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Netflix cultive sa différence Superprod veut garder un temps d’avance

HAu salon Paris Images, le service de streaming a présenté aux professionnels sa façon de travailler avec les producteurs, mettant l’accent sur sa différence avec les diffuseurs traditionnels.

L’équipe de Netflix a fait salle comble au salon Paris Images ce vendredi, pour un panel de discussion où les représentants de la plateforme ont présenté leur méthode de travail avec les producteurs, et répondu aux nombreuses questions des visiteurs du salon. Marie-Laure Daridan, directrice des relations institutionnelles, Netflix France, a débuté sa présentation en rappelant que la plateforme investit 200 M€ par an dans la création française - produisant une vingtaine de projets chaque année - sans compter les productions internationales qui viennent tourner dans l’hexagone, comme Emily in Paris , le film Murder Mystery 2, ou encore la série Transatlantique présentée prochainement en clotûre de Séries Mania.

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Un accompagnement accru

“Une cinquantaine de productions Netflix internationales sont venues en France ces dernières années”, indique Marie-Laure Daridan. Des projets dans lesquels le bureau parisien de la plateforme - qui emploie aujourd’hui 100 personnes - n’intervient pas, à quelques exceptions près. Ainsi, pour Transatlantique, série allemande créée par Anna Winger (Unorthodox) et dont l’action se déroule à Marseille pendant la Seconde Guerre mondiale, les équipes françaises ont conseillé leurs homologues à Berlin.

Des échanges qui ont permis de ramener l’ensemble du tournage en France.

Pour ce qui est des créations françaises, la plateforme met en avant “un accompagnement tout au long de la production”, détaille Pierre SaintAndré, directeur séries chez Netflix France. Cet ancien directeur adjoint de la fiction française chez Canal+ explique en grossissant le trait que, là où les autres diffuseurs “signent pour un programme et donnent rendez-vous un an et demi après” pour la livraison, Netflix a des équipes en interne qui peuvent aider les productions à toutes les étapes et sur tous les métiers. Il tient à préciser que cet accompagnement ne se fait pas au détriment du travail du producteur. “Chacun à sa place, nous sommes un diffuseur”, insiste Pierre Saint-André.

Un accompagnement “pour le mieux”, ajoute-t-il. Par exemple, la plateforme valide les prestataires techniques pour obtenir la qualité attendue. “Lorsqu’un nouveau labo arrive sur le marché, nous avons des équipes qui peuvent les accompagner pour atteindre notre niveau d’exigence technique”, raconte Yorick Kalbache, directeur de production au sein de la plateforme.

Pour tous les projets, l’étape du développement est jugée cruciale. Netflix essaie de travailler efficacement. “Nous essayons d’aller vite dans nos prises de décision pour éviter que le développement prenne des années”, justifie Pierre Saint-André. Deuxtiers des programmes qui entrent en développement chez Netflix France sont menés à leur terme.

Damien Choppin

HLe studio implanté à Paris, Angoulême et Milan a mis en place un nouveau pipeline de production pour améliorer sa productivité.

Plus de dix ans après sa création, le studio Superprod poursuit son développement avec la mise en place d’un nouveau pipeline de production qui doit permettre un gain de temps, de performance, et de flexibilité. Baptisé “Flow”, ce pipeline repose sur la technologie Universal Scene Description (USD), développée par Pixar. Superprod est le premier studio français à baser l’ensemble de son pipeline sur cet écosystème. “Un des gros enjeux de l’animation, c’est que c’est long et cher”, rappelle Jérémie Fajner, directeur général de Superprod. Une série met entre 18 et 24 mois à être produite, avec un coût qui peut aller de 6 à 15 M€.

“C’est un processus de fabrication très linéaire”, ajoute-t-il. “C’est un long passage de relais d’une dizaine d’étapes qui s'enchaînent pour chaque épisode. Et on les fabrique tous en parallèle. A chaque fois qu’on défait un truc, qu’on change d’avis ou qu’on se trompe, il faut détricoter tout ce qu’on a fait avant pour le refaire.”

La technologie derrière Flow fonctionne différemment. “Même si l'enchaînement des étapes est linéaire, on peut travailler sur des étapes précédentes tout en continuant la fabrication”, explique Jérémie Fajner. Cela fonctionne comme une sorte d’empilement de couches, qui peuvent être modifiées à tout moment et en parallèle, à la manière des calques sur Photoshop. Un artiste peut par exemple modifier le décor alors qu’un autre peut travailler sur les personnages. Sur un même personnage, plusieurs couches s'additionnent également.

Plus de flexibilité

Pour Virginie Créance, directrice générale adjointe, cela permettra “aux artistes de se concentrer sur leur travail” : “Les artistes ne pourront ouvrir sur leur machine que ce qui est utile. C’est super car cela leur permet de voir ce qu’il est en train de faire.” Et ainsi ne pas perdre de temps à générer les images qu’il souhaite visualiser.

L’autre atout de Flow, c’est sa flexibilité. “Le pipeline est agnostique en termes de logiciels”, poursuit Virginie Créance.

“Nous pouvons y brancher le moteur de rendu qu’on souhaite. Comme nous sommes un studio qui produit une diversité de contenus énormes, c’est très important. Cela rend aussi la connexion facile avec nos partenaires.”

En plus d’être flexible, la technologie USD est open source, ce qui permet à tous les utilisateurs d’apporter leur pierre à l’édifice. “C’est très important car cela veut dire qu’il y a une communauté qui se crée autour”, s’enthousiasme Virginie Créance. “On défriche comme Pixar le fait, et on partage les enseignements.”

Cela permet au studio d’avoir un coup d’avance, et de sortir du lot quand il s’agit d’attirer les productions internationales. “Très peu de studios ont dessiné leur pipeline autour d’USD. Nous sommes les premiers français dans ce cas”, rappellet-elle. “On a une maturité de technologie que d’autres studios n'ont pas eu le temps d’atteindre.”

Si Flow doit permettre à Superprod de produire plus rapidement, ses dirigeants anticipent que les gains de productivité inciteront plutôt les clients à demander d’aller plus loin sur la qualité. “La question que nous posent nos partenaires, c’est “est-ce que ça permet de travailler plus rapidement et moins cher ?” Oui potentiellement.. La vérité c’est qu’il vont souvent l’utiliser pour obtenir de meilleurs résultats avec les mêmes paramètres de prix et de temps”, raconte Jérémie Fajner. Le développement de ce pipeline représente deux ans et demi de travail, mobilisant jusqu’à 40 personnes entre Paris, Angoulême et Milan. “Un investissement à plusieurs millions d’euros”, indique Jérémie Fajner. Et Superprod ne s’arrête pas là puisque, comme d’autres acteurs du secteur, le studio cherche en permanence à améliorer ses process. “Nous avons une doctorante qui, chez nous, fait de la recherche en intelligence artificielle sur l’interprétation en 3D du storyboard”, détaille par exemple Jérémie Fajner.

“Aujourd'hui, il y a deux mondes qui ont du mal à se câbler : le dessin et storyboard d’un côté, et la 3D de l’autre”, ajoute Virginie Créance. “On essaie, avec l’intelligence artificielle, à la fois de remettre du dessin dans la 3D, et de mettre un peu de 3D dans le dessin. L’impact pour les métiers du storyboard et du layout est important.”

Pour Jérémie Fajner, l’objectif est de permettre à “l’artiste de passer plus de temps à penser artistiquement plutôt qu'à faire des manipulations informatiques et des clics dans tous les sens.”

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