2013_MSCI-2_DIPLÔME_MAGALI_GIRAUDO

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Pour une communication poétique tome 01 | recherches Magali Giraudo | Promotion 2011-2013 Mastère Stratégie de Communication par l’Image École de Condé Paris



Mémoire dirigé par Lionel Hager & Grégoire Hénon

Magali Giraudo | Promotion 2011-2013 Mastère Stratégie de Communication par l’Image École de Condé Paris



avant-propos « La poésie ça vous barbe, c’est inutile, vous n’avez pas le temps, ce n’est pas sérieux, c’est bon pour les petites filles boudeuses ou des illuminés solitaires et romantiques, c’est charmant comme un bouquet de fleurs mais à choisir mieux vaut un steak sur la table, et puis, de toute façon, on n’y comprend rien ! » Cette citation de Jean-Pierre Siméon, poète et directeur artistique du Printemps des Poètes, illustre bien les confusions qui existent au sujet de la poésie. Pourtant, elle est un outil riche et puissant pour la communication ; de par sa forme, sa composition, ses visées (qu’elles soient lyrique, argumentative ou bien encore didactique), ses enjeux, sa façon de s’adresser à l’autre, sa musicalité… Malgré tous ces atouts, elle semble être victime d’une image tour à tour élitiste ou ringarde, d’une image qui s’est vulgarisée au fil du temps. Alors, finalement, qu’est-ce que la poésie ? Et pourquoi ne pouvonsnous pas rester indifférents face à de beaux vers, des mots justes ou bien encore une nouvelle vision, un nouveau regard porté sur le monde ? Cela prouve pourtant que la poésie est un excellent moyen de s’exprimer, et par là-même, de communiquer. Si j’ai souhaité m’intéresser à cet art, c’est parce qu’il représente toute la richesse et la beauté de la langue, avec toutes ses subtilités, ses jeux sur la forme et sur le sens, et qu’il semble pourtant tomber dans la vulgarisation de nos jours. Au-delà de ça, il est possible d’établir de nombreux parallèles entre le graphisme et la poésie. 5


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D’ailleurs le graphisme ne serait-il pas un début de poésie ? En ce sens qu’il joue également avec les formes et leurs fonctions, qu’il est communicant et visuel, qu’il est apte à véhiculer un ressenti ? Ou du moins, le graphisme ne serait-il pas intimement lié à la poésie littéraire ? C’est dans ce but là que je tenterai, à travers ce mémoire, d’intervenir en tant que graphiste ; de proposer une vision de la poésie en tant que moyen de communication, en réutilisant ses codes et ses modes de fonctionnements… Je ne prétends bien sûr pas à l’exhaustivité de mes recherches, et encore moins de mes futures réponses, mais j’espère pouvoir traiter ce sujet sous un angle qui me parait intéressant : celui du graphisme et de la stratégie. Je tâcherai de le prendre sous un angle un peu différent de celui des mémoires dont j’ai pu entendre parler qui traitent également de poésie et de graphisme :

il semblerait logique de promouvoir la poésie par la poésie (cette poésie étant une fin en soi), mais j’aimerais mettre en avant la poésie en tant que moyen de communication graphique et stratégique, afin de vérifier son efficience dans le cadre d’un projet – qu’il soit à caractère social, commercial, culturel, informatif…

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De plus, je souhaite m’intéresser à la poésie dans le sens littéraire du terme ; la poésie qui joue sur les sons, les rythmes et les images, et non à la poésie en tant que caractère donné à une chose.


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Ce mémoire sera également pour moi l’occasion de concilier deux de mes centres d’intérêts : la littérature et la communication visuelle. En démarrant ce projet, je suis consciente du travail qu’un tel sujet demande lorsqu’on n’a pas énormément de connaissances en poésie (ce qui est mon cas), mais l’un de mes buts, sur un plan plus personnel, est de sortir de cette expérience enrichie de ce que j’aurai appris…

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sommaire Avant-propos | 05

Introduction | 11 Exposition du contexte, de la problématique et des enjeux | 11

Une matérialité qui fait sens | 19 Un effet de résonance | 21 Une scansion qui influe sur le rythme de lecture | 44

Le pouvoir d’évoquer | 73 Lectures multiples | 75 Densité poétique | 101

La forme issue de la contrainte | 109 Un art du système | 111 L’économie des moyens | 116

Déconstruire la langue | 119 L’hybridation de la langue | 121

Conclusion | 131 9



introduction Lorsque Jean-Michel Maulpoix, auteur d’ou- « Les prétendues définitions vrages poétiques et professeur agrégé de de la poésie ne sont, et ne lettres modernes, tente de définir la poé- peuvent être, que des documents sie, il s’accorde à dire qu’elle « constitue un sur la manière de voir et de objet d’étude difficile à cerner, en constante s’exprimer de leurs auteurs. » mutation à travers l’histoire, et sur lequel la Paul Valéry théorie a peu de prise. (...) De sorte que parler de la poésie conduit la plupart du temps à tenir un discours mal approprié : trop technique ou trop subjectif ». Cependant, si la poésie est difficilement définissable, Maulpoix n’hésite pas à s’exprimer sur sa vision du poète : cet homme serait celui qui sait rester en éveil dans le temps, attentif à tout ce qui se passe et tout ce qui change. Plus encore, il serait celui qui sait utiliser toutes les ressources de la langue pour « donner de la présence à ce qui s’absente ». Mais si le poète, à travers les époques, a pu imposer sa place en tant que prophète, en tant qu’homme qui éveille les consciences, la société moderne ne l’entend pas toujours de cette oreille. La poésie ne semble pas être réellement prise en compte ou appréciée pour ce qu’elle est de nos jours, tour à tour vue comme un genre littéraire ringard ou élitiste. Pourtant, selon un sondage que j’ai effectué auprès d’une soixantaine de personnes – de mon entourage proche et indirect – elle touche, elle émeut, même si celles pouvant admettre en être amatrices, voire spécialistes, sont extrêmement rares. Par conséquent, la poésie porte en elle une force expressive capable de toucher un grand nombre d’individus. 11


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Pour cela, elle suit des processus de création complexes et permet de dégager une puissance évocatrice plus forte que celle d’une écriture argumentée.

« Un poème doit en quelques lignes faire passer un message important qui nécessiterait des pages entières si le message était écrit sous une forme standard. »

En effet, la poésie établit des liens, « met en relation des mots ou des représentations » et crée ainsi une « extrême concentration de l’image » (Cf. JL Joubert, La Poésie).

Mais plus encore, la poésie est le plus souvent chargée d’un message. Très engagé, Charles Louandre, dans La Poésie depuis 1830, tente de démontrer sa profondeur, souvent relayée au second plan, ou caricaturée dans sa vulgarisation. En effet, la poésie, à l’aide des procédés d’écriture dont elle est issue, doit avant tout générer du sens. À elle seule, elle peut contenir le discours le plus complexe qui soit en un minimum de signes, afin de faire comprendre l’essentiel du message revendiqué le plus rapidement possible. La poésie, au cours de l’histoire, a notamment déjà servi l’engagement politique, a déjà été mise au service d’idées, en portant des messages.

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Romain, 25 ans, Commissaire en développement économique à Montréal (Sondage).

En cela, et également parce que la poésie possède, entre autres raisons, une puissance évocatrice, un pouvoir d’influence et de mémorisation, la poésie peut être rapprochée de la communication en ce sens qu’elle permet de faire passer un message. Roland Barthes introduit lui-même ce rapprochement lorsqu’il écrit son Message publicitaire, rêve et poésie. Par ailleurs, Lorenzo Menoud, dans son article « Peut-on faire de la poésie concrète aujourd’hui ? » compare également la communication à la poésie ; selon lui, dans un cas comme dans l’autre, elles permettent de réaliser certains rapprochements inédits de façon extrêmement rapide (même s’il reste que le but de ces deux entreprises est totalement différent – Dans un cas, on tente


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de créer un besoin ou de faire adhérer à un message, dans l’autre on exprime une idée au sens large). La poésie possède donc une force expres- « La poésie [est] une force sive intéressante à exploiter graphique- vivante sous tous ses aspects, ment. C’est dans ce contexte, et en tentant même anti-poétiques, d’apercevoir tout ce qui ferait de la poésie, l’écriture n’en étant qu’un par l’utilisation de ses procédés d’écriture, véhicule occasionnel (…). » une bonne façon de communiquer, que je Tristan Tzara me suis interrogée sur ma possibilité, en tant que graphiste, à intervenir dans une communication qui serait d’ordre poétique. Or, peut-il y avoir une nouvelle écriture poétique graphique ? La poésie, en tant que genre littéraire, que rapport au monde, peut-elle intervenir dans la communication d’un message visuel (qu’il soit à caractère social, commercial, culturel, informatif…) ? Ici, je ne tenterai pas de faire de la poésie visuelle, ni de faire d’une communication une poésie (en soi cela parait être impossible, de par le fait que la poésie est par essence anti-commerciale). En revanche, je me servirai de l’écriture poétique afin de générer une nouvelle sensibilité d’écriture graphique.

Ainsi, l’enjeu est donc ici de légitimer l’emploi de la poésie au sein d’une communication, par l’étude et l’utilisation de ses procédés d’écriture.

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À travers ce premier tome, il me faudra donc déterminer des procédés d’écriture caractéristiques* de la poésie et leur trouver une équivalence graphique qui leur permettrait d’être mis au service d’une forme de communication… Le but étant de gagner en force expressive et de générer des émotions par un nouveau biais, de dire les choses autrement, de développer une nouvelle sensibilité d’écriture graphique.

* Bien que le graphiste soit toujours soumis à une certaine neutralité car il doit souvent tenir compte de certaines contraintes (imposées par un projet, un commanditaire, une demande particulière), il se nourrit malgré tout d’expériences personnelles. C’est la raison pour laquelle – et également parce que la poésie est difficile à définir – il me faudra, à travers ce sujet, effectuer un choix (plus ou moins arbitraire) des procédés poétiques que je trouve intéressants à utiliser dans le cadre d’une communication.




recherches



une matérialité qui fait sens À l’origine chantée et récitée, la poésie a « La poésie est l’ambition toujours été intimement liée à une certaine d’un discours qui soit chargé matérialité, notamment par la musique. Le de plus de sens, et mêlé de mythe d’Orphée – figure emblématique de plus de musique, que le la poésie lyrique dans la littérature ancienne langage ordinaire n’en porte – est un parfait symbole d’un lien ancien et et n’en peut porter. » profond entre poésie et musique. Aux prePaul Valéry miers temps de la poésie, aucune distinction n’était faite entre ces deux arts. En Grèce antique, la môusike, c’està-dire tout un ensemble d’arts rythmiques, de formes en mouvements, servait de mnémotechnique, préservait les connaissances de la culture et soudait la communauté. L’art d’Orphée représentait alors la tradition et la transmission. Mais alors, comment la musique, et plus lar- « Le mot chien ne mord pas. » gement la matérialité, s’inscrit-elle au sein Jean-Paul Sartre d’un poème ? Et quel effet, quel sens lui apporte-t-elle ? Dans la langue parlée, il n’y a pas de rapport naturel entre le sens des paroles et les sonorités. Lorsque l’on parle d’un chapeau, les sonorités du mot « chapeau » ne sont pas faites pour décrire l’objet qu’il désigne. La langue poétique, au contraire, lutte contre ce style linguistique qu’on pourrait qualifier « d’arbitraire ».

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Elle s’efforce de donner une valeur représentative, de créer des relations entre les sonorités ; et ces effets sonores produisent du sens.


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Dans l’analyse d’un poème, il est important de définir le sens produit par les sonorités. Ces sonorités qui font sens en poésie sont notamment exploitées dans la rime qui est le retour des mêmes sons à la fin de vers ayant pour base la dernière voyelle tonique. Dans la rime il faut également tenir compte du genre (la rime peut être masculine ou féminine selon la dernière lettre du vers, et l’une des règle de la versification veut que l’alternance de l’une et de l’autre crée une harmonie musicale au sein du poème), de sa disposition (rime croisée ABAB, rimes suivies AABB ou rime embrassée ABBA) et de sa richesse (qui est définie par le nombre de syllabes qui riment dans le dernier mot du vers). La rime peut également être interne et se faire grace à l’assonance et l’alitération (répétitions de certaines voyelles ou consonnes qui créent des harmonies immitatives – quand les sonorités du poème en imitent le sens), grâce à la reprise d’un refrain (vers qui revient après chaque strophe)…

« De la musique avant toute chose. »

Mais cette matérialité se fait aussi par le rythme, qui se crée en poésie par la forme du vers (le nombre de syllabes et la façon Paul Verlaine, « Art Poétique » dont on le scande), les césures, les rejets et les enjambements qui saccadent la lecture.

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Bien que cette musicalité ne soit plus toujours utilisée, voire même refusée par certains poètes modernes et contemporains, elle n’en reste pas moins l’un des éléments constitutifs d’une forme de poésie majoritairement connue. D’autant plus que ce procédé d’écriture poétique est l’un des plus anciens et des plus répandus. Alors comment cette musicalité, ce jeu sur les sonorités et le rythme, pourrait-il être un élément qui structurerait l’image et qui évoquerait du sens ? Dans les expérimentations qui suivent, je me questionnerai sur le rapport entre les sonorités et l’image, afin de permettre à l’image de dégager une forme expressive qui induise du sens, comme le ferait la poésie.


matérialité

Un effet de résonance La musicalité présente dans la langue poétique permet, par la rime notamment, de créer des effets de résonance au sein du poème. En effet, la rime doit tout à la fois satisfaire l’œil, l’oreille et l’esprit.

« La poésie tend toujours à une certaine imitation de ce qu’elle signifie au moyen de la matière du langage. » Paul Valéry.

Scandant la fin des vers, elle crée une certaine accoutumance et une attente chez le lecteur/auditeur.

L’effet de résonance crée par la rime est présent à plusieurs niveaux dans le texte poétique : – il est présent au sein des sonorités qui se répondent entre elles ; – mais également entre les sonorités et le sens du poème. On parle notamment d’harmonies imitatives : les sonorités du poème en imitent le sens. Ces effets de résonance sont donc des caractéristiques intéressantes à exploiter dans le cadre d’une communication poétique.

Ces jeux sur la langue permettent d’ancrer des sons dans l’esprit du lecteur et d’instaurer une profondeur et une cohérence entre le fond et la forme du poème.

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Est-il alors possible d’utiliser ce principe de résonance afin d’apporter une forme de récurrence dans la lecture


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d’un message visuel  ? – récurrence qui permettrait de recréer cet effet d’accoutumance et de mettre en lumière le caractère principal du message. Dans l’Harmonie imitative de la langue française, poème en quatre chants, de Piis, chaque lettre est détaillée en une strophe créant des allitérations ou des assonances. Ces harmonies imitatives permettent à l’auteur d’exprimer le sens produit par le son et crée cet effet de résonance et d’écho. Fille d’un son fatal que souffle la menace L’F en fureur frémit, frappe, froisse, fracasse ; Elle exprime la fougue et la fuite du vent ; Le fer lui doit sa force, elle fouille, elle fend ; Elle enfante le feu, la flamme et la fumée, Et féconde en frimas, au froid elle est formée ; D’une étoffe qu’on froisse elle fournit l’effet, Et le frémissement de la fronde et du fouet. Harmonie imitative de la langue française, poème en quatre chants, Pils

Certains poètes, et notamment Jacques Roubaud, membre de l’Ouvroir de Littérature Potentielle (OuLiPo), ont poussé l’utilisation de ces sonorités répétives jusqu’à la saturation. – allô le boa ? allô le boa ? – no. Mahaut, la corbeau – allô, pas boa ? – no, no croa croa – quoa ? – no no pas boa croa croa croa mao la corbo.

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Extrait du « Boa » de Roubaud


musicalité matérialité - référents

Andy Warhol Andy Warhol, dans ses séries, met en action un principe de répétitions visant à banaliser l’objet de l’image dont il est question. Cette banalisation pourrait s’apparenter à une certaine accoutumance, résonance, voire une saturation visuelle, que l’on peut retrouver en poésie dans l’utilisation des harmonies sonores.

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Rime visuelle

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À travers cette expérimentation, j’ai souhaité mettre en lumière l’aspect répétitif et harmonisant de la rime. Par le même procédé, les rondeurs féminines ici accentuées font ressortir la douceur et la sensualité de l’image.


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En poussant cette accentuation jusqu’à la saturation, la forme répétée devient à la fois plus présente encore, et plus confuse, générant une nouvelle forme. Ici, la forme initialement dessinée pour soutenir les rondeurs du visuel devient le visuel prédominant et prend le pas sur l’image d’origine (comme le fait Roubaud avec ses saturations phoniques).

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Cette expérimentation confronte le même visuel à une interprétation formelle différente, comme le ferait la rime (qui influe sur la compréhension que l’on peut avoir d’un poème).


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Rime typographique Pour cette expérimentation, je me suis appliquée à reprendre le caractère essentiel de certaines typographies selon le principe de la rime visuelle. Dans le cas d’une fracture, ci-dessous le Engravers’ Old English, j’ai choisi de mettre en avant son côté classique et froid en soulignant l’aspect incisif et biseauté de ses caractères par l’utilisation des diagonales du parallélogramme.

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Le Neutra ci-contre, typographie linéale, a été repris, de façon à faire ressortir ses aspérités froides et rigoureuses en les soulignant par la redondance des verticales et des horizontales. Encore une fois, cette expérimentation met en avant l’interprétation que l’ont peu faire de la force expressive d’un signe (ici d’un caractère)


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En venant aposer un calque contenant les rimes typographiques sur les lettres, celles-ci s’estompent derrière, renforçant cette idée de résonance et d’accoutumance visuelle.


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Rime symétrique

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La résonance au sein du poème opère également par un effet de symétrie entre les mots : ils se répondent entre eux. Cette expérimentation tente de retranscrire cette caractéristique à travers l’utilisation du miroir intégré à la lecture d’un support éditorial.


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Antoine Bertaudière À travers son travail, Antoine Bertaudière retrace les lettres et multiplie les titres de ses affiches. Cela donne un effet de saturation où la forme de l’élément important à retenir prend le pas sur son sens, créant ainsi un motif identifiable et aisément mémorisable.


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Saturations typographiques L’élément qui se répète jusqu’à la saturation peut alors provoquer cet effet de récurrence qui va, ici, jusqu’à rendre la lettre illisible et à la rendre « motif ». Par ailleurs, la création de motifs laisse apparaître des courbes et des angles différents selon les lettres, ce qui évoque également des sens différents : la douceur par la rondeur pour les S, la dureté par l’aspect très géométrique des R… Ce qui pousse le rapport entre le fond et la forme, que les rimes poétiques créent également.

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Kyrielle visuelle

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En versification, une kyrielle est un principe de rime qui met en place la répétition d’un même vers à la fin de chaque strophe, ou qui reprend comme première syllabe d’un vers, la dernière syllabe du vers précédent. En transposant visuellement ce procédé de rime, on peut ici utiliser deux images qui se font échos par la répétition d’une forme (ici la rondeur des cerises et la rondeur des roues du vélo).


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Une scansion qui influe sur le rythme de lecture La scansion, en poésie, désigne la prononciation marquée des vers, pour délimiter les éléments qui permettent de le mesurer. En cela, elle permet de mettre en avant l’accentuation de certaines syllabes, et par extension, de certains mots, en indiquant un rythme de lecture. Le rythme (qui a été conservé lorsque la poésie chantée a disparue) en poésie peut être donné par le jeu de l’accent, de la coupe, de la césure, de l’enjambement (rejet et contre-rejet en sont les exemples les plus évidents – définition de l’enjambement p. 62). Le poème possède une structure qui le pousse à être lu de la manière dont l’auteur l’a voulu. Il met ainsi en place un certain nombre de règles afin d’influer sur la temporalité de la lecture.

« L’écriture est une affaire de motricité, une question de régime, d’accélérations ou de points morts, un incessant déplacement. » JM Maulpoix

Ainsi, l’auteur d’un texte poétique peut choisir de créer un équilibre sonore – par la régularité d’un alexandrin par exemple – ou de donner un aspect irrégulier à la lecture par un choix de vers plus court ou impair. Ces structures de vers se scandent alors en fonction des règles de diction de la poésie, alternées d’accents toniques et de silences.

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Tous ces éléments contribuent donc à la découpe de la diction et permettent de développer le sens du poème dans sa forme. Comment cette découpe peut-elle alors se faire dans un message visuel afin d’influer sur le sens et le rythme de lecture qu’on peut en avoir ?


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Accentuation : La scansion du poème doit tenir compte de son accentuation. Cette accentuation peut se faire de différentes manières ; en effet, elle peut se fonder sur plusieurs éléments, notamment la découpe des syllabes et des accents toniques (c’est le cas du vers français, auquel je me suis intéressée ici). Afin de comprendre l’accentuation d’un vers, les syllabes qui sont mises en avant (et qui font de ce fait sens dans le poème), il est nécessaire de séparer les mesures, de noter les repos dans le vers et de tenir compte des accents naturels de la langue.

« [Le vers] continue surtout de s’imposer dans une perspective résolument «moderne», (...) c’est-à-dire comme une sorte de ligne sismographique et de parole querelleuse où viennent s’inscrire les rythmes et les disjonctions du contemporain sous toutes leurs formes. »

Ainsi, à l’époque classique, on privilégiait l’utilisation d’une accentuation régulière, pour créer une harmonie rythmique. L’alexandrin notamment représentait cet équilibre rythmique parfait ; découpé en 2 parties équivalentes (dites hémistiches).

JM Maulpoix

Sans cesse à mes côtés // s’agite le démon Extrait de « La destruction » de Baudelaire

Baudelaire a souvent utilisé l’alexandrin dans le but d’instaurer ce qu’il appelait « la perfection de la forme ». Ainsi le vers peut se découper de façon régulière : Sans / ces / se à / mes / cô / tés // s’a / gi / te / le / dé / mon

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Avec le temps, les poètes se sont tournés vers des découpes moins régulières, jugées moins « ennuyeuses » ; Verlaine, dans son « Sonnet boiteux », construit un poème sur la boiterie du vers de 13 syllabes. Ah ! vraiment, c’est triste, // ah ! vraiment ça finit trop mal. Il n’est pas permis // d’être à ce point infortuné. Ah! vraiment c’est trop // la mort du naïf animal Qui voit tout son sang // couler sous son regard fan Extrait de « Sonnet Boîteux » de Verlaine

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On peut alors se demander comment cette accentuation des mots importants peut être mise en place dans une typographie, une image, afin de créer une certaine hiérarchie dans l’intonation d’une lecture ou les détails d’une image ?


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Régularité, irrégularité Afin, dans un premier temps, de comprendre une partie du fonctionnement de la scansion, j’ai voulu retranscrire le fonctionnement d’un vers régulier, puis irrégulier.

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À travers l’image, ou la mise en page ci-dessous, la scansion pourrait s’exprimer par l’étirement de certains détails, permettant d’accentuer des éléments en particulier et créant, de cette manière, un rythme de lecture (comme le fait l’accentuation dans un poème).


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Henri Meschonnic - « Les notations rythmiques » Afin de mettre en évidence et de marquer le rythme d’un poème, plusieurs notations ont été inventées. Dont la plus répandue, celle de Meschonnic, théoricien du langage et poète français. Ci-dessous, un tableau avec les principaux signes visant à annoter tous les éléments rythmiques d’un poème. Ce système met en avant la façon dont le poème doit être lu en permettant de repérer les accents forts et les repos dans la phrase.

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Les Graphiquants - Biennale Musiques en Scène 2012 Pour l’identité de la Biennale Musiques en Scène, Les Graphiquants ont crée un système de partition typographique. En accentuant certaines syllabes, ils instaurent un rythme dans la lecture de leurs affiches.


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Partition typographique En reprenant l’idée de « notations rythmiques », il est alors possible de créer une « partition typographique », un système d’échelonnage de l’importance des données à partir d’une grille de composition. Ici, les accents toniques de la phrase occupent une surface plus importante sur le quadrillage.

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En retirant le quadrillage, on remarque que la scansion se fait : l’œil est attiré vers les parties accentuées, indiquant l’importance de ces syllabes et leur détachement du reste du texte. L’amplitude du visuel retranscrit ici l’amplitude du son et rythme la lecture.


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Pierre Di Sciullio - Le Kouije Pierre Di Sciullo a crée des typographies expérimentales, qu’il appelle les inventions Vocalises, autour de notre rapport au son dans la langue. Avec le Kouije, il tente de représenter la prononciation des mots par des correspondances graphiques entre les lettres et les sons. Il étire les lettres, les déforme, les allonge, les épaissit, en fonction de l’effet et de la sonorité produite par la langue sur les mots…

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Atelier Müesli - Tram

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La communication pour Tram, Réseau d’Art Contemporain, faite par Müesli reprend un principe d’étirement de la lettre, qui crée un rythme, un ralentissement dans la lecture. Il est alors intéressant de s’inspirer de ce principe pour ralentir et mettre en avant les accentuations qui doivent être faites au sein d’un texte.


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Dédoublement syllabique Afin de recréer un principe d’accentuation à l’écrit, on peut alors mettre en application différents moyens – de la mise en couleur de certains éléments du texte, au doublement de la voyelle de la syllabe accentuée…

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… en passant par l’étirement de la lettre…

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Grille d’accentuation

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L’accentuation, au sein du poème, se fait notamment par le décalage entre une syllabe longue et une syllabe brève, entre une prononciation ouverte ou fermée. Ce décalage peut alors se retrouver dans une image par la destructuration de la composition. Au sein de la composition ci-dessous, l’élément devant être mis en avant ne s’aligne plus sur les repères définis par la grille de lignes de base.


