PROJET DE DIPLÔME TOME 1 MARC DUPONT
l’autre voyage
REMERCIEMENTS Tous mes remerciements vont à ma famille, Grégoire Hénon, France Garat, Lionel Hager pour m’avoir donné la possibilité de mener au mieux ce mémoire.
AVANT PROPOS “ Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. ” Cette citation de Nicolas Bouvier dans son ouvrage L’usage du monde (1963), reflète parfaitement ma conception du voyage. En effet, passionné par le train depuis mon plus jeune âge, les déplacements volontaires ou forcés n’ont cessé de rythmer ma vie. Force d’influence, dans mes différentes pratiques artistiques et sportives, cette thématique s’est présentée à moi comme une évidence. Cette décision m’a amené à découvrir le vaste domaine de recherche qu’offre un tel sujet. Soucieux de répondre avec justesse à l’exercice que propose la rédaction du mémoire, je me suis donc interrogé sur les raisons personnelles qui m’ont donné l’envie de voyager. Au delà du besoin de découverte, de dépassement de soi, j’ai progressivement forgé la conviction que la force du voyage se trouve dans sa retranscription, son récit, quelque soit sa nature.
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SOMMAIRE Introduction
1. Contexte historique et social D’où vient le voyage?
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2. Contexte culturel Comment est-il retranscrit?
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3. Analyse communicationnelle Quelle place occupe-t-il dans notre quotidien?
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4. Références 5. Réflexions et problématiques
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INTRODUCTION C’est à travers une approche historique et sociale de la thématique que nous commencerons le périple dans le but de découvrir les raisons qui ont poussé l’Homme à partir. Nous poursuivrons en portant une attention particulière sur les différentes sortes de retranscriptions que le voyageur à su laisser au fil des siècles. Cette observation nous permettra de mesurer la place qu’occupe le voyage dans la mémoire visuelle collective. Pour finir nous ferons escale dans le monde de la communication où nous nous interrogerons sur les différentes formes de discours du voyageur. Mon étude se donne ainsi pour objectif de mettre en avant l’importance que peut susciter mon intervention en tant que communicant au sein de ce sujet.
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
D’OÙ VIENT LE VOYAGE ? De la promenade aux grandes explorations, le voyage joue un rôle considérable dans notre société que ce soit à l’échelle d’une ville ou celle d’un continent. Ces déplacements s’appuient sur des systèmes et des infrastructures qui n’ont cessé d’évoluer depuis les premiers âges de l’humanité, et qui ont connu à partir des grandes découvertes du XVe siècle un développement constant. Il s’agit dans un premier temps d’identifier les raisons et le contexte de ce développement afin de comprendre les différentes orientations du voyage dans notre société.
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LA ROUTE Qu’elle soit tracée ou improvisée la route est le commencement de tout voyage. Ses formes résultent d’une longue évolution s’adaptant aux moyens et besoins de l’homme. Dans cette partie, nous aborderons son histoire, ses formes et ses évolutions. Cette rétrospective est centrée sur mon environnement proche, l’Europe, de l’ère romaine à nos jours.
Denis Chapoullié
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LA ROUTE les routes romaines Notre analyse débute à l’ère romaine, en effet, les caractéristiques de l’époque sont encore appliquées à nos routes actuelles. D’ou ma démarche de décrire les origines d’un système perdurant jusqu’a nos jours.
C’est l’État qui pouvait prendre en charge le financement de leur construction, mais une contribution était exigée des cités et des propriétaires des domaines traversés par ces voies qui devaient ensuite assurer leur entretien. Elles portent souvent le nom de la personne qui a apporté le projet de sa construction (Agrippa pour la via Agrippa).
C’est aux Romains que nous devons le mot route : dérive du latin rupta (via). Le réseau primitif, reliant Rome aux cités voisines, s’étendit à mesure que les relations commerciales se développaient et que la conquête progressait répondant à des besoins stratégiques. On peut alors distinguer trois statuts différents des voies romaines.
Les viae vicinales Elles s’embranchent à partir des viae publicae et permettent de relier ainsi entre eux les différents vici (un vicus est un gros bourg) d’une même région. Elles constituent bien évidemment la majorité des voies du réseau.
Les viae publicae Ce sont les grandes voies de l’Empire, les artères maîtresses du réseau routier, reliant les grandes cités entre elles. Elles sont également appelées viae praetoriae (voies prétoriennes), viae militares (voies militaires) ou viae consulares (voies consulaires).
qui en finançait la totalité. On les retrouvait souvent en limite de propriété. Pendant des siècles, les routes romaines furent uniques en terme de fiabilité, mais au fil des siècles vinrent à disparaître. Moins bien entretenues après la chute de l’Empire romain (476 ap JC), elles vont vite devenir synonyme d’insécurité de plus, l’évolution démographique, entraînera de nouveaux tracés de routes et donc l’utilisation d’autre types de constructions.
Les viae privatae Elles reliaient les grands domaines, les villae, aux viae vicinales et publicae. Elles étaient privées, réservées à l’utilisation seule du propriétaire
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LA ROUTE table de peutinger La table de Peutinger est une copie du XIIIe siècle d’une ancienne carte romaine où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain qui constituaient le cursus publicus (service de poste impérial de l’Empire romain). Stratégique pour les liaisons entre l’empereur, l’administration des provinces romaines et les unités militaires, ce service prend rapidement de l’importance et assure la circulation de nombreuses correspondances.
Extrait de la table de Peutinger (Source BNF).
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LA ROUTE les routes commerciales Les routes commerciales dans l’histoire ont d’une part été un important facteur de développement économique et d’échanges entre cultures et civilisations. Leur prospérité, leur déclin ou le déclassement de certaines routes par d’autres expliquent souvent l’essor, l’affaiblissement ou la disparition de villes, de régions, voir d’États et de civilisations entières. Dès l’époque de l’Empire romain, les routes maritimes au sein de la Mer Méditerranée et de la mer Rouge peuvent être tracées en détail grâce aux descriptions d’époque. (CARTES?)
En France En France, il faudra franchir une période de plusieurs siècles, pour retrouver des lois et des prescriptions générales relatives à la voirie publique. Ce n’est qu’au XIIIe siècle, où le pays connaît une phase de croissance et d’expansion, que l’on s’occupa à nouveau des routes. De grands travaux seront réellement entrepris pour paver les routes, jusqu’alors «blanches», c’est-à-dire en simple terre ou empierrées (afin de les rendre plus dures) mais impraticables une partie de l’année. La chaussée «grise», pavée de grès, était auparavant limitée aux abords des grandes villes et aux grands axes comme la route d’Orléans. Le déploiement C’est en 1799, que Napoléon Bonaparte ordonna la remise en état des routes et instaura leur numérotation. En 1815, en Angleterre, John Loudon McAdam, alors administrateur général des routes, devint rapidement célèbre dans la construction de routes capables de supporter un trafic rapide.
Plus tard la maîtrise des routes commerciales, et notamment le commerce maritime au long cours fait la puissance de certains états : la République de Venise, puis le Portugal, puis les Provinces-Unies, puis le Royaume-Uni et aujourd’hui les États-Unis.
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John Loudon McAdam modifia radicalement, les fondations de la route, traitant ainsi près de 300 km de chemins, et quelques années suffirent pour montrer que ceux-ci, rendus à peu près imperméables, ne se détérioraient plus avec la même rapidité que ceux qui étaient construits selon d’autres méthodes. Après une désaffection momentanée de la route due à l’arrivée du chemin de fer, l’automobile va révolutionner les transports. Elle fait son apparition à la fin du XIXe siècle et entraîne l’adaptation de la route aux exigences de ce nouveau mode de transport : améliorer les revêtements, faire disparaître les pavés et même modifier les tracés en relevant par exemple les virages ou en contournant les agglomérations difficiles à traverser.
Première autoroute 1924, Italie
Cette rétrospective nous a permis de comprendre les raisons qui ont poussé l’homme à aller toujours plus loin selon un système établi et nous montre donc le lien intime que peut entretenir le parcours du voyage avec l’évolution technique et le développement commercial.
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LES DÉCOUVERTES J’ai choisi d’aborder cette partie à travers deux aspects différents de ce terme. Les découvertes géographiques des grands explorateurs empruntant la mer pour explorer l’inconnu, apportant ainsi de nouveaux territoires, de nouvelles cultures à la civilisation occidentale. Les découvertes techniques révolutionnant les moyens de transports et modifiant ainsi le comportement de l’individu vis à vis du voyage. L’analyse de ces découvertes nous amènera à comprendre le développement des différentes possibilités que nous offre le voyage aujourd’hui.
