Grégoire MASSART- Conservation-Restauration d'une vase cercueil du IIème siècle

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ECOLES DE CONDE Formation Restaurateur du Patrimoine - Niveau II MEMOIRE DE FIN D’ETUDES Conservation Restauration de céramiques

Objet de l'étude : La conservation-restauration des céramiques archéologiques : le cas d’un vase cercueil du IIème siècle AP. J.C.

Sujet technico-scientifique : Recherche d’une méthode de contrôle du comportement de diffusion et d’absorption de l’eau de différents cataplasmes sur un matériau poreux.

Grégoire MASSART Spécialité céramique Promotion 2010


Remerciements

Mes remerciements en premier lieu à M. Dominique JOLY, directeur du Service Municipal d’Archéologie de Chartres, pour avoir bien voulu soutenir mon projet. Je tiens à remercier également Vincent ACHERE, responsable scientifique des opérations archéologiques menées sur le site d’exhumation de l’objet, pour avoir bien voulu me confier le vase pour son étude et sa restauration. Une attention et un remerciement tout particulier à Nathalie HERBERT et Marjorie MAQUEDA, conservatrices-restauratrices, pour leur collaboration, leurs conseils et la mise en œuvre du prêt. A Jonathan SIMON, céramologue, Laure de SOURIS et Emilie PORTAT, anthropologues, pour m’avoir permis de profiter de leurs recherches. Je remercie l’ensemble des personnels du Service Municipal d’Archéologique de Chartres pour son aide et notamment Brigitte LESAGE pour son soutien dans les démarches administratives. Un grand merci à mes professeurs, notamment Mme FRANCOIS, professeur de restauration, M. Claude PEPE, professeur de chimie théorique à l’université de Jussieu, à M. OLLIER, professeur d’histoire de l’Art, pour leurs précieux conseils et le suivi du mémoire. Merci à M. RENAUDIN, ancien professeur de sciences de l’Ecole de Condé pour avoir contribué à initier le début de ma réflexion en sciences. Par ailleurs, je souhaite remercier Dominique KEMPF, Lucette et Anne POMATHIOD et Florent DESMAISONS pour la relecture de mon mémoire et leur soutien durant ces deux années.

2


Sommaire

AVANT-PROPOS

7

FICHE D’IDENTIFICATION

8

RESUME INTRODUCTIF GENERAL

9

INTRODUCTION GENERALE

10

CHAPITRE I : ETUDE HISTORIQUE ET TECHNIQUE

14

INTRODUCTION

14

I. LA CERAMIQUE COMMUNE DANS LES ESPACES FUNERAIRES EN GAULE ROMAINE ET EN PAYS CARNUTE

15

A. LA GAULE ROMAINE, CONTEXTES HISTORIQUE ET RELIGIEUX.

15

1. CONTEXTE HISTORIQUE : AUTRICUM (CHARTRES) A L’EPOQUE GALLO-ROMAINE

15

2. CONTEXTE RELIGIEUX ET PRATIQUES FUNERAIRES.

21

B. LA CERAMIQUE COMMUNE DANS L’ESPACE FUNERAIRE EN GAULE ROMAINE ET LE CAS PARTICULIER DES VASES-CERCUEILS

24

1. LA CERAMIQUE COMMUNE GALLO-ROMAINE DANS L’ESPACE FUNERAIRE

24

2. LA CERAMIQUE COMMUNE DANS L’ESPACE FUNERAIRE

34

3. LES VASES-CERCUEILS : LE TRAITEMENT PARTICULIER DES MORTS PERINATALES.

36

II. LES VASES-CERCUEILS DU SITE N°333.085.28.C260 A CHARTRES : CONTEXTE D’ENFOUISSEMENT ET SPECIFICITES.

38

A. LE SITE D’EXHUMATION DES VASES-CERCUEILS

38

1. ROLE DU SITE DU IE AU IIIE SIECLE AP. J.-C.

38

2. ETUDE ANTHROPOLOGIQUE (E. PORTAT)

40

B. LES VASES-CERCUEILS EXHUMES.

42

1. TYPOLOGIES (J. SIMON)

42

3


2. SPECIFICITES DES VASES : MAUVAISE FACTURE ET FRACTURE VOLONTAIRE

43

III. ETUDE DU VASE CERCUEIL US 2081

45

A. ETUDE TYPOLOGIQUE

46

1. UNE TYPOLOGIE D’AMPHORE TRAPUE PROCHE DES AMPHORES REGIONALES DE THESEE ET POUILLE

46

2. L’UTILISATION D’UNE PATE COMMUNE CHARTRAINE

48

B. OBSERVATIONS ET HYPOTHESES

49

1. OBSERVATIONS DES CASSURES, LACUNES ET TRACES D’UTILISATION

50

2. SYNTHESE DES OBSERVATIONS

51

CONCLUSION

52

CHAPITRE II : RESTAURATION

53

INTRODUCTION

53

I. OBSERVATIONS ET OPERATIONS PRELIMINAIRES NECESSAIRES A LA REALISATION DU CONSTAT D’ETAT

54

A. CONTEXTE ARCHEOLOGIQUE ET MILIEU D’ENFOUISSEMENT

54

1. CONTEXTE ARCHEOLOGIQUE

54

2. LE MILIEU D’ENFOUISSEMENT.

56

B. OPERATIONS PRELIMINAIRES NECESSAIRES A LA REALISATION DU CONSTAT D’ETAT

60

1. PROTOCOLE D’EXAMEN

60

2. OBSERVATIONS PRELIMINAIRES

68

3. NETTOYAGE PREALABLE DU DEPOT GEOLOGIQUE

75

II. CONSTAT D’ETAT, DIAGNOSTIC ET PROPOSITION DE TRAITEMENT

91

A. CONSTAT D’ETAT ET DIAGNOSTIC

91

1. CONSTAT D’ETAT

91

2. DIAGNOSTIC DES CAUSES D’ALTERATIONS

107

B. PROPOSITION DE TRAITEMENTS

116

4


1. PROPOSITION DE TRAITEMENTS

116

2. PROTOCOLE DE TRAITEMENTS

132

III. MISE EN ŒUVRE DES TRAITEMENTS

136

A. TRAITEMENTS DE NETTOYAGES ET DE CONSOLIDATION

136

1. NETTOYAGE FIN DES TRANCHES ET ALLEGEMENT DES CONCRETIONS

136

2. APPLICATION DU PRIMAIRE DE COLLAGE ET REMONTAGE DEFINITIF DU VASE

140

B. APPLICATION DES RENFORTS, DE LA CONSOLIDATION DE SURFACE DES ZONES DE FRAGILITES, REALISATION DU CONDITIONNEMENT POUR ETUDE ET PRECONISATIONS POUR EXPOSITION AU PUBLIC

146

1. DISPOSITION DES RENFORTS ET CONSOLIDATIONS DES ZONES DE FRAGILITES

146

2. CONDITIONNEMENT,

SUPPORT D’OBSERVATION ET DOCUMENTATION A L’USAGE DES

SPECIALISTES EN ARCHEOLOGIE

151

3. PRECONISATIONS POUR EXPOSITION AU PUBLIC.

156

CONCLUSION

161

CHAPITRE III : ETUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE

162

RESUME DE L’ETUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE

162

I. PRESENTATION DE L’ETUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE : RECHERCHE D’UNE METHODE DE CONTROLE DU COMPORTEMENT DE DIFFUSION ET D’ABSORPTION DE L’EAU DE TROIS DIFFERENTS TYPES DE CATAPLASMES SUR UN MATERIAU POREUX.

164

A. SOURCES ET INTERET DU SUJET

164

1. LES SOURCES ECRITES SUR L’EMPLOI DES CATAPLASMES

164

2. INTERET ET OBJECTIFS DE L’ETUDE

166

B. DEFINITION DES TERMES ET CHOIX DES PRODUITS POUR LES EPROUVETTES

168

1. MATERIAU POREUX : LE PLATRE

168

2. LES CATAPLASMES

169

II. PROTOCOLE SCIENTIFIQUE ET MISE EN ŒUVRE

174

5


A. PROTOCOLE SCIENTIFIQUE

174

1. METHODOLOGIE DE L’ETUDE

174

2. LES EPROUVETTES

179

3. REPRODUCTIBILITE ET REPETABILITE DE L’EXPERIENCE

180

B. CONDUITE DES TESTS

181

1. LA DIFFUSION DES CATAPLASMES

181

2. L’ABSORPTION DES CATAPLASMES

183

III. ANALYSE DES RESULTATS ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE

184

A. ANALYSE DES RESULTATS

184

1. KLUCEL G

184

2. KAOLIN

185

3. LAPONITE RD

187

4. ARBOCEL BC 200

189

5. CONCLUSION INTERMEDIAIRE

191

B. APPROCHE CRITIQUE ET PERSPECTIVES D’ETUDES

192

1. EVALUATION DU PROTOCOLE

192

2. AMELIORATIONS POSSIBLES DANS LE CADRE D’UNE REPRODUCTION DU PROTOCOLE

193

CONCLUSION

194

CONCLUSION GENERALE

195

BIBLIOGRAPHIE

196

TABLE DES ILLUSTRATIONS

201

GLOSSAIRE

210

ANNEXES

218

6


Avant-propos

Le but recherché dans la réalisation de ce mémoire est double. D’une part, rendre compte d’un travail de conservation-restauration mettant en pratique les connaissances et le savoir-faire acquis pendant mon cursus, et, d’autre part, lui donner une dynamique professionnelle. Cherchant à rentrer activement dans le milieu de l’Archéologie, il fallait donc trouver un thème d’étude en accord avec mes affinités et permettant de répondre à ces deux exigences.

Je connaissais le Service d’Archéologie Préventive de la ville de Chartres, sous la direction de Dominique JOLY, pour y avoir effectué un stage comme technicien de fouille. Au courant de l’activité soutenue de ce service et de la présence, dans leur organisation fonctionnelle, d’un laboratoire de conservation-restauration, sous la responsabilité de Nathalie HERBERT et Marjorie MAQUEDA-ROLLAND, cette institution semblait détenir toutes les clefs me permettant de remplir mes objectifs. La Maison de l’Archéologie s’est montrée très à l’écoute et sensible à mon projet. C’est donc dans ces conditions que j’ai pu mettre en place le début d’une collaboration avec tous les spécialistes de ce service. C’est donc une réelle pluridisciplinarité qui fera l’objet de ce mémoire, nécessaire au bon déroulement de tout projet de conservationrestauration. N. HERBERT et M. MAQUEDA ont très bien saisi l’objet de ma demande et m’ont dirigé vers des objets provenant du site n°033.28.085.260 à Chartres. Il s’agit de vasescercueils gallo-romains, dont la fonction est encore peu étudiée. Ces contenants en céramique commune, dont nous développerons plus loin les spécificités, étaient pour moi d’un double intérêt : peu étudiés et présents sur un site en cours de fouilles. Ces objets m’ont permis d’approcher un maximum de problématiques rencontrées en conservation-restauration des céramiques archéologiques, de la sortie de fouille à leur stockage, et de pouvoir appréhender le cadre réglementaire et scientifique de l’archéologie préventive. Par ailleurs, le thème de travail, une céramique funéraire, objet de civilisation, correspondait bien à mes affinités.

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Fiche d’identification Vase cercueil US 2081 Site n°033.28.085.260, Chartres, rue de Reverdy

Figure 1 : Photographies avant (à gauche) et après restauration (à droite)

Lieu de conservation : Service Municipal d’Archéologie de la ville de Chartres, 35 rue Saint-Michel 28000 Chartres

Dénomination : vase-cercueil (vase funéraire destiné à l’inhumation des morts périnatals) Datation : fin du IIe s. / début du IIIe s. de notre ère Typologie : amphore régionale commune chartraine à pâte claire. Similaire au type 1527 (SELLES H., 2001). Dimensions : 35cm (L) x 35 cm (Diam.)

Observation particulière : Une partie de la panse manque (environ 40%). Et une partie de l’épaule semble avoir été volontairement fracturée : cassures en dents de scie.

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Résumé introductif général

Ce mémoire s’inscrit dans mon projet professionnel qui vise à intégrer le milieu de la conservation-restauration des céramiques archéologiques. Autant l’objet que les démarches adoptées dans ce mémoire ont été choisies pour comprendre les enjeux de cette discipline : le suivi de l’objet de la fouille à son étude et son stockage dans un dépôt archéologique. Pour mener à bien le projet de conservation-restauration pour études développé dans ce mémoire, il était important dans un premier temps de comprendre le contexte archéologique du vase-cercueil (Chartres, Rue de Reverdy, 333.28.085.260) et des enjeux que revêt ce type d’artefact (fabrication, mode de dépôt, notion d’ensemble funéraire, etc.). Sans cette étape, il aurait été impossible de fixer les limites de mon intervention et les spécificités du vase-cercueil devant être mis en valeur pour les études. La mise en œuvre de la conservation-restauration de cet objet a été l’occasion d’illustrer les contraintes de la restauration pour études des objets archéologiques sortis de fouille, ainsi que la notion de traitements par lots qui permet, non sans certaines limites, de conserver la notion d’ensemble archéologique (une centaine de vase-cercueils) tout en agissant sur l’individuel. Il y a été développé un ensemble de techniques et de choix de traitements pouvant être étendus à l’ensemble des vase-cercueils. La partie de recherche technico-scientifique rejoint cette démarche professionnelle globale. L’observation du comportement des cataplasmes, en absorption et en diffusion dans la stratigraphie d’une matière poreuse, démarche d’une volonté de mieux comprendre la mise en œuvre des cataplasmes, afin de maîtriser la localisation des traitements engagés par ce type de technique. En effet, en matière de conservationrestauration de céramiques archéologiques, le restaurateur fait face à des matériaux très altérés et chaque action doit être localisée pour ne pas aller au-delà des interventions nécessaires aux études menées par les spécialistes en archéologie. Il en est ressorti des résultats encourageants pour maîtriser la mise en œuvre de traitements par cataplasme et une étude devant être poursuivie.

9


Introduction générale

La céramique, trop souvent vue comme un matériau inaltérable, peut réagir très fortement à son contexte d’enfouissement. Il faut donc suivre et assurer la conservation de l’objet depuis son milieu d’enfouissement jusqu’à son stockage après étude. De nombreuses publications font déjà état de cette problématique au travers d’exemples, de méthodes, ou d’expériences de terrain1. Toutefois, chaque site révèle des problématiques différentes en matière de conservation-restauration.

Au travers de ce mémoire, nous tenterons de suivre le traitement d’un vase-cercueil du IIème siècle de notre ère, de sa sortie de fouille à sa réintégration dans la chaîne opératoire du Service Archéologique de la ville de Chartres. Cet objet encore peu connu, dont le rôle est l’inhumation de morts périnatals, se présente sous la forme d’une amphore régionale trapue à pâte rouge commune dans la région chartraine. Toutefois d’après le céramologue J. SIMON, le bord de l’amphore ne correspondrait pas à une typologie rencontrée à Chartres, mais serait plutôt proche des productions des ateliers de Thésée et Pouillé. L’objet était conservé dans un remblai contenant de la chaux et une argile à silex, proche d’un site d’extraction de craie antique, et d’un four à chaux. L’étude de ce milieu particulier, couplée aux nécessités des études céramologiques et anthropologiques, induit des précautions en termes de conservation-restauration, afin de préserver le maximum d’informations que pourrait révéler cet objet. En effet, bien que l’objet soit une amphore commune, son dessein funéraire fait qu’elle peut présenter des traces diverses : noir de fumée, traces de charbon, incisions, entailles, perforations volontaires ou encore des résidus organiques qu’il faut impérativement conserver. Ces informations peuvent être révélatrices d’un type spécifique de

1

On citera, par exemple, comme références les ouvrages de BERDUCOU (M.) et al., La céramique archéologique, in collectif, La conservation en archéologie, éd. Masson, Paris, 1990, p.78-119., et de BOURGEOIS (B.), La conservation des céramiques archéologiques : étude comparée de trois sites chypriotes, Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen n° 18, série archéologique, 10, Lyon-Paris 1987, 100p.

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production, d’une pratique domestique, de rites spécifiques ou contribuer à mieux comprendre le contexte d’enfouissement. Par ailleurs, les récentes données d’études et de fouilles ont révélé un grand nombre de vases-cercueils sur le site, lui conférant une dimension inédite et, par conséquent, une valeur patrimoniale plus grande, ainsi qu’à tous ces objets. Ces nouvelles informations ont d’ailleurs requis de nouvelles approches concernant leur étude. Ces quelques détails montrent combien cet objet d’aspect commun peut cacher un témoignage unique, révélant de possibles liens entre les ateliers de Chartres et ceux de Thésée et Pouillé, et représenter ainsi une partie d’un ensemble funéraire inédit pour la période gallo-romaine.

L’objet de cette restauration est de permettre les études céramologiques et anthropologiques propres à ce site archéologique. Il s’agit donc, de stabiliser physiquement et chimiquement l’objet et d’effectuer un remontage permettant de prendre en compte les éventuelles évolutions d’études ou de fouilles. Par ailleurs, ce vase représentant un élément d’un ensemble archéologique unique, il s’agit de garantir sa bonne conservation dans le temps en prenant en compte sa valeur patrimoniale. Ce travail s’attachera à définir quelle démarche permettrait de concilier des traitements de restauration minimums et durables, pérennité de l’objet et mise en valeur des informations nécessaires aux études.

Pour répondre à cette problématique, ce mémoire s’organisera en trois chapitres.

Le premier chapitre s’attachera à repositionner l’objet dans son contexte d’apparition, d’utilisation, et d’enfouissement, et à effectuer son étude technique. La première partie de ce chapitre développera, dans un premier temps, les éléments nécessaires à la compréhension du contexte historique et religieux. Puis, dans un second temps, essaiera de définir ce qu’est la céramique commune gallo-romaine au IIème siècle de notre ère et plus particulièrement à Chartres, ainsi que son utilisation particulière dans le contexte funéraire. 11


Durant, la seconde partie du chapitre, il sera abordé la question du changement de destination de l’objet, à savoir le passage de son statut d’amphore régionale à celui de vase-cercueil par la compréhension du contexte d’enfouissement, c’est-à-dire la présentation du site d’exhumation. Ces deux premières parties permettront de comprendre quelle importance revêt ce témoignage matériel du passé et d’aborder la troisième partie de ce chapitre : l’étude proprement dite du vase. Cette dernière partie s’attachera alors à déterminer les spécificités techniques, typologiques et anthropologiques du vase-cercueil étudié.

Le second chapitre quant à lui développera le suivi de la démarche en matière de conservation et de restauration. Sa première partie fera l’objet de la présentation des observations et interventions préliminaires nécessaires à la réalisation du constat d’état. Cette partie contiendra donc les informations permettant de comprendre le milieu d’enfouissement et le suivi des opérations de conservation préalable au constat d’état. Naturellement, la seconde partie se poursuivra par la réalisation du constat de l’objet, de son diagnostic et de la proposition de traitement. Le constat d’état est un examen complet de l’objet et des altérations rencontrées. Il est suivi d’un diagnostic qui, avec les informations relatives au contexte archéologique et au milieu d’enfouissement permet de déterminer les causes des altérations relevées et les moyens d’y remédier. A l’issu du diagnostic, il sera alors défini la proposition de traitement. Elle contiendra les protocoles qui feront l’objet des opérations de restauration. La troisième partie s’intéressera, pour sa part, à suivre de près le bon déroulement de la mise en œuvre des protocoles de restauration établis préalablement et à proposer des perspectives de traitements dans le cadre d’une restauration pour présentation au public.

Le troisième chapitre consistera en une recherche technico-scientifique visant la mise au point d’une méthode de contrôle du comportement de diffusion et d’absorption de l’eau de trois différents types de cataplasmes sur un matériau poreux. En effet, les cataplasmes sont des véhicules de traitements permettant de solubiliser avec beaucoup

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de précision des corps contenus dans les matériaux poreux, comme par exemple des concrétions ou des sels solubles. Les perspectives d’emploi des cataplasmes en restauration des céramiques archéologiques sont très vastes. Pour autant, il faut en connaître les propriétés pour les utilisés efficacement. Les mises en œuvre peuvent être très diverses, les produits sont très nombreux et leurs modes de diffusion et d’absorption des traitements sur les matériaux poreux méconnus. Il s’agira donc dans cette étude de tenter de comprendre quelles sont les propriétés qui régissent l’utilisation des cataplasmes. Ensuite, il sera abordé les moyens d’observer ces propriétés. Et enfin, l’étude d’un moyen de les contrôler. Ce chapitre permettra de déboucher sur un début de réponse à une méthodologie permettant de déterminer la composition idéale d’un cataplasme en vu de contraintes précises de restauration.

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Chapitre I : Etude historique et technique

Introduction

L’objet dont il est question est un vase funéraire et plus particulièrement un vasecercueil du IIe s. de notre ère. Les motivations qui ont conduit ce choix sont, en partie, mon affinité pour la période gallo-romaine et mon goût pour l’archéologie funéraire. D’après les hypothèses émises par les archéologues, l’anthropologue et le céramologue du Service d’Archéologie Préventive de la ville de Chartres, l’objet correspondrait, d’un point de vue technique, aux productions d’amphores régionales communes de la région de Chartres durant le IIème siècle ap. J.C. Son contexte d’enfouissement et son exhumation ont révélé une utilisation funéraire. Dans un espace restreint on trouve une centaine de vases fracturés volontairement, contenant pour certains les restes de morts périnatals, et aucun corps pour les autres vases dont celui de notre étude, cette localisation fait de ce site un cas exceptionnel. Pour ces raisons, ce premier chapitre s’attachera à replacer notre objet dans l’espace, le temps et son contexte d’utilisation, ainsi qu’à développer son étude proprement dite.

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I. La céramique commune dans les espaces funéraires en Gaule romaine et en Pays carnute A. La Gaule romaine, contextes historique et religieux. 1. Contexte historique : Autricum (Chartres) à l’époque galloromaine a. Rappels historiques généraux sur la guerre des gaules et la Gaule romaine (-52 à 486 ap. J.-C.)

Afin de fournir un cadre rigoureux à cette première partie, il est important de procéder à un rappel des origines de la Gaule romaine. Cela permettra, par la suite, de mieux comprendre la coexistence des traditions romaines et gauloises qui fondent l’époque gallo-romaine.

La

guerre

campagne

des de

Gaules

est

conquête

la et

d'assujettissement des peuples de la Gaule, région qui forme aujourd'hui la

France,

la

Belgique,

le

Luxembourg et une partie de la Suisse,

des

Pays-Bas

et

de

l'Allemagne. Cette guerre a été menée par Caïus Julius Caesar de 58 Figure 2 : Photographie de la première page d’une édition de 1783 du Commentaire de la guerre des Gaules.

à 51/50 av. J.-C. Les sources écrites sur le sujet ont été rédigées par lui-

même au cours de sa campagne. Ces ouvrages sont connus aujourd’hui sous le nom de Commentaires de la guerre des Gaules (Commentarii de bello gallico), et restent encore aujourd’hui la principale source écrite de ces évènements.

15


La dénomination

« Gaule romaine » signifie

conjointement un lieu donné et une époque précise de l'histoire. Géographiquement, la Gaule romaine recouvre la France actuelle ; exceptés le Midi et la vallée du Rhône, et une grande partie de la Belgique et la Suisse actuelles (voir figure 3, ci-contre). Ainsi, la période considérée va de la conquête de la Gaule par Jules César (-52) à la bataille de Soissons (486) qui marque l'avènement de la dynastie mérovingienne.

Figure 3 : Organisation du territoire de la Gaule Romaine

Depuis la fin du IIIe siècle av. J.-C., Rome est maîtresse de la Gaule cisalpine, qui s'étend de la plaine du Pô aux Alpes, ainsi que d'une grande partie de l'Hispanie. À la fin du IIe siècle av. J.-C., elle soumet la Gaule méridionale et la vallée du Rhône qu'elle érige en province romaine en 121 av. J.-C. : c'est la Gaule transalpine, appelée, plus tard, Narbonnaise. Au nord, s'étend l'immensité de la Gaule indépendante. César s'intéresse alors à la Gaule et à ses peuples, divisés en de nombreuses factions, dont certaines sont déjà favorables à Rome. Quand César vient avec ses troupes dans cette région, il trouve une terre habitée, non seulement par les Celtes, qui occupent la plupart du territoire, mais aussi par des Gaulois belges, un ensemble de peuples Celtes et de quelques peuples germaniques celtisés, qui occupent depuis le Ve siècle av. J.-C., les terres au nord-est de la Gaule. Sous le seul prétexte que tous les Helvètes se préparent à migrer vers les régions occidentales de la Gaule, César décide d’envahir la Gaule. Débute alors une longue campagne de conquêtes qui va aboutir à la domination des armées de Jules César sur l’ensemble de la Gaule. En 52 av. J.C., Jules César est de retour en Italie, c’est alors que se prépare une coalition en Gaule contre la domination romaine. Le premier acte de cette révolte est le massacre de Genabum (aujourd'hui Orléans), effectué par les Carnutes, dont Autricum (Chartres) fait partie, et au cours duquel tous les citoyens romains qui se trouvaient dans la ville 16


sont massacrés. La nouvelle se répand dans toute la Gaule, et notamment chez les Arvernes, où un jeune noble puissant, Vercingétorix, soulève son peuple contre Rome. Très rapidement, les Sénons, Parisii, Pictons, Cadurques, Turones, Aulerques, Lémovices, Andes, et tous les autres peuples qui bordent l'océan, se joignent à la révolte et tous s'accordent pour donner à Vercingétorix le commandement suprême de la lutte contre les Romains. Vercingétorix sera victorieux à Gergovie. Mais, une seconde bataille à Alésia va sonner le glas de l’insurrection celte et la transformation des Gaules en Gaule romaine. Au lendemain de la bataille, Vercingétorix se rend. C’est le symbole du dévouement rituel du chef Arverne, qui se sacrifie en s'agenouillant au pied du vainqueur plutôt que de se lancer dans un dernier massacre, épargnant ainsi ses hommes. En 51, se produisent d’ultimes révoltes en Gaule. Malgré la reddition à Alésia de Vercingétorix, et la vente en esclavage de quasiment tous les guerriers celtes ayant participé à cette bataille, de nouvelles coalitions se préparent au sein de la Gaule contre la domination romaine. César, ne voulant pas laisser aux nouveaux révoltés le temps de se préparer, rejoint la treizième légion. Le peuple gaulois doit se soumettre au bout d’un mois. D’autres révoltes font rage sur le territoire, jusqu’au siège d’Uxellodunum, mais aucune n’aboutit. Ainsi se termine la guerre des Gaules, après huit années de campagne, depuis la victoire sur les Helvètes jusqu'au siège d'Uxellodunum, qui voit la reddition des derniers combattants de la Gaule libre.

La conquête de la Gaule est un évènement historique dans l'histoire de l'Occident. Rome, qui jusque-là est un empire méditerranéen, étend à partir de cette date sa domination sur l'Europe transalpine. Dans les décennies qui suivent, Rome soumet les Alpes, la Rhétie, la Norique et la Bretagne, et dominera ainsi le vieux continent pendant cinq siècles. À partir de ce moment, les destins de la Gaule et de Rome suivent le même chemin. La romanisation de la Gaule apparaît dans la construction de nouvelles villes, de routes et aqueducs : c’est la fusion de deux cultures en une seule. Ce syncrétisme qui donne vie à la culture gallo-romaine sera plus tard assimilé par l'invasion des Francs. Quatre-vingt ans après la conquête de la Gaule, l’empereur Claude, né à Lugdunum, permet l'entrée

17


au Sénat des nobles gaulois. Auguste, avant cela, a divisé la Gaule en plusieurs provinces : à la Gaule transalpine qui devenue Gaule narbonnaise, s'ajoutent la Gaule aquitaine, la Gaule lyonnaise, où se situe Autricum (Chartres), et la Gaule belge. L'héritage que les Celtes ont transmis au reste du monde antique concerne principalement les domaines de l'artisanat : l’ébénisterie, la forge, les arts culinaires, les arts militaires, et notamment l’art de la cotte de maille. Peu d’évènements viennent troubler la Gaule romaine jusqu’au IIIème siècle. Tout d’abord, c’est la révolte contre Néron de 69 qui va marquer les esprits. Sa succession rencontre de vives réactions et provoque des soulèvements contre Rome. Toutefois, ils sont condamnés par les chefs gaulois lors d’une assemblée à Reims qui y mettra un terme. On retient également le début des persécutions, au Ier siècle de notre ère, qui attestent de la formation des premières communautés chrétiennes gallo-romaines. Au IIème siècle, on note, sous le Principat de Septime Sévère, un ralentissement du processus de romanisation, et un retour aux pratiques gauloises. Ce changement prend fin avec l’Edit de l’Empereur Caracalla qui ouvre l’accès à la citoyenneté romaine à l’élite gauloise. Le IIIème siècle est marqué par de forts troubles politiques à Rome. Cette période offre une opportunité pour les peuples barbares de tenter d’envahir le territoire. Cette période est à l’origine de profondes mutations sociologique, économiques et culturelles qui se répercutent jusque dans le monde de l’artisanat que nous verrons plus loin. Plusieurs autres tentatives seront menées jusqu’à la soumission de Paris à l’autorité de Clovis en 486. L’un des évènements majeurs de cette période est la liberté de culte accordée aux Chrétiens par l’Edit de Milan en 313 sous Constantin.

b. Autricum et la région des Carnutes à l’époque gallo-romaine (du Ier au IVe siècle ap. J.C.)

Pour mieux comprendre le contexte historique économique et social dans lequel se trouve l’objet de notre étude, il est également important de s’intéresser plus particulièrement à la ville d’Autricum et à son histoire, celle des Carnutes :

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Le Pays carnute2 Les Carnutes dont le territoire s’étendait entre la Loire et la Seine étaient l’un des peuples les plus puissants de la Gaule. Leur plus importante cité était Cenabum (Orléans), mais leur principal oppidum était Autricum (Chartres). Située au centre de la Gaule, c’est à Cenabum que se tenait l’assemblée Figure 4 : localisation du Pays carnutes sur le territoire de la Gaule romaine.

annuelle des Druides. Le terme de carnute

est à

l’origine du nom de la ville de Chartres, et pourrait

signifier « les cornus ». La ville de Chartres possédait donc déjà un rôle important en Gaule, avant l’époque romaine, tant sur le plan démographique, qu’économique, social et religieux. En 57 avant J.-C., une partie des légions de César, hiverne chez les Carnutes. Jules César leur impose comme roi, un notable de haute naissance, Tasgetios, mais une fraction des Carnutes opposée à Rome, va assassiner Tasgetios en 54 avant J.-C, obligeant Jules César à faire hiverner une de ses légions sur le territoire des Carnutes. Très vite, les Carnutes se révoltent, et ne se soumettent à César que l’année suivante. En 52 avant J.-C., les Carnutes avec Cotuatos et Conconnétodumnos, massacrent les romains de Cenabum. César en représailles, assiége, pille, puis incendie la ville.

Les

Carnutes

doivent

fournir

un

contingent de 12000 hommes à l’armée de

Figure 5 : Cartographie du Pays carnutes et de ses environs.

secours. En 51 avant J.-C. ils attaquent leurs voisins les Bituriges, les Romains doivent

2

Informations inspirées de Carte archéologique de la Gaule. L’Eure-et-Loire (28), dir. M. Provost, Ed. Fondation Maison des Sciences de l’Homme, pp. 43-44

19


à nouveau les pacifier. César viendra par la suite punir les assassins des citoyens Romains de Cenabum. Autricum du Ier au Ive siècle de notre ère « Au Ier siècle, Autrikon, l’une des deux capitales des Carnutes, délimitée par un fossé et un talus (1) que l’on découvre de nos jours peu à peu, devient Autricum. La cité se mue en ville «à la romaine» sur une superficie supérieure à 200 ha. Elle est quadrillée de voies empierrées (2), selon

un

schéma

théorique

parfois

discordant par endroits (3). Le forum (4) se situe à l’emplacement d’un probable lieu de réunion gaulois (quartier SainteThérèse). En contrebas, adossés au flanc Figure 6 : Plan schématique de l’organisation urbaine de la ville d’Autricum entre le Ier et le Ive s.

de la colline, dans le suburbium, sont bâtis un amphithéâtre (5) et un grand édifice (6)

abritant des artisans du bâtiment : tailleurs de pierre, maçons, forgerons. Deux aqueducs (7) assurent la ville en eau. Les nécropoles (8) sont situées le long des voies d’accès à la ville, celles du Haut-Empire sont moins bien connues que les ensembles funéraires postérieurs. La plupart de ces structures perdures jusqu’au IVe siècle3. » Les officines de production céramiques sont réparties en périphérie de l’agglomération antique suivant trois secteurs distincts : au nord-ouest de la ville, sur les versants de la vallée des Vauroux : à l’est de l’agglomération, sur le coteau rive droite de l’Eure, dans sa partie nord et dans sa partie sud 4.

3

Texte et illustration tirés d’une publication de D. Dominique Joly, directeur du Service Archéologique de la ville de Chartres, sur la ville d’Autricum (Chartres) 4

Carte archéologique de la Gaule. L’Eure-et-Loire (28) pp. 118-121

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Les officines de production de céramiques sont réparties en périphérie de l’agglomération antique suivant trois secteurs distincts : au nord-ouest de la ville, sur les versants de la vallée des Vauroux : à l’est de l’agglomération, sur le coteau rive droite de l’Eure, dans sa partie nord et dans sa partie sud 5.

Cette reconstruction de la ville de Chartres à l’époque antique montre combien cette cité avait intégré la trame urbaine romaine. Cette donnée est importante, car elle explique la localisation du site d’exhumation des vases-cercueils en périphérie de la ville. En effet, comme nous le détaillerons plus loin, tout ce qui entoure la mort est séparé du monde des vivants et donc nécessairement de la cité.

2. Contexte religieux et pratiques funéraires.

Comme indiqué précédemment, dans la culture romaine l’espace funéraire est un lieu bien délimité. A l’inverse, les tombes et les usages funéraires ne sont pas les mêmes pour tous. La compréhension de l’organisation de l’espace funéraire est donc importante pour appréhender le contexte d’enfouissement de notre céramique.

a. Les sources de localisation des espaces funéraires

Pour comprendre les raisons de cette séparation entre le monde des vivants et le monde des morts, il est important de définir ce qui fonde les pratiques funéraires à l’époque gallo-romaine. Chaque civilisation, dès lors qu’elle est sédentaire, dévolue un espace réservé aux morts. Pour la civilisation romaine, cet espace est nécessairement séparé de la cité (« civitas »). Pour les romains, le monde des morts doit être exclu du vivant. Le terme défunt est un dérivé du mot « funus » qui, à l’époque romaine, signifiait soit corps mort,

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Carte archéologique de la Gaule. L’Eure-et-Loire (28). pp. 118-121

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funérailles ou meurtre. Le mot « souillure », d’origine grecque, soulignait la décomposition du cadavre. De même, le mot « funestus » signifiait une atteinte au vivant par un cadavre. La mort est donc symbole de désordre dans la culture romaine. Ce désordre impliquait la nécessité de rétablir l’ordre par l’accomplissement de rituels qui consistaient à mettre en place des mesures juridiques visant la protection de la communauté des vivants. Cela allait jusqu’à l’existence de constitutions fixant les modalités de la vie locale. Elles étaient gravées le plus souvent sur des tables de bronze, comme par exemple la loi d’Urso. L’une de ces mesures résidait dans la séparation des morts et des vivants. Les morts devaient donc se situer à l’extérieur du « pomerium » (espace des vivants dans la ville), c’est-à-dire dans ce que l’on nomme encore aujourd’hui une nécropole antique, ce que l’on peut remarquer très nettement sur la carte d’Autricum (figure 6 p.17). Ainsi durant l’époque gallo-romaine, l’espace funéraire est nécessairement à l’extérieur de la ville. Cependant, cela n’opère pas de réels changements lors de la conquête de la Gaule, puisque la plupart des agglomérations laténiennes avaient déjà ce mode de séparation. On pense notamment aux « Suburbium » qui étaient des espaces urbains ceints qui délimitaient l’espace urbain de l’espace rural. La conquête romaine aboutit malgré tout à une forme d’acculturation de la Gaule. La place du funéraire devient plus importante. Les dispositions spatiales pour les défunts changent. On les retrouve au-delà de la frontière sacrée marquée par les limites de la ville matérialisée souvent par une enceinte. Les défunts sont incinérés dans la nécropole lorsque le « pomerium » n’est pas délimité. La nécropole est donc un espace ouvert, contrairement à l’espace urbain qui est régulé et basé sur un système de voies orthogonal. Ces espaces ouverts sont occupés sans discontinuité du Ier au IVe siècle par des habitations, des sites artisanaux et des entreprises, ce qui se retrouve dans les données accumulées sur la ville de Chartres. Ainsi on peut donc voir des tombes dans les faubourgs près des habitations ou des ateliers, sans architecture funéraire particulière. Une disposition récurrente réside dans le placement des élites près des voies avec une architecture plus ou moins monumentale.

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b. Les pratiques funéraires au cours l’époque gallo-romaine6

Cette section s’attachera à définir la distinction entre inhumation et incinération. En effet, elle est très importante, car dans notre cas, les morts périnatals sont inhumés, tandis que les enfants, adolescents et adultes sont incinérés. Il est donc primordial de connaître les origines de cette distinction. Dans l’organisation funéraire, le mode d’ensevelissement est donc très important. D’un côté, l’incinération consiste à brûler les restes du défunt, puis à les ensevelir. De l’autre, l’inhumation consiste à ensevelir entièrement le corps du défunt sous la terre. Chronologiquement, l’évolution du mode d’ensevelissement montre que la pratique la plus répandue reste l’incinération durant l’époque gallo-romaine. L’inhumation ne se développe que lentement sous l’influence des rites chrétiens. Aussi au IIème siècle de notre ère, c’est l’incinération qui reste la pratique funéraire la plus fréquente. L'inhumation est présente dès l'époque augustéenne (27 av. J.-C. à 14 ap. J.-C.), mais se diffuse surtout à partir du IIème siècle pour devenir majoritaire au IIIème siècle. Pour les romains la « souillure » engendrée par la mort nécessite l’utilisation du procédé d’incinération. La réduction par le feu permet de rétablir l’ordre et d’assurer la santé des vivants. Ce système implique double funérailles. D’abord la crémation, qui interrompt le processus général d’impuretés, puis la dépose dans le sol qui apporte au défunt un nouveau statut en le séparant du monde des vivants. Il existe deux pratiques de dépose des ossements dans une fosse. La dépose des ossements des restes de la crémation triés et la dépose des ossements mêlés à des résidus charbonneux. De même, l’enfouissement peut-être pratiqué de deux manières : soit placé dans des ossuaires (récipient en céramique, verre, plomb ou pierre) puis dans le sol, soit dans des récipients en matière périssable, le bois notamment. Ce second mode d’enfouissement pose des problèmes d’identification. Le plus souvent, on ne retrouve que peu de traces de ces récipients.

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Informations inspirées de BLAIZOT F. et al., La pratique de l’inhumation, in collectif, Pratique et espaces funéraires de la Gaule durant l’Antiquité, Gallia n°66, éd ; CNRS, 2009, pp. 16-87.

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L’inhumation se produit d'abord dans l'espace urbain à partir du IIème siècle. Son développement reste extrêmement progressif dans l'espace rural, plus conservateur. La progression de cette pratique est donc lente entre le IIème et le IVème siècle. Le Sud de l'Europe adopte plus rapidement l'inhumation, comme dans les Alpes suisses et l'Italie. Inversement, son développement est beaucoup plus tardif dans le nord de l'Europe. Cela montre que les deux modes d’ensevelissement coexistent avec un passage progressif sans réelle rupture de l'incinération vers l'inhumation.

B. La céramique commune dans l’espace funéraire en Gaule romaine et le cas particulier des vases-cercueils

Dans un second temps et afin de compléter le cadre historique et religieux dans lequel se place le vase-cercueil, il est important de définir quelles sont les spécificités de la production de céramique commune gallo-romaine, dont il fait partie. En effet, la céramique est également un témoin majeur de l’assimilation à la culture romaine et à ses techniques par les peuples gaulois. Afin de préciser cette approche, il sera abordé, de façon plus détaillée, la production de céramiques gallo-romaines dans la région de Chartres, ainsi que les raisons de sa localisation dans les espaces funéraires

1. La céramique commune gallo-romaine dans l’espace funéraire a. La céramique commune gallo-romaine

Définition

L’appellation céramique commune gallo-romaine concerne une vaisselle de fabrication ordinaire depuis conquête romaine jusqu’à l’époque de Clovis.

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La plus grande partie de cette production est tournée, en contraste avec la céramique modelée gauloise. La pâte est plutôt bien cuite. On trouve des couleurs de pâtes différentes selon les centres de production : noires, grises, jaunes, blanches, rouges. Ces couleurs concernent 60% à 90% de la céramique selon les régions fouillées. La couleur de la pâte est souvent associée à un type de forme. Ainsi, mortiers et cruches sont souvent réalisés dans des gammes claires. Les gammes claires sont d’ailleurs des procédés de cuisson inconnus des gaulois ce qui atteste de l’apport des techniques romaines en matière de cuisson de céramique. C’est également durant la période du Haut-Empire que l’on voit nettement diminuer la production de céramique à pâte sombre au profit de cette production claire. Il faut attendre le IVème siècle de notre ère pour voir réapparaître ce type de production. Le répertoire des formes de la céramique commune gallo-romaine est plus étendu que celui de la céramique gauloise, notamment grâce à l’usage du tour de potier. On retrouve amphores, assiettes, bols, dolium, mortiers, poêlons, marmites, vases, bouteilles, cruches, pichets, biberons. Cette production représente un véritable creuset d’influences gauloises, hellénistiques, italiques, où se mêlent les emprunts à la sigillée, à la vaisselle fine et métallique ou au verre. En conséquence, la céramique gallo-romaine est représentée, par un rappel des modèles gaulois ou par la création d’hybrides originaux. Un autre aspect, plus mineur, concerne la reprise quasi exacte des modèles gaulois anciens, mais avec l’introduction d’un tour rapide. Ce type de production se retrouve surtout en Gaule septentrionale où le processus d’acculturation est moins accentué.