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L’accentuation au sein du support

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La scansion ne pouvant être prise en compte que sur une certaine durée, cette notion de temps doit également apparaître dans la recherche sur la métrique d’un texte ou d’une image. Dans cette expérimentation, j’ai voulu mettre en application l’accentuation au sein d’un livre même (le livre représentant l’unité temporelle), en insérant des pages jaunes toutes les 3 pages, ce qui met l’accent sur certains éléments du texte et donne le rythme (comme le fait la scansion)…


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Enjambements : L’enjambement, quant à lui, est un autre éléments permettant d’indiquer la scansion d’un texte poétique. On appelle enjambement le fait que la fin d’un vers ne coïncide pas avec une unité syntaxique. Le rythme de la phrase est alors décalé par rapport au rythme du vers : la phrase « enjambe » sur l’autre vers. De cette liberté permise par l’enjambement, l’écriture tire de nombreux effets expressifs. On trouve 2 formes d’enjambements :

« La poésie et sa composition orale se calquent sur les rythmes du corps ; la scansion des vers « épouse » la respiration (…) Cette inscription de la poésie dans les gestes et le corps perdure même lorsqu’on s’éloigne de l’oralité. C’est elle qui fonde le rythme, élément essentiel du texte poétique. » JL Joubert

– Le rejet : est un enjambement qui porte sur un mot nécessaire à la compréhension du sens : le mot est alors « rejeté » au vers suivant. Une île paresseuse où la nature donne Des arbres singuliers et des fruits savoureux; Extrait de « XXII - Parfum exotique » de Baudelaire (Cf. Les Fleurs du Mal)

– Le contre-rejet : On parle de contre-rejet lorsque le mot est rejeté au vers précédent.

Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l’Espoir, Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Extrait de « Spleen » de Baudelaire (Cf. Les Fleurs du Mal)

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Les enjambements sont en fait des débordements syntaxiques d’un vers sur le vers suivant qui atténuent la pause normalement faite en fin de vers pour créer un effet de continuité ou de destructuration, servant à amplifier le sens du mot rejeté.


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Par ailleurs, l’enjambement permet d’améliorer la réception que l’on peut avoir d’un poème ; le fait qu’un vers ne soit, de prime abord, pas forcément une phrase dont l’unité syntaxique est entière, fait que l’on attend la fin de ce vers. Cet effet d’attente permet d’accroître la concentration de celui qui écoute / lit le poème. Claudel, dans sa « Remanque sur l’enjambe- « On a souvent parlé de la ment », explique justement « [qu’on] a souvent couleur et de la saveur des mots. parlé de la couleur et de la saveur des mots. Mais on n’a jamais rien dit Mais on n’a jamais rien dit de leur tension, de de leur tension, de l’état l’état de tension de l’esprit qui les profère, de tension de l’esprit dont ils sont l’indice et l’index, de leur char- qui les profère (…) » gement. Pour nous le rendre sensible, il suffit Paul Claudel, « Remarque sur l’enjambement » d’interrompre brusquement une phrase. Si par exemple [on] dit «Monsieur un tel est une canaille», [la personne qui] écoute [est] dans un état de demi-sommeil. Si au contraire [on] dit «Monsieur un tel est un…» [l’attention] est brusquement réveillée, […], [on est] obligé de passer de la position passive à la position active, de suppléer [soi-même] le mot qui manque. » L’enjambement est alors une parfaite illustration de ce phénomène de réception du poème. Ainsi, comment cette destructuration, cette interruption de la lecture, cette rupture du rythme peut-elle être mise en place dans un procédé graphique ? Si elle peut s’installer visuellement, elle pourrait, entre autres choses, apporter un autre procédé visuel pour retenir l’attention…

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Décomposer pour recomposer

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Dans cette expérimentation, le rejet se situe au sein de la mise en page. De cette façon, la fin de chaque phrase est « rejetée » sur la page suivante, créant ainsi une rupture de la lecture qui force l’attention.


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De la même façon, un système de pliage permettrait de créer cet effet de rupture et de continuité de la lecture présent dans le procédé du rejet.


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Enjambement et mise en abyme

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Dans cette expérimentation, j’ai souhaité utiliser la mise en abyme pour mettre en application le principe du rejet : l’image est découpée à travers différents formats de page, les parties absentes du petit format se trouvant « rejetées » sur le plus grand. De cette façon, l’effet de continuité et de destructuration provoqué par les enjambements se crée au fil des pages…


expĂŠrimentations

69


expérimentations

Rejet d’image

70

Au sein d’une mise en page, le rejet pourrait également être exprimé par la mise en place d’un système où les légendes des photos seraient présentes sur la page précédent l’image. Les images pourraient également se dérouler sur plusieurs pages…


expĂŠrimentations

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évocation

le pouvoir d’évoquer Selon Riffaterre, linguiste franco-américain, dans Sémiotique de la Poésie, « le lecteur le moins sophistiqué sent d’instinct la différence entre la langue de la poésie et celle de l’usage courant », notamment parce que pour lui, la différence entre la poésie et la nonpoésie réside dans la manière de générer du sens (les « signes poétiques » qui lui sont propres permettent « d’avancer » dans la compréhension du texte). Et les signes poétiques dont parle Riffaterre (aussi appelés « agrammaticalités ») ne se situent pas au niveau de la forme, mais dans le sens et les usages qui sont propres à la « langue poétique ».

Pour Riffaterre, lors de la lecture d’un poème, le lecteur doit alors « transformer » le texte ; le message du poème n’a souvent rien à voir avec ce qu’il nous dit.

Le lecteur n’est alors pas simplement passif, il participe à la lecture et l’interprétation du poème : ses connaissances, sa culture, ses référents, sont révélateurs de l’idée qu’il se fera du poème qu’il est en train de lire, et du degré de compréhension qu’il en aura. Le discours poétique fonctionne donc avec un système référentiel.

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Par ailleurs, la poésie à elle seule peut contenir le discours le plus complexe qui soit en un minimum de signes, afin de faire comprendre l’essentiel du message revendiqué


évocation

le plus rapidement possible. C’est là que réside l’une des forces essentielles de cet art : elle est rédigée de telle sorte qu’elle semble vouloir atteindre son but réel dès les premières lignes écrites ; elle est à la fois directe et métaphorique, immédiate et référentielle (elle dit ce qu’elle dit, mais fait toujours appel à une référence extérieure que le lecteur doit connaître pour avoir les clés du message délivré). Elle rassemble toute sa polysémie en un texte unique.

Le poème semble alors être un espace d’exploration, de déchiffrage des codes et des références, de repérage des signes poétiques et des différents sens et degrés de compréhension du texte.

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Ainsi, il serait alors intéressant de retravailler cette double lecture et cette densité poétique graphiquement, afin de faire émerger des procédés d’écriture issus de ces caractéristiques poétiques.


évocation

Lectures multiples Si la poésie fonctionne sur un système référentiel, elle semble donc admettre plusieurs niveaux, degrés de lecture. En cela, chacun peut y trouver son interprétation, plus ou moins juste / en accord avec la vision du poète. Même s’il est vrai que la poésie demande un effort de concentration pour parvenir à une réelle compréhension, elle semble tout de même proposer différentes lectures.

« Multipliant les isotopies, le texte poétique est polyphonique. Images, correspondances, métaphores, la poésie dit une chose par une autre. » JM Maulpoix

Effectivement, Umberto Eco, dans « Principe de l’œuvre ouverte », explique que même si une œuvre d’art (comprendre ici un poème) est créée en fonction de la volonté de son auteur, et qu’en cela elle représente une forme achevée afin qu’elle soit comprise comme il l’a voulue, elle est toujours dépendante de la sensibilité personnelle de chaque « consommateur » (ou de ses référents). Une œuvre d’art semble donc être toujours ouverte, au moins dans le sens où elle peut être interprétée de différentes façons. Mais, toujours selon Eco, ouverture ne signifie pas indétermination, ni infinies possibilités de la forme, ni liberté d’interprétation. Un éventail de possibilités d’interprétations a été soigneusement déterminé : la réaction interprétative n’échappe jamais au contrôle de l’auteur. Pour mettre en pratique ces lectures multiples, les procédés peuvent être formels (comme dans la correspondance érotique entre Alfred de Musset et Georges Sand – voir p. 82-83), mais peuvent également, et surtout, se situer dans les agrammalités et les figures de styles (telles que les métaphores, les comparaisons, les synesthésies). Jean-Michel Maulpoix évoque également les correspondances et les images lorsqu’il explique que « la poésie dit une chose par une autre »… 75


évocation

« Un mot devient, dans un contexte donné, signifiant d’un autre signifié. »

Le contexte peut également être révélateur d’une seconde lecture. Dans le poème « Dès que je me lève », de Jacques Roubaud (extrait de son recueil Quelque chose noir), le poète JM Maulpoix décrit le quotidien de son petit déjeuner, en y apportant des détails très précis (comme la marque de son café, et la comparaison de cette marque avec d’autres cafés…). A priori, le texte est une succession de descriptions pragmatiques. Mais le poème prend toute sa forme poétique lorsqu’on comprend qu’en réalité, le poète met l’accent sur le caractère insipide de sa vie depuis la mort de sa compagne. Il dissémine quelques indices grammaticaux dans son texte afin de pousser le lecteur à changer son point de vue et son interprétation… Dès que je me lève (quatre heures et demie, cinq heures), je prends mon bol sur la table de la cuisine. Je l’ai posé là la veille, pour ne pas trop bouger dans la cuisine, pour minimiser le bruit de mes déplacements. Je continue de le faire, jour après jour, moins par habitude, que par refus de la mort d’une habitude. Etre silencieux n’a plus la moindre importance. Je verse au fond du café en poudre, de la marque Zama filtre, que j’achète en grands verres de 200 grammes au supermarché Franprix, en face du métro Saint Paul. Pour le même poids, cela coûte à peu près un tiers de moins que les marques plus fameuses, Nescafé, ou Maxwell. Le goût lui-même est largement un tiers pire que celui du Nescafé le plus grossier non lyophilisé, qui n’est déjà pas mal en son genre. Je remplis mon bol au robinet d’eau chaude de l’évier. (...)

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Jacques Roubaud


matérialité

M/M - Björk / Théâtre de Lorient Ci-dessus, la pochette de l’album Vespertine de la chanteuse Björk. Ci-contre, une affiche pour le Théâtre de Lorient. Ces deux visuels ont été pris le même jour, dans le même contexte. Cependant, selon le point de vue, ils expriment deux choses différentes et peuvent donc se rattacher à un principe de double lecture.

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matérialité

Philippe Ramette - Photographies renversées

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Le travail de Philippe Ramette peut être assimilé à une double lecture : les sens de lecture de chaque photo indiquent différentes façons de voir les choses et questionnent sur le point de vue de celui qui regarde.


expérimentations

Changer son point de vue L’anamorphose expérimentée ici, sous forme de support éditorial plié, permet de formaliser le double point de vue, la double lecture, en fonction de l’endroit où l’on se place par rapport à l’objet. Cela met l’accent sur l’importance du contexte dans l’appréhension ou la compréhension d’une image, d’un visuel, et par extension, d’un texte poétique.

79


expérimentations 80

L’ajout de l’intéraction avec le support rend cette notion de point de vue et de contexte plus importante encore. Ici, le déploiement de l’image permet d’en saisir les différentes lectures possibles.


expĂŠrimentations

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expérimentations

Acrostiche visuel Dans la correspondance érotique entre Sand et Musset, le lecteur peut découvrir une deuxième lecture en occultant une ligne sur deux, ou en ne lisant que les premières lettres, premiers mots, de chaque vers (principe de l’acrostiche).

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Inspirée de ces poèmes, cette expérimentation se veut être un moyen graphique d’exprimer la double lecture.


expérimentations

Je suis très émue de vous dire que j’ai bien compris l’autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit là une preuve que je puise être aimée par vous. Je suis prête à vous montrer mon affection toute désintéressée et sans calcul, et si vous voulez me voir aussi vous dévoiler sans artifice mon âme toute nue, venez me faire une visite. (…) 83

Extrait d’une lettre de George Sand à Alfred de Musset


matérialité

Dutch Uncle Agency - Noma Bar

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À travers leurs images vectorielles, la Dutch Uncle Agency crée un jeu visuel entre les formes et les contreformes, instaurant ainsi un double sens de lecture, une mise en abîme du visuel dans le visuel.


expérimentations

Lecture dans la contre-forme Recherche autour de la deuxième dimension de la lettre : la contre-forme. Cette expérimentation révèle une lecture en négatif de la lettre qui peut impliquer la notion de seconde lecture.

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expérimentations

Second sens en négatif

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Intégré dans un principe d’écriture, cette lecture en négatif pourrait impliquer un second sens, moins direct et moins accessible.


matérialité

Yeju Choi - Only Time Will Tell Dans ces affiches, Yeju Choi rend le passant actif et lui permet de créer une seconde affiche à partir de la première (en décollant des stickers sur l’affiche noire pour venir les repositionner sur la blanche). Cette action crée alors des formes et des contreformes, laissant apparaître différentes versions du support. Le procédé de création de ces affiches retranscrit une seconde lecture du support à partir de la première.

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matérialité

Paper Tiger - La planète malade

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Ce projet, présenté à Chaumont en 2012, s’articule autour de l’idée d’un objet éditorial autonome et « intermédiaire ». Il s’agit d’une édition expérimentale d’un texte de Guy Debord, « La planète malade », mettant en scène différentes lectures par l’utilisation d’encres thermoréactives et photo-sensibles. Ce procédé permet d’élaborer une gradation entre les différents sens de lecture selon l’ordre d’apparition des écritures. Par ailleurs, le contexte ici intéragit directement sur l’œuvre et, par analogie, s’apparente au procédé poétique de la lecture multiple.


matérialité

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matérialité

Raymond Queneau - Cent Mille milliard de poèmes

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Dans ce recueil, Raymond Queneau présente ses poèmes sous une forme originale : c’est au lecteur de les recomposer en utilisant son système de vers découpés. De cette manière, il retranscrit la densité poétique sous une forme unique.


évocation

Progression : Le fait que la poésie puisse permettre différentes interprétations du texte met en avant son caractère ambivalent. La compréhension du texte ne se fait pas forcément lors de la première lecture, qu’on pourrait qualifier de lecture « naïve ». Mais cela implique alors qu’il y a un effort à fournir pour parvenir à une lecture qui serait justement interprétée : il revient au lecteur d’élucider certaines règles de construction (notamment en relevant les agrammaticalités de chaque poème, car elles sont révélatrices de la seconde lecture). Lire la poésie peut alors s’apparenter à analyser ce que le poème dit. Si le sens du poème reste dissimulé lors de la première lecture, la notion de progression de lecture existe. C’est en repérant, petit à petit, au fil du poème, tous les indices grammaticaux laissés par le poète que la réelle compréhension se fait. Ce repérage se fait à la fois par une mise à distance du poème, puisqu’il est parfois nécessaire de s’écarter de la première lecture pour comprendre la seconde, mais également par un rapprochement du poème, dans le sens où l’analyse de la langue est minutieuse.

Le processus de réception du poème se fait donc en plusieurs temps, et nécessite que la lecture se fasse progressivement.

Le sens réel du poème n’est accessible qu’après un effort de la part du lecteur, une fois que les agrammaticalités ont été relevées et interprétées.

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évocation 92

Jacques Roubaud - Ode à la ligne 29 des autobus parisiens Ce poème est un texte en vers de Jacques Roubaud qui se déroule au rythme d’un trajet de bus, de ses arrêts successifs et des montées et descentes des voyageurs. Dans cette mise en forme typographique, confiée à un groupe d’étudiants en DSA design typographique de l’école Estienne, chaque parenthèse, digression, évocation et autres dérives au récit du trajet se concrétisent sur la page par un retrait et un changement de couleur du texte. La progression peut alors être retranscrite en image de façon linéaire et implique un nouveau rapport à l’espace et au temps.


Maroussia Jannelle a choisi d’utiliser les codes du chantier pour cette identité. Ainsi elle construit un parcours qui puisse être lu de loin, et qui s’adapte à la mobilité des passants. Si ce projet avait été choisi, la charte des documents d’information aurait été évolutive, de façon à retracer les avancées du chantier.

évocation

Chantier du futur Palais de Justice - Maroussia Jannelle

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évocation

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Campagne de lutte contre la discrimination des personnes séropositives Cette campagne de publicité décline les visages de différentes personnes sur de grands espaces publicitaires.

vous

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- Merci à la Ville de Paris.

Une gène se crée alors chez la personne qui regarde l’affiche au niveau de la phrase d’accroche qui, de prime abord, reste très difficile lire. On est alors obligé de se rapprocher afin de comprendre le message (« Bravo, vous faites désormais partie des gens qui n’ont pas peur d’approcher une personne séropositive »). Sa compréhension se fait alors progressivement, au fur et à mesure que l’on avance vers l’affiche. Ce procédé tend à recréer l’effet d’attente, de développement progressif que l’on trouve dans la poésie.

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évocation

Richard Robinson, Trevor Jackson - Soulwax Dans ce travail sur la pochette d’album du groupe éléctro Soulwax, le travail visuel se rapproche du principe d’une illusion d’optique : la première lecture laisse place à la deuxième lorsqu’on se concentre sur le visuel.

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expérimentations

La progression dans l’éloignement

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Cette expérimentation, faite à partir du travail de Robinson et Jackson, permet d’instaurer une progression de lecture, un déchiffrage typographique (faisant écho au principe des agrammalités à repérer dans un poème), qui n’est possible qu’en prenant du recul face à l’affiche : la lecture n’est pas immédiate.


expĂŠrimentations

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98 ĂŠvocation


ĂŠvocation

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expérimentations

Progression et notion de temps

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La notion de progression étant indissociable de la notion de temps, de durée, j’ai ici travaillé des photos avec une pose longue afin de regrouper le mouvement, le développement du « récit » sous une seule et même image. On crée alors par ce procédé le mouvement dans l’image fixe.


évocation

La densité poétique Comme nous l’avons vu auparavant, la poésie permet différents degrés d’interprétation du texte.

Mais cela signifie que le texte poétique peut être un condensé de sens, il exprime un maximum de sens en un minimum de signes.

Cette « densité » permet au texte poétique de faire comprendre l’essentiel du message revendiqué le plus rapidement possible. C’est là que réside l’une des forces essentielles de cet art : la poésie est rédigée de telle sorte qu’elle semble vouloir atteindre son but dès les premières lignes écrites. Par ailleurs, si la poésie propose plusieurs lectures selon différents niveaux d’interprétation et de compréhension, ces lectures multiples se regroupent bel et bien en un texte unique. Pour reprendre les mots de Saint-John Perse, dans Oiseaux, la poésie serait même « l’unité recouvrée sous la diversité ».

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Selon Jean-Louis Joubert, professeur de littérature à l’université Paris 13, dans la Poésie, c’est « dans la distance qui se creuse entre les mots et les objets qu’ils désignent selon la communication habituelle [que] se glisse l’exercice de l’imagination et se déploie le principe du plaisir ». Autrement-dit, une certaine ambiguïté se trouve à l’origine de la poésie, ambiguïté qui tient à l’ambivalence du message. En effet, le poème est sans arrêt «parasité, voire débordé par d’autres possibilités d’organisation du texte ». Roman Jakobson, linguiste


évocation

influent du 20ème siècle, explique d’ailleurs que le poème nait de la tension entre deux visées contradictoires. Les quatrains postaux de Mallarmé illustrent d’une façon simple cette idée de double visée regroupée sous un texte poétique dense et unique. Lorsque le poète envoyait des lettres à ses amis, il rédigeait des quatrains en guise d’adresses : Au 55 avenue Bugeaud Le gracieux Helleu Peint d’une couleur inconnue Entre le délice et le bleu. __ Les Cupidons qu’elle essaima Ailés, allez! mine confite Chez Mademoiselle Abbéma Rue et quarante-sept Laffitte. __ Que la dame aux doux airs vainqueurs Qui songe 9 Boulevard Lannes T’ouvre mon billet, comme un cœur Avec ses ongles diaphanes.

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Selon lui, aucune de ses lettres ne s’est perdue. L’idée « lui vint à cause d’un rapport évident entre le format ordinaire des enveloppes et la disposition d’un quatrain et qu’il fit ça par pur sentiment esthétique ». Ici, la visée esthétique vient contredire et enrichir la référence fonctionnelle de ces quatrains, exprimant la densité du message poétique. Ainsi, le poème revêt une forme unique, complexe et simplifiée à la fois. Comment, alors, rendre un texte, une image, un message à la fois multiple et unifié dans la forme  ?


évocation

Sam Winston - Romeo & Juliet

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Pour ce travail, Sam Winston a repris l’œuvre de Shalespeare afin de la recomposer sous une nouvelle forme, par un système de collage, pour la rendre plus dense visuellement.


évocation

Byron Kalet - The Journal of Popular Noise

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The Journal of Popular Noise réalise des vinyles Record Releases. Pour le 3ème opus, Byron Kalet a réalisé un objet permettant de ranger trois disques dans un journal plié. On constate donc ici une double visée du support, qui fait office à la fois de jaquette vinyles et de journal.


expérimentations

Accumulation et densité Le calque laisse transparaître des phrases derrière les phrases, des idées derrière les idées, et met donc en application le principe de densité poétique. La lecture en suggère une autre sur la même et unique page par l’effet de transparence et d’accumulation du texte.

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expérimentations

Adapter le contenu à la forme

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En reprenant l’exemple de Mallarmé et de la fonctionnalité du texte qui s’adapte au format traditionnel des adresses postales (voir p. 102), cette expérimentation tente, non pas d’adapter la forme au contenu (comme il peut être courant de le faire), mais d’adapter le contenu à la forme, en occupant son espace, en rassemblant sur une même surface un maximum d’informations et de sens de lecture. Ici, les différentes parties du texte s’entrecroisent, et il peut alors être intéressant d’en dégager une nouvelle façon d’organiser le contenu éditorial, invitant à retourner la feuille pour suivre la lecture…


expĂŠrimentations

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évocation

Les éditions volumiques - Labyrinthe

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Dans sa version finalisée, le livre « Labyrinthe », imaginé par Étienne Mineur, est contenu dans une boîte à partir de laquelle se déploie le livre, ce qui symbolise la densité du contenu et la façon dont il peut être rassemblé en un objet minuscule et unique.


la forme issue de la contrainte La poésie est, originellement, soumise à une « Parce que l’idée est contrainte, quelle qu’elle soit : la contrainte contraignante, la forme peut être un moteur créatif dans l’écriture jaillit plus intense. » d’un texte poétique. Par ailleurs elle parait Charles Baudelaire également être ce qui différencie l’écriture poétique d’une autre écriture. En effet, d’abord chantée, elle devait permettre sa mise en musique, par ses sonorités et son rythme. Un peu plus tard, elle a dû se confronter aux règles classiques, à la versification, telle qu’on nous l’enseigne lorsqu’on étudie la poésie… Dans une lettre à Armand Fraisse, Baudelaire faisait déjà, en 1860, l’éloge du sonnet, contrainte formelle qui selon lui permet de concentrer l’essence d’une idée ou d’un message. Théophile Gautier expliquait également que la dureté de la matière [assurait] la pérennité de l’œuvre, en poésie aussi bien qu’en sculpture. Ainsi, qu’il s’agisse de contraintes formelles, comme celles du sonnet, de la sextine, ou des autres poèmes à forme fixe, ou de contraintes sémantiques, comme la « règle des trois unités » du théâtre classique, la poésie est l’exemple même d’une écriture contrainte arbitraire et librement consentie.

« Le classique qui écrit sa tragédie en observant un certain nombre de règles qu’il connaît est plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l’esclave d’autres règles qu’il ignore. » Raymond Queneau

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Cependant, c’est avec l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) que la contrainte devient réellement un objet d’étude et d’expérimentation poétique. Selon les poètes de l’Oulipo, tout repose sur l’idée que la contrainte que l’on s’impose peut permettre une production textuelle fructueuse, qui permet de faire jouer


contrainte

la langue autrement et de lui ouvrir de nouveaux espaces.

Pour eux, la rigueur est source de créativité et la poésie est un texte rigoureux, puisqu’un texte composé (comprendre ici un texte astreint à des règles de composition, des contraintes).

110

Cette caractéristique semble donc être une composante essentielle dans les procédés d’écritures poétiques. D’autant plus que s’imposer des contraintes graphiques pourrait peut-être faire émerger de nouveaux « graphismes potentiels » et retranscrire une certaine rigueur poétique…


contrainte

Un art du système Afin de créer de nouvelles forme de littératures potentielles, les Oulipens créent des systèmes :

ils s’astreignent à des exercices mathématiques, où ils mettent en application des procédés d’écritures contraints afin d’en vérifier le fonctionnement et l’effet produit.

