MARTIN MAIER
PEDRO ARRUPE (1907-1991) Un supérieur général témoin et prophète
Petite Bibliothèque Jésuite
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MARTIN MAIER
Pedro Arrupe (1907-1991) Supérieur général des jésuites témoin et prophète Traduit de l’allemand par Fabienne Vanoirbeek
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Collection « Petite Bibliothèque Jésuite » dirigée par Yves Roullière et Pierre Sauvage s.j. Les jésuites ont participé à la naissance et à l’évolution des Temps modernes. Dès leurs débuts jusqu’à nos jours, il est peu de domaines où ils n’aient laissé leur empreinte. Cette collection se propose donc de présenter les multiples facettes de la tradition jésuite. Constituée d’une sélection de thèmes reconnus comme lui étant spécifiques, elle couvre trois champs : la vie spirituelle, la mission, la culture.
Pour l’édition originale allemande intitulée : Pedro Arrupe, Zeuge und Prophet © 2007 Echter © 2016 Éditions jésuites 7, rue Blondeau, 5000 Namur (Belgique) 14, rue d’Assas, 75006 Paris (France) www.editionsjesuites.com ISBN : 978-2-87299-299-7 D 2016/4255/17
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TABLE DES MATIÈRES Introduction ………………………………………
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I. Le cheminement de Pedro Arrupe ……………
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II. La foi et la justice ………………………………
29
III. L’inculturation
………………………………
51
IV. Conflits …………………………………………
63
V. L’universalité ……………………………………
83
VI. Le cœur spirituel de Pedro Arrupe : Jésus Christ ……………………………………
97
Index des personnes ……………………………… 109 Bibliographie ……………………………………… 111
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INTRODUCTION
Le 22 mai 1965, Pedro Arrupe fut très surpris à l’annonce de son élection comme supérieur général de la Compagnie de Jésus. Il a aussitôt demandé à José Oñate, assis à ses côtés : « Et maintenant que vais-je faire ? » Sans attendre, son interlocuteur lui a répondu : « Cela me semble évident : obéir pour la dernière fois. » Oñate se trompait. Au cours des 18 années de son généralat, les papes ont mis à rude épreuve son vœu d’obéissance. Dans sa chambre, sous une représentation de la crucifixion de l’apôtre Pierre, il était écrit : « En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas » (Jn 21, 18). Durant les dix années qui ont suivi sa thrombose cérébrale, Pedro Arrupe a été l’incarnation vivante de ces paroles du Christ. Pedro Miguel Lamet, le biographe espagnol d’Arrupe, le compare à une « explosion au sein de l’Église ». D’origine basque, Arrupe a été l’une des personnalités religieuses les plus marquantes de l’après-Concile. L’une des plus connues aussi. Audelà de sa mort, il continue d’être une source
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Introduction
d’inspiration. Je n’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer personnellement. Cependant, j’ai une image très vivante de l’homme qu’il a été grâce aux témoignages de ses proches et à ses écrits. Il devait être un homme extrêmement attirant et convaincant. Son sourire désarmant lui a permis de démêler les situations les plus inextricables. Si sa personnalité a exercé une telle fascination, c’est sans doute parce qu’elle était crédible. Il vivait ce qu’il prêchait. Pour reprendre les paroles d’Ignace de Loyola, il mettait l’amour plus dans les actes que dans les paroles. Chez lui, théorie et pratique étaient indissociables. Lors de mes entretiens avec des proches de Pedro Arrupe, une phrase me revenait sans cesse : « C’est un saint. » L’ironie de l’histoire de l’Église veut pourtant que d’autres, dont la sainteté était beaucoup plus sujette à caution, ont été plus rapidement canonisés. Au détour d’une conversation avec Vincent O’Keefe, un des plus proches collaborateurs et amis d’Arrupe, une idée m’a traversé l’esprit : « Je crois que la Compagnie de Jésus n’a pas encore tout compris du message que Dieu a voulu lui faire entendre par Arrupe. » O’Keefe a semblé m’approuver sans réserve. Le concile Vatican II a demandé aux ordres religieux et aux congrégations religieuses de se rénover en retournant à l’esprit de leurs origines. En tant que supérieur général de la Compagnie de Jésus, Pedro Arrupe s’est attelé de toutes ses forces à cette tâche. Pour Ignace de Loyola la