 La romanisation de la céramique gauloise

A l’origine la production de céramique commune dans les cultures laténiennes est une production modelée (voir figure 7, ci-contre). On retrouve ainsi des traces de fabrication présentant des empreintes de doigts. Ce type Figure 7 : Exemple de poterie gauloise modelée

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de production s’efface très vite dans les décennies qui suivent la conquête. Les techniques employées se modifient en une cinquantaine d’années. On passe alors d’une céramique utilitaire peu diversifiée à une production très variée, indiquant un plus haut niveau de compétence. Cette phase de transition correspond à la période augustéenne durant laquelle les potiers gaulois assimilent les nouvelles techniques. On se retrouve à cette époque entre une phase de maintien de la tradition celte, notamment pour les populations du Nord et une adoption des techniques italiques. Les traditions celtes sont maintenues avec bols carénés, vases à panse ronde et à piédestal, vases ovoïdes souvent « peignés », bouteilles à panse ronde. C’est le prolongement de La Tène finale. On retrouve ces formes dans les céramiques dites « terra nigra », les vases ovoïdes ou bols à bords moulurés jusqu’à la fin du Ier siècle. Il y a également poursuite de la fabrication de la céramique modelée et des céramiques peintes et ocellées, notamment en Provence et vallée du Rhône.

Figure 8 : Planche typologique des formes de la terra nigra réalisées dans la première moitié du Ier s.

L’influence méditerranéenne quant à elle voit le jour grâce à une utilisation quasi généralisée du tour de potier lent. On observe des formes plus audacieuses et plus harmonieuses (voir figure 9, ci-contre). C’est aussi l’adoption d’une nouvelle typologie qui atteste d’un processus de romanisation de la céramique commune gallo-romaine. Par exemple l’apparition des assiettes au début du Ier siècle semble être liée à l’adoption par les Gaulois

du

régime

alimentaire

des

populations

envahissantes (bouillies, crêpes de céréales, etc.). C’est Figure 9 : Exemple de modèle de cruches découvertes au IIe s. dans les niveaux de comblement du port antique de Toulon.

ainsi que l’on voit apparaître à cette époque des assiettes

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à enduit rouge de style pompéien. Ce type de production permettait une diminution de la porosité. Par la suite on observe une diffusion des assiettes en « terra nigra » et « rubra », correspondant à l’installation d’ateliers dans de nombreuses villes romaines. Le premier siècle de notre ère voit également l’apparition des cruches, autre preuve d’une adaptation aux habitudes alimentaires romaines. Mais l’exemple le plus marquant de ce processus de romanisation de la céramique commune est l’imitation d’objets italiques à la mode, réalisés dans des pâtes fines. Les productions en terra nigra, terra rubra, vases dorés au mica, céramique à

enduit

rouge

attestent

de

ce

processus

d’acculturation et de diversification des formes sur le territoire. La conquête romaine est aussi un facteur important dans la complexification des éléments de décoration. On voit apparaître l’utilisation de guillochis et de motifs à la roulette pour les productions plus soignées. Tandis que perdure l’utilisation de modèles dérivés de la

Figure 10 : Différents types de décors sur céramiques gallo-romaines : excisions, guillochis, décors à la roulette.

tradition celte pour les productions ordinaires avec des motifs incisés ou peignés. Ce processus de romanisation de la céramique se fait progressivement du sud vers le nord, depuis la période de la conquête jusqu’au milieu de la période augustéenne.

Figure 11 : Illustration de la quantité et de la diversité des céramiques à l'époque gallo-romaine. Photographie issue du Musée d'Argentomagus. Photo Errance.

27


Il faut attendre le Ier siècle de notre ère pour obtenir, avec la diffusion des modèles italiques, les premiers exemplaires de ce que deviendra la céramique gallo-romaine. C’est-à-dire un détachement à la fois du modèle gaulois et du modèle italique, formant ainsi une gamme nouvelle. Cette céramique nouvelle emprunte aux deux influences mais on voit apparaître aussi une céramique complètement innovante. L’aspect le plus marquant de ce Ier siècle est le passage progressif d’une production sombre, survivance de La Tène, à une production claire issue des méthodes de la cuisson italique. La période qui nous intéresse le plus est celle du Haut-Empire (27 av J.-C., principat d’Auguste, à 235 ap. J.-C., fin de la dynastie Sévère). Il semblerait que le vase-cercueil de notre étude soit issu de cette période. Cette période présente deux grands aspects. Le développement des officines régionales de céramique commune, qui coïncide avec l’apogée des ateliers de sigillée et le fractionnement des répertoires de formes et décors entre les régions, d’où une augmentation de la diversité, et la transformation des petits centres de production en véritables villages de potiers. Cette « industrialisation » de la production a pour conséquences une standardisation des formes. Produites en grand nombre elles sont plus maniables, plus pratiques mais moins esthétiques. On note, par exemple, une diminution de la céramique fine au profit de la céramique sigillée ou métallescente, avec une nuance pour la Gaule septentrionale qui continue, dans une certaine mesure, à reproduire les schémas du Ier s. de notre ère ainsi que la Gaule méditerranéenne. C’est à la fin de l’époque Claudienne (41-54 ap.J.C.) que cette mutation se fait le plus sentir. L’apparition de véritables complexes artisanaux, regroupant parfois des dizaines de fours, atteste de cette croissance exponentielle de la production jusqu’au début du IIIème siècle. Après quoi, le nombre des installations diminue jusqu’à la fin de la période romaine. Les répertoires fixés durant la première moitié du IIème siècle semblent se maintenir sans bouleversement jusqu’à la fin du IIIème siècle. On remarque seulement quelques variantes notables durant le IIIème siècle. C’est à partir de la seconde moitié du IIIème siècle que s’affirme l’appauvrissement de ce répertoire, ainsi que la baisse générale de 28


la qualité. On assiste à un alourdissement des formes, et une diminution de l’intensité de production. L’abandon des pieds moulurés au fond creusé pour des sections planes nous renseigne sur cette perte en qualité. Cet appauvrissement est la conséquence des crises politiques de la fin du IIème siècle qui portent atteinte à la sécurité des transports. Cela conduit à une réduction des débouchés, contraignant les officines régionales à un retour aux petites industries locales.

La production de céramiques en Pays carnute durant l’époque gallo-romaine7

L’activité potière dans la capitale des carnutes a été importante. Elle s’est développée depuis le

milieu du Ier siècle jusqu’au IIIème siècle de notre ère. L’activité est

principalement orientée vers la production de vaisselle domestique destinée aux habitants de l’agglomération et aux territoires environnants. Les officines sont réparties, aux abords de l’agglomération, dans trois secteurs. Un premier secteur dans la partie nord du plateau, proche de « ravin des Vauroux » et de l’affluent de l’Eure (le Couesnon) et les deux autres se trouvent sur la rive droite de l’Eure, au nord et au sud des zones urbaines : quartier des Filles-Dieu et quartier SaintBarthélemy/Faubourg-la-Grappe.

o Les ateliers

La vallée des Vauroux Ce site accueillait plusieurs ateliers, deux fours au Faubourg Saint-Jean (Anonyme 1845) et au « Champtier des Vauroux » (LECOQ 1860). La principale découverte de ces sites réside dans de petites figurines à pâte blanche et texture fine avec un cœur rosé

7

Information inspirées de SELLES H. et COUVIN F., Les officines céramiques de Chartres et les amphores produites localement, in collectif, Actes du congrès de Versailles. 20-23 Mai 1993, éd. SFECAG, France, 1993, pp.53-64.

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pâle (voir figure 11, ci-dessous). Elles appartiennent pour la plupart au type classique des Vénus obtenues par moule bivalve et collée sur une base hémisphérique.

Figure 12 : Photographie des exemplaires de statuettes issues du site de la Vallée des Vauroux.

Le quartier des Filles-Dieu Ce quartier accueille plusieurs « fours antiques à poterie » découverts au XIXème siècle, à l’occasion d’exploitation de carrière d’argile et de silex (LECOQ 1864). Non loin de ceux-ci, dans le quartier actuel des Grandes Filles-Dieu, ont été mis au jour deux fours de potiers en 1983 et 1985 (JOLY 1988). Les productions de ce quartier sont constituées de céramique à pâte sableuse cuite en atmosphère oxydante. Ce sont donc des céramiques à pâte claire dont les couleurs varient du blanc au jaunâtre et du rose au pâle au rougeâtre. Les traitements de surface sont peu élaborés et sont bruts de tournage. On compte quelques exemplaires mouchetés de taches rougeâtres. Le répertoire décoratif se limite principalement à des bandes ondées obtenues à la pointe de mousse. Ces ateliers produisaient principalement sept types de formes notamment des bols, cruches, Figure 13 : Planche typologique des principales productions de vaisselles domestiques produites dans le quartier des Filles-Dieu durant le HautEmpire.

cruches, amphores et amphorettes et mortiers.

30


Le quartier Saint-Barthélemy/Faubourg-la-Grappe Ces ateliers sont situés dans un espace doté d’une occupation domestique très faible. On y trouve deux centres de potiers découverts en 1981 et en 1990. Le premier centre (JOLY 1988) était doté de trois fours et présente une production similaire à celle des FillesDieu, ce sont donc les formes fermées pour

liquides

qui

dominent

principalement. Le second centre, dit Saint-Barthélemy (JOLY 1991) se développe au sud de la Figure 14 : Planche typologique des principales productions de vaisselles domestiques produites dans le quartier Faubourg-la-Grappe au Ier s. de notre ère.

voie romaine orientée nord-est/sudouest. Quatre fours y ont été reconnus entourés de constructions modestes,

bâties sur de petites caves et de nombreuses fosses. Les mêmes matières premières que les ateliers précédemment cités ont été utilisées, toutefois la spécificité de cet ensemble réside dans une production en atmosphère réductrice. On y retrouve des céramiques brutes de tournage ou soigneusement lustrées. Les cuissons oxydantes y sont réservées pour les vases à liquide et pour certaines assiettes. La diversité des formes et types produits est bien plus grande. On y retrouve, outre les formes citées précédemment, des assiettes, des jattes, des bouteilles et des gobelets, déclinés en plusieurs types.

Matières premières et fours de production

Sources d’implantation des ateliers : L’implantation de ces ateliers résulte de la combinaison de plusieurs facteurs de proximité : matières premières, transport et facilité diffusion des produits fabriqués. En effet, une source d’argiles yprésiennes située à 1km des ateliers assure la production de céramiques des trois sites. De plus gros gisements sont connus à 2,5km. 31


Par ailleurs, les ateliers semblent s’être implantés près des réseaux de voiries, probablement pour faciliter le transport et la commercialisation des productions. Enfin, les transformations du paysage urbain, comme, par exemple, le développement de quartiers d’habitat, ne semblent pas avoir entraîné de modifications de l’implantation des ateliers.

Modèle des fours utilisés sur les trois sites d’ateliers de potiers : Ce sont des fours circulaires à canaux ascendants. La chambre basse est faite en brique et prend une forme en cuvette ou cylindrique (0,4 à 0,7m), traversée par un couloir axial légèrement plus large que l’alandier. Une série de deux ou trois murets en terres cuites architecturales sont disposés perpendiculairement à ce couloir. Une petite voûte relie les murets opposés. Entre les murets, se trouvent les canaux, au profil ascendant, qui assurent une répartition homogène de la chaleur. Les laboratoires cylindriques sont généralement constitués par le terrain naturel. A Chartres, tout indique qu’il y a une très grande stabilité du mode de construction des fours entre le Ier et le IIIème siècle.

La production d’amphores en Pays carnute

Catégories de productions : La production d’amphores à Chartres se divise en trois groupes. Ces groupes ont été formulés selon la provenance et le type de l’argile. Le premier groupe est celui des amphores produites à partir d’argile yprésienne, cité précédemment. Cette argile a été utilisée par l’intégralité des ateliers du fait de sa proximité. Elle est fortement kaolinitique et mélangée à des sables hétérogènes qui confèrent à la pâte son aspect sableux (ODIOT et POUPET 1979) et lui procurent sa plasticité avant cuisson. Selon le mélange de sable et d’argile, en cuisson oxydante, on obtient des teintes variant du blanc, au jaune, orangé, rosé ou rougeâtre. Les amphores, réalisées avec cette argile, sont souvent laissées brutes de tournage. Dans certains cas,

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elles sont couvertes d’un engobe blanc mat qui permet d’estomper les irrégularités de teinte. L’amphore dont il est question dans ce mémoire correspond de très près à cette description, car les teintes varient du jaune-orangé au rouge.

Le second groupe de production emploie quant à lui des sables stampiens qui affleurent à 15km à l’est de Chartres. En cuisson oxydante, la pâte est de couleur rouge. Il n’a pas pu être déterminé, si la couleur rouge était apportée par les sables, à une forte teneur en fer, ou si l’argile est différente de celle du groupe 1. On sait également que les sables stampiens peuvent être facilement mélangés aux argiles sparnaciennes que l’on trouve à proximité d’Auneau ou à des argiles meunières de Montmorency à l’est de la vallée de la Voise, ce qui expliquerait la présence de la teinte rouge dans ces productions. Comme pour le premier groupe, elles sont souvent laissées brutes de tournage et peuvent être engobées blanc.

Le dernier groupe est plus sombre. L’origine de l’argile est inconnue et donne en cuisson oxydante une teinte marron avec un cœur de pâte plus foncé. Les amphores de cette catégorie sont systématiquement engobées blanc.

Imitation et production régionale : Les études, menées par H.SELLES et F.COUVIN, ont contribué

à

isoler

onze

types

d’amphores

et

d’amphorettes provenant des environs de Chartres. Ces types ont permis d’attester l’existence de copies de modèles issus de la Narbonnaise parmi d’autres modèles originaux qui se rapprochent quelquefois de formes présentes régionalement ou dans des régions périphériques. Cette donnée est très importante pour l’étude du vase-cercueil, car elle permet de soutenir l’hypothèse d’un emprunt aux modèles d’amphores des Figure 15 : Planche typologique d'amphores et amphorettes de Chartres

ateliers de Thésée et Pouillé par les ateliers Chartrains,

33


ce qui sera développé plus loin. Concernant les imitations d’amphores produites en dehors du paysage chartrain on a pu détecter plusieurs types d’amphores gauloises proches des formes tardives marseillaises, mais également des amphores vinaires de Narbonnaise que l’on peut retrouver dans d’autres ateliers comme, par exemple, celui de Crouzilles-Mougon dans le bassin de la Loire. Les amphores citées comme étant de types 4 et 5 sont les plus couramment produites à Chartres au Ier et IIème siècles. L’aire de diffusion est cependant assez restreinte sur un rayon maximum de 25km comme à Hanches au nord-est de Chartres. Enfin, d’autres modèles sont plutôt bien connus. On citera en exemple de cette étude des exemplaires de type 9 spécifiques aux ateliers chartrains et ceux de la Boissière-Ecole, diffusés à une échelle extranationale, puisqu’on les retrouve en Angleterre. Cela indique une échelle de diffusion relativement large pour certaines productions et explique également que l’on retrouve des imitations entre régions éloignées.

2. La céramique commune dans l’espace funéraire

Afin de poursuivre notre compréhension du contexte funéraire à l’époque galloromaine, il est important de rappeler sous quelle forme et de quelle manière est représentée la céramique dans l’espace funéraire. Cela permettra d’appuyer les distinctions ou les rapprochements à faire avec les vases-cercueils dans la suite de notre étude.

a. Les urnes en terre cuite

Les urnes en terre cuite sont des récipients bien particuliers qui ont des faciès observables relativement constants. Toutefois, comme le souligne Guy LINTZ, dans son article relatif à la céramique dans la tombe gallo-romaine, seules les contraintes liées à la nature et au volume du contenu limitent les possibilités.

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Figure 16 : Exemple d'urnes en terre cuites du IIe s. (à gauche) et du IIIe s. (à droite)

Le volume des récipients excède rarement 4 litres et ce, même si les ossements tendent à déborder de l’urne. Le volume moyen peut être établi aux alentours des 3 litres. La forme des récipients est le plus souvent ovoïde et la facture commune. Le profil et la couleur, quant à eux, évoluent au gré des époques. La plupart du temps, il s’agit de vases utilitaires réutilisés à des fins funéraires, comme en témoignent les diverses traces de suie ou les usures visibles en bas de panse. On observe régulièrement des perforations volontaires de la panse (voir figure 16, cidessus). Plus rare, en Corrèze, un vase à deux anses comportait une perforation de la base faite au poinçon avant cuisson. Cela suggère que certains vases étaient conçus spécialement pour servir d’urne.

b. Les céramiques présentes dans les sépultures à inhumation

Pour les périodes précédant le Bas-Empire, la céramique est souvent placée entière et disposée selon une ordonnance précise autour du corps, comme en témoigne le site de Saint-Augustin en Corrèze où une tombe contenait trois amphores Dressel IB et un ensemble de 24 récipients, le plus souvent fabriqués pour la circonstance. Les vases étaient répartis sur les côtés du corps et aux pieds et contenaient des céréales.

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c. Les céramiques présentes dans les sépultures à incinération

Les céramiques présentes dans les sépultures à incinération sont majoritairement représentées par des céramiques brisées sur le bûcher. Elles y sont en grand nombre et doivent être distinguées des céramiques offrandes secondaires placées entières dans les sépultures sur les résidus cendrés. Au IIIe siècle la tendance s’inverse au profit des offrandes secondaires.

3. Les vases-cercueils : le traitement particulier des morts périnatales.

Le traitement des morts périnatales dans l’espace funéraire gallo-romain ne manque pas d’exemples8. Toutefois, aucune étude ne permet d’établir une pratique avec des faciès récurrents. C’est en cela que le site de Chartres, d’où provient le vase cercueil de notre étude, pourrait constituer une avancée intéressante sur le sujet, comme il en sera question plus loin. Certaines sources montrent tout de même l’application de certaines règles. En effet, selon Pline l’Ancien9, les enfants ne peuvent être incinérés avant l’apparition des premières dents, d’où une inhumation quasi systématique pour les nourrissons de moins de six mois. En effet, avant cet âge, ils ne sont pas considérés comme citoyens de la cité et ne sont, par conséquent, pas reconnus comme faisant partie du monde des vivants. Ils ne peuvent donc pas prétendre aux mêmes traitements funéraires.

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BAILLES-TALBI N. et BLANCHARD Ph et al., Sépultures de nouveau-nés et de nourrissons du 1er âge du fer au haut Moyen Âge découvertes hors des contextes funéraires traditionnels sur les territoires carnute, turon et biturges cube : inventaire, synthèse et interprétations, in collectif, Ensemble funéraires gallo-romains de la région centre. I. Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France 29, Tours, 2006, pp. 157-205. 9

BLAIZOT F. et al., Le traitement funéraire des enfants décédés avant un an dans l’Antiquité : étude de cas, BMSAP (bulletin et Mémoires de la Société Anthropologique de Paris)1/2, pp. 49-78.

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Ils ont en ce sens un traitement funéraire assez particulier, sans règles apparentes. L’inhumation se fait le plus souvent soit dans un coffrage de tuile, dans un récipient, dans une urne, dans une amphore « décolletée », ou dans une jarre. C’est une pratique très répandue. Mais encore une fois, les récipients ou coffrage utilisés ne présentent pas d’ordre établi. Céramique décorée, vaisselle de table, déjà utilisée ou non ou bien encore achetée spécialement pour l’évènement, cela montre qu’il s’agirait plus d’une pratique purement domestique que d’une réelle pratique funéraire. Toutefois, un geste reste commun à tous ces récipients : les céramiques sont le plus souvent amputées d’une petite ou grande partie, afin de pouvoir y introduire le corps.

Une différence apparaît pour les nourrissons de plus de six mois avec un mode d’ensevelissement plus varié. C’est semblable à ce que décrit Pline l’Ancien 10 dans son Histoire Naturelle. Ils sont soit incinérés ou inhumés, avec les adultes ou en séparation nette. On observe un cas particulier, il s’agit de l’inhumation en « procubitus », c’est-àdire inhumé sur le ventre. Cette pratique est surtout développée durant le Haut-Empire, mais reste minoritaire. Les données récoltées sur le site d’exhumation de notre objet permettront de mieux comprendre, et définir, les modalités de l’inhumation des morts périnatals. En effet, comme nous l’avons vu, ce site revêt un aspect unique. On compte un grand nombre de vases-cercueils rassemblés en son sein

10

Pline l’Ancien est un écrivain du Ier s. de notre ère (23-79). Il est particulièrement connu pour la rédaction de l’Histoire Naturelle en 37 volumes est l’unique ouvrage qui nous soit parvenu. Ces ouvrages traitent de thèmes très divers comme les sciences naturelles, la métallurgie, l’astronomie, l’anthropologie, et montrent l’homme érudit qu’il pouvait être.

37


II. Les vases-cercueils du site n°333.085.28.C260 à Chartres : contexte d’enfouissement et spécificités. A. Le site d’exhumation des vases-cercueils 1. Rôle du site du Ie au IIIe siècle ap. J.-C.

Figure 17 : Cartographie simplifiée du site à partir du plan original. Localisation des carrières, zones d’exhumation des vase-cercueils et du vase-cercueils 2081, des fosses, des zones d’épandage et des tranchées.

Ce site archéologique est situé à la périphérie sud médiane d'Autricum proche d'une voie antique reliant Chartres à Orléans. La prospection a été réalisée en deux phases. Une première, en 2007, sous la direction de Laure DESOURIS, concernait une parcelle contiguë. La seconde, réalisée en 2008, sous la direction de Vincent ACHERE, a mis au jour un site sur lequel avaient cours des activités d'extraction de matières premières, en particulier la craie et une activité de chauffournerie.

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Figure 18 : Détail du secteur 2 dans lequel a été exhumé le vase 2081 entre la carrière et le four à chaux.

La particularité de ce site se révèle être l'installation de vases funéraires dans les carrières. Le remblai des carrières suit l'avancée de l'exploitation. Les vases sont implantés dans les remblais supérieurs, notamment dans les dépressions de celle-ci. Ils sont recouverts de nouveaux remblais dans lesquelles d'autres réceptacles sont implantés. Il faut donc noter que ces dépôts de vases se font dans un espace encore fortement fréquenté, parallèlement aux activités d'exploitation et de chauffournerie. Pour rendre possible la compréhension du contexte d’enfouissement des vases, un protocole de prélèvements et d'études a été mis en place, afin de garantir la maximisation des données récoltées : à savoir, un prélèvement en motte systématique sur le terrain et l'étude postérieure à la fouille. L'étude est réalisée par un anthropologue, afin d'observer la taphonomie des squelettes et le mode d'effondrement des tessons des vases. Parallèlement, un céramologue s'occupe de l'étude typologique des vases.

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2. Etude anthropologique (E. PORTAT) a. Etat d’avancée de l’étude

À ce jour, l'étude n'est pas encore achevée. On compte, 60 vases fouillés, 7 inhumations hors vases et 28 individus. Le travail restant concerne la fouille de 38 vases, une inhumation en pleine terre, pour une estimation de 20 individus. Les premiers résultats, ont montré que pour un vase plein, on a un vase vide, sur une totalité de 98 vases. On compte, huit autres sites d'inhumations, pour une estimation de 48 individus au total. L'agencement des espaces funéraires est différent entre le premier site et le second. Sur le premier, on distingue plusieurs espaces funéraires où vases vides et avec squelettes se mélangent. Sur le second, les vases sont répartis sur l'ensemble de l'espace. On y compte trois espaces particuliers et des regroupements au sein des espaces. Les modes d'inhumation sont au nombre de quatre. On retrouve trois inhumations en pleine terre, deux inhumations dans des coffres à usage domestique en bois, deux inhumations sous fragments de céramique et enfin 21 vases funéraires.

b. Etude anthropologique

Notions sur la mortalité périnatale On parle de mortalité périnatale pour quatre cas : la mortinatalité qui concerne la présomption de viabilité jusqu'au terme (22 semaines d’aménorrhée), la mortalité néonatale précoce de la naissance jusqu'à sept jours, la mortalité néonatale pour des nouveau-nés de 7 à 28 jours, et enfin la mortalité post néonatale au-delà de 28 jours. Par ailleurs, il est important de préciser l'existence d'un seuil de non viabilité. Il est compris entre 28 et 30 semaines d’aménorrhée. Période pour laquelle on considère que l'enfant n'a pas respiré.

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Rapport d’étude anthropologique La répartition des inhumations se fait donc comme suit. On compte 63 % de mortinatalité, 17 % de mortalité néonatale précoce, 10 % de mortalité néonatale et 10 % de mortalité post néonatale (inhumés en pleine terre, estimés entre deux semaines et trois mois). Il n'a pas encore été effectué d’études sur une utilisation en fonction de l'âge. L'étude taphonomique a été rendue difficile par la position des corps dans les vases. Ils sont le plus souvent lovés, c'est-à-dire enroulés le long de la paroi. De plus, les espaces vides sont préservés malgré le colmatage du vase. Il y a donc effondrement des ossements et des fragments de céramiques. Concernant les espaces de décomposition, 28 % des espaces sont colmatés, 36 % des espaces vides sont colmatés rapidement et enfin 36 % des espaces ont un colmatage différé. Cela nous amène à penser qu'un colmatage en matière périssable a persisté plus ou moins bien. L'étude de la position des corps a révélé qu'il n'y a pas de positions majoritaires. Les corps sont soit contractés ou en position fœtale, soit sur le dos ou sur le côté et parfois en position fœtale sur le ventre. Par ailleurs, il n'a pas été constaté d'orientations particulières. En effet, le positionnement des têtes se fait dans toutes les directions. Enfin, la position de la tête du défunt a souvent son importante dans la manière d’inhumer un corps. Une position récurrente est souvent matérialisée par le fait que la tête de l'enfant est tournée le long de la paroi du vase. On compte 6 individus dont la tête a été tournée. Parmi, les hypothèses possibles à ce sujet, la plus vraisemblable serait d’empêcher le regard de l’enfant de toucher les vivants.

Vases-cercueils ou vases funéraires ?

En effet, le terme « vase-cercueil » est utilisé communément pour décrire les récipients funéraires contenant des morts périnatals. Toutefois, cet usage commun soulève quelques problèmes quant à ce qu’il suggère. Pour parler de vases-cercueils, il faudrait pouvoir démontrer que le vase sert au transport du corps vers le lieu d’inhumation. Or, on a également des vases brisés sur place, dont les parties ont été retrouvées tout à côté.

41


De même, certains vases, dont celui qui fait l’objet de ce mémoire, sont sans squelette. Ils ont pourtant les mêmes types et mêmes modes de dépôts. Ils sont découpés selon les mêmes modalités que les vases avec squelettes et certains sont déposés entiers. L’hypothèse d’une conservation différentielle des restes humains ne peut être émise, car on trouve une plus grande quantité d’escargots dans les vases pleins. Normalement, ces vases vides ne peuvent pas non plus être liés à une commémoration du petit défunt, car selon les textes et les connaissances sur le sujet, il n’y a pas de commémoration, ni de libation pour les tout petits n’étant pas encore entrés dans la communauté. Il se pourrait qu’ils aient été disposés suite à un avortement spontané précoce, c’est-àdire une fausse-couche des 3 premiers mois. Toutefois, l’absence des fœtus de 48 jours à 8 mois, empêche de soutenir cette hypothèse. Enfin, l’hypothèse du cénotaphe pour l'enfant mort sans avoir respiré ne peut être également retenue, car ils sont tous susceptibles d'avoir respiré, ayant tous plus de 30 mois lunaires d'âge. Les vases vides pourraient-ils être des vases préparés à l’avance ? Dans ce cas, pourquoi ont-ils été remblayés ? Enfin, pourquoi sont-ils inhumés dans des vases ? Une hypothèse émise est que la représentation de l’utérus dans le monde romain prend la forme d’un vase inversé. La question des vases-cercueils est donc très compliquée et ne peut accepter une unique réponse. Il semble à l’heure actuelle plus juste de parler de vases funéraires, car il ne se dégage pas de tendance générale, ni sur le mode d’inhumation, ni sur les types de contenants utilisés. En effet, certains tout petits sont inhumés encore en pleine terre.

B. Les vases-cercueils exhumés. 1. Typologies (J. SIMON)

La typologie des céramiques retrouvées montre que, pour la plupart, ce sont des céramiques culinaires communes identiques à celles retrouvées en contexte d'habitat. Elles n'ont le plus souvent pas servi et sont d'origine chartraine.

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Concernant les formes, on trouve deux types : des amphores trapues pour 63 % et des amphores allongées pour le reste. Dans les deux cas, elles sont datables de la fin du IIème siècle au début du IIIème siècle. On compte également des pots à cuire attribuables à une période située entre le premier et le quatrième siècle

2. Spécificités des vases : mauvaise facture et fracture volontaire

Des spécificités très importantes concernent ces vases. D’après les exemplaires qui ont pu être remontés et grâce aux données récoltées par J. SIMON, il semble que ce soit principalement des vases ayant été réutilisés à des fins funéraires, comme c’est le cas pour les urnes en terre cuite de la même époque, ou des céramiques de « seconde main », c’est-à-dire ne pouvant être vendues, compte tenu de nombreux défauts apparents. Par ailleurs, il a pu être mis en valeur un mode de fracture spécifique pour les vases étudiés.

a. Une mauvaise facture

Les vases remontés ont révélé de nombreux défauts. Parmi ces défauts observables, on compte des coulures d’engobe à l’intérieur du vase, des dépressions involontaires sur la panse, c’est-à-dire des défauts de tournage ou encore des défauts de cuisson tels que trous d’épingles ou bouillons. Ces défauts sont très importants, car ils montrent que ce ne sont pas des céramiques achetées spécifiquement pour l’inhumation et soulignent la différence de traitement apportée aux morts périnatals par rapport aux défunts considérés comme citoyens.

b. Les fractures volontaires

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Chaque vase a été brisé dans le but d’introduire le corps du nourrisson. Les modes de fractures sont de plusieurs types et fonction de la forme du vase. Comme cela a été développé plus haut, il y a deux grands types de productions : des amphores trapues et des amphores allongées.

c. Principe de la cassure rayonnante

Le principe de la cassure rayonnante est le suivant. Il s’agit de frapper la céramique une fois en un seul endroit pour qu’une onde de fracture parcoure le périmètre du vase sans le briser totalement. Il semble que le geste ait été celui-ci, puisque l’on remarque ce type de cassure sur de nombreuses céramiques remontées. Ce type de bris volontaire est également visible lorsque l’on observe des perforations relativement larges à différents endroits du vase. Ces perforations correspondent à des essais. Elles sont reconnaissables au faciès des cassures qui s’élargissent à l’intérieur du vase. Cela montre que l’impact a été provoqué de l’extérieur vers l’intérieur.

d. Un mode de fracture selon la forme

Il semble que la forme de l’amphore conditionne le geste. En effet, pour les amphores trapues la cassure se fait verticalement, du col vers le fond, tandis que pour les amphores allongées la cassure se fait horizontalement sous les anses.

Amphores trapues : La forme des amphores trapues empêche une cassure franche sous les anses, car l’épaule du vase est longue et horizontale. D’une tentative de bris à cet endroit il résulterait un bris complet de l’épaule. Sans doute par simplicité, l’amphore est déposée horizontalement et brisée au niveau de la panse pour former un berceau.

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Les traces d’impact se retrouvent donc sur l’ensemble du vase. C’est le cas du vase 2081. Les photos montrent qu’une tentative de cassure rayonnante a été effectuée, mais qu’elle a dû échouer. La panse du vase a donc finalement été brisée.

Amphores allongées : Pour les formes allongées, la cassure est nette et rayonnante. Une perforation est faite sous les anses et en résulte une cassure sur tout le périmètre du vase. Le résultat visuel ressemble, de façon imagée, à celui d’un œuf à la coque.

III. Etude du vase cercueil US 2081

Figure 19 : Photographie du vase-cercueil après restauration

Les clefs nécessaires à la compréhension de ce vase ayant été posées, il est maintenant possible de débuter son étude.

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Dans un premier temps, il sera fait une étude typologique de l’amphore. A savoir, observer et comparer sa forme à des corpus existants pour en déterminer la source. Pour développer l’étude de la forme, nous nous intéresserons à sa pâte, afin de pouvoir émettre des hypothèses concernant le type de cuisson et le type de production auxquels se rattache cette amphore.

A. Etude typologique 1. Une typologie d’amphore trapue proche des amphores régionales de Thésée et Pouillé a. Description de la forme

C’est une amphore régionale à lèvre dite évasée à large bandeau vertical légèrement arrondi. La lèvre possède un parement à base pendante. Le col, large et vertical, est limité par un ressaut. horizontaux

Deux en

lisérés relief

qui

soulignent la légère courbure du col et joignent les deux anses. Les

anses

à

quadruple

cannelures, sont attachées au col et en partie basse de l’épaule. L’attache est soignée Figure 20 : Dessin en coupe sous Adobe© Illustrator © du vasecercueil.

et étirée horizontalement sur le col.

La jonction col épaule est nette et marquée par un angle de 110°. L’épaulement est large conférant à la panse une forme globulaire et ovoïde propre au contenant à liquide.

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L’extremum de panse atteint 35 cm de diamètre. Le point de tangence qui correspond à l’extremum se fait en milieu de panse. La panse opère un fort resserrement vers une base étroite. La base est marquée par un ressaut et possède un profil arrondi et un fond lenticulaire.

b. Etude comparée

D’après les premières observations émises par J. SIMON et le catalogue typologique de référence pour la céramique chartraine 11 (SELLES 2001, forme 1527), cette forme est inconnue à Chartres et se rapproche du type Thésée-Pouillé 7.4 (TROMBETTA 1982) lui-même classé comme un type exceptionnel. Ce modèle reprend les principales caractéristiques avec une lèvre à bandeau vertical et à parement à base pendante, ainsi qu’un col large à double liserés. Toutefois, le rapprochement s’arrête à la forme. En effet, le modèle similaire de Thésée et Pouillé est à pâte commune sombre, tandis que cette amphore est à pâte claire.

Figure 21 : Profil d’un bord, similaire au vase-cercueil 2081, d’une amphore découverte à Thésée et Pouillé, issu du catalogue typologique de H. SELLES.

L’origine de ces amphores à profil trapu prend ses sources à Massalia (Marseille), où dès 540 av. J.-C. apparaissent les premiers modèles d’amphores massaliètes qui seront produits jusqu’au IIIème siècle de notre ère pour la conservation du vin notamment.

11

SELLES H., Céramiques gallo-romaines à Chartres et en Pays carnute, catalogue typologique, Revue archéologique du Centre de la France, Chartres, 2001., p 154

47


Elles sont elles-mêmes issues de modèles corinthiens et vont largement participer à la diffusion de cette forme dans toute la Gaule romaine.

Figure 22 : Dessin typologie d’une amphore à vin massaliète, issu du catalogue typologique Lattara.

2. L’utilisation d’une pâte commune Chartraine

Comme il est possible de le voir, la pâte est plutôt rouge-orangée et correspond aux pâtes sableuses chartraines utilisées entre le Ier et le IIIème siècle, ce que nous avons indiqué précédemment. La cuisson a donc été effectuée en atmosphère oxydante. Il est toutefois impossible d’affirmer, sans analyses instrumentales approfondies, si cette amphore appartient au groupe des pâtes à argile yprésienne ou à celui des argiles à sables stampiens. On peut relever la présence de dégraissants de tailles diverses et répartis inégalement. Cela indiquerait plutôt l’utilisation d’une argile yprésienne utilisant des sables de différentes natures.

La cuisson est homogène avec quelques variations de teintes plus sombres sur la panse. La pâte possède un cœur plus clair dans les zones où la paroi est épaisse, comme le col par exemple. La surface est laissée brute de tournage et non engobée.

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Figure 23 : Photographies latérale droite (à gauche) et en perspective haute (à droite) du vase-cercueil après restauration.

Les parois internes prennent des tonalités plus sombres du fait de l’atmosphère réductrice qui peut régner à l’intérieur du vase. Toutefois, des différences nettes de couleurs qui interviennent à l’intérieur du vase (voir figure 23, ci-dessus) et une trace rectiligne noire, sur le col indiquent la présence probable d’éléments perturbateurs durant la cuisson ou une utilisation ayant modifié les tonalités de la paroi interne de l’objet.

B. Observations et hypothèses

Les vases « vides » trouvés sur le site, dont fait partie ce vase-cercueil, ne font pas exception à la règle, ils portent les mêmes caractéristiques que leurs homologues « pleins ». Il est donc très important d’observer tous les signes d’utilisations, de fractures et perforations volontaires, ainsi que la présence de traces pouvant faire l’objet d’une pratique funéraire apparente. De ces observations pourront découler des hypothèses.

49


1. Observations des cassures, lacunes et traces d’utilisation a. Perforations volontaire

Plusieurs

perforations

volontaires

sont

décelables. Une, très large au niveau du col, et deux autres plus petites en milieu de panse. La première correspond à une tentative d’élargissement manifeste du col. Une partie du col manque et une ouverture circulaire a été faite. Les cassures montrent même une reprise de l’ouverture à l’aide d’un outil. En effet, la lacune prend un faciès ondulé régulier. Figure 24 : Photographie frontale du vase-cercueil et positionnement à blanc des fragments de l’épaule après restauration.

Les deux plus petites (voir figure 25, ci-dessous) quant à elles, semblent correspondre à des essais de cassures rayonnantes, comme vu précédemment.

Figure 25 : Photographie détaillée des deux perforations située en bas de panse du vase-cercueil.

50


b. Traces d’utilisations

Figure 26 : Photographie détaillée de l’usure située en bas de panse et sur la base du vase-cercueil.

La base est érodée (voir figure 26, ci-dessus). Cette érosion se retrouve sur de nombreux vases provenant du même site. De même, ces traces d’utilisations apparaissent sur de nombreuses urnes funéraires comme le précise Guy LITZ dans son article sur la céramique funéraire à l’époque gallo-romaine.

2. Synthèse des observations

L’ensemble de ces observations concourent à définir cette amphore comme un vasecercueil. En effet, le rôle du site, le contexte d’enfouissement et les similitudes que présente cette amphore avec les vases pleins présents sur le site et ceux décrits dans la littérature, sont en parfaite corrélation avec ce qui a pu être observé jusqu’ici. A savoir, une amphore présente sur un site d’activité antique et d’un contexte archéologique funéraire inédit, ayant à sa surface des traces d’utilisations et des perforations, ainsi que des cassures volontaires dans le but d’élargir l’ouverture du vase.

51


Conclusion Cette étude a permis de montrer combien un objet d’apparence simple peut revêtir une histoire complexe. Par ailleurs, cette étude a également montré que ce type d’objet ne peut être abordé dans son essence sans saisir le contexte archéologique et historique qui l’entoure. Il aura donc pu être définit dans ces parties : qu’elles sont les pratiques funéraire durant l’époque gallo-romaine, qu’elles sont les spécificités de la céramique commune gallo-romaine, en particulier à Chartres, ainsi que son emploi dans les pratiques funéraires. Enfin la définition du traitement de la morts des nouveau-nés durant l’Antiquité a permis de comprendre le contexte funéraire du site archéologique d’où provient le vase. Toutes ces données sont extrêmement importantes pour pouvoir aborder un travail de restauration. En effet, c’est au travers de la connaissance de l’histoire de l’objet qu’il possible de mettre en œuvre un projet de restauration respectueux de l’intégrité historique, scientifique et culturelle de l’objet.

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Chapitre II : Restauration Introduction

La restauration pour études d’objets archéologiques se distingue de la restauration pour présentation au public sur plusieurs points : elle vise des objets sur lesquels aucune intervention n’a été opérée. Les objets sont pour ainsi dire « bruts de fouille ». Il s’agit non pas de redonner une lisibilité à l’objet, mais de facilité ou rendre son étude possible. Les interventions engagées pour ce type d’objectifs sont donc très différentes. Il s’agit en fonction du contexte archéologique développé préalablement de se limiter à la mise en valeur des informations nécessaires aux études archéologiques, tels que le dégagement des surfaces, la consolidation des fragilités structurelles, le nettoyage fin des cassures en vue d’un remontage, etc.. Il ne s’agit pas d’effectuer de comblements ou de restitutions de décors. En effet, sans une étude préalable et avant achèvement de la fouille, engager de telles interventions ne trouverait aucune justification quant à leur nécessité. Il sera donc développé dans cette partie la mise en place d’un projet de conservationrestauration pour études et sa mise en œuvre en fonction des connaissances développées préalablement sur le contexte archéologique et les techniques de fabrication, mais également en fonction du milieu d’enfouissement et de la notion d’ensemble archéologique.

