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MASTERCLASS Au bar de Julie Nullens

MASTERCLASS

AU BAR DE JULIE NULLENS

Cette trentenaire passionnée est la première femme élue meilleure bartender du pays. Sa particularité? Elle est nomade et arrête son «bar à Ju’» au gré des villes belges, dans une remorque qui compte bien emmener ses cocktails à l’étranger. Consacrée en 2022, elle a pourtant découvert la mixologie par hasard…

Par Aurélia Dejond

Elle ne se fixe aucune limite, quand il s’agit de créer. Et puise son inspiration dans le quotidien : une rencontre, une saison, un parfum, une couleur…tout lui parle. « Je peux avoir un coup de cœur pour un fruit, un thème comme le carnaval ou un objet de déco, tout est prétexte à imaginer et oser ! », se réjouit Julie, qui a plus d’un millier de recettes de cocktails à son actif. Celle qui a été la première femme à s’imposer au très prisé concours national de l’Union of Belgium’s bartenders a bluffé tout le monde avec son désormais fameux Cuba Calva, à base de Pepsi Max, jus de citron, sirop de tabac maison, poire à l’Armagnac et Calvados. Au-delà de cette création, un questionnaire en anglais sur les produits de bar, un test olfactif à l’aveugle, sept minutes pour la réalisation d’un cocktail original pour

cinq verres, la présentation au jury en anglais et le test de rapidité pour trois cocktails originaux. « L’épreuve était rude », con e la jeune femme. « Je pense toujours à l’aspect gustatif en amont de toute création, l’idée de la couleur nale et de la déco s’imposent naturellement. Le visuel est extrêmement important, on boit avant tout avec les yeux, le cocktail connote aussi une part de rêve et de rareté, c’est une boisson très à part qui est loin d’être un simple mélange : je sublime des produits, des saveurs, j’ose des mariages inattendus », sourit celle qui avoue adorer siroter…un mojito, ce grand classique « un peu bateau, mais tellement bon quand il est bien réalisé ! ».

POURTANT, JULIE N’ÉTAIT PAS PRÉDESTINÉE À DEVENIR BARMAID. APRÈS DES HUMANITÉS CLASSIQUES, ELLE COMMENCE DES ÉTUDES EN HISTOIRE DE L’ART…ET

DÉCHANTE. « Je suis une hyper active, j’ai besoin de bouger, d’explorer, j’ai rapidement compris que cinq années d’unif’ risqueraient de me faner. J’avais envie d’exploiter ma grande bre créatrice ». Et elle se réinscrit en 5e humanités à l’école hôtelière, un retour en arrière assumé pour ne pas passer à côté de cette furieuse envie de ne pas brider son imagination. « J’ai été dispensée de la plupart des cours généraux, j’avais tellement de temps devant moi qu’un prof m’a poussée à me lancer dans des concours de cocktails. Révélation ! ». Au point de donner des cours ensuite à de futurs bartenders et d’ouvrir son propre bar itinérant*, avec le concours de son mari, qui a retapé une remorque pour que cette passion se déploie. « Ça me correspond davantage qu’une adresse fixe. Je plante mon bar pour l’ouverture d’une galerie d’art, d’une boutique, d’un after work ou d’un mariage… je crée mes cocktails en fonction d’un lieu, d’un thème, j’ai parfois carte blanche. C’est tout sauf routinier, je ne sais jamais où mon bar m’emmènera ! ». Et entre deux destinations, Julie crée ses propres sirops et teste ses créations chez elle, dans son bar « plus grand que dans n’importe quel hôtel ou brasserie ! ».

QUANT À LA QUESTION DE GENRE, ELLE NE S’EST PAS POSÉE. « ON NE M’A JAMAIS FAIT SENTIR QUE J’ÉTAIS UNE FEMME OU UN INTRUS DANS CE MILIEU POURTANT ENCORE

SON COCKTAIL «GOOD VIBES»

Les ingrédients :

4 cl de rhum ambré 1 cl de liqueur de poire 2 cl de jus de citron 2 cl de sirop de cannelle & badiane 6 cl de jus de pommes et rhubarbe 2 cl Aquafaba ou blanc d’œuf

La recette ultime :

Mettre l’ensemble des ingrédients dans un shaker avec des glaçons et remuer de façon énergique de manière à obtenir une belle mousse. Pour obtenir une mousse parfaite, faites un dry shake. L’astuce? Après avoir shaké une première fois, retirez les glaçons et shakez à nouveau. Servez dans un verre rempli de glace et décorez avec un peu de cannelle en poudre et des étoiles de badiane.

TRÈS MASCULIN. J’aime par contre un peu ‘ dégenrer ’ certains stéréotypes et guider les femmes vers d’autres sensations que le sempiternel sucré/fruité et proposer aux hommes d’oser sortir de l’amer. Quitter les stéréotypes est une valeur ajoutée ». Et pour démarrer l’année dans l’hiver qui s’étire, elle nous propose un cocktail hyper réconfortant qui ressemble à s’y méprendre à un dessert, « idéal à siroter après une grande promenade, avec un biscuit, ou pour terminer un repas de manière très gourmande ! ». Tchin tchin !

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