Pour cela, ils s’inspirent des œuvres du passé pour y prendre la pleine mesure de la mise en œuvre de contraintes, et en inventent de nouvelles, pour ouvrir rayonner encore des voies où la langue pourrait «  d’avantage » (Cf. Pratiques Oulipiennes, Anthologie de Dominique Moncond’Huy). De ce principe découle la nécessité de classer les contraintes et les œuvres : la démarche oulipienne consiste à penser de nouvelles contraintes, chercher des variantes, trouver des systèmes d’écriture, créer des typologies… Les oulipiens se définissent volontiers comme des « compositeurs de poèmes ». Ainsi, parmi les principales contraintes, on retrouve les contraintes visant à soustraire ou substituer, à jouer sur les mots, les formes, dont notamment : – le lipogramme : texte dans lequel l’auteur s’impose de ne jamais utiliser une lettre, parfois plusieurs. Se trouvant ainsi proscrits les mots qui contiennent cette lettre ou ces lettres. 111


contrainte

– la codécimation : la codécimation consiste à reprendre un texte connu (comme Phèdre, de Racine, codécimée par Jacques Roubaud) et à n’en laisser subsister que les vers, ou début de vers, dont la charge émotive est forte ; ceux qui commencent par des formes telles que : « oh ! ah ! hé ! Madame, Seigneur, Prince, quoi ?, oui, non, ciel !, Dieux, cruelle…» – le palindrome : Un palindrome est un texte dont la succession des lettres est la même quand on la parcourt de gauche à droite ou de droite à gauche. Un palindrome peut être constitué d’un seul mot, comme « ressasser », d’une courte phrase, comme « engage le jeu que je le gagne », ou d’un texte plus long. – la méthode S+7 : Elle consiste à remplacer chaque substantif (S) du texte par le septième trouvé après lui dans le dictionnaire. Le procédé peut s’étendre à d’autres catégories grammaticales, devenant par exemple S+7, V+7…

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Toutes ces contraintes illustrent bien la diversité des « littératures potentielles » sur lesquelles elles ouvrent. La création d’un texte ou d’une image pourrait alors reprendre ce procédé afin de créer un système de construction graphique inspiré de la contrainte oulipienne et de générer de nouvelles formes.


contrainte - référents

Giuseppe Arcimboldo Bien avant la création de l’Oulipo, Arcimboldo créait des figures potentielles : à partir de fruits ou de légumes, il composait des portraits…

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expérimentations

Contrainte typographique

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De la même façon, il est alors possible de créer des typographies à partir de formes simples. Plus on restreint la « boîte à outils », plus le travail devient complexe et potentiellement générateur de nouvelles formes.


expĂŠrimentations

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contrainte

L’économie des moyens « Le poème idéal doit se faire oublier au profit d’autre chose qui, toutefois, ne saurait se manifester qu’à travers lui »

Si la poésie est un condensé de sens, c’est notamment parce que sa forme est un moyen de réduire la quantité de l’écrit. Le poème, par essence, est une forme contrainte. Nombreux sont les poètes à avoir tenté de Pierre Jaccottet pousser cette contrainte formelle plus loin, en essayant de réduire le sens du poème à sa littéralité (est dit « littéral » ce qui s’en tient strictement à la lettre). En ce sens, la poésie pourrait alors être assimilée à une réduction synthétique. JM Maulpoix, dans « La poésie française depuis 1950 », explique que c’est dans la poésie des années 70 que ce besoin de réduire, de « décanter » le texte poétique, s’exprime pleinement. À ce moment précis, plusieurs poètes décident de remettre en cause certains fondements de la poésie lyrique, en tentant de créer une poésie « a-narrative, a-musicale ». Ce minimalisme invite à abandonner toute tentative métaphorique et à ne dire que ce qui doit être dit…

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Cette réduction, cette « décantation » poétique pourrait alors servir de procédé créatif permettant de n’exprimer que ce qui doit être exprimé, de façon claire et précise, en tentant d’ôter à la création graphique ce qui peut être superflu, contingent, et nuire à la compréhension d’un message…


contrainte

Marcel Broodthaers - Un Coup de Dés Marcel Broodthaers s’approprie l’objet graphique de Mallarmé d’une manière plus théorique, en substituant aux bribes de texte des blocs noirs de mêmes dimensions. Ainsi, il pousse le procédé de spatialisation jusqu’au paroxysme, jusqu’à rendre le texte illisible ce qui crée une lecture poétique minimaliste de l’œuvre initiale de Mallarmé.

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déconstruire la langue « Toutes les réflexions sur la poésie, (...) se rencontrent sur ce constat que le poète est un être qui ne parle pas, qui n’écrit pas comme tout le monde  » (Cf. La poésie de Jean-Louis Joubert). En effet, il faut à la poésie un langage « plus plein, plus séduisant » que le langage courant : celui de l’harmonie. Depuis ses origines les plus lointaines, la poésie a toujours été séparée de la langue de tous les jours.

Elle en utilise pourtant les mêmes mots, mais le contexte et la construction de la langue poétique instaure une distance, une déconstruction de cette langue quotidienne.

Au début, elle était fondée sur un lexique particulier (n’utilisant que des mots « nobles », et rejetant les mots « bas »), sur une syntaxe propre, sur l’abondance des images… Ce raffinement, cet éloignement et ces artifices de la langue créaient un effet poétique. Dans l’esthétique de l’époque, l’utilisation de cette « déconstruction » de la langue ( j’entends par là l’utilisation de procédés artificiels, non présent dans le langage courant) désignait le texte comme poétique et contribuait de ce fait à l’effet d’émotion qu’il recherche. 119


déconstruire

« Ce n’est pas avec des idées qu’on fait un poème, c’est avec des mots. »

Depuis, les conceptions modernes de la poésie ont, pour beaucoup, tourné le dos à cette esthétique classique. Cependant, elles mettent elles aussi au premier plan la Stéphane Mallarmé recherche d’un langage différent. Un langage où le poète est un « assembleur de mots », toute son activité est centrée sur le langage lui-même. Ainsi, si l’on s’intéresse à la matérialité même du message véhiculé par la poésie, elle semble créer tout à la fois une sensation familière et étrangère face au langage poétique. Effectivement, les mots, la langue utilisée est celle que nous connaissons, mais leur association poétique, leur composition, crée un sentiment d’étrangeté.

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Le langage poétique serait alors une déconstruction de la langue quotidienne, une langue artificielle, une hybridation de notre langue courante. Il pourrait alors être intéressant de recréer ce rapport entre étrangeté et familiarité graphiquement : il crée à la fois l’étonnement, la distance et l’attirance…


déconstruire

L’hybridation de la langue Le langage poétique est donc une sorte d’hybridation de la langue : il nous semble à la fois proche et distant, ce qui crée une étrangeté attirante. Elle ouvre sur un monde nouveau par un langage qui semble pourtant familier…

« L’image (…) ne peut naître d’une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte - plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique. »

Cette hybridation est notamment poussée jusqu’à son paroxysme dans la poésie surréaliste. En effet, l’écriture automatique prônée par les poètes du surréalisme possède une « beauté étrange » (Cf. Introduction au Surréalisme, de Philippe Forest). Cette écriture automatique consiste pour un sujet, s’étant placé dans un état passif ou réceptif, à « noircir du papier », en s’interdisant d’exercer quelque contrôle que ce soit sur le texte produit. De cette façon, celui-ci doit être la retranscription exacte de la pensée profonde, subconsciente. Plus encore, certains textes surréalistes sont les produits de collaborations, ce qui renforce encore cet esprit de dérèglement du langage, d’hybridation de la phrase poétique — qui est une phrase syntaxiquement bien construite mais qui évoque, ou invoque, le sens dans le non-sens. Par ailleurs, l’image poétique générée par l’automatisme est d’autant plus forte qu’elle cherche à rendre évidentes des associations de mots, d’images, qui pourtant échappent à tout lien logique.

Pierre Reverdy

« [Les textes automatiques ont en eux] un choix considérable d’images d’une qualité telle que nous n’eussions pas été capables d’en préparer une seule de longue main. » André Breton

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déconstruire

Alberto Hernández - Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde

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À travers son remaniement du roman d’Oscar Wilde, Alberto Hernández a voulu mettre la notion d’hybridation au cœur de son travail. Ainsi par des mélanges de textes, d’images et des déformations, il recrée l’atmosphère étrange de l’histoire…


déconstruire

Salvador Dalí & Luis Buñuel - Un chien andalou Inspiré des cauchemars de ses auteurs, ce film retrace l’hybridation de la pensée subconsciente par son principe d’écriture automatique. L’atmosphère y est décalée, étrange, la musique n’est pas en accord avec les images, tout semble décousu et pourtant l’histoire parait ancrée dans le réel, dans une logique, par la présence de personnages et de décors récurrents. De la même manière, la poésie oscille entre « décor » familier et associations étranges…

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expérimentations

Hybridation de l’image

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L’association de différentes images qui semblent de prime abord respecter le même cadrage et le même type de sujet permet de faire ressortir une troisième image. Cette dernière exprime ici la tension présente dans un procédé d’hybridation, entre un sujet dont les contours nous semblent connus, mais qui pourtant reste inconnu (© Photos par Martin Schoeller).


expĂŠrimentations

125


Jérôme Corgier - Is it still Type ?

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Ce projet consiste au mélange des formes typographiques arabes et latines. Le résultat obtenu propose des formes qui restent typographiques mais deviennent indéfinissables. La naissance de ces caractères les rend illisibles mais proche des caractères que nous connaissons.


expérimentations

Entre étrangeté et familiarité Afin que l’image ou la lettre soit hybride, il faut qu’elle garde son aspect familier, j’ai donc choisi dans un premier temps d’exploiter un alphabet dans lequel la symétrie opérée sur certaines lettres crée l’étrangeté parmi le familier.

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expérimentations

Hybridation typographique L’assemblage (ci-dessous) de différentes polices de caractères (ici, l’Avenir et le Garamond Pro) permet d’obtenir un effet d’hybridation, où la lettre est reconnaissable mais où les contours restent incertains.

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En combinant différentes polices de caractère (cicontre), ici, respectivement, l’Avenir, le Garamond Pro, le Lucida Blackletter, le Courier et l’Helvetica, on obtient une typographie hybride : les contours sont flous, mais la superpositions des formes permet de faire ressortir une nouvelle forme de lettre, bien distincte.


expĂŠrimentations

a a aaa

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conclusion À travers ce premier tome, j’ai voulu déterminer des procédés d’écriture caractéristiques de la poésie afin de leur trouver une équivalence graphique qui leur permettrait d’être mis au service d’une forme de communication. La poésie étant difficile à définir, j’ai par ailleurs dû opérer des choix plus ou moins arbitraire dans les procédés d’écriture que j’ai choisi de traiter. Je me suis alors concentrée sur des textes propres à mes expériences personnelles, ou des textes qui mettaient en évidence les procédés d’écriture poétiques que je trouvais intéressants à utiliser dans le cadre d’une communication. Dans un premier temps, il m’a paru inté- « La poésie est la mémoire ressant de me concentrer sur la matérialité des peuples sans écriture. » du poème ; ses sonorités et ses effets de George Jean rythme… Certains des systèmes pourraient alors s’apparenter à de nouvelles formes de hiérarchisation des données, à des outils d’interprétation de l’image ou de mémorisation du visuel, par la répétition de formes, la saturation visuelle, l’accentuation de certaines parties d’une image ou d’une lettre…

131

Le pouvoir d’évoquer étant également omniprésent dans la poésie, il était important de le souligner dans mes recherches. Le fait de voir comment fonctionnent les différents degrés de lectures au sein du poème, et comment la compréhension d’un poème peut se faire au fur et à mesure qu’on le lit, permet de dégager des systèmes graphiques pouvant combiner différents points de vue, différentes lectures d’une image (ouvrant potentiellement sur des communications à double cibles, à double tons ou à double thèmes par exemple…).


conclusion

Par ailleurs, la poésie est par essence une forme issue de la contrainte : elle est différente du langage que nous utilisons au quotidien, notamment parce qu’elle use de rigueur et de certaines « consignes » précises dans ses méthodes de création (il est notamment fait référence ici aux poèmes Oulipiens). La contrainte poétique est donc génératrice de formes. Enfin, l’analyse du rapport entre étrangeté et familiarité présent dans un texte poétique m’a permis de démontrer le caractère hybride du texte poétique. Celui-ci est basé sur l’association de mots, formant des expressions inattendues, des images. Images qui créent également la rupture, et retiennent l’attention.

Finalement, l’effet crée n’est donc pas toujours forcément poétique au sens où il ne crée pas de la poésie. Mais il l’est dans la mesure où les procédés que j’ai utilisés ont été directement inspirés d’un processus de création poétique.

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Ce qui ressort fréquemment des techniques qui ont pu être utilisées dans ce premier tome, c’est le fait que les formes créées génèrent souvent des systèmes de mise en relation de l’information différents de ceux que l’on peut reconnaître habituellement (avec l’accentuation, la répétition, la saturation visuelle, qui instaurent une hiérarchisation différente, ou encore par la double lecture qui place différentes informations sur un même plan…).

Les principes graphiques trouvés à partir des procédés poétiques peuvent ici attirer l’attention du lecteur


conclusion

sur certains éléments plutôt que d’autres, impliquer des lectures plurielles, et gérer une densité d’information de façon différente.

À l’issue de ce premier tome, de nouvelles problématiques se posent alors : à quoi ces procédés d’écriture graphique d’inspiration poétique peuvent-ils êtres appliqués (quels projets, quels supports…)  ? Et comment peuvent-ils mettre en relation des informations au sein de ces projets ? Dans un premier temps, je m’intéresserai à la façon dont un procédé poétique graphique peut servir une nouvelle forme de hiérarchisation, pour un contenu éditorial par exemple… Puis, je travaillerai autour de la diffusion d’un message pluridimensionnel (à double ton, à double cible ou à double information peut-être…), dans le cadre d’un projet d’identité ou d’une campagne de communication. Le but étant ici de démontrer que ce système de communication d’ordre poétique peut être, non pas forcément plus efficace que ce qui existe déjà, mais plus efficient sur un certains nombres de supports et de projets.

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Pour une communication poétique tome 02 | développement Magali Giraudo | Promotion 2011-2013 Mastère Stratégie de Communication par l’Image École de Condé Paris



Mémoire dirigé par Lionel Hager & Grégoire Hénon

Magali Giraudo | Promotion 2011-2013 Mastère Stratégie de Communication par l’Image École de Condé Paris



sommaire Introduction | 07 Exposition du contexte, de la problématique et des enjeux | 07

Conditioner la lecture | 13 La partition typographique et le sens de lecture | 14 L’enjambement, continuité et discontinuité | 17

Vers une communication pluridimensionnelle | 43 L’acrostiche pour une communication multiple | 44 La rime visuelle, rappels et correspondances | 58

Conclusion | 67

Bibliographie commentée | 71

Remerciements | 101

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sommaire

introduction De la rime sonore à la rime visuelle, des saturations phoniques aux saturations visuelles, de la scansion du vers à la partition typographique, de la densité poétique à la densité visuelle… Toutes les recherches effectuées précédemment donnent des équivalences graphiques aux procédés poétiques. Plus encore, pour la plupart de ces procédés graphiques, leur utilisation permet de mettre en relation des informations : la rime en poésie met en relation une information textuelle et une information formelle porteuse de sens. Elle met également en relation deux éléments par un système de résonance. La scansion, quant à elle, met en relation des informations en les intégrant dans un système hiérarchique par un principe d’accentuation…

Ainsi, la majorité des procédés poétiques que j’ai pu utiliser peuvent permettre de tisser des liens entre différents éléments afin de créer du sens.

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En se calquant sur ce modèle, la rime visuelle (entre autres exemples) peut dès lors mettre en relation une forme qui épouse ou non le sens de l’image, et qui s’y inscrit par un principe de résonance… On peut alors dire que l’écriture poétique se rapproche, une fois de plus, du travail du graphiste : elle a les mêmes


introduction

problématiques (faire passer un message ou gérer un maximum d’informations sur une petite surface par exemple, ou bien encore utiliser des références culturelles pour évoquer, communiquer sur les émotions et le sensible…). Au delà, son utilisation graphique peut être intéressante en ce qu’elle propose un rapport au monde différent, une autre façon de créer du sens, soumise à des règles d’esthétique. La matérialité et l’organisation poétique évoquent – au-delà de leur utilité – ce qu’elles représentent. Utiliser des procédés d’écriture poétiques comme des outils graphiques permet alors parfaitement de mettre en relation des informations de sens, et/ou de produire du sens de façon différente – notion essentielle au travail du graphiste. Cependant, maintenant que mes premières recherches graphiques ont été effectuées, il est important, à ce stade du projet de faire intervenir son enjeu stratégique.

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Ce second tome consistera alors à inscrire ce projet sur des supports donnés, en développant des principes d’utilisation, afin de valoriser les qualités communicationnelles des procédés poétiques, et d’en faire une stratégie de communication en soi.

Dans un premier temps, il me semblait important de m’intéresser aux procédés de matérialité poétique qui permettent, par les systèmes graphiques qu’ils dégagent, de conditionner la lecture d’une image, d’un texte… Accentuer certaines syllabes, certains mots, réorganiser l’espace du support graphique (que j’ai appelé précédemment “ partition typographique ”), renforcer l’interprétation d’une image par la rime visuelle :


introduction

toutes ces recherches peuvent mener à repenser différents supports (en repensant par exemple l’organisation d’un journal, ou en permettant une nouvelle façon d’orienter une personne dans l’espace à travers une signalétique…). Mais il peut également être intéressant de regarder de plus près les possibilités qu’offrent les systèmes de lectures multiples et d’hybridation : ne pourrait-on pas tenter de mettre en avant une double information ? Ou d’employer un double ton, de s’adresser à une double cible par l’utilisation des procédés d’écriture poétiques graphiques ?

Ces procédés offriraient alors une possibilité de créer des campagnes de communication globales différentes, non pas plus efficaces, mais plus efficientes.

Ce deuxième tome consistera alors en la proposition de différents principes graphiques dérivés de mes recherches précédentes. Ces principes se serviront de différents supports pour communiquer (presse, signalétique et affichage principalement) afin de vérifier l’efficience de la poésie, ou plus précisément l’interprétation graphique de ses procédés d’écriture poétiques. Celle-ci deviendrait alors, en elle-même, une stratégie de communication par l’image, une autre façon de procéder graphiquement pour parvenir à faire passer un message. Par ailleurs, j’ai volontairement fait disparaître les extraits poétiques de ce second tome, afin de laisser la place au procédés graphiques et de rentrer dans la partie plus stratégique du projet… 9



dĂŠveloppement



Suite aux expérimentations réalisées dans le premier tome, il me semblait important de développer les procédés de matérialité poétique qui permettent, par les systèmes graphiques qu’ils dégagent, de conditionner la lecture d’une image, d’un texte…

introduction

conditionner la lecture « “On sait que la poésie se fonde essentiellement sur la symétrie, dit Todorov, sur la répétition (sur un ordre spatial) alors que la fiction est construite sur des relations de causalité et de succession.“ Il faudra retenir le lien entre poésie et espace (…). »

Ces expérimentations peuvent permettre notamment de hiérarchiser différemment l’information (en accentuant certaines sylJC Baudet, Une philosophie de la poésie labes, certains mots…) de réorganiser l’espace du support graphique, et plus encore de conditionner la lecture en renforçant l’interprétation d’une image en l’orientant différemment, en créant de l’attente et de la surprise, en incitant le lecteur à intéragir avec le support.

Les principes qui vont être développés ici vont permettre l’application de mes recherches sur des supports de communication, en repensant par exemple l’organisation d’un support éditorial, afin de guider le lecteur autrement, ou en permettant une nouvelle façon d’orienter une personne dans l’espace grâce à une signalétique… 13


introduction

La partition typographique pour influer sur le sens de lecture En poésie, la structure syntaxique d’une phrase ou d’un vers ne suit pas forcément la structure formelle du poème. La scansion intervient alors pour indiquer la lecture, en recréant des pauses dans le récit, en accentuant les mots qui doivent être accentués et en passant sous un léger silence ce qui doit être moins audible.

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En reprenant l’idée d’une scansion qui donne des indications de lecture, il est alors possible de créer une partition typographique (voir tome 01, p. 51) qui viendrait donner une nouvelle façon de lire, un nouveau sens de lecture, au sein d’un support éditorial.


expérimentations

Vers un sens de lecture différent La scansion met en évidence le rythme et les contrastes présents dans un poème. De la même façon, le sens de lecture d’une image ou d’un texte peut être redéfini. Suivant les notations rythmiques (tome 1 - p. 39), et l’idée de partition typographique, un quadrillage peut être établi afin de ré-organiser la hiérarchisation d’un message, d’une information – textuelle ou visuelle. Contrairement à une grille établie habituellement dans les supports éditoriaux, le quadrillage ne s’organise pas seulement en un nombre de colonnes limité (génralement 3, 4, 6 voire 8 ou 10 exceptionnellement), on est donc plus libre de sortir d’une contrainte formelle pour accorder de la contenance à la structure syntaxique du texte (et notamment aux éléments à mettre en avant). Dans les exemples ci-contre, les compositions ont été faites à partir de ce quadrillage modulaire : plus les mots sont importants, plus ils occupent de place.

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16 expĂŠrimentations


conditioner

L’enjambement pour valoriser la continuité ou la discontinuité Afin de retenir l’attention et de susciter la curiosité, l’enjambement peut être une solution. En effet, les enjambements sont en fait des débordements syntaxiques d’un vers sur le vers suivant qui atténuent la pause normalement faite en fin de vers pour créer un effet de continuité ou de destructuration. Cet effet sert à amplifier le sens du mot rejeté et à améliorer la concentration sur les informations énoncées. Employé dans un support concrêt, il permettrait alors d’accentuer certaines informations en guidant la lecture, en créant une continuité ou une discontinuité dans cette lecture. De cette façon, la lecture est conditionnée.

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expérimentations

Inviter à la découverte En prenant un support journalistique comme base de cette réflexion, il est possible de développer ce principe d’enjambement.

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La légende du visuel est ici présente, mais le visuel en lui-même est coupé, invitant à découvrir la page suivante sur laquelle il se trouve en entier, avec un article plus détaillé. La rupture attire l’attention et recréer cet effet de pause et de continuité que l’enjambement exerce en poésie.


expĂŠrimentations

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expérimentations

L’enjambement et l’orientation spatiale

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En utilisant l’enjambement dans l’espace, le fait de disposer des éléments appartenant à la même unité de sens sur des pans de murs différents permet de créer une rupture entre la structure syntaxique et la structure de l’espace. Comme le fait l’enjambement, ce principe permet de porter l’attention sur l’élément rejeté, et indique par là-même la continuité de la lecture – et par extansion dans le cas d’une signalétique, de la visite du spectateur.


expĂŠrimentations

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expérimentations 22

Ce même principe peut d’ailleurs être assimilé à une anamorphose. Il est alors possible de réorganiser un espace signalétique où l’enjambement permettrait de disposer une unité syntaxique sur différents supports : le sens deviendrait alors accessible en regardant le support de la bonne façon, du bon angle de vue.


expĂŠrimentations

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expérimentations

L’effort du lecteur dans la reconstitution du message

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Ici, le mot important permettant de comprendre le sens du titre est rejeté sur la page d’après. L’intéraction avec le support est favorisée par un système de pliage, symbole de l’effort à fournir pour comprendre une phrase coupée, par la forme, dans sa syntaxe : cela permet encore une fois de porter l’attention sur ce mot par son absence, puis sa révélation.


expĂŠrimentations

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expérimentations 26

Voici un autre principe d’enjambement au sein d’un support éditorial.


expĂŠrimentations

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expérimentations

Mise en abyme et ampleur du message En reprenant l’expérimentation sur le journal, un autre système d’enjambement est possible : ici il crée une mise en abyme du contenu qui permet encore une fois de créer une rupture et une continuité tout à la fois, donnant plus de force au sujet en question.

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L’image et/ou le texte sont découpés à travers différents formats de page, les parties absentes du petit format se trouvant « rejetées » sur le plus grand.


expĂŠrimentations

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expérimentations

Dissimuler pour mieux révéler

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L’enjambement pourrait également permettre de porter l’attention sur les images par exemple, en les dissimulant à l’intérieur des plis des pages. En poussant le lecteur à intéragir avec le support pour déplier les images cachées, on le met alors en condition pour être plus attentif à ce qu’il découvre.


expĂŠrimentations

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expérimentations 32

Le pli à la française peut être un autre principe permettant de procéder à l’enjambement afin d’améliorer l’attention que l’on peut porter à la partie dite « rejetée ».


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34 conditioner


conditioner

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expérimentations

Le support adapté à l’enjambement

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Le support même pourrait s’adapter aux procédés d’écriture poétique comme l’enjambement. On pourrait alors imaginer un journal dont les plis seraient en accordéon, afin de favoriser les coupures, les pauses et la scansion du texte.


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conditioner 38

Psychologie pour les créatifs Éditions Pyramyd Ce livre propose des résumés de lecture à chaque fin de page : le texte important est souligné et relié à une note de bas de page par un mince filet. L’enjambement ainsi crée permet de casser le rythme de la lecture afin de donner des rappels de ce qu’il est important de retenir. Mais il en donne également un prolongement en sortant le lecteur de la continuité de l’œuvre pour lui donner une meilleure compréhension, et appréhension, de ce qu’il va lire par la suite.


expérimentations

L’enjambement comme lien spatial En réinterrogeant les possibilités qu’offre le support numérique, on peut ne pas se limiter qu’à une surface de lecture qui serait linéaire et se lirait de haut en bas. Il est possible d’imaginer une interface qui se déploie aussi bien de façon verticale qu’horizontale, mais également en profondeur, par l’intermédiaire de ce même système d’enjambement. De cette façon, cette structure informative met en évidence la hiérarchie du contenu : en touchant un mot, d’autres apparaissent, par un système de liens qui se déploient dans l’espace, permettant ainsi d’affiner la recherche et de comprendre l’information par étape, dans une progression logique. La lecture est guidée, tissant des liens entre les différents mots clés et les différents médias.

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expérimentations 40

On pourrait imaginer un même système de redirection de lecture permettant de faire le lien entre une image et sa légende, qui ne se situeraient respectivement pas sur le même espace de la page. La continuité de lecture est ainsi gardée, tandis que le regard établit le lien entre l’image et sa descritption au premier coup d’œil.


expĂŠrimentations

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une lecture pluridimensionnelle Les systèmes de lectures multiples et d’hybridation amorcés dans le tome précédent peuvent être intéressants à exploiter dans un deuxième temps. En effet, il est possible, grâce à ces expérimentations, de développer un projet qui mette en avant une double information, ou qui ait besoin d’employer un double ton, de s’adresser à une double cible… Par ailleurs, la rime visuelle pourrait intervenir ici comme un système de lecture première : en créant un effet d’écho sur certaines images, ou certains textes, elle pourrait ainsi les mettre en relation et faire ressortir les premières informations importantes à lire ou à retenir…

Ainsi, la lecture pluridimensionnelle pourrait se faire sur deux niveaux : les procédés d’écriture poétiques pourraient mettre deux informations en parallèle, sur un même niveau, mais également hiérarchiser des informations en proposant une première lecture directe, et une seconde, plus approfondie.