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I. Observations et opérations préliminaires nécessaires à la réalisation du constat d’état A. Contexte archéologique et milieu d’enfouissement 1. Contexte archéologique

Les problématiques de la conservation-restauration des vestiges sur les sites archéologiques préventifs en cour de fouille sont très différentes de celles d’objets prévenants de collections qu’elles soient artistiques ou archéologiques. En effet, à l’inverse des objets de collections privées ou publiques, ces vestiges sortent « bruts de fouille ». Ils n’ont pas encore été étudiés et s’inscrivent dans une chaine opératoire et un contexte archéologique encore partiellement définis. De même, durant la phase dite de prescription de fouille, c’est-à-dire jusqu’à publication du bilan de fouille, la propriété des vestiges est celle de l’opérateur de fouille agréé par le SRA (Service Régional d’Archéologie). A terme, elle deviendra celle de la DRAC (Direction régionale des Affaires Culturelles). Le statut de l’objet est donc transitoire. Par ailleurs, le contexte archéologique, selon qu’il est d’aspect plutôt commun ou inédit, conditionnera le devenir des vestiges archéologiques exhumés. Ils peuvent donc soit être conservés en tant qu’archives consultables dans le cadre de recherches, soit devenir des objets de patrimoine proprement dits et faire l’objet d’une médiation auprès public. Le cas du vase-cercueil de notre étude est un exemple tout à fait révélateur de ces problématiques. En effet, comme nous l’avons vu dans le premier chapitre, le site archéologique a été ouvert en 2008. Selon des problématiques spécifiques soulevées durant la fouille, à savoir la présence d’une centaine de vases-cercueils sur le site, les nécessités concernant la conservation-restauration des vestiges ont été modifiées. De même, compte tenu de l’aspect inédit de ce contexte archéologique, les délais d’études ont dû être élargis, si bien qu’aujourd’hui, l’étude est encore partiellement réalisée. Afin de mieux comprendre les spécificités de ce contexte archéologique, il est important d’expliquer en quoi a consisté la chaîne opératoire de conservation-restauration propre aux vases-cercueils sur le terrain.

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Les perspectives d’amélioration des connaissances sur le traitement de la mortalité périnatale durant l’époque gallo-romaine qu’offre ce site ont été conditionnées par l’incorporation dans la chaîne opératoire des études anthropologiques et céramologiques poussées.

Anthropologue (L. Desouris, E. Portat) : -

Microfouille des vases dans la motte de prélèvement 12 : relevé, si présent, de la position des corps dans le vase et étude taphonomique de la position des ossements.

Céramologue (Jonathan Simon) : -

Etude des décors et typologies. Dessins typologiques.

-

Etude du mode d'étêtage, de bris ou de perforations des vases. Chaque vase possède un type particulier de fracture volontaire.

Par conséquent, chaque vase doit être remonté durablement pour étude, afin que chacun des spécialistes puissent revenir sur du vase en fonction de l’évolution des besoins de l’étude.

12

Aujourd’hui, la qualité du site en tant que témoin des pratiques funéraires pour les morts périnatals a conduit à de nouvelles exigences dans les observations anthropologiques, effectuées maintenant par Emilie Portat :  Etude taphonomique de la position des ossements des périnatals (si présents) et du mode d'effondrement des tessons dans les vases (numérotation de l'ordre d'effondrement des tessons fournie pour les vases sondés par E. Portat.  Etude du positionnement des effondrements sur le vase et de leur relation avec la présence ou non d'un périnatal dans le vase o Nécessité de remonter les vases de manière durable et de conserver la numérotation des effondrements.

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A cela s’ajoute les valeurs patrimoniale et scientifique du lot : L'ensemble des vases (pâte rouges, sombres et claires), à cause de leur contexte archéologique particulier, à savoir le rassemblement d'un très grand nombre de vasescercueils en un espace restreint et organisé, constitue un cas unique en France. Il en ressort donc un critère de rareté de ces artefacts au sein du Patrimoine archéologique. Il faut également prendre en compte les possibilités futures de retour sur étude en fonction de l'évolution de la pensée archéologique et d’évolutions des méthodes et pratiques en conservation-restauration du Patrimoine. Pour ce faire, il était nécessaire de conserver en place les vases-cercueils, de façon à pouvoir différer leurs études à courts ou plus longs termes, sans perturber les délais d’investigation sur le terrain. De ce fait, des prélèvements en motte garantissant la préservation du positionnement des vases, des ossements et de leur environnement ont été réalisés. N’ayant pas pris part à ces opérations et par soucis de concision, la procédure complète de conservation du mobilier, réalisée par Marjorie MAQUEDAROLLAND, responsable des interventions de conservation-restauration, a été annexée13.

2. Le milieu d’enfouissement.

Pour

mieux

saisir

ce

qui

a

conditionné les choix en matière de conservation-restauration terrain,

il

est

sur

le

important

de

comprendre ce qui constitue le milieu d’enfouissement du vase. Le vase a été exhumé proche d’une carrière de craie et d’un four à Figure 27 : Photographie de la fouille des carrières.

13

Voir annexe 15 : Procédure de conservation du mobilier

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chaux. Par ailleurs, en accord avec les observations émises par J. SIMON, le vase était « … déposé de chant, légèrement incliné vers le sud (fond vers le nord). Il était comblé par un sédiment argileux brun (2082), contenant de très nombreux silex dissymétriques, des nodules de terre cuite architecturale et de calcaire, des charbons de bois, des fragments de coquilles et d’os animaux, ainsi que des petits fragments de paroi vitrifiée. »

Figure 28 : Photographie des deux éléments du four à chaux. En haut, la chambre de chauffe.

Afin de comprendre l’impact que pourrait avoir ce milieu sur l’objet, il est important de définir les éléments principaux de ce milieu-là.

a. La craie Une carrière de craie est située non loin du lieu d’exhumation du vase-cercueil. Elle fait donc partie intégrante du milieu d’enfouissement. La craie est une roche sédimentaire contenant presque exclusivement du calcaire (CaCO3) et un peu d'argile. Généralement très pure, elle peut cependant être marneuse 57


(lorsque le calcaire et l'argile sont en proportions à peu près égales), glauconieuse (si elle contient de la glauconie), dolomitique (si elle contient des recristallisations de dolomite comme dans la craie de Vernon), à silex, etc. Ici, nous serions plutôt en présence d’une craie marneuse compte-tenu de la présence d’argile à silex dans le sol chartrain. Les origines de la craie remontent à l’époque géologique du Crétacé. Elle s'est formée par accumulation de squelettes de microorganismes marins, coccolithes. Au cours du Crétacé supérieur (entre -100 et -65 millions d'années), d'importantes couches de craie se sont déposées sur l'actuel Bassin parisien. On en retrouve de ce fait en forte propension dans la région de Chartres et plus globalement dans le nord de la région Centre. Les couches de craie sont souvent des aquifères. Il en est ainsi de la nappe phréatique de la Beauce qui couvre 9 000 km². Dans le nord de la France les hommes préhistoriques ont creusé la craie pour en retirer de gros nodules de silex noir. La craie a ensuite été exploitée pour produire des pierres de taille, pour alimenter les fours à chaux ou fournir les moellons qui garnissaient l'intérieur des murailles de fortifications (Citadelle de Lille par exemple). Cela correspond donc à l’activité de chauffournerie observée proche du site d’extraction de craie.

b. La chaux L’activité de chauffournerie située sur le site est responsable de la présence de chaux dans le remblai du vase-cercueil. La chaux est une matière généralement poudreuse et de couleur blanche, obtenue par décomposition thermique (pyrolyse) du calcaire. Elle est utilisée depuis l'Antiquité, notamment dans la construction. Chimiquement, c'est un oxyde de calcium avec plus ou moins d'oxyde de magnésium, mais la désignation usuelle de chaux peut englober différents états chimiques de ce produit. On les distingue notamment dans le langage courant par rapport à leurs utilisations dans la construction :

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La chaux vive est le produit direct de la pyrolyse du calcaire, principalement de l'oxyde de calcium (CaO). La chaux aérienne, ou chaux éteinte, est obtenue par la réaction de la chaux vive avec de l'eau. Elle est constituée surtout d'hydroxyde de calcium (Ca(OH) 2). Elle est dite « aérienne », car elle réagit avec le CO2 de l'air. La chaux hydraulique est constituée en plus de silicate et d'aluminate car elle provient à l'origine de calcaire moins pur. Elle est désignée « hydraulique » parce qu'elle durcit en présence d'eau. Enfin, la chaux désigne aussi le matériau « ayant fait prise » après utilisation. Bien que ce ne soit que le liant, on parle d'un mur à la chaux, mais chimiquement la chaux en question est majoritairement redevenue du calcaire (CaCO3). D’un point de vue historique, le principe qui consiste à « brûler », calciner une pierre pour en extraire un composant meuble que l'on pourra reconstituer ensuite a probablement été d'abord découvert avec le gypse qui, en étant chauffé (à 150 °C), donne du plâtre. Ce matériau plus facile à obtenir a été découvert avant la chaux, mais des mélanges de plâtre et de chaux sont utilisés comme support de peinture murale en Égypte dès 2600 ans avant J.-C. Des constructions en chaux sont ensuite apparues, jusqu'à être utilisé dans toutes les constructions romaines, des habitations aux aqueducs en passant par les thermes. Des nombreuses techniques d'application utilisées à l'époque romaine, ont traversé le Moyen Âge. L'utilisation de la chaux est pourtant restée quasiment incontournable dans le bâti jusqu'à la découverte du ciment au milieu du XIXe siècle. Durant l’antiquité, il semble que ce soit la chaux hydraulique qui était utilisée. La chaux hydraulique est obtenue à partir de calcaire contenant des silicates, aluminates et des composés de magnésium. La chaux hydraulique la plus courante provient de la calcination de calcaire mêlé d'argile.

59


c. L’argile à silex Les argiles à silex sont des produits de décomposition de calcaire ou de craie à silex fortement présents en Beauce. C’est donc un sédiment éluvial dont le minéral argileux est en partie de la nontronite, minéral riche en fer de la famille des phylosillicates 14. L’argile à silex forme un matériau plastique qui retient les eaux et empêche sa pénétration dans les couches inférieures. Elle induit donc un fort retrait au séchage.

B. Opérations préliminaires nécessaires à la réalisation du constat d’état 1. Protocole d’examen

Compte tenu du terrain d’enfouissement et des observations qui ont été formulées durant le traitement d’autres vases-cercueils exhumés sur le même site, l’enfouissement dans un terrain argileux plutôt basique et contenant une forte proportion de minéraux peut conduire à une fragilisation physique et chimique de la pâte. Le séchage de la couche de substrat d’enfouissement à la surface des fragments risquerait d’entrainer de fortes contraintes sur celle-ci par retrait au séchage et une remontée de sels solubles à la surface, si présents. Ces contraintes pourraient induire un effritement de surface par cisaillement ou soulèvement et par conséquent une perte physique de matière. Les observations et traitements préliminaires au constat d’état devront donc suivre un protocole précis permettant de maîtriser ces contraintes.

a. Utilisation d’une enceinte à atmosphère humide

14

Définition tirée de http://dictionnaire.sensagent.com : « Les phylosillicates, appelés aussi silicates lamellaires, sont des minéraux de la famille des silicates construits par empilement de feuillets tétraédriques (« T ») où les tétraèdres partagent trois sommets sur quatre (les oxygènes « basaux »), le quatrième sommet (l’oxygène « apical ») étant reliée à un feuillet octaédrique (« O ») occupé par des cations différents (Al, Mg, Fe, Ti, Li, etc.). L’union des feuillets T et des feuillets O forme des couches, qui représentent l’unité de clivage des phylosillicates. »

60


L’observation des fragments doit donc tenir compte de ces données. Elle devra s’effectuer selon ces contraintes : -

Opérations préliminaires (étude et premiers traitements) en atmosphère humide pour maintenir l’humidité des tessons et de la couche argileuse de surface. Il s’agit d’empêcher le séchage pour éviter les contraintes de surface et faciliter son extraction en conservant sa plasticité.

-

Limitation de l’étude à quelques fragments par lot. Le choix se fondera sur l’aspect représentatif des altérations « visibles » rencontrées tels que fissures, dépôts de différentes natures, cratères, abrasions, éclats, cassures fraîches ou anciennes, délitements, desquamations.

La définition des contraintes d’observation nous dirige donc vers la création d’une enceinte permettant l’examen, la manipulation et l’application des premiers traitements dans une atmosphère humide.

Propriétés de l’enceinte à atmosphère humide : -

L’enceinte doit donc maintenir une humidité relative 15 supérieure à 75%, à température ambiante pendant une durée de 8 à 10h. Cette valeur d’HR permet de garder une marge de sécurité par-rapport à une atmosphère que l’on considère humide à partir de 65% d’HR16.

-

Cette durée représente une journée de travail dans l’établissement. Fabrication de l’enceinte humide :

-

Contraintes de fabrication :

-

Minimisation des coûts de fabrication

-

Volume de travail suffisant pour pouvoir manipuler et observer les fragments dans de bonnes conditions (200dm3).

15

Par commodité nous noterons humidité relative « HR ».

16

D. Guillemard, la conservation préventive comme alternative à la restauration des objets ethnographiques.

61


-

L’enceinte doit être suffisamment hermétique pour maintenir une HR quasi constante durant une période de 8 à 10h, soit une journée de travail.

-

Présence de zones d’ouvertures dans les parois de l’enceinte pour pouvoir manipuler, observer, et permettre les prises de vues photographiques, tout en minimisant les variations du taux d’humidité relative dans l’enceinte.

-

Une des parois doit être entièrement amovible pour permettre l’introduction des fragments et de matériel dans l’enceinte.

Matériaux choisis : -

Tubes d’évacuation de 1m en PVC (polychlorure de vinyle)

de 32mm de

diamètre. Léger, étanches, facile à usiner et de faible coût, ils permettent de créer facilement une structure légère et sur-mesure pour des coups mesurés. -

Des raccordeurs d’angle en PVC pour tuyaux d’évacuation de 32mm. Ils correspondent aux tuyaux, et permettent de créer une structure cubique facilement démontable. Il évite également le recours à des adhésifs ou des moyens de soudure.

-

Une bâche en film plastique de protection pour plantes d’extérieur de 4m sur 5m. Imperméable, transparente, épaisse, et facilement réglable, elle permet la création de parois souples, amovibles, étanches, et l’insertion de zones d’ouverture.

-

Une tige en acier inoxydable qui permet de bloquer la paroi amovible.

-

Des crochets qui permettent de bloquer la tige contre la structure.

-

Un bac pouvant contenir des liquides, d’un diamètre plus grand que sa hauteur pour maximiser l’évaporation de ceux-ci.

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Schéma de montage de l’enceinte humide :

Figure 29 : Schéma de montage en 3D de l’enceinte à atmosphère humide.

Une série de test, afin de contrôler et d’affiner le montage et les ouvertures ont permis d’aboutir à une enceinte fonctionnelle. Ces tests sont consultables en annexe.

Conclusion Au terme de ces tests, on peut conclure au bon fonctionnement de l’enceinte. Le test réalisé à l’aide d’eau déminéralisée à température ambiante n’a pas été concluant, car il ne permettait pas l’apport d’un taux d’humidité relative suffisant pour l’observation et la manipulation dans les conditions souhaitées.

L’apport en vapeur d’eau a permis de maintenir un taux d’humidité relative supérieure à 75% pendant une durée de 8 à 10 heures correspondant à une journée de travail dans

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l’établissement. La formation de condensation sur les parois sera donc nécessaire pour garantir une humidification continue, à un taux d’HR élevé. On a obtenu des taux d’humidité relative maximums et minimums respectivement de 95% (limite de mesure de l’appareil) et 73%. En moyenne, on a observé une stabilisation du système à une température proche de celle de l’extérieur en moins de 2 heures pour une HR égale à 95%.

L’ouverture et la fermeture de l’enceinte pour l’introduction des fragments ou du matériel n’ont pas troublé les valeurs initiales de température et d’humidité relative. Au bout de 10 à 20 minutes on a retrouvé les conditions d’avant manipulation.

Il apparaissait donc que l’enceinte semble était un bon moyen pour répondre aux contraintes

d’observation.

Elle

permettait

l’observation,

la

manipulation

et

l’introduction d’éléments extérieurs avec un maintien de l’HR supérieure à 75% pendant 8 à 10 heures.

b. Choix des tessons et protocole d’examen

Tous les fragments du vase-cercueil ont été répartis en 4 lots. Ces lots correspondaient à un report des connexions entre fragments sur un papier transparent avant leur extraction de la motte de prélèvement. Cette séparation en lots a été faite pour permettre un remontage simplifié. Les traitements seront donc faits lot par lot pour respecter les conditions actuelles de conservation des tessons. Le but de ce premier examen était l’observation du substrat d’enfouissement présent sur l’ensemble du vase. Une couche d’épaisseur variable empêchait l’examen de surface et des tranches des tessons. Par conséquent sans cette phase préalable, il était impossible de formuler un constat d’état complet du vase-cercueil.

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Ce premier examen a donc débouché sur un protocole de traitements préliminaires à la formulation d’un constat d’état et d’un diagnostic en vue d’une proposition de traitement.

Comme dit précédemment, les conditions actuelles de conservation des tessons du vase cercueil imposaient des précautions de manipulations. Ils devaient être conservés à l’abri de l’air, de la lumière et des variations de températures, chaque ouverture de la boîte de stockage, ainsi que des sacs de conservation sous vide, aurait provoqué un assèchement du substrat et des tessons. L’utilisation de l’enceinte à atmosphère humide a permis de minimiser ces variations en humidité relative et de conserver le sédiment humide. On sait que l’exposition à l’air et à la lumière n’est pas sans conséquences : notamment les agents microbiologiques qui se développent très favorablement en milieu humide et aéré à température ambiante. Par ailleurs, chaque mouvement aurait impliqué des décrochements du sédiment d’enfouissement, des chocs et des vibrations sur les tessons dans un état encore instable physiquement et chimiquement. Pour améliorer les conditions d’examen, une sélection représentative des tessons pour l’observation paraissait un bon moyen pour limiter ces contraintes. Il a donc été choisi d’extraire des lots certains tessons selon ces critères : -

Nombre d’éléments d’observation sur un même tesson.

-

Présences d’altérations spécifiques, par exemple : érosion de tranches, cassures récentes, fissures, abrasion, délitement, etc.

-

Présence du sédiment d’enfouissement sous plusieurs formes et épaisseurs.

-

Signes de développement de microorganismes.

-

Présence visible de traces de différentes natures.

-

Forme particulière du tesson.

Chaque tesson a été conservé indépendamment de son lot d’origine, en gardant une traçabilité de son lot de provenance. Ils ont été stockés dans des sacs hermétiques individuels transparents de type Minigrip©. Ces sacs ont permis une manipulation plus

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aisée, sans toucher la surface du tesson. De plus ces sacs individuels, conservés hors des sacs contenant les lots, ont évité les ouvertures successives de ces derniers. Pour l’observation, chaque tesson a fait l’objet de prises de vues face et dos, avec une échelle photographique adaptée. L’appareil utilisé est un reflex numérique Olympus®E50017. Les clichés ont permis l’observation sans manipulation.

Répartition des lots sur le relevé des connexions :

Figure 30 : Relevé des connexions des tessons effectué par L. DESOURIS lors de la microfouille du vase.

Présentation des tessons : Lots

Face A

Face B

Col

17

L’avantage de cet appareil est de proposer le format photographique « RAW » ou « brut ». Ce format permet de produire des photographies brutes que l’on devra développer numériquement, tel un négatif argentique. Il contient également des informations colorimétriques sur les clichés qui peuvent s’avérer intéressantes.

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Lot 1

Tesson 1

Tesson 2

Tesson 3

Tesson 4

Lot 2

Tesson 1

Tesson 2

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Lot 3

Tesson 1

Lot X

Tesson 1

2. Observations préliminaires a. Etat de conservation de la surface

Couche superficielle de sédiment : Une couche d’épaisseur fine à très épaisse couvrait l’ensemble de la surface et des cassures anciennes des tessons. Elle se présentait sous forme régulière, irrégulière ou très irrégulière en amas d’argile (voir figure 31 p.69). Visuellement, cette couche avait un aspect brun à brun foncé selon l’épaisseur. Tendre et de texture grasse, il a été facile de l’extraire au scalpel. On a retrouvé parfois des petits bris de surface, des traces ou des blocs noirs charbonnées, des résidus calcaires, des morceaux de coquilles.

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Figure 31 : Photographie illustrant l'amas de sédiment présent à la surface des tessons.

Lorsque l’on se rapprochait de l’épiderme des tessons, la couche argileuse apparaissait comme un mélange fin, irrégulier, plus clair et plus dur. Une texture mousseuse blancocre se mêlait à l’argile pour former une couche très adhérente et ancrée en surface, difficilement extractible mécaniquement (voire figure 32, ci-dessous).

Figure 32 : Photographie de détail de la couche argileuse

L’aspect visuel et mécanique des couches variait également selon qu’elles étaient positionnées sur la face intérieure ou extérieure du tesson. En général, la pâte sous-

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jacente était donc beaucoup plus visible sur les faces extérieures que sur les faces intérieures recouvertes d’une couche d’argile grasse et épaisse. Par ailleurs, en s’intéressant à la couche fine directement en contact du tesson, ce mélange de dépôt blanc-ocre et d’argile formait une croûte dure et ancrée dans la surface. Ce type d’édifice était plutôt présent sur la surface externe du vase.

Etat de surface : Bien qu’il ne soit pas possible de faire un examen complet, certaines observations ont pu être émises :

Observations de surface

D’après une observation générale, les faces intérieures et extérieures ne présentaient pas les mêmes états de conservation : Les faces extérieures qui, comme nous l’avons vu, ne présentaient pas les mêmes caractéristiques en terme de couche superficielle argileuse que les faces internes, semblaient visuellement relativement bien conservées (voir figure 33, ci-dessous), mais de dureté plutôt tendre et de texture légèrement friable.

Figure 33 : Photographie du plus gros tesson de la panse, illustrant l'état de surface visible.

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Un examen plus précis, soit simplement optique, soit par extraction mécanique au scalpel de la couche argileuse, révélait des désordres locaux. En effet, les zones pour lesquelles on observait un mélange d’argile et de dépôt blanc-ocre dur et ancré, montraient une sensibilité différente. Il nous a semblé que c’était cette couche superficielle qui était à l’origine des arrachements de surface.

Les faces internes quant à elles souffraient d’un état de surface différent (voir figure 34, ci-dessous). La couche superficielle citée précédemment était beaucoup plus étendue et régulière sur les surfaces. Il était très difficile de distinguer la limite entre la pâte et la couche argileuse. L’extraction de l’argile a donc fait l’objet d’une grande attention, afin de conserver les surfaces internes.

Figure 34 : Photographie d'une paroi interne d'un tesson du vase.

b. Etat de conservation des tranches

Les tranches étaient révélatrices de ce que l’on rencontre usuellement en archéologie, à savoir des cassures anciennes et des cassures récentes. Dans notre cas, les cassures anciennes apparaissaient mal dessinées, érodées, et recouvertes du sédiment d’enfouissement, tandis que les cassures récentes étaient nettes, régulières et saines. En

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l’état actuel et sans remontage, il était très difficile de pourvoir détecter des faciès de cassures volontaires. Nous nous en sommes tenus donc à la distinction entre cassures fraîches et volontaires.

Cassures anciennes Les cassures anciennes montraient des faciès mal dessinés (voir figure 35, ci-dessous). Elles laissaient voir un feuilletage et de nettes pertes de matières. Une couche fine de sédiments d’enfouissement venait remplir les irrégularités de la stratigraphie. On remarquait les mêmes variations de caractéristique de sédiments, à savoir une couche grasse d’argile facilement extractible et une, plus dure, sensible et ancrée dans la matière, mêlée d’argile et d’un dépôt blanc-ocre.

Figure 35 : Photographie de détail d'une cassure ancienne

Cassures récentes Les cassures récentes étaient facilement décelables. Rectilignes, saines, possédant une stratigraphie parfaitement lisible, elles permettaient une lecture facile de celle-ci et une analyse en profondeur de l’état de cohésion de la pâte (voir figure 36 p.72).

72


Figure 36 : Photographie de détail d'une cassure récente.

Premières observations sur l’homogénéité de la pâte : Il s’agissait une pâte plutôt homogène, présentant une forte proportion de grosses inclusions de dégraissant sous forme de nodules blancs à noirs. La cuisson n’a pas été entièrement à cœur. On observait une différence de couleur qui tendait vers l’ocre au centre sur environ 30 % de la stratigraphie quelle que soit l’épaisseur de la pâte (voir figure 36, ci-dessus). On remarquait la formation d’un liseré net dans la stratigraphie. La limite entre la pâte et le liseré était irrégulière.

c. Observations particulières à certains tessons :

Moisissures : Ne pouvant maintenir l’objet à une température inférieure à celle propice au développement de moisissures, leur développement était inévitable. On ne pouvait que ralentir ce développement par le protocole de conservation préventive mis en place précédemment, à savoir dans un milieu anaérobie et sans lumière. Plusieurs signes de développement étaient visibles sur certains tessons dans une plus ou moins grande mesure. Ils semblaient toutefois ne se limiter qu’à la surface de la couche de sédiment. On distinguait deux principaux types de populations :

73


Une population à la texture fine, mousseuse et invasive :

Figure 37 : Photographie de détail d'une population de moisissure de texture mousseuse.

Une autre sous forme d’un amoncellement de grains très blancs :

Figure 38 : Photographie de détail d'une population de moisissure de texture granuleuse.

Altérations diverses : Sur trois des fragments sélectionnés, on retrouve à la surface de larges aspérités de forme géométrique plutôt ronde. De 3 à 10mm de diamètre, et relativement profonde, on ne peut toutefois sans une extraction de la couche superficielle de sédiment en faire une analyse plus précise. La forme triangulaire observée est très nette (voir figure 39 p75), tandis que les formes rondes sont plus émoussées.

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Figure 39 : Photographie de détail d'une cavité de forme géométrique.

3. Nettoyage préalable du dépôt géologique

La décision de procéder à un nettoyage était irréversible. Un nettoyage trop poussé ou un protocole de traitement établi rapidement, aurait risqué de déboucher sur une grande perte d’informations ou plus grave sur une augmentation de l’état d’altération de l’objet. Cette décision devait donc être largement justifiée lorsqu’elle a été prise : impossibilité de percevoir la forme ou le décor, impossibilité de procéder à une reconstitution de forme, ou au collage, éléments de dégradation actifs. Dans notre cas, le premier objectif majeur était avant tout d’extraire la couche argileuse de surface pour observer l’état de conservation des surfaces et des tranches des tessons. En effet, il était nécessaire de procéder par palier de nettoyage, afin de pouvoir apprécier l’état de conservation global d’un objet. De même, un nettoyage devait viser ce qui était seulement nécessaire d’enlever. L’élimination d’éléments ne trouvant pas une justification précise ne devait pas être envisagée, car ils devaient faire l’objet d’un projet de conservation-restauration précis. L’objectif de notre nettoyage était de pouvoir émettre un constat d’état et un diagnostic complet sur l’état de conservation du vase, afin de pouvoir envisager les opérations de conservation-restauration nécessaires au remontage du vase pour son étude.

75


a. Extraction mécanique de la couche argileuse

Protocole : Le sédiment étant encore humide, un dégrossissement au scalpel sous loupes binoculaires serait aisé et permettrait d’effectuer les premiers tests de nettoyage en connaissance des éléments présents en surface. Pour procéder à ce premier nettoyage, plusieurs précautions préalables ont été être prises : -

Photographies des deux faces des tessons

-

Maintien de l’humidité du sédiment

Figure 40 : Test de dégagement mécanique de la couche argileuse.

Ces éléments permettraient de juger visuellement de la diminution de la couche argileuse, et de l’aspect progressif du nettoyage. L’étendu de cette intervention était simple. L’action mécanique serait terminée lorsque la finesse de la couche résiduelle ne permettrait plus d’effectuer une extraction en toute sécurité. C’est-à-dire, sans abrasion de surface ou lors d’apparitions locales de résistances risquant de provoquer des arrachements de surface. De même, ce nettoyage devrait se limiter exclusivement à l’élimination de la surcouche argileuse. Tous les

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éléments d’une nature différente, couleur, texture, etc., ne devraient être extraits que s’ils empêchaient l’extraction de la couche. Dans le cas où des éléments de natures différentes devaient être préservés, ils seraient conservés dans des sacs hermétiques de type Minigrip© sous vide.

L’intégralité du traitement a été faite dans l’enceinte humide pour préserver l’humidité de la couche argileuse, et faciliter ainsi son extraction. Ce traitement a été fait par lots successifs de manière à obtenir une progression homogène et ordonnée sur l’ensemble des fragments de l’objet. Au terme de l’extraction mécanique, un nettoyage fin de la couche résiduelle d’argile a pu être envisagé.

Mise en œuvre du protocole :

Lots

Face A

Face B

Col

Lot 1

Tesson 1

77


Tesson 2

Tesson 3

Tesson 4

Lot 2

Tesson 1

78


Tesson 2

Lot 3

Tesson 1

Lot X

Tesson 1

Résultats : La diminution à l’aide du scalpel de la couche argileuse a donné de très bons résultats sans altération de la surface. Une couche résiduelle d’argile était encore présente. Elle tendait notamment à perturber la vision des couleurs, ainsi qu’à obstruer les aspérités de surface par la formation d’un voile plus ou moins épais.

79


Figure 41 : Photographies d'un tesson avant (à gauche) et après (à droite) dégagement mécanique de la couche argileuse.

Pour une meilleure lecture de l’état de conservation des surfaces et des tranches et pouvoir conclure sur un constat d’état, un nettoyage fin de surface a dû être effectué.

b. Traitement par pulvérisation d’eau déminéralisée sous pression et mise en séchage lent.

Contraintes de nettoyage : L’extraction mécanique a montré une bonne cohésion de surface. Il n’a pas été constaté de perte de matière par arrachement. Toutefois, la surface des tessons était nue, sans protection par une phase vitreuse et donc très sensible à l’abrasion. Un nettoyage mécanique plus poussé aurait risqué d’aboutir à une abrasion de la surface et des tranches, ou à des pertes de matière comme ce que l’on peut observer lors des nettoyages intensifs à l’aide d’une brosse à dent. Il s’agissait donc de déterminer une méthode de traitement visant à appliquer une action mécanique douce renforcée par une action de dissolution.

Choix de la méthode de mise en œuvre :

80


Plusieurs solutions sont possible : -

Pulvérisation de vapeur d’eau : o Action chimique de dissolution par ruissellement, et apport de chaleur.

-

Nébulisation : o Action chimique de dissolution.

-

Pulvérisation sous pression d’air à l’aide d’un aérographe : o Action mécanique par pression locale de surface et chimique par ruissellement : action chimique et mécanique.

-

Compresse : o Action mécanique de succion et chimique de dissolution.

-

Utilisation de gels ou de latex : o Action chimique de dilution et absorption.

Solution retenue pour le test : Le premier critère à retenir pour notre traitement était la possibilité de juger visuellement de notre action à chaque instant. Certaines traces, comme un décor au charbon, nécessitaient d’apprécier les surfaces en même temps qu’on les traitait. De même, on a recherché une action de surface entrainant le moins de pénétration possible dans la pâte. Ces deux critères écartaient les solutions en compresses, gels ou latex qui obstruent la vision de l’action et impliquent une action profonde, ainsi qu’un risque de contraintes d’arrachement dans le cas des latex. Si un dépôt présent en surface était plus dur que l’épiderme, il y aurait risque d’arrachement. La vapeur d’eau, qui combine une faible pression, et un ruissellement d’eau en surface de l’objet, comporte un inconvénient : la chaleur. L’application locale de chaleur peut conduire à un éclatement de la céramique ou à la création de microfissures par épisodes de refroidissement/réchauffement. Sur une céramique archéologique très poreuse l’apport de chaleur est donc à proscrire. Reste les solutions par pulvérisation à l’aide d’un aérographe et d’un compresseur ou par nébulisation. Ne possédant pas de dispositif à nébulisation, cette dernière ne pouvait

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être envisagée. La création d’un brouillard autour des fragments aurait certainement permis une dissolution progressive et homogène de la couche résiduelle argileuse, bien que l’absence d’action mécanique aurait été peut-être un problème. Le système par pulvérisation a semblé être la meilleure alternative. Il permettait la projection, sous une pression réglable d’un solvant (ou mélange de solvant), et de procéder à un lessivage de surface, tout en exerçant une action mécanique à la manière d’une micro sableuse. En utilisant une buse très fine, et une pression mesurée, alliée à un bon solvant (ou mélange de solvants), l’action de ce système permettrait de répondre au maximum de contraintes : à savoir, visibilité, localisation et sélectivité du traitement. Cette solution a donc été retenue.

Choix du solvant pour la mise en œuvre : Les risques encourus par la céramique archéologique poreuse en milieu aqueux 18 sont très connus. Toutefois, l’intégralité des tessons conservés jusqu’ici dans une atmosphère quasi saturée en humidité, l’utilisation d’un solvant tel que l’eau n’était donc pas à proscrire, car il ne modifierait pas les conditions de conservation. L’eau ayant une constante diélectrique très élevée, elle devait permettre une bonne dissolution de la couche argileuse, et d’exercer une action de lessivage en surface, notamment de la possible présence d’ions calcium sous forme soluble. Utilisée en eau déminéralisée, son pH (entre 6,5 et 7) participerait à rétablir un pH de surface neutre, nécessaire à la bonne conservation de l’objet dans le temps. L’ajout d’un autre solvant plus volatile comme l’éthanol, utilisé pour des traitements à sec, risquait d’entraîner un séchage non voulu 19, phase que nous avons cherché à maîtriser le plus possible. De même, l’ajout d’un tensio-actif pour améliorer l’action

18

BERDUCOU M. et al., La conservation en archéologie. Méthodes et pratique de la conservationrestauration des vestiges archéologiques, éd. Masson, Paris, 1990, pp. 88-95 19

L’eau avec l’alcool forme un azéotrope. Un azéotrope est un mélange de liquide qui bout à température fixe. Par exemple, l’alcool à 96° (96% d’éthanol et 4% d’eau) est un mélange azéotropique qui bout à 78,1°C. Cet abaissement de la température de l’eau (100°C) par mélange avec l’alcool facilite son évaporation à température ambiante.

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nettoyante20, ne paraissait pas une bonne solution. La sélectivité de l’action aurait risqué d’être compromise et aurait nécessité par la suite son élimination. On a préféré l’utilisation de solvants volatiles et de détergeant une fois l’ensemble des fragments débarrassés de l’eau contenue21, pour des traitements localisés.

Choix d’une valeur de pression pour le compresseur : La solution retenue a donc été l’utilisation d’eau déminéralisée pulvérisée à l’aide d’un aérographe et de son compresseur. Il s’agissait de déterminer la valeur de pression (en bar) pour laquelle le rapport efficacité/douceur du traitement semblait le plus équilibré. Le test a débuté à une valeur de 2 bars22. Les valeurs inférieures n’offrant pas une action mécanique suffisante pour garantir une bonne efficacité : mauvaise pulvérisation (grosses gouttes), et quasi absence d’action mécanique. A partir de 2 bars, on a assisté à une dissolution visible du résidu argileux. C’est-à-dire une coloration brune de l’eau ruisselante. Toutefois, après plusieurs passages, les résidus argileux les plus gros peinaient à se dissoudre. L’augmentation en pression a permis d’augmenter l’action mécanique, tout en restant dans des valeurs de pressions raisonnables. Il n’a pas été observé de différence notable entre une pression de 2 et 2,5 bars. Il a fallu atteindre une pression de 3 ou 4 pour constater le début de la dissolution des résidus argileux les plus épais, sans perte de matière en surface. En conclusion, un usage à 3 bars a semblé efficace en premier passage. Dans le cas de traces résiduelles argileuses, une application locale à une pression de 4 bars a permis de parfaire le traitement, sans toutefois excéder les 4 bars de pression.

20

C’est un agent qui modifie la tension superficielle entre deux surfaces. Ce sont des composés amphiphiles, car ils présentent une double polarité, l’une lipophile et apolaire et l’autre hydrophile et polaire. C’est cette propriété qui confère aux tensioactifs la capacité de solubiliser deux phases non miscibles par exemple. 21

Eau présente dans les pores de la céramique.

22

Le bar est une unité de mesure de pression équivalente à 10 5 pascals. Plus communément on admet qu'un bar vaut 1 kg par centimètre carré

83


Figure 42 : Illustration de la phase de nettoyage des résidus argileux à l’aide d’eau déminéralisée et d’un aérographe.

c. Séchage lent des tessons

Après traitement (voir figure 43, ci-dessus), tous les tessons ont été placés en séchage lent, à l’abri des mouvements d’air et de la lumière. La lumière a une action calorique de chauffe23, combinée avec un air à température ambiante en mouvement, l’exposition des tessons sans protection aurait conduit à une évaporation très rapide de l’eau contenue24. Par phénomène d’évaporation rapide, les ions sodiques présents, auraient tendance à être véhiculés et déposés à la surface des tessons 25. De même, un séchage accéléré aurait entraîné un assèchement brutal des pores de la céramique. Les microfissures, soulèvement d’épidermes et autres endommagements structurels auraient été accablés de contraintes non négligeables pouvant conduire à des ruptures cohésives du matériau ou des allongements de fissures. Une évaporation lente de l’eau contenue

23

D’après l’article tiré du site http://fr.wikipedia.org/wiki/Infra-rouge : Les rayonnements infrarouges, qui font partie de spectre de la lumière, émettent de la chaleur. L'infrarouge est associé à la chaleur car, à température ambiante ordinaire, les objets émettent spontanément des radiations dans le domaine infrarouge ; la relation est modélisée par la loi du rayonnement du corps noir dite aussi loi de Planck. 24

L’évaporation est favorisée par trois composantes : surface d’évaporation, mouvements de l’air et l’élévation de la température. 25

D’après BERDUCOU M. et al., La conservation en archéologie. pp. 92-94 : L’assèchement provoque une augmentation de la concentration en sels de l’eau contenue dans les pores qui migre en surface pour s’évaporer. Il en résulte à une certaine concentration une re-précipitation des sels proches et/ou à la surface de la pâte. L’augmentation du volume liée à la cristallisation exerce une pression sur l’épiderme de la pâte qui engendre un éclatement de surface.

84


était très conseillée pour une acclimatation harmonieuse des fragments à leur nouvel environnement : à savoir, une température ambiante de 21°C (±3°C), et une humidité relative de 40% (±5%). La durée du séchage a été celle nécessaire à l’évaporation quasi complète de l’eau contenue. Pour cela nous nous sommes basé sur une sensation visuelle et sur le toucher, en laissant une marge d’une semaine après constatation du séchage.

Méthode de séchage retenue :

Figure 43 : Schéma de fonctionnement de la planche de mise en séchage lent des tessons.

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Figure 44 : Photographies des différentes positions de la planche de mise en séchage lent des tessons. Ouvert, sous bâche plastique, sous film plastique et couverture de survie.

d. Résultats des traitements préliminaires Lots

Face A

Face B

Col

Lot 1

Tesson 1

Tesson 2

86


Tesson 3

Tesson 4

Lot 2

Tesson 1

Tesson 2

Lot 3

87


Tesson 1

Lot X

Tesson 2

La couche argileuse ne représentait plus un obstacle à la formulation d’un constat d’état et d’un diagnostic. Seules les aspérités de surface et des tranches contenaient encore des résidus argileux persistants. Le frottement et l’insistance n’étant pas des solutions respectueuses, il était évident que la suite des traitements devait se poursuivre à sec. Les traitements par immersion ne doivent être envisagés que dans le cas de dessalement en profondeur. Toutefois, le risque de lessivage des éléments constitutifs de la céramique était trop grand pour en justifier l’usage, sachant qu’il n’a pas été observé de remontées de sels solubles en surface. Pour des questions de temps, d’argent et de matériel, il n’a pas été possible d’effectuer de tests de conductimétrie ou d’analyses instrumentales permettant de qualifier ou quantifier la teneur des tessons en sels solubles.

88


Figure 45 : Couplage photographique avant et après traitement de dégagement de la couche argileuse et séchage lent.

Le temps de séchage a duré 3 semaines pour que l’intégralité des fragments soit visuellement et tactilement secs. L’observation directe montrait une quasi disparition de la couche argileuse résiduelle et le maintien des éléments traces que l’on souhaitait maintenir. A savoir, les dépôts blanc-ocre ou encore les résidus de sédimentations noirâtres présents sur le col et le plus gros fragment.

Figure 46 : Photographie de la paroi interne des tessons de la partie haute du vase.

89


Il a été constaté un très fort éclaircissement de la surface (voir figure 46, p.90). On passait d’une pâte rouge-orangé plutôt vif à l’état humide à une pâte plutôt beige-orangé clair à l’état sec. Cet éclaircissement était généralisé ce qui signifiait un séchage homogène des fragments. D’autre part, les amas blanc-ocre ne semblaient pas évoluer. Il n’y avait pas d’apparition de conglomérats blanc-pur, ce qui sous-entendait que la pâte ne contenait pas une proportion de sels solubles suffisante pour qu’ils puissent précipiter en surface, ou bien que le traitement par aérographe avait permis d’éliminer les sels résiduels. Les tranches ont subi un faible passage à l’aérographe. La pâte étant fragile et friable, il était préférable de poursuivre le traitement postérieurement. Il restait donc des résidus argileux et des conglomérats blanc-ocre sur celles-ci (voir figure 47, ci-dessous).

Figure 47 : Détail des résidus argileux laissés volontairement sur les tranches.

