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La sélection des tournages

En bref…

Sean Connery nous a quittés

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H Le légendaire comédien écossais Sean Connery est décédé le 31 octobre à l’âge de 90 ans. Né dans une famille modeste d’Edimbourg, il s’essaie à de nombreux métiers et manque de devenir footballeur professionnel avant se décider pour le grand écran. Il décroche en 1961 le rôle très convoité de l’agent secret James Bond, dont les aventures écrites par Ian Fleming, vont être adaptées au cinéma. Le premier volet, James Bond 007 contre DrNo, sort en 1962. Ian Fleming, au départ sceptique, admet qu’il était le bon choix. C’est un succès, et Sean Connery jouera le rôle six fois supplémentaires, lançant la saga de la plus belle des manières. Il multiplie les rôles au cinéma, retrouvant à plusieurs reprises le cinéaste Sidney Lumet, notamment dans The Offence (1973) et Le Crime de l’Orient-Express (1974). On le voit au fil des années chez de grands réalisateurs : Alfred Hitchcock (Pas de printemps pour Marnie), John Huston (L’Homme qui voulut être roi), Richard Lester (La Rose et la Flèche), Steven Spielberg (Indiana Jones et la dernière croisade, où il joue le père du héros), Jean-Jacques Annaud (Le Nom de la rose, pour lequel il reçoit le BAFTA du meilleur acteur en 1987) ou encore Brian De Palma (Les Incorruptibles, qui lui vaut l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 1988). Au début des années 2000, on le voit dans A la rencontre de Forrester de Gus Van Sant et La Ligue des gentlemen extraordinaires, puis il annonce sa retraite en 2003.

9e édition de la Masterclass TV3.0 en numérique

H The Media Faculty et le médiaClub, en partenariat avec la Ville de Marseille et le Marseille Webfest, lancent la neuvième édition de la Masterclass TV3.0, destinée à mieux comprendre les mutations du secteur audiovisuel. Cette formation, qui se déroulera du 16 au 17 novembre en ligne, traitera les thèmes suivants : Comment les nouvelles technologies changent la production (Marie Blondiaux, Red Corner) ; La production et la distribution de contenus dans l’écosystème digital (Edouard Benadava, Mediawan); La nouvelle fiction par le prisme de la technologie (Jeanne Marchalot, France Télévisions) ; TV vs SvoD : l’offre de Salto (Danielle Attias, Salto). Infos sur formation@themediafaculty.com

La Daronne

DEVIS INITIAL

1. Droits artistiques

Sujet ................................................... 40 000 € Adaptation dialogues ................... 165 000 € Droit d'auteur du réalisateur ......... 85 000 € Droits musicaux................................ 50 000 € Droits divers........................................25 000 € Traductions et dactylographie....... 17 000 € Frais sur manuscrits............................ 1 000 € Agents littéraires et conseils ......... 30 500 €

2. Personnel

Producteurs ..................................... 255 000 € Réalisateur technicien..................... 85 000 € Direction administration ................. 161 237 € Régie................................................... 102 497 € Mise en scène techniciens............. 120 853 € Conseillers spécialisés ...................... 13 808 € Directeur de la photographie......... 47 758 € Prises de vues..................................... 50 538 € Machinerie - électricité .................. 105 345 € Son ........................................................ 33 970 € Costumes ........................................... 55 080 € Maquillage - coiffure.......................... 67 127 € Equipe décoration............................ 153 578 € Main d'œuvre décors......................... 28 491 € Montage et finition........................... 121 990 € Divers ................................................... 28 550 € Agents personnel technique............ 8 500 €

3. Interprétation

Rôles principaux............................... 311 200 € Rôles secondaires .............................. 57 616 € Petits rôles ......................................... 119 436 € Personnels artistique après tournage 3 600 € Personnels musique ........................ 20 000 € Agents artistiques............................ 40 970 €

4. Charges sociales

Auteurs .......................................................11063 Réalisateur technicien..................... 42 500 € Equipe technique ........................... 624 509 € Artistes................................................ 141 563 €