Pierre Desceliers, Le Planisphère, 1550
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LES DÉCOUVERTES l’exploration L’exploration est le fait de chercher avec l’intention de découvrir quelque chose d’inconnu. On parler d’exploration au sens géographique lorsque l’on part à la découverte d’une terre, d’une mer ou d’un peuple inconnu. Ainsi Christophe Colomb, Magellan, Livingstone étaient des explorateurs. Marco Polo Marco Polo (1254 - 1324) était un marchand et explorateur vénitien. Accompagnant son père et son oncle, négociants à Venise, Marco Polo prit dès 1271 la route de Pékin à travers l’Asie centrale et arriva en 1275 à Shangdu, résidence de l’empereur Kubilay Khan. Celui-ci lui ayant confié diverses missions, il parcourut le pays pendant seize ans. Rentré à Venise (1295), il fit le récit de son voyage dans le Livre des merveilles du monde, extraordinaire description de la Chine mongole.
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Christophe Colomb Christophe Colomb (1451-1506) est un navigateur italien de la fin du XVe et du début du XVIe siècle. Il effectue en tout quatre voyages en tant que navigateur pour le compte des souverains espagnols. La découverte des Caraïbes marque le début de la colonisation de l’Amérique par les Européens et fait de Colomb un acteur majeur des grandes découvertes des XVe et XVIe siècles. Son premier voyage est considéré comme la rupture majeure entre le Moyen Âge et les temps modernes dans l’historiographie de la civilisation occidentale.
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LES DÉCOUVERTES
la révolution industrielle La révolution industrielle, désigne le processus du XIXe siècle faisant basculer une société où l’agriculture et l’artisanat sont dominant, vers une société commerciale et industrielle. Le transport ferroviaire Cette transformation, tirée par le boom ferroviaire des années 1840, affecte profondément l’agriculture, l’économie, la politique, la société et l’environnement. Cette révolution développe le trafic commercial considérablement. La technique routière évolue peu, mais le développement du chemin de fer amène une nouvelle dimension au déplacement. C’est en 1802, que William Jessop, ingénieur Anglais, ouvrit le Surrey Iron Railway dans le sud de Londres, qui semble bien avoir été, le premier chemin de fer public du monde. En 1812, un ingénieur et inventeur américain, Oliver Evans, publia sa vision du développement du chemin de fer à vapeur, avec un
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réseau de lignes à longue distance, desservi par des locomotives rapides, reliant les villes entre elles et réduisant sensiblement les temps de parcours tant pour les voyageurs que pour les marchandises, précisant que des voies parallèles devaient être prévues pour permettre la circulation des trains dans les deux sens. C’est le 24 Août 1837 que la première ligne ferroviaire est inaugurée en France, elle relie Paris Saint Lazare à Saint- Germain. La planification d’un réseau à l’échelle nationale par l’Etat va permettre l’essor de ce moyen de transport. En 1838, Alexis Legrand, directeur des Ponts et chaussées, prévoit la construction d’un réseau en étoile dont le centre serait Paris. Sept grands axes sont construits au départ de la capitale, reliant ainsi Paris aux principales villes du pays. Le chemin de fer entraîne de profondes transformations dans la prise de conscience de l’espace national. Les trains, par leur vitesse, surclassent tous les autres moyens de transports.
La locomotive entraîne le déclin de la poste aux chevaux. Paris devient le nœud du réseau français. Les temps de trajet sont réduits. On compte par exemple 141 000 créations d’emplois dans le transport en 1871. Enfin, cet accroissement du ferroviaire permet à certaine ville, de croître de manière considérable, tels que Dieppe, ou Deauville, grâce au tourisme. En effet, Dieppe passe de 12 à 4h de Paris en 1860. La création des premières grandes entreprises publiques (SNCF en France), permettent le développement des premières lignes internationales et transcontinentales. Le tourisme international se développe, notamment avec l’Orient Express, qui relie Paris, à Constantinople (Istanbul) permettant la création d’une nouvelle sorte de tourisme. Étoile de Legrand.
Étoile Legrand, 1856
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LES DÉCOUVERTES
Le transport fluvial et maritime Avec la révolution des transports et le développement de complexes industriels, l’aménagement d’un réseau fluvial efficace devient nécessaire. Au lendemain de l’Empire Napoléonien, le réseau fluvial français est encore archaïque. Il ne comporte qu’un millier de kilomètres de canaux (dont le plus grand est le Canal du Midi achevé en 1682). De nombreuses réalisations, entreprises sous l’Ancien Régime ou sous l’Empire restent inachevées (à l’image du canal de Nantes à Brest). Nommé directeur des ponts et chaussées et des mines en 1817, Louis Becquey expose son plan de modernisation et de développement des canaux le 5 août 1821. Techniquement, Becquey impose une standardisation afin de permettre la navigation sur l’ensemble du territoire. De nombreux canaux sont percés comme le canal du Rhône au Rhin ou encore le Canal de Bourgogne. De plus, les rivières d’intérêt économique sont canalisées afin de permettre une circulation tout au long de l’année
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et d’éviter les crues (le Lot, le Tarn, le Cher, la Sarthe). Ainsi, plus de 2000 kilomètres de canaux sont construits jusqu’en 1848. Le transport fluvial coûte alors à cette époque 3.5 fois moins cher que le transport routier. Cependant, il est rapidement concurrencé par le développement rapide du chemin de fer qui se révèle être plus rapide et surtout moins coûteux. Le déploiement des ports À ce développement de la canalisation s’ajoute la mutation des grands ports, débouchés directs du réseau intérieur. Ceux-ci sont la plaque tournante d’un commerce international qui connaît alors, sous l’impulsion du Royaume-Uni, un fort accroissement. Les nouvelles technologies permettent de construire des navires de plus en plus grands. Peu à peu la propulsion par la machine à vapeur, et la coque en fer se généralise. Face à toutes ces mutations, les ports doivent s’adapter s’ils veulent préserver
leur rang mondial. Les moyens colossaux nécessaires à cette modernisation amènent l’État à concentrer les investissements dans les grands ports. Ainsi, le plan Bodin permet à Marseille, Bordeaux, Rouen, Le Havre, Nantes, Dunkerque, de se doter de quais, d’entrepôts, de darses, de bassins, de voies ferrées et d’une logistique nécessaire à l’acheminement de la production intérieure. Des complexes industriels se développent en lien avec l’activité portuaire ce qui conduit à une forte urbanisation. La ville du Havre passe ainsi de 20000 habitants en 1800 à 120 000 en 1890.
Nous avons vu dans cette partie l’importance des découvertes géographiques et techniques sur le développement du voyage en parallèle à celui de la civilisation. De nouveaux territoires et de nouvelles possibilités on été mis à disposition de l’homme, lui offrant un vaste choix de réalisation de son propre voyage.
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LE TOURISME Longtemps réservé à une élite, le tourisme est devenu aujourd’hui un phénomène de société, entraînant un nombre conséquent de déplacements. Le tourisme est au carrefour d’une multitude d’activités, raison pour laquelle le terme d’industrie touristique est souvent utilisé. Le tourisme s’est démocratisé à partir du XIXe et continue aujourd’hui. Cette croissance ininterrompue a été notamment rendue possible par le développement du transport par le tourisme et inversement. L’apparition du chemin de fer au XIXe siècle, la démocratisation de l’automobile au cours du XXe, et celle du transport aérien à partir des années 1970, ont tous les trois permis au tourisme d’évoluer et de se développer.
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LE TOURISME
le développement Le transport ferroviaire, fut au XIXe ce que sera la route pour le tourisme et la mobilité dans la deuxième moitié du XXe. En effet, l’apparition du chemin de fer entraîna le premier effet du tourisme de masse, mais dans des proportions bien moindres qu’aujourd’hui. A cette époque, cela ne concerne que quelques dizaines de milliers de personnes, de la haute société.
Les lignes se multiplièrent par la suite, et les destinations desservies également. Tout d’abord dans le reste de l’Europe, comme par exemple vers la Côte d’Azur qui fut desservie dans les années 1860. Ainsi, à chaque fois, les dessertes de trains augmentent les fréquentations des stations existantes, ou en créent de nouvelles : c’est le cas de la commune d’Arcachon, qui a été créée en 1857 suite à l’ouverture de la ligne Bordeaux-La Teste de Buch en 1841.
Ces milliers de touristes choisissaient leurs lieux de destination en fonction de la présence ou non d’une voie ferrée. Elle devenait alors un facteur extrêmement important pour l’activité touristique d’une station. La station littorale belge d’Ostende par exemple, connut une explosion de sa fréquentation touristique à partir de la mise en service de sa ligne ferroviaire en 1939, en n’étant plus qu’à deux heures de Bruxelles et quatre heures de Paris.
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CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
LE TOURISME
l’accessibilité
l’impact de la pratique No man’s land L’essor du chemin de fer et par la suit celui de l’avion ont amené un aspect négatif : Il a gommé les espaces intermédiaires entre les gares, et plus généralement entre le lieu de départ et le lieu d’arrivée du train. Ces territoires ne sont plus que traversés brièvement par les voyageurs. Ce phénomène s’accentua par ailleurs au fil des décennies avec les progrès en terme de vitesse, de confort, mais également par la création de liaisons directes, faisant disparaître les précédentes haltes et par la même occasion l’économie locale qui en découlait. Cet aspect négatif est à prendre en compte pour un tourisme dit balnéaire.