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mission fondamentale de la Compagnie de Jésus se résumait à deux objectifs : « la plus grande gloire de Dieu » et « aider les âmes ». Arrupe les a traduits pour le monde contemporain en liant le service de la foi à la promotion de la justice. Le premier, il a introduit la notion d’inculturation de la foi dans l’Église, ouvrant ainsi de manière prophétique des perspectives nouvelles de rapprochement entre la croyance chrétienne et les autres cultures. Durant son généralat, l’ordre des jésuites a traversé l’une des ses crises les plus graves dans sa relation avec le Saint-Siège. N’y voir qu’un problème interne de l’ordre est une vision très réductrice de la réalité. La crise plonge ses racines dans les affrontements post-conciliaires à propos de l’interprétation de Vatican II. Arrupe était un citoyen du monde, familier de cultures très variées. Pendant vingt-sept ans, il a vécu au Japon et a donc jeté des ponts entre l’Orient et l’Occident. Sa vision du monde est universelle. Bien avant les mouvements écologistes, il a pressenti qu’une consommation effrénée mène à la destruction des conditions naturelles de vie. Il a prôné une « société de la frugalité ». L’actualité lui donne pleinement raison. Le secret de sa personnalité réside sans conteste dans son profond attachement à Jésus Christ. Il parlait comme nul autre de et avec Jésus Christ. Pedro Arrupe se plaisait à dire : « Nous n’avons jamais été aussi proches du Seigneur parce que nous n’avons encore jamais été à ce point démunis. »
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Introduction
C’est sans doute une de ses maximes les plus profondes. On pourrait se demander si le temps n’a pas rattrapé Arrupe. Est-ce seulement la nostalgie qui nous incite à revenir sur son exemple ? Qu’il soit permis d’en douter. Il est vrai qu’aujourd’hui quelques-uns de ses textes peuvent paraître trop optimistes, voire trop enthousiastes. Le climat de renouveau qui régnait après le Concile s’est estompé. Mais Karl Rahner n’a-t-il pas estimé qu’il faudrait au minimum cent ans pour intégrer les changements initiés par Vatican II ? Plusieurs Congrégations générales qui se sont réunies après le généralat d’Arrupe ont eu pour but de faire adopter les directives du Concile. Preuve que les changements nécessitent du temps pour être mis en œuvre. Par exemple : la 35e Congrégation générale qui s’est réunie en 2008 n’a jugé utile ni de rédiger de longs décrets ni d’élaborer de nouveaux documents fondamentaux. Elle a simplement cherché des voies capables d’intégrer ce que les précédentes Congrégations générales avaient décidé et approuvé. C’est en ce sens qu’il paraît judicieux de se souvenir de l’action de Pedro Arrupe. Nombreux sont ceux qui voient en lui le supérieur général le plus marquant depuis Ignace de Loyola.
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I LE CHEMINEMENT DE PEDRO ARRUPE
Son enfance et les études de médecine Pedro Arrupe Gondra est né le 14 novembre 1907 à Bilbao. Seul garçon de la famille, il est le cadet de cinq enfants. Son père est architecte, sa mère fille de médecin. Tous deux profondément croyants. Sa famille est plutôt aisée. Pedro est un enfant plein de vie et aussi un excellent élève. À 11 ans, il devient membre de la Congrégation mariale. Et dès l’âge de 16 ans, en mars 1923, il écrit pour une revue un petit texte sur François-Xavier, le Japon et les missions. Il était loin de s’imaginer que, quinze ans plus tard, il suivrait au Japon les traces de ce saint missionnaire. La même année, il entame des études de médecine à Madrid. C’est un brillant étudiant. En outre, il aime passionnément la musique et se rend souvent à l’opéra. De sa belle voix de baryton, quand il sera missionnaire au Japon puis supérieur général de la Compagnie, il interprétera des chants lors d’occasions particulières. Pendant ses études de médecine, il vit une histoire d’amour avec la
En lecture partielle‌
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INDEX DES PERSONNES
Amery, Carl : 94, 95
Grande, Rutilio : 48, 49 Gutiérrez, Gustavo : 104
Benelli, Giovanni : 73 Bonhoeffer, Dietrich : 29 Brandt, Willy : 91
Hürth, Franz : 16
Calvez, Jean‐Yves : 77 Câmara, Helder : 36, 39 Carafa, Gian Pietro (voir Paul IV) Casaroli, Agostino : 24, 78 Chacón, Enrique : 12 Clément XIV : 70, 76 Delp, Alfred : 16 Dezza, Paolo : 21, 24, 78, 79 Ellacuría, Ignacio : 48, 50, 81, 85, 93, 94 Enomiya Lassalle, Hugo : 18 Franco, Francisco : 66 François‐Xavier, saint : 11, 100 Fried, Erich : 95 Gandhi : 26 González, Luis : 76, 77
