2015_MDGRI_PFE_GEHANNE_SYBILLE

Page 1

LANGAGE CHORÉGRAPHIQUE MOUVEMENT, CORPS & ESPACE TOME 1

Master Design Global Design d’Espace École de Condé Paris 2014-2015 Sybille GÉHANNE


LANGAGE CHORÉGRAPHIQUE / MOUVEMENT, CORPS & ESPACE / Tome 1


Je tiens à remercier mes professeurs référents Mme Apolline Torregrosa et M. Gilles Le bars pour leur aide précieuse qui a contribué à la réalisation de ce mémoire. Leur écoute, leurs conseils et leur disponibilité m’ont permis d’avancer et de prendre confiance tout au long de mon projet de fin d’étude. Je leur adresse mes plus sincères remerciements pour la confiance, l’aide et le temps qu’ils m’ont consacré mais aussi, et principalement, pour la motivation qu’ils m’ont apporté pour ce mémoire. Je tiens à remercier profondément mes parents, sans qui rien n’aurait été possible, pour leur contribution financière, leur patience et surtout leur soutien sans limite. Enfin, je tiens à remercier tout particulièrement ma sœur pour son soutien, ses encouragements et pour avoir toujours été présente tout au long de mon travail.

REMERCIEMENTS 03


C

e mémoire a pour but de caractériser une mise en valeur de l’architecture et du design d’espace à travers le langage du corps et plus précisément de la danse.

Un rapport au mouvement, au geste, au vivant et à l’espace est mis en évidence. En effet, pour la danse et l’architecture, nous pouvons l’exprimer par un langage qui peut être commun.

Cet intérêt pour la danse a pour objectif de comprendre et de s’interroger sur sa place dans la création architecturale.

Un espace se construit, se parcourt, s’habite, s’exprime, se met en mouvement et évolue. Le corps se construit, se parcourt, s’habite, s’exprime, se met en mouvement et évolue lui aussi.

Avoir pratiqué cette discipline durant de nombreuses années m’a aidé à appréhender l’espace architecturé par un regard nouveau. J’ai pu développer un langage sensible lié au corps qui m’a permis d’évoluer dans l’espace vide en l’habitant, en le parcourant, en le traversant, en l’articulant. C’est une libération du corps, une projection de l’esprit dans l’espace construit.

Mobilité, modularité, flexibilité sont des notions communes à l’architecture, au corps et à la danse qui leur permettent d’être en intime relation. C’est cette vision, cette forme d’expression du mouvement, de langage chorégraphique qui m’intéresse.

C’est ma formation en design d’espace qui m’a permis d’instaurer un prolongement de ce rapport dans ma perception de l’espace figé, construit et l’espace vivant par le déplacement du corps et le mouvement du dansé. Les deux sont des outils d’expression du corps pour des corps.

Une architecture, construite par des éléments solides, peut être tout aussi vivante (en mouvement, en respiration, en articulation) que le corps dansé. Ce projet permet d’explorer alors différents enjeux de la pratique de l’espace et de la danse en les greffant à un enjeu commun, le langage chorégraphique.

Cependant, cela induit une différence de perception entre l’architecture et la danse. On ne vit pas l’espace dansé comme on vit un espace architecturé. Il ne s’agit pas de mettre en opposition ces deux domaines mais de voir leurs ressemblances, leurs enjeux, leurs valeurs, leurs fonctions, leur relation…

AVANT-PROPOS 05


SOMMAIRE


11

01/ INTRODUCTION Contexte

12

Enjeux

15

14

Problématiques

02/ LE MOUVEMENT PAR LE CORPS

17

Relation corps et espace

20

Théorie du mouvement

24

Corps et perception

32

Le corps et les formes pures

35

L’espace propre du corps

22

Anatomie du mouvement

26

Le corps en mouvement

33

Le corps comme unité spatiale

39

41

03/ LA DANSE Danse et évolution

44

La danse comme expression de soi

55

Danse et action du corps

72

83

04/ ESPACE & MOUVEMENT

86

La matière : expression du mouvement

94

Mobilité architecturale

Langage et écriture du corps

101

Décomposition, fragmentation & rythme

105

Déploiement & éclosion

114

Trace

118

Extension & élasticité

122

Ondulation

127

05/ CONCLUSION

133

Notions mouvement et spatialité :

105

Déplacement, trajectoire & progression

108

Propagation

116

Tension

120

Transformation & mutation

124

50

La notation du mouvement Danse et représentation abstraite

62

Le corps, un interprète

80

81

Le territoire de la danse

08

09


01/ INTRODUCTION


CONTEXTE

« La Danse n’est pas de ces sujets faciles et accessibles à tous. Elle touche aux régions les plus élevées de toute science : rythmique, géométrie, philosophie surtout, physique et morale, puisqu’elle traduit les caractères et les passions. Elle est encore moins étrangère à la peinture et à la plastique ; les actes de l’homme intéressent parfois le corps, parfois l’intelligence, tandis que la Danse occupe l’un et l’autre : elle affine l’esprit, exerce les membres, instruit et charme les yeux, l’oreille et l’âme. » Xénophon (historien et philosophe grec)

Ce travail de recherche permet de définir des axes précis de création : la dynamique et la rythmique spatiale, le mouvement et l’évolution de l’espace ainsi que le parcours et la trajectoire chorégraphique.

Le corps et le mouvement sont les substances vivantes constituant le monde. Ces notions sont indissociables l’une de l’autre et peuvent se développer dans différentes disciplines telle que la danse afin de les magnifier et de développer un langage propre à l’espace.

Le but de ce projet est de repenser et de redéfinir l’espace selon le corps et le mouvement.

Manière de s’exprimer et de se déployer, on peut se demander comment le corps et le mouvement ont une influence sur l’espace et quel langage chorégraphique et spatial peut en découler ?

L’impact du corps, de son déploiement et de son déplacement, permet de générer et de définir des espaces. Mon travail d’analyse permet alors de mettre en évidence le dynamisme et la rythmique du corps par le mouvement et sa décomposition spatiale.

Afin de comprendre la relation entre le corps, le mouvement, la danse et l’espace, différentes analyses et recherches doivent être effectuées.

Les intentions de ce projet sont de créer des principes de mobilités, de flexibilités et de modularités de l’espace à partir de notions propres au corps et au mouvement chorégraphique.

Pour commencer, nous verrons la création du mouvement par une analyse du corps. Ensuite, nous nous attarderons plus précisément sur la danse et la représentation graphique et la perception du corps en mouvement. Enfin, nous analyserons l’espace par la matière architecturale comme génératrice de mouvements et de corps. L’analyse du corps, du mouvement et de l’espace à travers la danse permet de développer des notions importantes comme le rythme, l’énergie, la dynamique, le temps mais aussi le déplacement, l’extension et le déploiement qui permettent un travail d’expérimentation.

12

13


PROBLÉMATIQUES

ENJEUX

Comment retranscrire le langage chorégraphique, l’expression corporel au sein de l’espace ? Quelles relations entretiennent le corps, le mouvement et l’architecture ? Quelle est la place de la danse dans notre société actuelle ? Est-elle un art accessible à l’ensemble de la population ou à un public restreint d’initiés ? La mobilité du corps par la danse est-elle une réponse à la mobilité et au déplacement de l’homme dans l’espace ?

14

Enjeux pédagogiques

Enjeux économiques

Le projet peut avoir un but pédagogique afin d’apprendre à mieux connaître son corps et son langage au sein d’un espace. Rendre accessible et compréhensible l’expérience corporelle et son expression (découverte, prise de conscience, évolution, développement…) à un plus large public d’initiés ou non. Permettre de faire découvrir un nouvel art par la danse et de susciter des vocations.

L’architecture s’adapte aujourd’hui à la demande et au besoin du corps et de son mouvement. Le projet prend en compte l’évolution des nouveaux modes de vie des hommes. Une initiative qui favorise donc l’attractivité et la mobilité afin de répondre aux déplacements de l’homme et à la diversification de ses activités.

Enjeux créatifs

Enjeux culturels

L’enjeu principal de ce projet est de trouver un nouveau rapport entre le corps et l’espace selon un langage chorégraphique : s’exprimer par le corps, par le mouvement ; s’adapter à la mobilité de l’homme ; signaler les particularités de l’espace selon le corps en mouvement ; repérer les notions que peuvent entretenir le corps avec son environnement. Éveiller la curiosité, la sensibilité et l’imaginaire afin de créer un lieu de découvertes et d’expériences qui auront un impact sensoriel ainsi qu’un équilibre individuel et collectif.

Trouver un moyen où le langage corporel, chorégraphique s’adapte à l’espace urbain et permet d’appréhender le corps et l’architecture d’une nouvelle façon. Cette solution permet de proposer des expériences et des activités liées au corps (expression, communication, développement physique et psychique de la personne) et de traverser des territoires d’exclusion culturelle pour toucher un public élargi. Comment le corps peut-il habiter un espace vide et le faire vivre ? Créer une véritable relation entre le corps, le mouvement et l’espace architecturé. Aujourd’hui l’architecture est au service du corps et du mouvement.

Le projet a pour but de traduire les écritures du corps et du mouvement pour les exprimer dans l’espace architecturé. Il doit permettre aux visiteurs de vivre des expériences plus complètes grâce à l’interaction du langage corporel au sein d’un espace lui étant destiné. Permettre de lier les corps en mouvement à un espace répondant à leurs modes de vie. Le projet prend en compte le corps, le mouvement et l’espace qui peuvent en découler.

15


02/ LE MOUVEMENT PAR LE CORPS


Corps et mouvement ne peuvent être isolés l’un de l’autre. Pour comprendre le mouvement, nous devons analyser plus précisément le corps et l’espace du corps ainsi que son anatomie. Le mouvement est généré par une action, une force qui prend naissance au sein même du corps. Cette création d’énergie met en action le corps et un changement de l’attitude de ce dernier.

« L’Homme n’est jamais plus semblable à lui même que lorsqu’il est en mouvement »

Le corps est un lieu de création, de transition et de passage où transite la force et la puissance du geste et du mouvement. Le mouvement est la mise en action de l’espace. C’est l’activité du corps et de l’espace propre du corps. Comment le corps peut-il devenir mouvement ? Comment le corps est-il une unité de mouvement, de forme et d’espace ?

Auguste Rodin

L’espace est créé par des corps en mouvement et pour des corps en mouvement. C’est pourquoi il est important de s’interroger sur la place du corps dans l’espace et, notamment, la relation qu’ils entretiennent par rapport au mouvement. Entre perception, représentation graphique et unité spatiale, le corps est avant tout un espace propre structuré et architecturé qui développe un langage et une gestuelle qui le rendent vivant et qui, par conséquent, donne vie à l’espace dans lequel il se déploie en entrant en activité, en mouvement.

18

19


RELATION CORPS ET ESPACE

Le corps ne peut pas être dissocié de l’environnement qui l’entoure, notamment en ce qui concerne le contexte social et culturel. Le corps est perçu et perçoit. Ainsi, la notion de perception est au cœur même de la conceptualisation du corps. Le corps évolue différemment selon les expériences qu’il peut vivre dans l’espace. Ainsi, en d’autres termes, le corps et l’espace sont appelés à interagir entre eux. Suite à la découverte de nouvelles technologies, il est possible de voir émerger de nouveaux corps et de nouveaux espaces.

Le corps ressent des sensations qui sont transmises à la peau grâce aux réseaux nerveux. La notion de perception permet de mettre en lumière l’idée que la perception est le prolongement du corps, aussi bien de part la perception qui peut être faite de l’espace extérieur du corps que de part son espace intérieur. Elle est aidée par l’organe de la vue qui permet de voir au-delà de ses limites. La perception de l’espace permet au corps une perception visuelle mais elle peut également s’étendre à la perception tactile. En effet, par exemple, des sensations de chaleur ou de froideur peuvent émaner de la vue ou du toucher de certaines matières ou de certaines couleurs.

De part sa constitution, le corps humain a une position verticale lui permettant d’appréhender l’espace qui le cerne. Le corps prend conscience de toute l’ampleur de l’espace et de la position centrale qui est la sienne. Ainsi, l’espace est orienté de six manières différentes. Le corps est mesurant de part sa verticalité, mettant en évidence certaines différenciations relatives aux mouvements corporels. Ainsi, le déplacement vers l’avant ou vers l’arrière, la gauche ou la droite ainsi que la grandeur de taille entre le haut et le bas sont des appropriations inhérentes au domaine du corps humain. De plus, la vision est un organe important puisqu’elle permet de mettre également en lumière ces mêmes différenciations au niveau de la perception. De part cette perception, le corps mesure les éléments qui lui sont donnés de voir.

Rudolf Laban, Gammes Dynamosphériques

Relation entre le corps et l’espace par le mouvement. Le mouvement redessine l’espace.

20

21


L’ESPACE PROPRE DU CORPS

Le corps possède un espace qui lui est propre et qu’il transporte au gré de ses mouvements. Cet espace délimité apporte directement des renseignements de nature sensorielle. Ils trouvent leurs origines dans les sens qui sont l’entité même du corps humain, tels que la vue, l’odorat ou encore l’audition.

« Loin que mon corps ne soit pour moi qu’un fragment de l’espace, il n’y aurait pas d’espace pour moi si je n’avais pas de corps »

Le corps entretient un rapport étroit avec l’espace. L’espace propre du corps est l’espace vécu. Le corps perçoit et est perçu. Le corps apporte une connaissance vécue de l’espace. Ainsi, les informations que le corps reçoit de son environnement font parties de la perception directe. Cette perception permet au corps de s’adapter à une situation donnée, à la réalité. Le corps peut être considéré lui-même, dans sa propre entité, comme étant un espace délimité et total. Le corps peut être emprisonné dans l’espace qui est le sien, dans son propre corps. La paralysie entière du corps est un exemple de la perception de l’espace du corps. En effet, le corps est contraint à son impuissance physique alors même que ses fonctions intellectuelles sont présentes.

Maurice Merleau-Ponty

Klaus Kampert

L’espace se déplace grâce aux différents mouvements qu’effectuent le corps. Ainsi, le corps est le centre de l’espace qu’il occupe entièrement. L’espace est habité par le mouvement corporel qui vient déterminer l’espace propre du corps. La spatialité du corps permet la perception de sensations internes.

Le corps de l’homme est représenté comme un tout. Le corps et l’âme sont unifiés dans l’espace propre du corps.

22

23


LA THÉORIE DU MOUVEMENT La théorie du mouvement selon Rudolf Laban est l’analyse des mouvements de l’être humain dans le volume qui l’entoure.

LA KINESPHÈRE

La Forme Quels sont les différents chemins empruntés par le mouvement ? La forme plastique du corps humain et sa relation à son environnement changent à chaque mouvement. Son apparence change en raison de la respiration. La forme est le moyen de communication entre le danseur et les autres. C’est ce qui le rend perceptible à l’environnement.

Laban définit différents plans du mouvement : horizontal, vertical, sagittal. Il distingue six catégories distinctes du mouvement Le Corps Qu’est-ce qui bouge et comment ? Quel est le mouvement produit ? L’étude du mouvement s’effectue sur différentes parties du corps et les articulations afin de définir la fluidité et la direction. Il faut connaître alors l’anatomie du mouvement pour savoir d’où part le mouvement, quelle partie du corps l’a initié et quels sont les faits, actions qui en résultent.

Laban défini cette théorie par la kinesphère qui désigne l’espace qui s’étend autour du corps et jusqu’à l’extrémité des membres tendus dans toutes les directions. La kinesphère symbolise alors l’espace personnel du corps. Cette sphère représentative du corps en mouvement se déplace avec le danseur qui en est son centre. Le centre de la sphère constitue le centre de gravité du corps.

Le Phrasé ou le Rythme Dans quel laps de temps et suivant quel rythme s’effectue le mouvement ? Le rythme est propre à chaque personne. L’utilisation de son corps dans le temps et l’espace selon l’énergie définit son phrasé. Cette notion caractérise l’inconscient d’un individu et donc le comportement qui en découle.

L’Espace Où va le mouvement ? Dans quel espace s’inscrit-il ? Le corps doit vivre avec son environnement et s’y développer. Il élabore la kinesphère, l’espace du mouvement qui permet d’apprendre à utiliser l’espace et à le visualiser en fonction de l’énergie du mouvement.

« La kinesphère est une sphère imaginaire dont le danseur est le centre, formée par tous les points de l’espace que peuvent atteindre les extrémités du corps, sans déplacement des pieds sur le sol. Le centre du corps du danseur et le centre de la kinesphère se confondent, et lorsque le danseur se déplace dans l’espace, il déplace avec lui cette sorte de bulle. Les possibilités de mouvement sont ensuite décomposées en fonction de lignes de direction qui passent toutes par le centre. On obtient un parallélépipède en rejoignant les extrémités des différentes directions : la verticale «haut-bas», l’horizontale «droite-gauche» et la transversale «devant-derrière». En ajoutant à ces trois directions les diagonales intermédiaires, on obtient la figure fondamentale de l’icosaèdre, formée de douze sommets. » La danse au XXème siècle, Isabelle Ginot et Marcelle Michel, Paris, Larousse, 2002, p.86.

L’Interrelation Comment l’individu en mouvement est-il en relation avec son entourage ? L’interrelation se caractérise comme la relation entre le corps en mouvement et un autre individu ou un objet. Cette notion varie selon l’individu et la manière dont le corps rentre en relation avec l’autre. On distingue deux degrés de relation : un rapport de forces ou d’égalité.

L’Effort Comment le mouvement est-il exécuté ? Avec quelles qualités d’énergie ? Analyse de l’énergie du corps par les combinaisons corporelles du poids, du temps, de l’espace et du flux. Cette analyse de l’énergie définit une qualité de l’expression non verbale qui varie selon les individus et l’environnement.

Le but de ces études étaient pour Laban d’éprouver, d’observer, de comprendre et de présenter les différents aspects du mouvement. Rudolf Laban, Choreographie (1926) Photographies montrant un corps dansant dans la kinesphère. Les mouvements ne dépassent pas de la sphère. On perçoit alors l’espace personnel du danseur.

24

25


ANATOMIE DU MOUVEMENT Afin de parler du mouvement par le corps, nous devons nous intéresser à l’origine du mouvement qui réside dans l’anatomie du corps humain.