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L’automobile Alors que le chemin de fer a gommé les espaces intermédiaires entre lieu de départ et d’arrivée, l’automobile, a quant à elle, permis de les redécouvrir. L’automobile est ainsi un véritable outil de liberté, il permet au conducteur d’aller où il veut, quand il le veut, et à son rythme, privilège que ne permettaient pas les précédents moyens de transport. Cependant, tout comme le chemin de fer qui a condamné les auberges en ne desservant plus certaines gares intermédiaires, l’apparition des autoroutes a elle aussi condamné de nombreux hôtels restaurants situés le long des routes nationales.
Les congés payés Les congés payés sont les périodes de congé au cours desquelles le salarié est payé par l’employeur en raison d’une obligation légale. Apparus en France le 20 juin 1936, les congés payés sont une innovation sociale majeure. Destinés à améliorer les conditions de vie des salariés et à faciliter l’accès des masses populaires au tourisme, aux sports et de manière générale aux loisirs, les congés payés ont permis le développement soudain de tout un secteur économique. Sa généralisation a fortement contribué à la montée de ce que l’on appelle le tourisme de masse.
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Internet Depuis quelques années, les systèmes de distribution via Internet bouleversent l’organisation de la vente de produits touristiques. Les internautes sont en effet de plus en plus nombreux et envahissent la planète web. Grâce à internet et aux nouvelles technologies, le client a désormais la possibilité d’accéder facilement à un large panel de destinations et de produitstouristiques sans se déplacer et surtout, de faire ses choix à partir des critères de plus en plus variés et en disposant d’informations de plus en plus précises.
Ils sont rémunérés en fonction du trafic qu’ils engendrent à destination des agences de voyages. L’accès facilité à l’information dû à l’émergence des réseaux sociaux (Facebook, Google+, tumblr,...) et des sites de commentaires comme TripAdvisor, permet aux voyageurs de décomposer leurs voyages en achetant les prestations directement aux fournisseurs sans passer par un intermédiaire distributeur. Outre les prestations de voyages, les fournisseurs offrent des services de réservation directs en ligne.
Avec l’essor des sites internet de vente de voyages et la multiplication des offres tarifaires, les comparateurs sont devenus des acteurs importants dans le secteur du tourisme en ligne. Ils se positionnent en fournisseurs d’information exhaustive sur les prix des vols, des hôtels, des compagnies de location de voitures, des croisières, ou d’autres types d’offres de tourismes.
Le client possède donc aujourd’hui grâce internet d’une liberté de choix, tant au niveau de la destination, qu’au niveau du mode de déplacement.
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Précédemment réservé à une élite ou une classe sociale, le voyage, de par l’essor du tourisme et des moyens techniques s’est démocratisé massivement. Ainsi de nos jours, les possibilités de voyage sont grandes et adaptées à tous, quelque soit sa situation sociale, financière ou ses goûts.
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CONTEXTE CULTUREL COMMENT LE VOYAGE EST-IL RETRANSCRIT? Les voyage s’inscrit dans la mémoire visuelle collective, que ce soit par la peinture, le cinéma, la photographie, la littérature, chaque époque est fortement marquée la retranscription du parcours, de l’histoire, des découvertes que le voyage a amené. Cette retranscription est essentielle à mon projet. Le récit d’un voyage, quelque soit sa forme, amène au partage, à la découverte. Il s’agit dans cette partie de parcourir les différentes formes des récits, leurs histoires afin de comprendre leurs significations chez l’individu.
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CONTEXTE CULTUREL
LA LITTÉRATURE
devisement du monde Le Devisement du monde, que l’on trouve aussi sous d’autres dénominations comme Il Milione ou Le Livre des merveilles, retrace les aventures de l’explorateur marchand vénitien Marco Polo qui a vécu à la cour du grand Kubilai Khan.
Un récit de voyage est un genre littéraire dans lequel l’auteur rend compte d’un ou des voyages, des peuples rencontrés, des émotions ressenties, des choses vues et entendues. Contrairement au roman, le récit de voyage privilégie le réel à la fiction. Pour mériter le titre de « récit » et avoir rang de littérature, la narration doit être structurée et aller au-delà de la simple énumération des dates et des lieux (comme un livre de bord d’un navire). Cette littérature doit rendre compte d’impressions, d’aventures, de l’exploration ou de la conquête de pays lointains.
Paru en 1298, le livre qui a rendu Marco Polo mondialement célèbre est l’un des premiers ouvrages importants en prose européenne moderne, et est certainement le plus ancien qui fasse encore partie de la culture populaire. Son œuvre importante est un récit poétique qui témoigne de l’âge des premières explorations géographiques. Il décrit de façon émerveillée, voire emphatique, les richesses et les enchantements des traditions et coutumes asiatiques.
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CONTEXTE CULTUREL
LA LITTÉRATURE
Contrairement au récit, le roman de voyage privilégie la fiction au réel. Il s’agit d’une interprétation personnelle offrant une alternative au voyage vécu. le tour du monde en quatre-vingts jours Jules Verne, dans son roman Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1872), utilise la révolution des transports du XIXe siècle pour réaliser un voyage extraordinaire. L’auteur décrit très précisément l’impact environnemental du train notamment et encourage le développement de chemins de fer modifiant le moins possible les paysages.
la bête humaine
la route : les vagabonds du rail
La Bête humaine est un roman d’Émile Zola (1890), est un roman le résultant de la fusion du thème de la Justice, et du monde ferroviaire. Inspirés de faitsdivers réels, ce roman nous plonge dans un univers noir.
Entre 1893 et 1894, Jack London, après avoir commencé sa vie vagabonde et marginale comme «Pilleur d’huitres» et matelot de petit cabotage, partage celle des hobos , qu’on peut traduire par vagabonds, nombreux à cette époque de crise économique. Il s’agit de voyager gratis en «brûlant le dur» autrement dit en resquillant de toutes les façons possibles dans les trains de marchandises sans jamais travailler. Le livre est une suite d’anecdotes regroupées par chapitres traitant d’un thème ce qui permet au lecteur de se faire une idée sur la vie réelle de ces miséreux en proie à la faim, au froid, au désespoir, en butte aux vigiles qui n’hésitent pas à les tabasser ou à les jeter du train en marche, ainsi qu’à la police qui les emmènent en prison.
Agatha Christie, dans ses œuvres Le train bleu (1928), Le crime de l’Orient-Express (1934) ou encore Le train de 16h50 (1957) développe également tout un univers, mélangeant suspens et action autour du voyage.
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L’oeuvre de cet auteur, son mode de vie, fut une source d’inspiration pour toute une génération d’écrivain qui le succédèrent.
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CONTEXTE CULTUREL
LA LITTÉRATURE
sur la route Sur la route (On the Road, 1957) est un roman de Jack Kerouac fondateur de la Beat Generation. Le roman raconte de manière autobiographique les aventures de l’auteur (Sal Paradise) et d’un compagnon de route, Neal Cassady (Dean Moriarty).
Ce livre aurait été écrit d’un seul jet, en trois semaines, sur un rouleau de papier de 36,50 mètres de long, dans de longues sessions de proses spontanées.
Ce livre fut l’un des romans fondateurs de la Beat Generation, mouvement littéraire regroupant des individus partageant un goût pour la prose spontanée. Ce livre est le symbole de la liberté par le voyage de toute une génération influençant la manière de voyager, d’appréhender le monde. Cet ouvrage met en avant une façon de voyage basée sur le hasard, l’errance et les divers expérimentations. Il est le compte rendu d’une quête personnelle à travers le voyage.
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CONTEXTE CULTUREL
la beat generation Les œuvres beats peuvent aussi bien être de la poésie que de la prose, mais aussi par la suite, la peinture, la photographie, le collage. Les auteurs utilisent des techniques comme l’écriture spontanée ou la littérature de l’instant et le cut-up qui permettent de dynamiser le récit et de rendre par écrit les impressions ressenties lors de la prise de drogues. Cette génération se veut en totale opposition avec les générations précédentes tant par le style que par leurs revendications. Leur contestation ne se fond pas dans un mouvement de pensée structuré mais se traduit plutôt par la recherche d’un individualisme volontaire, par le rejet des conventions sociales (prise de drogue, refus du travail régulier, de la famille, homosexualité). Les écrivains beats se caractérisent par un retrait de l’American way of life sans pour autant proposer une autre voie, même si le voyage, l’exploration de religions orientales ou les paradis artificiels sont des manières de refuser la société établie aux États-Unis.
