaille à sa propre singularité, à sa propre intelligence. Cette conclusion me pousse à questionner mon propre cheminement. Je décide de me concentrer sur trois problématiques qui me tiennent particulièrement à cœur : la forme inspirante, la mémoire des formes et la forme de la mémoire. Pour chacune des problématiques, je définis une vingtaine d’expérimentations. Bien vite, je me rends compte qu’il est difficile d’être son propre cobaye. Je retire cependant de ces expérimentations des formes inédites. Je décide alors de prendre le contre-pied du cheminement classique : je pars de ces formes pour atteindre des hypothèses d’application. La réalité a, en effet, beaucoup à nous apprendre et nous gagnons à suivre le résultat de nos expériences. Cette année a été l’occasion de mettre en place une forme de laboratoire personnel qui m’a permis d’expérimenter les différents chemins du faire.
79 Juliette Mallet Image imprimée Iconographie érotique japonaise Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Portraits de femmes. Charlotte, Agathe et Constance De simples prénoms… Mes trois meilleures amies, mes proches… Que signifient la féminité, l’intimité, l’intimité sous le regard d’une femme ? Mes modèles se sont livrés avec simplicité et confiance lors des nombreuses séances de pose qui se sont déroulées pendant cette année. Chez elles, j’ai pu les saisir dans leur quotidien. Détendues, elles se sont abandonnées avec confiance et complicité sous mon regard scrutateur. Mon projet rend compte d’un regard féminin sur la féminité. Il se décline en deux ensembles éditoriaux. Le premier, intitulé « Petites généralités sur Charlotte, Agathe et Constance », est constitué d’un ensemble de gravures associées à des commentaires personnels. Il tente de saisir mes modèles à recul égal. Le second, intitulé « Proches », réunit les recherches plastiques suscitées par les relations plus intimes avec mes modèles. Je m’appuie sur leurs mots. Je m’octroie plus de liberté. Mon approche plus diversifiée multiplie les regards.
79 Juliette Mallet Image imprimĂŠe
Portraits de femmes. Charlotte, Agathe et Constance
80 > 120 Pauline Marcyniuk Architecture Intérieure
.RAR. Une résidence d’artistes au Raincy Vue de jour, variations containers, hall d’accueil et café
80 > 120 Pauline Marcyniuk Architecture intérieure Habiter l’espace avec plaisir Mémoire dirigé par Olivier Peyricot .RAR. Une résidence d’artistes au Raincy Le format de fichier .RAR a été créé pour stocker et compresser l’information dans le but de mieux la diffuser. Ce projet vise à rassembler et à promouvoir la création artistique internationale, dans toute ses expressions, par le biais d’une résidence d’artistes associée à des relais d’informations mobiles, dits les « modules voyageurs ». Connectés au réseau des transports urbains d’Île-de-France – et plus particulièrement à la ligne E du RER – ces modules voyageurs ont pour intention de capter et solliciter l’attention des passants pour leur donner envie de se rendre au .RAR, situé en périphérie de l’agglomération parisienne. Implanté le long des voies du RER E, .RAR accueillera une structure adaptée, en termes d’équipements, de matériel et d’espace, offrant à des artistes internationaux comme à de jeunes créateurs les moyens de mener un projet personnel dans sa totalité. Il s’agira ainsi d’amener le public à une autre expérience du musée, lui permettant de suivre de A à Z les différentes étapes de production. Soutenir la création, aider à sa diffusion tout en favorisant l’échange et la rencontre, tels sont les trois grands enjeux qui régissent le .RAR. En collaboration avec Maud Tyzon
81 Louis Marraud des Grottes Design objet La valeur de l’objet à l’ère du jetable Mémoire dirigé par Alexandre Fougea Albert J’ai travaillé avec une tôlerie-chaudronnerie pour mettre en avant un métier, lui donner un éclairage nouveau. L’entreprise s’inscrit dans une autre échelle et un autre environnement en développant une collection de mobilier en aluminium. Ma recherche est axée sur des effets de pliage, pour structurer et optimiser la matière. Ainsi, le métal se révèle sous un autre jour, léger, sensuel. Une étagère, un luminaire, un bureau et des contenants apparaissent ainsi dans nos usages, au quotidien, issus de cet univers industriel. En partenariat avec DVAI
81 Louis Marraud des Grottes Design objet
Albert
82 Laura Martinez Design objet
Tonga Soa
82 Laura Martinez Design objet Designers d’ailleurs, d’après un voyage à Madagascar Mémoire dirigé par René Lesné Tonga Soa À Madagascar, la vannerie artisanale ancestrale est en train de disparaître. Destruction des forêts, absence de locaux adaptés et manque d’imagination en sont les principales causes. Le design peut aujourd’hui éveiller les consciences des populations – sur place comme à l’étranger – à l’importance de préserver la tradition pour l’adapter au monde actuel. Mon projet se présente sous la forme d’une collection de nouveaux produits, qui associent la technique de la fibre avec d’autres matériaux. Ce nouveau processus de fabrication permet à différents artisans de s’unir et de travailler main dans la main : vanniers, forgerons, tailleurs de métal et couturières. Un nouveau tournant pour l’artisanat du pays. En partenariat avec les artisans de la société Ravak’art, à Mahajanga (Madagascar), avec le soutien des Bourses Déclics Jeunes de la Fondation de France
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
83 > 105 Anaïs Mathieu Design graphique / multimédia De l’esthétique et de la nourriture Mémoire dirigé par Margo Rouard-Snowman Crumoco Ce projet collaboratif a été guidé par une envie commune de travailler autour du repas et de son rôle sociabilisant. Notre but étant de mettre en place un repas collectif, il nous fallait donc un contexte d’expérimentation viable. Nous avons ainsi eu l’idée de nous intéresser aux cafés associatifs, en particulier le café d’Aligre, à côté duquel se trouve le marché du même nom, le moins cher de la région. Suite à nos recherches sur les modèles existants, nous avons proposé un atelier de cuisine collective afin d’inviter les gens à se retrouver autour de la confection et le partage d’un repas. Car si la prise du repas est collective, sa réalisation l’est souvent moins. Pour y remédier, nous avons conçu d’une part une recette collective sous forme de cartes où toutes les actions de préparation sont réparties entre les différents acteurs du repas. D’autre part, nous avons mis au point une cuisine nomade rassemblant les contenants, outils et accessoires nécessaires à la préparation et à la dégustation d’un menu cru. L’ensemble se veut ludique pour rendre la tâche conviviale. Ce dispositif a été testé dans le café, proposé comme des ateliers ouvert à tous. Cela nous a permis d’observer les réactions des participants et de faire évoluer le projet suivant leurs avis. Cependant son rôle ludique, sociabilisant et formateur, appelle à d’autres lieux comme des écoles, des associations ou d’autres collectivités, dans lesquels les usagers s’approprieraient librement Crumoco. En collaboration avec Marie Riegert (Design objet) Technique et matériaux utilisés : plastiques (PVC, ABS thermoformés), carton et textile
83 > 105 Anaïs Mathieu Design graphique / multimédia
Crumoco Cartes recette ; un participant en action
84 Anne Merlin Design graphique / multimédia
Elsewhere Photographies d’une campagne d’affichage à Kiziltepe ; affiche intégrant un code QR renvoyant à la présentation numérique d’une expérience cartographique à Derik (Turquie) ; livre documentant une installation sur les toits de la ville de Mardin
84 Anne Merlin Design graphique / multimédia Livrée de voyage Mémoire dirigé par Serge Verny Elsewhere « Les cartes sont utiles pour s’orienter à chaque hésitation sur notre destination et donc presque sur notre destinée ; d’autant qu’un chemin, parfois, semble le miroir d’un autre. Les cartes sont également des objets que nous utilisons pour rêver, fasciner, […] atteindre, décorer, instruire, […] accueillir, se perdre, projeter, aménager et jouer ; jouer aux cartes, avec le double sens de la carte à jouer et de la carte géographique. » Jean Luc Brisson En me plongeant dans l’histoire de la cartographie et l’évolution de ses fins, entre navigation et mimétisme ; en observant ses orientations contemporaines, la représentation du mouvement, le tracé des flux humains, la participation d’utilisateurs, j’ai décidé de travailler à la représentation d’itinéraires de voyage. Je me suis inspirée des modes de représentation des portulans, les cartes de navigation maritime, des réseaux, des planisphères, des globes terrestres et célestes afin d’imaginer des objets invitant au dialogue entre espace réel et espace numérique. En recherchant à lier l’expérience empirique du voyageur et son récit, le parcours d’un espace géographique et sa représentation, j’ai imaginé des objets et procédés permettant à chacun de laisser sa trace physique dans des lieux réels tout en y associant un chemin vers sa représentation numérique. Pour appliquer mes recherches, j’ai animé des ateliers sur la représentation d’itinéraires dans le cadre du Uluslararası Mezopotamya Sirk ve Sokak Sanatları Festivali, un festival d’arts de la rue se déroulant dans le district de Mardin (Turquie). Il réunit une cinquantaine d’artistes internationaux pour 10 jours de performances réparties dans 10 villes de la région. En partenariat avec le district de Mardin, j’ai invité les artistes du festival à utiliser mes objets et procédés afin de représenter leur parcours dans la région. Cette expérience est illustrée par les traces laissées par les artistes dans chaque ville d’intervention et par l’objet numérique retraçant leurs parcours croisés. Techniques et matériaux : programmation, édition, affichage, installations
85 Anne Morel Cinéma d’animation Les passions du sexe invisible Mémoire dirigé par Georges Sifianos Tu seras un homme À la suite de la destruction d’Internet, la civilisation, victime de sa propre informatisation, s’est effondrée. La crise paralysant un par un les gouvernements, l’humanité se voit progressivement divisée en deux camps : les « Hackers » et les « Inquisiteurs ». Ils se battent l’un pour la sauvegarde et l’autre pour la destruction complète des « Namos » (Numerical Artificial Memory Organic System ou Système organique à mémoire numérique artificielle). Cette race d’humains clonés est utilisée comme ordinateur vivant, agent de liaison entre le monde des hommes et le nouvel Internet, l’UNETRA. Jasper, le personnage centrale de Tu seras un homme, est l’un des visages les plus emblématiques de cette recherche. Son histoire et ses attitudes contradictoires lui font se poser des questions non seulement d’ordre éthique mais aussi moral. Intellectuel et inquisiteur, adolescent à la tête d’une bande de gamins des rues, vulgaire et à la fois raffiné, il cherche sa propre définition de l’humain mais applique les lois extrêmes du clan auquel il appartient. À ses idéaux se confrontent les valeurs du poème Tu seras un homme, mon fils (If) de Rudyard Kipling, son guide spirituel et compagnon de chevet, dans une sorte d’équilibre que l’arrivée de Leto la bizte chamboulera. Tu seras un homme est un épisode des Chroniques de la Rift, saga de huit courts et d’un long métrage, relatant l’existence des « Namos », depuis leur création jusqu’à leur destruction, sur une période d’un siècle. Docile, les « Namos » ont servi les hommes, asservis par un programme de contrôle, implanté à même leur cerveau. Jusqu’au jour où certains d’entre eux parvinrent à outrepasser les limites de leur programme, s’éveillant comme humain. Suite à cela, un conflit s’engagea entre les humains, pour déterminer si les « Namos » pouvaient être reconnus comme des êtres humains à part entière. Deux questions fondamentales traversent chaque épisode de cette saga : Qu’est-ce qu’être humain ? Qu’est-ce que ne pas l’être ? Au travers de cette recherche de frontière entre l’humain et le non humain, se développeront des débats lancés par les personnages de la saga, par leurs actions ou leurs discussions sur la tolérance, l’appréhension du comportement de groupe et la définition même de leur existence. Techniques et matériaux : support numérique avec animation via Photoshop® et After Effects®, compositing pictural de dessin, peinture numérique et texture photographiée, animation traditionnelle, dessinée image par image.
