Claire DANTIN- Conservation restauration d'un manuscrit carolingien des Archives du diocèse de Lyon

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ÉCOLE DE CONDÉ Département Conservation-Restauration Spécialité Arts graphiques

Dacheriana : Conservation-Restauration d'un manuscrit carolingien des Archives du diocèse de Lyon Sujet technico-scientifique : Étude de déformation de bois en vue de fabrication d'ais pour une reliure de conservation

Mots clés :Manuscrit, carolingien, parchemin, reliure de conservation, ais, codicologie

Mémoire présenté et soutenu publiquement par CLAIRE DANTIN Mastère II – Promotion 2016



REMERCIEMENTS Je tiens tout d'abord à exprimer toute ma gratitude et ma reconnaissance envers Mesdames Kristel Gilberton et Noémie Marijon, archivistes du diocèse de Lyon, et Chantal Chaussard, chancelier du diocèse, pour la confiance qu'elles m'ont accordé en me prêtant le manuscrit pour ces deux années de travail. Toute ma gratitude va aux nombreuses personnes qui sont intervenues lors de la rédaction de ce mémoire aussi bien pour les conseils, les idées que pour leur aide technique. Je tiens donc à remercier personnellement Andréa Giovannini, restaurateur de livre, Sébastien Aze et Jean-Marc Vallet pour leur conseil et l'analyse des encres du manuscrit, Jérome Sirdey, Lore Derail et à toute l’équipe de restauration de la Bibliothèque municipale de Lyon pour leur conseil et leur aide lors de la consultation du ms. 571 et de la réflexion autour de la restauration du manuscrit du diocèse, à Pascal Cotte et à toute l'équipe du laboratoire Lumière technology pour l'analyse du manuscrit et les nombreux clichés du palimpseste, Thierry Aubry restaurateur de livre et Benoit Jenn restaurateur de mobilier et tout deux enseignants à l'INP pour leur disponibilité et leur conseil, à Cécile Lanéry de l'IRHT pour ses conseils et le séminaire de paléographie suivi à l’École Normale Supérieure, à Madame Charlotte Denoël, conservateur du département des manuscrits à la Bnf., Mylène Bisch et Emilie Cleret des Archives départementales de Haute-Savoie et tous mes tuteurs de stage qui ont su m'épauler et m'apprendre toujours plus dans le domaine de la conservation - restau ration. Mes recherches historiques n'auraient pu être aussi bien menées sans l'aide de Pierre ChambertProtat, que je remercie tout particulièrement pour sa disponibilité, son aide technique face aux manuscrits médiévaux, aux collections canoniques et son engouement pour ce travail de mémoire., mais aussi pour la chance que cette rencontre m'a apporté en participant au colloque Lyon dans l’Europe carolingienne Autour d’Agobard (816-2016) ce mois de septembre 2016. Merci au corps enseignant de Condé et à toute l'équipe administrative pour son soutien et son attention tout au long de ces cinq années. Merci à mes tuteurs de mémoire, Madame Auliac, Monsieur Ollier, Monsieur Pepe, mais aussi à Madame Mouraud et Madame Wolff - Bacha. Un remerciement tout particulier pour Madame Dufour, Madame Alcade et Monsieur Millot. Je tiens à applaudir et à remercier de tout cœur ma Dream Team, mon équipe de relecteurs composée de ma famille et de mes ami(e)s. Merci à Manon, Laurent, Clémence et Romain, Margaux, Jade et Tomas pour votre temps, votre aide et pour le courage que vous avez eu relire tout ceci. Un grand merci à Marie pour tout le temps que tu m'as accordé. Merci également à Mesdames Blanche


Dufour, Solène de la Forest d'Armaillé, Mylène Bisch et Marie-Hélène Boini pour votre temps, vos critiques constructives et pour toute l'aide que vous m'avez apporté. Merci à Amaury Zerrouck et à Alexandre Ilher pour avoir mis vos talents et votre temps au service de ce mémoire. Merci à ma famille à mes amis de m'avoir supporté pendant ces deux dernières années, d'avoir été là dans les moments de doute comme dans les moments de joie. Merci à mon oncle Vincent, sans qui ce projet n'aurait pu être mené à bien. Merci à tous mes camarades de promotion toutes spécialités confondues, et surtout à Philippine, Émilie, Mathilde, Camille V. et Camille P., Irène et Mélissa. Merci Tomas, pour ton soutien inébranlable et ton optimisme de chaque instant.


RÉSUMÉ GÉNÉRAL Ce travail de mémoire traite la restauration d'un manuscrit carolingien provenant des archives du diocèse de Lyon. Retrouvé sans aucune information et sans reliure, le but de l'étude technique et historique est de faire la lumière sur ces neufs cahiers écrits en latin. Cette étude a permis de remettre le manuscrit dans l'ordre en vue de la restauration du corps d'ouvrage et d'une nouvelle reliure. Le manuscrit est très empoussiéré et encrassé mais également déformé. Le parchemin est rigide ce qui rend le manuscrit difficilement lisible et consultable. Après la restauration , nous avons procédé à une numérisation photographique du corps d'ouvrage. En raison du matériau constitutif du manuscrit qu'est le parchemin, une reliure démontable avec des ais en bois a été pensée. L'étude technico-scientifique traite donc du comportement de quelques bois face à une humidité extrême en vue de la création d'ais de reliure. Ces tests nous ont donné la possibilité d'approfondir nos connaissances sur ce matériau complexe qu'est le bois et de sélectionné le plus adapté pour la reliure. Enfin le manuscrit a été relié et protégé dans une boite de conservation qui lui sert d'écrin dans laquelle il peut tout aussi bien être rangé que transporté.

ABSTRACT This thesis deals with the restoration of a Carolingian manuscript, retrieved from the Archives of Lyon diocese. It was found without explanatory information or binding. The technical and historical goal of the study is to shed light on those nine extremely valuable books. The research and work conducted brought us to restore the main body of the documents and to create a binding. The manuscript was very dusty, dirty, and altered. The parchment was rigid; therefore, the manuscript was hardly readable, or even accessible. After the restoration work, the main body has been digitized. Because of the constituent material of the manuscript, parchment, wooden boards have been used to create a removable binding. Therefore, the scientific and technical study required examining the reactions of different types of wood to extreme humidity, in order to create a solid binding. The numerous tests conducted gave us the possibility to study in depth our knowledge of the complexity of wood resilience and to select the most suitable wood for the binding. Finally, after binding it, the books have been placed in a preservation case, useful to protect, but also transport them.


FICHE D'IDENTIFICATION Titre ou désignation de l’œuvre : Manuscrit carolingien en parchemin du IX e siècle Sujet technico-scientifique : Étude de déformation de bois en vue de la fabrication d'ais de reliure Photographie avant interventions:

Statut Cotation, n° d’inventaire et/ou collection - fond : Archives du diocèse de Lyon (aucune cotation) Renseignements relatifs à l’objet Époque : Estimé au IXe siècle Dimensions : Environ 23,5 x 19,5 x 4,5 cm État de conservation et présentation des altérations : De manière générale, ce document est dans un état de conservation mauvais. Il n' a plus aucune planéité, il est de plus fortement encrassé et fragilisé en de nombreux endroits. Il n'a plus de reliure et de nombreux feuillets sont manquants. Fonction et nature de l’objet Description – représentation : Manuscrit composé de 9 cahiers Matériaux constitutifs et technique(s): Parchemin et encres brune et rouge Documentation Propriétaire et Lieu de conservation : Archives du diocèse de Lyon Valeur culturelle : Possible appartenance à la collection de la Dacheriana : c'est une collection de droits canoniques rédigée au IXe siècle et éditée au XVII e siècle par le bénédictin Dom Luc d'Achéry d'où elle tire sa dénomination.


SOMMAIRE PARTIE I : ÉTUDE TECHNIQUE ET HISTORIQUE....................................................................................15 INTRODUCTION............................................................................................................................17 I. CODICOLOGIE, OU L'ARCHÉOLOGIE DU LIVRE MANUSCRIT....................................19 1. L'organisation du volume......................................................................................................19 1.1. Systèmes de numérotation.............................................................................................19 1.1.1. Numération des feuillets........................................................................................19 1.1.2. Signatures et marques de milieu de cahier............................................................19 1.1.3. Autres systèmes de numérotation..........................................................................22 1.2. La collation des cahiers.................................................................................................22 1.2.1. Types de cahiers.....................................................................................................22 1.2.2. Méthode de collation*...........................................................................................22 1.2.3. Types de cahiers irréguliers...................................................................................24 1.2.4. Feuillets manquants ou ajouts postérieurs ?..........................................................26 1.3. Le pliage du parchemin.................................................................................................29 2. La préparation de la page avant l'écriture.............................................................................32 2.1. L’exécution de la réglure...............................................................................................32 2.2. Le tracé de la réglure.....................................................................................................33 2.3. Le nombre de lignes......................................................................................................34 3. Le parchemin de réemploi : le palimpseste...........................................................................35 4. Les éléments « de reliure »....................................................................................................36 II. IDENTIFICATION DES GRAPHIES......................................................................................39 1. La minuscule caroline...........................................................................................................39 1.1. La morphologie.............................................................................................................40 1.2. Les abréviations et les ligatures.....................................................................................41 2. Le feuillet 1 du cahier IIII.....................................................................................................43 2.1. La graphie......................................................................................................................43 2.2. Le « décor »...................................................................................................................43 2.3. Le palimpseste...............................................................................................................45 III. UN ENSEMBLE APPARTENANT À UNE COLLECTION ?...............................................48 1. La Dacheriana.......................................................................................................................48 1.1. Les sources de la Dacheriana........................................................................................48 1.2. L'édition de la Dacheriana.............................................................................................50 1.3. Les formes de la Dacheriana.........................................................................................51 2. Les comparaisons avec d’autres manuscrits.........................................................................52 2.1. Le ms. 571, Bibliothèque municipale de Lyon..............................................................52 2.1.1. ms. 571 : le livre I de la Dacheriana......................................................................53 2.1.2. ms. 571 : le livre II de la Dacheriana.....................................................................55 2.1.3. ms. 571 : le livre III de la Dacheriana...................................................................58 2.1.4. Le « quatrième livre »de la Dacheriana.................................................................59 2.2. Latin 10741, Bibliothèque nationale de France.............................................................60 IV. ORGANISATION FINALE DU MANUSCRIT ....................................................................62 CONCLUSION..............................................................................................................................64


PARTIE II : CONSERVATION - RESTAURATION.........................................................................................65 INTRODUCTION.........................................................................................................................67 I. ÉTUDE TECHNIQUE DES MATÉRIAUX..............................................................................68 1. Le support parchemin............................................................................................................68 1.1. La peau..........................................................................................................................69 1.1.1. La composition......................................................................................................69 1.1.2. La structure............................................................................................................70 1.1.3. L'organisation........................................................................................................72 1.2. La fabrication du parchemin..........................................................................................72 2. Les encres..............................................................................................................................75 2.1. Les encres noires...........................................................................................................75 2.2. Les encres rouges..........................................................................................................77 3. Les traces d'une ancienne reliure..........................................................................................79 II. CONSTAT D'ÉTAT ET DIAGNOSTIC....................................................................................81 1. Altérations du parchemin......................................................................................................81 1.1. Altérations structurelles ................................................................................................81 1.2. Altérations de surface....................................................................................................86 2. Altération des encres.............................................................................................................88 III. CHOIX D'INTERVENTION...................................................................................................90 1. Objectifs................................................................................................................................90 2. Définition des étapes de traitements.....................................................................................91 IV. LES INTERVENTIONS DE RESTAURATION.....................................................................93 1. Retraits des anciens éléments de reliure................................................................................93 2. Nettoyage à sec : le dépoussiérage........................................................................................94 3. Nettoyage humide.................................................................................................................95 4. Mise à plat des feuillets déformés.........................................................................................99 4.1. Humidification...............................................................................................................99 4.2. Mise à plat...................................................................................................................103 4.3. Stabilisation.................................................................................................................107 5. Consolidation des zones fragilisées....................................................................................108 6. Reprise des déchirures et renfort des plis............................................................................110 7. Comblement des lacunes.....................................................................................................112 8. Numérisation photographique.............................................................................................117 9. Une reliure de conservation.................................................................................................118 9.1. Fonction et objectif d'une reliure de conservation.......................................................118 9.2. Quelle reliure pour le manuscrit ?...............................................................................119 CONCLUSION............................................................................................................................124 PARTIE III : ÉTUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE.......................................................................................125 INTRODUCTION.......................................................................................................................127 I. LE MATERIAU BOIS.............................................................................................................128 1. La structure du bois.............................................................................................................128 1.1. Les zones du bois .......................................................................................................128 1.2. Aspect du bois.............................................................................................................129


1.3. Le débit........................................................................................................................130 1.4. Les essences de bois....................................................................................................131 2. La composition chimique du bois.......................................................................................132 3. La densité et la dureté.........................................................................................................133 4. Les classes de bois..............................................................................................................134 5. Les dégagements de COV et pH.........................................................................................135 II. VALIDATION DU PROTOCOLE EXPERIMENTAL..........................................................138 1. Choix des paramètres..........................................................................................................138 2. Choix des matériaux............................................................................................................138 3. Préparation des échantillons................................................................................................140 4. Le matériel..........................................................................................................................140 4.1. Le matériel de mesure.................................................................................................140 4.2. La chambre d'humidification.......................................................................................141 III. RÉSULTATS ET DISCUSSIONS.........................................................................................144 1. Mesures et calculs...............................................................................................................144 2. Analyse d'erreur...................................................................................................................145 3. Le hêtre...............................................................................................................................146 4. Le balsa...............................................................................................................................149 5. Le sapin...............................................................................................................................151 6. Critique de l'expérimentation..............................................................................................153 CONCLUSION............................................................................................................................154 PARTIE IV : RELIURE ET CONDITIONNEMENT........................................................................................155 INTRODUCTION.......................................................................................................................157 I. LA RELIURE...........................................................................................................................157 1. La préparation des matériaux..............................................................................................157 2. La couture...........................................................................................................................158 2.1. La préparation des cahiers...........................................................................................158 2.2. La réalisation de la couture.........................................................................................158 3. Les tranchefiles...................................................................................................................159 4. La confection du dos...........................................................................................................160 5. La mise en place des ais......................................................................................................161 5.1. Le travail du bois.........................................................................................................161 5.2. La préparation de la couvrure......................................................................................163 5.3. Le montage des ais......................................................................................................164 5.4. La mise en place des fermoirs.....................................................................................165 II. LA BOÎTE DE CONSERVATION..........................................................................................167 1. Création des deux compartiments.......................................................................................168 2. L'assemblage.......................................................................................................................168 3. Le tiroir : les défets, le livret de restauration et les fermoirs. .............................................169 III. LES PRÉCONISATIONS DE CONSERVATION.................................................................170 1. Les conditions de consultation............................................................................................170 2. Les conditions de conservation...........................................................................................171 3. Les préconisations d'intervention........................................................................................171 CONCLUSION............................................................................................................................172


BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................................174 INDEX DES CLICHÉS.................................................................................................................180 INDEX DES ILLUSTRATIONS...................................................................................................182 INDEX DES SCHÉMAS................................................................................................................183 INDEX DES GRAPHIQUES.........................................................................................................185 INDEX DES DIAGRAMMES.......................................................................................................185 ANNEXES.......................................................................................................................................187 PARTIE I : ÉTUDE TECHNIQUE ET HISTORIQUE..........................................................189 ANNEXE I : Lexique.........................................................................................................189 ANNEXE II : Nombre de lignes par feuillet au sein du manuscrit du diocèse..................191 ANNEXE III : Observation des fibres de septain..............................................................192 ANNEXE IV : Clichés issus de l'analyse L. A. M. ...........................................................193 ANNEXE V : Décrets de Grégoire II.................................................................................194 ANNEXE VI : Tableau récapitulatif de la comparaison du ms. 571 avec le manuscrit du diocèse................................................................................................................................195 ANNEXE VII : Tableau récapitulatif de la comparaison du ms. Latin 10741 avec le manuscrit du diocèse..........................................................................................................196 PARTIE II : CONSERVATION-RESTAURATION...............................................................197 ANNEXE I : Tests pour déterminer la nature des encres brunes.......................................197 ANNEXE II : Analyses de la phase rouge-orange de l'encre rouge...................................199 ANNEXE III : Observation des fibres sous microscope....................................................200 ANNEXE IV : Constats d'état par cahier...........................................................................201 ANNEXE V : « La ruine d'une grande bibliothèque monastique »....................................211 ANNEXE VI : Auréoles.....................................................................................................212 ANNEXE VII : Temps d'intervention ...............................................................................213 ANNEXE VIII : Relevés thermo-hygrométriques de l'atelier de restauration...................214 ANNEXE IX : Matériels et produits de restauration.........................................................217 ANNEXE X : Fiches techniques des produits utilisés pour la restauration.......................218 ANNEXE XI : Norme EN 1822. Filtres absolus (EPA, HEPA et ULPA)..........................219 ANNEXE XII : Exemple de clichés de la numérisation après restauration.......................220 PARTIE III : ÉTUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE............................................................221 ANNEXE I : Fiches techniques des trois bois sélectionnés...............................................221 ANNEXE II : Résultats obtenus pour les trois bois...........................................................224 PARTIE IV : RELIURE ET CONDITIONNEMENT............................................................227 ANNEXE I : Instruction pour la confection de la boite.....................................................227 Par commodité ou pour une meilleur compréhension, nous avons créé un lexique disponible en annexe1 pour définir les mots désignés d'un astérisque tout au long de l'étude.

1 Cf. ANNEXE I : Lexique, p.189.


TERMINOLOGIE DU LIVRE


AVANT PROPOS Depuis toujours fascinée par les langues anciennes, la littérature et l'histoire de l'art, j'ai très vite orienté mes études vers ces disciplines. De manière très théorique dans un premier temps, j'ai découvert le métier de restaurateur lors de Journées Portes Ouvertes à l’École du Louvre où différents métiers de la culture et du patrimoine étaient présentés. La restauration est une discipline sachant allier théorie et pratique sans négliger ni l'une ni l'autre. Elle fut pour moi une véritable révélation : mélange interdisciplinaire, source de questionnements déontologiques, entre science, art et praticité, c'est une discipline demandant rigueur mais aussi ingéniosité qui a su combler toutes mes attentes. Chercher une œuvre de mémoire a été un véritable parcours du combattant. Hésitante entre une œuvre composite et/ou une œuvre tri-dimensionnelle, mes passions m'ont tout simplement rattrapé. À la croisée de la littérature, des langues anciennes et de la restauration de livre, le manuscrit qui m'a été confié englobe tous les sujets auxquels je porte un vif intérêt. La restauration de ce manuscrit m'a ouvert de nombreuses portes mais il m'a surtout ouvert les yeux sur le monde de la recherche. Un monde passionnant où se dépasser soi-même devient le maître mot. Pour moi, ce travail de mémoire n'est pas l'aboutissement de deux années d'étude, il est le syncrétisme de mon cursus scolaire et de toutes mes passions.


INTRODUCTION GÉNÉRALE Ce mémoire est consacré à la conservation-restauration d'un manuscrit carolingien provenant des Archives du diocèse de Lyon. Composé de neuf cahiers en parchemin non relié, trouvé dans une simple enveloppe dans un carton, les archivistes ignoraient la présence d'un tel document dans leur fonds. Le contenu, la portée, la valeur de ce document sont jusqu'alors méconnues. L'étude historique de ce mémoire a pour but de lever le voile de mystère qui entoure ce document. L'analyse des matériaux, de la graphie, du contenu s'est révélée être une démarche majeure dans le but de mieux affirmer le statut de l'ouvrage. À la suite de nos recherches, le manuscrit s'est révélé être un texte majeur du droit canonique du IXe siècle. Cette dimension historique essentielle a soulevé de nombreuse questions quant à la restauration du manuscrit. En raison de sa valeur historique certaine comment doit-il être présenté et donc restauré ? Comprendre et affirmer son statut nous a aidé à mieux cerner les problématiques de restauration et de conservation qu'un tel objet patrimonial peut engendrer. La conservation-restauration de ce manuscrit a été faite en fonction de la destination de ce dernier. Objet d’exception, il est voué à être étudié et exposé de nombreuses fois. Le choix de la restauration en fonction de la conservation future, du lectorat de chercheurs mais aussi de l'exposition du manuscrit a soulevé de nombreuses questions sur les traitements à choisir. Ainsi l'idée de relier à nouveau le manuscrit s'est très vite imposée à nous. Également souhaitée par les archivistes du diocèse, la reliure a bien des aspects avantageux. Cette dernière devra cependant répondre de nombreux critères de conservation et être en adéquation avec les premières problématiques annoncées, à savoir une compatibilité entre consultation, exposition et conservation. Avec un corps d'ouvrage en parchemin, matériau fortement hygroscopique, la reliure doit procurer une stabilité certaine au manuscrit. Nous avons dès lors envisager une reliure incluant des ais. Cette décision a été source de nombreux questionnements aussi bien au niveau de la déontologie que de la conservation. C'est pourquoi nous avons décidé d'axer la partie scientifique sur l'étude comportementale du bois. La connaissance de ce matériau était primordiale pour mieux appréhender notre projet de reliure que nous exposons dans la dernière partie de ce mémoire.



PARTIE I : ÉTUDE TECHNIQUE ET HISTORIQUE



I.

INTRODUCTION Le manuscrit qui nous a été confié par les Archives du diocèse de Lyon est un codex* non relié

mesurant environ 19,5 x 23,5 cm. Retrouvé récemment, aucune information supplémentaire n'a pu nous être donnée. Le prédécesseur de l'archiviste actuellement en poste ignorait jusqu'à son existence. Nous ne connaissons rien de son parcours jusqu'aux archives, de son origine, de son usage, de la teneur du contenu ou encore de sa possible appartenance à une collection. Le manuscrit comporte neuf cahiers*, chacun composés de plusieurs bifeuillets* et de feuillets* simples. Nous ne savons pas s'il s'agit de feuillets détachés ou de bifeuillets incomplets. Il est vraisemblablement composé d'un parchemin de chèvre, écrit avec une encre noire pour l'écriture du texte et une encre rouge pour les rubriques*. Plusieurs éléments de reliure sont présents au sein des cahiers (ficelles, liens en parchemin), preuves que le manuscrit a sûrement été relié 2. Par ailleurs, l'observation de la numérotation des cahiers, ce que l'on appelle la signature*, nous montre que le codex est incomplet. Deux des neuf cahiers ne sont pas signés, nous les nommerons A et B dans un premier temps. L'observation de la graphie de ce document rédigé en latin, nous permet d’affirmer sans trop nous avancer qu'il s'agirait d'une minuscule caroline. Cette observation est essentielle car elle nous permet d'émettre l'idée une possible datation au IX e siècle environ. Il pourrait donc s'agir d'un manuscrit carolingien ce qui serait une trouvaille d'exception tant il est rare de découvrir ce genre de manuscrit de nos jours. Notons également que la graphie du premier bifeuillet est nettement différente du reste de l'ouvrage. Fait-il pour autant partie du manuscrit ? Pourquoi cette différence de graphie ? Serait-ce un ajout postérieur ? Quelle valeur pourrait-on y attacher ? De nombreuses questions naissent de ces observations. Retrouvé au sein des Archives du diocèse de Lyon, le manuscrit est-il une production de la région lyonnaise ? Et qui plus est, serait-ce un texte ayant une portée religieuse ? La datation établie par l'observation de la graphie peut-elle être confirmée par l'étude des matériaux ou par l'étude du texte lui même ? Le format relativement petit du livre s'explique-t-il par son usage ? Pourquoi deux cahiers ne sont pas signés ? Appartiennent-ils réellement au même ensemble ? Le contenu du manuscrit pourrait-il ajouter une valeur supplémentaire à ce document déjà exceptionnel en raison du nombre de cahiers et de sa probable datation ?

2 L'étude technique des matériaux a été réalisé dans le cadre de la restauration du manuscrit : PARTIE II : I. ÉTUDE TECHNIQUE DES MATÉRIAUX, p.68..

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Dans la première moitié du XII e siècle, le mot « œuvre » qui vient du mot ovre, est utilisé pour qualifier tout « objet crée par l'activité, le travail de quelqu'un » ; ce même mot remontant au latin opera, pluriel du mot opus signifiant « œuvre d'un artiste dans le sens de l'acte »3. Œuvre de plusieurs scribes, le manuscrit ne peut revêtir le statut d’œuvre au sens artistique du terme mais plutôt au sens qu'on donne au mot opus au XIIe siècle : c'est un objet crée par quelqu'un et dans un but précis. Dès lors, pourrions-nous considérer le manuscrit comme une œuvre de l’être humain, preuve de techniques et des savoirs d'une époque ? Quelle serait sa valeur historique ? Nous verrons dans un premier temps le manuscrit en tant qu'objet, dans toute sa matérialité à travers une étude codicologique des plus précises afin d'affiner notre connaissance du document. Puis dans une seconde partie, nous étudierons l'historicité du manuscrit à travers deux types d'études textuelles : tout d'abord une étude paléographique avec l'observation des graphies puis une étude philologique, soit l'analyse du texte.

3 [CNRTL], Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales, Dictionnaire étymologique, [en ligne], consulté le 03/06/2016 : http://www.cnrtl.fr/etymologie/oeuvre.

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II. CODICOLOGIE, OU L'ARCHÉOLOGIE DU LIVRE MANUSCRIT La codicologie est la discipline qui se donne pour objectif de « révéler et d'interpréter les conditions de la production originelle d'un livre confectionné de façon artisanale »4. L'examen matériel d'un livre va donc s'efforcer de mettre en lumière les procédés de fabrication en usage à une époque donnée dans un milieu relativement limité5. De plus, observer la composition du volume est une étape essentielle de l'étude du manuscrit : elle permet de déterminer si le manuscrit est homogène ou composite, complet ou mutilé. Elle permet avant l'examen du texte de mettre en évidence un certains nombres d'anomalies6.

1. L'organisation du volume 1.1. Systèmes de numérotation L'ordre dans lequel les bifeuillets doivent être reliés et lus est indiqué de plusieurs manières pour le relieur et pour le lecteur. Ces indications peuvent prendre des formes différentes comme une numérotation, une lettre7... Ici même il y a un système de chiffres romains qui nous permet de remettre dans l'ordre la quasi totalité des cahiers du manuscrit8. 1.1.1.

Numération des feuillets

L'ordre des bifeuillets du manuscrit est souvent indiqué par une pagination* ou une foliotation*. Cette dernière consiste à numéroter individuellement chaque feuillet (l'ensemble recto et verso). La pagination est une numérotation qui porte sur la page et distingue donc le recto et le verso des feuillets par des chiffres différents. Dans le cas du manuscrit aucune des deux n'est présente. Nous observons cependant une numérotation en marge pour chacun des paragraphes. Celle-ci est en chiffres romains. 1.1.2.

Signatures et marques de milieu de cahier

La numérotation des cahiers ou des bifeuillets est d'un usage bien plus courant et c'est le type de numérotation que l'on retrouve sur le manuscrit. 4 [LEMAIRE J.], LEMAIRE Jacques, Introduction à la codicologie, Louvain la neuve, Édition Louvain la neuve, 1989, p.4. 5 Ibid., p.6. 6 [FERY-HUE F.], FERY-HUE Françoise, sous la direction de GÉHIN Paul, L'organisation du volume, dans Lire le manuscrit médiéval, Paris, Armand Colin, 2005, p.53. 7 Ibid., p.54. 8 Les chiffres romains sont les suivants : I = 1 ; V = 5 ; X = 10 ; L = 50 ; C = 100, D = 500 ; M = 1000.

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Cliché 1 : Cahier IIII

Cliché 7 : Cahier VIII

Cliché 2 : Cahier V

Cliché 4 : Cahier VIIII

Cliché 3 : Cahier VII

Cliché 5 : Cahier XI

Cliché 6 : Cahier XII

La signature présente sur les cahiers est un chiffre romain inscrit au centre de la marge de queue* sur le dernier feuillet de chaque cahier. Le premier cahier est en réalité le quatrième du manuscrit, numéroté « IIII ». Vient ensuite les V, VII, VIII et VIIII, le XI puis le XII et enfin deux cahiers dont la numérotation nous est inconnue : peut-être illisible pour le premier et absente pour le second, nous les nommerons respectivement A et B dans un premier temps.

Cliché 8 : Vue du premier bifeuillet du ca- Cliché 9 : Vue du premier bifeuillet du cahier A hier B

La signature est écrite à l'encre rouge pour le cahiers V, noire pour les cinq autres. Un petit « R » accompagne la signature des cahiers IIII et VI. Nous observons déjà une hétérogénéité dans les signatures ce qui peut nous indiquer la présence de plusieurs mains pour l'écriture du manuscrit. La signature des cahiers nous permet de les remettre dans l'ordre et de faire le constat que les cahiers I, II, III, VI et X sont donc manquants. Nous ne savons s'il manque d'autres cahiers après le

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XII. Seulement deux cahiers n'ont pas de signature et nous ne pouvons pas savoir à l'heure actuelle où les placer dans le manuscrit, ou même s'ils en font réellement partie. Voici donc un tableau récapitulatif des signatures présentes sur les neuf cahiers du manuscrit : NUMÉRO DU CAHIER

COULEUR DE L'ENCRE

POSITION SUR LE BIFEUILLET

MOTIF

IIII

Noire

« R » noir à la gauche du chiffre romain

V

Rouge

Point rouge à la droite du chiffre romain

VII

Noire

VIII

Noire

Aucun

VIIII

Noire

6 points autour chiffre romain

XI

Noire

Aucun

XII

Noire

Aucun

« R » surmonté d'un trait horizontal à gauche du chiffre roMilieu de la marge de main. 4 traits autour du queue chiffre romain

A

Aucune marque que ce soit

B

Aucune marque que ce soit

du

Tableau 1 : Récapitulatif des signatures des cahiers

En plus de ces signatures, nous avons remarqué au sein du cahier IIII deux notations : « LIBER I » écrites à l'encre noire. Le « I » de la première signature comporte un trait ondulé au-dessus et en dessous ; la deuxième est entourée de motifs : quatre points prolongés de quatre traits entourant le chiffre romain « I ». Cette signature attribuant à ce cahier le nom de « LIBER I » peut nous indiquer que le manuscrit s'inscrit dans une suite de livres s'intégrant à une collection. Il pourrait également s'agir du premier volume d'une collection, d'un ensemble d'ouvrage... Cette signature ne nous en dit pas plus sur la teneur des livres dont il pourrait s'agir.

Cliché 11 : Cahier IIII, f. 2v

Cliché 10 : Cahier IIII, f. 4v

21 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


C’est le seul cahier au sein du manuscrit qui possède un telle signature, le plaçant clairement au sein d'un ensemble. Cette inscription peut être l'indice de l'appartenance du manuscrit à un ensemble plus grand. Elle peut également signifier que le cahier IIII est différent des autres cahiers et qu'il s'inscrit dans un autre ensemble. 1.1.3.

Autres systèmes de numérotation

Au sein du manuscrit, nous retrouvons un autre système de numérotation. Présent dans la marge, chaque paragraphe est numéroté. Ces numéros ne sont pas toujours continus et ne pourraient nous aider à remettre les deux cahiers sans numérotation dans l'ordre, ni même savoir, sans l'étude préalable du contenu même de l'ouvrage, si la numérotation est placée la fin de chaque paragraphe ou au début du suivant.

1.2. La collation des cahiers L'examen préliminaire des différents systèmes de numérotation au sein du manuscrit nous permet de mieux appréhender et de faciliter la collation*à proprement dite des cahiers. 1.2.1.

Types de cahiers

Les cahiers comportent un nombre variable de bifeuillets et c'est de ce nombre qu'ils tirent leur appellation. Ainsi, un binion* est un cahier composé de deux bifeuillets, ce qui représente quatre feuillets, soit huit pages. Il existe aussi le ternion*, le quaIllustration 1 : Moine assemblant les cahiers d'un manuscrit; f. 1v, Msc. Patr.5, Staatsbibliothek, Bamberg

ternion*, le quinion*, le sénion*, le septénion* et l'octionion*, mais ce sont le quinion, le quaternion et le sénion qui sont les trois types de cahiers les plus couramment observés9. 1.2.2.

Méthode de collation*

Le manuscrit n'étant plus relié à l'heure actuelle, l'examen de la composition des cahiers n'en a été que plus facile. Le manuscrit est donc composé de neuf cahiers : •

1 sénion amputé de sept feuillets : Cahier IIII

1 quinion amputé de quatre feuillets : Cahier V

1 quaternion : Cahier VII

1 ternion : Cahier VIII

9 [FERY-HUE F.], op.cit., p.61.

22 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


3 quaternions : Cahiers VIIII, XI et XII

1 quinion amputé de quatre feuillets : Cahier A

1 quinion amputé de six feuillets : Cahier B

Afin de rendre cette composition assez complexe plus simple nous avons crée le Diagramme1 ci-dessous10. Ce dernier se lit donc de la manière suivante : Le cahier n°1 est un sénion, il est formé de deux feuillets et de quatre feuillets amputés avant le mi-

IIII

Bife uile t

Cahiers

Sén ion Qui nion Qua tern ion Ter nion Bin ion

lieu du cahier et de trois feuillets et trois feuillets amputés dans sa seconde moitié.

X1

X2

X3

X4

1

2

3

X5

6

X8

X9

7

8

9

12

13

14

15

20

21

V VII VIII

X6

X7

X10 X11

10

11

16

17

18

19

22

23

24

25

4

VIIII

26

27

28

29

30

31

32

33

XI

34

35

36

37

38

39

40

41

XII

42

43

44

45

46

47

48

49

53

54

X15

55

X18 X19 X20

59

X21

A

X12

50

51

52

X13 X14

B

X16

56

57

X17

58

5

Milieu de cahier X

Feuillets manquants

Diagramme 1 : Organisation interne du manuscrit

Le Diagramme, nous permet d'observer la présence de cahiers irréguliers au sein du manuscrit, soit les cahiers IIII, V, ainsi que les cahiers A et B, sans numérotation. Ils ne suivent pas une organi sation homogène et sont singulièrement différents des autres, tant au niveau de leur nombre total de feuillets que du nombre de feuillets amputés. La mise en couleur des cases « feuillets manquants » dans le Diagramme 1, nous permet de faire le simple constat visuel que ces quatre cahiers sont sensiblement différents des cinq autres.

10 Selon la méthode expliquée dans [FERY-HUE F.]., op. cit., p.64 - 65.

23 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Nous observons également un noyau régulier, des cahiers VII à XII où aucun feuillet amputé n'apparaît. Seul le cahier VIII qui est un ternion au milieu de quatre quaternion se démarque, mais nous restons tout de même dans un schéma assez complet. 1.2.3.

Types de cahiers irréguliers

On peut trouver quatre types d'irrégularités dans un manuscrit : •

l'existence de cahier comportant un nombre impair de feuillets ;

l'apparition de types isolés de cahiers dans un manuscrit à type de cahier dominant ;

l'alternance de plusieurs types de cahiers dans tout le manuscrit ;

la présence de feuillets isolés (avec talons* visibles, montés sur onglet* ou cousus)11.

Dans un grand nombre de cas, ces irrégularités sont le résultat d'accidents au cours de la vie du manuscrit comme la perte ou le déplacement de feuillets, ou même la perte de cahiers entiers. Certaines anomalies peuvent remonter à la création du manuscrit et être dues à des causes diverses, comme la difficulté d’approvisionnement en peau, une mauvaise coordination entre deux copistes. La quantité de texte restant à copier amène à utiliser un type de cahier différent pour achever la co pie12. Ainsi un nombre impair de feuillets dans un cahier peut être expliqué de trois manières différentes : •

L'ajout d'un feuillet isolé dont on observe le talon dans l'autre moitié du cahier peut être un feuillet ajouté en tête* pour être le support d'une table ou d'illustration ; un feuillet ajouté à la fin d'un cahier permet d'achever la copie d'un texte sans pour autant commencer un nouveau cahier.

Un cahier composé à la base d'un nombre de feuillets pair auquel on aurait coupé une page vierge afin de faire coïncider le début de la copie au début d'un cahier ou lors de la collaboration de deux copistes.

La perte d'un feuillet suite à un accident, entraînant une lacune textuelle.

Une telle anomalie peut ainsi avoir aussi bien des causes matérielles que des causes intellectuelles13.

11 [FERY-HUE F.], op. cit., p.62. 12 Ibidem. 13 [FERY-HUE F.], op. cit. p.63.

24 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Le cahier IIII est donc un sénion si l'on en croit le nombre de feuillets manquants. C'est le seul cahier de ce type au sein du manuscrit. Il possède non seulement un nombre de feuillets « entiers » impair, mais c'est également, le seul sénion au sein du manuscrit. Il est fortement amputé, c'est même le cahier le plus amputé de tout le manuscrit. Schéma 1 : Organisation du cahier IIII

Les feuillets 1, 4 et 5 sont des feuillets isolés avec leur talons encore visibles, et il y a

deux morceaux de parchemin ajoutés au sein du cahier sans écriture ou autre trace. Le cahier V est un quinion amputé de quatre feuillets. On retrouve au sein du manuscrit trois quinions mais ce sont trois cahier irréguliers, ce type de cahier reste donc un type isolé au sein du manuscrit. Le noyau central et régulier du manuscrit est composé de quaternion en majorité, or le quaternion paraît être le type le plus utilisé par les artiSchéma 2 : Organisation du cahier V

sans occidentaux pour les manuscrit en parchemin14. Les feuillets 7 et 6 sont deux

feuillets isolés avec leur talon visible. Nous retrouvons au sein de ce cahier un morceau de parchemin inséré, vierge de tout écriture. L'organisation du cahier A est très similaire à celle de cahier V ci-dessus. C'est un quinion amputé de quatre feuillets. C'est donc un type isolé de cahier au sein du manuscrit, et il comporte deux feuillets isolés avec talons visibles soit les feuillets Schéma 3 : Organisation du cahier A 14 [FERY-HUE F.], op. cit., p.61.

25 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


50 et 55. Au milieu du cahier, nous pouvons observer la présence d'un morceau de parchemin vierge. Le cahier B est un quinion amputé de cinq feuillets, il diffère de peu des deux cahiers précédents. Les feuillets 58 et 57 sont deux feuillets isolés avec leurs talons encore visibles. Deux morceaux de parchemins vierges ont été insérés.

Schéma 4 : Organisation du cahier B

Les principales irrégularités de ces quatre cahiers sont les différents types de cahier et leur amputation majeure. Cependant nous ne pouvons savoir si les morceaux de parchemins vierges insérés sont réellement des feuillets manquants ou tout autre chose. À ce niveau de l'étude nous ne pouvons pas non plus savoir si les feuillets avec talon ont été réellement amputés ou si ce sont seulement de simples feuillets insérés ainsi dans le cahier. 1.2.4.

Feuillets manquants ou ajouts postérieurs ?

Comme nous l'avons vu précédemment, les signes « X » inscrit dans le Diagramme 1, représentent ce que nous avons appelé les feuillets amputés. Il se trouve que certains pourraient être réellement des feuillets amputés, des feuillets manquants. Lorsqu’il s'agit d'une bandelette de parchemin vierge, nous pouvons supposer qu'il s'agirait d'un ajout postérieur. On ne retrouve ce type de bandelettes et de feuillets isolés que dans les quatre cahiers irréguliers que nous avons étudié précédemment. CAHIER IIII

CAHIER V

CAHIER A

CAHIER B

X1 - 5

X8 - 10

X12 - 55

X16 – X21

X2 - X7

X9 - X11

50 - X15

57 - X20

X3 - X6

7 - X10

X13 - X14

X17 - X19

X4 - 4

58 - X18

1 - X1 Tableau 2 : Récapitulatif des bandes de parchemin présentes sur l'ensemble du manuscrit

26 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Les cellules grisées dans le Tableau 2 mettent en valeur les feuillets avec leurs talons encore visibles. Le talon est ce qui reste d'un feuillet coupé à peu de distance de la couture. À ce niveau il n'y a que le feuillet 50 - X15 qui soit réellement un feuillet amputé car nous pouSchéma 5 : Exemple d'un talon. © A. Ilher

vons observer les écrits sur le talon X15. Pour tous les autres feuillets avec talon , nous ne pouvons savoir s'il s'agit de feuillet inséré tel quel ou réellement de feuillet amputé comme l'est le 50 - X15. L'utilisation d'onglet*, qui est une bande de parchemin ajouté postérieurement afin d'insérer un feuillet au sein du manuscrit, montre que les feuillets sont insérés dans les manuscrits, mais le

Schéma 6 : Exemple d'un feuillet ajouté cousu sur un onglet. © A. Ilher

fait que tous les feuillets ne soient pas cousus ou collés sur onglet mais aient bien un talon ne nous

permet pas de dire si le talon est la résultat d'une amputation ou bien de l'ajout du feuillet postérieurement au sein du cahier. Pour ce qui est des bandelettes de parchemin au sein des quatre cahiers irréguliers, nous pouvons avoir plusieurs explications. La différence de peau utilisée que nous avons observé15 et le fait que ces bandelettes soient vierges de toutes écritures, nous pouvons supposer que ce sont des ajouts postérieurs. Dans certains manuscrits on constate la présence de ce type de bande de parchemin couchée, (parfois mais plus rarement collée), au milieu du cahier, à l'endroit où le bifeuillet forme un pli. Cette bande de parchemin, qui ne fait pas partie du cahier proprement dit, empêche celui-ci de souffrir en son milieu de la traction exercée par le fil de couture. Ces bandelettes de parchemin que nous appellerons des préservateurs*, puisqu'elles ont pour but d’empêcher que le fil de couture ne cisaille en deux le bifeuillet, se situent au centre du cahier16. Un fond de cahier* est également un ajout postérieur tout comme le préservateur. Il se base sur le même principe excepté qu'il se trouve sur le dos 15 L'identification des peaux a été réalisée lors de l'étude technique des matériaux qui se trouve dans la partie conservation restauration. Cf. PARTIE II : I. 1.1.2. La structure, p.70. 16 [LEMAIRE J.], op. cit., p.43.

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du premier bifeuillet du cahier comme on peut le voir sur le Schéma 8. Il peut être d'origine ou postérieur, introduit lors d'une restauration.

Schéma 7 : Exemple d'un préservateur. © A. Ilher

Schéma 8 : Exemple d'un fond de cahier. © A. Ilher

Pour ce faire, ce sont souvent des matériaux de réemploi qui sont utilisés ce qui pourrait expliquer la différence de nature entre ces bandelettes de parchemin et le parchemin pour le manuscrit. PRÉSERVATEUR

FOND DE CAHIER

AUTRE

Cahier IIII 2

7

X

3

6

X

X -X X -X

Cahier V X9 - X11

X Cahier A

X13 - X14

X Cahier B

16

21

X –X

X

X17 - X19

X

Tableau 3 : Récapitulatif des bandelettes de parchemin couchées au sein des quatre cahiers irréguliers

Nous ne pouvons connaître les raisons précises de la présence de ces bandelettes de parchemin ni même savoir encore si les feuillets avec talon sont des feuillets insérés, si le talon est réellement un feuillet amputé créant ainsi une lacune textuelle. Lors de l'étude textuelle nous pourrons avoir sans doute plus de précision, actuellement nous pouvons seulement constater que quatre cahiers sont irréguliers et deux d'entre eux se trouvent être sans numérotation, nous pouvons alors nous demander s'ils s'intègrent vraiment au sein du manuscrit ou non. Le cahier III qui est aussi un cahier irrégulier, possède l'inscription « LIBER I » qui suggère l’appartenance à une collection mais fait-il partie pour autant du reste du manuscrit ?

28 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Sur neuf cahiers composant le manuscrit nous avons donc quatre cahiers irréguliers, mais un noyau de cinq cahiers réguliers qui semblent se suivre tant au niveau codicologique que de la numérotation.

1.3. Le pliage du parchemin La disposition des cotés chair et fleur du parchemin 17 au sein du manuscrit, permet de mettre en évidence encore une fois les irrégularités possibles dans la création d'un cahier et donc au sein d'un même manuscrit. Nous pouvons considérer deux méthodes de montage : Soit la Loi de G. R. Gregory18, du nom du paléographe qui a découvert que les pages qui se font face dans un cahier présentent la même face du parchemin, c'est-à-dire le côté chair ou le côté fleur, de telle façon qu'on ait « chair sur chair, fleur sur fleur »19, illustrée par le Schéma 9. Soit un empilement de bifeuillets les uns sur les autres, alternant ainsi les couches chair et fleur, les couches identiques du parchemin ne se font face que dans le bifeuillet central, comme nous pouvons le voir sur le Schéma 10.

Schéma 9 : Illustration de la Loi Grégory

Schéma 10 : Disposition du parchemin, exemple d'un quaternion, empilement de bifeuillets les uns sur les autres

17 La terminologie du parchemin et l'explication de la disposition des cotés chair et fleur se trouve dans l'étude technique des matériaux dans la partie conservation-restauration. Cf. PARTIE II : I. 1.1.2. La structure, p.70. 18 [GRÉGORY G. R.], GREGORY Gaspar René, Les cahiers des manuscrits grecs, dans Comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et Belles-Lettres, 29e année, 1885, p.261 - 268. 19 Les travaux de G.R. Grégory étant porté sur les manuscrits grecs, il est important de préciser que cette disposition est aussi constante dans le domaine grec que dans le domaine latin. [VÉZIN J.], VÉZIN Jean, Les cahiers dans les manuscrits latins du Haut Moyen Âge, dans Codicologica n°2, Éléments pour une codicologie comparée, 1978, Litterae Textuales, p.50.

29 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Il explique cette disposition en utilisant ces mots : « La raison de cette disposition semble être la beauté, le besoin d'avoir les deux pages, à chaque place où on ouvre le livre, tout à fait semblable l'une à l'autre, en couleur, surface et lignes. »20 Même si la loi Grégory fut découverte à partir de l'analyse de manuscrits grecs, nous savons aujourd'hui qu'elle s'applique également au domaine latin21. Enfin, nous rencontrons aussi des manuscrits qui ne respectant aucune loi pour la disposition chair/fleur22. Dans le cas du manuscrit du diocèse, la majorité des cahiers suivent la Loi de Grégory, à savoir les couches identiques placées en vis à vis. Les cahiers VII, VIII, VIIII, XI, XII et le A suivent cette Loi. Nous retrouvons ici une partie de ce que nous avons appelé le noyau du manuscrit, soit les quaternions et le ternion réguliers centraux. Le cahier A, se trouve être un cahier régulier au niveau de la disposition de la peau, ce qui peut nous laisser penser qu'il fait bel et bien partie de ce manuscrit et qu'il s'inscrit ainsi dans la continuité des autres cahiers. Les trois cahiers restants, soit les IIII, V et B de par la disposition du parchemin en leur sein, nous montrent encore une fois leur singularité au sein du manuscrit. Au sein du cahier IIII, les bifeuillets sont empilés les uns sur les autres mettant en contact les couches opposées du parchemin. Cependant, nous pouvons voir que le bifeuillet central de ce cahier ne suit pas cet ordre : le coté chair est en contact avec le bifeuillet précédent respectant ainsi la Loi de Grégory. Cette disposition ne suit pas vraiment de règle de disposition et place enSchéma 11 : Disposition des côtés chair et fleur au sein du cahier IIII

core une fois le cahier IIII comme un cahier irrégulier.

20 [GRÉGORY G. R.], op. cit. p.266. 21 [FERY-HUE F.], op. cit., p.66. 22 Ibidem.

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Le cahier V suit exactement le même schéma que le cahier IIII : le bifeuillet central qui ne suit aucunement la disposition précédente.

Schéma 12 : Disposition des côtés chair et fleur au sein du cahier V

Le cahier B suit également la Loi de Grégory comme l'illustre le Schéma 13 ci-contre, exception faite de la bandelettes de parchemin X17 - X19.

Schéma 13 : Disposition des côtés chair et fleur au sein du cahier B

Nous pouvons également prêter attention au côté du parchemin par lequel commence le cahier. On ne peut dire qu'il y ait des règles strictes quant à ce choix mais plutôt l'observation d'habitude selon le type de manuscrit. Les manuscrits grecs commencent habituellement par le côté chair, on retrouve également cet usage dans les manuscrits en latin de haute époque, cette disposition remontant à l'Antiquité. Plus tardivement, les Latins feront plutôt figurer le côté fleur à l'extérieur du cahier23. Tous les cahiers du manuscrit débutent par le coté fleur excepté le cahier A qui commence par le coté chair. Or le premier bifeuillet se trouve être le talon du dernier feuillet. Nous pouvons alors supposer que ce feuillet a été ajouté postérieurement sans prendre en compte la disposition des cotés du parchemin et du cahier dans son ensemble, ou bien qu'un feuillet est manquant. Beaucoup d'hypothèses sont possibles mais ce fait appuie encore une fois l'idée de l’irrégularité de ce cahier au sein du manuscrit. 23 [FERY-HUE F.], op. cit., p.66 ; [VÉZIN J.], op. cit., p.50.

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2. La préparation de la page avant l'écriture Afin de recevoir l'écriture, le parchemin est préparé. Un certain nombre de lignes sont tracés afin de permettre le travail de copie et de délimiter la zone d'écriture. L'ensemble de ces lignes tracées, généralement déterminées par des piqûres situées en bordure, s’appelle la réglure*. Celle-ci structure l'aire de travail du copiste et permet de donner une disposition homogène à la page. L'analyse de cette même réglure, couplée à d'autres éléments tels que le format et Illustration 2 : Moine rognant les pages d'un manuscrit; f. 1v, Msc. Patr.5, Staatsbibliothek, Bamberg

le nombre de lignes, peut nous permettre de rapprocher le manuscrit d’un même scriptorium, d'un même copiste et de manière générale

de fournir des indications sur le lieu de confection du manuscrit24.

2.1. L’exécution de la réglure La réglure sur le manuscrit est clairement apparente. Nous pouvons supposer qu'elle a été effectuée à l'aide d'une pointe sèche : cet instrument présente l'avantage de tracer les lignes en une seule fois aussi bien pour le recto que pour le verso et même parfois sur plusieurs feuillets à la fois ; ou bien avec un outil de type mistrata, peigne ou cadre patron qui permet une réglure rapide uniforme et la préparation d'un stock de parchemin prêt à recevoir l'écriture 25. En observant le feuillet 32 du cahier VIIII, nous nous sommes aperçus que le tracé de réglure avait perforé le-dit feuillet. Sur cette ligne, le feuillet est fendu en tête au milieu et en queue. Nous pouvons supposer qu'en appuyant trop fort avec la pointe sèche, le parchemin a été coupé. C'est le seul feuillet dans cet état au sein du manuscrit.

Cliché 13 : Tracé de la réglure qui a fendu le feuillet ,Cahier VIIII, f. 32v

Cliché 12: Vue du tracé de la réglure, Cahier V, f. 10v

24 [SAUTEL J-H.], SAUTEL Jacques-Hubert, sous la direction de GÉHIN Paul, La préparation de la page avant l'écriture, dans Lire le manuscrit médiéval, Paris, Armand Colin, 2005, p.77. 25 Ibidem.