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CONTEXTE CULTUREL
LA LITTÉRATURE
l’usage du monde L’Usage du monde est un livre de Nicolas Bouvier, illustré par Thierry Vernet, paru en 1963. Le livre est un récit du voyage effectué par les deux amis de la Yougoslavie à l’Afghanistan, entre juin 1953 et décembre 1954. La route, effectuée en Fiat Topolino, les mène de Belgrade jusqu’à la Turquie, l’Iran, le Pakistan, et l’Afghanistan. Pour gagner le peu d’argent nécessaire au fil du voyage, Thierry Vernet vend des peintures et Nicolas Bouvier écrit des articles pour des journaux suisses ou autres, fait des conférences, donne des cours de français. Ce livre reflète parfaitement l’intimité qu’entretient la littérature de voyage avec la représentation visuelle, ici l’illustration.
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CONTEXTE CULTUREL
LA PEINTURE
voyage initiatique La vie de Paul Gauguin s’est partagée entre l’Europe et les Tropiques. C’est la Polynésie qui lui insuffle une force créatrice nouvelle en faisant de lui le premier grand peintre à apprécier et à étudier les arts que l’on dit aujourd’hui « premiers », puis à en livrer les clés à l’Occident. Ses ont put faire découvrir les paysages inconnus « Je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l’influence de la civilisation », déclare Gauguin avant de s’embarquer pour Tahiti, au printemps 1891. « Je ne veux faire que de l’art simple ; pour cela, j’ai besoin de me retremper dans la nature vierge [...] sans autre préoccupation que de rendre, comme le ferait un enfant, les conceptions de mon cerveau avec l’aide seulement des moyens d’art primitifs, les seuls bons, les seuls vrais. » Ci contre, Paul Gauguin, Matamoe, (1892)
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CONTEXTE CULTUREL
LA PEINTURE
La retranscription du voyage peut être simplement visuelle, le partage de paysages, d’ambiances, de ressentis, passe également par d’autre médiums. Ici quelques exemples de peintures réalisées durant la révolution industrielle et de la démocratisation du voyage.
William Turner avec Pluie, Vapeur et Vitesse : la grande voie ferrée de l’Ouest (1844)
Edouard Manet, avec Le chemin de fer (1873).
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Vincent Van Gogh, Wagons de chemin de fer (1888).
Claude Monet, La gare St Lazare. (1877).
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CONTEXTE CULTUREL
LE CINEMA
l’arrivée d’un train en gare de la ciotat L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat est un film français réalisé par Louis Lumière en 1895 et présenté pour la première fois en janvier 1896. Ce court métrage de 50 secondes, montre pour la première fois au public la vie aux abords du mode de transport ferroviaire, mettant en avant un moyen de voyager, le train.
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north by northwest
le train
La mort aux trousses (version française), est un film réalisé par Alfred Hitchcock mettant en scène une chasse à l’homme dont la fuite de l’intéressé s’effectue notamment par le train.
Le train est un film réalisé par John Frankenheimer et Bernard Farrel. Il met en scène un conducteur de train membre de la résistance chargé d’acheminer des Tableaux de Maîtres en Allemagne.
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CONTEXTE CULTUREL
LE CINEMA
le road movie Le terme road movie apparaît dans les années 1960 aux États-Unis avec la sortie d’Easy Rider en 1969. Ce genre cinématographique qui signifie littéralement un « film sur la route ». Le fil conducteur de ces film est généralement un périple routier.
into the wild Into the Wild est un film de Sean Penn (2007) tiré du roman biographique de Christopher McCandless écrit par Jon Krakauer, publié en 1996. Il retrace l’histoire d’un jeune homme ayant troqué la civilisation pour un retour à la vie sauvage. Avant qu’il ne décide de parcourir les États-Unis, le jeune homme vivant avec ses parents, a une vision assez dure de la société. Pour lui l’argent et le pouvoir ne sont qu’illusion, la seule valeur importante est la nature dans une quête de vérité. Ce film nous montre la performance d’un homme à travers son voyage en quête d’une paix spirituelle.
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ANALYSE COMMUNICATIONNELLE QUELLE PLACE LE VOYAGE OCCUPE-T-IL DANS NOTRE QUOTIDIEN? Si le voyage, par sa retranscription, s’inscrit dans la mémoire visuelle collective, il convient de s’interroger sur la place qu’il occupe dans notre quotidien. Que ce soit dans la publicité, les publications ou encore les émissions TV, le voyage est, de par son accessibilité, presque imposé visuellement à l’individu. Il s’agit dans cette partie d’analyser les différentes formes de communication, leurs discours, leurs formes, afin de comprendre comment se place le récit et dans quel but.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LA PUBLICITÉ Le voyage est aujourd’hui l’un des secteurs les plus vaste et les plus dynamique de l’économie mondiale. Cette pratique, souvent remise en question et soumise à la concurrence, génère de nombreuses campagnes de communication visant à promouvoir des services. Il s’agit donc ici d’analyser un échantillon de publicité, afin d’identifier des similitudes dans les thèmes traités.
Jürgen Nefzger Athens 2010
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LA PUBLICITÉ
les prémices Le transport est intimement lié à sa représentation graphique dans une démarche promotionnelle. Les pionniers du design graphique tels que Adolphe Jean-Marie Mouron (Cassandre) ou encore Villemot mettaient leur savoir-faire, au service de la promotion des moyens de transport tels que le train, le bateau ou encore l’avion. Ainsi nous pouvons constater, par la qualité graphique des ces productions, la place que le voyage occupait durant le XXe siècle. Cassandre Font Bifur. Affiches. (1927-1935)
Villemot pour la SNCF
Le traitement des affiches est souvent l’illustration, avec une impression en lithographie. Cette technique d’impression n’est plus envisageable aujourd’hui pour une campagne de communication car trop coûteuse et l’illustration, la peinture est souvent remplacée par la photographie, surtout pour la promotion d’un lieu touristique. À noter que Villemot réalisa l’affiche de la Côte Basque sans même y avoir été.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LA PUBLICITÉ
la capacité Le but est de communiquer sur les diverses offres, services, mis en place par les société traitant de voyage. Ces campagnes de communication ont pour but de sensibiliser sur les avantages divers proposés. Nous sommes en présence d’une campagne de communication visant à faire découvrir Voyages-sncf.com, une agence de voyage globale, s’ouvrant au transport aérien. Cette campagne joue avec humour sur les destinations proposées détournant des panneaux d’entrée de villages de France avec des noms de destinations lointaines.
Voyage-sncf.com Heureusement, on ne vous propose pas que le train. DDB Paris 2007.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LA PUBLICITÉ
la capacité Expedia Le voyagiste en ligne Expedia, lance au Royaume-Uni une campagne créative signée Ogilvy & Mather pour mettre en avant ses bas prix et son large choix de destinations. Avec son agence Ogilvy & Mather, le voyagiste en ligne, crée des messages avec l’étiquetage des bagages. Ces derniers comprennent toujours 3 lettres indiquant l’aéroport de destination. Les créatifs s’en sont donc amusés pour créer différentes juxtapositions. L’exercice se conclut par un tampon en guise de révélation et de lien avec Expedia.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LA PUBLICITÉ
l’experience Le but est de communiquer aux usagers l’aventure que le voyage peut leur apporter. Une éventuelle expérience. L’agence AMV BBDO a réalisé en 2013 deux spots TV pour Eurostar. Ils racontent ce que vous pourriez vivre en voyageant à Paris et Londres. L’Eurostar relie Paris à Londres. L’occasion pour le parisien de faire le touriste à Londres et vice versa. Des voyages naissent les souvenirs et cette campagne met en avant les aventures à vivre de l’autre côté de la Manche. Au travers de deux spots, une voix off à l’accent prononcé nous conte ce que nous pourrions découvrir ou ne pas découvrir grâce à l’Eurostar. Ces deux vidéos, l’une destinée au Royaume-Uni, l’autre à la France, évoquent d’une façon poétique le voyage et la découverte de chaque ville. Tournés autour du « peut-être » et du « maybe », ces spots sont une invitation à l’aventure et aux rencontres inattendues.
Eurostar La compagnie de transport Eurostar se différencie des communications existantes en mettant l’accent sur l’expérience même du voyage qu’il propose et non de son propre service. Eurostar touche directement le public en jouant sur la parodie, le décalage culturel qui existe entre la France et la Grande Bretagne.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LA PUBLICITÉ
l’experience Le covoiturage, s’est dans un premier temps développé par le bouche à oreille via notamment le réseaux sociaux. Aujourd’hui, des institutions telles que le GRANDLYON mettent en place au sein de la métropole, une campagne d’affichage visant à réellement démocratiser la pratique avec humour. Cette série d’affiches, met en avant l’aspect convivial, humain, du système mais aussi le plaisir d’utilisation du système de covoiturage. Cet affichage fait également le lien direct avec le site en charge du covoiturage.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LA PUBLICITÉ
poesie et transport
En vers et pour tous
La RATP entretient depuis longtemps une relation privilégiée avec la littérature et plus spécifiquement la poésie. Plus de 80 % des voyageurs déclarent lire durant leurs trajets sur ses réseaux. La RATP est ainsi partenaire de nombreux événements littéraires comme Lire en fête, le Salon du Livre, le Printemps des poètes...