5. Décors , costumes, maquillage , coiffure

Décors naturels Locations......................................... 260 000 € Aménagements................................. 124 821 € Prestations......................................... 29 000 € Aménagements décors .................. 26 800 € Meubles et accessoires ................... 70 700 € Animaux ............................................. 25 200 € Moyens de transports jouants....... 35 300 € Costumes ........................................... 34 000 € Maquillage et coiffure ....................... 8 000 €

6. Transports, défraiements, régie

Transports et frais de séjour prépa. 10 000 € Transports et frais de séjour tourn. 142 638 € Repas, hébergements, déplacements après tournage............................................. 127 720 € Frais de bureau, régie et divers...... 82 039 €

7. Moyens techniques

Matériels prises de vues "cinéma" 84 000 € Machineries......................................... 32 980 € Eclairage............................................. 67 500 € Son ......................................................... 17 842 € Pellicules et supports ........................ 4 500 €

8. Postproduction image et son

Montage et sonorisation ................ 108 169 € Laboratoire numérique................... 69 000 € Effets visuels numériques.............. 45 000 € Générique et films annonce........... 22 000 € Éléments de livraison ....................... 15 000 € Sous titrage et audiodescription..... 9 495 € Conservations ..................................... 5 000 €

9. Assurances et Divers

Assurances.......................................... 51 500 € Publicité, promotion......................... 15 000 € Frais juridiques................................... 25 888 € Frais financiers................................ 205 500 €

TOTAL PARTIEL...................... 4 959 876 € Frais généraux................................... 347 191 €

TOTAL HORS TVA ................... 5 803 054 €

PLAN DE FINANCEMENT INITIAL

Producteurs

Numéraire

Les Films du Lendemain La Boétie Films............................... 1 374 702 €

Fonds de soutien en préparation

La Boétie Films....................................51 000 €

Fonds de soutien production

Les Films du Lendemain...................51 000 € Crédit d'impôt..............................1 000 000 € Rémunération du producteur en participation ..............................200 000 €

Autres coproducteurs

Numéraire

Le Pacte ............................................650 000 € Fonds CPPF ......................................100 000 €

Fonds de soutien

Les Films de la Greluche ...................36 373 €

Aides sélectives

Avances sur recettes

Après réalisation..............................100 000 €

CNC

Aide à la création musicale et Sacem.............................................. 23 500 € Sous-titrage et audiodescription.... 3 000 €

Aides des collectivités locales Ile-de-France....................................297 500 €

Soficas non adossées Cofimage...........................................100 000 € Cinéventure ....................................... 50 000 €

Préventes télévisuelles Canal+ ................................................ 842 784 € OCS....................................................250 000 € 1re diffusion hertzienne................. 400 000 €

PART FRANÇAISE (95%)............... 5 529 859 €

Producteurs étrangers

Apport 1er coproducteur étranger

Tax Shelter Scope Pictures........... 207 900 € Participation Scope Pictures.......... 30 295 €

Préventes et minimums garantis

Scope Pictures ...................................35 000 €

TOTAL PART ÉTRANGÈRE (5%)........ 273 195 €

TOTAL GÉNÉRAL ............................5 803 054 €

Le devis et plan de financement présentés ci-dessus sont provisoires, car ils sont basés sur les contrats de producteurs avec leurs partenaires financiers déposés au registre public du CNC. Cette œuvre ayant obtenu l’agrément des investissements avant le tournage, des partenaires ont pu changer, modifiant ainsi les montants de certains apports. Ces devis sont donc non définitifs.