Dans l’étude anatomique, on considère trois plans dans lesquels se font les mouvements.

LE PLAN SAGITTAL Le plan sagittal est celui qui divise le corps en corps droit et en corps gauche. Les mouvements sont visibles de profil.

Gestuelle expressive et mouvement abstrait sont soumis au même effort d’analyse. En danse, le positionnement correct des membres relève, selon Blasis, d’un «savoir de perpendiculaires d’horizontales, d’oblique, d’angles» justifié par l’anatomie

Un mouvement en avant est alors appelé flexion. Un mouvement en arrière est appelé une extension.

Plan sagittal

Flexion de hanche

26

Flexion pour l’épaule

Extension du cou

27

Extension pour l’épaule


LE PLAN FRONTAL

LE PLAN TRANSVERSAL

Le plan frontal est celui qui divise le corps en face antérieure et en face postérieure. Les mouvements sont visibles de face.

Le plan transversal est celui qui diviset le corps en corps supérieur et inférieure. Les mouvements sont visibles d’en haut ou d’en bas.

Un mouvement en plan frontal portant sur une région du corps : • Vers la ligne médiane du corps est appelé une adduction. • Loin de la ligne médiane du corps est appelé une abduction.

Un mouvement en plan transversal portant sur une partie du corps en dehors s’appelle une rotation externe, en dedans s’appelle une rotation interne.

Pour le tronc et le cou, un mouvement en plan frontal est appelé inclinaison latérale.

Plan frontal

Adduction de la hanche

Plan transversal

Rotation externe ou latérale de hanche

Inclinaison latérale droite

Abduction d’épaule

28

29

Rotation interne ou médiale d’épaule.


Les os s’unissent entre eux par des zones appelées articulations. Celles-ci sont plus ou moins mobiles.

LES ARTICULATIONS

Les deux parties osseuses qui entrent en contact ont une forme qui leur permet de s’ajuster l’une sur l’autre et également de bouger l’une sur l’autre : ce sont les surfaces articulaires. Il y en a de multiples formes, les principales pouvant être comparées à des systèmes mécaniques simples.

LE SQUELETTE ET LES MUSCLES l’énergie et la force pouvant porter les mouvements du corps. Les études sur l’anatomie de Léonard de Vinci mettent en évidence les contraintes répétées des os et des muscles : contrainte en pression, en flexion, en torsion et en traction.

Le squelette est une armature qui constitue le support rigide du corps. C’est une armature mobile dont les os servent de leviers pour les tractions des muscles. Les os permettent de réaliser l’ensemble des mouvements du corps. Quant aux muscles, ils sont

Une sphère creuse correspondant à une sphère pleine : c’est une rotule mécanique, appelée énarthrose, qui permet des mouvements dans toutes les directions (exemple : épaule). L’emboîtement réciproque des surfaces est plus ou moins complet. C’est ce qu’on appelle la congruence.

Deux fragments de cylindre, un creux et un plein : c’est une articulation qui permet des mouvements dans un seul plan.

Une ellipse creuse correspondant à une ellipse pleine : ceci permet des mouvements dans les trois plans.

L’épaule a une congruence faible

30

La hanche a une forte congruence

Léonard De Vinci, Études anatomiques du squelette et des muscles, vers 1509-1510

31


CORPS ET PERCEPTION

LE CORPS EN MOUVEMENT « Tout mouvement de quelque nature qu’il soit est créateur. »

Edgar Allan Poe

Le corps est amené à percevoir des sensations émanant de son environnement extérieur. Cette perception est possible grâce notamment aux capteurs sensoriels qui sont présents dans l’ensemble du corps humain.

Le corps en mouvement définit une évolution du corps dans l’espace et le temps, un parcours de l’espace et dans l’espace. Cette action du corps permet d’habiter le vide et donc de faire vivre l’espace architecturé figé. Il permet d’être alors l’organisme vivant de l’espace à travers une énergie.

Ces derniers vont directement communiquer des informations au cerveau. Les sens se rejoignent, s’harmonisent entre eux.

La chronophotographie permet d’expliquer cette idée.

Ainsi, pour trouver l’équilibre, le corps a besoin de l’audition avec l’utilisation de l’oreille interne, de la vue ainsi que de la peau avec la coordination des pieds.

La chronophotographie, technique photographique élaborée par Eadweard Muybridge consiste à prendre une succession de photographies à intervalles de temps réguliers afin de visualiser la décomposition du mouvement des humains et des animaux. Le but est de rendre visible l’invisible.

Chaque corps a une manière personnelle de percevoir le mouvement en raison de la mémoire sensorielle qui est propre à chaque être. Le mouvement peut s’exprimer pleinement au niveau de la danse, notamment par la mise en scène de sensations de mobilité ainsi que par celles qui sont reçues par le spectateur.

En effet, à travers une décomposition et une fragmentation du mouvement, nous pouvons distinguer une propagation du geste et de l’énergie dans l’espace mais aussi une progression du mouvement.

Étienne-Jules Marey, Chronophotographie (1926) La décomposition du mouvement de la marche permet de développer des formes géométriques rythmiques et de dessiner le mouvement dans l’espace. Cette écriture du mouvement donne une idée d’espace.

32

33


LE CORPS ET LES FORMES PURES

La chronophotographie est un système qui fige le mouvement et le temps afin de mettre en valeur le passage et les transitions d’un mouvement à un autre. C’est l’illustration de l’extension du corps dans le vide de l’espace. C’est une écriture du corps dans l’espace telle une progression.

Oskar Schlemmer a étudié le corps humain et ses rapports avec l’espace. Il représente alors le corps avec des formes pures telles que le cercle, la sphère, les lignes géométriques… Ces formes géométriques permettent de placer l’homme comme construction mécanique.

La décomposition du mouvement est créatrice d’espace, d’énergie et de transition temporelle.

La danse est une rencontre entre l’espace et le temps, entre la forme et le mouvement. Pour Schlemmer, la danse est la rencontre entre le corps et l’espace par une succession de tension, d’équilibre et de mouvement.

Eadweard Muybridge - Chronophotographie d’un saut

Vision analytique et artistique du corps en lui construisant une représentation abstraite et symbolique. L’œuvre se caractérise par la composition en diagonale, la schématisation des personnages, la mise en évidence des angles et le côté mécanique du mouvement.

La captation photographique du geste de Benjamin Taguemont met en évidence le mouvement du corps dans l’espace et l’empreinte immatérielle qu’il laisse. Le corps habite alors l’espace par le geste, le temps et l’énergie.

Par le prolongement du corps avec les bâtons, Oskar Schlemmer développe une métamorphose du corps. Le corps se déploie et se prolonge.

Oskar Schlemmer - La danse des bâtons (1927)

« Il traduisait dans le langage abstrait de la géométrie ou de la mécanique ses observations de la figure humaine en mouvement dans l’espace. Il transformait les danseurs et les acteurs en architectures en mouvement. Il ressentait avec empathie les directions et la dynamique d’un espace » Eadweard Muybridge - Etude sur l’homme qui court

Walter Gropius, Scénographies au Bauhaus Dessau 1927 - 1930 : Hommage à Oskar Schlemmer

Benjamin Taguemount - Danseuse C

34

35


Luc Petton s’est inspiré de la Danse des Bâtons d’Oskar Schlemmer (1927) afin d’explorer l’ensemble des ressources du bâton lié au corps. Le corps du danseur est prolongé horizontalement sur l’ensemble du dos à l’inverse d’Oskar Schlemmer qui prolongeait les membres. L’extension du corps permet de créer une multiplicité de figures. Chaque geste prend un sens spatial et mécanique. Le mouvement dessine un dialogue dans l’espace. Ce nouveau langage chorégraphique propose une mutation du corps dans une gestuelle plus grande à travers des formes géométriques abstraites évoluant dans l’espace.

Le Guetteur Luc Petton & Cie - Oscar

Réinterprétation du travail d’Oskar Schlemmer et de Luc Petton par des expérimentation. Le mouvement mutant du danseur est retranscrit dans l’espace afin de dessiner de nouvelles spatialités dynamiques et graphiques. La dynamique évolue et propose des jeux de mouvements graphiques entre ombre et lumière. L’espace propose alors une spatialité liée directement au corps et à son mécanisme.

36

37


LE CORPS COMME UNITÉ DE MOUVEMENT

L’Homme de Vitruve illustre les proportions, l’équilibre et le mouvement du corps humain selon le nombre d’or.

Le Corbusier a créé le Modulor afin de standardiser l’architecture pour l’homme. Il reprend l’idée de Vitruve, consistant à proportionner un bâtiment aux dimensions d’un corps humain.

L’homme est placé au centre de l’univers par son inscription dans un cercle avec les bras et jambes écartés.

Le modulor est une silhouette dimensionnée servant à concevoir la structure et la taille des unités d’habitation. Selon les proportions exactes du modulor, le corps profite d’un confort maximal dans ses relations avec son espace de vie dans ses mouvements et déplacements.

Le corps humain est une unité de mouvement mais aussi une unité d’espace.

Léonard de Vinci - L’homme de Vitruve (1492)

38

Le Corbusier - Le Modulor (1944)

39


03/ LA DANSE


Le travail du corps et du mouvement se développe dans différents domaines comme à travers la danse et l’art visuel.

Danse, corps et espace sont alors des éléments pouvant être représentés dans l’art visuel grâce à leurs caractéristiques mettant en scène le mouvement et la gestuelle.

Comment la danse peut être une expression du mouvement et du vivant dans l’espace ? De quelle manière le corps, la gestuelle et la trajectoire peuvent être représentés et exprimés dans l’art (peinture et sculpture) ?

L’exposition «Danser sa vie» au centre Pompidou de Paris m’a permis d’approfondir mon approche de la danse dans sa représentation sensible liée directement au geste.

La danse a connu diverses variations de langage. Après avoir ordonné le corps à des gestes stricts et précis, le corps et le mouvement se libèrent au fur et à mesure. Cette évolution permet de développer un regard nouveau sur le mouvement et, plus précisément, sur le corps en action et sa représentation abstraite.

La danse, le mouvement et le corps sont une matière à créer, à écrire et à transmettre à travers l’art. L’art saisit la gestuelle et le corps dans leurs formes les plus abstraites. Le corps est alors une sculpture vivante.

La libération du corps développe un nouveau langage, une nouvelle notation du mouvement et donc une expression plus personnelle de la gestuelle dansée. Le corps en mouvement devient un interprète de la vie et s’actionne dans de plus larges territoires et selon différentes formes : mécaniques, abstraites, rythmiques et géométriques. Le geste et l’énergie du corps dansant permettent d’écrire dans l’espace et de créer de nouveaux volumes à vivre. Le corps est alors un crayon qui se déplace selon sa propre écriture chorégraphique. La danse, c’est saisir l’insaisissable. L’énergie et l’intensité du corps s’écrivent, se perçoivent et s’expriment dans l’espace par un jeu graphique et abstrait de déplacement.

42

43


DANSE ET ÉVOLUTION « L’histoire de la danse est i l’histoire sociale du monde. »

Martha Graham

LA DANSE CLASSIQUE

LE MODERN DANCE

L’histoire de la danse débute avec l’arrivée de la danse classique. La danse classique apparaît dès le 17ème siècle et prend davantage d’ampleur sous le règne de Louis XIV.

La danse moderne est un courant artistique qui a été créé dans les années 1920. Elle est apparue comme une manière de s’opposer à la rigidité et aux codes de la danse classique. Le modern dance a permis une libération plus importante du mouvement du corps.

La danse classique est la base de toutes les danses et l’une des plus exigeantes. Elle se caractérise par une extrême rigueur, netteté, et élégance. C’est une des danses les plus codées, il y a un total contrôle de son corps avec l’équilibre, la stabilité selon un alignement vertical, l’en-dehors... La danse classique se définit aussi comme une narration, elle permet de raconter des histoires par la danse et la musique composée. Nous pouvons le constater notamment avec des ballets tels que Le lac des Cygnes (1876) ou encore Gisèle (1841). Au début du 20ème siècle, le ballet classique prend une autre forme plus «contemporaine» avec les ballets russes comme, par exemple, « Le Sacre du Printemps » de Nijinski, 1913.

Gisèle - Diana Vishneva

La danse moderne a connu un essor considérable et est à l’origine d’autres formes artistiques qui ont émergées, comme la danse contemporaine et le modern jazz. La danse moderne s’est notamment développée grâce à l’Américaine Isadora Duncan, l’Autrichien Rudolf Von Laban accompagné de sa disciple allemande Mary Wigman. Cependant, la grande initiatrice qui a fixé les bases de cette danse est Martha Graham. La création de la danse moderne est basée sur l’apport de la propre technique de Martha Graham. Cette méthode repose sur la respiration et la contraction. Martha Graham a particulièrement travaillé sur le positionnement en « flexion » avec la danse pieds nus. Elle a également fait des recherches lui permettant d’utiliser l’étendue de la surface au sol grâce au déplacement. Pour elle, l’origine du mouvement résulte de pulsions internes. Le corps, et plus précisément les sens, doit ressentir le mouvement afin de pouvoir ensuite l’extérioriser. Ainsi, elle va tout d’abord créer le mouvement avant de pouvoir l’exécuter. Elle écarte les codes de la danse classique pour n’en conserver que l’en-dehors.

Martha Graham - Ekstasis (1933)

Depuis, des chorégraphes comme Balanchin ou Bejart ont repris un certain nombre de ces œuvres en y mettant leur touche personnelle afin de les rendre plus actuelles. En France, l’Opéra de Paris reste l’antre de la danse classique. D’autres centres de formation, tels que les conservatoires, ou des centres comme Rosella Hightower (Cannes) sont les passages incontournables pour l’apprentissage du classique.

Le Lac des Cygnes - Taiwan, 2006

44

Martha Graham - Lamentation (1930)

45


LA DANSE CONTEMPORAINE

LA DANSE HIP-HOP

La danse contemporaine est une danse actuelle qui va au-delà de la simple narration. Elle permet d’extérioriser les différentes émotions et sensations qui nous parcourent afin d’amener à une danse d’auteur.

La danse Hip Hop est associée à la danse de rue. Elle est issue de divers courants artistiques identiques à la danse jazz. De manière littérale, le Hip renvoie à « in », c’està-dire « dans le coup », et le Hop renvoie plutôt à l’idée de « sautiller ».

La danse contemporaine représente un mode d’expression du corps qui se libère des critères exigés par la danse classique. Ainsi, elle va permettre à tous les corps de s’exprimer, peu importe les références de bases liées à la morphologie, à la taille, au poids ou encore à la souplesse.

La danse Hip Hop a été créée dans les années 1930. L’une de ses origines est notamment due aux danseurs noirs américains. Cette danse se traduit par des mouvements techniques acrobatiques, liés à des pas de claquettes. La tonicité et la rapidité de la danse Hip Hop permettent une continuité dans le déplacement du danseur. Cette gestuelle est indissociable de la musique. En effet, elle utilise le temps de la musique, et particulièrement les contretemps, afin d’exécuter davantage de mouvements.

D’autres formes du mouvement naissent, alliant notamment les formes angulaires à un travail de déséquilibre et de décalé. La danse contemporaine met également l’accent sur la pratique des pieds flexs et du dos courbé.

Les années 1970 voient apparaître le «Lock» qui est une modification de la gestuelle. Elle met en avant la désarticulation d’une ou de plusieurs parties du corps associée à des mouvements de blocage. Les lockers vont être à l’origine d’un nouveau style de danse : « la street dance ».

La position de départ du danseur contemporain est dite position zéro. De cette position émane tous les mouvements du corps. Ces déplacements sont fondés sur l’espace, le temps ainsi que l’énergie.

Pina Bausch - Tanztheater

Ce modèle de danse a été inspiré par de nombreux autres styles, tels que le moderne, le jazz ou le classique.

1.

1. Le travail de Pina Bausch 2. Pina Bausch Blaubart (performance), 1977

2.

46

Bob Emmott - Rennie Harris Puremovement

47


ANNE TERESA DE KEERSMAEKER

Le travail d’Anne Teresa De Keersmaeker réside dans l’utilisation de la musique comme élément créateur de son discours chorégraphique. Elle renoue alors le lien entre la musique et la danse. Elle utilise la rythmique, l’énergie, la rigueur et l’émotion de la musique afin d’écrire ses partitions de mouvement. La relation intime entre la danse et la musique permet à Anne Teresa De Keersmaeker de développer les bases de géométries scéniques et sonores à travers les cercles, les courtes spirales et les diagonales. Les éléments fondateurs de son travail sont la répétitivité du motif, l’abstraction géométrique, l’énergie du rythme et la compréhension intime de la composition musicale.

Processus de répétition du motif.

Croquis sur la notation chorégraphique de Violin Phase d’Anne Teresa De Keersmaeker. Ce travail met en évidence la mécanisation et la répétition du geste et du corps dans un processus de création.

De plus, dans son travail, nous pouvons observer la mise en avant de la mécanisation des gestes du quotidien et des machines. Dans Rosas danst Rosas (1983), les danseuses prennent place sur des rangées de chaises et exécutent subitement, alors que la musique s’amplifie, des mouvements saccadés et répétitifs de la partie haute du corps de manière synchrone puis décalée. Il y a une représentation du travail en usine par la mécanisation du mouvement lié à l’intensité de la musique mais aussi par la rythmique et la répétition en continue de la partition chorégraphique.

Anne Teresa De Keersmaeker - Fase (1982)

Anne Teresa De Keersmaeker - Rosas danst Rosas (1983)

Anne Teresa De Keersmaeker - Violin Phase (1982)

48

Anne Teresa De Keersmaeker - Violin Phase (1982)

49


LA NOTATION DU MOUVEMENT La danse s’écrit et se note. De cette notation découle un jeu graphique définissant une spatialité.

Les gestes, les mouvements, l’énergie paraissent insaisissables pourtant des systèmes de notations du mouvement ont été élaborés afin de transmettre les mémoires graphiques de la danse.

La notation du mouvement permet donc de retranscrire graphiquement la danse et notamment son impact dans l’espace : déplacement, progression. Le langage écrit des corps fige leurs mouvements et donne une lecture des séquences chorégraphiques dans l’espace que les corps occupent. Ce système permet de voir l’espace où se développe le mouvement, le temps du mouvement, la durée et le poids du corps.