90


II. Constat d’état, diagnostic et proposition de traitement A. Constat d’état et diagnostic 1. Constat d’état

Le constat d’état s’attache à l’observation formelle du vase et de son état de conservation. Ce constat devait donc faire l’objet d’une description précise de l’objet à étudier et des types d’altérations rencontrées. Pour débuter le constat d’état, un remontage à plat sans connexions a été effectué pour juger de l’homogénéité des traitements préliminaires des fragments déjà secs (voir figures 48 et 49 p.92). Une petite partie des fragments n’avait pas encore trouvé ses connexions. Il a donc fallu attendre un remontage en volume pour espérer pouvoir les replacer et formuler un constat complet de l’état de conservation de la céramique.

Figure 48 : Photographie des parois internes après remontage à plat du vase et traitements préliminaires.

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Figure 49 : Photographie des parois externes après remontage à plat du vase et traitements préliminaires

a. Homogénéité des traitements préliminaires

Les figures 48, page 91, et 49 ci-dessus, montrent que seul un fragment ne correspondait pas à l’avancée des traitements. Une couche résiduelle argileuse était encore visible sur les faces interne et externe. C’était sûrement le fait d’une difficulté à extraire celle-ci. Il s’agissait donc de tenter d’affiner le nettoyage de façon à l’harmoniser.

92


b. Observations sur les dépôts de surface

Figure 50 : Détail illustrant la persistance des concrétions.

On avait maintenant une meilleure vision de l’état de surface. Les amas blancs apparaissaient comme des concrétions de sels insolubles (voir figure 50, ci-dessus), dont l’origine restait à déterminer. La couleur de ceux-ci montrait l’ancienneté de leur formation. En parcourant la surface, comme dit précédemment, on ne constatait pas de formation d’efflorescences après séchage, ni de diminution des concrétions de sels insolubles. On pouvait donc conclure sur la stabilité de ceux-ci et sur l’absence ou la quantité négligeable de sels solubles dans la pâte. Leur extraction n’était donc pas nécessaire. De plus, ils ne gênaient pas la lisibilité de la surface. Un simple allègement mécanique devait suffire pour fournir un résultat visuel satisfaisant. Seule leur présence sur les tranches présentait un problème pour le remontage. Il devenait donc nécessaire dans ce cas de les extraire.

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c. Cratères de surface

Figure 51 : Photographies d’une cavité de forme ronde (à gauche) et triangulaire (à droite) présente à la surface d’un tesson.

Les cavités citées dans les observations préliminaires étaient dès lors parfaitement visibles (voir figures 51, ci-dessus). Celle de gauche la plus répandue en termes de forme correspond à de gros nodules de dégraissant sortis de leur logement et donc à des zones de fragilité de la pâte. Celle de droite, en forme de triangle quasi parfait est quant elle plus atypique. L’examen par le céramologue après retour de l’objet a permis d’en déterminer l’origine. Marque ou simple nodule de dégraissant, il a semblé impossible de statuer avec certitude pour l’une de ces affirmations.

d. Erosion de la partie externe inférieure du vase

On a pu constater une forte érosion de l’épiderme de la pâte sur l’ensemble de la partie basse de la panse et de la base. Cette érosion formait une surface irrégulière piquée. Elle contribuait à une diminution de l’épaisseur de la pâte Figure 52 : Photographie de l’érosion visible sur les tessons du fond du vase-cercueil.

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et donc à une fragilité de cette zone. f. Eclatements et microfissurations de l’épiderme

Plus délicates étaient les observations à suivre. Que ce soit sur les faces internes ou externes, les zones de détachement des nodules

semblaient

particulièrement

fragiles. On constatait des microfissurations ou des effritements de surfaces. Une altération majeure marquait la présence de détachement d’épiderme sur les faces internes. Ces détachements constituaient des Figure 53 : Photographie d’une microfissuration de l’épiderme.

zones de fragilités. En effet, ces zones ont créé des strates accessibles et donc des zones

d’encrassement prioritaires. De plus, l’épidermage a pu s’étendre sur une plus grande zone, lors de chocs ou de variations de températures brutales.

g. Cassures

Les tranches n’ont pas fait l’objet de traitements préliminaires. En effet, elles étaient le plus souvent érodées et cette érosion rendait leur texture friable. De même, ces irrégularités auraient rendu le

traitement

par

pulvérisation

inefficace, à cause de l’ancrage trop profond du sédiment. Elles étaient de ce fait encore recouvertes de sédiment, hormis les cassures fraîches. Figure 54 : Photographie de la couche argileuse persistante sur les tranches.

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Certaines cassures étaient émoussées et paraissaient anciennes. Cela se traduisait par une tendance à un lissage des reliefs. Cette usure des tranches a rendu difficile les connexions entre les tessons, ainsi que le remontage définitif. De plus, la diminution des reliefs a réduit les surfaces de contact et par conséquent d’interfaces de collage. Certaines cassures étaient recouvertes de dépôts insolubles et indiquaient des possibles lieux de lacunes par exposition directe avec le sédiment. Certaines cassures possédaient des reliefs nets et des couleurs très vives. Elles paraissaient récentes, car dénuées de sédiment (voir figure 55, ci-dessous)

Figure 55 : Photographie montrant un fragments brisé en plusieurs tessons et possédant des cassures nettes dénuées de sédiment.

Certaines cassures apparaissaient comme liées à un choc. En effet, leurs faciès révélaient un impact net sur l’une des faces et s’élargissant sur la face opposée. Ces cassures étaient

très

configurations

fragiles,

car

leurs

biseautées

diminuaient l’épaisseur de la pâte à Figure 56 : Photographie illustrant le faciès biseauté de certaines cassures.

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l’état de lamelles très sensibles au bris.

h. Différences de teintes D’après ce cliché on voit une nette démarcation de couleur. Cela correspond peut être à un revêtement appliqué

que l’on aurait avant

ou

après

cuisson. Une autre hypothèse peut conclure à une résultante de cuisson de la céramique ou de sa fonction funéraire. On remarque

également

que

Figure 57 : Photographie illustrant les différences de teintes existantes sur la paroi interne du vase-cercueil.

l’épiderme interne forme une couche quasi grésée. Cette couche nous a semblé plutôt fragile, puisqu’elle forme une strate indépendante du reste de la stratigraphie. Elle tend à se fissurer ou à craqueler de façon locale. On a pu conclure à des problèmes locaux d’interface entre épiderme et structure interne de la pâte.

Sur les faces extérieures, on peut noter des variations de teintes. On passe ainsi d’une teinte plutôt beige sur un côté de la panse à une teinte proche du rouge de la stratigraphie de la pâte sur l’autre face. Cela nous a révèle un problème de facture. Normalement, ces variations sont corrigées par l’application d’un engobe blanc permettant d’harmoniser les teintes.

i. Facture du vase L’application de l’anse a été l’objet d’un soin en demi-mesure. En effet, tandis que l’étalement horizontal de la pâte au niveau du col a été effectué avec beaucoup d’attention, les finitions de la pause ont été, quant à elles, plus négligées. Sous l’anse se forme une surépaisseur ce qui indique l’absence de lissage. Cette absence de finition a pu constituer un élément de fragilité lors de chocs de différentes natures, car, à cet 97


endroit, anse et corps forment deux entités différentes non mêlées et donc deux phases (voir figure 58, gauche, ci-dessous).

Figure 58 : Photographies montrant le détail de la pause de l’anse (à gauche) et du revers de l’anse (à droite).

L’autre extrémité de l’anse (voir figure 58, droite, ci-dessus), fixée en extremum de panse, a été un bon indicateur de ce défaut de fabrication. On voit nettement le détachement qui s’est produit au niveau de la pause. Une grande lacune présente à cet endroit souligne ce problème.

Figure 59 : Photographie illustrant l’aspect picté et la visibilité des dégraissants en surface.

Un autre défaut de fabrication réside dans la finition de la surface externe du vase. En effet, de nombreuses petites aspérités longilignes (voir figure 59, ci-dessus) ponctuent l’épiderme du vase. Elles soulignent le fait que la surface a été laissée brute de tournage. Il en va de même pour le trait de tournage que l’on retrouve sur la partie inférieure de la panse.

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j. Fissurations Une fissuration est notable sur un fragment. Il est également probable que d’autres fissurations soient présentes, étant donné le nombre de cassures fraîches. Ces fissures sont des zones très sensibles, elles se sont formées sur les tessons les plus fins. En effet, une manipulation, un petit choc ou des écarts de températures peuvent suffire à allonger celles-ci et à conduire à la section du tesson en deux parties.

Figure 60 : Photographie détaillée d’une fissure présente sur un tesson.

k. Pâte tendre Il est à noter qu’il s’agit d’un type de pâte plutôt tendre. Il induit une sensibilité à l’abrasion de tous types. Ces types de pâtes sont particulièrement sensibles à l’érosion, ce qui expliquerait en partie la forte érosion que l’on a observée en bas de panse, ainsi que la présence de tonalités plus vives sur certaines parties du vase dues à l’abrasion.

l. Identification de la forme et de la localisation lacunes

Pour pouvoir réaliser l’étude de la forme du vase et de la localisation des lacunes, il était important de procéder à un remontage à blanc du vase. En effet, la forme et la localisation des lacunes ne pouvaient être appréciées sans une mise en volume du vase. Par ailleurs, ce remontage à blanc servirait également à la formulation du diagnostic des altérations et à la réalisation d’une coque de maintien en vue du remontage final.

Remontage à blanc :

99


Compte tenu des informations recueillies préalablement durant ce constat d’état, il est apparu que l’épiderme de la surface externe était beaucoup plus sensible que celui de la surface interne plutôt grésée. De même, la présence de dépôts insolubles ancrés sur la surface externe rendait celle-ci très sensible à l’arrachement. Il était donc exclu d’appliquer de l’adhésif sur les parois externes du vase. Le positionnement des tessons s’est donc fait par l’intérieur du vase dont la paroi était moins sensible. De plus, afin de pouvoir retourner le vase sans risquer une chute des tessons, une coque souple soutenant le vase de l’intérieur a été réalisée. Pour le prémontage, il a donc été utilisé du ruban adhésif de type TESA peu adhérent. Il a l’avantage de ne pas laisser de traces, s’il est appliqué pendant une courte durée. Ici, il n’a été appliqué que le temps des prises de vues et de la création de la coque de maintien. On peut estimer le degré de complétude du vase à 60%. En effet, certains tessons de l’épaule et des parois latérales de la panse n’ont pu être placés en prémontage. Ils formaient un arc de cercle aérien ce qui permettait de mieux concevoir le volume de l’objet, ainsi que la lacune au niveau de l’épaulement. Dans cette optique, une reconstitution en trois dimensions a été réalisée, afin de comprendre le volume de ce vase en attendant le remontage final. Par ailleurs, de nombreux petits tessons n’ont pu être replacés. Il aura fallu attendre la fin des traitements et le remontage définitif pour pouvoir espérer en replacer un maximum.

o Réalisation de la coque de maintien : Afin de pouvoir terminer ce constat d'état et formuler le diagnostic fin de l'état de conservation de ce vase, il est nécessaire de réaliser une coque souple permettant la manipulation du vase en l’état. Pour ce faire, le moyen le plus sûr reste encore l'utilisation de bandes plâtrées avec un intermédiaire de protection de type film polyéthylène. En effet, la création d'une coque par moulage à l’aide de silicone puis la réalisation d’un positif en plâtre ou en stratifié à

100


l’aide de résines serait longue, inadapté, difficile et coûteuse. De plus, la souplesse de la coque ne serait pas suffisante pour l'extraire ou l'introduire facilement dans le vase. Dans cette optique, des tests ont été réalisés, afin de vérifier la validité de la solution retenue. Comme on peut le voir sur les photographies, l'empreinte de forme s’est faite sans problèmes et sans laisser de marque de plâtre (voir figures 62 p100-101).

Figure 61 : Photographies des différentes phases de tests préalables à la prise d’empreinte du vase en vue de réaliser une coque de maintien.

101


Cette coque étant utilisée seulement comme support de maintien pour des manipulations en vue du diagnostic et comme support pour le remontage définitif, les irrégularités de la surface de l’emprunte, liées au film plastique, ont pu être négligées.

o Application : L’étape la plus difficile de l’application a été la pause du film plastique au plus près de la surface, ainsi que la disposition des bandes plâtrées sur les parois verticales de la panse.

Figure 62 : Photographie de la mise en œuvre du protocole de création de la coque de maintien à l’aide de bandes plâtrées. A gauche : pendant le séchage des bandes. A droite : après séchage et extraction de la coque.

La coque une fois sèche a pu être retirée sans problèmes. En effet, les bandes plâtrées, lorsqu’elles n’étaient pas en surépaisseurs, ont conservé une bonne souplesse. La forme était correcte et permettait le retournement du vase sans risques.

102


Figure 63 : Vues latérales et frontales du vase-cercueil après remontage à blanc

Figure 64 : Reconstitution en 3D du vase. Vues hautes et latérales du vase-cercueil

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Identification de la forme

Conformément aux observations émises par le céramologue J. Simon, il s’agit bien d’une amphore régionale à pâte rouge. Le prémontage a permis de produire un dessin du profil archéologique de l’amphore (voir figures 65 p105).

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Figure 65 : Dessin sous Adobe© Illustrator© du profil archéologique du vase

Figure 66 : Dessin d’un profil de bord, similaire à celui du vase-cercueil. Extrait du catalogue typologique de H. SELLES.

La comparaison avec le catalogue typologique de H. SELLES, qui fait office de référence pour la céramique gallo-romaine en pays carnute, a révèle bien des similitudes avec le modèle 1527 (voir figure 66, ci-dessus) provenant des ateliers de Thésée et Pouillé, considéré comme exceptionnel. Le profil du bord du vase 2081 nous est apparu

105


très parlant, il possède le même bord large et droit, avec un léger ressaut en son dessous, deux petits ressauts horizontaux effectuant la liaison entre les deux anses. Ce rapprochement pourrait s’expliquer par le commerce et l’importation interrégionale des productions de céramique. Toutefois, les pâtes de Thésée et Pouillé utilisées pour ce modèle sont sombres, tandis que la pâte utilisée pour le vase-cercueil de notre étude possède une pâte chartraine typique. Il pourrait donc s’agir ici d’une inspiration ou d’un emprunt aux typologies de Thésée et Pouillé par les potiers chartrains. L’autre possibilité étant la présence d’un potier de Thésée et Pouillé dans un atelier Chartrain. La forme de l’amphore de la panse est connue bien auparavant le IIème siècle de notre ère. Elle prend ses sources à Massalia (Marseille), où dès 540 av. J.-C. apparaissent les premiers modèles d’amphores massaliètes qui seront produits jusqu’au IIIème siècle de notre ère pour la conservation du vin notamment. Elles sont elles-mêmes issues de modèles corinthiens et vont largement participer à la diffusion de cette forme dans toute la Gaule Figure 67 : Forme caractéristique d’amphore à vin Massaliète. Extrait du catalogue typologique Lattara.

romaine.

Les lacunes :

Sur les images de reconstitution en 3D du vase-cercueil (voir figure 63 p 103-104), on remarque la présence de deux grandes lacunes principales. Une première, située au niveau de l’épaule. Il manque la moitié du col et sans doute une anse. Cette lacune est de forme circulaire et le faciès des cassures est dentelé avec un biseau vers l’intérieur du vase. La seconde lacune constitue environ 30% du vase. Elle se développe de la base jusqu’en extremum de panse. La moitié de la base et de la panse manque à cet endroit. La forme de la lacune est très irrégulière, mais suit le resserrement de la panse. Il en résulte la formation d’un arc de cercle aérien non jointif au niveau de l’épaulement.

106


Une petite lacune se situe en milieu de panse. Elle possède un faciès de cassure irrégulier avec un biseau vers l’intérieur. De toutes petites lacunes existent, mais peuvent encore être le fait de petits tessons non replacés.

Conclusion : Au terme de ce constat d’état, il est apparu que le vase présentait une grande fragilité. Fissures, éclats, cassures fraîches, microfissures et érosion en sont les principales caractéristiques. Ces altérations correspondent très bien à celles rencontrées usuellement sur les terres cuites archéologiques poreuses. Les risques de desquamation de la pâte ou de pulvérulences de surface évoqués avant le début des traitements préliminaires n’ont pas été relevés. On peut donc conclure que, soit la démarche des traitements préliminaires était cohérente, soit que les risques étaient moins grands que ceux estimés. Dans tous les cas, les précautions utilisées auront permis d’agir avec un grand respect de l’objet et d’écarter ces éventualités.

2. Diagnostic des causes d’altérations

Le diagnostic est essentiel. C’est lui qui doit déterminer les causes des altérations rencontrées sur le vase en fonction de tous les éléments à la disposition du restaurateur (contexte archéologique, milieu d’enfouissement, constat d’état, chaine de conservation, etc.). Le diagnostic a pour second but de déterminer ce qui doit faire ou non l’objet d’une intervention de restauration. A titre d’exemple simplifié, une lacune recensée dans le constat d’état, mais qui apparaît comme volontaire dans le diagnostic, ne devra pas faire l’objet d’un comblement. Il s’agit ici du respect de l’intégrité historique. Le diagnostic doit donc être rédigé avec la plus grande attention et la plus grande documentation possible. Ce vase étant un artefact funéraire, une double attention doit être apportée aux modifications volontaires de l’état de conservation du vase.

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a. L’influence des défauts de fabrication

Le diagnostic est essentiel. C’est lui qui doit déterminer les causes des altérations rencontrées sur le vase en fonction de tous les éléments à la disposition du restaurateur (contexte archéologique, milieu d’enfouissement, constat d’état, chaine de conservation, etc.). Le diagnostic a pour second but de déterminer ce qui doit faire ou non l’objet d’une intervention de restauration. A titre d’exemple simplifié, une lacune recensée dans le constat d’état, mais qui apparaît comme volontaire dans le diagnostic, ne devra pas faire l’objet d’un comblement. Il s’agit ici du respect de l’intégrité historique. Le diagnostic doit donc être rédigé avec la plus grande attention et la plus grande documentation possible. Ce vase étant un artefact funéraire, une double attention doit être apportée aux modifications volontaires de l’état de conservation du vase.

a. L’influence des défauts de fabrication

La facture d’un vase est un élément important pour assurer la bonne cohésion physicochimique de la pâte. En effet, une pâte mal cuite ou mal mélangée ou une forme mal tournée peuvent conduire à des éclatements de celle-ci durant la cuisson. Dans notre cas, la cuisson a été inégale. En effet, la paroi interne et la paroi externe possèdent deux tonalités et deux textures différentes. La paroi interne est beige et quasi grésée, tandis que la surface externe varie de l’orangé au rosé avec une pâte plutôt tendre. Cette différence peut être expliquée par un différentiel de cuisson dans le four. A l’intérieur du vase régnait une atmosphère plutôt réductrice, du fait du col plutôt étroit par rapport à la panse. Cette atmosphère a eu tendance à assombrir les teintes. A l’inverse, l’extérieur du vase a été exposé à une atmosphère oxydante qui donne cette couleur rouge par oxydation du fer. Les différences de teintes s’expliquent par une

108


exposition rapprochée avec les flammes 26. Le différentiel de dureté est difficile à expliquer. Il est possible que ce phénomène soit plutôt dû à l’enfouissement. De plus, la pâte est plutôt grossière. En effet, elle est non lissée et des éléments de dégraissants plutôt volumineux sont visibles en surface. Cela peut expliquer en partie la présence de cavités sur l’épiderme du vase. Ces cavités pourraient correspondre à des départs de gros nodules dégraissants. Ces cavités diminuent l’épaisseur de la pâte, elles constituent donc des zones de fragilité (perforations, fissurations), d’accroches et d’ancrage de la poussière. Il a donc fallu les consolider, afin d’améliorer la cohésion globale du vase. En outre, la pause des anses a été faite avec un soin en demi-mesure. Tandis que l’étalement horizontal de la pâte a été très bien effectué, la zone située sous l’anse est moins bien finie. Cette zone pourrait constituer une zone de fragilité. En effet, si l’application est mal effectuée, des cavités d’air peuvent exister à l’interface corps-anse. Un choc, une vibration ou un écart de température pourraient conduire à la désolidarisation de l’anse. Une injection de consolidant dans cette zone de sensibilité permettrait d’éviter ce problème. Tous ces éléments concourent à qualifier ce vase d’une facture plutôt moyenne. D’après les premières observations sur les autres vases du site, il se pourrait que les vases utilisés soient des vases de seconde-main. Impropres à la vente ou aux taches domestiques, ils auraient été utilisés à des fins funéraires.

b. Les altérations liées à l’activité humaine

L’activité humaine est un élément important dans les altérations physiques. En effet, les manipulations et l’utilisation du vase avant son enfouissement et l’exhumation du vase pendant la prospection archéologique en sont les principales composantes.

26

BERDUCOU M. et al., La conservation en archéologie. pp. 78-88.

109


Les cassures

De façon générale, le sédiment présent à la surface des tranches risquait de gêner le collage et de compromettre sa durabilité. Les tranches devaient donc faire l’objet d’un nettoyage fin. De façon plus précise, l’identification des cassures fraîches, cassures anciennes et cassures volontaires était importante, car leurs natures conditionnent les interventions de conservation et de restauration qui pourraient être menées.

o Les cassures anciennes Les cassures dont le faciès est émoussé sont des cassures anciennes. Elles remontent au moment du dépôt du vase ou correspondent à un remaniement du sol à un temps T reculé. Soit le vase a été brisé au moment du dépôt, soit le séjour dans le sol et les épisodes d’hydratation-déshydratations et de refroidissement-réchauffements ont contribués à de multiples ruptures cohésives du vase. Le plus probable est la combinaison de ces deux facteurs, car aucun remaniement ne semble avoir été effectué. En effet, au moment du dépôt, le vase est souvent lâché sur le sol. L’impact crée des cassures et des fissures. Les fissures pouvant se transformer en cassures au fur et à mesure du temps. L’aspect émoussé est le fruit de l’enfouissement prolongé. Le contact avec les éléments du sol et l’eau durant plusieurs siècles a contribué à éroder les reliefs des cassures exposées.

110


Figure 68 : Vue zénithale du vase après remontage à blanc. Indication des cassures anciennes surlignées en jaune.

Dans le cas des vases cercueils, un grand nombre de cassures anciennes sont le prolongement de chocs dû à l’homme. En effet, bon nombre d’entre-elles correspondent à des tentatives volontaires d’ouverture d’une zone du vase (voir figure 68, ci-dessus). Dans notre cas, le vase a été fracturé sur les côtés de la panse et au niveau de l’épaulement. Il en résulte des cassures dites rayonnantes. Elles sont le fruit de l’onde de choc de l’impact. Elles sont identifiables par leur longueur, leurs lignes courbes bien dessinées et la formation de gros tessons. Toutes ces cassures ont rendu le remontage définitif plus difficile et sa durabilité risquait d’en être amoindrie. A ce titre, afin d’améliorer les interfaces de collage et éviter les risques de détachements liés à la fragilité des surfaces émoussées, un primaire de collage a dû être envisagé.

o Les cassures fraîches Les cassures dont les reliefs sont nets et dénués de sédiments sont dites fraîches. A l’inverse des cassures anciennes, elles sont des altérations contemporaines. Bien qu’une chaîne de conservation ait été mise en place au service archéologique de Chartres, les délais imposés par l’archéologie préventive combinés à la fragilité cohésive des vases ont conduit à la rupture de certains tessons en plusieurs sous-tessons. Cela peut donc être dû au mode de terrassement ou aux chocs induits par le prélèvement en motte. De même, certaines fissures ont pu être prolongées par modification de l’environnement de conservation. Par ailleurs les microfouilles réalisées par 111


l’anthropologue sont longues et imposent un assèchement du sédiment qui contraint les tessons bien qu’ils soient immédiatement conditionnés en sachets hermétiques. Tel est le cas de ce fragment. Ces cassures n’ont

pas posé de

problèmes de restauration. En effet, la netteté des reliefs augmente l’interface de collage et leur dureté n’est pas amoindrie par le séjour dans le sol. Un primaire de collage n’était donc pas à envisager pour celles-ci.

Figure 69 : Photographie illustrant les cassures fraîches sur un tesson brisé en 7 fragments

o Les cassures volontaires et les lacunes Les cassures dont le faciès est biseauté et ciselé de façon arrondie correspondent aux zones de perforations volontaires. Elles sont dues à un choc volontaire de l’extérieur vers l’intérieur. Un biseau se forme donc vers l’intérieur.

Les

ciselures

arrondies

correspondent à une reprise de l’ouverture à l’aide d’un outil. Cela est particulièrement remarquable au niveau de l’épaulement. Elles

sont

à

relier

directement

aux

spécificités des vases-cercueils, à savoir l’élargissement du col pour y introduire le

Figure 70 : Photographie retouchée, afin de mettre en valeur le faciès des cassures volontaires situées au niveau de l’épaulement du vasecercueil.

corps du mort-né. Ici l’élargissement du col a sans doute été raté, le vase a donc été fracturé sur les côtés de la panse pour y introduire le corps. Ces types de cassures sont très sensibles aux bris. Le faciès biseauté diminue l’épaisseur de la tranche. Par ailleurs, elles sont le témoin visuel d’une pratique funéraire méconnue. A cause de cela, une consolidation de celles-ci était à envisager, afin de

112


diminuer leur sensibilité aux chocs. De plus, ces cassures entouraient les grandes lacunes de l’épaulement et de la panse. Dans le cas des tessons de l’épaulement, ils devaient être maintenus par des armatures et non renforcés par un comblement qui aurait risqué de fausser le discours sur l’objet (élargissement de l’ouverture pour le corps) et par conséquent son étude.

Usure de la base L’usure de la base peut correspondre à une utilisation domestique du vase. En effet, bon nombre des vases exhumés sur le site présentent cette altération. La base est piquetée comme si elle avait été érodée. Cela pourrait être dû à des déposes successives du vase sur le sol ou légèrement enterré dans un sol ou un matériau meuble comme du sable pour assurer la tenue

Figure 71 : Photographie détaillée de l’érosion de surface présente en bas de panse et sur la base du vase-cercueil.

verticale du contenant. Cette zone est sensible. L’épaisseur de la pâte a

été diminuée et particulièrement fragmentée. Une consolidation des zones d’éclats était à prévoir, afin de conférer à l’épiderme de cette zone une plus grande stabilité cohésive.

c. L’influence du milieu d’enfouissement

Dans le cas des terres cuites archéologiques, l’enfouissement est un facteur majeur d’altération. L’environnement climatique, organique, minéral et gazeux du sol peut entrainer des modifications physico-chimiques irréversibles sur les céramiques. La compréhension de son impact sur l’objet était donc très importante pour effectuer un diagnostic fin et proposer des traitements adaptés.

113


L’eau a un pouvoir de solubilisation des éléments constituants de la pâte (fer, calcium, etc.). Compte tenu de la position horizontale du vase dans le sol, la panse a formé un berceau. Celle-ci constituait une sorte de bassin qui retient les eaux. Il est donc possible qu’une usure différentielle se soit produite. En effet, la paroi externe apparaît bien plus érodée que la paroi interne. Les faces extérieures étant dirigées vers le centre de la terre et les faces internes vers la surface, on a pu émettre l’hypothèse d’une différence entre eaux de stagnation et eaux de ruissellement. L’argile se serait ancrée de façon préférentielle à l’intérieur du vase, en maintenant les eaux, tandis que la surface externe était directement exposée aux mouvements des eaux et aux éléments du sol27 (chaux et craie).

Figure 72 : Schéma d’illustration des hypothèses sur la circulation de l’eau dans le sol et son impact sur l’objet.

D’après les mesures (pH mètre et papier pH), le pH du sol se situe aux alentours de 8 (±0,5). C’est donc un pH faiblement basique, mais qui au fur et à mesure des siècles a pu fragiliser la pâte. Ce pH est dû à la forte teneur du sol en calcium. En effet, la

27

BERDUCOU M. et al., La conservation en archéologie. Méthodes et pratique de la conservationrestauration des vestiges archéologiques,éd. Masson, Paris, 1990, pp. 92-95

114


présence de la carrière de craie (carbonate de calcium) et de l’activité de chauffournerie (sulfate de calcium) induit une forte teneur du sol en calcium. Le calcium semble être responsable des concrétions blanchâtres présentes à la surface du vase. Des mesures par titrage à l’EDTA disodique ont permis de mettre en valeur le calcium sur des prélèvements de concrétions faites sur le vase. L’absence de solubilité dans l’eau de celui-ci, a conduit à le caractériser sous sa forme de carbonate, le sulfate de sodium étant particulièrement soluble dans l’eau. D’autre part des tests de conductivité ont été menés sur des tessons provenant d’autres vases du même site 28. Ces tests n’ont pas mis en évidence une contamination des céramiques par les sels solubles, ce qui a permis de soutenir l’hypothèse du calcium à l’état de carbonate. Cela paraît cohérent dans la mesure où la présence de petits blocs de chaux dans le remblai du vase constitue une part infime en comparaison de la craie qui fait partie intégrante du sol et dans des proportions très grandes. Les concrétions étant insolubles et n’entravant pas la lecture de l’objet, elles ne constituaient donc pas une gêne, ni un problème pour la conservation cet objet. Tenter de les extraire aurait représenté davantage un risque d’arrachement pour l’épiderme de la pâte qu’un bénéfice. Tout au plus, leur diminution en épaisseur, au scalpel sous loupe, on permis un gain en lisibilité de la surface en diminuant leur impact visuel. Par ailleurs, la fragilité de l’épiderme pourrait donc être induite par l’enfouissement et être responsable des microfissures rencontrées sur les tessons. En effet, les attaques basiques agissent sur les phases vitreuses de la pâte, combinées à l’érosion de l’eau en surface, les nodules de dégraissants proches de l’épiderme sont donc plus mobiles. Cette hypothèse expliquerait en partie la formation de cavités et de microfissures. Les microfissures devaient être également consolidées, afin que les nodules de dégraissants, parties intégrantes de l’objet, et l’épiderme soient conservés en place. En outre, le vase était enfoui à faible profondeur, proche des strates contemporaines. Les épisodes d’assèchement-hydratation ou de refroidissement-réchauffement du sol auraient pu alors contribuer à exercer des tensions internes sur le matériau. Cela expliquerait en partie la présence de fissures ou de bris anciens. Les fissures et bris ont

28

Cf. annexe n° 1.

115


dû être consolidés, afin que leur développement soit stoppé. En effet, les fissures sont très sensibles aux forces de tractions exercées par le poids des tessons entre eux lorsqu’ils sont remontés. Cette traction tend à écarter les fissures et à les prolonger, il était donc important de les stabiliser.

Conclusion : Au terme de ce diagnostic, il apparaît que le travail à mener sur le vase était avant tout un travail de consolidation des zones de fragilité, que ce soit au moyen de résines pour améliorer la cohésion de la pâte ou d’armatures pour soutenir le remontage. Un nettoyage fin des tranches était obligatoire, afin d’assurer l’exactitude du remontage et sa durabilité. Envisager d’autres opérations n’était pas possible sans que l’étude complète du vase n’ait été effectuée par le céramologue et l’anthropologue.

B. Proposition de traitements

La proposition de traitement est comme son nom l’indique la phase décisionnelle qui va conditionner la phase opératoire. C’est elle qui décide de la localisation des traitements, de leur nature et des produits utilisés, en fonction du constat d’état et du diagnostic. Elle doit donc être clairement rédigée, afin que la phase opératoire qui en découle puisse se dérouler dans les meilleures conditions.

1. Proposition de traitements

L’ordonnance des traitements envisagés est primordiale. En effet, chaque phase opératoire doit correspondre à une hiérarchie, afin que les différents traitements se juxtaposent de la bonne manière. De même, les produits utilisés et la localisation des interventions doivent correspondre au code déontologique de la conservationrestauration des biens culturels, à savoir : minimalisme, innocuité des traitements et réversibilité des produits utilisés. 116


Cette proposition de traitements a été envisagée selon la même démarche que précédemment. Il s’agissait d’une restauration pour étude. Les interventions se sont donc limitées à rendre les surfaces lisibles et restituer les volumes, ainsi que rendre l’objet transportable et manipulable. Des préconisations en vue d’une restauration pour présentation au public sont proposées au terme de ce chapitre. . a. Nettoyage des tranches Dans cette optique, la première action à mener était la finition du nettoyage. En effet, les tranches étaient encore recouvertes de sédiment. Envisager les consolidations ou le remontage sans cette opération, risquait d’entraver le bon déroulement de ces opérations et la durabilité de la résine utilisée par incorporation d’impuretés dans celle-ci. Par ailleurs, le grand nombre de fragments induisait un linéaire de tranches à traiter très long. La profondeur de certains reliefs a rendu également très difficile l’extraction mécanique au scalpel sans dégâts. Afin de correspondre aux conditions et à la durée dont pourrait disposer un laboratoire de conservation-restauration dans un service archéologique, il n’était pas envisageable de prendre le temps de dégager les tranches une à une au scalpel sous loupes binoculaires. Pour être plus proche des réalités professionnelles du milieu de l’archéologie, diverses solutions ont été envisagées, mais une seule a été retenue pour son efficacité et son respect des tranches. En effet, l’augmentation du rendement aurait pu se faire au détriment du respect et de l’intégrité des tranches. Par exemple, par un brossage à l’eau et la brosse à dent. Cette technique est couramment utilisée en post-fouille pour le nettoyage du mobilier, mais les dégâts qu’elle cause (lissage des tranches, bris, etc.) sont aujourd’hui bien connus. D’autres techniques de traitement global existent, plus respectueuses et plus précises. Parmi celles-ci, le microsablage29 et l’utilisation de gels formant un film qui enserre les impuretés et qui est pelable une fois sec. Toutefois, l’établissement ne disposait pas

29

Le mircosablage est une technique consistant à propulser une poudre abrasive à la surface d’un matériau à l’aide d’air comprimé. Ce système permet une grande précision et une grande variation dans les duretés et les types de poudres (microbilles de verres, poudre végétale, limaille de fer, etc.)

117


d’une micro sableuse. Je me suis donc naturellement tourné vers l’utilisation des gels pelables. A ce titre, plusieurs gels ont été testés : la carboxyméthylcellulose (CMC), la Klucel G et la Tylose. Ils sont tous les trois utilisés en restauration du papier et sont inertes chimiquement. Au terme de ces tests, c’est la CarboxyMéthylCellulose30 qui s’est révélé avoir le meilleur rapport efficacité/respect de l’objet. En effet, elle forme un film pelable avant d’être complètement sèche et il faut effectuer deux passages, afin d’obtenir des tranches dénuées de sédiment. Cela induit une action douce, car les contraintes de retrait au séchage exercées sur les tranches sont bien moindres, si l’on extrait le film avant séchage complet. A l’inverse, la Klucel G et la Tylose ont révélé une action trop directe en un seul passage avec de petits résidus de pâte liés à l’arrachement. Pour ces deux derniers gels, il faut attendre un séchage complet avant de pouvoir les retirer en film. De plus, leur viscosité augmente très rapidement avec de faibles concentrations, ce qui explique le plus grand retrait au séchage. Ils exercent donc une contrainte trop forte sur les tranches. Il a donc été retenu pour le nettoyage des tranches l’utilisation de la CMC à une concentration de 20% dans l’eau déminéralisée (p/p). La porosité de la pâte étant relativement élevée, il fallait une concentration élevée pour que la viscosité du gel soit suffisante et que l’eau contenue dans celui-ci ne migre pas à l’intérieur de la pâte. Cette concentration permettra également une application aisée et la formation d’un gel très facilement

pelable, ce qui n’aurait pas forcément été le cas à des concentrations

inférieures (10% ou 15%).

b. Le primaire de collage Une fois la phase de nettoyage fin des tranches terminée, la phase préalable au collage pourra être entreprise. Comme nous l’avons vu dans le constat d’état et le diagnostic, les cassures anciennes étaient d’un aspect érodé et leur surface fragilisée. Afin de garantir la bonne tenue du remontage dans le temps, il était nécessaire d’améliorer ces interfaces de collage (voir figure 73 p119).

30

Voir annexe 10 : fiche technique CarboxyMéthylCellulose.

118


Dans cette optique, l’application de ce que l’on nomme un primaire de collage représentait un bon moyen de renforcer ces tranches fragiles. Cette intervention se rapproche d’une consolidation de surface. Toutefois, ce sont les concentrations qui changent. En effet, la résine ne doit pas pénétrer la pâte. Elle sert avant tout à créer une interface de collage performante, comme sur le schéma ci-dessous.

Figure 73 : Schéma d’illustration de la performance des interfaces de collages en fonction de leur ancienneté et de l’apport d’un primaire de collage.

Après une série de tests31 effectués sur une pâte de facture similaire à celle du vase, il a été décidé d’utiliser la même gamme de résine que pour les consolidations, à savoir la gamme commerciale Paraloïd. Cette fois-ci et en fonction des résultats des tests, il est

31

Voir annexe 5 : Choix des résines.

119


apparu que le Paraloïd B72, même à des concentrations de 40% ou 50% en masse dans l’acétone (p/p), ne formait pas un film suffisamment solide pour supporter le poids des plus gros tessons. En effet, lorsque le vase a été exhumé, il était positionné de champ, de ce fait, les tessons situés en extrémités étaient fortement contraints par la gravité. Ils exerçaient alors de leur propre poids des forces de traction ou de compression suivant l’inclinaison par rapport au sol (voir figure 74, ci-dessous).

Figure 74 : Schéma illustrant les interfaces de collage sur lesquelles s’exercent le plus de forces.

Par exemple, l’interface de connexion du col est très petite par rapport au poids de celuici. Il risquait donc de se désolidariser dans le temps. Il était donc nécessaire de trouver une alternative dans la gamme des Paraloïd. Afin d’obtenir un film plus solide, il a fallu trouver une résine possédant une température de transition vitreuse supérieure à celle du B72. Pour cela, le Paraloïd B44 qui flue à une température de 60°C 32 était indiqué. Le

32

Voir annexe 12 : Fiche technique gamme Paraloïd

120


mélange de Paraloïd B72/B44 permet de conserver la forte solubilité du Paraloïd B72, ainsi que sa stabilité chimique reconnue, tout en augmentant la résistance du film de colle. Les tests menés pour la détermination de la résine pour le remontage ont mis en valeur qu’un mélange de paraloïd B72/B44 (50/50, p/p) était très performant pour le collage. Utilisé à une concentration de 15% en masse dans un solvant, ce mélange permet d’obtenir un film suffisamment visqueux pour ne pas pénétrer dans la pâte, mais suffisamment fluide pour ne pas créer de surépaisseur pouvant perturber le remontage, tout en conservant ce rapport performant de résine. Un mélange de solvant sera utilisé pour la dissolution. Il s’agit d’un mélange acétone-acétate de butyle (90%/10%, p/p). Cette faible proportion d’acétate de butyle permet d’allonger légèrement le temps d’évaporation du solvant ce qui confère un lapse de temps supplémentaire pour l’application, mais surtout de ne pas avoir de bulles relatives à l’acétone. L’application devra être faite au pinceau et le séchage à l’air libre, afin que la résine pénètre le moins possible dans la pâte.

d. Les résines pour le remontage et l’application des renforts

Une fois le primaire de collage sec, le remontage définitif pouvait être envisagé en toute sécurité, puisque toutes les phases opératoires préalables avaient été réalisées. En concordance avec les tests effectués33, choisir le couple Paraloïd B72/B44 (25%/75%, p/p) permettait d’assurer une meilleure tenue du collage qu’un couple Paraloïd B72/B44 (50%/50%, p/p), notamment en vue du transport et de la manipulation du vase lors de son étude par le céramologue et l’anthropologue. Ce mélange sera employé à une concentration de 40% dans un mélange acétone/acétate de butyle (90%/10%, p/p), employé pour les mêmes raisons que précédemment, était un bon compromis pour obtenir le résultat escompté, tout en conservant une bonne réversibilité et une bonne stabilité chimique du remontage dans le temps.

33

Voir annexe 5 : choix des résines.

121


L’augmentation de la concentration au-delà 40% n’améliore pas les performances de collage, mais détériore sa mise en œuvre.

e. Application de renforts

Ponts de résine

Les zones soulignées en rouge sur le schéma (voir figure 75, ci-dessous) sont les interfaces de collage où s’exercent les plus grandes contraintes. A ce titre, il était nécessaire de les renforcer. En temps normal, une forme fermée permet d’absorber les chocs, ici, la forme était complètement ouverte. Les parois restaient donc très mobiles. Pour remédier à ce problème, une solution simple et discrète existe. Elle reprend en quelque sorte la méthode des agrafes qui était employée par les raccommodeurs 34, en rendant cette technique non destructive et donc réversible, ainsi que quasi invisible. Il s’agit de créer des petits ponts de résine dont la réversibilité et la stabilité chimique est connue, tel le Paraloïd B72, au niveau des interfaces de collage nécessitant un renfort. Cela permet de contrer l’effet de gravité ou d’inertie, lors de manipulations, par un principe de barrière physique, comme illustré ci-contre. La mélange de résine B72/B44 (25%/75%, p/p) à 40% en masse dans l’acétone-acétate Figure 75 : Schéma illustrant les propriétés mécaniques de l’application de ponts de résine.

de butyle (90%/10%, p/p) utilisé pour le collage semble très performant et pourrait

34

Le métier de raccommodeur prend ses sources aux XVIIe s. Il consistait alors à réparer les faïences en perçant des trous le long des cassures, afin d’y disposer du fil de fer ou des agrafes. D’après : http://www.apophtegme.com/roule/metiers/metiersdisp.htm, consulté le 27 juin.

122


permettre de créer des agrafes fines très facilement. Il sera donc réutilisé pour façonner ces agrafes.

