Tome 01
- SLOW PACK Projet de fin d’études Promotion 2014-2015
Anne Philip Designer Produit
- PROJET DE FIN D’ÉTUDES PROMOTION 2014-2015 Mastère Design global, recherche et innovation
Projet de fin d’études dirigé par : Tiphaine Kazi-Tani & Joran Briand
_ Remerciements : Joran Briand, Tiphaine Kazi-tani, Lionel Hager.
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- AVANT-PROPOS C’est en attendant le métro, au moment où les personnes montent et descendent des wagons que l’on se demande: où courent ils tous? Et pourquoi courent-ils si vite? À l’heure où toute la société se fluidifie pour toujours gagner de la vitesse, le monde a besoin de ralentir. La pratique du design a considérablement évolué depuis l’ère industrielle à travers la découverte de nouveaux matériaux, techniques de fabrication qui ont facilité les innovations et les grandes créations du monde du design. Nous sommes arrivés aujourd’hui à un point où l’innovation doit aider à gérer les habitudes d’instantanéité qui se sont créées avec les nouvelles technologies. Le Slow design fait partie des attitudes qui tentent de faciliter de nouveaux modes de vie et sa découverte m’a servi de levier pour découvrir comment pousser les individus à prendre conscience du temps et à le redécouvrir autrement. Il m’a d’ailleurs semblé essentiel de mettre un point d’honneur sur les problèmes que nous rencontrons
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- Avant-propos -
- Avant-propos -
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actuellement, la pollution, la gestion des déchets, le gaspillage en m’intéressant tout particulièrement aux packagings de la grande distribution. Là où l’ère du numérique dématérialise la plupart de nos objets du quotidien, les packagings restent, mais ne s’adaptent pas toujours aux ambitions écologiques d’aujourd’hui. Le Slow Design ne s’est pas encore confronté au monde du packaging et ses valeurs me paraissent adaptées pour tenter, sans tout changer, l’évolution de ce domaine. En tant que designer et avec une certaine affinité avec le monde du packaging, j’ai souhaité orienter mon travail vers ce domaine en retard et victime de son succès, en le poussant à le rendre plus Slow.
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- Avant-propos -
- Avant-propos -
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- SOMMAIRE 4 10
Introduction
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Enjeux du projet
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Avant Propos
Part 01 Le slow comme un changement relatif au temps
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Part 02 Le packaging porteur de sens
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Part 03 L’ère d’une nouvelle définition du contenant
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Conclusion
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Bibliographie
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Le slow comme un changement relatif au temps A- Approche historique / définition du Slow B- La mémoire et ses codes C- L’utilisation de la mémoire dans le packaging
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Le packaging porteur de sens A- De l’emballage au packaging B- Le rituel C- Le design sensoriel
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L’ère d’une nouvelle définition du contenant A- Le packaging à la mesure de l’objet qu’il l’enveloppe B- Prise de conscience du consommateur (Cycle de vie)
C-L’usage
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- INTRODUCTION La notion de packaging, descendante de l’emballage est une pratique connut depuis l’homme nomade. La pratique du design a constamment évolué depuis les innovations de l’industrie dans les années 1900. Le design de packaging a lui aussi connu un essor considérable dans ces années et est au coeur de la problématique de consommation de masse. Cette hyperconsommation est toujours une problématique actuelle qui tend vers un changement, vaincre le trop pour une qualité certaine. «Less is more»
L. Mies van der Rohe
Le Slow Food, ainsi que le Slow Design, sont des mouvements qui se tournent vers un changement certain, au niveau d’une philosophie de vie, mais aussi de la conception et consommation de l’objet. Le Slow Packaging, vient être un marqueur d’une génération révolu qui se veut changer. On en vient à se demander quel est le statut du packaging aujourd’hui? Comment le concept du Slow Design peut-il se réinventer dans le domaine du packaging? À travers les valeurs fortes du mouvement Slow quel pourrait être son rôle dans la mise en place d’une nouvelle génération de packaging?
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- Introduction -
- Introduction -
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Dans un contexte ou le packaging est voué à changer et même à se réinventer avec une civilisation actuelle en quête de naturel, d’authenticité et qualité, notre perception de l’emballage évolue. Afin d’envisager des solutions fluides avec notre époque, il est important de contextualiser la notion de Slow, mais également de retracer l’histoire du packaging. J’espère engager, par la confrontation des deux, une réflexion critique quant aux implications écologiques, économiques et culturelles des emballages de nos produits de grande consommation.
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- Introduction -
- Introduction -
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- ENJEUX DU PROJET _ Enjeux créatifs
_ Enjeux économiques
Problématiques: Quel est le statut du packaging aujourd’hui? Comment le concept du Slow Design peut-il réinventer le packaging?
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- Enjeux du projet -
L’intérêt de réinventer le packaging à travers les valeurs du mouvement de Slow Design est d’interroger en profondeur les besoins réels et actuels associés à cet objet. Le Slow, qui promeut cette notion de lenteur et d’authenticité peut créer un pont pour repenser à la fonction première du packaging, celle d’emballer et de protéger. Cela serait possible tout en jouant avec les techniques actuelles lui permettant de l’inscrire dans un nouveau registre formel.
D’un point de vue économique, cette pratique du Slow packaging permet de remettre en cause la question des différents types d’emballage présent sur le marché, ainsi que leur coût de production et les moyens colossaux déployés pour les recycler. Cela propose un nouveau système économique plaçant le packaging dans sa fonction première et non comme un objet marketing. Changer les coûts de production dans la fabrication des packagings c’est espérer avoir des produits de meilleure qualité à l’intérieur.
- Enjeux du projet -
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Dans un premier temps, il pourrait s’agir de réfléchir à de nouveaux rituels, de nouvelles habitudes, de nouvelles traditions, pourquoi pas, pour changer progressivement les mauvaises pratiques liées aux packagings actuels (surconsommation, gaspillage, etc.) Dans un second temps, je propose d’essayer d’extraire le travail des formes par le designer de sa logique de stylisme uniquement au service du marketing.
Enjeux culturels
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Pourquoi pas contribuer à imaginer d’autres conduites d’utilisateurs en réfléchissant notamment à d’autres cycles de vie du packaging?
Enjeux sociaux
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- Enjeux du projet -
- Enjeux du projet -
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01 - LE SLOW COMME UN CHANGEMENT RELATIF AU TEMPS -
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- Partie 01 - A
A
Approche historique & définition du Slow
B
La mémoire et ses codes
C
L’utilisation de la mémoire dans le packaging
- Partie 01 - A
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A Le mouvement Slow est une théorie du design exposée pour la première fois par l’universitaire anglais, Alastair Fuad-Luke, en 2004. Cette théorie descend du mouvement Slow Food fondé en Italie en 1986 par le sociologue et critique gastronomique Carlo Petrini en réaction à l’émergence du mode de consommation de type restauration rapide. Il rédigera alors le manifeste de l’Association Slow Food Manifest à Paris le 9 novembre 1989 qui aura par la suite une portée internationale. Ce manifeste décrit les différentes notions et enjeux que le Slow Food souhaite défendre. Il s’oppose tout d’abord aux effets dégradants de l’industrie agroalimentaire et de la standardisation des goûts créés par celle-ci. C’est donc par l’utilisation de produits organiques cultivés et récoltés de façon traditionnelle, autant que possible, que cette diversité gustative est possible selon lui. Afin de promouvoir des productions saines et qualitatives, ce mouvement s’engage à aider les producteurs et artisans de l’agroalimentaire à mettre en avant leurs produits, leurs bienfaits et qualités au profit de communauté locale.
- Approche sociologique & définition du Slow -
«Il y a certaines choses qui ne peuvent pas, et ne devraient pas aller plus vite. Lorsque vous accélérez des choses qui ne devraient pas l’être, lorsque vous oubliez comment calmer le jeu, il y a un prix à payer.»
C. Honoré, 2005, p.16
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«Du terroir au tiroir»
Carlo Petrini, 2005, p.30
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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Ce premier concept permet de promouvoir une sauvegarde des consciences publiques, des traditions culinaires et des moeurs. C’est donc en transmettant cette philosophie du plaisir que le slow food prend tout son sens, le public peut alors éveiller son goût et sa culture oeno-gastronomique en consommant des produits de qualité. Ce concept fonde l’une des premières actions pour un changement socio-culturel, comportemental et économique de notre société. Il pose en effet les premières questions écologiques et interroge la provenance de nos produits et leur fabrication?
Le Slow design, mouvement artistique créé en 2004 vient dans la continuité du Slow Food en s’inspirant de ces valeurs pour les adapter au monde des objets. _
«Les designers ont plus de potentiel pour ralentir la dégradation de l’environnement que les économistes, les politiciens, les entreprises et même les écologistes. La puissance des designers est catalytique. Une fois qu’un nouveau design plus respectueux de l’environnement pénètre les marchés, ses effets sont bénéfiques et se multiplient. Les entreprises dépensent moins pour les matières premières, pour la production et ainsi réalisent de meilleurs profits. Les utilisateurs bénéficient d’une meilleure qualité des produits, les gouvernements réduisent l’attente sur l’application réglementaire et le gain net améliore l’environnement et la qualité de vie.»
A. Fuad-Luke, 2004, p.15
Alors que le mouvement est de plus en plus actif aujourd’hui, il est adaptable à d’autre champs que celui de la nourriture.
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- Partie 01 - A
Cette démarche, tel que l’explique Alastair FuadLuke démontre le potentiel de ce mouvement dans la situation actuelle. Elle permet une application à tous les niveaux, économiques, sociaux, culturels, environnementaux pour créer un changement considérable pour les consommateurs en quête de produits de qualité et durables. Dans son livre The écodesign handbook, il rédige le manifeste du qui fondera les principes du Slow design.
- Partie 01 - A
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celle de la qualité des produits, de la qualité environnementale, de l’éthique, de l’authenticité et des usages de consommation. Afin d’agrandir ce principe du Slow, celui-ci peut également se réinventer dans un autre domaine, celui du packaging.
Il fait référence aux pratiques issues des différents champs de la création, en changeant la logique du consumérisme et en mettant en avant l’équilibre de l’Homme et de son environnement. En accord avec les fondements du slow food, ce mouvement prône la fabrication d’objets uniques ou en petite série en mettant en avant le fait main ou des techniques traditionnelles artisanales et desservant d’abord des communautés locales avant des communautés internationales. Sa conception doit mettre en oeuvre des matériaux recyclés (ou / et recyclable) en encourageant les principes du développement durable et l’utilisation des moindres ressources humaines, économiques, écologiques, industrielles et urbaines. Il s’oriente lui aussi vers une philosophie de plaisir, de rêve, en développant un changement de comportement et une nouvelle économie autour du design d’objet. Le designer conçoit à travers une approche plus sensible et développe ces objets à travers une démarche d’écodesign. C’est en s’attachant à l’éthique des objets et de leur conception que le Slow design peut alimenter une nouvelle éthique de consommation. Les notions du Slow food et du Slow Design sont au coeur des problématiques actuelles à savoir
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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Schéma explicatif des différents notion du Slow.
Utiliser le moins de ressources humaines, écologiques, industrielles, urbaines. Développer de nouveaux comportements, une nouvelle économie.
S’opposer aux effets dégradant de l’industrie agroalimentaire. Mettre l’écologie et écopluralisme au centre de la production.
Éveiller le goût du public à nourriture de qualité
Sauvegarde des traditions culinaires et moeurs
Aider les producteurs/ artisants l’agroalimentaire pour des produits de qualité. Mettre en avant des produits organiques cultivés et récoltés de façon traditionnelle.
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« Un design écopluraliste doit être:
A. Fuad-Luke, 2004, p.15
Utiliser des matériaux recyclés ou recyclables encourageant les principes du développement durable.