Ibero, père : 15 Ignace de Loyola, saint : 8, 10, 15, 16, 21, 25, 29, 30 Janssens, Jean‐Baptiste : 21 Jean, saint : 37 Jean XXIII : 31, 33, 36, 37 Jean‐Paul Ier : 74 Jean‐Paul II : 24, 75‐77, 79, 80, 92 Kasper, Walter : 54 Kester, Georg : 21 Kolvenbach, Peter‐Hans : 25, 63, 80 La Bella, Gianni : 48, 65 Lamet, Pedro Miguel : 7, 73 Lassalle, Hugo (voir Enomiya Lassalle, Hugo) Ledóchowski, Wladimir : 15 Lercaro, Giacomo : 36 Lovell, Jim : 83
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Index des personnes
McNamara, Robert : 88 Matthieu, saint : 37 O’Keefe, Vincent : 8, 73, 77, 78 Oñate, José : 7, 15 Paul, saint : 64, 100, 103, 104 Paul IV : 69 Paul VI : 22, 31, 38, 39, 60, 70, 71, 73, 75 Pie VII : 70 Pie IX : 70 Pie X : 70 Pie XII : 70 Pierre, saint : 7, 64, 75 Pittau, Giuseppe : 78
Rahner, Karl : 10, 79 Ratzinger, Joseph : 54 Romero, Óscar : 46 Rothaan, Jan Philipp : 70 Sobrino, Jon : 68 Teilhard de Chardin, Pierre : 101 Thomas d’Aquin, saint : 26 U Thant, Maha : 90 Villot, Jean‐Marie : 72, 75 Vincent de Paul, saint : 12 Wernz, Franz Xaver : 70 Wojtyla, Karol (voir Jean‐ Paul II)
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BIBLIOGRAPHIE (en français)
De Pedro Arrupe : – Promouvoir la justice, Vie chrétienne, Paris, 1992. – Itinéraire d’un jésuite (entretiens avec J.‐C. Dietsch), Le Cen‐ turion, Paris, 1982. – Écrits pour évangéliser, éd. J.‐Y. Calvez, Desclée de Brouwer, coll. «Christus », Paris, 1985. – L’Espérance ne trompe pas, Le Centurion, Paris, 1981. – Comme je vous ai aimés : méditation sur le cœur de Jésus, préf. K. Rahner, Fidélité, Namur, 2004. Sur Pedro Arrupe : – François BECHEAU, Prier 15 jours avec Pedro Arrupe, Nouvelle Cité, Montrouge, 2004. – Jean‐Yves CALVEZ, Le père Arrupe : l’Église après le Concile, Cerf, Paris, 1997. – COLLECTIF, Pedro Arrupe, supérieur général des jésuites (1965‐ 1983) : le gouvernement d’un prophète, éd. G. La Bella, Lessius, Bruxelles, 2009.
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DANS LA MÊME COLLECTION :
Franck Damour, Le pape noir. Genèse d’un mythe, 2013 (traduit en allemand). Pierre Emonet, Ignace de Loyola. Légende et réalité, 2013, 2e éd. (traduit en allemand et en espagnol). François Euvé, Mathématiques, astronomie, biologie et soin des âmes. Les jésuites et les sciences, 2012. Michel Fédou, Les théologiens jésuites. Un courant uniforme ?, 2014. Claude Flipo, Le règne du Christ, selon les Exercices spirituels, 2015. Stéphane Nicaise, Les missions jésuites dans l’océan Indien : Madagascar, La Réunion, Maurice, 2015. John W. O’Malley, Une histoire des jésuites. D’Ignace de Loyola à nos jours, 2014 (traduit en allemand, espagnol, hongrois, italien et slovène). Mark Rotsaert, Les Exercices spirituels. Le secret des jésuites, 2012, 2e éd. Nicolas Rousselot, Consolation et désolation. L’expérience de la résurrection dans la spiritualité jésuite, 2014. Léon de Saint-Moulin, Histoire des jésuites en Afrique. Un panorama (du XVIe siècle à nos jours), 2015. Bernard Sesboüé, Léonce de Grandmaison (1868-1927). Un intellectuel témoin du Christ et apôtre de l’Esprit, 2015. Paul Valadier, Rigorisme contre liberté morale. Les Provinciales : actualité d’une polémique antijésuite, 2013. Benoît Vermander, Les jésuites et la Chine. De Matteo Ricci à nos jours, 2012 (Prix de l’Académie des Sciences d’outre-Mer 2013).
Imprimé en Belgique Juin 2016.
Pedro Arrupe (1907-1991)
Un supÊrieur gÊnÊral tÊmoin et prophète
P
edro Arrupe (1907-1991) est assurÊment l’un des hommes d’Église les plus marquants du XXe siècle. Le livre prÊsente de façon synthÊtique le parcours de ce jÊsuite exceptionnel : tÊmoin de la guerre civile espagnole, de la misère à Madrid et à New York, du bombardement d’Hiroshima. En 1965, il devient supÊrieur gÊnÊral des jÊsuites, ordre qu’il transforme profondÊment par fidÊlitÊ à l’esprit du Concile. Il ouvre les jÊsuites à l’option prÊfÊrentielle pour les pauvres et crÊe le Jesuit Refugee Service face au phÊnomène des boat people. À l’aide de nombreux tÊmoignages et d’extraits des textes d’Arrupe, l’auteur propose un portrait sensible et original de ce jÊsuite sous ses diffÊrentes facettes : le dÊfenseur du lien entre foi et justice, l’homme de l’Église universelle et le mystique.
Martin Maier jÊsuite allemand, thÊologien, a dirigÊ la revue Stimmen der Zeit. Il travaille à l’heure actuelle à Bruxelles dans le cadre de la CommunautÊ europÊenne, et enseigne par pÊriodes à l’UniversitÊ jÊsuite du Salvador.
ISBN : 978-2-87299-299-7
9 782872 992997
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Diffusion : cerf www.editionsjesuites.com