 Les

Armature en aluminium comblements

n’étant

pas

envisageables avant qu’une étude ait été effectuée par l’anthropologue et le céramologue,

quatre

tessons

de

l’épaulement ne peuvent être replacés sans

une

armature

permettant

de

simuler les deux jonctions manquantes situées proche de l’anse. Pour ce faire, l’utilisation de petites tiges en aluminium semble la solution

Figure 76 : Schéma illustrant la localisation des renforts métalliques sur la reconstitution en 3D du vase.

la plus sûre. L’aluminium est un métal léger et malléable (de faible densité) et qui est connu pour sa forte résistance à l’oxydation35. Il est couramment utilisé en restauration de sculpture pour la fabrication de goujons nécessaires à l’assemblage de partie entre elles. Par mesure de sécurité, les tiges de métal seront immergées dans un bain de résine Paraloïd B44 à une concentration de 10% en masse dans l’acétone. Cette couche de résine permettra d’isoler le métal de l’air et donc d’éviter tout phénomène d’oxydation. Ces tiges seront donc fixée ensuite à l’aide du mélange de résine B72/B44 (25%/75%, p/p) à 40% en masse dans l’acétone-acétate de butyle (90%/10%, p/p) utilisé pour le collage et le façonnage des agrafes. Cette étape sera divisée en deux temps. En effet, comme vu précédemment, à la date du prêt de l’objet la fouille n’était pas encore achevée. En effet, il subsiste peut-être des tessons du vase dans des unités stratigraphiques voisines (épandages). Ces tessons, s’ils

35

Au contact de l’air, il se forme à la surface de l’aluminium une couche de quelques micromètres d'alumine, un oxyde imperméable de formule Al2O3 qui protège le reste du métal et se reforme très rapidement.

123


existent, pourraient permettre de combler certains espaces comme ceux des deux jonctions manquantes. Il est donc inutile d’appliquer une tige de renfort et de la résine, s’il faut, à terme procéder à une dérestauration. De plus, la fragilité structurelle que représentera l’arc de cercle de l’épaulement, fait qu’il est préférable d’envisager le positionnement des quatre tessons de l’épaulement une fois la fouille et l’étude terminée.

c. Les consolidants La dernière phase de traitement qui a été envisagée est la consolidation des zones de fragilités du vase. Il s’agissait de redonner au vase une cohésion structurelle et permettre à terme sa manipulation sans risques de pertes de matières, de bris ou d’allongement des fissures. De façon plus générale, il fallait assurer l’intégrité physique du vase et sa bonne conservation dans le temps. Toutefois, elle ne peut être envisagée qu’après application du primaire de collage. En effet, certaines fragilités se trouvent sur les tranches, notamment les nodules de dégraissants apparents. De plus, effectuer cette opération après remontage permettra d’avoir une vision globale du vase-cercueil et, par conséquent, de mieux localiser les consolidations nécessaires. Ainsi, l’apport en résine sera réduit à son strict minimum. Des consolidations très localisées devront donc être réalisées, à l’aide d’une résine à faible concentration, concernant les fissures, les microfissures de l’épiderme, souvent situées autour des nodules de dégraissants, des cassures volontaires biseautées et des éclats de pâte. En restauration de céramiques, il est possible d’utiliser de nombreuses résines pour la consolidation et le collage. Elles ne sont hélas pas toutes réversibles ou ne possèdent pas une bonne stabilité chimique dans le temps. On pense, par exemple aux colles époxy et aux polyacrylates de vinyle. D’autres résines, présentant une bonne réversibilité et une bonne stabilité chimique, mais ne sont, en revanche, pas adaptées aux propriétés physiques de la pâte. La dureté du film et la viscosité sont en contradiction avec la porosité et la dureté de la pâte. Par exemple, les cyanoacrylates sont très fluides, avec une prise rapide et produisent un film dur et cassant.

124


Après étude des choix possibles en matière de résine, il a été décidé de choisir une résine dont la réversibilité et la stabilité chimique sont reconnues et les propriétés physiques facilement modifiables. Il s’agit de la gamme de résines acryliques thermoplastiques dont le nom commercial européen est Paraloïd. C’est le B72 36 qui a été retenu. En effet, sa température de transition vitreuse est assez basse (40°C), ce qui lui confère une bonne flexibilité à température ambiante et il est soluble dans la plupart des solvants organiques37. Il est conseillé de ne pas excéder des concentrations de 10% (p/p) dans le solvant pour des interventions de consolidation38 : la résine risquant de ne pas pénétrer dans le matériau. En dessous de 5%, le film créé est insuffisant pour assurer une bonne efficacité de la consolidation. Comme il s’agissait principalement de consolidation de surface (hormis une fissure), il a été décidé d’utiliser une concentration de 10% dans un solvant, afin d’obtenir une résine à faible pénétration et ayant une bonne action de consolidation. Le choix du solvant ou mélange de solvant est très important. En effet, il conditionne principalement le temps de séchage et la plus ou moins forte coloration après séchage du consolidant. A ce titre, l’acétone39 est connue pour être un bon solvant du Paraloïd, mais aussi pour avoir tendance à colorer le matériau et faire buller la résine au séchage. De plus, il a une très forte volatilité 40. Afin, de pallier ces trois inconvénients pour la consolidation de surface, il a été choisi de faire un mélange d’acétone et d’acétate de butyle41 (80%/20%, p/p). L’acétate de butyle a une volatilité plutôt basse. Son incorporation a permis au consolidant de pénétrer plus en profondeur qu’avec l’acétone seul, mais également de produire un film sans bulles à cause de l’aspect progressif de

36

C'est un copolymère de méthacrylate d'éthyle et d'acrylate de méthyle à un pourcentage de 70-30%. Il a une température de transition vitreuse de 40°C. On le trouve en solution transparente. La résine est vendue en solution ou en pastille. Ces pastilles peuvent être dissoutes avec un solvant compatible à la concentration désirée, ainsi on peut avoir la viscosité que l'on souhaite. 37

Voir annexe 12 : fiche technique de la gamme Paraloïd©.

38

BERDUCOU M. et al., La conservation en archéologie. p. 100-109

39

Voir annexe 11 : Fiche technique acétone.

40

Une trop forte volatilité entraine un séchage de la résine trop rapide et empêche la résine de pénétrer dans le matériau. 41

Voir annexe 13 : Fiche technique acétate de butyle.

125


l’évaporation du mélange de solvant. De plus, l’allongement de la durée de l’évaporation a permis de diminuer l’impact en termes de coloration, car c’est la rapidité d’évaporation de l’acétone qui est à l’origine de la coloration de la pâte. Des solvants lourds comme le toluène auraient pu être utilisés, mais leur volatilité très basse les destine plutôt à des consolidations en profondeur. De plus, leur forte toxicité rend leur utilisation inconvenante pour le restaurateur. Il a donc été choisi, pour la consolidation des zones de fragilités, du Paraloïd B72 à une concentration de 10% (p/p) dans un mélange d’acétone/acétate de butyle (80%/10%, p/p). L’application devra être faite à l’aide d’un pinceau pour les éclats, cassures volontaires et cavités, et à la seringue pour plus de précision pour les fissures et microfissures. Un séchage lent des tessons consolidés a dû être effectué. Il s’agit de limiter la coloration de la pâte, de produire un film souple et d’améliorer la pénétration de la résine. Un séchage d’une semaine sera suffisant pour garantir l’évaporation du mélange de solvant. Le principe de séchage devra être adapté pour correspondre au vase en volume.

f. Conditionnement et support d’observation

Conditionnement

La création d’une boite de conservation est une étape qui ne doit pas être négligée. En effet, c’est elle qui va assurer le transport et la bonne conservation de l’objet pendant les phases de manutention et durant son temps de stockage. A ce titre, une boite de conservation doit répondre à plusieurs contraintes très bien décrient dans les ouvrages de référence 42 :

42

TETTERAULT J., Display materials : the good, the bad and the ugly. Exhibitions and Conservation, Scottish Society for Conservation and Restoration, Edimbourg, 1994, p.78-87. MICHALSKI, S., A systematic approach to the Conservation (care) of Museum Collections, ICC, Ottawa, 1992, 15p. GUILLEMARD D., La conservation préventive, une alternative à la restauration des objets ethnographiques, éd. ANRT (Association Nationale de Reproduction des Theses), Paris, 1995, 275p.

126


-

Protection contre les variations climatiques (température et HR).

-

Isolation contre les chocs et vibration.

-

Adéquation des matériaux avec la conservation à long terme. o Stabilité

chimique :

absence

de

dégagements

gazeux

liés

au

vieillissement du matériau, résistance aux agents chimiques et biologiques. o Matière de contact non abrasive pour l’objet..

Pour ce faire, une boite de conservation doit être idéalement conçue en 4 parties distinctes (voir figure 77 p 128) incluant des matériaux répondant aux contraintes citées ci-dessus : -

Un matériau dur pour résister aux chocs extérieurs.

-

Un matériau tampon de densité haute pour absorber les chocs.

-

Un matériau de calage de densité moyenne pour réduire les vibrations et ne pas contraindre l’objet.

-

Un matériau de contact de basse densité, non abrasif et d’une parfaite neutralité et stabilité chimique pour le contact direct avec l’objet.

127


Figure 77 : Schéma illustrant les propriétés des différentes parties d’une boite de conservation.

Pour réaliser ce type de contenant, de nombreux matériaux sont à la disposition du restaurateur. Le matériau le plus sur de tous reste le polyéthylène. Il résiste au temps, à la plupart des agents chimiques et biologiques, aux solvants et est décliné dans des gammes allant de la très haute densité (gilets pare-balles, UHMWPE43) à de très faibles densités (sac plastiques, VLDPE 44). Entre ces extrêmes, il existe des mousses commerciales de polyéthylène qui se déclinent le plus souvent en trois niveaux de dureté. Toutefois, l’augmentation de la densité va de paire avec l’augmentation du prix de ces mousses. C’est pour cela qu’il est préférable d’utiliser le polyéthylène exclusivement pour les matériaux d’absorption des vibrations (moyenne densité) et de contact (basse densité).

43

UHMWPE = Ultra High Molecular Weight PolyEthylene. Polyéthylène de poids moléculaire élevé.

44

VLDPE = Very Low Density PolyEthylene. Polyéthylène basse densité.

128


Ainsi : -

Les caisses peuvent être fabriquée à l’aide d’essence de bois possédant un pH proche de 745 ou de l’homologue du PE : le PP (Polypropylène 46) ou encore à l’aide de cartons de conservation portant les normes Musée ou sans acide.

-

Les mousses dures, d’absorption des chocs peuvent être remplacées par des mousses de polystyrène, dont les qualités d’absorption des chocs sont reconnues et la nocivité négligeable pour le matériau céramique.

Pour réduire les coûts de conditionnement, il est également important d’aménager les matériaux et de ne pas remplir la boite. Les mousses sont aussi efficaces si elles sont appliquées que sur certaines parties. L’objet doit avant tout rester légèrement mobile, afin que l’absorption des chocs soit optimisée (voir figure 78 p.130).

45

En général, il s’agit des bois dit blancs, comme le balsa, le cèdre, le hêtre ou encore le frêne et le peuplier blanc. 46

Le polypropylène est légèrement moins résistant aux agents chimiques et biologiques que le polyéthylène, mais il est nettement moins cher et reste très stable et performant dans le temps.

129


Figure 78 : Schéma boite de conditionnement optimisée

Support d’observation

Un support d’observation devra être pensé pour éviter que les personnes devant manipuler le vase le dépose tel quel sur une table. Par ailleurs, il s’agit de réduire les besoin de manipulation. Un support sur-mesure permettra de déposer l’objet parfaitement calé et de l’observer dans les meilleures conditions, sans manipulations. Ce n’est pas un support pour présentation au public, mais d’observation pour l’étude du vase. A ce titre, les critères esthétiques ne sont pas à prendre en compte. Le support doit permettre d’étudier l’objet sous toutes les coutures et d’être assemblé ou rangé facilement. De plus, son utilisation est ponctuelle, l’objet ne sera pas disposé dessus pendant de longues périodes. C’est pour cela que les normes à prendre en compte en matière de conservation sont bien moindres. Il faut

donc seulement exclure les

130


matériaux dont la stabilité chimique et la résistance aux agents chimiques et biologiques sont problématiques à court termes. Dans cette optique, le support peut être envisagé de cette manière : -

Utilisation d’un matériau dur peu onéreux pour la structure de base et de préhension. On pensera notamment à l’utilisation d’une essence de bois légère et facilement usinable, si possible.

-

Utilisation d’un matériau suffisamment rigide pour supporter le poids du vase pour les parties de soutien. Ici l’utilisation de carton-mousses semble être la solution la plus adapté à ce type de production. Ils supportent des poids relativement élevés, sont très facilement usinables et peu onéreux.

-

Application de petits coussins en mousse sur les points de contact principaux avec le vase. Il s’agit de ne pas risquer d’abraser la surface, l’application de petites pièces de mousse (polyuréthane, polystyrène ou polyéthylène) permettront de mieux caler l’objet et de respecter la surface.

Concernant la forme, il faut qu’elle soit démontable et la plus épurée possible pour laisser l’objet lisible. A ce titre, une proposition en 3D a été réalisée (voir figures 79 et 80 p. 132) sur mesure à l’aide de la reconstitution du vase 47. Le support ainsi fait, permet d’enlever les parties de soutien de la base et du col du vase cercueil pour plus de lisibilité, le vase-cercueil restant maintenu sur le cerclage au niveau de l’extremum de panse.

47

Voir annexe 4 : Patron du support d’observation

131


Figure 79 : Proposition en 3D d'un support d'observation Figure 80 : Vue latérale et zénithale de la proposition en 3D du support d’observation

Au terme de cette réflexion sur les possibilités pouvant être adoptées pour mener à bien cette restauration, il est maintenant possible de proposer un protocole décrivant les étapes à suivre.

2. Protocole de traitements

Cette sous-partie s’attache à la rédaction d’un protocole qui décrit l’enchainement des interventions de restauration, le mode opératoire et les produits et techniques devant être utilisés pour la restauration du vase-cercueil.

132


Nettoyage fin des tranches et allègement des concrétions

1. Désincrustation des résidus à la surface des tranches à l’aide de cataplasme de CarboxyMéthylCellulose à 20% dans l’eau déminéralisée. o Application du gel de CMC à même les tranches. o Extraction avant séchage complet o Renouvellement de l’opération pour un nettoyage fin du sédiment résiduel. 2. Allègement mécanique des concrétions à l’aide d’un scalpel sous loupe binoculaire.

Application d’un primaire de collage

1. Application d’un primaire sur les interfaces de collage : Paraloïd© B72/B44 (50%/50%, p/p) à 15% en masse dans un mélange acétone/acétate de butyle (90%/10%, p/p) appliqué à l’aide d’un pinceau. 2. Séchage à l’air libre du primaire de collage pendant une durée d’une semaine.

Remontage définitif du vase et pose des éléments de renfort

1. Remontage définitif : Paraloïd© B72/B44 (25%/75%, p/p) à 40% en masse dans un mélange acétone/acétate de butyle (90%/10%, p/p) appliqué à l’aide d’une tige. Excepté les quatre tessons de l’épaulement formant un arc de cercle. o Maintien des tessons en connexion à l’aide ruban adhésif de type TESA© disposé sur la surface intérieure du vase et de pinces en silicone. 2. Extraction des surplus d’adhésif à l’aide d’acétone sur un coton-tige. 3. Séchage de trois jours à l’air libre relatif au délai d’évaporation des solvants. 4. Extraction des rubans adhésifs de marque TESA© 5. Renforcement des interfaces de collage sensibles à l’aide de ponts d’adhésif : Paraloïd© B72/B44 (25%/75%, p/p) à 40% en masse dans un mélange acétone/acétate de butyle (90%/10%, p/p). 133


6. Séchage de trois jours à l’air libre relatif au délai d’évaporation des solvants. 7. Application des deux pièces de renfort en aluminium sur l’interface de collage non jointive proche de l’anse. 8. Séchage de trois jours à l’air libre relatif au délai d’évaporation des solvants.  1.

Consolidation des zones de fragilités Consolidation des zones fragiles (fissures, microfissures, cassures volontaires

biseautées, éclats de pâte et cavités) : Paraloïd© B72 à 10% en masse dans un mélange acétone/acétate de butyle (80%/20%, p/p). o Application en surface à l’aide d’un pinceau pour les cassures volontaires biseautées, les éclats de pâte et les cavités o Application à la seringue pour les microfissures et les fissures. 2. Séchage lent, sous film PE et couverture de survie, pendant une semaine des tessons ayant fait l’objet de consolidations. o Isoler les pièces de l’air et du contact avec l’objet par un double trempage dans un bain de consolidant : Paraloïd© B44 à 10% en masse dans l’acétone.

Conditionnement et support d’observation : o Conditionnement

Réalisation d’une boite en quatre niveaux : 1. Utilisation d’une caisse en polypropylène achetée dans le commerce, munie d’un couvercle rabattable et blocable et de préhensions. 2. Utilisation de blocs en mousse de polystyrène pour l’absorption des chocs. 3. Utilisation de tubes en mousse polyéthylène moyenne densité pour le soutien du vase-cercueil. Ils permettront de créer des cercles de soutien de la panse du vase et de conserver une légère mobilité de celui-ci. 4. Utilisation de film plastique et de coussins d’air en plastique pour le contact et le calage du vase.

134


Support

1. Utilisation de planche et de baguette de balsa de 1,5cm d’épaisseur pour la réalisation de la base du support. 2. Utilisation de carton-mousse (polyuréthane) pour la fabrication des plaques de maintien et du cerclage. 3. Utilisation de petites pièces de mousse polyéthylène pour le calage et le contact avec le vase. 

L’assemble des parties en bois sera effectuée à l’aide de résine PVA K40© diluée à 50% dans l’éthanol (p/p)

La fixation des pièces en mousse polyéthylène sur le cartonmousse sera réalisé à l’aide de résine cyanoacrylate.

Opération à effectuer en octobre 2010 après étude : o Remontage des derniers fragments (de l’épaulement notamment) et ceux pouvant être retrouvés après achèvement de la fouille, selon les mêmes modalités utilisées pour les étapes 1 à 4 du remontage. o Application d’une tige de renfort, si nécessaire (absence de tessons faisant la jonction) selon les mêmes modalités utilisées pour les étapes 7 et 8 du remontage.

-

Conclusion :

Cette proposition de traitements conclu la phase décisionnelle de ce mémoire. Il a pu être illustré jusqu’ici à quel point la phase opératoire doit découler d’une démarche globale de recherche. Celle-ci a permis de définir les contraintes et les axes de travail nécessaires à la proposition d’une restauration qui prend en compte les spécificités de cet objet archéologique et les nécessités de l’étude à venir.

135


III. Mise en œuvre des traitements

Cette partie va s’attacher à suivre le bon déroulement de la phase opératoire. C’est une étape délicate, car c’est l’application des traitements proposés qui va permettra de valider la démarche réalisée jusqu’ici, ou, le cas échéant, d’envisager des réajustements ponctuels des protocoles en fonction des problématiques inhérentes à la mise en œuvre.

A. Traitements de nettoyages et de consolidation 1. Nettoyage fin des tranches et allègement des concrétions

a. Nettoyage fins des tranches et allègements des concrétions.

En accord avec la proposition de traitements la phase opératoire débute par le nettoyage fin des tranches et l’allègement des concrétions.

Nettoyage fin des tranches

L’utilisation de la CMC pour le nettoyage a été décidée pour la douceur et l’aspect progressif de son action. Son application sur l’intégralité des tranches peut paraître longue aux premiers abords, mais son utilisation permet de travailler sur un très grand nombre de tessons en même temps. Afin de pouvoir travailler sur plusieurs tessons à la fois, un support a été créé pour maintenir les tessons à la verticale (voir figure 81 p. 137). Il s’agit d’un support plat muni de sillons, réalisé à base de plastiline et d’un intermédiaire en cellophane. Celui-ci est très utile, car les sillons pouvaient être remodelés en fonction de la géométrie des tessons.

136


Figure 81 : Photographie du dispositif de maintien des tessons en vue de l’application du gel de nettoyage.

L’application du gel a été effectuée à l’aide d’une spatule italienne. Afin que le gel forme un film facilement pelable, l’épaisseur d’application devait être d’environ 3 à 5 mm (voir figure 82, ci-dessous). Pour des épaisseurs inférieures, le gel avait tendance à se désolidariser ou ne pas se peler d’un seul tenant. Les tranches ont été traitées une a une sur chaque tessons. Les tranches dénuées de sédiment (cassures fraîches) n’ont quant à elle naturellement pas fait l’objet d’un traitement de nettoyage.

Figure 82 : Photographie frontale illustrant l’application du gel de CMC avant séchage.

137


Sur ce cliché, on remarque que l’application du gel engendre une faible migration d’eau dans la pâte. Celle-ci est nécessaire au ramollissement du sédiment, afin que son extraction n’exerce que de faibles contraintes sur les reliefs de la tranche. Après un séchage de 2h dans des conditions climatiques ambiantes (18°C, 35% HR), on observe une nette rétractation du gel qui correspond à sa perte en eau. Ce film enserre le sédiment et permet son extraction.

Figure 83 : Photographies illustrant le séchage du gel de CMC.

Après extraction, le résultat visuel est net. L’action est progressive et laisse intact les reliefs de la cassure. Une petite couche résiduelle de sédiment reste et fera l’objet d’un second passage. Il a également fallu faire attention aux petits résidus de gel pouvant subsister aux bords des tranches ou dans les reliefs profonds et les extraire mécaniquement à l’aide d’une pince, d’un scalpel et d’une loupe binoculaire.

Figure 84 : Photographies illustrant le résultat avant-après de l’opération de nettoyage à l’aide du gel de CMC.

138


L’intégralité des cassures nécessitant ce traitement ont été traitées de la même façon sans problèmes. Le résultat final est particulièrement satisfaisant, dans la mesure où celui-ci a permis de retrouver des connexions entre tessons parfaitement jointives et permet d’envisager un remontage durable, sans risque d’intégration d’impuretés dans la résine utilisée pour celui-ci.

b. Diminution mécanique des concrétions

La diminution mécanique des concrétions a été faite à l’aide d’un scalpel sous lunettes binoculaires (grossissement x4). Cet allègement a été effectué sur les concrétions les plus volumineuses, afin de réduire leur impact visuel. Toutefois, l’allègement a été très limité dans la mesure où cette opération entrainait de petits départs épiderme et que leur extraction ne représentait pas une nécessité en termes de conservation48.

48

Une perte de documents photographiques a rendu impossible l’illustration de cette phase opératoire. Voici donc en remplacement une photographie au moment du prémontage et une après remontage final pour illustrer la diminution des concrétions.

139


Figure 85 : Photographies avant-après illustrant la légère réduction des concrétions après allègement mécanique.

2. Application du primaire de collage et remontage définitif du vase a. Application du primaire de collage

Durant le constat d’état et le diagnostic, il avait été relevé que les cassures anciennes été émoussées et présentaient une moindre dureté que les cassures fraîches. En accord avec le protocole de traitement, un primaire de collage a été appliqué sur les cassures anciennes correspondant à des interfaces de remontage, celles restant sans connexion ne justifiant pas d’intervention de consolidation préalable. Comme prévu, l’application du primaire 49 a été effectuée à l’aide d’un pinceau. L’intégration d’une part d’acétate de butyle à l’acétone a été d’un grand bénéfice. En effet, sans celui-ci, il aurait été difficile d’obtenir un film fin et régulier à la surface des tranches, le Paraloïd© B72 aurait été filandreuse et aurait eu tendance à buller, ce qui n’a pas été le cas. De même, la concentration en résine a été suffisante pour qu’elle ne pénètre pas le matériau.

49

Paraloïd B72/B44 (50%/50%, p/p) à 15% en masse dans un mélange acétone/acétate de butyle (90%/10%, p/p)

140


Le séchage de la résine a été effectué l’air libre, afin d’éviter qu’elle ne pénètre dans la stratigraphie. Après séchage, il n’a pas été relevé de coloration de la pâte aux abords des cassures50, ce qui permet de conclure sur la validité du protocole proposé.

Figure 86 : Photographie illustrant l’absence de défaut de remontage lié à l’application d’un primaire de collage.

Ce traitement a permis d’estomper les défauts d’interface de collage et d’harmoniser les différences de duretés et de solidités entre cassures fraîches et cassures anciennes. Par conséquent, il était dès lors possible d’entreprendre un remontage dans de bonnes conditions.

50

Une perte de documents photographiques a rendu impossible l’illustration de cette phase opératoire. En remplacement une photographie de la paroi intérieure du vase montre l’absence de coloration de la pâte et la bonne juxtaposition des tessons, après remontage définitif.

141


b. Remontage définitif du vase-cercueil

Le remontage du vase est la phase la plus gratifiante du travail de restauration, mais aussi la plus critique, car c’est au terme de celui-ci que pourront être jugés l’efficacité, le bon déroulement et l’harmonie des interventions de restauration réalisées préalablement. Le remontage d’un vase doit toujours faire l’objet d’un remontage à blanc préalable. Celui-ci permet de comprendre l’enchainement du remontage et de pas se retrouver bloquer et devoir réincorporer un tesson entre d’autres déjà remontés. Ce remontage à déjà été effectué. Normalement, un relevé des connexions sur films transparent permet de reporté le schéma de remontage à plat. Un relevé de connexion (incomplet) avait déjà été effectué au moment de la microfouille du vase par l’anthropologue. Ce relevé couplé au clichés pris après remontage à blanc suffisent à pourvoir effectuer un remontage dans les meilleurs conditions. La méthode la plus connue 51, mais aussi la plus sûre

pour le remontage d’une

céramique reste celle à l’aide de petits scotchs disposés sur les faces internes et externes tout le long des cassures, en respectant l’ordonnance de positionnement (voir figure 87 p.143).

51

Méthode décrite dans MEYER N. et RELIER C., Conservation des sites archéologiques et du mobilier. Principes et méthodes, ed. UNESCO, France, 1988, p. 30. Dont les textes ont été pour la plupart recueillis durant les « journées archéologiques » du 13 juin 1987, sous la direction de la Direction Régionale des Antiquités.

142


Figure 87 : Schéma du principe de remontage d’une céramique.

Toutefois, cette méthode ne s’applique bien que sur les objets quasi complets et dont la surface est peu sensible. La méthode a donc dû être adaptée. Ici, l’objet est très lacunaire, ce qui oblige à démarrer le remontage par le milieu de la panse. A ce titre, l’utilisation de la coque de maintien et d’une bassine remplie de film plastique (voir figure 88 p.144) épousant la forme du vase a été très adaptée, en lieu et place du traditionnel bac-de-sable. Par ailleurs, les scotchs ont été disposés quasi exclusivement à l’intérieur du vase, la surface extérieur étant trop sensible à l’abrasion et donc aux contraintes d’arrachement.

143


Figure 88 : Photographies illustrant la phase de remontage définitif du vase. A gauche, l’utilisation d’un bac et de film plastique permettant de soutenir la forme de l’objet. A droite, l’utilisation de la coque de bandes plâtrées pour le placement des derniers tessons.

L’adjonction d’acétate de butyle à l’acétone s’est révélée très utile au remontage. En effet, il laisse un long laps de temps avant une prise quasi définitif de la résine, ce qui permet de faire bouger les fragments et de les ajuster pendant toute la durée du remontage. D’autant plus, qu’il s’agit d’une forme ouverte. Une fois le remontage terminé, le vase a été laissé en séchage l’air libre pendant une durée de trois jours. Cette durée ne peut pas être excédée, car les scotchs pourraient laisser des traces à la surface de la céramique. C’est l’un des désavantages de l’utilisation du TESA©. Le risque étant que le/les solvants ne se soient pas totalement évaporés. Il a été profité de ce dernier laps de temps pour extraire les scotchs et nettoyer les quelques débordements de résine. L’extraction des scotchs après remontage définitif a été effectuée à l’aide d’une pince pour les scotchs disposés à l’intérieur du vase-cercueil et par imprégnation d’acétone sur les scotchs pour les quelqu’uns inévitablement disposés sur la face externe du vasecercueil (base, col et anse). L’imprégnation d’acétone permet de dissoudre la résine et donc de désolidariser le scotch du support. Les débordements de résine ont été extraits à l’aide d’un scalpel et d’acétone sur coton-tige. Le résultat est très satisfaisant. Il n’y a pas de ressauts pouvant corrompre l’exactitude du profil du vase. Toutefois, comme prévu dans la proposition de traitements, certaines zones sont sans connexions et s’avèrent très mobiles (zones entourées en noir sur la

144


figure 89, ci-dessous), ainsi que certaines interfaces de collage qui se révèlent trop minces pour supporter le poids des pièces (col et partie latérale, souligné en rouge sur la figure 89, ci-dessous).

Figure 89 : Photographies latérales et frontales du vase-cercueil après remontage définitif du vase. Et mise en valeur des fragilités du remontage.

145


B. Application des renforts, de la consolidation de surface des zones de fragilités, réalisation du conditionnement pour étude et préconisations pour exposition au public 1. Disposition des renforts et consolidations des zones de fragilités a. Application des renforts

Maintenant que le vase est remonté de façon définitive, il s’agit de garantir la solidité du remontage dans le temps par l’application de renforts locaux.

Ponts de résine

La première opération est l’application de petits ponts de résine sur les interfaces de collage sensible. Ces petits ponts ont été disposé sur la paroi latérale gauche et au niveau de l’interface du col (voir figure 92 p. 146). En effet, ce sont ces zones qui sont les plus susceptibles de rompre dans le temps. Les renforts ont été façonnés à l’aide d’un bâtonnet en bois, à même la surface interne, en forme de petites agrafes, puis la forme a été affinée au scalpel pour rendre esthétique et presque invisible leur présence. Comme prévu, ils ont été réalisés à l’aide de Paraloïd© B72/B44 (25%/75%, p/p) à 40% en masse dans un mélange acétone/acétate de butyle (90%/10%, p/p).

146


Figure 90 : Photographies illustrant l’application de ponts d’adhésifs. A gauche renforcement de l’interface du col. A droite, renforcement de l’interface de collage linéaire latérale gauche du vase-cercueil.

Tige de renfort

L’opération de renfort finale est celle de l’application d’une tige en aluminium au niveau

de

l’interface

de

connexion

flottante (voir figure 91, ci-contre). Pour cela, une petite pièce d’aluminium a été usinée à l’aide d’une lime de bijoutier pour chanfreiner les arrêtes, afin qu’elles ne viennent pas cisailler la surface du vase. Puis la pièce a été immergée dans un bain de Paraloïd© B44 à 10% en masse dans l’acétone pour l’isoler du contact de l’air et

Figure 91 : Photographie illustrant l’application d’une tige de renfort.

de l’objet. La pièce a ensuite été disposée de part et d’autre de l’interface de collage manquante pour simuler un pont empêchant les deux parois de bouger.

147


b. Consolidation des zones de fragilités

Maintenant que le vase était remonté et les renforts disposés, on avait une vision bien plus claire de l’étendue réelle des consolidations de surface et leurs localisations. Comme prévu dans la proposition de traitement, les consolidations de surface concernaient les bris, les cassures biseautées (volontaires), les perforations, les microfissures, les fissures, les nodules de dégraissants visibles en surface et les cavités liées aux départs de nodules de dégraissants. La localisation des consolidations est visible sur la figure 92 p 149. Les concentrations qui avaient été déterminées, ont permis d’imprégner facilement les surfaces sans diffusion outre-mesure de la résine. En effet, l’utilisation d’acétone couplée à une viscosité moyenne empêche la résine de migrer trop profondément le matériau. L’application de la résine a finalement été effectuée exclusivement à l’aide d’une seringue pour plus de précision dans le geste. Le séchage pour sa part, a été effectué sous couverture de survie pendant 5 jours, afin de diminuer les mouvements d’air et l’apport de lumière. Ainsi, le séchage de la résine est plus long et plus harmonieux. Cela permet avant tout de diminuer les effets de brillance et de coloration dus à la résine.

148


Figure 92 : Photographies du vase-cercueil après disposition des renforts et schématisation de la localisation des consolidations de surface. Vues latérales, frontales et hautes.

Au terme de ces opérations, le vase pouvait être considéré comme stable chimiquement et surtout physiquement. Les surfaces et les tranches ont été dégagées de la argileuse, les fragilités de surface ont été consolidées et le remontage a été renforcé. Les manipulations nécessaires à l’étude de ce vase pouvaient donc être envisagées sereinement.

149


Dans cette optique, des clichés du vase-cercueil avec les fragments de l’épaulement montés à blanc ont été réalisés et permettent de mieux se rendre compte de l’aspect unique de ce vase (voir figure 93, ci-dessous). On remarque clairement la tentative d’élargissement au niveau de l’épaulement. A l’inverse, la configuration de la plus grosse lacune et des cassures qui la borde ne permet pas d’affirmer l’hypothèse d’un geste volontaire de fracture comme c’est nettement le cas pour celle de l’épaulement dont le faciès est biseauté et dentelé. Les deux perforations, présentent en bas de panse, pourraient sembler montrer une tentative de cassure rayonnante52 au niveau de la panse et relier cette tentative à la raison d’être de la plus grosse lacune. En effet, sans un geste de fracture volontaire, il semble impossible d’expliquer la présence d’une lacune si volumineuse. Ces quatre fragments de l’épaule sont ceux qui devront être remontés après étude en octobre 2010. Sur la figure 93, on remarque également la zone située sous la pince de couleur bleu. C’est cette zone qui nécessitera l’application d’une tige de renfort pour achever le pont que forment ces fragments et ainsi faire tenir la structure sans comblement de lacunes. Figure 93 : Photographies du remontage à blanc des fragments de l’épaule. Vues frontales et latérale.

52

Cf.

150


2. Conditionnement,

support d’observation et documentation à

l’usage des spécialistes en archéologie

Cette phase opératoire va permettre de garantir la pérennité de la restauration pour étude de ce vase-cercueil. C’est grâce au conditionnement et au support d’observation que sera assurer la bonne conservation du vase. Cette phase fait partie intégrante de la conservation préventive qui garantit l’intégrité physique de l’objet et la durabilité interventions de restauration.

a. Réalisation de la boite de transport La réalisation d’une boite de conservation est avant tout l’affaire d’une réflexion sur les matériaux employés et sur leur agencement qu’une réelle mise en œuvre. Elle doit être réfléchie de façon à ce que les opérations de manutention futures (transport, déplacements, déménagements de collection) n’engendrent pas de contraintes de l’objet. A ce titre, un contenant commercial relativement volumineux a été choisi (voir figure 94 p. 152). Il a l’avantage de posséder d’emblée une ergonomie irréprochable. Il est en polypropylène et possède : -

Des poignées de préhension solides.

-

Un système de blocage du couvercle.

-

Un renforcement interne du couvercle, au cas où un élément viendrait à être posé dessus.

151


Figure 94 : Photographie de la caisse de transport

La disposition interne des éléments a été faite en 3 parties (voir figure XX, ci-dessous) :

Figure 95 : Photographie illustrant la disposition des éléments en mousse polystyrène (en jaune) et des tubes en mousse PE (en gris).

Dans un premier temps, des blocs de mousse qui permettent d’absorber les chocs extérieurs et d’adapter le volume du contenant à l’objet.

152


Dans un second temps, la disposition de tubes en mousse polyéthylène de densité moyenne pour former un cerclage viendra soutenir la panse dans sa globalité. Ce système permet également un amortissement des chocs, car plusieurs tubes sont enchevêtrés. Ils sont creux et s’aplatissent donc légèrement, à la manière d’amortisseurs pour voiture. Ils permettent ainsi de réduire très fortement les vibrations et de laisser une certaine liberté de mouvement au vase.

Dans un troisième temps, il a été effectué la disposition des matières à basse densité. Elles assurent le contact avec l’objet diminution des vibrations. Ici deux phases ont été employées. L’utilisation de film PE à bulles d’air et de film plastique pour former un calage souple et adapté à la forme de l’objet pour le soutien des parties fragiles du vase.

Figure 96 : Photographies illustrant la disposition du film bulles (à gauche) et du film plastique (à droite) à l'intérieur du conditionnement.

153


Figure 97 : Photographie illustrant la boite de conditionnement une fois le vase à l'intérieur et les films plastiques repliés.

b. Réalisation du support d’observation La réalisation du support a été plus compliquée. En effet, l’usinage du balsa n’a pas été aussi simple qu’il n’y paraît. C’est un matériau très fibreux et mou et qui était difficile à scier sans avoir de petits éclats de bois qui se soulevaient. Le plus simple pour remédier à ce problème a été d’utiliser une scie à métaux en lieu et place de la traditionnelle scie à bois qui a de trop grosses dents. L’assemblage des parties a été simple, le balsa se collant bien. L’utilisation de serrejoints a permis de maintenir assemblées les différentes parties entres-elles le temps du séchage de la résine. La découpe du carton-mousse et des pièces de mousse polyéthylène a été effectué à l’aide d’un scalpel et d’une règle métallique millimétrée. Le résultat est très satisfaisant et s’adapte parfaitement à la forme de l’objet (voir figure 98 p 155).

154


Figure 98 : Photographie illustrant l'emploi du support d'observation.

c. Interventions restant à mener et documentation à l’usage des spécialistes en archéologie

Interventions restant à mener en Octobre 2010

Après l’ensemble de ces interventions l’objet a été transporté pour retour, le 2 juillet 2009, à la Maison de l’Archéologie pour que l’étude puisse en être faite. Un retour de l’objet à l’école est prévu en vue de la présentation de ma soutenance en octobre 2010. A ce jour, le rapport de publication n’a pas encore été produit. L’ampleur du site et l’imprévu qu’a constitué la présence de ces vases-cercueils font qu’un très grand retard a été accumulé. L’étude de l’objet n’a ainsi toujours pas été effectuée. Toutefois, durant mon stage au sein de la Maison de l’Archéologie, j’ai pu procéder à un examen des épandages. De cet examen, un seul tesson a été trouvé pouvant correspondre au vase. De ce constat, il apparaît qu’aucun tesson ne viendra faire la liaison nécessaire au positionnement des tessons de l’épaulement. Au retour de l’objet pour la soutenance de ce mémoire, les tessons de l’épaulement devront donc être replacés et la pose d’un renfort permettra de maintenir la structure. En effet, il s’agit d’une restauration pour étude. Il n’est donc pas question ici d’effectuer des comblements visant à améliorer la cohésion du remontage.

155


De plus, une telle opération n’est pas de mon ressort, mais doit faire l’objet d’une démarche auprès d’un laboratoire de restauration agréé par la DRAC. La législation, en matière d’archéologie préventive, précise que les interventions de restauration doivent strictement se cantonner à rendre les objets étudiables. Les interventions d’ordre esthétique doivent correspondre à une dynamique de présentation au public, ce qui ne fait pas partie des missions directes d’un opérateur en archéologie préventive. Cela correspond au fait qu’une fouille dont le rapport n’a pas encore été publié est susceptible de faire apparaître de nouveaux éléments ou nécessiter de nouveau besoins d’études. Ceux-ci pourraient alors demander de reprendre la restauration pour intégrer ces nouveaux éléments, ce qui n’est pas souhaitable.

Documentation à l’usage des spécialistes en archéologie

Une série de document de synthèse ont été produit pour le suivi du vase-cercueil53. Ces documents visent à informer les spécialistes en archéologie 54 des données récoltées et des interventions réalisées sur le vase-cercueil. Pour les spécialistes en archéologie, non formés à la conservation des vestiges archéologiques, des préconisations en matière de conservation préventive, notamment sur le fonctionnement de la boite de conservation et du support d’observation et sur les consignes de manipulation, ont également été prévues. 3. Préconisations pour exposition au public.

Pour clôturé ce chapitre, il sera abordé ici, les choix qui auraient été les miens dans le cadre d’une demande de restauration pour présentation au public. Dans cette optique, trois opérations supplémentaires auraient été nécessaires :

53

Voir annexe 14 : Documentation à l’usage des spécialistes en archéologie

54

Il s’agit de tout corps professionnel spécialisé dans un domaine (anthropologie, géologie, conservationrestauration, etc.) qui interviennent sur l’étude du terrain ou du mobilier qui lui est lié. Ce sont donc eux qui manipuleront directement le mobilier et par conséquent ce vase-cercueil.

156


- Comblement visant à renforcer la cohésion du remontage, en lieu et place des actuelles tiges de renfort en aluminium. - Mise en teinte des comblements - Réalisation d’un support de présentation dans des matériaux durables et adaptés à l’exposition au public.

a. Comblement Pour respecter l’intégrité historique du vase, les comblements devront se situés exclusivement au niveau des zones de cassures fraîches. Le cas échéant, sur des zones où il a été établit, par le céramologue et l’anthropologue, que la lacune n’était pas le reflet d’une pratique funéraire. De même, ces comblements se devront d’être didactiques et les plus discrets possibles. A savoir, laisser en valeur les éléments significatifs du vase-cercueil et se cantonner strictement à renforcer les zones nécessaires.

