TH I N K S M AR T, LOOK AM A Z I N G
MARS 2021 — 5,90 €
Beauté
SOINS, MAKE-UP, PARFUM : LES MEILLEURS PRODUITS DE L’ANNÉE ÉLUS PAR MARIE CLAIRE
REPORTAGE CES JEUNES FEMMES CORSES QUI SE DRESSENT CONTRE LA MAFIA TÉMOIGNAGES
6 FEMMES BELGES D’EXCEPTION PSYCHO
« Le confinement m’a fait vriller »
Réveiller le désir SPÉCIAL MODE DES LOOKS JOYEUX ET INSPIRANTS POUR ÉLOIGNER L’HIVER
ÉDITO
Je trouve désespérant qu’en 2021, il faille encore une Journée internationale des droits des femmes pour attirer l’attention sur les inégalités qu’elles subissent toujours par rapport aux hommes. Pourtant, je ne me suis jamais considérée comme féministe. J’estime qu’il faut lutter contre toutes les discriminations, et pas seulement celles qui touchent les femmes. Pour mes filles, par contre, il est évident que je le suis… Enfin, c’était évident, jusqu’à il y a quelques jours. Je discutais avec l’une d’elles de l’écriture inclusive que je n’aime pas. Je ne suis pas opposée à l’insertion d’un point devant un e, mais je trouve que cela creuse le fossé qui existe déjà entre la langue écrite et la langue parlée, et dans certains cas, cela rend la lecture carrément impossible. Exemple lu récemment : tou.te.s les aut.eur.rice.s ! Et puis, franchement, est-ce ça qui va faire avancer la cause des femmes ? Oui, ceux qui ont décidé un jour que le masculin l’emportait sur le féminin étaient des hommes, oui le pouvoir a toujours été détenu majoritairement par les hommes, oui ils ont essayé de tout temps et dans toutes les cultures (ou presque) de dominer les femmes. Pourquoi ? Parce qu’ils savent que s’ils leur accordent les mêmes droits qu’à eux, ce sont elles qui les domineront. Arrivée à ce point de mon argumentation, je me suis rendu compte que ma fille me dévisageait d’un air grave avant de me lancer : « En fait, c’est vrai, tu n’es pas féministe, maman, tu es sexiste ! » Sexiste, moi ??? Bon, d’accord, j’ai tendance à considérer que la seule force des hommes est d’avoir une musculature plus développée que la nôtre (et encore !) Mais ce n’est pas du sexisme, ça, c’est la réalité, non ? :-) Julie Rouffiange Rédactrice en chef adjointe – jro@marieclaire.be
PHOTO PERSONNELLE.
SEXISTE, MOI?
Bottega Veneta
Photo Mélissa de Araujo. Réalisation Anna Quérouil. Assistante stylisme Manon Baltazard. Mannequin Lauren De Graaf/Élite. Casting Ikki/The Art Broad. Coiffure Charlotte Dubreuil/ Marie-France Thavonekham. Maquillage Camille Lutz/Call My Agent. Manucure Lili Creuk. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Alix Cantal. Col en coton Arthur Arbesser, top en viscose Materiel Tbilisi, pantalon en laine et plumes Patou. Boucle d’oreille en laiton doré à l’or fin Gas Bijoux x Françoise, collant en polyamide Falke.
p.16 Elles se dressent contre la mafia p. 96 Best of printemps-été 2021
SOMMAIRE Suivez-nous sur marieclaire.be/fr
ÉPOQUE
12 NEWS L’actu qui nous touche, 16
TÊTE-À-TÊTE(S)
60 PSYCHO Comment le confinement
CULTURE
44 AGENDA Expos et sorties
STYLE
50 MUSIQUE #MusicToo, ça balance
PAR MARIE CLAIRE
56 TÉMOIGNAGES Femmes à suivre
38 RENCONTRE Mous superstar
nous interpelle REPORTAGE En Corse, elles se dressent contre la mafia
25 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES
MAGAZINE
34 ENTRETIEN Ana Girardot, l’âge de grâce
46 LIVRES Alain Zenner, « Nommer les
choses est capital »
48 CINÉMA En solo, en duo ou en trio 52 INTERVIEW Balthazar, « Il y a toujours
des chansons de ruptures dans nos albums »
JESSE LAITINEN. MÉLISSA DE ARAUJO.
ÉDITO
10 TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER MARS
ÉDOUARD ELIAS. IMAXTREE.
4
p. 76 Total looks
64 68 72
m’a fait vriller TALENTS 3 Belges au top SOCIÉTÉ Le vintage, nouvel eldorado de la mode MOI LECTRICE « J’ai enfin trouvé le vêtement idéal pour m’imposer dans mon job »
76 84
MODE
Total looks Extravaganza
MODE D’EMPLOI
96 BEST OF Printemps-été 2021
102 ACCESSOIRES La ligne rouge-rose 104 COLLAB’ En voiture Simone
p. 31 Le ton est bon
BEAUTÉ
108 PALMARÈS Les Prix d’Excellence
de la Beauté Marie Claire 2021
118 NEWS Les 5 envies de mars
LIFESTYLE
121 DESTINATION Olhão, délice d’initiés 126 MASTERCLASS Le phô 128 HOROSCOPE
130 LE QUESTIONNAIRE Nathalie Uffner
10
TOCADES
MARS
TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER MARS
Par Marie Geukens
PARFUMS SANS ÂGE
Trois amis, Desmond Knox-Leet, Christiane MontadreGautrot et Yves Coueslant, passionnés de voyages et de bizarreries, ouvrent un magasin de curiosités en 1961 au 34 boulevard Saint-Germain à Paris. Dyptique, le concept-store avant l’heure, cultive la différence. Les parfums comme les bougies parfumées et leur typographie ludique semblent particulièrement intemporels. Pour leur soixantième anniversaire, Senteurs d’Ailleurs a créé un univers Dyptique audacieux dans la Boutique Parfumerie où l’on s’imprègne des senteurs iconiques et exclusives, et aussi de l’esthétique raffinée de cette marque toujours tendance.
VUITTON AUX CÔTÉS DE L’ UNICEF
Le bracelet Silver Lockit en argent recyclé et coton biologique est l’interprétation moderne du fermoir qui protégeait les objets de valeur des clients à partir de 1890. Désormais, le bracelet symbolise la protection des enfants dans le besoin et une grande partie des bénéfices revient à l’ Unicef. Doudou Louis, fabriqué pour la première fois en coton bio, y contribue également. À l’achat du bracelet Silver Lockit (385 €), 100 € vont à l’ Unicef et Doudou Louis (640 €) fait un don de 200 $. #lvforunicef. Louisvuitton.com
diptyqueparis.com Senteurs d’Ailleurs – Place Stéphanie 1A, 1000 Bruxelles.
BONNIE
Bonnie brown, 339 €, laurencedelvallez.be
Strépy-Bracquegnies (La Louvière) - Le Canal du Centre
L’UNESCO À VÉLO
L’office du tourisme de Wallonie a tracé un parcours de 500 km le long d’un spectaculaire site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le circuit est divisé en 11 étapes et va de Tournai, près de la frontière française, au remarquable site de Blegny-Mine, près de la Hollande. Si vous êtes en quête de découvertes, 11 guides accompagnateurs proposent également une sélection d’attractions et de « producteurs gourmands ». Le plus : les hôtels labellisés « Bienvenue Vélo » et « Bed+Bike », si la météo est de la partie. Visitwallonia.be/routeunesco
WBT - BRUNO D’ALIMONTE. PRESSE.
Les confinements portent leurs fruits. En septembre, la créatrice de bijoux Laurence Delvallez a déjà surpris avec un soin des mains luxueux, Ukiyo Selfcare . Elle présente aujourd’hui Bonnie, un sac en édition limitée. Une façon d’entrer dans son univers.
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ÉPOQUE
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PHÉNOMÈNE
Les séries, nouveaux podiums ?
“Il y a de fortes chances de retrouver ces influences sur les prochains podiums, car ces silhouettes nourrissent l’imaginaire collectif.”
Ces derniers mois, les séries ont pris une place centrale dans nos quotidiens. Mais c’est aussi le cas des looks des héroïnes de The Crown ou Emily in Paris, qui affolent Internet et tous les radars mode. Au point d’inspirer la rue, et même les créateurs. Décryptage. Par Vicky Chahine
Ambre Venissac, du bureau de tendances Carlin
HASARD OU COÏNCIDENCE ? En décembre dernier, Chanel
présentait sa collection Métiers d’art 2020-2021 au château de Chenonceau et les premières mannequins défilaient avec une minijupe en damier noir et blanc. Un clin d’œil au sol de la grande galerie de la demeure historique sûrement, mais aussi un motif qui flotte dans l’air du temps. Depuis la diffusion de la série Le jeu de la dame sur Netflix, l’histoire d’une surdouée des échecs dans l’Amérique des années 60, le jeu de stratégie a le vent en poupe, le vestiaire « Pradaness » (évoquant le style Prada) porté par la jeune Beth Harmon aussi. Ses robes au genou, ses chemisiers à lavallière, ses motifs ont entraîné une recherche de +43 % des vêtements à carreaux selon la plateforme de shopping lyst.fr. Quelques semaines plus tôt, une autre série affolait les radars mode : Emily in Paris, qui a fait décoller les recherches de bob Kangol de 342 %, toujours selon lyst.fr. « Après sa diffusion sur Netflix, il y a eu une vague de “copycats” chez les influenceurs : le béret, le bob ou encore les jupes Ganni dont les ventes ont grimpé, affirme Maud Barrionuevo, directrice des achats du site 24s.com. La mode nourrit ces séries, mais l’inverse est vrai aussi puisqu’elles remettent au goût du jour certaines tendances. »
Lily Collins dans Emily in Paris.
Anya Taylor-Joy (Beth Harmon), dans Le jeu de la dame.
QU I N’A PAS FANTAS MÉ SU R LE S E SCAR PI N S MANOLO
Emma Corrin incarne Lady Di dans The Crown.
COURTESY OF NETFLIX. STÉPHANIE BRANCHU/COURTESY OF NETFLIX.
serre-têtes de Blair Waldorf dans Gossip girl ? Les silhouettes sixties de la secrétaire Peggy dans Mad men ? Et aujourd’hui, on veut toutes se balader dans la campagne avec une veste Barbour façon famille royale britannique (39 % d’augmentation des recherches depuis la diffusion de The Crown, selon lyst.fr). « Ces shows fabriquent des looks. Déjà Diana Rigg dans Chapeau melon et bottes de cuir donnait envie à toute une génération de porter des combinaisons en PVC et des bottes plates, retrace Ava Cahen, chroniqueuse dans l’émission Une heure en séries sur France Inter. Ils proposent des “role models” auxquels on s’identifie, encore plus aujourd’hui avec l’accélération de la consommation des séries. La diffusion de Stranger things a par exemple entraîné le retour dans les boutiques des vestes en jean sans manches, des T-shirts XXL, des casquettes à la Spielberg. » Même Nicolas Ghesquière chez Louis Vuitton a fait défiler en 2018 un T-shirt à l’effigie des personnages. Car les séries ont pris une place centrale dans nos vies
COURTESY OF NETFLIX.
BLAHNIK de Carrie Bradshaw dans Sex and the city ? Les
avec l’explosion de plateformes comme Netflix, qui compte désormais plus de 195 millions d’abonnés, un phénomène décuplé depuis la pandémie. « Ce “binge watching” a érigé les personnages en modèles. Et comme on les suit sur plusieurs épisodes, on s’y attache et on s’y identifie, notamment lors du confinement où les séries restaient l’une des rares sources d’inspiration », décrypte Ambre Venissac, du bureau de tendances Carlin.
réalisé qu’ils avaient tous cette volonté de se sentir à l’aise dans leurs vêtements pour être concentrés sur le jeu, explique-t-elle. Les années 60 marquent une révolution dans la société mais aussi un grand bond dans la mode. Aujourd’hui, plusieurs maisons de cette décennie réapparaissent : Nina Ricci, Courrèges, Celine et sûrement bientôt la marque Pierre Cardin, dont les créations si modernes ont toutes les chances de revenir au goût du jour. »
LES SÉRIES ANGLO-SAXONNES ONT AINSI GAGNÉ UNE CRÉDI-
SI LE PUBLIC MONTRE UNE APPÉTENCE PARTICULIÈRE POUR
BILITÉ MODE avec des vestiaires pertinents, précis et ter-
riblement séduisants. « Dans Le jeu de la dame, la costumière Gabriele Binder s’est inspirée de Pierre Cardin et Christian Dior pour illustrer la sophistication de l’héroïne. Pour The Crown, ancré dans les années 80, sa consœur Amy Roberts met en avant notamment les épaules marquées, que l’on peut d’ailleurs retrouver aujourd’hui chez Balenciaga », observe Matthew Yokobosky, commissaire de l’exposition virtuelle The queen and the crown, sur les vestiaires des deux séries, qui vient de s’achever au Brooklyn Museum, aux États-Unis. On pouvait y apercevoir la robe de mariée de Lady Di, plus loin le top noir et blanc façon André Courrèges de Beth Harmon et sa robe en velours vert inspiration Swinging London, soigneusement choisis par Gabriele Binder. « En observant attentivement les joueurs d’échecs, j’ai
LES TENUES DE CES HÉROÏNES – vingt mille abonnés à l’Instagram @emilyinparisoutfit –, les créateurs se sont aussi nourris de cette source d’inspiration pendant les mois d’isolement. Déjà la nouvelle marque new-yorkaise Rowing Blazers a réédité le pull rouge à moutons blancs de Lady Di. « Il y a de fortes chances de retrouver ces influences sur les podiums de la prochaine fashion week, car ces silhouettes nourrissent l’imaginaire collectif. On verra peut-être une reprise du béret, ou bien une évocation, un clin d’œil », affirme Ambre Venissac. Et avec les photos de ces personnages déjà punaisées sur les story-boards des studios de création, on devrait bientôt apercevoir le manteau à carreaux du Jeu de la dame dans les rayons de Zara. Pour apprendre à jouer aux échecs, en revanche, il faudra un peu plus de temps.
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ÉPOQUE
x Vichy
NEWS
ANNE LISTER
LA PIONNIÈRE OUBLIÉE
Au début du XIXe siècle, cette Anglaise brisa bien des conventions. Propriétaire terrienne et voyageuse, elle vécut même ouvertement avec quelques-unes de ses (nombreuses) conquêtes féminines. Par Françoise-Marie Santucci
Le code secret inventé par Anne Lister.
(*) De Sally Wainwright, avec Suranne Jones.
À CLAIRE TOUZARD, JOURNALISTE
Dans un livre d’une âpre sincérité*, elle raconte son addiction à l’alcool et son combat pour s’en libérer. Propos recueillis par Catherine Durand Vous êtes bretonne. Votre beau-père vous décourage : « Tu n’y arriveras pas. La boisson, c’est dans ton ADN… »
Beaucoup de familles sont très ancrées dans un héritage de l’alcool. L’apéro, les dîners avec le vin rouge, c’est très institutionnalisé chez nous. Je viens d’une famille de bons vivants, des gens extra, mais pour eux, c’est comme si je reniais leur transmission. « L’alcool efface les rêves », dites-vous. Que vous a-t-il volé d’autre ?
Le plus brutal dans le sevrage est de retracer les connexions entre l’alcool et sa vie. Cela m’a volé ma dignité et beaucoup de mon intelligence. Quand on boit tout le temps, qu’on est en permanence en gueule de bois, ça
n’éveille pas l’esprit. Cela m’a rendue plus fébrile et plus fragile. L’alcoolisme au féminin existe-t-il ?
L’alcool au fond, c’est se salir, se noyer, s’écraser, et je ne dirais pas que ce manque d’estime de soi est féminin. Mais vu ce qu’elles subissent, il est dur pour les femmes de bâtir une bonne image de soi. On les salit dans la rue, au travail, dans l’image médiatique, et cette dégradation est un des facteurs qui les pousse à se dégrader. Vous êtes sobre, amoureuse, jeune mère, mais « l’envie sera toujours là »…
Cela fait un an aujourd’hui que j’ai arrêté. Il y a des moments où j’y repense, où ça me manque. Mais j’arrive à me dire : « Si tu t’y remets, tu vas perdre beaucoup. » On peut vite oublier ce que la sobriété nous a apporté. Il faut s’en rappeler. (*) Sans alcool. Être sobre est bien plus subversif qu’on ne le pense, éd. Flammarion, 19,90 €.
L’acide hyaluronique, l’allié anti-âge Protéine naturellement produite par l’organisme, l’acide hyaluronique diminue au fil des années. Comment conserver cet actif de jeunesse le plus longtemps possible ? Synthétisé à la fois dans l’épiderme et dans le derme, l’acide hyaluronique aide la peau à maintenir son volume, à rester hydratée et bien lisse. Dès 20 ans, la concentration d’acide hyaluronique présente dans la peau décline nettement : elle se met à perdre plus d’acide hyaluronique qu’elle n’en crée, les rides apparaissent alors. En cause ? Le vieillissement chronologique naturel de la peau, mais aussi les agressions quotidiennes liées à l’Exposome. Les Laboratoires Vichy, pionniers dans la recherche scientifique sur l’Exposome, ont prouvé que certains facteurs, tels que l’exposition aux UVB ou le manque de sommeil peuvent directement accélérer l’épuisement des réserves d’acide hyaluronique et ralentir sa production. Autres effets de l’Exposome ? Les rayons UVA et les infrarouges, les particules fines, la chaleur ou le froid qui agissent également de manière indirecte sur la peau et détériorent l’acide hyaluronique. Les dégâts deviennent alors rapidement visibles : la peau perd sa souplesse, elle est moins ferme et des rides et des ridules apparaissent.
quotidienne d’acide hyaluronique sur la peau* ! Grâce à sa triple action, il hydrate, comble les rides, même profondes, et repulpe la peau. DES INGRÉDIENTS EFFICACES POUR ATTÉNUER LES SIGNES DE L’ÂGE
Sa formule unique associe l’Eau Volcanique de Vichy, riche de 15 minéraux essentiels, à des actifs dermatologiques reconnus pour leur efficacité anti-rides dont 1,5 % d’acide hyaluronique d’origine naturelle, de la Vitamine Cg connue pour ses propriétés antioxydantes, et des peptides anti-âge. Résultats ? La peau est repulpée et les rides et ridules s’estompent. LE CONSEIL DES EXPERTS
“ Déposez 2 à 3 gouttes de sérum sur les zones à traiter : le contour des yeux, les zones marquées ou sur l’ensemble du visage. Pour une efficacité optimale, associez le sérum H.A. Epidermic Filler à la crème de jour LiftActiv Supreme, et le soir à la crème de nuit LiftActiv Supreme. ” La gamme LiftActiv Suprême est disponible chez votre pharmacien au prix de 39,95 € (sérum) et 35,95 € (crèmes de jour ou de nuit).
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ainsi désignée : -Zp4z-z. Le code ne sera « cracké » que bien plus tard par l’un de ses descendants, à qui l’on conseille de brûler ces carnets à l’écriture si crue, si choquante… Il n’en fait rien, mais choisit de les cacher à nouveau. Enfin découvert, le journal est ajouté au patrimoine de l’Unesco en 2011, en tant que récit « unique » de la vie lesbienne. Au Royaume-Uni, Anne Lister est l’héroïne de nombreux ouvrages, y compris de fiction. Dernière en date, une série disponible sur OCS, Gentleman Jack*, où elle s’avère irrésistible.
ARCHIVE SERVICE. CALDERDALE MUSEUMS SERVICE, WEST YORKSHIRE/BRIDGEMAN IMAGES. ALEXANDRE TABASTE.
4 QUESTIONS
Anne Lister par Joshua Horner, vers 1830.
LETTRE D’ANNE LISTER À SIBELLA MACLEAN DU 21 JUIN 1824. ANNE LISTER OF SHIBDEN HALL PAR JOSHUA HORNER/WEST YORKSHIRE
Elle ne porte qu’une seule couleur : le noir. Pas de pastel, aucun chichi. Anne Lister, née fin XVIIIe dans le Yorkshire au sein d’une famille de la petite bourgeoisie terrienne, hérite d’un domaine qu’elle ne cesse d’embellir et dirige ses domestiques d’une main de fer : de ce côté-là, la révolution peut attendre. Sa singularité réside ailleurs – dans la chambre à coucher. Dès l’adolescence, elle vit une aventure passionnée avec une amie de pensionnat, puis séduira des dizaines d’autres femmes au cours d’une vie intense quoique brève – la maladie l’emporte à 49 ans. Décrite comme masculine malgré ses jupes longues et surnommée « Gentleman Jack », Anne Lister affiche une audace mal vue chez le « sexe faible » : voyager en Europe, exploiter une mine de charbon, tenir tête aux hommes forts de sa région… Et leur ravir leurs épouses ! Son donjuanisme nous est parvenu grâce à son monumental journal intime (plus de vingt tomes), qui la révèle autant graphomane qu’érotomane. Et maligne. Si elle raconte sa vie par le menu (ses soucis de propriétaire, ses voyages), les passages sur ses amours sont cryptés. Au cas où. Dans le code secret qu’elle met au point, entre chiffres et lettres de l’alphabet grec, l’une de ses amantes est
* La perte quotidienne épidermique. Basé sur la formule concentrée en acide hyaluronique appliquée deux fois par jour.
Cet article a été écrit en étroite collaboration avec Vichy. vichy.be
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REPORTAGE
Corse
ELLES SE DRESSENT CONTRE LA MAFIA
Parce que ces jeunes femmes ne veulent plus vivre dans la peur sur l’île où elles sont nées et qui a enregistré 375 homicides en vingt ans, elles sont de plus en plus nombreuses à rejoindre les rangs des collectifs anti-mafia. Défiant la loi du silence, le machisme délétère, dénonçant les “magouilleurs” qui font régner la terreur et assassinent en toute injustice, ces courageuses lanceuses d’alerte parlent aujourd’hui pour défendre un autre projet de société. Nous sommes allés les écouter. Par Caroline Laurent-Simon Photos Édouard Elias 1
Comme chaque fin de semaine, Sonia Battistelli, 29 ans, responsable de la communication et du marketing dans une PME de Corse du Sud, est montée au village retrouver ses parents et son frère. La vue de la terrasse de la maison familiale, accrochée à flanc de colline, à quelques mètres de celle de ses arrière-grandsparents, est à couper le souffle : à gauche, le maquis sauvage, en face un dégradé de sommets auréolés de brume et à droite, au loin, la baie d’Ajaccio, ourlée par une Méditerranée démontée. Le sublime panorama ne suffit pourtant plus à apaiser cette jeune femme énergique. Depuis le 12 septembre 2019, date de l’assassinat de son ami Massimu (Maxime) Susini alors qu’il ouvrait sa paillote sur la plage de Péru, à Cargèse, au nord d’Ajaccio, elle oscille entre tristesse et colère. Ancien militant nationa-
liste, organisateur du Cargèse Sound Festival, écologiste affiché, il avait 36 ans. Ses assassins – toujours en fuite à ce jour – ne lui ont laissé aucune chance en l’abattant de deux balles. Pour tous ses proches, dont son oncle Jean-Toussaint Plasenzotti, fondateur du collectif anti-mafia Massimu Susini, le jeune homme a payé de sa vie son opposition aux bandes armées qui veulent asseoir leur pouvoir sur les commerçants de la région. De cela, Sonia est, elle aussi, convaincue. « Rejoindre le collectif anti-mafia coulait de source pour moi, raconte-t-elle. S’indigner ne suffit plus. Il faut agir contre l’injustice de devoir pleurer un fils, un frère, un ami. Dire stop à ces assassinats tellement récurrents en Corse. Massimu s’élevait publiquement contre des bandes qui donnent dans le trafic de drogue et d’armes, le racket, les intimida-
1. Le maquis dans la région d’Ajaccio. 2. Sonia Battistelli, 29 ans, a décidé de rejoindre le collectif anti-mafia Massimu
Susini, qui porte le nom de son ami assassiné le 12 septembre 2019, sur la plage de Péru, à Cargèse, au moment où il ouvrait sa paillote.