1) Un design qui satisfait les besoins réels plutôt que les besoins transitoires, à la mode ou axés sur le marché. 2) Une conception pour minimiser l’empreinte écologique des matériaux aux produits et des produits aux services, à savoir, réduire la consommation des ressources, y compris l’énergie et l’eau. 3) Une conception exploitant les énergies solaires (soleil, vent, l’eau ou de la puissance de la mer) plutôt que d’utiliser le capital naturel non renouvelable tel que les combustibles fossiles. 4) Une conception qui permet la séparation des composants du produit produit / matériel / services à la fin de la vie afin d’encourager le recyclage ou la réutilisation des matériaux et/ou de composants. 5) Une conception excluant l’utilisation de substances toxiques ou dangereuses pour la santé humaine et faire de la vie un grand stade du cycle de vie / matériel / produit de service du produit. 6) Une conception engendrant un maximum d’avantages pour le public cible et d’éduquer le client et l’utilisateur et créer un avenir plus égal. 7) Une conception utilisant des matériaux et des ressources possiblement (penser globalement et agir localement) disponibles localement.
Produire à petite échelle des objets unique, fait main et éthiques. Recentrer l’homme au coeur de la conception en créant du bien-être, du rêve.
Eveiller de nouveaux comportements, de nouveaux usages, un nouveau rapport aux emballages. Véhiculer des rituels, des émotions.
Recentrer à échelle humaine le rôle du packaging aujourd’hui. Utiliser le moins de ressoirces humaines, écologiques, industrielles, urbaines.
Proposer des produits respectant une écoconception. Créer des packagings de qualité et dans une démarche de durabilité. Mettre en avant un savoir-faire artisanal.
- Partie 01 - A
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8) Une conception excluant l’innovation léthargie en réexaminant hypothèses initiales derrière des concepts existants et produits / matériaux / produits de services. 9) Dématérialiser les produits en services chaque fois que possible. 10) Une conception maximisant les avantages d’un produit / matériels / services produits aux communautés. 11) Un design qui encourage la modularité dans la conception pour permettre des achats ultérieurs que les besoins l’exigent et que les fonds le permettent, pour faciliter la réparation / la réutilisation et pour améliorer la fonctionnalité. 12) Une conception favorisant le débat et contestant le statu quo entourant des produits / matériaux / produits de services existants. 13) Publier des conceptions écopluralistes dans le domaine public pour le bénéfice de tout le monde. [...] 14) Une conception créant des produits / matériaux / produits de service plus durables pour un avenir plus durable.»
Avec la révolution industrielle, le développement de la machine a permis de faciliter les productions, de les rendre plus rapides et plus efficaces. L’homme qui croyait maîtriser la machine s’est laissé contrôler par sa productivité et est devenu esclave de celle-ci et du temps imparti. Le Taylorisme est un schéma représentatif de l’homme outil du rendement. _
« Notre siècle, qui a débuté et s’est développé sous le signe de la révolution industrielle, a commencé par inventer la machine, puis en a fait un modèle de vie. Nous sommes les esclaves de la vitesse et avons tous succombé au même virus insidieux: la vie à grande vitesse, qui brise nos habitudes, envahit nos espaces privés et nous contraint à consommer du fast-food.»
C. Petrini, 1989
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« Lorsque les horloges firent leur apparition sur les places des villes d’Europe, la frontière entre contrôle du temps et contrôle social devint encore plus floue. La ville de Cologne représente un véritable cas d’école. [...] En 1374, la ville édicta un statut fixant le début et la fin d’une journée de labeur, en limitant les heures des repas à «une heure et pas plus» [...] En l’espace d’une génération, les citoyens de Cologne étaient passés d’un monde où l’on ne savait jamais précisément l’heure qu’il était aux diktats d’une horloge vous indiquant quand travailler, combien de temps prendre pour déjeuner et à quelle heure rentrer chez soi tous les soirs. Le temps mécanique avait vaincu le temps naturel. »
C. Honoré, 2005, p.32
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- Partie 01 - A
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De l’invention de la photographie au passage du 20e siècle, les mouvements d’avant-garde témoignent d’interrogations voir d’inquiétudes face à la modernisation de la société.
Depuis l’apparition des premières machines production industrielle à vapeur jusqu’à notre société d’hyperconsommation notre société n’a fait qu’accélérer des processus. Les consommateurs occidentaux ont fini par être déconnectés de ce que représente en réalité la production de n’importe quel bien de consommation, depuis l’extraction et le traitement des matières premières jusqu’à son circuit de diffusion.
C’est le cas du Romantisme qui cultive une certaine mélancolie face aux changements du monde, du mouvement Arts & Crafts qui essaie d’organiser les relations entre art, artisanat et industrie. _
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A. Warhol, Campbell’s soup can, 1962
Gauche C. D. Friedrich, Le Voyageur contemplant une mer de nuages, 1818 Droite W. Morris, Design avec fleur, 1884
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- Partie 01 - A
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_ P. Virilio, 2010
«Les choses existent à travers des proportions : audelà de 2,5 mètres, nous ne sommes plus homme, mais fantôme ou sycomore si l’on fait 18 mètres de haut. Or, la vitesse des transports et des transmissions instantanées réduisent le monde à rien. Nous vivons une époque singulière, notre appréciation des échelles de temps et de distances est bouleversée et la terre est devenue trop petite pour le progrès.»
«Les choses existent à travers des proportions : audelà de 2,5 mètres, nous ne sommes plus homme, mais fantôme ou sycomore si l’on fait 18 mètres de haut. Or, la vitesse des transports et des transmissions instantanées réduisent le monde à rien. Nous vivons une époque singulière, notre appréciation des échelles de temps et de distances est bouleversée et la terre est devenue trop petite pour le progrès.»
P. Virilio, 2010
Le mouvement du Slow Design, vient faire subsister des formes de production et de réception plutôt «traditionnelles», une forme économique (économie de la production, économie de la réception, etc.) alternative. Grâce à cette quête de nouveaux objets participatifs créant de nouveaux rapports à la conception, aux usages et au rapport au temps.
Néanmoins pour Carl Honnoré cette contraction du temps a un revers paradoxal: _ C. Honoré, 2005, p.40
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«Comme tout le monde, je me tourne vers la technologie pour me faire gagner du temps et avoir l’opportunité d’être moins pressé. Mais la technologie est une fausse amie. Même lorsqu’elle nous fait gagner du temps, elle nous en fait perdre en générant toute une nouvelle gamme d’obligations et de désirs. Lorsque la machine à laver a fait son apparition au début du XXe siècle, elle libéra les femmes au foyer d’heures de corvée épuisantes. Puis au fil des années, les standards de l’hygiène évoluèrent, nous amenant à laver nos vêtements toujours plus souvent.»
- Partie 01 - A
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E. Mari, Autoprogettazione,
Thorunn Arnadottir Clock, 2007
«Chaque perle de ce collier représente 5 minutes, et le collier représente un jour solaire. Les perles orange et rouge représentent les heures. Lorsque la roue tourne, une perle tombe et glisse le long du fil. Pour lire l’heure, il faut compter les perles à partir de la perle en argent (minuit) ou de la perle en or (midi) jusqu’à la dernière tombée de la roue. L’enjeu de ce projet était pour moi de créer une perception du temps plus «émotionnelle», mesurée en relation avec les événements de la vie de quelqu’un plutôt que de découper la journée en unités rigides. C’est ici que la beauté de ce projet se révèle : bien que les perles représentent des unités de temps lorsque le collier est positionné sur la roue, elles peuvent en être retirées pour représenter alors une forme de temps libre. Vous pouvez ainsi porter fièrement le collier autour de votre cou, et vous affirmer « au contrôle de votre temps »
1974
_ G. Allen, Mari X IKEA: autoprogettazione, 2007
Enzo Mari est l’un des précurseurs du «Do it yourself» qui a permis de questionner les usages et les comportements face aux objets et à la modernité. Les projets Autoprogettazioni et Mari X IKEA illustrent cette nouvelle conception de l’objet et la création d’un lien participatif entre designer, objet et consommateur. L’utilisateur a alors toutes les clés pour pouvoir construire lui même son mobilier et créer un nouveau rapport avec celui-ci.
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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_ Gaetano Pesce Golgotha,1972
_ Gaetano Pesce, dans sa conception design, met en avant l’unicité de l’objet et la valeur que cela lui procure. La production fait perdre à l’objet, son originalité, mais aussi son éthique. Les chaises Golgotha, toutes différentes, questionnent donc cette notion de l’objet de valeur expérimentale au dépit d’objet standard identique.
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- Partie 01 - A
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B La mémoire est, par définition considérée comme un lieu abstrait où viennent s’inscrire les notions, les faits passés. Elle permet donc de faire un lien entre le passé et le présent, mais également d’établir nos «goûts» et appréhensions des choses.
- La mémoire et ses codes -
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«La même chose qui fait envie de danser à quelquesuns, peut donner envie de pleurer aux autres. Car cela ne vient que de ce que les idées qui sont en notre mémoire sont excitées [...]. Ce qui est si certain, que je juge que si on avait bien fouetté un chien cinq ou six fois, au son du violon, sitôt qu’il ouïrait une autre fois cette musique, il commencerait à crier et à s’enfuir.»
Descartes Mersennes, 1630
La mémoire fonctionne de manière distincte, chaque personne retient donc des choses différentes. Tel que l’explique le livre de Jean Yves Tardié, le sens de la mémoire, il existe trois catégories de mémoire. Tout d’abord la mémoire de répétition qui fonctionne à l’aide d’accumulation de mêmes actions qui permettent l’acquisition d’un souvenir par habitude.
« Notre corps est notre organe de perception, incontournable intermédiaire entre le monde extérieur et notre mémoire. C’est lui qui va recueillir par le biais des cinq sens: vision, audition, olfaction, goût et toucher, la matière première de nos souvenirs. »
J. Tadié , p.11
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- Partie 01 - B
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La mémoire de sensation et d’intuition qui se développe par la retranscription d’un souvenir à travers la sensation ressentie avec l’utilisation des différents sens. Ces sens interviennent donc comme des interfaces majeures entre le monde extérieur et notre mémoire. _
_ Van Gogh, La nuit étoilée, 1889
«La peau est à la fois protectrice et interactive»
Montagu Ashley 1971
Les artistes romantiques donnent l’exemple de l’utilisation de cette mémoire et décrivent leurs souvenirs et s’imprègnent de leurs ressentis pour nous transmettre le décor de leurs récits, peintures. La Martine avec Le lac, nous peint un paysage à l’aide des sensations. Nous ne pouvons pas imaginer à la perfection cet endroit, mais nous laisser l’interpréter. _ Lamartine, 1820
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_ A. Renoir, La Grenouillère, 1869
«Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir! [...] Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Que les parfums légers de ton air embaumé Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire Tout dit: «Ils ont aimé!»
- Partie 01 - B
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La dernière forme de mémoire est l’affective. Elle représente la création d’un lien entre objets, personnes, lieux. Cet affect est dépendant de notre passé, patrimoine, éducation et de notre état d’esprit du moment. IL représente en quelque sorte notre personnalité et notre ressenti. (La joie, la souffrance...) Ce type de mémoire est involontaire et identitaire à chaque personne. Ce sont également à travers nos sens que nous exploitons cette mémoire et nous traduisons nos goûts. _ J. Tadié,2004, p.30
«Toute perception visuelle, auditive, olfactive, gustative, sensitive stimule, de façon plus ou moins importante suivant la charge affective que nous lui attribuons»
D’après l’oeuvre de Henri Focillon, L’éloge de la main écrit en 1934, la main fait office de créateur de souvenir par le biais de la trace, de l’empreinte. La main et l’outil communiquent l’un avec l’autre et deviennent une prolongation de nos gestes et ainsi de notre corps. C’est avec la main que l’outil devient un objet qui prend vie. En effet, le geste hésitant, authentique et modeleur de l’homme donne un caractère unique (à contrario de l’objet industriel) et devient alors marqueur d’émotions.
La mémoire d’un objet demeure donc dans les différentes sensations et affections que nous lui apportons, autrement dit à travers nos sens. Dans le domaine du design, un lien très fort existe entre objet et main. Permettant ainsi de définir la main comme un conservateur de souvenir.
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G. Penone, Ma mia altezza, la lunghezza, delle mi braccia, 1968
G. Penone, Nero assoluto d’Africa, 1978-1979
Le travail de G. Penone, dans son exposition L’espace de la main affirme ce lien étrange entre la main et l’objet comme créateur de souvenir. Il définit les empreintes non pas simplement comme des caractères distinctifs de certains objets, mais comme l’ensemble du monde objectif. La trace reflèterait donc le lien sensoriel et émotionnel qu’il existe entre les objets et nous. En effet, chaque moment de notre vie laisse une trace sur un objet qui ensuite en conserve la mémoire hors de nous, de même qu’il laisse une trace sur la partie de notre corps qui est entrée en contact avec cet objet.