Choix des matériaux de comblement

Pour les comblements de terres cuites archéologiques, le matériau le mieux connu, le plus facile de mise œuvre, le moins onéreux, mais également le plus en adéquation avec les propriétés mécaniques de la terre cuite, reste encore le plâtre. Afin de mieux correspondre aux propriétés mécaniques du vase-cercueil, il pourra lui être adjoint un peu de résine dans de faibles proportions. Une bonne résine pour la modification des propriétés mécaniques du plâtre est la PVA (Polyacrylate de Vinyle). Elle permet de renforcer le plâtre tout en lui conférant une plus grande plasticité. Certains aspects nocifs, comme le rejet d’acide acétique avec le vieillissement sont connus, mais il ne s’agit pas ici d’appliquer directement la résine sur le vase-cercueil, mais d’une adjonction dans le plâtre. De plus, il est possible d’isoler le vase-cercueil de son comblement. Il pourra être appliqué le même primaire de collage utilisé dans ce

157


mémoire55. Celui-ci permettra de constituer une interface qui facilitera l’extraction du comblement si nécessaire, mais surtout qui limitera les interactions entre le comblement et la pâte. Pour la mise en œuvre, il existe plusieurs techniques de prise d’empreinte permettant de réaliser un comblement. Pour ce type de forme et ce type de matériau, la cire dentaire reste la solution la moins onéreuse, la plus précise et la plus facile de mise en œuvre. En effet, l’utilisation de Plastiline© ou de silicone comporte des risques. Le plus grand, réside dans la texture grasse de ces produits. Ils nécessitent donc l’emploi de systèmes de protection pour les isoler de l’objet, là où la simple utilisation de scotch de protection autour des cassures suffit à mettre en œuvre la cire. Pour respecter l’histoire de l’objet, la pratique du retrait sur les comblements reste la meilleure solution pour les rendre facilement distinguable de l’objet, tout en assurant leur discrétion.

Mise en teinte

La mise en teinte est également l’objet de plusieurs pratiques. Par expérience et conviction personnelle, il me semble que la mise en teinte à l’aide de petits points exécutés à l’aide d’une brosse, reste la solution qui permet le mieux de nuancer une retouche tout en conservant une bonne visibilité de près. Couplé au retrait, la différence de teinte avec l’original n’est pas obligatoire ou peut être très douce. Concernant le matériau, la peinture acrylique a fait ses preuves. Elle sera préférée à l’aquarelle ou la gouache pour plusieurs raisons 56. C’est une peinture à l’eau qui est donc compatible avec le plâtre au moment de l’application. Elle est réversible à l’acétone une fois le processus de coalescence 57 effectué, ce qui permet de reprendre la

55

Cf. p.140

56

Voir annexe n°6 : Fiche technique peinture acrylique

57

http://www.pebeo.com/pdf/fr/acrilfr.pdf , p.1 « La formation du film se déroule en trois phases. Une première phase d'évaporation de l'eau qui dépend uniquement des conditions ambiantes (température, humidité relative, ventilation). Une deuxième phase dite de coalescence qui se situe au moment où les particules sont en contact les unes avec les autres (interpénétration des particules). Une troisième phase dite de filmification qui est l'étape où les caractéristiques du film se définissent. »

158


mise en teinte sans agir sur le plâtre. De plus, ses propriétés couvrantes et la finesse de certaines gammes, telles que la gamme LIQUITEX© Heavy Body©, permettent d’obtenir des résultats de haut niveau. Enfin, sa modularité en termes de textures permet d’approcher au mieux le matériau original.

b. Support de présentation La présentation au public nécessite la réalisation d’un support de présentation. Celui-ci assure plusieurs fonctions. Il permet, d’une part, de présenter l’objet dans la position qui correspond la mieux à l’histoire de l’objet, et d’assurer sa bonne lisibilité et sa bonne conservation durant son séjour en vitrine d’exposition.

Choix des matériaux pour le support

Pour présentation au public, il est important que le support soit le plus discret possible. Il doit s’effacer au profit de l’objet. A ce titre, les matières plastiques transparentes permettent de produire une certaine invisibilité et sont également relativement facilement usinables. La création d’un support à l’aide de lames de métal est la solution la plus esthétique et la plus discrète. Toutefois, elle nécessite beaucoup de matériel et de bonnes connaissances sur l’usinage et le façonnage du métal. A l’inverse, les matières plastiques transparentes peuvent être facilement assemblées tel un puzzle à l’aide de petites encoches. Pour correspondre au temps et au matériel à la disposition des restaurateurs en archéologie. L’utilisation des matières plastiques transparentes semble plus adaptée. Une large gamme de matières existe. Parmi ces matières, le plexiglas© (ou PMMA, Polyméthyl-Méthacrylate) est une matière dont les propriétés optiques et d’usinage sont bien connues et dont le coup reste mesuré. En effet, de nombreuses matières vieillissent

159


mieux58 et possèdent de nombreuses qualités (résistance aux UV, antistatique, etc.), toutefois, elles sont souvent beaucoup plus chères. Concernant la forme, elle doit être épurée au maximum et limiter au plus les points de contact avec l’objet pour laisser la lecture libre au visiteur.

Proposition

En fonction de ces critères a été réalisée une proposition en 3d de ce que pourrait être un support d’exposition permettant de présenter l’objet de champ sur son support (Voir figure 99, ci-dessous).

Figure 99 : Proposition en 3D d’un support d’exposition en plexiglas© pour le vase cercueil

58

On pensera, par exemple, au PET (PolyEthylène Téréphtalate) ou au PC (PolyCarbonate).

160


Conclusion

Au travers de ce chapitre, on a pu voir que la restauration pour étude d’objets archéologiques est très différente de la restauration pour présentation au public. D’une part, car un ensemble d’observations et d’opérations de conservation préliminaires sont nécessaires à la formulation d’un constat d’état et d’un diagnostic et, d’autre part, car la chaine de conservation et d’études dans laquelle se situe l’objet est « active » : les objectifs peuvent être modulés et d’autres éléments peuvent intervenir, comme l’apparition de tessons d’épandages ou la modification des besoins de l’étude. Pour rendre les choix adaptables, il a pu être vu que chaque opération doit être faite pas à pas, afin de conserver le contexte archéologique, ainsi que la notion d’ensemble de vase-cercueils (près d’une centaine). La restauration du vase 2081 a donc été entreprise par lot, comme si il n’était pas traité individuellement. Dans cette optique, les choix ont dû être faits pour prendre en compte toute la chaine de conservation et d’études et ne pas en outrepasser les nécessités : acclimatation de l’objet à son nouveau milieu, limites du nettoyage, localisation des interventions de consolidation, remontage envisagé exclusivement pour l’étude, etc. Au terme des traitements, il apparaît que cette restauration est une vision, parmi d’autres, de la façon dont aurait pu être pris en charge cet objet. En effet, même si les objectifs de restauration ont été remplis (objet prêt pour l’étude), il est clair que sa prise en charge a été effectué à un moment où la fouille n’était pas encore terminée (d’autres vase-cercueils ont été exhumés) et où les objectifs d’études n’étaient pas encore clairement fixés (nouvelle anthropologue en 2009). De même, le traitement isolé, du vase-cercueil 2081, n’a pas forcément permis d’envisager de façon objective un traitement par lot, comme ce fut le cas durant mon stage au sein du Service Municipal d’Archéologie de Chartres. Ce constat révèle que les choix en matière de conservationrestauration en archéologie ne correspondent pas seulement à l’objet, mais également à un facteur temps-espace qui pèse sur la justification des interventions qu’il faut pourtant entreprendre. C’est pour cela que c’est avant tout le dialogue interdisciplinaire, avec l’ensemble des acteurs prenant part à la fouille, qui permet au restaurateur de prendre des décisions exempte de subjectivité.

161


Chapitre III : Etude technico-scientifique

Résumé de l’étude technico-scientifique : En conservation-restauration de céramique, les cataplasmes sont utilisés comme véhicule des traitements de nettoyage ou de dessalement. L’efficacité des cataplasmes en matière d’extraction des corps solubilisés est très bien connue, car il est nécessaire de vérifier les quantités extraites pour valider la performance d’un traitement (titrages, analyses instrumentales, conductivité, etc.). Toutefois, sur les matériaux poreux, et notamment sur le matériau céramique, très peu d’études traitent de la profondeur des traitements. Les principales questions posées dans cette étude sont : dans quelle mesure les cataplasmes impliquent une forte ou une faible pénétration des produits qu’ils véhiculent dans la stratigraphie du support ? Le cataplasme absorbe-t-il aussi profondément qu’il diffuse dans le support ? La diffusion et l’absorption se font-elles uniformément sur l’ensemble du support ? Est-il possible de maîtriser les propriétés d’absorption et de diffusion de ces cataplasmes ? Au terme de l’analyse des résultats, il est apparu que chaque cataplasme possède des propriétés très différentes pouvant être exploitées dans divers cas de restauration. Toutefois, elle a aussi montré que chaque produit, utilisé pur, possède des défauts dans ses modules d’absorption et de diffusion ou dans l’équilibre entre profondeur de diffusion et champ d’action de l’absorption. Pour être efficace, un bon cataplasme doit nécessairement avoir un champ d’absorption égal ou supérieur à la profondeur de diffusion du produit pour que son action soit efficace, afin de ne pas engendrer de migration d’espèces solubilisées plus profondément dans la stratigraphie de la matière. Il a pu être vu que c’est rarement le cas pour les produits purs et que les propriétés des éthers de cellulose pouvaient être une réponse à l’amélioration des cataplasmes. L’emploi de la Klucel G© comme modificateur des propriétés d’absorption et de diffusion des produits purs à montrer qu’il était possible de maîtriser ces propriétés avec de très faibles concentration. Cela permet avant tout de ne pas faire varier les conditions 162


d’utilisation de ces cataplasmes (viscosité optimale pour l’utilisation) tout en améliorant les performances en termes d’absorption de ces cataplasmes et de combler ainsi certains déséquilibres ou irrégularités. Mais cette étude n’est qu’un début de réponse.

163


I. Présentation de l’étude technico-scientifique : Recherche d’une méthode de contrôle du comportement de diffusion et d’absorption de l’eau de trois différents types de cataplasmes sur un matériau poreux. A. Sources et intérêt du sujet Cette première partie va s’attacher à définir le sujet. Dans un premier temps, un état des lieux sera fait des études sur les cataplasmes sera effectué. Il s’agira d’établir les connaissances accumulées sur l’utilisation des cataplasmes et de définir une problématique. Dans un second temps, cette partie s’attachera à démontrer l’intérêt du sujet et à définir les termes de l’étude.

1. Les sources écrites sur l’emploi des cataplasmes

A l’origine les cataplasmes sont le fruit de la pratique de l’herboristerie59. Un cataplasme était alors une préparation de plante assez pâteuse pour être appliquée sur la peau dans un but thérapeutique. La pratique des cataplasmes a été récupérée de nos jours dans de nombreuses disciplines. Les cataplasmes sont aujourd’hui très utilisés en cosmétique et soin du corps. Ils sont alors souvent utilisés avec une base d’argile (kaolin, argile verte, montmorillonite, etc.) adjoint de plantes ou huiles essentielles aux différentes vertus thérapeutiques. En matière de conservation-restauration, discipline maîtresse dans l’art de s’inspirer et d’adapter des techniques émanant d’autres professions, les cataplasmes ont été l’objet d’une adaptation. Ils sont principalement utilisés comme véhicule de traitements de nettoyage ou de dessalement. Les cataplasmes sont alors l’ensemble des matières pouvant former une pâte aux propriétés d’absorption et de diffusion d’un produit apte à

59

Définition du Petit Larousse illustré, éd. 2000 : « n.m. (gr. Kataplasma, emplâtre). Méd. Anc. Préparation, de la consistance d’une bouillie, que l’on appliquait naguère, entre deux linges, sur une partie du corps pour combattre une inflammation. »

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dissoudre le corps visé60. Ils peuvent être élaborés à base de différents produits comme les argiles précédemment citées, de gel d’éthers de cellulose, de fibres de cellulose. Les propriétés d’absorption et de diffusion sont très modulables en fonction des concentrations utilisées, mais la mise en œuvre peut en être affectée par une très faible ou très forte viscosité. Ils sont très utilisés en restauration de la pierre (statuaire et architecturale) pour le dessalement61 et en restauration des Arts graphiques, pour le ramollissement des colles et le traitement des auréoles et moisissures notamment. L’utilisation usuelle consiste à les appliquer sur le support à traiter avec un intermédiaire pour éviter le contact direct avec le matériau. Cet intermédiaire est le plus souvent un papier intissé de faible densité, de la gaze ou, plus sophistiqué, des membranes cellulosiques62. En restauration de céramiques, leurs emploi est moins bien connu, car ce matériau est vu comme de moindre sensibilité et le faible volume des objets (vases, assiettes, plats, etc.) fait qu’il est souvent préféré des méthodes plus globales comme l’immersion dans des bains pour le dessalement ou l’utilisation de compresses de coton pour le nettoyage. Les cataplasmes sont souvent utilisés dans des cas de restaurations particuliers 63. La littérature montre que l’efficacité des cataplasmes en matière d’extraction des corps solubilisés (sels, matières organiques, etc.) est très bien connue, car il est nécessaire de vérifier les quantités extraites pour valider la performance d’un traitement (titrages, analyses instrumentales, conductivité, etc.). Toutefois, sur les matériaux poreux, et notamment sur le matériau céramique, très peu d’études traitent de la profondeur des traitements. Les questions qui se posent dès lors sont donc : dans quelle mesure les cataplasmes impliquent une forte ou une faible pénétrations des produits qu’ils véhiculent dans la stratigraphie du support ? Le cataplasme absorbe-t-il aussi profondément qu’il diffuse dans le support ? La diffusion et l’absorption se font-elles

60

Les produits utilisés peuvent être des solvants, des tensioactifs, des enzymes, des agents chélateur, etc.

61

COLLECTIF., Le dessalement des matériaux poreux, Compte rendu des Journées d’études de la SFIIC, Poitiers, 9-10 mai 1996, 300 p. 62

BAJON-BOUZID, T. Un cataplasme d'argile dans une membrane cellulosique. Conservation restauration des biens culturels : Revue de l'ARAAFU, n°21, décembre 2003, pp. 11-15. 63

LEFEVRE, L. et PRE, Y.. Dessalement de statuettes en terre crue d'Asie centrale conservées au musée Guimet, in COLLECTIF., Le dessalement des matériaux poreux, Compte rendu des Journées d’études de la SFIIC, Poitiers, 9-10 mai 1996, p 91-103

165


uniformément sur l’ensemble du support ? Est-il possible de maîtriser les propriétés d’absorption et de diffusion de ces cataplasmes ?

2. Intérêt et objectifs de l’étude a. Intérêt du sujet

En effet, la connaissance de ces données est très importante, car en-dehors de l’efficacité d’un traitement en termes d’extraction de corps solubilisés, comment est-il possible d’assurer que le cataplasme a agit précisément sur la zone souhaitée et que le transfert soit complet ? Par exemple, dans le cadre de l’extraction de résines à la surface d’un matériau poreux, est-il nécessaire que le solvant agisse sur plusieurs centimètres de la stratigraphie ? Dans ce cas, le solvant ne va-t-il pas avoir tendance à faire migrer plus profondément une partie de la résine, si la diffusion du solvant s’avère plus profonde que le champ d’action d’absorption du cataplasme ? Une autre question réside dans la localisation des traitements. L’une des prérogatives de la déontologie de la conservation-restauration des biens culturels est le minimalisme des traitements. Les traitements doivent donc tenter d’agir exclusivement sur les zones qui le nécessitent. A ce titre, il apparaît essentiel de connaître la localisation des traitements engendrés par l’utilisation des cataplasmes. L’impact de l’application d’un cataplasme sur un support soulève donc de nombreuses questions. La motivation de traiter ce sujet m’ait venue de la perspective d’un traitement des concrétions insolubles, présentes à la surface du vase-cercueil, dans l’idée d’une restauration pour présentation au public. Je recherchais un moyen d’action permettant de limiter mon action de traitement chimique exclusivement à ces concrétions, dont le dégagement mécanique était impossible. A ce titre, la lecture d’une recherche, effectuée par SANDEGERMA H. en 2005 64, sur le nettoyage de concrétions calcaires de

64

SANDEGERMA H., Etude et restauration de quatre figures phéniciennes (VIIIe-VIIe siècle av. J.-C. et Ve siècle av. J.-C.) en terre cuite polychromée (Musée du Louvre). Recherche d'un protocole de nettoyage par les gels à base de complexants, mémoire de fin d’étude, Institut National du Patrimoine, 2005, p. 99-138

166


figurines phéniciennes en terre cuite polychromée à forte proportion de calcaire a été d’une grande aide et a fournit un début de réponse aux questions posées préalablement. En résumé, il s’agissait de trouver la meilleure méthode chimique de dissolution de ces concrétions calcaire sans agir sur le calcaire contenu dans la pâte. Elle a donc axé son travail sur l’utilisation de gels induisant une très faible migration des produits dans la stratigraphie. Son étude s’est arrêtée sur l’utilisation de produits purs (Laponite RD©, Tylose MH300© et silice pyrogénée) qui a montré qu’il était possible de concevoir un protocole permettant d’observer la diffusion d’un complexant (EDTA) dans la stratigraphie d’un matériau poreux. Une ouverture de son sujet m’a beaucoup intéressé, dans la mesure où il traitait de la possibilité de maîtriser les propriétés des cataplasmes par la réalisation de mélanges de produits, par exemple le mélange d’éthers de cellulose et d’argile.

b. Objectifs de l’étude

Ce travail a ouvert de grandes perspectives sur le mode opératoire permettant d’observer le comportement d’absorption et de diffusion de divers cataplasmes et les moyens d’influer sur ces propriétés. Il a donc été décidé de concentrer cette étude sur l’observation du comportement de diffusion et d’absorption de l’eau de trois différents types de cataplasmes sur un matériau poreux et de l’influence, sur ce comportement, d’un faible apport d’éther de cellulose à ces produits. Cette recherche permettra de mieux comprendre la manière dont les cataplasmes diffusent et absorbent un liquide dans la stratigraphie d’un matériau poreux et de déterminer un moyen de maîtriser ces propriétés tout en conservant une mise en œuvre idéale des produits de base. Cette étude s’attachera donc à observer : la profondeur de pénétration des liquides dans la stratigraphie des éprouvettes, le champ d’action d’absorption du cataplasme sur la stratigraphie, les modules de répartition de l’absorption et de la diffusion du liquide dans la stratigraphie et l’impact d’un faible apport d’éther de cellulose sur ces différentes composantes.

167


B. Définition des termes et choix des produits pour les éprouvettes

Dans cette partie, il sera définit dans un même temps les produits qui seront testés dans cette étude et leur concentration d’utilisation. La concentration choisie correspond aux concentrations qu’un restaurateur serait susceptible d’utiliser pour mettre en œuvre ces produits avec le plus d’efficacité.

1. Matériau poreux : le plâtre

Un matériau poreux est une matière dotée de pores. Il est caractérisé par sa porosité qui est l’ensemble des interstices (connectés ou non) d'une roche ou d'un autre matériau pouvant contenir des fluides (liquide ou gaz). La porosité dite « connectée ou ouverte » d’une matière, comme la terre cuite, induit le concept de capillarité. La capillarité traduit le comportement d’un fluide lorsqu’il rencontre un solide. C’est ce concept qui est à l’origine de l’hydratation des terres cuites. Afin de pouvoir observer la diffusion d’un liquide dans un matériau poreux, il fallait une matière de teinte claire, épaisse et dont la porosité était très grande. Il s’agissait de maximiser les résultats obtenus, afin de pouvoir les rendre comparables. Il s’est avéré que l’observation de la diffusion de l’eau dans un carreau de céramique était difficilement observable, car trop opaque à la lumière. De même, la diffusion de l’eau dans un bloc de marbre, comme ceux utilisés par H. SANDEGERMA dans son étude, ne permettait pas d’obtenir des écarts de mesures suffisant pour justifier de réelles différences entre les éprouvettes. L’un des matériaux les plus simples à mettre en œuvre et possédant des propriétés similaire à celle de la terre cuite est le plâtre. Il peut de plus permettre d’obtenir des formes sur-mesure parfaitement adaptées à la réalisation d’éprouvette. Des tests

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effectués sur des cubes en plâtres65, réalisés à l’aide d’un moule en silicone, ont été très probant. Il est possible avec le plâtre de réaliser des séries standardisées présentant les mêmes propriétés en termes de vitesse de diffusion d’un liquide dans la stratigraphie. Il a donc été établit un rapport massique plâtre/eau de 40%/60% (p/p) et un temps de gâchage de 1 minute. En effet, le gâchage du plâtre (mélange) est à prendre en compte, car il fait varier les propriétés finales du plâtre, notamment sa finesse et sa dureté. De plus, la diffusion de l’eau, contenue dans les cataplasmes, dans la stratigraphie des cubes de plâtre est suffisante pour obtenir des résultats comparables. Le plâtre offrira donc des résultats plus élevés que ceux pouvant être observés sur la terre cuite ou la pierre, mais permettra de faire un parallèle plus parlant.

2. Les cataplasmes

Comme vu précédemment, le terme cataplasme décrit un état de la matière. Il s’agit d’une matière dotée d’une viscosité élevée et joue le rôle de véhicule d’un liquide. Il doit donc avoir la capacité de transmettre et d’absorber un corps liquide sur un support. En restauration, les cataplasmes peuvent être de natures très différentes. On les retrouve principalement sous trois formes : les éthers de cellulose, les argiles et la fibre de cellulose. Les éthers de cellulose ont un potentiel d’absorption très élevé, mais transmettent très peu de liquide au support. C’est pour cela qu’ils sont couramment utilisés pour la restauration du papier, car ils permettent des traitements à sec ou évitent la formation d’auréoles. A l’inverse, les cataplasmes à base d’argiles, de fibre de cellulose ou encore de charges inertes ont tendance à transmettre une forte quantité de la solution qui les constitue vers le support. A ce titre, les éthers de cellulose sont parfaitement destinés à jouer le rôle de modificateur des propriétés des autres cataplasmes. Afin de correspondre à ce constat et de pouvoir observer au mieux les différences de propriétés d’absorption et de diffusion entre divers cataplasmes, il sera choisi trois produits parmi les argiles, les gels et la fibre de cellulose, en plus de l’éther

65

Voir annexe n°7 : Article wikipédia sur le plâtre

169


de cellulose. Cela permettra d’observer l’influence de l’éther de cellulose (EC) sur les propriétés des systèmes gel/EC, argile/EC et cellulose/EC.

a. Les gels

Le terme gel décrit dans son sens strict, soit le passage de l’eau de l’état liquide à l’état solide, soit un polymère réticulé gonflé dans un solvant. Dans le second cas, il s’agit, par exemple, des lentilles de contact. Toutefois, le mot gel est utilisé de façon quelque peu abusive pour décrire un type de solide qui peut avoir des propriétés allant de mou et ductile à dur et cassant. Les gels sont alors définis comme des réseaux tridimensionnels de solides très dilués ne présentant aucun écoulement lorsqu'ils sont à l'état stable. En restauration, pour former des cataplasmes à base de gels, les produits les plus souvent utilisés sont des éthers de cellulose. Ce sont des dérivés cellulosiques où un certain nombre de fonctions alcool de la cellulose ont été substituées par des groupes éthers66.

Figure 100 : Exemple du modèle de monomère de méthylcellulose

66

D’après PEREGO, F., in collectif, Les matériaux du peintre, éd Belin, France, 2005 : la chaîne principale est apportée par la cellulose. Sur cette chaine cellulosique, divers radicaux (alkoxy-) sont greffés afin de modifier les propriétés. Suivant la nature du groupe alcoxy greffé, on distingue les méthyl(-OCH3), éthyl- (-OCH2CH3), n-propyl- (-O(CH2)2CH3) celluloses, etc.

170


Les principaux dérivés de cellulose utilisés pour la restauration sont la méthylcellulose (MC), l’hydroxypropylcellulose (HPC) et la carboxyméthylcellulose (CMC), cette dernière ayant été utilisé durant la restauration du vase cercueil. Les noms commerciaux les plus connus sont la Klucel G© (HPC) et la Tylose MH300p© (MC). Comme dit précédemment, un éther de cellulose sera retenu pour tenter de démontrer la possibilité de maitriser les propriétés d’autres cataplasmes par un faible ajout de celuici. A ce titre, les trois principaux éthers de cellulose (MC, HPC et CMC) ont été dilués dans des solvants organiques et minéraux et un complexants (eau, éthanol, acétone, EDTA disodique à 1% dans l’eau (p/p), solution basique : hydroxyde de sodium à 1% dans l’eau et solution acide : acide citrique à 1% dans l’eau) et testés sur des cubes en plâtres. Les concentrations en éther de cellulose ont été établies à partir de la concentration permettant d’obtenir une mise en œuvre idéale. A savoir, suffisamment fluide pour que l’application se fasse facilement et suffisamment visqueux pour que le gel ne flux pas. Les concentrations en masse ont été respectivement de 15% dans l’eau pour la Klucel G©, de 10% dans l’eau pour la Tylose MH300p© et de 15% dans l’eau pour la CMC. Il s’agissait ici de déterminer lequel de ces gels était le plus polyvalent pour la restauration, mais aussi le plus respectueux pour le support. A l’issu de ces tests, il s’est avéré que : la CMC était miscible exclusivement dans l’eau, mais son extraction du support après séchage était très simple et très respectueuse ; la tylose MH300p© était soluble dans la plupart des solvants, mais que son retrait au séchage engendrait un arrachement du support et que sa viscosité variait beaucoup en fonction des produits de dissolution ; la Klucel G©, en revanche a montré une polyvalence sur tous les plans. La mise en solution dans les divers diluant n’engendre peu ou pas de variation de consistance du gel (hormis pour la solution basique) et son retrait du support après séchage était très respectueux du plâtre. C’est donc la Klucel G© qui a été retenue pour jouer le rôle de modificateur des propriétés des cataplasmes testés.

171


b. Les argiles

Les argiles, avec les éthers de cellulose sont les plus couramment employées en restauration des Arts graphiques. Le Kaolin est, par exemple, employé sec et disposé autour d’un cataplasme d’éther de cellulose pour prévenir la formation d’auréole par absorption de l’eau se diffusant dans le support. En effet, les argiles sont caractérisées par un potentiel d’hydratation très élevé 67. Les principales argiles utilisées en restauration sont la Kaolinite, la Montmorillonite, la terre de Diatomée, la Sépiolite pour les argiles naturelles et la Laponite© qui est une argile synthétique. Ces argiles possèdent de grandes qualités. Elles permettent de former des gels thixotropes (laponite) ou de pâtes d’une grande souplesse (argiles naturelles) qui garantissent une surface de contact optimale avec le support, plus importante qu’avec d’autres systèmes comme les compresses de gaze, de coton, ou de fibre cellulose. Les propriétés inertes de certaines argiles (kaolin) font qu’elles peuvent être mélangées à de nombreux autres produits (solvants, enzymes, tensio-actifs, etc.) sans problèmes de précipitation des particules. D’autres argiles ont des propriétés de rétention de l’eau très importantes, comme la montmorillonite, du fait de sa structure « Te-Oc-Te 68» (voir figure 101, p.173) induisant de faible charges entre les feuillets69, mais réagissent moins bien à l’apport de solvants.

67

Définition issue du site http://fr.wikipedia.org/wiki/Argile : « L'argile (nom féminin) est une roche sédimentaire, composée pour une large part de minéraux spécifiques, silicates en général d'aluminium plus ou moins hydratés, qui présentent une structure feuilletée (phyllosilicates) qui explique leur plasticité, ou bien une structure fibreuse (sépiolite et palygorskite) qui explique leurs qualités d'absorption. ». RHODES D., Terres et glaçures, les techniques de l’émaillage, éd. Dessain et Tolra/Larousse, France, 2006, p. 11-19. Lith (von) J.-P., Céramique, dictionnaire encyclopédique, éd. Les Editions de l’Amateur, Paris, France, 200, p. 27-32 68

Te-Oc-Te = structure en feuillets de Tétraèdre-Octaêdre-Tétraèdre imbriqués.

69

Un désordre dans leur empilement et l’adsorption de molécules variées (eau, cations, molécules organiques) au niveau de l’espace interfoliaire provoque un gonflement de l’argile. La montmorillonite est donc caractérisée par un pouvoir adsorbant élevé capable de retenir les impuretés hydrolysées et un

172


Figure 101 : Structure locale d’une argile de type Montmorillonite faisant apparaître l’organisation stratifiée de ce matériau. On distingue, ici dans un feuillet, deux couches des tétraèdres SiO4 (marron) entourant une couche centrale d’octaèdres d’AlO (rose), ainsi que des contre-ions échangeables Na+/ Cs+ (vert, non représentés à l’échelle). b) Représentation en coupe de l’état d’hydratation en monocouche (6 molécules d’eau par contre-ion) de l’argile simulée.

Le kaolin est le plus employé en restauration de la pierre et de la céramique, notamment pour le dessalement 70 et sa neutralité71. Une fois sèche, il suffit de la brosser au pinceau pour l’extraire de la surface. Il sera choisi pour illustrer le comportement des cataplasmes à base d’argile. La concentration permettant une mise en œuvre aisée du Kaolin a été fixée à un rapport massique de kaolin/eau de 65%/35%. C’est cette concentration qui sera retenue pour la phase de tests. La Laponite a également été retenue, car elle permet d’illustrer l’utilisation des gels comme cataplasme. En effet, la laponite, par hydratation avec l’eau, forme un gel thixotrope72. La laponite est une argile de synthèse du minéral naturel « hectorite », qui

fort pouvoir absorbant, notamment grâce à ses exceptionnelles propriétés de rétention de l’eau. D’après le site http://www-llb.cea.fr/Phocea/Vie_des_labos/Ast/ast_visu.php?id_ast=1191 70

COLLECTIF., Le dessalement des matériaux poreux, Compte rendu des Journées d’études de la SFIIC, Poitiers, 9-10 mai 1996, 300 p. 71

Cette argile possède des feuillets composés de trois couches d’anions oxygène. Ils contiennent donc 1 couche octaédrique et 1 couche tétraédrique : c’est ce que l’on appel un minéral 1/1 ou "Oc-Te" (octaèdre-tétraèdre). RHODES D., Terres et glaçures, les techniques de l’émaillage, éd. Dessain et Tolra/Larousse, France, 2006, p. 11-19. Lith (von) J.-P., Céramique, dictionnaire encyclopédique, éd. Les Editions de l’Amateur, Paris, France, 200, p. 27-32. 72

D’après la fiche technique de la laponite, annexe n°8. : Les particules de la laponite mesurent quelques dizaines de nanomètres. Une suspension de laponite en faible concentration constitue un fluide thixotrope. Les particules de laponite se regroupent tout d’abord en agrégats denses dont la taille atteint le micromètre. Ensuite ces agrégats forment des assemblages assez lâches, sortes de chaînes de perles, qui par endroits sont soudées. Toutes ces liaisons augmentent la viscosité des suspensions de laponite, ce qui

173


est en fait l’un des composants de la montmorillonite. Elle possède donc des propriétés de rétention de l’eau très élevées, ce qui permettra de faire le parallèle avec la montmorillonite. La concentration de Laponite RD© (nom commercial) pour un usage confortable et sans risques de fluages a été fixée à 7% en masse dans l’eau.

c. La fibre de cellulose

Le dernier élément intégré à cette étude est la fibre de cellulose. La fibre de cellulose ou ouate de cellulose est un dérivé cellulosique qui après hydratation forme une pâte d’aspect fibreux. Elle est à l’origine utilisée pour l’isolation des bâtiments. C’est alors du papier journal recyclé. Dans le cadre de la restauration, la fibre de cellulose est faite à partir de cellulose très pure73. La fibre de cellulose est constituée de fibres de quelques centaines de micromètre. La forme commerciale la plus utilisée est désignée sous le nom d’Arbocel BC 200©. Pour obtenir une pâte confortable d’utilisation, c’est-à-dire, ni trop spongieuse, ni trop sèche, le rapport massique d’Arbocel/eau doit être de 12%/68%.

II. Protocole scientifique et mise en œuvre

Cette partie va s’attacher à définir clairement la démarche qui sera employée pour mener à bien cette étude sur le comportement des propriétés d’absorption et de diffusion des cataplasmes sur un support poreux.

A. Protocole scientifique 1. Méthodologie de l’étude

les fige. Cette situation change lorsque l’on secoue l’argile : les liaisons entre chaînes sont les premières à céder. 73

Données recueillies d’après la fiche technique de l’Arbocel© (voir annexe 9) et le site http://fr.wikipedia.org/wiki/Ouate_de_cellulose

174


Pour pouvoir étudier le comportement d’absorption et de diffusion des produits choisis et l’influence d’un faible apport d’éther de cellulose sur ceux-ci, ils seront tous testés selon les modalités qui suivent.

a. Constantes et variables

Constantes d’étude

Temps d’application Le temps d’application retenu est de 15 minutes pour l’absorption et la diffusion. En effet, au-delà de ce délai, il a été observé que la diffusion du produit n’évoluait peu ou pas. Pour l’absorption, il a été conservé le même temps, afin d’observer, si absorption et diffusion se passent dans le même temps où sont deux étapes bien distinctes.

Humidité et température La conduite des tests se fera à température et humidité ambiante. Dans un certain sens, ces paramètres ne sont pas totalement fixes, mais nous nous ne chercherons pas à influer sur eux. La moyenne observée au moment des tests était de 21°C pour 35% d’HR. C’est donc un air plutôt sec.

Support d’application des cataplasmes Il s’agit de cube de plâtre dont la concentration et le moulage et a été standardisé.

Solvant de dissolution des produits : eau courante

175


Concentration initiale des produits (en masse, p/p) - Concentration d’utilisation usuelle des produits dans l’eau : o Klucel G© = 15% o Laponite RD© = 7% o Poudre de Kaolin = 65% o Arbocel BC 200© = 12 %

Epaisseur d’application des cataplasmes -

Utilisation d’un coffrage en silicone dépassant de 4,5mm la hauteur des cubes réalisé à partir d’un des cubes de plâtre.

Variables de l’étude

Les produits utilisés pour les cataplasmes : Klucel G©, Laponite RD©, Poudre de Kaolin, Arbocel BC 200©

Ajout de Klucel G© à la concentration initiale des produits : - Concentration d’utilisation usuelle des produits et ajout de 1% de Klucel G© à l’eau de dissolution. - Concentration d’utilisation usuelle des produits et ajout de 2% d’éther de cellulose Par voie de conséquence, la modification de la composition initiale des gels influe sur leur : 

Viscosité

pH

Propriétés d’absorption et de diffusion de l’eau.

176


b. Méthodologie de l’étude

Pour rendre plus visible le mouvement des fluides un indicateur fluorescent, la fluorescéine74, sera utilisé. Pour observer la diffusion de l’eau dans la stratigraphie des cubes de plâtre, on réservera une partie des gels préparés et on leur ajoutera quelques gouttes d’une solution de fluorescéine75. Pour observer l’absorption de l’eau par le cataplasme, on réservera une partie des cubes de plâtre que l’on imprégnera de fluorescéine par capillarité jusqu’à saturation.

Une fois, les quatre éléments préparés : cataplasmes, cataplasmes+fluorescéine, cubes de plâtre, cubes de plâtre+fluorescéine, la marche à suivre pour les expériences sera celle-ci. Les

tests

de

diffusion

consisteront

à

déposer

une

quantité

définie

de

cataplasme+fluorescéine sur un cube de plâtre (sans fluorescéine) à l’aide du coffrage en silicone. Les tests d’absorption consisteront à inverser le processus : une quantité définie de cataplasme (sans fluorescéine) est déposée sur un cube de plâtre+fluorescéine à l’aide du coffrage en silicone.

74

D’après la méthodologie proposée par SANDEGERMA H., dans SANDEGERMA H., Etude et restauration de quatre figures phéniciennes (VIIIe-VIIe siècle av. J.-C. et Ve siècle av. J.-C.) en terre cuite polychromée (Musée du Louvre). Recherche d'un protocole de nettoyage par les gels à base de complexants, mémoire de fin d’étude, Institut National du Patrimoine, 2005, p. 123 : « La fluorescéine est un composé organique de formule brute C20H10Na2O5 (Merck Index 10, 4062). La solution obtenue est jaune à vert fluorescent, selon qu’elle est observée devant un support clair ou sombre. Son pH est de 8,3 à 10g/L dans l’eau. 75

Concentration de 1‰ dans l’eau distillée (préparation pharmaceutique).

177


Figure 102 : Schéma des principes d'absorption et de diffusion de la fluorescéine sur les cubes de plâtre

Le temps d’application est de 15 minutes après quoi le cataplasme est extrait de la surface et le cube sectionné en deux parties pour effectuer une mesure interne à l’aide d’un pied à coulisse électronique de précision 0,01mm (±0,05mm).

Figure 103 : Schéma d'illustration de la prise de mesure de la profondeur de diffusion et du champ d'action de l'absorption

178


Un relevé des modules de diffusion et d’absorption est également effectué pour chaque éprouvette, afin de comprendre la manière dont s’effectuent ces deux phénomènes. Il s’agit de voir si la diffusion et l’absorption se font de façon linéaire ou irrégulière. Figure 104 : Schéma des trois principaux modules pouvant être rencontrés

2. Les éprouvettes

Chaque éprouvette est codifiée, afin que l’exploitation des résultats n’engendre pas une répétition des termes. Afin de garantir, la validité des résultats, les expériences seront renouvelées trois fois par éprouvettes, soit un total de 20 éprouvettes et de 60 expériences.

179


Diffusion Klucel G 15%

Produits dans eau Produits dans Klucel G à Produits dans Klucel déminéralisée 1 % dans eau G à 2 % dans eau (p/p) déminéralisée (p/p) déminéralisée (p/p) KgD

Kaolin 65%

KaD

KaK1D

KaK2D

Arbocel 12% Laponite 7%

ArD LaD

ArK1D LaK1D

ArK2D LaK2D

Absorption Klucel G 15%

Produits dans eau Produits dans Klucel G à Produits dans Klucel déminéralisée 1 % dans eau G à 2 % dans eau (p/p) déminéralisée (p/p) déminéralisée (p/p) KgA

Kaolin 65%

KaA

KaK1A

KaK2A

Arbocel 12% Laponite 7%

ArA LaA

ArK1A LaK1A

ArK2A LaK2A

3. Reproductibilité et répétabilité de l’expérience

Les tests menés76 sur les cubes de plâtre ont montrés une grande linéarité dans les résultats obtenus. Les tests ont été effectués sur 10 cubes de plâtre, afin de vérifier la linéarité des différentes caractéristiques qui seront exploitées durant cette étude. Des moyennes ont donc été produites pour vérifier la reproductibilité de l’expérience et la répétabilité des tests : -

Le volume : 18,22 cm3 ; ±0,39cm3

-

Le poids à sec : 19,334g ; ±0,445g

-

Le temps de prise en eau par capillarité jusqu’à saturation : 9min 6s ; ±1min 8s

-

Le temps de diffusion pour 1mm : 20s ; ± 2s

-

Le poids humide (saturé en eau) : 25,741g ; ±0,636g

-

La prise de poids : 133,1 % ; ± 0,014

-

La porosité moyenne des cubes est de 24,883 % ; ± 0,761

-

Contrôle de la régularité de diffusion de 2 éprouvettes : o Diffusion Laponite RD (7% dans l’eau) : 6,59mm ; ±0,14mm

76

Voir annexe n° pXX

180


o Diffusion Laponite RD/Klucel G (7% dans la Klucel à 1% dans l’eau) : 2,41mm ; ±0,08mm

B. Conduite des tests 1. La diffusion des cataplasmes

La conduite des tests a débuté par la réalisation des expériences sur les éprouvettes visant à observer les propriétés de diffusion des cataplasmes. En accord avec la méthodologie précédemment citée, l’utilisation du coffrage en silicone a permis d’appliqué les cataplasmes en proportion et forme régulières. Chaque éprouvette à fait l’objet de trois expériences successives conduites avec un intervalle d’une minute et un temps d’application respectif de 15 minutes. La couleur jaune visible sur les figures correspond à la fluorescéine contenue dans les cataplasmes à la pénétration de celle-ci dans la stratigraphie des cubes de plâtre.

Figure 105 : Photographies des éprouvettes testant l'absorption des cataplasmes. A gauche: les éprouvettes ArK1D. A droite : les éprouvettes KaK1D

181


Figure 106 : Photographies des éprouvettes testant l'absorption des cataplasmes. A gauche: les éprouvettes LaK1D. A droite : détail de l’éprouvette ArK1D

Une fois le lapse de temps écoulé, le cataplasme est retiré de la surface du cube et celuici est sectionné en deux parties, afin de laisser apparaître la diffusion interne de la fluorescéine dans le cube. Cette opération permet d’éviter les problèmes de mesures pouvant intervenir dans le cas de débordement des cataplasmes sur les bords, mais surtout que les résultats ne soit pas faussés par la diffusion différentielle entre les parois externes et l’intérieur du cube.

Figure 107 : Photographie du détail de l’éprouvette ArK2D après découpe.

182


La mesure est ensuite prise à l’aide d’un pied à coulisse électronique de précision 0,01mm. Dans le cas d’irrégularité de diffusion, la mesure est effectuée sur la zone de diffusion la plus mince. Enfin, un relevé au crayon de papier de la limite de diffusion est effectué à même le cube. 2. L’absorption des cataplasmes

La démarche employée pour les expériences visant l’observation du phénomène d’absorption des cataplasmes est strictement identique à l’exception du relevé du module d’absorption qui est légèrement différent.

Figure 108 : Photographies de l’éprouvette LaA, testant l’absorption des cataplasmes. A gauche: LaA pendant l’expérience. A droite : détail de l’éprouvette LaA, après découpe.