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REPORTAGE
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tions sur les entrepreneurs, les pressions pour racheter une entreprise en difficulté ou des concurrents pour rafler un marché public. Ces bandes veulent prendre le pouvoir et si nous ne réagissons pas maintenant, elles le prendront. La lutte contre la mafia est un vrai projet de société pour la Corse : je n’ai pas envie que les jeunes générations, que mon petit frère de 16 ans, grandissent dans cette ambiance de violence, pas envie de compter d’autres morts dans une société aux mains de magouilleurs. » A-t-elle craint de s’engager publiquement et de réfuter le proverbe corse qui dit « garde le silence et le silence te gardera » ? D’un ton calme, son regard planté dans le vôtre, Sonia répond : « Bien sûr que cela m’a traversé l’esprit, comme tant d’autres qui ont rejoint les collectifs. Mais qu’on parle ou qu’on se taise, la peur est là. Alors autant parler que devoir enterrer ses amis en se taisant. » Parler de la mafia. La nommer pour la première fois ouvertement, en Corse, c’est – déjà – la victoire inédite des deux jeunes
1. Parce qu’elle refuse de se laisser intimider et veut servir d’exemple à d’autres jeunes filles et garçons, Larenzapia Capodimacci, 20 ans, a adhéré au collectif anti-mafia Massimu Susini. 2. Le maquis autour du golfe d’Ajaccio.
collectifs anti-mafia : Massimu Susini en Corse du Sud et Maffia Nò, a vita Iè (1), créé en Haute-Corse par l’ancien nationaliste Léo Battesti et Vincent Carlotti, membre d’Anticor, l’association française anti-corruption et pour l’éthique en politique. Ces deux initiatives citoyennes dénoncent « une emprise mafieuse d’une intensité jamais atteinte » et rassemblent en leur sein anonymes, parents et amis de victimes, chefs d’entreprises, artistes, intellectuels comme le prix Goncourt Jérôme Ferrari. « UN CLUB D’HOMMES HÉTÉROSEXUELS QUI USENT DE VIOLENCE »
Pour toucher le plus grand nombre dans la population de l’île, interpeller l’État et inscrire leur combat anti-mafia dans la durée, ces deux collectifs lanceurs d’alerte organisent des prises de parole et des rassemblements publics, et jouent la carte 2.0 en s’appuyant sur les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter ainsi que sur leurs sites collaboratifs. Sur maffiano.com, le
collectif Maffia Nò, a vita Iè, qui revendique cinq mille sympathisants, partage sa newsletter et la pétition pour la mise « des biens mafieux » confisqués au service des citoyens, et anime des débats où les internautes peuvent échanger avec des soutiens médiatiques comme Nicolas Hulot ou Jean-François Bernardini, chanteur et leader du groupe I Muvrini. Même s’il a déjà rallié des centaines d’adhérent·es et compte des milliers de followers, le collectif entend convaincre sur massimususini.com que la loi du silence et de la violence n’est pas une fatalité en terre corse, en mettant l’accent sur les résultats concrets obtenus en Italie grâce à la mobilisation de la société civile contre « la pieuvre », soutenue par un arsenal juridique performant. Dans ce mouvement naissant et inédit dans l’île de Beauté, nombreuses sont les femmes, à l’image de Sonia, qui sont désormais déterminées à « ne plus accepter l’inacceptable ». À s’élever contre la nébuleuse mafieuse, véritable bastion machiste qui fonctionne comme « un club d’hommes hétérosexuels qui tiennent les rênes et usent de violence, ce pouvoir cardinal de la mafia », souligne le politologue Fabrice Rizzoli, enseignant en géopolitique des activités criminelles, cofondateur de Crim’HALT (2) et auteur de La mafia de A à Z (3). Quand Vannina Bernard-Leoni, diplômée de l’École des hautes études en sciences sociales et directrice de la Fondation de l’université de Corse à Corte, est revenue s’installer dans l’île il y a dix ans, elle voulait croire que la Corse était en train de tourner la page. C’est dans cet état d’esprit qu’elle a investi les murs du Palazzu naziunale de Corte, où sont hébergés la Fondation, un Fab Lab et un espace de coworking, donnant aujourd’hui à ce bâtiment historique classé des allures d’incubateur de start-up. « En 2010, je pensais qu’on était à un tournant après des années de dérives criminelles, dans un élan de revitalisation sociale et économique. Eh bien non ! déplore la jeune quadra, membre du collectif Maffia Nò, a vita Iè. Ce territoire est redevenu une proie parce qu’il y a de l’argent à se faire. Longtemps la “voyoucratie”, en Corse, c’était trafics de stups et braquages. Maintenant, c’est une nébuleuse basée sur l’adoubement et l’entre-soi de bandes et puissants à travers la prédation dans le domaine de la construction et des marchés publics, entre autres économies illicites. J’ai été marquée par l’assassinat dans son magasin en pleine journée, en 2012, de Jacques Nacer, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse du Sud, et par la démission de vingt employés de ce pilier du pouvoir économique dans l’île qui dénonçaient les pressions de voyous. La porosité entre “voyoucratie” et institutions politiques, sur fond d’impunité, sape le contrat social. » « CE N’EST PAS NORMAL, À 20 ANS, D’AVOIR PEUR »
C’est la première fois, elle aussi, qu’elle s’engage publiquement contre la violence tant « la longue litanie d’assassinats est cruelle ». « D’autant plus dans une société d’hyper-proximité, où tout le monde ou presque se connaît, sur une île qui compte 335 000 habitants à peine, souligne-t-elle. Bien sûr qu’il y a des réussites en Corse, il ne faut pas cesser de le dire ! Mais on ne peut pas pour autant faire l’autruche. Tout l’enjeu des collectifs anti-mafia, où de nombreuses femmes militent pour la première fois comme moi, c’est de mobiliser et d’amener à une vraie prise de conscience. On n’a jamais autant parlé qu’aujourd’hui et déjà, cela permet de lever un tabou puissant. » Parler. Refuser l’impunité. Demander à ce que les auteurs de pressions, d’exactions, de magouilles et d’assassinats soient désignés et condamnés. S’exposer aussi aux regards parfois
“Bien sûr que garder le silence m’a traversé l’esprit, comme tant d’autres qui ont rejoint les collectifs. Mais qu’on parle ou qu’on se taise, la peur est là. Alors autant parler que devoir enterrer ses amis en se taisant.” Sonia Battistelli, 29 ans, membre du collectif anti-mafia Massimo Susini
soupçonneux. Pas simple dans le village où vous avez grandi, dans le quartier où vous vivez en ville. Gaétane Jeanneau, 21 ans, en service civique dans un collège en Corse du Sud comme Larenzapia Capodimacci, 20 ans, employée dans un salon de coiffure, sont de toutes jeunes adhérentes du collectif Massimu Susini, comme le sont aussi leurs mères. Les deux cousines, originaires de Cargèse, en sont conscientes : « Je sais que dans mon village, certains ne vont plus me parler parce qu’ils ont peur des représailles de mafieux en étant vus avec moi, assure la première. Mais j’ai envie de convaincre les jeunes de nous rejoindre. Plus on sera nombreux, plus on aura de poids. Beaucoup se voilent encore la face et pourtant, dans ma génération, nous partageons le même sentiment d’insécurité, en nous disant qu’on peut à tout moment être pris dans un règlement de compte ou une fusillade quand on se retrouve à une terrasse ou dans la rue. Mon avenir est ici, en Corse, ce n’est pas la mafia qui m’en fera partir. Mais ce n’est pas normal, à 20 ans,
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REPORTAGE
d’avoir peur de rester chez soi à cause de pressions ou de menaces selon qui on est, qui on connaît ou ce que l’on dit. Massimu faisait en sorte que les jeunes se sentent en sécurité au village et ne tombent pas dans la délinquance qui nourrit l’univers mafieux. Il dérangeait. » Être une fille, une femme, ouvertement opposée aux bandes du crime organisé, « c’est aussi penser qu’on est une cible facile pour les mafieux », estime Larenzapia. Elle refuse de se laisser intimider. « Je suis une fille, je suis jeune et malgré cela je veux montrer mon courage. J’espère que cela incitera d’autres jeunes filles à le faire. Et des garçons ! C’est une démonstration de pouvoir de s’attaquer aux bandes mafieuses. Il faut l’être, courageux, si l’on veut vivre libres. Or, là, je ne me sens pas libre. Dans un climat d’insécurité grandissante, ce n’est pas vivable. » Ce que les deux jeunes filles attendent ? « Que la justice et l’État se bougent avant que cela n’empire encore et que les organisations mafieuses ne deviennent encore plus puissantes ici. Nos collectifs sont tout récents, ils donnent aussi le signal aux citoyens qu’il est temps de parler sans peur que cela ne se retourne contre eux. » Pour la Bastiaise Céline Bourbousson, 31 ans, docteure en sciences de gestion et enseignante à l’université Pascal Paoli, la lutte anti-mafia 2.0 en Corse est révélatrice des combats sociétaux transversaux actuels, à la croisée des chemins entre les aspirations à la défense de l’écologie, de la démocratie participative et d’une économie plus sociale et solidaire. Les récentes prises de position citoyennes contre la violence rejoignent celles de la jeune femme au sein de l’association de défense de l’environnement U Levante, véritable « contre-pouvoir » et force d’opposition au bétonnage du littoral et de zones rurales sur l’île, autant de sources de profits juteux, de corruption ou de blanchiment d’argent sale. « Nous nous élevons contre l’accaparement du bien commun, sur cette terre où on peut tout construire et n’importe quoi, en toute impunité grâce à la connivence d’un petit milieu de puissants et d’élus, motivés uniquement par des valeurs financières au détriment du bien collectif. Nous faisons un travail de fourmi. La police de l’urbanisme ne dispose que de deux agents en Corse du Sud. Le manque de moyens dédiés est flagrant. » Un engagement écolo qui n’est pas sans risques. « Cela fait des années qu’U Levante, association totalement indépendante, fait l’objet de pressions, dénonce Céline Bourbousson. Une des adhérentes a eu sa maison plastiquée après avoir consulté des documents administratifs en mairie. Ce n’est pas totalement paranoïaque de supposer qu’il y a eu un lien de cause à effet. Le rôle de lanceur d’alerte ici est très difficile parce que cela peut être pris pour de la délation. » DES FEMMES CONTRE « LA CULTURE DU VOYOU »
Depuis des années, Marie-Françoise Stefani suit l’actualité judiciaire pour France 3 Corse, notamment au travers de son émission Ghjustizia. Elle est l’auteure d’Une famille dans la mafia (4), récit glaçant et bouleversant des liaisons mafieuses, entre pouvoir, argent et vengeances, qui ont dévasté la famille Manunta. Yves, le père, homme d’affaires, a été assassiné en 2012, quelques mois après que sa femme et sa fillette, âgée alors de 10 ans, ont été gravement blessées dans la fusillade qui visait la voiture familiale. Ce livre, sorti à l’automne, figure en devanture des librairies de l’île et participe à la prise de conscience citoyenne de l’infiltration mafieuse dans les rouages de la société. « Je sens un frémissement dans la société corse, conjointement à l’emprise grandissante d’une société opaque qui pénètre les systèmes économique et politique, ainsi que les institutions policières, explique cette spécialiste des affaires de banditisme. Cette guerre ne se voit
pas mais se joue ici et maintenant. Les mentalités changent, des voix, dont celles de femmes, s’élèvent publiquement contre les rapports de force instaurés par les réseaux criminels et cela, c’est nouveau. » Pour autant, la journaliste déplore que beaucoup versent encore dans « la culture de la fascination du mythe du voyou qui représente la force ». « On peut, par exemple, voir des jeunes traverser la rue pour serrer la main à un membre du banditisme se baladant sur le cours Napoléon à Ajaccio, raconte-t-elle. On peut laisser sa voiture ouverte à Ajaccio mais on tue des gens sur les trottoirs. C’est la tragique réalité. Certains n’ont pas hésité à tirer à la kalachnikov sur une enfant de 10 ans ! » Marie-Françoise Stefani n’oubliera jamais le témoignage de Carla-Serena Manunta, devenue adolescente, qui a raconté à la barre la peur, le sang, la douleur, et a osé désigner l’un des tireurs présumés. C’est la lettre poignante, écrite aux magistrats par le frère en exil de la jeune rescapée aujourd’hui âgée de 19 ans, qui constitue d’ailleurs le dernier chapitre du livre de la journaliste. On peut lire ces mots du jeune homme menacé (comme sa mère et sa sœur) : « Le courage a un nom et un visage en Corse : c’est Carla-Serena. » « IL EST ENCORE TEMPS D’AGIR »
Comme elle, d’autres visages, d’autres voix, d’autres courages osent désormais défier la loi du plus violent dans l’île de Beauté. « La création concomitante, pour la première fois, de deux collectifs anti-mafia de deux régions différentes, qui nomment “mafia” – mot qui n’existe pas dans le droit français – les réseaux criminels et perpétue, à la manière des associations anti-mafia en Italie, le souvenir des victimes innocentes est un signe notable, décrypte le politologue Fabrice Rizzoli. Il y a eu trop de victimes innocentes assassinées en Corse, on les oublie et cela alimente un consensus social en faveur des gangsters. D’où l’importance fondamentale du combat contre l’impunité et de la parole de ces collectifs qui perpétuent le souvenir des victimes. La Corse compte à elle seule le taux le plus élevé en France de gendarmes et de policiers. Longtemps, ces derniers ont été utilisés pour lutter contre le nationalisme au détriment de la criminalité en bandes organisées, qui va du racket aux pressions, en passant par le blanchiment, le détournement de fonds publics et la corruption. C’est scandaleux, on a acheté la paix sociale. Protéger le citoyen contre les professionnels du crime en Corse n’a jamais été une priorité des gouvernements successifs. Au sein de Crim’ALT, nous demandons l’usage collectif des biens mafieux confisqués, ce qui permettrait aux citoyens d’avoir un vrai rôle proactif. Les deux collectifs anti-mafia ont raison : il est encore temps d’agir. Le seul frein est que l’État ne fasse pas sa part. » Et continue sa politique de l’autruche dans un territoire qui compte le plus grand nombre de voitures blindées par habitant et 375 homicides en vingt ans. Sur les hauteurs de son village balayé par le libbecio, le vent violent qui traverse son île, Sonia ne dit pas autre chose. « C’est lunaire, ce qui se passe ici, s’exclame la jeune femme. Ce territoire a tellement de potentialités, de ressources, on ne peut pas rester otage de bandes mafieuses au XXIe siècle ! » À l’instar de Vannina, Céline, Larenzapia et Gaétane, et d’autres de plus en plus nombreux, elle veut y croire : « Nous ne sommes qu’au début du mouvement. » 1. Mafia non, la vie oui. 2. crimhalt.org 3. Éd. Tim Buctu. 4. Éd. Plon.
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1. Vannina BernardLeoni, directrice de la Fondation de l’université de Corse, à Corte, et membre du collectif Maffia Nò, a vita Iè. 2. La roche méditerranéenne autour du golfe d’Ajaccio. 3. Céline Bourbousson, docteure en sciences de gestion, milite à U Levante, association de défense de l’environnement.
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“Je suis une fille, je suis jeune et malgré cela je veux montrer mon courage. (…) C’est une démonstration de pouvoir de s’attaquer aux bandes mafieuses. Il faut l’être, courageux, si l’on veut vivre libres.” Larenzapia Capodimacci, 20 ans, employée dans un salon de coiffure
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découvrez le massage « quatre éléments », une exclusivité Maxx Royal. Après votre soin, détendez-vous dans une salle de repos spécialement conçue à cet effet et rechargez vos batteries avec un cocktail détox ou un thé rafraîchissant. UNE CUISINE DE HAUTE VOLTIGE AVEC ALFREDO RUSSO
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Vous ne pouvez plus vous passer de l’expérience exclusive Maxx Royal ? Bonne nouvelle : un troisième complexe ouvrira ses portes en 2022, dans la ville animée de Bodrum, avec le luxe et le service de qualité supérieure qui caractérisent Maxx Royal.
FILIPPO FIOR/IMAXTREE.COM (X2). COURTESY OF CECILIE BAHNSEN/IMAXTREE.COM. ALESSANDRO LUCIONI/IMAXTREE.COM. DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM
L’IMPORTANT, C’EST LE ROSE Ci-dessus, de gauche à droite, collections printemps-été 2021 Blumarine,
Chloé, Cecilie Bahnsen, Chanel et Isabel Marant.
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LA PANOPLIE
COOL CHIC
Casquette de sport et chaussures de trek décontractent cette élégante tenue de ville qui emprunte ses codes au vestiaire masculin.
Réalisation Julie Cristobal et Linda Heynderickx
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1. UN JEAN USED En denim Comptoir des Cotonniers, 135 €. 2. UN BLAZER À CARREAUX En laine Miu Miu, 2300 €. 3. UNE CHEMISE RAYÉE En coton Gant, 110 €. 4. UNE CASQUETTE DE BASEBALL En piqué Fred Perry, 50 €. 5. UNE BESACE À CHAÎNE Sac Brioche, en cuir d’agneau Longchamp, 690 €. 6. DES DESERT BOOTS Pampa Hi Original, en toile Palladium, 80 €. 7. DES SOLAIRES BLEUES En métal et acétate Paul & Joe Eyewear, 174 €. 8. LA BONNE SILHOUETTE Veste en coton mélangé Caroll, 160 €. Chemise en coton I.K.K.S., 125 €. Jean 501 Crop, en denim Levi’s, 109 €. Ceinture en cuir végétal Aline Schmitt, 110 €.
COURTESY OF CELINE/IMAXTREE.COM. THIERRY LEGAY (X8). PRESSE. MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.
Collection Celine par Hedi Slimane printemps-été 2021
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LISI HERREBRUGH ET RUSHEMY BOTTER
BOHÈME ROMANTIQUE
LE SENS DE LA MODE SELON
Ici et ci-dessous : collection Nina Ricci printemps-été 2021.
LA PANOPLIE
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Du bleu azur et de la dentelle fine pour apporter un peu de tendresse dans un monde de matières brutes et d’accessoires aux motifs artisanaux. Réalisation Julie Cristobal
et Linda Heynderickx
Avec leurs couleurs vibrantes et leurs coupes qui s’affranchissent élégamment des genres, les créateurs font chez Nina Ricci le pari de l’optimisme. Leur énergie fait un bien fou. Rencontre.
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Par Louise des Ligneris
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Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh.
Chez Nina Ricci, vous créez pour la femme. Chez Botter, pour l’homme. Sentez-vous de grandes différences entre les deux genres ?
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À nos yeux, masculin et féminin sont assez proches. Nous laissons les deux genres interagir. Chez Botter, on aime questionner la masculinité en ajoutant des codes féminins. L’élégance est non genrée. Chez Nina Ricci, on apporte des notes masculines. Dans l’imaginaire, la femme Nina Ricci est une bourgeoise, romantique et féminine. Notre challenge était de lui amener plus de complexité. R.B. : Et une touche moderne, avec de l’humour. L.H. : Par exemple, en 1973, Nina Ricci présentait une collection avec des mannequins aux côtés de bodybuilders. Elle pouvait avoir cet esprit décalé. L.H. :
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Votre dernière collection s’inspire de L’Air du Temps, le parfum signature de la maison. Justement, que vous inspire l’air de notre temps ?
Collection Dior printemps-été 2021
L.H. : C’est difficile de se sentir entièrement libre. L’histoire de cette marque a commencé dans les années 30. Nous nous imprégnons de l’univers Nina Ricci pour y apporter notre touche moderne. C’est un exercice plus intéressant qu’avoir une totale liberté. C’est une sorte de défi personnel d’amener Nina Ricci et son héritage vers une nouvelle direction qui est la nôtre.
PRESSE. MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.
En évoluant désormais au sein d’une grande maison, vous vous sentez libres ?
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IMAXTREE.COM. THIERRY LEGAY (X11).
RUSHEMY BOTTER : Nous nous sommes rencontrés il y a plus de vingt ans, lorsque nous étions enfants. Nous habitions dans deux villages voisins. Le grand frère de Lisi était mon meilleur ami, il l’est toujours d’ailleurs, alors j’allais souvent jouer chez eux. Quelques années plus tard, nous prenions le même bus pour aller à la fac et nos chemins se sont à nouveau croisés. LISI HERREBRUGH : Nous avons ensuite étudié la mode dans deux écoles différentes, mais cette passion commune nous a liés. Pour ma part, à l’Amsterdam Fashion Institute (AMFI), j’étudiais des aspects techniques. Rushemy m’aidait sur tout le côté créatif, comme par exemple la conception de motifs. En réalité, on travaille ensemble depuis que nous sommes étudiants. R.B. : Durant ces années d’études, nous avons vécu en Belgique et nous y avons lancé notre marque, Botter. Dans notre petit atelier, on a véritablement commencé à créer en duo et à participer à des concours.
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LEON MARK. COURTESY OF NINA RICCI (X2).
Votre couple créatif est hyper-complice car vous avez véritablement grandi ensemble. Quelle est l’histoire de votre rencontre ?
L.H. : Les évènements de l’année furent éprouvants. Face à cette négativité, on s’est tourné vers ce parfum que la marque a créé en période d’après-guerre. Avec cette collection, nous voulions transmettre des émotions positives. Bien sûr, beaucoup de drames éprouvent notre quotidien. Mais au travers de la mode, nous avons voulu porter un message d’espoir. R.B. : Ce n’est pas naïf. Nous sommes réalistes quant à la gravité de la situation. Mais nous avons fait le choix d’être positifs car c’est ce que nous sommes avant tout. L.H. : Au milieu du chaos, un état d’esprit joyeux peut éventuellement faire un peu de bien.
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1. UNE BLOUSE EN DENTELLE À VOLANTS En coton Kocca, 125,80 €. 2. UNE BAGUE CISELÉE En or jaune avec des diamants taillés verticalement Laurence Vandenborre, 1790 €. 3. UN CABAS EN RAPHIA Tressé Sessùn, 125 €. 4. UNE CHEMISE SANS COL En coton Paul & Joe, 340 €. 5. UNE B.O. À GRIGRI Aravinda, en argent plaqué or Tityaravy, 145 €. 6. UNE BAGUE MINÉRALE En argent plaqué or et pierre de synthèse Ti Sento Milano, 99 €. 7. UN PENDENTIF CŒUR En acier rosé avec un petit coeur nacré Twice as Nice, 29 €. 8. DES SANDALES À FRANGES En suède Heart Mind x Frida, 129 €. 9. UNE MINIJUPE EN PEAU En cuir d’agneau couleur cognac Prada, 1500 €. 10. UN FOULARD FLEURI En twill de soie Comptoir des Cotonniers, 75 €. 11. LA BONNE SILHOUETTE Chemise sans manches, sur une chemise à manches longues en popeline de coton AMI, 240 € et 220 €. Minijupe en cuir artificiel Edited, 59,90 €.
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ACCESSOIRES
STUDIO 54
LE TON EST BON
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TENDANCE
MOODBOARD
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1. Boucles d’oreilles Saint Laurent par Anthony Vaccarello. 2. Brassière Nué Studio. 3. The Disco Files
1973-1978 : New York’s underground, week by week, de Vince Aletti, éd. Distributed Art Publisher, 2018. 4 et 5. Défilés printemps-été 2021 Burberry et Paco Rabanne. 6. Diana Ross, le 16 juillet 1975, à Los Angeles. 7. Tunique 16Arlington sur matchesfashion.com 8. Sac Christian Louboutin. 9. Parfum I Want Choo de Jimmy Choo. 10. Sandale Aquazurra.
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ASSISTANTE STYLISME MANON BALTAZARD.
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COURTESY OF PACO RABANNE/IMAXTREE.COM. D.A.P.
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PRESSE (X6). HARRY LANGDON/GETTY IMAGES. COURTESY OF BURBERRY/IMAXTREE.COM.
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De haut en bas Mules The Band, en cuir Bottega Veneta, 590 €. Pochette Flamenco Ondas, en cuir plissé Loewe, 2 600 €. Sac Jackie 1961, en cuir Gucci, 1 400 €.
Entre sequins, paillettes et lamé de diva disco, un fantasme de boule à facettes vient se balancer au plafond de nos quotidiens contrariés. Réalisation Agathe Gire
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STYLE
Un sac seau accordéon vert mousse, une besace à fermoir lilas et des mules jaune paille : les coloris tendres vont décidément bien à la saison ! Photo et set design Mélissa De Araujo Réalisation Anna Quérouil
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PEOPLE
LES MANCHES BALLON
SUR LE FIL INSTA DE
COME-BACK
Des élégantes de la Belle Époque aux années Palace, de la princesse Diana à Joan Collins, elles furent la marque d’une certaine aristocratie… de l’exubérance. Elles reviennent cette saison, comme un appel à la fin de l’austérité. Par Louise des Ligneris
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STYLE
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JILL KORTLEVE
Sur les podiums, elle est l’une des mannequins les plus influentes du moment. Sur son compte, cette Néerlandaise de 27 ans met sa notoriété au profit des combats qui lui tiennent à cœur : la diversité, l’inclusion et la cause des femmes. Sans oublier d’être drôle.
2020
Par Louise des Ligneris
SES HUMEURS
« Tu es forte, tu es une chanson de Kelly Clarkson, tu assures. » Grande fan de mèmes décalés issus de la pop culture, Jill Kortleve publie régulièrement ces images virales pour décrire son humeur du jour. Ici, parmi ses favoris, les bonnes paroles de Jonathan Van Ness, l’expert en relooking de l’émission Queer eye.
SES PENSÉES FÉMINISTES
« Au lieu d’attaquer les filles sur leur physique, apprenez plutôt aux garçons que les filles ne sont pas des objets sexuels !!!! » Pour un avenir plus égalitaire, voilà un message clair et ponctué avec conviction que la jeune femme a tenu à partager avec ses deux cent mille abonnés.
Défilé Isabel Marant printemps-été 2021.
C’EST L’UNE DES FEMMES QUI A MARQUÉ L’ANNÉE : à travers la série The Crown, la princesse Diana a animé les passions, toutes générations confondues. Instagram compte désormais près de 1,5 million de photos sous le hashtag #Diana et ses looks sont même compilés sur des pages dédiées telles que @ladydirevengelooks. À son arrivée à la maison Windsor, ce sont les manches bouffantes qui dominent sa garde-robe, aériennes pour une allure d’inspiration victorienne. Après sa séparation d’avec le prince Charles, ses tenues se feront fatales et streetwear. À l’image de Lady Di, la manche bouffante est ambivalente : portée sur une blouse en popeline, elle dessine les contours d’une féminité bourgeoise et ingénue. Mais sur Joan Collins époque Dynastie (photo), elle se fait outrageusement bling-bling. Et puis, rehaussée d’épaulettes ou de sequins et déclinée en volumes extravagants, elle devient festive. En 2016, les manches ballon sont devenues la signature de la créatrice Batsheva Hay. Avec ses longues robes et une esthétique XIXe siècle, l’Américaine mélange les références religieuses, hippies et vintage. Cette saison, Isabel Marant les associe à des épaules larges et une taille ceinturée pour une silhouette conquérante, quand Rokh les revisite plus transgressives en latex et Dior plus folk en résilles délicates. Bref, c’est reparti pour un tour de mode en ballons.
SES COUVERTURES FORTES
États-Unis, France, Japon, Pays-Bas : Jill Kortleve a déjà fait la une de nombreuses éditions internationales de Vogue. Découverte sur les podiums en 2018, la mannequin d’origine néerlandaise, surinamienne, indonésienne et indienne incarne la nouvelle garde du mouvement « body positive ».
INSTRAGRAM.COM.
Joan Collins dans Dynastie.
BOB D’AMICO/WALT DISNEY TELEVISION/GETTY IMAGES. DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM.
SON PREMIER DÉFILÉ CHANEL
Mars 2020. 1,75 m, taille 40 : Jill Kortleve fait un passage très remarqué lors du défilé Chanel. Et pour cause, voilà dix ans que la maison n’avait pas fait défiler un top « real size » – la taille 40 étant pourtant la plus portée par les Françaises selon l’IFM. En légende, la jeune femme qui combat les diktats mode se réjouit de cet évènement symbolique.
SA NATURE ÉPICURIENNE
SON « ICÔNE DE STYLE »
Alors que le Covid-19 a durement touché New York et après deux mois de sobriété, Jill Kortleve – qui se fait appeler Jilla Tequila – immortalisait sur Instagram son premier apéritif entre amis : avec modération, et en respectant les consignes de distanciation sociale.
La diffusion de la nouvelle saison de The Crown a vu Instagram se passionner pour Lady Di, preuve que le sens du style de la princesse continue d’influencer les jeunes générations. La top a même réalisé une compilation de ses looks iconiques.
ENTRETIEN
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ANA GIRARDOT
L’ÂGE DE GRÂCE Elle dit que les mots l’effraient parfois. Et qu’à l’écran, les rôles “pleins de gestes” la libèrent de cette peur ancienne. La comédienne, une enfant de la balle dont on a découvert cet automne le pouvoir comique dans la série La flamme, sera prochainement à l’affiche du film 5ème set, et vient de passer derrière la caméra pour sa première réalisation. Un court métrage où il lui a fallu tout prendre à bras-le-corps. Un rôle “grisant”, nous avoue-t-elle. Rencontre.
Blouson, pull et jupe Courrèges.
CRÉDITS
Par Loïs Flayac Photos Julien Mignot Réalisation Agathe Gire
Ana Girardot manie le verbe avec grâce, qu’elle vous raconte à quel point son métier la transporte, elle qui, de Fabrice Gobert (1) à Cédric Klapisch, s’érige en actrice incontournable depuis une décennie, ou qu’elle devise sans langue de bois sur son pedigree d’enfant de la balle : la filmo de son père, Hippolyte Girardot, est longue comme le bras, tandis que sa mère, Isabel Otero, fait florès dans les séries policières. Alors creuser son propre sillon, confie-t-elle à demimot, n’a pas toujours été simple. La peur de décevoir, l’angoisse qu’on la compare, l’ont longtemps habitée. Mais depuis quelques mois, tout s’est étoffé dans sa vie d’artiste. Dans la série La flamme (2), parodie hilarante de Bachelor, téléréalité phallocentrique des années 2000, on l’a découverte très comique. Dans 5ème set (3), prochainement en salle, elle révèle une palette virtuose d’expressions. Et dans Venise n’existe pas (4), le court métrage qu’elle vient de réaliser, elle dévoile tout un pan fantasque de sa personnalité. Quant à sa vie intime, elle a pris un nouveau tour avec la naissance, en décembre dernier, de son fils
Jazz, prénom flamboyant dont les sonorités l’enchantent – « J’espère juste qu’il ne va pas me le renvoyer à la figure quand il aura 15 ans ! » Entretien avec une artiste singulière, dont l’esprit nous ravit. 2020, si peu riante, a été ponctuée pour vous d’heureux évènements : premier enfant, premier court métrage en tant que réalisatrice… Comment la regardez-vous, cette année passée ?
J’ai l’impression que 2021 démarre de façon presque pire, alors je me dis : oh 2020, finalement, pas si mal ! Cette année-là nous a appris que, du jour au lendemain, toutes les cartes pouvaient être rebattues, tous les compteurs remis à zéro, ce qui pour moi, à 30 ans et quelque, est très flippant. Que vont devenir les rêves de cinéma les plus fous que j’ai échafaudés à 20 ans ? Mais j’ai aussi constaté, confrontée aux confinements, que ma créativité avait d’autant plus bouillonné : je me suis plongée dans l’écriture, le dessin, et me suis aperçu que j’avais en moi tout un monde qui me nourrissait malgré tout. Hyper-
rassurant ! Alors, je me suis motivée pour réaliser mon court métrage avant d’accoucher. Même si on m’a beaucoup dit :« Ça va coûter trop cher », « En temps de Covid, oublie ! », il fallait que j’accomplisse ce travail personnel pour pouvoir avancer. De quoi est née cette envie de réaliser ? Est-ce parce que le métier d’actrice ne répond pas pleinement à vos désirs d’expression ?