85 Anne Morel CinÊma d’animation
Tu seras un homme
86 Marie-Luce Nadal ScĂŠnographie
Talweg
86 Marie-Luce Nadal Scénographie Espace vide Mémoire dirigé par Bernard Schira Talweg Ce dispositif scénographique souhaite, en partant du Bateau ivre d’Arthur Rimbaud, transmettre une expérience sonore, visuelle et olfactive. Le Bateau ivre est un poème qui nous transporte à travers un récit de voyage, de découverte. Rimbaud tente de rendre visible la confrontation de l’homme à la nature, de l’homme à son élément. Par une immersion dans le langage, le poète entre dans son environnement. De l’attitude de l’auteur dans ce récit poétique ressort un état de passivité, proche de l’état léthargique du dormeur où toute l’action se passe dans le rêve. Partant de ce récit passif, j’ai voulu créer un univers onirique qui restitue le paysage sonore et spatial propre au poème. Ici la scénographie est donc une invitation à la déambulation autour d’un dispositif composé de plusieurs objets qui s’animent, au rythme du récit. Au dessus d’eux flotte le regard d’une caméra, qui retransmet en temps réel, tout autour de nous, ce qu’elle perçoit. Au fur et à mesure de l’évolution du poème, le rapport sujet/objet se modifie vers un rapport de sujet baigné dans une atmosphère, tout comme le poète fini par baigner dans la langue. Ces objets que l’on regardait à distance, avec une certaine maîtrise sans que cela nous atteigne fondamentalement, se mettent progressivement à gagner tout l’espace jusqu’aux frontières de la salle, à nous entourer, et nous finissons par être pris par les choses, captifs. De ce dispositif, composé de texte, d’objets, de voix, d’odeurs, de vidéos, émane un rythme. Et les différentes strates qui composent cette pièce mettent en résonance ou au contraire en friction Rimbaud avec ce qui l’entoure. C’est parmi toutes ces strates qu’existe le spectacle. De la distance de l’objet au sujet actif, nous passons à un espace où le sujet devient passif, ravi. L’univers physique de transforme peu à peu pour laisser place à un univers onirique, « […] par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. » Techniques et matériaux : objets mobiles, vidéo
87 Jean-Baptiste Née Scénographie Le chemin du regard Mémoire dirigé par Marc Tanguy La Cerisaie, d’après Anton Tchekhov La Cerisaie nous fait assister à l’émergence du capitalisme. La finance, la promotion immobilière, l’intensification des moyens de communication et de transport y sont subtilement pointées comme le pendant à l’effondrement de l’ancien monde aristocratique, dans lequel la beauté et la mémoire avaient une place, une cerisaie. Aujourd’hui, nous prenons largement conscience – avec la crise financière et morale que traverse l’Occident – de ce qu’implique le modèle capitaliste en terme d’assèchement de la spiritualité. Cette actualité toujours vivante du texte se traduit dans la scénographie que je propose par le refus d’un décor et de costumes « d’époque ». Je n’ai cependant pas voulu non plus d’une adaptation strictement contemporaine car quelques éléments du texte résistent à une transposition complète de La Cerisaie de nos jours. Or ce qui m’intéresse n’est pas de simplifier le texte mais d’en rendre la richesse. C’est dans cette perspective que se pose la question principale qui a structuré ma proposition : doit-on montrer la cerisaie ? Aucun acte ne s’y déroule alors qu’elle est au cœur du texte. C’est sur elle que se cristallisent les valeurs des personnages : lieu de beauté pure et de mémoire pour les rêveurs (Leonid et sa soeur) ; espace au contraire « inutile » pour le matérialiste Lopakhine, mais dont la richesse réside dans le grand potentiel de rentabilité ; enfin, lieu hanté par des générations de maîtres et d’esclaves pour l’étudiant révolutionnaire Trofimov. Chacun y projette une valeur, un souvenir. Elle incarne une parabole. Laisser libre l’imaginaire du spectateur. « À quoi servirait-il […] de donner le plan de la chambre qui fut vraiment ma chambre […]. Moi seul, dans mes souvenirs d’un autre siècle, peux ouvrir le placard profond qui garde encore […] l’odeur unique, l’odeur des raisins qui sèchent sur la claie. L’odeur du raisin ! » (Gaston Bachelard). N’en va-t-il pas de même de l’odeur des cerises ? Je situe l’action sous un grand dôme de verre, une « serre ornementale », inutile et dispendieuse : luxe et majesté mis au seul service de la beauté. Une serre qui n’en est pas une, tout comme cette cerisaie n’est plus un verger de rapport. Une verrière, donc, mais aux vitres translucides et non transparentes, qui fonctionne comme une interface entre intérieur et extérieur, une membrane lumineuse. Rétro éclairée, des ombres de branches viennent s’y projeter : ambiguïté entre des arbres réels qui projetteraient leur ombre et des arbres fantasmés par les personnages, mais projections dans les deux cas. On les sent vivants, grâce au doux balancement des branches au vent, mais fragiles : un nuage qui passe suffit seul à les rendre invisibles. La présence de la cerisaie est enveloppante physiquement puisqu’elle épouse la forme du dôme, enserre les acteurs, mais suffisamment en retrait pour ne pas entraver l’imagination… ni les déplacements des acteurs. Au contraire, sans rétro éclairage, la verrière devient un gigantesque miroir déformant, enfermant. C’est ce dialogue entre matérialité et immatérialité qui me semble intéressant dans le travail des ombres et des reflets. La cerisaie est déjà « spectrale », dirait Georges Banu, elle appartient au royaume des ombres, celui qu’il faut défendre ou oublier pour vivre le présent en paix. Techniques et matériaux : maquette au 33e du décor dans le théâtre des Amandiers (105 × 45 × 65 cm) ; bois, PVC, PMMA, carton plume, tissu, peinture Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
87 Jean-Baptiste Née Scénographie
La Cerisaie, d’après Anton Tchekhov Acte I. La petite chambre des enfants, vidéoprojections de silhouettes d’arbres dans des ombres réelles Acte II. Partie de campagne en extérieur, percée lumineuse, vidéoprojection Acte III. Une fête inopportune, décalage entre les reflets déformés et colorés des danseurs et une lumière de clair de lune en vidéoprojection
88 Oubadah Nouktah Art espace
Love (١٥٧٤) « Love (١٥٧٤) Story », impression sur bâche, 830 × 90 cm, 2011 « Time Love (١٥٧٤) Door », structures métalliques, toit filet militaire, rideau guirlandes noires, écran, ordinateur, baffles, 200 × 130 × 150 cm, max 250 cm au sol, 2012 « Impeccable », vidéo, 12 mn 25 sec, 2010
88 Oubadah Nouktah Art espace L’amour sans titre Mémoire dirigé par Stéphane Degoutin Love (١٥٧٤) Les éléments archétypaux et les symboles coupés de leur source originelle posent l’équilibre entre signes d’une spiritualité renvoyée à son opacité et l’extravagance du décoratif. Par la réappropriation et le détournement qu’opèrent ces objets, une nouvelle dimension d’identification qui manifeste l’expression d’un folklore expansif et purement fantasmé est mise en place. Cette appropriation engendre un carnaval de motifs et de couleurs, ornementation qui intègre les signes pour en engloutir le sens tout en devenant le vecteur obscur, dans une fossilisation mystérieuse. En Orient, l’ornement se substitue à l’image de la figure humaine et devient porteur d’un sens toujours fuyant à travers des ligne sinueuses. L’objectif de ce travestissement a pour but de révéler un nouveau monde, composé d’éléments a priori ordinaires. La collision d’objets profanes et de symboles sacrés ouvre la voie à une cosmogonie séculaire. Ce mariage de signes et de paillettes fait de chaque objet une cérémonie, une explosion de de joie, un tremblement de terre, une guerilla sentimentale dont Love (١٥٧٤) est l’étincelant catalyseur.