32 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Les piqûres étaient réalisées à l'aide d'un poinçon ou de la pointe d'un canif à intervalle régulier, ce sont des repères qui seront utilisés pour tracer les lignes. Elle disparaissent souvent au rognage du livre mais elles sont dans notre cas bien observables, comme si le manuscrit n'avait pas ou peu été rogné. Les entailles encore visibles sont nettes, allongées et rectilignes, il pourrait donc s'agir de piqûres faites à l'aide d'une pointe de canif. Le fait qu'il y ait deux types de piqûres interpelle : il peut s'agir des piqûres pour tracer les lignes rectrices, celles sur lesquelles le moine copie son texte, pour les plus allongées, situées à gauche sur le Cliché ci-contre ; et les lignes de justification, celles qui délimitent l'aire de copie, qui sont plus courtes, plus verticales et visibles à droite sur le Cliché ci-contre. Le feuillet 5 étant le dernier feuillet du cahier IIII, on ne peut savoir Cliché 14 : Piqûres placées en gouttière, Cahier IIII, f. 5r

si le feuillet suivant a été piqué de la même manière, mais le feuillet précédent possède bel et bien les mêmes piqûres : nous pouvons donc

supposer que la réalisation de la piqûre s'est faite sur plusieurs feuillets à la fois pour ce cahier.

2.2. Le tracé de la réglure Sur le manuscrit, la réglure a été effectuée sur le coté fleur sur tous les feuillets du manuscrit. Le tracé apparaît concave du coté fleur et convexe du coté chair. Ce système de tracé de réglure correspond à celui énoncé par Leroy26 : pour les quaternions en parchemin le système le plus fréquent étant une réglure sur le coté fleur, feuillet par feuillet. Cette réglure est la plus fréquente mais concerne les manuscrits grecs. Cependant, nous ne pouvons affirmer que les feuillets aient été réglés de cette manière mais c'est le système qui nous semblait le plus Schéma 14 : Réglure du manuscrit du diocèse

plausible et le plus logique dans le cas du manuscrit. La réglure du manuscrit correspond donc au Schéma ci-

contre.

26 [LEROY J.], LEROY Julien, Quelques systèmes de réglure des manuscrits grecs, dans Studia Codicologica, Berlin, Édition K. Treu, 1977, p.291 – 312.

33 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Les lignes horizontales représentent les lignes rectrices pour guider l'écriture ; les lignes verticales sont les lignes de justifications qui délimitent la zone d'écriture à droite et à gauche sur chaque feuillet. La deuxième série de lignes verticales, qui sont parallèles aux lignes de justification, sont appelées les lignes marginales dans les marges de fond de cahier et de gouttière27. Tout ce système de lignes permet de créer une ensemble régulier sur la totalité du manuscrit malgré le changement de copiste par exemple.

2.3. Le nombre de lignes Le système de réglure du manuscrit est régulier mais le nombre de lignes varie selon les cahiers. Nous avons réalisé un tableau récapitulatif du nombre de lignes sur chaque feuillet28. De ce point de vue, le manuscrit peut être divisé en deux parties distinctes : une première partie constituée de feuillets possédant entre 18 et 20 lignes ; une seconde partie où les feuillets possèdent tous une réglure permettant l’écriture de 23 lignes. ENTRE 18 ET 20 LIGNES

23 LIGNES

Cahier IIII

Cahier VIIII

Cahier V

Cahier XI

Cahier VII

Cahier XII

Cahier VIII

Cahier A

Cahier B Tableau 4 : Répartition des cahiers selon le nombre de lignes par feuillets

Cette différence du nombre de lignes entre les différents cahiers peut nous donner plusieurs indices : •

Le cahier B pourrait faire partie de la première moitié du manuscrit et constitué le cahier I (quoiqu'il devrait alors posséder une titre ou une rubrique au début ce qui n'est pas le cas), le II, III ou bien le VI.

Le cahier A pourrait être le cahier X ou la continuité du cahier XII car son nombre de lignes correspond totalement à cette seconde moitié du manuscrit.

Le nombre de lignes très régulier dans la seconde moitié du manuscrit nous permet de supposer un changement de main, un changement dans la préparation des feuillets et donc l'intervention de plusieurs mains au sein du manuscrit.

27 [SAUTEL J-H.], op. cit., p.81. 28 Cf. ANNEXE II : Nombre de lignes par feuillet au sein du manuscrit du diocèse, p.191.

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L'observation de la réglure nous permet donc d'affirmer que nous sommes face à un manuscrit assez régulier dans son ensemble mais qui se distingue en deux parties dans lesquelles peuvent s'intégrer chacun des deux cahiers non-numérotés que nous tentons de placer au sein de l'ouvrage.

3. Le parchemin de réemploi : le palimpseste Dès les premières observations du manuscrit, nous avons remarqué que le premier feuillet du cahier IIII est ce qu'on nomme un palimpseste. Emprunter au grec παλιμψηστος «qu'on gratte pour écrire de nouveau», composé de παλιν «de nouveau» et de ψαω «gratter, racler», un palimpseste est un manuscrit sur parchemin d'auteurs anciens que les copistes du Moyen Âge ont effacé pour le recouvrir d'un second texte. Dans un palimpseste à trois niveaux, le même fragment ancien a servi plus de deux fois29. Ces observations ont pu être faites à l’œil nu : malgré l'altération du feuillet, nous pouvons voir une réglure différente du sens de lecture du manuscrit et des traces d'anciens écrits par endroit. Le feuillet a été gratté des deux cotés du parchemin, aussi bien sur le coté chair que sur le coté Cliché 15 : Vue des dernières lignes du f. 1, cahier IIII

fleur. La présence de ce parchemin de réemploi, car c'est

ce que sont les palimpsestes, nous interpelle. Nous savons que le parchemin est une denrée chère et donc précieuse et que parfois les moines grattaient un parchemin peu consulté afin de le réutiliser, mais qu'en est-il ici ? Nous avons également remarqué qu'une partie du feuillet 23, du cahier VIII, a également été grattée

et

réécrite.

Malheureusement

l'analyse

codicologique ne nous permet pas d'analyser davantage ces parties réécrites. Cliché 16 : Vue de la deuxième réglure présente sur le feuillet 1 du cahier IIII

29 [CNRTL], op. cit., http://www.cnrtl.fr/lexicographie/palimpseste. ; [FOHLEN J.], FOHLEN Jeannine, sous la direction de GLENISSON Jean, Les palimpseste, dans Le livre au Moyen Âge, Paris, Presses du CNRS, 1988, p.24.

35 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Cliché 17 : Vue de la partie grattée, f. 23r, cahier VIII

4. Les éléments « de reliure » Relier relève de l'artisanat, c'est le fruit d'une technique qui fait appel à une terminologie précise30. Cependant il est difficile d'évoquer le terme de « reliure » dans le cas de ce manuscrit. Cependant nous pouvons observer des reliquats d'une ancienne, ou peut-être de plusieurs, reliures antérieures. Des morceaux de septain* sont présents au sein de chaque cahier : un Illustration 3 : Moine relieur; f. 1v, ms. Patr.5, Staatsbibliothek, Bamberg

seul cahier possède un morceau de septain en tête, un en tête et un en queue pour cinq cahiers et un troisième morceau au milieu pour trois ca-

hiers. Ils n'ont plus aucune tenue, et ne permettent en rien que les cahiers se tiennent eux-mêmes ou entre eux. Cependant, trois cahiers ont leurs bifeuillets reliés par des morceaux de parchemins torsadés. Ces morceaux sont sûrement un ajout postérieur car ils permettent le maintien d'un cahier sans reliure générale. Le Tableau page suivante illustre la répartition des morceaux de septain et de parchemin torsadé sur les neuf cahiers du manuscrit. Ce sont les seuls éléments « de reliure » présents, nous n'avons aucune trace de tranchefile*, d'ais ou de couvrure.

30 [LANOË G.], LANOË Guy, sous la direction de GÉHIN Paul, La reliure, dans Lire le manuscrit médiéval, Paris, Armand Colin, 2005, p.229.

36 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


LIENS TORSADÉS EN PAR- MORCEAUX DE SEPTAINS CHEMIN PRÉSENCE

QUANTITÉ

PRÉSENCE

QUANTITÉ

Cahier IIII

X

3

X

3

Cahier V

X

2

X

4

Cahier VII

X

2

Cahier VIII

X

2

Cahier VIIII

X

1

Cahier XI

X

2

Cahier XII

X

2

Cahier A

X

3

X

2

Cahier B

X

2

Tableau 5 : Répartition et quantité des éléments de reliure au sein de chaque cahier

Nous n'avons pas réussi à identifier les peaux utilisées pour les liens en parchemin, cependant nous avons pu identifier la fibre des septains 31. En comparant ces images à une base de données 32, nous en avons conclu qu'il s'agissait de fibres de jute. Celles-ci mesurent entre 1,6 et 1,8 mm d'épaisseur. La ficelle d'un manuscrit carolingien peut varier de 0,5 à 1,3 Cliché 18 : Cahier XI, milieu de cahier, morceau de septain

mm d'épaisseur et est le plus souvent en fibre de lin ou de chanvre33.

Schéma 15 : Répartitions des trous de reliure dans les fonds de cahiers du manuscrit 31 Cf. ANNEXE III : Observation des fibres de septain, p.192. 32 [AITKEN Y. et al.], AITKEN Yves, CADEL Françoise, VOILLOT Christian, Constituants fibreux des pâtes papiers et cartons, pratique de l'analyse, Éd. CTP & EFPIG, 1988, p.147. 33 [SZIRMAI J. A.], SZIRMAI Janos Alexander, The Archeology of Medieval Bookbinding, Londres, Routledge, Nouvelle édition de 1999, p.117.

37 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


L'utilisation de jute dans le cas du manuscrit peut nous laisser supposer que les morceaux de septain ne sont pas d'origine, ou qu'il s'agit de matériaux de récupération. Ajoutons à ces éléments, les trous dans les fonds de cahiers qui attestent d'une ancienne reliure. La disposition de ces perforations nous indique que le manuscrit devait être cousu sur trois supports de couture. C'est d'ailleurs le cas de la plupart des manuscrits carolingiens à en croire l'étude menée par J.A. Szirmai : sur 122 manuscrits carolingiens étudiés, 70 sont cousus sur trois supports de couture (pouvant aller jusqu'à 5). Il n'y aurait à l'évidence aucune corrélation entre la taille du dos et le nombre de supports de couture34. Nous pouvons également observer certains trous qui ne correspondent nullement au schéma de reliure présenté. Ils pourraient attester d'un autre mode de reliure sachant que la perforation des feuillets se fait généralement avant la reliure de l'ouvrage35.

L'étude codicologique du manuscrit atteint ici ses limites. Elle nous a permis d'analyser l'objet dans sa dimension matérielle et d'obtenir certaines réponses mais qui ne sont pas suffisantes : nous n'avons pu replacer les deux cahiers non signés de manière certaine, font-ils réellement partie du même ensemble ? Nous ignorons encore la teneur du premier feuillet, fait-il également partie du manuscrit ? Pourquoi cette différence de graphie ? Et qu'en est-il du palimpseste ? Qu'elle est sa teneur, sa valeur, son contenu, sa portée au sein du manuscrit ? L'étude de la graphie et du texte deviennent alors indispensables afin d'étayer nos hypothèses et d'affiner notre connaissance du document.

34 [SZIRMAI J. A.], op. cit., p.113 - 114. 35 Ibidem.

38 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


III. IDENTIFICATION DES GRAPHIES « Paléographie et codicologie viennent s'épauler avec efficacité : l'examen des formes que les signes d'écriture ont revêtus au cours des temps et dont les variations apparaissent en toute clarté dans les copies localisées et datées concourt puissamment à l'activité du codicologue qui recherche la date ou le lieu d'élaboration d'un manuscrit, qui tache de déterminer le scriptorium où l'ouvrage a été produit »36. Afin de mieux identifier la graphie du manuscrit, nous avons consulté plusieurs spécialistes 37 de la question qui ont validé notre idée de départ qu'il s'agissait bien de la minuscule caroline.

1. La minuscule caroline La caroline est une écriture latine qui a été mise au point à l'extrême fin du VIII e siècle au sein de l'empire de Charlemagne. Elle devient l'écriture quasi officielle de l'empire franc – la chancellerie l'adopte dès les premières années du règne de Louis le Pieux- et en l'espace d'une ou deux générations, elle a supplanté sur tout ce territoire les écritures locales38. La caroline est symptomatique de la réforme carolingienne : on va vers une plus grande clarté de l'écriture, une structure plus harmonieuse de la graphie, tout cela conduisant à une lisibilité parfaite39. Ainsi pour reprendre les mots de M. Parisse : « La minuscule caroline n'est donc pas la naissance d'une nouvelle écriture, c'est la mise au point de la sélection et de l'harmonisation de formes préexistantes dans un alphabet unifié, simple, clair, lisible et qui, pour cela, va s'imposer dans tout l'Occident »40.

36 [LEMAIRE J.], op. cit., p.5. 37 Nous avons eu la chance de nous faire aider par M. Pierre Chambert-Protat, doctorant contractuel, École Pratique des Hautes Études, « Florus de Lyon, lecteur des Pères. Documentation et travaux patristiques dans l’Église de Lyon au IXe siècle », Mme Chalotte Denoël, conservateur des bibliothèques au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France et de Mme Cécile Lanéry, professeur de paléographie à l’École Normale Supérieur lors du séminaire « Initiation à la paléographie » suivi lors de l'année scolaire 2014-2015. 38 [MUZERELLE D., SIRAT C. & GEOFFROY M.], MUZERELLE Denis, SIRAT Colette & GEOFFROY Marc, sous la direction de GÉHIN Paul, L'écriture, dans Lire le manuscrit médiéval, Paris, Armand Colin, 2005, p.87. 39 [ALBERT D], ALBERT Dominique, Le livre dans le monde carolingien, dans L'Univers du livre médiéval, Paris, Honoré Champion éditeur, 2014, p.54 - 55. 40 [PARISSE M.], PARISSE Michel, Manuel de paléographie médiévale, Paris, Édition Picard, 2006, p.79.

39 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Illustration 4 : Carte de l'Empire carolingien. © Éditions Nathan

1.1. La morphologie Afin d'étudier et de comprendre la minuscule caroline, il est nécessaire de posséder un vocabulaire de base pour la description des lettres41 : •

la haste est un trait vertical prolongé vers le haut

la hampe ou la queue est un trait vertical prolongé vers le bas

une barre est un trait horizontal

une panse ou une boucle est une ligne courbe

La morphologie de la minuscule caroline fait de chaque lettre un dessin isolé et complet, écrite et tracée selon un ordre prédéfini et obligatoire : c'est ce qu'on appelle le ductus, la manière de dessiner chaque partie d'une lettre dans un ordre bien défini. C'est une écriture qui se caractérise par son aspect arrondi, l'équilibre entre le corps et les lettres42.

41 [PARISSE M.], op. cit., p.32. 42 Ibid., p.84.

40 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


abcdefghijlmnopqrstuxyz abcdefghijlmnopqrstuxyz Comparaison des deux alphabets en typographie actuelle et en minuscule caroline

Quelques particularités résident dans cette écriture, notamment les deux a. Dans le manuscrit, nous retrouvons l'utilisation de ces deux types. Le premier a est un trait oblique avec un crochet, il ressemble fortement au a typographié actuel. Elle contraste avec le deuxième type qui est une lettre ouverte qui ressemble à deux c juxtaposés. Cette dernière l'emporte à cette époque, mais nous retrouvons majoritairement le premier a dans le manuscrit.

Cliché 20 : Lettre "a" du mot « fratrum », composée d'un trait oblique avec un crochet, f. 2R, cahier IIII

Cliché 19 : Lettre "a" ouverte du mot "sacerdos", f. 3r, cahier IIII

Nous pouvons voir également que le a ouvert du mot sacerdos peut être confondu avec le u de fratrum. Seule une bonne connaissance du latin mais aussi une lecture à voix haute du manuscrit nous permet de faire la différence. Il est également aisé de faire la confusion entre la lettre f, que l'on peut voir au début du mot fratrum, et le s allongé commençant le mot sacerdos. Mais l'observation des lettres nous permet de faire la différence : le f étant barré. La minuscule caroline n'est donc pas une graphie compliquée à déchiffrer, elle demande seulement quelques réflexes de lecture.

1.2. Les abréviations et les ligatures On a coutume de dire que les abréviations ont été multipliées pour gagner de la place sur un parchemin qui coûtait cher. En réalité, la pratique de l'abréviation allait de pair avec l’apprentissage de l'écriture et de l'orthographe dès l'origine. On constate aisément que, à quelques exceptions près, les scribes usent tous de systèmes abréviatifs identiques ou voisins. L'utilisation du tilde (de titulus en latin), désigne le signe qui est placé au-dessus d'une ou plusieurs lettres et qui signale qu'un mot a été abréCliché 21 : "quā", f. 6r, cahier V

gé, que des lettres n'ont pas été écrites. Sur le Cliché ci-contre, nous

41 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


pouvons voir qu'un tilde surmonte la lettre a du mot que nous devons donc lire quam et non simplement qua. Le tilde peut également devenir crochet, boucle, unique ou pluriel, il n'a pas de forme fixe43. La seconde abréviation très courante au sein du manuscrit, et en minuscule caroline en général est celle appliquée sur le lettre p. Selon son écriture (un p barré, surmonté d'un tilde), il est l'abréviation de « per », « pre », ou « pro »44. « Pro » est représenté par un p avec une boucle comme sur le Cliché ci-contre dans le mot profanos.

Cliché 22 : "profanos", F6R, cahier V

« Pre » se présente sous la forme d'un p surmonté d'un tilde comme dans le mot preparatus ci-contre.

Cliché 23 : "preparatus", F17r, cahier VII

Enfin, le p, dont la hampe est barrée représente le « per » abrégé que l'on peut ainsi lire dans le mot ci-contre comme permanus. Cliché 24 : "permanus", F6r, cahier V

Quelques ligatures subsistent et dans le manuscrit c'est celles des lettres e et t qui sont traitées de manière calligraphique donnant le nœud que l'on connaît encore aujourCliché 25 : ligature des lettres "e" et "t" formant l'esperluette & dans le mot "etiam", cahier VII, f. 14r

d’hui, aussi appelé esperluette. Elle peut se trouver au milieu d'un mot pour signaler les lettres e et t mais également signifié le mot et comme sur le Cliché ci-contre.

43 [PARISSE M.], op. cit., p.34. 44 Ibid., p.35.

42 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


2. Le feuillet 1 du cahier IIII 2.1. La graphie Une simple observation du feuillet 1 du cahier IIII, soit le palimpseste, nous a permis de constater la différence de graphie avec le reste du manuscrit. Il ne s'agit pas de la minuscule caroline. Au vu du tracé des lettres, nous supposons qu'il s'agirait d'une graphie ultérieure. Au verso de ce feuillet, nous pouvons voir une lettre ornementé représentant un petit personnage. Pour identifier cette graphie, que nous retrouvons également au recto et au verso du feuillet 23 du cahier VIII, nous avons également fait appel à des spécialistes 45 qui nous ont confirmé retrouver ce genre d’ornement sur des manuscrits de la fin du XIe siècle début du XIIe siècle. Nous n'avons pas trouvé de manuscrit ayant une graphie similaire, seulement une vague ressemblance avec une minuscule caroline tardive mais nos conclusions ne sont pas probantes.

2.2. Le « décor » La particularité de ce feuillet est la présence d'une petite ornementation. La lettre D, commençant la phrase « De pentenitentibus... » est orné d'un petit personnage. En poussant nos recherches46, nous avons trouvé bien d'autres variantes. Nous avons choisi quelque figures pour les comparer avec celle du manuscrit dans le but de peut-être rapprocher ce dernier d'un autre manuscrit, Cliché 26 : Tête d'un personnage, f. 1v, cahier IIII

et ainsi d'affiner la datation

de

ce

feuillet. Si l'on en croit la première hypothèse de datation de la graphie de ce feuillet, nous nous sommes penchés sur des manuscrits datant de la fin du XIe siècle début du XIIe siècle. Le ms. 0053 de la bibliothèque municipale Illustration 5 : Alençon, Bibl. mun., ms. 0053, t. II, f. d'Alençon47, est une Bible en latin datant du XII e 163v 45 Grâce à la collaboration encore une fois de Mme C. Denoël et de M. D. Stutzmann, paléographe dans la section latine du CNRS - IRHT. 46 [INITIALE], Base de données de l'IRHT et du CNRS, Catalogue des manuscrits enluminés, document en ligne : http://initiale.irht.cnrs.fr/, consulté le 18/03/2016 ; [BVMM], Base de données élaborée par l'IRHT et le CNRS, Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux, document en ligne : http://bvmm.irht.cnrs.fr/, consulté le 18/03/2016. 47 Bibliothèque municipale d'Alençon, ms. 0053 (vol. II), Biblia sacra, XIIe siècle, 198 f., parchemin, 425 x 290 mm, latin.

43 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


siècle. Nous pouvons observer une petite tête de personnage utilisant les boucles de la lettre Q comme contour de la tête tout comme sur le manuscrit du diocèse, où la boucle du D est utilisée de la même manière. On voit que le dessin sur ce manuscrit est bien plus précis que sur celui du dio cèse qui apparaît bien grossier. Ici les yeux et même le nez sont bien plus finement dessinés. Au delà de l’utilisation de couleurs, qui contraste clairement avec le manuscrit du diocèse, les traits sont bien plus fins. Nous pouvons même observer le détail du dessin de l'iris de l’œil sur le ms. 0053 contrairement à celui du manuscrit du diocèse qui n'est qu'un point. Il en est de même avec le tracé des sourcils. Le menton est cependant marqué de la même façon avec un petit arc de cercle. On voit qu'il y a même une tentative de perspective avec l'ombre légèrement tracée sur l’arrête du nez. Le ms. 0194, conservé à la bibliothèque municipale d'Angers48, est un ouvrage patristique49 écrit par Gregorius dans le première moitié du XII e siècle. Cependant le dessin assez filigrané de la tête ornant l'initiale E, semble plus tardif et pourrait dater de la seconde moitié du XIIe siècle50. Les yeux et le nez sont dessinés dans la première boucle du E. L'aspect très fin du trait donne cet aspect filiIllustration 6 : Angers, Bibl. mun., ms. 0194, f. 10v

grané décrit dans la notice du manuscrit mais que l'on retrouve aussi sur d'autres feuillets du ms. 0194. L'ornement

ici est voulu, c'est un dessin au tracé fin, cherchant à donner vie à cette initiale. Les yeux sont légèrement en amande accentuant ainsi le regard. L'iris est bien distinct et les sourcils sont légèrement montants. La petite tête du manuscrit du diocèse est bien plus rudimentaire mais on distingue tout de même aisément qu'il s'agit d'un visage. Les traits sont assez épais mais constructifs : les yeux, le nez, la bouche et le menton sont facilement reconnaissables. En raison de la structure simple du visage, nous pourrions plus facilement rapprocher la lettre ornée du manuscrit du diocèse de la lettre du ms. 0194 d'Angers même si cette dernière reste bien plus travaillée. Nous pourrions donc rapprocher ce feuillet du XIe ou du début du XIIe siècle au vu de l'analyse de la graphie et de ce petit ornement, mais cette idée reste malgré tout une supposition. De nouvelles comparaisons seraient nécessaires afin d'aboutir à une datation plus précise. 48 Bibliothèque municipale d'Angers, ms. 0194, Gregorius, Registrum epistolarum, XIIe siècle, 172 f., parchemin, 359 x 257 mm, latin. 49 Science qui étudie la doctrine, les écrits, la vie des Pères de l'Église. [CNRTL], op. cit., http://www.cnrtl.fr/definition/patristique. 50 [INITIALE], op. cit., http://initiale.irht.cnrs.fr/decors/decors.php?id=32853&indexCourant=4.

44 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


2.3. Le palimpseste Comme nous l'avons dit, il se trouve que ce feuillet est un palimpseste. Il nous a semblé intéressant de découvrir quels étaient les premiers écrits présents sur le feuillet. Les palimpsestes sont aisément déchiffrables à l'aide d'une lampe à rayons ultra-violets. Cependant, le feuillet a été gratté de tel sorte, que la luCliché 27 : Vue du f. 1v du cahier IIII sous lumière ultra-violette

mière ultra-violette ne nous permet pas de déchiffrer correctement les premiers écrits.

C'est pourquoi nous avons fait appel au laboratoire Lumière Technilogy® qui utilise une méthode d'analyse avec une caméra multi-spectrale. Cette technique d'analyse a toujours été utilisé pour l'analyse des couches picturales des tableaux, mais jamais encore pour déchiffrer un palimpseste. Cette méthode d’analyse appelée « la méthode L. A. M. », signifiant, Layer Amplification Method. Elle permet de viCliché 28 : Caméra multi-spectrale du laboratoire Lumière Technology

sualiser avec plusieurs images, plusieurs couches ou strates de l'élément observé.Les calculs produisent près de 1500

images qu'il faut analyser et dont seulement un très petit nombre de combinaisons révèle des informations intéressantes51. Le feuillet 1 du cahier IIII a été placé sur une plaque de polystyrène puis il a été isolé du reste du cahier avec une plaque de teflon, ce dernier empêchant les rayons de passer au travers et nous permet ainsi de n'avoir que les images du premier feuillet. Enfin, nous avons placé un Cliché 29 : Mise en place de la plaque de teflon derrière le feuillet 1 du cahier IIII

film plastique de type polyester, soit du Mylar©, fixé avec des pinces sur la plaque de polystyrène. Le parchemin n’étant pas totalement plan, nous n'étions pas sûrs du ré-

sultat des analyses. Le cahier ainsi monté a été placé face à la camera multi-spectrale du laboratoire 51 Cf. ANNEXE IV : Clichés issus de l'analyse L. A. M. , p.193.

45 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


et les analyses ont pu commencé. L'opération a duré environ une heure. S'en est donc suivi deux jours d'édition des clichés, que nous avons étudié plus précisément par la suite.

Cliché 30 : Montage pour l’analyse du palimpseste

Cliché 31 : Document mis en place sur le système pour l'analyse

Après l'analyse des clichés, nous n'avons réussi qu'à discerner quelques lettres et quelques mots qui ne sont que peu significatifs :

Cliché 32 : L. A. M. # 225, "dicit"

Cliché 33 : L. A. M. # 475, "dicit"

« dicit » : vient de dico, dicis, dixi, dicere, dictum, signifiant prononcer, proclamer, dire , conjugué au présent, à la troisième personne du singulier soit : il dit

Cliché 34 : L. A. M. # 225, "habeo"

Cliché 35 : L. A. M. # 475, "habeo"

« habeo » : vient de habeo, ui, itum, ere, signifiant avoir, conjugué au présent à la première personne du singulier soit : j'ai

Malheureusement, rien qui ne nous permettrait à l'heure actuelle d'obtenir plus d'informations sur le contenu de ce texte. Il faudrait une analyse plus approfondie des clichés, et trouver un autre

46 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


mot plus significatif qui nous permettrait, en le rentrant dans des bases de données, de peut-être retrouver de quel écrit il s'agissait.

Cliché 36 : "d", f. 3, cahier IIII

Cliché 37 : "d" du palimpseste

Cliché 38 : "d", f. 1, cahier IIII

Cependant, l’analyse nous a conduit à la conclusion qu'il s'agirait également d'une minuscule caroline. Le d du mot dicit ne semble cependant pas être le même que le d en minuscule caroline et se rapproche fortement du d de l''écriture du feuillet 1. Il pourrait donc s'agir d’un texte contemporain de l'époque du feuillet 1. Nous pouvons d'ores et déjà avance l'idée que plusieurs mains ont participé à la réalisation de ce manuscrit notamment avec les deux graphies différentes que nous avons identifiées. Cependant, nous avons pu discerner une différence d'écriture dans le corps du texte en minuscule caroline. L'utilisation du a ouvert et du a fermé avec une certaine intensité selon les cahiers mériterait d'être plus amplement analysée afin de déterminer précisément le nombre de copistes ayant travaillés à la réalisation de ce texte.

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IV. UN ENSEMBLE APPARTENANT À UNE COLLECTION ? L'étude du texte nous a mené à plusieurs hypothèses. Tout d'abord la présence de références à des conciles dans les rubriques nous oriente sur la voie d'un recueil de conciles canoniques. La présence notamment du concile de Tolède, « concilio toletano », oriente nos recherches sur l'Hispania ou la Dacheriana, deux types de recueils de conciles canoniques, rassemblant des énoncés de droits canoniques. Après l'étude de P. Chambert-Protat, il se trouve que le manuscrit du diocèse ferait partie de la Dacheriana52. Une étude plus poussée en effectuant plusieurs comparaisons avec d'autres manuscrits appartenant à cette collection est nécessaire pour affirmer ou infirmer cette hypothèse.

1. La Dacheriana Les collections canoniques sont des recueils de textes conciliaires, de décrétales de papes, et parfois aussi de textes patristiques : leur importance est premièrement d'ordre juridique, puisqu'elles sont une source très importante du droit actuel53.

1.1. Les sources de la Dacheriana La Dacheriana se développe dans un contexte historique bien précis et bien connu : elle est le résultat de la renovatio, aussi appelée la « renaissance carolingienne »54. Entre le milieu du IXe siècle et le milieu du XI e siècle, l'ordre légal est compromis au sein de toute la Chrétienté, le pouvoir législatif est en sommeil, et le grand rôle de ces recueils de conciles canoniques est de maintenir une part notable de la tradition authentique et du droit universel 55. Un redressement s'opérait alors dans tous les domaines de l'activité sociale. Pour ce qui concerne la discipline ecclésiastique, la lutte était ouverte contre les pénitentiels et les coutumiers régionaux, venus principalement d’Irlande et de Grande-Bretagne56. Le rôle d'une telle collection canonique est de sauvegarder, face aux apocryphes locaux, une série de textes sûrs. Elle est l'une de sources principales des recueils du IX e et XIe siècle. Les textes de la Dacheriana contribuèrent à régler la discipline ecclésiastique depuis le règne de Charlemagne jusqu'au temps du Décret de Gratien57. 52 M. P. Chambert-Protat a procédé à une analyse rapide du manuscrit et nous a rendu ses conclusions par mail. 53 [HAENNI G.], HAENNNI Gérard, "La Dacheriana mérite-t-elle une réédition?",dans Revue historique de droit français et étranger, 1956, p. 376. 54 [LAURANSON-ROSAZ C.], LAURANSON-ROSAZ Christian, sous la direction de FULCHIRON Henri, L'enseignement du droit à Lyon au Moyen Âge, dans La Faculté de droit de Lyon, 130 ans d'histoire, Lyon, Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, 2006, p.6. 55 [LE BRAS G.], LE BRAS Gabriel, Les deux formes de la Dacheriana, dans Mélanges Paul Fournier, Paris, Recueil Sirey, 1929, p.395. 56 [HAENNI G.], op. cit., p.377. 57 [LE BRAS G.], p.395 – 396 ; Datant de 1140, le décret de Gratien est une compilation qui est un essai de classifica-

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Dans cet effort de réforme, la Dacheriana opérait d'autant mieux qu'elle puisait à la source d'une autorité incontestée tant en France qu'en Italie et en Espagne : la Dionysio-Hadriana et l'Hispania58. La Dionysio-Hadriana a été remise à Charlemagne par le Pape Hadrien en 774. Elle contient les canons grecs, la plupart des canons africains et décrétales, le droit des Églises d'Orient et de Rome. L'Hispania contient principalement les conciles gaulois et espagnols. Ainsi la Dacheriana n'a pas d'autre source que les deux collections générales qui renferment au VIIIe siècle le droit véritable de la Chrétienté59 et date sans doute de l'an 80060. Ce serait donc au sein de l’Église de Lyon qu'aurait été confectionnée cette compilation d'anciens recueils qu'est la Dacheriana61.

Schéma 16 : Sources et héritages de la Dacheriana depuis l'Antiquité

Elle n'en contient cependant pas tous les canons, l'auteur a classé et choisi seulement les canons authentiques qui répondent aux besoins essentiels de sont temps62 : restaurer la discipline de la péni-

58 59 60 61 62

tion, en trois parties, et de conciliation de textes de droit canonique (décrets conciliaires, constitutions pontificales, textes de divers auteurs) afin d'éliminer les contradictions, intitulé par l'auteur : "Concordia discordantium canonum". Il n'a jamais eu de valeur officielle mais a servi de référence jusqu'au XX e siècle, faisant partie du "Corpus juris canonici". [FOURNIER P.], FOURNIER Paul, Histoire des collections canoniques en Occident, depuis les fausses décrétales jusqu'au décret de Gratien. De la réforme carolingienne à la réforme grégorienne, Paris, Édition Sirey, 1931 – 1932, p.316. [HAENNI G.], op. cit.,p.377. ; [LE BRAS G.,a], LE BRAS Gabriel, "À propos de la Dacheriana", dans Revue historique de droit français et étranger, 1930, p.521. ; [FOURNIER P.], op. cit., p.104. [LE BRAS G.], op. cit., p.397. Ibidem. [GANIVET P.], GANIVET Pierre, Recherches sur l'évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais de l'époque carolingienne aux lendemains de l'an mil, Thèse de Doctorat, Histoire en Droit, des Institutions et des Faits sociaux, Clermont-Ferrand, 2000, p. 70 - 71. [LE BRAS G.,a], op. cit., p.521.

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tence, la sécurité des personnes et des choses ecclésiastiques, la dignité de la vie cléricale. Ce fut les principaux soucis des réformateurs carolingiens, tels sont les sujets développés dans les trois livres de la Dacheriana. Seul le premier livre est consacré à la pénitence, ce n'est donc pas un pénitentiaire mais bel et bien une collection canonique. Elle édicte les peines énoncées par les papes, les règles consacrées de la pénitence et de la réconciliation, elle rappelle les obligations et les devoirs de l'ordre clérical63.

1.2. L'édition de la Dacheriana Le bénédictin Dom Luc d'Achéry se consacre à l'édition des textes anciens et il donne la première édition à peu près complète de son texte : il publie alors le Spicilègium64, en treize tomes. Le second volume de ce recueil, publié en 1662 à Paris, est un recueil d'environ huit cent articles de droit canon rédigés dans le midi de la France, intitulé Dacheriana en hommage à d'Achéry, compilateur de ces décrets65. Il y eut plusieurs éditions du Spicilegium de d'Achéry, qui sont souvent fortement critiquées, plusieurs historiens réclament aujourd'hui une réédition de cette collection66. Pour compiler tous ces articles de la Dacheriana, nous savons aujourd'hui que Dom Luc d'Achéry a disposé d'au moins deux manuscrits : l'un appartenant à la bibliothèque du Président de Thou, le second à la collection de Baluze, conservateur de la bibliothèque Colbert 67. Ces deux manuscrits se trouvent aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France, il s'agit des manuscrits Latin 4287 et du Latin 3839A 68.

63 [LE BRAS G.], op. cit., p.397. 64 Terme signifiant à proprement dit « recueil de notes », [CNRTL], op. cit., http://www.cnrtl.fr/definition/spicil %C3%A8ge/substantif. 65 [KERY L.], KERY Lotte, Canonical collections of the early Middle ages, (ca. 400-1140) : a bibliographical guide to the manuscripts and literature, Washington, The Catholic University of America Press, 1999, p.87. 66 « Oui, la Dacheriana mérite d'être éditée à nouveau, car l'édition de Dom Luc d'Achéry ne peut plus satisfaire aux exigences de la critique. », [HAENNI G.], op. cit., p.385. 67 [LE BRAS G.], op. cit., p.411. 68 Ibidem. ; [HAENNI G.], op. cit., p.381 ; Bibliothèque nationale de France, ms. Latin 4287, Canonum poenitentialium libri tres : authoris nomen ignoratur. — 2.° Statuta synodi Remensis, sub Hincmaro habitae anno 852. - 3.° Capitula Guilleberti, Episcopi : nonnulla desiderantur, 901-1000, parchemin, latin ; Bibliothèque nationale de France, ms. Latin 3839A, Collectiones juris canonici., Papier 1 f. (f. 1, XVIIe siècle), et parchemin 163 ff. (foliotés 2-162 + 143 bis et 144 bis), précédés et suivis d'une contregarde et d'une garde de papier marbré et de 3 gardes papier moderne, reliure chagrin rouge à filets dorés, titre doré au dos : DIONYSII EXIGUI COLLECTIO CANONUM, latin.

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1.3. Les formes de la Dacheriana L'étude de la Dacheriana par G. Lebras, l'a conduit à la conclusion suivante : il existerait deux formes de cette collection canonique. Ces deux formes, communément appelée A et B, ont pour différence majeure l'addition ou la suppression de textes69. FORME A

FORME B

Latin 3880, BnF

Latin 4287, BnF

Latin 10741, BnF

ms. 236, Metz (sûrement le plus ancien )

Latin 13655, BnF

ms. 897, Arras

ms. 425, Berne

Vat. 1347

Vatican Reg. 446 Tableau 6 : Classement des manuscrits de la Dacheriana selon leur forme70

La forme B de la Dacheriana, a été arrêtée dans les milieux isidoriens, elle ne peut donc être antérieure à l'année 840. Ce serait une version postérieure à la forme A, cette dernière serait la forme la plus primitive de la Dacheriana71. Ces deux formes restent les seules à garder intact les cadres et l'ordre de la Dacheriana. Il y eut cependant quelques modifications, faites dans le sud de la France notamment avec la rédaction d'une Dacheriana augmentée, une Dacheriana quadripartite72. Le ms. 0043 d'Albi73 annonce un supplément de trente-quatre chapitres après le troisième livre dans sa table des matières, mais le même manuscrit ne contient déjà pas tous les textes du troisième livre. La même table existe dans les manuscrits 571 de Lyon74 et Latin 387975 de la BnF, mais comme le premier, ces deux manuscrits ne contiennent pas les textes qu'ils annoncent dans la table des matières. Cependant le Latin 1074176 de la BnF, sans avoir cette table des matières, ajoute au troisième livre de la Dacheriana neuf textes dont les huit premiers sont exactement dans l'ordre de la susdite table annonce. Dans au-

69 70 71 72 73

[LE BRAS G.], op. cit., p.411. [HAENNI G.], op. cit.,p.377. ; [LE BRAS G.,a], op. cit., p.521. ; [FOURNIER P.], p.104. [LE BRAS G.], op. cit., p.411. Ibid., p.414. Bibliothèque municipale de la ville d'Albi, ms. 0043, Collectio Albiensis canonum, IXe - Xe siècle, 92 f., parchemin, reliure de substitution faite lors de la restauration en 1957, reliure en pleine peau retournée, dos à 3 nerfs, relié avec : De essentia divinitatis ; Interrogatio sacerdotalis, latin. 74 Bibliothèque municipale de Lyon, ms. 571, Canonum Collectio Dacheriana, IXe siècle - 826 - 850, sud de la France, 133 f., parchemin, 217 × 153 mm, relié au XVIIIe siècle dans le désordre, latin. 75 Bibliothèque nationale de France, ms. Latin 3879, 1.° Canonum poenitentialium libri tres : hujus collectionis author ignoratur. — 2.° Martyrologium Bedae. — 3.° Anonymi opusculum de essentia divinitatis, et de invisibilitate atque immensitate ejus, parchemin, latin. 76 Bibliothèque nationale de France, ms. Latin 10741, Canonum libri tres Epistole decretales "Sermones s. Bonifacii", Xe siècle, 138 ff., parchemin, 240 × 200 mm, reliure parchemin naturel, latin.

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cun de ces manuscrits, ni dans aucun autre, cette partie n'est présentée comme un quatrième livre, elle fait suite au troisième livre sans autre indication aucune77. Nous pouvons donc citer le ms. 571 de Lyon, le ms. 0043 d'Albi et le Latin 3879 de la BnF qui possèdent une partie de ce « quatrième livre ». Les manuscrits le possédant ou du moins ayant cette tentative de complément très proche de la composition même de la Dacheriana78, sont les témoins du crédit de la Dacheriana primitive79. Ainsi, la Dacheriana reste une collection canonique de premier ordre. Prenant ses sources dans les conciles de l'Empire romain, de l’Antiquité et du Moyen Âge, et les plus grands recueils des siècles précédents, elle reste une source majeure du droit médiéval. Elle ne peut être négligée ni par l’historien, ni par le théologien : au premier, elle fait connaître la discipline des époques anciennes, au second, elle apporte une tradition du texte des écrits conciliaires rattachés à d'autres collections plus anciennes80. Le but de l'étude désormais est de savoir si le manuscrit du diocèse est bel et bien un exemplaire de cette collection canonique.

2. Les comparaisons avec d’autres manuscrits Ces comparaisons sont un travail primordial afin de mieux appréhender le manuscrit et son contenu mais également de replacer si possible, les deux cahiers non numérotés au sein du manuscrit. Cet exercice nous permet également de savoir combien de feuillets sont manquants au sein du manuscrit et quelle lacune textuelle cela a engendré.

2.1. Le ms. 571, Bibliothèque municipale de Lyon Le manuscrit 571 de la Bibliothèque municipale de Lyon contient la Canonum Collectio Dacheriana et date du deuxième quart du IXe siècle. Il aurait été produit dans le sud de la France81. Il mesure 21,7 × 15,3 cm et comporte 133 feuillets, numérotés de 1 à 130, plus les folios 23 bis, 88 bis, 89 bis. Le manuscrit est constitué de quaternions : en tout 17 cahiers complets excepté le premier amputé de son premier feuillet et le dernier cahier avec les six derniers feuillets manquants. Le manuscrit a été relié au XVIIIe siècle dans le désordre ce qui complique largement sa lecture. Les cahiers sont signés d’une lettre majuscule. Le manuscrit comporte une table des matières au début qui comprend tous les titres de chaque paragraphe de trois livres de la Dacheriana. 77 78 79 80 81

[HAENNI G.], op. cit., p.389. [HAENNI G.], op. cit., p.390. [LE BRAS G.], op. cit., p.414. [HAENNI G.], op. cit., p.376 – 377. [KERY L.], op. cit., p.88.

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Même si codicologiquement nous sommes assez éloignés du manuscrit du diocèse, le lieu et la date de production du m. 571 coïncident avec les hypothèses que nous avions émises initialement82. Pour la comparaison, nous avons dans un premier temps créé des tableaux pour chacun de nos cahiers avec toutes les rubriques et leur numérotation. Nous avons procédé dans un premier temps à une comparaison avec la table des matières, quand ce fut possible - certains feuillets du ms. 571 sont très endommagés, quasiment illisibles avec des parties rongées - puis nous avons comparé directement dans le texte. La première chose que nous pouvons observer est que le manuscrit du diocèse ne possède aucune table des matières. Celle du ms. 571 se trouve au début et rassemble tous les titres des rubriques, sans les sources, des trois livres de la Dacheriana. Nous pouvons dès lors supposer que la même table des matières se trouve sur les trois premiers cahiers actuellement perdus du manuscrit du diocèse. 2.1.1.

ms. 571 : le livre I de la Dacheriana

Nous avons commencé par étudier le cahier IIII qui semble être le premier du manuscrit. L'étude de ce cahier semble complexe : il comporte deux feuillets avec talons visibles, le premier feuillet semble être largement postérieur au reste du cahier sur lequel nous ne voyons aucune rubrique. Le premier paragraphe correspondant dans le ms. 571 que nous avons pu identifier au recto du feuillet 1 est le paragraphe XVIII du livre I de la Dacheriana soit : « De penitentibus ; ut a presbiteris non reconcilientur nisi precipiente epero ; & concilio africano capitulo X »

Illustration 7 : f. 23v ligne 17 à 19, § XVIIII du livre I, ms. 571, © D. Nicole, BML

Cliché 27 : f. 1r, 9e ligne, manuscrit du diocèse

82 Le travail sur le ms. 571 a été facilité étant dans les locaux de la Bibliothèque municipale de Lyon lors d'un stage effectué au cours de la quatrième année à l’école de Condé. Nous avons pu observer et travailler directement au contact du ms. 571. Nous avons également pu bénéficier des conseils et de l'aide précieuse de spécialistes tels que M. Jérôme Sirdey et Mme Lore Derail.

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Ainsi débute le manuscrit du diocèse. Nous n'avons réussi à identifier que ce premier paragraphe. Les huit premières lignes du feuillet mériteraient une étude plus approfondie, car nous n'avons pas trouvé de correspondance avec le paragraphe précédent normalement. Ce feuillet étant un ajout postérieur il se peut que la copie ait été mal effectuée. Les paragraphes suivants se suivent sans discontinuer hormis les XXX et XXXI qui sont manquants. Ces deux paragraphes manquants devraient se situer entre les feuillets 4 et 5, où l'on trouve aujourd'hui deux bandelettes de parchemin vierge. Nous pouvons donc supposer qu'il s’agirait de feuillets découpés mais rien ne nous permet d'affirmer cette dernière idée. Le cahier V suit parfaitement le cahier IIII. Il rassemble donc les paragraphes XXXIIII à LXXIII du livre I. Il manque les paragraphes LVIIII à LXIII. Le cahier V est aussi un cahier complexe, qui présentait de nombreuses irrégularités codicologiques. Le fait que plusieurs paragraphes soient manquants nous montrent bien qu'un ou plusieurs feuillets ont été perdus. Le feuillet manquant devrait se trouver entre les feuillets 6 et 7 et les feuillets 9 et 10, là où l'on trouve également deux bandelettes de parchemin vierge. De plus, nous avons observé qu'une rubrique a été ajoutée dans le manuscrit du diocèse et qu'elle n'apparaît pas dans le ms. 571.

Cliché 39 : f. 7r, cahier V, lignes 9 à 11, Manuscrit du diocèse

L'insertion de ce paragraphe qui n’apparaît ni dans la table des matières du ms. 571 ni dans le texte, décale toute la numérotation des rubriques du manuscrit du diocèse sur le reste du cahier V, ce qui complique fortement l'identification des rubriques. Le cahier suivant est le cahier VII dont les premières rubriques correspondent, selon la table des matières du ms. 571, au début du livre II de la Dacheriana. Nous avons donc comparé les rubriques des deux cahiers non numérotés pour voir si l'un des deux pourrait correspondre à la fin du livre I de la Dacheriana. Il se trouve que c'est le cahier B qui s'inscrit dans la suite du cahier V. Il ne commence pas tout à fait après le cahier V : celui-ci se terminant sur le paragraphe LXXIII, le cahier B commençant au paragraphe LXXVIIII. Au début du cahier B, nous pouvons voir la fin du paragraphe précédent, le paragraphe LXXVIII. Il y a toujours ce décalage de numérotation entre le manuscrit du diocèse et le ms. 571. 54 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


DÉBUT

PARAGRAPHES MANQUANTS

FIN

Cahier IIII

§ XVIIII

Les § XXX et XXXI

§ XXXIII

Cahier V

§ XXXIII

Du § XXXVII au § XL Du § LVIIII au § LXIII

§ LXXIII

Fin du § LXXVIII

Du § XCVI au § CXI

§ CXX

Cahier B : soit VI

Tableau 7 : Contenu du livre I de la Dacheriana manuscrit du diocèse

Le livre I de la Dacheriana se finit sur le paragraphe CXXII, il manque donc les deux derniers paragraphes du livre I. La comparaison des paragraphes CXII à CXXII n'a pu se faire qu'avec la table des matières du ms. 571, les six derniers feuillets du dernier cahier étant manquants. Il serait souhaitable de comparer cette dernière partie du livre I avec un autre manuscrit. La comparaison avec le livre I du ms. 571 nous a permis de mieux cibler les lacunes textuelles. Les trois cahiers qui forment donc le livre I de la Dacheriana font partie des types de cahiers irréguliers que nous avions relevés lors de l'étude codicologique du manuscrit. On note également un décalage dans la numérotation dû à l'insertion d'un paragraphe dans le manuscrit du diocèse inexistant dans le ms. 571. 2.1.2.

ms. 571 : le livre II de la Dacheriana

Selon notre étude le livre II devrait être le plus complet car il correspond au noyau régulier du manuscrit si l'on en croit les signatures. Le premier cahier du livre II est le cahier VII. Ce dernier commence au milieu d'un paragraphe qui se trouve être le paragraphe II du livre II. La première rubrique est la numéro III. Le lien entre le livre I et le livre II de la Dacheriana est ici manquant. On peut supposer que ce lien devait se faire dans le cahier précédent, soit le cahier VI, anciennement B, qui est fortement lacunaire et amputé. Le cahier VII rassemble donc les paragraphes II à XXXVI du livre II de la Dacheriana. Le cahier VIII suit parfaitement le cahier VII en commençant par le paragraphe XXXVII. On retrouve cependant dans ce cahier une partie qui se trouve en réalité à la fin du livre I dans le ms. 571 et se trouve ici, en plein cœur du livre II.

Cliché 40 : Introduction des décrets de Grégoire II au sein du ms. 571, f. 107v. © D. Nicole, BML

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Cette partie que nous avons appelée la partie des « Si quis ...» rassemble en réalité les décrets papaux du pape Grégoire II énoncés lors de son premier concile. Il donnait à entendre que les prêtres et les diacres mariés ne pouvaient cohabiter avec leur femme. Ce concile a été tenu en 721 83 et rassemble donc 17 décrets84. Sur ces 17 décrets, seuls les décrets 1 à 12 sont présents au sein du manuscrit du diocèse tout comme au sein du ms. 571. Présents à la fin du livre I dans le ms. 571, (feuillet 107v et 108r) il se trouve au milieu du ca hier VIII dans le manuscrit du diocèse, soit vers la fin du livre II. De plus, le scribe ayant écrit le feuillet 1 du cahier IIII, semble avoir modifié ces décrets au sein du manuscrit du diocèse : il a gratté la numérotation en donnant ainsi une numérotation juste aux décrets. On peut voir sur le Cliché ci-dessus que la numérotation du décret I a été grattée, il s'agissait auparavant du II. Quand on le compare au ms. 571 ou aux décrets d'origines du pape Grégoire II, nous pouvons voir qu'il s'agit bel et bien du premier décret traitant des prêtres, « presbiteram ».

Cliché 41 : Vue du début des décrets du Pape Grégoire sur le f. 23r, cahier VIII

Le début des décrets introduisant ces derniers a également été gratté et réécrit. Nous n'avons réussi à distinguer que le mot « Gregori ». Il reste également une petite trace de l’ancienne rubrique comme on peut le voir sur le même Cliché.

83 [GILBERT J-P.], GILBERT Jean-Pierre, Tradition ou histoire de l’Église, sur le sacrement du mariage: tirée des monuments les plus authentiques de chaque siècle, tant de l'orient que de l'occident, Tome second, Paris, Jean Mariette Édition, 1725, p.574 - 575. 84 Cf. ANNEXE V : Décrets de Grégoire II, p.194.