J’adore être actrice, mais sur un tournage, il y a plein de moments où je suis assise sur ma chaise à attendre mon tour, à regarder tout le monde s’affairer et à me sentir inutile. Alors, je sais que c’est fait pour que je me concentre, que je puisse délivrer ensuite pleinement mes émotions, que c’est pour ça que tout le monde est aux petits soins avec les acteurs… Mais quand même, dans ces moments-là, on aimerait prendre part à la créativité ambiante. En tant que réalisatrice, j’étais sur tous les fronts – régler les problèmes financiers, gérer le transport des caméras, prendre soin de mes acteurs – et c’était très grisant.
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TÊTE-À-TÊTE(S)
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ENTRETIEN
Votre court métrage a Venise pour cadre. Que vous permet de raconter cette ville ?
Avant de la découvrir il y a cinq ans, j’avais en tête une Venise très cliché – une ville de gondoles et de demandes en mariage. Et puis je m’y suis perdue, la nuit : elle m’est alors apparue inquiétante, mystérieuse, fantastique et a révélé quelque chose de sauvage en moi. Mon film parle d’une fille en voyage à Venise qui attend de son compagnon qu’il la demande en mariage. Elle pense que c’est à travers lui que sa vie va commencer, comme dans ces contes de fées où débarque un prince charmant grâce à qui l’on devient femme. Sauf que mon film dit qu’on peut se déclarer reine de sa propre vie, sans que l’amour d’un homme en soit forcément la condition. Il y a une patte romantique et fantasque dans votre film. Qu’est-ce que ça dit de votre cinéphilie ?
Je suis une inconditionnelle de Fellini, Lynch ou Varda, qui se sont permis de faire vivre totalement leurs fantasmes à l’écran. En tant que comédienne, j’ai plutôt fait des films naturalistes, une image dont je suis un peu prisonnière. Pourtant, j’ai de grandes envies de fantaisie. Et de comédies, aussi : je rêvais secrètement d’un projet avec Jonathan Cohen et paf ! vœu exaucé, il m’a proposé de jouer dans sa série La flamme. On a d’ailleurs découvert dans La flamme que vous pouviez être très drôle !
Ah, toutes ces années sans que vous le sachiez ! (Rires.) Ma meilleure amie m’a dit ça, aussi : « Enfin, les gens vont voir qui tu es ! » D’autant que je me reconnais pas mal dans l’humour jusqu’au-boutiste, absurde, cinglé, très Saturday night live de cette série. Et puis c’était jouissif de jouer la victime qui se prend des bâches en permanence. Elle me fait penser à la Thérèse du Père Noël est une ordure. Au casting de La flamme, il y a aussi, entre autres, Adèle Exarchopoulos, Leïla Bekhti et Géraldine Nakache, dont vous êtes proche. Avez-vous l’impression de faire partie d’une bande d’actrices trentenaires (ou presque, pour Adèle) ?
Adèle, Leïla et Géraldine forment une vraie bande, au point qu’au début, elles m’impressionnaient beaucoup. Un peu comme quand tu regardes les filles cool dans la cour de récré et que t’as envie d’en être. Alors, j’étais contente qu’elles m’accueillent si bien dans leur groupe. Mais sinon, je n’ai jamais été très bande.
J’admire d’ailleurs ceux qui ont ce truc-là et qui font de l’art ensemble. Moi, j’ai quelques copines comédiennes, comme Alice Isaaz ou Astrid Bergès-Frisbey, mais surtout beaucoup d’amitiés qui oscillent entre plein de pôles. À l’invitation des cinémas Dulac, vous avez écrit un texte pour dire combien le cinéma vous était essentiel. Vous y racontez ces dimanches avec votre mère à choisir les films, à poser la tête sur son épaule… Qu’est-ce qui fait de la salle de cinéma un lieu si sensoriel et sentimental pour vous ?
Aller au cinéma, pour moi, c’est un rituel porteur de sens, même quand j’y vais seule. On choisit sa place, la lumière s’éteint, le silence se fait… Ces moments de récréation intellectuelle n’existent pas face à l’écran d’ordi – d’ailleurs, je me bats avec mon mec pour qu’on éloigne nos téléphones quand on regarde un film. J’aime la façon dont la salle de cinéma te fait prendre tes distances par rapport à ta vie. Ado, j’étais mauvaise à l’école : j’avais peur des conseils de classe, de redoubler, de fâcher mes parents, alors le cinéma était ma seule poche de respiration. Comme un cocon moquetté de partout où je m’évadais.
que le réalisateur Quentin Reynaud nous a laissés vivre les scènes à notre guise. D’habitude, on doit rentrer dans un timing précis. Là, le rythme, c’était le nôtre. Alors, on a composé des gestes du quotidien, des chamailleries de couple, en laissant toute sa place à l’intuition. Dans ce film comme dans Bonhomme, de Marion Vernoux, où vous incarniez la petite amie d’un garçon priapique, c’est votre personnage qui fait que le couple tient, que tout roule, qui organise tout. Qui porte la charge mentale en somme…
J’ai peut-être ça aussi, moi, dans la vie. Comme beaucoup de mes copines, d’ailleurs. On anticipe tout, contrairement à nos mecs. On voit plus loin. Je sais, par exemple, que si on ne part pas dans 10 min pour la gare de Lyon, on va se prendre les bouchons et qu’on ne pourra pas attraper un café avant de monter dans le train. Mon mec, ça, il ne capte pas ! D’ailleurs, j’aime bien jouer ces personnages qui ont plein de gestes à accomplir, de choses à faire à l’écran, qui doivent exister physiquement. Ça me libère un peu du texte et des mots qui parfois m’effraient.
bossais bien. À partir de là, on a commencé à parler cinéma ensemble et à aimer ça. Quand vous regardiez vos parents jouer, vous vous disiez : “C’est ça que je veux faire” ?
Je ne comprenais pas trop leur métier. Mais j’aimais bien les tournages, surtout ceux de ma mère. Je restais silencieuse sur une chaise à écouter sa voix au casque : l’entendre si proche de moi me rassurait. Elle était la star d’une série qui s’appelait Diane, femme flic, et elle était la reine du plateau ! Tous les autres acteurs me disaient combien elle les avait accueillis à bras ouverts, combien elle était gentille… Alors moi, je la trouvais d’autant plus belle. Vous avez tourné deux fois avec Cédric Klapisch. Pourquoi, après Ce qui nous lie, l’avez-vous rejoint pour Deux moi ?
Venez un jour sur un plateau de Klapisch et vous comprendrez ! Tout le monde s’entraide, aime passer du temps ensemble, respire l’amour du cinéma… Et puis, plus Cédric vous connaît, plus il écrit des scènes qui vous correspondent : le plaisir qu’on prend à tourner avec lui, du coup, est toujours plus grand.
Qu’y a-t-il de si effrayant dans les mots ? Ça vous met en colère, cette relégation du cinéma au rang des choses non essentielles ?
C’est tellement terrible, absurde et ridicule. En allant faire mes courses de Noël en bus, j’ai probablement pris cent fois plus de risques que dans un cinéma. Il me semblait qu’en France, les politiques avaient davantage de considération pour la culture, qu’ils la mettaient sur un piédestal, qu’elle faisait partie de ce qu’on revendiquait à travers le monde. Mais de la colère ? Non. Ce doit être les hormones de la maternité qui m’adoucissent. (Rires.) Comme quand je vous dis que 2020, finalement, n’était pas si mal. Peutêtre que dans quelques mois, je crierais à retardement : « Mais quelle honte ! » Dans 5ème set, vous formez avec Alex Lutz un couple de joueurs de tennis, où l’on sent, très subtilement, tout l’amour et l’exaspération qui circulent entre les deux personnages. Comment s’est construite cette alchimie entre vous ?
Alex, déjà, je l’admire énormément : il prend un tel plaisir à bosser comme un dingue et à utiliser les 24 heures de la journée ! Quand on arrivait au maquillage à 8 h du matin, lui, il avait déjà fait deux heures d’équitation. Si ça fonctionne si bien entre nous, c’est parce
J’étudie encore la question ! C’est comme s’il y avait un certain type de langage que je n’avais pas le droit de m’offrir. C’est peutêtre pour ça que je n’ai joué qu’une seule fois au théâtre à Paris… Le théâtre que vous avez étudié à New York de 18 à 20 ans était-il si différent de celui que l’on fait en France ?
Déjà, ces mots qui me font peur ici sont en anglais là-bas et ça change tout. Au lycée, à Paris, les théâtreux que je croisais me faisaient peur. J’avais l’impression qu’ils me regardaient de haut, à citer Molière et Marivaux à tout bout de champ, et qu’ils me prenaient pour une idiote. À New York, j’étais comme un poisson dans l’eau : on avait une approche sensorielle du texte qui me désinhibait. Et j’étais loin de tout, jugée par personne : rien de ce que je faisais ne rebondissait sur mes parents.
Dans Deux moi, votre personnage vit une rupture. Tout comme vous au moment du tournage. Ça veut dire que chez Klapisch, il n’y a pas de rôles de composition ?
Je me souviens, je disais à Cédric : « Je ne vais pas bien. » Il me répondait : « Tant mieux, c’est parfait pour le film ! » « Non mais je vais vraiment mal. » « Si, si, c’est super ! » Mais je crois qu’on a beau tout faire, ce que racontent les films finit toujours par nous rattraper. Il émane quelque chose de soi qui fait que l’on n’est jamais choisie par hasard pour un rôle : tôt ou tard, on devient le miroir de ses personnages. 1. Dans la série Les revenants, 2012. 2. De Jonathan
Cohen, Jérémie Galan et Florent Bernard, avec aussi Camille Chamoux, Doria Tillier, Vincent Dedienne… Sur Canal+. 3. De Quentin Reynaud, avec aussi Kristin Scott Thomas, Jurgen Briand, Quentin Reynaud... Prochainement en salle. 4. Avec Lou Lampros, Alexis Michalik, Arthur Giusi…
Il paraît d’ailleurs que votre père n’était pas très favorable à votre envie d’être actrice…
Lui, il aurait voulu que je fasse Sciences Po, histoire que je manie le verbe à la perfection. Je pense qu’il avait peur que je fasse ce métier-là par flemmardise. Mais quand j’ai eu un premier rôle dans un film qui est allé à Cannes, il s’est dit que, finalement, je
Ci-dessus Cardigan, débardeur et jupe Chanel. Coiffure Étienne Sekola/Marie-France Thavonekham Agency. Maquillage Gregoris/Calliste Agency.
“Ado, j’étais mauvaise à l’école, (…) j’avais peur de redoubler, (…) alors le cinéma était ma seule poche de respiration. Comme un cocon moquetté de partout où je m’évadais.”
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MOUS SUPERSTAR Si, pour un photographe, être publié dans les numéros mode de mars est un gage de succès, alors le photographe belge Mous Lamrabat est au summum de sa gloire. Ce mois-ci, ses images figurent en bonne place dans Vogue US, Vogue Arabia et Marie Claire Belgique. Dans son langage visuel, l’artiste combine le meilleur de ses deux mondes : les logos de créateurs et les hijabs. Une ode à l’Afrique, mais surtout une invitation à rester soi-même. Pour le reste ? Tout ira bien. Par Elspeth Jenkins Photos Mous Lamrabat
« Je veux une vie facile : pouvoir faire ce que je veux, dire ce que je veux et m’entourer de gens avec lesquels je peux être moi-même à 200 %. Je ne suis pas un “ asskisser ”. Parfois, un artiste me demande de shooter la couverture d’un nouvel album. Si je respecte cette personne, alors, c’est cool : ce job me donne autant de satisfaction qu’à elle. Si je ne la sens pas, je décline son offre. Car si j’accepte et que le résultat n’est pas en phase avec ce qu’elle a en tête, tout est fichu. En disant non, vous conservez le respect de cette personne. Je ne sais pas si mon style est une ode à la culture arabe ou simplement une manière d’être honnête avec moi-même. Ce qui est sûr, c’est que mon travail est en phase avec mon univers. Au début de votre carrière, vous imitez souvent quelqu’un que vous admirez. C’est normal. Styliste ou photographe, peu importe. Tout le monde passe par là. À un moment donné, cela ne fonctionne plus. Vous devez trouver votre propre identité. J’ai moi-même grandi entre deux mondes. Je pourrais vouloir mettre le monde arabe sur le devant de la scène, une manière de dire au reste du monde : “ Regardez, nous sommes créatifs. Nous avons tout à fait le niveau ! ” Je me souviens avoir visité une foire à Marrakech. J’étais accompagné d’un critique d’art belge. Je lui ai demandé ce qu’il pensait de l’art africain exposé. Sa réponse : “ Ce n’est pas mauvais pour l’Afrique. ” À ce moment-là, quelque chose s’est brisé en moi. Cela m’a fait mal de ne pas pouvoir “ être à la hauteur ”. Cet épisode a certainement contribué à donner à mon travail le visage qu’il a aujourd’hui. Bien
décidé à leur prouver quelque chose, je me suis entêté davantage. Mon crédo : soyez bon dans ce que vous faites et ils comprendront. Les marques et la mode m’ont toujours inspiré. Vers l’âge de 15 ans, mes amis et moi fabriquions nos propres chapeaux Nike. Si l’une de nos baskets était fichue, le logo se retrouvait sur un chapeau. Il ne nous fallait qu’une aiguille et du fil. C’est devenu une sorte d’obsession. Si on ne se débrouillait pas, on ne pouvait pas se permettre de porter des trucs griffés. Même quand aucun logo n’était visible, on reconnaissait tout. Prada n’avait pas de secret pour nous ! Les Africains sont très attachés au concept de marque. Le meilleur critique de mode est un Marocain ou un Africain. Si vous l’écoutez, il vous livrera le compte-rendu le plus drôle que vous ayez jamais entendu. Il ne sait pas ce que Louis Vuitton a créé la saison dernière, mais s’il voit un logo sur le vêtement, il va adhérer, c’est certain. » PHOTOGRAPHIE ENGAGÉE
« Heureusement, mes fans sont très ouverts d’esprit. Après les élections de 2019, on a appris qu’un Belge sur deux était raciste. Pour ma part, je cherche toujours à véhiculer des messages au travers de mes images. J’ai donc pensé que si une personne sur deux était raciste, j’allais balancer un vrai message raciste. J’ai réalisé une série d’images avec des chapeaux du KKK. Je ne voyais pas où était le problème. Je suis très ami avec la rédactrice en chef de Vogue Italia. Quand elle a vu les photos, elle m’a demandé d’attendre car elle voulait les publier.
L’inclusivité, c’est l’avenir.
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L’amour pour McDonald’s : le symbole le plus célèbre de l’Occident avec des fans jusqu’en Afrique.
“ Je suis inondé de messages de jeunes fans. Je dis toujours : Mous, c’est pour les enfants. ” Mous Lamrabat
Quand elles sont sorties sur le site du magazine, les premières réactions ont été très calmes, mais très vite, les États-Unis se sont réveillés. Ceux qui voulaient ma mort, c’étaient les Américains blancs qui se sentent coupables de leur propre passé. Des articles sont parus à ce sujet. J’ai été victime de messages haineux sur Instagram. Le magazine a lui-même été attaqué. J’ai reçu des critiques de la communauté afro-américaine, mais aussi le soutien de beaucoup de gens qui republiaient mes images. Les réactions de haine viennent de gens qui n’ont clairement pas compris mon message. Certains l’ont perçu, d’autres pas. La polémique a commencé vers 14 h et à 16 h, Vogue a enlevé les photos du site. Au final, quelque chose de positif est sorti de cette histoire. Un conservateur renommé basé à Londres a montré mes photos au Lagos Photo Festival, un rendez-vous incontournable dans le milieu. Comme cet homme est ultra-respecté, personne n’a osé le contredire et les photos ont obtenu l’attention qu’elles méritaient. Cela dit, je ne comprends toujours pas comment on me laisse publier mes images dans un magazine comme Vogue. Mon travail personnel a séduit et j’ai réussi à toucher des gens, mais je reste convaincu que 90 % des photographes sont meilleurs que moi. Pour moi, ce médium est une sorte d’échappatoire, une manière d’exprimer ma créativité. Je suis inondé de messages de jeunes fans. Je dis toujours que Mous, c’est pour les enfants, une référence à WuTang pour les plus jeunes. Aujourd’hui, j’ai reçu un message d’un jeune homme. Sur sa page Instagram, on retrouve de nombreuses photos que j’ai prises. Je lui ai répondu que sa page était, parmi toutes les pages Instagram, ma préférée. (Rires.) Beaucoup de jeunes soutiennent mon travail. Je pense que c’est important. Ils sont beaucoup plus généreux que tous ces blasés de la vie. Suite à mon expo Mousganistan qui s’est tenue à Sint-Niklaas, ma ville natale, les gens ont beaucoup parlé de moi. En Belgique, mais aussi dans le reste du monde. Mais si vous me demandez d’évoquer l’évènement le plus important de ma carrière, il a eu lieu il y a quelques années, lorsqu’un agent m’a appelé pour me demander si je pouvais transmettre des travaux récents. Il souhaitait mettre à jour mon portfolio. Comme je n’avais rien de bien à présenter, je me suis senti très frustré. J’ai donc décidé de faire une pause et j’ai commencé à voyager. À ce moment précis, j’ai délibérément arrêté de prendre des photos. Je me suis retrouvé au Maroc pendant quelques mois. J’ai décidé de faire mon truc à mon rythme. J’étais fauché et je n’avais rien, mais j’y ai cru tout de même. J’ai calmé mon comptable en lui disant que je voulais profiter de la vie pendant un moment. Je sentais que cette période de calme allait me changer. Heureusement, j’avais raison. Au bout d’un an, j’ai ressenti que quelque chose de fort se passait à nouveau. Ce genre de break, je le recommande à tout le monde. Mais personne n’ose. Les Belges achètent une maison à 16 ans et à partir de là, ils ont tellement de responsabilités qu’ils ne peuvent plus se distancer, même temporairement, de leur vie. J’en suis arrivé à un point où je commence enfin à gagner de l’argent. Maintenant, je peux acheter une maison l’esprit tranquille. »
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Photo Sénat © Dominique Duchesnes
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IL Y A PLUS DE CHOSES DANS LE CIEL ET SUR LA TERRE, HORATIO... (W. SHAKESPEARE) The noble Art of Seduction, Paul Kenens, 2019. Muze, jusqu’au 20 avril à la Galerie Artisjok à Lierre. galerijartisjok.com
CULTURE
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DES TABATIÈRES EN OR ET UN HANAP PERDRIX UNE CENTAINE D’ACCROCHEURS CONGOLAIS Voici cent ans, en pleine période coloniale, la ville d’Anvers est devenue propriétaire d’une collection d’art congolais. Aujourd’hui, le MAS montre la richesse et la diversité de l’art et des ustensiles classiques congolais. Quelles histoires se cachent derrière les objets et comment sont-ils arrivés ici ? Quelle était leur signification pour les peuples congolais? Le musée se penche également sur les contacts commerciaux entre l’Europe et l’Afrique, sur les façons dont les maîtres anversois ont dépeint les Africains et pourquoi les Congolais ont été exhibés aux foires mondiales. L’exposition analyse l’influence de la colonisation et des missionnaires sur les cultures congolaises et la façon dont les Africains percevaient les Blancs (mundele). Une manière d’apporter une contribution explicite au débat social actuel sur le passé colonial de notre pays.
Le musée anversois Diva présente, en collaboration avec le musée V&A de Londres, un certain nombre de chefs-d’œuvre de la célèbre collection Gilbert. À admirer pour la première fois sur le continent européen, un inédit ! Avis aux amateurs d’artisanat et d’élégance : la collection unique de Rosalinde et Arthur Gilbert est un véritable hommage aux objets magnifiquement conçus, pour la plupart à petite échelle et en métaux précieux. En plus de 40 ans, le couple britannique a collectionné près de 1000 chefs-d’œuvre européens d’orfèvrerie, tabatières en or, portraits en émail, mosaïques… du XVIe au XXe siècle. Une passion qui a abouti à une collection inégalée à ce jour. La commissaire Alice Minter : « Nous sommes extrêmement fiers de pouvoir présenter cette expo au Musée Diva pour la première fois. Après tout, Anvers est le lieu européen où l’art et les produits de luxe, comme les diamants, les bijoux et l’argent, se rencontrent depuis le XVIe siècle. La collection Gilbert s’inscrit parfaitement dans cette perspective. » Après Anvers, l’exposition voyagera en Asie et en Amérique.
BRUXELLES
BILY
Pour sa 6e édition, le parcours BILY (Brussels I Love You), qui mêle art contemporain et gastronomie, met à l’honneur les femmes artistes. L’occasion de (re)découvrir la capitale en poussant les portes de lieux connus ou inattendus (galeries, résidences d’artistes, etc.) Du 27 mars au 3 avril dans Bruxelles, brusselsiloveyou.com BRUGES
Nele Van Canneyt Par Étienne Heylen et Aurélia Dejond
Pour Binnenland, le premier projet de la série Mind the artist de Musea Brugge, la photographe Nele Van Canneyt a
Masterpieces in Miniature, Les trésors de la collection Rosalinde et Arthur Gilbert, du 5 mars au 15 août au Musée Diva, Suikerrui 17-19, 2000 Anvers, divaantwerp.be
parcouru les rues de Bruges pendant la crise du Covid, de jour comme de nuit. Elle dépeint de manière impressionnante le silence et le vide de la ville. Jusqu’au 25 avril à l’Hôtel Arents, museabrugge.be MORLANWELZ
Clovis et les Mérovingiens
Nous nous souvenons tous de Clovis dans nos livres d’histoire, conquérant de la Gaule et premier roi franc à avoir été baptisé. Cette exposition fait revivre l’ère mérovingienne avec plus de 350 artefacts originaux, provenant pour la plupart de champs funéraires. Jusqu’au 13 juin au Musée royal de Mariemont, musee-mariemont.be
BRUXELLES
Microplastiques, L’invisible devient visible
Une expo interpellante et nécessaire, créée par l’ONG de défense des océans et de leurs usagers, conçue en bord de mer et qui remonte à présent vers les égouts, pour éveiller les consciences sur l’impact des microplastiques sur la chaîne alimentaire et notre environnement. Glaçant. Du 10 mars au 20 juin au Musée des égouts, sewermuseum.brussels
@SOZYONE. PRESSE.
AGENDA
FAIRE VIVRE LES ARTISTES
COLLECTION ROSALINDE ET ARTHUR GILBERT, PRÊT DU MUSÉE V&A DE LONDRES.
Hanap perdrix, Neurenberg 1598-1602.
Homme européen avec chapeau de soleil et bâton de marche.
C’est une initiative originale imaginée par Dinédit, plateforme de l’art accessible qui vise à soutenir la culture grâce à des ventes solidaires entre plasticiens bruxellois et grand public. La risographie, impression mécanique venue du Japon, utilise des encres végétales, superpose les couleurs et permet d’imprimer les œuvres de 18 artistes bruxellois. Chaque risographie originale est signée et réalisée en format A4, son prix est de 30 €. Un coffret de 18 cartes uniques non signées (format A6) est également proposé pour 45 €. Une façon de mieux faire connaissance avec des artistes locaux et de les soutenir très concrètement, alors qu’ils sont rudement touchés par la pandémie – 80 % du montant leur est reversé. Les œuvres sont imprimées en collaboration avec le studio de risographie Frau Steiner situé à Bruxelles. Dinédit ffusion, 227 av. de la Couronne, 1050 Bruxelles, dinedit.be
100 x Congo, Un siècle d’art congolais à Anvers, jusqu’au 13 septembre au MAS, Hanzestedenplaats 1, 2000 Anvers, mas.be
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CULTURE
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LIVRES
VITE ET BIEN LA SURPRISE Le bureau des secrets professionnels, Tome 2, de Dominique Costermans et Régine Vandamme
ALAIN ZENNER
C’est l’ouvrage à lire absolument, alors que le télétravail est plus que jamais de mise et interroge profondément sur le sentiment d’inutilité, le manque de créativité ou, au contraire, sur la possibilité d’un nouvel épanouissement ou d’autres voies à explorer… Un livre exutoire et interpellant, qui compile des centaines de témoignages, heureux ou malheureux, recueillis pendant deux ans dans différents univers et permet d’entrevoir les coulisses du quotidien de chacun. Salutaire!
«NOMMER LES CHOSES EST CAPITAL»
Éd. Renaissance du Livre, 20 €. L’ÉCHAPPÉE
Ce matin-là de Gaëlle Josse
Qui n’en a pas rêvé ? Tout quitter, tout lâcher, changer de vie. Dans ce roman, succédant à Une femme en contre-jour, l’auteure nous raconte l’histoire de Clara, femme voulant vivre en plein jour ce qu’elle est et ce qu’elle veut être, refusant le corset rigide de ce travail qu’elle effectue pourtant si efficacement dans la société de crédit qui l’emploie. Mais plaquer son job et changer de vie, c’est aussi tout un travail… D’où l’utilité de cette chronique réussie d’une résurrection.
Balcon, distanciation sociale, quarantaine, masque… Voici un an que notre lexique quotidien est impacté par le Covid. Parce que la pandémie a son vocabulaire, Alain Zenner a décidé d’en récolter les termes pour mieux les comprendre et les transmettre. Témoin de cette nouvelle page de l’histoire, son dictionnaire du confinement rappelle à quel point les mots aident à mieux appréhender les maux.
Éd. Noir sur Blanc, collection Notabilia, 17 €.
LA PREMIÈRE PAGE
Par Aurélia Dejond
visioconférence plutôt qu’« en présentiel », eu égard au confinement. GEES Groupe d’experts en charge de l’« exit strategy », c’est-à-dire du déconfinement, institué par le gouvernement belge. D RAMAQU E E N Néologisme pour « Cassandre », utilisé par Maggie De Block, la ministre fédérale de la Santé de Belgique. SORTEZ COUVERTS « Sortez couverts !», répètet-on aux confinés. Il y a quarante ans, à l’époque de l’épidémie du Sida, cela s’entendait couverts par le bas. Aujourd’hui, c’est par le haut ! S K YPÉ RO – S K YPE R I N HA Selon le genre ou l’espèce : apéritif se partageant en rue d’un balcon à l’autre pendant le confinement, plus légitime que l’« apéro clando » ou « sauvage » réunissant des amis n’hésitant pas à braver le confinement.
Le dictionnaire ludique & érudit du confinement, éd. Luc Pire, 26 €.
L’HISTOIRE
Électrique et désabusée, Suzanne, qui n’est pas bête, préfère boire que réfléchir, et suivre ses intuitions plutôt que de se prendre la tête. Quand on est affublée d’un surplus de sensibilité, il faut bien l’éponger, comme une pinte de bière trop pleine. Ainsi va sa vie, de bar en bar à Paris, entre République et Bastille. Et dans le va-etvient d’un groupe à la jeunesse sans but, des amitiés de fortune et boulots d’infortune à la litanie des nuits approximatives et des amours bricolées. LE VERDICT
Ce premier roman – comme deux autres ouvrages cet hiver, Jour zéro de Stéphanie Braquehais (1) et Sans alcool de Claire Touzard (2) (voir p. 14) – brise le tabou de l’alcoolisme féminin. Résultat : une boisson pétillante et raide, tendance champagne-vodka. Des trouvailles d’expression, un style urgent et joliment brûlant. Derrière la soif d’alcool de Suzanne et ses copains, on sent une soif de vivre contrariée, une aspiration au bonheur qui n’est jamais très loin. Alors, dans ses nuits blanches à force de mousses bues cul sec en matant seule des films sur Arte ou en couchant avec X ou Y, trouvera-t-elle enfin la rédemption dans l’amour ? Eh bien, devinez. PRESSE.