Grand projet avec les félicitations du jury
89 Mathilde Pellé Design objet Besoins proclamés : se nourrir, se reproduire. Quand l’Homme rejoue plaisirs et fonctions Mémoire dirigé par Bernard Schira Le poids des choses Ce projet situé aux limites d’un design pragmatique et d’une expérience émotionnelle de l’usage a conduit à la réalisation d’une étagère et d’un guéridon. Ces deux éléments réagissent au poids des objets que l’on pose dessus ou que l’on enlève. Comme pour répondre au geste, ils entrent en mouvement, conduits par leurs propres lois. Par des moyens exclusivement mécaniques, ils scénarisent la gravité, sensation pratiquée et intelligible par tous. Là où un élément de mobilier conventionnel incarne l’immobilité parfaite, ceux-là cèdent, déploient une partie cachée ou se rétractent, déjouant la fonction. Mobiliers mobiles, à la recherche de leurs équilibres, ils font semblant d’attendre un geste de notre part. Matériaux : acier, contre-plaqué de bouleau, béton
89 Mathilde PellĂŠ Design objet
Le poids des choses
90 Dan Perez Photo / vidéo
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90 Dan Perez Photo / vidéo L’infini sous contrainte Mémoire dirigé par Henri Foucault untitled1 / untitled2 / untitled3 / untitled4 Techniques : installation de quatre vidéos
91 Naïmé Perrette Cinéma d’animation Incarner la fiction : le corps à l’épreuve Mémoire dirigé par Georges Sifianos Momentum En anglais, Momentum signifie élan, impulsion . En latin, le sens englobe le mouvement, le changement et l’écoulement du temps. Ici, Momentum est une calme apocalypse. Ce film se construit sur une série de tableaux, des visions fantasmées d’un monde qui bascule lentement. Techniques : vidéo, effets spéciaux et déformations optiques
91 Naïmé Perrette Cinéma d’animation
Momentum
92 Mina Perrichon CinÊma d’animation
La Reine des neiges
92 Mina Perrichon Cinéma d’animation Des femmes et des contes, le cas de la Reine des neiges Mémoire dirigé par Serge Verny La Reine des neiges Ce court métrage animé fait suite à mon mémoire qui se concentrait sur l’étude des personnages féminins. L’adaptation a deux objectifs principaux : faire découvrir ce conte méconnu en France à un public aussi large que possible ; mettre en avant les différents décors qui sont autant de facettes que d’états par lesquels l’héroïne passe lors de son voyage initiatique. Pour toucher un large public, il faut faire un film compréhensible par les enfants sans pour autant être simpliste aux yeux des adultes. Il faut mettre en scène des personnages auxquels on peut s’identifier, peu importe sa culture. Silhouette à l’identité neutre, on peut prêter n’importe quel visage à l’héroïne de ce conte. Le véritable personnage principal de ce film est son décor sans cesse changeant et expressif. Il reflète l’état d’esprit et l’évolution psychologique de l’héroïne au cours de ce voyage initiatique. Tout le long de son périple, l’héroïne passe de lieux clos en lieux clos. Pour cela elle emprunte des chemins de moins en moins bien tracés : du courant de la rivière aux territoires vierges du Grand Nord. Elle s’éloigne de plus en plus du connu, passe du cercle familial chaleureux au palais glacial vide dans un espace dépeuplé. Techniques et matériaux : animation stop motion en papier, compositing
93 Jennifer Pineau-Ledreney Design vêtement Monochrome chamarré ou le discours du silence Mémoire dirigé par Vonnik Hertig Muein Muein a donné naissance au mystère, et dans un monde où l’on cherche à tout expliquer, il intrigue. Il est ce qui séduit irrésistiblement et ce qui terrifie, ce qui pousse à connaître et ce qui doit rester incompréhensible. Un paysage merveilleux, souterrain, aux excavations sombres et à la profondeur abyssale, je parle ici d’un corps doté de pouvoirs mystiques et d’une beauté énigmatique. Ce corps qui fait de nous des êtres vivants puis qui nous rend poussière. Ce corps qui nous donne une âme. Ce corps séduisant et émouvant, pourvu de dentelles, de broderies de perles et de tissus froissés. L’anatomie réserve bien des aventures. En effet, des muscles aux organes en passant par les réseaux nerveux, le corps humain offre incontestablement une diversité d’images, de textures et de systèmes. Les tensions musculaires telles des peintures de Pierre Soulages, les entrelacs nerveux et les flous organiques à la Hans Bellmer sont au centre de la création. Le tressage et le plissé jouent un rôle primordial dans la conception de cette collection. Les vêtements, travaillés comme des sculptures, laissent une place immense à l’intuition et à la spontanéité. Cette construction libre cherche à donner à l’ornementation tout son sens, la rendant indispensable et essentielle. Cette femme organique est sensuelle et animale, intrigante et insaisissable. Elle nous emporte dans un monde pur, raffiné, éthéré, délicat, muein. Techniques et matériaux : plissé et tressage à six brins, mousseline de soie, organza, cuir et céramique
93 Jennifer Pineau-Ledreney Design vĂŞtement
Muein
94 > 17 Geoffroy Pithon Design graphique / multimédia
Un instant mon petit. Buvette-manifeste Affiche flottante Affiche d’invitation, imprimé en sérigraphie deux tons, tirée à 60 exemplaires collés dans la rue Brochure de restitution et de présentation du projet, imprimée laser couleur et sérigraphiée deux tons, tirée à 6 exemplaires
94 > 17 Geoffroy Pithon Design graphique / multimédia Les ambitieux géographiques. Le nomadisme et le design Mémoire dirigé par Gérard Plénacoste Un instant mon petit. Buvette-manifeste Ce lieu bivouac se construit quotidiennement autour d’une buvette associative, se positionnant comme relais d’activités réunies autour de l’écologie conviviale. D’une probable accoutumance urbaine et industrielle à une innocence face aux alternatives crédibles, le design se trouve parfois dans l’impasse d’imaginer des positions tangibles à la question écologique. Nous proposons alors un espace dynamique pour explorer sur le vif les pistes sensibles d’un parcours de transition dont la porte d’entrée est une dégustation de jus de fruits et de légumes locaux et de saison dans lequel s’active aussi un atelier graphique in situ. Comment mettre en place des pratiques conviviales en design graphique ? C’est peut-être imaginer des divagations, d’autres positions pour construire des signes, des images et des modes de communication. En reprenant en main les outils de première nécessité, en s’éloignant quelque temps des moyens numériques et en s’en remettant au bricolage et l’amateurisme vient la découverte de nouvelles ressources permettant d’envisager le graphisme dans toute sa générosité (instantanéité, formes artisanales, typographie manuscrite sur grand format, investissement du corps dans la création d’affiches, d’espaces). Ces chemins de côtés empruntés conduisent à se frotter au risque, à l’erreur et à l’aventure manuelle, tant de façons de revigorer, d’affirmer et d’assumer ce que les outils numériques nous ont parfois dérobé de plaisir et de curiosité. En travaillant à partir de supports modestes de seconde main, on reconnaît la vulnérabilité des matériaux mais on assume aussi leur histoire, leur préciosité et leur potentiel poétique. Chemin faisant, ces pas de côté permettent dans un second temps de porter un nouveau regard sur des savoirfaire plus conventionnels en les rechargeant d’une possible dramatugie. Ce lieu a pu ainsi accueillir, outre notre atelier, des cours du soir au contenus variés, des concerts de musique parfois improvisés ou non professionnels, des workshops de mobilier à faire soi-même, une fabrique de teintures naturelles travaillées pour la sérigraphie textile. En collaboration avec Carmen Bouyer
95 > 5, 24 Martin Plagnol Design graphique / multimédia Souvenirs d’utopie Mémoire dirigé par Philippe Millot Voir – écran – voir Futur 3/3 Par le biais de notre thématique, nous avons tenté de mettre en place une méthode fondée sur l’intuition : à savoir avancer en gardant les traces de notre processus qui représentait lui-même les effets du Temps. Nous nous intéressons à la proposition d’une façon de faire : les images collectées parlent de notre thème. Nous les avons réutilisées à chaque étape. Chaque image procède de la précédente : elle n’est imprimée directement qu’une seule fois puis scannée pour être reclassée, scannée à nouveau à partir du scan précédent (et ainsi de suite). Chacune d’elle s’altère donc volontairement au fil du processus de classement. Nous avons également développé une méthode scénaristique : le temps est une matière de réflexion et une méthode de travail. Une volonté de créer des objets nous anime car c’est une façon d’expérimenter la durée. Notre thème a donc été un support d’expérimentation : celui d’une méthode intuitive reposant sur le scénario et la projection. Nous souhaitons parallèlement apporter une critique, c’est-à-dire nous opposer aux modes de production contemporains. Face à un temps compressible, et de plus en plus compressé, nous souhaitons réintroduire l’idée du mûrissement des choses, à l’image du temps naturel. C’est en effet un temps de l’attente, qui va à l’encontre de la volonté contemporaine de mesure, de contrôle et de rationalisation. Car nous nous interrogeons sur le temps comme outil du designer : il constitue un impératif pour celui-ci. Face à un rétrécissement du temps de travail et à la rapidité des moyens de communications, ne doit-on pas aussi se poser la question de la revalorisation du temps ? Avec la collaboration avec Elsa Aupetit et Grichka Commaret
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
95 > 5, 24 Martin Plagnol Design graphique / multimédia
Voir – écran – voir
96 Pierre-Alain Poirier Image imprimée
Monologues. « Gris noir » , « Les mots blancs » , « Des branchages s’agitant en moi, les mots »
96 Pierre-Alain Poirier Image imprimée Essayer encore. Rater encore. Rater mieux Mémoire dirigé par Mathew Staunton Monologues. « Gris noir », « Les mots blancs », « Des branchages s’agitant en moi, les mots » « […] les six n’étaient pas du tout destinés à être des ‹ personnages › séparés, mais plutôt des facettes de conscience illuminant le sens de la continuité. » Virginia Woolf, à propos de son livre Les Vagues Au départ, il y a trois textes que j’ai écrits. Trois monologues, trois livres, donc trois personnages, qui respirent, s’essoufflent, ressassent, se souviennent, tentent d’exister à travers leurs mots. Ce qui m’intéresse dans le monologue, c’est sa capacité à donner « l’illusion » d’une pensée se construisant, se cherchant, parfois se trompant. Pensée et langage se mêlent alors dans une sorte d’immédiateté. Le rythme y est donc quelque chose de central et c’est dans ce même mouvement que j’ai développé mon grand projet, par tâtonnement et épuisement. Tâtonnement, parce qu’il y a dans chacun de mes dessins des recouvrements, des traits affirmés ou « manqués », que l’usage du fusain et de la gomme ont permis. Epuisement, parce que j’ai travaillé, par séries, différents médiums et qu’à chaque fois le rythme même du dessin, qu’il soit rapide ou contenu, se développait comme en une voix intérieure. Comment s’arracher à ses pensées ? Comment s’arracher à soi ? C’est cette question que j’ai développée dans mon grand projet. Techniques et matériaux : 3 livres (« Gris noir », 39 pages, encre et crayon ; « Les mots blancs », 42 pages, crayon, fusain, craie noire ; « Des branchages s’agitant en moi, les mots », 41 pages, crayon, pastel à l’huile, fusain et craie noire), dessins originaux (technique mixte) et série de céramiques
97 Marion Poncelin de Raucourt Design vêtement Secondes peaux Mémoire dirigé par Jean-Paul Longavesne Vestiges Enveloppe éphémère destinée à être jetée, l’emballage industriel répond à de nombreux critères de production. Résultat d’une économie de moyen, il en découle une esthétique minimaliste et fonctionnelle. Cette collection détourne les systèmes de montage du packaging et les réinterprète dans le vêtement. Partant de la surface souple et lisse du cuir, les pièces se montent sans couture et sont uniquement maintenues par des systèmes de découpes et d’emboîtements. Des lanières permettent de resserrer et de fermer les pièces qui viennent s’articuler autours du corps. Des tissus fluides ramènent de la douceur et de la légèreté aux pièces de cuir brutes et anguleuses. Ces fragments de vêtement évoquent à la fois les vestiges d’un vestiaire et les ruines d’une architecture déconstruite.