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- Partie 01 - B
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R. Opalka, autoportraits, 1972-2008
W. Benjamin, 1935
«À la reproduction même la plus perfectionnée d’une oeuvre d’art, un facteur fait toujours défaut : son hic et nunc, son existence unique au lieu où elle se trouve. Sur cette existence unique, exclusivement, s’exerçait son histoire.[...]La trace des premières ne saurait être relevée que par des analyses chimiques qu’il est impossible d’opérer sur la reproduction ; les secondes sont l’objet d’une tradition dont la reconstitution doit prendre son point de départ au lieu même où se trouve l’original. Le hic et nunc de l’original forme le contenu de la notion de l’authenticité, et sur cette dernière repose la représentation d’une tradition qui a transmis jusqu’à nos jours cet objet comme étant resté identique à luimême. Les composantes de l’authenticité se refusent à toute reproduction, non pas seulement à la reproduction mécanisée.»
_ Inscrire une trace d’un temps irréversible.
Les objets sont donc les plus grandes sources de souvenirs et des marqueurs importants de la mémoire. Les sens entrent en collision avec l’esprit permettant à chaque personne d’appréhender la forme, la couleur, la texture d’une surface et enfin de l’apprécier ou non. Bien rodés par le monde du marketing, les souvenirs et les sensations que nous portons sur des archétypes ou des objets existants sont utilisés pour nous faire consommer et choisir un produit plutôt qu’un autre.
_ O. Debary T. Laurier, 2007
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«L’objet trace: [...]La particularité de l’objet trace est d’indiquer ici et maintenant le passage révolu de vivants sans montrer ce qui s’est réellement passé.Ce paradoxe est, bien sûr, la source des débats controversés autour de l’objet, ou plus précisément autour de l’interprétation de l’objet comme trace.»
- Partie 01 - B
- Partie 01 - B
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C Notre ressenti, ainsi que nos émotions sont aujourd’hui utilisés dans le monde de la pub et du marketing afin de nous toucher et de nous émouvoir. Le choix de nos produits dépend en effet de l’émotion ressentie devant celui-ci. C’est avec des codes très précis que les marques élaborent leur packaging et stratégie de communication afin de nous faire apprécier de manière différente chaque produit et ainsi jouer avec nos humeurs. Ces éléments peuvent se trouver à différents endroits du packaging, notamment dans le choix des matériaux ou des typographies.
- L’utilisation de la mémoire dans le packaging -
_ Touzani Mourad, Une lecture sémiotique du discours du packaging à travers les fonctions du langage,2005
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- Partie 01 - C
- Partie 01 - C
«[...] Les matériaux sont nombreux ; ce sont notamment le carton, le verre, le bois, le plastique, le fer blanc. Les éléments morphologiques correspondent aux différentes formes géométriques que le packaging peut prendre. Les éléments scripturaux correspondent aux lettres, aux mots et aux phrases qui peuvent être inscrits sur le packaging. Les éléments chromatiques sont par exemple la luminosité, les couleurs, les valeurs, Les éléments graphiques et typographiques sont, par exemple, les symboles, les logos, les dessins et les photographies (Dano, 1994).»
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C’est par le biais de ces codes qualificatifs, faisant la plupart du temps appel à notre mémoire, à nos valeurs et à un sens, celui de la vue, que les marques jouent sur l’authencité, la qualité, les bienfaits viellant à nous interpeller et nous rassurer dans les choix de nos produits. D’après l’extraction de ces codes faite par Touzani Mourad, il semble être intéressant de comparer pour un même produit comment ces codes peuvent être utilisés et par quel moyen. Le yaourt avec sa standardisation et sa production industrielle dans la seconde moitié du xxe siècle a fait de lui un produit de grande consommation dans de nombreux pays du monde. Ce produit, présent sous toutes les formes dans les rayons de nos supermarchés reflète l’importance du rôle du packaging et du choix visuel des marques pour mieux vendre.
C’est en manifestant et en mettant en avant un savoir-faire ou une tradition (familiale) que les marques gagnent en crédibilité et arrivent à s’installer dans la mémoire des consommateurs. Cela peut se traduire comme pour ce packaging La fermière, par un rappel à la famille avec l’appellation «le riz au lait de nos grands-mères» comme un écho à notre mémoire affective. _ Packaging La Fermière
Ces marques utilisent également des typographies renvoyant à des écritures manuscrites qui évoquent pour le consommateur une notion d’ancienneté, de génération, de fait main et un gage de qualité. C’est le cas également pour les produits de la marque Bonne Maman.
_ Pub Mamie Nova, Mai 2014
_ Logo marque Bonne maman
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- Partie 01 - C
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Les marques veillent à mettre en avant l’historique du produit ou de sa fabrication pour crédibiliser leur savoir-faire et la qualité du produit. Cela est souvent traduit par la notification de date, tel que «tradition depuis 1948» sur le packaging de la marque Malo. De plus, des annotations «techniques» de fabrication viennent appuyer la qualité de la marque. Rians manifeste cela par exemple avec les termes «moulés à la louche», garant d’une fabrication artisanale.
On constate également que les marques illustrent par des visuels ou un travail sur le packaging des techniques de conservation ancienne, tel que la trame du torchon à carreaux que l’on met sur les produits frais pour les conserver tel que chez Bonne Maman ou la cocotte en fonte des plats familiaux chez la marque Malo. _ Packaging Bonne maman & Malo
_ Packaging marque Malo
Ces références manifestent un savoir-faire ancien et historique qui rassure les consommateurs. De plus ces marques les utilisent des matériaux traditionnellement utilisés pour conserver et contenir la nourriture, telles que le pot en verre, le pot en terre cuite. Ces archétypes nous renvoient à nos souvenirs et semblent être un gage de qualité.
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- Partie 01 - C
_ Packaging marque Rians
- Partie 01 - C
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La marque La laitière utilise elle, pour inspirer les valeurs d’ancienneté et de traditions une oeuvre d’art. Le tableau de Jan Vermeer La Laitière peint en 1658. _ Jan Vermeer, La Laitière, 1658
L’utilisation de tous ces codes est aujourd’hui de plus en plus courante. En effet, les consommateurs ont une volonté de retrouver des saveurs et des traditions oubliées par l’arrivée de la grande distribution. Les marques mettent donc en oeuvre des packagings faisant référence à nos souvenirs et à nos sens. Ces codes permettent donc de communiquer un produit comme ancien, familial, générationnel. Le packaging prend donc le rôle de porteur de message, véhiculant des souvenirs, des émotions, afin d’atteindre son but commercial:gagner la bataille de la concurrence.
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- Partie 01 - C
- Partie 01 - C
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02 - LE PACKAGING PORTEUR DE SENS -
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- Partie 02 - A
A
De l’emballage au packaging
B
Le rituel
C
Le design sensoriel
- Partie 02 - A
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A L’emballage est, par définition, un objet destiné à contenir, protéger, transporter et stocker des marchandises. Mais celui-ci existe depuis le début de la civilisation. L’homme nomade s’en servait déjà afin de protéger ces denrées alimentaires en les enveloppant dans des feuilles ou des peaux d’animaux. Les hommes se sont servi par la suite de la nature pour confectionner d’autres types d’emballages, à l’aide d’osier, de terre cuite, de céramique, de faïence, de porcelaine ou encore de bois. La vente de biens se faisait au détail avec une notion de «vrac». Les acheteurs avaient la possibilité d’avoir un contact direct avec le marchand et une proximité des produits.
- De l’emballage au packaging -
_ Dans l’Antiquité, l’amphore est l’un des premiers emballages en terre cuite. La fonction sociale des pots, des premiers packagings, relevait alors autant du symbole que du simple conditionnement. Le vin d’amphore était également contenu dans ces mêmes pièces en terre cuite. C’était donc le contenant qui offrait au contenu certaines conditions particulières de maturation qui va donner au produit une identité particulière.
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- Partie 02 - A
- Partie 02 - A
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_
Évolution de l’emballage
B. Heilbrun, 2012, p.3
«[...]Le packaging est plus qu’une belle image ou un miroir séduisant. Il est l’un des piliers stratégiques d’une marque parce qu’il permet la reconnaissance de ses produits, l’attraction de l’utilisateur...» C’est au XIX siècle que l’emballage prend le nom de packaging. C’est à la naissance des marques que les industriels comprirent qu’il était nécessaire de différencier leur produit et d’attirer l’attention du consommateur pour qu’il associe un nom à un produit. Pour ce faire, il fallut aller contre les habitudes des clients, qui consistaient à juger la qualité des produits d’après leur apparence et leur texture davantage que d’après leur marque. Le packaging n’est alors plus considéré comme un simple outil de conditionnement, mais en recouvrant la dimension d’emballage il créé l’interface entre le produit d’une part et le consommateur d’une autre part.
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- Partie 02 - A
- Partie 02 - A
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Le packaging a pris le rôle d’écran servant à dissimuler une réalité ancienne, celle du vrac, en positionnant la marque comme seule notion de l’origine et seul choix possible. Eddy Bernays, père de la propagande politique institutionnelle et de l’industrie des relations publiques, a été un des premiers à vendre des méthodes pour utiliser la psychologie du subconscient dans le but de manipuler l’opinion publique. Il change donc de manière irrémédiable le processus de choix de fait que le consommateur n’est plus à même de sentir, toucher ou voir le produit avant d’acheter.
L’acheteur doit donc faire confiance à la marque quant à l’origine du produit. Cette culture du packaging est fortement liée à une idéologie de l’innovation, dans la mesure où il parait indispensable au fabricant de donner une dynamique à la relation marchande en brisant une sorte de conservatisme des habitudes de consommation d’avant. La nouveauté, le choix, l’innovation à d’ailleurs pousser les individus à consommer toujours plus et à apprendre de nouveaux gestes de consommation par des logiques très pédagogiques, dont le packagaging fut souvent l’un des relais majeurs.
_ _ K. Hepbrun, Les torches de la liberté, 1930
R. Loewy, Lucky Strike, 1940
_ Raymond Loewy apporte une réflexion novatrice sur l’importante croissance de «l’esthétique industrielle» qui allait devenir design. (La laideur se vend mal, 1953)
_ En 1929, pour mettre en pratique l’idée que fumer devenait synonyme de liberté Bernays engage des mannequins pour parader dans des défilés très médiatisés. Chacune avait une cigarette dans une main et une pancarte Torch of Liberty dans l’autre.
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- Partie 02 - A
- Partie 02 - A
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Emballages 1900-1909
Garouste, Bonetti Ricard, 1997
_ Emballages 1920-1929
«La forme élancée évoque la saveur franche de l’anis et la rondeur suggère la réglisse. Le matériau utilisé, la porcelaine dans laquelle est sculpté un soleil, et les couleurs, jaune et bleu, renforcent cette impression de fraîcheur»
_
_
Cette évolution formelle et graphique de l’emballage des marques, entre 1900 et 1909, montre que la communication était tout d’abord portée sur le côté traditionnel du produit, en insérant des images représentatives de l’époque et que par la suite, la publicité s’est démocratisée pour présenter des produits plus stylisés, avec de nouvelles identités graphiques.
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- Partie 02 - A
Cette réflexion sur la bouteille, sur sa forme est un exemple clé du changement entre l’emballage créé pour contenir et le packaging qui cherchent une réflexion autour de l’esthétisme et l’usage du produit.
- Partie 02 - A
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B Le rituel renvoie au culte religieux, mais aussi à toute coutume fixée par une tradition. Il est toujours une répétition d’occasion et de forme, chargé de signification «symbolique». Il recèle d’une dimension collective, déterminante, car il marque la vie sociale et les périodes importantes d’une société.
- Le rituel -
_
«Sous l’influence de la mondialisation économique et de l’interconnexion des sociétés et des individus, de nouveaux rituels voient le jour. [...]Beaucoup de ces rituels ne nécessitent plus, à l’opposé des rituels traditionnels, la présence corporelle des acteurs. Ils ont lieu dans un espace virtuel qu’ils créent en même temps.»