WEBINAIRE Mot-valise associant les mots « web » et « séminaire », créé pour désigner toutes les formes de réunions interactives
de type séminaire faites via Internet généralement dans un but de travail collaboratif ou d’enseignement à distance ; néologisme pour séminaire en ligne. Technique de diffusion ou de partage des connaissances substituée pendant le confinement à l’enseignement en présentiel. STAYCATION Néologisme du confinement désignant une pratique appelée à se développer avec la décision de beaucoup de Belges de renoncer à des séjours hors frontières au bénéfice de destinations à la Côte ou dans les Ardennes, mais sans hébergement touristique : on parle de staycation – mot valise composé de stay home après une apocope et vacation (mauvaise traduction de holiday) après une aphérèse – lorsque « chaque jour, on fait une excursion différente à partir de chez soi ». DÉFÊTE Le contraire de la fête, une défaite en quelque sorte. Néologisme inventé par RTL-TVI le soir du 1er mai 2020 pour qualifier la célébration de la fête du travail par
PRESSE.
On aurait pu décider d’un « apérozoom » et de se « télésaluer », à défaut d’une interview en « présentiel », préférant éviter les « covidiots » sans masques ou qui ne respectent pas la « distanciation ». Mais en ce « lundimanche », on a fixé un rendez-vous téléphonique à l’ancienne, comme dans « le monde d’avant ». Et le débit est rapide. Pour Alain Zenner, avocat, le verbe n’a pas de secret. Passionné au point de s’être déjà mis à l’écriture d’un autre ouvrage, il répertorie les mots associés à la crise sanitaire. « Parce qu’écrire ce dictionnaire était une façon d’être acteur du “ lockdown ”, plutôt que spectateur. C’est érudit et ludique, on apprend en s’amusant, de 7 à 77 ans ! » Un livre dans lequel on picore au gré de l’alphabet, du hasard ou de l’humeur. Échantillon.
La vie consommée de Lucie Droga
1. Éd. L’Iconoclaste, 18 €. 2. Éd. Flammarion, 19,90 €. Éd. Denoël, 17 €.
LA PÉPITE Des harengs aux cerises de Régine Poloniecka
L’auteure, médecin encore engagée dans des causes humanitaires, publie à 84 ans ce recueil de textes insolites éclairés par la poésie du quotidien. Des harengs cuisinés par sa famille juive aux cerises qu’elle adore, des valises aux plantes, bagues, montres, ampoules et papier toilette, Régine Poloniecka, survivante du ghetto de Varsovie, nous raconte le présent le plus concret, où parfois affleure – discrètement – l’écho d’un passé douloureux. Un bric-à-brac savoureux, grâce à une générosité et un sens poignant de l’autodérision. Éd. Robert Laffont, 19 €.
LE CHOC Origine paradis de Thierry Brun
Derrière ce titre ironique se dévoile une histoire d’enfer, menée avec une rage froide par Thierry Brun, l’auteur talentueux de Surhumain et Ce qui reste de candeur, romans noirs, mais scintillants et profonds. Ici, son narrateur enfant voit ses parents se défenestrer main dans la main. Et, dans son parcours chaotique d’adulte plus tenté par la violence que par les pleurs, n’aura de cesse que de remonter à l’origine de ce drame fondateur. Une écriture ciselée dans la simplicité, directe, hypnotique. Éd. Hors d’Atteinte, 17 €.
Par Gilles Chenaille et Aurélia Dejond
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CINÉMA
EN SOLO, EN DUO OU EN TRIO
ON RECHERCHE CES FILLES
Créée par David E. Kelley, le célèbre producteur de Big Little Lies, Big Sky est une nouvelle série policière, en six épisodes, mettant en scène Ryan Philippe et Kylie Bunbury. Formant un duo de détectives privés à la recherche de deux adolescentes disparues dans les montagnes du Montana et probablement kidnappées, ils s’apercevront que d’autres jeunes filles ont, elles aussi, disparu dans cette région. Action et suspense garantis.
Duo en noir et blanc, trio en espagnol, quadrille en famille et passion à l’italienne, on vous a concocté un programme à découvrir seule ou à plusieurs.
Big Sky, de David E. Kelley, avec Ryan Philippe, Kylie Bunburry et Jade Pettyjohn, sur Disney +.
Par Joëlle Lehrer
ON LES SUIT
ON Y PASSE LA NUIT
Les Oscars seront décernés le 25 avril. Parmi les candidats à la statuette en or, Zendaya et John David Washington pourraient se placer un peu là. Dans Malcom & Marie, de Sam Levinson, ils s’adonnent à une joute verbale durant toute une nuit. Après une première où le film de Malcolm a reçu les compliments de « petits critiques de cinéma blancs », le couple va s’écharper dans la villa qu’on a leur a prêtée à Malibu. L’égo du jeune réalisateur black, les douleurs de sa muse, ex-toxico, le showbiz et les affres de la jalousie, tout y passe en plans rapprochés et en close-ups. On reprochera un peu trop de verbiage, mais cette œuvre en noir et blanc vaut le détour. Avec aussi un splendide morceau de James Brown dans la b.o.
Conçue par Alex Pina et Esther Martinez Lobato, les créateurs de La Casa de Papel, Sky Rojo est la nouvelle série espagnole que lance Netflix. Sur le même tempo follement dingue de la première série à succès, on suit trois prostituées prénommées Coral, Wendy et Gina dans leurs tentatives d’échapper à leur proxénète et au tueur à gages qu’il a embauché. Leurs aventures les mènent de Madrid aux îles Canaries. La première saison comporte huit épisodes et une deuxième saison est déjà en production. Pour fans de la Casa et de Tarantino. Sky Rojo, d’Alex Pina et Esther Martinez Lobato, avec Veronica Sanchez, Lali Esposito et Yani Prado, à partir du 19 mars sur Netflix.
ON LEUR DIT « OUI »
Et si, plutôt que de dire « non » à vos enfants, vous passiez toute une journée à accéder à toutes leurs demandes y compris les plus farfelues ? C’est le concept de Yes Day, une comédie familiale de Miguel Arteta. Entièrement filmée à Los Angeles, avec dans les principaux rôles, Jennifer Garner et Edgard Ramirez, cette journée pleine de « oui » va souder la famille comme jamais. Le film est l’adaptation du roman éponyme de Amy Krouse Rosenthal. Jennifer Garner a testé le « yes day » dans la vraie vie avec ses kids et c’est ce qui l’a incitée à faire ce film.
Yes Day, de Miguel Arteta, avec Jennifer Garner et Edgard Ramirez, à partir du 12 mars sur Netflix.
Malcolm & Marie, de Sam Levinson, avec Zendaya et John David Washington, sur Netflix. ON AIME À L’ITALIENNE
L’Ultimo Paradiso, de Rocco Ricciardulli, avec Riccardo Scamaccio, Gaia Bermanni Amaral et Valentina Cervi, sur Netflix.
ON VA À L’OUEST
Dans News of The World, Tom Hanks raconte de village en village des histoires de la vie avant la Guerre civile. Mais le Far West reste le Far West. Et il va connaître mille dangers pour sauver une jeune orpheline, élevée par une tribu indienne, et la rendre à son oncle et sa tante. Une épopée américaine signée par Paul Greengrass qui devrait être vue sur grand écran. News of The World, de Paul Greengrass, avec Tom Hanks et Helena Zengel, sur Netflix.
PRESSE.
Le cinéma indépendant italien vaut souvent le détour. L’Ultimo Paradiso, de Rocco Ricciardulli, s’appuie sur une histoire réelle. À la fin des années 50, dans un village du sud de la Péninsule, un fermier appelé Ciccio Paradiso tente de faire valoir les droits de ceux qui cultivent la terre et fabriquent l’huile d’olive face à ceux qui leur imposent des prix toujours plus bas. Et il se heurte à un propriétaire terrien, le puissant maire du village, qui ne veut pas que ce trublion réussisse et encore moins qu’il coure après sa fille… Amour, passion et huile d’olive...
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CULTURE
MUSIQUE
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ON ADORE La voix Celeste
virtuoses du violon et du violoncelle, faisaient part de gestes déplacés émanant d’autres collègues musiciens, de professeurs de conservatoire ou de chefs d’orchestre. Ensuite, ce furent une quarantaine d’employées et stagiaires du label Because Music qui s’unirent pour dénoncer les agissements sexistes et l’ambiance « sexualisée » au sein de leur entreprise. Elles obtinrent le licenciement pour fautes graves du directeur général. Dans d’autres grandes firmes de disques, les témoignages, le plus souvent anonymes, afflu ent également sur les réseaux sociaux. En Californie, le label indie Burger Records a dû, lui, carrément cesser ses activités après une vague de dénonciations pour faits d’abus et harcèlement sexuels. Et en Nouvelle-Zélande, l’ancien manager de Lorde a été mis à la porte du label Warner après que des accusations pour harcèlement sexuel envers plusieurs employées ont été mises au jour.
On l’a comparée à Billie Holiday, Aretha Franklin et aussi Amy Winehouse. Celeste possède une voix légèrement rauque et ne marche pas tout à fait sur les traces des précitées même si elle a appris leurs leçons. La Londonienne de 26 ans, née en Californie, passe pour la queen de la néo-soul british. Autrice, compositrice et interprète, Celeste propose un premier album où l’on découvre aussi son intérêt pour le jazz et la pop. Elle nous scotche par sa manière de dire ce qu’est (encore) un baiser dans A Kiss ou de créer un titre comme A Little Love qui a l’air de sortir tout droit d’une comédie musicale des années 50. Ce qui est sûr, c’est que cette jeune artiste ne vise pas le succès éphémère. Son talent a tapé dans l’œil d’Alessandro Michele, le directeur artistique de Gucci, qui l’a choisie comme égérie de ses dernières collections ainsi que du réalisateur Aaron Sorkin qui lui a proposé de composer la chanson générique de The Trial of the Chicago 7. Lorsqu’on lui demande quelles sont ses icônes, Celeste n’hésite pas à citer Édith Piaf et Joséphine Baker. Rien que des classiques. Not Your Muse, Celeste, Universal Music
ET EN BELGIQUE ?
Christine and The Queens
#MUSICTOO, ÇA BALANCE Le milieu de la musique a été plus lent que celui du cinéma à dénoncer les abus sexuels et moraux que subissent les femmes de cette industrie. Pourtant, en France, des collectifs ont commencé à s’organiser. Et leurs actions portent leurs fruits. Par Joëlle Lehrer
Soutenu ouvertement par des stars telles que Christine&The Queens et Taylor Swift, le #Metoo de la musique est, on le comprend, un mouvement qui, s’il a mis du temps à naître, va peu à peu se propager partout où la musique est organisée en business. Et où, comme le constatait récemment Camélia Jordana, il se trouve peu ou pas de femmes directrices artistiques. En Belgique, nous n’en connaissons aucune. Et aucune pour se trouver à la tête d’un gros label. Et aucune pour définir la programmation musicale d’un grand festival. Dans notre pays, on attend encore que les langues se délient pour rejoindre le hashtag #MusicToo. Chez Marie Claire Belgique, nous y serons attentives.
TALENTS BELGES
ON LIT
PRESSE. CLOTILDE BILLIETTE. ISADORAGISEN.
Les Amazones de la chanson, Thierry Coljon, éd. Luc Pire, 160 p, 18 €, en libriaires le 4 mars.
ON RETROUVE
PRESSE.
On aurait pu croire que les choses s’en tiendraient au milieu du rap. Avec des faits divers glauquissimes où un Moha La Squale harcelait, violait et séquestrait des jeunes femmes et un Roméo Elvis accusé sur Instagram, par une fan, de ne pas garder ses mains dans les poches quand il le fallait. Puis, Placido Domingo, star de l’opéra, était accusé à son tour d’avoir harcelé plusieurs femmes. Et toujours dans le milieu de la musique classique, les sœurs Camille et Ju lie Ber thollet , jeunes
Thierry Coljon, journaliste au Soir et éminent spécialiste de la musique, s’est intéressé à la manière dont le mouvement #MeToo a influencé le répertoire des artistes de la nouvelle génération. Dans un li vre qu’il vient de publier, Les Amazones de la chanson, il a pu s’entretenir avec Christine and The Queens, Angèle, Cœur de Pirate et beaucoup d’autres. Le combat néoféministe n’interdit pas d’accéder aux hit-parades. Et ça marche aussi pour les garçons comme Eddy de Pretto et Pierre Lapointe.
An Pierlé, qui a célébré récemment les vingt ans de Mud Stories, son premier opus, se réinvente avec le An Pierlé Quartet. Un jazz pop élaboré où elle est, notamment, accompagnée par la clarinette de Koen Gisen, qui est aussi son compagnon dans la vie. Il n’est pas inutile de rappeler que An Pierlé est l’une de nos plus fabuleuses artistes. Son univers est toujours intrigant et fascinant. La facilité ne fait jamais partie de ses choix premiers. La surprise est toujours au rendez-vous. Wiga Wiga, An Pierlé Quartet, Werf/Kaap
ON APPROUVE
Imaina, mi-belge, mi-bolivienne, a la chance de posséder un physique qui colle à sa voix et vice versa. Sur son premier E.P., elle choisit de s’exprimer en anglais et sur des rythmes électro pop. Après avoir connu une relation sentimentale toxique, Imaina en a fait une chanson, Glass Box. Évidemment, elle a brisé la glace et retrouvé sa liberté individuelle et artistique. On est curieuses de connaître la suite de ses aventures musicales.
ON DÉCOUVRE
Il a choisi de se faire appeler Joane et pense que « la différence annonce la tendance ». Cet ancien candidat de The Voice Belgique est originaire de Charleroi et voue un culte à Zazie que l’on sent bien sur ce premier E.P. Avec Pierre Demoulin, aka Roscoe, le garçon aux cheveux longs signe Question de temps, un titre gentiment dansant. On espère que Joane nous fera profiter de morceaux plus catchy dans un futur proche. Cheveux longs, Joane, Blue Milk Records
Wounds, Imaina, Kartel
Par Joëlle Lehrer
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INTERVIEW
Le nouveau Balthazar est bien balancé et chaleureux, même s’il a été conçu en grande partie durant le confinement. Sand raconte, comme les précédents albums du groupe, des histoires de cœur et de mouvements. Rencontre avec le charismatique Maarten Devoldere. Par Joëlle Lehrer
On ne sait pas si les gars de Balthazar sont des gens pressés. Mais il faut reconnaître qu’ils savent comment ne pas perdre leur temps. Alors que Fever était sorti en 2019 et les avait entraînés dans une tournée européenne, quand ils sont rentrés chez eux, ce n’était pas pour se reposer. Ou presque pas. Maarten Devoldere, Jinte Deprez et leurs acolytes se sont remis au boulot. Et Sand, qui veut dire « Sable », ne les a pas emmenés sur un terrain mouvant. Bien que, par exemple, Maarten ait changé de lieu de résidence et d’amoureuse. J’espère que ce n’est pas trop personnel, mais pourquoi avez-vous choisi de quitter Gand et de vous établir à Bruxelles ?
J’avais déjà vécu à Bruxelles par le passé et le sentiment de vivre dans une grande ville me manquait. Mais j’ai déménagé durant le confinement et n’ai pas encore retrouvé tout ce que j’y aime. J’habite dans le centre, derrière l’Ancienne Belgique. Je suis près du boulot. Et vous avez Arno comme voisin célèbre…
Nous nous sommes déjà croisés plusieurs fois, mais il ne me reconnaît jamais. C’est un peu embarrassant. (Rires.) Sand arrive si vite après Fever, le précédent opus sorti en 2019 !
En fait, il était prêt encore plus tôt. Mais nous avons décidé de postposer de quelques mois sa sortie en raison de la crise sanitaire. On avait eu tellement de fun durant la tournée de Fever qu’on désirait refaire immédiatement un album. On a commencé à écrire les morceaux durant la tournée, mais la plupart des textes ont été écrits durant le confinement.
BALTHAZAR
«IL Y A TOUJOURS DES CHANSONS DE RUPTURES DANS NOS ALBUMS»
Pourquoi aller si vite ? Il n’y avait pas de pression…
ALEXANDER D’HIET.
CULTURE
CRÉDITS
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Disons qu’il y a toujours une pression intérieure, mais c’est vrai qu’il n’y en avait pas venant de l’extérieur. L’industrie de la musique n’apprécie pas tellement que les artistes fassent trop de disques dans des périodes rapprochées parce qu’il faut les promouvoir. Mais moi, lorsque je n’écris pas de chansons, je m’ennuie. Et alors, ma petite amie et mes amis trouvent que je ne suis pas très agréable. Donc, j’essaie d’être gentil et j’inscris l’écriture de chansons à mon programme quotidien. Je suis pragmatique et je sais que si je ne m’assieds pas à ma table de travail, la chanson ne se fera pas toute seule.
L’album est bien équilibré, chaleureux et vous y avez ajouté des éléments de R’n’B et de jazz. Comment vous est venue cette idée ?
Cela provient en partie des projets solos que nous avions, Warhaus explorait un peu le jazz, J. Bernardt s’aventurait dans le R’n’B… Nous voulions faire un album très vivant, mais à cause du confinement, il nous était impossible de nous réunir tous. On a donc travaillé de manière connectée et on s’est lancés dans plus d’électro. C’est un peu comme si la Covid était devenue le sixième membre du groupe. Donc, avec moins de possibilités et de libertés, vous avez trouvé une nouvelle manière de faire.
Vous savez, avec l’électronique et les ordinateurs, il y a tellement d’options possibles ! Mais cela peut être compliqué de trouver son propre son. J’avoue que j’aime assez l’idée d’être confronté à certaines limites dues à des facteurs externes. C’est « challengeant ». Quelle est l’histoire de Leaving Antwerp, l’une de vos nouvelles chansons ?
C’est une chanson de rupture à propos de Sylvie Kreusch, mon ex-copine qui vit à Anvers. Il y a pas mal de morceaux qui traitent de la séparation. Sur Fever, c’est Jinte qui vivait une rupture sentimentale et sur Sand, c’est moi. Donc, à chaque album, on traite de ça. Mais en y apportant la perspective d’un changement. Dans Losers, vous faites référence à Paolo Conte. Pourquoi ?
Je connais peu son travail, mais j’avais entendu une de ses chansons dans une série télévisée. Il chantait « Tra la la ». J’ai été impressionné par son charisme et la manière dont il ordonnait de simples syllabes. J’avais envie de rendre hommage à ce chanteur. Et dans ce morceau, je dis que comparé à Paolo Conte, je suis comme une fille qui chante devant son miroir avec sa brosse à cheveux en main à la place d’un micro. Vous n’avez jamais songé à faire des chansons dans une autre langue que l’anglais ?
Quand nous avons commencé, nous étions forcément plus jeunes et désirions conquérir le monde. Et nous avons grandi avec l’anglais. Donc, c’était naturel. Depuis, vous avez conquis la Belgique et une grande partie de l’Europe…
Oui, mais il reste encore quelques continents et donc des choses à faire. Nous n’avons jamais imaginé arriver aux résultats qui sont les nôtres. On en est très heureux. Avez-vous démarré une autre activité durant le confinement ?
J’ai commencé la méditation et le yoga. Ça m’aide à ne pas déprimer. Et autour de moi, j’ai vu que tout le monde se mettait au vélo. Sand, PIAS, sortie le 26 février.
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« On existe aussi ailleurs que dans le regard d’un homme. »
56 MAGAZINE TÉMOIGNAGES
FEMMES À SUIVRE
PASCALE RENAUX, directrice de création en lingerie et conceptrice de YES!, la collection post-mastectomie nouvelle génération pour Etam.
Visionnaires, déterminées, audacieuses : certaines femmes inspirent au point de devenir des références, voire de vrais modèles. Chacune, à sa façon, œuvre à l’émancipation de ses pairs. Quels que soient leurs engagements, elles font bouger les lignes, dans l’ombre ou la lumière. L’occasion, en vue de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, de mettre six femmes belges d’exception à l’honneur.
SE BATTRE AU NOM DE L’ÉGALITÉ, UNE ÉVIDENCE ?
Je préfère les mots équilibre et avantages, mais je ne me revendique pas féministe: je suis plutôt « solutionniste », toujours en quête d’alternatives pour avantager les femmes et impacter leur bien-être physique et mental. Aujourd’hui, les termes « body positivisme » et « inclusivité » se banalisent, mais quand j’ai débuté dans la mode, c’était loin d’être le cas. J’ai depuis toujours la volonté de casser les stéréotypes physiques et de mettre en avant les personnalités. Je suis « women friendly ».
Par Aurélia Dejond
L’APPARENCE PHYSIQUE, UN DIKTAT FÉMININ INDÉBOULONNABLE ?
On peut parler d’une prise de conscience générale quant à la représentation du corps féminin. Le sexisme au nom du sexy n’a plus la cote, c’est une réelle avancée. Quant à la lingerie, les femmes osent revendiquer le confort et le pratique, et non la sexy attitude à tout prix. On veut se plaire à soi, être bien dans son corps, on achète de la lingerie pour soi et pas uniquement pour un homme, on existe aussi ailleurs que dans son regard. On ose jouer sur différents registres.
« La pandémie est un grand révélateur des gigantesques inégalités. »
#METOO A DÉSTÉRÉOTYPÉ L’IMAGE DE LA FEMME OBJET ?
C’était latent, mais le mouvement a permis de briser des tabous : on montre des culottes menstruelles, du sang, des vergetures, des bourrelets... Jamais les diktats n’ont été bousculés de la sorte. Aujourd’hui, on peut oser être soi, quitte à déplaire. Ce courage-là est un vrai pas vers l’égalité.
VANESSA MATZ, Députée Fédérale (CdH), auteure de la loi contre le «revenge porn» et d’une proposition de loi qui vise à inscrire l’inceste dans le Code pénal en tant que crime à part entière.
« Comme maman solo, ma place dans la société n’est pas juste. »
SE BATTRE AU NOM DE L’ÉGALITÉ, UNE ÉVIDENCE ?
Oui. Je suis viscéralement attachée à la dignité irréductible de l’être humain et des publics fragilisés, dont font partie les femmes. Je lutte contre le recul de leurs droits, en matière économique, sociale, juridique ou en ce qui concerne la charge mentale, notamment : je cherche comment sanctionner ce qui peut l’être pénalement, mais également éduquer et prévenir, étapes cruciales dans le chemin vers plus d’équilibre entre le féminin et le masculin. Nous ne sommes pas si loin, malgré les avancées, je le constate notamment à travers les violences faites aux femmes, conséquences des inégalités entretenues pas la société. La Belgique manque d’une approche globale.
FLORENCE BLAIMONT, CEO du réseau d’entrepreneuses Wowo Community (Wonderful Women) SE BATTRE AU NOM DE L’ÉGALITÉ, UNE ÉVIDENCE ?
Wowo s’inscrit pleinement dans cette volonté d’aider les femmes entrepreneures. Je suis réaliste, les obstacles rencontrés dans un accomplissement professionnel sont terriblement liés au genre. Écarts salariaux, plafond de verre, sexisme ordinaire... Sur 10 CEO en Belgique, un seul est une femme ! Et la pandémie a creusé les inégalités, notamment parce que certaines mamans ne pouvaient pas gérer la pression familiale, l’intendance, les écoles fermées, en plus d’être au taquet sur le front professionnel. Certaines ne pouvaient même pas assister à une visioconférence tranquillement par manque de temps, d’espace... ou de soutien de leur partenaire, pour celles qui sont en couple.
DANS LE MONDE POLITIQUE, UNE FEMME = UN HOMME ?
Entre mes débuts comme mandataire communale à l’âge de 21 ans et aujourd’hui, on peut parler de réels progrès ! J’étais la seule femme, tous les hommes avaient l’âge d’être mon père ou mon grand-père, c’était loin d’être évident. Vingt-cinq ans plus tard, les femmes politiques ont réellement gagné en légitimité, mais on est loin du compte.
DANS L’ENTREPRENEURIAT, UNE FEMME = UN HOMME ?
On a énormément culpabilisé les femmes : « Pense à tes enfants », « Yu es trop ambitieuse », « Tu fais peur aux hommes »... Combien de fois n’ai-je pas moi-même été victime de ces jugements caricaturaux ! Ces représentations mentales restent ancrées en nous, s’en défaire n’est pas aussi évident. VOTRE PLACE DANS LA SOCIÉTÉ, COMME FEMME, EST-ELLE JUSTE ?
PRESSE.
VALENTIN BIANCHI.
ET DANS LA SOCIÉTÉ EN GÉNÉRAL ?
La pandémie est un grand révélateur des gigantesques inégalités : temps partiel, familles monoparentales, métiers de première ligne... ce sont le plus souvent des statuts exclusivement féminins. Je mesure toutes mes chances, notamment celle d’avoir pu me réaliser professionnellement.
Comme parent, non. Comme 80 % des femmes, je suis à la tête d’une famille monoparentale, nous manquons cruellement d’aide. Comme entrepreneure, j’ai réussi à faire ma place et je suis là pour aider les autres à voir grand. C’est plus simple à réaliser quand on est indépendante, car la sororité est réelle, alors que parmi les salariées, la concurrence est plus rude et fausse la donne.
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« Oser choisir, c’est ça, l’égalité, la liberté. » « L’alternance de genre au même poste est intéressante. »
SOFIE DUMONT, cheffe et entrepreneure digitale SE BATTRE AU NOM DE L’ÉGALITÉ, UNE ÉVIDENCE ?
Mon père a toujours été clair: ne jamais se laisser empêcher de faire quoi que ce soit sous prétexte qu’on est une fille et surtout ne dépendre de personne, homme ou femme. Ce credo m’a donné une vraie force, notamment quand j’ai osé postuler chez Wittamer pour y réaliser un stage qui a changé ma vie ! Je vais toujours de l’avant.
SOPHIE HELSMOORTEL, fondatrice de Cachemire Coton Soie et présidente du BEL (Brussels Executive Labels), vitrine du savoirfaire bruxellois
DANS LE MONDE DE LA GASTRONOMIE, UNE FEMME = UN HOMME ?
Il n’échappe pas au sexisme ni au machisme, même si la parole s’y libère comme ailleurs. J’ai eu mon lot de remarques et réflexions, d’autant que j’étais hyper féminine. Ça ne m’a pas freinée, ça m’a même endurcie. J’ai dû faire mes preuves encore plus qu’un homme, on me taxait de Barbie... mais Barbie était première de classe ! (Rires.) De longs ongles vernis n’empêchent pas de dépiauter un poulet. Le genre ne devrait pas impacter nos choix. Personnellement, j’ai eu ma fille tard, cela m’a permis de me consacrer pleinement à ma carrière. Aujourd’hui, j’ai trouvé le juste équilibre.
SE BATTRE AU NOM DE L’ÉGALITÉ, UNE ÉVIDENCE ?
À condition de se battre ensemble, femmes et hommes, pour une société plus bienveillante, où chacun a sa place. Même si la notion de parité n’est pas encore acquise en pratique, je constate une vraie évolution, notamment chez les quadras : les hommes sont impliqués dans la sphère quotidienne, les femmes qui ne sacrifient pas leur carrière sont nombreuses... ce sont des marqueurs prometteurs.
LA CUISINE AU QUOTIDIEN RESTE-T-ELLE LA SPHÈRE DES FEMMES ?
Énormément de femmes cuisinent tous les jours, mais ma communauté sur les réseaux sociaux, vrai baromètre sociétal, me conforte dans l’idée que les lignes bougent! Beaucoup de papas solos sont demandeurs de recettes à cuisiner pour et/ou avec les enfants. Les milléniaux sont hyper concernés, on peut distinguer de nouvelles masculinités à travers la notion même des repas. Cela me réjouit énormément.
DANS LE SECTEUR DU LUXE, UNE FEMME = UN HOMME ?
Pour moi, tout est affaire de compétences, je ne fais aucune différence entre une femme ou un homme. Tout est question de profils, chacun a ses atouts, qui qu’elle/il soit. Accéder à ce type de poste en étant uniquement régie par le besoin de reconnaissance ou d’une revendication quelconque serait stérile. Par contre, l’alternance de genre peut être intéressante: j’ai succédé à un homme, varier les profils peut être une valeur ajoutée.