En bref…

Jêrôme Sourisseau est élu président du Syndicat mixte pôle Magelis

H Président du département de la Charente depuis le 16 octobre dernier, remplaçant François Bonneau devenu sénateur de la Charente en septembre, Jérôme Sourisseaua été élu le 2 novembre au poste de président du Syndicat mixte du pôle image Magelis. “Le pôle image Magelis, a-t-il déclaré, est un atout de différenciation qui nous distingue des agglomérations de même strate, voire des autres départements. Le succès de cette ‘pépite’, créée sous l’impulsion des collectivités il y a plus de 20 ans, est incontestable : année après année, des écoles et des entreprises ne cessent de s’y installer. (…) Face aux évolutions numériques sur les marchés nationaux et mondiaux, Magelis doit conserver une gouvernance forte et réactive pour surmonterles défis de son avenir.” Né en 1974, Jêrôme Sourisseau a été maire de Bourg-Charente de 2008 à 2020, il est conseiller départemental de la Charente depuis 2011,vice-président chargé des solidarités territoriales et de l’enseignement supérieur entre 2015 et 2020, il préside également la communauté d’agglomération de Grand Cognac. Au cours du même comité syndical, Xavier Bonnefont a été réélu viceprésident du Syndicat mixte pôle image Magelis. Il est maire d’Angoulême depuis 2014, conseillerrégional de Nouvelle-Aquitaine depuis 2015 et président de la communauté d’agglomération de GrandAngoulême depuis 2020. Le Syndicat mixte du pôle image Magelis a été créé en 1997 à Angoulême, financé par les collectivités territoriales (département de la Charente, région Nouvelle-Aquitaine, communauté d’agglomération du Grand Angoulême et ville d’Angoulême),auxquelles est associée la Chambre de commerce et d’industrie de Charente. Il anime et consolide la filière de l’image en Charente, réalise les aménagements immobiliers nécessaires à l’implantation des entreprises et des écoles et met en œuvre les outils de coopération visant à animer un bassin d’emplois créatifs et culturels. Cet écosystème unique en France compte une centaine d’entreprises spécialisées, plus de 1 500 professionnels, un campus de 12 écoles supérieures et coordonne, en partenariat avec le Département, un fonds d’aide à la production parmi les plus élevés de France (2 M€).

Télévision

La sélection hebdomadaire des productions et des tournages Animation

J’ai menti

Stade d’avancement : en tournage Société de production : UGC Fiction Durée : 6 x 52’ Réalisateur : Frédéric Berthe Auteurs : Bénédicte Charles, Olivier Pouponneau Diffuseur : France 3 Dates de tournage : 28 septembre-15 décembre 2020 Lieu de tournage : Pays basque Casting : Camille Lou, Thierry Neuvic, Marylin Lima, Annelise Hesme. H Audrey, 35 ans, unique rescapée d’un mystérieux tueur en série qui a sévi dans la région de Biarritz seize ans plus tôt, est brutalement ramenée à son passé par un nouveau crime : une jeune fille de 17 ans est retrouvée assassinée sur la côte basque. Rien ne relie ce meurtre à la série de crimes commise au début des années 2000 par celui qu’on surnommait alors “le tueur d’Itsas”. Pourtant, Audrey en est certaine : Itsas est de retour. Pour le prouver, Audrey va devoir affronter son passé, ses mensonges. Car cette nuit-là, lorsqu’elle a croisé la route du tueur, elle a menti. Sur tout. A tout le monde.

Télévision

Sauver Lisa

Stade d’avancement : en tournage Société de production : Incognita Films Producteurs : Edouard de Vésinne, David Amsalem Durée : 6 x 52’ Réalisateur : Yann Samuel Auteurs : Sylvie Audcœur, Anna Fregonese Diffuseur : M6 Dates de tournage : 5 octobre 2020-15 janvier 2021 Lieux de tournage : Saint-Nazaire, Bordeaux Casting : Caroline Anglade, Victoria Abril, Cristiana Reali, Déborah François H Sauver Lisa raconte la rencontre entre une institutrice remplaçante de 35 ans et la jeune Lisa, 8 ans, une élève particulièrement attachante, victime de maltraitance. Face à l’impuissance des services sociaux, l’institutrice décide d’enlever la petite fille. Recherchée par la police et la mère biologique de Lisa, elle n’a pas d’autre choix que de se réfugier chez sa propre mère adoptive.