97 Marion Poncelin de Raucourt Design vĂŞtement
Vestiges
98 Thomas Pons Cinéma d’animation
Le Douzième homme
98 Thomas Pons Cinéma d’animation Roboscopie Mémoire dirigé par Georges Sifianos Le Douzième homme Dans un match de football, « le douzième homme » se définit comme l’entité, le fragment du groupe compact de la tribune des supporters, capable d’influer sur le cours du jeu, tant la puissance de ses encouragements et de ses vindictes résonnent dans les corps et les esprits des joueurs. À onze contre onze sur le terrain, chaque équipe soutenue par les vibrations de la foule peut faire pencher la balance en sa faveur, grâce au douzième homme, l’élément anonyme des gradins, agissant comme un douzième joueur sur la pelouse. Chaque individu, communément lié à la ferveur d’une même foi, s’enchaîne inexorablement à son voisin de siège et à son groupe d’appartenance. Au commencement, il est un, c’est-à-dire lui-même, puis l’impulsion naturelle de la foule transcende sa liesse, il devient autre. Subordonné aux évènements produits par le jeu, ce douzième homme ne devient-il pas une parfaite incarnation des instincts grégaires, de l’oubli de soi, au profit des abattements et des jubilations collectives, voire de la déraison ? Au cœur de cette masse qui se lève, chante et crie comme un seul homme, c’est le cérémonial de l’exaltation. Un langage codé se met en place : les danses, les chants, les couleurs illustrent les émotions, reflètent la transe d’un corps à l’autre. Charles Baudelaire évoque l’homme qui contemple les foules en ces termes : « avec une infinie jouissance dans le nombre, dans l’ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l’infini. » Techniques : dessin animé, After Effects®, iPhone
99 Aurélie Ponsin Design textile et matière Entre nature et technologie Mémoire dirigé par Isabelle Guédon Lanalinumlacte Le titre signifie laine, lin, lait en latin. Le lin comme la laine est un des plus vieux textiles au monde. Le lait est un aliment qui évoque un aliment maternel très fort. Ces matières « cultivées » au sens agricole et au sens de l’héritage ancestral composent un paysage qui est ma source d’inspiration. Mon projet s’inscrit dans un rapport au paysage originel, sensoriel et sensuel que je souhaite transcrire dans une collection de textile pour l’habitat, faisant ainsi rentrer l’idée de nature. J’ai souhaité évoquer la notion de territoire, de conception à l’échelle locale afin d’intégrer ces matières dans un cycle naturel global. Je me suis interrogée sur la façon dont on pouvait repartir de la base, de la terre, à la manière de cradle to cradle qui signifie « du berceau au berceau », afin de limiter des étapes de transformation, pour une recherche d’économie d’énergie, de pollution minimum aussi bien par la fabrication que par son usage dans l’habitat, en valorisant cette matière cultivée. Les matières que j’ai choisies sont donc localisées en France, précisément en Normandie, et s’inscrivent dans un biotope local qui revalorise un savoir-faire, une agriculture, un paysage et une économie pour lui donner du sens et apporter une dimension poétique au projet. L’idée donc est d’emprunter des matières premières au paysage et au delà de l’usage que l’on peut faire de ces matières, de pouvoir rendre ces éléments en fin de vie à la terre, clôturant ainsi le cycle. La réintroduction dans le milieu pourra se faire au moyen de compost ou de collecte au niveau de la municipalité pour servir de géotextile. Cela implique que les éléments utilisés soient bio assimilables. Pour la teinture de mes matières, je me suis associée au Critt horticole de Rochefort, un laboratoire de recherche en plantes tinctoriales qui s’attache à promouvoir et valoriser la culture de ces plantes. Matières et techniques : feutre de laine, mèche de lin, fil de lin, protéine de lait, tissage, maille, gravure laser, impression
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
99 AurÊlie Ponsin Design textile et matière
Lanalinumlacte
100 Charles Pottier Design vĂŞtement
Celle dont on parle dans le dos
100 Charles Pottier Design vêtement Les talons hauts, le nouveau carcan féminin Mémoire dirigé par René Lesné Celle dont on parle dans le dos La femme qui incarne cette collection est une provocatrice. Elle est de toutes ces femmes que l’on déteste, que l’on jalouse, que l’on envie. Elle aime le scandale : l’inconvenante, celle dont on cancane. Celle dont on parle dans le dos, dont on dit du mal comme du bien, mais à demi mot. Elle est audacieuse mais inattendue, elle veut surprendre et que les regards se portent sur elle. Elle est dans l’excès justement dosé. Le maître mot est déséquilibre. La silhouette joue avec la façon dont le regard du spectateur circule sur un corps. Volontairement simple de face, la silhouette est comme basculée en arrière. L’attention est détournée, le visage disparaît au profit du dos, dénudant jusqu’à l’extrême la cambrure des reins pour faire parler sur son passage, laisser une empreinte. Cette collection s’inspire de l’iconographie extrêmement féminine des années 1950, associée à une dynamique de plis et de contre plis qui structurent le vêtement dans une économie de moyen. De l’intelligence de la matière naît la forme. Technique et matériaux utilisés : satin de soie, twill de soie, mousseline de soie, gazar de soie, organza de soie, organza de cuivre, plaques de cuivre sur organdi de coton brodé au fil d’argent, agneau plongé, veau velours, fourrure de vison
Mémoire avec les félicitations du jury
101 Jules Primard Image imprimée Demain au cinéma Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Alter Ego Internet est un espace de représentation infini, une scène virtuelle ouverte, un immense spectacle accessible sur écran par tout un chacun, dans la posture le rôle qu’il souhaite : acteur, spectateur, le plus souvent les deux. Pour ma part, je suis obstinément simple spectateur de l’internet. Mais nombreux sont ceux qui aujourd’hui considèrent la toile comme un prolongement du réel, un espace qu’ils doivent investir par le corps et la pensée. Grâce au systèmes des blogs ou aux réseaux sociaux, chacun peut médiatiser qui il est. Les bloggeurs transforment leur existence en une narration de textes et d’images. Cette mise en scène photographique et le dédoublement de l’ego qui en résulte a été la base de mon travail. À partir de photographies glanées sur des blogs adolescents, période s’il en est où le regard de l’autre pèse sur la construction de l’ego, j’ai réalisé plusieurs séries de dessins dans lesquels le procédé photographique est le véritable sujet. Les corps et les visages s’y figent, deviennent attitudes, mimes ou figures imposées, transformant les individus en objets, en motifs. Ces expérimentations sont rassemblées en deux livres. Dessins au feutre montrant des vacanciers et écrits de bloggeurs cohabitent avec des extraits de Huis Clos de Jean-Paul Sartre. Douze masques au crayon de couleur illustrent Ovide dans Alter Ego interrogeant le rapport entre l’être et l’image, le paraître, le spectacle de soi. Par association, les blogs se transforment en le salon infernal de Huis clos et l’écran redevient la mare de Narcisse.
101 Jules Primard Image imprimĂŠe
Alter Ego
102 Carine Ravaud ScĂŠnographie
Marcher avec les annĂŠes
102 Carine Ravaud Scénographie La corporalité du théâtre Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte Marcher avec les années Cette série de quatorze promenades sonores à Pantin s’inspire des Années d’Annie Ernaux. Ce texte est une autobiographie collective. Des accumulations, des superpositions de choses, de gestes, d’évènements, de chansons, de langage, de couleurs, un après-midi de soleil, les 343 femmes dans le Nouvel Observateur, la façon de saucer l’assiette, les « Français de souche » et les « jeunes des quartiers ». La vie. La vraie. Auchan. La mémoire est matérielle. L’écriture génère des images qui apparaissent, qui disparaissent devant nos yeux. Comment la scénographie peut-elle provoquer la rêverie ? Inciter et accompagner la digression du souvenir ? Et si on marchait à Pantin en écoutant Les Années ? Marcher dans la ville, en suivant un guide photographique. Traverser des atmosphères variées, en écoutant la lecture du texte dans un casque. L’espace se pense avec le corps et se construit à partir du texte. La temporalité de la marche est liée à celle du livre. L’étude de la construction narrative permet de dessiner les quatorze promenades. La question de la méthode et la recherche de nouveaux outils sont au centre du projet. La marche déclenche le pouvoir évocateur des espaces par la pratique du souvenir. Le dévidement de la mémoire est ainsi lié à la circulation du corps. Le déplacement du regard permet de regarder autrement la ville, d’être confronté subitement au réel. Par la lecture des couches superposées de l’espace public, la ville devient palimpseste.
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
103 Juliette Ravel Design textile et matière Par-delà les fumées, ces parfums qui nous lient Mémoire dirigé par Sophie le Chat L’étoffe des songes L’odorat a depuis toujours suscité en moi un intérêt fort et fut au cours de ces dernières années au centre de mes recherches. Odeurs et souvenirs sont étroitement liés et ils me guident dans ma création textile. Pour réaliser ce projet, je me suis donc inspirée de cinq lieux, cinq endroits habités ou furtivement traversés au cours de mes derniers voyages : l’Inde et l’Italie. Cinq souvenirs photographiés que j’ai tenté de me remémorer au travers de mes cinq sens. La photographie a constamment accompagné mon travail et, dans le cas présent, elle est à l’origine de chaque tissu créé. Pour aller au bout de ce projet, en partenariat avec IFF (International Flavors and Fragrances), j’ai pu élaborer « Oneiros », un parfum que j’ai destiné à l’un de mes tissus. Un hommage sensuel, nourri d’odeurs, de sons, de matières et d’images réunis dans une approche synesthésique. Chaque tissu d’une seule et unique dimension (140 × 160 cm), à échelle humaine, a pour fonction d’accompagner le corps dans l’espace de la maison sans forme ni fonction préétablies, libre à vous, libre à moi de le porter comme bon nous semble. Un textile qui fait corps avec le lieu comme avec celui qui l’habite. Une trace, une empreinte de l’espace comme du corps humain.
