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La RTBF lance Invisible, série belge

Cyber Group Studios fête ses 15 ans

HAlors qu’elle célèbre son anniversaire, la société connaît une actualité dense, entre les succès récents de ses nouvelles séries à Cartoon Forum et le lancement imminent de son premier événement en ligne destiné aux acheteurs.

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Fondée le 11 août 2005 par Pierre Sissmann, Dominique Bourse, Cecilia Dubois Bossel et Olivier Lelardoux, et présidée par le premier, la société de production et de distribution internationale Cyber Group Studios, spécialisée dans l’animation, fête cette année ses 15 ans. “Depuis nos débuts, notre moteur est la création artistique, indique Pierre Sissmann. Avec, constamment, la volonté d’être au fait des dernières avancées technologiques pour toujours mieux servir nos histoires.” Au fil des ans, la structure est devenue un acteur incontournable en France et à l’international, grâce aux succès, notamment, des séries Zou, Les Chroniques de Zorro, ou, plus récemment, Gigantosaurus, qui a pour personnages principaux quatre jeunes dinosaures. En parallèle de la production et de la distribution, elle a fortement développé toutes les exploitations entourant un programme d’animation, comme la création de jeux vidéo. Elle est implantée à Paris, Roubaix et Los Angeles.

Ce 15e anniversaire, Cyber Group Studios le célèbre alors qu’elle connaît une actualité dense. Tout d’abord, deux de ses dernières séries, Monster in My Pocket, qu’elle produit avec l’américain MEG (Morrison Entertainment Group), et Alex Player, portée par Bee Prod et Webedia et qu’elle coproduit, ont été plébiscitées lors de la 31e édition de Cartoon Forum, le rendez-vous européen de la coproduction de séries animées. L’événement s’est déroulé du 15 au 17 septembre, en ligne, en raison de la pandémie. Toutefois, via la plateforme dédiée, les participants pouvaient visionner les vidéos des pitchs des projets jusqu’au 15 octobre. A l’issue de cette période, un classement des vidéos les plus vues a été établi. Monster in My Pocket s’est hissée à la deuxième place, tandis qu’Alex Player occupe la cinquième, ex aequo avec la série Wonder Waï (Ellipsanime Productions). Cartoon Forum présentait 80 projets pour cette édition 2020.

Un cocktail de comédie et d’action

Monster in My Pocket (26 x 22’) se destine aux 6-10 ans. Elle a pour héros trois enfants âgés de 12 ans, Dash et Zandra, qui sont frère et sœur, et Cole, leur meilleur ami. Ils ont un secret : ils sont copains… avec des monstres ! Et ces monstres ont une particularité : ils sont si minuscules qu’ils peuvent se glisser dans une poche. Parmi eux, on trouve le loup-garou Wolfram, le vampire Vance Richter, ou encore le zombie Mr. Brainsworth. Et avec ces monstres, Dash, Zandra et Cole doivent combattre Warlock, un sorcier pratiquant la magie noire, qui veut dominer le monde. Pour les trois protagonistes, cela ne sera pas toujours facile, car Warlock est aidé par des monstres méchants, eux aussi de taille minuscule, dont une sirène et une hydre redoutables… Présentée comme la rencontre entre Scooby-Doo et Une nuit au musée, Monster in My Pocket sera réalisée en 3D CGI par Christophe Rendu. La bible littéraire est signée Mike Yank, et les personnages et les décors ont été conçus à partir du travail de Franck Chipouka. La musique sera confiée à Fabien Nataf. “Le point de départ de Monster in My Pocket est une collection de figurines, créée dans les années 1990 par Joe Morrison, qui a été un véritable phénomène dans le monde entier, avec des chiffres de vente exceptionnels. Il y a deux ans, j’ai revu Joe, dont j’avais fait la connaissance il y a de nombreuses années, et lui ai dit que ce serait formidable de bâtir tout un univers autour de ces jouets. Alors, nous nous sommes lancés, raconte Pierre Sissmann. Aujourd’hui, le développement de Monster in My Pocket, alliage de comédie et d’action, est terminé. Nous avons entamé des discussions avec des chaînes et des plateformes en France, en Europe et aux Etats-Unis.” La série est donc coproduite par MEG, la société de Joe Morrison, et est soutenue par le CNC, la Procirep et l’Angoa. Alex Player (26 x 22’) est un programme autour de l’e-sport, initié par Bee Prod avec Webedia, et que Cyber Group Studios coproduit. Rappelons que Webedia connaît bien cette discipline, puisque, notamment, le groupe détient une chaîne dédiée, ES1, diffusée dans plusieurs pays. Ecrite par Antoine Charreyron, qui la réalisera en 3D CGI, la série a pour héros Alex, 12 ans, qui arrive dans une école où la pratique de tous les sports occupe une place essentielle. Passionné, lui, par l’e-sport, il rêve que son équipe soit choisie pour participer à la compétition mise en place autour de Land of Titans, un jeu vidéo extraordinaire… Véhiculant les valeurs de l’amitié, de la solidarité et du dépassement de soi, Alex Player s’adresse aux 6-10 ans. Son développement se poursuit avec France Télévisions, qui a rapidement manifesté son intérêt pour le projet.