Télévision

La société E.N.D. Télévision développe une série autour du rap français. Produite par Fabien Giurgiu, elle sera conçue comme une comédie musicale et racontera une histoire d’amour impossible. Le CNC a déjà accordé une aide au développement. Le tournage devrait débuter au premier semestre 2022.

Heart Beats

H Stade d’avancement : en développement Société de production : E.N.D. Télévision Producteur : Fabien Giurgiu Genre : comédie musicale Durée : 10 x 26’ Auteurs : Sullivan Le Postec Financements actuels : CNC FAIA (aide au développement) Dates de tournage : 1er semestre 2022 Lieux de tournage : Ile-de-France, Loir-et-Cher Une histoire d’amour impossible, épique et musicale : Brokeback Mountain dans le milieu du rap français. La série évoque l’image de soi à travers le regard des autres, la différence entre vie publique et vie privée, et le prix du succès dans une société de l’apparence. Mais Heart Beats traite plus particulièrement de la masculinité : virilité surjouée en public, fragilité cachée… Jimmy et Zakarya ont fait partie du même collectif de rap et se sont aimés en secret pendant des années. Désormais ennemis, ils s’affrontent par carrière interposée. Tout ce qu’ils ne savent plus se dire, ils le mettront en musique.

HRetrouvez l’intégralité de la sélection sur le site

productionsbusiness.fr Nawak

Stade d’avancement : en production Société de production : Je suis bien content Producteurs : Marc Jousset, Franck Ekinci, Perrine Capron Type d’œuvre : série animée Durée : 78 x 7’ Public ciblé : 6-9 ans Technique d’animation : 2D Réalisateurs : Fabien Limousin, Julien Daubas Auteurs : Fabien Limousin, Franck Ekinci, Julien Daubas, Sylvain Bec, Pierre-Alain Bloch Diffuseur : France Télévisions Vendeur international : Kids First Distribution Budget : 5,6 M€ Dates de production : 2020-2021 H Nawak est un Indien très heureux, entouré d’une famille aimante, des membres serviables de sa sympathique tribu, et du meilleur ami qu’on puisse rêver : Kawak, le poney. Vivant au cœur de la nature, libre comme l’air, Nawak pourrait jouir sans problème de cette vie édénique. Mais voilà, Nawak n’a pas de chance, il a la poisse, la scoumoune, le mauvais œil … et en plus, il est maladroit.

Animation Le Fond du bocal

Stade d’avancement : en production Société de production : Zeilt Productions Producteurs : Emmanuelle Vincent, Laurent Witz Type d’œuvre : série animée Durée : 52 x 5’ Public ciblé : 8-12 ans Technique d’animation : 3D mêlée à de la prise de vue réelle Réalisateur : Julien Renault Auteurs : Nicolas Poupon, Baptiste Lorber Coproducteur : Tencent Video Financement : Film Fund Luxembourg, région Grand Est Dates de production : 2020-2022 H Adaptée de la bande dessinée éponyme de Nicolas Poupon, éditée par Glénat, la série dépeint avec humour les habitudes étranges des humains, décodées par des poissons depuis leurs aquariums.

Animation

The Unstoppable Yellow Yeti

Stade d’avancement : en production Société de production : Zodiak Kids Studio France Producteur : Benoît Di Sabatino Type d’œuvre : série animée Public ciblé : enfants de plus de 6 ans et leurs familles Technique d’animation : 2D Auteurs-réalisateurs : Joonas Utti, Anttu Harlin Coproducteur : Gigglebug Entertainment Diffuseur : Disney Channel Vendeur international : Zodiak Kids Studio France Dates de production : 2020-2022 H Cette folle comédie, qui se déroule dans une petite ville située au-dessus du cercle arctique où l’hiver règne toute l’année et où les monstres sont ”strictement interdits”, suit les aventures de trois amis, dont Yellow Yeti.

La filière cinéma de nouveau en suspens

HLe reconfinement, qui impose à nouveau aux cinémas de fermer, consterne le secteur et ajoute de l’inquiétude à une situation déjà critique.