103 Juliette Ravel Design textile et matière
L’étoffe des songes
104 Prisca Renoux Design objet
Tatou
104 Prisca Renoux Design objet Le design modulable dans tous ses états Mémoire dirigé par Anna Bernagozzi-Lalanne Tatou Aujourd’hui, la réduction de nos lieux de vie modifie en profondeur nos habitudes et notre rapport à l’espace. Le travail dans nos sociétés occidentales est en phase de mutation : les outils qui sont à notre disposition permettent un véritable nomadisme. Paradoxalement, à l’heure du télétravail où posséder un bureau chez soi devient une nécessité, cette pièce a souvent disparu. Comment travailler efficacement dans un espace polyvalent ? Comment se soustraire aux distractions d’un lieu, a priori destiné au loisir et à la détente ? Ma problématique de départ est la suivante : optimiser les conditions de travail chez soi quand on ne possède pas de bureau. Mon projet réinterprète l’espace de travail domestique contemporain, en répondant aux aspirations de l’utilisateur, pour permettre à tout un chacun de disposer d’un environnement de travail adapté et propice à la concentration. Le projet s’axe sur deux objectifs complémentaires : vivre l’espace de travail comme une expérience positive, un espace intime, de confort personnel par son isolation visuelle et acoustique ; mettre à disposition les outils nécessaires : tout comme l’artisan a son établi, l’utilisateur se voit offrir des rangements simples qu’il pourra adapter à ses besoins. En partenariat avec Ikea
105 > 83 Marie Riegert Design objet Recettes et secrets de fabrication des restaurants Mémoire dirigé par Sophie Larger Crumoco Ce projet collaboratif a été guidé par une envie commune de travailler autour du repas et de son rôle sociabilisant. Notre but étant de mettre en place un repas collectif, il nous fallait donc un contexte d’expérimentation viable. Nous avons ainsi eu l’idée de nous intéresser aux cafés associatifs, en particulier le café d’Aligre, à côté duquel se trouve le marché du même nom, le moins cher de la région. Suite à nos recherches sur les modèles existants, nous avons proposé un atelier de cuisine collective afin d’inviter les gens à se retrouver autour de la confection et le partage d’un repas. Car si la prise du repas est collective, sa réalisation l’est souvent moins. Pour y remédier, nous avons conçu d’une part une recette collective sous forme de cartes où toutes les actions de préparation sont réparties entre les différents acteurs du repas. D’autre part, nous avons mis au point une cuisine nomade rassemblant les contenants, outils et accessoires nécessaires à la préparation et à la dégustation d’un menu cru. L’ensemble se veut ludique pour rendre la tâche conviviale. Ce dispositif a été testé dans le café, proposé comme des ateliers ouvert à tous. Cela nous a permis d’observer les réactions des participants et de faire évoluer le projet suivant leurs avis. Cependant son rôle ludique, sociabilisant et formateur, appelle à d’autres lieux comme des écoles, des associations ou d’autres collectivités, dans lesquels les usagers s’approprieraient librement Crumoco. En collaboration avec Anaïs Mathieu (Design graphique / multimédia) Technique et matériaux utilisés : plastiques (PVC, ABS thermoformés), carton et textile
105 > 83 Marie Riegert Design objet
Crumoco Table dressĂŠe aux couleurs de Crumoco DĂŠtail du plateau
106 Agathe Roussel Image imprimée
Sainte Marie Mère de Moi « Portrait », « Mine de plomb », « Vague à l’âme », « Sous pression »
106 Agathe Roussel Image imprimée Le rituel dans l’art Mémoire dirigé par Xavier Pangaud Sainte Marie Mère de Moi Ma mère et moi avons toujours entretenu une relation très conflictuelle mais le fait qu’elle me crachât un jour à la figure y a mis un point final. Plutôt que d’enfouir toute cette tension accumulée, j’ai entrepris un projet en trois ensembles qui sont autant de phases de cette catharsis. Une première série de dessins, grands formats au crayon noir et blanc et couleur, traduit mes émotions à vif liées à cette relation. Une seconde série de plus petits formats à l’encre, toujours en noir et blanc et couleur, lui succède. Ces images, où se mêle constamment une part de ressenti, partent d’évènements beaucoup plus précis et sont géographiquement plus figuratifs. Presque en parallèle à cette seconde série, j’ai commencé l’écriture d’un texte pour mettre des mots sur les souvenirs qui refaisaient surface. Se sont mêlés un nombre de rêves considérables, particulièrement liés à la maternité. D’autres dessins à l’encre noire très détaillés se sont alors imposés à moi.
107 Sabine Rousselot Image imprimée Broderies, les femmes à l’ouvrage Mémoire dirigé par Sylvie Megret Bijoux de famille « La famille, ce havre de sécurité, est également le lieu de la plus grande violence. » Boris Cyrulnik, Les nourritures affectives La famille est le premier cercle social expérimenté de chacun. Les relations qui s’y nouent construisent la personnalité et conditionnent le rapport aux autres de tout individu. Amour, besoin, conflits, indifférence, jalousie, ressentiments, attentes, rejet, dépendance, transmissions… Quels sont les liens et sentiments qui unissent les membres de la famille ? Comment les évoquer graphiquement ? Dans un premier temps, mon projet s’élabore comme un constat, une énumération de situations, objets, souvenirs et récits d’une multitude de familles. Puis il prend la forme d’un coffret de quatre livres : « Album souvenir », « Pensées furtives », « Objets sensibles » et « Portraits croisés ». Les histoires familiales légendées se recoupent et se complètent, exposant différentes façons de vivre ensemble. Dans un second temps, je m’attelle à résoudre les problèmes inhérents à la famille par le biais d’une société éditant une gamme d’objets éducatifs. Un mode d’emploi pour se réconcilier, un coffret de cd, un calendrier et des bons points sont proposés aux familles en crise afin d’assainir leurs rapports.
Grand projet avec les félicitations du jury
107 Sabine Rousselot Image imprimĂŠe
Bijoux de famille
108 Lauranne Schmitt Architecture intérieure
SenseAble Party Étape 1 : « L’admiration » ; Étape 2 : « Le plaisir » ; Étape 3 : « L’espérance » ; Étape 4 : « La naissance de l’amour » L’espace de la SenseAble Party vu depuis la terrasse haute
108 Lauranne Schmitt Architecture intérieure Ikea. Légendes d’un quotidien idéal Mémoire dirigé par Bernard Justin SenseAble Party La SenseAble Party est une alternative poétique (réelle) à la rencontre en ligne (virtuelle) qui se matérialise sous forme d’une installation artistique. Celle-ci prend vie au cours d’une soirée organisée chaque vendredi d’été autour du bassin de la terrasse du Palais de Tokyo. L’espace se vit en deux temps : le premier temps est celui d’un speed dating détourné durant lequel les quatorze participants (choisis aléatoirement par ordinateur) ont l’occasion de défendre leur place au sein du deuxième espace, celui de la topographie émotionnelle. En effet, ce second espace de 160 m2 est imaginé pour n’accueillir que deux personnes et le speed dating permet de les sélectionner : si deux d’entre elles pensent mutuellement que l’autre est le / la partenaire idéal(e) pour partager l’expérience, alors elles peuvent y pénétrer ensemble. L’espace intérieur est une réflexion sur la notion d’amour qui tend à perdre de son sens à l’heure des sites de rencontres. C’est une géographie amoureuse dont le climat (l’atmosphère) se modifie selon le degré d’intimité des deux participants : on observe que plus nous sommes intimes avec une personne, plus nous nous en rapprochons spatialement (Edward Hall, La Dimension cachée). Parallèlement, la Carte de Tendre de Madeleine de Scudéry et l’essai De l’Amour de Stendhal définissent une série d’étapes sur la route qui conduit vers l’amour ; c’est pourquoi chacun des sept climats créés est inspiré d’une des sept étapes décrites par Stendhal vers ce chemin qui mène à la cristallisation. La chorégraphie, c’est-à-dire l’évolution de la distance qui sépare les deux membres (géolocalisés) du nouveau couple, déterminera alors le climat idéal correspondant à leur degré d’intimité en temps réel et se calquera sur leurs besoins, l’ensemble étant entièrement configuré informatiquement. Matériaux : inox poli miroir, résine, sol en mousse haute densité, LEDs, machines à brouillard, brumisateurs
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
109 Julia Schults Architecture intérieure Alors, Pékin ? Mémoire dirigé par Sylvestre Monnier La Maison des arts Depuis les années 1990, la ville de Pékin connaît une métamorphose sans précédent qui a conduit à la destruction massive de son patrimoine architectural au profit de la modernisation, obligeant les populations à se reloger vers les périphéries. Et si les habitants continuent à perpétrer un mode de vie traditionnel dans les nouveaux espaces publiques de la ville, ceux-ci tendent à disparaître progressivement face au développement des nouveaux centres de loisirs « à l’occidental », disloquant ainsi un tissu social qui caractérisait la vie des anciens quartiers. À partir de ce constat d’une confrontation « ville moderne – ville traditionnelle », la première semblant « avaler » la seconde, comment alors préserver ce patrimoine humain et social à travers de nouveaux espaces dans lesquels ils pourront s’exprimer ? Pour répondre à ces interrogations, j’ai choisi d’investir la banlieue est de Pékin, actuellement en voie de développement, et propose de réintégrer les habitants dans la vie artistique et culturelle du quartier, à travers la mise en place d’une « maison de quartier » consacrée à l’art et à la culture. Le projet s’articulera ainsi autour de quatre pôles : un espace de restauration directement relié à la rue, un centre de documentation spécialisé en art, des ateliers artistiques pour les enfants, répartis dans trois corps de bâtiments qui entourent une place publique, un espace d’exposition libre situé au sous-sol. Avec un jeu de terrassement, la mise en place d’espaces ouverts sur la rue, reliés entre eux par un parcours fluide qui dessert les différentes entrées, l’ensemble du projet est pensé comme le prolongement de l’espace urbain dans lequel il s’insert. Mais surtout il s’agira d’offrir au quartier un lieu de promenade, de rencontre et de loisir, une sorte d’oasis urbaine que les habitants pourront se réapproprier librement.
Grand projet avec les félicitations du jury
109 Julia Schults Architecture intĂŠrieure
La Maison des arts
110 > 68 Michaël Sok Image imprimée
Conquête de soi(r)
110 > 68 Michaël Sok Image imprimée Rythme musical et visuel Mémoire dirigé par Brice Leboucq Conquête de soi(r) « L’errant en quête du lieu acceptable se situe dans un espace très particulier, l’espace intermédiaire […]. L’errance est certainement l’histoire d’une totalité recherchée […]. Car l’errance n’est ni le voyage ni la promenade, etc. Mais bien : Qu’est-ce que je fais là ? » Alexandre Laumonier, Zones sensibles, dans une lettre à Raymond Depardon. En traitant un sujet comme le clubbing, qui porte l’étiquette de la superficialité, nous avions le désir de réhabiliter son image et d’essayer de comprendre les mécanismes humains qui le faisaient vivre ; car le club, c’est avant tout une société. Nous avons alors démarré un documentaire sur le Pulp, club mythique parisien des années 1997-2007, afin de comprendre pourquoi il représentait dans l’esprit de certains clubbers une sorte de paradis perdu. Au fil de notre enquête, une pratique authentique du clubbing a rapidement émergé, qui sous tendait la recherche et l’affirmation de soi. À partir des captations sonores et des photos prises dans les clubs parisiens actuels, associées aux observations, interviews et recherches documentaires effectués en collaboration avec un sociologue, notre projet se propose de reconstituer visuellement une image humaine et psychologique du Pulp tel qu’on se l’est imaginé. En suivant le fil conducteur de la quête de soi, le projet se décline selon six thèmes qui prennent la forme de six ouvrages imprimés : « La disparition », « La convivialité », « La mise en scène », « L’extase », « L’errance » et « La dissolution ». En collaboration avec Fabien Labeyrie (Design graphique / multimédia) Techniques : image numérique, photo, son, vidéo, encre
111 Julia Stern Photo / vidéo Une approche de l’eau, vers une conception intuitive du vivant Mémoire dirigé par Henri Foucault La structure du diamant Une jeune femme est allée retrouver un homme mystérieux, quelque part en Amérique du Sud. Un long voyage commence. Elle suit et observe cet homme, qui l’emmène dans des terres de plus en plus reculées. A son contact, la jeune femme s’ouvre progressivement à de nouvelles perceptions, d’elle-même et de la réalité, remuant des angoisses enfouies, réanimant d’anciennes connaissances. Techniques et matériaux utilisés : HD, 29 mn
111 Julia Stern Photo / vidéo
La structure du diamant
112 Clio Szeto Image imprimée
Dans le marbre « Les hypothèses », crayon, peinture « Les postulats », peinture
112 Clio Szeto Image imprimée Microcosmes Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Dans le marbre Le marbre m’évoque les notions de densité et de pérennité ; pourtant, la manière dont nous le façonnons parvient à le magnifier. Depuis le bloc épais de roche, on parvient à produire une image plane de ce qui se trouve à l’intérieur, les veines. Cette tension entre surface et intérieur traverse tout mon projet. Par ailleurs, tenter d’entrer dans la matière, revient, métaphoriquement, à tenter l’entreprise vaine de sonder l’impénétrable. Mes dessins traduisent le besoin de retrouver un sentiment d’unité, de stabilité, le chezsoi. Bien que cette notion soit souvent assimilée à un lieu, elle est bien plus l’objet d’une recherche constante de la possibilité d’une concentration des choses, en soi. Notre chez-soi est une forme de vérité en ce qu’il est de nous, ce qui perdure dans le changement, une donnée intrinsèque et immuable, qui nous définit. Le chercher n’a qu’une seule fin, être en soi. Mon projet montre la difficulté de mener cette recherche dans un contexte qui ne semble s’offrir que sous la forme d’une succession d’enveloppes vides de sens. Notre perception du monde à travers ses surfaces, son apparence, rend ce dernier quelque peu hermétique, et pourtant le comprendre est nécessaire à la possibilité d’une construction. Ma première série de dessins, intitulée « Les postulats » présente des tentatives d’appréhension du monde à travers la représentation de ses limites et de ses surfaces. À partir de ce contexte, la série « Les hypothèses » montre des constructions dont la solidité n’est qu’apparence, tentant de s’élever. L’expérience se réitère, cherchant meilleure réponse, à travers le volume, manifestation tout autre du réel, qui n’engage pas le même type de perception. Une autre série de dessin, « Les menaces » illustre d’avantage les sentiments qui naissent face à l’hermétisme du problème : l’inconfort, la perte de repère et le vertige provoqué par l’absurde. Enfin, le projet éditorial intitulé « Les échos » questionne également les notions de surface, de construction, tandis que la récurrence des images et le rythme qui accélère font penser à une personne qui, victime de sa frustration, cède à la panique.