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lecturepluridimensionnelle

L’acrostiche pour une communication multiple L’acrostiche, poème dont certains éléments (les premières lettres de chaque vers par exemple) forment un autre message, génère une lecture pluridimensionnelle. À l’image de la corrspondance érotique entre Musset et Sand (voir tome 01, page 63) , il peut s’avérer utile d’employer graphiquement ce procédé qu’est l’acrostiche afin de générer un double message sur un même plan. En une seule et même forme contrainte, deux messages se superposent, formant la lecture dans la lecture. Le lecteur intervient dans le déchiffrage du message le moins évident : l’intervention de sa part est nécessaire pour découvrir l’intention cachée dans le poème.

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Ces prochains principes graphiques mettront en œuvre le caractère pluriel de l’acrostiche, et nécessiteront, à plus ou moins grande échelle, l’intervention du lecteur pour permettre une bonne lisibilité du message.


lecturepluridimensionnelle

ANAR - Campagne de lutte contre la maltraitance infantile Par un système de lenticulaire, l’association ANAR crée une campagne d’affichage autour d’un concept : une affiche qui évolue en fonction de la taille du passant. Le fait d’intercaler un second visuel sur la deuxième face du panneau lenticulaire permet de s’adresser à 2 cibles différentes (ici adulte / enfant) sur un même support, et ainsi de moduler le message à faire passer.

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expérimentations

Double information de direction

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Cette expérimentation, inspirée du principe du lenticulaire, est une recherche autour d’une signalétique qui orienterait en fonction de l’endroit où l’on se situe par rappport au support..


expĂŠrimentations

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expérimentations 48

Ici, le même principe est utilisé sur un support d’affichage publicitaire et donne 2 informations différentes.


expĂŠrimentations

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expérimentations

Un lenticulaire 2D Le but de cette expérimentation était de trouver un principe graphique inspiré de l’acrostiche permettant de faire émerger une double lecture sur un même plan.

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À partir de ce principe, on peut alors imaginer qu’un support, tel que cette invitation à 2 conférences bien distinctes (ci-contre), pourrait permettre de révéler ces 2 informations sur le même plan, sans les hiérarchiser.


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52 expĂŠrimentations


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expérimentations

Acrostiche visuel

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Voici une autre recherche de principe graphique, tiré de l’acrostiche. Ici, l’assemblage de 2 images bien distinctes forme une composition visuelle unie et entière. Cependant, en se concentrant, une ligne sur deux, on reconnait distinctement les 2 phases du discours visuel.


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lecturepluridimensionnelle

Made You Look - Sagmeister Pour cette monographie, Sagmeister a choisi de glisser l’ouvrage dans un coffret rouge transparent. Mais en sortant le livre de son étui, le chien figurant sur la couverture, en apparence calme, révèle un second visage, plus énervé. Une seconde lecture vient compléter la première et rend le message plus dense et plus complexe.

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A l’image d’une poésie dont le « filtre » que peut représenter la lecture de l’acrostiche révèle une deuxième lecture du poème.


expérimentations

Acrostiche textuel Afin de proposer deux niveaux de lecture, il est possible d’amener la lettre dans la lettre, le texte dans le texte. Dans un support éditorial, un premier niveau de lecture se créerait alors de façon habituelle, mais il serait compris à l’intérieur de lettres qui formeraient, quant à elles, un second niveau de lecture. Ad consus consupi osturor essenitum aderit qui pris am in dem duconsimo ves et vis; nonfiris num acepoptem pata nu et paties comnerf irmissu quamerei pra or haliciveror publica te cur. Romperf enihinatus bondeo patierf irideo num in Itam issit, nium ut vercerfecris vid alis publina tifeceristil horunt, P. Satandet elum pubite, cla publis crum mo unu moratidetrum accit duc teatum ste et vis ca vis. Nihilnem, Habutes autest? Multorum mor ina, notilium efautui priam mo et etres crit fuid rem. Batere, ta rei facio corunum num ego ad igit viris sum dit diissendam pesil untrum esi se, te, talis. Haes? An sesse in rehentr aritis, maci ium tum in te in deatand empro, num porum num proxim silium publiciam pate iam pecto erimaio nfirmiu muscio, conimmo condit L. Vivitru nulocch iliciorius anum tatret consid mus pl. Quos pere mei patrum num noracciae esit, munum ilintena, Cas convenaterum inveris quostis bonterfec oca; ervil vis coere firmis opte tanum perit fatuis? An nonlost erfecur pris bonsum, us. curedo, que cutussis, que ine ne et id in viti, ut actur huidiocus culicae diemurni fuemni patrum alis conequamquam vicaste, Catiam est vivasdac reis huc tatum, C. Nam sentea sendum pro pota, que actum prariteatia pro, conscri ssimihintil vit; noculesimis ego ternius eto vir ut ac til verobustio, orum destrit; C. Vala

Ad consus consupi osturor essenitum aderit qui pris am in dem duconsimo ves et vis; nonfiris num acepoptem pata nu et paties comnerf irmissu quamerei pra or haliciveror publica te cur. Romperf enihinatus bondeo patierf irideo num in Itam issit, nium ut vercerfecris vid alis publina tifeceristil horunt, P. Satandet elum pubite, cla publis crum mo unu moratidetrum accit duc teatum ste et vis ca vis. Nihilnem, Habutes autest? Multorum mor ina, notilium efautui priam mo et etres crit fuid rem. Batere, ta rei facio corunum num ego ad igit viris sum dit diissendam pesil untrum esi se, te, talis. Haes? An sesse in rehentr aritis, maci ium tum in te in deatand empro, num porum num proxim silium publiciam pate iam pecto erimaio nfirmiu muscio, conimmo condit L. Vivitru nulocch iliciorius anum tatret consid mus pl. Quos pere mei patrum num noracciae esit, munum ilintena, Cas convenaterum inveris quostis bonterfec oca; ervil vis coere firmis opte tanum perit fatuis? An nonlost erfecur pris bonsum, us. curedo, que cutussis, que ine ne et id in viti, ut actur huidiocus culicae diemurni fuemni patrum alis conequamquam vicaste, Catiam est vivasdac reis huc tatum, C. Nam sentea sendum pro pota, que actum prariteatia pro, conscri ssimihintil vit; noculesimis ego ternius eto vir ut ac til verobustio, orum destrit; C. Vala

Ad consus consupi osturor essenitum aderit qui pris am in dem duconsimo ves et vis; nonfiris num acepoptem pata nu et paties comnerf irmissu quamerei pra or haliciveror publica te cur. Romperf enihinatus bondeo patierf irideo num in Itam issit, nium ut vercerfecris vid alis publina tifeceristil horunt, P. Satandet elum pubite, cla publis crum mo unu moratidetrum accit duc teatum ste et vis ca vis. Nihilnem, Habutes autest? Multorum mor ina, notilium efautui priam mo et etres crit fuid rem. Batere, ta rei facio corunum num ego ad igit viris sum dit diissendam pesil untrum esi se, te, talis. Haes? An sesse in rehentr aritis, maci ium tum in te in deatand empro, num porum num proxim silium publiciam pate iam pecto erimaio nfirmiu muscio, conimmo condit L. Vivitru nulocch iliciorius anum tatret consid mus pl. Quos pere mei patrum num noracciae esit, munum ilintena, Cas convenaterum inveris quostis bonterfec oca; ervil vis coere firmis opte tanum perit fatuis? An nonlost erfecur pris bonsum, us. curedo, que cutussis, que ine ne et id in viti, ut actur huidiocus culicae diemurni fuemni patrum alis conequamquam vicaste, Catiam est vivasdac reis huc tatum, C. Nam sentea sendum pro pota, que actum prariteatia pro, conscri ssimihintil vit; noculesimis ego ternius eto vir ut ac til verobustio, orum destrit; C. Vala Ahabeffrem int grartem pra veris, no. Obularem pos horum ressa tam eredemur, quem huidesi licauci fina, tiamquit parbissedis ego aus octui stius bonferdiis, quos ficae aus? At feris alius, Palia ius conscere, orteatq uondact usperiam cit, nos, cris condiem inatiqua verisqui estium sperio acemusq

Ad consus consupi osturor essenitum aderit qui pris am in dem duconsimo ves et vis; nonfiris num acepoptem pata nu et paties comnerf irmissu quamerei pra or haliciveror publica te cur. Romperf enihinatus bondeo patierf irideo num in Itam issit, nium ut vercerfecris vid alis publina tifeceristil horunt, P. Satandet elum pubite, cla publis crum mo unu moratidetrum accit duc teatum ste et vis ca vis. Nihilnem, Habutes autest? Multorum mor ina, notilium efautui priam mo et etres crit fuid rem. Batere, ta rei facio corunum num ego ad igit viris sum dit diissendam pesil untrum esi se, te, talis. Haes? An sesse in rehentr aritis, maci ium tum in te in deatand empro, num porum num proxim silium publiciam pate iam pecto erimaio nfirmiu muscio, conimmo condit L. Vivitru nulocch iliciorius anum tatret consid mus pl. Quos pere mei patrum num noracciae esit, munum ilintena, Cas convenaterum inveris quostis bonterfec oca; ervil vis coere firmis opte tanum perit fatuis? An nonlost erfecur pris bonsum, us. curedo, que cutussis, que ine ne et id in viti, ut actur huidiocus culicae diemurni fuemni patrum alis conequamquam vicaste, Catiam est vivasdac reis huc tatum, C. Nam sentea sendum pro pota, que actum prariteatia pro, conscri ssimihintil vit; noculesimis ego ternius eto vir ut ac til verobustio, orum destrit; C. Vala Ahabeffrem int grartem pra veris, no. Obularem pos horum ressa tam eredemur, quem huidesi licauci fina, tiamquit parbissedis ego aus octui stius bonferdiis, quos ficae aus? At feris alius, Palia ius conscere, orteatq uondact usperiam cit, nos, cris condiem inatiqua verisqui estium sperio acemusq

Ad consus consupi osturor essenitum aderit qui pris am in dem duconsimo ves et vis; nonfiris num acepoptem pata nu et paties comnerf irmissu quamerei pra or haliciveror publica te cur. Romperf enihinatus bondeo patierf irideo num in Itam issit, nium ut vercerfecris vid alis publina tifeceristil horunt, P. Satandet elum pubite, cla publis crum mo unu moratidetrum accit duc teatum ste et vis ca vis. Nihilnem, Habutes autest? Multorum mor ina, notilium efautui priam mo et etres crit fuid rem. Batere, ta rei facio corunum num ego ad igit viris sum dit diissendam pesil untrum esi se, te, talis. Haes? An sesse in rehentr aritis, maci ium tum in te in deatand empro, num porum num proxim silium publiciam pate iam pecto erimaio nfirmiu muscio, conimmo condit L. Vivitru

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lecturepluridimensionnelle

La rime visuelle pour créer des rappels et des correspondances Afin d’amener une nouvelle compréhension de l’article, il est possible d’utiliser la rime visuelle. Celle-ci propose une entrée alternative dans l’appréhension d’un contenu textuel ou visuel.

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Par ce procédé, les caractéristiques du contenu sont alors mis en avant, et un premier point de vue est accentué par le choix d’une forme et sa répétition. Cette rime permet de donner une interprétation de l’image ou du texte qui donne alors des indications sur l’article lui-même.


expérimentations

Renforcer la lecture L’image ci-dessous ou le calque contenant les rimes ci-après, interviennent ici comme des redondances au texte : les formes choisies permettent de renforcer l’interprétation de l’image (en accentuant certains détails ou certains titres importants), qui est alors en corrélation avec les informatons et le point de vue énoncé dans le texte.

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60 expĂŠrimentations


lecturepluridimensionnelle

Le club des chevreuils feat. David Poullard, Youri Smurf & Frédéric Techner - Fanzine

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Afin de donner un aperçu concis et complet de la une d’un journal, un emballage tel que celui-ci, pourrait être imprimé de façon à contenir les rimes visuelles et ainsi mettre l’accent sur les informations à retenir.


expérimentations 62

Cette déclinaison du principe de la rime visuelle sur le support numérique permet de montrer que ce système de communication agit plus par évocation que par argumentation. L’absence des titres rend l’information moins perceptible de prime abord, mais on ressent, par le choix des « formes de rimes », quelle inte préation de l’image va être donnée.


expérimentations

Renforcer la lecture Au-delà de donner une interprétation aux images et aux textes, le texte et l’image peuvent être mis en relation entre eux. Cela aide au cheminement de la pensée et permet au lecteur d’identifier rapidement les idées à assembler afin de comprendre plus aisément la réflexion menée. Les rimes visuelles interviennent alors comme une aide à la compréhension et à la mémorisation, en donnant le « fil » de lecture. Ci-dessous, l’image est mise en relation avec le texte de la manière suivante : les formes représentent le schéma en « eye-tracking » de la lecture qui doit être faite de l’article. Ces formes se répètent sur tous les mots appartenant au chant lexical (visuel et textuel) que l’on veut accentuer pour qu’une certaine compréhension de l’article (texte et image incluse) soit faite.

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lecturepluridimensionnelle 64

Why Not Associates - Jake and Dinos Chapman Cette affiche créée à l’occasion d’une exposition Anglaise, Sensation, associe 2 images aux sens différents par la forme. La rime ainsi créée permet de mettre l’accent sur le rapport de dualité, de similarité et d’opposition.


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conclusion À travers ce second tome, j’ai travaillé à partir de mes premières recherches en essayant de faire émerger des principes qui pourraient être applicables à différents types de supports de communication. Dans un premier temps, les procédés d’écriture tels que les rimes, les enjambements, l’accentuation, m’ont permis de constater qu’il était possible de conditionner une lecture en les utilisant. Ils permettent de créer de l’attente et de la surprise dans la lecture par la valorisation de la continuité ou de la discontinuité au sein de cette même lecture, permettant ainsi au lecteur d’appréhender différemment ce qu’il lit. Mais ces procédés permettent également d’orienter le spectateur dans l’espace, grâce à une signalétique par exemple… Par la suite, j’ai souhaité reprendre le travail autour des lectures multiples et de la rime visuelle. En effet, ces procédés permettent de mettre en parallèle différentes informations, soit sur un même plan, soit en les hiérarchisant. L’acrostiche notamment donne la possibilité, sur un même support, de communiquer sur des informations différentes qui ont la même importance. Quant à la rime, elle met en exergue certaines parties d’un texte ou d’une image afin, soit de les confronter et de tisser des liens, soit d’ajouter une lecture rapide et superficielle (comprendre ici non approfondie) d’un article ou d’un visuel. À partir de ces procédés, il est alors possible d’envisager de nombreux projets. 67


conclusion

Cependant, il me semble intéressant de m’orienter vers un projet global, où les procédés d’écriture poétiques pourraient être exploités sur différents supports et ainsi montrer leur efficience. De plus, les envisager comme une stratégie de communication à part entière viendra donner de l’identité et du caractère à ce projet.

L’enjeu est donc à présent de trouver un projet concrêt et un commanditaire pour lesquels l’application de ces procédés d’écriture aura un sens et un impact communicationnel important. Mon choix se portera sur un projet évènementiel et global. Le caractère éphémère de ce type de projet s’allie bien à une communication qui serait d’ordre poétique. En effet, la poésie en elle-même révèle un nouveau rapport au monde et à l’instant, un rapport qui serait plus apparenté à « l’échappée » et au détour. L’aspect évènementiel d’un potentiel projet pourrait alors justifier l’emploi d’une stratégie de communication poétique en ce sens qu’il représente un projet à un instant T, un projet qui ne durera pas.

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Par ailleurs, il me faudra trouver un sujet qui nécessite une hypersensibilisation. Ce nouveau regard que la poésie apporte (par son langage unique et les sujets qu’elle traite) permet de transformer la matière, de donner à voir le réel, mais autrement, bien souvent par le biais de l’émotionnel et du ressenti. La dimension spatiale est également importante : la poésie, c’est aussi le rapport du texte à la page ; l’espace dans lequel le poème se définit fait partie


intégrante du poème. Le projet que je choisirai devra donc faire ressortir ce rapport à l’espace. Mais la difficulté du choix du projet réside surtout dans le fait que je souhaiterais que les procédés d’écriture poétiques ne s’appliquent pas à communiquer sur la poésie – ce qui serait une réponse intéressante quoiqu’il en soit, et assez évidente également – mais s’applique à un sujet autre, qui nécessiterait de communiquer par la poésie, afin d’en démontrer l’efficience…


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bibliographie commentée 1. Les livres : – La Poésie, Jean-Louis Joubert – Sémiotique de la poésie, Michael Riffaterre – Anthologie de la Poésie Française, Georges Pompidou – La poésie aujourd’hui, étude de Mélanie Gueret – À quoi bon encore des poètes ?, Christian Prigent – Pratiques Oulipiennes, Dominique Moncond’hui – Introduction au surréalisme, Philippe Forest – Précis de versification, Brigitte Buffard-Moret

2. Les extraits : – « Poétique de l’oeuvre ouverte », extrait de l’Oeuvre Ouverte, Umberto Eco – « Poésie, mode d’emploi », extrait de Aîe ! Un poète, Jean-Pierre Siméon – « La hiérarchie des rubriques », écrit par Thierry Herman et Gilles Lugrin, extrait de la Revue de la Presse. – « Remarque sur l’enjambement », Claudel

3. Les articles :

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– « Statistique Littéraire - La poésie depuis 1830 », Charles Louandre (source : Revue des Deux Mondes / 4e série, tome 30, 1842) – Lectures d’articles autour du Printemps des Poètes (source Evene.fr) : - « Passeurs de mémoires », Entretien avec Jean-Pierre Siméon


bibliographie commentée

- « Éloge de l’autre », Entretien avec Jean-Pierre Siméon - « Nous avons un besoin urgent de poésie », Entretien avec Jean-Pierre Siméon – « De l’imaginaire romantique à ses avatars », Claude Léa Schneider – « Le message publicitaire, rêve et poésie », Roland Barthes (texte issu des Cahiers de la Publicité). – « Peut-on faire de la poésie concrète aujourd’hui ? », Lorenzo Menoud – « Pour une histoire de la poésie concrète », Didier Moulinier

4. Les reportages : – « La poésie pour qui ? » - Vidéo INA

5. Les sites : – http://maisondelapoesieparis.com/ – http://maulpoix.net/ – http://printempsdespoetes.com/ – http://centrenationaldulivre.fr/ – http://theoriedesigngraphique.org/ – http://cipmarseille.com/ – http://poetry-on-the-road.com/ – http://signosemio.com/riffaterre/langage-poetique.asp – http://la-poesie-elementaire.blogspot.fr/ – http://persee.fr/ – http://typolitterature.wordpress.com/

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6. Autres : – Les nouvelles écritures numériques - conférence au Divan du Monde, Paris. – Exposition « Paul Éluard : Poésie, amour et liberté » au Palais Lumière, Évian. – Exposition « De la lettre à l’image » au centre George Pompidou, Paris.


annexes

quelques notes de lectures‌

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bibliographie commentée

« La poétique de l’œuvre ouverte », Extrait de L’Œuvre Ouverte - Umberto Eco « Principe » de l’œuvre ouverte : Eco nous présente 4 exemples qui se révèlent être des modes de communication musicale (différents de ceux auxquels nous sommes traditionnellement habitués). Il s’agit d’oeuvres musicales qui ne sont pas des messages achevés et définis, qui ne demandent pas à être repensées et revécues, mais qui sont des « oeuvres ouvertes ». Même si une oeuvre d’art est créée en fonction de la volonté de son auteur, et qu’en cela elle représente une forme achevée afin qu’elle soit comprise comme il l’a voulue, elle est toujours dépendante de la sensibilité personnelle de chaque « consommateur ». Une oeuvre d’art est donc toujours ouverte, au moins dans le sens où elle peut être interprétée de différentes façons. Cependant, les 4 exemples présentés nous montrent semblent être des oeuvres inachevées que l’auteur confie à l’interprète (qui va apporter son histoire, son langage…). La poétique01 de l’oeuvre ouverte tend à favoriser chez l’interprète des « actes de liberté consciente », autrement dit à le rendre actif en participant à « l’évolution » du sens de l’oeuvre. L’ouverture devient alors principe de création.

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01

La poétique : Sens 1 - (La poétique de tel ou tel poète) Ensemble des conceptions relatives à la poésie propre à tel poète, à telle époque ou école donné(e). / Sens 2 - (La poétique de qqch) Ensemble de principes qui font la poésie d'une oeuvre, d'un genre, d'une philosophie. / Sens 3 - Ouvrage didactique réunissant un ensemble de règles pratiques concernant la versification et la composition des divers genres de poésies.


bibliographie commentée

Mais ouverture ne signifie pas indétermination, ni infinies possibilités de la forme, ni liberté d’interprétation. Un éventail de possibilités d’interprétations a été soigneusement déterminé : la réaction interprétative n’échappe jamais au contrôle de l’auteur. Un discours poétique02 offre plusieurs niveaux d’interprétations. // Burke et le pouvoir émotionnel des mots - Novalis et le pouvoir purement évocateur de la poésie. La théorie de l’oeuvre ouverte n’est réellement esquissée qu’à partir du 19e siècle, avec Verlaine ou encore Mallarmé (qui explique que « nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème, qui est faite du bonheur de deviner peu à peu »). Avec l’oeuvre ouverte, tout participe à la suggestion : l’espace blanc, le jeu typographique, la mise en page… Car, selon Eco, « une oeuvre qui « suggère » se réalise en se chargeant à la fois de l’apport émotif et imaginatif de l’interprète ». // Paul Valéry - « Il n’y a pas de vrai sens d’un texte ». // Chez Brecht, l’ouverture poétique devient instrument de pédagogie.

02

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poétique : (Empl. subst. - Le poétique) Sens 1 - Relatif à un genre littéraire soumis à des règles prosodiques particulières. / Sens 2 - Qui est riche de ce qui définit essentiellement la poésie. / Sens 3 - Qui est empreint de poésie, dans l'expression artistique, dans un domaine autre que littéraire. / Sens 4 - Caractère romain plus étroit et allongé que le caractère ordinaire, dont on se servait pour imprimer des ouvrages en vers alexandrins.


bibliographie commentée

Sémiotique de la Poésie Michael Riffaterre La signifiance du poème : Le lecteur le moins sophistiqué sent d’instinct la différence entre la langue de la poésie et celle de l’usage courant. R. veut parler de la structure du sens03 d’un poème : car un poème dit une chose et en signifie une autre. La différence entre la poésie et la non-poésie réside dans la manière de générer du sens. Pour R., la poésie est indissociable du « concept de texte » et est caractérisé par la signifiance04. La perception d’un signe (et donc du témoin de l’existence de la poésie) tient à son agrammaticalité05. Les agrammaticalités, s’enchaînant les unes après les autres, forment une nouvelle isotopie06. Dans un texte poétique, en notant les agrammaticalités (les signes poétiques), on passe d’un niveau de compréhension (ou niveau mimétique) élémentaire à un niveau

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Sens : Information fournie par le texte au niveau mimétique.

04

Signifiance : Unité formelle et sémantique qui contient tous les indices de l’obliquité (ou signes), à savoir le déplacement, la distorsion et la création. Le déplacement - quand le mot en vaut un autre (ex : métaphore, métonymie). La distorsion - lorsqu’il y a ambiguïté, non-sens ou contradiction. La création - lorsque l’espace textuel agit en tant que principe organisationnel produisant des signes à partir d’éléments linguistiques qui autrement seraient dépourvus de sens (ex : symétrie, rime, équivalences sémantiques…).

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05 Agrammaticalité : Grammaire ou lexique déviant (ex : détails opposés). 06 Isotopie : Un texte littéraire est composé de différentes isotopies (axes de lectures) ; elle est la redondance d’éléments dans un texte permettant de comprendre ce dernier.


bibliographie commentée

de compréhension plus élevé (= signifiance). Ce passage est appelé Sémiosis07. Un poème se lit donc en plusieurs fois : – 1ère lecture (ou lecture heuristique08) : lecture liée à la mimésis09. Dans cette première lecture, la langue est référentielle. Les mots semblent établir des relations avec les choses, mais le lecteur doit repérer les agrammaticalités afin d’interpréter le texte comme il se doit. Le lecteur apporte donc une « compétence littéraire » pour comprendre le texte au-delà - et par - ses agrammaticalités. – 2e lecture (ou lecture herméneutique10) : lecture liée à la signifiance. Il s’agit d’une lecture rétroactive. Cette lecture se fait par « décodage structurel » (on comprend le texte par le texte, mais aussi par ce qu’il suggère dans son ensemble et par l’apport du lecteur).

07

Sémiosis : Passage d’un niveau de compréhension (ou niveau mimétique) élémentaire à un niveau de compréhension plus élevé (= signifiance).

08

Heuristique : qui est utile à la découverte de faits et de théories.

09

Mimésis : Représentation littéraire de la réalité.

10

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Herméneutique : Qualifie ce qui a trait à l'interprétation de textes philosophiques ou bibliques.


bibliographie commentée

En bref… Lecture heuristique : Lecture élémentaire ou le lecteur doit repérer les « originalités » grammaticales. – Lecture herméneutique : Compréhension du second « sens » du texte par l’apport d’une « compétence littéraire » de la part du lecteur. « Alors que les unités de sens peuvent être des mots, des syntagmes ou des phrases, c’est le texte entier qui constitue l’unité de signifiance. » M. Riffaterre Dans le texte poétique, la mimésis est considérée comme un obstacle qu’il faut dépasser pour le comprendre. La grammaire est une base de référence et les agrammaticalités, qui faussent a priori le sens, sont en fait les révélateurs de la signifiance. Par définition, un signe (ou agrammaticalité) ne peut pas être isolé, il ne peut être qu’une relation à autre chose. Le texte poétique s’inscrit donc dans un système où il doit être vu comme un signe global (formellement complexe mais monosémique). Dans la lecture herméneutique, on s’aperçoit que le texte cesse d’être descriptif (ou mimétique) et qu’il devient un signe unique. Dans la lecture d’un poème, le lecteur doit donc « transformer » le texte. Le poème peut alors être vu comme un jeu. Ainsi, le message du poème n’a souvent que peu de choses à voir avec ce qu’il nous dit, le message réside dans la façon dont la donnée déforme les codes mimétiques.