Le président de la République a annoncé, le 28 octobre, le reconfinement du territoire pour endiguer la progression de la deuxième vague de Covid-19. Les nouvelles mesures de restriction sanitaire nationales ont mises en place dès le 29 octobre, minuit. Ce nouvel épisode de confinement est prévu pour durer au moins jusqu’au 1er décembre et un point sur l’évolution de l’épidémie sera fait tous les quinze jours.

Pour les cinémas, qui doivent une nouvelle fois baisser le rideau après les 99 jours de fermeture du printemps, le choc est d’autant plus rude que le secteur se voit coupé en plein élan positif, après le semaine du 22 octobre, qui était la meilleure depuis le 22 juin. “Malgré le couvre-feu, malgré l’absence des films américains, malgré les mesures sanitaires, faire 3 millions d’entrées, c’est assez exceptionnel, rappelle MarcOlivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinéma français (FNCF). On y était arrivé. On avait réussi à reconstruire une fréquentation consistante, qui ressemble à celle d’une vie normale.” Surtout, l’envie des spectateurs de revenir dans les salles aura été probante. “Mais c’est ça qui va nous faire tenir, cette idée que non, ce n’est pas vrai, les spectateurs ne sont pas tous tournés vers Internet, les plateformes, la télé et d’autres activités. Le fait qu’on y soit arrivé une première fois, avec les distributeurs, montre qu’on peut le refaire.”

Des soutiens à recalibrer

Il faudra donc impérativement revoir des dispositifs de soutiens, calibrés, selon la FNCF, pour la relance mais pas pour un reconfinement. “Ils ont été conçus pour une fréquentation à – 50 %, et non pas à – 100 %. Il faut donc les repenser, avec une inquiétude pour les financements du CNC en 2021 qui est, là aussi, terrible.” Cependant, le secteur ne repart pas de zéro, puisque les dispositifs sont désormais en place, même s’ils nécessitent des ajustements. Pour Richard Patry, président de la FNCF, dans le plan de 30 M€ annoncé par la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, figurait le déplafonnement de l’enveloppe dévolue à la compensation des pertes d’exploitation. De 50 M€, elle pourrait maintenant passer à entre 70 M€ et 90 M€.

Malgré le choc, il faut néanmoins déjà aborder la réouverture et tirer les enseignements de la première reprise, qui s’est avérée assez chaotique entre le 22 juin et la mi-août. “Il faut suffisam-

Sorti une semaine avant l’annonce du reconfinement, “Adieu les cons”, d’Albert Dupontel (Gaumont), venait de réaliser le meilleur démarrage pour un film français en 2020.

ment d’incitations auprès des distributeurs pour qu’ils s’engagent vis-à-vis des exploitants. Il faut ouvrir les salles avec assez de films à haut degré de certitude quant à leur présence à l’affiche.” Les films sortis le 28 octobre, encore porteurs de promesses en termes d’entrées, seront repris. Et le secteur sait maintenant que les œuvres en tous genres sortis après le confinement ont, pour beaucoup, trouvé le public, parfois au-delà des attentes. “On sait que ça marche, y compris dans des conditions très dures. En juin, on se disait ‘il faut y croire’, aujourd’hui on sait qu’on peut y croire.”

En attendant de savoir quand les salles pourront rouvrir, les distributeurs ont pris leurs dispositions, comme Le Pacte qui a repoussé Le Discours du 16 au 23 décembre, ainsi qu’Ad Vitam avec Des hommes (du 11 novembre au 6 janvier 2021), Haut et Court avec Gagarine (du 18 novembre au 20 janvier), ou encore Memento avec Un triomphe (du 23 décembre à une date à définir).