113 Hélène Tamalet Art espace Retour de flamme Mémoire dirigé par Catherine Strasser Over Du feu de guerre en passant par les feux de la rampe, Over est le titre d’un ensemble de pièces correspondant à une guerre factice, un exploit désœuvré, un acte manqué ou même à un jeu qui pourrait être le dernier. Over résonne comme un signal militaire, une fin de partie perdue mais le sens ambigu et multiple de cette préposition laisse aussi à penser qu’il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg. Over, c’est aussi l’excès, le surplus, la répétition dans le temps, la direction qui va au delà, qui passe par dessus et à travers la réalité. L’ensemble de ces pièces est né d’une envie de jouer avec des éléments inspirés de l’histoire et du quotidien, de les montrer de façon détournée afin de créer un paradoxe entre des formes candides et un univers de champs de bataille fantastique. Mon travail se situe dans l’opposition, le contraste, qu’il soit formel ou fondamental. L’exploit, le défi et la force en sont le leitmotiv. J’ai souvent rêvé de déplacer une montagne, de gouverner une armée… De ces rêveries naissent des formes, des objets qui parfois résistent. Il y a deux types de pièces : certaines sont édulcorées et colorées, fabriquées en matériaux chauds comme le plâtre, la cire et appartiennent au domaine de l’enfance ; d’autres sont plus dépouillées, froides et canalisent de manière poétique la violence. La stratégie consiste à mettre en balance, quitte à les faire se confondre, les symboles historiques et populaires. Certaines pièces remettent également en cause la notion de « bon goût » et dénoncent les rapports de forces. La bataille est innocente mais bel et bien déclarée. Les objets sont mis en tension dans un surplus de désirs et de fantasmes : armée de balais centurions, corne de licorne canon, cible en kit, château de miroirs, altères molles… Tout contribue à raconter une histoire bizarre et anachronique qui invite le spectateur à l’interpréter à sa guise.
Grand projet avec les félicitations du jury
113 Hélène Tamalet Art espace
Over « Tableau de feu », ampoules, plâtre, fils électriques « Sans titre », bois brûlé Vue d’ensemble
114 Anne Thémans Design textile et matière
Passages « Vivienne », impression trois couleurs sur voile de coton, sur support humide puis sec « Jo Ann », maille brossée mohair et viscose
114 Anne Thémans Design textile et matière Femmes à l’ouvrage, œuvre de femmes Mémoire dirigé par Roland Schar Passages Nos états d’âme nous tiraillent constamment, nous font intérieurement osciller entre révolte et résignation, calme et rupture. Pourquoi se conforte-t-on aux règles, si ce n’est pour mieux les rejeter ensuite puis, finalement, y revenir ? La femme en particulier, si tant est qu’elle existe, porte en elle l’histoire de son sexe : la femme au foyer ayant subi des pressions sociétales misogynes pendant plusieurs siècles a réussi peu à peu à s’en détacher pour devenir aujourd’hui capable de décider de sa place au sein de la société. Mais les incertitudes ne disparaissent jamais complètement et les sentiments fluctuent sans cesse. J’ai défini quatre états psychologiques appelés le calme, le trouble, la rupture et l’accomplissement, certes arbitraires, mais qui pour moi représentent les pôles extrêmes de nos variations d’humeur. Entre deux, il existe des passages, des transitions parfois brutales, parfois imperceptibles qui nous font passer d’un état à un autre. Ces transitions se matérialisent sous la forme de dégradés. Un dégradé est un effet pouvant être obtenu grâce à différentes techniques et possédant différentes qualités : visuelles, tactiles, sonores, avec ou sans facteur temporel… Je désire explorer matériellement les oscillations des émotions féminines, les doutes et les certitudes et surtout tenter de traduire leurs incessants remous.
Mémoire et Grand projet avec les félicitations du jury
115 Sara Théron Design objet Retour à la nature. Sentiers déjà tracés et ballade des possibles Mémoire dirigé par Patrick Blot La ballade de l’invisible Mon projet vise à rendre tangible la présence de phénomènes naturels dans l’espace urbain. Pluie, insectes, vent y passent souvent inaperçus. Les traces effacées de leur passage ne rendent pas justice à leur caractère à la fois vital et poétique. Et pourtant, même en ville, nous sommes les témoins inconscients d’une multitude de phénomènes issus de la richesse des forces naturelles qui régissent le fonctionnement de notre planète. La ballade de l’invisible traite d’une « écologie de la ville » et explore les relations existantes et potentielles entre les citadins, leur habitat et leur environnement. À travers des objets dotés de mécanismes simples et lisibles, La ballade de l’invisible permet au citadin de s’initier à l’émerveillement et à la contemplation des changements de la nature. Il propose une réponse aux besoins physiologiques de nature de l’être humain, à sa quête d’émotions et de sensations capables de compenser le stress de la vie urbaine. Le désir de retrouver des liens avec les éléments et avec les autres est le fil conducteur de ce projet. Le coût et le mode de fabrication de ces objets les rendent accessibles à tous. Pour les quatre objets proposés, divers modes de production à bas coût sont utilisés. De l’objet fait d’un unique matériau facilement industrialisable à la cabane style Do It Yourself, on découvre l’éventail des possibles pour faire proliférer l’objet. La ballade de l’invisible ne questionne pas seulement le rapport de l’individu à la nature, il cherche aussi à favoriser le lien social à travers l’émerveillement collectif.
115 Sara ThĂŠron Design objet
La ballade de l’invisible
116 > 13, 77 AurĂŠlien Thibaudeau Architecture intĂŠrieure
Roues libres
116 > 13, 77 Aurélien Thibaudeau Architecture intérieure Le chantier émancipateur. Le concept de capacitation en architecture Mémoire dirigé par Stéphane Degoutin Roues libres Après s’être questionnés sur la façon dont nous voulions travailler dans le domaine de l’espace, nous avons émis des hypothèses de travail pour notre diplôme avant même d’avoir un projet. Il s’agissait, en s’appuyant sur un réseau de références et d’expériences communes, d’esquisser une pratique de l’architecture que nous souhaitions expérimenter et qui nous semblait faire sens. Ces hypothèses, définies plus bas, ont séduit une entreprise sociale au Vietnam qui avait besoin de construire un centre de formation pour adultes handicapés qui intégrerait atelier, logements, espace de restauration et showroom, un « village » de 1 600 m². Nous avons donc été invités par cette entreprise au Vietnam, Reaching Out, à venir les rencontrer et discuter de ce que nous pourrions faire ensemble. Notre volonté était d’articuler notre pratique autour du concept de capacitation qui consiste à lier le projet au contexte socio-économique, en donnant (souvent par le biais du chantier dans le domaine de l’architecture) les moyens théoriques et pratiques aux commanditaires et à la population locale de devenir en partie autonomes. Et c’est comme cela que procède Reaching Out dans le domaine de la formation : les handicapés sont formés à l’artisanat traditionnel puis gagnent leur vie de façon autonome comme n’importe quel artisan salarié de l’entreprise. Cette résonance des pratiques – Reaching Out emploie aussi le terme d’empowerment – dans des champs pourtant différents, nous a logiquement rapprochés et a été une base réflexive pour nos échanges autour du projet. Ce voyage de trois semaines à Hoi An a été l’occasion, grâce à un échange quotidien avec les commanditaires, les artisans et la population locale, de s’imprégner du contexte en construisant une très vaste base de données à la fois « humaine » (sociologie, économie, rapport à l’espace habité, savoir-faire…) et « technique » (climat, matériaux, outils, méthodes de mise en œuvre…) sur laquelle s’est appuyé notre projet tout au long du processus créatif. C’est d’ailleurs grâce à l’analyse de toutes ces données que nous avons pu déceler des potentiels locaux, tels que certains principes architecturaux vernaculaires liés au climat qui, liés à un regard et un savoir-faire contemporains, seront réinterprétés, améliorés et intégrés à une réponse spatiale moderne. Nous espérons en effet poursuivre notre démarche – si le projet se réalise – jusqu’à cette étape que nous souhaitons faire vivre comme un « chantier école » où les éléments théoriques et techniques seront affinés et transmis in situ pour qu’ils soient réutilisables pour d’autres réalisations. En collaboration avec Philippe Bonan et Benjamin Mahieu
117 Lucie Touré Design textile et matière Paper / Pleats / Design Mémoire dirigé par Isabelle Guédon Merveilleux déchets L’Inde figure aujourd’hui parmi les pays les plus sales et les plus pollués au monde. Les sacs plastiques et autres déchets ménagers représentent une des causes majeures de pollution, leur amoncellement dégradant l’environnement. À défaut de système de recyclage adéquat, les déchets sont ensevelis ou entassés sur le bord des routes. En partant de ce constat, je me suis interrogée sur les différentes solutions de transformation et de sublimation de ces déchets, qui faciliteraient également leur recyclage. Mon intention est de créer une collection de textiles, inspirée de l’Inde, pour la mode (vêtement et accessoire). Le matériau recyclé est transformé et associé à d’autres matériaux ; il ne garde pas sa forme première et devient méconnaissable, il est sublimé. J’ai choisi de travailler à partir de trois déchets principaux : les sacs plastiques, les canettes et les saris usés. La transformation de ces matériaux doit être fondée sur des principes simples adaptés aux techniques textiles et aux artisanats locaux ne nécessitant pas un dispositif et des moyens trop complexes. Mon but est de mettre au point ces principes pour ennoblir des déchets et les substituer ou les associer à des matériaux textiles, ce qui m’amène à trouver de nouveaux processus de création et de fabrication. L’Inde est à la fois le lieu d’inspiration, de collecte des matériaux et de production de mon projet. La dimension sociale de mon projet est très importante, l’Inde ayant une culture textile très riche et étant l’un des plus grands producteurs de déchets au monde. La collecte et la transformation des déchets pourraient permettre de faire travailler des artisans dans le but de valoriser leurs savoir-faire et de proposer ces collections pour les marchés locaux et internationaux.