Rituel «l’hommemédecine», Tribu Navajos
A. Van Gennep, Les rites de passage
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- Partie 02 - B
- Partie 02 - B
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À l’ère de la mondialisation et globalisation, la pratique de rituel n’est plus la même que celle d’avant. Tel que l’énonce Walter Benjamin, dans l’oeuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée, les rituels ont été modifiés et par le biais de la reproduction désacralisés. Les réseaux sociaux ont formé des rituels virtuels qui ne contiennent plus cette dimension cachée et religieuse de l’essence même du rituel. La notion de sacré est maintenant à la vue de tous, ce qui banalise les rituels et les rend accessibles et non plus magique, intouchables. _ W. Benjamin, 1935
«La production artistique commence par des images au service de la magie. Leur importance tient au fait même d’exister, non au fait d’être vues. [...]La valeur rituelle exige presque que l’oeuvre d’art demeure cachée: certaines statues de dieux ne sont accessibles qu’au prêtre, certaines images de la Vierge restent voilées durant presque toute l’année, certaines sculptures des cathédrales gothiques sont invisibles au spectateur au niveau du sol.»
_
«Les êtres humains ne se font pas comprendre seulement par le langage, ils communiquent aussi par le corps et par ses diverses formes d’expressions et de représentations. Les rituels sont des actions dans lesquelles la mise en scène et la représentation du corps humain occupent un rôle central. Aujourd’hui comme hier, la vie en communauté n’est pas possible sans rituel ni ritualisation. Tout changement, toute reforme d’une institution ou d’une organisation nécessite une modification des rituels.»
C. Wulf, 2005, p.10
Dans la mesure où elles sont mises en scène par des représentations du corps, les rituels ont plus de poids que de simple discours. L’être humain se mettant alors en scène, il met en avant son rapport aux autres et crée du lien social. D’une autre part, les rituels actuels opèrent également la synthèse entre la mémoire sociale et la projection vers l’avenir de la communauté. _
«Les rituels continuent à se développer pour la simple raison qu’us ne peuvent ne jamais être repris à l’identique et qu’ils trouvent leur potentiel créatif dans les processus mimétiques dont ils relèvent et qui concilient répétition et modification.»
C. Wulf, 2005, p.16
Ils sont malgré tout nécessaires au fonctionnement de nos sociétés occidentales engagées dans un processus de tribalisation. Dans les rituels modernes, les actions rituelles permettent d’établir un rapport entre l’histoire, le passé et l’avenir. Elles font le lien entre continuité et changement.
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- Partie 02 - B
_ Mimétique: reproduction machinale inconsciente de gestes et d’attitudes.
- Partie 02 - B
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La définition du rituel permet de comprendre ceux que l’on trouve aujourd’hui dans nos moeurs notamment au niveau du packaging. Il est, en effet, créateur de traditions et une valeur ajoutée à un acte, une situation. Le thé au Japon ou en Angleterre nous pose la question de rituel. La cérémonie des paquets de Noël permet également de mettre en avant ces valeurs. Le papier cadeau représente alors l’élément différenciant le fait de donner un objet ou de l’offrir. L’enveloppe de l’objet et le packaging ont alors le rôle de créateur de rituel et créateur d’événement. La notion de dévoiler apporte le secret, la surprise et une intervention de l’homme dans la confection du rituel. Dans les maisons de luxe, cette notion de rituel se traduit par un art de vivre. Celui-ci est façonné pour que chaque objet utilisé raconte une histoire et procure une aventure pour l’utilisateur. Cela se configure de manière à ce que les clients n’achètent pas seulement un objet, mais tout un univers et une gamme de produits. C’est le cas pour les enseignes DRY Things ou Eskimo qui propose une panoplie pour que leur consommateur puisse recréer à leur domicile le rituel proposé par ces marques.
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- Partie 02 - B
_ DRY Things, 2013
«Nous créons des choses de notre propre mode de vie, avec un véritable intérêt pour les beaux objets durables, ces choses que nous aimons avoir autour de nous. Ces choses qui peuvent être inspirées par le passé, mais créées pour l’avenir. Mais nous les laissons prendre leur temps.»
_ Eskimo, Shave & Blade, 2013
- Partie 02 - B
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De plus, les enseignes de spiritueux et de parfum, telles que Guerlain ou Veuve Cliquot, mettent en avant des rituels de consommation permettant en «magasin» de vivre l’expérience de leur produit. Ces rituels dits «On-Trade», explorent une consommation différente et permettent aux consommateurs, avides d’expériences de découvrir et de tester un univers. Ces rituels, s’adressant à une classe sociale précise, dégagent des codes et signes de distinction. Ils ne portent donc pas un réel côté mystique, mais se veulent mettre en avant les individus pour leur allure et valeur d’estime. Ils sont donc porteurs de statuts et d’art de vivre.
_ B. Rodier, 2013
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_ Veuve Cliquot, Suit me, 2012 Rituel On-trade
_ Maison Guerlain, Champs Élysées, Paris
«Veblen introduit toutefois ici une subtilité qui n’est pas sans importance : au cours de l’évolution, les règles de l’ostentation se complexifient ; un étalage excessif de luxe dans l’apparence vestimentaire paraît désormais vulgaire. Le stade ultime de l’élégance consiste paradoxalement dans un affichage subtilement discret, toutefois reconnaissable par ceux qui maîtrisent les codes du raffinement. «[...] S’habiller de façon « criarde », voilà qui déplaît aux gens de goût, qui dénote l’envie trop voyante de faire grosse impression sur les sensibilités mal éduquées du vulgaire. » Le fait même que l’ostentation soit discrète participe encore de l’ostentation en tant que marque d’une distinction supérieure.»
- Partie 02 - B
- Partie 02 - B
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C Dans un contexte où l’espace visuel sur les packagings est saturé, de même pour les espaces marchands les marques se posent donc la question d’un packaging multisensoriel. Pour cela les enseignes font appel à des designers afin de donner un caractère nouveau, innovant aux packagings. L’utilisation des sens permettrait donc au consommateur de s’approprier le produit, mais aussi de pouvoir l’inscrire dans le langage de l’imaginaire. En effet, les individus sont avides d’expériences sensorielles qui leur permettent de se sentir exister et de se procurer des instants de plaisir. C’est pourquoi l’achat se veut aujourd’hui émotionnel au-delà des qualités du produit et la vue ou la prise en main du packaging peut devenir un élément moteur de vente. Le design sensoriel des packagings a tout d’abord concerné le secteur du luxe avec l’utilisation de graphisme ou de forme de plus en plus sophistiquée en mobilisant le toucher à l’aide de papier à grain, plastique gommé, aluminium satiné...
- Le design sensoriel -
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- Partie 02 - C
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Ces packagings s’appellent alors des packagings mythiques qui permettent de créer des codes dans une catégorie de produit et de créer une innovation radicale sur la forme en communiquant des sentiments et des émotions, mais aussi de transgresser les codes culturels en créant une icône culturelle.
_ N°=5, Chanel
_ Shalimar, Guerlain
Chanel n°=5 démontre par ces lignes droites le chic, dépourvu d’artifices de la couturière et en dehors des modes pour une élégance toute contemporaine et une singularité facilement reconnaissable. Ces dispositifs ont aujourd’hui gagné le secteur de la grande consommation avec des produits multisensoriels qui mettent en situation le consommateur avant l’achat.
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- Partie 02 - C
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Lo siento studio, tritricum
Lo siento studio, tritricum
«À mesure que la nécessité se trouve socialement rêvée, le rêve devient nécessaire. Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n’exprime finalement que son désir de dormir. Le spectacle est le gardien de ce sommeil.»
C’est donc dans le but de toucher les consommateurs, de les faire rêver et de rendre le produit plus accessible et plus humain que les marques mettent en scène leur produit. Le packaging possède donc une dimension sensorielle et permet donc de créer un contact entre le consommateur et le produit. Serait-il possible de transmettre une émotion à travers un packaging plus sain, venant mettre en avant les caractéristiques sensorielles du produit qu’il contient plutôt que de son emballage? Comment peut-on aujourd’hui mettre à profil les caractéristiques d’un packaging pour lui donner un second souffle?
_ Packaging permettant de sentir son pain avant de l’acheter.
_ Orangina, bouteille texturée ou reprenant une forme existante, faisant appel au sens du consommateur.
_ La bouteille d’orangina, par le touché permet de reconnaître la texture de la peau de l’orange.
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- Partie 02 - C
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03 - L’ÈRE D’UNE NOUVELLE DÉFINITION DU CONTENANT -
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- Partie 03 - A
A
Le packaging à la mesure de l’objet qu’il enveloppe
B
L’investissement du consommateur
C
L’usage
- Partie 03 - A
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A L’histoire du packaging, comme exposée plus tôt, ne comporte plus les mêmes problématiques. Le transport, le stockage ainsi que la protection du produit sont des valeurs intégrées par les fabricants qui ne fondent pas leurs principaux axes de création. L’innovation, la nouveauté, sur un schéma compétitif à permis au monde du packaging, dès son essor d’obtenir un progrès considérable dans la confection des packagings ou dans les matériaux.
- Le packaging à la mesure de l’objet qu’il enveloppe _ B.Barré, 2012, p.16
Cette chasse à la nouveauté devient toutefois un critère privilégié laissant de côté la qualité du produit lui même.
«Et si les emballages vous montraient clairement ce que vous risquez?» Slogan Leclerc, 2005
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- Partie 03 - A
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Ce schéma de qualité de produit a considérablement changé depuis l’évolution du packaging, de fausses valeurs se sont rajoutées devenant plus important que d’autre, tel que la communication de la marque. Ces deux schémas présentent cette évolution, le cycle normal de l’emballage ainsi que la tendance actuelle qui tend vers une valorisation du produit, plus ou autant que la valorisation de l’emballage. Les consommateurs souhaitent revenir vers des produits de qualités, avec des packagings plus soucieux du produit et de l’environnement.
_ Cycle de vie du packaging après la révolution industrielle
_
Cette boucle qui n’a plus été fermée à une époque nous permet de nous poser la question de l’avenir du packaging aujourd’hui. Mon projet de Slow Packaging se tourne donc vers des solutions pour à nouveau fermer cette boucle tout en intégrant les facteurs économiques du packaging. En étudiant les volontés actuelles d’écoconception, de durabilité, de qualité de produit me poussent à me poser la question de réutilisation, en travaillant sur le deuxième cycle du packaging, celui qui se trouve après consommation et comment celui-ci peut se développer en amont de la conception du packaging.
Cycle de vie de l’emballage à sa création
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- Partie 03 - A
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_
_
Campagne Leclerc, 2005
Cycle de vie du packaging pour une nouvelle définition de celui-ci
_ Puma, 2010
De nombreuses mobilisations des marques par des campagnes tentent d’innover pour donner une seconde vie au packaging. Ils tentent tous de ne pas sacrifier l’art de l’emballage sans pour autant négliger le produit. Cette méthode illustre comment à travers des matériaux actuels innovants, des nouvelles manières de concevoir les packagings il est possible de l’allier savoir-faire design et marketing.
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- Partie 03 - A
_ La boite à chaussure puma est un marqueur du changement dans le mode de confection des packagings. Elle n’est pas simplement conçue pour acqueuillir des chaussures, mais fait référence à tout un schéma de réflexion sur la provenance et le devenir de cette boîte.
- Partie 03 - A
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_
_
Selva Balasinham, 2014
Thierry Muggler, Angel, 2014
_ Jessika Brunner,2012
_ Cette deuxième démarche met en avant, elle, l’envie d’effectuer un nouveau répertoire de matériaux pour le design packaging. Ce projet repose sur un système élaboré uniquement avec de la pulpe de bois et de l’amidon compressé. La matière dure et résistante demeure entièrement biodégradable et même recyclable tout en ayant une apparence unique et distinctive les boîtes s’assemblent comme des pièces de puzzle pour permettre des configurations différentes. La boîte peut être conservée, mais aussi simplement recyclée.
_ Ces démarches mettent en oeuvre une réduction des packagings en réduisant les déchets de ceux-ci, mais également une notion de réutilisation avec par exemple, les recharges Angel pour Thierry Muggler.