Une reprise déjà redoutée

Pour les distributeurs indépendants, qui ont largement contribué à relever la fréquentation, cette nouvelle fermeture sonne comme une injustice. Eric Lagesse, coprésident du Syndicat des distributeurs indépendants réunis européens (Dire), redoute une reprise à une période très différente de la précédente : “Fin juin, c’est plus calme en salles, on se bat moins, il y a des places à de nouveaux dans l’urgence”. Pour le prendre. Si on rouvre mi-décembre, par syndicat, il s’agit maintenant de ne exemple, quelle sera la place de la diver- pas reproduire les erreurs constatées sité ? Comment ressortir des films d’au- pour la réouverture du 22 juin, comme teur comme ADN, Garçon chiffon ou une reprise plus rapide que souhaité, Sous le ciel de Paris avec la même énergie de surcroît un lundi: “Il ne suffit pas de face à des films comme Les Tuche 4 ou Le nous dire ‘vous réouvrez demain !’ Il y a Discours? Aura-t-on le nombre de copies la mise en place de la programmation, prévu? A qui la priorité? Comment régu- de la communication, qui prend du ler? Que faire de nos films de décembre, temps. Il faut prendre en compte la réajanvier, février ?” lité de nos activiSans oublier l’investissement déjà engagé pour Il faut impérativement revoir les dispositifs tés.” Par ailleurs, en termes de soutien, le Scare soules films qui de- de soutien car ils ont été haite que, comme vaient sortir en novembre. Pour The Singing Club, calibrés pour la relance, pas pour un reconfinement au printemps, la TSA soit “au pire reportée, au qui devait arriver mieux annulée. De en salles le 4 novembre chez Pyramide, toute façon, on va se remettre en ordre l’investissement du distributeur s’élève de bataille pour s’en sortir, sachant que à environ 400 000 €. “On peut stopper certains d’entre nous sont déjà dans une des choses, mais comment revoir avec difficulté extrême.” nos prestataires ce qu’on paye, ce qu’on Pour les exploitants, un infime reporte… Il va falloir négocier.” espoir demeure toutefois quant aux

Du côté des salles art et essai, dispositifs scolaires, puisque les écoles Christine Beauchemin-Flot, copré- restent ouvertes: “On a déjà évoqué l’imsidente du Scare, déplore avoir “l’im- portance du périscolaire, et peut-être que pression que les exploitants sont les vic- les cinémas pourraient au moins accueiltimes de dommages collatéraux” malgré lir ces publics-là, conjecture Christine le travail accompli pour ramener le pu- Beauchemin-Flot. Cela permettrait de blic en toute confiance, avec un “pro- continuer les dispositifs d’éducation à tocole extrêmement strict”. Après cette l’image et dire aux spectateurs de demain succession de “coups de massue”, qui que la culture n’est pas complètement n’a pourtant pas empêché le public de absente de leur vie.” revenir, “tout s’arrête et on se retrouve Rodolphe Casso

HLe président et le délégué général de la Société civile des auteurs-réalisateurs (ARP) témoignent des thèmes qui jalonneront leurs rencontres annuelles qui se dérouleront entièrement en ligne.

Quelles sont les réflexions et les actions que l’ARP a menées depuis le début de la crise sanitaire ?

Mathieu Debusschère: Nous avons travaillé sur deux fronts complémentaires. Le premier, à court terme, était de répondre aux difficultés qu’ont pu éprouver les réalisateurs, les producteurs, les distributeurs, les exploitants, les auteurs…. Il a fallu trouver des relais de financement public afin d’éviter la faillite de sociétés de production et de distribution indépendantes, la fermeture définitive de salles de cinéma, la précarisation des auteurs… Nous avons évidemment été solidaires des demandes du secteur et avons travaillé avec le CNC et le gouvernement pour mettre en place des mesures d’accompagnement.

Parallèlement, nous avons réfléchi à plus long terme sur des questions essentielles : à quel point la crise va-t-elle accélérer les mouvements de concentration au sein du secteur ? A quel point allonsnous avoir besoin de régulation dans les années à venir ? Il faut nous projeter sur ce que sera le paysage audiovisuel d’ici deux ans et élaborer les solutions nécessaires pour veiller à ce que nous ayons toujours autant de diversité, de films du milieu, de désir de cinéma et d’audace artistique. Car c’est bien cela la raison d’être d’une régulation ambitieuse.