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La mimésis n’est donc « qu’une apparence entièrement trompeuse ». // Passage de la suppression de la mimésis chez Mallarmé.


bibliographie commentée

Pour R., le discours poétique est « l’équivalence établie entre un mot et un texte, ou un texte et un autre texte ». Autrement-dit, le discours poétique fonctionne avec un système référentiel. La signifiance permet d’unifier le tout et est produite par le détour que la mimésis force à faire avant d’être dépassée.

En bref… La lecture heuristique (élémentaire) doit être dépassée pour bien déchiffrer un poème et les agrammaticalités (dont les néologismes11) doivent être décelés car ils sont indicateurs et révélateurs du réel sens du poème, de la direction dans laquelle l’auteur veut nous emmener. Plus il y a d’agrammaticalités, plus le texte est surdéterminé12. Le discours poétique fait sans cesse référence à d’autres mots / textes… Il renvoie à autre chose qu’à lui-même.

Néologisme : Mot ou sens nouveau.

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Surdétermination : Selon R., la surdétermination est l’absence

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bibliographie commentée

Statistique Littéraire « La poésie depuis 1830 » - Ch. Louandre L’auteur, ayant été au dépôt légal (rue de Grenelle) raconte sa surprise face à la multitude de poètes ayant déposés leurs créations et étant, aujourd’hui encore, méconnus et tombés dans l’oubli à peine publiés. Pourtant, il déclare que ce sont les poètes qui font l’originalité de notre temps. « C’est surtout dans les poètes qu’il faut chercher la véritable originalité de notre temps et les œuvres les plus durables. » Il met en avant le pouvoir que génère la poésie, surtout en temps de crise. « Des hommes éminents ont écrit qu’au milieu de l’affaiblissement de tous les pouvoirs le poète seul est souverain, et que la société, que son génie honore et que ses chants consolent, lui doit tout à la fois la fortune et la gloire. » En 11 ans, 4 383 nouvelles éditions de poésie ont vu le jour. De plus, on trouve la poésie un peu partout : dans la presse, dans les recueils périodiques (Psychés, Sylphes, Miroirs, Albums, Courriers des Salons, Keepsakes, etc…). On constate donc, malgré le faible intérêt du grand public pour la poésie éditée, un regain dans l’écriture poétique - ce qui semble paradoxal. Les sujets abordés, quant à eux, durant ce dernier demi-siècle, concernent une confusion générale et une inquiétude vague (caractère distinctif de la poésie de notre temps).

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L’auteur s’indigne vraiment contre la poésie vide de sens et sans échos que l’on compte en nombre durant cette dernière décénie.


bibliographie commentée

« De toutes les œuvres de l’esprit, la poésie médiocre est la plus insignifiante et la plus vide, et c’est manquer tristement sa vie (…) que de consumer dans des rêveries sans nom et des chants sans échos les jours rapides que Dieu nous a donnés pour penser et pour agir. »

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bibliographie commentée

« Poésie Mode d’Emploi » Jean-Pierre Siméon Extrait de Aîe ! Un poète, texte d’introduction de JeanPierre Siméon à l’anthologie : 50 poètes français d’aujourd’hui. Jean-Pierre Siméon : Poète et dramaturge français, directeur artistique du Printemps des Poètes. L’auteur relate le fait que le nombre de poètes présents de nos jours est incroyablement élevé. Dans son texte d’introduction, JP Siméon propose un portrait du poète moderne : il est de tous les âges et se soucie des problème d’actualité. Ce n’est pas « un songe-creux, un vagabond, un pas-comme-les-autres, qui marche sur les eaux ou qui vole dans les nuages avec les oiseaux et les anges. » Un poète parle de ses émotions, de ses doutes, de ce qui l’entoure. Il donne son regard posé sur le monde. Le poète ne vit pas ailleurs : il est plutôt dans un rapport immédiat au monde qui l’entoure. Il explique également l’inutilité apparente du poète dans notre société où tout doit avoir un but : il faut gagner de l’argent, devenir chef, réussir dans sa vie, arrêter les guerres, nourrir les affamés… La poésie, effectivement, ne répond à rien de tout ça. Mais la poésie EXPRIME. « La poésie ça vous barbe, c’est inutile, vous n’avez pas le temps, ce n’est pas sérieux, c’est bon pour les petites filles boudeuses ou des illuminés solitaires et romantiques, c’est charmant comme un bouquet de fleurs mais à choisir mieux vaut un steak sur la table, et puis, de toute façon, on n’y comprend rien ! »

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Selon Siméon, la poésie ne cache pas la misère par de belles tournures : elle met la vie à nu. La poésie ne parle que de choses graves.


bibliographie commentée

« La poésie n’est pas une berceuse, elle n’a pas de précautions, elle va droit au but et met les pieds dans le plat de l’existence. » Plus important encore, et contrairement aux idées préconçues que certaines personnes peuvent avoir dans le sondage que j’ai effectué : la poésie ne fait pas la morale. « Elle questionne, elle interroge, (…) elle est inquiète de ce qu’elle ne comprend pas. (…) Ça évite l’ennui en tout cas. » Pour Siméon, être poète : ce n’est pas simplement écrire des poèmes. C’est une façon de vivre et de penser, de regarder le monde. Pour lui, un poème est une expédition dans le monde, il explore « l’ailleurs de notre monde ». La vocation du poème est d’émouvoir, de subjuguer, de prendre à la gorge, et de faire comprendre que la complexité de la vie est une chance. « La poésie est un extraordinaire accélérateur de la conscience » Roberto Juarroz.

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bibliographie commentée

Lectures autour du Printemps des Poètes 1. Entretien avec J.P. Siméon - Passeurs de mémoire (source : Evene.fr) : Il parle du caractère inattendu propre à la poésie, c’est la philosophie même du Printemps des Poètes (« Or, la poésie est d’abord un inattendu dans la langue. »). Il explique l’importance de sensibiliser les enfants à la poésie, au lieu de leur lire des « niaiseries ». Les brigades d’intervention poétique : Il s’agit d’intervenants qui entrent par surprise dans une salle de cours pour réciter un poème et qui repartent sans rien dire, laissant les enfants perplexes, et aptes à réfléchir sur ce qui vient de se passer. Ils sont ainsi sensibilisé à la lecture, et par là même à l’écoute et à la compréhension du monde par la poésie. Selon JP Siméon, beaucoup de Français ne lisent pas de poésie parce qu’ils en ont des représentations fausses. Ils pensent de suite à une explication de texte. L’objectif du Printemps des Poètes, c’est de résoudre la contradiction entre le fait que l’école doit transmettre le patrimoine poétique Français, mais qu’elle le fait à travers un type de poésie qui n’est pas exhaustif. La vocation du poème, et du poète, est d’inscrire une mémoire, de se faire témoin d’un temps, de permettre le souvenir et la mémoire profonde. Il parle de ce qui lui permet d’espérer : la poésie compte de nombreux militants (parmi eux : des lecteurs, des auteurs, des éditeurs courageux…).

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Siméon veut prouver le fait que la poésie n’est pas réservée à quelques uns : chacun peut trouver celle qui lui convient.


bibliographie commentée

2. Entretien avec J.P. Siméon - Éloge de l’autre (source : Evene.fr) : Le poète aspire à d’avantage de considération pour l’espèce humaine. Il est, avec le poète, le dernier à accepter la complexité du monde. L’ambition du Printemps des Poètes est, avant tout, de dissiper les malentendus. De nos jours, la poésie n’est pas vue comme elle est : – soit on lui attribue une image ringarde et désuète. – soit on lui prête un caractère élitiste. Par cet événement, les militants de la poésie veulent la rendre plus accessible. Le poète a longtemps été vu comme un prophète qui force l’admiration. Et l’admiration crée souvent la distance, alors qu’il doit y avoir un rapport empathique au poème. De plus, nous vivons dans une société où la compréhension immédiate prime, là où la poésie se fait en plusieurs lectures. Selon Siméon, la poésie est plus que nécessaire aujourd’hui : elle stoppe cette folie de l’instantanéité, du mouvement perpétuel. Elle forme aux consciences libres et aux esprits aptes au savoir par un enseignement lent et approfondi. « Alors que notre environnement dit «moderne» s’engouffre sur la voix de la simplification systématique sous prétexte de vulgarisation, la poésie continue de se dresser comme un perpétuel éloge de la complexité, à l’image de la vie. » « On dit la poésie moribonde, elle est au contraire très dynamique. Simplement, elle n’emprunte pas les mêmes réseaux de diffusion que ceux du roman de tête de gondole. »

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bibliographie commentée

3. Entretien avec J.P. Siméon - Nous avons un besoin urgent de poésie (source : Evene.fr) : JP Siméon souligne ici le pouvoir communicatif et communicant de la poésie : la poésie est une parole adressée qui suscite un interlocuteur actif, un dialogue et donc une rencontre. En 2011, le Printemps des Poètes a désormais une version Américaine (à Boston) et des événements au Japon et au Maroc. Il mobilise de plus en plus de monde (dans le monde arabe, elle est même encore un art populaire). Depuis 1986, les initiatives voulant démocratiser et réattribuer à la poésie sa vraie définition se sont multipliées. On constate un regain d’intérêt pour cet art. De plus, on semble dorénavant tendre vers une oralisation de la poésie (compagnies de théâtre, CD, lectures… Slam ?). « Il est clair qu’aujourd’hui, une meilleure visibilité est donnée à la petite édition, mais aussi que l’expression et la transmission orale du poème ont pris une importance notable. » Cependant, la diffusion des poèmes se fait désormais par un média qui touche les masse : internet. D’un côté, il permet de toucher un très grand nombre de lecteur, mais de l’autre, la masse d’informations peut nuire en confondant poésie et ersatz de poésie. La poésie, par ailleurs, se vend plus qu’on ne le dit : le livre de poésie est non seulement largement vendu, mais en plus de cela, il dure et perdure (il fait l’objet de nombreuses relectures à travers le temps).

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« [La poésie] est une objection à l’affadissement de la langue, au conformisme des représentations, à l’omniprésence du divertissement. »


Claude Léa Schneider : Enseignante de lettres au collège André Malraux, à Dijon.

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« De l’imaginaire poétique à ses avatars » - Claude Léa Schneider

L’enseignante décrit son court, en expliquant son but : « aiguiser l’intérêt de la poésie en l’enrichissant des images de la « tribu digitale » des adolescents ». Pour cela, elle leur distribue un poème de Victor Hugo (« Les Djinns »), et leur demande de faire d’abord une première lecture seuls, pour une approche visuelle de la poésie. Selon elle, la première perception d’un poème doit être visuelle afin « d’apprécier synthétiquement la singularité du texte ». Par la suite, elle leur fait une lecture orale, « volontairement empathique, pour que chacun ait une perception de la musicalité du poème ». Ensuite, elle décortique le poème avec les élèves. Tout y passe : la lecture analytique est centrée sur l’étude des rythmes, des sonorités, du lexique sensoriel et du sens des métaphores. Par ailleurs, elle explique que : « L’observation du fac-similé, trouvé sur le Net, du manuscrit des « Djinns », conservé à la BnF, montre que Victor Hugo a tracé dans la marge de petits symboles carrés, véritable partition rythmique à laquelle il s’astreint. » Enfin, elle demande à chaque élève de trouver 3 images (notamment extraites de jeux vidéos) pouvant défiler pendant une lecture polyphonique du poème. Selon elle, son cours tente de :

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– valoriser les mondes virtuels ; – affiner la perception sensorielle (passage du poème à l’image par l’association de mots et de couleurs) ; – traquer l’imposture visuelle ; – ancrer les acquis en leur redonnant du sens (éduquer le regard) ; – régénérer le sens des artefacts du passé à travers les jeux vidéos ou les mondes virtuels du net.


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Le message publicitaire, rêve et poésie Roland Barthes Pour R. Barthes, la publicité est un message. Selon sa définition du message, la publicité contient bien un émetteur, un récepteur et un canal de transmission. Appliqué à la publicité, le canal de transmission est le support. « Toute phrase publicitaire contient 2 messages… » En effet, selon Barthes, tout message est la réunion d’un signifiant (plan d’expression) et d’un signifié (plan de contenu). C’est donc ce qu’il se passe dans une phrase publicitaire, puisqu’elle est message.

1. Le message analytique : Le premier message est la lecture simple de la phrase : il faut la prendre en dehors de son intention publicitaire, dans son sens littéral. Il s’agit du message de dénotation.

2. Le message global : Selon Barthes, ce second message n’a rien à voir avec un quelconque caractère analytique, et il est relativement le même dans toute publicité : il annonce l’excellence du produit promu. Ce signifié est en quelque sorte le fond du message. Dans ce second message, le signifiant sera alors constitué :

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– des traits de styles issus de la rhétorique (figures de styles, coupes de phrases, alliances de mots) ; – du premier message tout entier (message de dénotation). Ici, le second message connote le premier.


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3. Le message connoté n’est pas propre à la publicité : Le phénomène de connotation semble être lié à la communication de masse : les messages connotés sont partout (à la télé, à la radio, sur les emballages de nos produits, etc…).

4. Le message connoté, rêve et poésie : Lorsque l’on « consomme » de la publicité, on reçoit donc un double message (dénoté et connoté). Mais, en publicité, le second message n’est pas caché sous le premier : ce que nous percevons immédiatement en général, c’est le caractère publicitaire du message (ou message connoté). Le premier message semble plutôt « naturaliser » le second (il ôte la finalité intéressée du second message, et rend l’acte « d’acheter » naturel) : il introduit le rêve et une certaine vérité (celle de la poésie).

5. Les critères du langage publicitaire : ceux de la poésie : Les critères du langages publicitaire (ceux d’un « bon » slogan) sont les mêmes que ceux de la poésie : figures rhétoriques, métaphores, jeux de mots… Tous ces signes « ancestraux » sont des signes doubles. La personne qui les reçoit par là-même la « puissance d’une expérience de totalité ». « Plus une phrase publicitaire contient de duplicité (…), mieux elle remplit sa fonction de message connoté (…). » 89


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6. Tout message publicitaire dit et raconte : « Toute publicité dit le produit (c’est sa connotation), mais elle raconte aussi autre chose (c’est sa dénotation). »

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Par le langage publicitaire, les hommes donnent du sens au produit et « transforment son simple usage en expérience de l’esprit ».


Lorenzo Menoud : Poète et philosophe né en 1961 à Genève. Contribue régulièrement aux revues Doc(k)s, la revue x, Boxon,T.A.P.I.N ainsi qu’au Cahier Critique de Poésie. Il expose également de la poésie concrète/ visuelle & réalise des films, des installations et des performances.

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« Peut-on faire de la poésie concrète aujourd’hui ? » - Lorenzo Menoud

La poésie concrète : Elle met « en cause les formes traditionnelles de la poésie par une importance accordée à la lettre ou au mot isolés comme matériau, forte spatialisation, et critique du contenu subjectif et individualiste de la poésie classique ». La poésie concrète est une forme de poésie expérimentale qui ne fait appel ni à la syntaxe ni au rythme mais considère le poème comme un objet sensible indépendamment du sens. Selon 2 points de vue, la poésie concrète ne serait pas légitime (et n’aurait donc pas de raison d’être) : – elle appauvrit et dogmatise le langage. Elle peut être par ailleurs associée à la publicité (vecteur de l’idéologie consumériste). Pourtant, pour L. Menoud, la poésie concrète est un apport fondamental à la littérature : – Grâce à la spatialisation du langage dans la poésie concrète, les poètes ont exploré un nouveau champ littéraire (celui de la lettre, du mot, de la force expressive de la typographie) ; autrement-dit celui de la matérialité de l’écriture (qui peut paraître transparente de prime abord). Cette nouvelle spatialisation, plasticisation du langage amène des possibilités de combinaisons de sens inédites (et favorise donc les lectures polysémiques).

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// Cf. Eugen Gomringer - « Schweigen » (poème comportant 14 fois le mot « schweigen » [qui signifie « silence »]), c’est-à-dire autant de fois qu’il y a de vers dans un sonnet). Cependant, la composition « graphique » de ce poème


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laisse apparaître un blanc au centre, qui exprime le silence impossible à dire avec des mots. – De plus, la poésie concrète porte une attention toute particulière à l’infra-discursif : ce qui permet un retour quasi grammatical aux formes élémentaires de l’écriture. « La poésie concrète met en jeu l’acte d’écriture même. La poésie concrète est également intéressante pour l’écrivain. C’est est en quelque sorte la structure sousjacente des significations, c’est une façon épurée de réfléchir pratiquement sur le langage et à ses rapports de possibles à la réalité » – Mais la poésie concrète est également légitime car elle représente bien l’idée qu’il existe des liens étroits entre nos représentations artistiques et l’époque à laquelle nous vivons. Les « formes de vie » influencent fortement la littérature d’un temps. Notre contexte oriente forcément notre sensibilité. « Je crois qu’il est bien qu’il en aille ainsi et qu’il est inintéressant, par exemple, d’écrire un sonnet « à la Baudelaire » ou « à la Rimbaud » au 21e siècle. » « Les formes communicationnelles de notre temps sont nécessairement les nôtres. » – Par ailleurs, la poésie concrète partage « nombre de formes expressives » avec la publicité.

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Points communs : – l’espace public occupé par la publicité est poétiquement attractif ; – la publicité et la poésie sont, toutes deux, relativement accessibles ; –  elles comportent toutes deux une composante ludique ;


bibliographie commentée

– elles permettent de réaliser certains rapprochements inédits de façon extrêmement rapide. Différences fondamentales : – Leur but n’est pas le même : la publicité cherche à faire acheter un produit à un consommateur, elle contraint et crée le besoin. Tandis que la poésie exprime une idée et offre un possible. – Selon L. Menoud, l’écriture est à la fois la représentation du monde (indirectement) et la proposition d’une autre réalité. – De plus, le développement technologique rend la poésie concrète « plus actuelle que jamais ». Elle est d’ailleurs de plus en plus visuelle : elle occupe plastiquement l’espace et s’approprie de nouveaux médias (TV, ordinateurs, etc…).

Conclusion : La poèsie concrète est intéressante à l’heure actuelle car : – elle est un réservoir de formes élémentaires pour l’écrivain ; – elle est un lieu d’interrogations sur le langage et ses potentialités ; – elle tente d’encrer la signification « dans une direction littéraire et émancipatrice » ; – elle est « vecteur d’antidotes à la publicité qui monopolise l’espace public ». Dans la poésie concrète, il y a peu à lire, mais beaucoup à rêver et à réfléchir.

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bibliographie commentée

Pour une histoire de la poésie concrète Didier Moulinier 1. Le « concret » Les poètes concrets rêvent d’une « immédiateté qui pourrait court-circuiter le langage de la signification » : pour cela, ils s’engagent dans un processus de réduction du langage à sa matérialité (visuel, lettre, tracé…). Pour eux, la poésie a tout intérêt à se faire voir (au même titre que les produits commercialisés par la publicité), afin de toucher et de ne pas disparaître. Cependant, elle est « exclu du commerce ». Les Calligrammes d’Apollinaire sont sans doute une première tendance vers la poésie visuelle (Cf. Poème « Il pleut » : poème qui s’attaque à la forme du poème, et non au poème lui-même - le fait de dessiner avec des mots ne changent rien au caractère conventionnel du langage). La réflexion de Mallarmé (qui porte essentiellement sur le vers) a ouvert davantage l’horizon du poème. Pour lui, « l’horizon du poème est précisément ce qui entoure le poème », c’est-à-dire le blanc. Le Coup de Dés consiste justement à faire parler ces blancs (Cf. Maurice Roche et l’héritage Mallarméen élève le rang de disposition des phrases en partition musicale / Cf. E.E.Cummings et la page blanche). La poésie concrète semble devenir une sorte de « sémiologie à l’état sauvage ». Dans cette poésie, le langage poétique a été réduit au signifiant, et le signifiant à son aspect visuel.

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Enjeux de la poésie concrète : – matérialité du langage ; – libération du langage ; – relier la poésie « littéraire » avec son « dehors » ; – l’information a moins d’importance que la vitesse de l’information ;


bibliographie commentée

– elle est une parodie qui relance les enjeux esthétiques et surtout politiques de la poésie.

2. Source 1 : Dada Cette politisation de la poésie fut la caractéristique majeure du mouvement Dada où, selon Tzara, la poésie est une machine de guerre pour contrer une certaine « suffisance » de la littérature. « (…) La poésie [est] une force vivante sous tous ses aspects, même anti-poétiques, l’écriture n’en étant qu’un véhicule occasionnel (…). »

3. Source 2 : le futurisme italien Le Futurisme Italien a pour but de restituer avec fidélité et rapidité la bataille avec « ses heurts, ses feux, ses couleurs, ses crépitements » en utilisant des phrases sans verbes, sans syntaxe rigoureuse, avec de longues énumérations et des images colorées qui s’entrechoquent. Caractéristiques de la littérature futuriste (écrit par Marinetti et qui n’a jamais réussi à être réellement appliqué) : – emploi du verbe au seul mode infinitif ; – abolition des adverbes et des adjectifs ; –  utilisation du substantif double (ex : « homme-torpilleur ») ; – abolition de la ponctuation… – dynamisme, magnétisme et mécanisme. 95


bibliographie commentée

Marinetti a encouragé une véritable révolution typographique de la page (par la signification des espaces blancs, des majuscules, des onomatopées, des couleurs d’encre, des mutiples caractères employés, de l’utilisation de l’italique, des déformations des mots…). Il pensait à la force expressive des mots. Malgré l’aspect visuel de cette poésie futuriste, ceux-ci se positionnent contre « l’intellectualisme abstrait jugé déréalisant » de la poésie Mallarméenne. Cf. Balla et Canguillo - « Palpavoce » : tentative de présenter « graphiquement et phonétiquement les multiples sensations que l’on éprouve dans une cage d’escalier ». Dans certains poèmes futuristes, il ne subsiste quasiment plus de texte. La machine est l’un des thèmes privilégiés de ces poèmes, leur volonté étant d’écarter « tout danger de romantisme ». Cf. « Varese domenacia » de Volt : lettres floues, striées…

4. Courants : Historique de la poésie concrète depuis les années 50 jusqu’aux années 90 : – Voir les réfs. sur le texte intégral.

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Au début, la poésie concrète désignait une approche résolument linguistique (réduction au mot, à la lettre, et aux constructions formelles plus ou moins spacialistes). Mais elle est par la suite rentrée dans une ère « élémentaire » où toutes les formes cherchent à s’épuiser elles-mêmes.


Cette poésie semble donc être un art élémentaire « qui provient de l’interaction de formes et de techniques non contraignantes ».

bibliographie commentée

La Poésie Aujourd’hui Mélanie Guéret

1. Avant-propos : Dans son avant propos, Mélanie Gueret parle du contexte poétique actuel : elle explique un regain d’intérêt pour le monde de la poésie (visible à travers les rendez-vous poétiques de plus en plus nombreux - notamment le Printemps des Poètes -, les rencontres slam, l’édition de recueils de poésie qui augmente, ainsi que le nombre de petits éditeurs, et de maison de la poésie). Par la suite, elle parle du problème de visibilité et d’accès de la poésie : « Seulement 1% du lectorat français en lit régulièrement. » De plus, la poésie est victime d’un image ringarde, ou bien élitiste. Ce qui intéresse M. Gueret, c’est de savoir pourquoi il existe un décalage entre l’image collective que l’on peut se faire de la poésie, et ce qu’elle est en réalité : à savoir, un art vivant. Ainsi, elle tente à travers son mémoire, de promouvoir la poésie.

2. Le problème avec la poésie :

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– Elle peut être victime de son aspect formel : L’idée qu’une poésie est présentée sous forme de vers, avec une composition en drapeau, des rimes, fige la représentation que l’on peut se faire d’une poésie. Ainsi, tout ce qui rime pourrait être assimilé à de la poésie ? La composition (retour à la ligne, composition en drapeau,


bibliographie commentée

strophes, et - généralement - typographie à empattement) induit également en erreur. Pourtant la forme ne fait pas le fond. // À étudier : la forme des poèmes dans les recueils traditionnel (utilisation typographique, mise en page, etc…), à appliquer sur un texte informatif ? Cela donne-t-il de la poésie ? Concernant la poésie plus contemporaine, la mise en page fera apparaître des blancs importants, des effets de graisses, de corps, et parfois même une absence de ponctuation… « Un texte semble pouvoir devenir « visuellement » poésie. » Pourtant, la poésie ne se résume pas au travail de la forme du langage. Elle cherche à se réinventer en permanence et peut se présenter sous de nombreuses formes : – longues épopée de l’antiquité ; – chansons de geste du moyen-âge ; – courts Haïkus japonais ; – pantoums malais ; – prose poétique… Juste avant la fable, le sonnet semble être la représentation la plus répandue de la poésie (puisqu’il est souvent étudié à l’école).

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« Le poème ce n’est pas la fable ou la comptine, le sonnet ou l’élégie, c’est cela et mille autres choses, parce que la poésie est une invention perpétuelle de formes neuves, inattendues, imprévues. » Jean-Pierre Siméon. De plus, les formes poétiques actuelles sont extrêmement variées : le rapport du texte à la page peut être très travaillé et la spatialisation du texte prend un tout


bibliographie commentée

autre intérêt. L’aspect formel de la poésie est désormais travaillé sur 2 niveaux : linguistiquement et visuellement. // À étudier : la spatialisation du texte dans les poèmes, le rapport à la page.