« Les compétences devraient être le seul critère d’engagement. »
LA MODE PEUT-ELLE SERVIR L’ÉGALITÉ ?
Certains créateurs proposent des vêtements dégenrés, la mode colle à la société, peut libérer comme enfermer. #metoo a peut-être permis à certaines de se défaire des injonctions concernant le physique. A contrario, la très influente Kim Kardashian envoie une toute autre image des femmes... où est le curseur ? Croyez en vous, faites-vous confiance, osez être vous-même, c’est l’essentiel!
CHRISTINE DESCHRIJVER, trans, ingénieure chez Infrabel, ambassadrice Diversité, co-présidente cellule LGBTQI++ SE BATTRE AU NOM DE L’ÉGALITÉ, UNE ÉVIDENCE ?
Au nom de l’égalité et de la diversité, plus que jamais. Et encore plus dans mon cas, étant devenue officiellement une femme, tant sur le plan administratif que physique. Quant aux avancées, je suis mitigée : chez Infrabel, par exemple, sur 11 000 travailleurs, 1000 sont des femmes. La volonté de la direction actuelle de se battre pour plus de diversité me réjouit. Il ne faut évidemment pas engager des femmes uniquement au nom du genre, mais bien pour leurs compétences. On constate d’ailleurs un nombre grandissant de femmes à des postes élevés dans notre entreprise, c’est encourageant. Les compétences devraient être le seul critère, quel que soit l’univers professionnel.
PRESSE.
ET DANS LE MILIEU PROFESSIONNEL ?
Les chemins de fer ont une réputation machiste, ma transition de genre n’a pas été aussi facile. Quant au sexisme ordinaire, je le vis aussi. Aujourd’hui, j’ai récupéré mon statut d’être humain, c’est l’essentiel.
LAETITIA VAN HAGENDOREN.
COMME HOMME DEVENUE FEMME, QUE PENSEZ-VOUS DE LA SORORITÉ ?
Elle ne va pas de soi. Pour ma part, le souci est double : je suis agressée comme femme et également comme personne trans. Être femme, c’est être intrusée dans tout : la façon de s’habiller, d’occuper l’espace public, de prendre la parole... des droits et libertés essentiels ! Devoir réfléchir à la longueur de sa jupe ne devrait même pas être une question à se poser !
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MAGAZINE
PSYCHO
Comment le confinement m’a fait vriller SANTÉ MENTALE
Par Laure Marchand
ET SI LA PERTE DE L’ODORAT ET DU GOÛT, cette manifestation fréquente du coronavirus, était une métaphore de ce qu’il nous arrive ? s’interroge Nathalie. Un peu comme si la pandémie produisait le même effet sur nos existences que l’étouffoir sur des braises. Avec la distance imposée, les gestes barrières entravent les sens. Même la vision est escamotée, le masque nous prive des sourires, la buée sur les lunettes cache les regards… Les plaisirs sont rabotés, plus de grandes tablées. Et comment flirter ? D’ailleurs, en a-t-on seulement envie ? Vertiges d’une vie rétrécie, flétrie. Ce quotidien fade, avec l’incertitude comme seul horizon, fait déprimer ou angoisser nombre d’entre nous. « Quand j’ai compris que le deuxième confinement nous pendait au nez, j’ai ressorti une vieille ordonnance de Prozac et j’en ai pris directement, raconte une magistrate. J’ai pris les devants pour rester debout. Autant il y avait une énergie lors du premier parce que c’était complètement dingo, autant là, on est dans un truc triste. Plus personne ne s’éclate à écrire dessus sur les réseaux sociaux. » Les effets de la pandémie et du confinement sur la santé mentale sont de mieux en mieux documentés : insomnie, angoisse, perte de confiance en soi, stress… le tableau général est sombre. La proportion d’adultes se déclarant dépressifs aurait ainsi doublé entre septembre et novembre. Un sur cinq serait touché. « LE MANQUE DE CONTACTS SOCIAUX AFFECTE LA SANTÉ MENTALE. Cette situation crée
de l’anxiété, de l’abandon car nous avons besoin d’exister dans le regard des autres. C’est inscrit dans nos gènes », précise Christine Barois, psychiatre, qui a constaté une dégradation de l’état psychique de nombre de ses patients. Pour ne rien arranger, voir le côté négatif d’un fait relève de l’instinct de survie. La vision optimiste permet pourtant de considérer le positif de l’épreuve, explique la spécialiste : « En un an, l’humanité a été capable de trouver un vaccin. Comme pour la polio en son temps, une immunité collective va être acquise grâce à un vaccin. La recherche a été positive, c’est admirable. » Mais l’épidémie et son cortège de menaces diffuses activent nos réflexes primitifs. « Attention
ANNA MULLER.
Libido au point mort, perte de confiance en soi, anxiété : les longues périodes d’isolement social forcé que nous avons traversées ont parfois affecté notre équilibre intime et notre rapport au monde. Comment juguler ses angoisses et se projeter malgré tout ? Témoignages et paroles d’experte.
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MAGAZINE
PSYCHO
COMMUNIQUÉ
LES CÉLIBATAIRES FONT, SANS SURPRISE, PARTIE DES CATÉGORIES LES
PLUS AFFECTÉES. Alia est en télétravail depuis octobre. Les mois de solitude la minent. « Je n’ai même pas de chat. Quand je sors dans la rue, je leur saute dessus », blague-t-elle. En « pro des sites de rencontres », elle faisait « énormément de rencards. Maintenant, j’ai l’impression d’être au couvent. La période a tué mon désir, alors que pour mes copines, j’étais Samantha dans Sex and the City ». Dernièrement, elle a bien tenté de pimenter une soirée en fantasmant sur un acteur : « En temps normal, il m’aurait fait de l’effet. Là, non seulement rien, mais j’ai eu une mimique de dégoût. Comme si mon cerveau disait : “Toucher quelqu’un, c’est mal, et tu es d’accord avec ça.” » Comme beaucoup, pour passer le temps, elle enchaîne les séries. Mais elle fait le lien entre les scénarios anxiogènes de Dark ou Ozark et les cauchemars qui la réveillent depuis quelques nuits. Elle rêve que le chat de sa sœur est égorgé, qu’elle se retrouve en Syrie, avec ordre de tuer. « On dirait que j’ai été contaminée par la noirceur de ce que je regarde. » Depuis le début de l’épidémie, « notre cerveau est mis à rude épreuve », confirme Christine Barois. Les zones dédiées au raisonnement et à la volonté sont sollicitées pour s’adapter. Celles qui régulent les émotions aussi. Anaïs, 33 ans, explique d’ailleurs comme un
Ce quotidien fade, avec l’incertitude comme seul horizon, fait déprimer ou angoisser nombre d’entre nous.
contrecoup du premier confinement, et l’« ascenseur émotionnel » qui s’en est suivi, sa rechute dans la cocaïne. Cette professeure de danse avait pourtant décroché depuis longtemps et n’est pas du genre à se laisser abattre. « Mais là, je voulais juste me défoncer, tout oublier. C’était une façon de dire : “Laissez-moi tranquille.” Heureusement, je me suis fait peur, j’ai arrêté au bout d’une semaine. » Autres béquilles révélatrices de nos maux, les psychotropes ont connu une forte hausse de prescriptions de mars à septembre, selon les dernières données de l’Assurance maladie. Plus préoccupant, les psychiatres redoutent une hausse des suicides à long terme. Le lien entre risque suicidaire et crises économiques et sociales est connu, et il y a toujours un décalage dans le temps entre celles-ci et le passage à l’acte. Plusieurs enquêtes ont révélé une hausse des pensées suicidaires significatives alors que nous commencions à peine à entrer dans la zone de turbulences économiques. La plupart du temps, Claire, « heureuse de (s)a vie » parvient « à mettre de côté l’angoisse ». Mais « elle est là. Rien que d’en parler, mon ventre se serre ». Le premier confinement a accéléré la fin de la société de marketing pour dispositifs médicaux qu’elle avait créée il y a deux ans. Dans quelques semaines, cette mère qui élève seule ses deux jeunes enfants sera au CPAS. Entourée par sa famille, elle sait qu’elle « ne se retrouvera jamais à la rue. Quand je compare avec toutes les mères solos, au bord du gouffre, je relativise ». C’est l’effet d’accumulation qui la « révolte ». Pandémie, crise climatique, vacillement de l’économie… « En ce moment, je regarde L’autre côté*. Troisième guerre mondiale, virus… Bien sûr, la fiction force le trait mais ce futur est presque là, en fait. On arrive à cette séparation de la société entre riches et pauvres ; nos libertés sont mangées. Et c’est moi qui vous dis ça alors que politiquement je n’ai rien d’une extrême. » Après la solidarité du premier confinement, la période met à l’épreuve la cohésion collective. Les personnes qui en ont une conscience aiguë scrutent avec inquiétude les fissures du vivre ensemble et les désordres du monde. Le quotidien offre peu de soupapes de décompression. Le sens des responsabilités de Claire l’empêche de faire fi des consignes sanitaires : « Normalement, quand j’amène un de mes enfants chez un copain, je reste un peu, il y a un moment de partage. Et là, plus rien. Toutes mes soirées sont les mêmes, je parle “caca-prout”. » Un peu gênée, elle confesse avoir cédé une fois à « une soirée clandestine »… avec deux copines et leurs enfants. Il y a pire comme transgression. TENIR, SE DIRE QUE CES CHAMBOULEMENTS SONT PROVISOIRES. Voilà le ressort des âmes optimistes. Avec des spectacles de danse à l’arrêt, Anaïs ne peut plus payer son loyer en colocation. Elle a eu beau rogner sur tout ce qu’elle pouvait, les indeminités du « droit passerelle » ne suffisent pas à couvrir ses dépenses contraintes. « Je retourne chez ma petite maman, en province, dit-elle avec un léger sourire. Ce n’est pas l’idéal mais heureusement qu’elle est là. Je n’ai aucune visibilité, je ne sais même pas si je pourrais faire de l’animation dans un camping cet été pour renflouer les caisses. Sera-t-il seulement ouvert ? Malgré tout, je suis persuadée que je vais ressortir avec plus de cartouches de cette expérience, je m’ouvre à plein de choses nouvelles, je pourrai même ajouter “langue des signes” sur mon C.V. » De son côté, Alia sait que sa libido n’est qu’en « mode pause ». Esthéticienne, exercices musculaires, footing tous les deux jours… « J’ai besoin que mon corps soit prêt, je ne veux pas être en trop mauvais état quand je referai des rencontres. » Et d’ici là, elle a remplacé les séries angoissantes par des histoires « feel good ».
(*) Série espagnole de Daniel Écija, avec Unax Ugalde, Olivia Molina…
Lire a toujours été ma passion Raconter des histoires, partager des récits et les joies que m’avaient procurées certains ouvrages avec les gens que j’aime, me laisser entraîner par la magie des mots, transporter par l’envoûtement des romans les plus divers, rêver aux aventures des héros les plus improbables et les vivre avec eux, m’évader dans les légendes des chevaliers.
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danger » clignote dans nos cerveaux. Agnès vit ainsi cette période de restrictions plus difficilement. Dans sa maison au milieu des champs, elle a l’impression d’être « en prison. Ici, personne ne sort, tout le monde a la trouille ». Ses interventions dans les associations sont suspendues. « Je donne des cours de cartonnage et d’encadrement. Les gens me manquent et je leur manque. » Les remarques de sa fille aînée, sage-femme, lui laissent un petit goût « dévalorisant ». « Elle m’a dit : “Qu’est-ce que tu croyais ? Ce que tu fais n’est pas essentiel.” Je le sais bien mais le jour où il ne restera que les activités vitales dans la société, on crèvera d’ennui. C’est inhumain. » Sa vie sociale entravée la met dans une humeur massacrante. « L’autre jour, j’ai cru que j’allais étrangler mon mari ! Le pauvre, il n’y est pour rien. Mais il ne souffre pas de la situation : il est maire du village, dirige un master à l’université. C’était de la frustration de ma part de ne plus rien avoir à raconter, de la jalousie pure. »
Découvrir un auteur que je ne connaissais pas, éprouver l’exaltation que me procure, parfois, une première œuvre, entrer dans un univers totalement inconnu, avec cette petite anxiété au creux de l’estomac, me demandant ce que je vais percevoir, tout cela aussi fait partie de mes joies quotidiennes. Où que je sois, j’ai toujours eu un livre avec moi, même dans les situations les plus incongrues, les plus inattendues. Ainsi je me souviens que, lors de mon premier accouchement, j’avais sur ma table de nuit cinq livres, pensant que j’aurais tout le temps de lire… Arrivée très en avance à un rendez-vous galant, de peur d’être en retard, je sortais de mon sac l’ouvrage que j’étais en train de lire et même, parfois, dans la file du supermarché lorsqu’il fallait vraiment attendre, j’ouvrais le livre de l’instant et lisait quelques pages. Vous l’aurez compris, la littérature et tous ces trésors a, depuis l’enfance, représenté l’un des piliers de ma vie. Longtemps ces partages sont restés dans l’entourage, et puis un jour, parce que l’on me demandait souvent mon opinion sur tel ou tel livre, puisque cet amour des écrits était connu de tous ceux que je connais, poussée par mes proches, j’ai décidé de créer mon blog Les mots d’anouk.com , afin de partager avec plus de gens encore, mes coups de cœur. J’ai voulu donner à ces critiques une forme différente de celle que nous pouvons habituellement lire dans les journaux et magazines, j’ai voulu sortir de cette espèce de neutralité, supposée objective, et qui, vous le savez comme moi, ne l’est jamais. J’ai tenu à ce que ces chroniques soient les miennes, en ce sens que j’essaye toujours d’expliquer pourquoi un ouvrage m’a plu, pourquoi il m’a touchée, pourquoi je l’ai aimé. Afin que mes abonnés soient encore plus nombreux, j’ai décidé, horreur et damnation pour moi qui n’aime rien tant que la discrétion, de me mettre en scène, sachant que les gens, bien souvent, préfèrent écouter que lire. Je fais cela, en moyenne, une fois par semaine. Mon compagnon, Yves Jacquin, me soutient énormément. Lui aussi lit beaucoup. Mais il lit à la vitesse vertigineuse d’un escargot, alors que moi, je lis si vite qu’il me dit parfois
Anouk Taché
Émission les motsdanouk.com sur Radio Judaica 90.2FM tous les mercredis à 18h30 et retransmission les dimanches à 20h.
que je ne fais que lire le numéro des pages ! Cette différence dans la vitesse de lecture fait que très souvent, la lecture achevée, nous en parlons et j’ai, la plupart du temps, l’impression que nous n’avons pas lu le même livre. Alors lorsque Radio Judaïca, FM 90.2 en Belgique, m’a proposée de faire une émission littéraire une fois par semaine, le mercredi à 18 h 30 et elle repasse le dimanche à 20 h, j’ai accepté de telle sorte que cette chronique hebdomadaire soit faite à deux voix. La sienne et la mienne. Abonnez-vous au blog lesmotsdanouk.com lesmotsdanouk
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Dans le petit monde de la mode, l’année 2020 n’a pas été synonyme de catastrophe pour tout le monde. Ces trois Belges ont même vu leur carrière monter en flèche. Présentation. Par Elspeth Jenkins
MERYLL ROGGE
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MARTINA BJORN. ISMAËL MOUMIN. PRESSE.
3 BELGES AU TOP
Son nom, mais aussi son showroom, ont fait le buzz lors de la fashion week de mars 2020 à Paris. La presse et les acheteurs internationaux se sont en effet déplacés en masse dans le petit appartement du Marais où la Belge présentait The last days of disco, sa première collection. Tout le monde voulait en savoir plus sur le projet solo de l’ex-étudiante de l’Académie d’Anvers qui, après avoir décroché son diplôme en 2008, était partie travailler pour Marc Jacobs à New York. Riche de son expérience en tant que bras droit de Dries Van Noten, la jeune femme n’avait plus vraiment besoin de prouver qu’elle maîtrisait son sujet. Il était donc temps qu’elle présente enfin ses créations sous son propre nom. Une semaine après son succès à la fashion week de Paris, le monde entier s’est retrouvé confiné. Pour Meryll Rogge, 2020 a été une année pleine de défis. Rien n’est, on en conviendra, plus difficile que de lancer sa marque en période de crise. Et pourtant, contre toute attente, Meryll Rogge a pu se hisser parmi les talents les plus prometteurs que le monde de la mode (belge) a produits ces dernières années. Véritable succès, sa première collection est désormais distribuée sur Net-a-porter et ssense.com. Elle a aussi été, gloire suprême, encensée par le New York Times. Interviewée par Emilie Hammen, professeure d’histoire de la mode au Parsons Institute Paris et à l’Institut français de la mode, au sujet de sa nouvelle collection printemp-été, la créatrice a expliqué que « l’évasion ne concerne pas seulement les endroits lointains. C’est aussi la possibilité de rêver et de regarder notre environnement et notre propre monde d’une manière différente. Mon désir d’exotisme a commencé juste avant la crise de la Covid. J’ai ensuite commencé à voyager avec quelques amis. J’avais besoin d’une pause et d’un changement de décor après des mois de dur labeur. Je suis restée quelques semaines en Afrique du Sud, puis j’ai mis le cap sur Maurice. J’ai été très impressionnée par les paysages que nous avons découverts : la lumière, le ciel, les couleurs et la nature que l’hémisphère sud a à offrir. Cela m’a procuré une sensation étrange. Cette beauté contrastait fortement avec les abus sociaux qu’il est impossible d’ignorer quand vous visitez ces pays. À cela s’ajoutait l’atmosphère étrange, conséquence directe des nouvelles qui commençaient à se répandre : les aéroports fermaient, les familles s’inquiétaient de leur sort. Sans parler du risque que les touristes amènent cette maladie inconnue. Cela m’a fait réfléchir au besoin que les artistes ressentent par rapport à ce concept d’ailleurs, le fantasme d’une terre exotique avec ses promesses de beauté et de bonheur. Mais aussi la réalité des problèmes sociaux et politiques. Cela m’a rappelé les peintures de Gauguin. Dans quelle mesure avons-nous modifié le visage de ces destinations ? Et qu’est-ce qui nous attire tant dans ces lieux lointains ? Son travail rappelle ce qui reste du concept de paradis. Dans quelle mesure est-ce une construction de l’esprit ou un mirage ? »
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LOUIS GHEWY
1. Meryll Rogge Printemps-Été 2021, promesse d’évasion à une époque où l’on ne peut pas voyager. 2. Meryll Rogge. 3. Romeo Beckham pour le Vogue Uomo. 4. Louis Ghewy.
Vers l’âge de 14 ans, Louis Ghewy a compris ce qu’il voulait faire de sa vie : figurer en couverture du magazine ID. Ses modèles : le photographe belge Willy Vanderperre et le styliste Olivier Rizzo. Comme eux, il souhaitait travailler pour les plus grands magazines de mode. Le style très pur de Vanderperre a donné envie au jeune Belge de devenir coiffeur dans le secteur de la mode. À 19 ans, il décide de partir à Londres. Vers 2010, grâce à la popularité des magazines Dazed & Confused (maintenant Dazed), LOVE et ID, la ville était considérée comme l’épicentre du monde. À peine dix ans plus tard, Louis Ghewy est considéré comme l’un des meilleurs coiffeurs de l’industrie. Parallèlement , il collabore régulièrement avec le duo Vanderperre et Rizzo. La preuve que, parfois, les rêves d’adolescents se réalisent vraiment. Pour le coiffeur, ce rêve s’est toutefois mis en mode pause dès mars 2020. Le jour où il avait
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TALENTS
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1. Les vœux de Courrèges. 2. Nicolas Di Felice.
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NICOLAS DI FELICE
Petit protégé de Nicolas Ghesquière pendant de nombreuses années, il a notamment co-orchestré la conception des collections féminines de Louis Vuitton. Avant cela, il a travaillé avec Raf Simons pour Dior. En septembre 2020, lorsqu’il a été nommé directeur créatif de la maison de couture française Courrèges, Di Felice s’est enfin fait un nom. Pour la marque, sa nomination est une aubaine : l’occasion de réveiller une maison somnolente, mais riche d’une longue histoire. Dans les années 1960, Courrèges a habillé l’étudiante parisienne en lui offrant l’occasion d’enfiler ses premières minijupes. Si, à ce jour, personne ne sait avec exactitude qui, de Courrèges ou de sa contemporaine londonienne Mary Quant, a vraiment inventé la fameuse jupe, cette pièce a révolutionné l’histoire du vêtement. En décembre dernier, le message de Noël de Nicolas Di Felice diffusé par la marque – le mot « courage » écrit en caractères Courrèges – a fait figure de message d’espoir. Pour l’occasion, deux murs du Marais et du canal Saint-Martin ont été peints avec ce même mot. Ce mantra est également apparu en quatrième de couverture des journaux Le Monde, Le Figaro et Libération. L’optimisme est la devise de Courrèges depuis soixante ans. Inutile de préciser qu’en 2021, elle est plus que jamais d’actualité.
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décidé de s’installer avec son ami à Paris, la France a annoncé le début du premier confinement. « J’avais vraiment besoin de ce break. À l’époque, ma vie était centrée sur les voyages. Mon dernier shooting avant la crise, c’était à La Barbade. J’avais déjà remarqué que toutes les conversations ne tournaient qu’autour des voyages. Rester coincé à un seul endroit s’est avéré étrangement apaisant. J’ai enfin eu le temps de faire des recherches, de travailler sur mes perruques, de sculpter les cheveux comme je le voulais... C’était super d’être avec mon amour à Paris. Londres a été très lente dans sa réaction à la pandémie, la ville avait perdu son énergie. Privée de sa population, elle était laide. À Paris, il suffi t de regarder par la fenêtre pour ressentir la magie de l’instant. Même s’il n’y a pas un chat dans la rue, c’est une carte postale. À la fin du mois de mai, trois jours après la fin du premier confinement, j’ai reçu une demande de shooting pour Fenty Beauty, la marque de Rihanna. » Mais pour le coiffeur, le grand moment de sa carrière a eu lieu en novembre 2020 lorsqu’un ami booker l’a appelé pour lui demander s’il pouvait se rendre à Londres pour un tournage pour le Vogue Uomo. En couverture : Romeo Beckham, fils de la créatrice Victoria Beckham et de l’ancien footballeur David Beckham. Le numéro est sorti à la fin du mois de janvier. Comme prévu, cette cover a fait le buzz. Un vrai coup d’accélérateur pour la carrière de Louis. « Nous avons tourné avec Mert et Marcus, un duo emblématique, du même calibre que Vanderperre et Rizzo. La veille du tournage, le coloriste des stars Josh Wood a teint les cheveux de Romeo en platine. J’étais responsable de la coiffure sur le tournage. Victoria Beckham était également sur le plateau. La mère et le fils étaient tous les deux très terre à terre. Ils participaient pleinement à l’aspect créatif du shooting. Victoria était sur le plateau en tant que maman, pas en tant que célébrité ou créatrice. Les journaux britanniques The Daily Mail et The Sun ont repris l’info et mentionné mon nom : une sensation étrange. Pour l’instant, je suis très demandé, mais la Covid-19 met à nouveau un terme à mes projets de voyages. Comme je ne peux pas retourner à Londres, j’ai notamment loupé le show de Paul Smith et une campagne pour MAC Cosmetics. »
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SOCIÉTÉ
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LE VINTAGE, NOUVEL ELDORADO DE LA MODE 1
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Une question aussi pertinente qu’impertinente. Car lorsqu’on aime la mode, on aime la nouveauté, la création, l’innovation : trois concepts fort peu compatibles avec la tendance vintage qui fait fureur en ce moment. Idée de génie pour freiner l’hyperconsommation ou énième lubie des marques de mode ? Nous avons enquêté en Belgique. Par Géraldine Dormoy-Tungate et Marie Honnay Photos Peter Knapp
Le marché mondial de la seconde main est estimé à environ 30 milliards d’euros. Ce n’est pas nous qui l’affirmons, mais le très sérieux cabinet Boston Consulting Group. Dans une étude commanditée par le site de vente de vêtements Vestiaire Collective, Boston Consulting prévoit une croissance de 15 à 20 % par an au cours des cinq prochaines années. D’ici 2023, plus d’un quart de notre dressing serait composé de pièces de seconde main. Selon le rapport 2020 de ThredUP, autre plateforme de revente de vêtements d’occasion, en 2029, les achats de pièces «pre-loved» (le jargon des modeuses pour désigner leurs trésors vintage) devraient dépasser ceux de la fast-fashion. Difficile à croire. Et pourtant, il suffit de surfer quelques minutes sur Instagram pour constater l’ampleur du phénomène. Ce n’est pas Garance PiretGerard qui va nous contredire. À la fin de l’année dernière, cette ex-stagiaire dans un bureau d’avocats a envoyé tout balader pour se lancer dans la vente de vêtements vintage. La jeune Belge installée à Bruxelles n’a pourtant pas fait d’études de mode. Et jusqu’il y a peu, elle n’avait jamais touché une machine à coudre. « Pendant des années, j’ai eu l’impression de vivre entre parenthèses. J’avais perdu mon enthousiasme. Je m’éteignais. J’avais besoin de renouer avec mes valeurs et notamment ma conscience environnementale », explique-t-elle. Ce changement de vie n’a rien d’une excep-
tion. En France, mais aussi en Belgique, de très nombreuses jeunes femmes créent de petites boutiques, le plus souvent virtuelles, où elles proposent leurs trouvailles vintage. Dans le cas de Garance Piret-Gerard, alias @laringarde_, ce nouveau métier – qu’elle avoue apprendre à son rythme et sans brûler les étapes, est aussi l’occasion de toucher à la création. « J’ai un petit faible pour les chemises d’hommes oversize. Si la pièce est belle, je n’y touche pas. Mais il m’arrive d’ajouter un col, des fronces, un volant... Ces interventions rendent le vêtement vraiment unique », précise-t-elle. À mi-chemin entre conservation et création, cette démarche tord le cou à l’idée selon laquelle le vintage serait simplement la marotte d’une génération de milléniaux en manque d’aventures fashion.
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Pour ces jeunes consommateurs nés après l’avènement de la fastfashion, rien de plus banal qu’une robe Zara. Pour sortir du lot, ils n’hésitent donc pas à chiner dans les friperies, mais aussi sur leurs versions en ligne. En quelques années, leur nombre a littéralement explosé. Au point de faire réfléchir les marques de mode ? Évidemment. Au printemps dernier, lorsque les boutiques étaient fermées et que la plupart des ateliers de confection étaient à l’arrêt, le business de la mode dans son entièreté a solidement cogité. Les
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1. Le tailleur-short par Courrèges, en 1968. 2. Le tailleur minijupe par Ungaro, en 1968. 3. Le pantalon, une des pièces emblématiques des années 60. 4. Couleurs pop et sandales compensées par Dorothée Bis, en 1971.