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Le même scribe a également ajouté le décret 17 juste après le décret 12. Le manuscrit du diocèse comporte ainsi les décrets 1 à 12 et le 17 et aucun titre à cette partie. Le décret 17 que l'on peut lire est donc : « Si quis ex clericis relaxaverit comam, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit ».

Cliché 42 : Vue du décret 17 ajouté par le même scribe postérieur à l'écriture du manuscrit

Le classement effectué par l'auteur de la Dacheriana nous montre que les choix des décrets sont réfléchis comme nous l'avions déjà dit. Ces décrets n'étant pas placés au même endroit au sein des livres de la collection entre les deux manuscrits, une comparaison supplémentaire serait nécessaire afin de confirmer la place de ces décrets au sein des livres. Après cette partie, nous passons au paragraphe LXIII. Avant les décrets, le dernier paragraphe est le LI : cette partie semble prendre la place des paragraphes manquants. Rappelons également que le cahier VIII est un ternion, ce qui pourrait expliquer cette large lacune textuelle, les cahiers alentours étant des quaternions. Il manquerait donc le bifeuillet central dans ce cahier. Le cahier VIIII suit parfaitement le cahier précédent. Il y a toujours ce décalage dans la numérotation. Le cahier se termine sur le paragraphe CX où il ne manque qu'une seule phrase. DÉBUT

PARAGRAPHES MANQUANTS

FIN

Cahier VII

Fin du § II

Aucun

§ XXXVI

Cahier VIII

§ XXXVII

Du § LII au § LXII

§ LXXII

Cahier VIIII

§ LXXIII

Les derniers § CXI et § CXII

§ CX

Tableau 8 : Contenu du livre II de la Dacheriana, manuscrit du diocèse

Nous avons vérifié si le cahier A suivait le cahier VIII, ce qui n'est pas le cas. Au vu des signa tures des autres cahiers, la cahier suivant à étudier est le XI. Nous pouvons en conclure que le cahier X du manuscrit du diocèse est manquant. Malgré quelques lacunes textuelles, le livre II de la Dacheriana reste assez complet au sein du manuscrit du diocèse. La lacune textuelle majeure au sein du cahier VIII nous montre bel et bien que la forme régulière d'un cahier dans ce manuscrit reste le quaternion.

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2.1.3.

ms. 571 : le livre III de la Dacheriana

Ainsi le cahier X est manquant, il devait sans doute faire la transition entre les livres II et III de la Dacheriana car nous commençons le cahier XI avec la fin du paragraphe XXIIII et la première rubrique qui apparaît est celle du paragraphe XXV du livre III. Le cahier XI commence le livre III de la Dacheriana avec la fin du paragraphe XXIIII. Il n'y a aucune lacune textuelle dans ce cahier : il se finit donc sur le paragraphe LXXVII. Nous avons observé que la numérotation de ce cahier est similaire à celle du ms. 571, le décalage repéré dans les cahiers précédents n'est plus ici. On peut alors supposer que le changement de main ou de cahier, ou même de l'exemplaire à copier, a été d'une aide certaine. Le cahier XII commence sur la fin de la rubrique LXXVII, terminant le cahier précédent. Les deux cahiers se suivent parfaitement. Cependant au paragraphe suivant, on note de nouveau un décalage dans la numérotation entre le ms. 571 et le manuscrit du diocèse : le paragraphe LXXVII devrait avoir le numéro LXXVIII. Ce décalage se suivra tout au long du cahier. À partir du f. 48v et jusqu'à la fin du cahier, f. 49v, il n'y a plus aucune rubrique d'écrite, comme s'il s'agissait d'une omission. Nous pouvions penser que les copistes écrivaient leur rubriques au fur et à mesure, or cet exemple nous montre qu'ils écrivaient d'abord l'intégralité de leur texte en prévoyant l'espace pour les rubriques afin de les écrire sans doute plus tard. Ceci pourrait également expliquer le manque de place qu'ont certains copistes en ajoutant dans les marges les mots manquants. Enfin, nous avons étudié le dernier cahier restant, le cahier A. La comparaison avec le ms. 571 nous a montré qu'il s'agit de la suite du cahier XII. Les six derniers feuillets du ms. 571 étant manquants, nous pouvons attester de la justesse du texte des paragraphes CXVI à CL. Les paragraphes CLI à CLVIIII, présents dans le cahier XIII sont justes selon la table des matière du ms. 571. Ceux-ci mériteraient une comparaison plus poussée avec un autre manuscrit. Cliché 43 : f. 48v, cahier XII

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DÉBUT

PARAGRAPHES MANQUANTS

FIN

Cahier XI

Fin du § XXIIII

Aucun

§ LXXVII

Cahier XII

Fin du § LXXVII

Aucun

§ CXXV

§ CXXVI

Aucun

§ CL selon le contenu du ms. 571 § CLVIIII selon la table des matières du ms. 571

Cahier A : soit XIII

Tableau 9 : Contenu du livre III de la Dacheriana, manuscrit du diocèse

2.1.4.

Le « quatrième livre »de la Dacheriana

Comme nous l'avons vu, le ms. 571 possède dans sa table des matières les chapitres de la ver sion augmentée de la Dacheriana mais pas les textes, les six derniers feuillets étant manquants. Nous avons comparé les titres de la table des matière avec les rubriques du manuscrit à la fin du cahier A. Le manuscrit du diocèse possède les chapitres CLII à CLVIIII. Nous notons toujours un décalage dans la numérotation même dans ces chapitres. Le fait de ne pouvoir comparer les textes, nous limite pour valider notre hypothèse que le manuscrit du diocèse posséderait une partie de la version augmentée de la Dacheriana. Le complément d'une deuxième comparaison pourra étoffer ce propos.

Ainsi la comparaison avec le ms. 571 nous a permis d'attribuer de manière certaine le manuscrit du diocèse à la Dacheriana et de remettre dans l'ordre le manuscrit dans son ensemble. Les cahiers sans numérotation sont ainsi réintégrés au sein du manuscrit. Mais cette seule comparaison ne suffit pas : comme nous l'avons vu, la comparaison avec le ms. 571 doit être couplée avec une deuxième comparaison afin de vérifier l'ordre établi, les problèmes de numérotation, qui se répètent ou si ce même souci provient en réalité du ms. 571. Grâce à cette comparaison nous avons réalisé la difficulté de comprendre et de lire un manuscrit dont la reliure est aussi déconstruite 85. Remettre dans l'ordre le manuscrit nous permettra d'effectuer une reliure compréhensible et logique qui permettra une bonne lecture et consultation mais surtout une bonne compréhension du manuscrit par les chercheurs. 85 En raison de la complexité de la lecture du ms. 571, nous avons réalisé un tableau récapitulatif de la correspondance du manuscrit du diocèse avec le ms. 571. Cf. ANNEXE VI : Tableau récapitulatif de la comparaison du ms. 571 avec le manuscrit du diocèse, p.195.

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2.2. Latin 10741, Bibliothèque nationale de France Le manuscrit possédant la cote Latin 10741 se nomme également « Canonum libri tres. - Epistole decretales - Sermones s.Bonifacii » dans Gallica et date du Xe siècle. Il mesure environ 24 x 22 cm avec une reliure en parchemin naturel. Il est actuellement conservé à la Bibliothèque nationale de France, au département des manuscrits 86. Également présent dans le livre de Lotte Kerry 87, le Latin 10741 se rapproche beaucoup plus du manuscrit du diocèse au niveau codicologique : nous sommes sur un format sensiblement similaire et par son nombre de lignes (le Latin 10741 en ayant 24, le manuscrit du diocèse oscillant entre 9 et 23 lignes). Nous avons effectué le même travail que sur le ms. 571 mais nous ne développerons pas autant la comparaison dans cette partie88. Nous ne ferons que répondre aux questions posées lors de cette première comparaison à savoir : •

la validation de l'ordre des cahiers établis lors de la comparaison avec le ms. 571 et

Illustration 8 : Décret du Pape Grégoire II, F37v, Latin 10741, © Gallica

donc les lacunes textuelles présentes dans le manuscrit du diocèse ;

la place des décrets papaux de Grégoire II ;

la présence de la version augmentée dans le manuscrit du diocèse ;

la forme de la Dacheriana auquel il appartient.

L’ordre trouvé lors de la comparaison avec le manuscrit ms. 571 est bel et bien l'ordre constitutif du manuscrit du diocèse. Cette nouvelle comparaison avec le Latin 10741, nous confirme que le cahier A est en réalité le cahier XIII, et que le cahier B est bien le VI. Les lacunes textuelles relevées dans la première comparaison, ont été également observées lors de cette deuxième comparaison. 86 Informations données sur le site [GALLICA] où le manuscrit a été mis en ligne le 05/03/2013. Consulté le 17/03/2016 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90725811/f7.image.r=latin%2010741. 87 [KERY L.], op. cit., p.90. 88 Nous avons réalisé en écrivant l'étude que cette partie était réellement répétitive faisant écho à la comparaison avec le ms. 571. Les lacunes textuelles étant les mêmes.

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Les décret du Pape Grégoire II se trouve également à la fin du livre II dans le manuscrit Latin 10741, tout comme dans le manuscrit du diocèse. Cette observation appuie encore l'idée d'une réelle similarité entre les deux manuscrits. Cette nouvelle comparaison nous a également prouvé que les décrets sélectionnés pour l'écriture de la Dacheriana sont bien les décrets 1 à 12. Le problème de numérotation ajusté par le scribe correcteur sur le manuscrit du diocèse illustre les problèmes liés à la copie qui ont un impact sur le reste du contenu. Une erreur de copie pourrait expliqué le décalage de la numérotation que nous avons également observé avec le Latin 10741. Le manuscrit du diocèse, hormis la place des décrets du pape et le décalage de la numérotation, ressemble en tout point au niveau de son contenu au Latin 10741. Nous pouvons d'ores et déjà avancer l'idée que le manuscrit du diocèse serait une Dacheriana de la forme A. De plus, après comparaison, nous pouvons aussi dire que le manuscrit du diocèse possède six chapitres de la version augmentée de la Dacheriana : des chapitres CLII à CLVIIII. Le chapitre CLI est le dernier chapitre du Livre III de la Dacheriana selon la table des matières du Latin 10741. Comme nous l'avons dit, ce manuscrit ne possède pas la table des matières de cette version augmentée mais on peut y lire les Illustration 9 : Signe en marge du f. 84, Latin 10741, marquant le début du "quatrième livre". © Gallica

chapitres à la suite du livre III sans aucune interruption. Nous avons seulement remarqué un petit signe dans la marge du Latin 10741, qui pourrait annoncer cette version augmentée.

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V. ORGANISATION FINALE DU MANUSCRIT La comparaison avec les deux manuscrits de la Dacheriana nous permet aujourd'hui d'affirmer la nouvelle numérotation des deux cahiers inconnus au début de notre étude. Nous avons donc remis ces deux cahiers à leur place respective et recréé une nouvelle numérotation. Cette collation des feuillets sera celle utilisée désormais lors de l'étude du manuscrit aussi bien pour la restauration que pour la suite. Nous avons placé les deux diagrammes sur la page suivante afin de comprendre la correspondance entre l'ancienne et la nouvelle collation. L'étude du ms. 571, nous a fait comprendre a quel point une reliure intelligible et intelligente était essentielle pour la bonne compréhension du manuscrit et une bonne étude. Ce manuscrit a été relié au XVIIIe siècle dans le désordre, laissant aux chercheurs une reliure aberrante et un ordre de lecture très complexe. C'est pourquoi nous avons attaché tant d'importance à retrouver l'ordre des cahiers afin d'offrir une lecture aisée aux chercheurs et une meilleure compréhension du manuscrit.

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X3

X4

1

2

3

X5

6

X8

X9

7

8

9

12

13

14

15

20

21

V VII VIII

Bife uille t

Bife uile t

X2

Qui nion Qua tern ion Ter nion Bin ion

Bin ion

X1

Sén ion

Qui nion Qua tern ion Ter nion

IIII

Sén ion

Cahiers

X1

X2

X3

X4

1

2

3

X5

4

X6

X7

V

6

X8

X9

7

8

9

X10

X11

10

11

VI (B)

X12

12

13

X13

14

X14 X15

X16

15

X17

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26

27

28

29

Cahiers X6

X7

X10 X11

10

11

16

17

18

19

22

23

24

25

4

5

IIII

VII

VIIII

26

27

28

29

30

31

32

33

VIII

XI

34

35

36

37

38

39

40

41

VIIII

30

31

32

33

34

35

36

37

XII

42

43

44

45

46

47

48

49

XI

38

39

40

41

42

43

44

45

53

54

X15

55

XII

46

47

48

49

50

51

52

53

X18 X19 X20

59

X21

XIII (A)

54

55

56

X19 X20

57

58

X21

A

X12

50

51

52

X13 X14

B

X16

56

57

X17

58

X18

Milieu de cahier X

Feuillets manquants

Diagramme 2 : Organisation initiale du manuscrit

Milieu de cahier X

Feuillets manquants

Diagramme 3 : Organisation finale du manuscrit

63 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016

59

5


CONCLUSION Nous sommes donc face à un exemplaire composé de neuf cahiers, du IIII au XIII avec un seul cahier manquant dans ce noyau avec relativement peu de lacunes textuelles. Ce manuscrit serait de la forme primitive de la Dacheriana en comptant également un morceau de sa version augmentée. Il daterait du IXe siècle, peut-être même de la première moitié de ce siècle. En raison de la valeur de cette collection canonique, nous pouvons dire que le manuscrit des Archives du diocèse est une réelle découverte, malgré un état de conservation plutôt mauvais. De nombreux points restent encore à étudier et à approfondir notamment le contenu même de la Dacheriana, étudier les passages précisément et peut-être même le comparer à d'autres manuscrits de la collection. Il reste également le palimpseste à déchiffrer, car comprendre la teneur de cet écrit pourrait nous donner de plus amples informations sur le contexte de création et même sur le scriptorium où a été écrit le manuscrit. Même si P. Ganivet avance l'idée que le berceau de la Dacheriana est l’Église de Lyon au sein du scriptorium de la cathédrale, nous ne sommes pas encore en mesure d'affirmer cette hypothèse dans le cas du manuscrit même si cette dernière paraît fortement plausible89. Déterminer avec précision son lieu de création, son origine, le nombre de mains ayant participé à sa réalisation, le contenu et la datation du palimpseste mais également l’étude plus précise de la graphie du premier feuillet reste encore des pistes à exploiter afin de connaître pleinement le document. Le travail accompli fut d'une certaine ampleur mais surtout passionnant. La comparaison avec le ms. 571 de Lyon s'est révélée assez compliquée en raison de la reliure désordonnée du manuscrit. Cet aspect nous a fait réaliser à quel point la reliure et l’organisation d'un document était essentielle afin de faciliter son étude par la suite. Les Archives du diocèse comptent bien exploiter ce nouveau joyau. Il sera exposé et étudié de nombreuses fois. Ce sont des critères que nous devons évidemment prendre en compte pour la restauration.

89 [GANIVET P.], op. cit., p.70 – 71.

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PARTIE II : CONSERVATION - RESTAURATION



INTRODUCTION Avant toute intervention de conservation-restauration, le constat d'état reste la première étape du restaurateur. Ce travail d'observation est effectué afin de mieux comprendre les causes des altérations et ainsi faire une proposition de traitement des plus adaptée. C'est un rapport sur l'état du document avant intervention afin de mieux spécifier leur modalité et de contrôler au retour son état90. Selon la définition de la FFC-R, « le constat d’état est un compte-rendu daté dont l’auteur est identifié. Il comprend des données relatives à un bien culturel […] à son état de conservation […]. Ces données servent de base à l’examen diagnostique et à la programmation d’un traitement de conservation-restauration. Le constat d’état, seul témoignage de l’état de conservation d’un bien à un instant précis, est nécessaire à toute prise de décision »91. Nous avons tout d'abord effectué l'étude précise des matériaux afin de mieux appréhender le document et de comprendre l'origine de certaines altérations. La connaissance et la compréhension des matériaux constitutifs de l’œuvre ne pourront que nous aider dans l'appréhension du manuscrit et le choix de nos traitements de restauration. Un constat d'état individuel par cahier a été réalisé. Ce travail a été jugé nécessaire afin de mieux évaluer les altérations par cahier puis d'un point de vue global. Cette partie permettra d'affiner notre connaissance du document et de localiser les altérations. Nous avons décidé d'écrire le constat d'état des altérations avec le diagnostic afin de mieux comprendre la cause de chaque altération. Nous verrons ensuite les choix de restauration, sur quels critères nous avons orienté nos décisions de traitements, puis les différentes propositions de traitements pour chaque étape, chacune suivie du traitement correspondant et que nous avons selectionné lors de cette partie de réflexion.

90 [PARCHAS M-D.], PARCHAS Marie-Dominique, Élaboration d’un cahier des charges de restauration de documents d’archives papier et parchemins. Direction des archives de France, 2007, p.1. 91 [FFCR], Fédération Française des professionnels de la Conservation Restauration, L'Abécédaire, Paris, 2009, p.6, [en ligne], consulté le 16/01/2015 : http://www.ffcr.fr/files/pdf%20permanent/abcWeb.pdf.

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I.

ÉTUDE TECHNIQUE DES MATÉRIAUX Le manuscrit est un codex* dont les feuillets sont en parchemin, écrits avec des encres brunes et

rouges, mesurant environ 19,5 x 23,5 cm. Il est n'est pas (ou plus) relié à l'heure actuelle. Les premières informations que nous pouvons recueillir sont celles données de visu par les matériaux utilisés pour la réalisation de ce manuscrit. Entre support, encre et traces de reliure, l'analyse de chacun de ces composants nous permet de mieux comprendre le document à travers ses composants et par conséquent, les altérations qui en résultent.

1. Le support parchemin Le support d'écriture du manuscrit est du parchemin. Il s'agit d'une peau préparée selon des procédés bien spécifiques qui lui confèrent toutes ses caractéristiques physico-chimiques et toutes ses propriétés mécaniques. Il est le support essentiel d'écriture durant tout le Moyen Âge en Occident. Sa fabrication aurait été mise au point au IIe siècle av. J.-C. à Pergame, ville d'Asie mineure, d'où son étymologie latine pĕrgamena signifiant « peau apprêtée à Pergame »92. Cependant nous pouvons constater que son usage et la connaissance de ce matériau sont bien plus anciens, ils sont notamment mentionnés par Hérodote dans son Histoire, rédigée aux alentours de 445 av. J.-C. « Καὶ τὰς βύβλους διφθέρας καλέουσι ἀπὸ τοῦ παλαιοῦ οἱ Ἴωνες, ὅτι κοτὲ ἐν σπάνι βύβλων ἐχρέωντο διφθέρῃσι αἰγέῃσί τε καὶ οἰέῃσι· ἔτι δὲ καὶ τὸ κατ᾽ ἐμὲ πολλοὶ τῶν βαρβάρων ἐς τοιαύτας διφθέρας γράφουσι. » Ἡροδότου Μοῦσαι, Ἱστοριῶν πέμπτη ἐπιγραφομένη Τερψιχόρη. « Les Ioniens appellent aussi, par une ancienne coutume, les livres des diphthrères93, parce qu'autrefois, dans le temps que le biblos (le papyrus) était rare, on écrivait sur des peaux de chèvre et de mouton ; et, encore à présent, il y a beaucoup de Barbares qui écrivent sur ces sortes de peaux. » Hérodote, livre V. Terpsichore94 Le développement de son emploi va de pair avec l'essor du codex en Occident. L'aspect du parchemin, sa transparence, sa finesse, sa couleur, en disent long sur sa fabrication.

92 [CNRTL], Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales, Dictionnaire étymologique,[en ligne], consulté le 16/03/2016 : http://www.cnrtl.fr/etymologie/parchemin. 93 C'est-à-dire des peaux, du parchemin. « Une loi, dit Diodore de Sicile, ordonnait, chez les Perses, d'écrire l'histoire sur des peaux. On les appelait les diphthères royales. » Ces diphthères contenaient les annales de la nation, et se déposaient dans les archives royales. 94 [HÉRODOTE], HÉRODOTE, trad. du grec par Larcher ; avec des notes de Bochard, Wesseling, Scaliger [et al.], livre V, Terpsichore, dans Histoire, Paris, Charpentier, 1850, p.431.

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1.1. La peau Afin de mieux appréhender le matériau, ses propriétés et ses caractéristiques propres, il nous faut comprendre d'où vient le parchemin. Ce dernier, tout comme le cuir, est fabriqué à partir d'un seul et même matériau à savoir, la peau. 1.1.1.

La composition

En théorie, la peau de n'importe quel vertébré peut être utilisée pour fabriquer du parchemin, les peaux utilisées les plus communément sont celles du veau, du bœuf, du mouton, de la chèvre, et dans une moindre mesure, la peau de cervidés dans la sphère occidentale 95. Nous savons que dans le monde latin, ce sont surtout les peaux de veau, de mouton et de chèvre qui ont été ordinairement employées96. La nature de l'animal dont le parchemin est issu peut être identifiée par l'observation visuelle des follicules pileux. Cependant cette observation reste très empirique et difficile. Déterminer avec certitude l'origine d'un parchemin reste une opération délicate : l'âge de l'animal, son sexe ou encore le traitement de la peau lors de la fabrication du parchemin sont des critères qui influencent la disposition des follicules pileux de la peau. Au Moyen Âge, l'utilisation d'une espèce plutôt qu'une autre dépendait des habitudes alimentaires d'une région97. Ces peaux ont toutes la même structure de base. De manière globale, la peau est composée de fibres de collagène amassées en paquets et qui s'entrelacent de manière tridimensionnelle. C'est cette structure tridimensionnelle qui confère toute sa résistance à la peau. Chaque

fibrille

est

composée

de

longues et nombreuses chaînes de collagène. Cette molécule est une protéine constituée de trois chaînes polypeptidiques (acides aminés reliés par des liaisons covalentes) organisées en triple hélice (structure Schéma 17 : Zoom sur une molécule de collagène. ©[ASSOCIATION ORCHIS]

95 [HAINES B.], HAINES Betty, Parchment : the physical and chemical characteristics of parchment and the materials used in its conservation, Northampton, The Leather Conservation Center, 1999, p.3. 96 [VÉZIN J.], VEZIN Jean, La réalisation matérielle des manuscrits latins pendant le haut Moyen Âge, dans Codicologica, t. II, Éléments pour une codicologie comparée, Leyde, E J. Brill, 1978, p.49. 97 [CHAHINE C.], CHAHINE Claire, Cuir & Parchemin, ou la métamorphose de la peau, Paris, CNRS Édition, 2013, p.179.

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hélicoïdale). Les trois chaînes sont maintenues ensemble par des liaisons hydrogènes (entre les groupements NH et CO des acides aminés). Les molécules de collagène sont liées entre elles par des liaisons électrostatiques et covalentes pour former des fibrilles qui sont également de forme hélicoïdale. Ces mêmes fibrilles s'organisent en spirale pour constituer la fibre élémentaire qui constitue la peau comme énoncé plus haut98. 1.1.2.

La structure

La taille des faisceaux de fibres varie selon leur emplacement au sein même de la peau : les plus larges se trouvent au centre, au sein du derme. Ils deviennent de plus en plus fins à l'approche de la surface. Le derme est la couche centrale de la peau. Il est entouré de l'épiderme qui forme une couche fine et qui sert de défense mécanique. Ce dernier est à la surface et est la zone contenant les poils. L'hypoderme est au contact de la chair où sont essentiellement concentrées les matières adipeuses. Au cours de la transformation de la peau en parchemin, le derme est débarrassé de ses deux parties externes.

Schéma 18 : Vue en coupe de la peau. ©[ASSOCIATION ORCHIS]

On distingue alors deux côtés au derme : la couche réticulaire et la couche papillaire.

Cliché 44 : Vue de follicules pileux en amas, cahier VIIII 98 [HAINES B.], op. cit., p.1 à 16.

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La couche papillaire est la couche où l'implantation des follicules pileux pourra être observée (et la nature de l'animal possiblement déterminée). Les fibres de collagène sont orientées généralement de manière structurée et horizontale : c'est ce qui va donner la protection élastique de la peau, mais qui n'a pas vraiment de résistance mécanique.. On l'appelle également le côté fleur. Dans la couche réticulaire, les fibres sont organisées dans un réseau tridimensionnel. Ce sont des fibres plus grosses avec une structure plus solide. C'est ce qu'on va appeler le côté chair. Cette couche va assurer la résistance mécanique du parchemin. Ce côté est généralement le plus blanc, il a un aspect presque pelucheux selon les parchemins. Pour le manuscrit, on reconnaît ce côté en raison de sa blancheur et sur certains feuillets, nous pouvons encore observer cet aspect velouté. C'est grâce à l'observation de la couche papillaire et des follicules pileux que nous pouvons tenter d'identifier l'animal. Chaque animal a une implantation des poils bien particulière, mais comme nous l'avons dit précédemment, c'est une observation visuelle qui peut être compliquée et dans certains cas impossible. Après observation de l'ensemble du manuscrit, il semblerait que les follicules pileux soient présentés en « trio » ce qui est caractéristique des peaux de chèvre et de mouton. Il est par la suite très difficile de faire la différence entre les deux espèces. Après comparaison avec Cliché 45 : Follicules pileux cahier VIIII

un parchemin moderne, il semblerait que la manuscrit

soit en peau de chèvre. Cependant nous avons également remarqué la présence de morceaux de parchemin au sein du manuscrit qui ne semblent pas être du même animal99. Après comparaison avec la base d'image de l'IDAP, nous pouvons supposer que ces bande de parchemin seraient en peau de veau contrairement au reste de l'ouvrage.

Illustration 10 : Parchemin de veau. ©[IDAP]

Cliché 46 : Vue des follicules pileux d'un morceau de parchemin ajouté au sein du cahier V. Loupe binoculaire, grossissement x40.

99 Au sein du manuscrit se trouve des bandelettes vierges de parchemins qui semblent être des ajouts postérieurs. Ces éléments ont été étudiés dans la partie technique et historique. Cf. PARTIE I : II. 1.2.4. Feuillets manquants ou ajouts postérieurs ?, p.26.

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La différence d’espèce entre les morceaux de parchemin et les bifeuillets du manuscrit appuient l'idée que ces morceaux ne sont pas d'origine et qu'il s'agit d'ajouts postérieurs. 1.1.3.

L'organisation

La peau n'est pas un matériau homogène sur l'ensemble de l'animal. Sur une même peau, selon la zone, la réactivité est complètement différente tout comme l'orientation des fibres. La zone la plus dense au niveau des fibres est l'échine, la peau sera plus épaisse, plus résistante mais aussi plus régulière. Le sens des fibres va ensuite rayonner vers les pattes. Les flans restent les morceaux les moins stables, où la réactivité reste la plus forte, la peau y est beaucoup plus fine, beaucoup moins régulière. Ainsi au sein d'une même peau, sur un même animal, nous pouvons avoir des comportements mécaniques très différents.

Schéma 20 : Différentes parties de la peau. ©[ASSOCIATION ORCHIS]

Schéma 19 : Orientation des fibres dans la peau. ©[HAINES B.]

1.2. La fabrication du parchemin Le processus de transformation de la peau en parchemin n'a que peu évolué au cours des siècles100.

100[HAINES B.], op. cit, p.1 à 16 ; [CHAHINE C.], op. cit, p.66 - 79.

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Travail de rivière101 Tout d'abord la peau est retirée précautionneusement de l'animal. Elle devient alors très vulnérable aux attaques de bactéries. Afin d'éviter sa putréfaction, la peau est préservée dans le sel. Elle est ensuite rincée dans un grand volume d'eau claire afin d'extraire le sel et de la ré hydrater.

Bain de chaux La peau est trempée dans un bain de chaux de huit à seize jours selon le climat. L'alcalinité de la chaux permet de retirer plus facilement les poils et l'épiderme.

Ébourrage La peau est ensuite placée sur une demi-section de bois. Le derme est débarrassé de son épi derme et des poils mais également de son hypoderme et des résidus de chair et de matière graisseuse. Cette action est une action mécanique réalisée à la main et au couteau par le par cheminier.

Mise en tension La peau, toujours humide, est tendue sur un cadre par des points en périphérie. Toute la qualité du parchemin dépend de l'attention portée à cette mise en tension. Durant cette opération la peau est souvent réhumidifiée et retendue. Si une peau humide est séchée librement, sans mise en tension ou sans restreindre les mouvements de la peau, la peau séchée ne sera pas du tout exploitable ni même utilisable.

Écharnage Le parcheminier travaille ensuite sur la peau avec un couteau en forme de demi-lune, appelé lunellarium. Il racle la surface de la peau afin d'ôter les derniers résidus et d'homogénéiser l'ensemble. C'est lors de cette étape de raclage, lorsque le parcheminier enlève les excédents, que la peau peut être entaillée. Il peut ensuite appliquer de la craie sur la surface du côté chair pour absorber la graisser et augmenter l'opacité du parchemin.

Illustration 11 : Moine parcheminier utilisant un lunellarium; f. 1v, ms. Patr.5, Staatsbibliothek, Bamberg

101Étape où les peaux sont trempées dans l'eau, afin de les laver, traditionnellement pratiquée dans le courant d'une rivière d'où son appellation. [CHAHINE C.] op. cit., p.69.

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Cliché 47 : f. 47r, cahier XII. Vue d'une lacune de fabrication

Cliché 48 : f. 47v, cahier XII, vue de la même lacune au verso

Séchage La peau est ensuite séchée à l'air libre. C'est ce séchage en tension qui transforme la peau, soit un réseau de fibres tridimensionnelles, en parchemin, soit une structure lamellaire. C'est aussi lors de ce séchage que les légères entailles faites par le parcheminier lors de l'écharnage s'agrandissent. Celles-ci sont parfois réparées à l'aide de fils de couture. Ces lacunes ne doivent pas être considérées comme des altérations mais comme des traces de la fabrication du parchemin. Souvent les copistes prennent en compte ces lacunes et écrivent autour, comme on peut le voir sur les Cliché 47 et 48 ci-dessus : on voit une réelle adaptation de l'écriture à ces « trous ».

Dégraissage Le parcheminier découpe la peau de son cadre et la ponce à nouveau à des fins d'écriture. Les matériaux utilisés sont variés : ce peut être de la craie (carbonate de calcium), du gypse (sulfate de calcium), les cendres de coquilles d’œuf, les cendres d'os 102. Cette application peut laisser des résidus sur le parchemin et ne doit pas être confondue avec une possible attaque microbienne.

La transformation de la peau brute en parchemin induit des

Cliché 49 : f. 15r, cahier VI, trace blanchâtre, possible résidus de calcite

changements considérables dans sa structure et sa composition comme l'illustre le tableau suivant.

102[CHAHINE C.], op. cit., p.187.

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PEAU BRUTE

PARCHEMIN

Eau

60%

13%

Collagène

25%

85,4%

Autres (kératine, élastine, sels minéraux...)

15%

Résidus de chaux

2%

Tableau 10103 : Pourcentage des composants d'une peau brute et d'un parchemin

La technique de fabrication du parchemin est une technique qui n'a que peu évolué dans le temps. Elle explique aussi bien l'aspect et la teneur de certains des feuillets du manuscrit. Elle nous permet également de mieux comprendre certaines altérations qui sont dûes à la technique de fabrication même du parchemin et que nous devrons prendre en compte lors de la restauration.

2. Les encres Ce manuscrit fut écrit avec deux couleurs d'encres, rouge et noire. Le rouge servant pour l'écriture des rubriques et d'initiales, le noir pour le corps du texte et pour certaines initiales.

2.1. Les encres noires Sur l'ensemble du manuscrit, nous pouvons observer plusieurs nuances de l'encre dite noire. En effet nous avons un panel allant du noir profond au brun clair.

Cliché 50 : Cahier IIII, f. 1, 17e ligne. Grossissement x20

Cliché 51 : Cahier VIIII, f. 30, 16e ligne. Grossissement x20

Cliché 52 : Cahier XIII, f. 55, 5e ligne. Grossissement x20

La nature des encres a beaucoup changé au cours des siècles mais aussi selon les lieux de production et les recettes. Les recettes du Moyen Âge sont très différentes selon leur provenance : Occident, Proche-Orient ou Extrême Orient 104. Le manuscrit datant du IX e siècle, nous avons donc deux possibilités quant à la composition de ces encres noires : elles pourraient être des encres au carbone ou des encres métallo-galliques. 103[HAINES B.], op. cit, p.14. 104[ZERDOUN M.], ZERDOUN Monique, sous la direction de GÉHIN Paul, Les matériaux : support et encre, dans Lire le manuscrit médiéval, Paris, Armand Colin, 2005, p.46.

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Les premières sont constituées d'un pigment noir (produit calciné ou noir de fumée) mélangé à un liant. Ce dernier peut être de nature glucidique (gomme arabique) mais il peut être aussi protéinique (blanc d’œuf, gélatine) ou lipidique (huile). Cette encre se présente sous forme de bâtonnets ou en pain et s'écrase dans l'eau. Elles sont en général inoffensives pour le support mais peuvent avoir une mauvaise adhérence et s'écailler105. Les encres métallo-galliques sont préparées à partir d'extraits végétaux pour la plupart de la classe des tannins. Le végétal le plus communément utilisé à cette époque est la noix de galle en raison de la facilité d’approvisionnement de matière première, celle-ci étant le résultat de la piqûre d'une Cynipidae, aussi appelé « mouche à galle », sur certaines espèces de chêne. À ces extraits obtenus par décoction ou macération, on ajoute un sel métallique (sulfate de fer, de cuivre ou de zinc) que les recettes désignent souvent sous le nom de vitriol. C'est l'ajout de ce sel qui donne toute sa coloration à l'encre. Pour maintenir ce dernier en suspension, il est recommandé d'ajouté un liant, de type gomme arabique106. Ceci est donc une recette de base mais toute sorte d'additifs peuvent être ajoutés. Les encres métallo-galliques, en raison de leur composition, peuvent être extrêmement corrosives pour leur support : s'acidifiant dans le temps et pouvant conduire à la perte totale du support, notamment si celui-ci est de nature cellulosique. Dans le cas d'un parchemin, son alcalinité lui permet de résister bien mieux aux attaques corrosives d'une encre métallo-gallique qu'un papier. Ces encres, dans le temps, ont tendance à tirer sur le brun clair. Pour avoir la première recette officielle de l'encre métallo-gallique il faut attendre le XIIe siècle avec Théophile, encore y manque-t-il le liant. Ce qui ne nous empêche nullement de trouver des documents antérieurs écrits avec cette même encre. Il est également possible que les encres soient mixtes : un mélange de carbone avec un sel métallique, ou alors une encre métallo-gallique à laquelle il manquerait du liant ou dépourvue de sel métallique. Une simple observation visuelle des encres du manuscrit ne nous permet pas d’identifier clairement leur nature. Le test à la bathophénantroline a été réalisé afin de déterminer la teneur des encres en ions ferriques et ferreux107.

105[ZERDOUN M.], op. cit.p.46. 106Ibidem. 107Cf. ANNEXE I : Tests pour déterminer la nature des encres brunes, p.197.

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Ainsi les différentes encres brunes utilisées sur le manuscrit ont toutes répondu positivement au test à la bathophénantroline, nous pouvons seulement déduire qu'elles sont toutes très probablement de nature ferrogallique. De plus, une réflectographie infra-rouge a été prise et il se trouve qu'aucune encre n’apparaît, or nous savons que les encres ferro-galliques sont essentiellement transparentes sous lumière infra-rouge108. Nous ne pouvons affirmer cette dernière hypothèse car il se pourrait que les encres soient aussi des encres Illustration 12 : Réflectographie Infrarouges 1000 nanomètres, f. 1, cahier IIII. © Lumière Technologie

mixtes ou qu'elles ne soient pas composées des mêmes sulfates. La différence de coloration entre les bifeuillets même nous fait douter de l’homogénéité des composi-

tions des encres, mais ce peut être également la marque des différentes mains qui ont écrit le manuscrit ou encore un indice visuel des différents stades de dégradations de ces encres.

2.2. Les encres rouges Le pigment organique ayant servi à la fabrication de l'encre rouge reste encore inconnu. Nous pouvons supposer qu'il s'agit de cinabre 109 ou bien de minium110, qui sont deux pigments rouges utilisés depuis l'Antiquité comme peut l'attester cet extrait de l'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien où le minium et le cinabre y sont expliqués. « Minium in voluminum quoque scriptura usurpatur » « Le minium est employé aussi par les copistes dans les livres. » Pline l'Ancien, Histoire naturelle111

108[QUANDT A.], QUANDT Abigail, The Archimedes palimpsest : Conservation treatment, digital imaging and transcription of rare medieval manuscript, Contributions to the Baltimore Congress, London, 2002, p.168. 109Pigment rouge naturel à base de sulfure de mercure connu et utilisé depuis l'Antiquité. [CHAHINE C.], op.cit., p.430. 110Le minium*(ou rouge de plomb) est considéré par les historiens de l’Art comme l’un des premiers pigments artifi ciels. La première utilisation connue du minium comme pigment pictural date de l’époque romaine. [AZE S.], AZE Sébastien, Altérations chromatiques des pigments au plomb dans les œuvres du patrimoine, Étude expérimentale des altérations observées sur les peintures murales, Thèse doctorale, Université de droit, d'économie et des sciences d'Aix-Marseille, 2005, p.18. 111[L'ANCIEN P.], L'ANCIEN Pline, Histoire naturelle de Pline: avec la traduction en français. Tome 2 par Émile Littré, Paris, Firmin-Didot et Cie, 1877, livre XXXIII « Traitant des métaux ». p.27.

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Une première observation visuelle de l'état des encres nous permet de mieux appréhender leur nature. En effet, nous savons que le cinabre, en s'altérant, prend une couleur gris-argenté. Le minium en s'altérant présente différentes phases colorées : il peut noircir, se transformant ainsi en galène (PbS, sulfure de plomb) ou en plattnérite (β-PbO2, dioxyde de plomb) ; il peut blanchir se transformant ainsi en anglésite (PbSO4, sulfate de plomb) ou en cérusite (PbCO3, carbonate de plomb)112. Cette dernière transformation du minium a peu été étudiée mais existe113.

Cliché 53 : Encre rouge, cahier XI, f. 40v, 16e ligne. Grossissement x20

Cliché 54 : Encre rouge noircie, cahier V, f. 6, 6e ligne. Grossissement x20

Le noircissement, la couleur orangée et le blanchiment sont trois phénomènes que nous pouvons observer sur le manuscrit, ce qui nous laisse supposer l'utilisation de minium dans la composition de l'encre rouge. Nous pouvons également envisager un mélange de pigments au plomb avec des produits soufrés le cinabre HgS ou l’orpiment As S . Par ailleurs, des mélanges de minium et de cinabre 2

3

ont été fréquemment employés sur différents supports, sans que l’altération associée à la sulfuration du plomb soit observée114.

Cliché 55 : Encre orangée avec un début de noircissement, cahier V, f. 6, 4e ligne. Grossissement x20

Cliché 56 : Encre rouge blanchie, cahier XI, f. 45v, 19e ligne. Grossissement x20

112[AZE S.], op. cit., p.18. 113[AZE S. et al.], AZE Sébastien, DETALLE Vincent, VALLET Jean-Marc, PINGAUD Nathalie, « L'altération des pigments au plomb, étude du minimum et sa possible reconversion », dans L'actualité chimique, Avril 2008, n°318, p.10. 114[AZE S.], op. cit., p.19.

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Le minium est préparé à base d'acétate de plomb, broyé puis chauffé afin de produire un mélange de cérusite (PbCO3) et d’hydrocérusite [2PbCO3 Pb(OH)2]. Ce mélange de couleur blanche, est utilisé tel quel comme pigment, le blanc de plomb ((a) céruse ). Une nouvelle cuisson entraîne la déshydratation et la décarbonatation de la céruse, et mène à la formation de litharge (b) de couleur jaune orangé. En augmentant la température, et en assurant une bonne oxygénation du matériau, la litharge est transformée en minium (c) (Pb3O4) de couleur rouge vif. Ce dernier est parfois chauffé à plus haute température pour produire du massicot (d) de couleur jaune citron115. La phase rouge-orange de l'encre rouge du manuscrit a été analysée par spectrométrie Raman116. Les résultats de l'analyse attesteraient la présence de minium dans la phase rouge orangé de l'encre. Les autres phases n'ont malheureusement pas pu être analysées car il n'était pas possible de prélever des Illustration 13 : (a) blanc de plomb, (b) litharge, (c) minium, échantillons assez représentatifs sans endom- (d) massicot. [AZE S., VALLET J-M. et al.]© mager le document ou sans perdre des informations.

3. Les traces d'une ancienne reliure Comme nous l'avons vu précédemment, le manuscrit a sûrement été relié. Les septains présents au sein des cahiers sont des ficelles de jute et nous n'avons pu identifier les liens en parchemin torsadés117. L'information essentielle qui nous est donnée par ces traces de reliure sont les fonds de cahier percés de manière relativement cohérente sur les neuf cahiers. Nous pouvons ainsi conclure que le manuscrit a déjà été relié sur trois supports de couture. Cette information reste essentielle si nous envisageons une prochaine reliure du manuscrit.

115[AZE S., VALLET J-M. et al.], AZE Sébastien, VALLET Jean-Marc, GRAUBY Olivier, DETALLE Vincent, DELAPORTE Philippe, « Restauration des peintures au plomb par irradiation laser », dans Techniques de l'ingénieur, 2013, p.3. 116Cf. ANNEXE II : Analyses de la phase rouge-orange de l'encre rouge, p.199. 117L'analyse des différents éléments et traces de reliure a été effectué lors de l'étude codicologique. Cf. PARTIE I : II. 4. Les éléments « de reliure », p.36 ; PARTIE I : ANNEXE III : Observation des fibres de septain, p.192.

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Ainsi la description des matériaux composant le manuscrit nous amène aux conclusions suivantes : •

Support

Pour l'ensemble des bifeuillets il s'agit probablement du parchemin de chèvre. Pour certains morceaux ajoutés, il s'agit de peau de veau. La fabrication du parchemin a engendré des altérations qui seront à prendre en compte lors de la restauration : les trous d'origine dans la peau ne doivent pas être comblés (défaut de fabrication, blessures de la bête, etc.)118. •

Encres

L'encre noire est probablement une encre métallo-gallique. Le minium entre sûrement dans la composition de l'encre rouge. •

Éléments « de reliure »

Les morceaux de septain présents dans tous les cahiers du manuscrit sont en fibre de jute. Les liens en parchemins torsadés sont seulement présents sur trois cahiers et permettent la tenue des dits cahiers. Les trous de reliure dans les fonds de cahier attestent l'utilisation de trois supports de couture lors d'une précédente reliure. La présence de trous à d'autres endroits que les anciens supports de couture reste sans explication.

118[CAULIEZ N.], CAULIEZ Nelly, Manuel pour la reliure et la restauration des documents d'archives, Paris, 2009, p.28.

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II. CONSTAT D'ÉTAT ET DIAGNOSTIC L'état actuel de conservation du manuscrit atteste des conditions de conservation médiocres qu'il a connu jusqu'à présent. Il est d'ailleurs possible d'observer qu'il n'a pas toujours été conservé dans l'ordre établi actuellement ce qui peut notamment expliquer les différents degrés de dégradation entre les cahiers. A l'heure actuelle, son état de conservation est mauvais. Le parchemin est assez rigide, il ne permet ni une bonne manipulation, ni une bonne lecture de l'ouvrage. Les encres semblent stables mais elles ont subi les mauvaises conditions de conservation du manuscrit. Les nombreuses altérations présentes au sein du manuscrit attestent de son parcours au fil des siècles. De sa création à sa consultation régulière puis son oubli et sa redécouverte, plusieurs facteurs entrent en jeu : la nature de l’œuvre, ses matériaux, son parcours, les conditions de conservations (la chaleur, l'humidité, la lumière et la poussière) sont des paramètres interdépendants qui expliquent en grande partie l'état actuel de l’œuvre. Le constat d'état relatif aux altérations structurelles, soit du parchemin en lui-même, puis aux altérations des encres est présenté avec le diagnostic119.

1. Altérations du parchemin 1.1. Altérations structurelles Déformations et plis Le parchemin est gondolé, plissé, il n'a plus aucune planéité. Cette déformation générale est clairement visible à l’œil nu, certaines lignes d'écriture ne sont plus rectilignes. La prise photographique en lumière rasante permet de mieux observer cette déformation. (Cf. Cliché 57, Cliché 58 et Cliché 59) Les variations dimensionnelles sont beaucoup moins prononcées mais restent cependant présentes. Le feuillet 6 au sein du cahier V mesure 18 cm de large au niveau de sa tranche* de queue et 18,6 cm au niveau de sa tranche de tête : nous avons une variation allant jusqu'à six millimètres sur un même feuillet.

119Comme dit précédemment, nous avons réalisé des constats d'état individuel pour chaque cahier consultable en ANNEXE IV : Constats d'état par cahier, p.201.

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Le parchemin est également plié et de nombreux angles sont cornés. Les plis les plus importants sont ceux que l'on peut observer au niveau de la gouttière du cahier IIII, sur le Cliché 57 ci-dessous.

Cliché 57 : Vue en lumière rasante, Cahier IIII

Cliché 58 : Vue en lumière rasante, Cahier XIII

Cliché 59 : Vue en lumière rasante, Cahier XII

Les différentes variations hygrométriques couplées à une exposition prolongée à une source de chaleur sont très certainement les causes des variations dimensionnelles du parchemin, de nature fortement hygroscopique, et de son manque de planéité actuel. D'autant plus que le manque de reliure a pu amplifier ces phénomènes de déformations : dans les livres en parchemin qui n'ont pas reçu de fermoir ou qui les ont perdus, chaque feuillet se déformera à sa manière en fonction de ses caractéristiques spécifiques120. En effet, la reliure constitue une ceinture de pression sur les feuillets, leur donnant une plus grande stabilité. De cette manière, l'impact des changements hygrométriques est ralenti et les déformations du parchemin sont beaucoup plus limitées121. Fragilité et modification structurelles Le parchemin est très affaibli au niveau de la tranche de tête des cahiers VI, VIII, VIIII, XI, XII, XIII, sur la totalité de la gouttière des cahiers IIII et V. Fragilisé, quasiment fibreux, le parchemin a perdu de sa solidité. Cette fragilisation du parchemin est souvent auréolée d'une trace marron et blanchâtre, et est visible au niveau des fibres même du parchemin122.

Cliché 60 : Macrophotographie de la fragilité structurelle en tête du cahier XII. Grossissement x40

120[CHAHINE C.], op. cit., p.247. 121Ibidem. 122Cf. ANNEXE III : Observation des fibres sous microscope, p.200.

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La fragilité structurelle observée en tranche de tête et en gouttière peut avoir plusieurs origines. Nous pouvons supposer une infiltration d'eau ce qui aurait pu fragiliser et modifier la structure même du parchemin et ainsi entraîner sa dénaturation. Cependant nous sommes ici face à un changement structurel bien particulier qui a rendu le parchemin quasiment fibreux, plus fin, cassant avec des auréoles blanchâtres et marron. Nous pourrions également supposer une attaque microbienne car une forte humidité et la chaleur ont un effet propice aux développements microbiens 123. Cependant, au vu de l'état du parchemin, la présence de micro-organisme est marginale124.

Cliché 61 : Vue de la fragilité structurelle du parchemin en tranche de tête sur les cahiers VIII, VIIII, XI et XII

Tous les cahiers présentent leur trois tranches noircies, cette coloration allant de pair avec un changement structurel du parchemin. Les zones touchées du manuscrit sont cassantes, et le parchemin s'est rigidifié. La lecture du manuscrit implique naturellement la présence d'une source de lumière qui induit également une source de chaleur, la principale source lumineuse à l'époque étant le foyer d'une cheminée ou la lumière d'une bougie. Le noircissement des tranches et la rigidification de celles-ci sont sûrement dûs à un apport de chaleur ou tout simplement à la fumée dégagée par des bougies ou des foyers de

Cliché 62 : Vue des tranches noircies des neuf cahiers

123[CHAHINE C.], op.cit., p.252 et p.280. 124Soupçonnant une attaquae microbienne, nous avons effectué une observation précise et régulière du manuscrit lors de la quatrième année sans voir aucune évolution. ; [GIOVANNINI A.,b], GIOVANNINI Andrea, Manuscrit en parchemin du IX e siècle. [en ligne]. Destinataire : DANTIN Claire, Communication personnelle, du 08/01/2015.

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cheminées125. On ne peut parler de parchemin brûlé car lorsque le parchemin brûle, il se déforme et se contracte126. Ces altérations pourraient également être le résultat d'une bactérie, le Bacillus licheniformis qui provoque notamment des taches brunes127. Nous ne pouvons avoir aucune certitude de l'origine de cette altération. Déchirures et lacunes Le parchemin a été utilisé pendant très longtemps car c'est un matériau solide. Bon support d'écriture et potentiellement réutilisable ; il se distingue par sa pérennité et sa solidité. Mais comme tout matériau organique, il est en proie à différents facteurs de dégradation. Lors de sa fabrication, la peau subit de grands changements intrinsèques 128 qui lui donnent ainsi toutes les propriétés que nous connaissons au parchemin. Comme nous l'avons vu, lors de sa fabrication, plusieurs étapes et procédés peuvent créer des altérations comme les lacunes de fabrication. Celles-ci ne sont pas à considérer comme des altérations en soi mais elles sont le témoin des techniques de fabrication du parchemin129. Plusieurs feuillets sont lacunaires. Il est nécessaire de faire la différence entre les lacunes de fabrication, comme nous l'avons vu précédemment130 et les autres types de lacunes. Certains feuillets ont été coupés au niveau de leur gouttière et/ou de leur tranche de queue et ce sur plusieurs centimètres. Nous retrouvons trois types de découpes sur quatre cahiers au sein du manuscrit, répertoriées dans le Tableau page suivante.

125[GIOVANNINI A.,b], op. cit., Communication personnelle, du 09/01/2015. 126[LEMAIRE E.], LEMAIRE Eugène, La restauration des parchemins altérés par le feu, [en ligne], consulté le 10/01/2015 : http://sciences.gloubik.info/spip.php?article1454. 127[FLIEDER F. & DUCHEIN M.], FLIEDER Françoise & DUCHEIN Michel, Livres et documents d'archives: sauvegarde et conservation, Paris, UNESCO, 1983 , p.32. 128Notamment lors de l'étirage, ce séchage en tension lors duquel se produit une modification complète de la structure du derme dont les fibres de collagène forment un réseau tri-dimensionnel. Elles tendent à s'orienter parallèlement à la surface de la peau, les unes au dessus des autres, dans le sens des forces de traction en produisant ainsi une structure lamellaire. L'ensemble de ces phénomènes mécanique et chimique fige les fibres de la structure parcheminé donnant son aspect semi-rigide au matériau, mais lorsque celui-ci est à nouveau mouillé ou humidifié, les fibres reprennent une certaine mobilité. [CHAHINE C.], op. cit., p.182-183. 129Cf.PARTIE II : I. 1.2. La fabrication du parchemin, p.72. 130Ibidem.