Chacun des systèmes de notation témoigne d’une manière singulière de comprendre le mouvement. La notation du mouvement se définit comme aide-mémoire dans le processus de travail, support d’apprentissage, de création mais aussi comme une forme de préservation et de transmission d’un patrimoine artistique.

Rudolf Von Laban a développé la cinétographie. Partant de l’idée que la musique et la danse étaient deux arts différents, il a développé un système d’écriture de la danse tout à fait différent de celui de la musique : son écriture de la danse se fait du bas vers le haut et il invente un système de signes graphiques pour exprimer les éléments fondamentaux de la danse (poids du corps, avant, arrière, lent, rapide, gauche, droit, pieds, mains,…).

La partition chorégraphique propose une puissance graphique variable selon chaque chorégraphe. Chacun a sa propre analyse du mouvement et élabore une écriture différente du mouvement. Ils développent des écritures techniques qu’ils sont seuls à comprendre et qui leur permettent de ne pas perdre la trace de certaines séquences chorégraphiques. Cependant, de véritables systèmes de notations tels que la cinétographie Laban et la notation Benesh sont utilisés de manière universelle.

Rudolf Laban présentant sa notation

Rudolf Laban, Notation chorégraphique. Utilisation de symboles géométriques et du noir et blanc définissant chaque mouvement du danseur dans l’espace.

Danseurs dansant sur la notation Laban au sol.

50

51


Luncinda Childs a créé sa notation personnelle. Sa méthode de notation se construit à partir d’une grille, de points et de courbes. Dans l’espace de cette grille de points se dessine les mouvements des danseurs mais aussi l’espace qui doit être habité par le corps.

Cinq danseurs se déplacent sur des ensembles de diagonales qui traversent l’espace. Tout au long de la danse, diverses combinaisons de regroupement sont explorées. Création de formes géométriques qui redessinent l’espace.

Le mouvement s’écrit selon des formes géométriques et des courbes rappelant le corps entre formes et articulations.

John Cage, Fontana Mix (1958)

John Cage, Variations I-III (1961)

Lucinda Childs, Notation, Melody Excerpt New-York, 1977

Utilise principalement la courbe, le point et la ligne comme figure de notation pour mesurer l’espace et le temps propres à la partition.

Lucinda Childs, Congeries on Edges for 20 Obliques (1975)

52

53


LA DANSE COMME EXPRESSION DE SOI « Le geste est l’agent direct du cœur » François Delsarte

LA DANSE ET LE CORPS COMME SCULPTURE VIVANTE

Nijinski provoque le scandale avec cette chorégraphie : relatant les aventures d’un faune surpris par des nymphes, il crée un vocabulaire gestuel inédit, en lien direct avec l’argument du ballet pour lequel il s’inspire des bas-reliefs et des vases antiques. Dans un espace uniquement bidimensionnel, il oblige les corps à évoluer de profil et en torsion. Le choc viendra aussi de l’attitude ouvertement érotique du faune. Nijinski propose une danse d’expression où le corps est l’enveloppe de l’âme du faune.

Andy Wharol était passionné de danse et notamment de danse de salon. Il a développé une notation de ces danses à travers la représentation d’empreintes de semelles de chaussures noires et blanches alliées à des flèches directionnelles.

« Ceux qui nous parlent d’art et de poésie à propos de ce spectacle se moquent de nous. Ce n’est ni une églogue gracieuse ni une production profonde. Nous avons eu un Faune inconvenant avec de vils mouvements de bestialité érotique et des gestes de lourde impudeur. » Gaston Calmette dans Le Figaro du 30 mai 1912 Nijinski, L’Après-Midi d’un faune, 1912

Cette nouvelle gestuelle de la danse inspirée de l’art antique propose des directions, des déplacements et une perception différente du corps en mouvement. Le corps habite et évolue dans l’espace d’une manière nouvelle.

Avec ces représentations, les danseurs se déplacent et effectuent les pas de danse avec facilité. Les lettres et les numéros indiquent les appuis et le nombre de pas à effectuer. 1.

Andy Warhol - Dance Diagram for The Charleston

54

1. Auguste Rodin, Nijinski, 1912 2. Franz Kline, Nijinsky, 1950

2.

55


ISADORA DUNCAN ET LA DANSE LIBRE

« Mon art est précisément un effort pour exprimer en gestes et en mouvements la vérité de mon être. Il m’a fallu de longues années pour trouver le moindre mouvement absolument vrai. Les mots ont un sens différent. Devant le public qui venait en foule à mes représentations, je n’ai jamais hésité. Je lui ai donné les impulsions les plus secrètes de mon âme. Dès le début, je n’ai fait que danser ma vie. » Isadora Duncan

De nombreux sculpteurs et plasticiens ont travaillé le corps comme une sculpture vivante. Edgar Degas a beaucoup travaillé sur le corps et notamment la danse. Il a réussi à représenter le mouvement de la danse et du corps à travers une représentation statique. Ses figures révèlent des corps parcourus par une tension qui les étire, les courbe, les soutient dans des poses en équilibre qui sont difficiles à maintenir.

Isadora Duncan explore la danse et son corps en rejetant les codes de la danse classique. Ainsi, elle dévoile les lignes de son corps à travers une tunique légère et danse pieds nus. Elle développe alors la danse libre qui permet d’interroger le corps différemment. Elle libère le corps de tous ses artifices et développe ses mouvements afin d’en comprendre leurs mécanismes.

Ce travail autour des danseuses a permis d’étudier un grand nombre de postures du corps en mouvement.

Edgar Degas - Danse espagnole (1921-1931)

56

La danse, le corps en mouvement, l’équilibre et la posture sont figés par la matière et dans l’espace.

Isadora Duncan

Edgar Degas - Danse espagnole (1921-1931)

Jules Chadel - Études d’Isadora Duncan

Isadora Duncan se rapproche de la nature et exploite son corps par des mouvements libres et purs. Par ce concept, elle travaille sur les courbes du corps liées aux mouvements, à la métamorphose de la nature telle que la forme organique de la vague. Ce travail amène le corps à s’exprimer autrement, on danse avec notre âme et nos émotions. La musique prend une place importante dans la libération du corps. Pour Isadora Duncan, la musique symphonique développe le corps et les mouvements. Avec la danse libre, Isadora Duncan représente le symbole de l’émancipation du corps et de l’esprit en rejetant les codes rigides de la société.

57


LA DANSE, LIBÉRATION DU CORPS DANS LA NATURE

« L’Harmonie de la musique existe dans la nature ainsi que l’harmonie du mouvement. …Tous les mouvements de la terre suivent les grandes lignes onduleuses. Le son voyage en ondes ; la lumière se propage en ondes ; les mouvements des eaux, des vents, des arbres et des plantes progressent en ondes. Le vol des oiseaux, ainsi que la course de tous les animaux, suivent les grandes ondulations. C’est alors en cherchant la base sur laquelle on peut construire le mouvement humain, que j’ai pris ce mouvement onduleux comme point de départ. »

« La Danse est un art comme un autre, elle doit aussi commencer par ce premier grand principe : regarder la nature… La Danse consiste dans les mouvements du corps humain, dans leurs relations avec les mouvements de la terre, et, quand ces mouvements ne sont pas en harmonie entre eux, ils sont des mouvements faux. Voilà la première loi pour l’étude de la Danse : étudier les mouvements dans la nature. » Isadora Duncan

La libération du corps amène certains chorégraphes et peintres à travailler sur le corps nu dans l’environnement naturel. L’école de danse de Rudolf Laban est l’exemple le plus fort. Les danseurs travaillent l’émancipation du corps à travers la nudité et en accord avec l’environnement qui les entoure. Cette libération de l’esprit dans la nature se dessine à la manière d’Henri Matisse et d’André Derain qui étudient également le corps nu dansant. D’ailleurs, nous pouvons observer la forte similarité entre peinture et photographie.

Isadora Duncan - « Une visite de Rodin » - Ecrits sur la danse Danseurs de l’école de danse de Rudolf Laban à Monte Verità

Le dessin de Bourdelle développe le corps d’Isadora Duncan selon un jeu de courbes lié au corps et au vêtement qui se propage dans l’espace.

Antoine Bourdelle, Isadora Duncan 1911

58

Henri Matisse, La Danse, 1909

André Derain, La Danse, 1906.

59


« L’ondulation me semble être le mouvement fondamental dans la nature » Isadora Duncan

DANSE MACABRE ET CORPS POSSÉDÉ

Mary Wigman travaille sur la danse d’«expression» La danse d’expression se caractérise par un engagement total du corps mais aussi de l’âme. Chaque sensation, perception doit être ressentie et s’exprimer par le corps. Elle rompt alors les positions et mouvements de la danse classique. Le corps est ployé, les bras tendus, la nuque renversée et le visage tourné vers le ciel. Elle joue aussi sur les pliés et le dos courbé. Ces différentes postures sont utilisées notamment dans la Danse des sorcières (1926). Dansant sur les rythmes des percussions et avec des masques, le corps semble être entièrement sous l’emprise d’une puissance invisible, comme si le corps était possédé. Mary Wigman, Hexentanz, 1926

Cette impression de corps possédé est liée à la libération du corps qui exprime l’ensemble des émotions du danseur. Ernst Ludwig Kirchner a retranscrit les danses macabres de Mary Wigman pour retranscrire à son tour les mouvements et les émotions du corps possédé. « Il est infiniment stimulant et attirant de dessiner ces mouvements de corps. Je vais en faire de grands tableaux. Oui, ce que nous avons pressenti est devenu réalité. L’art nouveau est là »

La Tanzschule Laban à l’entraînement sur la plage du Wannsee près de Berlin (1930)

60

Ernst Ludwig Kirchner

Ernst Ludwig Kirchner Danse Macabre de Mary Wigman, 1926

61


DANSE ET REPRÉSENTATION ABSTRAITE

L’abstraction se définit comme la libération du corps en mouvement et de la gestuelle de la danse à travers les arts visuels. L’abstraction est la relation intime de plusieurs notions : Espace, rythme et mécanisation du mouvement par le corps.

Travail sur l’esthétique du mouvement à travers sa fluidité et son élégance. Réalisation d’une série de photographies en pause longue permettant de transformer des corps nus en images abstraites et énergiques liées au mouvement du corps.

Tirée par la gravité et l’éclatement d’une tension de surface, l’eau devient une figure en mouvement dans l’espace vide. Capture de moments éphémères en les photographiant dans le moment exact pour en tirer une certaine esthétique du mouvement.

Ce travail se rapproche de celui de Loie fuller dans l’énergie du mouvement et l’image abstraite qu’elle donne.

LOIE FULLER Loie Fuller est une danseuse américaine qui a développé un langage abstrait du corps dans l’espace à travers le mouvement et la couleur. Elle investit l’espace par l’animation de voiles de couleur formés par d’amples mouvements. Cette mise en mouvement des voiles permet de prolonger le corps et de créer de multiples formes et volumes éphémères par le biais d’un éclairage spécifique. Ces formes abstraites permettent d’investir davantage l’espace tout en le faisant vivre autrement. Le jeu se porte plus sur le vêtement comme créateur de mouvement et non sur la rigidité du corps. L’espace est une matière vivante mise en lumière par le mouvement du corps.

Loie Fuller - Danse serpentine (1897-1899)

Shinichi Maruyama - Nude

62

Shinichi Maruyama -Water sculptures

63


LA DANSE COMME REPRÉSENTATION DU MOUVEMENT DANS L’ART ABSTRAIT Selon Kupka «Le danseur produit en se mouvant les mêmes courbes, les mêmes droites que le peintre et le sculpteur inscrivent dans la matière immobile» (La création dans les arts plastiques, 1923)

František Kupka et Sonia Delaunay ont tous deux travaillé sur la représentation du mouvement par la décomposition et la fragmentation rappelant le travail sur la chronophotographie. Dans la composition picturale de Kupka, le corps disparaît totalement en raison de la fragmentation contrairement à Sonia Delaunay où les corps se distinguent encore mais se déforment. Ce jeu de rythme, de couleurs, de formes ré-agencées des corps fractionnés nous permet de pénétrer dans la représentation abstraite de la danse.

František Kupka, La Foire ou La Contredanse, 1912-1913

Croquis traduisant les formes et espaces réalisés par le travail de Loie Fuller. Des formes abstraites se dessinent et envahissent l’espace.

Sonia Delaunay, Le Bal Bullier, 1913

64

65


« Les différentes positions du corps, les mouvements sont autant de manières de nous situer dans l’espace. Traduits en rythmes, ces mouvements se font danse.» František Kupka

Fascinés par le corps en mouvement issu de la danse, de nombreux mouvements comme De Stijl, Dada, Bauhaus ont développé un langage du corps. Les couleurs, les lignes, le dynamisme et les rythmes génèrent un corps géométrisé, mécanisé et stylisé. Théo Van Doesburg a travaillé sur les lignes droites, verticales et horizontales ainsi que sur les couleurs afin de représenter les rythmes de la danse. De ses esquisses à la représentation finale, nous pouvons observer que le rythme défini génère des parcours et de l’espace. Le geste et le rythme est espace

Theo Van Doesburg, Rythme d’une danse russe, 1918

Expérimentation autour de la réalisation en 3D du tableau Rythme d’une danse russe de Theo Van Doesburg. La mise en volume du tableau permet de traduire des parcours plus ou moins dans l’espace. De plus, l’espace est structuré selon le corps et la danse et démontre d’autant plus la représentation graphique de l’homme en mouvement.

Theo Van Doesburg, Esquisse Rythme d’une danse russe, 1918

66

67


DANSE ET MÉCANISME

« La danse a toujours extrait de la vie ses rythmes et ses formes… Il faut imiter par les gestes les mouvements des machines ; faire une cour assidue aux volants, aux roues, aux pistons ; préparer ainsi la fusion de l’homme et de la machine, parvenir au métallisme de la danse futuriste »

Cette peinture est un hommage à la danseuse et actrice française Stacia Napierkowska. Francis Picabia joue sur une fragmentation colorée et des arabesques pour développer les mouvements et la gestuelle de la danseuse. L’utilisation de telles formes donne une dynamique à la peinture et un rythme saccadé relié au corps en mouvance. Ici, nous ne distinguons aucun corps, juste des formes et volumes qui s’accumulent et se propagent dans l’espace de la toile. Nous sommes dans une représentation abstraite du corps mais aussi dans une représentation sensible et géométrique du mouvement. Le corps et son mouvement sont encore ici graphiquement représentés.

Marinetti, Manifeste de la danse futuriste, 1917 Des cercles et des anneaux concentriques sont combinés avec une image de deux jambes dansantes. Cet assemblage et l’idée de rotation circulaire des jambes donnent l’idée d’un ballet mécanique. Le jeu de cercle rappelle clairement les roues et un univers industriel. La danse reprend les mouvements des travailleurs, des objets, de la mécanique.

Francis Picabia,Udnie, 1913

Nous retrouvons dans La source (1912) ce travail des arabesques et de fragmentation du mouvement. Le corps et son mouvement sont aussi traduits par des formes géométriques habitant l’ensemble de la toile.

Ce mécanisme délivre une écriture d’autant plus géométrique du corps et de son mouvement. Le mouvement est infini et tout est chorégraphié par la gestuelle de l’homme dans son environnement. Tout geste est danse, tout mouvement est chorégraphie.

Fernand léger, Hommage à la danse, 1925

La danse est un générateur de nouveaux rythmes abstraits. Le corps y est géométrisé et mécanisé. Francis Picabai - La source, 1913

68

69


Pierre Soulages porte sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir. Il travaille la matière noire avec des reliefs, des entailles et des sillons afin de faire apparaître des jeux de lumière dans le noir mais aussi de couleurs.

La trajectoire, la trace, le parcours, le déplacement sont exploités par des mouvements, des gestes qui peuvent être vifs et de courte durée. Cette énergie permet de créer des formes qui se cumulent et redessinent l’espace.

La matière devient vivante et propose par ses trames des rythmes, des mouvements dans l’espace mais aussi une présence physique et sensuelle qui dégage une énergie liée au corps et à la gestuelle de l’homme. Génératrice de spatialité dans la matière et la masse par la recherche de la lumière issue de la gestuelle, le travail de Pierre Soulages est la traduction du mouvement du corps mis en lumière.

Emma Sandvik - Charcoal drawing

Les mouvements de la matière révèlent différentes directions et déplacements du geste. L’intensité de la couleur marque l’énergie du corps.

Pierre Soulages, série «Outre-Noir», 1979

70

71


DANSE ET ACTION DU CORPS

CORPS ET CONTORSION

GESTE ET ENERGIE : PEINDRE COMME ON DANSE

« C’était très spectaculaire, une véritable explosion quand la peinture frappait la toile, le mouvement quasi chorégraphique, le regard tourmenté avant de savoir à quel endroit il allait jeter la peinture; la tension et puis, à nouveau, l’explosion. » Hans Namuth

Le corps possède des qualités d’extension, d’élasticité et de flexibilité. Les danseurs contorsionnistes jouent avec leurs corps et proposent de nouvelles postures en déformant le corps. Ces gestes et mouvements génèrent de nouvelles formes liées directement au corps. Le corps se transforme et se déforme afin d’explorer l’ensemble de ses limites.

Jackson Pollock effectue des gestes tantôt brusques tantôt plus doux. Cette gestuelle implique le mouvement du corps entier. Il déverse, émet en un ruissellement, laisse un liquide s’écouler, se répandre et se déverser plus ou moins abondamment.

Le travail de Picasso et de Matisse sur le corps contorsionné permet de développer des formes et des volumes spatiaux. L’ondulation du corps est clairement présente et est le mouvement vecteur de la déformation du corps.

Ces différentes techniques décrivent des effets dynamiques qui s’entrelacent et qui caractérisent le travail du plasticien. Jackson Pollock, The Springs, New York 1950 Photographe: Rudy Burckhardt

Travail sur le geste à la manière de Jackson Pollock. Ici, le geste est photographié pour prendre le moment où le mouvement se déploie et s’explose.