Au-delà des grands poètes, Verlaine, Rimbaud, Apollinaire, que la RATP affiche depuis 1992, l’entreprise a également permis aux amoureux de la poésie de participer à plusieurs concours de poésie. Depuis les années 2000, 6 concours ont vu à chaque fois près de 10 000 participants sous la présidence de personnalités des Arts et des lettres comme Yann Queffelec, Pierre Perret, Jacques Weber, -M-, Sapho et plus récement David Foenkinos. Les lauréats ont trouvé leurs poèmes sur les quais et dans les rames aux côtés de Verlaine, Hugo, Villon et autre Garcia Lorca.
Des lignes et des rimes En 2012, la RATP a lancé une nouvelle campagne, « Des lignes et des rimes ». En cette fin d’année, le thème retenu porte sur les Jeux de langage. Le site ratp.fr vous les fait découvrir : partez à la suite de Pierre Coran, Jacques Gaucheron, Michel Besnier et JeanFrançois Mathé pour quelques secondes de bonheur. Ces poèmes accompagneront les voyageurs pendant plusieurs semaines sur les quais des stations de métro et gares RER.
Il s’agit ici de mettre en avant la relation entre le transport et la littérature. Ces campagnes de communication n’ont pas de but commerciaux mais offrent aux voyageurs une expérience littéraire, poétique.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LA PUBLICITÉ
Gallimard
Un Textopolitain
La célèbre maison d’édition Gallimard a fêté ses 100 ans en 2011. Partenaire officiel de ce prestigieux événement, la RATP l’a accompagné tout au long de l’année :
À l’occasion du Salon du livre de Paris 2011 et de la parution des Textopolitains, le Salon du livre de Paris, les Éditions Casterman et la RATP se sont associés et ont réalisé un Textopolitain spécial Salon du livre. Pour l’édition 2012 du Salon du Livre de Paris, ce sont les causeuses qui sont entrées en scène. Pendant quatre jours, elles ont isolé du monde une ou deux personnes à la fois, pour leur faire la lecture à voix basse à bord des tramways T2 et T3. En outre, un concours offrait 500 billets d’entrée pour le Salon.
Ce partenariat est un prolongement naturel des relations tissées avec Gallimard, puisque de très nombreux poèmes affichés sur les réseaux proviennent du fonds poétique de l’éditeur.
Exposition grand format au printemps sur les quais de la station Rue du Bac. Exposition sur un siècle d’édition à la B.N.F. Scénographie dans les vitrines situées sur les quais de la station Saint-Germaindes-Prés.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LES PUBLICATIONS Les publications traitent de l’intimité qu’entretient le récit de voyage avec la représentation visuelle, quelque soit sa nature. Elles proposent aux lecteurs le voyage, la découverte de sensations, d’impressions ressenties. Elles racontent les pays, les coutumes, les monuments, la nature, la vie du peuple ou encore la cuisine locale. Elles se veulent être une invitation au rêve et à l’évasion, souvent axées sur l’argument destination. Il convient donc pour cette partie d’analyser ces publications, tant par la forme que par le contenu afin d’identifier les similitudes. Cette analyse est essentielle à mon projet et permettra de comprendre la manière dont le sujet du voyage est traité ainsi que le rôle du voyageur au sein d’une publication.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LES PUBLICATIONS
bouts du monde Le voyageur acteur Bouts du monde est une revue trimestrielle qui publie les récits, les photos et les croquis des voyageurs. Dans chaque numéro, une quinzaine de voyageurs proposent un regard neuf sur le monde à travers leurs expériences intimes du voyage. Dans chaque carnet de voyage, les voyageurs nous confient leurs coups de gueule ou leurs espoirs, leur désenchantement ou leur ras le bol, leurs incompréhensions ou leurs étonnements sur les nouveaux mondes qu’ils découvrent.
geo Le voyageur spectateur GEO est un magazine mensuel de voyage et de connaissance du monde. Cette publication accorde une large place aux reportages photographiques comme le laisse paraître la couverture. La destination est donc ici privilégiée avec pour chaque publication, un thème portant sur une destination. La revue ne prend pas position. Axée sur la destination, elle laisse de coté le voyageur, son avis, privilégiant une approche carte postale du voyage.
Une approche de la revue plus axée sur le voyageur, l’authenticité de son récit, son interprétation de la destination à travers différents médiums.
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ANALYSE DE LA COMMUNICATION
LES ÉMISSIONS Depuis quelques années, une nouvelle forme d’émissions traitant du voyage émerge. Il s’agit de mettre en avant le voyageur, son parcours et non la destination. Le voyage est ainsi traité à travers le ressenti du voyageur, sa passion ou d’un thème précis. Ces récits sont une manière d’appréhender le monde et ses civilisations. Contrairement à un documentaire, cette approche du voyage permet au spectateur de s’identifier au protagoniste, de voyager avec lui.
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LES ÉMISSIONS
j’irai dormir chez vous J’irai dormir chez vous est une série de documentaires de découverte. On y retrouve Antoine de Maximy, équipé de deux caméras paluches fixées sur lui, s’invitant chez les habitants pour suivre leur mode de vie. Hors des circuits touristiques Les périples du globe-trotter sont spontanés, soumis aux hasards des rencontres humaines, en dehors des commodités touristiques habituelles. Le plus souvent, il mange et dort chez les gens qu’il interroge. Son intention étant de recueillir des informations sur les modes de vie de ses hôtes et de faire des rencontres. Antoine de Maximy affirme qu’il découvre le pays sans aucune préparation, ce qui présente l’avantage de lui laisser libre cours sur l’évolution de son séjour. Cette émission nous ouvre les yeux sur la performance que représente un tel voyage mais aussi sur la réalité sociale et culturelle des pays visités.
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LES ÉMISSIONS
les nouveaux explorateurs Les Nouveaux Explorateurs est une émission de télévision française de documentation, diffusée sur Canal+. Cette émission est une manière originale de découvrir le monde, à travers un thème spécifique. Une grande équipe de baroudeurs nous transporte et nous fais découvrir sa spécialité (cuisine, sport, train, mégalopole, peuples). À chaque émission, nous découvrons un pays en particulier à travers la passion du protagoniste.
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CONCLUSION
vers l’authenticité du récit Nous avons vu à travers cette analyse que le voyage est aujourd’hui, de par son accessibilité, présent dans notre quotidien à travers différents médiums. L’enjeu principal de ces communications et de susciter chez l’individu l’envie de partir. Nous constatons que les discours proposés par les marques voyage s’axent sur deux points : -La capacité que l’on a aujourd’hui à s’engager dans un périple. Ce discours s’appui sur l’adaptabilité des services proposés par les marques de voyage. -L’expérience qu’un voyage apporte. Ce discours s’appuie généralement sur le récit, fictif ou réel, d’un voyageur type.
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Ces réflexions m’ont donc conduit à considérer le voyageur et son récit à travers deux médiums. Les publications et les émissions TV.
Cette tendance, mettant en avant le parcours personnel du voyageur, résulte de la volonté du public d’avoir accès à un récit authentique.
Les publications offrent un panel large de voyages, dont les thèmes principaux restent axés sur la destination. Le voyageur est alors simplement spectateur de son voyage et nous livre les différents paysages proposés. Il convient de s’interroger sur le rôle du voyageur et de son parcours au sein d’une publication.
Avec l’émergence d’internet et des réseaux sociaux, une nouvelle forme de partage du récit, de l’expérience voit le jour. Des voyageurs indépendants ont la possibilité aujourd’hui de proposer leurs aventures via des blogs ou autres plateformes collaboratives.
Nous constatons que de nouvelles formes de publications (web essentiellement) émergent mettant le voyageur et son récit en avant. Cette tendance est également visible dans le paysage audio-visuel. Longtemps limités à une approche dite « carte postale » du voyage, certaines émissions mettent aujourd’hui en avant la performance du voyageur et son parcours.
Il convient donc de s’interroger sur l’apport que le web peut donner aux différentes retranscriptions du voyage. Comment peut-il lutter contre l’uniformisation de la pratique et de sa retranscription?
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RÉFERENCES Partir à l’aventure, aller chercher ailleurs ce que l’on ne peut trouver ici. Le voyage est constitué de ces moments où l’on est poussé, par le désir ou par la contrainte, à s’exposer à la vie. Il est également constitué par le récit que le voyageur nous livre permettant à la pratique d’exister dans la mémoire mais aussi de nous la faire vivre. Cette partie nous permettra de voir comment sont abordées les notions d’exploration, d’expédition et d’aventure dans l’art contemporain et en quoi l’acte même du voyage peut être à l’origine d’une forme d’art.
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hamish fulton Hamish Fulton est l’un des premiers artistes à s’aventurer dans les grands espaces naturels à la fin des années soixante. « Je devrais être capable de travailler n’importe où, excepté dans un environnement urbain, pour n’importe quelle durée, depuis quelques minutes jusqu’à quelques semaines » Le temps de l’oeuvre se montre tour à tour extensible et compressible. Le titre de ses créations insiste par ailleurs toujours sur la durée, sur le déroulement dans le temps. Celle-ci est toujours signifiée, inscrite sur la photographie, devant l’image. Hamish Fulton développe depuis plusieurs années des procédés variés pour transcrire ses randonnées.