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Christiana Steidten en Daniel Hechter, photographiée par Peter Knapp en février 1972 pour Marie Claire.
grandes marques ont cassé les codes en proposant différents concepts centrés sur l’upcycling. On pense notamment à Miu Miu qui vient de lancer une capsule de 80 robes, des pièces uniques, chinées par le studio créatif de la marque italienne, puis customisées en mode luxe. Une démarche insolite et décalée qui offre au label une occasion de se démarquer, mais qui montre aussi l’ampleur du phénomène. Pour les griffes de luxe, ce genre d’initiatives présente l’avantage de confirmer leur statut de « marque héritage ». À l’heure où toutes les grandes maisons affirment leur volonté de ralentir le rythme de la mode, le vintage est plus qu’une aubaine, c’est un gage de crédibilité - chose rare dans la mode - sans date de péremption. En la matière, quoi de mieux, en effet, qu’un vêtement ou un sac qui passe les générations sans prendre une ride pour convaincre les acheteuses de la pertinence d’investir dans la marque ? Du concept de it bag en vogue il y a quelques années encore, on est passé à la notion de pièce de collection. Le grand chic désormais ? Surfer sur des sites vintage, parfois intimistes, comme Katheley’s. À la tête de cette boutique en ligne spécialisée dans les sacs, bijoux et vêtements, on trouve Catherine Lecomte, une Belge tombée dans le bain du vintage suite à sa rencontre avec un expert en bijoux anciens. « Depuis, ma curiosité et mon envie d’apprendre m’ont amenée à parcourir des centaines de livres et à rechercher constamment de nouvelles pièces, rares et en très bon état. Investir dans la maroquinerie est plus que jamais intéressant, mais savoir ce qu’il faut acheter est parfois plus compliqué. Mon objectif, à court terme, est donc de pouvoir jouer un rôle d’experte et de conseillère dans ce domaine », nous explique-t-elle. Sur son sit e: de vraies pièces de collection signées Hermès vendues presqu’aussi chères que les neuves. Étrange ? Pas vraiment. Selon un sondage du moteur de recherche Tagwalk paru en novembre dernier, 66 % des personnes interrogées se disaient en effet prêtes à dépenser autant pour une pièce vintage que pour une neuve. Sur Katheley’s, vous pouvez aussi dénicher de petites perles accessibles et branchées. Car l’un des facteurs qui a facilité le boom de la seconde main, c’est le caractère rétro des collections actuelles des marques de luxe et «mainstream». « Si l’on jette un œil aux créations actuelles, on retrouve des éléments qui nous replongent immanquablement dans les décennies passées: le cuir tressé, la présence de boucles très marquées sur les sacs comme dans les années 70, mais aussi l’engouement pour le fait main ou encore l’utilisation de matières naturelles. On renoue aussi avec le plaisir de s’afficher avec un sac bijou ou un modèle eighties garni d’une grosse chaîne dorée », ajoute Catherine Lecomte. MERCI DELVAUX
Le retour en grâce de certaines marques - on pense notamment à Bottega Veneta ou encore, plus près de nous, à Delvaux - contribue à booster l’intérêt des modeuses pour les modèles anciens. Sur katheleys.com, on retrouve les sacs néo-classiques de Delvaux que sont le Tempête ou le Brillant, mais aussi d’autres, passés dans l’oubli, qui s’écoulent à prix plus doux. Pour une femme souhaitant affirmer ses choix mode et sa singularité, quoi de mieux que de s’afficher avec un Pin de Delvaux (ancienne version) à l’épaule : une pièce emblématique des années 90 qui assume pleinement son côté néo-ringard. Du côté des marques en question, cette tendance pourrait irriter. En réalité, pas vraiment. Car dans leur bouche, désormais, l’un des termes qui compte le plus, c’est « engagement ». Pour le créer et surtout l’entretenir, les sites et boutiques de seconde main sont une aubaine. Imaginez un instant la scène : une influenceuse qui poste une photo d’elle avec un joli Brillant vintage acheté sur Labellov, un autre e-shop belge spécialisé dans les pièces
“Les client·es adorent trouver quelque chose d’usé mais d’unique, qui aura fait appel à moins de ressources naturelles qu’un produit neuf.” Jen Sey, vice-présidente et directrice marketing chez Levi’s
« pre-loved ». Pour la marque, cette photo permet d’entretenir un lien fort avec une communauté d’acheteuses qui, un jour peut-être, franchira la porte d’un magasin Delvaux. Créer du lien, mais aussi accroître le capital sympathie d’un label, favoriser la notion de jeu et de personnalisation. Voilà, en substance, les fondements de cette nouvelle facette du paysage mode. Fondatrices de Filles à Papa, une marque qui a fêté ses 10 ans l’an dernier, Carol et Sarah Piron ontelles anticipé l’envie des filles branchées, fans du label, de se réapproprier d’anciennes pièces épuisées depuis plusieurs saisons ? Peut-être, car il n’est pas rare d’apercevoir une fille de leur clan afficher d’anciens vêtements de la marque sur les réseaux sociaux. Pour l’instant, Filles à Papa n’écoule pas ses archives par le biais d’une boutique dédiée, mais les classiques FAP figurent néanmoins en bonne place sur les sites spécialisés. Rien que sur Vestiaire Collective, l’un des poids lourds de la seconde main, on retrouve pas moins de 270 pièces de la marque liégeoise. UNE NOUVELLE ÈRE
Tous ces exemples sont-ils la preuve que le vintage est en passe de supplanter l’achat neuf ou que les enseignes de seconde main remplaceront bientôt les magasins de fast-fashion à Namur, Anvers ou Bruxelles ? Pas vraiment. Comme l’ont découvert les marques qui ont exploré ce créneau, la revente d’anciennes pièces constitue une nouvelle manière d’envisager la mode. En cette période de crise sanitaire, elle déculpabilise l’acte d’achat et donne bonne conscience aux marques et aux consommateurs convaincus de l’urgence de produire moins et de recycler plus. En écoulant ellesmêmes leurs pièces vintage, les marques créent le désir et assurent un trafic continu sur leur plateforme. Mais, comme ont pu le constater les quelques marques à s’être lancées dans la vente de leurs propres archives, ce métier ne s’improvise pas. De la collecte des pièces vintage à leur nettoyage en passant par leur mise en ligne moyennant de jolies photos, l’aspect logistique et le côté peu rentable de ce type de projets a de quoi décourager les marques, surtout les petites. Sans compter qu’une pièce qui n’est disponible qu’en une taille sur un e-shop est forcément synonyme de frustrations. Pour l’heure, ce qui anime les marques, c’est d’assurer l’écocircularité de leurs produits. Reste à savoir si chez nous, les ventes d’archives, jusqu’ici assurées par des e-boutiques multimarques comme Vaniitas, spécialisée dans les marques belges, deviendront la norme. À suivre.
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MOI LECTRICE
quel style adopter en fonction des milieux que je fréquentais. Quand je préparais ma licence de philo, je ne ratais jamais un épisode de Gossip girl, la série mode par excellence. Elle me permettait de décortiquer les looks de la blogueuse Serena van der Woodsen (Blake Lively) à travers les aventures de la jeunesse dorée new-yorkaise de l’Upper East Side. J’adorais sa façon de passer incognito dans les rues de Manhattan, en jean-blazer. Simple, mais élégant. Après la fac, j’ai mixé comme DJ, j’ai pigé pour des journaux musicaux… Certes, j’aimais feuilleter les magazines de mode, repérer les jeunes créateurs, mais rien dans mes divers jobs ne m’obligeait à sortir de mon combo jean-T-shirt-veste. J’avais créé un blog lifestyle, aujourd’hui fermé. J’y parlais de mode, déco, musique… J’ai commencé à être consultée par des marques de prêt-à-porter, de design. Puis d’autres avec qui j’étais en contact se sont lancées dans l’e-commerce. Elles recherchaient des experts, de nouveaux talents pour créer leurs sites de vente en ligne. C’est comme ça que je me suis retrouvée à travailler dans la tech, un secteur majoritairement masculin. Ma nouvelle carte de visite : consultante en stratégie de marques.
« JE ME SUIS TOUJOURS DEMANDÉ QUELLE TENUE PORTER,
MOI LECTRICE
“J’AI ENFIN TROUVÉ LE VÊTEMENT IDÉAL POUR M’IMPOSER DANS MON JOB” En devenant consultante en stratégie de marques, Déborah, 37 ans, a voulu troquer son éternel jean-T-shirtveste pour une tenue qui l’aiderait à se faire respecter dans ce milieu encore très masculin. Une quête qui allait s’avérer plus complexe qu’elle ne l’avait imaginé… Propos recueillis par Corine Goldberger Illustrations Joel Burden
FACE À CES PATRONS EN COSTUME-CRAVATE, il fallait que j’aie le look de l’emploi, que je m’invente une nouvelle identité vestimentaire pour ces businessmen : classique, rassurante mais aussi contemporaine, pour montrer que je suis celle qui va faire aimer leur marque aujourd’hui et demain. Dans ce milieu international de décideurs plus ou moins machos issus de différentes cultures, il importait de leur opposer une allure neutre qui signifie : “Je suis là pour bosser, parler business et contrats.” Rien d’autre. La robe me posait un dilemme. Elle peut envoyer tant de messages qu’elle pouvait brouiller le mien. Un imprimé fleuri et une coupe asymétrique peuvent avoir un message caché : “Même dans une négo importante, je reste une femme, une romantique un peu bohème qui rêve d’escapades dans un pays chaud.” Mais unie, sobre, voire minimaliste, une robe peut donner à ces décideurs une image de moi austère, rigide, dépourvue de la créativité attendue pour accompagner leur marque. Sans compter les casse-têtes de la bonne longueur et des chaussures qui vont avec. Pour éviter ces faux pas, le tailleur-pantalon s’est donc imposé à moi comme une évidence. D’abord parce que je ne voulais pas que mes interlocuteurs se laissent distraire plus qu’il est nécessaire par mon apparence. Puis par son côté masculin-féminin, le tailleur-pantalon est un outil de communication qui montre à mes interlocuteurs que je parle à égalité avec eux. Mieux : il me donne de l’assurance, de la puissance, me virilise sans gommer ma féminité. Magique. Et puis les avocats ont leur robe, les infirmières, leur blouse. Le tailleur, c’est un peu l’uniforme des businesswomen. C’est ce qui signe ma crédibilité. MAIS OÙ TROUVER UN TAILLEUR BIEN COUPÉ, dans une belle matière, tout en restant abordable ? La quête du modèle idéal a tourné au parcours de la combattante. D’abord, acheter un tailleur-pantalon était une expérience inédite, intimidante : ma mère n’en portait pas. J’avais bien quelques images iconiques en tête : une top model photographiée en smoking Yves Saint Laurent par Helmut Newton, Melanie Griffith en veste noire et chemise blanche dans Working girl… Mais ces inspirations ne m’étaient d’aucun secours pour me décider sur un modèle qui tienne la route pour parler stratégie de marques dans une réunion d’affaires. Dans ma quête, je suis allée de déceptions en désillusion. J’ai d’abord écumé les
grandes enseignes de prêt-à-porter. Mais ces modèles standard, corrects sur les portants, ne tombaient jamais bien sur moi : manches trop longues ou trop courtes, épaules trop étriquées, pantalons qui boudinent ou trop larges, avec des plis moches aux hanches… Pourtant j’ai une silhouette et un visage passe-partout : 1,70 m, pour un 42, carré châtain. Mais j’ai toujours été très critique vis-à-vis de mon physique. Les modèles bon marché des grandes enseignes me confrontaient à un autre problème : c’est embarrassant de porter un tailleur passe-partout pour un rendez-vous avec un boss. Ça n’aide pas à s’affirmer et on risque toujours que l’on vous demande si c’est bien le modèle de telle marque. Désabusée, j’errais donc de site en site de vente en ligne, proche de la saturation visuelle : pourquoi ce tailleur-ci plutôt que celui-là, son jumeau ? Trop de choix tue le désir. Et toujours le même constat : “Je présente mon projet dans 5-4-3-2… jours, et je n’ai rien à me mettre.” C’est pourquoi j’ai souvent opté en cata pour quelques marques griffées, qui s’adressent à des citadines cool et pas trop mal payées. Mais je rageais de payer aussi cher une pièce pour quelques détails mode pointus. Et puis un jour, en googlant “tailleur-pantalon” sans grand espoir de trouver mon bonheur, je suis tombée sur le portrait d’une jeune styliste. Elle avait créé sa marque et dessinait uniquement des tailleurs, une vraie monomaniaque. Comme son grand-père avant elle. Ce détail biographique a tout de suite résonné en moi. C’était une authentique histoire de transmission mariant tradition et modernité. Titillée, je suis allée faire un tour en boutique. Un modèle que je trouvais sobre et élégant m’attendait. Et là, dans la cabine, je n’arrivais pas à en croire le miroir : c’était moi, cette fille allurée et à l’aise ? Je me trouvais belle et stylée, et surtout le pantalon tombait impeccablement. Une véritable expérience initiatique. Car la dernière fois que je m’étais sentie mise en valeur, je devais avoir 12 ans. C’était un repas de famille et ma mère m’avait acheté une petite robe noire qui changeait des robes à fleurs volantées. J’avais lu de l’émerveillement dans les yeux des adultes et de mes cousins. DEPUIS, LUI ET MOI, ON FAIT ÉQUIPE. Mon tailleur-pantalon ne ment pas. Il me sublime sans triche. Il dit : tu es légitime à cette table de décideurs. Oui oui, il me parle. (Rires.) Même en télétravail. Récemment, un patron de start-up a demandé à me voir par Zoom pour mieux préparer la vidéoconférence. Paniquée, je me suis ruée dans ma penderie. Et là mon tailleur m’a “dit” : “On se calme. Avec moi, tu vas assurer !” Depuis j’en ai acheté quatre, deux noirs, le même en gris rayé, et un blanc, idéal pour enchaîner sur un cocktail pro, en plus des huit blazers dans ma penderie. J’accessoirise mon tailleur avec des mocassins ou des bottines à talon plat. Cela me donne un style ultra-élégant, cool et casual. La touche finale : mon sac ball sphérique, qui donne un petit côté futuriste. Une bonne traduction de mon état d’esprit au travail. Le tailleur-pantalon est une pièce qui m’est si indispensable que j’aimerais le voir porter par toutes les femmes dont la tenue ne reflète pas l’excellence, comme les grandes joueuses d’échecs. Les échecs ont de plus en plus de fans depuis le confinement. Engouement renforcé par la série Le jeu de la dame, ou l’ascension fulgurante d’une orpheline prodige dans un monde de joueurs masculins. J’ai donc pris l’habitude de regarder les compétitions et j’ai été désolée de voir des femmes aussi brillantes jouer en pauvre petit top, pull ou cardigan. Comme si l’essentiel étant la puissance de leur raisonnement, peu importait la tenue. Un tailleur bien coupé mettrait en valeur leur maîtrise. Mon fantasme : les aider à trouver elles aussi le tailleur idéal. »
l’amour à la machine - Alain Souchon
DIOR
Robe en soie, brassière et culotte en coton.
TOTAL LOOKS
DES TENUES INSPIRANTES ISSUES DES COLLECTIONS DES GRANDES MAISONS Ci-dessus, une photo de Jesse Laitinen.
MODE
ACNE STUDIOS
TOTAL LOOKS
Veste et pantalon en soie, robe en filet de coton et lin, boucles d’oreilles en métal, collier en corde et nacre, et mocassins en cuir.
Pour s’inspirer et saisir l’esprit de la belle saison : 8 silhouettes pleines de fraîcheur élaborées par la rédaction à partir des dernières collections des grandes maisons. Photos Jesse Laitinen Réalisation Anne-Sophie Thomas
BOTTEGA VENETA Robe en coton mélangé. Boucles d’oreilles et bague en métal et cristal de roche Acne Studios.
DIOR Robe en soie, collier et boucle d’oreille en laiton et perles.
MAX MARA Veste, débardeur et pantalon en soie mélangée, et ballerines en cuir.
HERMÈS Robe en cuir et nacre, robe en coton mélangé et sabots en cuir.
GUCCI Veste et gilet en coton, chemise en soie, jupe en laine mélangée, collier en métal, ceinture et bottes en cuir.
CHANEL Robe et pantalon en soie, sautoir en perles, métal et cabochons, et sandales en cuir.
MIU MIU Manteau en cuir brodé et pull en velours.
Extravaganza De la couleur, du volume, de la brillance, des rayures électriques et des imprimés : les superpositions les plus audacieuses éloignent la grisaille et donnent de l’énergie à l’hiver. Photos Mélissa de Araujo Réalisation Anna Quérouil
Bustier en taffetas de soie MSGM, chemise en soie Dries Van Noten, jupe en jersey
MM6 Maison Margiela.
Bracelet en laiton
Bottega Veneta, collant en polyamide Falke.
Chemise en popeline de coton Balenciaga, T-shirt zippé David Koma, col roulé en lycra MM6 Maison Margiela,
pantalon en coton Boss, sur un short en élasthanne Versace. Boucle d’oreille en laiton doré à l’or fin Gas Bijoux x Françoise,
collant en polyamide Falke.
À droite
Robe en coton et soie Annakiki, tablier en coton Arthur Arbesser. Boucle d’oreille en laiton doré à l’or fin Gas Bijoux x Françoise.
Robe en popeline de coton Loewe, body en lycra David Koma, jupe en soie Paul Smith. Boucle d’oreille en laiton doré à l’or fin
Gas Bijoux x Françoise,
collant en polyamide Falke.
À gauche
Robe en satin Dice Kayek, tunique en lin Gucci. Boucle d’oreille en laiton doré à l’or fin
Gas Bijoux x Françoise,
bracelets en laiton Bottega Veneta,
collants en polyamide
Falke et résille Wolford.
Cardigans en mohair American Vintage, polo en coton Miu Miu, sur un pull en soie et coton Boss. Boucle d’oreille en laiton doré à l’or fin
Gas Bijoux x Françoise. À droite
Top en faille de soie Nina Ricci, pull en coton Courrèges, sur un top en jersey MM6 Maison Margiela,
pantalon en lin Gucci. Bracelets en laiton Bottega Veneta, collant en polyamide Falke
Robe en jersey de coton Stella McCartney, sur une robe-chemise en coton Dries Van Noten, une robe en viscose J.W. Anderson, et une sous-robe en viscose Fendi. Bracelets en laiton Bottega Veneta, collant en polyamide Falke.
À gauche
Robe en maille de coton Salvatore Ferragamo, chemise en polyester Lutz Huelle, sur une chemise en crêpe cady Sara Battaglia, jupe en plumes et soie N° 21. Boucle d’oreille en laiton doré à l’or fin
Gas Bijoux x Françoise,
collant en polyamide Falke.
Débardeur en taffetas de soie Prada, blouse en coton Philosophy di Lorenzo Serafini, short en lin Loro Piana. Boucle d’oreille en laiton doré à l’or fin Gas Bijoux x Françoise. À gauche
Top en twill de soie et satin Chanel, robe-chemise en coton AMI. Boucle d’oreille en laiton doré à l’or fin Gas Bijoux x Françoise.
Assistante stylisme Manon Baltazard. Mannequin Lauren De Graaf/Élite. Casting Ikki/The Art Broad. Coiffure Charlotte Dubreuil/MarieFrance Thavonekham. Maquillage Camille Lutz/Call My Agent. Manucure Lili Creuk. Production Zoé Martin/ Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Alix Cantal.
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MODE D’EMPLOI
TENDANCES
BEST OF PRINTEMPS-ÉTÉ 2021 Sacs de ville monumentaux, lamés disco, shorts culottes, survêtements chics : notre sélection des looks et des pièces phares de ce début d’année.
Bottega Veneta
Isabel Marant
DANS SON OUVRAGE LE PETIT LIVRE DES COULEURS*, l’anthropologue et historien Michel Pastoureau qualifiait le rose bonbon de « demi-couleur ». Cette saison sur les podiums, le rose est remarquable, sans demi-mesure. Au XVIIIe siècle, il symbolisait la tendresse et la féminité. Trois cents ans plus tard, des symboliques plus variées s’affirment sur la scène mode. Comme avec ce total look rose poudré Bottega Veneta qui se révèle bien androgyne. Chez Chloé, en détails d’une robe tunique d’apparence minimaliste, des incrustations de dentelles et empiècements plissés. Le rose romantique est aussi streetwear : sous une mini-robe bustier, Isabel Marant enfile un T-shirt loose. Ou rétro : avec une robe flash de danseuse de flamenco (Dolce & Gabbana). Chez Valentino, une grande chemise Malabar s’impose. Et Philosophy twiste une robe vaporeuse avec un marcel immaculé…
Dolce & Gabbana
LA VIE EN ROSE
(*) Coécrit avec Dominique Simonnet, éd. Points.
Valentino
ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM. ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM (X2). COURTESY OF GIVENCHY/IMAXTREE.COM.
Saint Laurent
Sportmax
ALESSANDRO LUCIONI/IMAXTREE.COM (X2). FILIPPO FIOR/IMAXTREE.COM (X2). COURTESY OF BOTTEGA VENETA. COURTESY OF DOLCE & GABBANA/IMAXTREE.COM.
gestion de style : s’habiller du strict minimum. Pour l’été 2021, les corps s’affranchissent. Petits hauts légers ou crop tops minimalistes sont remplacés par des soutiens-gorges et des brassières qui s’affichent avec naturel. Et si dans les cours de collège, ils font polémique, sur le podium, pas de débat : les dessous prennent le dessus. Saint Laurent troque le minishort pour une culotte échancrée en dentelle qui allonge la jambe. Vraie proposition de corseterie : quand Jacquemus déshabille le haut de sa silhouette avec un soutien-gorge très, très ajusté, il habille le bas d’un pantalon taille très, très haute. Sportmax et Alberta Ferretti osent aussi placer le soutien-gorge au cœur d’un look, pour le combiner à une robe au décolleté asymétrique, une veste costume ou bien un pantalon assorti. Pour un effet plus chic encore, l’underwear se porte en version cuir, effet peau sur peau (Hermès).
DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM (X3). COURTESY OF JACQUEMUS/IMAXTREE.COM. COURTESY OF ALBERTA FERRETTI/IMAXTREE.COM.
L’APPARENTE LÉGÈRETÉ
LORSQUE LES TEMPÉRATURES S’AFFOLENT, pour éviter le coup de chaud, une sug-
Alberta Ferretti
Jacquemus
Hermès
Chloé
Philosophy di Lorenzo Serafini
Par Louise des Ligneris Réalisation Alexandra Conti et Julie Cristobal
Isabel Marant
Le grand sac
Max Mara
Givenchy
Etro
Avis de sortie exceptionnelle ? Mieux vaut emporter tous ses effets personnels. Confinement et couvre-feu obligent, le maxi-bag façon baise-en-ville (Max Mara) était omniprésent cette saison. Il y a un goût d’aventure avec la besace surdimensionnée (Isabel Marant) ou un sac de marin (Etro). Et du nomadisme décalé avec cette sacoche monumentale signée Givenchy.
TENDANCES
LE SPORT EN VILLE
LA CULOTTE XXL
Le sabot de ville
Dans une recherche de confort et d’authenticité, l’inspiration s’est faite paysanne, et on a vu des mannequins chaussées de sabots. Version littérale et rustique : ceux – cloutés – de Bally et Hermès se portent à plat. En Italie, Versace insuffle une dimension glamour à ce soulier, grâce à une semelle plateforme.
Versace
Bally
Jacquemus
Dior
Gabriela Hearst
La ceinture fine
Avec beaucoup de malice, les ceintures attirent l’attention. Elles marquent les silhouettes, elles ont ce je-ne-sais-quoi de faussement nonchalant. Avec plusieurs boucles en effet de style, les ceintures Dior et Jacquemus jouent les doubles, voire les triples tours. Avec Gabriela Hearst, la ceinture fine fait carrément des loopings.
Miu Miu
Hermès
Versace
COURTESY OF MIU MIU/IMAXTREE.COM. ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM (X2). GINO MENOZZI/IMAXTREE.COM. COURTESY OF JACQUEMUS/IMAXTREE.COM. COURTESY OF GABRIELA HEARST/IMAXTREE.COM.
COURTESY OF MAX MARA/IMAXTREE.COM. ALESSANDRO LUCIONI/IMAXTREE.COM. ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM. COURTESY OF VERSACE/IMAXTREE.COM (X2).
Max Mara Louis Vuitton
créatrices puisent dans ces détails de style utiles et esthétiques pour les adapter. Max Mara plébiscite la poche ventrale pressionnée, façon tablier d’ébéniste. Des poches, encore des poches, toujours des poches… Elles se substituent au sac à main, pour tout emporter avec soi : en format extra-large et rivetée sur le teddy multimatière Louis Vuitton. Ou bien avec des tailles de jours Venise qui ornent une veste et chemise Fendi. Gauchere préfère la rigueur stricte et uniforme d’une veste épaisse très protectrice, accessoirisée de quatre poches à rabat, en mode majeur. Autant de détails qui signent la tenue (et libèrent les mains).
Fendi
Boss Balenciaga Gauchere
LE “WORK WEAR” TRAVAILLÉ
INSPIRÉS PAR LE VESTIAIRE OUVRIER qui allie praticité, ergonomie et confort, créateurs et
la saison dernière sur les podiums, les shorts d’été perdent plusieurs centimètres et se muent en culottes courtes. Esprit vintage chez Miu Miu, le graphisme rétro et stylisé de la maison italienne s’imprime en all over sur ce petit bout de tissu. Chez Versace, le micro-short taille haute emprunte aux banquiers de la City son style austère, avec un tissu sombre esprit tailleur. Très habillé, le short Etro inspiration croisière, avec un boutonnage à pont, libère totalement la jambe. Tous les styles sont permis, même les plus régressifs ! De retour sur les chemins de l’école, Sportmax propose une coupe hybride, à la croisée du mini-short et de la culotte taille haute. Pour chaque silhouette, un seul credo : on habille le haut, on découvre le bas. APRÈS LA TENDANCE DOMINANTE DES BERMUDAS
COURTESY OF BALENCIAGA/IMAXTREE.COM. DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM (X3). COURTESY MIU MIU/IMAXTREE.COM. COURTESY OF CELINE. COURTESY OF LOUIS VUITTON/IMAXTREE.COM.
Mais nul besoin d’être un·e athlète de haut niveau pour profiter du confort du vêtement de sport. Yoga, course à pied, Pilates… pendant le premier confinement, plus de la moitié des Français·es a pratiqué une activité physique par semaine. Un engouement qui se répercute sur les tendances. Alliant confort et élégance, Celine opte pour un pantalon à bandes, assorti à sa veste de smoking. Pour Boss, c’est la sobriété bleu nuit et la commodité d’un tissu déperlant. Balenciaga mise sur des volumes XXL et un design très littéral, qui n’est pas sans rappeler les professeurs d’EPS. Flashback sur les années 2000, Miu Miu compose une allure vintage avec un survêtement taille basse et sa veste zippée.
Miu Miu
Celine
PARIS SE RÉJOUIT D’ACCUEILLIR LES JEUX OLYMPIQUES EN 2024.
Etro
MODE D’EMPLOI
Sportmax
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MODE D’EMPLOI
TENDANCES
Y/Project
Sportmax
Louis Vuitton
Jacquemus
Hermès
L’HABIT DE LUMIÈRE PRIVÉ DE FÊTES, DE DANSES COLLÉ-SERRÉ ET
D E BOU LE S À FACETTE S, le disco s’invite dans les vestiaires. Optimistes, créateurs et créatrices dessinent déjà des silhouettes joyeuses et noctambules, comme un antidote à la morosité. Tout en légèreté, une nuisette argent Balenciaga raconte l’histoire d’une noctambule prête à danser au saut du lit. Argent comptant, un top asymétrique f ro u f ro u t a n t et u n p a n t a lo n la m é donnent le ton chez Isabel Marant, tandis qu’une robe déstructurée ornée de c r i s t a u x à fa c e t t e s é v o q u e , c h e z Burberry, l’idée d’une femme libérée. En sequins or chez Paco Rabanne, une silhouette quasi-mythique se dessine, c’est une Néfertiti moderne. Associé à un « working pant » (Valentino), le brillant disco est alors tempéré. Un peu de folie, mais avec parcimonie.
Le Bijou (très) fantaisie
LE FILET STYLÉ
Chanel
Balenciaga
Boss
Sportmax
Philosophy di Lorenzo Serafini
AMI
David Koma
Hermès
Un effet de style un peu coquin, en totale transparence, qui affole les regards ? Un esprit plus rustique et l’expression d’un retour aux matières naturelles ? Le maillage est ambivalent. Larges mailles et filets habillent les noctambules, ils sont une parure de fête qui se joue en trois dimensions. Comme cette silhouette Balenciaga gainée de noir et subtilement couverte d’un filet argent. Pour ces sirènes modernes : une jupe en totale transparence, tissée dans un filet argenté et portée sur une culotte noire (David Koma). Pour le jour, des propositions plus conceptuelles : un maillage géométrique habille une simplissime robe courte nude (Hermès). Ou encore, chez Dries Van Noten, un T-shirt loose filet accentue l’effet androgyne d’une maxi-chemise rayée.