La couleur que l’on observe sur les parois extérieures du cube (voir figure 109, cidessus, à gauche) correspond à l’oxydation de la fluorescéine. Par ailleurs, la coloration du cataplasme indique qu’il y a bien absorption. La différence de relevé entre diffusion et absorption est due à la formation de deux phases d’observation (voir figure 109, cidessus, à droite) pour le phénomène d’absorption et c’est pour cela qu’il est parlé de champ d’action de l’absorption dans cette étude. En effet, les expériences ont montrés que pour la totalité des éprouvettes et dans le temps imparti de 15 minutes, il y avait réactivation et migration de la fluorescéine contenue dans les cubes par apport d’eau des

183


cataplasmes pouvant donner lieux à une sorte d’accumulation (phase de teinte orangée prononcée) par absorption, et création d’une seconde phase supérieure blanche. Le relevé du module d’absorption a donc tenu compte de ces deux phases.

III. Analyse des résultats et perspectives de recherche A. Analyse des résultats 1. Klucel G

Les éprouvettes de Klucel G© ont été faites principalement pour illustrer les propriétés d’absorption et de diffusion des éthers de cellulose. Klucel G Diffusion KgD 0 0 0

Absorption KgA 1,41 1,55 1,35

Les résultats d’expériences montrent que la diffusion dans le support est nulle ou plutôt non mesurable par les moyens utilisés. En effet, la diffusion se fait sur une épaisseur inférieure à 1 millimètre, très proche de la surface du cube. L’imprécision due à l’erreur humaine d’observation fait qu’en-dessous d’un millimètre, il devient difficile de fournir un résultat fiable. A l’inverse, le champ d’action de l’absorption est d’1,47mm ±0,1mm

184


en moyenne. Cela illustre bien les propriétés des éthers de cellulose, à savoir une transmission de liquide quasi nulle au support, mais un fort potentiel d’absorption.

Comme vu sur le schéma ci-dessus, le module d’absorption est de tendance linéaire continu. Il y a migration de la fluorescéine vers la surface de façon uniforme et la délimitation subie peu de déformations.

2. Kaolin

Kaolin Diffusion

Absorption

KaD

KaK1D

KaK2D

KaA

KaK1A

KaK2A

5,15

3,41

1,61

3,71

3,57

2,12

5,3

3,58

1,71

3,81

3,34

2,39

5,21

3,52

1,72

3,86

3,26

2,46

185


Les diffusions moyennes sont respectivement de 5,22mm ±0,08mm pour KaD, 3,50mm ±0,09mm pour KaK1D et de 1,68mm ±0,06 pour KaK2D. Cette diminution illustre parfaitement l’impact progressif qu’exerce la Klucel G sur les propriétés de diffusion du la fluorescéine du Kaolin. Il y a une division par deux du niveau de diffusion entre KaD et KaK1D et entre KaK1D et KaK2D. Les résultats obtenus sur les éprouvettes de kaolin montrent de nettes différences entre les propriétés d’absorption et de diffusion de ce type de cataplasme. Les absorptions moyennes sont respectivement de 3,79 mm ±0,08mm pour KaA, 3,39mm ±0,16mm pour KaK1A et de 2,26mm ±0,06 pour KaK2A. Le kaolin seul semble avoir des qualités moindres que ses capacités de diffusion des liquides (différence systématique d’environ 1,4mm). L’ajout d’1% de Klucel G© au cataplasme permet de rééquilibrer la différence de profondeurs d’action entre absorption et diffusion qui n’est plus que d’environ 0,1mm. Enfin, l’apport de 2% de Klucel inverse complètement la tendance puisque le potentiel d’absorption devient supérieur de d’environ 0,6mm. De façon global, l’impact de la Klucel G© sur le kaolin est en parfaite corrélation avec ses propriétés observées précédemment. Elle diminue la diffusion de la fluorescéine, mais améliore le potentiel d’absorption du Kaolin.

La Klucel G© influe peu ou pas sur le module de diffusion du kaolin, car celui-ci lui est similaire. En revanche, il améliore sensiblement l’efficacité du module d’absorption du

186


Kaolin. En effet, même si le champ d’action diminue, la quantité de zones blanches qui correspondent à l’absorption complète de la fluorescéine occupe un volume beaucoup plus grand du champ d’action. Le kaolin seul a un module d’absorption de type irrégulier discontinu dont l’action trop globale semble contribuer à l’accumulation de la fluorescéine dans le champ d’action, sans pouvoir toutefois migrer à l’intérieur du cataplasme. L’apport de Klucel G© semble venir corriger ce phénomène. Le couple argile/éther de cellulose semble donc bien fonctionné.

3. Laponite RD

Laponite RD Diffusion

Absorption

LaD

LaK1D

LaK2D

LaA

LaK1A

LaK2A

5,45

5,88

1,14

7,1

4,01

1,32

5,71

6,09

1,24

7,74

4,53

1,41

6,36

6,47

1,11

7,54

4,8

1,52

L’apport d’éther de cellulose qui est gel dans un autre gel est plus problématique. Les moyennes de diffusion sont respectivement de 5,84mm ±0,47 pour LaD, 6,15 pour ±0,30 pour LaK1D et de 1,61 ±0,43 pour LaK2D. La laponite RD© seule pénètre beaucoup la stratigraphie, cela est en partie du à la faible concentration (7%). Plus étonnant, l’apport d’1% de Klucel G© augmente sensiblement la diffusion de la

187


fluorescéine dans le support. Ce résultat pourrait correspond à l’abaissement de la viscosité induite par l’ajout d’un gel de moindre viscosité dans le mélange. Il ne s’agit pas là d’un problème de mélange ou de concentrations, car elles ont été renouvelées une fois suite au même constat fait avant ces résultats. Le passage à 2% de Klucel G© dans le cataplasme est radical. La profondeur de diffusion est divisée par quatre. Il semble ici que les propriétés de la Klucel G© prennent directement le pas sur celle de la laponite RD©. Les écarts types élevés sont la preuve qu’un défaut de compatibilité entre les gels engendre des variations de propriétés entre les échantillons eux-mêmes. On retrouve le même problème sur le champ d’action de l’absorption avec des écarttypes de 0,4mm en moyenne. L’impact de la Klucel G© sur les propriétés d’absorption de la Laponite RD© semble tout aussi incompatible. Les moyennes respectives d’absorption sont de 7,46mm ± 0,33mm pour LaA, de 4,45mm ± 0,40mm pour LaK1A et de 1,61mm ± 0,43mm pour LaK2A. En effet, la laponite RD© a d’embler un potentiel d’absorption supérieur à ses propriétés de diffusion (environ 1,5mm). L’apport de 1% Klucel G© détruit ce très bon déséquilibre en produisant un potentiel d’absorption inférieur de 1,6mm à la diffusion du même système. L’apport de 2% de Klucel G© semble diminuer très fortement la diffusion, mais permettre de retrouver un parfait équilibre avec l’absorption, le système faisant de la Laponite RD© un cataplasme pour des traitements très localisés.

188


Les modules d’absorption et de diffusion reflètent très bien les observations chiffrées. A l’origine, la Laponite RD© possède des modules d’absorption et de diffusion très bien équilibrés, mais qui pénètre relativement profondément la stratigraphie. Le module de diffusion est de type linéaire continu et le module d’absorption de type irrégulier continu avec une faible phase d’accumulation de fluorescéine due à la bonne migration de celle-ci vers le cataplasme. Cela prouve que la Laponite a une action efficace et très localisée. Les éprouvettes problématiques LaK1A et LaK1D possèdent des modules qui reflètent les données chiffrées. On passe d’un module linéaire continu à un module continu très irrégulier. Le module d’absorption est amoindri, mais reste inchangé dans sa forme. Enfin, les modules des éprouvettes KaK2A et KaK2D sont très intéressant, car montrent que l’apport de 2% de Klucel G© couple la linéarité continue du module de diffusion de la Laponite RD© à la localisation de la diffusion de la Klucel G©. Le module d’absorption semble également avoir profité de l’apport de la Klucel G© avec une augmentation sensible de l’efficacité d’absorption (zone blanche plus nette et diminution de la zone d’accumulation de la fluorescéine).

4. Arbocel BC 200

Arbocel BC 200 ArD 18,87 19,71 19,74

Diffusion ArK1D 9,81 9,54 9,37

ArK2D 1,81 1,79 1,96

ArA 21,27 22,25 20,84

Absorption ArK1A 8 7,38 7,78

ArK2A 3,87 3,45 3,59

189


L’Arbocel BC 200© est sans nul doute le meilleur exemple d’illustration de l’impact d’un faible apport de Klucel G©. En effet, utilisé pur, c’est un cataplasme qui induit une très forte diffusion de la fluorescéine dans la stratigraphie du cube (19,44mm ±0,49mm). En revanche, cette forte diffusion se couple à un champ d’action du potentiel d’absorption supérieur (21,45mm ±0,72mm). Ici, les forts écart-types sont le fruit de la très forte diffusion et absorption en un temps réduit. Une différence de 1mm sur 20mm étant négligeable. Les éprouvettes ArK1D, ArK2D, ArK1A et ArK2D illustrent la gradation et la maîtrise qui peut exercer l’apport d’une faible part de Klucel G dans le cataplasme. En effet, le passage de l’éprouvette ArD l’éprouvette ArK1D engendre une division part deux de la diffusion de fluorescéine dans le cube (9,57mm ±0,22mm). A 2%, la Klucel G© prend complètement le pas sur les propriétés de l’Arbocel BC 200© en divisant par dix ses propriétés de diffusion initiales (1,85mm ±0,09mm). Du point de vue de l’absorption, le constat est sensiblement le même. On notera également que l’éprouvette ArK1A possède un potentiel d’absorption inférieur à la profondeur de diffusion de l’éprouvette ArK1D. Cela montre qu’avec une concentration de 1%, il y a combinaison entre les propriétés de l’Arbocel BC 200© et celles de la Klucel G©, tandis qu’elle prend le pas à un concentration de 2% avec une inversion de cette corrélation et une localisation de l’action.

190


Contrairement aux modules vus précédemment, ceux de l’Arbocel BC 200© illustrent très bien l’aspect chaotique que peut revêtir le phénomène d’absorption dans un support. Tandis que le module

d’ArD est linéaire continu, le module d’absorption de

l’éprouvette ArA est de type irrégulier très discontinu. Des lames d’absorption correspondent aux problèmes d’interfaces avec le support qu’induit l’utilisation de fibre de cellulose. En effet, celle-ci forme des paquets et de nombreuses zones de la surface ne sont pas en contact direct avec le cataplasme. Toutefois, on ne remarquera qu’aucun autre cataplasme testé dans cette étude ne dispose d’un champ d’absorption si profond. L’ajout de Klucel G© entraine un gain de régularité dans les modules d’absorption des éprouvettes ArK1A et ArK2A. L’augmentation de la concentration en Klucel G© amène donc un système à tendance continu. Cela est la résultante du comblement des espaces sans contact avec le support par les molécules de Klucel G©. Cependant, cela se fait au détriment des propriétés de forte diffusion et de forte absorption de l’Arbocel BC 200©. L’Arbocel BC 200© semble donc plus destinée à être adjoint à d’autres cataplasmes pour leur fournir l’effet inverse de la Klucel G©. A savoir, augmenter les propriétés de diffusion et d’absorption de cataplasmes dont les modules sont de types linéaires continus ou irréguliers continus, car il n’y aurait ainsi pas de problèmes d’interface de contact avec le support.

5. Conclusion intermédiaire

Au terme de l’analyse des résultats, il apparait que cette étude a permis de démontrer que chaque cataplasme possède des propriétés très différentes pouvant être exploitées dans divers cas de restauration. Toutefois, elle a aussi montré que chaque produit, utilisé pur, possède des défauts dans ses modules d’absorption et de diffusion ou dans l’équilibre entre profondeur de diffusion et champ d’action de l’absorption. Pour être efficace, un bon cataplasme doit nécessairement avoir un champ d’absorption égal ou supérieur à la profondeur de diffusion du produit pour que son action soit efficace. Il a pu être vu que c’est rarement le cas.

191


En effet, le champ d’action de l’absorption doit permettre de capter les substances dissoutes. On a pu voir sur les modules d’absorption qu’une zone plus sombre correspondait à la réactivation de la fluorescéine lors de la diffusion du produit. Cela prouve qu’absorption et diffusion se font dans le même temps, mais également que si la diffusion est supérieure à l’absorption il y a un risque d’accumulation et de migration des éléments solubilisés plus profondément dans la stratigraphie. L’emploi de la Klucel G comme modificateur des propriétés d’absorption et de diffusion des produits purs à montrer qu’il était possible de maîtriser ces propriétés avec de très faibles concentration. Cela permet avant tout de ne pas faire varier les conditions d’utilisation de ces cataplasmes (viscosité optimale pour l’utilisation) tout en améliorant les performances en termes d’absorption de ces cataplasmes et de combler ainsi certains déséquilibres ou irrégularités. Mais cette étude n’est qu’un début de réponse.

B. Approche critique et perspectives d’études 1. Evaluation du protocole

La méthodologie de l’étude a permis de mettre en œuvre cette étude dans de bonnes conditions. C’est-à-dire que des résultats cohérents et sensibles ont pus être dégagés et interprétés. Ce n’est pas pour autant qu’elle apporte une réponse parfaite et exhaustive aux questionnements posés dans l’introduction. Premièrement, les éprouvettes ont été reproduites seulement trois fois par soucis de temps et de moyens. Il s’agit du minimum requis pour pouvoir comparer des résultats. Une expérience devrait comporter au moins 10 éprouvettes pour pouvoir assurer la reproductibilité de l’expérience. Deuxièmement, une grande part de la mise en œuvre et des mesures reste encore soumise à l’erreur humaine. En effet, l’emploi du plâtre, même standardisé, induit de légère différence dans le volume des cubes de plâtre employés comme support. Ce qui peut être source d’une augmentation des écart-types dans les résultats. De plus, l’emploi d’un pied à coulisse, même électronique reste soumis à l’appréciation visuelle et tactile de l’expérimentateur. La précision des mesures est meilleure qu’à l’aide d’une règle, 192


mais ne remplace pas la précision d’une machine. Par ailleurs, la limite de certains modules était parfois difficile à lire, malgré l’emploi d’un matériau blanc et d’une substance fluorescente. Troisièmement, les mélanges on été effectué en petites quantités pour répondre aux besoins de l’étude. Les concentrations d’1% ou 2% de Klucel G© peuvent ainsi avoir été mal mélangées, du fait de la faible quantité de produit que cela représentait. Enfin, afin de compléter les résultats sur les modules d’absorption et mieux les distinguer des résultats de diffusion, il aurait été bon de prévoir une seconde durée pour les tests d’absorption, comme par exemple 30min.

2. Améliorations possibles dans le cadre d’une reproduction du protocole

L’observation du comportement des cataplasmes utilisés en restauration comprend un nombre de variables très grand. Nous avons ici testés essentiellement trois produits utilisés couramment dans le domaine de la restauration, mais il en existe beaucoup d’autres. En reprenant la méthodologie de ce protocole, on pensera, par exemple, aux charges inertes (silice pyrogénée, poudre de marbre, etc.) ou aux autres argiles (montmorillonite, diatomée, etc.). Plus encore, il n’a été utilisé qu’un seul modificateur de propriétés des cataplasmes. De nombreux autres produits pourraient être utilisés. A ce titre, l’Arbocel BC 200, comme vu dans l’étude, serait un parfait candidat pour augmenter les propriétés de pénétration ou d’absorption d’autres cataplasmes. Concernant la méthodologie, il n’a pas été vu l’influence de nombreux facteurs sur la diffusion et l’absorption des cataplasmes. Ainsi, une seule concentration a été utilisée pour les produits purs. Il serait bon d’étudier les propriétés des produits purs en fonction de leur concentration. Il s’agit de faire varier la viscosité, au détriment du confort d’utilisation. En outre, une durée de 30 minutes devrait être ajoutée à la méthodologie des expériences concernant les tests d’absorption, celle-ci pourrait certainement permettre de mettre exclusivement en valeur l’absorption.

193


Par ailleurs, les cataplasmes sont, la plupart du temps, utilisés avec un intermédiaire entre le support et le cataplasme. Celui-ci a, sans nul doute, une très forte influence sur les propriétés d’absorption et de diffusion des cataplasmes. Il existe dans ici aussi une très grande variété d’intermédiaires (intissés, papiers japon, membranes cellulosiques, papier bolloré, etc.) pouvant être utilisés. Pour aller plus loin, les composantes comme le pH des gels ou encore le type de solvants véhiculé influes également très fortement sur la manière dont se diffuse ces produits et dont absorbe le cataplasme.

Conclusion

Cette étude a permis de proposer une méthodologie permettant d’observer le comportement et le mode de diffusion et d’absorption de l’eau sur un matériau poreux. Plus encore, cette méthodologie a permis d’observer l’impact de l’apport d’un éther de cellulose comme modificateur des propriétés de différents cataplasmes avec succès. Il s’agit là d’un début de réponse à une meilleure utilisation des cataplasmes pour la restauration des matériaux poreux. Il a pu être vu qu’en dehors de l’efficacité d’un cataplasme à solubiliser un corps contenu dans un matériau poreux, il était important de vérifier de quelle manière cette extraction s’effectuait. A ce titre, il a pu être dégagé l’importance des propriétés d’absorption des cataplasmes. Les propriétés de profondeur de diffusion des liquides permettent avant tout de connaître le niveau de localisation des traitements. Ainsi, une approche pouvant être proposée sur le choix des cataplasmes est de prendre en compte le niveau de diffusion comme critère de choix du produit de base du cataplasme et de déterminer, à l’aide de cette méthodologie, par exemple, le produit pouvant permettre d’améliorer les performances d’absorption du produit de base, si celles-ci s’avéraient insuffisantes.

194


Conclusion générale

Au terme de ce mémoire, il ressort que la mise en œuvre de la conservation-restauration des céramiques archéologiques, de la fouille à la restauration pour étude, nécessite l’acquisition de connaissances qui vont bien au-delà des aspects historiques et technologiques des matériaux, ainsi que des techniques de conservation-restauration. En effet, ce mémoire a été l’occasion d’illustrer la pluridisciplinarité nécessaire à la réalisation d’un projet de conservation-restauration prenant en compte à la fois les besoins d’études (céramologique et anthropologique), les contraintes de la conservation des biens culturels, les valeurs scientifique, historique et culturel du vase-cercueil et l’ensemble du cadre réglementaire et scientifique de l’Archéologie préventive. Ce mémoire montre ainsi l’exemple d’une démarche qui englobe toute la chaine de conservation du mobilier archéologique et propose une approche parmi d’autres de la conservation-restauration des céramiques archéologiques. La démarche qui a été choisie dans ce mémoire est celle de l’approfondissement des études préliminaires à la réalisation d’un projet de conservation-restauration. En effet, plus les études et la communication entre les différents acteurs sont poussées, plus les objectifs de la restauration peuvent être précisés. Il s’agit là d’une composante essentielle du principe de minimalisme des interventions de restauration et du respect des biens culturels. C’est ce qui a été tenté de démontrer dans ce mémoire et c’est sous cette seule condition qu’une restauration pour étude peut être correctement menée. La recherche scientifique, bien que relativement séparée du reste du mémoire, a fait l’objet d’une démarche similaire. En effet, pour faire évoluer les pratiques de la restauration, il est parfois plus efficace de revenir sur des questions simples que de chercher à justifier l’emploi de tel ou tel produit à tout prix. Cette recherche a donc été vue comme un début de réponse à la définition d’une méthodologie simple permettant de modeler un cataplasme à partir de critères permettant de répondre au mieux aux besoins de tel ou tel cas de restauration, tout en connaissant l’impact réel du traitement appliqué à l’aide du cataplasme.

195


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2. Sources sur l’archéologie funéraire gallo-romaine ABED (B.),

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Pupput, coll. de l’école française de Rome, éd. L’Ecole Française de Rome, 2004, p. 7382. BAILLES-TALBI N. et BLANCHARD Ph et al., Sépultures de nouveau-nés et de nourrissons du 1er âge du fer au haut Moyen Âge découvertes hors des contextes funéraires traditionnels sur les territoires carnute, turon et biturges cube : inventaire, synthèse et interprétations, in collectif, Ensemble funéraires gallo-romains de la région centre. I, Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France 29, Tours, 2006, pp. 157-205. BLAIZOT (F.) et al., La pratique de l’inhumation, in collectif, Pratique et espaces funéraires de la Gaule durant l’Antiquité, Gallia n°66, éd ; CNRS, 2009, pp. 16-87. BLAIZOT (F.) et al., Le traitement funéraire des enfants décédés avant un an dans l’Antiquité : étude de cas, BMSAP (bulletin et Mémoires de la Société Anthropologique de Paris)1/2, pp. 49-78. CRUBEZY

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Funéraire,

Paris,

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Errance,

coll.

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3. Sources sur la conservation-restauration BOURGEOIS (B.), La conservation des céramiques archéologiques : étude comparée de trois sites chypriotes, Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen n° 18, série archéologique, 10, Lyon-Paris 1987, 100p. BERDUCOU (M.) et al., La céramique archéologique, in collectif, La conservation en archéologie, éd. Masson, Paris, 1990, p.78-119. BERTHOLON (R.), Soustraction et conservation, de l’intérêt de la conservationrestauration dans l’étude archéologiques des objets, revue Histoire de l’Art n°32, décembre 1995, P. 85-91. BRIGITTE (B.), La conservation des céramiques archéologiques. Etude comparées de trois sites chypriotes, coll. Série archéologiques, 10, éd. Maison de L’orient, Lyon, 1987, 100 p.

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COLLECTIF., Le dessalement des matériaux poreux, Compte rendu des Journées d’études de la SFIIC, Poitiers, 9-10 mai 1996, 300 p. COURTOIS (L.) et Velde (B.), Etude des techniques anciennes et recherches sur les altérations des céramiques, 105ème congrès National des Sociétés Savantes, Caen, 1980, Sciences, fasc. V p.123-133. CRELIGNY (F.), conservation des sites et du mobilier archéologique, Principes et méthodes, 1989. MEYER (N.) et RELIER (C.), Conservation des sites archéologiques et du mobilier. Principes et méthodes, éd. UNESCO, France, 1988, 117p. PICON (M.), Remarques préliminaires sur deux types d’altération de la composition chimique des céramiques au cours du temps, Figlina I, 1976, p.159-166. SANDEGERMA (H.), Etude et restauration de quatre figures phéniciennes (VIIIe-VIIe siècle av. J.-C. et Ve siècle av. J.-C.) en terre cuite polychromée (Musée du Louvre). Recherche d'un protocole de nettoyage par les gels à base de complexants, mémoire de fin d’étude, Institut National du Patrimoine, 2005, p. 99-138

4. Sources sur la conservation préventive des collections BARCLAY (R.L.), et al., Un atelier sur la fabrication de supports pour les objets de musée, dans 3ème colloque international de l’ARAAFU, Paris 1992. BERGERON (A.), Le rôle des supports dans la préservation des objets archéologiques et ethnologiques : l’apport du restaurateur, dans 3ème colloque international de l’ARAAFU, Paris 1992. EZRATI (J.J.), la conservation préventive comme donnée et non comme contrainte, le cas de l’exposition Rome 1850, le cercle des artistes photographes du caffé Gréco, revue Techné n°21, 2005, p113-116. GUILLEMARD (D.), La conservation préventive, une alternative à la restauration des objets ethnographiques, éd. ANRT (Association Nationale de Reproduction des Theses), Paris, 1995, 275p.

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MICHALSKI, (S.), A systematic approach to the Conservation (care) of Museum Collections, ICC, Ottawa, 1992, 15p TETTERAULT (J.), Display materials : the good, the bad and the ugly. Exhibitions and Conservation, Scottish Society for Conservation and Restoration, Edimbourg, 1994, p.78-87.

5. Sources générales sur l’archéologie de la région Centre - PROVOST (M.) (dir.), Carte archéologique de la Gaule. L’Eure-et-Loire (28), éd. Fondation Maison des Sciences de l’Homme, pp. 118-12.

6. Ouvrages Scientifiques. PEREGO, (F.), in collectif, Les matériaux du peintre, éd Belin, France, 2005. CHARLOT (G.), L’analyse qualitative et les réactions en solution. Paris, 5ème édition, 1963. CHARLOT (G.), Analyse qualitative rapide des cations et

des anions. Paris 3ème

édition, 1971. DELABY (R.) et Gautier (J.A.), Analyse qualitative minérale à l’aide des stilliréactions, éd. Masson, Paris, 1950. DOUBLE (G.), travaux pratiques de chimie minérale. Précis d’analyse qualitative. Paris, 1970.

7. Sites web http://dictionnaire.sensagent.com, consulté le 12 juillet 2010 http://fr.wikipedia.org/wiki/Infra-rouge, consulté le 5 août 2010 http://www.apophtegme.com/roule/metiers/metiersdisp.htm, consulté le 27 juin 2010 http://fr.wikipedia.org/wiki/Ouate_de_cellulose, consulté le 13 août 2010 http://fr.wikipedia.org/wiki/Argile, consulté le 13 août 2010 http://www-llb.cea.fr/Phocea/Vie_des_labos/Ast/ast_visu.php?id_ast=1191, consulté le 13 août 2010

200


Table des Illustrations

FIGURE 1 : PHOTOGRAPHIES AVANT (A GAUCHE) ET APRES RESTAURATION (A DROITE) .... 8 FIGURE 2 : PHOTOGRAPHIE DE LA PREMIERE PAGE D’UNE EDITION DE 1783 DU COMMENTAIRE DE LA GUERRE DES GAULES. ............................................................ 15 Illustration tirée du site : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Commentarii_de_Bello_Gallico.jpg FIGURE 3 : ORGANISATION DU TERRITOIRE DE LA GAULE ROMAINE............................... 16 Illustration tirée du site web : http://histoireenprimaire.free.fr/textes/periodes/antiquite4.html FIGURE 4 : LOCALISATION DU PAYS CARNUTES SUR LE TERRITOIRE DE LA GAULE ROMAINE. ............................................................................................................ 19

Illustration tirée de SELLES (H.) et COUVIN (F.), Les officines céramiques de Chartres et les amphores produites localement, in collectif, Actes du congrès de Versailles. 20-23 Mai 1993, éd. SFECAG, France, 1993, pp.53-64 FIGURE 5 : CARTOGRAPHIE DU PAYS CARNUTES ET DE SES ENVIRONS. ........................... 19 Illustration tirée de SELLES (H.) et COUVIN (F.), Les officines céramiques de Chartres et les amphores produites localement, in collectif, Actes du congrès de Versailles. 20-23 Mai 1993, éd. SFECAG, France, 1993, pp.53-64 FIGURE 6 : PLAN SCHEMATIQUE DE L’ORGANISATION URBAINE DE LA VILLE D’AUTRICUM ENTRE LE IER ET LE IVE S. ..................................................................................... 20

FIGURE 7 : EXEMPLE DE POTERIE GAULOISE MODELEE ................................................... 25 Illustration tirée de TRUFFEAU-LIBRE (M.), les poteries modelées, dans Les potiers gaulois et la vaisselle gallo-romaine, Dossier de l’Archéologie, N°215, juillet 1996, p. 56. FIGURE 8 : PLANCHE TYPOLOGIQUE DES FORMES DE LA TERRA NIGRA REALISEES DANS LA PREMIERE MOITIE DU IER S.................................................................................... 26

201


Illustration tirée de TRUFFEAU-LIBRE (M.), la romanisation de la céramique commune, dans Les potiers gaulois et la vaisselle gallo-romaine, Dossier de l’Archéologie, N°215, juillet 1996, p. 58-61. FIGURE 9 : EXEMPLE DE MODELE DE CRUCHES DECOUVERTES AU IIE S. DANS LES NIVEAUX DE COMBLEMENT DU PORT ANTIQUE DE TOULON. .................................................. 26

Illustration tirée de TRUFFEAU-LIBRE (M.), la romanisation de la céramique commune, dans Les potiers gaulois et la vaisselle gallo-romaine, Dossier de l’Archéologie, N°215, juillet 1996, p. 58-61. FIGURE 11 : ILLUSTRATION DE LA QUANTITE ET DE LA DIVERSITE DES CERAMIQUES A L'EPOQUE GALLO-ROMAINE. PHOTOGRAPHIE ISSUE DU MUSEE D'ARGENTOMAGUS.

PHOTO ERRANCE.................................................................................................. 27 Illustration tirée de TRUFFEAU-LIBRE (M.), le Haut-Empire, dans Les potiers gaulois et la vaisselle gallo-romaine, Dossier de l’Archéologie N°215, juillet 1996, p. 72-77. FIGURE 10 : DIFFERENTS TYPES DE DECORS SUR CERAMIQUES GALLO-ROMAINES : EXCISIONS, GUILLOCHIS, DECORS A LA ROULETTE. ................................................. 27

Illustration tirée de TRUFFEAU-LIBRE (M.), le Haut-Empire, dans Les potiers gaulois et la vaisselle gallo-romaine, Dossier de l’Archéologie N°215, juillet 1996, p. 72-77. FIGURE 12 : PHOTOGRAPHIE DES EXEMPLAIRES DE STATUETTES ISSUES DU SITE DE LA VALLEE DES VAUROUX. ....................................................................................... 30 Illustration tirée de SELLES (H.) et COUVIN (F.), Les officines céramiques de Chartres et les amphores produites localement, in collectif, Actes du congrès de Versailles. 20-23 Mai 1993, éd. SFECAG, France, 1993, pp.53-64 FIGURE 13 : PLANCHE TYPOLOGIQUE DES PRINCIPALES PRODUCTIONS DE VAISSELLES DOMESTIQUES PRODUITES DANS LE QUARTIER DES FILLES-DIEU DURANT LE HAUT-

EMPIRE. ............................................................................................................... 30 Illustration tirée de SELLES (H.) et COUVIN (F.), Les officines céramiques de Chartres et les amphores produites localement, in collectif, Actes du congrès de Versailles. 20-23 Mai 1993, éd. SFECAG, France, 1993, pp.53-64

202


FIGURE 14 : PLANCHE TYPOLOGIQUE DES PRINCIPALES PRODUCTIONS DE VAISSELLES DOMESTIQUES PRODUITES DANS LE QUARTIER FAUBOURG-LA-GRAPPE AU IER S. DE NOTRE ERE. .......................................................................................................... 31

Illustration tirée de SELLES (H.) et COUVIN (F.), Les officines céramiques de Chartres et les amphores produites localement, in collectif, Actes du congrès de Versailles. 20-23 Mai 1993, éd. SFECAG, France, 1993, pp.53-64 FIGURE 15 : PLANCHE TYPOLOGIQUE D'AMPHORES ET AMPHORETTES DE CHARTRES ...... 33 Illustration tirée de SELLES (H.) et COUVIN (F.), Les officines céramiques de Chartres et les amphores produites localement, in collectif, Actes du congrès de Versailles. 20-23 Mai 1993, éd. SFECAG, France, 1993, pp.53-64 FIGURE 16 : EXEMPLE D'URNES EN TERRE CUITES

DU IIE S. (A GAUCHE) ET DU IIIE S. (A

DROITE) ............................................................................................................... 35

Illustration tirée de Dossier de l’Archéologie, N°215, juillet 1996. FIGURE 17 : CARTOGRAPHIE SIMPLIFIEE DU SITE A PARTIR DU PLAN ORIGINAL. LOCALISATION DES CARRIERES, ZONES D’EXHUMATION DES VASE-CERCUEILS ET DU VASE-CERCUEILS 2081, DES FOSSES, DES ZONES D’EPANDAGE ET DES TRANCHEES. . 38

FIGURE 18 : DETAIL DU SECTEUR 2 DANS LEQUEL A ETE EXHUME LE VASE 2081 ENTRE LA CARRIERE ET LE FOUR A CHAUX. ........................................................................... 39

FIGURE 19 : PHOTOGRAPHIE DU VASE-CERCUEIL APRES RESTAURATION ........................ 45 FIGURE 20 : DESSIN EN COUPE SOUS ADOBE© ILLUSTRATOR © DU VASE-CERCUEIL. ...... 46 FIGURE 21 : PROFIL D’UN BORD, SIMILAIRE AU VASE-CERCUEIL 2081, D’UNE AMPHORE DECOUVERTE A THESEE ET POUILLE, ISSU DU CATALOGUE TYPOLOGIQUE DE H.

SELLES. ............................................................................................................. 47 Illustration tirée de SELLES (H.), Céramiques gallo-romaines à Chartres et en Pays carnute, catalogue typologique, Revue archéologique du Centre de la France, Chartres, FERAC/ARCHEA/ADAUC, 2001, 256 p. FIGURE 22 : DESSIN TYPOLOGIE D’UNE AMPHORE A VIN MASSALIETE, ISSU DU CATALOGUE TYPOLOGIQUE LATTARA.

....................................................................................... 48

203


Illustration tirée de M. Py dir., Dicocer[1], Dictionnaire des céramiques antiques (VIIe s. av. n. è.-VIIe s. de n. è.) en Méditerranée nord-occidentale (Provence, Languedoc, Ampurdan), Lattara 6, 1993, 624 p., section A-ITA. FIGURE 23 : PHOTOGRAPHIES LATERALE DROITE (A GAUCHE) ET EN PERSPECTIVE HAUTE (A DROITE) DU VASE-CERCUEIL APRES RESTAURATION........................................... 49 FIGURE 25 : PHOTOGRAPHIE DETAILLEE DES DEUX PERFORATIONS SITUEE EN BAS DE PANSE DU VASE-CERCUEIL. ................................................................................... 50

FIGURE 24 : PHOTOGRAPHIE FRONTALE DU VASE-CERCUEIL ET POSITIONNEMENT A BLANC DES FRAGMENTS DE L’EPAULE APRES RESTAURATION. ........................................... 50

FIGURE 26 : PHOTOGRAPHIE DETAILLEE DE L’USURE SITUEE EN BAS DE PANSE ET SUR LA BASE DU VASE-CERCUEIL. ..................................................................................... 51

FIGURE 27 : PHOTOGRAPHIE DE LA FOUILLE DES CARRIERES.......................................... 56 FIGURE 28 : PHOTOGRAPHIE DES DEUX ELEMENTS DU FOUR A CHAUX. EN HAUT, LA CHAMBRE DE CHAUFFE. ........................................................................................ 57

FIGURE 29 : SCHEMA DE MONTAGE EN 3D DE L’ENCEINTE A ATMOSPHERE HUMIDE. ....... 63 FIGURE 30 : RELEVE DES CONNEXIONS DES TESSONS EFFECTUE PAR L. DESOURIS LORS DE LA MICROFOUILLE DU VASE. ............................................................................ 66

FIGURE 31 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT L'AMAS DE SEDIMENT PRESENT A LA SURFACE DES TESSONS. ....................................................................................................... 69

FIGURE 32 : PHOTOGRAPHIE DE DETAIL DE LA COUCHE ARGILEUSE ................................ 69 FIGURE 33 : PHOTOGRAPHIE DU PLUS GROS TESSON DE LA PANSE, ILLUSTRANT L'ETAT DE SURFACE VISIBLE.................................................................................................. 70

FIGURE 34 : PHOTOGRAPHIE D'UN PAROI INTERNE D'UN TESSON DU VASE. ...................... 71 FIGURE 35 : PHOTOGRAPHIE DE DETAIL D'UNE CASSURE ANCIENNE................................ 72 FIGURE 36 : PHOTOGRAPHIE DE DETAIL D'UNE CASSURE RECENTE. ................................ 73 FIGURE 37 : PHOTOGRAPHIE DE DETAIL D'UNE POPULATION DE MOISISSURE DE TEXTURE MOUSSEUSE.......................................................................................................... 74

FIGURE 38 : PHOTOGRAPHIE DE DETAIL D'UNE POPULATION DE MOISISSURE DE TEXTURE GRANULEUSE. ...................................................................................................... 74

FIGURE 39 : PHOTOGRAPHIE DE DETAIL D'UNE CAVITE DE FORME GEOMETRIQUE. ........... 75 FIGURE 40 : TEST DE DEGAGEMENT MECANIQUE DE LA COUCHE ARGILEUSE. ................. 76

204


FIGURE 41 : PHOTOGRAPHIES D'UN TESSON AVANT (A GAUCHE) ET APRES (A DROITE) DEGAGEMENT MECANIQUE DE LA COUCHE ARGILEUSE. .......................................... 80

FIGURE 42 : ILLUSTRATION DE LA PHASE DE NETTOYAGE DES RESIDUS ARGILEUX A L’AIDE D’EAU DEMINERALISEE ET D’UN AEROGRAPHE. ..................................................... 84

FIGURE 43 : SCHEMA DE FONCTIONNEMENT DE LA PLANCHE DE MISE EN SECHAGE LENT DES TESSONS. ....................................................................................................... 85

FIGURE 44 : PHOTOGRAPHIES DES DIFFERENTES POSITIONS DE LA PLANCHE DE MISE EN SECHAGE LENT DES TESSONS. OUVERT, SOUS BACHE PLASTIQUE, SOUS FILM PLASTIQUE ET COUVERTURE DE SURVIE. ................................................................ 86

FIGURE 45 : COUPLAGE PHOTOGRAPHIQUE AVANT ET APRES TRAITEMENT DE DEGAGEMENT DE LA COUCHE ARGILEUSE ET SECHAGE LENT. ................................. 89

FIGURE 46 : PHOTOGRAPHIE DE LA PAROI INTERNE DES TESSONS DE LA PARTIE HAUTE DU VASE. ................................................................................................................... 89

FIGURE 47 : DETAIL DES RESIDUS ARGILEUX LAISSES VOLONTAIREMENT SUR LES TRANCHES............................................................................................................ 90

FIGURE 48 : PHOTOGRAPHIE DES PAROIS INTERNES APRES REMONTAGE A PLAT DU VASE ET TRAITEMENTS PRELIMINAIRES............................................................................... 91

FIGURE 49 : PHOTOGRAPHIE DES PAROIS EXTERNES APRES REMONTAGE A PLAT DU VASE ET TRAITEMENTS PRELIMINAIRES .......................................................................... 92

FIGURE 50 : DETAIL ILLUSTRANT LA PERSISTANCE DES CONCRETIONS. .......................... 93 FIGURE 51 : PHOTOGRAPHIES D’UNE CAVITE DE FORME RONDE (A GAUCHE) ET TRIANGULAIRE (A DROITE) PRESENTE A LA SURFACE D’UN TESSON......................... 94

FIGURE 52 : PHOTOGRAPHIE DE L’EROSION VISIBLE SUR LES TESSONS DU FOND DU VASECERCUEIL. ............................................................................................................ 94

FIGURE 53 : PHOTOGRAPHIE D’UNE MICROFISSURATION

DE L’EPIDERME. ...................... 95

FIGURE 55 : PHOTOGRAPHIE MONTRANT UN FRAGMENTS BRISE EN PLUSIEURS TESSONS ET POSSEDANT DES CASSURES NETTES DENUEES DE SEDIMENT. ................................... 96

FIGURE 54 : PHOTOGRAPHIE DE LA COUCHE ARGILEUSE PERSISTANTE SUR LES TRANCHES. ............................................................................................................................ 95 FIGURE 56 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT LE FACIES BISEAUTE DE CERTAINES CASSURES. ............................................................................................................................ 96

205


FIGURE 57 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT LES DIFFERENCES DE TEINTES EXISTANTES SUR LA PAROI INTERNE DU VASE-CERCUEIL. ..................... ERREUR

! SIGNET NON DEFINI.

FIGURE 59 : PHOTOGRAPHIES MONTRANT LE DETAIL DE LA PAUSE DE L’ANSE (A GAUCHE) ET DU REVERS DE L’ANSE (A DROITE). ................................................................... 98

FIGURE 58 ....................................................................... ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. FIGURE 60 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT L’ASPECT PICTE ET LA VISIBILITE DES DEGRAISSANTS EN SURFACE.................................................................................. 98

FIGURE 61 : PHOTOGRAPHIE DETAILLEE D’UNE FISSURE PRESENTE SUR UN TESSON. ....... 99 FIGURE 62 : PHOTOGRAPHIES DES DIFFERENTES PHASES DE TESTS PREALABLES A LA PRISE D’EMPREINTE DU VASE EN VUE DE REALISER UNE COQUE DE MAINTIEN. ............... 101

FIGURE 63 : PHOTOGRAPHIE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROTOCOLE DE CREATION DE LA COQUE DE MAINTIEN A L’AIDE DE BANDES PLATREES. A GAUCHE : PENDANT LE SECHAGE DES BANDES. A DROITE : APRES SECHAGE ET EXTRACTION DE LA COQUE.

.......................................................................................................................... 102 FIGURE 64 : VUES LATERALES ET FRONTALES DU VASE-CERCUEIL APRES REMONTAGE A BLANC ............................................................................................................... 103

FIGURE 65 : RECONSTITUTION EN 3D DU VASE. VUES HAUTES ET LATERALES DU VASECERCUEIL ........................................................................................................... 103

FIGURE 66 : DESSIN SOUS ADOBE© ILLUSTRATOR© DU PROFIL ARCHEOLOGIQUE DU VASE .......................................................................................................................... 105 FIGURE 67 : DESSIN D’UN PROFIL DE BORD, SIMILAIRE A CELUI DU VASE-CERCUEIL. EXTRAIT DU CATALOGUE TYPOLOGIQUE DE H. SELLES. ..................................... 105 FIGURE 68 : FORME CARACTERISTIQUE D’AMPHORE A VIN MASSALIETE. EXTRAIT DU CATALOGUE TYPOLOGIQUE LATTARA. .................................................................. 106

FIGURE 69 : VUE ZENITHALE DU VASE APRES REMONTAGE A BLANC. INDICATION DES CASSURES ANCIENNES SURLIGNEES EN JAUNE. ..................................................... 111

FIGURE 70 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT LES CASSURES FRAICHES SUR UN TESSON BRISE EN 7 FRAGMENTS ................................................................................................ 112

FIGURE 71 : PHOTOGRAPHIE RETOUCHEE, AFIN DE METTRE EN VALEUR LE FACIES DES CASSURES VOLONTAIRES SITUEES AU NIVEAU DE L’EPAULEMENT DU VASE-CERCUEIL.