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CAHIERS CONCERNÉS

CAHIER V

CAHIER VII

CAHIER VIII CAHIER VIIII

PARTIE LACUNAIRE Feuillet 7 Feuillet 8 Feuillet 10

Feuillet 24

Feuillet 19

Feuillet 32

Feuillet 29

Feuillet 18

Tableau 11 : Tableau récapitulatif des feuillets lacunaires dans le manuscrit

Nombre de lacunes se prolongent en déchirures notamment en tranche de tête sur les cahiers VIII, VIIII, XI, XII et XIII mais également sur la gouttière du cahier IIII, au même niveau que la fragilisation du parchemin que nous avons observée précédemment. Dans le cadre d'un manuscrit, il est aisé de mettre en évidence les altérations mécaniques : il est consulté donc ouvert et fermé, les pages sont tournées, les feuillets peuvent ainsi subir des déformations et être altérés plus facilement. Ces nombreuses manipulations par la main humaine expliquent les nombreuses déchirures et lacunes, pour la plupart situées en gouttière. Les bords du parchemin sont naturellement plus exposés à un risque physique et cette contrainte externe a engendré de nombreux plis et parfois dans la continuité, des déchirures, jusqu'à la perte totale de matière comme nous pouvons l'observer sur plusieurs cahiers au sein du manuscrit. Cependant, il est important de faire la différence entre les déchirures et lacunes dues à la manipulation et les découpes nettes de certains feuillets. Ces découpes pourraient être l’œuvre de vandalisme : au XIIIe siècle, les bibliothèques des monastères demeurent importantes mais ne font plus l'objet de l'attention des moines à cause du déclin de la fondation de monastère qui a donc un impact

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direct sur la production et la teneur des livres copiés. Benvenuto de Imola a dressé un portrait désolant de l'état des bibliothèques : ce portrait peut aussi expliquer les raisons de ces découpes nettes que certains moines auraient faites « désireux de gagner un ou deux sous, coupaient (...) des marges, il faisaient des papillotes qu'ils vendaient aux femme »131. Les zones concernées ne possèdent ni décoration, ni intérêt esthétique. Il est également possible que ces bandes de parchemin aient été utilisées afin de renforcer les fonds de cahier du manuscrit ou d'un tout autre ouvrage ou qu'elles aient été enlevées car trop dégradées. Trous et autres éléments d'une ancienne reliure Nous retrouvons également plusieurs types de « trous » sur les cahiers du manuscrit. La réalisation même du manuscrit a engendré des altérations bien spécifiques notamment lors de l'étape de l'écriture, les petites perforations situées en gouttière de la plupart des cahiers n'étant autres que des trous de réglure. Les trous situés en fond de cahier sont la marque d'une ancienne reliure comme dit précédemment132.

1.2. Altérations de surface Poussière et encrassement Le parchemin est très empoussiéré mais de manière disparate. Les fonds de cahiers restent les zones les plus empoussiérées, où la poussière et des résidus de toutes sortes ce sont accumulés133, ainsi que le premier feuillet de certains cahiers. Les premiers feuillets des cahiers IIII, VII, XI et XIII restent les plus empoussiérés comme nous

Cliché 63 : Cahiers XII et VII mis en regard afin de comparer leur diffé-

pouvons le voir sur le Cliché 63 ci- rence d'empoussièrement contre.

131[CASSAGNES-BROUQUET S.], CASSAGNES-BROUQUET Sophie, Le livre au Moyen Âge, Rennes, Éditions OUEST-FRANCE, 2009, p.41. Cf. ANNEXE V : « La ruine d'une grande bibliothèque monastique », p.211. 132Pour la réglure, cf. PARTIE I : II. 2. La préparation de la page avant l'écriture, p.32. ; pour les éléments de reliure, cf. PARTIE I : II. 4. Les éléments « de reliure », p.36. 133Nous avons pu observer notamment de la terre et d'autres résidus non identifiés en plus de la poussière.

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Certains feuillets sont également encrassés avec des traces de couleur marron et de saleté incrustée. Le verso du feuillet 59 du cahier XIII est si encrassé qu'il est quasiment impossible de le lire comme on peut l'observer sur le Cliché ci-contre. Mais l'encrassement reste surtout très prononcé dans les fonds de cahiers.

Cliché 64 : f. 59v, cahier XIII

Le fort empoussièrement et l’encrassement général ne sont que les résultats d'une mauvaise conservation. N'ayant aucune information sur le cheminement du manuscrit jusqu'aux archives du diocèse où il a été trouvé, nous ne pouvons aujourd'hui, que constater son état. De plus, lors de la découverte du manuscrit, il se trouve que les cahiers les plus empoussiérés avaient été rassemblés sans prendre en compte leur numérotation. Grâce au travail de comparaison avec d'autres manuscrits de la Dacheriana134, nous avons pu remettre dans l'ordre les neuf cahiers. Le cahier XIII, cahier sans signature et dont le dernier feuillet est le plus encrassé, se trouve être le dernier cahier du ma nuscrit : ceci peut également expliquer sont état de dégradation et un encrassement aussi important au verso du dernier feuillet. Auréole Plusieurs types d'auréoles sont observables sur la totalité du manuscrit. En plus des auréoles présentes autour de la fragilité structurelle du parchemin135, les autres auréoles sont différentes. Leurs intensités de couleur et leurs tailles varient d'un feuillet à l'autre. Elles peuvent s'étendre sur plusieurs feuillets au sein d'un même cahier. La plupart sont de couleur orangée allant jusqu'au brun136. Situées en plein milieu de plusieurs feuillets ou sur les tranches, les

Cliché 65 : Auréole visible sur le cahier XIII, f. 57v

auréoles pourraient être dues à des maladresses humaines lors de la consultation de l'ouvrage. Celles situées sur les tranches des feuillets pourraient être dues à une mauvaise conservation du manuscrit.

134Cf. PARTIE I : IV. 2. Les comparaisons avec d’autres manuscrits, p.52. 135Cf. Cliché 60, p.82 136Cf. ANNEXE VI : Auréoles, p.212.

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Abrasion de surface Il est nécessaire de faire la différence entre les abrasions de surface en tant qu'altérations et les abrasions effectuées sur le feuillet 1 du cahier IIII qui est un palimpseste 137 où l'abrasion est délibérée. Nous trouvons également ce grattage du parchemin sur le feuillet 23 du cahier VIII, où un copiste postérieur a gratté quelques lignes pour réécrire le texte. Nous observons plusieurs zones du parchemin qui sont abrasées et qui ont, de ce fait, abrasé les encres138. Sur le Cliché ci-contre, Cliché 66 : f. 59v, cahier XIII, nous pouvons voir que l'abrasion est si importante qu'elle a mené à la perte de matière. Ces abrasions s'expliquent car nous sommes face à un objet manipulé et consulté. Tout comme les déchirures et lacunes, les abrasions de surface résultent de la manipulation par la main humaine. Nous pouvons ajouter que la mauvaise conservation du manuscrit n'a pu qu'aider à l’accentuation de ces altérations.

2. Altération des encres Altération de l'encre noire Comme nous l'avons dit précédemment, les différentes encres brunes utilisées sur le manuscrit ont toutes répondu positivement au test à la bathophénantroline 139. Nous en avons donc déduit que les encres brunes utilisées sur le manuscrit sont toutes très probablement de nature ferrogallique.

Cliché 68 : Cahier V, f. 6, 8e et 9e ligne. Grossissement x30

Cliché 67 : Cahier VIII, f. 27, 4e ligne. Grossissement x30

137Cf. PARTIE I : II. 3. Le parchemin de réemploi : le palimpseste, p.35. 138Nous parlerons de l'abrasion des encres plus précisément dans la partie suivante, cf. Altération des encres, p.88. 139Cf. PARTIE II : I. 2.1. Les encres noires, p.75.

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En raison de la nature alcaline du parchemin 140 la corrosion des encres ferro-galliques est considérablement ralentie comparé à leur action sur un support cellulosique. Leur état de conservation est correct. Les encres restent plutôt stable. Le Cliché ci-dessous montre un exemple où elles ont migré. À première vue, il pourrait s'agir d'une mauvaise préparation du support car on ne retrouve ces bavures que sur ce feuillet sans autre marque de migration ou de dégradation des encres. Le côté chair du parchemin a pu être mal préparé ce qui a entraîné cette migration de l'encre.

Cliché 69 : Cahier VIII, f. 25, vue de la migration de l'encre

Altération de l'encre rouge Comme nous l'avons vu lors de l'étude de l'encre rouge 141, il semblerait que le composant principal des encres rouges du manuscrit soit le minium. Les causes des altérations du minium (blanchiment, éclaircissement, noircissement) ne sont pas certaines : le minium est un pigment relativement stable, notamment sur un support alcalin mais les monoxydes résiduels qu'il contient sont très sensibles à divers facteurs environnementaux : ils peuvent réagir aux variations d'humidité relatives, de température ou encore aux polluants soufrés142. Cette altération du minium est connue depuis bien longtemps, Pline y faisait déjà référence dans son Histoire Naturelle : « Solis atque lunae contactus inimicus » « La peinture au minium craint l'action du soleil et de la lune » Pline l'Ancien, Histoire naturelle143 Il n'existe à l'heure actuelle que peu de traitements pour remédier à cette transformation physi co-chimique du minium144 et aucun pour les encres fabriquées à base de ce pigment.

140Cf. PARTIE II : I. 1.2. La fabrication du parchemin, p.72. 141Cf. PARTIE II : I. 2.2. Les encres rouges, p.77. 142[AZE S.], op. cit., p.19. 143[L'ANCIEN P.], op. cit., livre XXXIII, « Traitant des métaux ». p.27. 144Une retransformation de la plattnérite en minium a été étudié dans le cas des peinture murales à l'aide d'un laser. Résultat de la thèse doctorale menée par Sébastien AZE.

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III. CHOIX D'INTERVENTION 1. Objectifs Actuellement, le manuscrit ne peut être consulté, ni manipulé, ni même communiqué sans aggraver son état. Les objectifs de l'intervention seront donc multiples : •

Lui rendre son intégrité physique et le stabiliser ;

permettre la consultation et la communication du manuscrit ;

améliorer la lisibilité et l’aspect esthétique (ce dernier à un certain degré que nous développerons ci-dessous) car le manuscrit sera exposé et étudié.

Mettre en place les objectifs de la restauration permet au restaurateur de mieux orienter et comprendre ses choix d'intervention. Plusieurs points sont à développer, notamment le statut de l’œuvre de mémoire et la reliure. Document d'archive à proprement parlé, le manuscrit reste une œuvre en soi en raison de sa valeur historique importante voire exceptionnelle. C'est pourquoi il sera de nombreuses fois exposé et ainsi presque considéré comme une œuvre. Ainsi, les interventions de restaurations doivent être en accord avec ces futures expositions d'où la mise en avant de l'aspect esthétique lors de la mise au ton et de la retouche des comblements de lacune. Mais la restauration dans son ensemble respectera le principe du minimalisme, nous n'interviendrons pas pour l'aspect esthétique mais comme nous l'avons dit, pour rendre lisibilité et intégrité physique à ce document. Au delà de son état actuel, la question d'une future reliure du manuscrit est également un aspect central dans la prise de décision pour nos choix de traitement. Redonner une reliure à ce manuscrit dé-relié et incomplet serait-il une procédure déontologique ? La question d'une nouvelle reliure pour ce manuscrit fut une réelle source de questionnement sur la justesse de l'attitude à adopter face à ce traitement. Nous avons ainsi décidé, après discussion préalable avec les archivistes, de relier à nouveau le manuscrit à certaines conditions : la reliure se devra d’être totalement démontable dans le cas où nous retrouverions d'autre feuillets du manuscrit qui pourraient être intégré à l'ouvrage et pour respecter le principe de réversibilité. La reliure a un aspect sécuritaire, elle permettra surtout de garder tous les feuillets ensemble sans perte possible mais aussi une bien meilleure consultation et conservation du manuscrit. 90 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


De plus, les conditions de communication doivent être au cœur de nos prises de décisions de traitements. L’œuvre sera donc numérisée, ce qui est à prendre en compte dans les choix de nos traitements145. Il faut également savoir que le temps est un facteur essentiel dans le traitement d'un parchemin. Les temps de séchage, de mise sous poids et de stabilisation seront donc essentiels et calculés lors de toutes nos étapes de restauration afin de respecter les délais imposés146.

2. Définition des étapes de traitements Les différentes interventions ne cherchent qu'à répondre aux objectifs posés précédemment. Voici donc chaque étape du traitement, les choix d'interventions seront discutés en détail par la suite, ainsi que les produits utilisés. Après chaque proposition de traitement, nous expliquerons la procédure choisie et le traitement effectué. Retrait des éléments de l'ancienne reliure

Mise en défet des éléments dans la boite de conditionnement

Nettoyage à sec Nettoyage humide

Seulement si nécessaire sur les zones les plus encrassées

Mise à plat : • Humidification • Mise en tension • Mise sous poids et stabilisation

Avec une stabilisation d'au moins un mois.

Consolidation des zones fragilisées Reprise des déchirures et renfort des plis Comblement des lacunes Stabilisation

Un mois sous poids

Numérisation

Numérisation photographique

Reliure Boite de conditionnement Tableau 12 : Étapes générales de traitement

Le rapport de restauration s'organise de la manière suivante : chaque proposition de traitement est suivie de l'opération de restauration correspondante. Cette démarche nous a semblé plus logique pour faire apparaître la disparité des altérations au sein du manuscrit et le cheminement de la réflexion lors de la restauration. De plus, cela nous a permis de prendre les étapes de restauration une à une tout en ayant à l'esprit la globalité des opérations. La proposition de traitement pour chaque 145Il s'agit d'une numérisation photographique. 146Cf. ANNEXE VII : Temps d'intervention , p.213.

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étape permet une réelle discussion, d'effectuer des tests et de choisir le cas échéant la méthode la plus adaptée pour le traitement de restauration. La restauration du manuscrit s'est effectuée du mois de janvier au mois de mai 2016 au sein de l'atelier de l'école. Nous avons effectué les relevés thermo-hygrométriques au sein de l'atelier durant ces cinq mois147. Toutes les fiches techniques et les références des matériaux utilisés lors de la restauration sont disponibles en annexe148.

147Cf. ANNEXE VIII : Relevés thermo-hygrométriques de l'atelier de restauration, p.214. 148Cf. ANNEXE IX : Matériels et produits de restauration, p. 217. ; ANNEXE X : Fiches techniques des produits utilisés pour la restauration, p.218.

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IV. LES INTERVENTIONS DE RESTAURATION 1. Retraits des anciens éléments de reliure Avant toute opération de restauration, nous devons ôter les éléments présents dans les bifeuillets centraux, les morceaux de septains qui ne remplissent plus actuellement leur rôle de maintien et de reliure. De plus, les liens en parchemin, qui sont sûrement des ajouts postérieurs de renfort, devront également être retirés. En raison de la valeur historique de l'objet, et en accord avec le prêteur de l’œuvre, nous conserverons chaque élément de chaque cahier dans des pochettes individuelles numérotées et celles-ci seront mises en défet avec le manuscrit. Ces septains et liens en parchemin restent la trace d'une ancienne reliure, une part de l'histoire de l'évolution de l'objet149. Le retrait de ces éléments a permis de détacher tous les bifeuillets les uns des autres et ainsi d’ôter la plupart des poussières et autres éléments qui se trouvaient dans les fonds de cahiers.

Cliché 70 : Résidus tombés des cahiers lors de la mise en défet des septains et liens en parchemin

Protocole d'intervention Le passage de l'aspirateur à micro filtre absolu HEPA 150 a ainsi permis d'enlever tous les éléments restant dans les fonds de cahiers, de dépoussiérer dans un premier temps le manuscrit et d'assurer un retrait des possibles micro-organismes.

Cliché 71 : Passage de l'aspirateur à micro-filtre absolu dans le fond du bifeuillet 40-43, cahier XI

149Suivant l’article 15 de l' [E. C. C. O.], La profession de conservateur-restaurateur, code d'éthique et formation, 2003,, [en ligne], consulté le 17/03/2015 : http://www.ffcr.fr/files/pdf%20permanent/textes%20reference %20ecco.pdf. :« Le Conservateur-Restaurateur doit respecter l'intégrité du bien culturel. Des arguments valables du point de vue de la conservation, d'un point de vue historique ou esthétique peuvent cependant justifier la suppression d'éléments lors de l'intervention. Dans la mesure du possible, les matériaux enlevés doivent être conservés. La procédure devra être entièrement documentée. ». 150Cf. ANNEXE XI : Norme EN 1822. Filtres absolus (EPA, HEPA et ULPA), p.219.

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2. Nettoyage à sec : le dépoussiérage Le nettoyage (aussi bien à sec qu'avec des solvants) reste une opération de restauration délicate de par sa non-réversibilité. Cette notion de saleté reste toute subjective et soumise au seul jugement du restaurateur, c'est pourquoi cette intervention se doit d'être faite avec précautionneusement. Cette étape de restauration a longuement fait l'objet de divers débats éthiques dans le milieu de la restauration, car la poussière et la saleté accumulées au fil des siècles ne sont autre qu'une marque de l'histoire de l'objet. Cependant cette saleté peut s'avérer dangereuse pour l'objet, obscurcissant l'information essentielle, amoindrissant l'aspect esthétique et catalysant les dégradations chimiques qui raccourcissent la durée de vie de l’œuvre151. Choix de la méthode d'intervention Avant tout, nous procéderons à un dépoussiérage. La poussière qui s'accumule au fil des siècles, peut masquer un texte, mais également se révéler dangereuse, notamment par les particules métalliques qu'elle contient et les spores de champignons qui ne manquent pas de proliférer dès que les conditions sont favorables152. Le dépoussiérage devra être régulier et uniforme sur la totalité du manuscrit afin d'obtenir une certaine homogénéité visuelle. Après le passage de l'aspirateur à micro-filtre absolu HEPA, une partie de la poussière reste incrustée dans le matériau. C'est pourquoi l'utilisation d'un chiffon micro-fibre ou d'un pinceau doux reste inefficace. Nous pouvons donc envisager l'utilisation de deux types de gommes : la gomme éponge latex, qui permet une action douce et généralisée sur la surface du parchemin, ou une gomme PVC (de type Staedler® ou Magic Rub®153) qui possède un pouvoir dépoussiérant plus élevé et ainsi un risque d'abrasions plus grand, mais agit plus précisément sur la surface. Après des essais sur la gouttière du cahier VII, il se trouve que la gomme éponge latex offre une capacité de dépoussiérage douce sur une surface plus importante que les gommes PVC qui ont un pouvoir plus localisé mais plus abrasif. La gomme éponge latex, par son action douce reste bien plus adaptée aux zones abrasées du parchemin et au coté chair qui garde par endroit son aspect et son touché velouté. Elle permet également une meilleure homogénéisation du dépoussiérage à 151[YALLOP R.], YALLOP Rosemary, « Les techniques de nettoyage du parchemin : une revue bibliographique », dans Support tracé n°4, ARSAG, 2004, p.37. 152[CHAHINE C.], op. cit., p.378 ; [CHAHINE C. & ROUY D.], CHAHINE Claire & ROUY Dominique, « Faut-il nettoyer le parchemin ? », dans Bulletin de l'IRPA volume 27, 1996-1998, p.249. ; [PONCELET J.], PONCELET Jim, Les documents sur parchemin: problématique et études de cas, Paris, Module Conservation/Restauration, Approfondissement (Spécialité Archives), 2004, p.13. 153Elles ont une composition chimique semblable et n'ont aucun résidus soufrés. Dans [STERLINI P.], STERLINI Philippa, « Surface cleaning products and their effects on paper », dans Paper Conservator News, n°76, 1995, p.7.

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l'échelle des neuf cahiers du manuscrit. Pour les zones qui demanderaient une action plus précise nous utiliserons une gomme crayon lorsque cela sera jugé nécessaire. Le dépoussiérage général s'effectuera à la gomme éponge latex. Protocole d'intervention Nous avons ensuite procédé au gommage du manuscrit dans son ensemble. Le résultat pour certains feuillets est très visible comme on peut le voir sur les Clichés ci-dessous.

Cliché 73 : f. 16, Cahier VII, Avant intervention de restauration

Cliché 72 : f. 16, Cahier VII, Après gommage à la gomme éponge latex

Cependant le dépoussiérage n'est pas suffisant pour certains feuillets mais surtout pour les fonds de cahiers où la poussière est restée très incrustée. De plus, les nombreux plis et replis du parchemin ont rendu cette étape délicate et certaines zones difficiles d'accès.

3. Nettoyage humide L'étape de nettoyage à sec est indispensable si l'on envisage par la suite un nettoyage par humi dification, pour ne pas risquer de faire migrer la poussière à l'intérieur des fibres et laisser des traces qu'il serait difficile, voire impossible d'éliminer 154. Cependant le choix d'effectuer un nettoyage humide est à mesurer. En effet, il s'agit d'une opération délicate car le ramollissement de la saleté exige ensuite son dégagement physique avec le risque de dommages physiques soit d'abraser le parchemin ou d'étaler d'autant plus la saleté sur la surface du parchemin155.

154[CHAHINE C.], op. cit., p.379. 155[YALLOP R.], op. cit., p.38.

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Choix de la méthode d'intervention De par sa teneur en collagène caractérisée par une structure hélicoïdale, l'eau ne peut être appliquée directement sur le parchemin156, ou seulement avec prudence et parcimonie, sous peine d’entraîner sa dénaturation, soit l'effondrement de cette structure. Nous avons fait des tests préalables afin de déterminer la solution ou le gel le plus adéquat pour nettoyer la surface du parchemin. Nous avons donc utilisé un écouvillon imbibé, et avons exercé une légère pression avec des mouvements circulaires sur la surface du parchemin. Nous avons envisagé l'utilisation de solvants avec le mélange isopropanol – éthanol – eau appliqué délicatement à l'aide d'un écouvillon. Les proportions de chacun seront respectivement de 60% - 30% - 10%. La forte teneur en isopropanol permet une évaporation rapide mais surtout une faible rétention de l'eau et de l'éthanol au sein du matériau 157. Un apport trop élevé d'eau entraînerait la gélatinisation du parchemin et l'éthanol assécherait le matériau. La pose directe de solvant sur le parchemin reste une technique de décrassage délicate qui assèche et peut endommager un parchemin trop altéré. L'utilisation d'un gel de méthylcellulose à 10 %, nous permettrait la modulation du mode d'application et limiterait ainsi l'apport de solvant direct sur le parchemin. Nous avons également ajouté un intermédiaire de type Bondina158 afin de toujours limiter l'apport d'humidité et de solvants au sein du parchemin. Enfin l'utilisation de la salive synthétique est une des techniques de nettoyage utilisée en restauration de parchemin159. Elle est composée d'une protéine, la mucine, et des chélateurs sodium et tri-ammonium citrate qui reproduisent l'effet émulsionnant et détergent de la salive naturelle. Son pH est neutre. Elle demande cependant un rinçage à l'eau déminéralisée après son passage afin de stopper l'action émulsionnante sur le parchemin. Cet apport d'eau peut se révéler dangereux pour le parchemin pour toutes les raisons déjà citées. Nous avons testé les trois produits sur le fond du premier bifeuillet du cahier VII. L'encrassement était similaire sur les trois zones choisies (tête, milieu et queue du fond de cahier). La réalisa156[PONCELET J.], op. cit., p.14. 157Ibid., p.37. 158Non tissé de polyester chimiquement neutre avec une surface très lisse. 159Module d’enseignement restauration de parchemin (arts graphiques 3 e année, Institut National du Patrimoine), mené par Coralie Barbe, dans : [ALCADE B.], ALCADE Béatrice, La reliure d’étoffe en trois volumes : un velours et deux damas de soie (Bibliothèque polonaise de Paris et bibliothèque municipale de Rouen). Recherche de techniques de restauration adaptées aux reliures en tissu, Mémoire de fin d'études, spécialité Arts graphiques et Livres, Institut National du Patrimoine, 2007, p.92.

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tion de ces tests sur un seul et même fond de cahier, nous a donné un meilleur comparatif visuel des résultats des trois produits testés. Le mélange de solvant a été testé en tête, le gel de méthylcellulose au milieu et enfin la salive en queue. Les tests sont effectués à l'aide d'un écouvillon préalablement passer sur un buvard, la zone est décrassée et ensuite mise sous poids, entre buvard et intissé, afin de toujours limiter l'apport d'humidité. Le Tableau ci-dessous récapitule et illustre les résultats de ces tests. PRODUITS TESTÉS

AVANT INTERVENTION

APRÈS INTERVENTION

ÉCOUVILLON

Mélange de solvants :

OBSERVATIONS Aucun trace de saleté sur l'écouvillon et aucun changement visuel sur le fond de cahier.

• Isopropanol 60% • Éthanol 30% • Eau 10%

Résultat n'est pas optimal. L'utilisation du gel nécessiterait plusieurs passages.

Gel de méthylcellulose à 10 %

Écouvillon clairement noir, saleté retirée. Résultats visibles

Salive synthétique

Tableau 13 : Tests de décrassage

Après nos tests, notre choix s'est porté sur la salive synthétique pour les résultats très probants de son action.

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Protocole d'intervention Nous avons procédé au décrassage des fonds de cahiers et des tranches de chaque cahiers. Au vu de la sensibilité des encres nous n'avons pas poussé plus loin cette opération de restauration. Nous pouvons observer sur les Cliché 74 et Cliché 75 que la salive synthétique s'est révélée très efficace.

Cliché 74 : Dos du cahier V, f. 11v, avant décrassage

Cliché 75 : Dos du cahier V, f. 11v, après décrassage

Cependant lors du décrassage du cahier IIII, il se trouve que le parchemin a extrêmement réagit, comme nous pouvons le voir sur le Cliché 76 ci-contre. La mise sous poids après décrassage s'est révélée essentielle. Le parchemin reste donc très réactif. Cette étape de restauration a été délicate, car ce nettoyage humide étant limité aux tranches et aux fonds de cahier, il fallait qu'il soit homogène sur l'ensemble de chaque feuillet ainsi qu'à l'échelle du manuscrit en général. Aucune zone de transparence n'a été relevée après le nettoyage humide. Cliché 76 : Cahier IIII, f. 1, après décrassage à la salive synthétique

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4. Mise à plat des feuillets déformés Une mise à plat se justifie sur des parchemins devenus trop rigides et déformés pour permettre une consultation sans danger et une meilleure lecture du contenu ; elle est également nécessaire dès lors qu'il faut combler de larges lacunes160.

4.1. Humidification Des techniques douces d'assouplissement des parchemins par humidification ont été mises au point dans les pays anglo-saxons161. L’intérêt d'un apport d'eau sous forme de vapeur permet une pénétration au cœur des fibres du parchemin et donc son assouplissement naturel. Cet apport doit être lent et progressif162. De ce fait, nous excluons toutes méthodes d'humidification directes de type éponge humide ou vaporisation, car l'apport d'eau liquide dégraderait le parchemin, comme nous l'avons expliqué ci-dessus pour le nettoyage humide. Après une humidification générale, nous pouvons utiliser des solutions hydro-alcooliques (le mélange de solvants testé pour le décrassage) afin de renforcer l'hydratation locale, celles-ci pénétreront ainsi de manière uniforme dans le parchemin sans engendrer de tensions locales163. Choix de la méthode d'intervention Certaines méthodes d'humidification, telles que la membrane micro-perforée de type GoreTex© ou la chambre d'humidification à ultrasons, sont jugées trop rapides pour un matériau comme le parchemin. Ces méthodes ne sont pas à proscrire mais doivent être utilisées avec prudence164. L'apport d'humidité doit être réglé dans la chambre d'humification afin d'éviter la formation d'un brouillard et l'on peut poser une membrane micro-perforée sur l’œuvre afin de réguler la pénétration de l'humidité. L'utilisation de membrane micro perforée ne permet pas d'avoir une vue de l’œuvre lors de son humidification, rendant difficile un bon contrôle sur l'état du parchemin lors de cette étape d'humidification. Deux méthodes d'humidification offrent à la fois une humidité correcte et des risques minimum, soit la chambre climatique et la chambre d'humidification « artisanale » en bois de cèdre. 160[GIOVANNINI A.,c], GIOVANNINI Andréa, La restauration du parchemin: philosophie et technique, Lumino, 2008, p.7. [en ligne], consulté le 05/03/2015 : http://www.andreagiovannini.ch/fileadmin/user_upload/atelier/bibliographie/La%20restauration%20du%20parchemin%20Texte %20%2B%20Images%20XII%202008%20gesperrt.pdf. 161[CLARKSON C.,b], CLARKSON Christopher, « A conditioning chamber for parchment and other materials », dans The Paper Conservator, 1996, Volume 16, Issue 1, p.27 - 30. 162[HAINES B.], op. cit., p.22. 163[GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.10. 164Ibidem.

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La première est un appareil qui permet de gérer avec précision température et humidité relative. L'humidité se trouve sous forme de molécules libres et non de micro-goutelettes comme dans les chambres à ultrasons. Les risques pour le parchemin, les encres et les couches picturales sont réduits au minimum. Nous ne pourrons utiliser la première méthode à cause de son coût élevé. La chambre d'humidification « artisanale » en bois de cèdre offre Illustration 14 : Enceinte climatique. © [GIOVANNINI A.,c]

une alternative moins coûteuse. La source d'humidité est un buvard humide, le parchemin est posé sur une grille à environ dix centimètres des feutres humides. Les parois de la chambre en bois de cèdre permettraient

une progression lente et donc une adaptation du parchemin à son nouvel environnement humide. Le bois de cèdre régule en effet l'apport d'humidité et stabilise le taux d'humidité relative dans l'enceinte créée. La boîte est recouverte par une plaque de plexiglas, afin de garder le parchemin de visu . Cette dernière est maintenue par des poids165. Nous pouvons également nous demander quel sera l'impact d'un apport d'humidité sur les encres ferro-galliques du manuscrit. Des études ont été menées sur l'impact de l'humidification d'un parchemin avec encres ferro-galliques, et leurs conclusions mettent en évidence des migrations en cas d'immersion du parchemin en milieu aqueux et hydro-alcoolique ce qui n'est nullement envisagé. Cependant, nous notons également que des dégradations inattendues comme des pertes de matières, décolorations, craquelures peuvent apparaître après une exposition à des taux d'humidité très élevés. Ces altérations semblent être provoquées par la différence de comportement mécanique entre le support qui se relaxe sous l’effet de l’humidification, et les techniques plus figées (et notamment le liant de l’encre). Mais l’apport très lent d’humidité (possibilité offerte par la boîte en bois de cèdre) au sein du support permettrait par exemple de procéder à une relaxation suffisante de certains documents sans risque pour le support et les techniques picturales 166. Au vu des qualités de ce dispositif, nous avons choisi d'utiliser cette méthode d'humidification.

165[GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.9. ; [PONCELET J.], op.cit., p.17. 166Conclusion du sujet technico-scientifique : L’impact des traitements d’humidification de mise à plat des parchemins sur la migration des encres ferro-galliques, dans [VEZ S.], VEZ Sandra, Probatio pennae. Conservation-restauration de deux manuscrits carolingiens dans une reliure gothique remaniée : De Astra Celi et Comes de Murbach, ms. 184, Bibliothèque municipale de Besançon, Mémoire de fin d'études, spécialité Arts graphiques et Livres, Institut National du Patrimoine, 2013, p.137.

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Protocole d'intervention Nous avons placé un premier cahier dans la chambre d’humidification et surveillé ainsi la montée de l'hygrométrie. La montée de l'humidité au sein de la chambre s'est révélée assez rapide lors de la première heure d'humidification puis par la suite très lente avec une augmentation de l'ordre de 1 ou 2% par heure comme on peut le voir sur le Graphique ci-dessous.

80

75 80

70 60 61

60

53

50 46

50

40

40

30

30 20

18,9 18,6 18,8 18,9 19 19 18,9 19 20 10

Température en °C

Tauxd'humidité relative en %

60

57

70

64 65 65

20 10

T empérature °C Logarithmique (T empérature °C) HR en %

0 0 12h 13h 14h 15h 16h 17h 18h 19h 20h 21h 22h 23h 00h 1h 2h 3h 4h 5h 6h 7h 8h

Logarithmique (HR en %)

Heure des prises de mesures

Graphique 1 : Évolution thermo-hygrométrique au sein de la chambre lors de l'humidification du cahier VIII

Le degré d'humidification et la souplesse du parchemin s'apprécient de façon empirique. Trop humidifié, le parchemin court un risque de gélatinisation. À l'inverse, si l'apport d'humidité est trop faible, le travail d’aplanissement - même partiel - devient impossible 167. Le temps d'humidification d'un parchemin avant la mise à plat est en principe de douze à trente-six heures168.

167[DE LA FOREST D'ARMAILLÉ S.], DE LA FOREST D'ARMAILLÉ Solène, Étude et restauration d'une charte scellé de Louis d'Orléans, grand-maître des ordres royaux de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel (1721), Mémoire de fin d'études, spécialité Arts graphiques, École de Condé, 2012, p.178. [PONCELET J.], op. cit., p.17. 168Ibidem ; [GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.9.

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Au vu de l'humidification du parchemin après les sept

20,5

premières heures d'exposition

19,5

en chambre d'humidification,

19

nous avons décidé de le lais-

18,5

ser bien plus longtemps. La

Temps d'humidification en heures

20

18

température au sein de l'ate-

17,5

lier étant très stable et peu

17

16,5

élevée, nous n'avions que peu

16

de risque de condensation sur

15,5 4

3

5

6

2

1

7

8

la plaque de plexiglas. Pour

9

plus de sûreté nous avons lé-

Numéros des cahiers

Graphique 2 : Temps d'humidification par cahier

gèrement ouvert la chambre

afin d'éviter le confinement total. La montée très lente de l'humidité au sein de la chambre permet une augmentation de l'hygrométrie très lente également au sein de la structure même du parchemin. Ainsi après vingt heures d'humidification, le parchemin était humidifié à « cœur » et assez souple pour une mise à plat.

90 76

76

73

75

77

76

70

70 Taux d'humidité relative en %

80

75

71

70

60

60

50

50

40

40

30

30

20

20

20

20

19

19

20

19

18

19

10

Température en C°

80

90

HR % Température C°

20 10

0

0 4

3

5

6

2

1

7

8

9

Numéros des cahiers

Graphique 3 : Relevés thermo-hygrométriques au sein de la chambre après humidification de chaque cahier

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Selon l'humidité relative au sein de l'atelier de restauration, nous avons modulé nos temps d'humidification pour chacun des cahiers allant ainsi de 17 heures à 20 heures. Nous pouvons voir sur le Graphique 3 ci-dessus, que les taux d'humidité relative et les températures au sein de la chambre d'humidification sont assez réguliers tout au long de l'opération pour chacun des cahiers malgré des temps d'humidification bien différents.

Cliché 78 : Cahier VI, après 17 heures d'humidification Cliché 77 : Cahier VIII, après 20 heures d'humidification

Ainsi nous pouvons voir sur les Clichés ci-dessus, que le parchemin est très réactif. Nous avons souvent observé ce phénomène d' enroulement de plusieurs bifeuillets.

4.2. Mise à plat Lors de la fabrication du parchemin, la mise en tension réorganise la structure interne du parchemin : sa structure tridimensionnelle devient donc linéaire lors de la mise en tension. Cette étape est majeure pour la bonne tenue du parchemin et sa réorganisation interne. C'est donc ce phénomène que nous allons tenter de reproduire, dans une certaine mesure bien naturellement, le parchemin ayant déjà été travaillé. La technique choisie devra nous permettre un travail aisé du parchemin, sans risque de déformation pour ce dernier.

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Choix de la méthode d'intervention Plusieurs méthodes de mise à plat sont couramment utilisées : la mise sous presse, la pose de poids périphériques, la traction avec pinces sur châssis ou planche et la table aspirante. Ces méthodes agissent de manières différentes et n'ont pas les mêmes applications169. La mise à plat d'un parchemin implique un changement interne de sa structure. C'est donc une intervention qui n'est pas à prendre à la légère. Le but de cette opération est donc de stabiliser la structure du parchemin qui ne se fait pas lors de la mise à plat mais bien dans les semaines qui suivent. La réorganisation de la structure interne du parchemin doit être stable afin que le parchemin reste plan sur le long terme. La mise sous presse d'un parchemin humide est à proscrire à cause du risque de gélatinisation trop important des zones humides. On risque également d'endommager les écritures et polychromies170. La mise sous poids implique de fortes tensions au sein du parchemin, qui ne lui permettront pas de suivre au moment du séchage sa contraction naturelle. Nous procéderons à la mise sous poids seulement après la mise en tension afin que le parchemin se stabilise. La pose de poids périphérique ne permet pas de contrôler la déformation centrale d'un feuillet mais peu être utilisée lors de la mise à plat de feuillet relié171. Pour notre manuscrit, plusieurs possibilités s'offrent donc à nous. Nous pouvons envisager la mise en tension sur châssis avec des bandes autoadhésives ou sur table en liège avec des pinces punaisées, la mise en tension grâce à des aimants néodymes ou la table aspirante. La mise en tension sur châssis laisse une marge de manœuvre pour localiser plus précisément la tension à appliquer. Les pinces devront être plates afin de ne pas marquer le parchemin. De petits papiers buvards, ou des cartons pourront être mis en intermédiaires afin de préserver le parchemin. L'utilisation d'un châssis permet de garder de visu le recto et le verso 21 : Mise en tende l’œuvre en tension, contrairement à la mise en tensions sur planche et Schéma sion sur châssis, persl'utilisation de la table aspirante. La tension peut s'exercer grâce à des pective. ©A. Ihler

scratchs que l'on peut donc tendre et fixer au verso du châssis (Cf. Schéma 21 ci-contre). 169[GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.11. 170[GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.12. ; [CAULIEZ N.], CAULIEZ Nelly, Manuel pour la reliure et la restauration des documents d'archives, Paris, Direction des archives de France Archives nationales, 2009, p.28. 171Ibidem. ; [LELIÈVRE C.], LELIEVRE Cédric, « Technique de mise à plat de feuilles de parchemins reliées », dans Support Tracé n°14, 2014, p.158.

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Schéma 22 : Mise en tension sur châssis, recto. ©A. Ihler

Schéma 23 : Mise en tension sur châssis, verso. ©A. Ihler

La mise en tension sur planche, qui est la technique de Christopher Clarkson, ne laisse en effet que le recto de visu. La tension s'applique donc grâce à des épingles que l'on plante dans la tête des pinces sur la planche, comme l'illustre les Schéma 22 et 23 ci-dessous.

Schéma 24 : Mise en tension sur planche. ©A. Ihler

Schéma 25 : Vue en perspective de la mise en tension sur planche. ©A. Ihler

L'utilisation d'aimants néodymes a été récemment développée en tant que technique d'aplanissement du parchemin172. Cette technique reste très pratique pour éviter le démontage de couvertures de livres, pour intervenir localement sur un ouvrage relié sans démontage ou pour travailler sur la conservation de certains plis dans le parchemin tout en offrant un bon aplanissement, mais également pour travailler sur les bords de déchirures Enfin, la table aspirante est la méthode qui se rapproche le plus de la situation originale du parcheminage : le vide (savamment dosé, soit entre 100 et 250 mbar) maintient le document à plat mais permet la contraction naturelle du parchemin pendant le processus de séchage et d'obtenir une pla172 [SCHNEIDER E.], SCHNEIDER Elizabeth, « A new method of flattening parchment », dans Journal of Paper Conservation n°12, 2011, p.34 ; [PLATEAU M.], PLATEAU Morgane, « L'apport des aimants en néodyme parmi l’éventail des techniques d'aplanissement du parchemin », dans Support Tracé n°14, 2014, p.134 -142.

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néité plus durable qu'une mise en pression forte 173. Cette technique de tension permet une meilleure sécurité comparée au travail de séchage en tension sur châssis, un travail plus localisé et différencié sur une même membrane. Cet éventail de possibilités nous permet de garder à l'esprit toutes les possibilités qui s'offrent à nous. Dans le cas du manuscrit, nous ferons une mise en tension sur table aspirante, pour toutes les raisons citées précédemment. Ajoutons également que nous avons un grand nombre de feuillets à aplanir et que l'utilisation d'un châssis ou de carton serait un travail très long mais également très encombrant. Nous n’exclurons pas pour autant l'utilisation ponctuelle d'aimants néodymes qui pourront être des outils très pratiques notamment pour stabiliser des bords de déchirures lors de la mise en tension. Protocole d'intervention Ainsi nous avons remis à plat les feuillets sur table aspirante. L'aspiration a pu être dosée et un apport local d’humidité apporté grâce à la solution hydro-alcoolique dès lors que le parchemin devenait trop sec. L'utilisation de cette solution reste exceptionnelle pour toutes les raisons déjà citées. Cette opération fut plutôt longue mais assez aisée dans la mise en œuvre.

Cliché 79 : Mise à plat sur table aspirante

Cliché 80 : Mise à plat du bifeuillet 2-3 , cahier IIII

Cependant, nous avons rencontré un problème lors de la mise à plat du cahier VIII, soit le premier cahier humidifié et mis en tension. Le parchemin a malheureusement séché trop vite et l'apport de solution hydro-alcoolique n'a pas été suffisant. En voulant remettre le parchemin à plat, l'angle inférieur du feuillet 28 a rompu car il était très fragile. Les bords du parchemin étant plus épais, nous pouvons supposer que l'humidité au sein de cette zone était beaucoup moins importante, que le parchemin n'était pas humidifié « à cœur ». La pression que nous avons appliquée à cet endroit fut 173[FOUCARD F. & LEROY-BANTI L.], FOUCARD Florence et LEROY-BANTI Ludivine, La remise à plat de parchemin sur table aspirante, Archives nationales de France - Atelier de restauration, 2012, p.2. ;[GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.12. ; [PONCELET J.], op. cit., p.19.

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bien trop forte ce qui a eu pour conséquence la rupture du parchemin. Le morceau détaché a bien évidemment été conservé et mis en presse avec le reste du feuillet, afin de le rattacher par la suite. Ce premier cahier, nous a fait bien évidemment comprendre l'importance de l'humidification et la rapidité d'exécution nécessaire pour la mise à plat. Nous avons envisagé par la suite de laisser plus longtemps les feuillets dont les bords nécessitaient une humidification plus importante afin de faciliter le travail de mise à plat et de ne pas réitérer cette erreur.

4.3. Stabilisation Afin que le travail de mise à plat soit stable et durable dans le temps, celui-ci doit être suivi d'une mise sous poids, qui peut durer de plusieurs semaines à plusieurs mois 174. Afin d'assurer une plus grande stabilité du parchemin par la suite, il faudra s'assurer de contrôler l’humidité relative de l'atelier, qui doit être comprise entre 50 et 60% 175. C'est également à ce moment de mise sous poids que nous redonneront leur pliage central aux bifeuillets. Nous sommes ici face à une œuvre tridimensionnelle, il ne faut donc pas oublier l'épaisseur de chaque cahier. Nous avons pensé utiliser des cartes de différentes épaisseurs afin de recréer l'épaisseur de chaque bifeuillet à intégrer, mais nous avons préféré mettre en presse le cahier dans son ensemble avec un Bondina intercalé entre chaque feuillet. Ainsi le pli central est recréé et l'épaisseur entre le premier bifeuillet et le bifeuillet central est reproduite. Chaque cahier est placé entre deux feutres épais. Ces derniers présentent de nombreux avantages, ils préservent une certaine souplesse sous la pression, en raison de leur structure ils permettent un échange d'humidité plus lent et régulier que les buvards et il n'est pas nécessaire de les changer au cours de la mise sous presse176. Toutes les planches sont placées les unes sur les autres pour un gain de place et une pression plus importante. Pour accentuer cette dernière, nous avons fixé quatre serre-joints à pompe au milieu de chaque cotés des planches, qui maintiennent ces dernières toutes Cliché 81 : Système de presse mis en place pour la stabilisation

ensemble et au tabouret sur lequel elles sont placées. Le Cliché cicontre, nous permet de mieux apprécier le système mis en place.

174Elle doit durer au moins 4 semaines et aller jusqu'à 24 semaines selon l'intensité de l'humidification. [GIOVANNINI A.,c],, op. cit., p.14 ; [CAULIEZ N.], op. cit., p.29. 175Ibid., p.13. 176[PONCELET J.], op. cit., p.21.

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C'est un parchemin stabilisé que nous devons retrouver afin de poursuivre les traitements de restauration. Cette stabilisation a duré un mois pendant lequel nous n'avons pas touché au manuscrit. Résultats de la stabilisation Au bout de ce mois de mise sous poids, nous avons sorti le manuscrit afin de procéder aux étapes suivantes de restauration. Nous avons ainsi pu évaluer la réussite ou non de la mise à plat et de la stabilisation. La mise à plat a très bien fonctionné mais le parchemin reste encore très réactif. Il continue de s'enrouler sur lui-même, ne restant pas complètement dans le plan. Ce dernier n'est sûrement pas resté assez longtemps en presse. Lors des prochaines opérations de restauration, nous devrons prendre en compte cette réactivité assez importante.

5. Consolidation des zones fragilisées Lors de l'examen préliminaire du parchemin, nous avons réalisé que les zones fragilisées 177 du parchemin nécessiteraient d’être renforcées avant toute autre intervention et notamment avant le comblement de lacune. Une consolidation de surface est une opération assez invasive de par son irréversibilité. L'adhésif envisagé doit donc être en totale adéquation avec le parchemin d'origine. Choix de la méthode d'intervention : matériau de comblement et adhésif Dans le cas de parchemin très affaibli, il est possible de réaliser une consolidation de surface avec l'application d'un adhésif par un pinceau ou par pulvérisation. Nous pouvons envisager l'utilisation de gélatine ou bien de colle de parchemin178. Afin de mieux appréhender ces deux adhésifs nous avons réalisé le Tableau comparatif suivant.

177Cf. PARTIE II : II. 1.1. Altérations structurelles , p.81. 178[CHAHINE C.], op. cit., p.387. ; [WOUTERS J. et al.], WOUTERS Jan et al., "The Conservation of Codex Eykensis: The eEvolution of the Project and the Assessment of Materials and Adhesives for the Repair of Parchment",dans The Paper Conservator, Vellum and Parchment, n°16, 1992, p.70.

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COLLES

AVANTAGES •

COLLE DE PARCHEMIN

• •

• GÉLATINE

• •

INCONVÉNIENTS

Affinité physico-chimique avec le parchemin Adhésif et consolidant des zones de parchemins fragilisées Consolidant plus alcalin que la gélatine du à la présence des résidus alcalins de la peau, pH basique

Affinité physico-chimique avec le parchemin Utilisée pour la consolidation de surface de parchemins altérée. Ne risque pas d'altérer les encres et pigments.

• •

• • •

Certain jaunissement en vieillissant Sensibilité aux micro-organismes Peut donner un film brillant

Une certaine acidité : pH entre 4 et 5 Certains jaunissement en vieillissant Sensibilité aux micro-organismes Peut donner un film brillant

Tableau 14179 : Tableau comparatif des deux adhésifs pour la consolidation de surface d'un parchemin affaibli

Les deux adhésifs se ressemblent en tout point, excepté sur leur pH, la gélatine étant plus acide que la colle de parchemin. Elle est donc préférée pour la consolidation de zones avec des encres ou des pigments180. Cependant, nous pouvons aujourd'hui travailler avec des gélatine basiques et qui vieillissent très bien dans le temps, sans devenir jaunes et cassantes comme nous pouvons parfois l'observer. Les zones que nous souhaitons consolider ne possèdent ni encre, ni pigment. Nous choisissons donc la colle de parchemin, celle-ci étant la plus proche au niveau de la composition du parchemin en lui même. Cette opération étant une opération assez invasive, comme nous l'avons dit en raison de sa réversibilité quasi nulle. Nous souhaitions vivement un adhésif en totale adéquation avec le parchemin, ce à quoi répond la colle de parchemin. Il nous faut désormais choisir la méthode d'application. Nous pourrions utiliser soit un pinceau brosse, soit une application par pulvérisation. Le pinceau offre une application très localisée mais beaucoup moins légère qu'une application par pulvérisation. La pulvérisation offre la possibilité de plusieurs passages et ainsi de pouvoir moduler plus facilement la couche de colle mais aussi sa possible brillance.

179Informations recueillie dans : [PONCELET J.], op. cit., p.22. ; [NEWMAN W. & QUANDT A.], NEWMAN Walter & QUANDT Abigaïl, "Parchment Treatments", dans Paper Conservation Catalog, 1994, p.10. 180[CHAHINE C.], op. cit., p.387.

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Protocole d'intervention La colle de parchemin a été réalisée selon la recette de Wächter Otto 181. La solution obtenue est assez fluide pour l'utiliser dans l'éco-spray. L'utilisation de ce dernier permet la dépose d'un film de colle très fin et assez régulier. L'opération s'est déroulée sur table aspirante afin de limiter les mouvements possibles du parchemin lors de la pose de la colle. Nous avons pu également isoler le reste des feuillets afin que la pose de la colle soit très localisée. Les zones fragilisées en tranche de tête des cahiers VIII, VIIII, XI et XII cités dans le constat d'état, ont ainsi été consolidées. Le parchemin ne change aucunement d'aspect, il est seulement un peu plus résistant, plus apte à recevoir un maté riau de comblement. Cette opération de restauration est difficilement visible autrement que de manière empirique : le parchemin au toucher semble beaucoup moins fragile. La consolidation de surface n'influe en rien sur la structure même du parchemin, cette fragilité, même si elle est renforcée reste toujours présente et doit être prise en compte dans les traitements suivants.

6. Reprise des déchirures et renfort des plis Une fois le parchemin mis à plat et consolidé, les déchirures doivent être reprises et les lacunes comblées. Nous commençons par reprendre les déchirures et renforcer les plis du parchemin affaibli. Le choix des matériaux est donc très important. C'est la compatibilité du matériau de comblement et de l'adhésif avec le matériau d'origine qui devra prévaloir lors de notre réflexion. Un grand éventail de matériaux et d'adhésifs s'offre à nous pour la restauration de parchemin. Le matériau choisi pour la reprise des déchirures et le renfort des plis se devra d’être le plus stable dans le temps, en adéquation avec le matériau d'origine, soit le parchemin, mais il doit également faire preuve d'une grande inertie. De ce fait, l'utilisation de parchemin a immédiatement été exclu du fait de la différence de comportement à l'humidité d'un parchemin ancien et d'un parchemin neuf182. De plus, au vu de la fragilité des zones à combler et des déchirures à reprendre, le parchemin neuf serait un matériau qui induirait bien trop de tension pour le manuscrit. L'adhésif choisi pour une restauration doit répondre à plusieurs critères bien précis : il doit être parfaitement réversible lors d'un contact direct avec le document, être neutre (pH égal à 7) ou légè181[WÄCHTER O.], WÄCHTER Otto, Restaurierung und Erhaltung von Büchern, Archivalien und Graphiken , Wien, , 1982, p.164. Laissez gonfler des rognures de parchemin toute une nuit puis faire chauffer le tout au bain maire entre 6 et 8, heures voir plus. Filtrez la solution finale et mettre réfrigérateur une nuit. 182[CHAHINE C.], op. cit., p.259.