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- Partie 03 - A
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Le packaging par sa capacité à contenir et à conserver a déjà un rôle important pour qu’il puisse être à la mesure et en résonnance avec l’objet qu’il contient. L’art japonais avait bien entendu cette union, que devait former le contenant et le contenu avec des emballages qui se doivent simples sans prétention et respectueux du contenu sans l’écraser.
_
Ces différentes démarches mettent en avant l’univers du packaging qui tente de changer ses codes et de revoir ses convictions. Pour aller plus loin dans cette démarche, il me semble important de placer dès aujourd’hui l’utilisateur comme l’acteur principal du packaging. En effet, c’est tout d’abord en changeant les méthodes de fabrication et de conception qu’il peut y avoir une évolution des packagings, mais également en proposant un nouveau cycle de vie, un nouvel usage pour que l’utilisateur se sente concerné dans la vie d’un produit qu’il consomme.
Paulownia, boîte de bois.
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- Partie 03 - A
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B Dans une démarche de changement de packaging, le consommateur est une cible qui doit prendre parti en changeant ces habitudes de consommation pour que le changement soit accepté et devienne quotidien. On peut observer que, la population porte un regard pointilleux sur les aliments qu’elle consomme. La notion d’appartenance est aujourd’hui forte et les individus tournent le dos aux grandes distributions pour aller vers de l’authentique et des produits «made in France».
- L’investissement du consommateur
_
«Les citoyens «hypermoderne», tout en consommant toujours plus, cherchent en effet à redonner du sens à leurs comportements et à renforcer leur identité à travers un attachement à des valeurs morales et la quête de lien social»
Lipovetsky, 2004
Les circuits courts, existant avant la création des circuits de grande distribution, forment un mouvement de consommation responsable et durable et son essor aujourd’hui démontre une mutation sociétale quant à emprunter des services associés à la commercialisation alternative. La typologie des circuits courts à plusieurs niveaux d’application où chaque citoyen peut s’identifier et peut consommer plus sainement.
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- Partie 03 - B
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_
Les systèmes de circuits courts permettent de comprendre que celui-ci peut s’adapter à toute une population, s’il en existe suffisamment. La filière collective de la typologie du court circuit amène à réfléchir à cette filière au sein la grande distribution. Certaines de ces enseignes telles que Auchan, prennent le parti de faire vivre leur communauté locale au dépit de grands distributeurs. C’est en effet pour combler leur clientèle, mais également pour dynamiser une région qu’elles optent pour le circuit court. En tant que consommateur l’achat local plutôt que mondial change-t-elle la manière de consommer? On note que cette démarche renforcerait la cohésion sociale entre producteurs et consommateurs.
Typologie des circuits courts
_ Commissariat général au développement durable, 2013, p.3
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- Partie 03 - B
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«[...]Cette analyse a notamment montré que les circuits courts permettaient un renforcement du lien social. Les circuits courts permettent en effet une meilleure compréhension par les producteurs et les consommateurs de leurs mondes respectifs. Les consommateurs sont rassurés par la connaissance des conditions de production des produits et comprennent mieux les contraintes du métier d’agriculteur. Ces circuits peuvent d’un autre côté permettre aux producteurs de trouver une motivation supplémentaire à l’exercice de leur métier.»
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Cette pratique permet donc de générer un nouveau lien social qui ne pouvait avoir lieu avec les multiples intermédiaires de la chaîne de grande distribution. Les habitudes de consommation étant donc en train de changer, on peut constater que les consommateurs n’ont plus recours au même rituel de consommation. En effet, faire le marché pour des produits frais ou acheter des produits en grande surface ne relève pas de la même intention et la notion de plaisir est différente. La grande distribution instaure un caractère d’ultra consommation tandis que le marché une notion de tradition française. C’est peut-être par la distribution des produits en vrac que ce manifeste cette notion de plaisir de l’achat. Le consommateur peut voir, toucher les produits mais aussi communiquer avec le fabricant directement ce qui rassure à l’inverse des supermarchés où les produits ne sont forcement pas visibles directement. Un paradoxe au sein même des grandes surfaces se crée. En effet, les rayons dits «hard discount»
sont nés grâce au retrait du packaging permettant de baisser les prix. Ce rayon, créé pour une certaine classe sociale va à l’encontre des magasins de type Biocoop, primant les produits vrac, mais s’adressant cette fois-ci à une clientèle aisée. La question de vrac est donc une réelle solution qui permettrait d’harmoniser globalement les différentes dépenses pour que le packaging ne soit plus un luxe. L’acte de «faire le marché», changerait donc la manière de consommer et impliquerait de nouveaux usages. Cette pratique relève également d’autres avantages tels qu’une meilleure valorisation des produits, un contact direct entre producteur et consommateur mais également une nouvelle manière de choisir et consommer ces produits. De nombreux projets appuient le fait que le marché semble être une solution durable et ambitieuse pour l’avenir de consommation alimentaire et en parallèle une alternative à l’emballage, lui faisant gagné en éthique. _ Biomobile
_ Rayon «Vrac» Biocoop / Tusco
«La biomobile est une épicerie itinérante, qui permet de rendre plus accessible les produits biologiques, Valoriser les produits locaux et enfin d’offrir un service de proximité en se trouvant sur les places communales[...]»
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- Partie 03 - B
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_
_
Le solid Arles
Cédric Naudon, fondateur de La Jeune Rue, 2012
«Créer une activité économique viable, incluant Solidarité et coopération, autour d’un circuit court de commercialisation de produits agricoles, direct producteur/consommateurs, et d’un lieu d’échange et de rencontres.Lutter contre l’exclusion alimentaire, et permettre aux consommateurs, notamment aux plus fragilisés, d’accéder à une alimentation de qualité, par l’accès à des produits frais locaux, de saison, quel que soit le niveau de revenu. Permettre aux producteurs de vivre de leur activité, en garantissant un débouché à un prix rémunérateur, en relocalisant et mutualisant production et commercialisation (réappropriation de l’acte de vente et de la valeur ajoutée). Sensibiliser les consommateurs à une alimentation responsable, et mettre en œuvre toutes actions permettant la promotion sociale, économique, culturelle des membres.»
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- Partie 03 - B
La Jeune Rue, c’est d’abord un rêve gastronomique, doublé d’un pari culturel et d’un projet de société. Nos restaurants, commerces de bouche et boutiques partagent la même philosophie : proposer des produits d’exception dans des écrins uniques, en soutenant les initiatives agricoles et commerciales vertueuses. La Jeune Rue porte des valeurs cardinales qui déterminent chacun de ses choix.[...] Le savoir-faire français. Nous faisons le pari du 100% français, quand c’est possible, au travers de partenaires choisis sur le terrain.Du producteur au consommateur. Le respect de la terre et des produits, c’est aussi le respect des paysans. [...] Nous avons la conviction que l’on peut manger sain et savoureux en respectant la terre et ceux qui savent lui faire exprimer ce qu’elle a de meilleur[...] »
Ce projet veillant à remettre en avant le marché au sein de commerces déjà existants reflète quelques problèmes de logistique des marchandises. Les circuits courts peuvent être applicables à petite échelle, mais demanderaient un changement de pratique considérable à l’échelle d’un quartier entier.
- Partie 03 - B
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Cependant la notion de marché me parait être une solution idéale afin de recréer des liens sociaux, une durabilité, une qualité de produit. Ce type de vente qui fait appel à la notion de vrac, comme un retour à l’état naturel du produit semble être un avenir pour un packaging Slow, soucieux d’être à la juste mesure de son contenant. Ce packaging nous pousse peut-être à revenir à l’emballage, en lui donnant de nouvelles caractéristiques modernes et par conséquent de nouveaux usages.
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- Partie 03 - B
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C L’usage est par définition, une destination, fonction de quelque chose, emploi qu’on peut en faire. Dans l’univers du packaging, il peut se définir comme une manière de consommer, d’acheter, tel que les rituels de vente ou encore de jeter, autrement dit la deuxième vie du packaging. Mon projet s’apparentant à une nouvelle définition du packaging, il me semble important d’étudier quel pourrait être un nouvel usage pour le consommateur.
- L’usage -
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- Partie 03 - C
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Ce schéma nous renseigne sur le cycle de vie du packaging, de son cycle de consommation ainsi que son cycle de fin de vie. Les trois notions évoquées dans ce second cycle, recyclage, réutilisation et transformation existent dans certains de nos objets du quotidien. C’est le cas, de nombreux packagings en carton ou verre recyclable facilement. La notion de réutilisation est la plupart du temps induite par le matériau ou par son traitement. Les pots à moutarde devenus verres ou les pots à confiture devenus nouveaux contenants sont des exemples types de la réutilisation des objets faite par le consommateur. L’avenir des grandes surfaces pourrait se traduire par cette réutilisation et la mise en oeuvre de nouveaux contenants qui suggèrent une deuxième utilisation, une nouvelle façon de s’intégrer dans nos maisons , à l’image des verres à moutarde.
De plus, de nouveaux packaging sont inventés pour supprimer toute forme d’emballage et que le produit soit consommer jusqu’à sa disparition totale.
_ Bee Bright, M. Paquette, 2014
_ Tomorrow Machine, 2014
Néanmoins, cette notion de packaging réduit à son maximum ne permet-elle pas de se poser la question de retrait complet du packaging?
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- Partie 03 - C
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Ce transporteur unique, archétype du panier en osier, n’est pas un objet disparu de notre société. Dans chaque supermarché celui-ci est proposé pour y mettre ces courses dans le magasin. Sa forme n’est, en revanche, pas toujours adaptée aux produits et aux packagings qu’il contient. Il reste cependant la référence type du transport du vrac, mais aussi de la réutilisation du contenant.
La notion de vrac, vient, elle, s’apparenter a créer une autre typologie de 2e cycle de vie. Celà s’apparenterait à trouver un moyen commun de transporter et protéger les aliments. _ Campagne WWF, 2013
Le nom de panier est également souvent utilisé dans le langage courant de notre société, le terme de «panier moyen» par exemple reflète cette notion archétypale d’achat alimentaire moyen dépensé par les acheteurs chaque fois qu’ils fréquentent un point de vente. Le Slow packaging, ne doit-il pas véhiculer des valeurs communes avec celle du panier? Même dans la vente de produit en vrac les consommateurs ont besoin de contenant pour transporter leurs aliments. Le sac en kraft sur les marchés, mais également le panier.
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- Partie 03 - C
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- CONCLUSION -
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Le Slow Packaging, pourrait être, en écho aux notions du Slow Food et du Slow Design, un remède pour l’avenir du packaging dans notre société d’hyperconsommation. Sa notion de lenteur, donne un mot d’ordre, ralentir, revenir à un temps de plaisir. Cette notion peut en effet intervenir à trois niveaux, dans de nouveaux usages chez le consommateur, dans un souci de production et de distribution des produits, mais aussi dans une contextualisation de l’achat. Pour traiter ces directions, il est important de remettre le packaging au même niveau que l’emballage et de concevoir qu’il puisse encore comporter les mêmes valeurs d’estimes et d’usages. Le traitement d’un packaging Slow, fera donc référence aux archétypes pour comprendre comment il a évolué de cette manière et si en exploitant l’existant il est possible d’améliorer le futur. Un mouvement Slow au sein du packaging alimentaire se veut également devenir un objet qui fait le lien entre le point de vente et nos maisons. Il doit pouvoir être stocké de manière intelligente, mais également trouver une place au sein de nos cuisines. C’est également en valorisant le produit chez nous, en incitant à le cuisiner, à le déguster que les consommateurs peuvent prendre conscience de l’importance des produits de qualité. C’est en réfléchissant à tout le cycle du produit qu’il est possible d’agir mieux pour produire moins et d’instaurer le Slow dans nos magasins et maisons comme un nouvel art de consommer.
- Conclusion -
- Conclusion -
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- BIBLIOGRAPHIE -
_
Octave Debary & Laurier Turgeon Objet et mémoire, Paris-Québec, 2007.