Monster in My Pocket et Alex Player, qui ont chacune un budget prévisionnel compris entre 8 M€ et 9 M€, seront fabriquées en 3D temps réel avec le logiciel Unreal Engine d’Epic Games (Etats-Unis) et en motion capture avec le système XSENS. La motion capture consiste à filmer des comédiens, qui, au moment même du tournage d’une scène, sont modélisés en personnages 3D. Cyber Group Studios testera d’abord ces processus sur Giganto Club (52 x 11’), dont le tournage est pour très bientôt. Cette émission animée en 3D CGI, qui vise les préscolaires, est dérivée de la série Gigantosaurus. Présentée par des dinosaures, elle proposera des jeux, des séquences autour de chansons, de danses, etc. Pensée pour les diffuseurs et le digital, elle a été imaginée et est scénarisée par Mickaël Frison, respon-

sable des projets nouveaux médias chez Cyber Group Studios. Elle sera réalisée par Olivier Lelardoux, le metteur en scène de Gigantosaurus, dont les saisons 2 et 3 ont été mises en route.

Un événement en ligne pour les acheteurs

En outre, à l’occasion de son 15e anniversaire, et pour maintenir un contact solide avec les acheteurs malgré la pandémie, Cyber Group Studios organisera du 9 au 20 novembre son premier événement numérique : les Online Cyber Meetings & Screenings. Au cours de celui-ci, les acteurs de la diffusion du monde entier seront invités à prendre contact avec l’équipe des ventes internationales de Cyber pour organiser des rendez-vous avec ses membres, visionner des pitchs des nouveautés, des épisodes terminés, etc. Comme pour beaucoup de sociétés, le basculement sur le numérique des activités commerciales a poussé Cyber Group Studios à promouvoir autrement ses programmes. Dans ce but, davantage de contenus digitaux les mettant en valeur ont été conçus, ce que les acheteurs pourront donc voir lors de ces Online Cyber Meetings & Screenings.

Enfin, notons que Cyber Group Studios vient d’être distinguée pour sa série Droners (26 x 22’), qu’elle a produite avec La Chouette Cie et Supamonks. Lancée le 19 octobre sur TF1 avec succès, celle-ci a reçu le Prix du public, dans la catégorie “série animée pour les 7-12 ans”, lors de la première édition du festival Ecran Jeunesse, qui s’est tenue du 21 au 25 octobre, à Lourdes et à Tarbes.

Lucas Fillon

“Monster in My Pocket” sera réalisée en 3D CGI par Christophe Rendu.

La RTBF lance “Invisible”, série belge fantastique à visage humain

HLa RTBF diffuse à partir du dimanche 22 novembre sa nouvelle série 100% belge, “Invisible”. "Une aventure à tous les échelons", selon sa responsable éditoriale fiction, Sylvie Coquart-Morel, pour une série “dont tous les éléments sont au top niveau”.