Pablo Picasso, Femme Acrobate, 1930

Henri Matisse Gouache découpée, 1952

72

Martin Klimas commence son travail par des éclaboussures de peinture en fuchsia, turquoise et vert qu’il positionne sur un canevas et sur la membrane d’un haut-parleur. Ensuite, il règle le volume du son. C’est le volume sonore qui permet à la peinture de se mettre en action et en mouvement.

Martin Klimas - Painting With Sound

73


Lucio Fontana travaille sur le principe que la matière qui constitue le corps doit être transformée en énergie pour envahir l’espace sous une forme dynamique. Il a appliqué cette théorie de manière violente et radicale en lacérant les toiles linéairement ou en faisant des trous. Ce geste est une manière de transférer le mouvement et d’extérioriser le corps de ces codes rigides. Ces ouvertures dans la toile proposent un passage, évoquent une direction que le corps doit prendre.

Travail sur le mouvement de l’eau à travers la gestuelle du corps. Le geste et l’énergie permettent alors de peindre dans l’espace selon des mouvements brusques et amples liés au corps, sa position et l’amplitude de son geste. Shinichi Maruyama - Water Sculpture

Lucio Fontana

74

Lucio Fontana - Concetto Spaziale

75


LE CORPS CRAYON

« Je déplace mon corps comme je déplacerais le crayon » Trisha Brown Trisha Brown, chorégraphe et artiste, développe la notion de corps crayon. En effet, elle explore l’ensemble de ses mouvements ainsi que leur représentation graphique. Elle danse directement sur des grandes feuilles de papier avec, entre les mains et les pieds, des fusains. Ses déplacements dans l’espace sont alors retranscrits grâce au fusain.

«Je suis suspendue à un harnais d’arboriculteur par une corde en chanvre de manille de 20 mm de diamètre, corde que je peux faire monter ou descendre manuellement afin de pouvoir dessiner avec exaltation pendant un long moment. Mon bras tendu tient des pastels qui tracent des traits sur les murs et construisent tout un réseau de lignes colorées. Mon corps tout entier devient l’agent de traces visuelles, vestiges de l’énergie du corps en mouvement. » Carolee Schneemann

Trisha brown, It’s a Draw, 2002

Performance sur le mouvement cinétique et la danse. Le corps est utilisé comme un outil de dessin. Explorer le dessin cinétique par le transfert du geste, du mouvement directement sur le papier. Développer le geste d’un mouvement à un autre. Le dessin propose alors des formes liées directement au mouvement cinétique du corps. Les différentes arabesques sur papier dessinent des espaces. Ces espaces sont l’espace du corps.

Heather Hansen - Emptied Gestures - kinetic drawing

76

Carolee Schneemann - Up To and Including Her Limits, 1973/76

77


NOUVELLE PERCEPTION DU MOUVEMENT

Le mouvement du corps est un mouvement ancré dans le sol et dans la verticalité.

Trisha Brown a mis en scène une autre performance en 1970. La scénographie de la pièce se compose d’une structure métallique servant à retenir une grille faite de cordes et de vêtements.

Avec ce travail, Trisha Bown, danseuse et plasticienne, propose une nouvelle perception du mouvement marché du corps. Le corps est ici placé à l’horizontal. Les danseurs, maintenus parallèlement au sol, jouent alors avec la gravité et la perspective.

Deux danseurs se déplacent à travers la grille, s’habillent et se déshabillent au fur et à mesure de leurs parcours et ces déplacements traversent la structure.

L’espace est alors investi d’une nouvelle manière et propose des points de vues différents.

À certains moments, ils s’arrêtent et jouent avec la gravité en laissant leur corps se tirer vers le sol. Le corps danse et se met en mouvement dans un jeu d’équilibre et de suspension. Une nouvelle perception du corps est alors mise en scène.

Trisha brown, Walking on the Wall ,1971

Trisha Brown - Floor of the Forest (2007)

78

79


LE CORPS, UN INTERPRÈTE

LE TERRITOIRE DE LA DANSE

Le corps peut être considéré comme un objet ayant une influence considérable sur l’espace. Ainsi, le corps peut délimiter l’espace ou encore l’orienter et le cloisonner. Le corps est également un mode de communication avec le monde et de perception de l’espace. C’est notamment le cas concernant le corps qui danse. De plus, il existe plusieurs conceptions de l’espace, entre l’espace perçu, l’espace vécu et l’espace visuel.

La danse met sur le devant de la scène un intervenant essentiel qui est le corps du danseur. Il est au cœur de la mise en situation et attire le regard du spectateur, même s’il n’est pas à lui tout seul le sujet de la représentation. Le danseur va au-delà de lui-même, il travaille au quotidien son corps en le manipulant, en chorégraphiant ses mouvements. Le danseur va jusqu’à étendre son métier à sa vie privée, notamment dans la manière de se mouvoir. Les répétitions du danseur, faites sous le regard du chorégraphe, lui permettent d’améliorer sa technique et de repousser les limites de son corps jusqu’à ce qu’il atteigne une précision maximale dans sa gestuelle. Dans la danse contemporaine, le corps du danseur n’est plus seulement un simple exécutant, il est considéré comme étant un interprète. Le mouvement est coordonné à une chorégraphie établie entre le chorégraphe et l’interprétation du corps dansant. Ce corps est sujet à différentes sensations, pouvant passer de la joie à la tristesse. Le ressenti du danseur engendre alors une chorégraphie qui peut être influencée par cet état de corps. La danse contemporaine suppose une épuration du mouvement corporel, une intériorisation du geste. Elle reprend un langage physique familier qu’elle va introduire au sein d’un espace de spectacle afin d’amener le spectateur à ressentir de l’émotion au regard de sa propre histoire.

Le territoire de la danse s’exprime selon les grands courants de la danse. En effet, avec le ballet classique, les représentations se déroulent principalement à l’opéra et sur de grandes scènes. Avec la danse urbaine, contemporaine, modern dance, on investi l’espace public : on passe de l’intérieur à l’extérieur. Il y a donc une extériorisation du corps. Nous ne sommes plus dans l’intimité de l’espace fermé. Une certaine transparence s’effectue. L’ensemble des corps peut danser et le spectacle ne s’offre plus qu’à une certaine classe sociale. Il y a une libération du corps et de l’espace. Il y a un agrandissement du champ d’expression pour sensibiliser et s’adapter à notre environnement. On joue avec les éléments du quotidien, on n’est plus contraint de s’exprimer dans un espace défini. On ne raconte plus d’histoire, on s’adapte à notre quotidien. La « prise de parole » du danseur à travers le mouvement est un facteur d’appropriation de l’espace urbain.

La danse contemporaine rompt avec le schéma traditionnel de la scène, allant jusqu’à donner des représentations dans des espaces urbains. L’espace crée des émotions.

Le territoire de la danse s’exprime alors par une cohabitation entre le corps et l’espace.

Pina Bausch - Le Sacre Du Printemps (2007)

80

81


04/ ESPACE & MOUVEMENT


L’espace et la matière de l’espace peuvent être travaillés comme un mouvement, un corps en déplacement et en métamorphose. Comment l’espace peut-il devenir un corps en mouvement ? Comment le corps peut-il être générateur de matières et d’espaces en mouvement ? Le corps est un volume composé d’énergie. L’énergie est une force en action qui entraine une mise en mouvement du corps et donc de la matière. L’énergie d’un corps peut se présenter sous des formes et mouvements différents tels que la tension, la fragmentation, le déplacement, la trajectoire ou encore le déploiement, l’ondulation et l’extension. Ces diverses notions seront ici développées afin de comprendre plus précisément l’impact et l’empreinte du corps et du mouvement dans l’espace mais aussi afin d’analyser et de définir la représentation du corps par des espaces en mouvement et en mutation. L’analyse d’architecture où la matière et le volume sont corps et mouvance permet de percevoir une écriture et un langage corporel. L’expérimentation autour du langage du corps développe des formes géométrisées et énergiques génératrices de nouveaux espaces. Le corps en mouvement est créateur d’une activité spatiale, temporelle et dynamique.

84

85


LA MATIÈRE : EXPRESSION DU MOUVEMENT

L’ondulation de l’acier et son implantation dans l’espace génèrent divers mouvements et perceptions. L’ondulation et la propagation rythmée de l’acier permettent de créer des nouvelles sensations d’espace en mouvement. Richard Serra rythme le mouvement du corps par la mise en scène de l’acier qui propose, par son ondulation, des circulations variables.

Ces nombreuses circulations d’acier proposent des sensations différentes selon les passages, s’ils sont fluets ou larges, courts ou longs. De plus, la place du visiteur, dedans ou autour et son rythme de parcours ponctué de pauses, permet d’appréhender l’espace autrement. L’espace et le temps deviennent à leur tour matière par la présence de la sculpture.

« Le design met en valeur les différentes facettes du travail de Bach à travers une intégration cohérente de logique structurelle et formelle. Un ruban de tissu continu s’enroule sur lui-même créant au passage plusieurs espaces pour protéger les artistes et le public et créer une certaine intimité »

Le ruban lui-même est constitué d’une membrane translucide de tissu articulée par une structure interne en acier fixée au plafond. La surface de l’enveloppe de tissu ondule en continu mais en changeant son rythme. La texture de la matière varie entre la peau fortement tendue sur la face extérieure du ruban et l’effet doux du moutonnement du même tissu à l’intérieur du ruban.

Zaha Hadid

Le ruban volumineux tourbillonne dans la salle et propose une réponse spatiale et visuelle aux relations complexes des harmonies de Bach. Les connexions circulatoires et visuelles se découvrent à travers les multiples couches de l’espace délimitées par le ruban. La matière est alors créatrice de mouvement par sa légèreté, sa souplesse et son élasticité.

Richard Serra - La Matière du temps (1994-2005)

86

Zaha Hadid - JS Bach Chamber Music Hall

87


Expérimentation autour du mouvement du ruban et les formes qui peuvent en découler. La propagation du ruban dans l’espace propose des jeux de parcours, de hauteurs et de volumes. L’ondulation du corps redessine l’espace interne et propose alors une nouvelle organisation spatiale.

88

89


Le projet développe l’approche dé-constructiviste de Gehry promouvant des formes organiques et ondulantes, jouant sur des matières et des lumières. Les courbes ont été réalisées à l’aide d’une conception assistée par ordinateur.

Avec La maison dansante, Frank Ghery illustre deux corps contorsionnés qui dansent : un homme et une femme, Fred et Ginger.

Fred est athlétique par l’élargissement du cylindre vers le haut. Cet homme rectiligne surplombe légèrement et enlace la tour de verre à gauche. La forme en sablier de Ginger rappelle les courbes féminines.

Les deux cylindres contorsionnés forment les deux parties de l’immeuble.

L’architecture donne l’impression d’une union rythmée. La femme semble danser par ses panneaux de verre et ses piliers incurvés. L’homme, plus solide, se fond dans les immeubles voisins par ses contours de béton.

L’ensemble de la façade propose un jeu d’ondulation et de corps en mouvement dans l’espace.

Croquis mettant en évidence le mouvement en façade. Ces mouvements peuvent donner l’idée de corps dansant par les courbes, la dynamique et la propagation.

Frank Gehry - Muséee Guggenheim, Bilbao (1997)

Frank Gehry - La maison dansante, Prague (1996)

90

91


Jeu de rythme et d’ondulation par la matière. Ici, la structure joue sur la propagation de panneaux à différentes hauteurs et à des inclinaisons variables. Cette colonne vertébrale propose alors un mouvement rythmique constant et linéaire. En façade, le mouvement semble se décomposer et se fragmenter tel le principe de la chronophotographie. Le mouvement est alors continu.

Expérimentation autour du jeu de rythme et d’ondulation de la matière. A partir de formes rectangulaires juxtaposées, la matière se décompose linéairement et propose un mouvement continu.

Santiago Calatrava - Reggio Emilia Station

92

93


MOBILITÉ ARCHITECTURALE

ARCHITECTURE ÉVOLUTIVE ET MODULABLE

ARCHITECTURE ÉVOLUTIVE ET MODULABLE

Les colonnes grandissent, s’étendent comme un mouvement, un geste évolutif dans l’espace. Le corps se développe afin d’habiter d’une nouvelle façon le lieu.

L’oeuvre In situ de Daniel Buren propose un ensemble de colonnes en marbre aux rayures blanches et noires implanté au coeur de la cour du Palais Royal. Les colonnes sont introduites dans cet espace de manière dynamique. Un jeu de hauteurs variable est mis en place afin de créer un nouveau rythme. La mobilité des colonnes donne l’idée d’un espace en construction. De plus, la manière dont sont disposées les colonnes forme une sorte de damier. Cette trame au sol donne aussi une certaine dynamique et rythmique au lieu comme l’habillage des colonnes faite de rayures blanches et noires.

Ionel Schein est le premier architecte à utiliser un matériau de synthèse : le plastique. Avec ce matériau, il développe le prototype d’une Maison évolutive et modulable. Au sein du noyau central de la maison sont regroupées les parties communes (salle de bain, cuisine, salle à manger et salon) et tout autour se greffent des modules destinés à un usage plus individuel (chambres). La préfabrication des modules, leur faible poids et leur agencement rayonnant autour du noyau permettent aux habitants de transformer leurs maisons en fonction de leurs besoins (rajouter des modules en cas de naissance d’enfants par exemple).

Ionel Schein - Maquette de la maison plastique (1955°)

Daniel Buren- Les deux plateaux - Palais Royal, Paris

Daniel Buren- Les deux plateaux - Esquisse

94

Plan montrant l’organisation spatiale et rayonnante de l’espace. Chaque espace supplémentaire se greffe au noyau central circulaire.

Ionel Schein - La maison plastique (1955°)

95


ARCHITECTURE ROULANTE

VILLE NOMADE

Lucia Luptakova a réalisé un cinéna mobile. Ce projet de cinéma mobile prend forme sur la remorque d’un camion et est donc facilement transportable et montable. Afin de créer l’emplacement des assises et de l’écran, l’architecte a joué sur un jeu de déploiement de la structure vers l’extérieur. La structure se plie et se déplie. La remorque s’étend, se déplie afin de créer une extension du camion et d’accueillir le public.

La ville nomade vient se greffer à une ville fixe afin d’apporter une nouvelle vision de la ville, une nouvelle appréhension de l’espace.

Instant City est un projet de ville nomade qui, lors d’un instant, pourrait superposer de nouveaux espaces de communication à une ville existante figée. La ville nomade est conçue selon un environnement audiovisuel (mots et images projetés sur des écrans suspendus) associé à des objets mobiles comme les ballons dirigeables avec tentes suspendues, capsules ou mobile homes, et technologiques. Une ville qui est destinée à une population individualiste en mouvement, consommatrice d’informations.

Pour l’écran, un jeu de pilotis montable et démontable est installé au sol pour soutenir l’écran de projection.

Lucia Luptakova - Cinéma mobile Développement du cinéma mobile

Lucia Luptakova - Assises du cinéma mobile

96

Peter Cook & Archigram - Instant City (1968)

97


ARCHITECTURE ITINÉRANTE

ARCHITECTURE ITINÉRANTE

Mobile Art’ est un musée d’art contemporain itinérant dessiné par l’architecte irakienne Zaha Hadid sur une idée originale de Karl Lagerfeld et construit à l’initiative de la maison de haute couture Chanel. Le musée est de fait un assemblage précis de 700 pièces uniques dont la taille maximale est de 3 cm d’épaisseur et 2,25 m de long afin d’être transportable en conteneur.

« Le pavillon n’est pas composé d’éléments répétés, mais déclinés. Les logiciels d’image numérique et les techniques de construction ont rendu possible des formes entièrement organiques. » Zaha Hadid

Réhabilitation d’anciennes voies ferrées par un concept de cellules d’habitation mobile. Les bâtiments roulent à travers la ville sur des voies de chemin de fer selon les saisons et les évènements. Ainsi, l’habitat devient aussi mobile que l’homme tout en restant dans une structure figée. L’homme voyage tout en conservant son habitation.

Jagnefalt Milton - A Rolling Masterplan Zaha Hadid - Chanel Mobile Art Pavilion

98

99


LANGAGE ET ÉCRITURE DU CORPS

ARCHITECTURE GONFLABLE

« Dans la danse tout le corps et, dans la danse contemporaine, chaque doigt dessinent des lignes aux expressions précises. Le danseur “moderne” suit sur la scène des lignes distinctes et il les inclut comme un élément essentiel dans la composition de sa danse. Tout le corps du danseur jusqu’au bout des doigts constitue à tout moment une composition linéaire ininterrompue. » Vassily Kandinsky

Anish Kapoor et Arata Isozaki ont réalisé une salle de concert portable gonflable qui fera le tour des régions touchées par le tsunami au Japon. La salle de spectacle de 500 places est conçue pour monter des spectacles, allant des orchestres et musiques de chambre au jazz, au théâtre, à la danse et à l’art. Les parois de la structure sont réalisées à partir d’une membrane en matière plastique extensible, conçue pour permettre le montage et le démontage rapide. Pour le transporter vers un nouveau lieu, l’orbe est complètement dégonflé et chargé sur l’arrière d’un camion aux côtés de l’équipement démonté.

Le corps en mouvement est le vecteur d’une écriture et d’un langage qui nous est personnel. À partir des recherches de notation de Laban, Cage ou de Lucinda Childs ou encore la représentation schématique d’Oskar Schlemmer, nous avons pu constater que le corps développait des formes essentiellement géométriques, notamment en raison de ses mouvements courbés et de son jeu d’articulations anguleuses. J’ai réalisé un ensemble d’expérimentations pour me définir un langage et une écriture du corps en mouvement. Le travail s’est porté sur la représentation graphique de photographies de danseurs. Le geste étant figé, le mouvement est dessiné selon des formes, des courbes, des lignes et des angles.

Anish Kapoor & Arata Isozaki - Ark Nova

Anish Kapoor & Arata Isozaki - Esquisse Ark Nova

100

Ce langage élaboré développe différents espaces pleins ou vides liés directement à la gestuelle du danseur.

Ecriture du corps à partir d’une photographie. Jeu de formes graphiques qui suivent le mouvement du corps.

