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Cyber Group Studios fête ses 15 ans
›aujourd’hui. Nous vivons un moment paradoxal, où, à côté d’une profusion de séries, il y a une pénurie, conséquence de la demande énorme des plateformes de diffusion. Rien qu’aux
Etats-Unis, il existe plus de 300 services
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SVoD ou ASVoD!
La fiction n’est plus aujourd’hui un élément de différenciation. Les plateformes non premium recherchent avant tout de la série, quelle qu’elle soit, y compris de la série moyenne ; on se retrouve donc avec des services peu qualitatifs. Alors que le cinéma français constituerait une offre de très grande qualité, offre agrémentée évidemment de tout un tas de bons programmes, comme ceux que j’ai cités.
Je pense que le film de cinéma va revenir en force, parce que les gens sont submergés de séries et qu’il est devenu trop chronophage de les suivre en entier. Depuis une dizaine d’années, avec le développement de Netflix et consorts, tout le monde fait de la série à l’échelle mondiale : il est aujourd’hui très difficile de se différencier simplement par des séries, tandis que le cinéma constitue un créneau intéressant.
D’autant plus que le film français ne se vend pas très bien dans le monde, et particulièrement aux Etats-Unis : selon Unifrance, seuls 400 films français sont présents dans les offres SVoD aux Etats-Unis. Quand on sait que la
France produit environ 350 films par an, il y a là un catalogue très riche, qui pourrait trouver son public outre-Atlantique avec une offre différenciante et valorisante.
Vous prenez la Britbox comme exemple, mais cette plateforme bénéficie d’un avantage énorme: des programmes 100 % en langue anglaise – ce qui ne sera pas le cas de France Channel…
C’est vrai, et c’est indéniablement un gros avantage. Mais tous les mar-
chés anglophones sont en train de s’ouvrir aux programmes non anglophones et non locaux. Les Américains sont en train de s’habituer au sous-titrage grâce à la multiplication des offres et l’arrivée de séries non américaines. Beaucoup de plateformes de niche sont très friandes de contenus, notamment européens, pour se démarquer. Les séries françaises se vendent, mais à une valeur extrêmement faible : d’après les chiffres officiels publiés par TV France International, on doit osciller entre 15 à 20 millions d’euros de ventes annuelles du catalogue France dans sa globalité, c’est-à-dire tous genres confondus ! D’où l’importance de proposer un service capable de réunir ces programmes avec une promesse claire, facilement identifiable.
A ce stade, je rêverais que les programmes de notre offre soient intégralement doublés, mais cela coûte trop cher – à l’exception de la partie animation. Au démarrage, je proposerai des versions originales sous-titrées en anglais et en français. Le doublage sera peut-être pour la deuxième étape de notre développement, entre douze et dix-huit mois après notre arrivée aux Etats-Unis, lorsque France Channel s’élargira vers les autres pays du marché anglophone (Canada, Angleterre, Australie, Nouvelle-Zélande). Avant cela, je suis actuellement en discussion pour une enveloppe de financement – entre 1 million et 1,5 million d’euros – afin de mener à bien la première étape.
Vous portez l’étendard de la création française vers des territoires traditionnellement difficiles pour elle. Etes-vous soutenu par les pouvoirs publics?
J’ai le soutien de TV France International et d’Unifrance, les deux principales entités françaises en audiovisuel et en cinéma pour les marchés export ; j’ai aussi noué de riches contacts avec l’attaché culturel de l’ambassade de France aux Etats-Unis, qui m’a expliqué que mon projet est exactement ce qu’ils attendaient. Il est également apprécié à sa juste valeur par le ministère de la Culture.
France Channel ambitionne de devenir la vitrine du cinéma français hors de nos frontières. Il donnera un accès cohérent aux programmes français sur des marchés internationaux où individuellement, ils se vendent mal. Un véhicule naturel qui pour le moment n’existe pas. C’est ce que j’essaie d’expliquer aux ayants droit dans nos négociations : si vous avez un programme qui rentre dans notre ligne éditoriale, vous m’appelez, et il sera sur France Channel. Et comme nos programmes ne sont pas exclusifs, si vous recevez une offre pour vendre le vôtre, vous le récupérez et vous le vendez ! Je veux aider à la promotion des programmes français. Je suis vraiment dans une logique de partenariat avec les producteurs hexagonaux.
Propos recueillis par Raphaël Porier
Un catalogue déjà bien rempli
H Inspiré par le modèle Bribox, France Channel