Invisible est une série fantastique qui raconte en huit épisodes de 48 minutes comment, sur une dizaine de jours, les habitants d’une petite ville fictive, Creux, se confrontent à une mystérieuse épidémie : certains d’entre eux deviennent invisibles. Hors des regards, l’invisible peut tout faire sans être vu. Plus personne pour le punir, plus personne pour le complimenter, plus personne pour le juger… Mais est-ce vraiment un avantage ? Que reste-t-il de notre humanité quand plus personne ne peut nous voir ?

Après La Trêve, Ennemi public, Unité 42, eLegal et Champion, Invisible est “très différente de toutes les fictions que l’on a eues jusqu’à présent”, estime Sylvie Coquart, qui la voit comme une “série fantastique à visage humain”. La démonstation, selon elle, que la RTBF ne s’interdit aucun genre mais cherche avant tout à parler à des gens. “Cette série évoque des éléments très proches de nous, des situations que nous venons de traverser dans nos vies avec la Covid. Ce qui arrive à cette famille et à cette ville nous questionne au niveau psychologique, écologique, sociétal. Le thème lui-même transfigure la matière du récit et des images.”

Invisible est l’aboutissement d’un long processus, puisque l’idée du projet est issue de la première sélection du Fonds Séries FWB/RTBF en novembre 2013, une première ébauche du scénario ayant été réalisée par les scénaristes Pierre Puget et Mehdi Husain pour le producteur Be Films. Après de multiples avatars, il a été repris en 2016 par la scénariste Marie Enthoven, en coécriture avec Bruno Roche. “J’ai essayé de trouver un point de vue personnel qui fasse la différence avec la plupart des séries sur ce thème, sans super-héros et ni trop d’effets spéciaux, explique-t-elle. Beaucoup de choses tournent autour de ces questions : voir/ne pas voir, être vu/ ne pas être vu, voir l’autre pour ce qu’il est... Pour cela, il fallait d’abord trouver un moyen de rendre visibles à l’écran les personnages, pour pouvoir lire les émotions sur leur visage. C’est ainsi qu’est venu un des premiers piliers d’Invisible: la nudité, très importante selon moi car elle reflète la part humaine fragile des invisibles.” Les différents personnages

Myriem Akheddiou campe Laurence, le personnage principal d’“Invisible”.

interprètent chacun depuis leur réalité la cause du phénomène et de l’épidémie, ce qui permet d’y greffer des questions telles que la pollution électromagnétique, le cyberharcèlement, la science qui déshumanise...

Casting transgénérationnel

La phase de casting a été très importante dans la création de la série, confie encore Marie Enthoven : “un vrai personnage ne prend vie que quand il est incarné par un acteur”. Dès le départ, la volonté a été de mettre en avant des talents peu ou pas assez exploités sur les écrans belges et d’avoir une vision transgénérationnelle. Pour le personnage principal de Laurence, chirurgienne ophtalmologue plutôt intuitive et sensible, “Myriem Akheddiou [vue dans Le Jeune Ahmed des frères Dardenne] s’est imposée comme une évidence.” Fabio Zenoni incarne Nathan, son mari, médecinchef de l’hôpital de Creux qui décide de fermer les yeux sur l’humanité des invisibles. Roda Fawaz (Unité 42) campe le personnage d’Ayoub, débordé par le handicap qui lui pose l’invisibilité. L’actrice de théâtre Jacqueline Bollen est Angèle, un des rôles féminins très forts de cette série qui ose sublimer le corps d’une femme de plus de 60 ans, tandis qu’Elisa Echevarria interprète la jeune Lily, la fille de Laurence et Nathan.

Tournage rattrapé par l’épidémie

Pour la productrice Annabella Nezri (Kwassa Film) qui a mené à bien le projet, Invisible a été un vrai challenge à tout point de vue. “On a beaucoup travaillé en amont, beaucoup réfléchi à la manière de montrer l’invisibilité à l’écran, à comment tourner avec des personnages qui ne sont pas là…” Le tournage a démarré en novembre 2019, dans des conditions assez rudes, plusieurs comédiens tournant nus en extérieur en plein hiver. Ils ont d’ailleurs suivi un stage avec le réalisateur, Geoffrey Enthoven (Hasta la vista) pour apprendre à contrôler leur respiration afin de ne pas ressentir le froid. L’annonce du confinement à la mi-mars, à quatre jours de la fin du tournage, fut ressentie comme “un vrai coup de massue pour toute l’équipe”. “Cela a un coût énorme d’arrêter un tournage du jour au lendemain”, de finir le travail de montage par Zoom, mais aussi de reprendre en juin avec des masques, des tests, un responsable Covid. La réalité a menacé de dépasser la fiction.