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rement basiques (pH compris entre 7 et 8,5), être compatible avec les matériaux à coller, non toxique, stable et durable dans le temps183. Aussi les critères de choix pour des interventions de collages sont une facilité d’emploi et de mise en œuvre (souplesse), une bonne adaptation aux différents types de matériaux, une bonne imprégnation, une bonne mouillabilité, induisant une pénétration adéquate, un bon pouvoir collant, une faible déformation des matériaux et une neutralité chromatique (absence de coloration et de taches résiduelles). Il faut bien évidemment avoir conscience qu'aucun adhésif ne répond entièrement à ces critères de sélection 184, mais nous tenterons de choisir l'adhésif se rapprochant le plus de ces critères et le plus adapté à nos opérations de restauration. Choix de la méthode d'intervention : matériaux et adhésifs Les déchirures sont des altérations évolutives nécessitant par conséquent une intervention. Les plis, notamment sur les zones fragilisées, ont fortement affaibli le parchemin. Pour ces interventions nous devons trouver les matériaux les plus adéquates. Ainsi pour ces deux opérations, nous pouvons envisager le papier japonais ou la peau de baudruche, matériaux couramment utilisés pour la restauration de parchemin. Le papier japonais, aujourd'hui souvent utilisé en restauration de parchemin 185, présente de nombreux avantages : il possède une grande solidité à faible grammage, les fibres longues et leurs enchevêtrements pluri-directionnels qui le composent, lui confère une vraie solidité mécanique. La peau de baudruche est une membrane extrêmement fine composée de collagène pur. Le grand avantage de cette membrane est sa transparence et sa finesse 186. Mais les opposants à cette technique estiment qu'elle manque de rigidité tout en créant des différences de tensions après séchage187. La nature même de ce matériau permet une restauration solide et discrète, tout en restant visible selon l'orientation du parchemin, ce qui est en adéquation avec nos objectifs de restauration. C'est pourquoi nous l'avons choisi pour ces opérations de restauration.

183[BERARDI M. C.], BERARDI Marie Cristina, « Why does parchment deform ? Some observations and considerations », dans Leather Conservation News, 1992, vol.8 n° 1, p.41. 184[WOUTERS J. et al.], op. cit., p.69. 185[WOODS C.], "From skin to parchment: a short description of the nature of skin, the chemical and physical changes brought about when turning skin into parchment and their implications for conservation", dans Papier Restaurierung, n°3 , 2002, p.13 – 18. ; [BERARDI M. C.], op. cit.,, p.15. ; [GIOVANNINI A.,c] op. cit., p.17. ; [CHAHINE C.], op. cit., p.388. 186[HAINES B.], op. cit., p.30. 187La peau de baudruche est la membrane d'intestin de veau, de bœuf ou de mouton chaulée et séchée sous tensions. [CHAHINE C.], op. cit., p.428. ; [PONCELET J.], op. cit., p.24.

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L'adhésif choisi doit être compatible avec la peau de baudruche. Des études ont été réalisées sur le collage parchemin - peau de baudruche. De par leur nature collagénique, nous pourrions penser qu'utiliser une colle collagénique serait le plus approprié, mais l'étude de J. Wouters montre que lors d'un tel collage, les adhésifs les plus adaptés seraient l'amidon et la méthylcellulose 188 : ces deux colles ont la meilleure réversibilité, même après vieillissement et restent les plus stables. Selon cette étude, la colle d'amidon serait réversible un peu plus aisément après vieillissement. Pour toutes ses raisons, nous avons opté pour la peau de baudruche collée avec de la colle d'amidon. Protocole d'intervention La peau de baudruche est un matériau particulier qui nécessite un temps d'adaptation pour obtenir un résultat optimal. Le matériau se contracte et se déforme très facilement dès qu'il est en contact avec une source d'humidité189. Une fois la technique d'application du matériau maîtrisée, l'utilisation de la peau de baudruche est aisée et rapide. Nous avons pu refixer l'angle détaché du feuillet 2_ du cahier VIII : la restauCliché 82 : Pose d'un morceau de peau de baudruche

ration est discrète de par la transparence de la peau de baudruche mais reste visible dès qu'on s'approche du

feuillet ou selon l'orientation de la lumière. Toutes ces opérations se sont effectuées sur table aspirante afin de toujours limiter les mouvements du parchemin lors de l'apport d'humidité avec la colle d'amidon. L'aspiration est douce et permet aussi de mieux fixer la peau de baudruche.

7. Comblement des lacunes Comme nous l'avons dit précédemment, les trous d'origine dans la peau ne doivent pas être comblés (défaut de fabrication, blessures de la bête, …) 190. De plus le comblement des lacunes est envisagé dans la mesure où celles-ci sont dangereuses pour l’œuvre, où la manipulation du manuscrit ne ferait qu’aggraver son état. Le but de cette opération est la stabilisation de l’œuvre, de per188Notamment la Tylose MH300. 189Les réactions de la peau de baudruche ont été testées et observées lors du module d’enseignement restauration de parchemin (arts graphiques 3 année, École de Condé), mené par Béatrice Alcade. 190Cf. PARTIE II : I. 1.2. La fabrication du parchemin, p.72. ; [CAULIEZ N.], op. cit., p.28. e

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mettre à nouveau sa manipulation et non de lui rendre ses dimensions d'origine par exemple. Nous ne comblerons pas les découpes nettes du manuscrits, celles-ci faisant partie intégrante de l’œuvre. Ces découpes seront consolidées si nous ne pouvons pas manipuler les feuillets sans les endommager mais en aucun cas elles ne seront comblées pour retrouver un certain aspect esthétique du feuillet. Ayant écarté dès le début de notre réflexion l'utilisation du parchemin, nous avons donc envisagé l'utilisation de papier japonais. Ce dernier, en plus de toutes les qualités citées précédemment, possède également une capacité de déformation faible par rapport au parchemin, il ne peut donc pas lui imposer de nouvelles tensions191. Il est souvent préconisé pour la restauration de parchemin affaibli et fragilisé. Il répond aux normes de conservation et présente une bonne résistance et inertie, sa réversibilité est accrue et sa mise au ton est facilitée ce qui en fait un matériau de renfort idéal pour le manuscrit192. Parmi les adhésifs les plus couramment utilisés en restauration de parchemin, nous retrouvons la gélatine, la colle d'esturgeon, la colle d'amidon et la colle de parchemin 193. Ces quatre colles ont chacune leurs avantages et inconvénients que nous avons rassemblés dans le Tableau page suivante. Nous devons bien avoir à l'esprit que les zones à combler sont des zones fragilisées et que l'adhésif devra être choisi en conséquence, et également être compatible avec le papier japonais et le parchemin.

191[PONCELET J.], op. cit., p.22. 192[BERARDI M. C.], op. cit., p.15. 193[CAULIEZ N.], op. cit., p.28 ; [PONCELET J.], op. cit., p.22. ; [GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.15. ; , op. cit., p.388-391.

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COLLES

AVANTAGES

AMIDON

• Affinité physico-chimique avec le papier japonais • Compatibilité chimique avec le parchemin • Pas de jaunissement en vieillissant • Utilisée couramment pour des parchemins très affaiblis

• Phénomène de synérèse194 pendant la phase de séchage, peut ainsi créer des zones de gélatinisation après séchage • Mauvaise réversibilité sur le long terme car son retrait demande une grande quantité d'eau • Trop grande différence d'hydrophilicité et de composition entre l'amidon et le parchemin • Sensibilité aux micro-organismes

• Affinité physico-chimique avec le parchemin • Bonne résistance mécanique • Pas de synérèse au séchage

• Une certaine acidité : pH entre 4 et 5 • Certains jaunissement en vieillissant • Sensibilité aux micro-organismes • Peut donner un film brillant • Réversible avec une source de chaleur ou gel de méthylcellulose : implique donc une source de chaleur ou d'humidité pour son retrait

• Affinité physico-chimique avec le parchemin • Fort pouvoir collant à faible concentration (meilleur que la gélatine) • Bon vieillissement • Pas de synérèse au séchage

• Grande sensibilité aux micro-organismes • Crée de nombreuses tensions • Pouvoir collant très fort : peu utilisé dans le cadre de parchemins affaiblis

GÉLATINE

ESTURGEON

• COLLE DE PARCHEMIN

Affinité physico-chimique avec le parchemin Consolidant plus alcalin que la gélatine du à la présence des résidu alcalin de la peau, pH basique

INCONVÉNIENTS

• • •

Certains jaunissement en vieillissant Sensibilité aux micro-organismes Peut donner un film brillant

Tableau 15195 : Tableau comparatif de trois colle pour le choix de l'adhésif dans les comblements des lacunes

Nous avons dès le début écarté la colle d'esturgeon car elle présente un pouvoir collant beaucoup trop fort par rapport à la fragilité du parchemin et des zones qui seront comblées. L'utilisation de la gélatine et de la colle de parchemin présente de grand avantage, notamment avec l'absence de synérèse lors du séchage. L'apport d'humidité est ainsi très limité. La rigidité du film au séchage est cependant accrue ce qui peut nuire aux zones fragiles du parchemin. Leur retrait 194Phénomène de synérèse : entraîne la séparation lors du séchage du liquide et du gel. Dans le cas de l'amidon, c'est l'amilopectine qui en est la cause. Pendant le séchage, l'eau expulsée par le gel de la colle est en partie évaporée et en partie en contact direct avec le parchemin sous forme liquide. Cet apport d'eau entraîne le plus souvent après séchage a création de zones de tension et de rigidités. [PONCELET J.], op. cit., p.22. 195Ibidem. ; [WOUTERS J. et al.], op. cit., p. 68-72. ; [NEWMAN W. & QUANDT A.], op. cit., p. 10-13.

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reste également compliqué car il implique une source de chaleur et/ou d'humidité importante. La gélatine est souvent utilisée pour les zone soumises à sollicitation pour sa bonne résistance mécanique ce qui n'est pas le cas des zones à combler du manuscrit. La réversibilité de la colle d'amidon demande également une source d'humidité, cependant son film reste bien plus souple que celui de la gélatine et c'est la colle la plus adaptée pour les zones fragilisées d'un parchemin. De plus, c'est l'adhésif déjà utilisé pour coller la peau de baudruche, nous aurons ainsi une seule et même colle sur l'ensemble du manuscrit, aussi bien compatible avec tous les matériaux de comblement et de renfort mais aussi avec le parchemin et le papier japonais. Les lacunes qui ne permettent pas une bonne manipulation du manuscrit et qui nécessitent une stabilisation seront donc comblées avec du papier japonais et de la colle d'amidon. Comme nous l'avons déjà dit, le manuscrit sera exposé, étudié, manipulé très souvent après sa restauration. Celle-ci a donc pour but de le stabiliser et de rendre possible toutes ces actions sans nuire au document. C'est pourquoi nous avons décidé, d'un commun accord avec le préteur d’œuvre, que les papiers de comblement seront teintés à l'aquarelle et retravaillés par la suite aux crayons de couleur afin de se fondre. Ces retouches ne seront effectuées que sur le papier japonais et la différence de texture et d'aspect entre le papier japonais et le parchemin permettra aisément de différencier la restauration de l’œuvre originelle. La restauration restera visible mais reculera visuellement, laissant apparent seulement les écrits. Cette prise en compte esthétique des comblements de lacune s'explique de par l'exploitation qui sera faite du document. Protocole d'intervention Ayant déterminé le matériau et l'adhésif de comblement pour cette étape, il nous a fallu ensuite déterminer le grammage de papier japonais pour ce comblement et la mise en œuvre. L'utilisation d'un seul papier japonais impliquerait un très fort grammage, environ 60g/m 2. L'utilisation d'un papier plus fin en couches successives pourrait engendrer des déformations et créer de trop grosses contraintes aux zones fragiles du parchemins. Nous avons donc choisi une mise en œuvre intermédiaire, associant un papier japonais de 30g/m2 que nous pourrions monter en couches successives dans le sens inverse des fibres à chaque couches, ce qui permettrait une stabilité du comblement, un équilibre des mouvements du papier. Nous posons donc une couche de 8g/m2 de couleur crème défibrée et posée sur le parchemin d'origine, puis des couches successives de papier japonais de 30g/m2 crème. Le papier de 30g/m2 a été préalablement teinté d'une couleur « neutre », qui se fond, et ce sur un seul coté : le côté fleur

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étant plus jaune que le coté chair en général, nous n'avons teinté qu'un seul coté ce qui nous permet de mieux moduler la couleur selon les deux côtés du parchemin. Certaines zones du parchemin nécessitent jusqu’à trois couches de papiers, tandis que d'autres zones fragiles ne nécessitent qu'une seule couche de 8 et 30 g/m2. La couleur du comblement est ensuite travaillée à l'aide de crayons de couleur. Nous avons utilisé une colle d'amidon à 20% afin de limiter l'apport d'humidité. De plus, toute l'opération a été effectuée sur table aspirante pour la même raison et afin de garder le parchemin plan de manière à ce qu'il ne bouge pas lors de la pose des comblements. De plus, l'utilisation de la table aspirant a permis un séchage en surface plus rapide et plus stable.

Cliché 83 : f. 1, Cahier IIII, retouche au crayon de couleur du papier de comblement

Cliché 84 : Vue du f. 4, cahier IIII après comblement des lacunes

Les feuillets n'ayant pas un fonds de cahier suffisamment grand pour supporter la future couture ont été consolidés avec un onglet de papier japonais 30g/m 2. Le papier permet un renfort local, et nous intégrerons des onglets de parchemin au moment de la couture afin de renforcer d'autant plus ces fonds de cahiers. Après le comblement des lacunes et la reprise des déchirures, une période de stabilisation de 4 à 24 semaines est nécessaire afin d'obtenir un résultat durable 196. Celle-ci se fera donc de la même manière que la première stabilisation et d'une durée de trois semaines 197. Une fois le corps d'ouvrage restauré, nous pourrons donc le numériser avant de procéder à la reliure. 196[GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.16. 197C'est le temps imparti dont nous disposions. La reliure envisagée permettra une stabilisation sur le long terme du manuscrit. Cf. PARTIE II : IV. 9. Une reliure de conservation, p.118.

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8. Numérisation photographique La numérisation a eu lieu pendant les trois semaines de stabilisation qui ont suivi le comblement des lacunes du manuscrit. De ce fait, toutes les photographies ont été prises avec les feuillets placés sur table aspirante. La numérisation photographique a été effectuée par M. Amaury Zerrouck , monteur vidéo. Le seul critère des archivistes du diocèse était d'obtenir des clichés d’assez bonnes qualités pour qu'ils puissent être exploités par les chercheurs et pour d'autres communications de l'institution. N'ayant aucun autre document numérisé, le choix du traitement des clichés et d eleur format a été laissé aux bons soins du photographe. L'appareil photographique était positionné sur un angle de -90° au dessus des œuvres placées sur la table aspirante. Les caractéristiques des photographies sont les suivantes : •

Objectif de l’appareil photographique "AF-S DX VR Zoom-Nikkor 18-105mm f/3.5-5.6G ED » positionné en 35mm ; Ouverture du diaphragme : 4,3

Images « Nikon RAW 16bits », Espace colorimétrique « Adobe RVB (1998)», ISO 200, Exposition 1/80s et 1/100s du aux changements lumineux lors des prises de vue.

La balance des blancs faite avec le logiciel « CAMERA RAW - ADOBE ».

-Le recadrage des images de base de 2 848 hauteur en pixels et de 4 288 largeur en pixels (soit une image de 12Mpixels) sur le logiciel « Adobe PHOTOSHOP »

Les conditions de prises de vue n'étaient pas simples de par l'utilisation obligatoire de la table aspirante, d'où le travail nécessaire sur le logiciel « Adobe PHOTOSHOP » pour le recadrage et la mise au point d'un fond neutre pour une meilleure lisibilité et exploitation des clichés198.

Cliché 85 : Numérisation du manuscrit du diocèse. © A. Zerrouck

198Cf. ANNEXE XII : Exemple de clichés de la numérisation après restauration, p.220.

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9. Une reliure de conservation 9.1. Fonction et objectif d'une reliure de conservation La décision de rendre au manuscrit sa structure de livre s'est imposée à nous pour plusieurs raisons. La reliure des cahiers permettra de protéger l'ensemble du document, de rendre son unité aux neuf cahiers et surtout de les conserver ensemble et de permettre une consultation selon un ordre fixe. Le concept de reliure de conservation reste très subjectif, c'est une notion qui a évolué au fil de l'histoire de la conservation-restauration. Le but ici n'est donc pas de définir ce qu'est une reliure de conservation, mais de faire en sorte qu'elle réponde à des critères biens précis. C'est pourquoi, nous avons dressé un cahier des charges que se doit de remplir la nouvelle reliure. •

Le corps d'ouvrage devra être protégé au maximum par cette reliure et il pourra être ouvert à plat sans difficulté : cela nécessite donc une reliure dite souple.

Le dos ne sera pas endossé, son arrondissure sera naturelle et les mors peu profonds. Ce n'est donc pas la souplesse des feuillets qui permettra l'ouverture complète de l'ouvrage mais bien la souplesse et la flexibilité du dos.

Les matériaux utilisés pour la reliure devront être, dans la mesure du possible, stables, durables aussi bien physiquement que chimiquement, de qualité, résistants à l'usure et aux agents extérieurs199.

La reliure devra être démontable aisément. Elle devra être comprise par les générations futures afin d'être la plus versatile possible. Ce sera donc une reliure sans colle.

La nouvelle reliure devra être sécuritaire, permettant une bonne consultation du manuscrit et la protection de l'ensemble du corps d'ouvrage.

L'ensemble de la reliure devra permettre une stabilisation du matériau constitutif du corps d'ouvrage, le parchemin.

En d'autres termes, la reliure de conservation se devra d'être sécuritaire, d'offrir une bonne consultation, d’être démontable, stable et n'atteigne en rien à l'intégrité de l'objet qu'elle enferme en son sein. Elle doit être synonyme de longévité, durabilité, stabilité et démontabilité200. 199[LEMAY M-F.], LEMAY Marie-France, Le démontage des reliures et la reliure de conservation : éthique de la conservation du livre, Mémoire de fin d'études, Maîtrise à Paris I - Panthéon Sorbonne, Paris, 2001, p.64. 200Ibidem.

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9.2. Quelle reliure pour le manuscrit ? Le corps d'ouvrage : couture, pages de gardes et intercalaires201 La couture est l'élément de maintien de l'unité du livre. Les matériaux utilisés devront être suffisamment solides et épais, en proportion avec le poids de l'ouvrage. Nous avons donc choisi une couture simple sur triple nerfs fendus, soit l'utilisation de cuir tanné à l'alun pour les nerfs. Aussi appelé peau mégissée, le cuir tanné à l'alun est extrêmement souple et stable dans le temps. Le cuir devra être de la peau de chèvre ou de porc pour leur résistance. En effet, la peau de veau ne supporterait pas une couture et risquerait de casser lors du laçage. Le fil devra être de préférence en lin, souple et non dur contrairement aux fils utilisés en reliure 202. Nous réutiliserons les trous déjà présents dans les fonds de cahiers du manuscrit. Les tranchefiles auront donc également un rôle structurel afin de rendre toute sa cohésion au dos de l'ouvrage, aussi bien en tête qu'en queue. Elles auront un Cliché 86 : Vue du type de couture envisagé avec les tranchefiles et le dos

point de passe dans chaque cahier et seront cousues sur une âme de cuir selon la méthode mise au point par

Christopher Clarkson203. En plus des nerfs de couture, nous aurons l’âme de la tranchefile pour attacher le corps d'ouvrage aux plats. On peut utiliser le même fil que la couture ou plus fin, mais il est proscrit d'utiliser un fil plus épais au risque de créer un décalage d'épaisseur au niveau du dos204. Les pages de gardes seront donc en parchemin afin de garder une homogénéité et une continuité avec les matériaux constitutifs du manuscrit. Nous pouvons envisager la mise en place de pages de garde avec un rempli formant un soufflet et facilitant l'ouverture du manuscrit. Cependant après plusieurs tests, il s'est avéré que les nombreux remplis qu'engendrait ce type de pages de garde créaient une surépaisseur qui pourrait endommager le manuscrit sur du long terme. Nous gardons donc l'idée de page de garde avec un simple rempli. Suite aux nombreuses discussions avec les archivistes du diocèse, nous avons décidé de mettre des intercalaires pour séparer les trois livres de la Dacheriana au sein du manuscrit. N'ayant au201Pour plus de commodité, nous avons réalisé une maquette de la reliure envisagée qui illustrera cette partie. 202[GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.19. 203[KRICHE M.], KRICHE Myriam, Reliure de conservation en parchemin, Paris, Archives nationales de France – Département de la Conservation, Atelier de restauration de documents graphiques, de reliure et de dorures, 2003, p.10. 204[LEMAY M-F.], op. cit., p.74.

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cune table des matières, la mise en place d'intercalaires permet de mieux structurer le corps d'ouvrage. La consultation du manuscrit est ainsi facilitée et moindre, les intercalaires séparant immédiatement les trois parties. Ceux-ci seront en parchemin tout comme les pages de gardes afin de garder une homogénéité des matériaux au sein du corps d'ouvrage. Le dos, la couvrure et les plats Le dos du livre ne sera pas encollé, la couture doit suffire à créer un ensemble solide. La reliure sans colle offre à la fois une ouverture et une réversibilité optimales205. Nous avions d'abord songé à utiliser une seule peau pour la couvrure, afin de créer une reliure dite « souple ». Toutefois l'utilisation d'une seule peau peut occasionner des difficultés à l'ouverture de l'ouvrage. Le fait d'utiliser une seule peau rigidifie le dos, or cette zone, comme nous l'avons dit précédemment, se doit d’être la plus souple afin d'assurer une ouverture optimale de l'ouvrage sans lui porter atteinte. Les Schéma 26 et 27 nous montrent différents cas de figures de dos souples ou non couplé avec des matériaux souples ou non. Le parchemin de par sa nature, n'est pas un matériaux très souple. Nous essaierons de nous rapprocher de la figure b du Schéma 27.

Schéma 26 : Démonstration de la souplesse du dos en fonction de la souplesse du matériau du corps d'ouvrage : (c) : Dos peu flexible/Matériau souple (d) : Dos peu flexible/Matériau peu souple

Schéma 27 : (a) : Dos flexible/Matériau souple (b) : Dos flexible/Matériau peu souple [LEMAY M-F.]©

L'utilisation d'une peau très fine et très souple, de type peau de chevreau peut être envisagée, afin d'ajouter une certaine flexibilité au dos. Cependant, même avec une peau très fine, on reproche

205[LEMAY M-F.], op. cit., p.74.

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le plus souvent à la reliure souple de parchemin d'avoir une ouverture peu satisfaisante. La couverture faite d'une seule pièce de parchemin donne un dos relativement rigide206. Pour palier la rigidité du dos, nous pouvons envisager une couvrure en parchemin avec un dos en cuir tanné à l’alun afin d'apporter plus de souplesse au dos et de faciliter l'ouverture totale de l'ouvrage, selon la méthode mise au point par Robert Espinosa 207. Celle-ci répond tout aussi bien aux critères énoncés, et ajoute de la flexibilité et de la souplesse au dos. Toutefois au vu de la nature du matériau constitutif du manuscrit, soit le parchemin, il nous faut envisager une ceinture de pression sur les feuillets du livre, ce qui empêchera la déformation individuelle et de manière libre des feuillets. Comme nous l'avons vu lors de nos traitements de restauration, le parchemin reste assez réactif et sa stabilisation est obligatoire pour lui offrir une pérennité certaine. C'est la pression de certaines reliures et la mise en place de fermoirs qui permettront la pérennité et la bonne conservation du manuscrit. De ce fait, nous pouvons également envisager la mise en place d’ais en bois208 pour les plats tout en gardant les système de couture et de dos en cuir précédemment évoqués. De par cette nécessité de pression sur le corps d'ouvrage, nous ne pouvons envisager la mise en place de plats en carton qui ne seraient pas assez solides pour maintenir le parchemin et permettre la pose de fermoirs. Ces derniers, en raison de la réactivité du parchemin sont primordiaux afin de donner une stabilité durable au manuscrit dans son ensemble. Cette pose de fermoir implique donc des plats qui supporteraient le visage (ou le clouage) et une certaine pression. L'ajout d'un bois reste cependant une opération délicate. Le bois est un matériau complexe et fort peu utilisé en conservation : il peut dégager des substances dangereuses et susceptible d’entraîner la dégradation d'autres matériaux. Le choix du bois est donc tout aussi primordial pour la stabilité de l'ensemble. Le bois ne doit évidemment pas être en contact direct avec le corps d'ouvrage, d'où l'importance des pages de gardes qui donneront une protection supplémentaire. Les ais seront recouverts de parchemin : par un système de pliage, les nerfs de couture seront ainsi bloqués Cliché 87 : Vue du système de couvrure et de gardes insérées dans le rempli

dans la couvrure et une page de garde sera insérée dans les

206Ibid., p.76. 207[ESPINOSA R.], ESPINOSA Robert, "The Limp Vellum Binding: a Modification",dans The New Bookbinder, 1993, p.29. 208[GIOVANNINI A.], GIOVANNINI Andrea, De tutela librorum, la conservation des livres et des documents d'archives, Genève, Édition Hier Und Jetzt Verlag, 2010, p.247. ; [SCHOIRFER E.], SCHOIRFER Erika, Les ais des manuscrits médiévaux, nature, altérations, traitements, Mémoire de fin d'études, Maîtrise à Paris I - Panthéon Sorbonne, Paris, 2011, p.20.

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remplis de la couvrure ce qui reprendrait le système de la reliure souple de type Clarkson 209. Cette couvrure en parchemin des ais apporterait une protection supplémentaire au manuscrit. Ce système serait donc totalement démontable. Nous avons à la fois les avantages d'un dos souple avec une pression créé par les ais en bois. Nous ajouterons à cela, la mise en place de fermoirs qui finalisera cette ceinture de pression sur le manuscrit, ralentira la pénétration des variations hygrométriques et limitera ainsi la déformation des feuillets. Le fermoir est un élément fonctionnel et non décoratif. Nous avons choisi des matériaux en acier inoxydable pour son bon vieillissement, sa grande résistance à l'humidité et aux polluants extérieurs. C'est en étudiant le livre de J. A. Szirmai, The Archeology of Medieval Bookbinding, que nous avons pu observer les différents types de fermoir utilisés en reliure à travers toutes les époques. Dans le monde carolingiens, les fermoirs utilisés sont similaires à ceux des reliures coptes ou byzantines : c'est le principe d'un rivet planté sur le chant de l'ais sur lequel vient se fixer une lanière de cuir210. L'idée nous semblait intéressante mais avec un rivet placé Illustration 15 : Rivet fixé sur le champs de l'ais. ©J. A. Szirmai

sur l'ais supérieur nous semblait moins dangereuse211. Nous avons pensé mettre le rivet sur le plat de l'ais. Une lanière de cuir viendrait se glisser dedans maintenant ainsi l'ouvrage sous pression. Nous avons donc envisagé d'utiliser des semences de tapissier à tête ronde et plate. C'est sur cette semence que viendra se fixer une lanière de cuir, elle-même clouée sur l'ais inférieur.

Cliché 88 : Vue du dos, du système avec les ais recouverts de parchemin et du type de fermoir envisagé

209[ROBIN A.], ROBIN Alice, La reliure de conservation, Paris, Bibliothèque Nationale de France, direction des services et des réseaux – Département de la conservation, 2003, p.1. 210[SZIRMAI J. A.], op. cit., p.42, 82 et 131. 211Après un test nous avons remarqué que lorsque le rivet est placé sur le chant de l'ais, il est très aisé de s'y accrocher et de se blesser ou d'endommager l’ouvrage.

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Le système d’attelle du dos aux plats De par nos choix de reliure, nous avons exclu les techniques d'attelle du dos aux plats incluant un collage du dos sur le corps d'ouvrage. Nous avons envisagé un système couplant les techniques Clarkson de la reliure souple avec une couvrure en parchemin et Espinoza pour l’attelle du dos et du corps d'ouvrage aux ais soit le passage des nerfs dans le dos et les ais pour se bloquer dans les remplis des pages de gardes. Ainsi ce système de reliure et d’attelle du dos et Cliché 89 : Vue du système de blocage des nerfs dans les remplis des gardes et du dos

des ais répond en tous points à nos critères établis préalablement soit une démontabilité totale et aucun

apport de colle tout en étant solide, résistant et en offrant une mécanique d'ouverture très convenable.

Schéma 28 : Attelle du dos aux plats grâce aux nerfs de couture

Tous les matériaux envisagés pour la reliure sont stables dans le temps : les traitements chimiques subis lors de leur fabrication (chaulage pour la parchemin et tannage minéral à l'alun pour le cuir) en font des matériaux plus qu'appropriés pour nos critères établis. Le bois reste cependant un

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matériau si particuliers que nous avons décidé d'y consacrer notre partie technico-scientifique afin de mieux l'appréhender.

CONCLUSION Ainsi la restauration du corps d'ouvrage est terminée. Toutes ces interventions de restauration nous ont fait prendre conscience de la pratique que nécessite le traitement d'un parchemin mais que son meilleur allié pour une stabilité durable reste le temps. Ayant un temps imparti pour réaliser cette restauration, il nous fallait respecter des délais très précis, notamment au niveau de la stabilisation du parchemin après intervention. Nous aurions préféré avoir une plus longue période de stabilisation du parchemin après le comblement des lacunes mais nous espérons que la reliure lui donnera une stabilisation durable. Au vu de la reliure envisagée, nous avons décidée d'axer notre sujet technico-scientifique sur l'étude du bois pour la fabrication de nos ais. Le choix du bois a soulevé de nombreuses questions techniques que nous avons décidés de mettre en avant et d'exploiter au travers de cette partie technico-scientifique. C'est à l'issue de cette partie, après recherches et réflexions, que nous serons en mesure de choisir le bois pour la fabrication des ais. La quatrième partie de ce mémoire sera consacrée à la reliure du manuscrit.

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PARTIE III : ÉTUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE



INTRODUCTION Le mot « ais » vient du latin axis, forme du latin classique assis, signifiant « planche », ce mot n'est plus que réduit à un emploi technique, notamment en terme de reliure 212. Historiquement, le bois a été utilisé pendant toute la période médiévale pour la confection des ais : présents au cours des périodes carolingiennes, romanes et gothiques, les ais vont peu à peu être remplacés par des plats en carton à partir du XVe siècle213. Le bois est le matériau produit par l'arbre duquel il constitue l'essentielle partie du tronc. Les artisans et les industriels le transforment et de nombreux scientifiques l'étudient pour en comprendre la genèse, les fonctionnements biologiques ou encore les comportements mécaniques complexes. C'est un matériau relativement léger de disponibilité courante et qui est largement exploité pour ces nombreuses qualités même si aujourd'hui délaissé au profit de matériaux modernes214. Le bois a de nombreuses qualités, d'où son usage dans plusieurs domaines : c'est un matériau solide et d'une grande longévité s'il est bien entretenu. Cependant, il a des inconvénients majeurs, l'un des principaux reste son instabilité dimensionnelle associée au départ et à l'arrivée d'eau dans sa structure comme sur tout matériau hygroscopique. Le but de cette étude n'est pas de répondre à la question du comportement mécanique du bois mais de mieux en appréhender les enjeux et de mieux comprendre ce matériaux complexe dans le cadre de la reliure choisie pour le manuscrit. La première partie portera donc sur toutes les notions essentielles à connaître dans le but de la fabrication des ais. La seconde partie portera sur l'expérimentation choisie à savoir l'étude de l'allongement de plus sieurs bois avec un taux d'humidité relative important.

212[CNRTL] op. cit.[en ligne], consulté le 05/04/2015: http://www.cnrtl.fr/etymologie/ais. 213[AUBRY T., JENN B. & SCHOIRFER E.], AUBRY Thierry, JENN Benoît & SCHOIRFER Erika, "La restauration des ais de bois des reliures médiévales",dans Support tracé n°11, ARSAG, 2011, p.97. 214[COLMARS J.], COLMARS Julien, Hygrométrie du matériau bois appliquée à la conservation du Patrimoine culturel: Étude sur la courbure des panneaux peints, Thèse de Doctorat, Université de Montpellier 2 Information, Structure, Système, Laboratoire de Mécanique et Génie Civil, Montpellier, 2011, p.9.

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I.

LE MATERIAU BOIS Afin de mieux comprendre ce matériau, nous avons jugé utile de dresser les principales notions

à connaître sur le bois avant notre mise en place du protocole. Toutes ses recherches ont été effectuée dans le seul but de mieux appréhender le matériau et de justifier le choix des bois que nous testerons. Le bois est un matériau organique complexe aussi bien au niveau de son anatomie que de sa composition chimique et de sa structure qui lui confèrent toutes ses qualités. Il faut cependant garder à l'esprit que ces notions sont des notions globales et sont susceptibles de changer selon la classe du bois, son environnement de croissance, son âge et bien d'autres paramètres. Le but de cette première partie est aussi de mettre en avant les avantages, les inconvénients et les points essentiels que devra posséder le bois choisi pour la fabrication des ais.

1. La structure du bois 1.1. Les zones du bois Une coupe perpendiculaire du tronc fait apparaître plusieurs zones : le cœur, le duramen, l'aubier, l'écorce et les cernes de croissance. Ces dernières sont des lignes approximativement concentriques. Ces cernes, si elles sont en assez grand nombre, permettent de dresser un profil caractéristique des planches, de connaître l'âge des arbres lorsqu'ils ont été abattus et, par comparaison la date de l’abatage de l'arbre (dendrochronologie)215. Ces Illustration 16 : Différentes zones du bois. ©[BERGEON LANGLE zones du bois ont différentes propriétés

S., CURIE P. et REY A.]

mécaniques et influent largement sur son comportement. Le bois du cœur est un bois très dense et très dur, souvent sombre occupant le centre du tronc. 215[BERGEON LANGLE S., CURIE P. et REY A.], BERGEON LANGLE Ségolène, CURIE Pierre et REY Alain , Peinture & dessin, vocabulaire typologique et technique, Paris, Éditions du Patrimoine, Centre des monuments nationaux, 2009, p.377.

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Le duramen est la partie du bois située entre le cœur et l'aubier. Il présente des cernes de croissance très différenciées. Il se travaille bien et offre une résistance aux insectes parasites s'il est suffisamment débarrassé de la sève. On l'appelle également le bois parfait. L'aubier est la partie du bois située entre le duramen et l'écorce, juste en dessous de celle-ci. C'est un bois très poreux, très léger et souvent clair. Cette partie du tronc est sujette à un fort retrait lors du séchage et à l'attaque préférentielle des insectes parasites. L'écorce est la partie externe du tronc. Elle est sombre le plus souvent mais parfois claire, notamment pour l'écorce du bouleau ou du cerisier. Elle est souvent feuilletée, fragmentée en longueur et se détache aisément de l'aubier. Elle est le siège de la défense de l'arbre contre les agressions extérieures. Le bois n'est pas un matériau homogène. Lors de sa croissance, des cernes mais également des nœuds se forment au sein de sa structure. Les nœuds sont une zone dure du bois, sombre, fermée de même nature que le bois de cœur. Ils se trouvent dans le bois à l'endroit d'où partent les branches. Ils présentent souvent un centre fendu car le nœud est plus rigide que le bois qui l'entoure. Ils sont souvent la cause de fentes et sont source d'irrégularités lors du vieillissement du bois 216. La zone autour d'un nœud est dite zone noueuse. Pour la fabrication des ais, le duramen est la zone qui offre le plus de stabilité quant au comportement du bois. Les planches sélectionnées ne doivent pas avoir de nœuds à cause de la fragilisation localisée qu'ils créent au sein d'un même morceau de bois.

1.2. Aspect du bois L'aspect du bois varie selon son essence. Il existe des bois de toutes les couleurs (noirs, brun, rouge, rose...). Ces teneurs en colorant naturel sont potentiellement dangereuses pour le manuscrit : elles risqueraient de l'endommager. Même si ce dernier sera protégé par du parchemin lors de la reliure, l'utilisation de bois dégageant des colorants naturels est à proscrire. Le bois est un matériau anisotrope, c'est-à-dire qu'il possède une direction privilégiée. C'est ce qu'on appelle le fil du bois. Selon l'orientation du fil, le bois se déformera de manière différente. C'est une caractéristique à prendre en compte lors du choix de nos planches pour les ais afin de limiter les déformations sur le long terme217.

216[BERGEON LANGLE S., CURIE P. et REY A.], op. cit., p.377. 217[DTU], Technical University of Denmark, Department of Civil Engineering, Wood Science and Technology, Denmark, 2013, p.14.

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1.3. Le débit Le débit est l'action de couper le bois dans la longueur afin d'obtenir des planches. Cette action, appelée débitage suppose le choix d'un plan de coupe et influence la courbure des planches selon les variations hygrométriques218. Le débitage suppose le choix d'un plan de coupe en double. Les éléments du bois sont orientés parallèlement et perpendiculairement par rapport à la moelle centrale. Il y a ainsi 3 plans de référence : •

Le plan transversal : perpendiculaire à l'axe de l'arbre ( bois de bout).

Le plan radial : parallèle à l'axe et passant par le centre de la structure de l'arbre (débit sur quartier ou clivage). La face des planches est parallèle aux rayons ligneux.

Le plan tangentiel : tangent aux cernes de croissance (débit

Schéma 29 : Vue des trois plans de coupe du bois. © A. Ihler

sur dosse). 219

A l'aide de ces trois plans, on reconstitue l'architecture d'un bois et pour mieux le comprendre, il est indispensable de s’efforcer à voir dans l'espace comment s'organise chaque plan220. Le débit d'une planche ne peut être totalement régulier : la planche est de forme rectangulaire mais débité d'un tronc de forme ronde. Nous devons garder à l'esprit que les planches de par leur forme ne peuvent être homogènes. L'Erreur : source de la référence non trouvée nous montre deux débits : le débit sur dosse et le débit sur quartier. La zone de débit sur quartier dans le duramen sera plus petite que celle d'une dosse. C'est une des raisons probables qui conduisait souvent à choisir des dosses ou des faux quartiers pour les plus 218[BERGEON LANGLE S., CURIE P. et REY A.], op. cit., p.392 219[JUAN J. Et al.], JUAN Jacques et al., Dossier Technique de l’Ingénieur: le matériau Bois, p.16, [en ligne], consulté le 10/04/2016 : document en ligne: http://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/materiaux-th11/bois42571210/. 220[DETIENNE P.], DETIENNE Pierre, Cours illustré d'anatomie des bois, Paris, Édition Quae, 1988, p.6.

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grands panneaux qu'on souhaitait d'un seul tenant 221. Obtenir un débit quartier, selon la taille des planches peut se révéler compliqué : le duramen doit être assez grand afin d’être débité en quartier et dans le sens du fil du bois. Le débit sur quartier reste le plus stable car les planches débitées se trouvent plus près du cœur, soit de la zone la plus stable dans l'arbre. Il est également fait de telle sorte que les cernes sont perpendiculaires à la face ce qui induit une déformation moindre. La valeur marchande des planches débitées sur quartier est bien plus importante du fait de leur grande stabilité. Le débit sur dosse, comme nous l'observons sur l'Illustration ci-dessous, offre une découpe avec les cernes pratiquement parallèles à la face. C'est l'orientation des cernes qui influence la stabilité de la planche débité.

Schéma 30 : Vue des planches débitées sur quartier et sur dosse. ©A. Ilher

Il existe bien d'autres débits (le faux quartier, le contre-dosse) qui sont des « entre-deux » des deux principaux débits et dont la stabilité sera moins bonne

1.4. Les essences de bois Le mot « essence » issu du domaine forestier, est équivalent en matière d’arbre au mot « espèce » , sous catégorie de genre. La structure anatomique du bois est caractéristique de chaque essence. On distingue ainsi deux grandes familles de bois : les bois feuillus et les bois résineux.

221[COLMARS J.], op. cit., p.17.

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Les bois feuillus sont issus d'un arbre qui porte des feuilles à limbe largement développé par opposition à la deuxième famille, soit le bois résineux. Les feuillus à croissance rapide ont des cernes d'accroissement plus larges et un bois plus dense par rapport aux mêmes essences à croissance lente. Le bois résineux, ou aussi appelé bois de conifère est riche en résine et les feuilles prennent plutôt la forme d'aiguilles. C'est un bois plus riche en eau que le feuillu. Il a une bonne résistance mécanique et peu coûteux. Il pousse rapidement c'est pourquoi l'on en fait des mats de bateau par exemple222. Les résineux à croissance rapide ont des cernes d'accroissement plus larges et forment un bois plus léger, par rapport aux mêmes essences à croissance lente. FEUILLUS

RÉSINEUX

Hêtre

Cèdre

Chêne

Sapin

Peuplier

Pin

Bois fruitier : poirier, cerisier...

Épicéa

Tableau 16 : Exemple de bois selon les deux essences

L'utilisation de résineux est à proscrire dans notre cas du fait de leur concentration en résine qui pourrait endommager le manuscrit223. Nous privilégierons les bois de feuillus.

2. La composition chimique du bois Le bois est un matériau organique composé de cellulose, une longue chaîne de polysaccharide lui conférant toute sa souplesse. Les hémicelluloses sont un terme pour désigner plusieurs polymères présents dans la paroi de la cellulose. La chaîne de molécules d'hémicellulose est bien plus courte que la chaîne de cellulose. Elles forment un réseau de connections interdépendantes entre les molécules de celluloses et entre la cellulose et la lignine. La lignine est la molécule qui confère sa rigidité au bois. Elle est large et possède une énorme masse moléculaire. C'est la matrice du bois. Un bois riche en lignine sera plus solide et plus durable, c'est l'élément essentiel qui lui confère toute ses propriétés mécaniques. Ces trois molécules sont donc les principales composantes du bois.

222[BERGEON LANGLE S., CURIE P. et REY A.], op. cit., p.380-391. 223[JENN B.], JENN Benoît, restaurateur de mobilier, enseignant à l’Institut National du Patrimoine, Choix d'un bois pour des ais de reliure, [en ligne]. Destinataire : DANTIN Claire, Communication personnelle, du 10/02/2015.

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MOLÉCULE

POURCENTAGE

Cellulose

40-50%

Hémicelluloses

15-25%

Lignine

15-30%

Extractibles

1-5% Tableau 17 : Ratio des molécules constitutives du bois224

Toutes les propriétés mécaniques du bois découle de sa composition au niveau moléculaire. Il nous a donc paru essentielle de connaître et de comprendre cette même composition et les enjeux que pourraient avoir ces différentes molécules qui sont la base du comportement de ce matériau.

3. La densité et la dureté La densité est le rapport entre la masse volumique du matériaux et la masse volumique de l'eau225. Celle-ci est très variable selon les espèces et peut l'être également à l'intérieur d'une même espèce (avec des variations maximales de plus ou moins 15 %) 226. En tant que matériau hygroscopique, l'eau liée que le bois contient s'ajoute à la masse de la matière ligneuse. Sa masse volumique varie donc selon l'humidité. Une corrélation étroite existe entre la masse volumique et la dureté : les bois les plus denses sont les plus durs et les bois les plus légers sont les plus tendres. L'échelle de dureté des bois est ex primée en indice Chalais-Meudon (selon la norme NF B 51-013). Plus l'indice est élevé, plus le bois sera dur. CLASSES DE DENSITÉ ET DE DURETÉ

DENSITÉ

DURETÉ (CHALAIS-MEUDON)

0,85

9

Bois lourds et durs

0,70 - 0,85

5-9

Bois mi-lourds et mi-durs

0,56 - 0,70

2,5 - 5

Bois légers et tendres

0,45 - 0,55

1,25 - 2,5

0,45

1,25

Bois très lourds et très durs

Bois très légers et très tendres

ESSENCES Ébène, olivier Chêne dur, Frêne, Hêtre, Teck Chêne tendre, Châtaignier, Bouleau, Noyer, Acajou, Bouleau, Merisier Épicéa, Sapin, Pins Cèdre rouge, Séquoia, Peuplier, Samba, Balsa

Tableau 18 : Dureté et densité de certains bois 224[DTU],op. cit., p. 18. 225La masse volumique est une grandeur physique qui caractérise la masse d'un matériau par unité de volume. 226Ibid., p. 45.

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Pour les ais il nous faut à la fois un bois assez facile à travailler et peu lourd. En effet,le manus crit n'étant pas très épais, un bois mi-lourd et mi-dur soit une dureté comprise entre 2,5 et 5, devrait suffire pour la reliure.

4. Les classes de bois Parce qu’il est composé de matières organiques, le bois constitue un aliment pour les insectes à larves xylophages, les champignons lignivores et les termites. On appelle « durabilité naturelle » (norme NF EN 350) la capacité d’un bois à résister aux agents de destruction biologiques comme les insectes et les champignons. Cette durabilité varie selon les essences, selon l’humidité contenue dans le bois227, et donc selon son séchage. Pour faire le lien entre la durabilité d’un bois et son utilisation, il existe cinq classes d’emploi (norme NF en 335-1228) qui permettent d’évaluer les risques auxquels le bois va être exposé. Les risques d’attaque biologique sont en fonction de la localisation et de l’exposition du bois. Connaître la classe d’emploi permet de déterminer l’essence durable à utiliser. Ces classes ont été créées avant tout pour le bois en tant que matériau de construction. Ces cinq catégories classent les bois : la première concernant les bois très durables et la 5e, les bois dit non-durables. CHAMPIGNON LIGNIVORES

CAPRICORNE

VRILLETTE

TERMITE

DURABILITÉ NATURELLE DU DURAMNE

DURABILITÉ NATURELLE DE L'AUBIER

DURABILITÉ NATURELLE DE L'AUBIER

DURABILITÉ NATURELLE DU DURAMEN

Feuillus Chêne

durable

Hêtre

non durable

Peuplier Orme

sensible

sensible

Le capricorne n'at- sensible taque pas les faiblement durable sensible feuillus non durable sensible

sensible sensible sensible

Résineux Épicéa

Faiblement rable

du- sensible (1)

sensible (1)

sensible

Sapin

Faiblement rable

du- sensible (1)

sensible (1)

sensible

Cèdre rouge

durable

sensible

sensible

sensible

Tableau 19 : Durabilité des bois face aux attaque d’insectes et de champignons 227[CNDB], Comité National pour le Développement du Bois, document http://www.cndb.org/. 228Ibidem.

[en ligne], consulté le 13/05/16 :

134 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Dans le cas d'ais de reliure, le bois sélectionné devrait être le plus résistant possible aux attaques d'insectes et fongiques. Au vu des données du Tableau 17, nous pouvons observer que le bois reste un matériaux sensible à toutes ces attaques et que ce critère sera difficilement applicable. Nous devrons palier avec une autre protection comme une boite de conservation.

5. Les dégagements de COV et pH Les études des dégagements des bois sont nombreuses mais essentiellement orientées vers l'exploitation de ces dégagements dans un but industriel le plus souvent. Ces données, dans notre cas sont pourtant essentielles et primordiales afin de prendre conscience de l'impact de l'ajout d'un bois sur le long terme et sur le manuscrit. Les Composés Organiques Volatils (COV) dégagés par les bois sont variés : ils peuvent avoir des vertus, comme éloigner certains insectes xylophages mais de ce fait devenir dangereux aussi bien pour l'environnement que s'ils sont utilisés dans un but patrimonial. Ces dégagements ont été beaucoup étudiés dans un but industriel et de santé publique. Les principales émissions mesurées dans l'étude de M. Risholm-Sundman 229 sont les terpènes pour les résineux et l'acide acétique des feuillus. Neuf bois ont été testés : le frêne, le hêtre, l'érable, le bouleau, le chêne, le cerisier, le bois d'Hévéa, le pin et l'épicéa.

229[RISHOLM-SUNDMAN M. et al.], RISHOLM-SUNDMAN Maria et al., "Emission of acetic acid and other volatile organic compounds from different species of solid wood",dans European Journal of Wood and Wood Products Holz als Roh- und Werkstoff, volume 56, 1998, p. 125 – 129.

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ÉCHANTILLONS

COV DÉGAGÉ

ACIDE ACÉTIQUE EN ΜG/M2/H

Feuillus Hêtre

Hexanal ; 2 – pentylfurane ; méthanol ; acétone

250

Chêne

Méthanol ; 2 – pentylfurane ; hexanal ; acide acétique

2800

Frêne

Acétaldéhyde ; méthanol ; 2 – pentylfurane ; acide acétique

370

Érable

Méthanol ; 2 – pentylfurane ; hexanal

270

Bouleau

Hexanal ; pentanal ; acétone ; 2 – pentylfurane ; terpène ; méthanol

<10

Cerisier

2 – pentylfurane ; acide acétique ; méthanol ; hexanal

2000

Bois d'Hévéa

acide acétique ; 2 – pentylfurane ; 2 – propylfuran ; méthanol

640

Résineux Pin

α-pinène ; 3-carène ; hexanal

120

Épicéa

Α-pinène ; autres terpènes ; hexanal

190

Tableau 20 : Dégagement de COV de neuf bois

Le chêne est le bois qui dégage le plus de COV et notamment le plus d'acide acétique, soit 2800µg/m2 /h230, ce qui peut expliquer que c'est un bois durable et résistant aux attaques de champignons lignivores. Le cerisier en dégage 2000µg/m2 /h. Ce sont les deux bois les plus « toxiques ». Ainsi, nous avons un ordre d'idée sur le dégagement d'acide acétique des bois : le bouleau par exemple est un bois qui en dégage très peu. À partir de ses données, nous avons créé un classement de ces neuf bois : du bouleau, qui en dégage le moins, au chêne qui en dégage le plus (l'unité étant toujours en µg/m2/h) : Bouleau < Pin < Épicéa < Hêtre < Érable < Frêne < Bois d'Hévéa < Cerisier < Chêne L'acidité dégagée par les bois peut être extrêmement dangereuse notamment si le bois est utilisé à des fins patrimoniales : l'acide acétique dégagé peut dégrader et endommager largement les matériaux en contact avec le bois mais également le reste des collections selon leur composant. Le fait de connaître la teneur en acide dégagée par les bois nous permet de mieux appréhender ce danger 230Soit des microgrammes par mètre cube par heure.