.......................................................................................................................... 112

206


FIGURE 72 : PHOTOGRAPHIE DETAILLEE DE L’EROSION DE SURFACE PRESENTE EN BAS DE PANSE ET SUR LA BASE DU VASE-CERCUEIL.

........................................................ 113

FIGURE 73 : SCHEMA D’ILLUSTRATION DES HYPOTHESES SUR LA CIRCULATION DE L’EAU DANS LE SOL ET SON IMPACT SUR L’OBJET. .......................................................... 114

FIGURE 74 : SCHEMA D’ILLUSTRATION DE LA PERFORMANCE DES INTERFACES DE COLLAGES EN FONCTION DE LEUR ANCIENNETE ET DE L’APPORT D’UN PRIMAIRE DE COLLAGE.

.......................................................................................................... 119

FIGURE 75 : SCHEMA ILLUSTRANT LES INTERFACES DE COLLAGE SUR LESQUELLES S’EXERCENT LE PLUS DE FORCES. ........................................................................ 120

FIGURE 76 : SCHEMA ILLUSTRANT LES PROPRIETES MECANIQUES DE L’APPLICATION DE PONTS DE RESINE. ............................................................................................... 122

FIGURE 77 : SCHEMA ILLUSTRANT LA LOCALISATION DES RENFORTS METALLIQUES SUR LA RECONSTITUTION EN 3D DU VASE. ...................................................................... 123

FIGURE 78 : SCHEMA ILLUSTRANT LES PROPRIETES DES DIFFERENTES PARTIES D’UNE BOITE DE CONSERVATION. .................................................................................. 128

FIGURE 79 : SCHEMA BOITE DE CONDITIONNEMENT OPTIMISEE .................................... 130 FIGURE 80 : PROPOSITION EN 3D D'UN SUPPORT D'OBSERVATION ................................. 132 FIGURE 81 : VUE LATERALE ET ZENITHALE DE LA PROPOSITION EN 3D DU SUPPORT D’OBSERVATION ................................................................................................. 132

FIGURE 82 : PHOTOGRAPHIE DU DISPOSITIF DE MAINTIEN DES TESSONS EN VUE DE L’APPLICATION DU GEL DE NETTOYAGE. .............................................................. 137

FIGURE 83 : PHOTOGRAPHIE FRONTALE ILLUSTRANT L’APPLICATION DU GEL DE CMC AVANT SECHAGE. ............................................................................................... 137

FIGURE 84 : PHOTOGRAPHIES ILLUSTRANT LE SECHAGE DU GEL DE CMC. ................... 138 FIGURE 85 : PHOTOGRAPHIES ILLUSTRANT LE RESULTAT AVANT-APRES DE L’OPERATION DE NETTOYAGE A L’AIDE DU GEL DE CMC. .............................................................. 138

FIGURE 86 : PHOTOGRAPHIES AVANT-APRES ILLUSTRANT LA LEGERE REDUCTION DES CONCRETIONS APRES ALLEGEMENT MECANIQUE. ................................................. 140

FIGURE 87 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT L’ABSENCE DE DEFAUT DE REMONTAGE LIE A L’APPLICATION D’UN PRIMAIRE DE COLLAGE. ...................................................... 141

FIGURE 88 : SCHEMA DU PRINCIPE DE REMONTAGE D’UNE CERAMIQUE. ....................... 143

207


FIGURE 89 : PHOTOGRAPHIES ILLUSTRANT LA PHASE DE REMONTAGE DEFINITIF DU VASE. A GAUCHE, L’UTILISATION D’UN BAC ET DE FILM PLASTIQUE PERMETTANT DE SOUTENIR LA FORME DE L’OBJET. A DROITE, L’UTILISATION DE LA COQUE DE BANDES PLATREES POUR LE PLACEMENT DES DERNIERS TESSONS. ..................................... 144

FIGURE 90 : PHOTOGRAPHIES LATERALES ET FRONTALES DU VASE-CERCUEIL APRES REMONTAGE DEFINITIF DU VASE. ET MISE EN VALEUR DES FRAGILITES DU REMONTAGE....................................................................................................... 145

FIGURE 91 : PHOTOGRAPHIES ILLUSTRANT L’APPLICATION DE PONTS D’ADHESIFS. A GAUCHE RENFORCEMENT DE L’INTERFACE DU COL. A DROITE, RENFORCEMENT DE L’INTERFACE DE COLLAGE LINEAIRE LATERALE GAUCHE DU VASE-CERCUEIL. ...... 147

FIGURE 92 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT L’APPLICATION D’UNE TIGE DE RENFORT. ..... 147 FIGURE 93 : PHOTOGRAPHIES DU VASE-CERCUEIL APRES DISPOSITION DES RENFORTS ET SCHEMATISATION DE LA LOCALISATION DES CONSOLIDATIONS DE SURFACE. VUES LATERALES, FRONTALES ET HAUTES. ................................................................... 149

FIGURE 94 : PHOTOGRAPHIES DU REMONTAGE A BLANC DES FRAGMENTS DE L’EPAULE. VUES FRONTALES ET LATERALE. ......................................................................... 150 FIGURE 95 : PHOTOGRAPHIE DE LA CAISSE DE TRANSPORT........................................... 152 FIGURE 96 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT LA DISPOSITION DES ELEMENTS EN MOUSSE POLYSTYRENE (EN JAUNE) ET DES TUBES EN MOUSSE PE (EN GRIS)....................... 152

FIGURE 97 : PHOTOGRAPHIES ILLUSTRANT LA DISPOSITION DU FILM BULLES (A GAUCHE) ET DU FILM PLASTIQUE (A DROITE) A L'INTERIEUR DU CONDITIONNEMENT. ........... 153

FIGURE 98 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT LA BOITE DE CONDITIONNEMENT UNE FOIS LE VASE A L'INTERIEUR ET LES FILMS PLASTIQUES REPLIES. ...................................... 154

FIGURE 99 : PHOTOGRAPHIE ILLUSTRANT L'EMPLOI DU SUPPORT D'OBSERVATION. ....... 155 FIGURE 100 : PROPOSITION EN 3D D’UN SUPPORT D’EXPOSITION EN PLEXIGLAS© POUR LE VASE CERCUEIL .................................................................................................. 160

FIGURE 101 : EXEMPLE DU MODELE DE MONOMERE DE METHYLCELLULOSE ................. 170 FIGURE 102 : STRUCTURE LOCALE D’UNE ARGILE DE TYPE MONTMORILLONITE FAISANT APPARAITRE L’ORGANISATION STRATIFIEE DE CE MATERIAU. ON DISTINGUE, ICI DANS UN FEUILLET, DEUX COUCHES DES TETRAEDRES SIO4 (MARRON) ENTOURANT UNE COUCHE CENTRALE D’OCTAEDRES D’ALO (ROSE), AINSI QUE DES CONTRE-IONS ECHANGEABLES NA

+

/ CS+ (VERT, NON REPRESENTES A L’ECHELLE). B)

208


REPRESENTATION EN COUPE DE L’ETAT D’HYDRATATION EN MONOCOUCHE (6 MOLECULES D’EAU PAR CONTRE-ION) DE L’ARGILE SIMULEE.

.............................. 173

Image tirée du site web : http://www-llb.cea.fr/Phocea/Vie_des_labos/Ast/ast_visu.php?id_ast=1191 FIGURE 103 : SCHEMA DES PRINCIPES D'ABSORPTION ET DE DIFFUSION ........................ 178 FIGURE 104 : SCHEMA D'ILLUSTRATION DE LA PRISE DE MESURE DE LA PROFONDEUR DE DIFFUSION ET DU CHAMP D'ACTION DE L'ABSORPTION .......................................... 178

FIGURE 105 : SCHEMA DES TROIS PRINCIPAUX MODULES POUVANT ETRE RENCONTRES. 179 FIGURE 106 : PHOTOGRAPHIES DES EPROUVETTES TESTANT L'ABSORPTION DES CATAPLASMES. A GAUCHE: LES EPROUVETTES AR K1D. A DROITE : LES EPROUVETTES KAK1D ....................................................................................... 181

FIGURE 107 : PHOTOGRAPHIES DES EPROUVETTES TESTANT L'ABSORPTION DES CATAPLASMES. A GAUCHE: LES EPROUVETTES LAK1D. A DROITE : DETAIL DE L’EPROUVETTE ARK1D ...................................................................................... 182

FIGURE 108 : PHOTOGRAPHIE DU DETAIL DE L’EPROUVETTE ARK2D APRES DECOUPE.. 182 FIGURE 109 : PHOTOGRAPHIES DE L’EPROUVETTE LAA, TESTANT L’ABSORPTION DES CATAPLASMES. A GAUCHE: LAA PENDANT L’EXPERIENCE. A DROITE : DETAIL DE L’EPROUVETTE LAA, APRES DECOUPE. ................................................................ 183

209


Glossaire

 Sigles et Abréviations

CMC : CarboxyMéthylCellulose DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles EDTA : Ethylène Diamine Tétra Acétique HR : Humidité Relative PE : Polyéthylène PP : Polypropylène PVA : Polyacrylate de vinyle PVC : Polychlorure de Vinyle SRA : Service Régional d’Archéologie

 Termes

A Absorption : L’absorption, en chimie, est un phénomène ou processus physique et chimique dans lequel des atomes, molécules, ou ions entrent dans une phase gazeuse, liquide ou solide. Ce phénomène est différent de l’adsorption, étant donné que les molécules absorbées entrent en profondeur du volume tandis que lors d’une adsorption, ce n’est que la surface qui retient celles-ci. L’adsorption et les échanges ioniques peuvent être regroupés par le terme sorption. L’absorption est donc une rétention d’une substance par une autre.

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Argile sparnacienne : Ce terme fut inventé par G. F. Dollfus (1877) pour distinguer « l’argile plastique et les lignites du Soissonnais » de la formation des sables Thanétien et de celle des sables de Cuise-la-Motte (Cuisien). Le Sparnacien se distingue du Thanétien (qui constitue l'étage sous-jacent), même le plus élevé, par la présence d'une faune comportant des mammifères. Argile yprésienne : Étage de l'Éocène inférieur défini en Belgique par A. Dumont (1849) à partir de l'argile d'Ypres et des sables à Nummulites planulatus qui les couronnent. On a très vite comparé ces sables avec ceux de Cuise-la-Motte (Oise) qui serviront de type au Cuisien (G. F. Dollfus, 1880). Les épaisses couches argileuses sous-jacentes sans fossiles sparnaciens ni nummulites, difficilement rattachables à celles des bassins voisins, sont, depuis les travaux de L. Feugueur (1963), considérées comme homologues de l'argile de Londres et de la plus grande partie du Sparnacien du bassin de Paris ; si bien que cet auteur parle d'un ensemble Yprésien (super-étage) constitué de deux étages, le Sparnacien et le Cuisien, considérés respectivement comme Yprésien inférieur et Yprésien supérieur. Pour d'autres, les argiles des Flandres (argiles d'Ypres) n'ont pas d'équivalent dans le bassin de Paris ; ils correspondent donc à une véritable lacune. Azéotrope : Azéotrope ou azéotropique (a privatif, du grec zêin bouillir et tropos action de tourner). Se dit d'un mélange liquide qui bout à température fixe en gardant une composition fixe.

B Bouillon : En céramologie, ce terme définit la formation de bulles à la surface des céramique au moment de la cuisson.

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C Caccolithe : Un coccolithe (du grec κοκκος « pépin », λίθος « pierre ») est une plaque constituée de carbonate de calcium servant à protéger les coccolithophoridés, un phytoplancton pélagique. La forme de la plaque en pépin arrondi lui a donné son nom. Caréné : Une carène en matière de description de céramique définit une rupture brutale de pente dans le profil d’un objet. Céramique à parois fines : Il s’agit de la catégorie s’étendant entre la céramique commune et la sigillée. Le plus souvent de couleur orangée (engobe), décoré de sable, de guillochis, d’incisions, ces produits tentent d’imiter la production métallique. la production, venant d’Italie puis du Midi et du Centre est connue du Ier avant J.C. au Ier après J.C. Céramique commune : Elle constitue la céramique classique quotidienne. Produit tourné, avec des pâtes noire, grise, ocre, jaune, beige ou rouge, bien cuite, elle représente globalement 80 du mobilier céramique généralement découvert. Le type de la poterie influe sur la pâte : gobelet en pâte noire fine et lustrée, cruche et mortier dans la gamme beige ... Notons que cette couleur est typiquement d’inspiration romaine. La couleur sombre, plus indigène est en perte de vitesse jusqu’au IVe siècle où sa proportion s’accroît à nouveau. Céramique fine : Ces formes sont des productions d’usage moins courant et plus soignée ; la pâte est de meilleure qualité, les parois sont assez fines ; les décors sont assez soignés. On les trouve assez régulièrement dans les sépultures. Céramique gallo-belge : Certaines productions imitant la sigillée (en particulier les formes, les pâtes et parfois les signatures) sont réalisées à partir du Ier siècle avant J.C. Ces céramiques, dites gallobelges, portent le nom de terra nigra et de terra rubra. La production augmente dans toute la Gaule au Ier siècle.

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Céramique à enduit rouge : Parmi les productions recouvertes d’un enduit rouge, il existe des productions de couleur jaunes qui sont recouverts d’un engobe rouge fragile (pour les formes basses ouvertes, seule l’intérieur à parfois était traité). Cette vaisselle est courante dans les sépultures du Nord de la France au Ier siècle. Céramique métallescente : Ce type de céramique tente également d’imiter la vaisselle métallique. Cet aspect vert doré ou argenté provient de l’engobe à base de précipitations cristallines. Les formes sont principalement des gobelets à boire, très richement décorés (relief en applique décor à la barbotine, excisé, à guillochis...). Les productions s’échelonnent du II au IVe siècle dans le Centre et l’Est de la Gaule. Céramique micacées : L’engobe utilisé est micacé, de couleur dorée. Il tente d’imiter le métal. Il est appliqué sur des formes plutôt orangées. Les formes sont imitées de la sigillée, de la céramique gallo-belge, et surtout de la vaisselle métallique. La production apparaît à la fin du Ier siècle, se poursuit au IIe et au IIIe siècle. Céramique « ocellée » : Ce terme désigne un décor fin en relief similaire au travail effectué sur des objets en ivoire par exemple. Chaîne opératoire : Il s’agit de l’ensemble des dispositions techniques visant la conservation du mobilier archéologique de la fouille aux études. Chauffournerie : Activité de production de chaux Concrétions : Terme qui décrit la formation d’un édifice ionique insoluble à la surface d’une matière poreuse.

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Constante diélectrique : Elle définit la capacité d’un matériau à dissocié des espèces ioniques, comme par exemple, le sel dans l’eau : NaCl devient Na+ + ClCraie glauconieuse ou glauconie : La glauconie est une association de minéraux argileux intermédiaire entre le groupe des micas et le groupe des smectites. Son nom vient du grec Glaukos (bleu-vert) dérivé de sa couleur verdâtre.

D Diffusion : La diffusion désigne la tendance naturelle d'un système à rendre homogènes les concentrations des espèces chimiques en son sein. C'est un phénomène de transport irréversible qui se traduit par la migration d'espèces chimiques dans un milieu. Dolomite : La dolomite est une espèce minérale formée de carbonate de calcium et de magnésium de formule chimique CaMg(CO3)2 avec des traces de Fe; Mn; Co; Pb; Zn.

E Ether de cellulose : Les éthers de cellulose sont des polymères artificiels dérivés de la cellulose. Les groupements hydroxyles (-OH) de la cellulose peuvent réagir partiellement ou totalement avec différents réactifs chimiques pour donner les éthers de cellulose (-OR). Selon le type d'éther de cellulose recherché, les réactifs sont des halogénoalcanes, des époxydes ou des acides carboxyliques halogénés. Engobe : L'engobe est un revêtement mince à base d'argile délayée (colorée ou non) appliqué sur une pièce céramique (tesson) pour modifier sa couleur naturelle, pour lui donner un

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aspect lisse ou pour obtenir une couche de base aux propriétés physico-chimiques spécifiques

G Goujon : Un goujon (ou gougeon) est un organe mécanique en forme de tige, en partie fileté, permettant de réaliser une liaison « complète, rigide, démontable » entre une pièce équipée du goujon et une ou plusieurs autres traversées par le goujon et verrouillée par un écrou.

H Humidité relative : L'humidité relative de l'air (ou degré d'hygrométrie), couramment notée φ, correspond au rapport de la pression partielle de vapeur d'eau contenue dans l'air sur la pression de vapeur saturante (ou tension de vapeur) à la même température et pression. Elle est donc une mesure du rapport entre le contenu en vapeur d'eau de l'air et sa capacité maximale à en contenir dans ces conditions.

P Phyllosilicates : Minéraux de la famille des silicates construits par empilement de feuillets tétraédriques (« T ») où les tétraèdres partagent trois sommets sur quatre (les oxygènes « basaux »), le quatrième sommet (l’oxygène « apical ») étant reliée à un feuillet octaédrique (« O ») occupé par des cations différents (Al, Mg, Fe, Ti, Li, etc.). L’union des feuillets T et des feuillets O forme des couches, qui représentent l’unité de clivage des phyllosilicates. Ils ont à l’origine de la plasticité plus ou moins grande des argiles et de la présence ou non d’impuretés.

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S Sable stampien : Il y a 35 millions d’années une mer chaude (mer Stampienne) s’est installée. Cette mer a ensuite laissé des sables dont l’épaisseur varie de 30 à 60 mètres. Ce sable (dit sable de Fontainebleau) renferme plus de 95 % de silice et sa pureté a permis son utilisation ancienne en verrerie et de nos jours dans l’optique de précision. Ce sable est lui-même recouvert d’une dalle de grès de 4 à 5 mètres d’épaisseur, de sédiments calcaires et de limons éoliens. Sels solubles : Ce terme fait référence à l’ensemble des espèces ionique solubles dans l’eau (sulfates, nitrates, carbonates, etc.) pouvant contaminer la pâte d’une céramique par accumulation (précipitation) dans les pores de celle-ci.

T Taphonomie : La taphonomie s'appuie sur des disciplines telles que l'écologie, la géochimie ou la sédimentologie. Elle étudie des processus tels que la décomposition et la diagenèse. Terra negra/terra rubra : La terra rubra est la même production que la terra nigra mais en ocre orangé. La différence provient du type de cuisson (oxydante ici). Les formes sont moins diversifiées que pour la terra nigra. On note notamment les vases tonnelets de formes ovoïdes ornés de guillochis, qui sont imités des vases à parois fines. La terra rubra est une céramique fumigée. Les productions sont de couleurs grises à noir, fines, à dégraissant sableux ; elles présentent un aspect lustrée, luisant. Les décors sont variables, peignés, guillochés, excisés... Les pièces, copiant la sigillée sont estampillées. Les formes hautes restent souvent des productions originales, inspirées du répertoire romain et gaulois.

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Température de transition vitreuse : En termes de propriétés physiques, la température de transition vitreuse (Tv, anglais : Tg) d'une matière est souvent décrite comme représentant l'intervalle de température à travers lequel la matière passe d'un état caoutchouteux à un état vitreux, solide (rigide). Tensioactif : Un tensioactif ou agent de surface est un composé qui modifie la tension superficielle entre deux surfaces. Les composés tensioactifs sont des molécules amphiphiles, c'est-àdire qu'elles présentent deux parties de polarité différente, l'une lipophile (qui retient les matières grasses) et apolaire, l'autre hydrophile (miscible dans l'eau) et polaire. Il permet ainsi de solubiliser deux phases non miscibles, en interagissant avec l'une apolaire (c'est à dire lipophile donc hydrophobe), par sa partie hydrophobe; tandis qu'avec l'autre phase qui est polaire, il interagira par sa partie hydrophile. Titrage : La titrimétrie ou titrage est une technique de dosage utilisée en chimie analytique afin de déterminer la concentration d'une espèce chimique en solution (ou titre d'une solution). La méthode de titrage la plus utilisée est la volumétrie ou titrage volumétrique. Elle consiste à utiliser une solution de concentration connue (appelée titrant) afin de neutraliser une espèce contenue dans la solution inconnue (appelée analyte ou espèce titrée). Les titrages volumétriques les plus répandus sont les titrages acide-base : L'opérateur fait couler goutte à goutte un acide dans un volume déterminé de base. Ainsi les réactifs réagissent mol à mol. Le titrage base-acide est aussi possible. Le point de neutralisation est connu grâce à un indicateur coloré ajouté dans la solution inconnue (Cet indicateur change de couleur au moment de la neutralisation) ou grâce à une variation du potentiel ou du pH (mesuré au moyen d'une électrode trempant dans la solution inconnue).

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Annexes Annexe 1 : Détermination de la contamination des vases cercueils à pâtes claires par les sels solubles…………………………………………………………………...pp.219/220 Annexe 2 : Test pH………………………………………………………………….p.221 Annexe 3 : Protocole de tests de l’enceinte à atmosphère humide…………..pp.222-228 Annexe 4 : Patron du support d’observation………………………………………..p.229 Annexe 5 : Choix consolidant, primaire de collage et résine de remontage………..p.230 Annexe 6 : Fiche technique peinture acrylique ………………………………pp.231-233 Annexe 7 : Tests éprouvette en plâtre………………………………………………p.234 Annexe 8 : Fiche technique de la Laponite………………………………… pp. 235-236 Annexe 9 : Fiche technique Arbocel BC 200 ………………………………………p.237 Annexe 10 : Fiche technique CarboxyMéthylCellulose……………………...pp.238-241 Annexe 11 : Fiche technique acétone………………………………………………p.242 Annexe 12 ; Fiche technique gamme Paraloïd……………………………… pp.243-245 Annexe 13 : Fiche technique acétate de butyle…………………………………….p.246 Annexe 14 : Documentation à l’usage des spécialistes en archéologie……… pp247-249 Annexe 15 : Procédure de conservation du mobilier………………………... pp.250-253

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Annexe 1 : Détermination de la contamination des vases cercueils à pâtes claires par les sels solubles Données récoltées durant le stage au Service Archéologique municipal de la ville de Chartres de mars à mai 2010

Critères optiques : L'ensemble des céramiques présentent des dépôts de sels insolubles dus à la présence de blocs de craie au sein du remblaie argileux des vases et à la présence du site de craie porche de la zone d'exhumation des vases. Combiner à la présence de CO2 dans le sol, cela peut conduire à une recarbonatation de la chaux contribuant à la formation de dépôts insolubles en surface (ex. : carbonate de calcium). Ces sels insolubles peuvent être présents dans les pores de la pâte et ressemblent dans ce cas a des subflorescences. Ils entrainent dans ce cas une induration de celle-ci jouant le rôle de consolidant naturel. On ne constate toutefois pas d'efflorescences de surface à proprement dit. Localement de légers amas d'aspects filandreux à mousseux sont observables, mais ils semblent plus avoir été déposés qu'avoir migré en surface. En effet, la migration des sels en surface au séchage, lors de pâte contaminées par les sels, se fait de façon relativement uniforme sur des zones relativement larges et se repère facilement. Un simple nettoyage n'aurait pas suffit a éliminer les sels qui se seraient alors solubilisés à nouveau, pour recristalliser en surface au séchage, entrainant de nouveaux soulèvements de surface.

Tests de conductivité : Plusieurs tests ont été menés sur des tessons (1 tesson des vases 2137, 2260 et 2312). Test d'immersion pour les tessons des vases 2137 et 2260,

dans 300mL d'eau

faiblement minéralisée (conductivité initiale : 31,8 à 21°C) pendant 3 jours, répété 2 fois. Les résultats ont donné des valeurs de conductivité inférieure à 50 microsiemens ne permettant pas d'affirmer l'accumulation de sels solubles dans la céramique. Un test a quant à lui été mené sur le tesson du vase 2312 qui présente les caractéristiques d'une pâte crue et présente d'épaisses concrétions en surfaces. Dessalement par compresses d'Arbocel© imprégnées d'eau faiblement minéralisée 219


(environ 100mL). Renouvellement tous les jours des compresses pendant 3 jours et mesure de conductivité en ramenant le volume d'eau extrait des compresses à 300mL. Les résultats obtenus ont également donnés des résultats inférieurs à 50 microsiemens, sachant que la cellulose résiduelle après filtration augmente la conductivité initiale de la solution. Enfin, la mise en séchage lent des tessons n'a pas engendré d'apparitions de nouvelles efflorescences à la surface des céramiques, ce qui indique que même après immersion courte, ne permettant pas dans les conditions normal de céramiques contaminées, d'extraire les sels de façon satisfaisante, les risques de remontées de sels solubles sont donc inexistantes.

En comparaison : De façon usuelle, on considère que 2 microsiemens ~ 1 ppm, en ce sens une valeur de 50 microsiemens, correspondrait donc à 25 ppm, soit 25 mg/L. Les résultats obtenus sont légèrement inférieurs, avec une conductivité moyenne après 3 jours de bains ~ 48,6 microsiemens, soit 24,3mg/L). Ces chiffres indiquent une très faible teneur en sels. La littérature (Olive and Pearson 1975, Paterakis, 1987) fixe un point d'arrêt des traitements à 100 ou 150 microsiemens. De même, H. F Beaubien, sité dans « le dessalement des matériaux poreux » a parlé d'un critère satisfaisant de dessalement lorsque la concentration du bain est inférieure à 40ppm, notamment par disparition des efflorescences de sels. Les chiffres récoltés sont donc très en-dessous des valeurs décrient par ces auteurs, ce qui laisse une marge de manœuvre quant aux différences avec notre étude.

Conclusions : Les observations optiques, ainsi que les mesures de conductivité effectuées pendant les tests de dessalement concourent à conclure sur l'absence d'une contamination par les sels solubles dangereuse à longs termes pour les céramiques. L'inutilité d'un traitement de dessalement semble donc justifiée, d'autant qu'il pourrait engendrer plus de dommage que de bénéfices pour les vases.

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Annexe 2 : Test pH

But : Déterminer si le pH est alcalin, neutre, ou basique pour donner une indication sur le type de milieu. Donner une indication sur l’agressivité du milieu d’enfouissement et les possibles rapprochements avec les altérations rencontrées sur l’objet. Protocole : Mesure multiple : -

A : Papier pH : o 2 mises en œuvre : 

1 : Emission de vapeur vers le papier pH, par brulage à l’aide d’un bruleur à alcool.

 -

2 : Solution d’eau déminéralisée saturée en sédiment.

B : pH-mètre dans une solution d’eau déminéralisée saturée en sédiment. o Test préalable de l’appareil dans une solution tampon de pH 4,01.

Résultats : Solution tampon : 3,83. A1 : ±8 A2 : ±8 B : 7,88 Analyse des résultats. Les résultats convergent vers une valeur gravitant autour de pH 8. C’est donc un milieu d’enfouissement légèrement alcalin.

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Annexe 3 : Protocole de tests de l’enceinte à atmosphère humide, 7 pages.

Méthode d’apport en humidité : 

Humidification par apport d’1,5L d’eau déminéralisée à température dans un bac.

Humidification par apport d’1,5L d’eau déminéralisée bouillante dans un bac.

Types de tests pour chaque type d’apport d’humidité : 

Tests 1 : Zones ajourées ouvertes. Il s’agit de maximiser les pertes en humidité relative pour obtenir des résultats proches des conditions de manipulation.

Tests 2 : Ouverture de la paroi amovible pendant 20min, puis fermeture pour observer s’il y a retour du système à son état avant ouverture. Il s’agit de vérifier si il est possible d’introduire les fragments ou du matériel après obtention du système stabiliser à température ambiante et une HR supérieure à 75%.

Durée des tests : Jusqu’à 18 heures, temps de tests égal à deux journées de travail. Si le système se stabilise à une valeur d’HR inférieure à 75% dans ce temps, il y aura arrêt des tests prématuré. Matériel de mesure : Thermo-hygromètre digital Extech Instrument RH520. Il permet un enregistrement des valeurs d’humidité et de températures minute par minute. Précision : 

Températures : O,1 °C

Humidité relative : 1%

Fiabilité :

Températures : ±1°C

Humidité relative : ±3%

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Mise en œuvre : Valeurs moyennes de températures et d’humidité relative extérieures : Date des tests : semaine du O5/01/09 au 11/01/09. Températures : 18°C avec une variation de ±1°C Humidité relative : 35% avec une variation de ±5%

Test par apport d’eau déminéralisée à température ambiante.

Attente d’obtention d’une valeur d’humidité relative maximum et d’une stabilisation du système. Test en vase clos :

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Courbe de variation des températures

Températures en °C

19,5 19 18,5

18 17,5 17 16,5 T1

0min

0,5h

1h

1,5h

2h

2,5h

3h

19,7

18,1

17,8

17,7

17,6

17,6

18

223


Courbe de variation de l'humidité relative Hmidité relative en %

80 70 60

50 40 30 20 10 0

0min

0,5h

1h

1,5h

2h

2,5h

3h

33

48

62

66

67

67

66

HR 1

Analyse des résultats : Avec cette méthode, on observe une stabilisation du système à une température moyenne de 17,8°C pour une valeur d’HR moyenne de 66,5%. Cette valeur d’HR, bien que correspondant à une valeur dite d’atmosphère humide, n’est pas suffisante pour garantir des conditions de manipulations sures. Le test suivant n’est donc pas envisagé. Ce test indique également que l’enceinte fonctionne. On atteint une humidité relative supérieure à celle de l’extérieur. L’enceinte est donc suffisamment hermétique pour maintenir un certain taux d’humidité. La formation d’une condensation sur les parois pourrai contribuer à augmenter l’apport en humidité et à son maintien par une augmentation de la surface d’humidification. Tests en vase ouvert : Abandon du test.

224


Test par apport d’eau déminéralisée bouillante.

Attente d’une stabilisation du système avec une température égale ou proche de la température extérieur de l’enceinte. Puis observation de : o Humidité relative maximum obtenue o Durée de maintien d’une humidité relative supérieure à 75% o Variations de l’humidité relative.

Test en vase clos :

Courbe de variation des températures Teméprature en °C

35 30 25 20 15 10 5

0

0min

1min

2min

3min

4min

5min 10min 20min 30min 40min 50min 60min

T 2 20,1

20,2

21,9

25,5

28,3

29,9

29,3

25,8

23,9

23

22,3

21,8

Courbe de variation de l'humidité relative 100

HR en %

80 60 40 20 0 HR 2

0min

1min

2min

3min

4min

63

68

91

92

92

5min 10min 20min 30min 40min 50min 60min 92

92

93

94

95

95

95

225


Courbe de varaitaion des températures 23 Températures en °C

22 21

20 19 18 17 16 Série1

1,5h

2h

2,5h

3h

3,5h

4h

4,5h

17h

21,8

20,7

20,2

20,2

19,9

19,8

19,8

18,2

Humidité relative en %

Courbe de variation de l'humidité relative 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

Série1

1,5h

2h

2,5h

3h

3,5h

4h

4,5h

17h

95

95

95

93

92

91

92

73

Avec cette méthode qui consiste à apporter de la vapeur d’eau, et attendre un retour à une température ambiante, on observe la formation d’une condensation sur les parois : La température maximum observée est de 29,9°C pour une valeur d’HR de 92%. L’humidité maximum observée est de 95% pour une température moyenne de 22,5°C. On constate donc que la perte en température engendre une augmentation du taux d’humidité relative. On remarque également que de forte variation de températures influencent peu le taux d’humidité relative dans l’enceinte. On observe des variations de l’ordre de ±1%.

226


On observe que la diminution du taux d’humidité relative ne chute qu’à partir du moment où la température dans l’enceinte avoisine celle de l’atmosphère extérieure à celle-ci. On observe une stabilisation des variations de l’humidité relative au bout de 50min à un taux de 95% pour une température de 22,3°C. On observe ensuite sur une durée de 3 heures, une très lente diminution du taux d’humidité relative. On passe ainsi de 95% d’humidité relative au bout de 60 minutes à 92% au bout de 4 heures, avec une perte moyenne de 1% par heure. Au bout de 17 heures de tests, correspondant à mon retour dans l’établissement. Le taux d’humidité relative atteint 73% pour une température de 18,2°C. Ce taux reste supérieur au taux d’humidité obtenu à l’aide d’eau déminéralisée à température ambiante, la diminution du taux d’humidité relative n’est donc pas encore achevée. Cela correspond à une diminution de 19% du taux d’humidité en 13 heures. On observe donc une diminution moyenne

de 1,4% d’humidité relative par heure. Cette diminution

progressive peut être mise en relation avec une bonne étanchéité de l’enceinte. Elle garantie un taux d’humidité supérieur à 75% pendant une durée de 8 à 10 heures.

Test en vase ouvert :

Courbe de variation des températures Températures en °C

19,5 19 18,5 18 17,5 17 T° o-f

00min

05min

10min

15min

20min

25min

30min

40min

70min

17,8

17,9

18,3

18,3

18,3

18,9

19,2

18,8

18,4

227


Courbe de variation de l'humidité relative Humidité relative en %

100 80 60 40 20 0 HR o-f

00min

05min

10min

15min

20min

25min

30min

40min

70min

82

59

51

53

52

77

90

92

91

Analyse des résultats : L’ouverture de l’enceinte engendre une diminution de l’humidité relative en même temps qu’une augmentation de la température. On atteint donc en une vingtaine de minutes une valeur minimale d’humidité relative de 51% pour une température de 18,3°C. La température maximum observée est de 19,2°C. Cela concorde avec une rééquilibration du système avec l’atmosphère extérieur de la pièce. Après fermeture de l’enceinte, on observe une restabilisation du système à sa valeur initiale en 10 minutes pour une valeur moyenne d’humidité relative de 91% et une température 18,6°C. La baisse continue de température contribuera à un maintien plus long de l’humidité relative, ainsi qu’à la reformation de la condensation.

228


Annexe 4 : Patron du support d’observation

229


Annexe 5 : Choix consolidant, primaire de collage et résine de remontage

Les tests ont été menés sur des fragments de terre cuites cassés en deux et recollés à l’aide de différentes résines et mélanges de résines à diverses concentrations dans l’acétone. La contrainte est une force de traction exercée par tentative de rupture du collage à la main. Ces données sont très subjectives, car elles sont à l’appréciation de l’homme et ne font pas l’objet de mesures instrumentales. Toutefois, elles permettent de donner une idée de la résistance du collage, de sa facilité de mise en œuvre et du rendu visuel. Les tests de résistance à la rupture ont été renouvelés trois fois.

Résistance à une contrainte de manipulation élevée

Brillance du film

Régularité du film

Viscosité

Facilité de la mise œuvre

Coloration de la pâte

Collage : 40% en masse dans le solvant Paraloïd B72 Paraloïd B44 Paraloïd B44/B72 (75/25) Paraloïd B44/B72 (50/50) Paraloïd B44/B72 (25/75)

+ + + -

+ = = = +

+ + + =

+ = = = +

++ ++ ++ ++ ++

+ = = +

50% en masse dans le solvant Paraloïd B72 Paraloïd B44 Paraloïd B44/B72 (75/25) Paraloïd B44/B72 (50/50) Paraloïd B44/B72 (25/75)

+ + + -

+ + + + +

= = = -

++ ++ ++ ++ ++

-= = --

-

60% en masse dans le solvant Paraloïd B72 Paraloïd B44 Paraloïd B44/B72 (75/25) Paraloïd B44/B72 (50/50) Paraloïd B44/B72 (25/75)

-

+ + + + +

-

+++ +++ +++ +++ +++

------

------

Adhésifs

Ce tableau montre que d’après des critères de résistance physique et des critères optiques, l’augmentation de la concentration de la résine au-delà de 40% n’entraine pas en gain en termes de performance du collage. Cela est du à la mise en œuvre du produit. En effet, au-delà de 40%, la mise en œuvre de la résine devient difficile, le film créé est donc épais et irrégulier. L’interface de collage n’est donc pas optimisée. Par ailleurs, Ces tests montrent que les couples Paraloïd B44/B72 (75/25 ou 50/50, p/p) donne des résultats très performants. Ils profitent des qualités mécaniques et optiques du B44 et de la réversibilité du B72.

230


Annexe 6 : Fiche technique peinture acrylique p. 1/3 Annexe tirĂŠe du site http://www.pebeo.com/pdf/fr/acrilfr.pdf

231


Fiche technique peinture acrylique p. 2/3

232


Fiche technique peinture acrylique p. 3/3

233


Annexe 7 : Tests éprouvettes en plâtre Les cubes ont été réalisés à l’aide d’un moule à glaçon en silicone. Un rapport constant de plâtre/eau de respectivement 60%/40% (p/p) a été appliqué pour les proportions du mélange. Un gâchage de 1 minute a été appliqué pour obtenir une dureté un niveau de mélange similaire sur l’ensemble des éprouvettes. Porosité et absorption du support Rapport Temps Largeur Largeur Poids Temps Diffusion poids Hauteur Volume Poids d'absorption Porosité Eprouvettes min. max humide humide/ d'absorption (en (en mm) (cm3) sec (g) pour 1mm de (en %) (mm) (mm) (g) totale mm/s) poids hauteur sec (%) 1 27,01 25,56 26,05 17,98 19,76 26,064 1,319 09:11 00:20 0,05 24,190 2 27,64 25,67 25,89 18,37 19,43 26,322 1,354 10:36 00:23 0,04 26,168 3 27,2 25,66 25,83 18,03 19,67 26,286 1,337 09:45 00:22 0,05 25,188 4 27,26 25,89 26,29 18,55 19,12 25,456 1,332 08:06 00:18 0,06 24,910 5 27,1 25,12 25,89 17,62 19,3 25,728 1,333 09:04 00:20 0,05 24,977 6 27,53 25,67 26,86 18,98 19,62 26,226 1,337 09:15 00:20 0,05 25,181 7 27,1 25,56 26,27 18,20 19,94 26,125 1,310 10:56 00:24 0,04 23,675 8 27,38 25,53 26,48 18,51 18,84 24,998 1,327 08:56 00:20 0,05 24,634 9 27,25 25,6 26,04 18,17 19,18 25,834 1,347 07:43 00:17 0,06 25,776 10 26,75 25,61 25,97 17,79 18,49 24,370 1,318 07:32 00:17 0,06 24,127 Moyenne 27,22 25,59 26,16 18,22 19,334 25,741 1,331 09:06 00:20 0,05 24,883 Ecart type 0,257 0,193 0,323 0,399 0,445 0,636 0,014 01:08 00:02 0,01 0,761 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

-0,21 0,42 -0,02 0,04 -0,12 0,31 -0,12 0,16 0,03 -0,47

-0,03 0,08 0,07 0,30 -0,47 0,08 -0,03 -0,06 0,01 0,02

-0,11 -0,27 -0,33 0,13 -0,27 0,70 0,11 0,32 -0,12 -0,19

-0,24 0,15 -0,19 0,33 -0,60 0,76 -0,02 0,29 -0,06 -0,43

Ecarts à la moyenne 0,42 0,32 -0,01 0,10 0,58 0,02 0,33 0,55 0,01 -0,22 -0,28 0,00 -0,03 -0,01 0,00 0,29 0,49 0,01 0,61 0,38 -0,02 -0,49 -0,74 0,00 -0,16 0,09 0,02 -0,84 -1,37 -0,01

0,00 -0,01 0,00 0,01 0,00 0,00 -0,01 0,00 0,01 0,01

-0,692 1,286 0,306 0,027 0,094 0,298 -1,208 -0,249 0,893 -0,755

Sur ce tableau on peut observer la régularité des éprouvettes en plâtre réalisées à l’aide d’un moule en silicone. Les mesures de hauteur ont été effectuée à l’aide d’un pied à coulisse électronique de précision 0,01mm (±0,05mm). Les mesures de poids ont été effectuées à l’aide d’une balance électronique précision 0,001g (±0,001g). Les mesures de temps ont été effectué à l’aide d’un chronomètre au centième de seconde près.

234


Annexe 8 : Fiche technique de la Laponite 1/2

235


Fiche technique de la Laponite 2/2

236


Annexe 9 : Fiche technique Arbocel BC 200

237


Annexe 10 : Fiche technique CarboxymĂŠthylCellulose 1/4

238


Fiche technique CarboxymĂŠthylCellulose 2/4

239


Fiche technique CarboxymĂŠthylCellulose 3/4

240


Fiche technique CarboxymĂŠthylCellulose 4/4

241


Annexe 11 : Fiche technique acĂŠtone

242


Annexe 12 ; Fiche technique gamme ParaloĂŻd 1/3

243


Fiche technique gamme ParaloĂŻd 2/3

244


Fiche technique gamme ParaloĂŻd 3/3

245


Annexe 13 : Fiche technique acĂŠtate de butyle

246


Annexe 14 : Documentation à l’usage des spécialistes en archéologie 1/3

247


Documentation à l’usage des spécialistes en archéologie 2/3

248


Documentation à l’usage des spécialistes en archéologie 3/3

249


Annexe 15 : Procédure de conservation du mobilier 1/4 Marjorie MAQUEDA-ROLLAND Ŕ Reverdy, site n°333.28.085.260

250


Procédure de conservation du mobilier 2/4 Marjorie MAQUEDA-ROLLAND Ŕ Reverdy, site n°333.28.085.260

251


Procédure de conservation du mobilier 3/4 Marjorie MAQUEDA-ROLLAND Ŕ Reverdy, site n°333.28.085.260

252


Procédure de conservation du mobilier 4/4 Marjorie MAQUEDA-ROLLAND Ŕ Reverdy, site n°333.28.085.260

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