En bref… Les codes de la poésie bouleversent nos habitudes et notre rapport au langage ordinaire. « On peut identifier visuellement un poème, il est aujourd’hui impossible d’en dresser une anatomie. La poésie ne rime pas systématiquement, l’alexandrin n’est plus le modèle dominant des écritures poétiques contemporaines. » « La poésie est l’ambition d’un discours qui soit chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter. » Paul Valéry. Le danger avec la poésie selon Jacques Fournier, c’est que les gens, parce qu’ils font des formes sans se préoccuper du fond, s’auto-proclament poètes. Alors que la poésie ne travaille pas les formes pour le plaisir, mais pour démultiplier les sens de la signification. – Elle peut être victime des clichés : Une image positive « gnangnan » : La poésie est souvent associée à une image un peu niaise, jolie, gentille : à tort puisqu’elle traite de sujets parfois graves, profonds, et pas forcément positifs. Le fait que la poésie soit associée à de belles images est très réducteur. 99

// Remarque : Cf. sondage.



remerciements Je tiens à remercier :

Lionel Hager pour ses (nombreux) encouragements, son savoir et pour la confiance qu’il m’a accordée depuis le début ; Grégoire Hénon pour son écoute, ses conseils et son soutien ; Alain Jacquemain pour m’avoir mise sur la bonne voie ; Mélina Faget, Laurène Occhipinti, Eléonore Dal Bello & Alexis Klein pour leur soutien (on ne s’en lasse pas !) ; Marine Ménétrier pour sa bonne humeur, ses encouragements et pour les nuits blanches aussi… Alexandra Malle pour sa gentillesse et ses bons conseils ; et enfin, Jany Bassey pour son œil critique, ses précieux conseils, et pour avoir supporté mon stress tout au long de cette année de mémoire et n’avoir jamais failli.

Je dédie ce travail à mes parents, ma petite sœur et ma grand-mère, qui pensent toujours que quoiqu’il se passe, « [ j’y] arriverai »…

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Pour une communication poétique tome 03 | finalisation Magali Giraudo | Promotion 2011-2013 Mastère Stratégie de Communication par l’Image École de Condé Paris



Mémoire dirigé par Lionel Hager & Grégoire Hénon

Magali Giraudo | Promotion 2011-2013 Mastère Stratégie de Communication par l’Image École de Condé Paris


sommaire Introduction | 07 Des procédés poétiques à l’Exposition universelle de 2025 | 07

Une entrée en matière | 13 Une Exposition Universelle, dans quel but ? | 13 La France et les Expositions Universelles | 19 La Monde et les Expositions Universelles | 25

Le projet : Expo France 2025 | 35 Une communication événementielle | 35 Le contexte actuel | 37 Les enjeux | 43 Les valeurs | 47 Le commanditaire | 51 Le thème : « Pour un Monde Réinventé » | 55 L’horizon 2025 | 59 Le cahier des charges | 67 Pour une communication poétique | 71

Finalisations | 81

4

Le positionnement : « une Expo, une parenthèse » | 81 Logotype | 85 Affiche et teasing | 93 Supports multimédias | 117 Communication de proximité | 125 Signalétique | 143


sommaire

Conclusion | 151

Bibliographie | 155

Remerciements | 159

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introduction À travers les deux premiers tomes, il était important de voir que des ponts pouvaient être créés entre les procédés d’écriture poétique et le graphisme. En effet, en les transcrivants graphiquement, ces procédés m’auront permis de trouver des façons de tissers des liens, de conditionner une lecture, et d’aborder des communcations pluridimensionnelles. À la manière dont un poète exécuterait ses procédés sur un texte, j’ai utilisé ces mêmes procédés sur des images, des typographies, des supports de communication… L’enjeu de ce troisième et dernier tome est alors de montrer comment ces procédés d’écriture poétiques graphiques peuvent servir une communication.

Afin de pouvoir les exploiter et justifier leur emploi dans une communication, j’ai choisi d’axer mon travail sur la future (potentielle) Exposition Universelle qui pourrait avoir lieu en France en 2025.

La France prépare actuellement sa candidature pour accueillir le monde le temps d’un évènement temporaire conséquent. Les critères qui ont guidé mon choix ont été le caractère éphémère de l’évènement, son enjeu spatial et l’hypersensibilisation qu’il nécessite. 7


introduction

L’Exposition Universelle est un projet temporaire, qui, le temps de quelques mois, investit un territoire. Son caractère éphémère fait alors écho avec une communication qui serait d’ordre poétique :

À la manière dont la poésie vient investir le réel, et propose une nouvelle vision le temps d’une lecture, un nouveau rapport au monde et à l’instant, l’Exposition Universelle est, elle aussi, de l’ordre de «l’échappée», du détour.

« L’organisation en France d’une exposition universelle permettrait de montrer [que] notre pays a gardé cette envie de contribuer à un monde plus juste, plus beau, plus respectueux des valeurs humaines. » JC Fromantin, maire de Neuilly sur Seine à l’origine du projet ExpoFrance 2025.

Mais l’Exposition Universelle, c’est aussi un projet sensible, avec l’ambition de faire rêver, d’ouvrir le champ des possibles. C’est l’occasion de donner un « rendez-vous au monde » afin de partager, d’échanger, de divertir, d’améliorer le confort et le progrès des hommes tout en respectant ses idéaux.

De la même façon, la poésie, par son langage et les sujets qu’elle traite, permet de donner à voir le réel autrement, la plupart du temps par le biais de l’émotionnel et du ressenti.

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Pour finir, l’Exposition Universelle a un rapport à l’espace essentiel et complexe à identifier et à gérer au sein d’une communication.


introduction

Comme le rapport du texte à la page dans le cas d’un poème, l’espace dans lequel l’Exposition Universelle évolue fait partie intégrante de ce qu’elle est, la définit et la valorise.

Ainsi, travailler sur un projet de cette envergure permet d’emprunter des contraintes de travail qui sont réelles puisque ses contours sont en train d’être esquissés par les membres qui en sont à l’origine et qui le soutiennent. Cependant, ces contraintes restent assez libres dans le sens où cet évènement aura potentiellement lieu en 2025 : de nouvelles choses sont encore à définir et à envisager (comme le thème de l’Exposition, les moyens et les supports de communication à employer, etc…). Enfin, ce projet n’a pas pour vocation de créer de la poésie visuelle, ou de faire de la poésie pour la poésie. La poésie n’est pas une fin en soi, mais un moyen de servir une communication. Par ce projet, je veux tenter de montrer l’efficience des procédés graphiques inspirés de l’écriture poétique au sein d’un projet global.

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une entrÊe en matière



Exposition Universelle, quel but ? Issues de la Révolution Industrielle, les expositions Universelles véhiculent, depuis leurs origines, des enjeux majeurs de diplomatie culturelle, d’image et de valeurs des civilisations, de démonstration de force… Elles ont pour objectifs d’être les vitrines techniques et artistiques des Nations, de faire œuvre d’éducation, de mesurer le progrès accompli et les défis à relever.

« Une Exposition est une manifestation qui (…) a un but principal d’enseignement pour le public, faisant l’inventaire des moyens dont dispose l’homme pour satisfaire les besoins d’une civilisation et faisant ressortir (…) les progrès réalisés ou les perspectives d’avenir. » Extrait de la Convention de Paris de 1928

L’idée dominante qui les caractérise est de se démarquer des évènements à caractère commercial que sont les foires ou les salons. Il ne s’agit donc pas de vendre lors de ces Expositions, mais de montrer et d’être vu. Mais les pays exposants ne doivent pas être en compétition : le pays organisateur, sa vision, son message, ses réflexions, ses réalisations, seront durant plusieurs mois au centre des regards. Les expositions universelles sont, en premier lieu, de véritables « olympiades du progrès » tant elles favorisent l’innovation. Du téléphone à la télévision, de l’électricité au trottoir roulant, il n’est pas une exposition qui n’ait pas exposé de prouesse technique. La volonté d’instruire et d’illustrer étant au cœur de leur démarche, la dimension pédagogique les caractérise aussi. Il s’agit de dresser un inventaire de tous les moyens qui peuvent être mis en place par l’homme pour permettre le progrès et la connaissance ; ce qui permet de susciter l’envie d’aller plus loin. 13


une entrée en matière

Course de Ballons Vincennes, Exposition Universelle de 1900.

Cependant, malgré ces premières intentions, les Expositions Universelles font également une large place au divertissement. Ce qui permet d’augmenter encore la fréquentation des lieux et de contribuer à l’équilibre financier de l’opération.

« Il s’agit moins aujourd’hui de célébrer le progrès que de s’interroger sur son orientation, moins de proclamer une quelconque maitrise de l’univers que de prendre conscience avec humilité de l’immensité des problèmes à résoudre. »

Aujourd’hui, la fonction «  d’inventaire du progrès » n’est plus forcément de mise (car l’information circule beaucoup plus vite), mais les expositions universelles gardent une double mission consistant à témoigner des expériences et des progrès passés, tout autant qu’à anticiper les problèmes futurs en proposant des solutions.

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Bernard Testu, ancien vice-président du BIE

Deux dimensions cohabitent en elles : le bilan du passé et la prospection de l’avenir.


une entrée en matière

Au sein de cette Exposition éphémère, la majorité des États du monde, ainsi que leurs régions, des organisations internationales et des entreprises vont se donner rendez-vous, chacun présentant son pays dans un pavillon qui lui est attribué (ou qu’il battit si une surface lui est allouée).

Une Exposition Universelle permet d’envoyer un message fort, autant à son propre peuple qu’au reste du monde.

Les Expositions Universelles sont d’une durée de 6 mois maximum et ont généralement lieu tous les 5 ans. Le Bureau International des Expositions (BIE), institution créée en 1928 et située à Paris, est chargé de choisir le pays d’accueil et a pour objectif de réglementer la fréquence des Expositions et de veiller à leur qualité.

Les pays souhaitant accueillir une Exposition Universelle doivent faire acte de candidature et sont mis en compétition par la suite. La France est actuellement en train de préparer sa candidature pour l’Exposition de 2025.

Les Expositions Universelles sont aujourd’hui devenues la démonstration de puissance des pays émergeants (comme la Chine, et son Exposition à Shanghaï en 2010). Elles permettent de dynamiser l’économie, d’attirer un public mondial, de susciter l’engouement populaire autour d’un projet qui rassemble, unit et enthousiasme. 15


une entrée en matière

De plus, elles stimulent la capacité d’innovation et l’énergie créatrice : pendant ces périodes de préparation des Expositions, des appels à projets sont lancés de part et d’autre au sein du pays d’accueil.

La Grande Lunette

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La Grande Lunette du Palais de l’Optique, Exposition Universelle de 1900.


une entrée en matière

Tour Eiffel en construction La Tour Eiffeil, lors de sa construction pendant les 2 ans qui ont précédé l’Exposition Universelle française de 1889. 17



la France et les Expositions En 1851, la première Exposition Unvierselle est organisée à Londres. Suite à une visite qui lui fit une forte impression, c’est Napoléon III qui commanda la première Exposition française pour 1855. La deuxième Exposition parisienne eut lieu en 1867, l’Exposition de 1878 fut celle de la réconciliation nationale après les affrontements de la Commune, celle de 1889 fêtait le centenaire de la Révolution française et la manifestation de 1900 marqua le tournant du siècle. L’Exposition de 1937 fut la dernière organisée en France. La Tour Eiffel en 1889, le Grand Palais et le métro parisien en 1900 ou encore le Palais du Trocadéro en 1937 sont les témoins les plus célèbres des Expositions du passé alors que la majorité des autres pavillons, faits de matériaux démontables, étaient destinés à être détruits à la fin des festivités et ont désormais disparu. Aujourd’hui, organiser une Exposition en France, après la défaite de sa candidature aux derniers Jeux Olympiques, est un véritable défi (développement des enjeux et du contexte un peu plus loin, p. 27)…

« Il faut que la France renoue avec ses grandes ambitions. Une telle initiative représente un élan en terme d’urbanisme, d’économie, mais aussi en terme de confiance. » JC Fromantin, maire de Neuilly sur Seine à l’origine du projet ExpoFrance 2025.

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une entrée en matière

Plan pratique de l’Exposition Universelle de 1900

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Ce plan présente le Paris de l’Exposition de 1900


une entrée en matière

Timbre de 1937 Timbre de l’Exposition française de 1937

Ticket d’entrée de 1900 Ticket d’entrée de l’Exposition Universelle de 1900

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une entrée en matière

Ticket d’entrée de 1937 Ticket d’entrée de l’Exposition Universelle de 1937

Affiches de l’Exposition de 1937 Ci-contre, à gauche et à droite, différentes affiches réalisées pour l’Exposition Universelle de 1937.

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Nous pouvons noter que la Marianne, figure emblématique française, figure souvent sur les documents liés aux Expositions Universelles françaises du passé.


une entrÊe en matière

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une entrée en matière

le monde et les Expositions … d’un point de vue graphique Si l’on observe les identités et affiches des précédentes Expositions Universelles, on peut remarquer qu’elles mêlent, la plupart du temps, patriotisme et ouverture au monde. Dans chaque logotype, on retrouve des éléments qui ont fondé la culture ou la réputation des pays d’accueil.

Affiches, Bruxelles ‘58 Affiches, Exposition Universelle de 1958 de Bruxelles, Belgique. Le symbole de cette Exposition est présent sous la forme d’une étoile à 5 branches (qui rappelle les 5 continents) au sein de laquelle on peut reconnaître l’image de l’hôtel de ville de Bruxelles. 25


26 une entrÊe en matière


une entrée en matière

Identité Visuelle, Séville ‘92 Identité visuelle, Exposition Universelle de 1992 de Séville, Espagne.

Identité Visuelle, Shanghai 2010 Identité visuelle de la dernière Exposition Universelle, organisée à Shanghai en 2010.

Identité Visuelle, Brisbane ‘88 Identité visuelle, Exposition Universelle de 1988 de Brisbane, Australie. 27


une entrée en matière

Affiche & Identité visuelle, Montréal 1967 Pour l’Exposition Universelle de Montréal 1967, le Canada avait décidé de décliner une série d’affiche représentant les différentes activités exposées lors d’une Expo.

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L’identité quant à elle suggère la forme du monde et la fraternité tout en n’étant pas sans rappeler le symbole Canadien (la feuille d’Erable à 3 branches, rouge).


une entrÊe en matière

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une entrée en matière

Identité Visuelle, Milan 2015 - Andrea Puppa Identité visuelle de l’Exposition Universelle prévue en 2015 à Milan, Italie.

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Elle a été inspirée de la conception de l’homme de vitruve, symbole humaniste de l’Italie. Actuellement, la ville se pare peu à peu des couleurs du logo.


une entrÊe en matière

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le projet : expo france 2025



une communication événementielle Le projet consiste à concevoir la communication et la signalétique externe de la future Exposition Universelle qui aura lieu en France en 2025 (la France préparant actuellement sa candidature).

L’exposition universelle aura lieu à Paris, dans différents endroits de la capitale et du Grand Paris, et aura la possibilité de s’étendre, pour la première fois, à d’autres métropoles françaises (comme Marseille par exemple). Comme à chaque Exposition Universelle, de nombreux pays seront représentés, à travers différents pavillons. Mais la France, pour la première fois et par soucis d’économie, propose à ces pays de réinvestir des espaces représentatifs de la capitale (pour éviter d’avoir à construire, puis détruire des pavillons éphémères et coûteux). Les pays exposants pourront habiller et maquiller les bâtiments de façons à se les approprier, tout en respectant le patrimoine français. Ces pays présenteront une sélection d’innovations techniques et artistiques qui méritent d’être considérées à notre époque et permettent de nouvelles avancées pour l’homme et pour le monde (qui peuvent concerner le confort, l’écologie, l’économie…). L’Expo France présentera également pour l’occasion des évènementsanimations connexes dont le programme reste encore à définir. 35



le contexte actuel Extrait du dossier de presse communiqué en avril 2013 : « La France n’a pas organisé d’exposition universelle ou internationale depuis 1937 alors que ces grands événements ont toujours été de puissants vecteurs de dynamisation et d’innovation et à l’origine de l’expansion et du rayonnement international de la France dans la seconde moitié du XIXème siècle, ainsi que du succès de nombreuses entreprises (Vuitton, Michelin, Peugeot, Renault, etc…). En ce début de XXIème siècle, Jean-Christophe Fromantin a lancé l’idée d’une candidature de la France à l’organisation de l’Exposition Universelle de 2025 pour qu’à nouveau « le monde se donne rendez-vous en France». Rapidement rejoint par de nombreuses personnalités du monde économique, politique, culturel et sportif, ce projet fait aujourd’hui l’objet d’une très large mobilisation. »

Le but de l’Exposition Universelle pour la France : Le but de cette exposition universelle est de mettre en scène « l’exceptionnelle richesse [du] patrimoine tout en mettant à profit les technologies numériques d’expression et de communication afin de permettre le plus 37


le projet : expo france 2025

largement possible aux civilisations de se retrouver et d’échanger. » Aujourd’hui, organiser une Exposition en France, après la défaite de sa candidature aux derniers Jeux Olympiques, est un défi. Pour remporter la décision du BIE, le projet Expo France 2025 et l’État devront maitriser les stratégies d’influence.

« Nous imaginons organiser la première Exposition dont les formes immatérielles d’expression et de communication permettraient aux civilisations de se retrouver et d’échanger ; nous proposons que le Grand Paris et les métropoles régionales soient les pivots de cette organisation. » JC Fromantin, maire de Neuilly sur Seine à l’origine du projet ExpoFrance 2025.

Cette Exposition Universelle permettrait à la France de « renouer avec ses grandes ambitions » et de rayonner à travers le monde. Elle permettrait de montrer que la France a gardé cette envie de « contribuer à développer un monde plus juste, plus beau et plus respectueux des valeurs humaines ». « Elle donnerait (…) un espoir, un nouvel horizon et une formidable occasion de s’impliquer dès à présent dans un cycle de renouveau. »

L’Expo France 2025 serait un évènement qui attirerait énormément de monde (plus de 50 millions de visiteurs s’étaient déplacés pour l’Exposition de 1900) et resterait une référence universelle. De plus, les retombées économiques seraient déterminantes pour l’avenir de la France.

« Parfois, la France doute de son propre avenir au point de devenir pessimiste » Jean-Marc Ayrault

Dans un contexte morose, marqué par la crise et le pessimisme, la perspective d’un tel évènement a, selon les initiateurs du projet, de quoi rassembler les Français.

Le dépôt officiel des candidatures doit se faire en 2016 (le calendrier du projet en annexe).

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Cependant, les Expositions Universelles, dans le contexte actuel, se voient opposer certains arguments


le projet : expo france 2025

que la France compte prendre en compte dans cette prochaine manifestation : il semble en effet difficile de prôner le développement durable lorsque, pour maintenir la tradition des Expositions, on bâtit des palais éphémères.

Dans son projet, la France n’hésite alors pas à rompre avec la tradition : elle prévoit de proposer aux pays exposants de réinvestir les lieux qui ont fait de Paris la ville qu’elle est aujourd’hui (comme le Louvre, le musée d’Orsay, le Grand Palais, etc…).

Ainsi, la future Expo France 2025 se voudrait « low-cost », les seuls bâtiments à devoir être construits seront destinés à servir le Grand Paris.

« Le Grand Paris, dont l’achèvement est programmé pour 2025-2030, associé aux métropoles régionales françaises, serait le pivot de cette organisation. »

L’idée nouvelle est donc de réemployer de façon éphémère les infrastructures du Grand Paris et les monuments existants de la métropole et des grandes villes françaises. « Nos gares, nos monuments, nos espaces publics… JC Fromantin, maire de Neuilly sur Seine à l’origine du projet ExpoFrance 2025. accueilleraient des délégations du monde entier qui mettraient en scène leurs cultures et leurs innovations. Ainsi, cette exposition serait pleinement universelle. » explique Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine. 39


le projet : expo france 2025

Pour l’occasion, un site internet a été crée, ainsi qu’une identité provisoire qui permet de donner une forme identifiable à la candidature de la France. Cependant, cette idée sera vouée à évoluer ou à changer au cours de l’élaboration d’une stratégie de communication, afin de l’harmoniser aux supports de communication qui vont être déclinés pour l’occasion.

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Peu d’informations sont disponibles quant à l’origine de la création graphique provisoire (site, logo…).


le projet : expo france 2025

1ère identité temporaire - auteur incconu Ce logo est le 1er étant apparu afin de définir l’identité temporaire de l’évènement. Mais l’évocation unique du passé (par l’illustration de la Tour Eiffel) dénature l’évènement qui doit tout autant comporter la notion d’avenir.

2nde identité temporaire - Agence Fuse

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Ce logo, reprenant le symbole du monde à travers la combinaison de cercles, apparu plus tardivement, montre la confusion au sujet de l’identité du projet Expo France 2025. Les deux identités se côtoient sur les différents articles et supports de communication actuels que l’on peut trouver au sujet de l’Exposition.



les enjeux «  L’organisation en France d’une exposi- « Dans ces temps d’austérité, tion universelle permettrait de montrer aux c’est très bon d’avoir un projet peuples de la terre combien notre pays a qui stimule les Français. » gardé cette envie de contribuer à un monde Jean-Pierre Lafon, Ambassadeur de France et Président d’honneur du BIE plus juste, plus beau, plus respectueux des valeurs humaines. Elle donnerait à nos enfants un espoir, un nouvel horizon et une formidable occasion de s’impliquer dès à présent dans un cycle de renouveau. (…) Ce projet n’aura de sens que s’il procède d’une très large adhésion populaire et si chacun d’entre nous peut imaginer dès à présent comment il pourra, à son niveau, depuis son territoire, y contribuer en valorisant sa culture et son savoir-faire. » Jean-Christophe Fromantin La conception de la communication évènementielle et de la signalétique d’Expo France 2025 demande de résoudre notamment les enjeux suivants : une pluralité de cibles, une pluralité d’exposants et une pluralité de sites.

Une pluralité de cibles « Les visiteurs proviennent majoritairement du pays hôte, (…) les visiteurs étrangers constituent le tiers de tous les visiteurs. » Michel Dumas, Les Expositions Internationales, un univers de communication

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L’Exposition Universelle s’adresse à une cible extrêmement large, dans toute la diversité qu’elle représente : le grand public, national et international. Elle s’adresse à lui dans une perspective de découverte et d’information, mais aussi pour lui faire prendre conscience des enjeux actuels, des


le projet : expo france 2025

problèmes à résoudre (qu’ils soient d’ordre écologique, économique, etc…) et des solutions dont le monde, et particulièrement la France, dispose pour y pallier. Dans cette pluralité de cibles que représente le grand public, on trouvera notamment des familles françaises, mais aussi des familles étrangères, venues de tous les coins du monde (pour lesquels des moyens devront être mis en place afin de faciliter leur compréhension de l’Exposition), mais également des étudiants, des entrepreneurs et des industriels. Ces deux dernières catégories sont d’ailleurs celles qui auront l’occasion de se comparer pour stimuler leur compétitivé, leurs idées et leurs ambitions lors de cette Exposition.

« C’est un projet large, ce n’est pas un projet d’élite. C’est un projet qui concerne toute la population française, et la population mondiale aussi. »

Cette cible plurielle – d’âges, de milieux sociaux et culturels très différents – implique de créer une communication de l’évènement qui ait des codes esthétiques hétérogènes en répondant à la fois à une volonté d’élaborer une communication efficiente et senElie Chouraqui, Réalisateur et personnalité soutenant le projet. sible, mais qui réponde en cela aux impératifs d’accessibilité et de simplicité pour un public parfois néophyte. Ce projet devra donc pouvoir s’adapter à différents niveaux de lecture.

Une pluralité d’exposants

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L’Exposition Universelle proposera au public de visiter des pavillons correspondants aux pays exposants. Ces pavillons regrouperont une multitude de projets et d’activités différentes, régis et exposés par une multitude d’acteurs aux interêts et aux orgines différents. La liste de ces exposants n’a pas encore été communiquée et reste encore à définir, mais chaque pavillon aura sa propre indépendance, et sa propre identité : que ce soit par la façon dont il revisitera l’architecture du bâtiment dans lequel il sera installé ou par la


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communication interne qu’il devra gérer au sein de son pavillon. Cependant, il sera nécessaire de permettre au public de les distinguer et de les retrouver facilement, grâce à une communication externe plus homogène qui répondra à une exigeance de clarté.

Une pluralité de sites Dans le cadre d’une Exposition de cette envergure, qui rassemblera les visiteurs non seulement dans la ville de Paris mais aussi dans le Grand Paris de 2025, les sites d’exposition seront multiples. Des solutions devront être trouvées pour optimiser l’orientation et la circulation du public.

L’utilisation d’une communication qui serait d’ordre poétique serait donc ici la bienvenue puisqu’elle est apte à répondre à ces enjeux de communication pluridimensionnelle.

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le projet : expo france 2025

les valeurs La communication de l’Exposition Universelle devra répondre à un premier objectif de notoriété, mis en place par la France depuis l’annonce de sa candidature jusqu’à la mise en place concrète du projet. En effet, il y a ici une volonté de promouvoir le projet et de répondre aux enjeux exposés ci-dessus pour renforcer sa position dans le panorama des Expositions Universelles.

On devra donc, par cette communication, ressentir un certain aspect patriotique tout en prônant l’ouverture au monde et l’appel à projet qui constituent les fondements des Expositions Universelles.

Les Expositions françaises revendiquent et développent depuis leur origine un certain nombre de valeurs qui sont aussi prises en charge par la communication évènementielle : notamment le respect des symboles forts qui ont fait l’Histoire de France ; le rappel aux Expositions passées qui ont fait la fierté du pays, l’homogénéité de son identité dans le métissage de son peuple, le mélange de ses activités et l’étendue des savoir-faire.

JC Fromantin

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« [Les Expos Universelles] sont des évènements qui ont cette vertue, cette force, de regarder le passé avec un regard positif sur tout ce qu’il a pu amener, mais en même temps de se projeter dans l’avenir, et je suis convaincu (…) que justement la France vit un peu ce moment. Et c’est à nous de (…) redonner de l’ambition en gérant ce passage. »


le projet : expo france 2025

Ces valeurs sont les fondements d’un pays qui veut retrouver ses ambitions passées avec ses acteurs d’aujourd’hui, qui veut retrouver son image d’excellence tout en restant accessible, ouverte et postive (dans un contexte qui ne le permet que difficilement).