136 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


potentiel et ainsi de mieux sélectionner le bois destiné à la création des ais. Nous pouvons d’ores et déjà exclure l’utilisation du chêne et du cerisier. FEUILLUS

PH

RÉSINEUX

PH

Frêne

3,55 – 5,3

Cèdre rouge occidental 02/09/04

Chêne blanc

3,5-5,5

Cèdre oriental

3,5

Peuplier

4,65 – 5,8

Sapin de Douglas

3,1 – 4,4

Châtaignier

2,6-3,65

Sapin

3,4

Balsa

5,4-7,2

Pin maritime

3,8 – 4,5

Acajou

2,75-6,65

Mélèze blanc

3,6

Hêtre

5,5

Yellow pine

4

Orme blanc

3,6

Pin blanc

3,4 – 5,4

Érable

3,6-5,87

Épicéa européen

5

Cerisier

3,5 – 4,5

Cyprès

3,9

Noyer

3,2-5,8

Séquoia

3,6

Tableau 21 : pH de certains bois feuillus et résineux231

Tout comme le dégagement des COV, l'acidité du bois, donnée par son pH, varie selon les essences. Leur acidité peut endommager les matériaux en contact avec le bois : accélérer la dégradation du parchemin ou de tout élément métallique en catalysant leur corrosion.

Dans le but de la fabrication d'ais, il nous faudrait donc un bois de feuillus. De préférence, le duramen débité en quartier sans nœud. Il serait également plus judicieux de choisir un bois dont nous connaissons d'ores et déjà l'impact au niveau de ses dégagement de Composés Organiques Volatiles. Il nous faut garder à l'esprit que tous ces critères restent très théoriques et que dans la pratique nous ne pourrons sûrement pas tous les réunir.

231Source du Tableau 21, [DUBUS M. & LAURENT A-M.], DUBUS Michel & LAURENT Anne-Marie, "Tout ce que vous devez savoir sur les vitrines en bois",dans Techné n°29, 2009, p.102.

137 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


II. VALIDATION DU PROTOCOLE EXPERIMENTAL 1. Choix des paramètres En raison de son utilisation dans un cadre patrimoniale, les dégagements de COV sont le premier point que nous souhaitions étudier pour choisir un bois. Ce paramètre ne peut être mesuré avec nos moyens actuels mais nos recherches dans la littérature appuient et servent nos choix. Le second point qui reste très intéressant est la stabilité dimensionnelle du bois selon l'humidité environnante. La relation entre l'eau et le bois est complexe car ils interagissent constamment. De plus d'un point de vue de la conservation, l'hygrométrie est un des catalyseurs principaux des altérations. Toutes les structures sont en recherche permanente d'une stabilité thermo-hygrométrique (au sein des réserves d'archives, des bibliothèques...). Au-dessus de 60%-65% d'humidité relative, les dégâts peuvent être les suivants : •

une accélération très importante des réactions chimiques d'altérations (oxydation du papier, déformation du parchemin...) ;

une germination des spores des micro-organismes et la création de conditions favorables au développement et à la survie de nombreux insectes ;

une migration d'éléments nuisibles toujours plus en profondeur dans l'objet ;

une déformation par gonflement en particuliers des objets composites tels que les reliures surtout si l'humidité augmente rapidement232.

Ainsi l'étude du comportement du bois selon une certaine hygrométrie répond aussi bien aux questionnements face au comportement du bois que du souci de conservation qui en résulte.

2. Choix des matériaux Le bois doit donc répondre à plusieurs critères : •

il doit dégager le moins de Composés Organiques Volatils (COV) possibles. Même si le bois n'est pas en contact direct avec l’œuvre, c'est un critère à prendre en compte ;

il devrait être le plus résistant à une possible attaque d'insectes ;

232[BRULEAUX A-M. & GIOVANNINI A.], BRULEAUX Anne - Marie & GIOVANNINI Andrea, Connaître les facteurs de détérioration et diagnostiquer les dégâts, Canada, 2011, p.15.

138 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


il doit comporter le moins de variations dimensionnelles face à des températures et à une hygrométrie extrêmes ;

le bois ne doit pas être trop lourd et facile à travailler ;

nous devons pouvoir nous procurer aisément le bois choisi.

Il faut bien avoir conscience qu'aucun bois ne répond parfaitement à ces critères. Le choix des bois s'est basé dans un premier temps sur l'étude de la littérature puis des techniques de restauration des ais médiévaux. Cette dernière nous donne une approche différente et nous pourrions tout aussi bien adapter une technique de restauration des ais pour la nouvelle reliure. Le choix d'une essence de bois au Moyen Âge pour fabriquer des ais de reliure diffère selon les régions et les époques. Les ais identifiés sont en chêne, hêtre, peuplier, orme, tilleul, noyer ou encore érable233. En reliure, aucun motif n'est mis en évidence pour justifier l'utilisation d'une essence plutôt qu'une autre. L'étude de C. Lavier tente de mettre en évidence un rapport entre le choix de l'essence et le format, l’épaisseur des ais, la nature des feuillets, la résistance des bois, les origines et la période du manuscrit. Mais il semble qu'il n'en est rien et que le principal critère de choix du bois soit les habitudes et visiblement la répartition forestière sur le lieu de production 234. L'histoire du bois dans la fabrication des ais médiévaux, les résineux sont fortement déconseillés pour la création d'ais de reliure, en raison de leur forte teneur en résine qui pourrait endommager le corps d'ouvrage sur le long terme235. Il nous faut donc choisir un bois de la catégorie des feuillus. Dans le cas de manuscrits en parchemin, et pour la confection d'ais, le hêtre est un bois recommandé, tout comme les bois des fruitiers236. N'ayant pas plus de précision sur les bois fruitiers, nous avons sélectionné le hêtre pour faire partie de nos tests. Le hêtre est un bois blanc résistant et peu élastique. C'est un bois tendre à fibres courtes dont le grain est très fin et qui reste facile à travailler.237 En restauration d'ais, le balsa est un bois utilisé pour le comblement des lacunes, pour sa faible densité, une faible émission de COV, une inertie importante et un pH proche de la neutralité 238. C'est pourquoi, nous avons décidé de le tester.

233[LAVIER C.], LAVIER Catherine, "Le bois dans l'histoire des techniques du livre médiéval: intentionnalité et savoir-faire. Premières restitutions",dans La reliure médiévale, 2008, p.256. 234Ibid., p.259. 235[JENN B.], op. cit., Communication personnelle, du 10/02/2015. 236[GIOVANNINI A.,c], op. cit., p.19. 237[BERGEON LANGLE S., CURIE P. et REY A.], op. cit., p.386. 238[AUBRY T., JENN B. & SCHOIRFER E.], op. cit., p.102.

139 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Les deux premiers bois sélectionnés sont donc des feuillus réputés pour leur stabilité notamment celle de leur duramen débité sur quartier. Afin d'avoir un point de comparaison, nous avons décidé d'inclure un troisième bois dans nos tests, soit le sapin un résineux, peu stable selon la littérature s'il est exposé à une forte humidité et fort peu conseillé pour la fabrication d'ais. Il nous servira donc de bois témoin afin que nous réalisions l'écart dimensionnel possible entre un résineux et un feuillus. Les fiches techniques de chacun des bois sélectionnés sont disponibles en Annexe239.

3. Préparation des échantillons L'étape de préparation des échantillons est importante car elle nous permet de mieux cerner les potentielles sources d'erreur. Les échantillons de hêtre et de sapin nous ont été fournis par un grossiste en bois. Chacun a été préparé à partir de la même planche, débités sur quartier avec le moins d’imperfections possibles. Le balsa a été acheté dans un magasin spécialisé dans le modélisme, également débité sur quartier et d'une seule planche. Les échantillons font entre trente et quarante centimètres chacun. Prendre des échantillons aussi grands nous permet ainsi de diminuer notre erreur relative lors des mesures. Nous avons quatre échantillons de chaque essence de bois pour procéder à nos tests.

4. Le matériel La validation du protocole expérimental est une étape majeure de la démarche scientifique : ce sont tous ces tests effectués pour déterminer la marche à suivre qui nous permette de mieux cerner la problématique choisie et d'obtenir ainsi l'expérimentation la plus adaptée.

4.1. Le matériel de mesure Tout d'abord nous avons réfléchi à la méthode de mesure de la déformation du bois. Dans un premier temps nous avons pensé mesurer cette déformation à l'aide d'un double décimètre gradué au demi-millimètre. Suite à l'étude de la littérature rapportant l'objet de tests sur les variation dimensionnelles du bois, il se trouve que ces dernières peuvent être si minimes que peu visibles à l’œil nu. Une telle déformation serait très difficilement mesurable, voire pas du tout, à l'aide d'un double décimètre même gradué au demi-millimètre. Nos mesures ne seraient pas exploitables. L'utilisation d'un comparateur à cadran métrique s'est révélée indispensable.

239Cf. ANNEXE I : Fiches techniques des trois bois sélectionnés, p.221.

140 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Cliché 90 : Comparateur à cadran métrique gradué à 0,01 mm

Cet appareil de mesure est composé d'une tige et d'une touche, formant le palpeur. Ce palpeur est coulissant. Son déplacement est transmis à un dispositif mécanique, transformant sa translation en rotation d'une aiguille. La mise à zéro du comparateur se fait par la simple rotation de la lunette en mettant l'aiguille sur le zéro lorsque le palpeur est libre. Chaque graduation représente donc un centième de millimètre. Le totalisateur indique le nombre de tours effectués par l'aiguille. Notre comparateur a une course de 10 mm, chaque tour d'aiguille représentant 1 mm. Si le palpeur se déplace d'un millimètre, l'in dex du totalisateur marquera 1. C'est un outil de mesure par comparaison ce qui signifie qu'il mesure une différence par rapport à une donnée de base. La première mesure des échantillons se fera avec un double-décimètre gradué au demi-millimètre et la déformation sera mesurée avec le comparateur à cadran métrique. Nous avons deux outils de mesure dont l’incertitude absolue est différente. Ces incertitudes devront être prises en compte lors des discussions et interprétations des résultats.

4.2. La chambre d'humidification Dans un second temps, nous devons choisir le matériel pour l’humidification puis le temps nécessaire pour obtenir des résultats significatifs. Nous avons opté pour un dôme d'humidification pour la précision du taux d'humidité mesuré et son contrôle constant possible. L'échantillon de bois et le cadran à comparateur métrique placé à son extrémité sont bloqués par deux poids constitués de matériaux stable à l'humidité (pierre et poids en plomb). Le système est ainsi fixe et stable. Nous avons réglé le dôme d'humidification afin 141 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


d'obtenir une humidité relative en son sein entre 90 et 95%. Au bout de trois heures d'humidification, nous n'avons constaté aucun mouvement du bois. Nous avons donc vérifié l'humidité relative au sein de la chambre qui se trouvait aux alentours de 75%. Le dôme étant très volumineux, l'humidité relative en son sein met donc énormément de temps à atteindre un taux aussi haut que 90% et d'autant plus à se stabiliser. Après huit heures d'humidification dans le dôme, le taux d'humidité relative n’avait toujours pas atteint les 80%. De ce fait nous avons décidé de changer de méthode d'humidification au profit de la chambre d'humidification artisanale en bois de cèdre, utilisée précédemment lors de la restauration du manuscrit. Le bois de cèdre régule ainsi l'apport d'humidité et stabilise le taux d'humidité relative dans l'enceinte créée. La source d'humidité serait en l’occurrence une bassine d'eau chaude afin d'obtenir un taux d'humidité relative élevé assez rapidement. La boite est recouverte par une plaque de plexiglas ; la sonde d'un thermo-hygromètre est placée au sein de la chambre, permettant de toujours contrôler le taux d'humidité relative. Nous atteignons les 90% d'humidité relaCliché 91 : Vue du dispositif au sein de la chambre d'humidification en bois de cèdre

tive au bout de 30 minutes, et de 95% au bout de 40 minutes. Le taux se stabilise rapidement par la suite. De par sa rapidité et sa

taille plus modeste, nous avons donc opté pour cette chambre d'humidification en bois de cèdre. Cette technique d'humidification demande une rigueur dans l'installation des échantillons de bois, à savoir qu'aucun poids bloquant le système ne devait toucher les parois en bois, sous peine de fausser les résultats, et l'échantillon a été placé sur un morceau de Mylar®, un film polyester inerte et insensible aux variations hygrométriques, afin de l'isoler du support sur lequel il reposait et qu'il puisse bouger sans aucune contrainte. Enfin tous les échantillons de bois ont été séchés au maximum avant d’être mis dans la chambre d'humidification afin que l'humidité qu'ils possèdent soit moindre. Une fois le matériel et la mise en place choisis, nous avons dû déterminer un temps d’humidification significatif. Nous avons fait des relevés de mesures pour chaque bois pendant 48 heures. Le cycle d'humidification de tous les échantillons sera donc de 24 heures car c'est le temps auquel les bois semblaient se stabiliser.

142 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


Le protocole expérimental est donc le suivant : •

Outil de mesure : Double-décimètre et comparateur à cadran métrique

Méthode d'humidification : Chambre d'humidification artisanale en bois de cèdre avec un contrôle de l'humidité relative et de la température grâce à un thermo-hygromètre ; Source d'humidité : bassine d'eau chaude

Temps d'humidification par échantillons : 24 heures

Échantillonnage 4 échantillons de chaque bois, entre 40 et 50 cm environ

143 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


III. RÉSULTATS ET DISCUSSIONS 1. Mesures et calculs Chaque échantillon a été mesuré dans un premier temps avec un double décimètre. C'est ce qu'on appellera la valeur initiale. Une fois le système expérimental mis en place, nous avons relevé toutes les heures l'allongement du bois : les données lues sur le comparateur à cadran métrique. Dans nos tableaux de résultats, nous avons privilégié des temps précis : les deux premières heures (soit 0 et 1h) , à la moitié du temps de l'expérience (à 12h) et enfin les deux dernières heures, (à 23h et 24h)240.

Valeur initiale (mm double-décimètre) Temps (h) 0 1 2 12 23 24

Hêtre 1 Hêtre 2 Hêtre 3 Hêtre 4 385 385 394 407 Allongement (en mm) 0 0 0 0 0 0 0,005 0,02 0,05 0 0,02 0,065 0,2 0,2 0,135 0,25 0,2 0,33 0,155 0,34 0,2 0,33 0,16 0,34

Tableau 22 : Valeurs obtenues sur les quatre échantillons de hêtre

Les valeurs que nous avons obtenues sur le comparateur ne sont pas exploitables tel quels. Elles représentent un certain allongement du bois, c'est une mesure. L'allongement, donné par le comparateur à cadran métrique est noté ΔL. Il est possible de calculer ΔL soit : Δ L= L finale−Linitiale . Dans notre cas, cette donnée nous est donnée par le comparateur. Ce ne sont pas les longueurs finales qui nous intéressent mais réellement cet allongement pour chaque échantillon. N’ayant pas des échantillons de même longueur initiale c'est seulement l'allongement relatif que nous pouvons comparer. Cette donnée est comme son nom l'indique, une donnée relative qui dépend donc de la longueur initiale et finale de chaque échantillon selon sa déformation propre. Elle est notée en pourcentage et ce sont donc ces données qu'il nous faut exploiter. Cette notion d'allongement relatif nous permet d'analyser et de comparer plus facilement les bois entre eux. Il est noté ΔL/L, soit :

Δ L/ L=

(L finale−Linitiale ) x 100 Linitiale

240L'ensemble des données sont disponibles en annexe, cf. ANNEXE II : Résultats obtenus pour les trois bois, p.224.

144 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


ΔL en mm ΔL/L

Hêtre 1 0,2 0,052%

Hêtre 2 0,33 0,086%

Hêtre 3 0,16 0,041%

Hêtre 4 0,34 0,084%

Tableau 23 : Mesure de ΔL et calcul de ΔL/L des quatre échantillons de hêtre

Tout l’intérêt de cet allongement relatif est que nous pourrons comparer les différents échantillons malgré une valeur initiale différente pour chacun.

2. Analyse d'erreur Le dernier paramètre à analyser est les incertitudes qui résultent de l'expérience. Comme nous l'avons expliqué précédemment, le résultat de cette expérimentation s'est fait grâce à deux outils de mesures : un double décimètre et un comparateur à cadran métrique, le premier étant bien moins précis que le second. Ces deux outils ont une incertitude absolue qui leur est propre, de laquelle nous pouvons déduire l'incertitude relative sur chaque mesure, puis sur l'expérience dans sa globalité. Nous avions besoin de ces étapes de calculs afin de comprendre la propagation de incertitudes selon les formules suivantes :

((δ x)2 +(δ y )2) Incertitude relative= ( ) (L initiale−Δ L)

δx étant l'incertitude absolue du double décimètre, correspondant à la mesure de la valeur initiale ;

δx est l'incertitude absolue du comparateur à cadran métrique, correspondant à la valeur ΔL

La propagation des incertitudes permet donc d'obtenir l'incertitude relative de l'expérience par mesure. Afin d'obtenir l'incertitude de l'expérience dans sa globalité, nous avons appliqué la formule (Δ L/ L maximum−Δ L / Lminimum) suivante : Incertitude relative de l ' expérience globale= x 100 (Δ L/ Lminimum )

Incertitude absolue double-décimètre en mm Incertitude relative double-décimètre Incertitude absolue comparateur en mm Incertitude relative comparateur Incertitude relative de l'expérience par mesure Incertitude relative de l'expérience globale

0,5 0,130% 0,005 2,50% 2,55%

0,5 0,130% 0,005 1,52% 2,55%

0,5 0,127% 0,005 3,13% 2,52% 52,62%

Tableau 24: Incertitudes sur les données des échantillons de hêtre

145 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016

0,5 0,12% 0,005 1,47% 2,48%


Nous pouvons voir que l'incertitude relative de l'expérience pour le hêtre est très élevée. Elle peut s'expliquer en raison de l'utilisation de la chambre d'humidification artisanale dont nous ne pouvons quantifier l'erreur. Mais la principale source d'erreur reste le bois, car nous ne pouvons anticiper son comportement. Les résultat de cette expérience et l'incertitude élevée qui y est liée, ne sont que le reflet de ce matériau qui est si complexe. Il est très difficile de connaître précisément sa composition car de très nombreux facteurs entrent en jeu, et encore moins de prévoir ses variations dimensionnelles. Ici avec l'exemple du hêtre, nous avons réalisé que notre incertitude relative de l'expérience était bien trop élevée pour que les résultats de notre expérience soient exploitables. Cependant nous tenterons de discuter au maximum de nos résultats et d'appuyer ainsi notre démarche scientifique et le choix qu'il en résultera.

3. Le hêtre Valeur initiale (mm double-décimètre) Temps (h) 0 1 2 12 23 24

Hêtre 1 Hêtre 2 Hêtre 3 Hêtre 4 385 385 394 407 Allongement (en mm) 0 0 0 0 0 0 0,005 0,02 0,05 0 0,02 0,065 0,2 0,2 0,135 0,25 0,2 0,33 0,155 0,34 0,2 0,33 0,16 0,34

ΔL ΔL/L

0,2 0,052%

Moyenne de ΔL/L Écart type à 95%

0,065% 0,091

Incertitude absolue double-décimètre en mm Incertitude relative double-décimètre Incertitude absolue comparateur en mm Incertitude relative comparateur Incertitude relative de l'expérience par mesure Incertitude relative de l'expérience globale

0,5 0,130% 0,005 2,50% 2,55%

0,33 0,086%

0,16 0,041%

0,5 0,130% 0,005 1,52% 2,55%

0,5 0,127% 0,005 3,13% 2,52% 52,62%

0,34 0,084%

0,5 0,12% 0,005 1,47% 2,48%

Tableau 25 : Résultats de l'expérience pour le hêtre

Les résultats de mesure et de calcul du hêtre ci-dessus, nous montre l'irrégularité des résultats entre les quatre échantillons. Entre les échantillons Hêtre 3, ayant un allongement relatif de 0,041%

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et les échantillons Hêtre 2 et Hêtre 4, ayant des allongements relatifs respectifs de 0,086% et 0,084%, nous passons du simple au double. Suite à ces quatre résultats nous avons procédé à la mise en humidification d'un cinquième échantillon, Hêtre 5. L'allongement de ce dernier est de 0,25 mm, soit 0,06% d'allongement relatif241. Sur nos 5 échantillons nous avons donc une étendue de 0,18 mm. Nous pouvons rappeler que les 5 échantillons ont été débités de la même planche, ce qui nous montre que le bois est un matériau dont le comportement est très difficilement prévisible. Nous pouvons également voir que sur chaque mesure, l'incertitude relative de l'expérience n'est pas très élevée (entre 2,48% et 2,55% au maximum). Cependant l’incertitude relative de l'expérience dans son ensemble reste bien trop élevée pour que les résultats soient exploitables. 0,090% 0,080%

ΔL/L : Allongement relatif

0,070% 0,060% 0,050% 0,040% 0,030% 0,020% 0,010% 0,000% 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 Hêtre 1

Temps (heure)

Hêtre 2

Hêtre 3

Hêtre 4

Graphique 4 : Allongement relatif des échantillons de hêtre

La première observation indéniable que nous pouvons faire est : quand le taux d'humidité augmente, le bois s'allonge. Nous pouvons également observer un allongement relatif assez différents pour les quatre échantillons du hêtre pourtant issus de la même planche. Hêtre 2 par exemple ne commence à s'allonger qu'à partir de la deuxième heure de manière assez constante jusqu'à la septième heure. Comparative241Hêtre 5 a pour valeur initiale 373 mm, ce qui représente donc avec un ΔL de 0,25 mm, un ΔL/L de 0,06% selon les calculs établis.

147 Claire DANTIN – Spécialité Arts Graphiques – Promotion 2016


ment les échantillons Hêtre 1 et 4 s'allongent de manière relativement similaire jusqu'à la huitième heure. Avec les données recueillies, nous avons pu créer la courbe suivante qui se base sur l'allongement de Hêtre 1 par exemple. Tout l’intérêt de ce genre de graphique réside dans les courbes de tendance que l'on peut générer. La courbe logarithmique insérée sur le Graphique ci-dessous, modélise l’évolution de l'allongement relatif de Hêtre 1. Le coefficient de détermination de la courbe logarithmique242 noté R2, est de 0,9. Plus le coefficient est proche de 1, plus les données et la courbe sont proches l'une de l'autre. Ce qui signifie que l'on peut avoir une assez bonne estimation de l'évolution de l'allongement de Hêtre 1 grâce à cette courbe. Autrement dit, plus la courbe de tendance reflète l'expérience, plus il est aisé d’anticiper les valeurs non déterminées. 0,06%

R² = 0,9

ΔL/L : Allongement relatif

0,05%

0,04%

0,03%

0,02%

0,01%

0,00% 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 Temps (heure) Hêtre 1

Logarithmique (Hêtre 1)

Graphique 5 : Résultats de l'échantillon Hêtre 1, courbe de tendance logarithmique

242Le coefficient de détermination a été calculé automatiquement par le tableur de calcul.

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4. Le balsa Valeur initiale (mm règle) Temps (h) 0 1 2 12 23 24

Balsa 1 Balsa 2 Balsa 3 Balsa 4 475,5 475 479 478 Allongement (en mm) 0,035 0,09 0,04 0,06 0,05 0,17 0,08 0,14 0,09 0,24 0,14 0,21 0,255 0,31 0,27 0,39 0,35 0,37 0,315 0,45 0,39 0,37 0,315 0,45

ΔL ΔL/L

0,39 0,082%

Moyenne de ΔL/L Écart type à 95%

0,08% 0,161

Incertitude absolue double-décimètre en mm Incertitude relative double-décimètre Incertitude absolue comparateur en mm Incertitude relative comparateur Incertitude relative de l'expérience par mesure Incertitude relative de l'expérience globale

0,5 0,105% 0,005 1,28% 2,29%

0,37 0,078%

0,315 0,066%

0,5 0,105% 0,005 1,35% 2,29%

0,5 0,104% 0,005 1,59% 2,28% 30,15%

0,45 0,094%

0,5 0,10% 0,005 1,11% 2,29%

Tableau 26 : Résultats de l'expérience pour le balsa

Nous pouvons constater que les résultats pour le balsa sont plus cohérents. Avec une étendue de 0,135 mm, l’allongement des quatre échantillons reste relativement proches. De ce fait l'incertitude relative de l'expérience est bien plus basse que celle du hêtre. Cependant, l'allongement relatif de Balsa 4 qui est le plus élevé parmi les quatre échantillons de balsa, reste au-dessus de Hêtre 2. Les résultats du balsa sont bien plus réguliers et harmonieux mais l'incertitude relative de l'expérience est tout de même bien trop élevée pour que nous puissions aller plus loin dans les interprétations. Comparer l'allongement relatif des deux bois est difficile au vu de l'incertitude sur les deux expériences.

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0,100% 0,090% 0,080%

ΔL/L : Allongement relatif

0,070% 0,060% 0,050% 0,040% 0,030% 0,020% 0,010% 0,000% 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 Temps (heure)

Balsa 1 Balsa 2 Graphique 6 : Allongement relatif des échantillons de balsa

Balsa 3

Balsa 4

Le Graphique ci-dessus, nous montre l'évolution de l'allongement des quatre échantillons de balsa durant l'expérience. Nous pouvons observer un allongement très rapide dans les trois premières heures d'humidification pour les quatre échantillons. Celle-ci devient moins importante pour les échantillons Balsa 1, 2 et 3. Balsa 4 s'allonge avec la même intensité jusqu'à la sixième heure où il se stabilise durant quatre heures avant de s'allonger à nouveau mais de manière bien moins prononcée que durant les premières heures d'humidification.

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5. Le sapin Valeur initiale (mm règle) Temps (h) 0 1 2 12 23 24

Sapin 1 Sapin 2 Sapin 3 Sapin 4 625,5 626 624,5 624 Allongement (en mm) 0 0,005 0,01 0 0,01 0,05 0,04 0,01 0,05 0,07 0,065 0,04 0,2 0,17 0,15 0,18 0,27 0,25 0,21 0,28 0,27 0,25 0,21 0,28

ΔL ΔL/L

0,27 0,043%

Moyenne de ΔL/L Écart type à 95%

0,04% 0,041

Incertitude absolue double-décimètre en mm Incertitude relative double-décimètre Incertitude absolue comparateur en mm Incertitude relative comparateur Incertitude relative de l'expérience par mesure Incertitude relative de l'expérience globale

0,5 0,080% 0,005 1,85% 2,00%

0,25 0,040%

0,21 0,034%

0,28 0,045%

0,5 0,080% 0,005 2,00% 2,00%

0,5 0,080% 0,005 2,38% 2,00% 25,06%

0,5 0,08% 0,005 1,79% 2,00%

Tableau 27 : Résultat de l'expérience pour le sapin

Comme nous l'avions dit, le sapin a été choisi car il s'agit d'un bois au retrait assez important, selon nos recherches. Or il se trouve que c'est le bois qui a le plus petit allongement relatif avec une moyenne de 0,04%. Le hêtre a une moyenne d’allongement relatif de 0,065% mais une incertitude relative de 50% environ contre 25,6% pour le sapin. Le sapin devait nous servir de témoin, servant d'exemple pour un bois dont l’allongement serait assez important, or il n'en est rien. Ses résultats appuient l'idée de la difficulté à connaître précisé ment la composition et la réaction des bois. Le sapin était peut être d'une très bonne qualité et d'un débit parfait, ou son séchage n'était pas assez poussé ce qui expliquerait également son faible allongement.

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0,050% 0,045% 0,040%

ΔL/L : Allongement relatif

0,035% 0,030% 0,025% 0,020% 0,015% 0,010% 0,005% 0,000% 1

2

3

4

5

6

7

8

9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 Temps (heure)

Sapin 1

Sapin 2

Sapin 3

Sapin 4

Graphique 7 : Allongement des échantillons de sapin

Nous pouvons observer que trois des quatre échantillons de sapin ont sensiblement la même évolution de leur allongement, notamment entre la troisième et la huitième heure d'humidification. L'échantillon Sapin 1 est cependant différent : son allongement croît fortement jusqu'à la cinquième heure d’humidification avant de ralentir. Nous observons également une forte augmentation entre la dixième et la onzième heure. Pourtant issu de la même planche, nous sommes forcés de constater les différences de comportement de ces échantillons. Réagissant différemment à une humidité extrême, ils illustrent l'idée que prévoir le comportement du bois et le mesure reste très difficile.

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6. Critique de l'expérimentation Plusieurs critiques restent à formuler concernant l'expérience qui a été effectuée. Quatre échantillons de bois par types de bois n'est clairement pas suffisant pour obtenir une série de données exploitables. De plus il nous aurait fallu un système de mesure bien plus précis qu’un double décimètre pour obtenir la valeur initiale. La préparations des échantillons restent également primordial. N'ayant pas le contrôle sur toute les préparations d’échantillons, nous pouvons supposer que le balsa notamment ne soit pas un débit sur quartier ce qui pourrait expliquer sa déformation importante alors qu'il était annoncé comme un bois plutôt stable au niveau dimensionnel dans la littérature. Il en va de même pour le sapin, réputé pour être un bois assez réactif (plus réactif que le hêtre) n'a pas eu une grande variation dimensionnelle lors de l'expérience. Peut-être s'agissait-il d'une espèce particulièrement stable, d'un bois d'une grande qualité ou d'un séchage mieux effectué. La chambre d'humidification utilisée permettait de garder un taux d'humidité très élevée assez longtemps, mais nous pourrions privilégier un système avec une réelle stabilisation du taux d'humidité relative, comme une chambre d'humidification plus constante et peut être aussi mieux contrôlée. Le séchage du bois n'a pas été réellement contrôlé, il a pu être également une source d'erreur importante. L'échantillon Hêtre 3 aurait pu être moins sec, ce qui expliquerait sa variation moindre par rapport aux trois autres échantillons. Sa teneur en eau dès le départ aurait pu empêcher sa variation de dimension. Ceci n'est qu'une hypothèse, mais cette dernière appuie l'idée d'un contrôle plus précis du séchage du bois avant la mise en chambre d'humidification243. Obtenir toutes les données de l'allongement du bois sur les vingt-quatre heures d'humidification nous aurait sûrement permis de mieux comprendre les courbes et l'évolution même de l’allongement des bois. Il serait également intéressant d'effectuer la même expérience dans des condition thermohygrométrique proche des réalités de conservation que l'on peut avoir dans des magasins d'archives par exemple, mais sur une durée bien plus importante de l'ordre de quelques mois par exemple. Ce type d'expérience nous permettrait de connaître le comportement du bois sur le long terme et dans des conditions bien plus réalistes. Enfin notre principal source d'erreur reste le matériau lui même, le bois. Ignorant la composition précise de chacun des échantillons, la complexité du matériau reste une barrière. Il suffit d'un nœud 243L'utilisation d'un four par exemple, en plaçant les échantillons quelques heures avant humification.

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au sein de la structure, d'une différence de porosité, d'une teneur en eau déjà trop importante dans le bois pour fausser les résultats. Le matériau en lui même, en raison de sa complexité, a un comportement très difficilement prévisible et est notre principale source d'erreur.

CONCLUSION Cette expérience a été l'occasion de mieux comprendre l'enjeu et l'importance des erreurs lors de l'expérimentation à proprement dit mais surtout lors de l'interprétation des résultats. L'allongement des bois testés doit également être nuancé. Nous sommes face à des allongements de l'ordre du quart de millimètre, un mouvement qui n'est pas observable à l’œil nu. Nous pouvons nous demander l'impact qu'aurait de tel modification sur un ais. Nous pouvons voir que le risque d'une instabilité hygrométrique est grand pour le bois, outre son allongement, elle implique également son gonflement et potentiellement son éclatement ce qui peut conduire à des fentes dans le bois et donc une fragilisation de la reliure. Suite à nos recherches et à notre expérimentation, nous avions le choix entre le balsa et le hêtre. Le sapin étant un résineux, il ne servait que de témoin pour cette expérience et est donc exclu du choix possible pour la fabrication des ais. Le balsa est un bois dégageant peu de COV, avec un pH proche de la neutralité, facile à se procurer et peu coûteux, il nous semblait un bois presque idéal pour la fabrication des ais. Cependant, le balsa est un bois très léger qui ne supporterait pas le clouage ou le vissage sans risque d'éclate ment. La pose de fermoirs est impossible, la pression souhaitée sur le corps d'ouvrage serait inexistante, c'est pourquoi nous l'avons également écarté. Si nous avons choisi le hêtre c'est parce qu'il répond en grande partie aux critères posés pour les ais. C'est un bois connu pour sa stabilité et sa robustesse, il reste cependant sujet aux attaques d’insectes xylophages et fait partie de la catégorie des bois lourds et durs. Selon l'épaisseur choisie pour les ais, ce dernier critère reste assez relatif. Les ais ne devant pas dépasser 1 cm d'épaisseur, le hêtre ne sera pas trop lourd pour le manuscrit, et apportera la pression souhaitée. De plus, nous connaissons avec une grande certitude les dégagements en COV du hêtre. La connaissance de ces composés n'est que bénéfique pour anticiper les problèmes qu'ils pourraient causer. Le hêtre reste également un bois privilégié pour la restauration d'ais médiévaux et est facile à se procurer. C'est pour toutes ses raisons que notre choix s'est porté sur ce bois. Nous nous procurerons donc deux planches du duramen du hêtre débitées sur quartier pour la fabrication de nos ais de reliure.

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PARTIE IV : RELIURE ET CONDITIONNEMENT



INTRODUCTION Une fois les tests scientifiques réalisés et le choix du bois effectué pour les ais, nous pouvons procéder à la reliure du manuscrit. Nous développerons également dans cette dernière partie, la création de la boite et les raisons du modèle choisi. Nous indiquerons également les précautions de conservation à observer pour ce type de document. Cette partie sera donc exclusivement dédiée aux dernières étapes de restauration qui terminent ainsi ces cinq mois de travail.

I.

LA RELIURE Avant de commencer l'étape de la reliure, nous nous sommes procurer tous les matériaux néces-

saires à cette étape : la peau de chèvre tannée à l'alun, du parchemin de qualité pour les pages de gardes et les intercalaires et du bois de hêtre dans les dimensions voulues pour les ais.

1. La préparation des matériaux La première étape est de confectionner les pages de gardes et les intercalaires séparant les trois livres au sein du manuscrit244. Nous avons donc choisi un parchemin de chèvre pour ces deux types de pages. Le manuscrit mesure 19,6 x 23,5 cm pour les plus grands des cahiers. Il nous faut donc deux gardes de chaque coté du manuscrit, soit quatre gardes à confectionner de 24,5 x 23,5 cm incluant un repli de 5 cm. Nous ne ferons qu'un repli de 2 cm pour les feuillets intercalaires.

Schéma 31 : Plan de coupe et de pliage des gardes

Schéma 32 : Plan de coupe et de pliage des intercalaires

244Nous avons choisi de mettre des intercalaires entre chaque livre afin de limiter la manipulation des feuillets et de permettre une consultation plus rapide selon le souhait des archivistes du diocèse.

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Les deux pages de garde sont emboîtées l'une dans l'autre et à placer sur le premier et le dernier cahier du manuscrit, le rempli vers l'extérieur. Chaque intercalaire est placé sur le premier cahier de chaque livre : le premier intercalaire marquant le début du livre II est placé sur le cahier VII et l'intercalaire marquant le début du livre III, sur le cahier XI. Nous avons pris le parti de faire des intercalaires légèrement plus grands que les feuillets du corps d'ouvrage afin de limiter la manipulation de ce dernier lors de la consultation.

2. La couture 2.1. La préparation des cahiers Comme nous l’avons expliqué précédemment, nous avons prévu de réutiliser les trous d'origine du manuscrit. Celui-ci ne sera donc pas aligné ni en tête, ni en queue mais nous suivrons au maximum le schéma de reliure déjà présent. Si certains cahiers ont un trop grand décalage avec les autres, alors nous nous permettrons de recréer des trous pour la couture. Les fonds de cahier ayant été renforcés par un onglet de papier japonais sont eux aussi troués de nouveau. Dans ce cas, nous utilisons un poinçon fin afin que les trous ne soient pas trop larges et que le fil se bloque lors de la couture. Les cahiers qui ont eu besoin de renforts en papier japonais sont également renforcés par des onglets de parchemin placés en tête, au milieu et en queue. Les renforts d'origine sont de grandes bandes de parchemin, nous avons privilégié de petites bandelettes d'environ 5 cm. Ainsi ces renforts sont différents de ceux déjà présents au sein du manuscrit et nous pouvons aisément faire la différence avec les renforts d'origine et ceux ajoutés lors de la restauration. Ils ne sont ajoutés que sur les cahiers IIII, V, VI et XIII. Nous les avons placés au niveau du dos pour ces quatre cahiers, et au mi lieu pour le cahier XII afin d'apporter un vrai renfort et de protéger le renfort d'origine présent au milieu du cahier. Une fois tous les éléments préparés les cahiers, les pages de garde et les intercalaires sont mis dans l'ordre de couture.

2.2. La réalisation de la couture La couture se fera donc sur trois nerfs fendus d'une peau de chèvre mégissée. Nous devons dans un premier temps débiter les nerfs. Au vu du système de reliure envisagé, il nous faut de longs nerfs de chaque coté pour l’attelle du dos aux plats prévue. Nous avons donc trois nerfs d'environ une cinquantaine de centimètres de longueur pour une épaisseur de deux centimètres. Nous les fendons seulement au milieu et sur trois centimètres envi-

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ron. Si le nerf n'est pas assez fendu, rien ne nous empêche de le refendre lors de la couture. Le fil choisi est un fil de lin d'environ deux millimètres d'épaisseur. Il nous fallait choisir un fil assez épais pour se bloquer dans les trous d'origine du manuscrit mais pas trop épais afin de ne pas faire monter le dos. Sur le Cliché ci-contre, nous pouvons voir la mise en place des gardes et les onglets de parchemin insérés sur les quatre cahiers comme dit précédemment. La réutilisation des trous d'origines entraîne cet aspect irrégulier de la couture mais qui n’enlève rien à sa soli-

Cliché 92 : Vue de la couture réalisée

dité.

3. Les tranchefiles Les tranchefiles sont donc structurelles de type Clarkson245. Montées sur une âme en peau mégissée, la même peau utilisée pour les nerfs, elles permettent de créer une unité en tête et en queue du manuscrit. L'âme de la tranchefile fait environ 50 centimètres de longueur et 1 cm de largeur tout comme les nerfs. Épaisseur du dos Espace tranche

Largeur d'un nerf Largeur du dos + Longueur de nerf choisie = 50 cm environ

Schéma 33 : Patron de l'âme des deux tranchefiles. © [KRICHE M.]

Nous avions dans un premier temps utilisé le même fil de lin que pour la couture. Il est souvent conseillé d'utiliser le même fil ou un fil plus fin. En l’occurrence le fil était trop épais et la tranchefile n'était pas solide. Nous avons donc dédoublé le fil de lin ce qui nous a permis d'avoir une tranchefile structurelle cohérente. Le fil de lin est un fil naturel et peut ne pas être régulier. Nous avons tenté d'avoir une tranchefile régulière mais les fils passés sur l'âme sont parfois irréguliers au niveau de leur épaisseur. Au vu du peu de cahier à relier et de leur irrégularité, nous avons tenté d’avoir une tranchefile la plus régulière possible.

245[KRICHE M.], p.11.

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Cliché 93 : Vue de la tranchefile de tête réalisée

Cliché 94 : Vue de la tranchefile de queue réalisée

4. La confection du dos Le dos est également réalisé avec la peau mégissée utilisée pour les nerfs et les tranchefiles selon le Schéma ci-dessous. Les zones hachurées sont les zones à parer légèrement afin de ne pas créer de surépaisseur lors du pliage en tête et en queue. Nous avons ensuite fouetté les nerfs afin que la peau épouse parfaitement la forme du dos du manuscrit. Pour cela, l'ouvrage est bloqué dans un étau, entre deux planches et recouvert de cellophane pour le protéger. Le cuir est ensuite humidifié et placé correctement sur le dos du corps d'ouvrage. Nous avons ensuite tendu des ficelles de chaque coté des nerfs et sur les deux chaînettes. Le cuir sèche ainsi pendant deux jours. Cliché 95 : Schéma du dos

Cliché 96 : Vue du dessus de la même opération

Cliché 97 : Vue du dos mis en place après avoir fouetté les nerfs

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Nous avons ensuite réalisé les trous sur le dos pour la sortie des nerfs. Les tranchefiles font donc un centimètre d'épaisseur et les nerfs deux centimètres pour leur sortie. Après plusieurs essais avec différents emporte-pièces, la sortie des nerfs de tranchefiles est un trou de 3 mm de diamètre et de 4,5 millimètres pour les nerfs. Les trous ne doivent pas être trop larges car c'est tout le système de blocage qui en dépend.

Cliché 98 : Premier passage des nerfs dans le dos, vu à l'intérieur du dos

Cliché 99 : Premier passage des nerfs dans le dos vu du dos

5. La mise en place des ais Une fois le travail sur le corps d'ouvrage terminé, nous devons travailler les ais et la couvrure avant l'attelle du corps d'ouvrage aux ais.

5.1. Le travail du bois Comme nous l'avons dit, nous avons choisi le hêtre pour réaliser les deux ais de reliure. Après avoir récupéré des adresses de fournisseurs auprès de spécialistes 246, nous souhaitions avoir deux planches de 26 x 20 x 1 cm créant ainsi de petites chasses afin de protéger le corps d'ouvrage. Nous nous sommes procurer une série de planches auprès d'un premier fournisseur. Ces planches, promises en débit quartier, se trouvaient être un débit sur dosse au vu des cernes qui étaient parallèles à 246Nous avons demander conseils à M. Crinel, professeur de support bois, spécialité Peinture à l’École de Condé, à M. Jenn, restaurateur de mobilier et professeur de restauration de mobilier à l'Institut National du Patrimoine, et à M. Aubry, responsable d'atelier à la Bibliothèque Nationale Universitaire et professeur de restauration, spécialité Livre à l'Institut National du Patrimoine.

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la face de la planche. Suite à cela, nous nous sommes tournés vers un deuxième fournisseur. Celuici nous a dit qu'il était très difficile de se procurer de tel morceau de duramen du hêtre en débit quartier de par la taille du tronc de l'arbre : celui-ci n'est pas assez grand pour obtenir la taille de nos planches. En effet, nous souhaitons des planches en bois massif et non un collage de plusieurs morceaux qui pourraient fragilisé l'ensemble de la structure. Nous avons donc opté pour un débit en faux quartier. Ce débit n'est pas parfait mais reste un bon compromis. Il est plus proche du débit en quartier que du débit sur dosse. Croyant qu'il serait facile de se procurer ces planches, nous n'avions pas envisagé ce genre de problèmes. Nous avons donc remédié au problème en trouvant un compromis avec ce nouveau débit. Ce débit est moins stable mais était également utilisé pour des reliures médiévales, il suffit de placer les ais judicieusement afin de pallier au gauchissement possible qu'engendrerait un tel débit. Il faut que le fil du bois soit orienté d'une certaine manière. D'après les études de C. Adam et de C. Lavier, le fil du bois doit être parallèle au dos afin que le bois s'incurve dans le sens de la largeur de l'ais. Ainsi, il ne déforme pas le dos, ni ne tire sur les supports de couture, ce qui risquerait d'endommager le manuscrit247. Nous avons donc deux planches de hêtre en massif débité en faux quartier avec le fil du bois parallèle au dos de 26 x 20 x 1 cm.

Cliché 100 : Vue des deux ais du dessus avec les mors arrondis

Les deux planches choisies sont dans un premier temps travaillées notamment au niveau de la zone qui sera le mors. Nous les avons rabotées afin d'avoir un arrondi le plus régulier et identique possible entre les deux planches. Nous avons utilisé un rabot et du papier de verre de différents

247[LAVIER C.], op. cit., p.260 ; [ADAM C.], ADAM Claude, Restauration des manuscrits et des livres anciens, Paris, Édition Erec, 1984, p.55.

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grammages pour la finition. Les arrêtes ont également été poncées afin d'avoir des angles moins saillants qui ne risquent pas d'endommager le manuscrit sur le long terme.

Cliché 101 : Vue de l'arrondi créé qui se situera au niveau des mors

Nous avons ensuite placé les ais sur le corps d'ouvrage afin de répartir les nerfs. Ayant utilisé les trous d'origine, nous n'avons pas une répartition parfaite et régulière des nerfs, nous avons donc pallié au maximum à cette irrégularité afin que la reliure reste solide et protectrice. Les trous seront donc fait selon le Cliché suivant sur les deux ais. Toujours dans cette optique de blocage des nerfs lors de leur passage, nous avons fait des tests pour savoir quel serait le diamètre des trous des ais. Nous avons donc opté pour des trous de 3,5 mm pour des nerfs d'un centimètre de largeur. Nous avons donc réalisé les huit trous sur chacun des ais avant de passer à la couvrure en parchemin.

Cliché 102 : Placement des nerfs sur les ais

5.2. La préparation de la couvrure Nous avons ensuite réalisé la couvrure de chacun des ais selon le patron suivant comprenant les différents remplis et les encoches pour les bloquer. Le patron a été créé aux mesures des ais du manuscrit. En effet, il est important que les remplis soient assez grands pour bloquer la garde et bien se maintenir au niveau du mors car ce dernier n'est pas plié franchement mais suit l'arrondi du bois. Afin que le parchemin se maintienne correctement, nous avons mis les ais dans leur couvrure quelques jours sous poids.

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Cliché 103 : Schéma de la couvrure pour une ais

Cliché 104 : Ais et couvrure troués pour le passage des nerfs

Nous avons ensuite percé la couvrure au niveau des trous des ais. Les trous ont également été faits sur le rempli intérieur afin de permettre le passage des nerfs jusqu’aux pages de garde.

5.3. Le montage des ais Ainsi nous avons pu atteler le corps d'ouvrage aux ais en faisant le premier passage des nerfs dans les ais recouverts de la couvrure en parchemin. Ce premier blocage est décisif : les ais doivent être parfaitement placés afin de permettre une ouverture aisée de l'ouvrage, les nerfs ne doivent être ni trop tendus, ni trop lâches. Ils doivent être également bien placés au niveau de la hauteur du manuscrit afin d'avoir des champs bien équilibrés.

Cliché 106 : Placement des ais après le passage des nerfs Cliché 105 : Passage des nerfs dans l'ais

Les remplis des gardes et le dos sont donc troués à nouveau afin de permettre un second passage des nerfs et le blocage complet du système. La garde est ensuite insérée dans le rempli, masquant ainsi tout le système. Si les nerfs sont trop longs ils peuvent être recoupés afin qu'il s’insèrent aisément sous la garde sans créer de surépaisseur.

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Cliché 107 : Passage des nerfs dans le rempli des garde et du dos

Cliché 108 : Nerfs passés dans les replis et coupés en biseau

Cliché 109 : Insertion des gardes dans le rempli

5.4. La mise en place des fermoirs Enfin, nous avons réalisé et placé les fermoirs sur les ais. Les fermoirs ont été faits à partir d'un cuir de collet248 de 3,3 mm d'épaisseur. Ils ont été doublés avec de la même peau mégissée utilisée depuis le début de ces opérations de reliure. Les deux cuirs ont été collés avec une colle acrylique de type Lascaux 498 HV pour vieillissement stable 249 la souplesse de son film. De plus, son fort pouvoir adhérent nous assure une très bonne stabilité du collage des deux cuirs dans le temps. Nous avons préparé deux sangles qui ont été fixées avec des semences de tapissier en acier inoxydable : deux semences avec une tige de 11 mm pour fixer les fermoirs sur le plat inférieur et une semence également sur le plat supérieur où la sangle vient se bloquer. Le trou des lanières fait 4,5 mm de diamètre afin de se glisser aisément sur la tête de la semence.

248Cuir de collet végétal de vachette. Cuir très solide qui permet de créer une vraie pression sur les ais. 249Module d’enseignement restauration - conditionnement (arts graphiques 3 e année, École de Condé), mené par Béatrice Alcade.

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Les deux fermoirs ont été placés à deux centimètres du bord de chaque ais et répartis sur la hau teur de façon à ce que la pression soit effective en tête et en queue. Ce système de fixation permet de créer une véritable pression sur le parchemin du corps d'ouvrage.

Cliché 111 : Vue de la reliure depuis l'ais supérieur

Cliché 110 : Vue de la reliure depuis l'ais inférieur

Le manuscrit avec cette reliure bénéficie d'une pression constante favorisant sa stabilisation sur le long terme. La reliure est sécuritaire et protège tous les feuillets. Tout le système permet une bonne ouverture de l'ouvrage jusqu'à 180° comme nous pouvons l'observer sur le Cliché ci-dessus.

Cliché 112 : Vue de la reliure ouverte à 180°

Cependant, l'ajout d'onglets en parchemin lors de la couture a quelque peu rigidifié le dos. Mais au vu de l'état lacunaire et affaibli des fonds de cahier concernés par ces renforts, nous ne pouvions faire autrement. Nous avons choisi la solidité de la couture au détriment d'une souplesse plus importante du dos.

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II. LA BOÎTE DE CONSERVATION Cette boite doit également remplir plusieurs critères : elle devra servir pour le transport et le conditionnement permanent du manuscrit au sein des archives. De plus, les archivistes du diocèse souhaitaient une boite écrin, une belle boite dans laquelle le manuscrit pourrait être exposé. Nous avons décidé, d'un commun accord avec l'institution, d'une boite dite « à l’américaine », car inspirée des boites créées à la Bibliothèque du Congrès250. Dans cette boite, nous inclurons un tiroir pour les éléments déposés, le rapport de restauration et de la confection de la reliure pour la transmission des informations. Le manuscrit n'étant pas coté, le boite ne comporte aucune cotation pour le moment. Nous suggérerons aux archivistes de le faire par la suite. La boite devra également être composée de matériaux stables et pérennes. Nous utiliserons donc un carton de type musée recouvert d'une toile de type Buckram, une toile avec une enduction acrylique., de couleur bordeaux251. Nous utiliserons également de la colle acrylique car celle-ci ne s'acidifie pas dans le temps contrairement aux colles vinyliques 252. Nous ferons un revêtement interne en mousse polyéthylène de type Plastazote. Si besoin est, le revêtement interne du tiroir sera en papier permanent, répondant donc à la norme ISO 9706253. Nous avons suivi le modèle ci-contre et les instructions données dans le manuel de M. Brown254.