101


102

103


NOTIONS MOUVEMENT ET SPATIALITÉ DÉCOMPOSITION, FRAGMENTATION ET RYTHME

Mise en 3D et en lumière des dessins traduisant l’écriture et le langage du corps. La forme se propage et se duplique à travers un jeu d’ombre et de lumière. Le corps se déforme et se développe.

Nous avons vu précédemment que le mouvement pouvait se décomposer et se fragmenter grâce notamment à la chronophotographie.

Diviser, séparer et associer deux mouvements, deux corps en mouvement afin de créer des nouveaux gestes, une hybridation.

En partant de cette idée de fragmentation, comment pouvons-nous transformer visuellement le mouvement ?

Transformer l’espace pour lui donner une nouvelle lisibilité, une nouvelle compréhension à travers l’hybridation d’un mouvement.

Jeu de découpe et de recomposition de deux photographies de corps en mouvement. Ces expérimentations permettent d’illustrer la fragmentation et l’association de mouvements et d’espaces.

104

105


Jeu de tissage de deux photographies de corps en mouvement. Ces expérimentations permettent de donner un nouveau rythme au geste et au déplacement du corps. Le tissage illustre un mélange rythmique et énergique entre le mouvement et l’espace.

106

Découpage et collage d’une même photographie afin de faire évoluer et prolonger le mouvement du corps, la gestuelle de la danseuse. Cette fragmentation et cette nouvelle composition de l’image, représentative d’une chronophotographie, donne à voir un même mouvement figé et multiplié. Nous sommes alors dans l’extension, la prolongation du corps dans l’espace.

La trame, liée au découpage et au collage, permet de développer un rythme lié au geste qui est plus rapide ou lent selon l’espacement de la trame.

107


DÉPLACEMENT, TRAJECTOIRE ET PROGRESSION

Le déplacement du corps et la trajectoire du mouvement dessinent l’espace. Le corps est matière d’expression et de vie dans l’espace figé. Par sa gestuelle, il permet d’habiter son environnement selon des mouvements chorégraphiés. Le corps est une architecture en mouvement qui possède un langage qui lui est propre.

La progression du corps dans l’espace le rend vivant.

Ces mouvements chorégraphiés proposent des trajectoires, des parcours plus ou moins aléatoires afin de structurer l’espace et le rendre vivant.

La matière architecturale est donc vivante et évolutive selon ses déplacements, la trajectoire et la progression.

Le placement et le choix de la gestuelle déterminent une nouvelle organisation de l’espace, de la matière architecturale.

Création d’un parcours lié au placement du danseur. La trajectoire qui en découle est génératrice de formes et d’espaces.

Expérimentation sur le déplacement d’un volume dans l’espace. La progression et la trajectoire sont aléatoires. Les directions sont changeantes et rythmées afin de vivre et de traverser l’espace différemment.

108

109


Le déplacement du corps propose une décomposition qui montre clairement la rotation du corps dans l’espace. Cette rotation peut se traduire graphiquement et dans l’espace.

Travail sur le déplacement et la décomposition du corps et son écriture dans l’espace. Comment le corps dans la fragmentation de son mouvement peut-il créer des formes spatiales ?

110

111


Mise en volume de la décomposition du corps et de la rotation par sa représentation graphique. Un jeu de parois s’élève et propose alors de multiples circulations et déambulations dans l’espace amenant à un point central.

112

113


DÉPLOIEMENT ET ÉCLOSION

Le corps, au fil de ses mouvements, se déploie vers l’extérieur. Dans cette éclosion organique, le corps se referme ou se déploie selon son espace environnant. Le déploiement est la recherche d’une nouvelle respiration du corps, d’un nouveau mouvement afin de s’ouvrir sur l’espace et sur le monde.

Passage d’un espace fermé à un espace ouvert par le déploiement d’un cube dans le vide. Rebecca Horn, Mechanischer Körperfächer, (1972) Déploiement du corps dans l’espace par le mouvement. Création d’une nouvelle forme du corps liée à l’extension, à l’éclosion.

Le mouvement d’éclosion du volume permet au corps de se développer dans l’espace. Le corps s’extériorise et redessine l’espace ouvert.

114

115


PROPAGATION

Ludovic Florent - Poussière d’étoiles

Le volume du corps et l’étendue du mouvement se développent progressivement dans l’espace.

La propagation du mouvement du corps dans l’espace se dessine dans le vide et se déplace selon le temps et l’énergie impulsés par le corps.

L’évolution du mouvement du corps et de l’énergie dans l’espace montre une variation de forme, d’intensité et de densité.

116

117


TRACE

Le geste, le mouvement lié au corps est vecteur d’empreintes, de traces et d’écriture dans l’espace. Le geste comme pulsion du corps peut être illustré comme un crayon et habiter l’espace. Le travail de Jackson Pollock joue sur le geste comme expression du mouvement. Il peint selon des mouvements aléatoires plus ou moins vifs. Avec Yves Klein, nous sommes sur le corps comme empreinte dans l’espace et matière d’écriture. Il peint des corps nus qui viennent se poser, se déplacer, se tirer sur les toiles afin de marquer l’espace d’une trace du mouvement et du corps.

Jackson Pollock (1950)

Le geste est ici l’élément créateur d’empreintes, de traces et d’écriture du corps dans l’espace.

Yves Klein, The Monotone Symphony (1949)

Yves Klein, Untitled Anthropometry, 1961

118

Expérimentation sur la trace. Un corps est en mouvement, ses déplacements au sol laissent une empreinte. Nous pouvons observer les mouvements des jambes : courbes, trajectoires… Certains espaces au sol sont plus habités que d’autres (masses noires plus grandes)

119


TENSION

Le corps, dans ses étirements, travaille avec la tension de son propre corps. Comment la tension du corps peut-elle se traduire graphiquement et au sein de l’espace ? Cette notion qui s’étend, qui s’étire jusqu’à ses limites se veut être comme extension du corps. Expérimentation autour de la tension du corps et du fil. La tension du corps peut être génératrice de formes géométriques et de spatialité. Elle se tend, s’étire dans un espace vide afin de l’habiter par un mouvement du corps. La tension est alors vectrice de vie et d’espace.

Oskar Schlemmer, Cages (1964) Le danseur joue avec la tension du corps par l’étirement des cages. Il joue avec les limites de son corps, les limites de l’étirement de ses membres.

Expérimentation sur l’étirement et ses limites.

120

121


EXTENSION & ÉLASTICITÉ

Le corps, et plus précisément la peau, possède des qualités d’élasticité et d’extension.

Cette notion d’extension du corps et d’élasticité permet de créer des formes et des volumes. Ces formes organiques découlant du corps révèlent une nouvelle enveloppe qui organise l’espace vide.

Selon le mouvement, les étirements du corps, la peau joue sur son élasticité et se détend afin de répondre aux contraintes qui l’entourent.

La peau devient comme une enveloppe d’un espace où se mélange la gestuelle du corps.

Présence d’un seul corps en extension.

Expérimentation autour de la notion d’extension et d’élasticité du corps. Nous pouvons observer le déploiement d’un corps dans l’espace et les formes organiques qui en découlent. Le corps s’étend, s’étire jusqu’aux limites de son élasticité afin d’habiter l’espace et le redessiner. Lois greenfield, Dance photogrpahy Anna Venizelos / Sara Joel,

Bart Hess - Slime outfit

122

Ici, deux corps en extension se rencontrent et s’entremêlent dans différents mouvements et gestes.

Création de formes et d’espaces par la rencontre de deux corps en extension dans l’espace vide.

123


TRANSFORMATION & MUTATION

L’exploration des formes du corps et de sa mutation. Lucy McRae et Bart Hess travaillent sur la transformation et la mutation du corps en employant divers matériaux à même le corps. Le corps est alors en pleine métamorphose par la création de nouveaux volumes et d’un remodelage de la silhouette humaine.

Travail sur la mutation de la peau. Le corps évolue et abandonne une enveloppe corporelle.

Expérimentation autour de la déformation et de la mutation d’un corps. Nous pouvons observer que cette transformation du corps, de la matière, se développe par un mouvement aléatoire et crée des espaces de vide au fur et à mesure de son évolution.

Lucy Mcrae - Becoming Transnatural

Lucy Mcrae et Bart Hess - Evolution

124

La mutation du corps est génératrice d’espaces et de volumes.

125


ONDULATION

Le corps dans ses mouvements d’ondulation propose des jeux de hauteurs, de formes et de volumes.

Les expérimentations montrent la mise en volume de la gestuelle du corps à travers un jeu d’ondulation d’intensité et de rythme variable. L’ondulation de la trame permet de créer et de redéfinir de multiples espaces.

Jeu de mutation d’un corps tramé dans l’espace. Le mouvement de transformation du corps permet de déformer la trame.

La mise en lumière de la mutation du corps permet d’observer un jeu d’ombres et de projection lié à l’espace. La forme est organique et déstructurée.

La trame ainsi transformée propose de nouvelles formes et de nouveaux volumes spatiaux.

126

127


Le corps est continuellement en mouvement et dessine diverses formes comme notamment des ondulations. Cette idée de mouvement permanent et ondulatoire peut s’expérimenter par le ruban de Möbius qui définit un mouvement infini. En volume, le mouvement crée une spatialité.

Les ondulations créent des formes et des volumes qui redessinent un espace. Ce jeu de plein et de vide détermine différents espaces mais aussi des passages rythmés par les courbes mises en volume.

128

129


Expérimentation autour du mouvement infini du corps et de l’ondulation. Comment associer ces deux notions intimement liées à la gestuelle du corps afin de définir un volume spatial ? Ici, l’association du ruban de Möbius et d’une trame ondulée détermine un volume spatial qui s’ouvre sur l’extérieur. Le mouvement du corps semble s’étirer, se prolonger vers l’extérieur. L’ondulation se propage dans l’espace.

130

131


05/ CONCLUSION


Les analyses et les expérimentations de ce travail de recherches ont permis de mettre en évidence la relation entre le corps, le mouvement et l’espace à travers leurs similitudes et leurs différents champs d’action et d’applications (danse, arts visuels et architecture). Le corps et le mouvement sont des matières impactant l’espace. Générateurs de mobilité, de dynamique et de métamorphose, le corps et le mouvement construisent l’espace et le rythme par un déploiement spatio-temporel. L’espace et les volumes s’adaptent et se construisent selon la modification et la transformation du corps et de la gestuelle. Chaque espace est alors la représentation d’un corps vivant, d’un assemblage de mouvements qui le structure et le transforme. Le travail d’expérimentation du tome 2 s’attardera à définir l’espace selon le corps et le mouvement, et plus précisément par la rythmique et la dynamique, ainsi que par l’articulation, la trajectoire et le déplacement chorégraphique.

134

135



LANGAGE CHORÉGRAPHIQUE MOUVEMENT, CORPS & ESPACE TOME 2

Master Design Global Design d’Espace École de Condé Paris 2014-2015 Sybille GÉHANNE


LANGAGE CHORÉGRAPHIQUE / MOUVEMENT, CORPS & ESPACE / Tome 2


01/ INTRODUCTION

143

02/ DYNAMIQUE & RYTHMIQUE SPATIALE

147

Fragmentation rythmique

150

Rupture rythmique

162

Variation dynamique et rythmique

156 168

Progression et déplacement dynamique

03/ MOUVEMENT & ÉVOLUTION DE L’ESPACE

175

Articulation et décomposition de l’espace

178

Processus et assemblage spatial

198

Extension et progression du mouvement

190 202

Propagation et évolution par la membrane

04/ PARCOURS & TRAJECTOIRE CHORÉGRAPHIQUE

209

Corps, peau et lumière

212

Lignes géométriques et inclinaisons

228

Torsion et tension du corps

236

Ondulation, articulation et intensité

222

Corps et suspension

232

Tension et écriture chorégraphique

240

05/ CONCLUSION

245

SOMMAIRE 141


01/ INTRODUCTION


TRACE

DYNAMISME

MÉTAMORPHOSE

IMBRICATION

DÉCOMPOSITION

EMPREINTE

FORME GÉOMÉTRIQUE

RYTHME FRAGMENTATION MOUVEMENT ONDULATION TEMPS

DÉPLOIEMENT TRAJECTOIRE TENSION PROPAGATION VIDE EXTENSION ARTICULATION ENERGIE MOBILITÉ

Les intentions du projet sont de créer des principes d’aménagement liés directement au corps et à l’espace par des caractéristiques similaires afin d’accompagner et de gérer des flux de circulation et afin de percevoir d’une nouvelle façon l’espace.

Le travail de recherche se développe autour des notions de la danse, du corps, de ses mouvements et de son impact dans l’espace. Le Tome 1, et ses recherches sur la danse, a pu mettre en évidence la relation et le lien existant entre le mouvement et le corps ainsi que le corps et l’espace.

La dynamique et la rythmique du corps et du mouvement se développeront autour de la fragmentation, de la rupture mais aussi de la variation et de la progression spatiale.

L’analyse de la danse et du corps en mouvement à travers des références anatomiques, philosophiques, picturales et chorégraphiques ainsi qu’un travail expérimental a permis de définir des notions propres au corps, au mouvement et à l’espace.

Le mouvement et l’évolution de l’espace sont analysés par le biais de la flexibilité du corps, de l’articulation et de l’extension.

Ainsi, la danse et le corps dansé offrent une nouvelle perception, organisation et création d’espace par des caractéristiques graphiques, mécaniques, de mobilité et de déploiement mais aussi de temps, d’intensité et de dynamique rythmique.

Le parcours et la trajectoire comme moyens de gérer les flux s’attarderont autour des notions liées aux mouvements chorégraphiques telles que la torsion, l’ondulation, la suspension du corps …

La danse, le corps et le mouvement sont donc une matière génératrice d’espaces, d’ouvertures et de flux circulatoires. La matière architecturale par le corps devient alors vivante, évolutive et mobile.

PARCOURS

144

145


02/ DYNAMIQUE & RYTHMIQUE SPATIALE


La danse est par excellence l’art d’agencer et de faire tinter le silence, de lui conférer un rythme, une dynamique. La danse se définit par un enchaînement de mouvements liés à une dynamique et rythmique du corps en relation avec le temps et l’espace.

« Le temps avance à un rythme différent pour des esprits différents »

L’impact du mouvement et du déplacement du corps est générateur d’espaces. Le corps dansé et le mouvement chorégraphique permettent d’animer, d’habiter et de faire évoluer l’espace par une nouvelle perception. Le corps dans l’espace est une progression spatio-temporelle rythmée par les flux de mouvements, une dynamique et une intensité variable. Cette propagation du corps dans l’espace est créateur d’une dynamique et rythmique spatiale mais aussi d’une mobilité chorégraphique à travers la trace issue de la progression et du déplacement.

John Cowper Powys

Comment le rythme et la dynamique se caractérisent graphiquement puis spatialement ? Le travail analysera la fragmentation et la rupture rythmique mais s’intéressera aussi à la variation et à la progression dynamique d’un corps dans l’espace à partir de la décomposition du mouvement.

148

149


FRAGMENTATION RYTHMIQUE

« Le rythme est dans le temps ce que la symétrie est dans l’espace. »

Eugène d’Eichtal

Le mouvement du corps peut se décomposer et se fragmenter selon des rythmes, des temps et des intensités variables. Une matérialisation graphique du corps peut se définir par le rythme qui se traduit par la création de séquences rythmées par le temps et l’intensité. Un jeu de verticalité et d’horizontalité associé à un jeu de répétition d’une trame géométrique permet alors de définir le rythme du mouvement du corps dansant mais aussi de matérialiser, de fragmenter et d’habiter autrement l’espace chorégraphique. La création de séquences fragmentées met en évidence le temps, la respiration et le mouvement plus ou moins intense du corps selon les enchaînements et les pulsations.

Égalisateur digital Séquence graphique fragmentée selon le temps, l’intensité et l’énergie. Mise en évidence du mouvement rythmé et sa diffusion dans l’espace.

« Le rythme ressemble au temps, à la fois un et changeant, il ressemble à l’architecture, c’est-à-dire à notre univers qui est une construction. »

Josef Albers - Rhythm L’oeuvre de Josef Albers traduit le rythme par un jeu de deux trames graphiques disposées en quinconce. Ces deux typologies graphiques traduisent deux rythmes et deux dynamiques différentes liés à deux corps associés. L’un travaille sur des pulsions fortes de courte durée sur une distance plus importante. Le second effectue des mouvements d’une intensité moins importante sur une longue durée et une distance plus courte.

Mise en volume du dessin de Josef Albers L’élévation des parois liée aux lignes graphiques du dessin permet de générer du parcours et de dynamiser l’espace selon des jeux d’horizontalité et de verticalité.

Yves Bonnefoy

Expérimentation du Tome 1 qui illustre la fragmentation de mouvements et d’espaces. Ce travail traduit un jeu de trame et une composition géométrique liés directement au rythme.

150

151


Travail sur le rythme, l’intensité et l’énergie du mouvement du corps.

Expérimentation traduisant le rythme comme un espace. La géométrisation du rythme est travaillée par un jeu d’arches disposées en diagonales qui génère des espaces de transitions et de passages. Ce jeu d’arches, dynamisé par ses diagonales, propose grâce à l’ombre et à la lumière un rythme au sol.

L’intensité ici est traduite par une séquence fragmentée travaillant sur les jeux de hauteurs différentes rappelant les images des égalisateurs digitaux. Ce jeu de parois plus ou moins hautes dynamise l’espace verticalement.

Graphique du rythme d’une pulsation.

Graphique traduisant les rythmes et les intensités du mouvement du corps.

152

153


La représentation du rythme se veut géométrique, séquencée, fragmentée et répétée à des intervalles et fréquences précises. Cependant, la dynamique du rythme peut changer et comprendre de nombreuses variations selon le temps, l’énergie et les déplacements du corps. Comment est-il possible de traduire graphiquement et spatialement ces variations dynamique et rythmique ? Changement de position, torsion du corps ou encore juxtaposition de mouvements lents ou rapides peuvent expliquer ces variations.

Dessin mettant en évidence un changement de rythme dans une fréquence rythmique linéaire.

Expérimentation spatiale sur le rythme séquencé et fragmenté du corps. Ici, les séquences se dynamisent tout au long d’un parcours qui génère diverses circulations.