Livres / Articles
Anne Beyaert-Geslin Sémiotique du design, Paris, 2012. Donald A. Norman Design émotionnel: pourquoi aimons-nous ou déstestons nous les objets qui nous entoure?, Paris, 2012. Christoph Wulf Les rituels, performativité et dynamique des pratiques sociales http://hdl.handle.net/2042/25562, Paris, 2005. Giuseppe Penone L’espace de la main Juhani Palasmaa La main qui pense - Pour une architecture sensible, Paris, 2013 Henri Focillon Vie des formes Paris, 2013
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- Bibliographie -
- Bibliographie -
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_
_
Carl Honoré L’éloge de la lenteur Paris, 2005
Livres / Articles
http://alimentation.gouv.fr/circuits-courts-producteurs
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B. Heilbrunn La marque, 2010
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- Bibliographie -
- Bibliographie -
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- Bibliographie -
Tome 02
- SLOW PACK Le vrac, culture du marché et alternative au packaging?
Projet de fin d’études Promotion 2014-2015
Anne Philip Designer Produit
- PROJET DE FIN D’ÉTUDES PROMOTION 2014-2015 Mastère Design global, recherche et innovation
Projet de fin d’études dirigé par : Tiphaine Kazi-Tani & Joran Briand
_ Remerciements : Joran Briand, Tiphaine Kazi-tani, Lionel Hager.
2
3
- SOMMAIRE 01 6
Introduction
8
Contextes d’application
10
Part 01 Courte étude comparative de deux usages du vrac
52
Part 02 Le vrac: de nouveaux usages pour les consommateurs
80
Part 03 Un garde-manger contemporain
108
4
Intentions de finalisation
Courte étude comparative de deux usages du vrac. A- Le vrac dans nos supermarchés B- Le marché, univers du vrac C- Le vrac dans nos placards
02
Le vrac: de nouveaux usages pour les consommateurs A- Transporter et protéger nos aliments B- Stocker et ranger nos fruits et légumes C- Réorganiser nos cuisines
03
Un garde-manger contemporain A- Une cuisine plus Slow? B- Le kraft, conservateur de nos aliments C- Un garde-manger pour fruits & légumes
5
- INTRODUCTION Relai entre consommateurs, marques et aliments, le packaging exerce un rôle important au sein de la chaîne de distribution des produits. Même s’il est aujourd’hui source de problématiques environnementales, il ne peut cependant pas être supprimé complètement de nos supermarchés. C’est en exploitant mieux ses propriétés et en modifiant son cycle de vie que celui-ci peut continuer à protéger, transporter et stocker nos aliments. Le Slow packaging vient alors prendre le relais et redéfinir l’emballage, le replacer à la mesure du produit qu’il conserve. Mon étude se poursuit donc autour des trois fonctions du packaging (stocker, transporter, protéger) En mettant l’utilisateur au centre de l’appropriation des emballages, car si celui-ci se sent concerné dans une chaîne de vie des packagings alors de nouveaux scénarios d’usage et problématiques peuvent être envisagés. C’est autour de la notion de vrac, qui semble être le devenir du packaging, que mon projet se tourne. En effet, la distribution des aliments en vrac n’est pas encore totalement intégrée par les distributeurs, mais également par les consommateurs. Est- il possible aujourd’hui de la rendre plus instinctive auprès d’un de ces deux maillons de la chaîne de consommation et par quels moyens?
6
- Introduction -
- Introduction -
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- CONTEXTES D’APPLICATION -
_
A l’heure où la société tente de devenir plus écologique, il existe des types de commerces qui sont sur le point d’être modifiés afin de permettre au mieux ce changement pour les consommateurs.
Contexte
_
Les supermarchés du type (Monoprix, Auchan, Leclerc) possédant des rayons «vrac», ainsi que le marché primeur.
Lieux d’implantation
_
Pour développer un projet de Slow packaging, il est indispensable de l’intégrer dans un contexte donné. C’est le contexte (social, culturel, spatio-temporel) qui va permettre d’établir un concept basé sur la «lenteur». Chaque projet sera ainsi indissociable du contexte d’expérimentation choisi, ou devra être en tout cas repensé s’il doit être transposé dans un autre contexte.
Mon étude se fera à travers deux adultes âgés de 27 à 50 ans.
Cibles
_
Mettre en évidence un certain nombre de problèmes dans la pratique du vrac dans les supermarchés.
Objectifs
Répondre à ceux-ci à travers des moyens simples, s’adaptant sur l’existant.
J’ai choisi plusieurs contextes qui me permettent de me projeter vers différentes problématiques afin de rendre plus riches les réponses qu’il est possible d’apporter.
Instaurer un packaging unique pour une typologie d’aliments.
Il m’a donc semblé important de mettre en évidence le Slow packaging, tout d’abord dans deux types de commerces d’aliments ainsi que dans différents usages.
Faciliter le transport de ce nouveau packaging. Réfléchir a une nouvelle organisation du rangement des aliments chez soi.
Différents objectifs selon les contextes: -Créer des systèmes de packaging qui mettent en avant la réutilisation. -Susiter aux utilisateurs de nouveaux usages. -Relier le packaging du magasin jusqu’à son rangement.
8
- Contextes -
Rendre intuitive la réutilisation de ce packaging pour différents usages. _
Pédagogique, dans un souci d’écologie.
Fonctions de l’intervention
- Contextes -
9
01 - COURTE ÉTUDE COMPARATIVE DE DEUX USAGES DU VRAC -
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- Partie 01 - A
A
Le vrac dans nos supermarchés
B
Le marché, univers du vrac
C
Le vrac dans nos placards
- Partie 01 - A
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A Pour intégrer au mieux une démarche Slow au sein de la grande distribution, il est important de s’intéresser aux différentes typologies d’aliments s’y trouvant et pouvoir établir de nouveaux systèmes d’emballage intelligents et efficaces.
- Le vrac dans nos supermarchés -
Le secteur de l’épicerie, regroupant, pâtes, riz, céréales est en plein changement. Le vrac commence doucement à s’y installer, mais les dispositifs ne rendent pas encore adeptes tous les consommateurs. Ces rayons appelés «hard discount» mettent en avant le gain d’argent pour moins d’emballage ce qui met en évidence que le packaging est une source considérable d’investissement, rendant l’aliment plus cher.
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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La mise en rayon des marchandises sous forme de vrac se fait au détriment de certaines prestations qui étaient prises en charge par les produits emballés, telle que les informations, l’hygiène et la rationalisation du rangement. (Voir photo pages 12-13)
_ Supermarché Auchan Neuilly-Sur-Marne
_ Distributeur self-service, pâtes
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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Parmi les possibles améliorations du distributeur, on peut essayer de trouver des moyens de communiquer aux consommateurs des informations fondamentales sur le produit (composition, traçabilité, mode d’emploi...). C’est à travers l’archétype du doseur, permettant le dosage de plusieurs aliments différents, que j’ai souhaité expérimenter de nouveaux schémas de distribution du vrac.
_ Verre doseur multi-aliments
_ Quart, petit gobelet de fer-blanc avec une anse qui contient un quart de litre.
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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18
_
_
Ce schéma pourrait représenter l’utilisation d’un simple contenant gradué permettant à l’utilisateur de connaître la quantité, de transporter ces aliments chez lui, mais également de les stocker pour enfin venir remplir à nouveau son contenant. Le cycle de l’emballage serait alors une boucle fermée nécessitant une modification des habitudes des consommateurs.
Étude comparative pour 80g de différentes pâtes, afin de pouvoir graduer un même contenant pour différent produit.
- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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20
_
_
Le doseur permet dans ce cas là, tout en s’intégrant directement aux distributeurs déjà existants de permettre aux consommateurs de connaître la portion d’un repas pour une personne à l’aide d’un même contenant, dosant différents types de pâtes. Ce doseur permet donc de faciliter le remplissage des différents contenants et ne pas consommer plus que nous en avons besoin. Les pâtes viendront par transparence se remplir au niveau de la ligne ce qui servira de repère pour le consommateur. Afin d’apporter plus d’indications au consommateur il est également important de pouvoir l’informer sur les produits qu’ils achètent.
C’est avec des moyens très simples qu’il est possible d’informer les consommateurs sur les compositions, mode d’emploi et traçabilité des produits. Dans ces recherches j’ai souhaité, mettre en avant deux possibilités: la première concernant des utilisateurs connectés, avec une base de données des produits en ligne, permettant une fois chez eux d’avoir les informations nécessaires pour leurs aliments. (www. vrac.com par exemple) La deuxième possibilité, elle, est imprimée et disponible en magasin pour que les utilisateurs puissent la ramener directement avec leurs courses.
- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
21
_
Recherches d’un cycle de consommation, à l’aide de contenants réutilisables
Trajet envisagé des aliments de l’épicerie salée jusqu’à nos cuisines.
Différentes tailles de contenant afin d’adapter les volumes au besoin des consommateurs. Contenant se trouvant sur le lieu de vente, réutilisable, transportable et stockable grâce à sa fermeture à l’aide d’un élastique.
Différents bocaux et compartiments pour les aliments à accueillir (riz, pâtes, café, céréales) ainsi que les achats complémentaires.
Adaptation de ces compartiments dans un panier déjà existant.
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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_
Afin de mettre en oeuvre le vrac comme un grand changement dans la manière de consommer, il me semble important de pouvoir initier au mieux les consommateurs à ces nouvelles pratiques dans un magasin. Pour ce faire, c’est avec l’utilisation de processus simples et intuitifs que les individus prendront de nouveau plaisir à choisir leur produit.
Ce panier, utilisé dans les grandes surfaces peut, à l’aide de système de «plugg» devenir un initiateur du transport du vrac pour les consommateurs. (Produit se trouvant dans les contenants prévus plus haut)
Le panier, un outil favorable pour le transport et le rangement des aliments pourraient devenir le support de nouvelle sorte d’emballage pour le vrac. _ Ramón Coronado
_ Ramón Coronado, par son détournement du panier met en évidence le potentiel du matériau. Il démocratise son utilisation et le fait devenir un objet unique, manifeste.
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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_
_
Essai de module pouvant se trouver dans les paniers.
Mise en situation dans un panier standard avec les contenants pour vrac
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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_ Le plastique de cuir est doté de la résistance du papier tout en étant d’origine naturelle. Il peut être utilisé dans l’alimentaire. Il pourrait être un matériau utilisable pour la production des différents contenants. Le plastique bio composite renforcé de cellulose peut être, lui aussi, utilisé pour la création de ces contenants.
_ Le plastique bio composite renforcé de cellulose peut être, lui aussi, utilisé pour la création de ces contenants.
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- Partie 01 - A
- Partie 01 - A
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B L’univers du marché est un lieu qui favorise le lien entre consommateur, nourriture et producteur. Il est un intermédiaire à la grande distribution qui réconcilie avec l’acte de consommer. C’est par sa distribution des produits en vrac qu’il m’a semblé intéressant dans un premier temps, de découvrir comment l’approvisionnement en nourriture était fait en amont, c’est-à-dire à cinq heures du matin lorsque le marché commence à s’agiter. C’est tout d’abord le déballage de nombreuses caisses (en bois ou en plastique suivant les aliments) qui sortent des camions pour venir progressivement trouver leur place sur les étalages de vente (Voir photographies page 32) J’ai pu constater que de nombreux producteurs se servaient des caisses de livraisons pour mettre en forme leur étalage et les récupérer par la suite pour les utiliser à nouveau. L’emballage à donc la possibilité de devenir support de vente tout à étant réutilisé. Mais que ce passe-t-il du côté des acheteurs? Les emballages du marché peuvent-ils être réutilisés à l’image de celle des caisses en bois ?
- Le marché, univers du vrac -
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- Partie 01 - B
- Partie 01 - B
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_
_
Fonctionnement du chargement et dĂŠchargement des marchandises au marchĂŠ.
MarchĂŠ couvert Nogent-Sur-Marne Reportage photographique lors des livraisons
32
- Partie 01 - B
- Partie 01 - B
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Marché Paris XIV ème Reportage photographique des différents emballages sur le marché
_ Les filets à oranges par leur flexibilité facilitent le transport des aliments, mais permettent également une visualisation directe des produits qu’ils contiennent. Cependant, ce matériau me permet de me poser la question de leur utilisation lorsque ces filets arrivent dans nos cuisines. Comment pouvons-nous les utiliser pour stocker nos aliments? Par quel moyen peut- on revaloriser ces emballages , leurs particularités techniques , en leur donnant un second cycle de vie et en leur rendant leurs propriétés premières, celle de transporter, protéger et stocker les aliments.