Thierry Leclercq

Infos techniques

Produite avec l’aide du Fonds FWB-RTBF pour les séries belges, Invisible est une coproduction réunissant Kwassa Films, RTBF et Proximus. Elle a bénéficié du soutien de Wallimage, Screen Brussels, Casa Kafka Pictures - Tax Shelter, du Film Fund Luxembourg, ainsi que du plan Restart RTBF et du partenariat de BE Films et Taste it. Le mandat international est confié à APC (About Premium Content). Créatrice : Marie Enthoven Auteurs : Marie Enthoven, Bruno Roche, Nicolas Peufaillit Réalisateur : Geoffrey Enthoven Distribution : Myriem Akheddiou, Fabio Zenoni, Luc Van Grunderbeeck, Roda Fawaz, Bérénice Baoo, Jacqueline Bollen, Jérémie Gillet, Gilles Vandeweerd, Elisa Echevarria, Raphaël Lamassaab

En bref…

Sauver du confinement les films et les événements

H La fermeture de l’ensemble des salles de cinéma et de spectacle depuis jeudi et le reconfinement partiel de la Belgique jusqu’au 13 décembre donne au secteur l’impression d’un navrant retour en arrière, avec cette fois des interrogations sur sa capacité à surmonter cette nouvelle épreuve. “Combien (de cinémas) seront en capacité de rouvrir, s’interroge la Fédération des cinémas de Belgique (FCB) dans un communiqué. Les autorités publiques, fédérales, entités fédérées, les communautés et les communes doivent impérativement soutenir un secteur en danger.” Chez les distributeurs, l’absence de perspectives a déclenché une avalanche de reports de films. Imagine Film Distribution a cependant décidé de proposer le long métrage Corpus Christi (La Communion), du Polonais Jan Komasa, en VàD Premium sur les plateformes VOO, Proximus Pickx, Dalton, MyLum et Sooner. Sorti en Belgique le 7 octobre, il avait réuni 12 500 spectateurs en Belgique et au Luxembourg. Avec la fermeture des salles, “notre travail de distributeur ne consiste plus à sortir des films mais à les sauver”, commente Imagine. Ses autres titres seront toutefois reportés et donc réservés pour une sortie en salle : Une vie démente, d’Ann Sirot et Raphaël Balboni, le 2 décembre, The Singing Club, de Peter Cattaneo, en janvier ou février 2021 ; Petite fille, de Sébastien Lifshitz, Grand Prix du meilleur film au Film Fest Gent, le 10 mars.

Lumière relance sa plateforme “Ciné chez vous” offrant accès à une large sélection de films qui auraient dû être projetés en ce moment dans les salles obscures, notamment Eté 85, de François Ozon, Touching Infinity, de Griet Teck, Le Miroir de Tarkovsky, Les Losers Héroïques, de Sebastián Borensztein... Lauréat du prix du public au Festival de Gand, Pour Sama, de Waad al-Kateab et Edward Watts, qui devait sortir le 28 octobre, est proposé en VàD Premium sur le site en ligne du festival. Le produit de la location de ces films devrait aller directement en soutien aux cinémas en difficulté, assurent les plateformes.

Le reconfinement se répercute par ailleurs sur une série d’événements: le Festival du film européen de Virton (612 novembre), purement et simplement annulé; le festival du film jeune public Filem’On ; celui du cinéma méditerranéen Cinemamed; ou encore le Mois du Doc. Ils s’efforceront de proposer une sélection en ligne, notamment sur la plateforme VàD Sooner. Organisée par Bozar, la huitième édition du festival international de séries télévisées Are You Series, prévue du 9 au 13 décembre, est, quant à elle, annulée.

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