La mise en volume du changement de rythme crée des espaces libres délimités par des parois plus importantes proposant diverses circulations.

Le rythme propose de multiples cadrages qui communiquent entre eux et qui offrent alors une vision dynamique saccadée par un jeu d’horizontalité et de verticalité.

154

155


VARIATION DYNAMIQUE ET RYTHMIQUE

La danse et le mouvement du corps se définissent par une succession chorégraphique dynamique et rythmique. Tout au long d’un enchaînement de pas et de mouvements, différents changements de rythme et de directions sont effectués afin de parcourir, d’habiter et de ressentir l’espace qu’on occupe d’une nouvelle manière. Cependant, comment ces variations de rythme, d’intensité et de direction peuvent être traduites graphiquement et spatialement ? Comme nous avons pu le voir précédemment, le rythme se définit par des jeux de lignes graphiques et séquencées. Le travail ici sera donc de perturber cette linéarité afin de faire percevoir le changement et la variation de rythme et de direction dans une chorégraphie.

Le travail d’Adam Feriss met en évidence la désorganisation linéaire et donc une variation graphique liée à diverses perturbations (changement de direction, d’enchaînement, d’intensité, de dynamique…) Adam Ferriss

156

Dessin traduisant une variation du rythme. Les lignes verticales sont tout à coup perturbées par des lignes horizontales qui définissent une nouvelle forme géométrique.

Création d’espaces de déambulation dynamisés par des changements de rythme des corps en mouvement.

157


Création d’espaces de circulation dynamisés par une variation de la largeur des passages et des directions.

Tim Haylock - Body (Identity)

Dessin traduisant une variation du rythme par la torsion du corps.

Le travail photographique de Tim Haylock met en évidence le corps et son mouvement de torsion et de repli sur lui-même.

Les lignes sont perturbées et étendues par un mouvement lié au dynamisme et à l’énergie du corps. La torsion et le repli du corps peuvent provoquer ces variations et ces perturbations.

158

159


La variation du rythme et de la dynamique de l’espace peut être induite par les différentes ondulations du corps. L’espace ici reprend les codes de l’ondulation du corps par un jeu de cadres qui s’accumulent et qui varient de rythme au fur et à mesure du parcours. La vision propose une déstructuration de l’espace par la variation dynamique en mouvement.

Ici, le dessin propose une juxtaposition de variations rythmiques liées aux différents mouvements et changements de direction du corps dansant.

Dessin s’inspirant du Op art. Le Op art est un mouvement artistique qui a travaillé cette notion de rythme avec ses variations et comme dynamique par la perception.

160

Cette variation de rythme met en avant différentes organisations et orientations de l’espace dans un mouvement du corps constant qui s’accentue et s’agrandit au fur et à mesure du parcours.

161


RUPTURE RYTHMIQUE

La dynamique, le rythme du corps en mouvement, peut être perturbée par des temps de pause et d’arrêt du corps. Ainsi, une rupture rythmique se laisse entrevoir, modifiant la représentation graphique. Cette rupture rythmique se définit aussi par une rupture spatiale. En effet, le corps devient statique et n’habite plus l’espace par ses déplacements et ses mouvements dansants. La fragmentation du rythme, dynamisée par ses interruptions, propose des jeux de plein et de vide qui génèrent diverses circulations dans l’espace.

Mise en volume des expérimentations plastiques sur la rupture d’un rythme. Diet Sayler - Arhythmic construction, 1969

Dessin montrant la rupture progressive d’un rythme.

L’oeuvre de Diet Sayler met en évidence une rupture dans le dynamisme d’un mouvement linéaire. Un élément est extrudé provoquant une fracture.

162

Cette fracture spatiale permet de générer de la circulation et des espaces de transitions. Un parcours se dessine entre les différents jeux de plein et de vide directement lié à l’arrêt du corps dans l’espace et donc de la rythmique.

163


Travail sur l’organisation spatiale d’un volume selon la rupture d’un mouvement dans le dynamisme de la danse. Cette rupture permet de fragmenter le volume en différents espaces.

164

165


La rupture rythmique se caractérise par un jeu de mouvement et d’arrêt, un jeu de plein et de vide. Comment mettre en valeur cette répétition de plein et de vide par une trame géométrique ? La lumière permet de répondre à cette question. La lumière met en valeur et redéfinit des volumes architecturaux selon ses rythmes tout au long de la journée. La façade de l’Institut du Monde Arabe, dessinée par Jean Nouvel, est composée de moucharabiehs qui peuvent s’ouvrir et se fermer selon l’ensoleillement pour réguler la température. En dehors de ce rôle de régulateur, la façade, ponctuée de plein et de vide, propose des jeux d’ombre et de lumière qui redessinent l’espace intérieur et le dynamisent. Ainsi, un jeu d’ombre et de lumière allié à une trame de plein et de vide pourraient permettre de redéfinir un espace et de le rythmer selon un motif traduisant le dynamisme et le rythme du corps dansé.

Jean Nouvel - Institut du Monde Arabe, 1987

Expérimentation sur la rupture rythmique et la lumière. Par l’extrusion, l’espace se dynamise par un jeu d’ombre et de lumière qui habite l’espace d’une nouvelle manière.

166

167


PROGRESSION ET DÉPLACEMENT DYNAMIQUE

Lors de la mise en mouvement d’un corps,ce dernier se déplace de manière dynamique et rythmique afin d’habiter l’ensemble de l’espace qui s’offre à lui. Ce déplacement dynamique est lié à une progression du corps dans l’espace et à une progression du rythme. Cette progression peut s’observer par une accentuation des pulsations et de l’intensité du corps et du mouvement dansé.

Mise en volume de la progression et du déplacement du rythme dans l’espace. Travail sur la représentation graphique de la progression et du déplacement d’un rythme dans l’espace. L’intensité du rythme et son déplacement se traduisent par un épaississement progressif et entrecoupé de la trame.

168

La forme en flèche donne une idée de circulation et invite à parcourir l’espace. Le rythme s’intensifie au fur et à mesure du parcours et propose alors une progression d’une même forme dans l’espace avec des variations d’intensité liées à l’ombre et à la lumière.

169


Progression et déplacement d’une seule et même forme selon un rythme fragmenté. La fréquence du rythme du corps s’effectue à intervalle égal. Ici, la forme se déplace et progresse dans l’espace en s’inclinant de plus en plus telle une rotation du corps sur elle-même avec une dynamique constante. Cette expérimentation propose alors un passage linéaire dont l’enveloppe est en mouvement.

170

171


Travail sur la progression et le déplacement du rythme par un jeu d’horizontalité et de verticalité. L’espace se déploie progressivement dans un mouvement ondulatoire au sol et dans un intervalle constant en hauteur. Cette progression permet d’investir un volume spatial par un espace transitoire dynamique.

Schéma d’un rythme et de sa progression graphique.

172

173


03/ MOUVEMENT & ÉVOLUTION DE L’ESPACE


La danse, à travers ses mouvements et sa mobilité, génère une évolution du corps dans l’espace dans lequel il habite. Le corps se caractérise avant tout par une mécanique de mouvements liée directement aux articulations. Ces articulations permettent à la fois de créer le déploiement du mouvement et sa déstructuration. Le déploiement et l’extension du mouvement par l’articulation créent de nombreuses circulations et mobilités du corps qui rendent vivante et évolutive la matière architecturale. La décomposition, la fragmentation et l’assemblage de mouvements mécaniques permettent alors de développer des espaces en évolution, flexibles et modulables. Comment traduire spatialement le mouvement et l’évolution de l’espace par le corps dansant ? De quelle manière l’articulation, l’extension et la décomposition peuvent définir un processus de mobilité et d’assemblage spatial ? L’articulation génère des connections spatiales qui amènent à une facilité d’assemblage mais aussi de circulations et de déplacements. Ces différentes caractéristiques liées au mouvement permettent d’explorer la mobilité de l’architecture mais aussi sa flexibilité et sa modularité.

176

177


ARTICULATION ET DÉCOMPOSITION DE L’ESPACE

La danse permet de rythmer l’espace par la décomposition du mouvement liée à l’enchaînement des articulations du corps. Ces articulations génèrent des circulations du corps dans l’espace. Articuler l’espace permet alors de développer différentes connections entre le corps et l’espace mais aussi divers déplacements et points de vue. L’articulation entre plusieurs volumes amène l’espace à se développer dans le vide et dans son environnement.

Expérimentation sur l’articulation autour d’un axe central. Assemblage et superposition de fragments sur un axe central. La manipulation de ces segments permet d’articuler la structure et donc de la mettre en mouvement.

178

Différentes combinaisons d’articulations autour d’un axe central.

179


ARTICULATION D’UN VOLUME PAR UN AXE CENTRAL

Travail autour du mouvement et de l’articulation d’un espace par un axe central.

L’espace se compose par des sections courbées de différentes amplitudes qui se déploient selon une articulation centrale. Ce mouvement qui se propage est saccadé par une décomposition et un jeu de sections. Un jeu de plein et de vide est alors créé, offrant plusieurs points de vue sur l’environnement. L’espace est alors évolutif et vivant. Le lieu peut être totalement ou partiellement ouvert selon son articulation et son déploiement. La structure génère plusieurs typologies d’espaces ouverts ou fermés.

Vue sur les différentes étapes d’articulation et d’évolution de l’espace par la structure.

180

181


DÉCOMPOSITION ET ARTICULATION D’UN VOLUME

Travail sur la flexibilité et l’articulation d’un volume. Le travail joue sur un élément central, une colonne vertébrale où les «vertèbres» se déplient dans l’espace. La colonne se décompose et propose alors 5 espaces distincts reliés les uns avec les autres.

Déploiement total du volume initial Chacune des ouvertures issue du déploiement de la colonne propose un point de vue sur des espaces d’exposition.

Le volume initial est sectionné en plusieurs modules. A partir de ces sections, l’espace peut alors se moduler selon différentes combinaisons entre le déploiement total ou partiel.

182

L’observation de l’exposition se déroule autour et dans ces modules. Diverses circulations sont alors proposées.

183


Déploiement partiel du volume initial 3 modules sont articulés et déployés dans l’espace. Cette extension partielle propose alors de nouveaux volumes de circulation ainsi que de nouveaux points de vue extérieur et intérieur du volume sectionné. La matière architecturale est vivante et évolutive selon ses déplacements, la trajectoire et la progression.

Tome 1: Déplacement d’un volume dans l’espace. La progression et la trajectoire sont aléatoires. Les directions sont changeantes et rythmées afin de vivre et de traverser l’espace différemment.

184

185


DÉCOMPOSITION ET FRAGMENTATION DE VOLUMES

La décomposition et la fragmentation de volumes spatiaux proposent des espaces en évolution. En effet, la transformation de l’espace initial génère une rupture et une fracture du volume qui permet de créer du vide. La mutation de l’espace est alors produite par la fracture mais aussi par le déplacement des fragments dans l’espace. La structure a alors un caractère évolutif. Les différents déplacements et imbrications produisent des architectures diverses et évolutives. Cette intrusion du vide dans l’espace, par la mutation et les déplacements, permet la création de circulations et de passages entre les différents fragments issus de la décomposition.

Schéma du principe de la fragmentation et décomposition d’un volume créant divers parcours et circulations.

186

Mise en situation de l’évolution et de la décomposition de volumes dans l’espace. Création d’une nouvelle déambulation.

Les formes issues de la fragmentation des volumes permettent de créer des supports d’exposition et divers points de vue.

187


Décomposition et fragmentation d’un volume initial Création d’une déambulation par le vide au sein du volume d’exposition. Différentes entrées et sorties rythment le parcours et le rendent vivant. Les fractures et les déplacements des volumes développent de nouveaux points de vue intérieur et extérieur.

Plan de la décomposition et de la création de circulations à partir d’un volume initial.

Mise en situation de l’évolution et de la décomposition du volume dans l’espace.

Vue sur l’espace d’exposition et les différents parcours

188

189


EXTENSION ET PROGRESSION DU MOUVEMENT EXTENSION PAR LE MOUVEMENT

Le corps est caractérisé dans son mouvement et son déplacement par des qualités d’extension et de progression dans l’espace. Cette notion de développement et d’allongement du corps peut se traduire spatialement à travers des techniques et des principes de flexibilité. Cette idée de mobilité et de modularité de l’espace permet de réaliser une variété de volumes à partir d’une structure mère. Principe du pliage et du dépliage comme flexibilité de l’espace. Cette extension du mouvement spatial est générateur d’espace Le volume de l’espace est géré selon l’extension des parois accordéon. Ainsi, l’espace peut s’adapter à l’environnement dans lequel il s’implante en décidant de s’étendre totalement ou partiellement. L’espace est alors évolutif et modulable selon les besoins et les contraintes.

Le volume issu de l’extension peut se diviser en plusieurs espaces

Évolution du déploiement de l’espace

190

L’espace peut être un lieu de travail de la danse qui s’adapte selon les besoins des danseurs (espace plus ou moins grand)

191


EXTENSION PAR L’ARTICULATION

Travail sur l’extension de l’espace par l’articulation. Réalisation d’une structure articulée qui se déploie et qui propose différentes volumétries par son extension. L’extension est ici mécanique par la présence d’éléments rotatifs. La structure se module et évolue par ses articulations.

Extension et progression de la structure par des articulations rotatives.

192

193


EXTENSION HORIZONTALE DE L’ESPACE

Travail sur l’extension horizontale de l’espace et la mobilité. L’idée ici est de créer un espace mobile qui puisse être extensible. Le principe est alors de prendre la remorque d’un camion et de pouvoir la transformer en plusieurs et différents espaces de travail.

1 1 Afin de créer plusieurs espaces, un processus d’imbrication de volumes est réalisé. Ainsi, le volume initial de la remorque est occupé par d’autres espaces qui viendront s’étendre horizontalement lors de l’implantation sur un site défini.

2

3 Extension dans la longueur du volume initial. Le déploiement propose différentes typologies d’espaces (plus ou moins grand)

Plan de la mobilité et de l’extension de l’espace à partir d’une remorque d’un camion.

194

195


EXTENSION VERTICALE DE L’ESPACE

1

2

3 Extension dans la largeur du volume initial. Le déploiement propose diverses typologies d’espace (plus ou moins grand)

Plan de la mobilité et de l’extension de l’espace

196

Travail autour de l’extension verticale d’un espace.

L’espace se déploie totalement ou partiellement et propose ainsi un point de vue différent sur l’environnement.

Création d’un abri, telle qu’une tente, qui se déploie verticalement afin de protéger les passants lors d’intempéries.

197


PROCESSUS ET ASSEMBLAGE SPATIAL

La danse se définit comme un assemblage de formes et de mouvements dans le temps et l’espace. Comment ce processus d’enchaînement et d’emboîtement peut créer de l’espace et une mobilité ? Travail à partir d’une même forme multipliée Le jeu d’assemblage et d’emboîtement de la forme permet de générer différents types de mouvements et d’espaces. Le processus d’assemblage permet de créer des circulations à partir d’un cloisonnement lié à la forme. L’assemblage permet de créer plusieurs combinaisons et donc une mobilité dans le processus de construction.

Croquis d’une forme. Le travail spatial d’assemblage découle de cette forme.

L’emboîtement de la forme propose une circulation saccadée dans l’espace.

Création de deux passages séparés. Ces espaces peuvent faire office de sas d’accueil afin de gérer les différents flux de personnes.

198

199


Espace fermé

Espace ouvert

Les diverses liaisons entre les formes permettent de créer un espace ouvert vers l’extérieur pouvant se refermer. Cet espace peut proposer des lieux de travail de danse personnelle. Par la modularité, la personne choisit de s’isoler ou non du reste de l’espace et de l’environnement qui l’entoure.

200

201


PROPAGATION ET ÉVOLUTION PAR LA MEMBRANE

La propagation du corps dans l’espace peut se traduire techniquement par l’utilisation du principe métallo textile. Le textile s’apparente à la peau et permet de matérialiser la propagation du corps dans un volume. La matière constitue alors des jeux de courbes et de hauteurs qui structurent l’espace. Ici, l’utilisation du textile pour définir un espace répond à la fois à une facilité de montage mais aussi à une adaptabilité de l’environnement. Par la technique métallo textile, l’espace s’articule selon l’environnement dans lequel il s’implante. Ainsi, la peau protectrice (le textile) génère différentes formes de spatialité. Travail sur la matérialisation d’un espace à partir d’une écriture chorégraphique du corps.

Exemple d’une seconde organisation de l’espace découlant du travail graphique du corps en mouvement.

202

L’installation génère une nouvelle forme et propose alors une nouvelle configuration, la spatialité s’adaptant à un environnement précis.

203


Utilisation du principe de métallo textile afin de créer un espace permettant d’accueillir une exposition, un spectacle ou même un espace privilégié pour la danse (cours). Ce principe s’apparente à l’idée du chapiteau et propose alors une membrane protectrice rappelant directement la peau. De plus, le jeu de courbes accentue l’image du corps dansé.

Implantation de boites à spectacle pouvant recevoir des œuvres d’exposition sous la propagation de la membrane protectrice. Ces boites ouvertes sur l’extérieur permettent de créer une relation avec les visiteurs. De plus, l’implantation des boites permet de créer différentes circulations et déambulations dans l’espace.

Propagation d’une peau protectrice dans l’environnement qui génère une spatialité.

Chapiteau de cirque : structure métallo textile

204

205


Des vues et des cheminements divers sous la membrane tendue et entre les différentes boîtes de spectacle/ exposition. Les visiteurs peuvent alors circuler et observer selon les différents flux et parcours.

206

207


04/ PARCOURS & TRAJECTOIRE


La danse et le langage chorégraphique se définissent par un enchaînement de déplacements lié aux mouvements du corps dans l’espace. Les différents enchaînements chorégraphiques génèrent des combinaisons de parcours et de trajectoire qui dessinent et habitent l’espace. La gestuelle du corps, par son déplacement, structure l’espace et le rend vivant et évolutif. Le volume du corps progresse dans l’espace selon des intensités, des rythmes, des directions, des tensions et des torsions propres au corps. Les mouvements dansés sont générateurs de formes qui peuvent se définir et s’organiser spatialement. Comment la danse et les notions liées au corps peuvent donner matière à créer des parcours et des trajectoires à l’intérieur d’un espace ? Le travail va alors se porter sur des caractéristiques propres au corps et à son mouvement dans l’espace telles que la peau, l’ondulation, l’articulation, la tension…

210

211


CORPS, PEAU ET LUMIÈRE

Comme il a été vu précédemment dans le Tome 1, le corps est caractérisé par des capacités d’extension. L’extension se définit par les étirements du corps issus des mouvements et de la gestuelle dansée mais se qualifie aussi par un élément possédant une forte élasticité : la peau.