Pierre Jolivet : Concernant les grandes évolutions, nous avons été très mobilisés par l’intégration des plateformes et la directive SMA, sujets qui seront au cœur des Rencontres. La souveraineté culturelle et la préservation du patrimoine demeurent également des sujets fondamentaux. Nous possédons de riches actifs stratégiques, comme le catalogue de Studiocanal ou notre parc de salles, qui pourraient être vendus prochainement à des Chinois ou à des Américains. Ceux-ci pourraient profiter de la situation fragile de nombreux professionnels français pour s’emparer de nos joyaux que sont les cinémas et les catalogues de films.

Lors des Rencontres 2019, les débats se concentraient sur le projet de la loi audiovisuelle, dont le vote a été reporté à une date indéterminée. Avez-vous œuvré pour son maintien ?

M.D.: Cette loi comprenait des priorités comme l’intégration des plateformes et la transposition de la directive SMA, qui vont heureusement avoir lieu d’ici à la fin de l’année grâce à un projet de loi qui permettra au gouvernement d’avancer par ordonnances. Sans oublier le nouveau décret sur lequel nous avons beaucoup travaillé. L’autre priorité est de trouver les parades pour éviter que nos actifs stratégiques soient acquis par des pays étrangers. Le président de la République

Mathieu Debusschère et Pierre Jolivet

« Il faut protéger notre patrimoine et notre souveraineté culturelle »

a pris un engagement très clair là-dessus en mai dernier, c’est maintenant au gouvernement de nous dire avec quel vecteur et dans quel délai il souhaite y arriver.

P.J. : Nous devons aussi nous assurer que les plateformes remplissent leurs obligations. Pour cela, il faut qu’il y ait un “gendarme” disposant de pouvoirs efficaces. C’est ce qui est envisagé avec l’Arcom. Nous voulons que ce gendarme ait la capacité de vérifier que le décret est bien appliqué par les plateformes, surtout quand on connaît les multiples difficultés avec des opérateurs comme Amazon, pour lesquels il est complexe de verrouiller un chiffre d’affaires cohérent par rapport à la valeur créée par les œuvres.

Pour que la régulation des plateformes soit possible, il faut des coercitions très fortes. Nous insistons pour que l’Arcom ait à sa disposition des moyens politiques sans ambiguïté, suffisamment puissants pour agir en cas de non-respect.

Exposer de la meilleure manière possible nos œuvres à l’international doit-il entrer dans les obligations des plateformes ?

M.D : Il faut effectivement s’assurer qu’en plus d’aider au financement de nos œuvres dans leur diversité, les plateformes leur garantissent une bonne diffusion. Dans le cadre des échanges que nous avons eus avec les plateformes et l’Etat pour élaborer le décret, nous avons essayé de ne pas réfléchir uniquement en termes de nouveaux guichets de financement, mais de comprendre comment les plateformes comptent prescrire le cinéma auprès des jeunes générations et comment le cinéma va être éditorialisé, mis en valeur chez ces opérateurs.

Concernant l’exportation, le modèle des plateformes, dès lors qu’elles investissent sur des préachats, est d’acquérir, on le sait, les droits les plus larges possibles. Notre objectif a été de limiter la durée de ces droits, car il est important que les œuvres puissent circuler; il est inacceptable que des œuvres soient cantonnées pour toujours sur une seule plateforme.

Les plateformes peuvent contribuer à ce que les œuvres circulent à l’échelle internationale et s’adressent au public le plus large possible : on peut évidemment s’en réjouir, du moment que les œuvres ont pu d’abord exister en salles. Mais ce modèle de diffusion ne doit pas remettre en cause le financement si particulier du cinéma français, qui permet d’offrir aux spectateurs une vraie diversité culturelle. Il est inenvisageable que les droits monde soient pris en compte, sans aucune limite, ›

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