Illustration 17 : Vue du type de boîte de conservation. [BROWN M. et al.], p189. 250[BROWN M. et al.], BROWN Margaret et al., Boxes for the protection of rare books, their design and construction, Washingotn, Library of Congress, 1982, 280 p. 251Couleur souhaitée par le préteur d’œuvre pour s'intégrer aux archives du diocèse. 252Nous avons utilisé la colle Lascaux 498HV. Module d’enseignement restauration - conditionnement (arts graphiques 3e année, École de Condé), mené par Béatrice Alcade. 253Cette norme correspond aux caractéristiques du papier dit « permanent » : le pH de l’extrait aqueux de la pâte à papier doit être compris entre 7,5 et 10 ; l’indice Kappa de la pâte à papier, qui indique la résistance à l’oxydation (liée à la présence de lignine), doit être inférieur à 5 ; la réserve alcaline doit être supérieure ou égale à 2 % d’équivalent de carbonate de calcium ; la résistance à la déchirure doit être supérieure à 350 mN pour un papier dont le grammage est supérieur à 70 g/m2. 254Cf. ANNEXE I : Instruction pour la confection de la boite, p.227 ;

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1. Création des deux compartiments Nous avons créé la première partie de la boite avec un revêtement interne en Plastazote dans le compartiment où sera posé le manuscrit.

Cliché 113 : Vue du premier compartiment composant la boite.

Cliché 114 : Vue du premier compartiment avec le manuscrit mis en place

Nous avons fait une cale en Plastazote dans le second compartiment afin que celui ci s’emboîte parfaitement sur le manuscrit ce qui lui confère une protection supplémentaire et ce qui emperchera le manuscrit de bouger lors d'un éventuel transport.

2. L'assemblage Ces deux parties sont ensuite fixées sur un plateau, Cliché 115 : Vue du second compartiment qui s’emboîte sur le premier

permettant aux deux compartiments de s’emboîter et ainsi de se bloquer.

Cliché 116 : Vue de la boite assemblée

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3. Le tiroir : les défets, le livret de restauration et les fermoirs. Le tiroir créé est assez simple : fait avec les mêmes matériaux que la boite, il enferme donc les défets, le livret des interventions de restauration et des préconisations de conservation ainsi que deux fermoirs de remplacement. Les morceaux de septain et les liens en parchemin sont donc conservé dans le tiroir. Nous avions besoin d'une idée de montage pour les septains afin qu'ils ne soient pas perdus ou égarés au fil du temps et qu'ils soient également une donnée exploitable aussi bien pour les chercheurs que pour l'exposition du manuscrit. Ce sont des éléments indéniablement importante sur l'histoire de ce document. Nous avons décidé de faire un montage de ces déCliché 117 : Vue du tiroir de la boite

fets, montage explicatif qui permet de les montrer tout en les conservant ensemble.

Nous avons cousu chaque ficelle et lien parchemin sur une feuille de papier permanent avec un schéma explicatif en visu, le tout monté entre deux cartons musée. C'est donc un petit livret qui peut tout à fait être consultable et exposé à coté du manuscrit.

Cliché 118 : Vue de la mise ne page des défets dans le livret crée

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Nous avons également intégré deux pièces de rechange des sangles du fermoir. Les fermoirs, faisant pression sur l'ouvrage sont les pièces qui risquent de s'altérer le plus rapidement à force d'ouvrir et de fermer l'ouvrage, d'où cette anticipation en fabriquant deux nouvelles sangles identiques à celles mises en place. Ces deux lanières sont dans une pochette en papier permanent, placée dans le tiroir de la boite. Enfin, nous avons décidé d'intégrer un livret des opérations de restauration au sein de la boite. Ce livret contient toute la partie restauration du manuscrit, afin que cette nouvelle étape de l’histoire du document soit connue et documentée. Il y a également une partie concernant la reliure pour la bonne compréhension de Cliché 119 : Deux fermoirs de rechange dans leur pochette en papier permanent

celle-ci par un tiers et permettant ainsi une intervention rapide si cela est nécessaire. Ce li-

vret contiendra aussi toutes les préconisations de conservation, de consultation et d'intervention, que nous allons développer afin de sensibiliser les lecteurs mais surtout les archivistes sur la bonne conduite à avoir vis-à-vis d'un tel document.

III. LES PRÉCONISATIONS DE CONSERVATION 1. Les conditions de consultation Malgré la numérisation, on ne peut envisager que le manuscrit ne soit plus consulté par la suite. Nous conseillons aux archivistes d'exploiter au maximum les clichés du manuscrit, mais pour des recherches plus poussées ou pour l'exposition du manuscrit, rien ne pourra remplacer l'objet. C'est pourquoi il est nécessaire d'avoir conscience des précautions à prendre lors de la consultation de l’ouvrage ou de son exposition. Les archives du diocèse étant en plein déménagement, nous ne savons si une salle de consultation spécifique sera dédiée. Dans l'ancien bâtiment, les archives était confinées dans une pièce exiguë sous les combles avec pour seul lieu de consultation, quelques tables au milieu des archives. Nous espérons que le déménagement aura un impact bénéfique aussi bien sur les conditions de consultations que sur les conditions de conservation.

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La manipulation reste aujourd'hui le premier facteur de dégradation des documents en parallèle des conditions de conservation. Il est important d'agir sur ce facteur en informant au maximum le public de lecteurs, la dégradation étant souvent causée plus par un manque d'information que par mauvaise volonté. Les lieux de consultation doivent mettre à disposition le matériel nécessaire pour une bonne consultation (coussin de lecture, lutrins,...) mais aussi une notice informative sur la bonne manipulation d'un ouvrage. Nous conseillons vivement aux archives de se procurer un coussin de lecture pour la consultation du manuscrit. Ce genre de matériel est tout à fait adéquat, l'ouvrage n'étant ni très grand, ni très lourd. Le coussin de lecture reste un outil peu onéreux, modulable et utilisable pour d'autres documents. Il n'est cependant pas recommandé pour les ouvrages ne supportant pas un degré d'ouverture très important. La raison pour laquelle nous préconisons l'utilisation d'un coussin est la suivante : bien que la reliure permette une ouverture optimale de l'ouvrage, le coussin donne une protection supplémentaire. De plus l'utilisation de gants peut être fastidieuse avec un changement pour chaque ouvrage et chaque lecteur. Nous y préférons des mains propres et une manipulation précautionneuse.

2. Les conditions de conservation Les conditions optimales en archives sont une humidité relative d'environ 50% et une température de 20°C. Ces conditions seraient parfaites pour la conservation du manuscrit. Mais la réalité est souvent tout autre. Nous ne pouvons que conseiller aux archivistes de se rapprocher de ces données mais nous préconisons surtout une réelle stabilité climatique. Ce sont les changements intempestifs et brusques qui restent le plus dangereux pour les documents. Il faut également mettre en place des actions de prévention sur les facteurs environnementaux en surveillant les conditions environnementales régulièrement et en agissant en conséquence. L'entretien des systèmes de climatisation, du bâtiment, la surveillance régulière de l'état sanitaire des collections sont des gestes qui permettront un bon suivi des collections et de réagir efficacement en cas de problème.

3. Les préconisations d'intervention Nous ne savons si le manuscrit a réellement subi une attaque microbienne, mais il reste fragilisé et un document fragilisé est plus facilement attaqué par toutes sortes d'agents biologiques. C'est pourquoi il est très important de surveiller les collections régulièrement.

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De plus, avec l'ajout du bois, le manuscrit est d'autant plus sensible à l'attaque d'insectes xylophages (qui ne peut se produire si la surveillance préconisée est mise en place). En cas d'infestation, nous pouvons conseiller aux archivistes de retirer les ais en bois du corps d'ouvrage. Il faut ensuite mettre les ais en bois dans une boite fermée hermétiquement afin de les isoler du reste des collections. Il serait alors plus raisonnable de faire de même avec le corps d'ouvrage dans une second boite. Sinon il suffit de mettre la totalité du manuscrit, ais et corps d’ouvrage dans une même boite fermée hermétiquement, mais la séparation des deux éléments reste aisée et permettrait de ralentir l’attaque. Cette intervention ne doit se faire qu'en cas d'urgence et être suivie de l'appel à un professionnel de la restauration. Ce dernier sera bien plus apte à intervenir dans ce cas et pratiquera sûrement une anoxie. C'est une opération qui doit être pratiquée par un professionnel et qui permettra d'enrailler la progression de l'attaque xylophage. Elle consiste à créer un atmosphère privé d'oxygène. Ces conseils ne sont qu'en cas de problème de gestion important, car comme nous l'avons dit, si les conditions environnementales des archives restent stables et surveillées régulièrement, il n'y a que peu de chance qu'un tel épisode se produise. Auquel cas, les archivistes doivent être prévenus des décisions à prendre et des bons gestes à avoir.

CONCLUSION Ainsi le manuscrit est relié et protégé aussi bien par la reliure que par la boite de conservation créée. Toutes les préconisations de conservation sont indéniablement importantes. La conservation préventive à travers la surveillance régulière des collections, des conditions environnementales est primordiale et permet ainsi d'éviter de grosses interventions de restauration et les catastrophes auxquelles peuvent faire face les archives (inondations, infestations...). La prévention reste un investissement beaucoup moins important que le coût des traitements de restauration résultant de gros dégâts. Ce sont ces considérations qui ne rendent que plus vrai le diction « mieux vaut prévenir que guérir ».

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CONCLUSION GENERALE Ce travail de mémoire a été l'occasion d'une véritable plongée au cœur du monde carolingien où se côtoient religion et savoir faire. Il a été aussi l'occasion de belles rencontres et d'échanges pluridisciplinaires très enrichissants. Les professionnels de tous les milieux auxquels nous avons demandé conseils on tous répondus présents, parfois au delà de nos espérances. Les matériaux constitutifs mais aussi la destination de l'objet ont été au cœur de nos prises de décisions en matière de restauration mais aussi pour le futur conditionnement. L'hygroscopie du parchemin nous a amené à penser spécifiquement à la reliure qui lui conférera sécurité, pérennité et stabilité. La restauration du manuscrit a apporté une réelle amélioration à son état de conservation et permet désormais de le consulter plus aisément tout en le préservant. De plus la numérisation photographique effectuée permet de limiter sa manipulation tout en ayant des visuels d'une grande qualité. Le questionnement d'une reliure bien spécifique et créée pour le manuscrit nous a poussé vers le bois : un matériau connu pour ces nombreuses applications dans divers domaines mais son étude précise nous a permis de mieux le comprendre et de l'appréhender. La poursuite de l’expérimentation afin de connaître précisément le comportement du bois sur une période plus longue serait une piste de recherches encore riche à explorer. Les manuscrits de la Dacheriana aidaient autrefois les membres de l'ordre clérical à ne pas se perdre au milieu des pénitentiels et des coutumiers régionaux. Il est aujourd'hui est le témoin de toute une époque et nous a permis d'explorer cet univers si particulier. Ce travail nous a ouvert les portes du monde de la recherche en participant notamment au colloque international Lyon dans l’Europe carolingienne Autour d’Agobard (816-2016). La participation a ce colloque nous a permis de mettre en avant le travail de restauration mais aussi les nombreuses recherches historiques effectuées mais également de mettre en avant et de faire connaître au monde scientifique le nouveau joyau que représente le manuscrit pour les Archives du diocèse de Lyon, un nouvel exemplaire de la Dacheriana.

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BIBLIOGRAPHIE PARTIE I : ÉTUDE TECHNIQUE ET HISTORIQUE ARTICLES [GRÉGORY G. R.] : GRÉGORY Gaspar René, "Les cahiers des manuscrits grecs",dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1885, p. 261 – 268 [HAENNI G.] : HAENNNI Gérard, "La Dacheriana mérite-t-elle une réédition?",dans Revue historique de droit français et étranger, 1956, p. 376 – 390 [LE BRAS G.,a] : LE BRAS Gabriel, "À propos de la Dacheriana",dans Revue historique de droit français et étranger, 1930, p. 518 – 524 MONOGRAPHIE [AITKEN Y. et al.] : AITKEN Yves, CADEL Françoise, VOILLOT Christian, Constituants fibreux des pâtes papiers et cartons Pratique de l'analyse, France, CTP & EFPIG, 1988, 272 p. [CASSAGNES-BROUQUET S.] : CASSAGNES-BROUQUET Sophie, Le livre au Moyen Âge, Rennes, Éditions OUEST-FRANCE, 2009, 158 p. [FOURNIER P.] : FOURNIER Paul, Histoire des collections canoniques en Occident, depuis les fausses décrétales jusqu'au décret de Gratien. De la réforme carolingienne à la réforme grégorienne , Paris, Édition Sirey, 1931 – 1932, 465 p. [GILBERT J-P.] : GILBERT Jean-Pierre, Tradition ou histoire de l’Église, sur le sacrement du mariage: tirée des monuments les plus authentiques de chaque siècle, tant de l'orient que de l'occident, Tome second, Paris, Jean Mariette Édition, 1725, 684 p. [KERY L.] : KERY Lotte, Canonical collections of the early Middle ages, (ca. 400-1140): a bibliographical guide to the manuscripts and literature , Washington, The Catholic University of America Press, 1999, 315 p. [LEMAIRE J.] : LEMAIRE Jacques, Introduction à la codicologie, Louvain la neuve, Édition Louvain la neuve, 1989, 265 p. [MUZERELLE D.] : MUZERELLE Denis, Vocabulaire codicologique, répertoire méthodique des termes français relatifs au manuscrits, Paris, Édition EMI, 1985, 265 p. [PARISSE M.] : PARISSE Michel, Manuel de paléographie médiévale, Paris, Édition Picard, 2006, 236 p. [SZIRMAI J. A.] : SZIRMAI Janos Alexander, The Archeology of Medieval Bookbinding, Londres, Routledge, 1999, 368 p. THÈSE DOCTORALE [GANIVET P.] : GANIVET Pierre, Recherches sur l'évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais de l'époque carolingienne aux lendemains de l'an mil, Thèse de Doctorat, Histoire en Droit, des Institutions et des Faits sociaux, Clermont-Ferrand, 2000, 606 p. SITOGRAPHIE [BVMM] : Base de données élaborée par l'IRHT et le CNRS, Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux, document en ligne : http://bvmm.irht.cnrs.fr/, consulté le 18/03/2016 [CNRTL] : Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales, Dictionnaire étymologique, document en ligne : http://www.cnrtl.fr, consulté le 15/02/16

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PARTIE III : ÉTUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE ARTICLE [AUBRY T., JENN B. & SCHOIRFER E.] : AUBRY Thierry, JENN Benoît & SCHOIRFER Erika, "La restauration des ais de bois des reliures médiévales",dans Support tracé n°11, ARSAG, 2011, p. 97 – 105 [DUBUS M. & LAURENT A-M.] : DUBUS Michel & LAURENT Anne-Marie, "Tout ce que vous devez savoir sur les vitrines en bois",dans Techné n°29, 2009, p. 101 – 108 [LAVIER C.] : LAVIER Catherine, "Le bois dans l'histoire des techniques du livre médiéval: intentionnalité et savoir-faire. Premières restitutions",dans La reliure médiévale, 2008, p. 255 – 265 [RISHOLM-SUNDMAN M. et al.] : RISHOLM-SUNDMAN Maria et al., "Emission of acetic acid and other volatile organic compounds from different species of solid wood",dans European Journal of Wood and Wood Products - Holz als Roh- und Werkstoff, volume 56, 1998, p. 125 – 129 MONOGRAPHIE [BERGEON LANGLE S., CURIE P. et REY A.] : BERGEON LANGLE Ségolène, CURIE Pierre et REY Alain , Peinture & dessin, vocabulaire typologique et technique, Paris, Éditions du Patrimoine, Centre des monuments nationaux, 2009, 1250 p. [DETIENNE P.] : DETIENNE Pierre, Cours illustré d'anatomie des bois, Paris, Édition Quae, 1988, 47 p. THÈSE DOCTORALE [COLMARS J.] : COLMARS Julien, Hygrométrie du matériau bois appliquée à la conservation du Patrimoine culturel: Étude sur la courbure des panneaux peints, Thèse de Doctorat, Université de Montpellier 2 Information, Structure, Système, Laboratoire de Mécanique et Génie Civil, Montpellier, 2011, 183 p. CORRESPONDANCE ÉLECTRONIQUE [JENN B.] : correspondance électronique avec JENN Benoît, restaurateur de mobilier, enseignant à l'INP, Choix d'un bois pour des ais de reliure, 2015 – 2016 SITOGRAPHIE [CNDB] : Comité National pour le Développement du Bois, Comité National du Développement du Bois, document en ligne : http://www.cndb.org/, consulté le 13/05/16 [JUAN J. Et al.] : JUAN Jacques et al. , Dossier Technique de l’Ingénieur: le matériau Bois, document en ligne : http://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/materiaux-th11/bois-

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PARTIE IV : RELIURE ET CONDITIONEMENT MONOGRAPHIE [ADAM C.] : ADAM Claude, Restauration des manuscrits et des livres anciens, Paris, Édition Erec, 1984, 166 p. [BROWN M. et al.] : BROWN Margaret et al., Boxes for the protection of rare books, their design and construction, Washington, Library of Congress, 1982, 280 p.

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INDEX DES CLICHÉS Cliché 1 : Cahier IIII.......................................................................................................................................20 Cliché 2 : Cahier V.........................................................................................................................................20 Cliché 3 : Cahier VII.......................................................................................................................................20 Cliché 4 : Cahier VIIII....................................................................................................................................20 Cliché 5 : Cahier XI........................................................................................................................................20 Cliché 6 : Cahier XII.......................................................................................................................................20 Cliché 7 : Cahier VIII.....................................................................................................................................20 Cliché 8 : Vue du premier bifeuillet du cahier A.............................................................................................20 Cliché 9 : Vue du premier bifeuillet du cahier B.............................................................................................20 Cliché 10 : Cahier IIII, f. 4v............................................................................................................................21 Cliché 11 : Cahier IIII, f. 2v............................................................................................................................21 Cliché 12: Vue du tracé de la réglure, Cahier V, f. 10v...................................................................................32 Cliché 13 : Tracé de la réglure qui a fendu le feuillet ,Cahier VIIII, f. 32v.....................................................32 Cliché 14 : Piqûres placées en gouttière, Cahier IIII, f. 5r..............................................................................33 Cliché 15 : Vue des dernières lignes du f. 1, cahier IIII..................................................................................35 Cliché 16 : Vue de la deuxième réglure présente sur le feuillet 1 du cahier IIII..............................................35 Cliché 17 : Vue de la partie grattée, f. 23r, cahier VIII....................................................................................36 Cliché 18 : Cahier XI, milieu de cahier, morceau de septain..........................................................................37 Cliché 19 : Lettre "a" ouverte du mot "sacerdos", f. 3r, cahier IIII..................................................................41 Cliché 20 : Lettre "a" du mot « fratrum », composée d'un trait oblique avec un crochet, f. 2R, cahier IIII.....41 Cliché 21 : "quā", f. 6r, cahier V.....................................................................................................................41 Cliché 22 : "profanos", F6R, cahier V............................................................................................................42 Cliché 23 : "preparatus", F17r, cahier VII.......................................................................................................42 Cliché 24 : "permanus", F6r, cahier V............................................................................................................42 Cliché 25 : ligature des lettres "e" et "t" formant l'esperluette & dans le mot "etiam", cahier VII, f. 14r........42 Cliché 26 : Tête d'un personnage, f. 1v, cahier IIII.........................................................................................43 Cliché 27 : Vue du f. 1v du cahier IIII sous lumière ultra-violette..................................................................45 Cliché 28 : Caméra multi-spectrale du laboratoire Lumière Technology........................................................45 Cliché 29 : Mise en place de la plaque de teflon derrière le feuillet 1 du cahier IIII.......................................45 Cliché 30 : Montage pour l’analyse du palimpseste........................................................................................46 Cliché 31 : Document mis en place sur le système pour l'analyse..................................................................46 Cliché 32 : L. A. M. # 225, "dicit"..................................................................................................................46 Cliché 33 : L. A. M. # 475, "dicit"..................................................................................................................46 Cliché 34 : L. A. M. # 225, "habeo"................................................................................................................46 Cliché 35 : L. A. M. # 475, "habeo"................................................................................................................46 Cliché 36 : "d", f. 3, cahier IIII.......................................................................................................................47 Cliché 37 : "d" du palimpseste........................................................................................................................47 Cliché 38 : "d", f. 1, cahier IIII.......................................................................................................................47 Cliché 39 : f. 7r, cahier V, lignes 9 à 11, Manuscrit du diocèse.......................................................................54 Cliché 40 : Introduction des décrets de Grégoire II au sein du ms. 571, f. 107v. © D. Nicole, BML..............55 Cliché 41 : Vue du début des décrets du Pape Grégoire sur le f. 23r, cahier VIII............................................56 Cliché 42 : Vue du décret 17 ajouté par le même scribe postérieur à l'écriture du manuscrit..........................57 Cliché 43 : f. 48v, cahier XII...........................................................................................................................58 Cliché 44 : Vue de follicules pileux en amas, cahier VIIII..............................................................................70 Cliché 45 : Follicules pileux cahier VIIII........................................................................................................71 Cliché 46 : Vue des follicules pileux d'un morceau de parchemin ajouté au sein du cahier V. Loupe binoculaire, grossissement x40. .....................................................................................................................71 Cliché 47 : f. 47r, cahier XII. Vue d'une lacune de fabrication........................................................................74 Cliché 48 : f. 47v, cahier XII, vue de la même lacune au verso......................................................................74 Cliché 49 : f. 15r, cahier VI, trace blanchâtre, possible résidus de calcite.......................................................74 Cliché 50 : Cahier IIII, f. 1, 17e ligne. Grossissement x20.............................................................................75 Cliché 51 : Cahier VIIII, f. 30, 16e ligne. Grossissement x20.........................................................................75

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Cliché 52 : Cahier XIII, f. 55, 5e ligne. Grossissement x20............................................................................75 Cliché 53 : Encre rouge, cahier XI, f. 40v, 16e ligne. Grossissement x20.......................................................78 Cliché 54 : Encre rouge noircie, cahier V, f. 6, 6e ligne. Grossissement x20..................................................78 Cliché 55 : Encre orangée avec un début de noircissement, cahier V, f. 6, 4e ligne. Grossissement x20........78 Cliché 56 : Encre rouge blanchie, cahier XI, f. 45v, 19e ligne. Grossissement x20........................................78 Cliché 57 : Vue en lumière rasante, Cahier IIII...............................................................................................82 Cliché 58 : Vue en lumière rasante, Cahier XIII.............................................................................................82 Cliché 59 : Vue en lumière rasante, Cahier XII...............................................................................................82 Cliché 60 : Macrophotographie de la fragilité structurelle en tête du cahier XII. Grossissement x40.............82 Cliché 61 : Vue de la fragilité structurelle du parchemin en tranche de tête sur les cahiers VIII, VIIII, XI et XII.................................................................................................................................................................. 83 Cliché 62 : Vue des tranches noircies des neuf cahiers...................................................................................83 Cliché 63 : Cahiers XII et VII mis en regard afin de comparer leur différence d'empoussièrement................86 Cliché 64 : f. 59v, cahier XIII.........................................................................................................................87 Cliché 65 : Auréole visible sur le cahier XIII, f. 57v.......................................................................................87 Cliché 66 : f. 59v, cahier XIII,........................................................................................................................88 Cliché 67 : Cahier VIII, f. 27, 4e ligne. Grossissement x30............................................................................88 Cliché 68 : Cahier V, f. 6, 8e et 9e ligne. Grossissement x30..........................................................................88 Cliché 69 : Cahier VIII, f. 25, vue de la migration de l'encre..........................................................................89 Cliché 70 : Résidus tombés des cahiers lors de la mise en défet des septains et liens en parchemin...............93 Cliché 71 : Passage de l'aspirateur à micro-filtre absolu dans le fond du bifeuillet 40-43, cahier XI..............93 Cliché 72 : f. 16, Cahier VII, Après gommage à la gomme éponge latex........................................................95 Cliché 73 : f. 16, Cahier VII, Avant intervention de restauration....................................................................95 Cliché 74 : Dos du cahier V, f. 11v, avant décrassage.....................................................................................98 Cliché 75 : Dos du cahier V, f. 11v, après décrassage.....................................................................................98 Cliché 76 : Cahier IIII, f. 1, après décrassage à la salive synthétique..............................................................98 Cliché 77 : Cahier VIII, après 20 heures d'humidification............................................................................103 Cliché 78 : Cahier VI, après 17 heures d'humidification...............................................................................103 Cliché 79 : Mise à plat sur table aspirante....................................................................................................106 Cliché 80 : Mise à plat du bifeuillet 2-3 , cahier IIII.....................................................................................106 Cliché 81 : Système de presse mis en place pour la stabilisation..................................................................107 Cliché 82 : Pose d'un morceau de peau de baudruche...................................................................................112 Cliché 83 : f. 1, Cahier IIII, retouche au crayon de couleur du papier de comblement..................................116 Cliché 84 : Vue du f. 4, cahier IIII après comblement des lacunes................................................................116 Cliché 85 : Numérisation du manuscrit du diocèse. © A. Zerrouck..............................................................117 Cliché 86 : Vue du type de couture envisagé avec les tranchefiles et le dos..................................................119 Cliché 87 : Vue du système de couvrure et de gardes insérées dans le rempli..............................................121 Cliché 88 : Vue du dos, du système avec les ais recouverts de parchemin et du type de fermoir envisagé...122 Cliché 89 : Vue du système de blocage des nerfs dans les remplis des gardes et du dos...............................123 Cliché 90 : Comparateur à cadran métrique gradué à 0,01 mm.....................................................................141 Cliché 91 : Vue du dispositif au sein de la chambre d'humidification en bois de cèdre.................................142 Cliché 92 : Vue de la couture réalisée...........................................................................................................159 Cliché 93 : Vue de la tranchefile de tête réalisée...........................................................................................160 Cliché 94 : Vue de la tranchefile de queue réalisée.......................................................................................160 Cliché 95 : Schéma du dos............................................................................................................................160 Cliché 96 : Vue du dessus de la même opération..........................................................................................160 Cliché 97 : Vue du dos mis en place après avoir fouetté les nerfs.................................................................160 Cliché 98 : Premier passage des nerfs dans le dos, vu à l'intérieur du dos....................................................161 Cliché 99 : Premier passage des nerfs dans le dos vu du dos........................................................................161 Cliché 100 : Vue des deux ais du dessus avec les mors arrondis...................................................................162 Cliché 101 : Vue de l'arrondi créé qui se situera au niveau des mors............................................................163 Cliché 102 : Placement des nerfs sur les ais..................................................................................................163 Cliché 103 : Schéma de la couvrure pour une ais.........................................................................................164 Cliché 104 : Ais et couvrure troués pour le passage des nerfs.......................................................................164

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Cliché 105 : Passage des nerfs dans l'ais.......................................................................................................164 Cliché 106 : Placement des ais après le passage des nerfs............................................................................164 Cliché 107 : Passage des nerfs dans le rempli des garde et du dos................................................................165 Cliché 108 : Nerfs passés dans les replis et coupés en biseau.......................................................................165 Cliché 109 : Insertion des gardes dans le rempli...........................................................................................165 Cliché 110 : Vue de la reliure depuis l'ais inférieur.......................................................................................166 Cliché 111 : Vue de la reliure depuis l'ais supérieur......................................................................................166 Cliché 112 : Vue de la reliure ouverte à 180°................................................................................................166 Cliché 113 : Vue du premier compartiment composant la boite. ..................................................................168 Cliché 114 : Vue du premier compartiment avec le manuscrit mis en place.................................................168 Cliché 115 : Vue du second compartiment qui s’emboîte sur le premier.......................................................168 Cliché 116 : Vue de la boite assemblée.........................................................................................................168 Cliché 117 : Vue du tiroir de la boite............................................................................................................169 Cliché 118 : Vue de la mise ne page des défets dans le livret crée................................................................169 Cliché 119 : Deux fermoirs de rechange dans leur pochette en papier permanent........................................170 Cliché 120 : Vue du septain au sein du cahier IIII, zone de prélèvement pour l'identification des fibres.....192 Cliché 121 : Vue d'une fibre du septain de reliure sous microscope. Grossissement x 40.............................192 Cliché 122 : # 135........................................................................................................................................193 Cliché 123 : # 85...........................................................................................................................................193 Cliché 124 : Vue au microscope (x64) de l'échantillon.. © Sébastien Aze....................................................199 Cliché 125 : Avant prélèvement de l'encre rouge-orange. Lettre « q », 3e ligne...........................................199 Cliché 126 : Après prélèvement de l'encre rouge-orange. Lettre « q », 3e ligne...........................................199 Cliché 127 : Observation sous microscope, grossissement x40....................................................................200 Cliché 128 : Observation sous microscope, grossissement x10....................................................................200 Cliché 129 : Vue du recto du feuillet n°1, cahier IIII....................................................................................202 Cliché 130 : Vue du recto du feuillet n°6, cahier V.......................................................................................203 Cliché 131 : Vue du recto du feuillet n°56, cahier VI...................................................................................204 Cliché 132 : Vue du feuillet n°16, cahier VII................................................................................................205 Cliché 133 : Vue du recto du feuillet n°24, cahier VIII.................................................................................206 Cliché 134 : Vue du recto du feuillet n°30 cahier VIIII.................................................................................207 Cliché 135 : Vue du recto du feuillet n°38, cahier XI...................................................................................208 Cliché 136 : Vue du feuillet n°46, cahier XII................................................................................................209 Cliché 137 : Vue du recto du feuillet 54, cahier XIII....................................................................................210 Cliché 138 : Cahier V, f. 7.............................................................................................................................212 Cliché 139 : Cahier V, f. 7.............................................................................................................................212 Cliché 140 : Cahier V, f. 8.............................................................................................................................212 Cliché 141 : Cahier VII, f. 17........................................................................................................................212 Cliché 142 : Cahier VII, f. 17 verso..............................................................................................................212 Cliché 143 : Cahier VII, f. 18........................................................................................................................212 Cliché 144 : Cahier XI, f. 38.........................................................................................................................212 Cliché 145 : Cahier VI, f. 15 verso...............................................................................................................212 Cliché 146 : f. 10, cahier V. © A. Zerrouck...................................................................................................220 Cliché 147 : f. 13v, cahier VI. © A. Zerrouck...............................................................................................220

INDEX DES ILLUSTRATIONS Illustration 1 : Moine assemblant les cahiers d'un manuscrit; f. 1v, Msc. Patr.5, Staatsbibliothek, Bamberg..22 Illustration 2 : Moine rognant les pages d'un manuscrit; f. 1v, Msc. Patr.5, Staatsbibliothek, Bamberg.........32 Illustration 3 : Moine relieur; f. 1v, ms. Patr.5, Staatsbibliothek, Bamberg.....................................................36 Illustration 4 : Carte de l'Empire carolingien. © Éditions Nathan...................................................................40 Illustration 5 : Alençon, Bibl. mun., ms. 0053, t. II, f. 163v............................................................................43 Illustration 6 : Angers, Bibl. mun., ms. 0194, f. 10v.......................................................................................44 Illustration 7 : f. 23v ligne 17 à 19, § XVIIII du livre I, ms. 571, © D. Nicole, BML.....................................53 Illustration 8 : Décret du Pape Grégoire II, F37v, Latin 10741, © Gallica......................................................60 Illustration 9 : Signe en marge du f. 84, Latin 10741, marquant le début du "quatrième livre". © Gallica.....61

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Illustration 10 : Parchemin de veau. ©[IDAP]................................................................................................71 Illustration 11 : Moine parcheminier utilisant un lunellarium; f. 1v, ms. Patr.5, Staatsbibliothek, Bamberg...73 Illustration 12 : Réflectographie Infrarouges 1000 nanomètres, f. 1, cahier IIII. © Lumière Technologie..................................................................................................................................77 Illustration 13 : (a) blanc de plomb, (b) litharge, (c) minium, (d) massicot. [AZE S., VALLET J-M. et al.]© 79 Illustration 14 : Enceinte climatique. © [GIOVANNINI A.,c]......................................................................100 Illustration 15 : Rivet fixé sur le champs de l'ais. ©J. A. Szirmai.................................................................122 Illustration 16 : Différentes zones du bois. ©[BERGEON LANGLE S., CURIE P. et REY A.]...................128 Illustration 17 : Vue du type de boîte de conservation.[BROWN M. et al.], p189. ......................................167 Illustration 18 : Détail. Grossissement x 160. Coloration jaune brun au réactif HERZ-BERG. ©[AITKEN Y. et al.].............................................................................................................................................................192 Illustration 19 : Applati1 : la fibre, une partie de celle-ci (entre la structure hélicoïdale) ou des fragments sont étendues et plats. ©[IDAP]...........................................................................................................................200 Illustration 20 : Brisé : les fissures ou l'aspect partiellement brisé à la surface de la fibre ou le plus souvent le fragment de fibre.© [IDAP]..........................................................................................................................200

INDEX DES SCHÉMAS Schéma 1 : Organisation du cahier IIII...........................................................................................................25 Schéma 2 : Organisation du cahier V..............................................................................................................25 Schéma 3 : Organisation du cahier A..............................................................................................................25 Schéma 4 : Organisation du cahier B..............................................................................................................26 Schéma 5 : Exemple d'un talon. © A. Ilher.....................................................................................................27 Schéma 6 : Exemple d'un feuillet ajouté cousu sur un onglet. © A. Ilher.......................................................27 Schéma 7 : Exemple d'un préservateur. © A. Ilher..........................................................................................28 Schéma 8 : Exemple d'un fond de cahier. © A. Ilher.......................................................................................28 Schéma 9 : Illustration de la Loi Grégory.......................................................................................................29 Schéma 10 : Disposition du parchemin, exemple d'un quaternion, empilement de bifeuillets les uns sur les autres.............................................................................................................................................................. 29 Schéma 11 : Disposition des côtés chair et fleur au sein du cahier IIII...........................................................30 Schéma 12 : Disposition des côtés chair et fleur au sein du cahier V..............................................................31 Schéma 13 : Disposition des côtés chair et fleur au sein du cahier B..............................................................31 Schéma 14 : Réglure du manuscrit du diocèse................................................................................................33 Schéma 15 : Répartitions des trous de reliure dans les fonds de cahiers du manuscrit....................................37 Schéma 16 : Sources et héritages de la Dacheriana depuis l'Antiquité............................................................49 Schéma 17 : Zoom sur une molécule de collagène. ©[ASSOCIATION ORCHIS].........................................69 Schéma 18 : Vue en coupe de la peau. ©[ASSOCIATION ORCHIS]............................................................70 Schéma 19 : Orientation des fibres dans la peau. ©[HAINES B.]..................................................................72 Schéma 20 : Différentes parties de la peau. ©[ASSOCIATION ORCHIS].....................................................72 Schéma 21 : Mise en tension sur châssis, perspective. ©A. Ihler.................................................................104 Schéma 22 : Mise en tension sur châssis, recto. ©A. Ihler ...........................................................................105 Schéma 23 : Mise en tension sur châssis, verso. ©A. Ihler...........................................................................105 Schéma 24 : Mise en tension sur planche. ©A. Ihler....................................................................................105 Schéma 25 : Vue en perspective de la mise en tension sur planche. ©A. Ihler.............................................105 Schéma 26 : Démonstration de la souplesse du dos en fonction de la souplesse du matériau du corps d'ouvrage : (c) : Dos peu flexible/Matériau souple (d) : Dos peu flexible/Matériau peu souple...................................................................................................120 Schéma 27 : (a) : Dos flexible/Matériau souple (b) : Dos flexible/Matériau peu souple..........................................................................................................120 Schéma 28 : Attelle du dos aux plats grâce aux nerfs de couture..................................................................123 Schéma 29 : Vue des trois plans de coupe du bois. © A. Ihler......................................................................130 Schéma 30 : Vue des planches débitées sur quartier et sur dosse. ©A. Ilher.................................................131 Schéma 31 : Plan de coupe et de pliage des gardes.......................................................................................157

183


Schéma 32 : Plan de coupe et de pliage des intercalaires..............................................................................157 Schéma 33 : Patron de l'âme des deux tranchefiles. © [KRICHE M.]..........................................................159 Schéma 34 : Organisation du cahier IIII.......................................................................................................202 Schéma 35 : Organisation du pliage de la peau, cahier IIII...........................................................................202 Schéma 36 : Organisation du cahier V..........................................................................................................203 Schéma 37 : Organisation du pliage de la peau, cahier V.............................................................................203 Schéma 38 : Organisation du cahier VI.........................................................................................................204 Schéma 39 : Organisation du pliage de la peau, cahier VI............................................................................204 Schéma 40 : Organisation du cahier VII.......................................................................................................205 Schéma 41 : Organisation du pliage de la peau, cahier VII...........................................................................205 Schéma 42 : Organisation du cahier VIII......................................................................................................206 Schéma 43 : Organisation du pliage de la peau, cahier VIII.........................................................................206 Schéma 44 : Organisation du cahier VIIII.....................................................................................................207 Schéma 45 : Organisation du pliage de la peau, cahier VIIII.......................................................................207 Schéma 46 : Organisation du cahier XI........................................................................................................208 Schéma 47 : Organisation du pliage de la peau, cahier XI............................................................................208 Schéma 48 : Organisation du cahier XII.......................................................................................................209 Schéma 49 : Organisation du pliage de la peau, cahier XII...........................................................................209 Schéma 50 : Organisation du cahier XIII......................................................................................................210 Schéma 51 : Organisation du pliage de la peau, cahier XIII.........................................................................210

INDEX DES TABLEAUX Tableau 1 : Récapitulatif des signatures des cahiers...........................................................................21 Tableau 2 : Récapitulatif des bandes de parchemin présentes sur l'ensemble du manuscrit..............26 Tableau 3 : Récapitulatif des bandelettes de parchemin couchées au sein des quatre cahiers irréguliers............................................................................................................................................28 Tableau 4 : Répartition des cahiers selon le nombre de lignes par feuillets.......................................34 Tableau 5 : Répartition et quantité des éléments de reliure au sein de chaque cahier........................37 Tableau 6 : Classement des manuscrits de la Dacheriana selon leur forme.......................................51 Tableau 7 : Contenu du livre I de la Dacheriana manuscrit du diocèse..............................................55 Tableau 8 : Contenu du livre II de la Dacheriana, manuscrit du diocèse...........................................57 Tableau 9 : Contenu du livre III de la Dacheriana, manuscrit du diocèse..........................................59 Tableau 10 : Pourcentage des composants d'une peau brute et d'un parchemin.................................75 Tableau 11 : Tableau récapitulatif des feuillets lacunaires dans le manuscrit....................................85 Tableau 12 : Étapes générales de traitement.......................................................................................91 Tableau 13 : Tests de décrassage........................................................................................................97 Tableau 14 : Tableau comparatif des deux adhésifs pour la consolidation de surface d'un parchemin affaibli...............................................................................................................................................109 Tableau 15 : Tableau comparatif de trois colle pour le choix de l'adhésif dans les comblements des lacunes..............................................................................................................................................114 Tableau 16 : Exemple de bois selon les deux essences....................................................................132 Tableau 17 : Ratio des molécules constitutives du bois...................................................................133 Tableau 18 : Dureté et densité de certains bois................................................................................133 Tableau 19 : Durabilité des bois face aux attaque d’insectes et de champignons............................134 Tableau 20 : Dégagement de COV de neuf bois...............................................................................136 Tableau 21 : pH de certains bois feuillus et résineux.......................................................................137 Tableau 22 : Valeurs obtenues sur les quatre échantillons de hêtre..................................................144 Tableau 23 : Mesure de ΔL et calcul de ΔL/L des quatre échantillons de hêtre...............................145 Tableau 24: Incertitudes sur les données des échantillons de hêtre..................................................145 Tableau 25 : Résultats de l'expérience pour le hêtre.........................................................................146 Tableau 26 : Résultats de l'expérience pour le balsa........................................................................149 184


Tableau 27 : Résultat de l'expérience pour le sapin..........................................................................151 Tableau 28 : Nombre de lignes par feuillet, manuscrit du diocèse...................................................191 Tableau 29 : Récapitulatif de la comparaison du manuscrit du diocèse avec le ms. 571.................195 Tableau 30 : Récapitulatif de la comparaison du manuscrit du diocèse avec le Latin 10741.........196 Tableau 31 : Résultats de l'expérimentation sur le hêtre..................................................................224 Tableau 32 : Résultats de l'expérimentation sur le sapin..................................................................225 Tableau 33 : Résultats de l'expérimentation sur le balsa..................................................................226

INDEX DES GRAPHIQUES Graphique 1 : Évolution thermo-hygrométrique au sein de la chambre lors de l'humidification du cahier VIII ...................................................................................................................................................................... 101 Graphique 2 : Temps d'humidification par cahier.........................................................................................102 Graphique 3 : Relevés thermo-hygrométriques au sein de la chambre après humidification de chaque cahier ...................................................................................................................................................................... 102 Graphique 4 : Allongement relatif des échantillons de hêtre.........................................................................147 Graphique 5 : Résultats de l'échantillon Hêtre 1, courbe de tendance logarithmique....................................148 Graphique 6 : Allongement relatif des échantillons de balsa.........................................................................150 Graphique 7 : Allongement des échantillons de sapin..................................................................................152 Graphique 8 : Identification du pigment rouge-orangé par micro-spectrométrie Raman, spectre obtenu, comparé au spectre de référence du minium (Pb3O4)..................................................................................199 Graphique 9 : Relevé thermo-hygrométrique du mois de Janvier 2016........................................................214 Graphique 10 : Relevé thermo-hygrométrique du mois de Février 2016......................................................214 Graphique 11 : Relevé thermo-hygrométrique du mois de Mars 2016..........................................................215 Graphique 12 : Relevé thermo-hygrométrique du mois d'Avril 2016............................................................215 Graphique 13 : Relevé thermo-hygrométrique du mois de Mai 2016...........................................................216

INDEX DES DIAGRAMMES Diagramme 1 : Organisation interne du manuscrit..........................................................................................23 Diagramme 2 : Organisation initiale du manuscrit..........................................................................................63 Diagramme 3 : Organisation finale du manuscrit............................................................................................63

185



ANNEXES



PARTIE I : ÉTUDE TECHNIQUE ET HISTORIQUE ANNEXE I :

Lexique

Les définitions de ces termes pont été rassemblés à partir des ouvrages suivants : • • • •

Sous la direction de GÉHIN Paul, Lire le manuscrit médiéval, Paris, Armand Colin, 2005 ; [MUZERELLE D.], MUZERELLE Denis, Vocabulaire codicologique, répertoire méthodique des termes français relatifs aux manuscrits, éditions EMI, Paris, 1985 ; [LEMAIRE J.], LEMAIRE Jacques, Introduction à la codicologie, Louvain la neuve, 1989 ; [CNRTL], Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales, Dictionnaire étymologique, document en ligne : http://www.cnrtl.fr.

Bifeuillet

Feuille pliée en deux

Binion

Cahier composé de deux bifeuillets, soit 4 feuillets ou 8 pages

Cahier

Ensemble de bifeuillets emboîtés les uns dans les autres et unis par un même passage du fil de reliure

Codex

Soit un volume au sens moderne, cahiers reliés au moyen d'un fil de couture. En opposition aux volumen, les rouleaux que l'on utilisaient précédemment

Collation

Formule finale qui indique le nombre de feuillets ou de cahiers qui compose un volume

Feuillet

Ensemble de deux pages, recto et verso. Noté « f. . »

Foliotation

Numérotation individuelle de chaque feuillet (l'ensemble recto-verso)

Fond de cahier

Bande de parchemin ou de papier inséré au dos d'un cahier, au niveau du pli central d'un bifeuillet

Octonion

Cahier composé de huit bifeuillets

Onglet

Bande de parchemin ou de papier à laquelle un feuillet est cousu ou collé

Pagination

Numérotation qui porte sur la page et distingue donc le recto du verso par des chiffres différents

Préservateur

Bandelette de parchemin ou de papier placée au centre d'un bifeuillet, en milieu de cahier afin que celui-ci supporte la couture

Quaternion

Cahier composé de quatre bifeuillets

Queue

Partie inférieure du volume (opposée à la tête)

Quinion

Cahier composé de cinq bifeuillets

Rubrique

Venant du latin « rubricus » signifiant rouge. [Dans un ms. anc.] Titre, mot ou manchette tracés à la main en encre de couleur (le plus souvent rouge)

Sénion

Cahier composé de six bifeuillets

Septénion

Cahier composé de sept bifeuillets

Signature

Marque laissée pour la numérotation des cahiers ou des bifeuillets

Talon

Le talon est ce qui reste d'un feuillet coupé à peu de distance de la couture, ce qui permet au feuillet isolé d’être pris dans la couture

Ternion

Cahier composé de trois bifeuillets 189


Tête

Partie supérieure du volume

Tranchefile

Sert à consolider les deux extrémités du dos. C'est une couture de renforcement exécutée sur un nerfs supplémentaire au moyen de cuir tressé ou de fils brodés, indépendamment du fil de couture.

Tranches

Chacune des trois faces du volume où apparaissent les bords non cousus des cahiers

Réglure

Ensemble de lignes tracées sur la page pour délimiter la surface à écrire et guider l’écriture

Septain

Un septain est une grosse ficelle de chanvre ou de lin le plus souvent et composée de sept brins épais

190


ANNEXE II : Cahier

Nombre de lignes par feuillet au sein du manuscrit du diocèse Numéro feuillet

Nombre de ligne

Cahier IIII

1

19

2

18

3

18

4

18

5

18

6

20

7 Lacunaire 8 Lacunaire

Cahier V

9

20

10 Lacunaire 11

20

12

20

13

20

14 Lacunaire Cahier VII

Cahier VIII

15

19

16

19

17

20

18

20

19

20

20

20

21

20

22

20

23 (rajout de lignes: palimpseste)

Cahier VIIII

Cahier XI

Cahier XII

24 24

21

25

20

26

23

27

23

28

23

29

23

30

23

31

23

32

23

33

23

34

23

35

23

36

23

37

24

38

24

39

23

40

23

41

23

42

23

43

23

44

23

45

23

46

23

47

23

48

23

49 (pas de rubriques, lignes sautées)

Cahier A

Cahier B

23 50

23

51

23

52

23

53

23

54

23

55

23

56

20

57

20

58

20

59

20

Tableau 28 : Nombre de lignes par feuillet, manuscrit du diocèse

191


ANNEXE III :

Observation des fibres de septain N'ayant aucune information sur une éventuelle reliure, excepté les trous du dos et les éléments de reliure encore présents au sein du cahier, nous avons souhaité identifier la nature du septain présent au sein des cahiers. Nous avons donc procéder à un test de défibrage, suivi d'une obser-

Cliché 120 : Vue du septain au sein du cahier IIII, zone de prélèvement pour l'identification des fibres

vation sous microscope afin de comparer nos images avec les manuels de restauration.

Test par défibrage Produits et matériel nécesProtocole : saire : Prélever un échantillon de la ficelle Papier filtre Déposer l'échantillon sur un verre montre Verre de montre Faire chauffer le carbonate dans une éprouvette et le déposer Lame de microscope sur l'échantillon Acide acétique Retirer l'excès avec le papier filtre Carbonate de sodium à 5% Rincer à l'eau déminéralisée Eau déminéralisée Ajouter quelques gouttes d'acide acétique et retirer l'excédant avec un papier filtre puis rincer à l'eau déminéralisée Déposer les fibres sur une lame de microscope, déposer une goutte d'eau déminéralisée et observer au microscope Observations et conclusions : La fibre est longue et striée. Nous avons mis cette image en rapport avec la base de données que nous avions pour identifier cette fibre. Suite à nos observations visuelles, nous pouvons confirmer que l'échantillon est composé de fibres de jute. La fibre est striée sur toute sa longueur, elle est plutôt fine et régulière, et correspond visiblement à l'image de la fibre de jute ci-dessus.

Illustration 18 : Détail. Grossissement x 160. Coloration jaune brun au réactif HERZBERG. ©[AITKEN Y. et al.]

Cliché 121 : Vue d'une fibre du septain de reliure sous microscope. Grossissement x 40

192


ANNEXE IV :

Clichés issus de l'analyse L. A. M.

Cliché 122 : # 135

Cliché 123 : # 85

193


ANNEXE V :

DĂŠcrets de GrĂŠgoire II

1. Si quis presbyteram duxerit in coniugium, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 2. Si quis diaconam duxerit in coniugio, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 3. Si quis monacham, quam dei ancillam appellant, in coniugium duxerit, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 4. Si quis commatrem spiritalem duxerit in coniugium, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 5. Si quis fratris uxorem duxerit in coniugium, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 6. Si quis neptam duxerit in coniugium, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 7. Si quis novercam aut nurum suam duxerit in coniugium, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 8. Si quis consobrinam suam duxerit in coniugium, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 9. Si quis de propria cognatione, vel quam cognatus habuerit, duxerit uxorem, anathemasit. Et responderunt omnes tertio: anathemasit. 10. Si quis viduam rapuerit vel furatus fuerit in uxorem vel consentientes ei, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 11. Si quis virginem, nisi desponsaverit, rapuerit vel furatus fuerit in uxorem vel consentientes e i anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 12. Siquis ariolos, aruspices vel incantatores observaverit aut filacterius usus fuerit, sit. Et responderunt omnes tertio anathemasit.

anathema-

13. Si quis in quoquam partem vel praecepta ante emissa apostolicae ecclesiae de olivetis et locis diversis temeraverit et non in omnibus observaverit, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 14. Hadriano filio Exhilarati, qui post praestito sacramento in apostolica confessione Epiphania m diaconam illicito ausu in uxorem habet, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 15. Epiphania diacona, qui post praestito sacramento cum Hadriano Exhilarati filio fuga lapsa es t in uxorem, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 16. Si quis eis in tam crudeli actu assensum praebuerit, anathemasit. Et responderunt omnes tertio anathemasit. 17. Si quis ex clericis relaxaverit comam, anathemasit.

anathemasit.