_ Les matériaux issus du marché ont la particularité d’être très riches en propriétés techniques qui pourraient être réutilisées dans nos intérieurs. La cagette en bois reste un objet pratique pour le stockage à plat des aliments. C’est avec ces différents matériaux que j’ai souhaité travailler en essayant de leur donner de nouveaux usages.
34
- Partie 01 - B
- Partie 01 - B
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Le kraft est également un matériau aux caractéristiques adaptées au contact avec les fruits et légumes. En effet, il a une capacité à protéger les aliments des UV et de l’humidité. Par ces pliages, il est possible que le kraft devienne par lui même un objet de transport et également un moyen de stockage une fois arrivé chez nous. Les systèmes de pliage du papier kraft permettent une revalorisation du papier et une extension usage à l’image des emballages japonais.
_
_ Le kraft comme une corbeille à fruits
Le kraft comme un deuxième contenant
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- Partie 01 - B
- Partie 01 - B
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38
- Partie 01 - B
- Partie 01 - B
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_ Recherche autour de la boîte à oeufs et de son matériau, la cellulose moulée. C’est en cuisinant cet emballage de la même manière que l’on cuisine nos aliments (découpe, mélange avec un peu d’eau puis mixage et moulage) qu’il est possible de créer un nouveau contenant et après usage qu’il puisse quand même être recyclé.
40
- Partie 01 - B
- Partie 01 - B
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C À l’aide d’un reportage photographique de placard de personnes de différents âges, je tente de comprendre, par le rangement des produits de la grande distribution les problèmes que l’on peut rencontrer avec les produits en vrac. Malgré des cuisines dites «équipées», de nombreuses personnes ne trouvent pas pour autant des moyens adaptés et pérennes pour ranger leurs aliments. J’ai constaté que souvent, c’est par un empilement et un encastrement de nos packagings que se forme l’intérieur de nos placards.
- Le vrac dans nos placards -
42
- Partie 01 - C
- Partie 01 - C
43
_ Est-il possible de redécouper nos placards, de les modifier afin qu’ils s’adaptent au rangement en vrac? Comment range-t-on des aliments lorsqu’ils ne sont pas stockés à l’intérieur d’un emballage rigide?
44
- Partie 01 - C
- Partie 01 - C
45
_
_
Découpage des surfaces de rangement.
Mise en scène du vrac stocké par étage.
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- Partie 01 - C
- Partie 01 - C
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_ Adaptation du vrac comme un module de placard.
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- Partie 01 - C
- Partie 01 - C
49
_ Rangement des fruits dans un module reprenant la forme des placards existants
50
- Partie 01 - C
- Partie 01 - C
51
02 - LE VRAC: DE NOUVEAUX USAGES POUR LES CONSOMMATEURS -
52
- Partie 02 - A
A
Transporter et protéger nos aliments
B
Stocker et ranger nos aliments
C
Réorganiser nos cuisines
- Partie 02 - A
53
A Après avoir analysé les possibilités de matériaux provenant du marché, mais également le rangement de nos placards, je me pose la question du transport et de la protection de nos aliments. Comment est-il possible de créer un cycle de vie de nos emballages pour qu’ils puissent devenir réutilisables, à l’image des paniers regroupant tous nos aliments ?
- Transporter et protéger nos aliments -
J’ai effectué mes recherches sur le transport d’un aliment en particulier pour comprendre comment celui-ci pouvait être transporté tout en étant protégé et en devenant un support de stockage.
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- Partie 02 - A
- Partie 02 - A
55
_ Packaging créé aux besoins des échalotes équipées d’une poignée le rendant transportable et réutilisable. Cette boîte permet aux échalotes d’être à l’abri de la lumière tout en laissant l’air circuler pour qu’elles ne germent pas.
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- Partie 02 - A
- Partie 02 - A
57
_ _
Ajout d’une pièce afin de rendre le sac en kraft un sac de transport à part entière.
Renforcement et création de poignées cartonnées ou hanses pour le transport d’un sac en kraft.
58
- Partie 02 - A
- Partie 02 - A
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_ Système de boÎte permettant le transport, le stockage et le rangement des kiwis.
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- Partie 02 - A
- Partie 02 - A
61
B Une fois nos courses au marché terminées, c’est, arrivés dans nos cuisines , que se pose la question du stockage et du rangement de nos aliments. J’ai souhaité à travers mes recherches, élaborer différents modules propres à chaque fruit et légume, permettant de les faire mûrir et de les ranger. Comment peut-on donc, au sein d’une cuisine, mettre en place des modules de rangement adaptés à tous les produits en vrac que nous consommons? Mes premiers modules, s’orientent donc vers la notion de faire mûrir ces fruits, tout en protégeant ceux qui le sont déjà. Pour, par la suite, me demander comment il serait possible de combiner ces modules en un seul et même meuble, tout en respectant les besoins de chaque aliment.
- Stocker et ranger nos aliments -
62
- Partie 02 - B
- Partie 02 - B
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_ Bo卯te permettant de mettre dans le fond les fruits m没rs et sur le dessus ceux ayant encore besoin de m没rir.
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- Partie 02 - B
- Partie 02 - B
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- Partie 02 - B
- Partie 02 - B
67
_ L’accumulation d’une même forme permet de créer des surfaces fermées et sombres ainsi que des surfaces éclairées pouvant correspondre au besoin différent des aliments.
68
- Partie 02 - B
- Partie 02 - B
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_ Regroupement des diffĂŠrents modules
70
- Partie 02 - B
- Partie 02 - B
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C - Réorganiser nos cuisines -
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La réorganisation de nos cuisines est l’élément clé qui va permettre de faire le lien entre le packaging des commerces, le transport et le rangement de ceux-ci. Mon étude se tourne donc vers la particularité des aliments que je souhaite stocker et leur organisation au sein de nos cuisines. Les fruits et légumes comportant pour chacun d’eux des caractéristiques de conservation, variant entre température et luminosité me permettent de créer au mieux des rangements faits sur mesure. Afin d’améliorer leurs conditions de stockage, c’est en étudiant la culture même du fruit ou légume qu’il est possible de reproduire les conditions de vie du cycle de ceux-ci. En effet, les légumes poussant au niveau des racines seront ceux qu’il faut conserver dans le noir, dans un milieu frais. Quant aux autres, poussant au niveau du sol ou dans les arbres et arbustes ils ont besoin de rester au frais ou nécessitent des espaces aérés et de la lumière. Il semble donc cohérent de réadapter une cuisine en respectant ces conditions et cette hiérarchie. L’épicerie salée, quant à elle, nécessite un rangement plus adapté à notre consommation personnelle, pour éviter les pertes de place et l’accumulation. Tous deux complémentaires, ces deux types d’aliments présents dans nos cuisines peuvent aujourd’hui cohabiter et même devenir utiles, l’un à l’autre.
- Partie 02 - C
- Partie 02 - C
73
_
_
Cette accumulation d’images, illustre par le biais de photographies de légumes en culture, les besoins des différents légumes, tel que pour un avocat, un endroit ensoleillé, et aéré.
La mise en relation entre les trois niveaux de pousse des fruits et légumes (voir page 70) et le travail de designer reprenant ces notions me permet d’établir une banque de forme et matériau reprenant au mieux le milieu naturel des fruits et légumes (la racine, la terre, la branche, l’aérien, le filaire, le rhizome...).
74
- Partie 02 - C
- Partie 02 - C
75
_
_
Antony Gormley
La racine devient alors créatrice de formes et création de modules compartimentés.
_ Beili Liu To and Fro
_ C’est en relation avec des travaux d’artistes que j’ai débuté mes recherches de module reprenant l’effet grippant des racines, me permettant d’organiser des modules de stockage.
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- Partie 02 - C
- Partie 02 - C
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_
_
Maxime Paulet
Maxime Paulet et Mathilde Quinchez-Elytra par des formes extraites de la nature m’incitent à prendre le parti de créer des modules reprenant la branche, la feuille des arbres pour venir y suspendre les fruits. Ces modules tentent de trouver des solutions pour ramener un côté aérien naturel du stockage des fruits comme sur des arbres. Ce système leur permettrait de mûrir sans s’écraser.
_ Mathilde QuinchezElytra
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- Partie 02 - C
- Partie 02 - C
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03
A
Une cuisine plus Slow?
B
Le kraft, conservateur de nos aliments
C
Un garde-manger pour fruits & lĂŠgumes
- UN GARDE-MANGER CONTEMPORAIN -
80
- Partie 03 - A
- Partie 03 - A
81
A La cuisine, tel que nous la connaissons aujourd’hui, est représentative des besoins de rangement des produits de la grande distribution. En effet, boîtes en carton, conserves ayant la possibilité d’être empilées viennent se loger «parfaitement» dans nos cuisines. Nos frigidaires viennent également accueillir nos produits, même ceux qui n’ont pas besoin d’être mis au frais, tels que les oeufs ou certains légumes. C’est avec cette standardisation de nos cuisines que nous avons perdu des moyens simples et plus naturels qui permettent à nos produits de se conserver plus longtemps. Cette standardisation des cuisines ne date pas d’aujourd’hui, mais du XXe siècle où elle a été pensée, à la manière du Taylorisme. C’est en s’inspirant du travail à l’usine que les cuisines équipées ont vu le jour, avec une optimisation de l’espace et du mouvement, plaçant les cuisinières comme ouvrières de la maison. Cependant, ces cuisines peuvent- elles toujours recevoir des produits en vrac tout en restant telles quelles? Introduire du Slow dans une cuisine permettrait peutêtre de rendre l’acte de cuisiner plus plaisant en mettant en avant nos produits et les préparations.
- Une cuisine plus Slow? -
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- Partie 03 - A
- Partie 03 - A
83
_
La cuisine de Francfort est l’une des premières cuisines construites sur le modèle du Taylorisme (voir page 84), elle n’est, en effet, pas si loin des cuisines que l’on peut trouver aujourd’hui dans nos maisons. C’est à travers l’analyse de celle-ci que l’on peut se demander comment il est possible de penser une cuisine plus Slow permettant de s’adapter au monde du vrac? Pour veiller au mieux à l’implantation d’une attitude Slow, il est important de comprendre quel est le meilleur moyen de stocker et conserver nos fruits et légumes afin de leur trouver une place adéquate et de définir une nouvelle cuisine. La définition de trois familles de rangement ainsi que le travail de différents designers (page 86-90-92) me pousse à créer une cuisine adaptée à ce qu’elle contient,changeant habitudes et usages.
M. Schütte-Lihotzky Cuisine de Francfort 1926
_ Rangement des fruits et légumes.
84
- Partie 03 - A
- Partie 03 - A
85
_ Christopher Santerre L’objet réflexif
_ Recherches formes/ matériaux de conservation
_ Ce garde-manger est un exemple de stockage des aliments de manière contemporaine. Cependant, certains aliments présentés ici peuvent trouver de meilleurs emplacements afin de murir et être conservés plus longtemps. C’est le cas des carottes qui doivent être conservées dans un endroit frais (sable ou frigidaire) et les tomates qui seront écrasées dans un filet lorsqu’elles seront mûres.
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- Partie 03 - A
- Partie 03 - A
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_
_
Stocker ces légumes dans le sable pour les conserver plus longtemps.
Jihyun RyouRoot
_ Fermetti & Oskar Vermeylen
_ Fermetti & Oskar Vermeylen, par leur rangements muraux indiquent que même dans une cuisine petite il est possible de stocker ses fruits et ses légumes à l’aide de simple module à accrocher. Cependant, le stockage et la conservation n’est ici pas respecté.
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- Partie 03 - A
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89
B Le kraft, matériau emblématique du marché, par ces propriétés techniques énoncées plus tôt, me pousse à me demander si celui-ci ne peut pas à l’aide de module, être l’élément de stockage de nos aliments. Le kraft peut-il aujourd’hui prolonger son cycle de vie et s’adapter aux aliments qu’il contient? C’est à dire peut-il permettre aux fruits de murîr dans celui-ci et après consommation être jeté pour afin être remplacé par un nouveau sac? C’est cette piste que j’ai souhaitée traiter en créant des structures qui vont permettre au kraft d’avoir une tenue dans nos cuisines, ainsi qu’une forme adaptée pour stocker nos aliments.