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RÉFÉRENCES
hamish fulton A Two Days 59 Miles Road Walk, Canada, (1976).
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RÉFÉRENCES
wallace bjerman Wallace Berman appartient à cette frange d’artistes de la côte Ouest américaine qui, dans l’ombre des années cinquante et soixante forgent une culture ‘beat’ (beat generation) dont la littérature reste l’aspect le plus connu, mais qui s’élabora aussi dans le cinéma, la peinture, la photographie, les collages et les assemblages. Le principe de création est basé sur l’automatisme, l’improvisation, l’abstrait en lien avec les voyages sans but, développés par les membres du mouvement.
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marina et ulay The Great Wall Walk 1988 En 1988, le couple Marina Abramovic et Ulay scénarise la fin de sa relation : une marche de deux mille kilomètres chacun, pendant quatre-vingt-dix jours, sur la muraille de Chine : The Lovers, the Great Wall Walk. Marina part de l’Est, aux abords de la mer jaune. Ulay part de l’Ouest, du désert de Gobi. Jusqu’à se retrouver pour « se séparer et se dire adieu ». La marche est filmée, photographiée du début à la fin. Les déplacements nous parviennent ainsi image par image, actualisés à chaque instant, et définissent en cela le rythme lent et progressif du voyage.
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RÉFÉRENCES
till roeskens Le voyage des autres 1999-2000 À travers ses performances aux allures de voyages sans fin, l’artiste Till Roeskens provoque des enchaînements imprévisibles de rencontres, suscitant la participation active de ses partenaires. Le voyage des autres est une performance dans laquelle l’artiste fait de l’autostop en continu pendant plusieurs jours, sans direction préétablie, en suivant chaque personne qui s’arrête jusqu’à sa destination, puis en continuant droit devant.
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RÉFÉRENCES
laurent tixadoret L’inconnu des grands horizons 2002 Dans L’inconnu des grands horizons, performance réalisée en 2002, Laurent Tixadoret Abraham Poincheval, munis d’une boussole pour seul guide, décident de traverser la France à pieds, en ligne droite. Ils partent de Nantes et ont pour projet d’atteindre Metz. Ils terminent leur périple au bout de vingt-six jours et sont accueillis à l’école des beaux arts de Metz pour une exposition qui leur est consacrée. Cette progression en ligne droite les contraint sans arrêt à traverser ces espaces de circulations rapides que sont les autoroutes et autres échangeurs.
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RÉFÉRENCES
dirty handz Search and destroy 2006 Dirty Handz est une trilogie de vidéo documentaire sur le graffiti parisien. Entièrement réalisées par des writers, elle se focalise sur leurs activités illégales. Le troisième et dernier épisode de la trilogie (Search and destroy) est sorti en 2006, cependant tous les événements se déroulent avant 2001. D’une durée de 76 minutes, cette vidéo symbolise l’aboutissement de l’activité controversée des graffeurs à travers un regard rétrospectif que ces derniers portent sur leurs actes. Ce film-documentaire autobiographique, retrace la tournée européenne (interRail) d’un graffeur français, fatigué de la monotonie de son environnement parisien. On y découvre une analyse des différents mode d’opération des graffeurs dans chaque pays ainsi qu’une nouvelle façon d’appréhender le voyage.
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RÉFÉRENCES
hobo signs Le terme hobo désigne un sans domicile fixe se déplaçant de ville en ville, le plus souvent en se cachant dans des trains de marchandises, et vivant de travaux manuels saisonniers et d’expédients. Le terme pourrait se traduire par vagabond.
Ces hobos ont dévelloppés au fil de leurs déplacement, tout un langage de différents signes. Ce système de symboles a pour but d’informer ou d’avertir les autres (endroits pour attraper un train pour dormir, présence fréquente de la police).
Signes laissés par un hobo pour avertir les autres passant dans cette ville (Nouvelle-Orléans en l’occurrence). Le cercle barré signifie bon chemin à suivre, la croix signifie OK. Le signe ressemblant à un Y signifie que les habitants sont volontiers armés. Ces signes proposent une alternative à ceux développés avec le système routier dans le monde entier. Leur fonction première n’est pas d’orienter mais d’informer, d’avertir sur tous les éléments utiles, voire vitaux pour une évolution au sein d’un espace urbain.
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RÉFÉRENCES
eric tabuchi Alphabet truck 2008 Avec cette première édition parut en 2008 de l’Alphabet truck, Eric Tabuchi achève un travail qui représente plusieurs milliers de kilomètres parcourus durant quatres années passées. A travers le langage (alphabet) et le déplacement (truck), l’Alphabet truck interoge donc sur les notions d’appartenance, d’iddentité et de mixité du signe.
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RÉFÉRENCES
luis dourado Maps 2009-2010 Luis Dourado est un illustrateur, artiste plasticien, il opère également dans les champs de la communication, du design, de la photographie ou encore de la musique. Son travail est une invitation vers un ailleurs qui nous est à la fois familier et étrange, une sorte de réalité parallèle. Les voyages imaginés et imaginaires de l’artiste ont pour point d’ancrage des références culturelles, médiatiques, géographiques ou encore mystiques qui nous sont communes. Une fois détournées et transformées, elle acquièrent un nouveau sens, une nouvelle réalité. Ainsi, les continents sont découpés et ré-assemblés jusqu’à en perdre leur identité et devenir des motifs purement géométriques.
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RÉFÉRENCES
clement valla Postcards from google earth Clement Valla a trouvé d’étranges images glitchées. Les autoroutes semblent fondre et les ponts ont l’air de s’écrouler dans l’eau. La représentation est peut-être erronée mais ces images ne le sont pas à proprement parler. Selon l’artiste, elles sont le résultat des algorithmes à l’oeuvre derrière Google Earth. Le service de cartographie est une base de données déguisée en représentation photographique. Le principe d’Universal Texture utilisé par Google pour cartographier le monde mélange des photographies en deux dimensions avec des données topographiques en 3D. Ces anomalies sont une source d’inspiration dans le domaine de représentation d’un parcours.
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RÉFLEXION ET PROBLÉMATIQUE
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RÉFLEXION ET PROBLÉMATIQUE
communiquer le voyage alternatif Aujourd’hui, face à une démocratisation du voyage, la société subit de plus en plus une uniformisation de la pratique.
Nous avons pu constater au cours de ces analyses, que les modes de transport, et plus largement le déplacement de l’Homme dans l’espace étaient étroitement liés au développement des différents médiums le constituant mais également au grands événements sociaux et économiques qui rythment notre monde. Cette évolution a un impact sur les modes de communication mis en place par les nombreuses marques liées au voyage mais également sur les différentes expressions artistiques en relation directe ou indirecte avec cette pratique.
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À l’opposé de cette tendance, l’émergence de blogs ainsi que de plateformes de voyageurs indépendants voient le jour. Cette nouvelle forme de partage d’expérience donne au voyage un aspect plus humain.
Mon projet soulève donc plusieurs problématiques : Comment communiquer la rupture avec le voyage conventionnel ? De quelles façons cette tendance peut entraîner une nouvelle forme de communication ? Quel peut être son discours, son esthétique ? Comment axer le discours communicationnel hors de l’argument espace temps ? Comment communiquer l’émancipation par le voyage ?
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ENJEUX SOCIAUX
ENJEUX CRÉATIFS
Informer
Démocratiser la pratique
Un nouveau discours
Une nouvelle esthétique.
Les possibilités de voyage sont aujourd’hui multiples. Il s’agit dans un premier temps de sensibiliser la population sur les différentes alternatives qui s’offre à la pratique.
Dans une démarche d’accessibilité il convient de s’interroger sur la place que doivent prendre les nouvelles technologies telles qu’Internet, les réseaux sociaux, afin de pouvoir créer une communauté, un tissu social autour de mon projet.
Il s’agit de réorienter le discours du voyageur : le protagoniste n’est aujourd’hui pas simple spectateur d’un paysage mais acteur, offrant au public une autre vision du voyage.
La réinterrogation de la pratique, entraîne une redéfinition esthétique de l’identité du voyage et de ses supports traditionnels.
Cet aspect collaboratif permettra également de lutter contre l’isolation de certaines régions, pays, permettant une ouverture, un épanouissement, de la population vers un métissage fondateur.
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bibliographie
sitographie
Marc Augé Pour une anthropologie de la mobilité.
lonelyplanet.fr
Michel Maffesoli Du nomadisme: Vagabondages initiatiques. Jack London La route. les vagabonds du rail.
voyageur-independant.com lepouceux.com instinct-voyageur.fr voyageurs-du-net.com
Jack kerouac Sur la route
aventuresextraordinaires.fr
Nicolas bouvier L’usage du monde
lesacados.com
William T Vollmann Le Grand Partout. Daniel Kaplan, Bruno Marzloff Pour une mobilité plus libre et plus durable.