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La communication évènementielle de cette Exposition devra être le reflet de ce qui fait la bonne réputation de la France (célèbre entre autres choses pour son raffinement, sa gastronomie, sa mode ou encore son histoire, ses valeurs de « pays des Droits de l’Homme »…) dont elle doit respecter la cohérence et le caractère identitaire.

Mais le projet implique également de créer une communication spécifique à ses valeurs évènementielles : comme l’invitation, le nouveau regard, l’échappée, l’interrogation, la rencontre, la découverte, le spectacle, la séduction, etc… Autant de valeurs qui seront représentées et véhiculées par une stratégie de communication qui sera d’ordre poétique – pour les raisons évoquées dans l’introduction de ce tome.




les commanditaires Le Bureau International des Expositions (BIE) « Le Bureau International des Expositions (BIE) est l’organisation intergouvernementale chargée de superviser le calendrier, les candidatures, la sélection et l’organisation des Expositions Universelles et Internationales. » (cf. http://www.lexpress.fr/) Le BIE a été créé par la Convention internationale signée à Paris en 1928. Cette convention établit les droits et les responsabilités des organisateurs des Expos et des participants. C’est au BIE d’en assurer le respect et le bon fonctionnement La mission du BIE est d’assurer l’intégrité et la qualité des Expos afin qu’elles continuent à éduquer le public et à promouvoir l’innovation au service du progrès humain. En cela, il doit avoir un regard sur chaque projet d’Exposition Universelle naissant, jusqu’à sa concrétisation.

Le pays organisateur (et ses partenaires) Le financement des infrastructures les plus importantes est pris en charge par l’Etat, la municipalité, les organisations internationales (Union européenne)… 51


le projet : expo france 2025

Les pays exposants (et leurs partenaires) Chaque pays doit financer en majeure partie son propre pavillon, en faisant appel au secteur privé (entreprises…) et public (état, région…).

L’association Expo France 2025 et le comité des fondateurs

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Le comité réunit les personnes à l’origine du projet, qui ont fondé fin 2012 l’association EXPOFRANCE 2025.


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« vers un monde réinventé » Afin de pouvoir donner à ce projet une identité visuelle et une communication adaptée, il me fallait d’abord définir le thème de l’Exposition. Puisqu’il n’a pas encore été concrêtement décidé par le conseil, j’ai choisi de m’axer sur l’idée d’un monde réinventé, pour les raisons qui suivent :

L’Exposition Universelle : un moyen de regarder différemment L’Exposition Universelle est en elle-même une façon de faire un bilan du passé et d’en tirer des solutions pour l’avenir. Elle propose un nouveau regard, permet de prendre du recul sur les évènements nationnaux et mondiaux, de faire une pause, afin de mieux réfléchir et de mieux concentrer nos efforts sur la construction d’un futur plus en accord avec les valeurs fortes de ces Expositions.

Le retour de la France dans le paysage des Expositions Universelles Le terme d’un «  monde réinventé  » peut également s’appliquer à un Paris réinventé. En effet, le but de cette 55


le projet : expo france 2025

Exposition en France serait également de montrer que Paris a été une grande ville, et que cette ville s’est transformée, s’est agrandie (avec le Grand Paris), pour apporter de nouvelles solutions dans le monde actuel. En 2025, cela fera 88 ans que la France ne se sera plus présentée en tant que pays d’accueil de l’Exposition, alors qu’elle détient actuellement le « record », avec la Belgique, du nombre d’Expositions Universelles organisées. En prenant le relai en 2025, elle montrera qu’elle est toujours le pays des Droits de l’Homme, mais sous un nouvel angle, avec de nouveaux moyens et un nouveau paysage.

Une invitation à remodeler les monuments Parisiens « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

Le fait de proposer une Exposition « low cost » rentrerait également dans le projet d’un monde réinventé. En effet, pour cette édition, la France proposera à tous les pays Antoine Lavoisier, chimiste, philosophe et économiste français du 18e siècle. exposants de revisiter, le temps de l’Exposition, les grands monuments qui ont fait l’histoire et le paysage de Paris pour en faire des pavillons d’exception – ce qui ne s’est encore jamais fait dans l’histoire des Expositions.

« On pourrait lister 200 lieux emblématiques et les attribuer aux 200 pays exposants, en fonction de leur thématique. »

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JC Fromantin

Cette initiative serait alors à considérer comme un engagement de la France à proposer au monde de décider ensemble de ce qui reste à construire, en ayant pour base les cartes qu’il a déjà en main.


le projet : expo france 2025

Un monde plus économique et plus écologique Dans la problématique d’un monde réinventé, les notions actuelles de recyclage, de recherche pour des énergies plus saines et renouvelables prennent alors tout leur sens. Le thème de l’Exposition inviterait les talents à présenter de nouveaux projets qui abonderaient dans ce sens.

Un monde après la crise Enfin, de façon propre à la France, ce thème serait une façon d’inviter les français à espérer de nouveau, à être moins pessimistes quant à l’avenir du pays. Pour sa rentrée, le gouvernement « a tenté de prendre de la hauteur, en exposant sa vision de la France de 2025. Pierre Moscovici a qualifié le plein emploi d’“objectif réaliste“ (…). »

« La France peut vous surprendre et vous surprendra. La troisième révolution industrielle se produira aussi en France. » François Hollande

Avec le thème « Vers un Monde Réinventé », et pour toute ces raisons, l’utilisation des procédés poétiques est ici renforcée, dans un projet où la nécessité de sensibiliser, de donner un nouveau regard et de nouveaux espoirs, de faire de cette Exposition une parenthèse constructive, un détour nécessaire, de réinventer la ville et ses monuments, sont des notions essentielles. 57



l’horizon 2025 L’horizon 2025 nous permet d’imaginer que les procédés d’écriture poétiques graphiques pourront être adaptés à des supports différents, à des façons de communiquer différentes. La démocratisation de certaines techniques, actuellement en cours d’élaboration, ou en cours de commercialisation, aura permis de faire rentrer dans notre quotidien des éléments jusqu’alors peu ou mal connus. Parmis les nouvelles technologies qui seront entrées dans les mœurs en 2025, on trouve notamment la réalité augmentée et le papier électronique – deux principes dont il me faudra tenir compte lors de la conception de ce projet.

La réalité augmentée La réalité augmentée permet au virtuel de s’ajouter au réel. Selon le rapport de « La Nouvelle France Industrielle », édité par le Ministère du redressement productif, elle peut révolutionner notre vie quotidienne : elle ouvre des perspectives nouvelles en termes d’amélioration des services et des procédés. « La réalité augmentée consiste à superposer des informations et images virtuelles à notre perception naturelle de la réalité. Après des applications dans le domaine de la défense, la réalité augmentée s’apprête à changer notre vie de tous les jours, dès à présent grâce aux téléphones portables, et demain, grâce aux lunettes ou 59


le projet : expo france 2025

lentilles connectées. Les applications de la réalité augmentée aux marchés industriels sont en plein essor. (…) Demain, l’accès à la réalité augmentée pour le grand public permettra d’offrir de nouveaux services sur mesure : retrouver le prix de tout objet pris en photo par un téléphone, créer de nouveaux services touristiques en reconstituant des monuments disparus, offrir aux patients un meilleur suivi médical. Sur ce marché en forte croissance, la France s’appuie sur Catalogue Ikéa en réalité augmentée de nombreux grands groupes et PME innovantes (…). Le plan Le nouveau catalogue Ikéa qui paraitra « Réalité augmentée » permeten 2014 permettra aux potentiels clients tra de renforcer les entreprises de se projeter un peu plus : ils pourront françaises, fabricants de matédésormais observer les meubles riels, concepteurs de logiciels, sous tous leurs angles par l’intermédiaire de soutenir l’innovation et de de la réalité augmentée, ou les essayer diffuser les technologies Made de façon virtuelle pour voir s’ils s’accordent in France de la réalité augbien avec leurs intérieurs… mentée, pour plus de services personnalisés. »

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Le principe : La caméra (d’une tablette tactile par exemple) reconnait un contenu imprimé appelé traqueur (ex. : image d’un produit ou logo) ; s’affiche alors à l’écran, par-dessus l’image filmée un contenu numérique (vidéo, information, personnage ou objet en relief, en 3D) ; et l’utilisateur plonge dans le virtuel. Sa réalité est augmentée.


Aujourd’hui connu sous la forme d’un « écran » de livre numérique rigide, les nouveaux papiers électroniques seront faits d’une matière flexible, exigeront une faible consommation électrique, seront peu coûteux dans leur fabrication, plus écologiques (et économiques à terme) – puisque l’objet pourra être réinitialisé pour y inscrire à chaque utilisation un nouveau message –, et permettront un grand confort de lecture. Ainsi, le papier électronique est l’avenir du papier ordinaire, ou en est du moins une alternative prometteuse.

le projet : expo france 2025

Le papier électronique

En effet, il permet de reproduire les conditions de lecture du papier classique (sans rétro-éclairage), mais avec les atouts de l’ordinateur : fonctions cognitives, possibilités de zoom et de fenêtres, variétés de modes d’alimentation des contenus (wi-fi, bluetooth, etc.), option de stylet qui restaure l’écriture à la main, haute résolution de l’image (200 à 400 points par pouce), et plus encore… Grâce à ce papier, qui est actuellement en « On disposera cours de développement dans plusieurs par- d’un papier électronique ties du monde, avec des recherches sur les encore plus performant encres et sur les matières qui feront le papier qui s’apparentera vraiment de demain, on peut imaginer de nouveaux à une page de journal. » supports de communication. Selon Bruno Bruno Rives, spécialiste des nouveaux médias et de l’encore électronique. Rives, spécialiste des nouveaux médias et de l’encre électronique, il est facile d’imaginer des « billets d’avion qui dialoguent avec des panneaux à l’aéroport pour indiquer son chemin au voyageur », ou bien encore « des affiches publiques dont on peut changer le message à volonté, des affiches commerciales qu’on peut “ réimprimer “ sans aucun gaspillage de papier (…), des journaux et des magazines qu’on peut télécharger, avec des informations mises à jour régulièrement (…) avec éventuellement du son ou de la vidéo ».

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le projet : expo france 2025 62

Papier électronique conçu par HP


Le project Glass est un programme de recherche et développement lancé par Google sur la création d’une paire de lunettes avec une réalité augmentée.

le projet : expo france 2025

Les Google Glass

Pour cela, une caméra, un micro, un pavé tactile, un miniécran, et un accès Internet ont été installés sur la paire. La connexion Internet permet d’accéder à la plupart des fonctionnalités de Google : Google Agenda, reconnaissance vocale, Google +, horloge/alarme, météo, messages (SMS, MMS, courrier électronique), appareil photo, GPS (Google Maps), etc…

Extrait d’un témoignage : « Ma première expérience des Google Glass » « Les Google glass se pilotent au doigt et à la voix. En effleurant une branche tantôt verticalement, tantôt horizontalement, je fais défiler un menu. Des photos accompagnent les dernières nouvelles de CNN. Je peux également prendre connaissance de la météo, lire mes mails, les messages qui sont arrivés sur mon téléphone portable... (…) On peut à la fois lire [un plan] et marcher en même temps. (…) Quand je tapote sur la branche, je reviens sur le menu d’accueil. «Take a picture», j’entends comme un bruit obturateur. Je viens d’immortaliser le large sourire de mon interlocutrice. Les lunettes sont équipées d’un capteur de 5 Mega pixels qui permet aussi de réaliser des vidéos en haute définition. Les clichés sont stockés dans une mémoire de 12 Go. »

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Ce témoignage laisse entrevoir les infinis possibilités que proposent ces lunettes. Couplées à la réalité augmentée, il serait alors possible d’imaginer de nombreuses façons de communiquer autrement, et notamment d’interagir avec les supports de communication…


le projet : expo france 2025

L’utilisation des smartphones « Les Smartphones ont le plus le vent en poupe. On prévoit ainsi un doublement de leur taux de pénétration à l’échelle mondiale d’ici 2015, où 72% de la population sera donc équipée. »

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www.europa-apps.com

Les smartphones sont amenés à évoluer ; ils vont devenir plus flexibles, intégrer la 3D, et la réalité augmentée, ils seront présents sous différentes formes… Mais ils seront toujours là. D’ici 2015, 72% de la population mondiale sera équipée de smartphones.


le projet : expo france 2025

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le cahier des charges Ce projet consistera en la conception d’un système de communication visuelle externe­– puisque l’intérieur des pavillons sera géré par les pays exposants – et d’une signalétique. Ils devront être pensés selon une stratégie qui sera d’ordre poétique, afin de répondre aux objectifs de communication, sur différents supports, print et multimédia.

Un logotype + Afin de donner une cohérence à toute la communication de l’évènement, un nouveau logotype sera défini et devra être appliqué sur tous les supports de communication relatifs à l’Exposition Universelle. + Il découlera d’une recherche basée sur la stratégie de communication inspirée des procédés d’écriture poétiques. 67


le projet : expo france 2025

Affiches et teasing + Support important de l’événement, l’affiche en papier électronique symbolise le début d’une campagne d’information (lieux, dates, etc…) à l’échelle nationale. Elle sera notamment présente dans le métro parisien, et sur les supports d’affichage traditionnels de la ville. Cette affiche servira de fil conducteur pour les principes graphiques utilisés pour les différentes déclinaisons (flyers, invitations print et mailing, programmes, tickets…). + Par ailleurs, il faudra penser à une déclinaison en Français, mais également en Anglais, pour pouvoir la diffuser dans d’autres pays. Cette affiche internationale sera principalement diffusée dans les gares et aéroports, ainsi que sur les principaux axes routiers. + Une campagne de teasing devra être réalisée avant la révélation du logo et de l’affiche pour créer l’attente et susciter l’interêt des personnes qui ne sont pas encore au courant de la mise en place de cet l’évènement.

Des supports multimédias

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+ Le web est devenu un outil de communication incontournable, et plus que jamais en 2025. Il faudra alors créer un site internet et une application smartphone en réalité augmentée (qui permettront de donner les informations pratiques, de présenter les exposants, etc…), il faudra tenir compte des réseaux sociaux et des nouvelles technologies qui émergent actuellement et dont il est probable de penser qu’elles seront beaucoup plus développées et répandues en 2025 (papier électronique et utilisation des smartphones notmamment).


+ Il faudra penser à éditer un programme des évènements et à informer les gens régulièrement (sur le principe d’un journal, numérique ou papier, hebdomadaire, ou quotidien…).

le projet : expo france 2025

Une communication de proximité

+ Le programme ainsi que les invitations sont aussi à prévoir, afin de cibler des publics plus spécifiques (comme les enseignants, les agences de tourismes et le milieu hôtelier, la presse ou encore les chefs d’entreprises, qui seront chargés d’informer leurs élèves ou leurs équipes, d’or- « Une abondante circulation ganiser des voyages scolaires ou des d’information est d’autant séminaires…). plus nécessaire que,

le plus souvent, le public

+ La presse est aussi un support de publi- n’est pas familier avec le cité qui ne doit pas être négligé. La com- concept d’une exposition munication d’un tel évènement à l’inter- internationale.» national passe surtout par le biais de la Michel Dumas, Les Expositions Internationales, presse. On pourra alors penser à des un univers de communication encarts déclinés de l’affiche pour assurer la reconnaissance de l’évènement par le visuel. + Les tickets d’entrée pour l’Exposition sont également à concevoir.

Une signalétique externe + Une signalétique extérieure sera mise en place pour permettre la circulation nécessaire entre les différents sites d’exposition. La signalétique extérieure sera soumise aux autorisations préfectorales.

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Les supports réalisés devront être pensés en Français et en Anglais en priorité.



pour une communication poétique La poésie, qui peut être porteuse d’un message (à visée idéologique, utopique, pouvant servir un engagement ou apporter une nouvelle vision, un nouveau regard sur le monde…), communique de façon plus évocatrice que ne le ferait une écriture argumentée.

En commençant à travailler sur ce projet, je souhaitais alors comprendre comment fonctionnaient les procédés d’écriture poétiques, pour voir si une équivalence graphique pouvait être développée, de façon à ce que l’efficience de ces procédés puisse être conservée et appliquée à une communication.

Suite à mes recherches qui constituent le tome 01, et le tome 02, il me fallait trouver une application concrète qui puisse justifier l’interêt d’une communication d’ordre 71


le projet : expo france 2025

«  poétique  » (poétique par la façon dont elle a été construite, et non dans l’idée que l’on peut se faire d’un résultat ou d’un aboutissement « poétique »).

Il n’aurait donc pas été envisageable de communiquer poétiquement pour tout projet : certains sujets nécessitent une stratégie de communication plus argumentée ou plus directe (que l’utilisation des procédés d’écriture poétique ne permettrait pas forcément).

Si j’ai choisi de traiter de la future Exposition Universelle française, c’est parce qu’il existe des parallèles entre ce type d’évènement et les valeurs d’une communication d’ordre poétique.

Une visée universelle

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En commençant mes recherches, j’ai été confrontée à la difficulté que donner une potentielle définition de la poésie représentait. En effet, la poésie est présente partout sous des formes extrêmement variées. Partout on a écrit, et on continue d’écrire de la poésie, et ses formes évoluent et divergent en fonction des lieux et des époques. Mais partout, la nécessité de s’exprimer par le biais du langage poétique s’est faite ressentir.


le projet : expo france 2025

Notamment parce que la poésie permet l’accès au sens par différents degrés de lectures, par des lectures pluridimensionnelles, l’utilisation de ses procédés d’écriture peut être précieuse dans le cadre de la communication de l’Exposition Universelle. En effet, la visée du message et de l’enseignement qu’apportent les Expositions Universelles s’adresse à un public extrêmement large et diversifié. Le fait d’avoir accès au sens du message de façon progressive, tout en proposant des degrés de lecture différents, permet par conséquence de proposer des lectures qui s’adaptent au plus grand nombre. En cela, la visée universelle d’une poésie qui s’adresse à tous coïncide ici avec la visée universelle de l’Exposition.

Un caractère éphémère Le caractère éphémère de ce type de projet permet également de faire des rapprochements avec une communication qui serait d’ordre poétique. En effet, la poésie en elle-même révèle un nouveau rapport au monde et à l’instant, un rapport qui serait plus apparenté à « l’échappée » et au détour.

Les procédés d’écriture poétiques permettent notamment de faire du langage utilisé un langage du détour et de l’échappée : en communiquant par évocation, la langue poétique s’oppose aux principes de l’écriture argumentée, directe et logique. 73


le projet : expo france 2025

L’aspect évènementiel de ce projet pourrait alors justifier l’emploi d’une stratégie de communication poétique en ce sens qu’il est, lui aussi, une sorte d’échappée. Il représente, d’une part, un projet à un instant T, et d’autre part, que ce projet se positionne comme une parenthèse à part entière. En effet, l’Exposition Universelle est un moment où les peuples font ensemble le bilan de ce qui a été fait, et proposent de nouvelles solutions, de nouvelles visions du monde à venir. Lors de cet évènement, le but est de suspendre quelques temps le rythme des évènements habituels, afin d’analyser le passé pour se tourner vers l’avenir.

Une dimension spatiale « “On sait que la poésie se fonde essentiellement sur la symétrie, dit Todorov, sur la répétition (sur un ordre spatial) alors que la fiction est construite sur des relations de causalité et de succession.” Il faudra retenir le lien entre poésie et espace (…). »

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JC Baudet, Une philosophie de la poésie

La dimension spatiale est également importante dans la poésie, comme pour l’Exposition Universelle. La poésie, c’est aussi le rapport du texte à la page ; l’espace dans lequel le poème se définit fait partie intégrante du poème.

D’autant plus que certains procédés d’écriture, tels que l’enjambement par exemple, dissocient unité syntaxique et unité formelle (et donc spatiale), ce qui confère à la notion d’espace une place à part entière en poésie, et en fait un élément constitutif.

De la même façon, l’Exposition Universelle est un projet qui investit un territoire. Le rapport à l’espace est ici essentiel et complexe à identifier et à gérer au sein d’une communication puisque l’Exposition se déroulera


le projet : expo france 2025

dans un espace défini, mais sur plusieurs sites. En cela, l’espace dans lequel l’Exposition Universelle évolue fait partie intégrante de ce qu’elle est, mais plus encore il la définit et la valorise puisque le but de l’Exposition est également de mettre en avant le pays d’accueil et son patrimoine.

Un nouveau regard Si l’Exposition Universelle est l’occasion « Tout changement de prendre de la hauteur pour réinventer de vision (…) présuppose le monde, observer le passé et anticiper un changement de langage. » l’avenir dans une « parenthèse éphémère », Roberto Juarroz, poète Argentin. elle demande à s’inscrire au sein d’un nouveau positionnement, de s’ouvrir à un nouveau regard. L’Exposition Universelle est donc un projet sensible, avec l’ambition de faire rêver, d’ouvrir le champ des possibles. C’est l’occasion de donner un « rendez-vous au monde » afin de partager, d’échanger, de divertir, d’améliorer le confort et le progrès des hommes tout en respectant ses idéaux. De la même façon, la poésie, par son langage et les sujets qu’elle traite, permet de donner à voir le réel autrement, notamment parce qu’elle permet de présenter les choses différemment, avec un autre langage, avec de nouvelles images et par évocation.

Mais également parce que ses procédés d’écriture permettent de conditionner la lecture et de mettre en avant le point de vue qui doit être pris en compte dans un message. 75


le projet : expo france 2025

Des capacités didactiques « Lorsque nous rencontrons un texte dont la réalité sonore est mise en avant (…) par la rime et le mètre, notre attention se focalise sur cette réverbération, ou pour être plus précis, l’exploite attentionnellement. » Jean-Marie Schaeffer

On peut également rapprocher l’Exposition Universelle de la poésie par leurs capacités mutuelles à pouvoir enseigner, à vouloir délivrer un message qui fasse sens auprès de la personne qui le reçoit. À l’origine, l’Exposition a un but « principal d’enseignement pour le public, faisant l’inventaire des moyens dont dispose l’homme pour satisfaire les besoins d’une civilisation et faisant ressortir (…) les progrès réalisés ou les perspectives d’avenir » (Extrait de la Convention de Paris de 1928).

La poésie quant à elle, de par sa forme, peut permettre une meilleure mémorisation et une bonne réception, une bonne intégration du message puisqu’elle exploite l’attention du lecteur / de l’auditeur afin de pouvoir délivrer un message.

Par là même, elle incite le lecteur ou l’auditeur à s’impliquer, à prendre part à la réflexion pour la comprendre et la dépasser.

Un besoin d’hypersensibiliser 76

Enfin, la poésie est un moyen de sensibiliser, de jouer sur les sons et les formes pour éveiller les sens.


le projet : expo france 2025

La scansion et les procédés visant à l’harmonie sonore (comme les rimes…) permettent de créer un message hypersensibilisé.

L’Exposition quant à elle est un évènement qui invite à la sensibilisation, à l’hypersensibilisation. En ce sens, la poésie viendrait en réponse à ce besoin d’une communication sensible et permettrait de mettre en avant une nouvelle façon différente d’accéder à l’information, encore une fois par le biais d’une communication qui évoque, plus qu’une communication qui argumente.

« L’Expo a privilégié des attitudes premières, un retour à l’étonnement premier et un retour à l’émerveillement, aux émotions, aux sens ; des attitudes qui ouvrent au savoir. » Michel Dumas, Les Expositions Internationales, un univers de communication

Pour toutes ces raisons, l’exploitation d’une communication d’ordre poétique trouve un sens dans le cadre de l’Exposition Universelle. Poésie et Expositions sont toutes deux inscrites dans une visée universelle, dans une dimension spatiale et éphémère, avec comme buts de sensibiliser, d’offrir un nouveau regard sur le monde et de favoriser la mémorisation et l’intégration d’un message ou d’une information selon le cas.

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finalisation



une Expo, une parenthèse En partant du constat que l’Exposition Universelle intervient comme une parenthèse, comme un moment où l’on prend du recul – à la fois pour faire le bilan sur ce qui a été fait, et pour anticiper ce qu’il est et sera possible de faire pour améliorer le confort des hommes et le respect de son environnement – je me suis axée sur un principe graphique qui fait le lien entre le passé et le futur, qui montre ce qui se trouve entre les deux. À l’image des hybridations poétiques, des assemblages indirects de mots que l’on trouve en poésie et qui forment des images fortes, l’image de la parenthèse porte plusieurs aspects importants en elle : – le caractère double de l’évènement : le lien passé / futur ; – et l’unicité retrouvée dans cette Exposition qui rassemble autour de deux visions bien distinctes (celle du passé, et celle du futur).

L’Exposition Universelle s’inscrit à la fois dans une tradition, et dans un besoin d’innovation. Elle est un pont entre ce que l’on connait, et ce que l’on projette.

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finalisation

« Le thème fonde le succès d’une exposition parce qu’il lui confère son caractère distinctif.» Michel Dumas, Les Expositions Internationales, un univers de communication

« Il est préférable de mettre l’accent sur la communication nationale sans pour autant négliger la communication à l’étranger.»

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Michel Dumas, Les Expositions Internationales, un univers de communication

Le thème de l’Exposition, « Pour un monde réinventé », vient également appuyer l’idée de la parenthèse, de l’échappée, puisqu’il implique l’idée de passé et de futur, avec la notion de « réinvention ». Le fait de « réinventer » le monde induit de penser au monde passé, au monde déjà inventé, pour penser un monde nouveau, un monde réinventé.

À partir de ce positionnement, la future identité graphique se devra donc de respecter les valeurs de l’Exposition, à savoir le renouveau, l’échappée, l’interrogation, la rencontre, tout en respectant l’aspect patriotique que ce genre d’évènement implique, qui identifiera la France comme étant le pays d’accueil.


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logotype

J’ai souhaité que l’identité puisse retranscrire la tension et le lien qu’il y a entre le passé et le futur et qui défini le thème de l’Exposition Universelle. Pour cela, j’ai choisi, dans un premier temps, de créer un logotype hybride à partir du FLF Nouveau, qui est une fonte directement inspirée des typographies Art Nouveau. Mon choix s’est porté sur cette police de caractère parce qu’elle évoque « l’âge d’Or » des Expositions Universelles françaises, celles du début du 20ème siècle.