Balenciaga
COURTESY OF JACQUEMUS/IMAXTREE.COM. COURTESY OF DAVID KOMA/IMAXTREE.COM. COURTESY OF DRIES VAN NOTEN/IMAXTREE.COM.
En 2021, va-t-on enfin voir la vie en rose ? Pas si sûr, à en croire la tendance des lunettes tout en noir. Chez Balenciaga, hyper-imposant et épousant le visage, l’accessoire fait bloc. Avec une ligne stricte chez Sportmax et Philosophy, elles ont une dimension futuriste. Format carrément droit chez AMI et Boss, la touche est rétro. Tandis que Chanel adoucit ce sombre regard avec une monture profilée argent, accessoirisée d’une voilette.
DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM. COURTESY OF BURBERRY/IMAXTREE.COM. DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM (X2).
Les lunettes noires
COURTESY OF BALENCIAGA/IMAXTREE.COM. ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM (X9). COURTESY OF BALENCIAGA (X2). COURTESY OF Y/PROJECT/IMAXTREE.COM.
QUE NOUS INSPIRENT TOUTES CES MAILLES ?
Dries Van Noten
Exit les lignes minimales, le design des accessoires est décomplexé, les formats s’affichent hyper-graphiques. Comme ces maxi-chaînons portés en bracelet chez Hermès et en collier chez Louis Vuitton. Pour Jacquemus et Y/Project, les boucles osent des lignes hallucinées-démesurées. Et chez Sportmax, le brassard se mue en élégant bijou argent.
Paco Rabanne Balenciaga Valentino
Burberry Isabel Marant
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MODE D’EMPLOI
ACCESSOIRES
La ligne rouge-rose
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Deux couleurs qu’on aime associer pour mettre du peps et de la douceur dans nos tenues avec ces 18 sacs et chaussures en avance sur le printemps. 15
Réalisation Julie Cristobal et Alexandra Conti
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1. VERNIE Sandale Soraya, en cuir Carel, 265 €. 2. CEINTURÉ Micro-sac ceinture en cuir Tod’s, 850 €. 3. MOELLEUX Sac en cuir vegan Stand Studio, 269 €. 4. DÉCOUVERTE Mule Lenny Hot Pink, en cuir grainé By Far, 360 €. 5. CARRÉ Sac en cuir
9. CURVILIGNE Sac Gaby, en cuir de vachette texturé et lisse Lancel, 550 €. 10. BOUCLÉE Sandale en cuir NeroGiardini, 130 €. 11. EXTRAPLATE Mule Revival, en cuir de veau Louis Vuitton, 595 €. 12. BOUFFANT Sac Ailey, en cuir Isabel Marant, 520 €.
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13. POINTUE
Chaussure de tango à bride en cuir Maison Margiela, 690 €. 14. BRIDÉ Escarpin en suède Geox, 110 €.
PRESSE.
PRESSE.
Emily by The Kooples, 338 €. 6. SOUFFLÉ
Sac Brioche, en cuir d’agneau Longchamp, 690 €. 7. AJOURÉ Panier en plastique recyclé et détails en cuir Fendi, 690 €. 8. CLIQUETANT Sac 1969 Sparkle, en sequins Paco Rabanne, 890 €.
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15. ENTRELACÉE Sandale en cuir Made by Sarenza, 119 €. 16. CAMBRÉ Escarpin en cuir Tamaris, 70 €. 17. PLIABLE Sac en polyester Desigual, 60 €. 18. DORÉES
Lunettes en métal Ray-Ban, 145 €.
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MODE D’EMPLOI
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COLLAB’
Depuis leur lancement en 2004, les collaborations entre H&M et des designers en vue font un carton. Quels sont vos coups de cœur personnels ?
SIMONE ROCHA : Oh, il y en a plein : les capsules de Margiela, Alber Elbaz et Comme des Garçons, notamment. J’ai même encore des collants de la collection Marni x H&M et un pull à pois Comme des Garçons. J’étais tellement ravie de pouvoir m’approprier un petit bout de l’histoire de la mode. À mon sens, ces capsules sont une occasion unique d’acquérir une pièce rare et précieuse. Pouvoir, moi aussi, offrir ce sentiment aux gens est formidable. Je suis très honorée d’avoir été choisie par H&M.
Quels sont vos critères quand vous choisissez un designer pour une collaboration ? Et pourquoi Simone Rocha ?
ANN-SOFIE JOHANSSON : Nous sommes constamment en quête de talents avec une vision et un point de vue personnel intéressants. Nous attendons le bon moment pour les présenter à notre public. L’idée est de toucher le plus de gens possible. La liste de nos collaborations passées est déjà très longue. Nous souhaitons que Simone Rocha fasse partie de cet héritage. C’est aussi la première créatrice irlandaise avec laquelle nous travaillons. Ce qui nous fascine, c’est qu’elle conserve une esthétique très forte, saison après saison. Elle apporte un regard neuf et dynamique sur la féminité moderne. Sa réflexion est fascinante. Elle jouit également d’un public très fidèle : des femmes de tous âges et de styles différents. Le lien étroit, quasiment familial, qu’elle tisse avec ses clientes nous a beaucoup intéressés. En cette période troublée, son approche semble encore plus pertinente. Les gens veulent investir dans quelque chose qui a une histoire, une âme et une vraie identité. Et pour Simone Rocha, cette collection qui habille aussi les hommes et les enfants est une première. Nous sommes très honorés de l’accompagner dans cette aventure.
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En tant que designer, avez-vous dû répondre à certaines exigences liées au caractère très accessible de la collection ?
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En voiture Simone
Ce mois-ci, Simone Rocha lance une collection pour H&M. Pour en savoir plus sur cette collab’, nous avons papoté en visioconférence avec la créatrice irlandaise et Ann-Sofie Johansson, responsable du design pour H&M.
Envisagez-vous cette collaboration comme une opportunité d’accroître votre popularité ?
Par Elspeth Jenkins
PRESSE.
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S. R. : Par chance, H&M a fait preuve de beaucoup d’enthousiasme par rapport au système que nous avons mis en place au sein de notre studio. Nous avons pu développer nos propres tissus. Cette manière de faire nous permet de garantir un produit qualitatif et durable. Cela me rassure que les pièces que nous avons réalisées pour H&M aillent dans le même sens. Nous avons mis autant de soin dans l’élaboration de cette collection que dans notre ligne principale. Nous ne sommes pas une marque qui se réinvente complètement chaque saison. Il en va de même de cette collaboration. Je souhaite proposer des collections intemporelles qui peuvent être portées année après année. Cette philosophie doit rester la même lorsque je collabore avec une autre marque. H&M a très bien compris mon point de vue.
S. R. : Je la vois plutôt comme une chance unique de toucher un nouveau public, des gens qui n’avaient pas encore découvert mon travail ou qui me suivaient, mais qui n’avaient pas les moyens d’acheter un vêtement de la marque. J’ai hâte de voir ces pièces distribuées partout et de découvrir comment les gens vont les interpréter. La collaboration Simone Rocha x H&M me donne également l’opportunité de m’essayer à des domaines qui me fascinent depuis longtemps, comme les vête-
4 1. L’ADN de la marque : accessoires et tulle. 2. Simone Rocha x H&M s’introduit dans la mode masculine et les vêtements pour enfants. 3. Simone Rocha. 4. Un clin d’œil à la collection Red Dolls 2018.
ments pour hommes et enfants. C’est la première fois que je dessine une collection pour toute la famille. Pour moi, c’est un grand pas en avant. Quelle pièce de la collection faut-il absolument acheter ?
S. R. : C’est une très bonne question. J’ai passé beaucoup de temps à compulser mes archives. Cela m’a donné un bon aperçu des pièces phares et des styles signatures les plus représentatifs de la marque. Je pense à la robe en tulle, aux chemises, aux pièces en maille, à nos modèles en richelieu et à nos accessoires scintillants. Prenez par exemple la première collection en néoprène printemps-été 2014. Elle m’a clairement permis de définir mon identité. C’était aussi la première fois que j’introduisais la perle qui, depuis lors, est devenue un élément signature de la marque. Dans ma collection pour H&M, j’ai eu envie de glisser de nombreuses références à cette collection. En partie inspirée par le photographe japonais Nobuyoshi Araki, la collection printemps-été 2016 est également très importante à mes yeux. La robe tartan est un clin d’œil à la collection Anne Boleyn de l’automne-hiver 2016. On y retrouve aussi du tulle issu de la collection Red Dolls (printemps-été 2018). Je voulais reprendre des pièces d’archives et les réinventer. Ce ne sont pas des rééditions. J’ai tenu à les réinventer pour les faire cadrer avec la réalité d’aujourd’hui.
La collection Simone Rocha x H&M sera disponible à partir du 11 mars exclusivement en ligne. www2.hm.com/fr_be
MANNEQUIN OPHÉLIE HIM/MADEMOISELLE AGENCY. STYLISME AGATHE GIRE. PULL BOSS.
Travaillez dans la bonne humeur avec la musique de Chérie via www.cheriebelgique.be ou l’appli Chérie Belgique.
SÉLECTION
LES PRIX D’EXCELLENCE DE LA BEAUTÉ MARIE CLAIRE 2021 Ci-dessus, photo de Mélissa De Araujo.
BEAUTÉ
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BEAUTÉ
PALMARÈS
Prix internationaux
Les Prix d’Excellence de la Beauté Marie Claire 2021
Une actualité cosmétique riche, des lancements nombreux et des choix parfois complexes. Cette année encore, pour cette 35e édition, le jury des Prix d’Excellence de la Beauté Marie Claire a testé des dizaines de nouveautés, puis débattu pour ne retenir que les meilleures. Des journalistes belges et étrangères ont ainsi élu sept prix internationaux et quatre prix Belgique. Formules capillaires clean, masque visage réconfortant, marque belge 100 % naturelle, ampoules peau neuve, gammes vertueuses… Voici la sélection de l’excellence 2021. Par Aurélie Lambillon et Charlotte Deprez Photos Mélissa De Araujo Stylisme Agathe Gire
Complexe Multi-Réparation Synchronisée Advanced Night Repair d’Estée Lauder
Pionnière de la recherche sur la réparation cutanée nocturne, la marque utilise les dernières avancées scientifiques (la découverte d’une molécule contribuant à la production de protéines essentielles à la bonne santé de la peau) pour doter son sérum culte d’un complexe réparateur inédit. Son rôle ? Chronolux Power Signal aide la peau à s’autogénérer en stimulant son renouvellement cellulaire et sa production naturelle de collagène. L’assurance de rebondi et de fermeté au réveil. LES MOTS DU JURY
« Un indispensable sur toutes les wish lists de l’année », Fernando Gomez Dossena, Marie Claire Argentine. « Du neuf dans du vintage : super-pro, super-trendy ! », Emmanuelle Lannes, Cosmopolitan. « Un chef-d’œuvre de l’anti-âge », Hweejin Yoon, Marie Claire Corée. « L’un des meilleurs produits qui ne cesse de s’améliorer », Esta Plakokefalou, Marie Claire Grèce.
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Camellia Repair Mask Hydra Beauty de Chanel
Un soin pensé comme un moment de bien-être pour toutes les femmes en quête de réconfort après une journée trépidante. Véritable doudou cutané, ce baume crémeux nourrit, hydrate et apaise les peaux qui rêvent de calme ou d’un coup d’éclat. Au menu de ce programme bienveillant : du camellia japonica gorgé de bons nutriments, du camélia blanc anti-soif, du gingembre bleu antioxydant. LES MOTS DU JURY
« Une excellente addition nutritionnelle pour la peau », Anastasia Kharitonova, Marie Claire Russie. « Une parfaite combinaison de technologie, de science et de touche Chanel », Fernando Gomez Dossena, Marie Claire Argentine. « Un véritable bain de confort », Sophie Michard, Version Femina. « Un soin qui répond à toutes nos envies de confort », Sally Hunwick, Marie Claire Australie.
Botanical Repair d’Aveda
Il a fallu six années de développement à la marque de Minneapolis pour lancer cette gamme vegan et clean dédiée aux cheveux abîmés. Le résultat ? Des technologies issues d’actifs végétaux (sacha inchi, avocat, thé vert) qui soignent et protègent la fibre à trois niveaux : le cortex, en multipliant les ponts au cœur de la tige, la cuticule, en prévenant la casse, et le F-layer, une couche lipidique scellant la surface de la cuticule. On applaudit les textures légères et douces autant que les résultats. LES MOTS DU JURY
Combinaison Chanel.
Robe Materiel Tbilisi.
« Le meilleur ami des cheveux entre deux soins chez le coiffeur », Cristina Torlaschi, Maire Claire Italie. « L’écoconscience dans l’ADN de produits sexy et performants », Julie Levoyer, Stylist. « Ça marche, naturellement », Violeta Valdés, Marie Claire Espagne. « Utiliser le pouvoir des plantes pour réparer les cheveux abîmés : un rêve devenu réalité », Lisa Oxenham, Marie Claire Royaume-Uni.
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BEAUTÉ
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PALMARÈS
Pure Shots d’Yves Saint Laurent
Trois shots de jour, un booster nocturne, ou quatre sérums très ciblés créés pour faire rempart aux agressions quotidiennes générées par la vie urbaine. Ces compositions rechargent la peau en éléments correcteurs, grâce à des actifs botaniques (des plantes du Maroc, fleur de cactus, mauve, iris, figue de Barbarie) œuvrant en synergie avec des ingrédients dermatologiques solides (acides hyaluronique et glycolique, peptides…). Autant de formules gagnantes pour lutter contre les premiers signes de l’âge (ridules, teint terne, déshydratation, perte de fermeté). LES MOTS DU JURY
« Une réelle avancée dans le domaine du skincare », Anastasia Kharitonova, Marie Claire Russie. « Vivre à cent à l’heure et rester jeune longtemps ? On dit oui ! » Hweejin Yoon, Marie Claire Corée. « On a vite envie de la collection entière ! » Linh Pham, lejournaldemoncorps.fr « Les parfaits sérums S.O.S. », Lisa Oxenham, Marie Claire Royaume-Uni.
Total Eye Lift de Clarins
Très sollicitée par les écrans et en première ligne avec le port du masque, la zone du regard mérite ce soin performant pour répondre à ses problématiques. Sa formule fraîche met en avant un duo d’actifs (extrait d’harungana bio et cire de cassie) choisis pour leur action liftante et lissante sur les yeux surmenés. Le défi relevé ? Un résultat minute pour tou·tes, dans une composition à 94 % d’ingrédients d’origine naturelle. LES MOTS DU JURY
« Probablement les 60 secondes les plus relaxantes de ma journée », Ying Chu, Marie Claire États-Unis. « Le meilleur coup de bluff pour mimer 8 heures de sommeil après une nuit blanche », Julie Levoyer, Stylist. « La preuve que les ingrédients botaniques marchent en 60 secondes », Violeta Valdés, Marie Claire Espagne. « Une vraie baguette magique sur les regards fatigués », Gertrude Guesdon, Avantages.
Blouse Jil Sander.
Brassière Materiel Tbilisi, caleçon Sessùn.
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BEAUTÉ
PALMARÈS
Prix Grande diffusion Cure 7 Jours Ampoules Effet Peeling Revitalift Laser x3 de L’Oréal Paris
Prix spécial du jury Rouge Hermès d’Hermès
Bienvenue à La Beauté, le seizième métier artisanal de la maison. Son premier chapitre, Rouge Hermès, est dédié aux lèvres avec une collection proposant une large palette de fards rechargeables façonnés comme des objets durables et uniques. Des tubes en laque et métal brossé aux teintes singulières, des raisins au parfum délicat de crème de soin (un accord bois de santal et angélique créé par le nez maison Christine Nigel), voici l’expression du luxe contemporain.
Inspirées des peelings pratiqués par les dermatologues, ces ampoules s’invitent dans les salles de bain pour faire peau neuve en un temps record. Concentrées à 10 % d’acide glycolique, l’actif de référence pour exfolier les peaux mortes et accélérer le renouvellement cellulaire, et enrichies en ingrédients hydratants et apaisants, elles agissent la nuit, quand l’épiderme est le plus réceptif. La promesse d’un teint éclatant et d’un grain lissé à portée de main, en toute sécurité.
LES MOTS DU JURY
« Un vent de fraîcheur sur l’industrie de la beauté », Hweejin Yoon, Marie Claire Corée. « Le bijou de l’année », Justine Vos, Air France Madame. « Le 53 Rouge Orange et le 68 Rouge Bleu ont déjà trouvé leur place sur le podium des classiques du maquillage », Paola Santos Deodoro, Marie Claire Brésil. « Plus qu’une collection de rouges à lèvres, une collection d’objets de désir », Esta Plakokefalou, Marie Claire Grèce.
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Mannequins Ophélie Him/Mademoiselle Agency, Louise/ Premium Models, M’Balou/Aeon Models et Loana/Élite. Casting Rama. Coiffure Nicolas Philippon/Call My Agent, assisté de Mickael Thanh Bui. Maquillage Eny Whitehead/Calliste, assistée de Caroline Alet. Manucure Fanny Santa Rita/Call My Agent. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Zoë Derks.
LES MOTS DU JURY
Cardigan Missoni, soutien-gorge vintage, culotte Elisabetta Franchi.
Body Wolford.
« Le bootcamp épidermique parfait pour un bon reset de la peau », Ying Chu, Marie Claire États-Unis. « Le meilleur rapport qualité-prix du marché », Violeta Valdés, Marie Claire Espagne. « Extra pour retrouver l’éclat sans passer par la case dermato », Gertrude Guesdon, Avantages. « Le produit star de la gamme Revitalift Laser x 3 », Paola Santos Deodoro, Marie Claire Brésil.
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BEAUTÉ
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PALMARÈS
Prix Belgique
Les autres finalistes et leurs catégories
Prix Belgique
Masque Express Yeux Lift Fermeté Vital Perfection de Shiseido
Prix Belgique
Huile Raffermissante Visage à la grenade de Weleda
LES MOTS DU JURY
« Nuxe Bio réussit une prouesse formulatoire sans compromis sur la sensorialité, le tout accessible à un large public. On ne peut que saluer l’arrivée de cette nouvelle gamme qui a tout bon, des packagings aux formules ! »
La vision de Savéria Coste détonne dans l’univers de la cosmétique. Docteure en pharmacie, elle lance Garancia en 2004 avec une approche unique, pointue et fantaisiste à la fois. Selon elle, ses produits sont innovants et donc magiques, et les noms qu’elle leur choisit sont le reflet de cet univesr : « Pschitt Magique », « Bal Masqué des Sorcières » ou « Larmes de Fantôme ». Mais sous ces noms mystérieux se cachent des produits… diablement efficaces. En 2020, Garancia a sorti plusieurs produits innovants, comme le soin booster de cils « Larmes du Phoenix » et le sérum biphasique anti-taches « Éclair de Lune L’Absolu », mais c’est la gelée hydratante et anti-pollution « Diabolique Glaçon » qui est notre grand coup de cœur. Avec sa texture incroyable de gel rafraîchissant, elle donne l’impression d’avoir plongé son visage sous l’eau glacée. Coup de frais garanti ! LES MOTS DU JURY
« Une marque qui a décidé de ne pas choisir entre des formulations de pointe, des packagings fun et des textures ultrasensorielles. Un sans fautes ! Une belle marque imaginée et gérée par une femme inspirante, c’est tout ce qu’on aime chez Marie Claire.»
Prix de la jeune marque Le gommage Jack de Bobone Bobone, c’est la marque belge cool et clean qui monte ! Imaginée par la jeune entrepreneure Charlotte Renard, Bobone a vu le jour dans nos Ardennes en 2016, avec pour onjectif de revenir à des recettes simples, bio et 100 % naturelles, « comme avant ». Si le nom prête à sourire et évoque de grandes marmites, c’est exactement le but recherché : dans leur atelier-cuisine, tout se fait à la main et avec peu d’ingrédients. Le côté cosmétiques en blouse blanche, très peu pour le clan Bobone ! D’ailleurs, l’équipe ne travaille qu’avec des produits le moins transformés possible. C’est le cas de Jack, le gommage à 4 ingrédients de la marque et coup de cœur du jury cette année. En plus d’exfolier la peau, il laisse un fin film d’hydratation grâce à l’huile d’amande douce, et une odeur de pain d’épice grâce au mélange sucre brun, cannelle et gingembre. Un régal !
Depuis des années, Caudalie travaille à devenir une marque plus écoresponsable. Elle investit dans des partenariats stratégiques avec 1 % for the Planet ou Terracycle, par exemple. Le premier reverse 1 % du chiffre d’affaires mondial de la marque à des associations pour la protection de l’environnement, le deuxième recycle tous les emballages déposés par les clients en boutique. Mais depuis 2020, la marque de vinothérapie a donné un coup d’accélérateur à sa démarche durable, avec le renouvellement de toute sa gamme de nettoyants « Vinoclean », que ce soit au niveau de la formulation avec désormais de 97 à 100 % d’ingrédients d’origine naturelle ou des packagings 100 % recyclés et recyclables. Dans cette ligne, on aime particulièrement l’Huile de Soin Démaquillante, réel moment cocooning lors du démaquillage grâce à sa texture douce et réconfortante.
LES MOTS DU JURY
« Bobone est une marque qui a tout compris à son époque. Des composants clean, des packagings durables et classes, des jolis (pré)noms de produits et des textures addictives, bravo ! Mention spéciale aux contenants des produits de douche, élaborés à partir de déchets de canne à sucre et recyclables. On adore ! »
Milky Boost de Clarins
Prix Belgique
Baume des Yeux de Delbôve
Prix Belgique
Essence d’Eau Éclat d’Uriage
Prix Belgique
Phyto Hydra Teint de Sisley
Prix de l’engagement La gamme de nettoyants Vinoclean de Caudalie
Prix Belgique
CBD Skin Transformative Treatment Milk de Paula’s Choice
Prix Belgique
Prix Belgique
Prix Belgique
Mascara Monsieur Big Extreme Black de Lancôme
Eau de parfum California Dream de Louis Vuitton
Prix Belgique
Prix Belgique
Shampooing solide pour cheveux gras de N.A.E.
Huile Démaquillante à 7 ingrédients de Typology
Laits Solaires Waterlover SPF30 et SPF50 de Biotherm
Prix Belgique Prix Engagement
Prix Belgique Prix Jeune marque
Prix Belgique Prix Marque Bio
LES MOTS DU JURY
PRESSE.
Pour réinventer la cosmétique bio, la marque a sourcé les meilleurs actifs issus de la nature (blé noir, riz, thé blanc). Elle a aussi utilisé les dernières technologies vertes afin de préserver leur qualité et optimiser leur efficacité. De la désirabilité extrême des compositions aux résultats sur la peau et aux engagements environnementaux (des formules à 99 %, en moyenne, d’ingrédients d’origine naturelle, une fabrication made in France, des packs écoconçus), le pari est tenu. Le Masque Nettoyant Micro-exfoliant de la gamme va d’ailleurs vite devenir un incontournable pour les plus pressés. Avec son temps de pose éclair (3 minutes), il affine le grain de peau et donne un coup d’éclat au teint.
Prix Coup de cœur du jury La gelée hydratante Diabolique Glaçon de Garancia
PRESSE.
Prix de la gamme bio Le Masque Nettoyant Micro-exfoliant Nuxe Bio de Nuxe
Prix Belgique
« La preuve que ce n’est pas parce que l’on a déjà beaucoup de succès et une belle image de marque qu’il faut arrêter de se remettre en question sur le sujet de la durabilité et de l’écologie. »
Jadys Cosmetics
What Matters
Cîme
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BEAUTÉ
NEWS
LES 5 ENVIES DE MARS REPÉRAGES
Un fard qui fait monter le rose aux joues, un outil de détente facial, un élixir pour stimuler nos cellules... des idées qui nous inspirent. Par Aurélie Lambillon
UN BLUSH PIMPANT
Phyto-Blush Twist N° 2 Fushia de Sisley, 57 €. Existe en 6 teintes.
UN OUTIL DE DÉTENTE
SON BOUT ROND SOULAGE LES TENSIONS FACIALES EN AGISSANT SUR LES POINTS D’ACUPRESSION, TANDIS QUE SON EXTRÉMITÉ SPATULE DOSE LA BONNE QUANTITÉ DE CRÈME. Outil d’acupression du visage Mon Ami d’Odacité, 21 €, sur cultbeauty.co.uk.
UN SÉRUM RÉGÉNÉRANT
Une formule super efficace, pour tous les âges et toutes les peaux : voici le défi brillamment relevé par ce soin aux multiples superlatifs. Très pointu, il bénéficie d’une technologie d’encapsulation micro-fluidique 100 % naturelle. Très sensoriel, son toucher est velouté mais pas gras. Très actif, il stimule les mécanismes de jeunesse au cœur des cellules. Super Serum [10] de Nuxe, 74,99 € les 30 ml.
UNE FORMATION POUR APPRENDRE À SE DÉFENDRE
L’Oréal Paris, l’association Hollaback ! et la Fondation des femmes s’engagent contre le harcèlement de rue avec Stand Up, un programme mondial de formation basé sur une méthodologie efficace, les 5 D (distraire, déléguer, dialoguer, diriger, documenter) qui permet de réagir ou d’intervenir, que l’on soit victime ou témoin d’une agression. À découvrir d’urgence en ligne. standup-international.com
ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM. PRESSE (X3).
DES BOUCLES FLUIDES
Pour le défilé Louis Vuitton de l’été 2021 (ci-dessous), Nicolas Ghesquière a présenté une collection qui gommait les codes vestimentaires du genre et du temps. Côté coiffure et maquillage : frange bouclée, teint glowy et regard finement ourlé accompagnaient ce vestiaire avec un même parti pris de neutralité joliment subtile. On applaudit doublement.
Retrouver rapidement le rose aux joues les jours de triste mine ? Rien de plus simple avec ce blush lumineux aux huiles de camélia et de graines de coton. Toute douce, sa texture fine et transparente fusionne aussitôt avec la peau. Le plus discret des coups de bluff.
Vos meilleurs moments La Matinale Bel RTL avec Sandrine Dans dès 7h
Actu des marques Page réalisée par le service commercial
MATTIOLI
ODE À LA GÉOMÉTRIE
Kandinsky, Mondrian, Calder... autant d’influences pour la collection iconique Puzzle de Mattioli, inspirée de l’abstraction des années 70. Les mythiques boucles d’oreilles, l’article le plus vendu de la marque italienne, avec nacre interchangeable, existent désormais en version or 18 carats et émail coloré dans trois teintes pastel : rose, vert et bleu clair. Une façon de saluer le printemps et d’accorder son bijou à chaque tenue. Mattioli, collection Puzzle, àpd 900 €, mattioli.it
ELLIOT & OSTRICH
FORMES ET COULEURS UNIQUES
Une bague sur mesure autour d’une couleur, d’une forme, d’une histoire... La Belge Jennifer Elliot propose des créations personnalisées en or 18 carats et diamants, fabriquées à la main et localement. On rêve également devant sa collection en ligne, aussi raffinée qu’intemporelle, idéale pour célébrer un moment important. Elliot & Ostrich, commande en ligne ou sur rendez-vous dans la magnifique boutique The Nest via elliotandostrich.com/contact. À suivre sur @elliotostrichjewellery
CATWALK
EN AVANT MARCHE !
Hiver sans fin, immunité en berne... rien de tel que la gelée royale pour renforcer naturellement l’organisme. L’ArkoRoyal®Gelée Royale BIO 2500 mg est une alliée de taille pour prévenir et se remettre des agressions extérieures : d’origine 100 % végétale, sans conservateurs, ingrédients chimiques ni pesticides. Sa haute teneur en alpabumine-1 booste les réactions immunitaires. Un vrai coup de fouet ! ArkoRoyal®Gelée Royale Bio 2500 mg, 20 ampoules, 31,90 € en pharmacies.
Voir la collection sur ctwlk.eu
REPORTAGE
PRESSE.