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PROJET DE DIPLÔME TOME 2 MARC DUPONT
L’AUTRE VOYAGE
“ J’ai cette chance de voyager, mais si un jour je ne pouvais plus le faire, je ne pourrais plus me remettre en question, me confronter à des réalités, à ce réel qui m’a longtemps obsédé et qui continue à être un élément moteur dans ma vie.” Raymond Depardon
AVANT PROPOS À travers les différentes analyses réalisées au cours du tome précédent, nous avons pu constater que le voyage est aujourd’hui étroitement lié au développement de ses différents médiums le constituant mais également au grands événements sociaux et économiques qui rythment notre monde. Cette industrie en constante progression génère de nombreuses communications faisant partie intégrante de notre paysage urbain et multimédia. Nous constatons aujourd’hui qu’un grand nombre des offres proposées et des communications qui en découlent sont formatées, standardisées. Mon approche du sujet se tourne donc vers le voyageur et son récit me permettant d’avoir une vision plus personnelle de la pratique.
SOMMAIRE Introduction
1. Expérimentations
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2. Hypothèses
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S’affranchir par le voyage
30-65
Découvrir le voyageur
67-97
3. Conclusion
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INTRODUCTION Devant l’uniformisation de la pratique, mon projet soulève donc plusieurs problématiques. Il s’agit de s’interroger sur les manières de communiquer la rupture avec le voyage conventionnel. De quelles façons cette tendance peut-elle entraîner une nouvelle forme de communication ? Quel peut être son discours, son esthétique ? Comment axer le discours communicationnel hors de l’argument espace temps ? Mon étude se donne ainsi pour objectif d’informer, de démocratiser les alternatives qui s’offrent à la pratique.
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1. EXPÉRIMENTATIONS Mon sujet se constitue au point de rencontre entre le rapport intime du voyage et de sa retranscription. J’ai choisi ici à travers ces expérimentations, de détourner la fonction des supports traditionnels en lien avec le déplacement.
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EXPÉRIMENTATIONS
NON L I E UX
J’ai souhaité retranscrire par le non lieu, l’idée que le voyage alternatif n’est pas composé d’une destination établie. Dans cet exercice j’ai réalisé une carte routière de la région midi, menant le voyageur dans des zones dites de non lieu. Le littoral, ainsi que les zones urbaines sont donc considérées comme hostiles. La représentation graphique des non lieux, se veut attractive, vivante.
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EXPÉRIMENTATIONS
UN NOUV E A U LA N GA G E
La typographie dans la signalisation permet à l’individu en déplacement de se repérer dans l’espace. Pour le voyage alternatif, la direction est abstraite. A partir de la déformation de lettres, base du langage directionnel, j’ai souhaité créer un nouveau code, un nouveau langage. De cette déformation, j’isole des formes dans le but de créer des modules. Ces modules seront la base de la création de mes compositions.
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EXPÉRIMENTATIONS
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EXPÉRIMENTATIONS
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EXPÉRIMENTATIONS
PAY SA GE S UTOP IQU E S
Si le parcours est un fondement du voyage alternatif, la destination, bien que souvent trouble ou jamais atteinte fait partie intégrante du processus. C’est sur la notion de destination utopique que j’ai souhaité travailler mêlant différents paysages réels.
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EXPÉRIMENTATIONS
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EXPÉRIMENTATIONS
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2. HYPOTHÈSES Suite à ces expérimentations, visant à détourner les supports traditionnels, je me suis naturellement orienté vers la création d’un guide. Par la suite, c’est à travers des recherches graphiques, typographiques, autour de la notion de communauté que j’ai abordé ce chapitre. Je me suis finalement attardé sur l’objet éditorial, pour une nouvelle approche du récit de voyage.
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE Le voyage alternatif est avant tout une remise en question des pratiques formatées du voyage, mettant en avant le parcours, l’aventure, comme principales attractions. Il s’agit pour l’individu de rompre avec son quotidien, de se confronter au monde, son authenticité, afin de se découvrir et de s’émanciper. Il est important de communiquer sur la notion de liberté, de revendiquer une certaine idéologie. Dans une démarche d’accessibilité, j’ai choisi dans un premier temps de privilégier la notion de « mettre à l’épreuve le voyageur », à travers l’édition d’un guide alternatif. J’ai par la suite développer le concept du “nous voyageurs” à travers la création d’une plateforme web.
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE
METTRE À L’ÉPREUVE LE VOYAGEUR Il s’agit de mettre à l’épreuve le voyageur, de le sortir de son confort habituel. La reinterrogation de la pratique entraîne une redéfinition esthétique du voyage et de ses supports traditionnels. C’est donc à travers la création d’un guide de l’ itinérance que je souhaite marquer une rupture avec le voyage dit conventionnel.
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE
LE MANIFESTE DU VOYAGE ALTERNATIF “Apprenez à vous perdre pour mieux vous retrouver” - pour toutes personnes - adaptable à tout environnement - méthode testée en laboratoire J’ai choisi de détourner un des support du voyage classique : le guide. Il s’agit ici d’expliquer à l’individu le processus à appliquer pour se perdre, être dans des situations inattendues.
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE
PRINCI PE GRA P H IQU E
Le voyage alternatif, son parcours, se traduit par une sorte de contestation, une volonté de sortir des sentiers battus. Il s’agit ici de mettre en avant la nonorientation avec un principe de cartes routières fictives.
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE
S TRUC TURE
Le conditionnement Comment bien perdre ses repères. Le départ Comment partir vers l’inconnu. La route Comment se mettre en danger.
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE
Supports de communication La carte postale Détournement de la carte postale, symbole du paysage vacancier. Il s’agit ici de mettre en avant les non lieux, l’idée de perdition.
JE MARCHE SEUL
J’IRAIS OU TU IRAS
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PARTIR UN JOUR SANS RETOUR
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NOUS VOYAGEURS Il convient de s’interroger sur la place que doivent prendre les nouveaux modes de diffusion tel que les réseaux sociaux afin de fédérer une communauté, créer un réel tissu social garantissant d’une part la fiabilité ainsi que le déploiement de ce concept.
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE
CON TEX TUA LI SA TI O N
nous voyageurs
Une identité
Comment faire pratiquer le voyage alternatif, comment le rendre accessible ?
Comment mettre en avant la rupture avec le voyage conventionnel ?
Il s’agit de susciter l’intérêt de l’individu, lui donner envie de pratiquer à travers l’accessibilité. Aujourd’hui, de nouvelles pratiques ont fait leur apparition comme le couchsurfing ou le covoiturage redonnant au voyage une dimension humaine. Il convient de s’appuyer sur cette nouvelle façon d’appréhender le voyage, basée sur le service et l’échange afin de créer une communauté. Il s’agit donc de créer une plateforme communautaire dont le but principal est de mettre en lien les personnes souhaitant voyager, héberger, partager des expériences. Cette pratique répond à des enjeux économiques et écologiques. Il est important de mettre en avant le fait que toute personne, grâce à ce processus, est en mesure de découvrir des espaces, des personnes sans passer par une formule formatée et souvent coûteuse.
La redéfinition de la pratique du voyage, entraîne une réinterrogation de son esthétique traditionnelle. Dans une volonté de différenciation, je me suis intéressé aux communautés de voyageurs, d’itinérants qui ont développés des langages, des codes graphiques propres à leurs façons de voyager.
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Cible Il s’agit de s’adresser à public large mais plus particulièrement à la tranche d’age des 18-30 ans plus sensible aux notions de découvertes géographiques et personnelles. Partenaires : Sociétés de covoiturage Couchsurfing Supports : Plateforme web Campagne promotionnelle
Nous allons alors explorer plusieurs hypothèses de nom et de possibilités d’identité graphique pour cette plateforme.
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE
Proposition d’alphabet s’inspirant des hobbo signs. RECHERC H E S
Recherches typographiques s’inspirant des “hobbo signs”. Ces hobos (vagabonds) ont développés au fil de leurs déplacements un langage se composant de différents signes. Ces signes ne sont compréhensibles que par la communauté. Leur fonction première n’est pas d’orienter la personne dans l’espace mais de l’informer, de l’avertir sur tous les éléments utiles à son évolution.
Le voyageur
Le départ
La frontière
Le temps
Le cercle barré signifie bon chemin à suivre, la croix signifie OK. Le signe ressemblant à un Y pourrait signifier que les habitants sont volontiers armés.
L’espace
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE
RECHERC H E S
Le nom via (route en latin) fait référence à une pratique ancestrale du voyage. Aujourd’hui il signifie “En passant par” renvoyant à la notion de parcours, d’itinéraire, d’étape. Le logo se confond volontairement à un signe. Il a la particularité de se lire à l’endroit et à l’envers mettant en avant l’aspect aléatoire de la direction dans un voyage.
Ci-contre, conception d’un manifeste sous forme d’affiche pliée reprenant les codes hobbo.