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Dans un second temps, j’ai choisi une typographie actuelle et non ornementale, le Andes, représéntatif d’une certaine neutralité et modernité qui caractériserait


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la partie « future » du logo. Je suis bien sûr consciente que ce choix graphique pourrait apparaître comme daté en 2025 si la police choisie ici présentait des caractéristiques trop distinctifs. C’est pourquoi il était important que je m’oriente vers un caractère linéal.

La rime typographique Le caractère hybride de la typographie qui résulte de l’assemblage du FLF Nouveau et du Andes est mis en lumière par l’utilisation de la rime typographique.

E

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L’hybridation intervient de façon ponctuelle dans la lettre : il ne s’agit pas ici d’une fusion entre les deux polices de caractère, mais plutôt de l’assemblage de certains éléments caractéristiques. La rime typographique vient alors accentuer l’ajout de ces éléments propres au FLF Nouveau (voir schéma ci-dessus) et les séparer du reste du logotype.

Cela permet de renforcer le caractère hybride du logotype, de renforcer cette tension entre passé et futur, tout en créant une harmonie visuelle, une harmonie qui se répète


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Logotype International (nuances de gris)

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Logotype National

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(nuances de gris)


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et qui vient rappeler ponctuellement l’identité du logotype.

« Expo » ou « Exhibition » ? Dans un premier temps, le choix du mot Expo est tiré du nom du projet : « Expo France 2025 ». Il aurait alors pu sembler légitime que l’adaptation internationale de mot soit « Exhibition » (qui est donc la traduction littérale anglaise du français Exposition). Cependant, partout dans le monde, le terme « Expo » désigne l’Exposition Universelle. Dans sa version internationale, le logo conserve le nom entier du projet, car ce nom « Il est important d’investir permet de situer le lieu et l’année de l’Expo- du temps et de l’énergie sition. Mais en Français, le mot « Expo » peut dans une campagne locale renvoyer à n’importe quelle exposition. C’est de communication.» pourquoi il était important de rajouter le Michel Dumas, Les Expositions Internationales, sous-titre « Universelle ». D’autant plus que un univers de communication le lieu et la date de cet évènement figureront sur les supports de communication qui seront plus largement diffusés dans le pays d’accueil, en France, que dans le monde (car selon les analyses qu’il a effectué, Michel Dumas – auteur du livre Les Expositions Internationales, un univers de communication, et professeur associé au Département de communication publique et sociale de l’université du Québec à Montréal – explique qu’il est important de privilégier une communication nationale de proximité et de gérer une communication internationale à travers la presse et l’image des partenaires (…) ).

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Les choix chromatiques Sur les supports possédants un fond coloré, ou photographique, le corps du logo sera en blanc, afin de préserver l’idée du renouveau, de la page à écrire. Les rimes typographiques quant à elles seront déclinées dans différentes couleurs selon les supports sur lesquelles elles sont apposées. Elles sont appliquées en produit, laissant apparaître la structure du logotypge, et permettant cet effet de résonance. La variété des couleurs permet de recréer la diversité, et de rappeler les différentes gammes de couleurs que l’on peut trouver sur les drapeaux.

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Sur les affiches, ces couleurs sont utilisées deux par deux, afin de les recomposer en fonction de leurs complémentarités (le bleu avec l’orangé, le vert avec le rose, le rouge avec le bleu ciel). Cela permet encore une fois d’exprimer la rupture, dans le choix de couleurs diamétralement opposées, et la continuité, puisqu’elles sont complémentaires.


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affiche et teasing L’affiche Pour l’affiche, j’ai souhaité qu’elle représente le thème de l’Exposition de façon plus réaliste, afin d’en dire un peu plus sur l’évènement. Cependant, elle devait également respecter cette tension entre passé et futur, cette idée de parenthèse entre le bilan et la prospection.

L’acrostiche comme principe graphique Afin de faire ressentir cette idée du monde réinventé, j’ai choisi d’utiliser l’acrostiche visuel pour la campagne d’affichage (voir p. 57). Ce procédé permet d’inscrire une seconde lecture d’un poème au sein de la première (en ne lisant qu’une ligne sur deux par exemple). Dans un premier temps, il permet de donner une image dans son ensemble : dans les différentes affiches, lorsqu’on lit l’acrostiche dans son ensemble, on reconnait aisément la forme d’un monument hybride, une sorte de « réinterprétation », de « réinvention » du monument.

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Mais dans une seconde lecture, les composants de cette hybridation peuvent être révélés (en lisant une ligne sur deux, dans un sens ou dans l’autre, on perçoit le même monument à des époques différentes, ce qui permet d’évoquer la notion d’évolution propre à l’Exposition Universelle).


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Affiche Française

28 avril | 2 novembre

expo france 2025 Au grAnd paris

u n ivers elle

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pour un monde réinventé


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a p r i l 2 8 th | n o v e m b e r 2 nd

world expo 2025 i n G r e at pa r i s

for a reinvented world

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Affiche Internationale


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Les choix photographiques Les visuels utilisés représentent des monuments qui ont été édifiés par le passé pour les Expositions Universelles françaises. Ils en sont les symboles et les « souvenirs ». Pour chaque affiche, ils sont représentés à deux époques différentes, toujours à une époque passée et à l’époque actuelle. La forme hybride créée par l’acrostiche évoquant encore cette notion d’évolution, et de futur potentiel. Sur les affiches précédentes et ci-contre, on retrouve la Tour Eiffel (lors de sa construction, et sous la forme la plus récente), l’actuel Palais de Chaillot (qui auparavant était le Palais du Trocadéro, les deux ayant été construits pour des Expositions Universelles), et le Grand Palais.

Les choix chromatiques Sur ces affiches, il était important de mettre en avant l’aspect national et patriotique par le choix de monuments qui ont fait l’histoire de la France et des Expositions. Mais il était également important de mettre l’accent sur l’aspect international de l’Exposition. Les couleurs choisies évoquent celles que l’on trouve habituellement sur les drapeaux afin de représenter la diversité et l’universel. Elles n’ont pas pour comme prétention d’être représentatives des différentes nations réunies, mais elles mettent toujours en évidence la notion de mixité dans l’unicité.

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Par ailleurs, le fait de représenter les monuments français sous une diversité de couleurs vient aussi rappeler l’idée que ces monuments vont être réinvestis par d’autres pays lors de l’Expo.


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a p r i l 2 8 th | n

world expo 2025

for a reinve


5 i n g r e at pa r i s

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ented world

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n o v e m b e r 2 nd


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28 avril | 2

expo france 2025

pour un mond


5 au grand paris

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de rĂŠinventĂŠ

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2 novembre


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Le teasing Afin de susciter l’interêt et la curiosité du grand public et de commencer à les familiariser avec les modes de lectures poétiques et l’identité graphique, j’ai choisi de réaliser une campagne de teasing en trois étapes. Ces étapes révèleront tour à tour des informations qui permettront la compréhension et l’appréhension progressive de l’évènement.

Étape 1 : INTERPELER (par l’enjambement) Dans un premier temps, des messages seront disposés dans la ville dans le but d’interpeler le passant. Cette première démarche ne révèlerait ni le nom de l’Expo, ni sa date, ni ses organisateurs… Ces messages inviteront le passant à changer son regard, à adapter son point de vue à l’objet qu’il observe pour en comprendre le sens (visuels ci-contre).

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Le procédé poétique repris ici est l’enjambement par l’anamorphose. En effet, comme dans un enjambement, l’unité syntaxique que représente la phrase complète est disposée selon différentes unités formelles (les lettres sont décomposées sur différents supports). Ce procédé produit successivement un effet de lecture fragmentée (les lettres sont identifiables mais laissent le sens hors de portée dans un premier temps), puis un effet de continuité (lorsque le point de vue change et que le message prend tout son sens).


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INTERPELER Exemple de message qui pourra être disposé dans les principales métropoles de France. Ce système, ici représenté de façon matérielle, pourra également être conçus en hologramme selon les dispositifs mis à disposition lors de l’Exposition.

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INTERPELER Mise en situation dans une station de mĂŠtro parisienne.


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Étape 2 : INTRIGUER (par l’enjambement) Le choix de l’utilisation de l’enjambement est légitime dans cette seconde partie de teasing puisque ce procédé permet de créer un effet de rupture, d’attente et de continuité. Dans cette deuxième partie, des affiches seront mises en place dans toutes les villes de France afin de susciter le questionnement sur la nature de l’évènement, par la révélation de la date et du thème. Chaque affiche est divisée en deux unités formelles. Autrement-dit, le message est divisé en deux affiches différentes, qui sont disposées de manière isolée, dans les emplacements prévus à cet effet, afin que le message soit reconstitué avec un temps de décalage (voir ci-contre).

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Les images respectent également le même principe : elles sont séparées en 2 unités formelles et peuvent être reconstituées en les plaçant côte à côte (comme ci-dessous).


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INTRIGUER

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Les deux affiches forment un seul et même message et devront être placées isolément afin de recréer l’effet de rupture et de continuité présent dans le procédé de l’enjambement.


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DĂŠclinaisons du teasing


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Étape 3 : RÉVÉLER

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Cette dernière étape consiste en la révélation de l’affiche par son exposition dans les villes, sur les axes routiers, dans les gares, les aéroports et tous les lieux de transit.


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RÉVÉLER Quelques mises en situation de l’affiche dans les différents endroits où l’on pourrait la trouver (transports en commun, véhicules de tourisme, aéroports, gare, panneaux auto-routiers…).

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Des affiches en réalité augmentée Afin d’établir un lien entre l’affiche et les autres supports de communication, d’amener le lecteur de l’affiche vers un support d’information plus complet, les affiches seront en réalité augmentée. En positionnant un smartphone, ou grâce aux Google Glass (ou dérivés possibles en 2025), il sera possible de voir le monument de l’affiche sous un aspect ancien, présent, ou bien futur (avec un lien qui amènera sur l’application Expo France 2025 afin de consulter le projet en cours pour ce monument). Ainsi, le procédé de l’acrostiche semblera également plus évident. Le but dans ces affiches est de pouvoir distinguer à la fois un seul et même monument en arrièreplan, mais également d’en sentir les 2 autres lectures possibles. Le filtre que la réalité augmentée ajoute ici permet de rendre ces lectures pleinement accessibles et symbolise l’action et la volonté du lecteur de lire « entre les lignes ». Afin de signaler la lecture interactive de l’affiche, un pictogramme sera appliqué sur celle-ci (pictogramme déjà présent sur les premiers supports actuels qui se servent de la réalité augmentée). L’application qui permet d’accéder au service de réalité augmentée est présentée dans la partie ci-après.

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Pictogramme RA Pictogramme indiquant au passant que l’affiche nécessite l’application pour permettre la réalité augmentée.


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supports multimédias L’application smartphone Le web est devenu un outil de communication incontournable, et plus que jamais en 2025. L’application smartphone permettra pour ce projet d’utiliser la réalité augmentée (sur les affiches et les pavillons principalement), de donner des informations pratiques (montrer les restaurants, les hôtels ou encore les stations de métro alentours avec la réalité augmentée, proposer un plan spécifique à l’Exposition et aux déplacements entre les pavillons…), de programmer des alertes, d’acheter des billets, de se renseigner sur les pavillons et les différents pays exposants, etc…

La réalité augmentée (filtre de l’acrostiche) Comme expliqué auparavant, la réalité augmentée permettra de mettre pleinement en évidence les différentes lectures de l’affiches. Par ailleurs, elle pourra également permettre d’identifier les monuments qui seront investis par les pays exposants dans différentes phases du projet : les monuments pourront être scannés dès la phase de construction, afin de voir en temps réel ce qu’était le monument par le passé, et le projet futur du monument prévu pour l’Exposition (avec des renseignements sur le pays exposant dans le monument scanné).

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EntrÊe dans l’application


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Menu de l’application

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Principe de réalité augmentée sur l’affiche L’application proposera un outil permettant de scanner l’affiche dans un premier temps (visuel de gauche) et de lui appliquer le filtre correspondant, permettant de redessiner les contours des monuments (visuel de droite). Le bouton « + » permettra de changer le filtre, afin de l’adapter aux différentes lectures du visuel, en permettant de voir soit le monument passé, soit le monument actuel, soit de rediriger vers une partie de l’application qui donne le descriptif du projet en cours et dessoine le monument futur.


Cette application permettra également de scanner les monuments de Paris et du Grand Paris, afin de voir à quoi ils ressemblaient auparavant, et d’amener vers une fiche descriptive du projet en cours, de connaître l’avancement des travaux, etc…

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Principe de réalité augmentée sur les pavillons

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Le site internet Le site internet est une mine d’informations. Il est une plateforme pratique qui regroupe des informations en tout genre. Il regroupera les onglets suivants : Expo 2025, Thème, Le Grand Paris, Partenaires, News, Programme, Presse, Expo Virtuelle, Projets et Pavillons, Informations Pratiques, Billetterie.

L’accentuation pour informer Le site étant un support qui donne des informations factuelles et pratiques, il est important que la lecture soit plus directe que pour d’autres supports présentés ici (comme le teasing ou le journal qui demandent une compréhension progressive). Pour cela, l’accentuation sera le procédé que j’utiliserai pour ce support également (pour le rappel, voir p. 125). Le poème possède une structure qui le pousse à être lu de la manière dont l’auteur l’a voulu. Ainsi, par la découpe des syllabes et le travail de scansion, il est possible de déterminer quelles syllabes sont à accentuer, quels sont les mots les mots à appuyer pour une meilleure compréhension du poème.

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De la même façon, afin que les informations souhaitées soient lues de la manière souhaitée, le texte des invitations reprendra ce principe d’accentuation. Ainsi, les informations qui doivent être vues en priorité verront leur syllabes se dédoubler, et les mots qui devront retenir l’attention avec un degré de priorité légèrement inférieur verront certaines syllabes s’allonger, retraçant l’idée que la lecture doit être appuyée à cet endroit.


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Le Andes et l’accentuation Voici les différents principes de dédoublement et d’étirement des voyelles. 123



communication de proximité Les invitations Le programme général de l’Exposition sera présenté sous la forme d’un livret, dans lequel le public pourra trouver les évènements majeurs prévus pendant les six mois que couvre l’évènement. Il y trouvera également des informations pratiques et de bonnes adresses, en terme de restauration, d’hôtellerie.

L’accentuation pour informer Le poème possède une structure qui le pousse à être lu de la manière dont l’auteur l’a voulu. Ainsi, par la découpe des syllabes et le travail de scansion, il est possible de déterminer quelles syllabes sont à accentuer, quels sont les mots les mots à appuyer pour une meilleure compréhension du poème. De la même façon, afin que les informations souhaitées soient lues de la manière souhaitée, le texte des invitations reprendra ce principe d’accentuation. Ainsi, les informations qui doivent être vues en priorité verront leur syllabes se dédoubler, et les mots qui devront retenir l’attention avec un degré de priorité légèrement inférieur verront certaines syllabes s’allonger, retraçant l’idée que la lecture doit être appuyée à cet endroit. 125


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2 8 av r i l | 2 n ov e m b r e

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www.expofrance2025.com


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inivitation pour les professionnels Cette invitation (recto / verso) s’adresse particulièrement aux entreprises, aux établissements d’enseignement et aux associations. Elle informe de la possibilité de tarifs préférentiels. 127


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Invitation gĂŠnĂŠrale

2 8 av r i l | 2 n ov e m b r e

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www.expofrance2025.com


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p lu s d ’ u n s i è c l e p lu s ta r d , la France accueille à n o u v e a u l’ e x p o s i t i o n universelle ! « Il y a douze ans maintenant – date à laquelle le projet Expo France 2025 a vu le jour – notre pays avait besoin d’un élan collectif et national. Désormais, nous sommes en mesure d’accueillir le monde dans un Paris réinventé ! J’ai donc l’honneur et le plaisir de vous convier à prendre part à cet évènement d’ampleur historique et mondiale. » Jean-Christophe Fromantin, fondateur du projet et de l’Association Expo France 2025

www.expoFrance2025.com

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Le programme Le programme général de l’Exposition sera présenté sous la forme d’un livret, dans lequel le public pourra trouver les évènements majeurs prévus pendant les six mois que couvre l’évènement. Il y trouvera également des informations pratiques et de bonnes adresses, en terme de restauration, d’hôtellerie.

L’accentuation pour informer Le programme étant un support qui donne des informations factuelles et pratiques, il est important que la lecture soit plus directe que pour d’autres supports présentés ici (comme le teasing ou le journal qui demandent une compréhension progressive). Pour cela, l’accentuation sera le procédé que j’utiliserai pour ce support également (pour le rappel, voir p. 125).

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La rime pour structurer Le programme contient différentes rubriques que j’ai ici choisi de ne pas regrouper afin d’en permettre une lecture chronologique. Ainsi, une page spectacle peut suivre une page conférence par exemple. Afin de se repérer au sein du programme, la rime intervient ici sur la mise en page. Elle est la redondance d’une structure formelle qui crée des rappels et des correspondances. De la même façon, une page appartenant à une « rubrique » distincte (par exemple, une page conférence) conserve la même mise en page que les autres pages de cette rubrique (les autres pages conférence). Mais le mélange « chronologique » de toutes les catégories/rimes permet une distinction rapide et rythmée de chaque type d’évènement.


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Le journal Le journal est vu comme une parenthèse à l’intérieur de l’Exposition et peut être apparenté à une sorte de mise en abyme de cette même Expo. En effet, le journal est un détour, une digression qui revient à la fois sur le contenu de l’Exposition, sur les évènements à relater, mais aussi pour parler de ceux qui vont se produire. Il s’agit donc bien de la mise en abyme du contexte générique. Il y a donc encore une fois une tension entre rupture et continuité.

L’enjambement Pour présenter ce journal comme un espace à l’intérieur de l’Exposition, j’utiliserai le procédé de l’enjambement, qui permet de mettre en avant la notion de rupture et de continuité propre à l’idée de parenthèse. La rupture ici sera exprimée par l’idée d’un support clos sur lui-même : la une sera au centre du journal, et la fin du journal sera en couverture.

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La continuité quant à elle se fera par les débordements syntaxiques au niveau des visuels du journal. Le visuel de couverture établira un lien avec le reste du journal lui-même (il rejoindra la une), mais également avec les autres journaux.


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Le journal et l’enjambement


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L’entrÊe dans le journal


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La une dĂŠployĂŠe au centre du journal

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La presse (encarts) Il sera possible de penser à une déclinaison de l’affiche pour les encarts presse. La déclinaison permet la répétition du visuel et facilite ainsi l’identification du visuel phare de l’évènement.

Le ticket d’entrée

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Par la suite il sera également possible de décliner les tickets d’entrée.


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signalétique Une signalétique extérieure sera mise en place pour permettre la circulation nécessaire entre les différents sites d’exposition. La signalétique extérieure sera soumise aux autorisations préfectorales et sera implantée principalement autour des pavillons et près des différents points d’accueil. Ce sont ces deux infrastructures qu’elle mettra principalement en évidence, puisque l’applications et les bornes intéractives proposent des plans en réalité augmentée.

L’enjambement comme signalétique « spatiale » Le principe de signalétique repose sur le procédé de l’enjambement. L’enjambement est un procédé qui permet de dissocier unité syntaxique et unité formelle (et donc spatiale), ce qui confère à la notion d’espace une place à part entière en poésie et en fait un élément constitutif. Ainsi, à titre d’exemple, l’unité syntaxique que forme un mot tel que « pavillon », sera séparée en deux éléments formels à savoir « pavil » et « lon » qui seront placés sur deux unités formelles distinctes qui pourront être deux pans de murs différents, ou bien 2 colonnes différentes, etc (voir visuel ci-après)… 143


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Principe de signalétique inspiré de l’enjambement L’unité syntaxique que forme un mot tel que « pavillon », est séparée en deux éléments formels à savoir « pavil » et « lon » qui sont placés sur deux unités formelles distinctes représentées ici par deux pans de murs différents.


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Par ailleurs, le fait que cette signalétique se déploie dans l’espace implique également une notion de mouvement , notion qui est également impliquée par la fonction d’une signalétique. Ainsi, lorsque le mot se situe sur deux pans de murs, une esquisse de direction se fait naturellement et intuitivement. J’ai tout de même rajouté un indicateur de direction (une flèche) pour affirmer l’itinéraire à suivre.

La typographie et la rime La typographie de la signalétique est le Andes, crée par Daniel Hernández. Il s’agit de la police de caractère qui constitue la partie moderne du logotype. Elle est ici réemployée car son aspect linéal lui donne une bonne lisibilité. Cette typographie est agrémentée de rimes typographiques : afin de mettre en avant ses aspérités rigoureuses j’ai choisi de souligner ses horizontales et ses verticales. Cela permet également de créer des harmonies entre les différentes déclinaisons (voir p. 138) de cette signalétique, lui assurant ainsi une meilleure identification.

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Le Andes et la rime typographique


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Code couleur pour la signalétique indiquant les pavillons

Code couleur pour la signalétique

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indiquant les points d’information


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conclusion À l’issue de ce projet de diplôme, il aura été intéressant pour moi d’entrevoir les possibilités graphiques qui pouvaient émaner de l’analyse et de la transcription des procédés poétiques.

« Entrevoir » car au terme de cette année de travail, ce sujet pourrait n’être que le début d’une étude plus vaste et plus approfondie.

Il m’aura fallu faire des choix pour établir ma zone de recherche et pour mener à bien ce projet, mais je suis consciente de son caractère perfectible. Cependant, je me suis appliquée, avec les connaissances dont je disposais, à vérifier l’efficience des procédés utilisés.

La communication de l’Exposition Universelle, créée par l’utilisation d’une stratégie d’ordre poétique, n’avait pas pour vocation d’être poétique en elle-même.

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Mais ce qui reste poétique, c’est le chemin parcouru pour arriver au résultat, c’est le détournement des


conclusion

procédés poétiques et le passage à l’acte graphique qui conserve sa fonction d’équivalence. L’intérêt de cette stratégie d’ordre poétique réside dans les parallèles qui peuvent être faits entre les procédés poétiques, leurs effets et les valeurs d’une Exposition Universelle.

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Communiquer par les procédés poétiques, c’est communiquer par évocation plus que par argumentation, c’est communiquer par le sensible.


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bibliographie 1. Les livres et essais : – Sur les Traces des Expositions Universelles, Sylvain Ageorges ; – Les Expositions Internationales, un univers de communication, Michel Dumas ; – Esthétique et style cognitifs : le cas de la poésie, Jean-Marie Schaeffer ; – De « l’effet » en poésie : la théorie de l’évocation de Marc Dominicy, Sabrina Parent – Quelques idées sur le langage de la transdisciplinarité, Roberto Juarroz

2. Les articles :

155

– « Pour une Exposition Universelle en France en 2025 », Dossier de Presse, Avril 2013 – « Les Expositions Universelles et internationales, nouveaux champs de bataille du « Soft Power », Veille Magazine, Mars / Avril 2013 – « Et si le Grand Paris accueillait l’Expo Universelle en 2025 », Avril 2013 – « Exposition Universelle 2025 : une ambition pour la France, un rendez-vous avec le monde », lecercle.lesechos.fr – « Le Grand Pari(s) de l’Exposition Universelle de 2025 », lefigaro.fr – « La France donne rendez-vous en 2025 », Le Figaro, Mars 2012 – « Le Pari de l’Expo France 2025 », strategies.fr, Mai 2013


Bibliographie

– « À quoi sert une Exposition Universelle ? », evene.fr Mai 2010 – « L’image de la France dans le monde », tns-sofres.com – « Les publicités sur mobiles gagneraient-elles à être en réalité augmentée », atelier.net

3. Les vidéos : – « Et si le monde se donnait rendez-vous en France en 2025 ? », Teaser de la candidature de la France pour l’Exposition Universelle ; – Extrait de la conférence de presse Expo France 2025 ; – « Ikéa, a new kind of catalogue », présentation du prochain catalogue Ikéa en réalité augmentée ; – « Nouvelle France Industrielle », film diffusé à l’Elysée au cours du discours d’Hollande sur la promesse d’une troisième révolution industrielle en France ;

4. Les sites :

156

– http://www.strategies.fr/ – http://www.bie-paris.org/ – http://www.expofrance2025.com/ – http://www.latribune.fr/ – http://www.augmented-reality.fr/ _ http://www.loria.fr/~gsimon/ra/ _ http://www.la-realite-augmentee.fr/videos/ la-realite-augmentee-sonore – http://www.journaldugeek.com/2013/05/03/vers-unmonde-de-realite-mixte-grace-a-la-realite-augmentee/ – http://www.papierelectronique.net/ – http://www.ebouquin.fr/ – http://papierelectronique.blogspot.fr/ – http://www.lemonde.fr/ – http://reflets.info/ la-projection-holographique-un-defi-contre-la-mort/


157



remerciements Je tiens à remercier :

Lionel Hager pour ses (nombreux) encouragements, son savoir et pour la confiance qu’il m’a accordée depuis le début ; Grégoire Hénon pour son écoute, ses conseils et son soutien ; Mélina Faget, Eléonore Dal Bello & Alexis Klein pour leur soutien et leurs petits mots qui redonnent le sourire ; Laurène Occhipinti pour les bons moments et pour m’avoir apporté la motivation à domicile (et, très souvent, avec un peu d’avance !) ; Marine Ménétrier pour les soirées Skype / Mémoire, pour son optimisme, ses encouragements et pour les nuits blanches, toujours… Alexandra Malle pour sa gentillesse et ses (très) bons conseils ; et enfin, Jany Bassey pour tout, et parce que cette fois je peux vraiment dire qu’il aura supporté mon stress tout au long de cette année de mémoire jusqu’à la fin sans n’avoir jamais failli.

Je dédie ce travail à mes parents, ma petite sœur et ma grand-mère, qui pensent toujours que quoiqu’il se passe, « [ j’y] arriverai »… 159





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