ARKOROYAL
COUP DE BOOST
Confort, qualité et mode : c’est l’ADN gagnant de la marque belge de chaussures Catwalk, véritable success story familiale aujourd’hui portée par les deux frères Gilles et Junot Detry. Pour la collection printemps-été 2021, ils proposent 18 modèles pour femmes et hommes, quelle que soit l’occasion. Sandales, espadrilles, mocassins... difficile de ne pas trouver chaussure à son pied !
OLHÃO, PETIT PORT HORS DU TEMPS AU SUD DU PORTUGAL Ci-dessus, la vue sur les toits du village par Sanda Vuckovic.
LIFESTYLE
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LIFESTYLE
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DESTINATION
Olhão, délice d’initiés
de Paris mais tellement loin dans sa tête », ajoute celle qui ne tarit pas d’éloge sur ce port de pêche sans artifice, protégé de la pleine mer par la lagune. « Ici, le temps prend effectivement une autre dimension, comme si les horloges s’étaient arrêtées aux années 60-70 », explique Sergio Da Silva, natif d’Olhão et auteur du beau livre Portugal, art de vivre et création*. Il en émane une incroyable douceur de vivre que la population cultive, à l’instar de son riche patrimoine architectural marqué par l a p r é s e n c e d e s M a u r e s j u s q u ’a u XIIe siècle. « Olhão a beau être en Europe, son centre historique a les yeux rivés sur l’Afrique du Nord. Érigée comme une petite médina, cette bourgade est constituée d’un entrelacs de maisons cubistes, blanchies à la chaux – parfois ornées d’azulejos et habillées de bougainvillées – avec patio, cheminée finement ouvragée et toit terrasse initialement conçu pour sécher le poisson. » Un lacis de venelles et de rues pavées, protégé depuis 2 0 1 7 p a r l a m u n i c i p a l i t é , q u i fa i t aujourd’hui la fierté de ses habitants. Et on les comprend ! « Pendant des siècles, cette localité était habitée par une communauté de pêcheurs qui vivaient dans des cabanes en bois, métamorphosées au fil des années et de la prospérité de la ville en maisons humbles mais empreintes de cet héritage oriental fondateur », ajoute Sergio Da Silva, pas du tout effrayé par l’arrivée d’une nouvelle communauté de Français, de Belges et d’Anglais plutôt esthète, qui réhabilite scrupuleusement ces constructions. Consciente du cachet exceptionnel de ces habitations, dont l’architecture rappelle les casbahs marocaines. Tombée amoureuse de ce village, la réalisatrice Catherine Breillat loue également sa b eauté farou che et sa mo dernité à contre-courant : « Ici, tout est gai et charmant sans être ni bourgeois ni kitsch pour autant ! Ce petit port m’a hypnotisée alors que j’allais depuis vingt ans à Bréhat. »
Au Portugal, à l’est de Faro et à deux heures trente de chez nous lorsque la situation sanitaire nous permettra de nous y rendre, ce port de pêche magnétique distille le temps au rythme des marées, comme un retour aux essentiels entre médina cubiste, palourdes aux pois chiches et tapis tressés. Par Sylvie Wolff Photos Sanda Vuckovic
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Dans l’imaginaire collectif, la région de l’Algarve – la partie méridionale du Portugal – a souvent mauvaise réputation. C’est oublier qu’elle a décroché, en 2020, le prix de la meilleure destination touristique européenne. Car en marge de quelques stations défigurées par une cohorte de « resorts », il existe encore des villages préservés d’où émane un parfum d’Orient bienveillant. À l’image du centre historique
d’Olhão, le fief traditionnel des pêcheurs de thon et de sardine qui aimante une clientèle exigeante, éprise d’authenticité. À quelques battements d’ailes de Faro, ce joyau cubiste a bien plus à offrir que des kilomètres de plages : une architecture néo-mauresque altière, un parc naturel exceptionnel, un chapelet d’îles solaires, un artisanat de haut vol et une gastronomie qui a le goût du large.
« IL N’Y A NI FRIME NI OSTENTATION dans ce village », affirme Tamara Taichman, créatrice de la marque d’accessoires Tila March, conquise par cette cité affranchie des clichés. « On vient y chercher des plaisirs simples : du soleil trois cents jours par an, un horizon bleu cobalt, une nature brute, un retour aux sources de la culture portugaise et la gentillesse de ses habitants, libres et insoumis. On n’est qu’à deux heures
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C’EST VERS LA RÉSERVE DE LA RIA FORMOSA
que tout le monde file aux premiers rayons de soleil, un sanctuaire de la vie sauvage considéré comme l’une des Sept Merveilles du Portugal. Un paysage immobile formé de marais salants, de chenaux ostréicoles et de bancs de sable dont certains composent de longues îles émaillées de petits bungalows. Accessible en ferry, ce parc naturel peuplé d’oiseaux migrateurs, de flamants roses, de martins-pêcheurs ou de talèves sultanes – la mascotte des lieux – abrite aussi la plus grande communauté
1. Façades patinées
par le soleil, le sel et le vent… À Olhão, le temps semble s’être arrêté. 2. Le port et ses barques bariolées, typiques de l’Algarve. 3. Un pêcheur sur le port d’Olhão. 4. Partout, la nature s’exprime, comme ici au large d’Olhão, à Culatra, l’île aux petits cabanons.
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LIFESTYLE
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DESTINATION
SIX INCONTOURNABLES À OLHÃO DÉGUSTER POISSONS ET CRUSTACÉS AU CHÁ CHÁ CHÁ
Une délicieuse taverne dont la carte fait la part belle aux poissons et aux crustacés locaux, pilotée par un ex-critique gastronomique du Guardian. À côté, il a inauguré une superbe pâtisserie sans gluten, Santa Maria Madalena. chachacha.pt DÉJEUNER GREEN À L’ESTAMINÉ
Sur l’île déserte de la Ria Formosa (ilha Deserta, en fait ilha da Barretta), ce restaurant écoresponsable ravit autant la vue que le palais. Tout y est exquis : les seiches panées, les beignets de coques, les gambas au beurre d’ail. Un bout du monde au chic informel. ilhadeserta.com/fr/estamine-restaurant DORMIR SEREIN À LA CASA FUZETTA
Avec un goût exceptionnel, les propriétaires ont relié trois belles maisons bourgeoises qu’ils ont transformées en une demeure ultra-élégante dans le cœur historique d’Olhão. Dans les chambres, pas de falbalas mais quelques meubles anciens bien choisis. Une bulle de sérénité à louer pour des retraites de yoga ou des évènements entre copains. Piscine sur le toit. 1 650 € la nuit pour 24 personnes. casafuzetta.com
1. Le patio de la Casa
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d’hippocampes au monde et fournit 90 % des palourdes et des huîtres du Portugal. Impossible d’évoquer la lagune et ses îles (Armona, Culatra et Deserta…) sans faire un détour par ses plages, magistrales, léchées par l’océan Atlantique, qui méritent à elles seules le voyage. Sauvages, immenses, elles sont parmi les mieux préservées d’Europe, loin du tumulte cosmopolite d’Albufeira ou de Portimão. Dans ce port de pêche, les nouveaux arrivants savourent la vie simple faite de rencontres vraies et de partage, comme une source de bonheur oublié, dans un monde de plus en plus virtuel. À l’exemple de Kevin Gould, ex-critique gastronomique à The Guardian, qui a inauguré il y a trois ans une ravissante « tasca » – comprenez une taverne – où il mitonne une cuisine locavore. Palourdes aux pois chiches et chorizo, crevettes poêlées et aïoli maison, coques sautées aux feuilles de betteraves cuites à l’étouffée sont quelques-unes de ses spécialités iodées. Il faut dire que la ville possède le plus grand marché aux poissons de l’Algarve, alangui sur les quais, à fleur d’eau. Outre les coquillages et crustacés à foison, on y retrouve aussi l’âme de cette
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“Le cool de cette région n’est pas dans la nouveauté mais dans l’intemporalité et la sincérité.” Catherine North, fondatrice de Luz do Algarve
province qui a le goût de la patate douce, du porc noir, des oranges, des caroubes ou des figues gorgées de soleil. C’EST À LA RICHESSE DE SON ARTISANAT que cette région doit également son charme indéniable, dont le village de Loulé, à proximité, est l’un des meilleurs ambassadeurs. Paniers, chapeaux, suspensions, tapis tressés à partir de feuilles de palmiers séchées sont encore fabriqués à la main par une douzaine de femmes de la Casa da Empreita, soucieuses de transmettre ce savoir-faire séculaire. Juste à côté, un ancien palais privé – Loulé
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Fuzetta, superbe « guest house » aux allures de riad. 2. Comme ce pêcheur du port d’Olhão, ils sont nombreux, ici, à vivre de la mer. 3. Kakis, figues et caroubes récoltés en Algarve et vendus sur le marché. 4. Chez Zé e Maria est présenté le meilleur de l’artisanat local. 5. Au restaurant l’Estaminé, sur l’île de Deserta, poissons et crustacés pêchés dans la Ria Formosa sont d’une fraîcheur exquise.
SE REPOSER AU CONVENTO
Une adresse rare, divinement bien située, à deux pas du marché et de l’embarcadère des ferries. Les propriétaires ont restauré un ancien phalanstère en une jolie demeure aux allures de riad doté d’un patio lumineux et d’un toit terrasse avec un bassin de nage. Les neuf chambres immaculées possèdent toutes un charme fou. À partir de 105 € la chambre. fr.conventoolhao.com DÉNICHER DES CRÉATIONS ARTISANALES CHEZ ZÉ E MARIA
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Design Lab – a été investi par vingt-huit designers en résidence, qui incarnent la modernité du Made in Por tugal. À quelques pavés de là, Analide Carmo, chaudronnier, martèle sous vos yeux des « cataplanas » (plats traditionnels) et de belles suspensions en cuivre. « Le cool de cette région n’est pas dans la nouveauté mais dans l’intemporalité et la sincérité », résume Catherine North, fondatrice de Luz do Algarve. Une agence de location de maisons avec conciergerie qui gère une quinzaine d’habitations toutes chargées d’histoire. Pour elle, le salut d’Olhão tient à sa topographie. Comme on accède aux plages en bateau, la ville a été épargnée par l’industrie du tourisme, qui préfère le confort d’une résidence les pieds dans l’eau aux plaisirs éclairés et à la beauté cachée. (*) Éd. de La Martinière, 29,90 €.
Dans ce concept store créé par Claudia Lichtenstein (à la tête de l’agence d’architecture Saudade) et Olivier Pereira, on a envie de tout. On y trouve le meilleur de la production artisanale locale : céramiques, textiles, verreries ou objets en liège. Une sélection bien inspirée et à prix doux. Instagram : @zeemariaolhao LOUER UNE MAISON TYPIQUE AVEC LUZ DO ALGARVE
Fondée par Catherine North, cette agence dispose d’une quinzaine de maisons et appartements traditionnels, à louer pour un week-end ou une semaine dans le centre historique d’Olhão. À partir de 80 € la nuit. luzdoalgarve.eu DÉCOUVRIR LA RÉGION
Visites privées de la ville d’Olhão et des alentours : domitur.pt Visites de la Ria Formosa en bateau-taxi : portugalnolimits.com Plus d’informations à l’office de tourisme de l’Algarve : visitalgarve.pt vols quotidiens Charleroi-Faro à partir du 27 mars 2021* avec Ryanair, àpd 26,99 € l’aller simple. ryanair.com 5
(*) Si la situation sanitaire le permet.
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LIFESTYLE
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FOOD
MASTERCLASS
LE PHÔ Soupe ultra-réconfortante, le “feu”, qui occupe une place centrale dans la cuisine vietnamienne, offre une transition nécessaire entre les mois d’hiver et la légèreté qu’appelle le printemps. Si le temps requis pour sa préparation est long, il n’en est pas moins facile à réaliser, qu’il soit au bœuf ou, comme ici, au poulet.
Les ingrédients Pour 5 personnes Bouillon
1 poulet, 5 l. d’eau, 1 oignon, 3 échalotes, 100 g de gingembre frais, 1 c. à c. de poivre noir en grains, 1 c. à c. de graines de coriandre, 3 c. à c. de sel, 4 à 5 c. à s. de sauce poisson.
Par Elvira Masson Photo Pierre Lucet-Penato C’EST L’UN DES PLATS LES PLUS EXALTANTS AU MONDE.
Est-ce son bouillon, intense et délicat à la fois, ses herbes rafraîchissantes, le piquant de son piment, ses nouilles qui glissent en bouche ? Est-ce parce qu’il nous expédie instantanément dans les rues de Hanoï, que l’on se voit assise sur un tabouret en plastique à en avaler de grandes lampées ? Ou nous rassure-t-il car il évoque – de loin – un autre grand plat dont la légende dit qu’il serait le parent du phô, le bien français pot-aufeu dont les colons avaient la nostalgie, de la même manière que le sandwich bánh mì serait un dérivé de pain de mie ? Sans doute un peu de tout cela à la fois. Les origines de ce plat ne sont pas certaines. La recette serait née du côté de Nam Dinh, au nord du Vietnam. Une chose est sûre, le phô du Nord – où le bouillon est roi – diffère de celui du Sud, où la garniture a plus d’importance. Venue de Haï Phòng, dans le Nord, pour étudier la cuisine classique française à l’école Maxim’s, Do Huyen est passée par les grandes maisons parisiennes, Beauvilliers, le Jules Verne, avant de recréer du côté du marché d’Aligre, dans le 12e, à Paris, un mini « pays du sourire » : Do & Riz (1). Les fans de phô ne se sont pas fait attendre ; on se presse devant le restaurant et sa deuxième adresse, Do & Coco (2), qui servent à emporter. SA RECETTE, ELLE LA TIENT DE SA GRAND-MÈRE, qui cuisinait le phô à pleines marmites dans les rues de Haï Phòng. « Ce que je propose au restaurant, c’est l’essence du phô de ma grand-mère mais avec des produits de grande qualité. Le phô au bœuf est plus courant au Vietnam mais je préfère la version au poulet, plus raffinée, plus digeste aussi. » À l’écouter, l’affaire serait très simple, mais à mesure qu’elle en détaille les étapes, ça se confirme : préparer un phô demande du temps. Au restaurant, elle démarre le bouillon la veille pour le lendemain. Le principe ? Cinq litres d’eau pour un poulet, enfin, une carcasse. La chair sera pochée à part. Le bouillon est un art, il répond à quelques règles établies : on le démarre à l’eau froide, on y met de l’échalote, de l’oignon et du gingembre préalablement « brûlés » à la plancha ou à la poêle. Au charbon, comme au Vietnam, ce serait encore mieux. On poivre généreusement,
Pochage du poulet
1 oignon, 1 échalote, 30 g de gingembre. Dressage (par bol)
100 g de pâtes de riz, 30 g de chair de poulet, coriandre, ciboulette, feuilles de combava ciselées très fin (facultatif), 2 à 3 tranches de piment coupées très fin (facultatif).
La recette ultime
dans le cas de Do, avec le poivre noir de l’île de Phú Quoc. Puis on écume, et on ajoute du sel et de la sauce poisson. Surtout pas le piment à ce stade, le bouillon serait trop piquant. C’est parti pour cinq heures de frémissements, sans couvercle et sans jamais faire bouillir. De la douceur et un certain ordonnancement prévalent. Ça n’a l’air rien mais ça change tout. LE POULET SERA POCHÉ dans une eau contenant de nou-
veau de l’oignon, de l’échalote et du gingembre, mais pas brûlés cette fois. Les nouilles de riz précuites à l’eau sont ajoutées minute dans l’assiette garnie de bouillon. Au passe, juste avant d’envoyer, on garnit chaque bol de piment, de coriandre, de ciboule et de quelques feuilles de combava ciselées. Ce phô-là, ainsi réalisé, c’est un monde qui s’ouvre. Pour certain·es, la promesse d’un voyage. Pour d’autres, le retour à la maison. « Un de mes plus fidèles clients me dit toujours : “Do, chez toi, ça sent exactement comme chez ma mère au Vietnam.” » 1. Do & Riz, 31, rue de Cotte, Paris 12e, 01 43 45 57 13. 2. Do & Coco, 24, rue de Cotte, Paris 12e, 01 43 41 09 64.
Dans une marmite contenant 5 litres d’eau froide, disposer une carcasse de poulet, puis l’oignon, l’échalote et le gingembre pelés mais entiers, préalablement « brûlés » à la plancha ou à la poêle très chaude. Ajouter le poivre en grains, les graines de coriandre et porter à ébullition. Écumer à l’aide d’une écumoire puis baisser le feu et ajouter le sel et la sauce poisson. Cuire 5 heures à eau frémissante, à découvert. Passer au chinois ou étamine et réserver. Pocher pendant 20 min la chair du poulet ôtée de sa carcasse et les morceaux dans une eau frémissante contenant l’oignon, l’échalote et le gingembre. Sortir les morceaux de poulet et réserver. Cuire les pâtes de riz 5 min à l’eau bouillante. Pendant ce temps, dresser les bols de bouillon, morceaux de poulet effilochés, ajouter les nouilles de riz directement sorties de leur casserole de précuisson. Ajouter des feuilles de coriandre, de la ciboulette ciselée, du piment et quelques feuilles de combava ciselées (très peu).
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LIFESTYLE
HOROSCOPE
MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.
ÉMOTIONS Grâce à Vénus,
l’amour redevient un projet d’avenir. À deux, des envies en stand-by vont trouver un nouveau souffle. En solo, une amitié pourrait évoluer de façon romantique. AMBITION Le ciel met en avant la notion d’entraide et d’émulation. C’est une bonne période pour intégrer une équipe, trouver des soutiens et donner un vrai coup d’accélérateur à vos projets.
Taureau 22.4 – 21.5
ÉMOTIONS Girl power ! Mars dope votre esprit de conquête et donne de l’autorité à vos désirs. Ce mois-ci, ce sont vos choix qui vont primer. En bonus, un magnétisme sexuel explosif. AMBITION Ici aussi, la tendance est à l’ouverture et à l’affirmation personnelle. Une situation qui vous donnait du fil à retordre va se régler et vous permettre de progresser.
Gémeaux 22.5 – 21.6
Par Carole Vaillant
ÉMOTIONS Vénus et Jupiter créent l’environnement idéal à la rencontre et à l’épanouissement des sentiments. Un voyage pourrait être l’occasion d’un rapprochement. AMBITION Le contexte est ultra-optimiste et totalement ouvert aux nouveaux projets. C’est une belle période pour nourrir votre curiosité, diffuser vos idées ou entreprendre une formation.
Cancer 22.6 – 22.7
POISSONS
19.2 – 20.3
Ça couve, le ciel ourdit dans votre dos, réveille des fantasmes, des désirs qui ne demandent qu’à s’affirmer. À deux, gare à votre empathie, ne vous oubliez pas au profit de l’autre. ÉMOTIONS
Misez sur un climat stimulant et valorisant, surtout sur le plan intellectuel. C’est une très bonne période pour défendre une idée ou un projet personnel. AMBITION
ÉMOTIONS Vénus vous transmet une énergie de liberté et de renouveau. À deux, c’est un bon moment pour pimenter un peu le quotidien. En solo, quelqu’un pourrait réveiller des émotions intenses. AMBITION Pas question de s’isoler, ce mois-ci, ce sont vos rencontres, vos échanges et votre curiosité qui vont vous offrir les opportunités que vous attendez. En bonus : une créativité au zénith.
Lion 23.7 – 23.8
ÉMOTIONS Exit amours tièdes et routine ennuyeuse : Vénus et Jupiter s’unissent pour donner une grande ampleur à l’amour, réveiller le désir et ouvrir la voie aux rencontres. AMBITION Ouf ! Ça se décante un peu. Une situation tendue devrait trouver une issue favorable et vous pouvez compter sur des alliances très productives (à partir du 10).
Vierge 24.8 – 23.9
ÉMOTIONS Vénus et Jupiter injectent une dose de glamour au quotidien. À deux, vous serez dans la même dynamique de renouveau et d’ouverture.
En solo, il sera question de rencontres. AMBITION Ce mois-ci, le ciel réconcilie travail et plaisir. Comptez sur une ambiance harmonieuse, des échanges enrichissants et des retours très motivants.
RÉDACTRICE EN CHEF Marie Geukens mge@marieclaire.be DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Julie Rouffiange jro@marieclaire.be JOURNALISTE BEAUTÉ Charlotte Deprez cde@marieclaire.be DIRECTRICE MODE Elspeth Jenkins eje@marieclaire.be COLLABORATEURS Aurélia Dejond, Étienne Heylen, Linda Heynderickx, Marie Honnay, Joëlle Lehrer.
Balance 24.9 – 23.10
ÉMOTIONS Vénus et Jupiter éclairent le secteur amoureux. Au menu : plaisir XXL, projets exaltants et ambiance romanesque. C’est le moment idéal pour démarrer une belle histoire. AMBITION Vous avez le vent en poupe, profitez-en ! Vos initiatives et vos idées seront bien reçues. À valoriser : votre sens de l’image et votre créativité.
DIGITAL RÉDACTRICE EN CHEF MARIECLAIRE.BE/FR Charlotte Deprez cde@marieclaire.be thetinynomad DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE rosaalieeb Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1
Scorpion 24.10 – 22.11
ÉMOTIONS Vénus et Mars s’aiment et se déchirent dans votre ciel. Résultat : un climat inflammable, propice aux passions et la fulgurance du désir, mais aussi aux confrontations. AMBITION Le climat est stimulant et productif, mais assez tendu, surtout sur le plan relationnel. Ne surestimez pas votre résistance au stress. Patience : ça devient plus fluide en fin de mois.
CHIEF OPERATING OFFICER (COO) MARIE CLAIRE Florian de Wasseige fdw@editionventures.be
Sagittaire 23.11 – 21.12
POUR VOUS ABONNER
ÉMOTIONS Vénus et Jupiter donnent un air de fête à votre vie amoureuse. Au menu : tentations, jeux de séduction, jolis projets et plaisir obligatoire. En solo, les occasions de rencontres vont se multiplier. AMBITION Le mois sera riche en contacts, échanges et occasions de mettre vos idées en valeur. C’est aussi une excellente période pour les activités commerciales.
10 numéros pour seulement 29,60 €. Simple et rapide : surfez sur www.viapress.be/marieclairefr Vous avez des questions ? Posez-les par mail à abo@marieclaire.be
Capricorne 22.12 – 20.1
ÉMOTIONS Mars dynamise le secteur amoureux et donne la primeur à vos désirs. Quelqu’un vous attire ? C’est le bon timing pour faire le premier pas. En bonus, un climat sensuel et excitant. AMBITION Vous traversez une période foisonnante, très créative, qui pourrait déboucher sur des résultats concrets et des opportunités de croissance matérielle. Surveillez malgré tout vos dépenses.
CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Deborah Schols dsc@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Lore Mosselmans (Campaign Manager) lmo@editionventures.be Amélie Eeckman (Print Production Coordinator) aee@editionventures.be Charlette Louis (Campaign Coordinator) charlette@editionventures.be Ann-Sofie Van Severen (Campaign Coordinator) avs@editionventures.be Pauline De Witte (Campaign Coordinator) pdw@editionventures.be EVENTS Ondine Scohier (Event Coordinator) osc@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl EDITION VENTURES CEO Bernard de Wasseige
BASTILLE VENTURE CAPITAL CEO Bernard de Wasseige IMPRIMERIE Quad/Graphics
Verseau 21.1 – 18.2
ÉMOTIONS Le Soleil et Vénus rejoignent Jupiter dans votre signe. Résultat : un charisme rayonnant et des amours en pleine expansion, dans un contexte ultra-propice à la séduction et aux rencontres. AMBITION Vous bénéficiez d’une conjoncture idéale. C’est le moment d’avoir de l’audace et de forcer votre chance : votre énergie fédère et vos idées séduisent, c’est le moment de foncer !
SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be
DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet
SHUTTERSTOCK.
Bélier 21.3 – 21.4
La transmission de documents et informations à la rédaction du Marie Claire Belgique – S.A. Edition Ventures inclut l’autorisation de l’auteur quant à leur libre utilisation voire publication. Les marques, les prix et les adresses publiés dans Marie Claire n’engagent en aucune manière celui-ci et ne sont annoncés qu’à titre indicatif sans vérification préalable de leur contenu par le Marie Claire Magazine. Ce dernier décline toute responsabilité pour les documents envoyés. La reproduction, même partielle, de tous les articles, photographies, dessins, modèles et illustrations du Marie Claire Belgique est interdite tout comme celle des créations d’artistes publiées dans le Marie Claire et ce, même si ceux-ci sont publiés à titre de publicité. Tous droits réservés ©Marie Claire Belgique 2019.
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LIFESTYLE
INTERVIEW
AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?
AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?
Ça dépend de l’angle.
ÊTES-VOUS FILLE OU FEMME ?
Dans ma tête, je crois que je suis fille. DORMEZ-VOUS LA NUIT ?
Oui.
LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?
Le regard de mes enfants quand ils sont nés et le regard de mon mari à notre première rencontre. CITEZ TROIS AMANTS RÊVÉS AU COURS DE VOTRE VIE ?
Ryan Gosling, Antoine de Caunes (il y a longtemps) et Bradley Cooper. VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?
LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?
Bernard De Coster, qui fut mon professeur au Conservatoire, m’a conseillé ceci : « Fais en sorte que tes défauts deviennent des qualités. »
POUVEZ-VOUS PRENDRE UNE PHOTO DE VOUS ?
Oui. Je fais des selfies mais beaucoup moins qu’avant.
ET LE PIRE CONSEIL QU’IL NE FALLAIT PAS SUIVRE ?
« Tu pourrais peut-être faire un autre métier. » LA DERNIÈRE CHOSE QUE VOUS AVEZ MANGÉE ET BUE ?
Des pâtes fraîches avec une sauce aux anchois et aux câpres. Et un verre d’eau pétillante. UN PLAISIR COUPABLE ?
Prendre mon café le matin. Je le prépare dans une cafetière italienne et le bois avec un nuage de lait.
Regarder des conneries à la télé, de vieilles séries comme Desperate Housewives.
VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE SUR GOOGLE ?
LA PLUS GENTILLE CHOSE QU’ON AIT DITE À VOTRE SUJET ?
Arnaque, fraude.
Ma mère a choisi ce prénom à cause de son admiration pour l’actrice Nathalie Delon. Et ma sœur s’appelle Brigitte comme Brigitte Bardot. (Rires.)
« Tu écoutes les autres. »
DANS LA VIE, FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?
Combattre.
LA PREMIÈRE FOIS OÙ VOUS VOUS ÊTES SENTIE LIBRE ?
La première fois que je suis allée au restaurant avec mes copines, sans mes parents. J’avais 15-16 ans. J’avais le sentiment d’être une « grande ». LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?
Il est là mais il n’est pas fondamental. VOTRE DEVISE ?
La vie est courte et je n’ai pas envie de m’entourer de gens qui m’emmerdent.
ET LA PLUS MÉCHANTE ?
Que je n’ai pas de talent. SORTEZ-VOUS SANS MAQUILLAGE DANS LA RUE ?
Très rarement. Je mets un peu d’anticernes, du fard à paupières, du mascara et parfois, un fond de teint très léger. Et en temps normal, je suis très rouge à lèvres.
VOTRE COSTUME DE SCÈNE PRÉFÉRÉ ?
Dans une pièce qui s’appelait Zaventem moi non plus, je portais une robe de princesse. LES COULEURS DE VOTRE PAYS IMAGINAIRE ?
Bleu et rose. J’aime les couleurs un peu kitsch. TTOFlux, une plateforme comportant des pièces de théâtre en VOD ainsi que des sketches et des capsules vidéo, ttotheatre.com
NATHALIE UFFNER
LE QUESTIONNAIRE
Comédienne, metteuse en scène, directrice du Théâtre de la Toison d’Or, Nathalie Uffner lance le TTOFlux, une plateforme comparable à Netflix mais pour son théâtre et ses acteurs. Elle répond avec franchise et humour à nos questions. Par Joëlle Lehrer
NATHALIE UFFNER.
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