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S’AFFRANCHIR PAR LE VOYAGE
J’ai choisi de ne pas poursuivre la piste VIA car elle est trop facilement assimilable à la communauté hobo. Cela m’a donc amené à réorienter mes recherches vers quelque chose de plus simple et personnelle.
DÉV ELOP P E ME N T
THE TRIBE Présentation The Tribe (tribu en anglais) fait référence à une communauté et au voyage spirituel. Il s’agit, par un graphisme fait main, de mettre en avant l’aspect humain de la relation des voyageurs. Le logo a la particularité d’être dans un cercle mettant en avant l’idée de la circulation au sein d’un groupe.
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THE TRIBE Vers une nouvelle esthétique. La plateforme se distingue par son ergonomie basée sur la photographie. Il s’agit de créer une ambiance dite de débrouillardise, de bricolage. Ces “fonds” photographiques sont amenés à évoluer de manière régulière. C’est un décalage volontaire avec les plateformes classiques dans le but d’accentuer la notion d’itinérance. La découverte. La page d’accueil se veut sans artifice. Seul des signes sont présents qui, au passage de la souris révèlent les informations. Photographie Philipp Freedrich.
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Fonctionnement du site Le mouseover est une technique permettant de souligner au survol de la souris, sans devoir cliquer et changer de cible sans cesse.
Présentation du concept de la plateforme.
Accès membre ou inscription. Ci-contre Voici la manière dont apparaît le site lorsque vous y venez pour la première fois.
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Architecture Nous allons observer comment le site fonctionne lorsque vous êtes connecté. Système de demande globale. Ces demandes seront relayées dans les actualités de la communauté.
-Mon espace (wall) -Mes coordonnées. (publiques et privées.) -Mon statut (hôte, voyageur...) -Gestion de mes amis.
- Mes amis Messagerie instantanée.
- Actualité de mes amis. -Propositions divers de la communauté (ask) selon mes informations, mes demandes.
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Supports Il s’agit d’orienter le discours vers la capacité, la réalisation d’un parcours personnel grâce à la communauté. Le voyageur est symbolisé par un objet d’usage, ici les chaussures.
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Supports L’empreinte digitale est unique à chacun. Elles servent à l’identification des personnes et forment donc des tracés, des lignes personnelles. J’ai souhaité mêler ces lignes aux représentations topographiques menant à un parcours personnel, identitaire, vital.
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DÉCOUVRIR LE VOYAGEUR La communication du voyage alternatif ne passe pas uniquement par la mise en place de système visant à le rendre accessible. C’est avant tout une démarche personnelle, un besoin. Il s’agit de donner envie, de faire découvrir les différentes facettes de la pratique. Découvrir le voyage à travers le récit. Comment donner au lecteur l’envie de voyager ? Ces aventures extraordinaires permettent de découvrir les différentes personnalités, les différentes pratiques du protagoniste.
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LE LIVRE Il s’agit d’inciter au voyage par le récit. Il convient de s’interroger sur la relation qu’entretien le récit du voyageur et l’objet éditorial. Dans le tome précédent, nous avons pu constater que l’objet éditorial, qu’il soit sous forme de revue ou de livre perdure dans le temps. Aujourd’hui, un grand nombre de publications sont axées sur les destinations. Mon travail s’oriente donc sur le voyageur et son récit. Une vision contemporaine du carnet de voyage.
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ÉPOPÉES Le concept Dans une volonté d’orienter mon projet vers le voyageur, et son récit, il me semblait légitime de réadapter le récit d’aventure. Il s’agit de proposer une nouvelle approche du carnet de voyage.
Définition Du grec ancien epopoiía Il convient de s’intéresser à la polysémie de ce mot. Dans la littérature, il s’agit d’un long poème narratif racontant les actions célèbres d’un héros ou d’un peuple dans un contexte souvent merveilleux.
En effet, ce genre hybride à la croisée du documentaire et du livre d’artiste offre une alternative aux différentes publications étudiées précédemment.
Le terme d’épopée peut, par extension, renvoyer à une suite de faits militaires et à la littérature qui y est relative. L’épopée romaine par exemple.
Il pose l’intention du voyageur, au centre de la publication, qu’elle soit d’ordre informative ou artistique. C’est cette mixité qui fait de chaque publication un voyage unique.
Pour finir, il s’agit d’un voyage mouvementé, généralement connoté négativement.
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contextualisation
le livre de marque
partenariat
Le contexte économique d’une telle publication m’oblige à prendre en compte le partenariat avec une marque. L’enjeu principal de cette collaboration est de préserver l’authenticité du voyage.
Le concept Il s’agit de mettre en avant des voyageurs ambassadeurs de la marque. Cette publication mettrait en avant leurs différentes performances, leurs parcours.
Patagonia est une entreprise créée par un petit groupe de grimpeurs et de surfeurs prônant un art de vivre minimaliste. Une démarche suivie dans la conception de leurs produits et qui démontre un parti pris envers la simplicité et le fonctionnalisme.
Comment faire pratiquer le voyage sans le faire rentrer dans un engrenage commercial susceptible de lui enlever son authenticité ?
La cible Il s’agit de s’adresser à un public curieux, aimant la nature, sportif, sensible à la contre-culture et au concept du Do it yourself.
Il s’agit de susciter l’intérêt, de donner envie de pratiquer à travers le récit des voyageurs.
Lieux de distribution Concept store, librairie, site internet, lieux de vente de la marque.
Comment créer la rupture avec le voyage touristique conventionnel ?
Ce partenariat assure la crédibilité de mon message, un réseau de diffusion conséquent. Il permet également de me positionner différemment d’une agence de tourisme alternative en ne proposant pas de voyage, circuits, mais en incitant par l’information, à réaliser sa propre aventure.
Il s’agit d’établir un partenariat non pas avec un organisme proposant des services touristiques, mais avec une marque ambassadrice de l’aventure.
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recherches graphiques Je me suis intéressé aux lignes qui constituent la lettre E, les différents croisements font références à la route et ses intersections.
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Chaque numéro est vendu dans une enveloppe kraft faisant référence à une approche respectueuse de l’environnement à travers le voyage.
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La couverture de la revue est également en kraft mettant en avant l’aspect aléatoire et authentique du voyage. Cette notion se retrouve également dans le dessin du logo. Le format 150x230 permet à la revue de se différencier des autres publications.
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la revue libertaire
partenariat La cible La revue s’adresse à un public de personnes sensibles à la culture, aux modes de vie / pratiques alternatives, aux aventures extra-ordinaires.
Le concept Entre le documentaire et le livre d’artiste. Contrairement aux autres publications où seule la destination est mise en avant, où le voyageur est simple spectateur, épopées place au centre de chacune de ses publications une pratique, une passion transformant le voyageur en acteur.
Lieux de distribution Concept store, librairie, site internet.
Les éditions alternatives sont une maison d’édition française créée en 1975. Initialement engagées politiquement, elles publient aujourd’hui des thèmes tels que l’écologie pratique, l’architecture, le design, les arts urbains, la photo, la calligraphie, les guides pratiques, la littérature illustrée. Privilégiant les chemins de traverse aux itinéraires balisés, toujours prêts à suivre les idées vagabondes, ce partenariat s’inscrit dans ma volonté de faire une autre revue de voyage.
Chaque ouvrage nous propose une aventure à travers un thème spécifique dirigé par un ambassadeur. Cette personne nous propose au fil des pages un autre regard sur le monde à travers ses expériences, ses rencontres, ce qui fait de chaque numéro un voyage unique.
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la revue libertaire Entre le documentaire et le livre d’artiste.
Un positionnement graphique libertaire et littéraire, il s’agit de donner une nouvelle dimension au récit du voyageur.
Photographie FUZI UV TPK. 88
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recherches graphiques J’ai souhaité donner un aspect plus humain à la typographie en la re-dessinant à la main.
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la revue libertaire Recherches graphiques et éditoriales s’inspirant de la graphie des vieux romans, des lettres au plomb. La couverture met toujours en avant le voyageur.
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la revue libertaire La revue reprend les codes graphiques, classiques. La charte graphique ainsi que la composition de l’ouvrage est évolutive selon le voyageur, qui à la manière d’un carnet de voyage sera, tout au long, amené a intervenir graphiquement.
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3. CONCLUSION
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perspective Nous avons vu au cours de ces deux tomes, à travers les différentes analyses et autres expérimentations, l’impact du web dans les pratiques actuelles du voyage. Devant ma volonté de communiquer le voyage à travers un objet éditorial et mesurant l’importance de ses nouveaux canaux de diffusion, ma perspective de développement de mémoire se porte donc sur la fusion d’une plateforme et d’une maison d’édition. Il s’agit de s’interroger sur les possibilités que peuvent apporter les récits de ces voyageurs indépendants (blogueurs) au sein d’une publication. Soucieux de proposer une autre vision du voyage, ce choix selon moi offre une réelle alternative communicationnelle à mon thème de mémoire.
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