117 Lucie Touré Design textile et matière
Merveilleux déchets « Prachi, Kreya et Mansi », maille de fil de lin ou de coton et de fil de sac plastique recyclé « Jaya », tissages de fil de coton et de fil de sac plastique recyclé
118 Nicolas Tromp Design objet
Ona Modèle en polystyrène vu de trois-quart face
118 Nicolas Tromp Design objet Le design du bonheur Mémoire dirigé par Anna Bernagozzi-Lalanne Ona « La molécule H²O devient un motif de discorde. Jadis, c’était un don du ciel. De nos jours, on y voit une marchandise. Demain, ce sera un produit stratégique… » Yves Paccalet, L’humanité disparaîtra, bon débarras ! Paris, Arthaud, 2006 (Prix du pamphlet 2006) L’eau est la ressource la plus précieuse, pourtant elle est gaspillée, polluée et inégalement répartie sur la surface du globe. Alors que l’accès à l’eau devrait être un droit universel de l’humanité, certains s’intéressent à sa valeur marchande. Le design doit être éminemment politique, prendre une place stratégique dans l’éducation, la culture et l’économie. Le projet Ona est une fontaine prévue pour les cours de récréation des écoles, des aires de jeux, des squares, des piscines. À la fois mobilier urbain et objet design, Ona est aussi un objet de réflexion qui rappelle que l’eau n’a pas de prix. De plus, il s’agit de faire sortir le point d’eau alimentaire des toilettes pour le mettre dans un espace ouvert. C’est le rôle du design inspiré par le manchot. Il représente la liberté (il vit sur un continent sans propriétaire, l’Antarctique), l’égalité (en couple, il règne une parité absolue des rôles), la fraternité (face à la dureté du climat, il se collent les uns aux autres pour survivre). Pour représenter notre triptyque national, la dénomination Ona vient du nom des peuples originaires de la Terre de Feu. Aujourd’hui disparus, ils représentent la fragilité de notre humanité. Destinée aux enfants, la forme d’Ona s’inspire d’une culture, dite « populaire », celle du dessin animé afin de transmettre un message accessible au plus grand nombre et non pas à une poignée d’initiés. La fontaine Ona est un objet généreux et pédagogique pour réapprendre à boire et à partager ce bien précieux qu’est l’eau « publique ». De plus, Ona est pensée pour s’adapter à leurs besoins : ergonomie, hygiène, résistance et facilité d’entretien. Ona est directement raccordée au réseau d’eau courante de la commune : un jet d’eau coule entre 77 et 95 cm de haut, permettant aux enfants (dont la taille varie de 105 et 150 cm entre 5 et 11 ans) et aux enfants en fauteuil roulant de boire confortablement. Une hygiène parfaite est garantie pour les enfants car il n’y a aucun obstacle entre l’eau et la bouche grâce à un détecteur photosensible au niveau du bec qui déclenche le jet. Le polyester résiste très bien aux intempéries, aux UV et aux dégradations dues à l’usage. De par son ergonomie et sa facilité d’entretien, cette fontaine trouve idéalement sa place dans les cours de récréation. Ona utilise un procédé de purification de l’eau unique, Cartis, dont le système écologique associe le charbon actif et l’argent métal pur, utilise les nanotechnologies et la technologie plasma, permet d’éliminer l’ensemble des bactéries et des contaminations retenues dans l’eau (métaux lourds, virus, bactéries) y compris les parties solubles. Cartis débarrasse aussi l’eau du calcaire de manière écologique. L’eau purifiée sans aucun goût ni odeur de chlore redevient plus agréable à boire. En partenariat avec la fondation France Liberté – Danielle Mitterrand
Mémoire avec les félicitations du jury
119 > 21 Nicolas Tsan Design objet L’objet industriel dans les films de Jacques Tati Mémoire dirigé par Patrick Blot Quarante-sept quatre Nous souhaitions dès le départ inscrire notre recherche dans un contexte domestique et travailler à l’élaboration d’une gamme de mobilier qui s’oppose à une vision sédentaire de l’habitat tant à l’échelle de ce dernier (quand les meubles deviennent architecture : aspect des objets et disposition de l’intérieur figés) que vis-à-vis d’une évolution progressive dans le comportement des locataires et des propriétaires vers une plus grande mobilité. Le poids total de notre gamme s’élève à 47,4 kg : elle comprend une armoire, une penderie, une table basse, une table de chevet, un tabouret ainsi que deux formats de lampes murales. Notre projet s’est donc construit autour de l’idée de concevoir du mobilier à la fois léger et dont l’aspect puisse être modifié. Nous nous sommes inspirés de l’habitat nomade des Mongols pour dessiner des meubles dont la structure en bois est habillée de tissu. À ce principe de légèreté se sont ajoutés ceux d’économie de bois, de facilité de transport et de fabrication, qui nous ont conduit à opter pour un procédé de découpe numérique de planches de contreplaqué. Ce matériau a permis de répondre aux contraintes de résistance et de planéité imposées par ces principes. Les différents éléments de structure ont été conçus de manière à limiter la perte de bois dans la planche découpée. Les pièces ainsi mises en œuvre ne nécessitent que peu de finition avant de pouvoir être assemblées par l’utilisateur ; des systèmes d’encoches minimisent le recours à l’emploi de vis. Les tissus étant fixés à la structure par un système velcro, ils peuvent être ôtés facilement, soit pour modifier l’aspect du meuble (enlever ses façades) soit pour en changer la couleur. En collaboration avec Julien Cedolin Technique et matériaux : fraisage à commande numérique, couture, contreplaqué de bouleau, batyline, coton, velcro
119 > 21 Nicolas Tsan Design objet
Quarante-sept quatre Petite applique murale de 0,8 kg ; armoire de 14,9 kg avec exemple d’habillage possible ; penderie de 15,7 kg
120 > 80 Maud Tyzon Architecture intérieure
.RAR. Une résidence d’artistes au Raincy Mur d’expression, show room, galerie
120 > 80 Maud Tyzon Architecture intérieure Les nouveaux espaces citadins ou comment l’interaction homme / espace peut apporter une nouvelle vision du quotidien Mémoire dirigé par Élise Capdenat .RAR. Une résidence d’artistes au Raincy Le format de fichier .RAR a été créé pour stocker et compresser l’information dans le but de mieux la diffuser. Ce projet vise à rassembler et à promouvoir la création artistique internationale, dans toute ses expressions, par le biais d’une résidence d’artistes associée à des relais d’informations mobiles, dits les « modules voyageurs ». Connectés au réseau des transports urbains d’Île-de-France – et plus particulièrement à la ligne E du RER – ces modules voyageurs ont pour intention de capter et solliciter l’attention des passants pour leur donner envie de se rendre au RAR, situé en périphérie de l’agglomération parisienne. Implanté le long des voies du RER E, .RAR accueillera une structure adaptée, en termes d’équipements, de matériel et d’espace, offrant à des artistes internationaux comme à de jeunes créateurs les moyens de mener un projet personnel dans sa totalité. Il s’agira ainsi d’amener le public à une autre expérience du musée, lui permettant de suivre de A à Z les différentes étapes de production. Soutenir la création, aider à sa diffusion tout en favorisant l’échange et la rencontre, tels sont les trois grands enjeux qui régissent le .RAR. En collaboration avec Pauline Marcyniuk
121 Camille Ulrich Scénographie La retouche Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte Cent ans de solitude, une saga microcosmique Cent ans de solitude, roman écrit par Gabriel García Márquez en 1967, relate cent ans de la vie de la famille Buendia, dont les aïeux fondèrent le village solitaire de Macondo dressé entre la mer et la sierra. Ce village devient le théâtre des passions de femmes et d’hommes, augurées par un vieux gitan sur de mystérieux parchemins que seul le dernier membre de la lignée parviendra à déchiffrer. Immergé dans ce roman, le lecteur est comme emporté par le courant d’un fleuve qui charrie les souvenirs de plus d’un siècle. J’ai fait le choix d’une étendue de terre comme élément essentiel du dispositif scénographique, une étendue modelable, en hommage à l’écriture plastique et malléable de Gabriel García Márquez. Dans ce microcosme sablonneux, des comédiens et un conteur nous transmettent le texte. Leurs mouvements sont rythmés par des gestes en relation avec cette terre : ils ratissent, creusent, modèlent sa surface. Le conteur, lui, transforme l’espace en profondeur : il y intervient en tant que démiurge, provoquant le déluge, la chaleur, l’invasion des végétaux et des insectes… Sur ce terrain de jeu paysage face auquel le public est assis en arc de cercle, le conteur et les comédiens interprèteront les passions qui animent Cent ans de solitude au long de trois représentations de deux heures, nommées respectivement « La création », « Les bouleversements » et « L’effacement », et réparties sur trois soirées, dans l’esprit de ce roman fleuve que l’on ré ouvre chaque soir avec plaisir à la page où on en était resté.