- Le kraft, conservateur de nos aliments -
_ Le kraft, utilisé avec une armature, peut devenir un support de stockage en référence à la corbeille à fruits.
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- Partie 03 - B
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_ Création d’un support pour le kraft, lui permettant d’être solide et soutenu.
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- Partie 03 - B
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- Partie 03 - B
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_ Création d’une struture permettant de venir stocker les sacs en kraft en les suspendant. C’est à l’aide de la modification même du kraft, en lui ajoutant des oeillets, qu’il serait possible de mettre en oeuvre cet objet. Il pose la question de la modification des sacs en kraft et la possibilité de garder ceux-ci intacts, plaçant leur forme et caractéristique comme une contrainte de création.
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- Partie 03 - B
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- Partie 03 - B
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99
C C’est à la suite de mes recherches sur le kraft que j’ai souhaité orienter mon projet, avec la création d’un garde-manger, sur mesure, pour fruits et légumes. En effet, il m’a semblé intéressant de pouvoir intégrer mes modules dans un seul et même meuble qui pourrait trouver une juste place dans nos cuisines. Celui-ci se veut donc regrouper les différents moyens de conservation évoqué plus tôt, afin de pouvoir pour chaque saison, venir y déposer ses aliments, les stocker et les conserver dans les meilleures conditions.
- Un garde-manger pour fruits & légumes -
100
- Partie 03 - C
- Partie 03 - C
101
_
_
Système de découpage des modules
Studio Mayice- Xtable Alessandro Busana’s -Cutline
_ Mes recherches tentent de trouver des possibilités de mobilier pouvant accueillir les différents modules de conservation tout en étant standard, modulable suivant les besoins des consommateurs.
102
- Partie 03 - C
- Partie 03 - C
103
_ Meuble regroupant les packagings, stockant et réutilisables. Les modules de différentes couleurs permettent de différencier la position et le rangement personnalisé de chaque aliment.
_ Utilisation d’une structure standard pour insérer les modules du garde-manger. Arceaux de fer permettant de fixer directement des sacs en kraft.
104
- Partie 03 - C
- Partie 03 - C
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_ Modules indépendants permettant d’agencer de différentes manières son garde-manger.
_ Le garde-manger peut devenir un meuble standard de nos cuisines.
106
- Partie 03 - C
- Partie 03 - C
107
Comme nous l’avons vu, le Slow pack se veut d’être détaché de cette notion de packaging pour revenir à ces fonctions premières, celle de stocker, protéger et conserver les aliments. Le domaine du marché semble être un univers propice à un changement de rythme de consommation, d’une part, sur les points de vente mais également dans nos cuisines. L’enjeu principal de mon projet est d’intervenir auprès du consommateur pour qu’il puisse intégrer de nouveaux scénarios d’usage permettant de modifier et prolonger les cycles de vie des aliments et de leurs emballages.
- INTENTIONS DE FINALISATION -
C’est en intervenant en amont dans nos cuisines, qu’il peut être envisagé d’initier les individus à un mode de vie plus Slow et de mettre en avant des produits de qualité. L’intérêt final de mon projet est de penser un meuble garde-manger contemporain, qui viendrait accueillir les produits frais du marché (fruits et légumes) afin de les mettre en scène tout en les conservant et en les stockant. Celui-ci permettrait donc de trouver une place juste à nos produits en mettant à disposition des modules adaptés au besoin des consommateurs et ainsi leur proposer une alternative à la consommation de masse du packaging.
108
- Intentions de projet -
- Intentions de projet -
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Tome 03
- SLOW PACK Paysage domestique
Projet de fin d’études Promotion 2014-2015
Anne Philip Designer Produit
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- PROJET DE FIN D’ÉTUDES PROMOTION 2014-2015 Mastère Design global, recherche et innovation
Projet de fin d’études dirigé par : Tiphaine Kazi-Tani & Joran Briand
_ Remerciements : Joran Briand, Tiphaine Kazi-tani, Lionel Hager, Laurent Roussel, Jean-Luc
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- SOMMAIRE 6 8 10 12 16 20 26 28 42
Introduction Projet & concept Valeurs Les principes de conservation & de stockage Paysage Domestique Description du meuble Le montage Les modules Conclusion
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- INTRODUCTION -
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La notion de packaging, descendante de l’emballage est une pratique connut depuis l’homme nomade. Le design de packaging a connu un essor considérable dans les années 1900 et est au coeur de la problématique de consommation de masse. Cette hyperconsommation est toujours une problématique actuelle qui tend vers un changement, vaincre le trop pour une qualité certaine. Le Slow Food, ainsi que le Slow Design, sont des mouvements qui se tournent vers ce changement, au niveau d’une philosophie de vie, mais aussi de la conception et consommation de l’objet. Mettre la notion du Slow au service du packaging, qui se veut destructeur des «cycles de vie», est une alternative à la surconsommation en replaçant au coeur de la conception du packaging ces fonctions premières d’emballage qui sont de stocker, protéger et transporter. L’univers du marché est un lieu qui favorise le lien entre consommateur, nourriture et producteur. Il est un intermédiaire à la grande distribution en nous réconciliant avec l’acte de consommer et en proposant une distribution des produits en vrac. Cette distribution des produits du marché met en avant une absence presque totale d’emballage qui nécessite un transport, une conservation et un stockage différent de nos aliments. Cette différence m’a poussé à suivre ces aliments frais jusqu’à nos cuisines, pour découvrir s’ils y trouvaient leurs places et si les emballages du marché remplissaient leurs fonctions. Nos cuisines, conçut dans un souci d’optimisation de l’espace, ne permettent pas d’accueillir ces aliments et par conséquent dégradent leurs cycles de vie. Le slow packaging peut alors intervenir à une autre échelle que celle de l’emballage en portant un regard nouveau sur les aliments au sein de nos cuisines .
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- PROJET & CONCEPT -
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La création d’un garde-manger découle des valeurs do Slow Design ainsi que du Slow Food. Celui-ci veille à mettre en avant les produits, impliquer de nouveaux usages, mais également Dans un contexte alimentaire orienté vers le domaine du marché, mon projet interroge sur les problèmes de surconsommation et suremballage en sensibilisant les utilisateurs sur les cycles de vies des aliments ainsi que leur conservation. Le Slow packaging prend le virage en devenant un meuble à part entière. Ce mobilier est conçu pour trouver une place dans nos intérieurs, tout en créant une coupure avec la cuisine moderne. En suivant un schéma de conservation mêlant traditions et innovations les légumes peuvent ainsi être mis en scène dans nos cuisines tout en recevant des méthodes de conservations adaptées à leur besoin. Ce meuble prend à contre-pied tous les codes existants des modules de cuisine pour mettre en avant des usages précis traduisant un mode de vie plus Slow. Sa structure est alors porteuse d’usage tout en s’effaçant au profit des aliments.
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- VALEURS -
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- LES PRINCIPES DE CONSERVATION & DE STOCKAGE -
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L’étude de la conservation des fruits et des légumes m’a permis d’établir trois familles de rangement. C’est à travers ces caractéristiques que mon garde-manger accueille les aliments.
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Afin d’initier les utilisateurs à ces nouveaux modes de rangement, un petit guide a été créé afin d’accompagner et de guider pour conserver au mieux les fruits et les légumes.
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_ Recto verso du rĂŠcapitulatif de rangement.
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- LE PROJET -
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Paysage domestique est par définition une étendue spatiale, naturelle ou transformée par l’homme, qui présente une certaine identité visuelle ou fonctionnelle. Il met en scène le vivant, les aliments, mais aussi leur cycle de vie par le biais de la création d’un garde-manger. Il a pour objectif de stocker, conserver et faire vivre nos fruits et nos légumes dans nos intérieurs.
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- DESCRIPTION DU MEUBLE -
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Filet pour fruits et légumes
Bac à fruits et légumes lourds
Pot remplit de sable
Pinces pour rangement des sacs en kraft
Trappe à épluchures Tiroir de rangement
Tirroir à compost
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Échange de gaz entre les fruits et légumes. _ Certains fruits et légumes produisent du gaz, permettant à d’autres de mûrir moins vite. La disposition des modules sur l’arche permet de faire circuler l’air et les gaz entre chaque fruit et légume.
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Matériauthèque _
Filet à fruits et légumes en maille de coton lui permettant d’être lavé et résistant sous le poid.
Bac à légumes en acier perforé permettant de laisser circuler l’air.
Plan de travail en Charme. Bois faisant référence aux établits.
Pieds et aches en profilé acier creux.
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166.5
600 727
40
536
880
Plans
40
24 495 140
20 122.8
378.6
_
40.6
328.6
6
127.7 40
0.50
600 242 202 20
R0.60
R0.60
40
450 900
410
200
450
220
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- LE MONTAGE -
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- LE POT À SABLE -
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Le pot de sable vient accueillir les aliments afin qu’ils soient replantés à la verticale. Ce système de conservation permet aux légumes de ne pas sécher, mais également d’être gardé plus longtemps. Le pot a été conçu à l’aide de l’archétype d’un pot à fleurs pouvant être déplacé et même vidé.
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_ Fixation & dĂŠtail technique
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- LES SACHETS EN KRAFT -
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_ Caractéristiques du kraft
Recyclable
Biodécradable au contact de l’eau
SAC KRAFT
Protège des UV
Etanchéité au gaz
Protège de l’humidité
Les caractéristiques techniques du sac en kraft lui donnent la possibilité de remplir ces fonctions d’emballage, c’est-à-dire de stocker, transporter, mais surtout conserver les fruits et les légumes. Le meuble lui permet donc de trouver sa place, en venant s’accrocher à l’aide de pince au-dessus du plan de travail. Les légumes et fruits qu’il contient sont alors protégés contre les UV et l’humidité à l’intérieur du sac.
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_ Fixation & dĂŠtail technique
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- LE FILET À FRUITS ET LÉGUMES -
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Le filet se trouvant sur le haut du garde manger à pour fonction de venir accueillir les fruits et légumes nécessitant de la lumière et un endroit aéré. Il vient alors recréer une corbeille à fruit légère et aérienne.
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_ Fixation & dĂŠtail technique
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- LA BAC À FRUITS ET LÉGUMES -
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Ce module vient compléter la fonction du filet. En effet certains fruits et légumes, par leur poids, ne peuvent pas être accueillit dans le filet, ils peuvent donc trouver leur place dans ce bac. Il contient des caractéristiques de conservations similaires à celles du filet, c’est-à-dire un dispositif lumineux et aéré à l’aide de la tôle perforée.
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_ Fixation & dĂŠtail technique
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- LA BOÎTE À COMPOST -
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La boîte à compost se trouvant à l’intérieur du meuble, vient continuer le cycle de vie des fruits et des légumes ainsi que les autres éléments du meuble. En effet les utilisateurs ont la possibilité de créer leur propre compost à l’aide de leurs épluchures, mais également du sable contenu dans leur pot. Il leur suffit de les verser dans la trappe, de laisser le compost se fabriquer et afin de venir récolter celui-là.
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_ Composition du module
Plateau de fermeture de la boîte à compost Grille laissant passer le épluchure compostées
Tirroir permettant de réccupérer le compost
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_ Fonctionnement du module
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Insertion épluchures
Réccupération compost
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- CONCLUSION -
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Paysage domestique est un mobilier en constante évolution, il est présenté aujourd’hui en recherche et se veut évolutif et modulable. En effet, il existe encore des techniques permettant de sortir nos légumes et fruits du frigidaire afin de les conserver de manière plus naturelle. Ce garde-manger vient alors les accueillir et dessiner un autre paysage vivant complétant de nouveaux cycles de vie. Ce mobilier vient par sa fabrication faire appel à différents corps de métier de l’artisanat et peut grâce aux partenariats évoluer, se dessiner différemment suivant les besoins et les aliments. Il porte sur lui, des valeurs de Slow, consommer différemment, avoir une autre relation avec ces objets, mais également essayer un autre mode de vie.
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