Chaque peau définit un corps, un geste. Le travail expérimental consiste à organiser l’espace selon les notions de peau, d’élasticité et de tension. Le but est de réaliser différentes trajectoires et parcours où nous pouvons observer le déploiement des corps dans l’espace selon des formes organiques étirées jusqu’aux limites d’extensibilité.

Cette enveloppe corporelle est en mouvement et en tension continue par son élasticité et ses contraintes. Le corps va au-delà de ses limites, jusqu’à la rupture, par l’étirement de ses membres et de la peau.

Expérimentation Tome 1

L’espace est organisé par la représentation de corps étirés, de mouvements chorégraphiques. Le visiteur fait alors la rencontre avec l’image de danseurs et il s’entremêle par son déplacement dans l’espace à la chorégraphie spatiale.

Lois greenfield, Dance photography Anna Venizelos / Sara Joel,

212

213


La peau se déploie dans l’espace et propose divers parcours liés aux mouvements dansés et chorégraphiés.

214

215


Une autre qualité de la peau peut être travaillée et être mise en lumière dans l’espace.

Eric Ceccarini - Photographie série Amnios

En effet, la peau se caractérise par sa fine épaisseur mais aussi par son enveloppe translucide. Ainsi, des jeux d’ombres et de lumières du corps peuvent être mis en valeur à travers le déploiement dans l’espace de la peau. On peut alors observer, d’une nouvelle manière, des corps en mouvement.

216

217


Cette idée d’ombre et de lumière est travaillée selon un parcours permettant d’observer le travail des danseurs par une enveloppe translucide. Un jeu entre intérieur et extérieur offre un nouveau regard sur le mouvement et le corps.

La disposition des ouvertures des espaces de travail contre la membrane translucide permet aux passants de voir, par un jeu d’ombre, les danseurs.

218

219


Zoom sur les différentes vues et articulations de la circulation entre les espaces de travail des danseurs. La peau est étendue, étirée de manière à observer derrière cette membrane protectrice les organismes vivants et leurs respirations dans l’espace.

Exemple des jeux d’ombres chinoises issus du mouvement du corps que peuvent observer les visiteurs.

220

221


ONDULATION, ARTICULATION ET INTENSITÉ ONDULATION ET VARIATION D’INTENSITÉ DANS L’ESPACE

Le corps évolue dans l’espace selon différentes combinaisons chorégraphiques. Le corps se développe, habite et parcours son environnement par divers mouvements, ondulations et amplitudes. L’amplitude et l’intensité des ondulations du mouvement et du corps organisent l’espace par la création de volumes et de formes. Expérimentation du Tome 1

Le parcours est dessiné selon le déplacement des ondulations et donc du corps. Ces ondulations habitent l’espace par des intensités et des rythmes différents. Le jeu de hauteur, qui se propage dans l’espace, génère diverses perceptions rythmées par les courbures.

De nouvelles sensations d’espace en mouvement sont créées par des circulations ondulatoires et variables mais aussi par des passages plus ou moins larges. Le visiteur parcours alors l’espace selon une partition chorégraphique et perçoit les différentes amplitudes et intensités du geste.

Un jeu de hauteur se dessine dans l’ondulation en raison du placement et du positionnement à différents niveaux du corps lors de l’enchaînement gestuel chorégraphique.

Le travail retranscrit l’ondulation du corps et développe une organisation spatiale.

222

223


Cet espace de transition peut accueillir une exposition par ses multiples parcours mais aussi par les ondulations qui peuvent être supports d’œuvres.

224

225


ARTICULATIONS, ANGLES ET PLIS

En dehors des mouvements d’ondulation du corps, les gestes s’expriment par des jeux d’angles et de lignes droites issus des articulations du corps. Les articulations du corps évoluent dans l’espace par le déploiement du geste mais aussi par son repli. Cette idée de déploiement de pli et de repli permet d’exploiter l’espace selon une scénographie de parois accordéons qui modulent l’espace par des angles et des arêtes. Les parois se plient et se déplient sur ellesmêmes afin d’organiser l’espace selon diverses circulations. Le parcours est propice à accueillir une exposition avec les parois comme support d’œuvres mais c’est aussi un espace de transition entre différents espaces de travail.

La structure comme support d’œuvre.

226

227


LIGNES GÉOMÉTRIQUES ET INCLINAISONS

Oskar Schlemmer a étudié le corps humain à travers la danse, le temps et l’espace. Il représente notamment le corps selon des lignes géométriques. Symboliser le corps selon des formes géométriques, comme les lignes, permet de schématiser le corps mais aussi le mouvement de ce dernier. Les lignes proposent une métamorphose du corps dansant par le prolongement et le déploiement des membres. Oskar Schlemmer - La danse des bâtons (1927)

Étude préparatoire

L’espace est défini par le corps et son mécanisme. Le danseur devient une architecture vivante et dévoile de nouvelles organisations de l’espace.

Le travail ici propose une retranscription du mouvement géométrisé d’Oskar Schlemmer dans l’espace afin de créer des parcours et des trajectoires chorégraphiques et dynamiques.

Expérimentation Tome 1

L’utilisation des lignes géométrisées par le corps développe un nouveau langage chorégraphique. En effet, à travers l’extension du corps et sa représentation géométrique, le mouvement déploie un dialogue évoluant dans l’espace.

Parcours du déploiement du mouvement dans l’espace.

228

Jeu d’inclinaisons directement lié aux mouvements, aux directions, aux déplacements et aux positionnements du corps qui sont définis par les partitions chorégraphiques.

229


Cet espace transitoire peut proposer un parcours entre différents espaces de travail ou d’exposition.

L’utilisation d’éléments cylindriques peut être un support d’accueil à des éléments d’exposition tels que les peintures, les photographies… Ainsi, le visiteur danse tout au long d’une scénographie d’exposition.

Les lignes géométrisées retranscrites dans l’espace l’organisent selon les mouvements du corps et permettent d’orienter le corps des visiteurs selon une chorégraphie précise.

La structure comme support d’œuvre

230

231


CORPS ET SUSPENSION Travail de recherche spatiale sur la suspension du corps et du mouvement. Habiter le volume de l’espace par la propagation du corps, du geste et du mouvement. Le déplacement des jambes et des bras propose un travail sur l’amplitude verticale du corps dans la totalité du volume de l’espace. Les formes géométriques suspendues suggèrent des gestes, des mouvements dansés figés dans l’espace.

L’association de l’ensemble des triangles génère un mouvement, une chorégraphie qui se propage dans le volume à différents niveaux de suspension. Le mouvement, la danse retranscrite dans l’espace est tout en légèreté et semble flotter par l’utilisation de la suspension. Le jeu d’oblique des formes géométriques rappelle les différentes inclinaisons du corps lors de sa gestuelle dansée. Cet espace peut être un lieu de découverte en raison de la recherche d’une circulation du corps.

Cette suspension propose une recherche de circulation et de mouvement dans le volume. Le parcours du visiteur, entre ces formes, réanime l’espace. Le visiteur devient danseur et complète le mouvement figé par sa circulation dans l’espace.

Parcours du déploiement du mouvement et de la suspension du corps dans l’espace.

232

233


234

235


TORSION ET TENSION DU CORPS

Le mouvement exerce de nombreuses contraintes sur le corps afin d’en connaître ses limites. Le repli du corps, la torsion, la tension jusqu’aux limites, la rupture du corps permettent alors de le découvrir, de l’appréhender et de le faire évoluer.

Représentation spatiale de la tension du corps dans l’espace et notamment de la tension du corps lorsqu’il se positionne en torsion. Les fils tendus dans l’espace se vrillent dans un même mouvement et définissent graphiquement une torsion du corps ainsi que son étirement.

Comment ce travail sur le corps et, plus précisément, sur la torsion et la tension du mouvement dansé peut être traduit dans l’espace et l’habiter ? Jouer sur les lignes graphiques du corps et du mouvement peut y répondre. Parcours de la torsion et tension du corps dans l’espace.

Représentation spatiale d’une succession d’inclinaisons du corps dans l’espace et notamment de la tension qui en résulte. Les fils tendus dans l’espace changent de positionnement et d’inclinaison au fur et à mesure du déploiement du mouvement.

236

237


Vue de l’ensemble de l’espace. Cet espace est rythmé par la tension des corps qui se déploient, se tordent et s’inclinent dans l’ensemble du volume. Cet espace peut être un lieu transitoire qui permet d’accéder à des espaces de travail.

238

239


TENSION ET ÉCRITURE CHORÉGRAPHIQUE

Selon Vassily Kandisky «Tout le corps du danseur jusqu’au bout des doigts constitue à tout moment une composition linéaire ininterrompue» Dans le Tome 1, nous avons constaté que le corps possédait un langage chorégraphique propre représenté par des courbes et des articulations anguleuses. À partir de ces recherches, j’ai développé une écriture personnelle et graphique du corps en mouvement à travers un jeu de lignes et de courbes.

Jouer sur les limites de la tension du corps par le fil à travers un travail de tissage de mon écriture chorégraphique dans l’espace. Le jeu de courbes et de lignes du dessin est associé lors du tissage à une trame géométrique qui se tend dans le volume. Le tissage organise l’espace selon le dessin et propose plusieurs trajectoires et creux dans l’espace.

Le but est de figer un mouvement et de le traduire graphiquement pour mettre en lumière la trajectoire, l’extension du corps et la gestuelle à un instant clé. Comment traduire ce travail spatialement ?

Ici, une trame au sol est travaillée afin d’accentuer et de définir les espaces reclus issus du dessin. Cette trame permet de créer un dialogue en lignes verticales et horizontales.

240

241


Le tissage définit une trame entre plein et vide qui perturbe la vision. Ainsi la vue devient saccadée. Cet espace peut être un lieu d’observation des danseurs en plein travail. Avec l’implantation de la trame, nous pourrons observer les mouvements et la gestuelle chorégraphique d’une nouvelle manière. En effet, chaque mouvement sera saccadé et décomposé par la trame. Exemple de vision tramée et saccadée issue du tissage des corps dansés.

242

243


05/ CONCLUSION


Le Tome 2, dans la continuité du Tome 1, m’a permis d’accentuer et d’affirmer l’importance du corps et du mouvement dans l’espace. Le corps et le mouvement sont alors créateurs d’espaces et peuvent être sources d’évolution et de métamorphose architecturale. Ce travail de recherches, d’études, d’analyses et d’expérimentations permet de prendre en compte l’ensemble des caractéristiques et notions qui lie le corps et l’espace dans le but de l’élaboration et de la création de lieux. La dynamique, la flexibilité, l’articulation et la trajectoire spatiale sont matérialisées par les mouvements et les déplacements chorégraphiques liés directement au corps et à l’homme. Le développement du mémoire permet de générer des zones, des espaces de circulation et de perception mobile et flexible dont l’objectif premier est de guider et de découvrir l’architecture et l’espace par le corps.

246

247


BIBLIOGRAPHIE


01/ BIBLIOGRAPHIE

03/ SITOGRAPHIE

Merleau Ponty (1945), Phénoménologie de la perception, Tel Gallimard Alain Berthoz (2013), Le sens du mouvement, Odile Jacob Alain Berthoz et Roland Recht (2005), Les Espaces de l’homme, Odile Jacob Ted Shawn (2005), Chaque petit mouvement : A propos de François Delsarte, Complexe Rudolf Laban (2007), La maîtrise du mouvement, Actes Sud Jacqui Green Haas (2011), Danse : anatomie et mouvements, Essai Claire Rousier (2001), Oskar Schlemmer: l’homme et la figure d’art, Centre national De la danse Jacqueline Challet-Haas (1999), Grammaire de la notation Laban, Centre National De La Danse Michel Frizot (2001), Etienne-Jules Marey chronophotographe, Delpire Étienne-Jules Marey (2002), Le mouvement, Jacqueline Chambon Christine Macel et Emma Lavigne (2011), Danser sa vie, Catalogue d’exposition Hans Christian Adam (2014), Eadweard Muybridge the human and animal locomotion photographs, Taschen Isadora Duncan (2002), Isadora danse la révolution, Editions du Rocher Jacques Baril (1977), La danse moderne d’Isadora Duncan à Twyla Tharp, Vigot Christine Le Bœuf (2003) Mémoire de la danse, Actes Sud

Jules-Henri Greber (2006), Le corps et l’espace

http://spiralconnect.univ-lyon1.fr/spiral-files/download?mode=inline&data=2178374

Corps dans l’espace. Espaces du corps, Colloque http://calenda.org/204962

Le corps dans l’œuvre

http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-corps-oeuvre/ENS-corps-oeuvre.htm

Le corps de l’homme, centre de perception

http://www.boeldieu.com/leonard/Observation/Observation/SOURCES/18EB7522-75FA-4885-80F6-CB9DA8C53A6A.html

Le corps vécu : le modèle phénoménologique

http://www.chups.jussieu.fr/polysPSM/psychomot/fondamentaux/POLY.Chp.4.2.html

Le corps, organe de la perception

http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-le-corps-organe-de-la-perception-28602.php

Oskar schlemmer

http://www.olats.org/pionniers/pp/schlemmer/schlemmer.php

Corps, Espace et Architecture par Marc Richir

http://laphenomenologierichirienne.org/Marc_Richir/Articles_de_MC_files/Corps,%20espace%20et%20architecture.pdf

Philippe Kostka (2000), Du mouvement au geste, le corps est langage http://www.psychomotnet.fr/IMG/mouvement.pdf

Architecture mouvement ou Perception multisensorielle et multi dimensionnelle d’une ar(t)chitecture http://www.arkhenspaces.net/fr/architecture-mouvement/

Brigitte Gauthier (2009), Le langage chorégraphique de Pina Bausch, L’arche Corinne Rondeau (2013), Luncinda Childs, Cnd Pantin Sandrine Andrews (2007), Edgar Degas la peinture en mouvement, Palette

02/ FILMOGRAPHIE Jean-Gabriel Carrasso (1999), Les deux voyages de Jacues Lecoq, CNDP Jackson Pollock, Phoenix 1901

https://www.youtube.com/watch?v=bSjY4e7NqTo

Anne Teresa De Keersmaeker, Rosas Danst Rosas https://www.youtube.com/watch?v=oQCTbCcSxis

Anne Teresa De Keersmaeker, Violin Face

https://www.youtube.com/watch?v=i36Qhn7NhoA

Loie Fuller (1897), Danse Serpentine

https://www.youtube.com/watch?v=O8soP3ry9y0

Pina Bausch, Le Sacre du Printemps: Danse sacrale - L’Elue (1947 version) https://www.youtube.com/watch?v=0fJprK6etxs

250

251



LANGAGE CHORÉGRAPHIQUE MOUVEMENT, CORPS & ESPACE TOME 3

Master Design Global Design d’Espace École de Condé Paris 2014-2015 Sybille GÉHANNE


LANGAGE CHORÉGRAPHIQUE / MOUVEMENT, CORPS & ESPACE / Tome 3


01/ INTENTION DE PROJET

05

Contexte

06

Cahier des charges

10

Spectacle au cœur de la ville et de la rue

14

02/ RECHERCHES & PROPOSITIONS

23

Le corps par la peau et l’ossature

26

Rythmer l’espace

38

Propositions de projets

48

Concept & enjeux

08 11

Partenariat

20

Itinérance spatiale

Décomposition et déploiement du mouvement par l’articulation

28

Chorégraphier l’espace

42

Lieux d’implantation

70

03/ PAVILLON DE LA DANSE ITINÉRANT

79 80

Scénario 1 Scénario 2

88

100

Matériaux & détails techniques

04 / CONCLUSION

115

SOMMAIRE 03


01/ INTENTION DE PROJET


CONTEXTE

DÉMOCRATISATION DE LA DANSE

« La danse n’est pas un art élitiste. C’est un art qui peut toucher les uns et les autres, qu’on soit en centreville ou dans les quartiers » Mourad Merzouki

« Nous sommes dans un élan de démocratisation de la danse. Il faut aller vers les gens, casser cette logique de l’élitisme, en partie vraie et entretenue par certains créateurs qui veulent garder la scène pour eux, mais en partie fausse parce que l’accès à la culture est possible » Selim ben Safia, Chorégraphe

06

07


CONCEPT & ENJEUX

CONCEPT

ENJEUX

Proposition d’un lieu nomade fédérateur de pratiques chorégraphiques, non conventionnel et adaptable à différents usages (représentation et exposition) qui aura pour objectif d’accompagner Les Étés de la Danse en allant chercher un public cosmopolite, averti ou non.

C’est quoi ? Pour qui ? Le pavillon de la danse itinérant est un lieu entièrement dédié à la danse et à ses autres formes d’expression. Cet espace propose des spectacles et des expositions en pleine rue à la manière des festivals de musique et des projections de cinéma en plein air.

Le projet s’appuiera sur des concepts de structure nomade, démontable et flexible qui mettra en évidence le mouvement et le corps.

Le but est d’offrir au public (touristes, provinciaux et parisiens) des spectacles de danse en « pleine rue » et de profiter des longues soirées d’été. Ce pavillon s’implantera dans différentes grandes villes du pays durant l’été afin d’accompagner et de promouvoir Les Étés de la Danse de Paris. Ce lieu se déplacera tous les mois et permettra alors de fédérer un plus large public, d’offrir aux amateurs des spectacles de qualité, de sensibiliser le jeune public et de susciter des vocations. Fonction : Le pavillon de la danse proposera un espace d’exposition ainsi qu’un lieu de représentation chorégraphique et de projection (à la façon du cinéma en plein air lorsqu’il n’y a pas de représentation). L’espace d’exposition permettra d’offrir un nouveau point de vue de la danse à travers ses représentations photographiques, picturales… L’espace d’exposition et de spectacle seront libres d’accès.