121 Camille Ulrich Scénographie
Cent ans de solitude, une saga microcosmique Début de la deuxième partie : « Les bouleversements », maquette de l’ensemble au 1/33e et vue de détail de la maquette ; Fin de la troisième partie : « L’effacement », maquette au 1/50e
122 Eugénie Vaquier Scénographie
J’aime ce pays de Peter Turrini
122 Eugénie Vaquier Scénographie Toute scénographie a un secret que la lumière doit révéler Mémoire dirigé par Raymond Sarti J’aime ce pays de Peter Turrini Cette pièce de théâtre, écrite 2001 par un auteur hongrois d’origine italienne, raconte l’histoire d’un jeune réfugié nigérian détenu en Allemagne. La pièce est en trois actes. L’action se déroule dans quatre lieux différents : d’abord un centre de reconduite à la frontière, puis un extérieur à Berlin pendant la Love Parade, ensuite l’intérieur d’un appartement et enfin une cellule de prison. C’est une pièce contemporaine engagée politiquement dans laquelle il est intéressant d’observer tant le côté cru des actions que son aspect onirique. Cette pièce met en perspective différentes notions paradoxales sur l’idée de l’emprisonnement d’un étranger. En effet, en parlant d’enfermement, cette pièce fait réfléchir à la signification de la notion de liberté. Ces deux notions étant intrinsèquement liées. J’ai souhaité faire ressentir aux spectateurs de l’empathie pour le personnage principal, en réfléchissant au rapport entre la scène et la salle. Ma scénographie, qui nécessite de la machinerie, est comme un engrenage dans lequel est pris le héros. J’ai aussi essayé de rendre visible la tension entre l’intérieur et l’extérieur. Techniques et matériaux utilisés : maquettes, photos, plans, textes
123 Lena Ville Image imprimée World of Warcraft Mémoire dirigé par Luc Gauthier Alors, elles sont parties courir toutes nues dans la forêt Je suis entourée d’images, je suis entourée de femmes, je suis entourée d’images de femmes. Elles sont de l’intérieur, elles posent, s’offrent au regard, elles sont amoureuses, rassurantes, elles sont discrètes mais désirables, elles sont mères. Elles m’ennuient. À travers le dessin, la peinture et la céramique, j’ai tenté d’explorer ma propre définition de la féminité, de la sexualité féminine, du rapport au corps. Mes héroïnes sont de celles qu’on ne voit pas. Les voilà, plus désirantes que désirables. Leurs corps nus recomposés d’images en images, peuplent un monde imaginaire. Elles vivent dans des jungles de carton pâte, de gravats précieux comme un service à thé… Techniques et matériaux : Édition, volumen, impression jet d’encre sur calque polyester Série de peintures, huiles et aquarelles sur calque polyester Série de dessins, porte-mine sur calque polyester Installation, porcelaines et faïences émaillées
Grand projet avec les félicitations du jury
123 Lena Ville Image imprimĂŠe
Alors, elles sont parties courir toutes nues dans la forêt
124 Laure Wauters Image imprimée
Les endormis « Jungle », collage, acrylique, pigment à l’œuf et crayon, 75 × 110 cm « Citadelles et déserts », dessins sur papier et calque photographiés sur table lumineuse « Méduses et fleurs », crayon sec, crayon litho, graphite « Caverne et reliquaires », crayons de couleur, feutres, sérigraphie
124 Laure Wauters Image imprimée Collection d’art / Art de la collection Mémoire dirigé par Iris Levasseur Les endormis Jamais l’enveloppe n’a tant comptée qu’aujourd’hui. Par un processus d’inversion des représentations, l’apparence n’est plus le reflet de l’âme mais une vitrine, un lieu des mises en scènes de soi. L’intérieur devient extérieur. Le corps se plie aux multiples aspirations de son propriétaire et dissimule ses trop nombreuses imperfections. Chaque individu est devenu un îlot, un organisme, un élément d’une société de pénitents, posés les uns à côté des autres, constituant ainsi des foules solitaires. Les personnages narcissiques y sont en représentation. Tournés sur eux-mêmes, ils prennent la pose, ils s’ennuient. Mes images tentent de saisir ces vacuités. Une première série propose des paysages (en techniques mixtes) qui sont conçus comme des « vanités ». Les personnages sont placés parmi des éléments symboliques insérés dans un décor, souvent minimal, à la manière d’une mise en scène théâtrale. De ces paysages imaginaires sont extraites trois figures à travers lesquelles les personnages se métamorphosent en archétypes. Une seconde série de travaux compte aussi trois projets éditoriaux qui sont à comprendre comme des sortes de scans opérés sur chacun des trois personnages transfigurés en trois univers qui les mettent en abîme : organique, « Méduses et fleurs », architectural, « Citadelles et déserts » et mystique, « Cavernes et reliquaires ».
Mémoire avec les félicitations du jury
125 Élodie Weis Photo / vidéo Fictions du réel Mémoire dirigé par Clarisse Hahn Des mots impatients Des êtres impatients et des paroles jetées suggèrent un désir d’ailleurs. À travers la réalité de deux personnes traversées par une même nécessité, Nicolas, apprenti carrossier et Élise, retraitée, comment rendre compte de la vitalité contenue dans leurs gestes quotidiens ? Aller à la rencontre de personnes qui croient et m’immerger dans leur réalité, saisir ce qui transparaît de leur foi dans leurs gestes quotidiens les plus insignifiants, saisir leur vitalité, mais aussi leurs peurs, leurs doutes, leurs rêves enfouis, tel est le point de départ de cette aventure cinématographique. Une expérience qui s’est concrétisée par l’émergence d’un film faits d’instants extraits du quotidien de Nicolas et d’Élise, deux êtres unis par cette même nécessité : croire. Les instants choisis en regard de cette nécessité ont été mis en lumière et remodelés pour conférer à ces situations en apparence banales un éclat particulier. Par le biais d’un montage parallèle, une histoire possible émerge entre les deux acteurs principaux, une correspondance qui n’existera que le temps du film. Les gestes lents et précis d’Élise amènent un relief au corps sans cesse en mouvement de Nicolas, un équilibre se crée alors dans l’esquisse de ce double portrait. En m’inspirant et en travaillant à partir du quotidien de vraies personnes, le film est devenu un objet oscillant entre deux genres, empruntant au cinéma documentaire ses codes et à la fiction sa puissance narrative. Techniques et matériaux : film couleur, sonore, HD, 12 mn
125 Élodie Weis Photo / vidéo
Des mots impatients
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Bruno Albizzati + 33 (0)6 58 29 14 20 brunoalbizzati@hotmail.com Antonin Anzil + 33 (0)6 77 27 20 03 antonin.anzil@gmail.com Leïla Arenou + 33 (0)6 68 52 14 48 leila.arenou@gmail.com leila.arenou.fr Lysmina Attou + 33 (0)6 83 55 65 49 lysmina@hotmail.com Elsa Aupetit + 33 (0)6 78 21 73 88 elsa.aupetit@@gmail.com octobre3.fr Lorine Baron + 33 (0)6 85 95 10 43 lorinebaron@hotmail.fr Anna Belyavina-Normand + 33 (0)6 19 26 70 98 annanormand@yahoo.fr Claire Berchon + 33 (0)6 30 53 59 14 claire.berchon@gmail.com Sophie Bessette + 33 (0)6 82 23 14 69 sophie.bessette1@gmail.com Cléo Biasini + 33 (0)6 35 40 69 10 cleobiasini@gmail.com biac.free.fr Hugo Blanzat + 33 (0)6 79 04 99 26 hugo.blanzat@gmail.com hegoproject.com
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Aurore Chartier + 33 (0)6 15 09 53 12 aurora.chartier@gmail.com Julie Chheng-Stephen + 33 (0)6 98 27 70 99 julie.stephen.chheng@gmail.com Grichka Commaret + 33 (0)6 13 65 51 89 grichka.commaret@gmail.com octobre3.fr
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Léo Forest + 33 (0)6 18 16 58 28 leo.forest@laposte.net
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Camille Pajot + 33 (0)6 78 44 40 46 camillepajot@hotmail.fr Guillaume Pavageau + 33 (0)6 50 07 06 29 Martine Pellé + 33 (0)6 73 84 35 85 pelle.mathilde@gmail.com mathildepelle.com Dan Perez + 33 (0)6 69 65 50 24 ddan.perez@gmail.com Naïmé Perrette + 33 (0)6 37 31 36 53 naime.perrette@gmail.com Mina Perrichon + 33 (0)6 82 86 18 23 mina.perrichon@gmail.com minaperrichon.com Jennifer Pineau-Ledreney + 33 (0)6 32 18 44 23 jennepineauledreney@gmail.com Geoffroy Pithon + 33 (0)6 74 15 51 97 geoffroy.pithon@gmail.com Martin Plagnol + 33 (0)6 22 73 89 48 martin.plagnol@gmail.com octobre3.fr/ Pierre-Alain Poirier + 33 (0)6 15 61 95 98 poirierpierrealain@gmail.com Marion Poncelin de Raucourt + 33 (0)6 79 39 62 79 marionderaucourt@gmail.com Thomas Pons + 33 (0)6 88 72 82 62 thomas.snop@gmail.com
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Michaël Sok + 33 (0)6 98 28 79 62 me@michaelsok.com michaelsok.com Maxence Stamatiadis + 33 (0)6 43 00 99 91 Julia Stern + 33 (0)6 81 96 55 97 jjulia.stern@gmail.com Clio Szeto + 33 (0)6 01 75 83 02 clioszeto@hotmail.com Hélène Tamalet + 33 (0)6 73 08 82 78 helene.tamalet@gmail.com Anne Thémans + 33 (0)6 45 77 83 28 anne.themans@gmail.com Sara Théron + 33 (0)6 85 88 00 80 sara.theron@gmail.com saratheron.fr Aurélien Thibaudeau + 33 (0)6 74 88 15 42 Aurel.thibaudeau@gmail.com roues-libres.org Lucie Touré + 33 (0)6 72 08 86 65 lucie.toure@gmail.com Nicolas Tromp + 33 (0)6 07 67 79 18 nicolas.andre.tromp@gmail.com Nicolas Tsan + 33 (0)6 62 67 70 63 nicolas.tsan@gmail.com nicolastsab.com
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École nationale supérieure des Arts Décoratifs
Catalogue des diplômés 2012
Catalogue des diplômés 2012
Colophon
Directrice de la publication Geneviève Gallot Documentation Lydia Mazars Conception graphique Atelier trois (www.ateliertrois.fr) assisté d’Alexandrine Thore Photographies Tous documents fournis par les étudiants, à l’exception des clichés suivants : Melvyn Bonnaffe (114), Dominique Feintrenie / EnsAD (7, 20 en bas à gauche, 21, 45, 48, 63, 70, 81, 82, 83, 89, 104, 105 en bas, 119), C. Hano (20 en haut à droite), Marie Lagabbe (4 en haut à droite), Charles Marchon (34 en bas à gauche), Vincent Morin (50 à droite), Babette Pauthier (photo Design vêtement couverture), Dan Perez (4 en haut à gauche), Laurence Sudre / EnsAD (2, 12, 31, 51, 54, 64, 96, 113) Intégration des textes, relecture et corrections Service des éditions Photogravure Imprimerie du Marais, Paris Impression Imprimerie du Marais, Paris Achevé d’imprimer en décembre 2012 Contact École nationale supérieure des Arts Décoratifs 31, rue d’Ulm 75240 Paris cedex 05 + 33 (0)1 42 34 97 00 www.ensad.fr Facebook www.facebook.com/Ensad/75 Twitter Ecole-ArtsDeco