194

Et

responderunt

omnes

tertio


ANNEXE VI :

Tableau récapitulatif de la comparaison du ms. 571 avec le

manuscrit du diocèse

STRUCTURE DE LA DACHERIANA

LECTURE DU MS 571

FEUILLETS DU MS 571 CORRESPONDANT AU MANUSCRIT DU DIOCÈSE

f. 1 à f. 4v : livre I Table des matière

Pas de table des matières

f. 5 à f. 10 : livre II f. 10 à f. 17r : livre III

Livre I

f. 17v à f. 23v

f. 23v + f. 117r à f. 122v

f. 117 à f. 124

f. 122v à f. 124v

f. 109 à f. 116

f. 109 à f. 116v

f. 101 à f. 108

f. 101r à f. 102r f. 103v à f. 107v + f. 108v

Livre II

f. 98v à f. 100v

f. 98v à f. 100v

f. 87 à f. 92v

f. 87 à f. 92v

f. 79 à f. 86v

f. 79 à f. 86v

f. 71 à f. 78v

f. 71 à f. 73 r f. 73r à f. 78v

f. 63 à f. 70v

f. 63 à f. 70v

f. 55 à f. 56v

f. 47 à f. 54v

f. 51r à f. 54v

f. 39 à f. 46v

f. 39 à f. 46v

f. 31 à f. 38v

f. 31r à f. 32r f. 32r à f. 38v

f. 23bis à f .30v

f. 23bis à f. 29r f. 29r à f. 30v

f. 125 à f. 130v

Cahier IIII

Cahier V

Cahier VI (B) Cahier VII

Cahier VIII

Cahier VIIII Cahier X manquant, transition entre le livre II et le livre III

f. 57r à f. 62v

Livre III

CAHIERS DU MANUSCRIT DU DIOCÈSE

f. 125 à f. 130v

Cahier XI

Cahier XII Cahier XIII (A)

Tableau 29 : Récapitulatif de la comparaison du manuscrit du diocèse avec le ms. 571

195


ANNEXE VII : Tableau récapitulatif de la comparaison du ms. Latin 10741 avec le manuscrit du diocèse Structure de la Dacheriana

Latin 10741

Cahiers du manuscrit du Diocèse

Table des matière du Livre I

f. 1 recto et verso

Pas de table des matières

f. 6r - 9v

Cahier IIII

f. 10r – 17r

Cahier V

f. 17r - 23r

Cahier VI

f. 23v à f. 26r

Pas de table des matières

f. 26rv - f. 32v

Cahier VII

f. 32v - f. 36v

Cahier VIII

f. 37v - f. 48r

Cahier VIIII

f. 50r à f. 53r

Pas de table des matières

f. 59v - f. 68r

Cahier XI

f. 68r - f. 76v

Cahier XII

f. 76v – f. 84v

Cahier XIII

Livre I Table des matière du Livre II Livre II Table des matière du Livre III Livre III

Tableau 30 : Récapitulatif de la comparaison du manuscrit du diocèse avec le Latin 10741

196


PARTIE II : CONSERVATION-RESTAURATION ANNEXE I :

Tests pour déterminer la nature des encres brunes

Étant donné la nature et la date d'estimation de rédaction du document, nous pouvons d'ores et déjà avancer que les encres brunes utilisées sont de nature métallo-gallique ou à base de carbone. De part leur coloration, allant du noir au brun clair, notre hypothèse est qu'il s'agirait d'encres ferrogalliques. Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, nous avons réalisés des test à la bathophénantroline et à l'acide ascorbique sur toutes les encres du manuscrit.

Test à la bathophénantroline et à l'eau déminéralisée Produits et matériel nécessaire : Buvard propres pour protéger la zone à analyser Ciseaux Pince Plioir en os Bandelettes imprégnées du réactif, découpées en triangle Eau déminéralisée Protocole : La zone à analyser doit être dépoussiérée et mise sur un buvard propre Découper les petites bandelettes imprégnées de réactif en petits triangles (préalablement essuyer les ciseaux avec un chiffon propre afin d’ôter tous les ions libres qui pourraient interférer et fausser le test, faire de même avec la pince si celle-ci est en fer) Tremper ce triangle imprégné de réactif dans l'eau déminéralisée Appliquer sur la zone à tester Déposer l'écouvillon sur un buvard afin de le laisser sécher Retirer l'excès d'eau déminéralisée à l'aide d'un buvard sur la zone à analyser Résultat escompté : Le papier imprégné prend une teinte rose vif très rapidement s'il y a présence d'ions Fe 2+ Observation : Aucune coloration visible sur les écouvillons. Conclusion : S'il n'y a aucune réaction lors de ce premier test, nous pouvons conclure que l'encre ne possède pas d'ions ferreux (Fe 2+) mais ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas une encre ferrogallique. Nous

197


pouvons alors tester la présence d'ions ferriques, Fe 3+, toujours avec le même procédé et le même réactif sauf que nous ferrons réagir celui-ci avec de l'acide ascorbique dans de l'eau déminéralisée.

Test à la bathophénantroline et à l'acide ascorbique : Produits et matériel nécessaire : Buvard propres pour protéger la zone à analyser Ciseaux Pince Plioir en os Bandelettes imprégnées du réactif, découpées en triangle Acide ascorbique dans de l'eau déminéralisée Protocole : La zone à analyser doit être dépoussiérée et mise sur un buvard propre Découper les petites bandelettes imprégnées de réactif en petits triangles (préalablement essuyer les ciseaux avec un chiffon propre afin d’ôter tous les ions libres qui pourraient interférer et fausser le test, faire de même avec la pince si celle-ci est en fer) Tremper ce triangle imprégné de réactif dans l'acide ascorbique Appliquer sur la zone à tester Déposer l'écouvillon sur un buvard afin de le laisser sécher Retirer l'excès d'acide ascorbique à l'aide d'un buvard sur la zone à analyser Résultat escompté : Si la bandelette prend un teinte lie de vin, c'est que nous sommes en présence d'ions ferriques et que l'encre est sûrement une encre ferrogallique. Observations : Après une minute de séchage, une couleur bordeaux apparaît sur les écouvillons. Conclusion : Ce test permet donc de confirmer la présence d'ions ferreux dans la composition de nos encres et de conclure qu'il s'agirait d'encres de nature ferrogallique.

198


ANNEXE II :

Analyses de la phase rouge-orange de l'encre rouge

Communication personnelle de Sébastien Aze, le 5 décembre 2015. « Le seul résultat positif obtenu lors de l'analyse des échantillons que vous m'avez envoyés est l'identification

du

pigment

rouge-orangé

par

micro-spectrométrie

Raman

.

Vous trouverez en pièce jointe le spectre obtenu, comparé au spectre de référence du minium (Pb3O4), ainsi qu'une vue au microscope (x64) de l'échantillon. ».

Cliché 124 : Vue au microscope (x64) de l'échantillon.. © Sébastien Aze

Cliché 125 : Avant prélèvement de l'encre rouge-orange. Lettre « q », 3e ligne

Cliché 126 : Après prélèvement de l'encre rouge-orange. Lettre « q », 3e ligne

Graphique 8 : Identification du pigment rouge-orangé par micro-spectrométrie Raman, spectre obtenu, comparé au spectre de référence du minium (Pb3O4)

199


ANNEXE III :

Observation des fibres sous microscope

Il est très difficile d'extraire un morceau de parchemin sur notre œuvre, ce dernier étant très épais. Cependant les zones fragiles où le parchemin est presque dénaturé, où il a perdu toute ses caractéristiques mécaniques, sont des zones à étudier. Les fibres isolées ont été mises sur une lame de microscope et humidifiées à l'eau déminéralisée. Nous avons prélevé des fibres sur l'angle inférieur droit du feuillet n°1. Observations : Photographies obtenues sous microscope

Cliché 128 : Observation sous microscope, grossissement x10

Cliché 127 : Observation sous microscope, grossissement x40

Conclusion : Nous avons donc comparé ces clichés à ceux du dossier de l'IDAP255 afin de comprendre et d'identifier l'altération de la fibre de parchemin. Nous pouvons dire que le parchemin dans ces zones se rapproche de l'état des fibres « Flat 1 » et « Cracked ». En effet, la fibre de notre parchemin a à la fois cet aspect aplati et brisé. Illustration 19 : Applati1 : la fibre, une partie de celle-ci (entre la structure hélicoïdale) ou des fragments sont étendues et plats. ©[IDAP]

Illustration 20 : Brisé : les fissures ou l'aspect partiellement brisé à la surface de la fibre ou le plus souvent le fragment de fibre.© [IDAP]

Nous pouvons constater que le parchemin à cet endroit est bel et bien altéré, et un tel état de la fibre nous montre sa fragilité et la modification interne de sa structure.

255[IDAP] Helpfile- Parchment Assessment Report, 2007, p.29.

200


ANNEXE IV : Constats d'état par cahier Avant tout travail sur le manuscrit et l'établissement du constat d'état général, nous avons décidé pour plus de clarté, d'établir un constat d'état individuel par cahier qui se résume en une fiche synthétique par cahier. Dans chaque fiche nous avons mesuré le cahier, tenté d'identifier les peaux utilisées ; les éléments de reliure présents au sein de chaque cahier, les différentes encres ainsi qu'une série d'observations générales puis la liste des altérations par feuillets. Les dégradations notées de manière individuelle sont faites à partir du recto du feuillet, suivant ainsi le sens de lecture et d'ou verture d'un manuscrit ; les altérations qui pourraient se trouver au verso sont bien naturellement indiquées tout comme leur localisation sur le document.

201


Cahier IIII Mesures : • Hauteur de 23,2 cm • Largeur de 19 cm • Épaisseur de 3,5 mm Milieu du cahier X1

X2

X3

X4

1

2

3

X5

4

X6

X7

5

Schéma 34 : Organisation du cahier IIII

Peau : Peau de chèvre. Les onglets X2 et X7 et les onglets X3 et X6, semblent être de la peau de veau. Cliché 129 : Vue du recto du feuillet n°1, cahier IIII Pliage de la peau : La couche papillaire est placée à l'extérieur pour tous les feuillets et onglets excepté le bifeuillet central où cette même couche est mise à l'intérieur. Éléments de reliure : Trois liens en parchemin torsadés. Présence de septains en milieu de cahier. Encre : 3 encres différentes : • Encre brune assez claire qui est présente seulement sur le premier feuillet. Touches éparses d'encre orangée. • Encre rouge-orangée qui s'est éclaircie par endroit et qui a noirci à d'autres. • Encre brune bien plus foncée que la première, sur tous les autres feuillets. Observations générales : Schéma 35 : Organisation du pliage de la peau, cahier IIII • Gouttière du cahier fortement altérée, lacunaire, pliée, cornée, encrassée et empoussiérée. • Noircissement également notable sur les tranches de tête, de queue et la gouttière. • Tous les angles supérieurs droits sont cornés, et les angles inférieurs sont très dégradés avec la pré sence de marques blanchâtres et une fragilisation du parchemin. • De petites entailles sont visibles sur tous les feuillets entre la gouttière et le trait de réglure. Altérations et observations particulières : Onglet X1 : • Support de couture. Prolongement du feuillet n°5 Onglet X2 : • Fond de cahier avec l'onglet X7 Onglet X3 : • Fond de cahier avec l'onglet X6 Onglet X4 : • Prolongement du feuillet n°5 • Jauni et peu souple, caractéristique que l'on ne retrouve pas sur le feuillet n°4 Feuillet n°1 : • Palimpseste, marques de l'ancienne réglure, quelques traces d'écriture, abrasion de surface • Petites taches oranges sur le recto Feuillet n°2 : • Bulbes des follicules pileux visibles

202

• Abrasions de surface Feuillet n°3 : • Bulbes des follicules pileux visibles • Auréoles marrons visibles au verso Onglet X5 : • Prolongement du feuillet n°1 Feuillet n°4 : • Abrasions de surface • Auréoles marrons comme sur le feuillet précédent Onglet X6 : • Bulbes des follicules pileux visibles Onglet X7 : • Fond de cahier avec l'onglet X2 • Découpage grossier Feuillet n°5 : • Plissure et plis • Empoussièrement


Cahier V Mesures : • Hauteur de 23 cm • Largeur de 18 cm (queue) ; 18,6 cm (tête) • Épaisseur d’environ 2,1 mm

Milieu du cahier 6

X8

X9

7

8

9

X10

X11

10

11

Schéma 36 : Organisation du cahier V

Peau : Peau de chèvre. Les onglets X 9 et X11 sont sûrement en Cliché 130 : Vue du recto du feuillet n°6, cahier V peau de veau. Pliage de la peau : La couche papillaire est mise à l'extérieur. Le bifeuillet central ne suit pas le même pliage avec la couche papillaire à l'intérieur et la couche réticulaire à l'extérieur, en contact donc avec la même couche du feuillet précédent. Éléments de reliure : Deux liens en parchemin torsadés en tête et en queue. De plus, il reste au milieu du cahier trois morceaux de septains. Encre : 2 encres différentes : • Encre brun foncé pour l'écriture du texte dans son ensemble. Stable, aucune perte ni migration Schéma 37 : Organisation du pliage de la peau, cahier V dans le substrat n'est visible. • Encre orangée, utilisée pour certaines majuscules et titres de chapitres. Noircissement et blanchiment par endroit. Observations générales : • Ce cahier est déformé dans son ensemble et n'a plus aucune planéité, la réglure n'est plus rectiligne comme elle devrait l’être. • Notons également un empoussièrement et un encrassement généralisé des feuillets ainsi qu'un noir cissement des tranches de tête de queue et en gouttière. • Faiblesse du parchemin avec un rétractation de ce dernier et un effritement. Altérations et observations particulières : Feuillet n°6 : • L'angle inférieur droit noirci et rigide • Plusieurs déchirures sur le pourtour du document Onglet X8 : • Très empoussiéré Onglet X9 : • Prolongement de l'onglet X11 Feuillet n°7 : • Premier quart inférieur manquant • Deux auréoles brunâtres sont présentes au milieu du feuillet et se retrouvent sur le feuillet suivant Feuillet n°8 : • Premier quart inférieur manquant • Même auréole que sur le feuillet précédent

203

Feuillet n°9 : • Déformation du parchemin, plissé Onglet X10 : • Prolongement du feuillet n°7. Reste seulement dans le fond de cahier Onglet X11 : • Prolongement de l'onglet X9 Feuillet n°10 : • Comme les feuillet n°7 et n°8, lacunaire Feuillet n°11 : • Lacune ronde, régulière au niveau de l'angle supérieur droit • Tache violacée sur la tranche de tête • Traces de cicatrice et de surplus de peau


Cahier B : VI Mesures : • Hauteur de 23,2 cm • Largeur de 18,7 cm (tête) et 18,5 cm (queue) • Épaisseur de 2,4 mm

Milieu du cahier X12

12

13

X13

14

X14

X15

X16

15

X17

Schéma 38 : Organisation du cahier VI Cliché 131 : Vue du recto du feuillet n°56, cahier VI

Peau : Les feuillets écrits, qui ne sont qu'au nombre de quatre, 12 17 semblent être en peau de chèvre alors que les onglets X et X 13 15 et les X et X , chaque couple formant un fond de cahier, semblent être du veau. Pliage de la peau : Les feuillets ne suivent pas de schémas d'alternance au niveau de la superposition de leur couche. Le montage de ce cahier semble aléatoire. Éléments de reliure :

Deux liens en parchemin torsadés en tête et en queue.

Deux morceaux de septain incrustés au milieu du cahier, en tête et en queue également. Encre : 2 encres différentes : • Encre brune-noire qui est restée stable. • Encre d'un rouge profond qui s'éclaircit par endroit et fonce à d'autres. Observations générales : Schéma 39 : Organisation du pliage de la peau, cahier VI • Ce cahier est un des cahiers les plus amputé du manuscrit : il ne reste qu'un seul feuillet dans sa seconde moitié. • Les onglets ont été, pour la plupart, découpés très grossièrement. • Ses tranches sont légèrement encrassées, mais moins noires que sur d'autres cahiers comme nous avons pu le constater. Ce sont surtout les angles inférieurs droits qui sont encrassés, noircis et pour la plupart cornés. • Plus aucune planéité, il est gondolé. Altérations et observations particulières : •

Onglet X12 : • Prolongement de l'onglet X21 • Peau de veau Feuillet n°12 : • Lacune de fabrication à senestre en queue Feuillet n°13 : • Trace assez poudreuse et blanchâtre sur angle inférieur tranche de tête • Auréole brune au niveau de la tranche de queue Onglet X13 : • Prolongement de l'onglet X19 Feuillet n°14 : • Faiblesse du parchemin au niveau de la tranche de tête

204

Onglet X14 : • Fond du cahier vraiment très encrassé Onglet X15 : • Peau différente du reste du cahier Onglet X16 : • Encrassé Feuillet n°15 : • Trace blanche sur la gouttière • Auréole brune au centre • Angle supérieur plié sur son recto Onglet X17 : • Peau de veau ? • Prolongement de l'onglet X12


Cahier VII Mesures :

• • •

Hauteur de 23,2 cm à senestre ; 23,2 cm à dextre Largeur de 18,9 cm Épaisseur de 1,3 mm Milieu du cahier

16

17

18

19

20

21

22

23

Schéma 40 : Organisation du cahier VII

Peau : Peau de chèvre ou de mouton ? Cliché 132 : Vue du feuillet n°16, cahier VII Pliage de la peau : Ce pliage fait en sorte que les couches similaires soient en contact. Éléments de reliure : Plusieurs trous sont présents sur le dos du cahier, marques d'anciennes reliures. Il reste également deux morceaux de septain dans le fond de cahier qui ne le tiennent plus relié. Encre : 3 encres différentes : • Encre brune-noire, stable sur l'ensemble du document. • Encre d'un rouge assez profond ; elle a subi quelques pertes par endroit et s'éclaircit à d'autres. • Encre orangée qui s'éclaircit également. Schéma 41 : Organisation du pliage de la peau, cahier VII Observations générales : • Ce cahier est fortement gondolé. Il est empoussiéré et encrassé, notamment le recto du premier feuillet comme on peut le voir sur la photo ci-contre. Il est noirci sur les tranches de tête, de queue et en gouttière. Les fonds de cahiers sont très encrassés. • Plusieurs auréoles. Un piquage blanc est également visible en plusieurs endroits du cahier. Faiblesse du parchemin en tête. Altérations et observations particulières : Feuillet n°16 : • Angle inférieur droit est plié sur le recto • Abrasion de surface pour un réemploi • Présence d'une auréole marron sur le recto Feuillet n°17 : • Empoussièrement et noircissement en gouttière et sur les deux angles au recto • Deux auréoles marrons au milieu du feuillet • Au verso de l'angle inférieur : présence d'un piquage blanc et noir • Piquage en tranche de tête et sur tous les feuillets suivants Feuillet n°18 : • Feuillet lacunaire sur sa gouttière et sa tranche de queue • Auréole présente sur le recto Feuillet n°19 : • Feuillet lacunaire sur sa gouttière • Bifeuillet central, pli marqué au niveau de la tranche de tête

205

Feuillet n°20 : • Une lacune conduisant à plusieurs déchirures en tranche de tête • Fragilité du parchemin en tranche de tête Feuillet n°21 : • Lacune en tranche de tête • Angle inférieur du feuillet, piqué de blanc, au recto et au verso • Angle inférieur lacunaire, forme de la peau de l'animal Feuillet n°22 : • Petite lacune au niveau de la gouttière • Petite déchirure située au-dessous Feuillet n°23 : • Feuillet très fin • Trous réguliers en gouttière • Petite lacune sur la tranche de tête au niveau de la faiblesse du parchemin


Cahier VIII Mesures : • Hauteur de 23 cm à senestre et de 23,7 cm à dextre • Largeur de 18,9 cm • Épaisseur de 1,6 mm

Milieu du cahier 24

25

26

27

28

29

Schéma 42 : Organisation du cahier VIII

Cliché 133 : Vue du recto du feuillet n°24, cahier VIII

Peau : Peau de chèvre. Pliage de la peau : Régulier, similaire au cahier précédent où les deux couches identiques sont en contact l'une avec l'autre lors du pliage. Éléments de reliure : Deux morceaux de septain en queue et en tête en milieu de cahier. Perforations visibles sur le dos du cahier. Encre : 3 encres différentes : • Encre brun noir similaire aux cahiers précédents. Schéma 43 : Organisation du pliage de la peau, cahier VIII • Encre rouge orangée qui s'éclaircit. Noircissement par endroit également. • Encre brun clair similaire au premier cahier. Observations générales : • Le cahier VIII est dans un mauvais état général de conservation. Certains feuillets sont lacunaires pour la plupart découpés grossièrement. • Il est encrassé et empoussiéré, notamment ses fonds de cahiers. Nous pouvons observer un léger noircissement et une rigidité sur les tranches de tête, de queue et en gouttière. • Le cahier n'a plus aucune planéité. De plus, les mêmes taches blanchâtres et la même fragilisation du parchemin au niveau de la tranche de tête est visible sur ce cahier. Cette faiblesse a conduit à plusieurs lacunes et déchirures que nous détaillerons par la suite. Altérations et observations particulières : Feuillet n°24 : • Plissures marquées et encrassement • Lacunaire avec le quart inférieur manquant, coupé grossièrement Feuillet n°25 : • Peau très fine • Ses angles et sa gouttière noircis • Petite lacune en tranche de queue • Lacune de forme semi-circulaire d’environ 5mm de diamètre Feuillet n°26 : • Gouttière noircie

206

Feuillet n°27 : • Abrasion de surface en vue d'un réemploi, d'une réécriture et nouvelle numérotation des lignes • Cicatrice de peau entourée d'un halo blanchâtre Feuillet n°28 : • Traces blanchâtres sur l'angle inférieur marqué par un pli • Feuillet possédant de petites lacunes sur la tranches de queue et en gouttière Feuillet n°29 : • L'encre rouge a fusé et les lettres sont également visible sur le verso • Feuillet lacunaire au niveau de la gouttière


Cahier VIIII Mesures : • Hauteur de 23,4 cm • Largeur de 18,8 cm (tête) et de 19 cm (queue) • Épaisseur de 1,5 mm

Milieu du cahier 26

27

28

29

30

31

32

33

Schéma 44 : Organisation du cahier VIIII

Peau : Peau de chèvre Pliage de la peau : Le pliage de ce cahier est très régulier, et Cliché 134 : Vue du recto du feuillet n°30 cahier VIIII suit la même organisation que le cahier 4. Éléments de reliure : Il reste au centre du bifeuillet 33-34 deux morceaux de septain en tête et en queue. Plusieurs trous sur le dos du cahier. Encre : 2 encres différentes : • Encre brun foncé majoritairement présente. Elle est stable. Nous n'observons ni migration ni auréole. Elle est cependant abrasée par endroit, notamment sur le premier feuillet du cahier. • Encre orangée. Elle fonce par endroit et Schéma 45 : Organisation du pliage de la peau, cahier VIIII craquelle à d'autres. Elle a une certaine brillance visible à l’œil nu. Observations générales : • Sur ce cahier on peut observer un noircissement généralisé de la gouttière ainsi que des tranches de tête et de queue. Les fonds de cahiers sont fortement empoussiérés. • Fragilité du parchemin en tranche de tête et au niveau de l'angle inférieur et ce, sur tous les feuillets du cahier. Nous observons des traces blanchâtres et une modification de la texture du parchemin qui devient presque friable. Cette altération est visible dès le feuillet 29 et s'intensifie au fur et à mesure du cahier. • On retrouve une entaille sur la tranche de queue au niveau de la réglure à droite. Altérations et observations particulières : Feuillet n°30 : • Abrasion de surface : perte d'encre • Angle inférieur droit déchiré et lacunaire • Pli au-dessus de cette lacune Feuillet n°31: • Traces de cicatrices de plaies de la vie de l'animal • Encrassé au niveau de sa gouttière et des deux angles Feuillet n°32 : • Lacunaire, de la même manière que les feuillets 7, 8 et 10 dans le cahier n°2 (cf. schéma ci-contre) • Angle inférieur droit corné Feuillet n°33 : • Traits de réglure très marqués et empoussiérés • De toutes petites coupures parsèment la gouttière de manière régulière

207

Feuillet n°34 : • La tranche de queue de ce feuillet a été découpée grossièrement sur toute sa longueur Feuillet n°35 : • La peau de ce feuillet est très plissée • L'angle inférieur droit est corné sur le verso Feuillet n°36 : • Large entaille en bas à droite • Angle inférieur droit corné sur le verso Feuillet n°37 : • Gouttière manquante, lacune sur toute sa hauteur • Abrasions de surface très encrassées


Cahier XI Mesures :

• • •

Hauteur de 23,1 cm à senestre et 23,3 cm à dextre Largeur de 19 cm Épaisseur d’environ 1,6 mm Milieu du cahier

38

39

40

41

42

43

44

45

Schéma 46 : Organisation du cahier XI

Cliché 135 : Vue du recto du feuillet n°38, cahier XI

Peau : Peau de chèvre Pliage de la peau : Le pliage des peaux suit exactement le même schéma que les trois cahiers précédents, soit un pliage qui met en contact les couches identiques des feuillets Éléments de reliure : 2 morceaux de septain au centre du cahier Encre : 3 encres différentes : • Encre brun-noir, assez foncée et très stable sur l'ensemble du cahier. • Encre orangée, qui s'efface en plusieurs endroits. • Encre rouge, d'un rouge assez profond et soutenu, qui s'écaille et noircit par endroit. Schéma 47 : Organisation du pliage de la peau, cahier XI Observations générales : • L'empoussièrement est beaucoup moins prononcé que sur les autres cahiers du manuscrit. • Gondolement général. Noircissement des tranches de tête de queue et en gouttière. • La tranche de tête reste la tranche la plus altérée du manuscrit. En plus du noircissement, on voit une faiblesse du parchemin sur environ la moitié de la tranche. Le parchemin est auréolé à cet endroit, fragilisé presque friable. • Une auréole est également présente sur tous les feuillets, située en bas à dextre. Elle est plus ou moins marquée selon les feuillets. Altérations et observations particulières : Feuillet n°38 : • Petite lacune sur la dernière ligne d'écriture qui conduit à une petite déchirure • Auréole orangée, située au milieu à dextre, est visible sur le recto et sur le verso du feuillet Feuillet n°39 : • Marque grisâtre due à la lacune du feuillet précédent • Angle inférieur droit rétracté sur lui-même et corné sur son verso Feuillet n°40 : • Pissement et jaunissement important sur sa moitié supérieure • Abrasion de surface sur le verso Feuillet n°41 : • Auréole très marquée

208

Feuillet n°42 : • Le pli central du bifeuillet, au niveau de la tranche de tête s'est rétracté vers l'intérieur, créant ainsi une déformation et une surépaisseur Feuillet n°43 : • Léger fond d'auréole brun qui s'étend de la tranche de tête au niveau de l'angle supérieur pour descendre jusqu'à la moitié du feuillet Feuillet n°44 : • Auréole sur le verso du feuillet, en bas à dextre • L'angle inférieur droit de ce feuillet est plié sur son verso Feuillet n°45 : • Très plissé • Auréole au verso du feuillet au niveau de l'angle inférieur qui est lui-même corné


Cahier XII Mesures : • • •

Hauteur de 23,1 cm à senestre et 23,1 cm à dextre. Largeur de 18,3 cm (tête) et 18,5 cm (queue) Épaisseur de 3 mm Milieu du cahier

46

47

48

49

50

51

52

53

Schéma 48 : Organisation du cahier XII

Peau : Peau de chèvre Cliché 136 : Vue du feuillet n°46, cahier XII Pliage de la peau : Le pliage de la peau est similaire aux cahiers précédents. La couche papillaire de chaque feuillet est en contact avec la couche papillaire du feuillet suivant. Il en va de même pour la couche réticulaire. Éléments de reliure : Deux morceaux de septain en tête et en queue au milieu du cahier. Le morceau restant en tête dépasse sur le dos du cahier. Encre : 3 encres différentes : • Encre brun-noir, très stable. • Encre orangée et très brillante. S'écaille par endroit. • Encre rouge, semblable à la première dans sa tex- Schéma 49 : Organisation du pliage de la peau, cahier XII ture, même épaisseur, même brillance, sa coloration est cependant bien différente, c'est un rouge plus profond et plus intense. Observations générales : • Moins empoussiéré que les cahiers précédents mais les fonds de cahiers restent très empoussiérés. • Très gondolé et fortement plissé. Les tranches de queue, de tête et la gouttière sont noircies et moins souples. • Même faiblesse du parchemin au niveau de la tranche de tête que sur les cahiers précédents. Celle-ci s'étend sur les deux tiers de la tranche et atteint tous les feuillets du cahier. Le parchemin est friable, fragilisé, auréolé d'une tache brune. • De plus, au niveau de la tranche de tête à senestre, nous pouvons voir sur le premier feuillet du ca hier, un trou minuscule, que l'on retrouve sur l'ensemble des feuillets du cahier mais qui s'agrandit jusqu'en milieu de cahier, puis rétrécit sur la seconde moitié du cahier. Altérations et observations particulières : Feuillet n°46 : • Très encrassé et très plissé • Son angle inférieur droit est corné et lacunaire Feuillet n°47 : • Un grand fond d'auréole • Angle inférieur corné sur son verso • Lacune de fabrication du parchemin Feuillet n°48 : • Très plissé, créant par endroit une déformation des écrits Feuillet n°49 : • Forme du feuillet, flan de l'animal ?

209

Feuillet n°50 : • Fortement plissé, déformé, repli sur lui-même Feuillet n°51 : • Même repli que le feuillet précédent Feuillet n°52 : • Plissures très encrassées • Follicules pileux visibles sur le recto • Une petite boursouflure au milieu du feuillet Feuillet n°53 : • Encrassement noir au niveau de sa gouttière • Très plissé au niveau de sa tranche de queue


Cahier A : XIII Mesures :

• • •

Hauteur de 22,4 cm à senestre et 23,4 cm à dextre Largeur de 19 cm (tête) et de 18,1 cm (queue) Épaisseur de 4 mm Milieu du cahier

X18

54

55

56

X19

X20

57

58

X21

59

Schéma 50 : Organisation du cahier XIII Cliché 137 : Vue du recto du feuillet 54, cahier XIII

Peau : Peau de chèvre Pliage de la peau : L’organisation des peaux au sein de ce cahier suit le schéma précédent, l'alternance des couches papillaires et réticulaires, chacune étant en contact respectivement d'un feuillet à l'autre. Éléments de reliure : Le cahier est maintenu par trois morceaux de septain, noués en fond de cahier, excepté le premier bifeuillet X18-59. Encre : 2 encres différentes : • Encre brune qui s'éclaircit légèrement par endroit • Encre rouge ; assez stable. Observations générales : • Le cahier est dans un mauvais état de conservation général. Il est empoussiéré et encrassé. • La gouttière est altérée et ce sur tous les feuillets : de micro-déchirures la parcourent, ce qui lui Schéma 51 : Organisation du pliage de la peau, cahier XIII donne un aspect effrité. • La tranche de tête a la même faiblesse que les cahiers VIIII, XI et XII. Altérations et observations particulières : Onglet X18 : • Prolongement du feuillet n°59, le dernier du cahier • Jauni et empoussiéré Feuillet n°54 : • Peau très plissée • Follicules pileux et bulbes visibles • Lacune au niveau des tranches de tête, de queue et de la gouttière Feuillet n°55 : • Lacune, sûrement insecte • Large auréole brune dans la moitié inférieure du parchemin Feuillet n°56 : • Parchemin plus fin et plus transparent que les autres feuillets du cahier • Follicules pileux et bulbes visibles Onglet X19 : • Follicules pileux sont très visibles

210

Onglet X20 : • Cet onglet est assez large et vierge. Découpe irrégulière Feuillet n°57 : • Follicules pileux visibles • Légère auréole brune au centre Feuillet n°58 : • Le même trou observé sur le feuillet n°53 est visible sur ce feuillet • Fortement froissé Onglet X21 : • Seul onglet avec écrits : talon Feuillet n°59 : • Feuillet bruni • Petites lacunes sur toute la moitié inférieure du feuillet • Abrasion de surface • Fort empoussièrement • Plissures


ANNEXE V :

« La ruine d'une grande bibliothèque monastique »

Dans CASSAGNES-BROUQUET Sophie, Le livre au Moyen Âge, Rennes, Éditions OUESTFRANCE, 2009, p. 41 – 42. La ruine d'une grande bibliothèque monastique Pour la compréhension la nette de cette lettre je veux rappeler ce que me racontait avec humour mon vénérable maître Boccace de Certaldo. Il me disait, que se trouvant en Apulie et attiré par la réputation de l'endroit, il se rendit au noble monastère de Mont-Cassin dont il a été question. Curieux de voir la bibliothèque dont il avait entendu dire qu'elle était superbe, il demanda humblement à un moine, suivant l'exemple de Celui qui était toute douceur, qu'il voulut bien avoir l’amabilité de lui ouvrir la bibliothèque. Celui-ci de répondre sèchement, en lui montrant un haut escalier : « Montez car elle est ouverte. » Bocccace, tout heureux, gravit les marches et trouve le lieu de conservation d'un tel trésor sans porte ni clé. Une fois entré, il aperçut la végétation qui entrait par les fenêtres, et, sur les bancs, tous les livres couverts d'une épaisse couche de poussière. Stupéfait, il commença à ouvrir t à feuilleter un livre par-ci, un volume par-là, et il découvrit ainsi des exemplaires nombreux, et variés de livres anciens étrangers. De ceux-ci, certains cahiers avaient été arrachés, de ceux-là les marges avaient été coupées, et, par le fait même, détériorés de toutes sortes de façons. Boccace, accablé en constatant que les travaux et les études de tant d'esprits distingués étaient tombés dans les mains d'hommes sans aveu, quitta la bibliothèque, dolent et au bord des larmes. Débouchant dans le cloître, il demanda à un moine qui passait pourquoi ces livres précieux avaient été si honteusement dépecés. Celui-ci répondit que certains moines, désireux de gagner deux ou cinq sous, coupaient un cahier et en faisait des petits psautiers qu'ils vendaient aux enfants, et des marges, il faisaient des papillotes qu'ils vendaient aux femmes. Et maintenant, à homme savant, casse-toi encore la tête à faire des livres ! Benvenuto de Imola, publié par Muratori, Antiquitates italicae medii aevi, t. I, Arezzo, col. 1296

211


ANNEXE VI :

Auréoles

Cliché 138 : Cahier V, f. 7 Cliché 139 : Cahier V, f. 7

Cliché 140 : Cahier V, f. 8

Cliché 141 : Cahier VII, f. 17

Cliché 142 : Cahier VII, f. 17 verso Cliché 143 : Cahier VII, f. 18

Cliché 144 : Cahier XI, f. 38

Cliché 145 : Cahier VI, f. 15 verso

212


ANNEXE VII :

Temps d'intervention

ÉTAPES DE RESTAURATION

DURÉES ESTIMÉS DU TEMPS DE TRAVAIL (en moyenne)

TEMPS DE TRAVAIL EFFECTUÉ (en moyenne)

Retrait des éléments de reliure

1h

1h

Nettoyage à sec

3h

2h

Nettoyage humide

10h

9h30

Par cahier

Totalité du manuscrit

Par cahier

Totalité du manuscrit

Humidification

Entre 12h et 18h

90h

Entre 18 et 20h

165h

Mise en tension

5h

45h

Entre 4h et 5h

55h

Mise à plat :

Mise sous poids/Stabilisation

1 mois

1 mois

Consolidation des zones fragilisées

1h

10h

1h

9h

Comblement des lacunes et reprise des déchirures

8h

75h

12h

110h

Mise sous poids/Stabilisation

1 mois

3 semaines

Numérisation

6h

2h30

Reliure

10h

18h

Création d'une boite de conditionnement

16h

20h

213


ANNEXE VIII :

Relevés thermo-hygrométriques de l'atelier de restauration

70 56

61 59 60 59

59 54 55

52 52 51 51

Température en °C

50

51

48 47

50 51 43

39

40

60 50

41 40

30

30

20

20

10

10

0

0 4

5

6

7

8

Humidité relative en %

60

70

11 12 13 14 15 18 19 20 21 22 25 26 27 28 29 Date de prise des mesures

Température de l'atelier °C

Humidité relative dans l'atelier %

Graphique 9 : Relevé thermo-hygrométrique du mois de Janvier 2016

70 58 56 57 55

60 55 55 50 50 50 49 48 47 49 49

Temprature °C

50

53 54 53 53 54 54

60 50

40

40

30

30

20

20

10

10

0

0 1

2

3

4

5

8

9

10 11 12 13 16 17 18 19 22 23 24 25 26 29 Date des prises de mesures

Température de l'atelier °C

Humidité relative dans l'atelier %

Graphique 10 : Relevé thermo-hygrométrique du mois de Février 2016

214

Humidité relative en %

60

70


60 50 50 50 50 47 46 46 46 46 45 44 45 44 44 45 43 42 41 41 41

50 50 49

50

40

40

30

30

20

20

10

10

0

0 1

2

3

4

7

8

9 10 11 14 15 16 17 18 21 22 23 24 25 28 29 30 31 Date de prise des mesures

Température de l'atelier °C

Humidité relative dans l'atelier %

Graphique 11 : Relevé thermo-hygrométrique du mois de Mars 2016 60

60 50 50 50 50 46 41 41

41

47 46 45 46 45 44 45 44 44 43 43 44 43

50

40

40

30

30

20

20

10

10

0

0 1

4

5

6

7

8 11 12 13 14 15 18 19 20 21 22 25 26 27 28 29 Date de prise des mesures

Température de l'atelier °C

Humidité relative dans l'atelier %

Graphique 12 : Relevé thermo-hygrométrique du mois d'Avril 2016

215

Humidité relative en %

50

Température C°

Température C°

50

Humidité relative en %

60


50

Température C°

45 44 45 44 45 43 44 43 43 43 42 43 44 43 44 45 43 42 42 41 40 40 41 40

45 40

35

35

30

30

25

25

20

20

15

15

10

10

5

5

0

0 2

3

4

5

6

9 10 11 12 13 16 17 18 19 20 23 24 25 26 27 30 31 Date de prise des mesures

Température de l'atelier °C

Humidité relative dans l'atelier %

Graphique 13 : Relevé thermo-hygrométrique du mois de Mai 2016

216

Humidité relative en %

50


ANNEXE IX :

Matériels et produits de restauration

DÉSIGNATION

NOM COMMERCIAL DU PRODUIT RÉFÉRENCE

FOURNISSEUR / MARQUE

Gommes Gomme éponge en latex

Gomme éponge en latex ®

CTS

Gomme PVC

Staedler Mars Plastic

Graphigro

Gomme PVC

Magic Rub®,, Faber-Castell

Graphigro

Gomme crayon

Gomme crayon Faber-Catstell

Graphigro

Solvants Salive synthétique

Salive synthétique 1L

CTS

Isopropanol

Isopropanol ou alcool isopropylique,

CTS

Éthanol

Alcool éthylique dénaturé, 5L

CTS

Papiers Papier japonais Mitsumata, 8g/m2

REF : 626400

Sennelier

Papier japonais Mitsumata, 18g/m REF : 825504

Sennelier

Papier japonais Mitsumata, 30g/m2 REF : 825060

Sennelier

2

Adhésifs Gélatine

Gélatine

CTS

Amidon

Colle d'amidon

CTS

Matériel pour la reliure Peau tannée à l'alun

Peau de veau mégissée

Class'Cuir

Parchemin

Peau de chèvre

Class'Cuir

Hêtre

Tible Dumont et Fils Matériel pour la mise au ton

Aquarelle

Sennelier

Crayon de couleur

Faber Castell Matériel de restauration divers

Intissé

Non tissé polyester, 2 REFF 9411903, 30g/m , blan, 100 cm x 50 m

KLUG

Buvard

Carton buvard neutre 040 blanc nature, ép. 1,0 mm, 70 x 100 cm, 350g/m2, 50 pièces

KLUG

Feutre

Feutre pour presse 3621, beige, 27 x 42 cm, ép. 0,4 mm, 840 g/m2

Géant des Beaux Arts

Carton Musée (boite de conserva- Carton Musée tion) Toile Buckram

Géant des Beaux Arts

Toile Buckram

Relma

217


ANNEXE X :

Fiches techniques des produits utilisĂŠs pour la restauration

218


ANNEXE XI :

Norme EN 1822. Filtres absolus (EPA, HEPA et ULPA)

Pour les filtres Hepa et Ulpa, le classement s'est fondé sur la norme Eurovent 4/4, selon laquelle il y a 5 classes de filtres : EU 10, EU 11, EU 12, EU 13 et EU 14. Dans le but de répondre aux exigences de la Haute technologie, on a besoin de nouvelles méthodes d'essai et d'un nouveau classement pour les filtres absolus. En Allemagne, DIN a lancé le projet de norme DIN 24183 pour l'essai de filtres Hepa et Ulpa fondé sur la mesure des particules. Accepté par CEN comme principe de base d'essai et comme système de classement : EN 1822. La norme européenne EN 1822 remplace un certain nombre de normes nationales telles que DIN 24184, BS 3928 et AFNOR 44013. Classe selon EN 1822

DIN 24183

DIN 24184

BS 3928

Mil. Std. 292

E10

EU10

Q

EU10

-

E11

EU11

R

EU11

>= 99.5%

H12

EU12

-

EU12

>= 99.97%

H13

EU13

S

EU13

>= 99.99%

H14

EU14

-

EU14

>= 99.999%

U15

EU15

-

-

U16

EU16

-

-

U17

EU17

-

-

Dans la première phase de cette norme EN 1822, on évaluera la performance fractionnaire pour les mesures de filtrage prêtes à la même vitesse que dans le filtre. Le but est d'établir la taille de particule à laquelle la moyenne donne l'efficacité de rétention la moins élevée, dénommée : Taille de particule ayant la plus forte pénétration (MPPS). La taille de particule est normalement comprise entre 0,15 et 0,25 µm. La phase suivante consiste à établir la performance de captage du filtre pour cette MPPS. En fonction de la performance, des fuites et de la porosité, les filtres sont classés dans deux groupes : •

Les filtres HEPA (High Efficiency Particulate Air) : E10, E11, H12, H13 et H14.

Les filtres ULPA (Ulpa Low Penetration Air) :

Le processus VENFILTER permettant d'effectuer les mesures d'efficacité se fait par scanning. Le test de fuites est réalisé individuellement.

219


ANNEXE XII :

Exemple de clichés de la numérisation après restauration

Cliché 146 : f. 10, cahier V. © A. Zerrouck

Cliché 147 : f. 13v, cahier VI. © A. Zerrouck

220


PARTIE III : ÉTUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE ANNEXE I :

Fiches techniques des trois bois sélectionnés

FICHE TECHNIQUES : LE BALSA256 Nom communs : Balsa Dénomination scientifique : Ochroma pyramidale Localisation : Régions tropicales des Amériques, également dans des plantations Taille de l'arbre : hauteur : 18-28 m ; diamètre du tronc : 1-1,2 m Poids moyen (séché) : 150 kg/m3 Densité : 0,45 Dureté : 1,25 ; Bois très léger et très tendre Module de rupture: 19,6 MPa Module élastique: 3,71 GPa Résistance à l'écrasement: 11,6 MPa Retrait: Radial: 2,3%, Tangentiel: 6,0%, Volumétrique: 8,5%, T/R Ratio: 2,6 Couleur/Apparence : Le duramen a tendance à être de couleur brun rougeâtre, bien qu'il ne le soit pas dans le bois commercial. LA plupart des blocs de balsa sont de l'aubier qui est de couleur blanc cassé ou beige, parfois avec une teinte de rosée ou jaune Grain/Texture : Le Balsa a un grain droit avec une texture allant de moyenne à grossière et un faible lustrage naturel. Porosité : Gros pores sans aucun arrangement spécifique. Anneaux de croissance indistincts. Résistance au pourrissement et à la moisissure : L'aubier est considéré comme périssable et est également sensible aux attaques d'insectes. Facilité de travail : Très facile à travailler. Tendance à absorber les matériaux dans les couches initiales. Sa surface duveteuse peut être une souci pour les coupes nettes. Odeur : Aucune odeur caractéristique. Allergies/toxicité : Peut provoquer une irritation de la peau dans de très rares cas. Prix/disponibilité : Un Balsa de haute qualité (qui est, Balsa avec une très faible densité ) peut être assez coûteux lorsqu'il est acheté dans les magasins de bricolage ou d'autres points de vente spécialisés. Les grandes planches et bois sont vendues par les concessionnaires de bois typiques et restent difficiles à trouver, mais c'est généralement la solution la plus économique. Utilisation courante : Radeau, planche de surf, maquette, instrument de musique, restauration d'ais de reliure...

256Informations recueillies sur le site : [THE WOOD DATABASE], fiche sur le balsa, le hêtre et le sapin.

221


FICHE TECHNIQUES : LE HÊTRE Nom communs : Hêtre Européen Dénomination scientifique : Fagus sylvatica Localisation : Europe Taille de l'arbre : hauteur : 30-40 m ; diamètre du tronc : 1-1,5 m Poids moyen (séché) : 710 kg/m3 Densité : 0,70 - 0,85 Dureté : 5 – 9, Bois lourd et dur Module de rupture: 110,1 MPa Module élastique: 14,31 GPa Résistance à l'écrasement: 57,0 MPa Retrait: Radial: 5,7%, Tangentiel: 11,6%, Volumétrique: 17,3%, T/R Ratio: 2,0 Couleur/Apparence : Le hêtre est couramment de couleur crème parfois dans des tons allant du brun au rose. Les veines du bois sont bien plus foncées. Grain/Texture : Le grain est droit avec un texture allant de fine à moyenne mais uniforme. Il a un lustrage naturel moyen . Résistance au pourrissement et à la moisissure : Le hêtre est considéré comme un bois sensible aux attaque des insectes. Facilité de travail : En général, le hêtre se travaille facilement. Il permet de nombreux types d'ouvrage : son mouvement et sa stabilité sont à prendre en compte. Odeur : Aucune odeur caractéristique. Allergies/toxicité : Les réactions sont assez rares, le hêtre européen est cependant connu pour être un sensibilisateur. Les réactions inclut les yeux, la peaux et les voies respiratoires. Prix/disponibilité : Le hêtre européen est très abordable dans son aire naturelle. Utilisation courante :meuble, instrument de musique, plancher...

222


FICHE TECHNIQUES : LE SAPIN Nom communs : Sapin européen Dénomination scientifique : Abies alba Localisation : Régions montagneuses d’Europe Taille de l'arbre : hauteur : 30-46 m ; diamètre du tronc : 1-1,5 m Poids moyen (séché) : 415 kg/m3 Densité : 0,45 - 0,55 Dureté : 1,25 – 2,5, Bois léger et tendre Module de rupture: 66,1 MPa Module élastique: 8,28 GPa Résistance à l'écrasement: 41,0 MPa Retrait: Radial: 4,0%, Tangentiel: 8,7%, Volumétrique: 12,8%, T/R Ratio: 2,2 Couleur/Apparence : Le duramen est couramment de couleur blanche à brun-rouge. Grain/Texture : Le grain est droit et uniforme, la texture est moyenne-grossière. Résistance au pourrissement et à la moisissure : Considéré comme non durable à périssables concernant la résistance de décroissance , avec peu de résistance aux attaques des insectes . Facilité de travail : Généralement facile à travailler aussi bien avec des outils qu'avec des machines. Odeur : Aucune odeur caractéristique. Allergies/toxicité : Bien que les réactions soient très rares, on a rapporté des cas d'irritation de la peau. Prix/disponibilité : Les pris peuvent être modérés notamment dans son aire de répartition naturelle en Europe. Certaines coupes, notamment le débit en quartier reste d'être plus cher. Utilisation courante : bois de construction, matière première du papier, contreplaqué et autre fin de bois d'utilité.

223


ANNEXE II :

Résultats obtenus pour les trois bois Hêtre 1 Hêtre 2 Hêtre 3 Hêtre 4 385 385 394 407 Allongement (en mm) 0 0 0 0 0 0 0,005 0,02 0,05 0 0,02 0,065 0,07 0,02 0,05 0,08 0,11 0,05 0,07 0,11 0,125 0,07 0,075 0,12 0,15 0,1 0,08 0,15 0,17 0,13 0,09 0,18 0,18 0,14 0,095 0,2 0,18 0,155 0,095 0,22 0,195 0,17 0,11 0,235 0,195 0,19 0,12 0,24 0,2 0,2 0,135 0,25

Valeur initiale (mm double-décimètre) Temps (h) 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24

0,2 0,2 0,2

0,33 0,33 0,33

0,15 0,155 0,16

0,34 0,34 0,34

ΔL ΔL/L

0,2 0,052%

0,33 0,086%

0,16 0,041%

0,34 0,084%

Moyenne ΔL/L Écart type à 95%

0,065% 0,091

Incertitude absolue double-décimètre en mm Incertitude relative double-décimètre Incertitude absolue comparateur en mm Incertitude relative comparateur Incertitude relative de l'expérience par mesure Incertitude relative de l'expérience globale

0,5 0,130% 0,005 2,50% 2,55%

0,5 0,130% 0,005 1,52% 2,55%

0,5 0,127% 0,005 3,13% 2,52% 52,62%

Tableau 31 : Résultats de l'expérimentation sur le hêtre

224

0,5 0,12% 0,005 1,47% 2,48%


Sapin 1 Sapin 2 Sapin 3 Sapin 4 625,5 626 624,5 624 Allongement (en mm) 0 0,005 0,01 0 0,01 0,05 0,04 0,01 0,05 0,07 0,065 0,04 0,1 0,09 0,08 0,08 0,13 0,095 0,09 0,1 0,15 0,11 0,11 0,105 0,165 0,12 0,12 0,12 0,17 0,125 0,13 0,125 0,175 0,13 0,135 0,14 0,18 0,14 0,14 0,16 0,18 0,155 0,14 0,165 0,2 0,165 0,14 0,17 0,2 0,17 0,15 0,18

Valeur initiale (mm règle) Temps (h) 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24

0,27 0,27

0,25 0,25

0,21 0,21

0,28 0,28

ΔL ΔL/L

0,27 0,043%

0,25 0,040%

0,21 0,034%

0,28 0,045%

Moyenne ΔL/L Écart type à 95%

0,040% 0,041

Incertitude absolue double-décimètre en mm Incertitude relative double-décimètre Incertitude absolue comparateur en mm Incertitude relative comparateur Incertitude relative de l'expérience par mesure Incertitude relative de l'expérience globale

0,5 0,080% 0,005 1,85% 2,00%

0,5 0,080% 0,005 2,00% 2,00%

0,5 0,080% 0,005 2,38% 2,00% 25,06%

Tableau 32 : Résultats de l'expérimentation sur le sapin

225

0,5 0,08% 0,005 1,79% 2,00%


Balsa 1 Balsa 2 Balsa 3 Balsa 4 475,5 475 479 478 Allongement (en mm) 0,035 0,09 0,04 0,06 0,05 0,17 0,08 0,14 0,09 0,24 0,14 0,21 0,12 0,27 0,165 0,26 0,13 0,275 0,18 0,295 0,14 0,285 0,2 0,33 0,16 0,29 0,215 0,37 0,18 0,29 0,225 0,37 0,195 0,3 0,24 0,37 0,21 0,3 0,25 0,37 0,235 0,305 0,26 0,385 0,24 0,305 0,27 0,39 0,255 0,31 0,27 0,39

Valeur initiale (mm règle) Temps (h) 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24

0,35 0,39

0,37 0,37

0,315 0,315

0,45 0,45

ΔL ΔL/L

0,39 0,082%

0,37 0,078%

0,315 0,066%

0,45 0,094%

Moyenne ΔL/L Écart type à 95%

0,080% 0,161

Incertitude absolue double-décimètre en mm Incertitude relative double-décimètre Incertitude absolue comparateur en mm Incertitude relative comparateur Incertitude relative de l'expérience par mesure Incertitude relative de l'expérience globale

0,5 0,105% 0,005 1,28% 2,29%

0,5 0,105% 0,005 1,35% 2,29%

0,5 0,104% 0,005 1,59% 2,28% 30,15%

Tableau 33 : Résultats de l'expérimentation sur le balsa

226

0,5 0,10% 0,005 1,11% 2,29%


PARTIE IV : RELIURE ET CONDITIONNEMENT ANNEXE I :

Instruction pour la confection de la boite

227


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231


232


233


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