08

09


CAHIER DES CHARGES

PARTENARIAT

LES ÉTÉS DE LA DANSE

Le concept : inviter chaque année une compagnie de notoriété internationale, ou un chorégraphe de premier plan, ou encore un interprète exceptionnel dans un lieu emblématique et prestigieux de la capitale, pouvant accueillir un large public (les Archives Nationales, le Grand Palais, le Théâtre du Châtelet, le Théâtre de la Ville).

Le pavillon de la danse devra se décomposer en différents espaces d’accueil et de présentation : - Espace d’exposition - Espace de représentation / de travail - Espace vestiaire - Espace public - Espace technique relié à l’espace public.

Les Étés de la Danse fédèrent un large public, au-delà du cercle habituel des initiés.

L’espace devra répondre à des concepts de structure flexible et modulable.

Soucieux de sensibiliser le jeune public, voire de susciter des vocations, le Festival propose des spectacles complets et des initiatives plus spécialement dédiées aux jeunes.

Par sa fonction itinérante, la structure devra comporter des caractéristiques spécifiques telles qu’une facilité de montage et de démontage mais aussi une facilité de transportabilité.

10

Afin d’accompagner les spectacles, les Étés de la danse proposent des expositions de photographies inédites, spécialement réalisées par un photographe appelé à donner sa vision de la compagnie ou de l’artiste invité. Des œuvres de plasticiens peuvent également ouvrir le Festival sur d’autres formes d’expression artistique.

11


Les Étés de la Danse 2008 au Grand Palais, cliché François Tomas

12

Les Étés de la Danse 2008 au Grand Palais, cliché François Tomas

13


SPECTACLE AU CŒUR DE LA VILLE ET DE LA RUE

LA DANSE DE RUE

La danse se démocratise et s’offre à l’ensemble de la population. La ville est le cœur même de découverte et d’événement notamment par rapport à l’art de la danse. Le hip hop, danse de la rue, peut être vu et apprécié par les passants tout comme les danses de salon ou la danse contemporaine qui s’invitent à leur tour dans la ville.

La danse contemporaine s’invite dans la rue à la manière d’un flash mob. Le corps n’est plus enfermé et se libère de ses contraintes. Le danseur appréhende ainsi un nouvel espace, de nouvelles matières et un nouveau public. La danse s’ouvre à tous.

14

15


LE CINÉMA EN PLEIN AIR

Rencontre entre le cinéma et la ville. Le cinéma en plein air permet de faire sortir les personnes des salles obscures et de profiter pleinement du plein air et de la ville. Le spectacle devient très convivial et invite à la rencontre entre les personnes au cœur même de la ville. Le cinéma en plein air rassemble la population et démocratise aussi cet art.

16

17


LE FESTIVAL

Les évènements autour de la musique rassemblent les gens par des goûts et des passions communes. Les festivals s’implantent dans les villes ou à proximité afin de réunir le maximum de personnes. L’objectif est d’écouter la musique que l’on aime tout en profitant du plein air et en faisant des rencontres. La musique propose alors un spectacle dans la ville qui s’ouvre à tous. Solidays, Hippodrome de Longchamp

Fnac Live 2015, Place de l’Hôtel de Ville de Paris

18

19


ITINÉRANCE SPATIALE

Le projet a pour but d’être mobile et itinérant dans l’espace. Pour cela, il faut s’intéresser aux différentes formes de mobilité de l’architecture.

Certaines structures mobiles et itinérantes se déplacent au cœur des villes afin de proposer des spectacles tels que les cirques, dont le principe structurel est repensé comme celui des tentes (peau et ossature).

Les toutes premières formes de mobilité et d’itinérance spatiale se trouvent dans les premiers habitats, c’est-à-dire les tentes. Ces structures peau-ossature proposent des espaces montables et démontables qui permettent de suivre l’homme dans ses déplacements. La tente a d’abord servi d’habitat mobile pour répondre au besoin de se déplacer des populations alors nomades.

Chapiteau cirque traditionnel

Tipi traditionnel

Par la suite, ces habitats ont évolué dans leur moyen de déplacement. Ainsi, les habitats ne se démontent plus et sont sur roulettes comme les roulottes ou les caravanes.

Chapiteau du cirque Pinder

Principe structurel de câblage d’un chapiteau. Le maillage des câbles permet d’accueillir et de tendre la membrane textile.

Roulotte traditionnelle tzigane

20

21


02/ RECHERCHES & PROPOSITIONS


OSSATURE

EXTENSION ENCHAÎNEMENT

MOUVEMENT FLEXIBILITÉ

ÉNERGIE

ARTICULATION RYTHME PEAU

PROPAGATION DÉCOMPOSITION DYNAMIQUE MOBILITÉ FRAGMENTATION

24

25


LE CORPS PAR LA PEAU ET L’OSSATURE

Les structures portées : un textile qui vient recouvrir un squelette. Le textile n’est pas structurel.

Le corps se définit par une enveloppe protectrice, la peau, et par une ossature interne. Comment ces deux caractéristiques du corps peuvent être retranscrites spatialement et structurellement ?

Ce principe de recouvrement fait référence à la peau du corps qui vient recouvrir l’ensemble de son ossature mais aussi de ses organes.

Le principe le plus évident pour créer une forme organique rappelant la peau et l’ossature est la structure métallo textile. De plus, cette technique joue sur des notions propres du corps telles que l’extension et la tension.

Frei Otto, Kiosque à musique, Kassel,1955

Les structures tendues : le textile est structurel. La forme et la structure sont indissociables. La forme de la membrane dépendra de l’implantation de la structure.

La membrane est alors un élément vivant et protecteur. Frei Otto, Stade olympique, Munich, 1972

Frei Otto, Pavillon Allemand, Montréal, 1967

Un jeu de courbe et d’ondulation de la peau est mis en place dans le principe structurel métallo textile.

Frei Otto & Shigeru Ban, Pavillon japonais, Hanovre, 2000

La membrane organique est mise en mouvement par l’ossature et son indissociable tout comme la peau et l’ossature d’un corps vivant.

Jean de Gastines & Shigeru Ban, Pompidou Metz, 2010

Frei Otto, Musée d’Art Moderne,1972

26

27


DÉCOMPOSITION ET DÉPLOIEMENT DU MOUVEMENT PAR L’ARTICULATION

« Tout mouvement de quelque nature qu’il soit est créateur. » Edgar Allan Poe

La décomposition du mouvement est créatrice d’espace, d’énergie et de transition temporelle

Recherche tome 1 Étienne-Jules Marey, Chronophotographie (1926)

28

29


DÉCOMPOSITION ET DÉPLOIEMENT D’UN ESPACE PAR L’ARTICULATION D’UN AXE CENTRAL

Articulation et déploiement structurel d’un espace par un axe horizontal. Le mouvement offre différentes portées du geste à partir d’une même articulation. La décomposition du geste développe une fragmentation de matière dans le vide et propose alors un mouvement et un espace évolutif et déconstruit.

Rotation de la jambe par l’articulation de la hanche

Déploiement du corps par la rotation et le mouvement articulé. Le corps se décompose par un enchaînement rotatif qui déploie le corps dans le vide. Ce déploiement est générateur de matières et d’espaces par le corps.

Schéma de la portée et de la rotation du geste

30

31


Propagation de la matière par le mouvement et l’articulation. Ce déploiement propose un espace modulable et flexible.

Articulation d’un espace par la rotation grâce à un axe central.

32

33


PROGRESSION DANS L’ESPACE

Propagation du mouvement et de la matière dans l’espace par le rythme, le temps et l’énergie

Le corps, par sa propagation, dessine des espaces d’extension et de progression dans lesquels le mouvement évolue.

34

35


Travail autour de la décomposition et de la propagation du mouvement et de la matière dans l’espace selon le rythme, le temps et l’énergie. Cette fragmentation d’un mouvement figé par le découpage et le collage permet de mettre en évidence la prolongation du mouvement et l’impact de la matière dans l’espace. La progression du corps dans l’espace est significative d’une extension et d’un déploiement de ce dernier. Le corps génère alors un espace qu’il habite par son mouvement et son extension. Le jeu entre le corps, le mouvement et la matière dans l’espace permet ici de développer une progression différente qui anime l’espace par un déploiement de deux matières.

Expérimentation du Tome 1

Traduction spatiale d’un mouvement qui se propage progressivement dans le vide afin de créer un nouvel espace à habiter. L’espace est évolutif. Il s’étend ou se rétracte selon le temps, le rythme, l’énergie et l’implantation.

Expérimentation et croquis de l’espace créé par le corps et la matière.

36

37


RYTHMER L’ESPACE

JEU DE HAUTEURS ET DE DISTANCES

Le corps, dans son mouvement général, propose de multiples postures et déploiements. Par l’extension du geste et le passage d’un corps assis à un corps debout, le mouvement développe une progression rythmique de hauteurs et de distances dans l’espace. Ce jeu de hauteurs et de distances peut s’entrevoir particulièrement grâce au saut. Le corps et la matière se replient et jouent sur une extension en hauteur et une projection en avant pour parcourir une distance.

Eadweard Muybridge - Chronophotographie d’un saut

Tennis players, Jean Yves Lemoigne, 2014 Chronophotographie sur le parcours des bonds et rebonds d’une balle de tennis

38

L’articulation du mouvement à partir d’un axe central permet de montrer la décomposition du geste mais aussi son extension. Le geste est de plus en plus grand au fur et à mesure de son déploiement.

39


L’espace évolue selon un mouvement de rotation mais aussi par un jeu de hauteurs et de distances. Le mouvement et l’espace s’intensifient, grandissent et se propagent par le temps et l‘énergie de manière horizontale et verticale. Ce déploiement rythme l’espace et propose différentes configurations d’espaces évolutifs, flexibles et modulables. Ce principe de déploiement et de décomposition du mouvement propose une mobilité structurelle de l’espace.

40

41


CHORÉGRAPHIER L’ESPACE

ENCHAÎNEMENT DE MOUVEMENT ET OPPOSITION

Le mouvement est une propagation du corps dans l’espace. C’est un déploiement organique qui se décompose par l’articulation et selon le temps et l’énergie liés directement au mouvement.

Rotation du mouvement par un axe central vertical et un axe horizontal. L’axe vertical du corps structure et définit le centre de l’espace. L’axe horizontal, c’est-à-dire celui créé par le positionnement des bras, permet de générer une propagation du mouvement dans l’espace à partir de l’axe du corps. Les mouvements se déploient, se décomposent et s’opposent selon des rythmes, des dynamiques et des temps différents.

Travail spatial à partir de l’axe central du corps. Le corps propose un enchaînement de mouvements qui se déploie et s’oppose horizontalement. Chaque mouvement génère des espaces évolutifs différents, plus ou moins grands selon le temps et l’énergie issus du corps.

Rebecca Horn, Mechanischer Körperfächer, (1972). Déploiement du corps dans l’espace par le mouvement. Création d’une nouvelle forme du corps liée à l’extension, à l’éclosion.

42

43


ENCHAÎNEMENT DE PLUSIEURS CORPS EN MOUVEMENT

Chorégraphier un espace à partir de plusieurs corps en mouvement et en relation. Les corps sont alors en interaction les uns avec les autres et définissent de nouveaux espaces par leurs mouvements similaires. L’espace est alors rythmé par différents corps et différentes énergies.

Second exemple sur la génération d’espaces à partir d’un enchaînement de mouvements évoluant autour d’un axe central.

44

45


46

47


PROPOSITIONS DE PROJETS

CRÉATION D’UN PRINCIPE STRUCTUREL FLEXIBLE ET ÉVOLUTIF

48

49


50

51


52

53


54

55


FRAGMENTATION, DÉPLOIEMENT D’UNITÉS SPATIALES ET MOUVEMENTS

56

57


58

59


FRAGMENTATION, DÉPLOIEMENT ETT MOUVEMENTS DE PLUSIEURS CORPS DANSANT

PUBLIC

EXPOSITION SCENE

LOGES

Déploiement et circulation intérieure des espaces

60

61


62

63


64

65


66

67


68

69


LIEUX D’IMPLANTATION

PARIS, ESPLANADE DE LA LIBÉRATION

70

71


Le pavillon s’implantera en premier lieu au sein de l’esplanade de la libération devant l’Hôtel de Ville de Paris. Le choix de cette place s’explique par sa configuration permettant d’accueillir un grand nombre de personnes mais aussi par son utilisation. En effet, la place de l’Hôtel de Ville est un lieu d’animation : patinoire, terrain de volley-ball pour Paris Plages (2004-2011), exposition, manifestation pour le don du sang, soirées sportives…

72

73


LYON, PLACE BELLECOUR

Lieu de passage incontournable, la Place Bellecour est l’un des endroits les plus fréquentés de Lyon. Avec une superficie de 62 000 m², elle est la plus grande Place de Lyon et la troisième plus grande Place de France, mais aussi la plus grande Place piétonne d’Europe.

Le plan d’aménagement de la nouvelle Place Bellecour

74

75


TOULOUSE, PLACE DU CAPITOLE

Vue aérienne de la Place du Capitole de Toulouse

76

77


03/ PAVILLON DE LA DANSE ITINÉRANT


SCÉNARIO 1

Déploiement et modulation du pavillon de la danse à partir d’un seul et même mât central. L’espace est alors la représentation d’un seul corps en mouvement.

80

81


82

83


84

85


86

87


SCÉNARIO 2

Déploiement et modulation du pavillon de la danse à partir de plusieurs mâts verticaux. L’espace est alors la représentation de plusieurs corps en mouvement. L’espace est chorégraphié par les liaisons et la communication des mouvements entre eux.

88

89


90

91


92

93


94

95


96

97


98

99


MATÉRIAUX & DÉTAILS TECHNIQUES

MATÉRIAUX

Utilisation de l’aluminium pour structurer les espaces du pavillon. La structure aluminium se caractérise par sa légèreté mais aussi par sa facilité de montage et de démontage.

Réalisation d’un plancher technique associé à un revêtement de sol pour la danse et les arts de la scène. Les panneaux de scène portatifs sont conçus pour les troupes et les espaces itinérants ainsi que pour les lieux de repésentation où le plancher permanent dur a besoin d’être couvert à l’occasion d’un couvre-plancher flottant.

Structure modulaire en profilé aluminium anodisé avec des contreventements (poutrelles, poteaux et goussets).

Utilisation d’une membrane composite destinée à la réalisation de structures mobiles ou permanentes. Elle est constituée d’un support textile en fibres polyester précontraintes, revêtu d’une enduction vinylique double-face. Faible fluage et embuvage. Résistance mécanique élevée et stabilité dimensionnelle optimale. Traitement de surface Pvdf (polyvinylidène fluoré) haute concentration, résistant aux UV et aux agressions atmosphériques. Haute translucidité offrant une transmission lumineuse de 16 %.

100

101


DÉTAILS TECHNIQUES : CONTREVENTEMENT

Le projecteur est un dispositif d’éclairage pourvu d’un système optique qui concentre la lumière sur une zone déterminée et qui est utilisé pour produire de la lumière sur les scènes de spectacle, les plateaux de télévision et sur les tournages des films. Utilisation de projecteurs mobiles suspendus à la structure et/ou fixés au sol. Projecteur LED de longue portée.

Utilisation de goussets en aluminium afin de fixer les profilés aluminium qui constituent les contreventements au cadre de la structure métallique.

12,17

5,90

ÉCLAIRAGE

Ces projecteurs sont conçus pour les théâtres et l’éclairage des spectacles.

102

103


DÉTAILS TECHNIQUES : MOBILITÉ STRUCTURELLE

DÉTAILS TECHNIQUES : TOILE ET FIXATION

Afin que la structure se module de manière optimale, des roulettes sont intégrées à la structure métallique. L’utilisation de ces roulettes permet à la fois à la structure d’être en mouvement mais aussi de s’adapter à l’environnement dans lequel l’espace s’implante.

12,17

Ce laçage permet de lier la peau et l’ossature, le métallique et le textile et constitue ainsi un corps fini.

5,90

5,90

12,17

La membrane composite qui vient recouvrir la structure métallique, telle une peau protectrice, se fixe par un système de laçage sur les profilés en aluminium.

104

105


PLAN SCÉNARIO 1

PLAN SCÉNARIO 2

26,39

27,70

25,13

34,22

106

107


24,00

ÉLÉVATIONS SCÉNARIO 1 ET 2

ESPACE LOGES

10,00

5,30

10,60

4,40

6,20

5,90

10,80

13,30

5,40

4,00

12,00

29,00

5,30 3,20

4,40

4,00

3,30

108

109

2,15

6,00

2,15

6,20

5,90

4,00

0,40


5,03 6,20

110 111 4,55

4,55

3,35

3,35

10,80

6,20

13,30

7,60

6,20

7,60

7,60

25,50

6,20

6,20

15,00 15,00

15,00

14,30 14,30

14,30

ESPACE SCÈNE

ESPACE EXPOSITON

14,4014,40

14,40 24,00

10,80

10,80 8,64 7,


ESPACE EXPOSITION : SCÉNOGRAPHIE

ESPACE PUBLIC

14,30

14,80

Utilisation de la structure métallique pour afficher et suspendre les éléments d’exposition. Impression des photographies sur textile et suspension par des câbles spécialement adaptés.

15,30

13,80 29,50

13,80

Luanne Stovall - Project Row Houses

5,45

13,80

5,45

11,00

24,00

112

113


04/ CONCLUSION


Le projet a pour but de démocratiser la danse en l’amenant au coeur de la ville et de la rue. L’espace s’exprime selon un langage chorégraphique précis : celui du corps, du mouvement et de l’espace. L’objectif principal a été de proposer une génération et une création d’espaces à partir de corps en mouvement. L’expression d’un rythme et d’une décomposition du corps et du mouvement ont permis de définir un système d’espaces flexibles et adaptables aux besoins et à l’environnement dans lequel ils s’implantent. Le pavillon de la danse itinérant est le reflet de corps en mouvement qui animent différents espaces et environnements. Le mouvement et la flexibilité du corps vont chorégraphier l’espace et donc le pavillon. Le principe constructif développé dans le projet pourra s’adapter à différentes typologies et à divers événements en raison de sa modularité et de sa flexibilité.

116

117


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.