JEAN-PIERRE LEMAIRE
Le baptême d’Icare
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Jean-Pierre Lemaire
Le baptême d’Icare Relectures
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Au singulier, 40 Une collection dirigée par Françoise Le Corre et Annie Wellens Du même auteur : Chez Lessius Marcher dans la neige : un parcours en poésie (essai), 2018. Chez d’autres éditeurs (poésie) Les marges du jour, La Dogana, 1981. L’Exode et la nuée suivi de Pierres à voix, Gallimard, 1982. Visitation, Gallimard, 1985. Le cœur circoncis, Gallimard, 1989. Le chemin du cap, Gallimard, 1993. L’Annonciade, Gallimard, 1997. L’intérieur du monde, Cheyne, 2002. Figure humaine, Gallimard, 2008. Faire place, Gallimard, 2013. Le pays derrière les larmes, Gallimard, 2016.
© 2018 Éditions jésuites Belgique : 7, rue Blondeau, 5000 Namur France : 14, rue d’Assas, 75006 Paris www.editionsjesuites.com ISBN 978-2-87299-340-6 DL 2018/4255/3
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AVANT-PROPOS Depuis une quinzaine d’années, Jean-Pierre Lemaire, poète, est aussi connu comme un introducteur original à la poésie. Son ouvrage Marcher dans la neige : un parcours en poésie (paru en 2008 et réédité chez Lessius) recueille des essais où il commente avec justesse et délicatesse la poésie des autres, ses maîtres anciens comme ses contemporains. En outre, il accompagne un certain nombre de poètes plus jeunes que lui, en offrant préfaces ou postfaces à des recueils publiés chez des éditeurs parfois très confidentiels. Sans oublier les cours qu’il donne au Centre Sèvres sur différents thèmes abordés à partir d’exemples poétiques. Cette généreuse défense de la poésie, d’un mode poétique de défense du monde et de Dieu, va de pair chez lui avec une grande humilité — chose singulière, car bien des poètes ont tendance à s’imposer avec véhémence dès qu’il s’agit de théoriser leur pratique ou de soutenir un poète ami. On peut alors deviner notre difficulté à le convaincre de sortir de sa réserve pour mettre au jour, en prose, ce qui était jusqu’alors exprimé uniquement
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Avant-propos
en vers — à savoir qu’œuvre et vie, c’est tout un chez lui. Tel est le fil rouge de ces textes rares, parfois inédits. Le lecteur sera peut-être surpris de voir l’auteur citer assez souvent ses propres poèmes. Dérogerait-il par là à son humilité ? Au contraire, me semble-t-il, car c’est lire ici son œuvre comme celle d’un autre, comme une œuvre donnée, qui dépasse largement celui qui a eu l’heur de la coucher sur le papier. Dans ces pages, Jean-Pierre Lemaire les revisite ainsi que les demeures de sa mémoire devenues, par le biais du poème, demeures ouvertes à chacun d’entre nous. Yves Roullière 12 octobre 2017
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LE BAPTÊME D’ICARE Après le long silence fumant, Après le grand silence civil de maints jours tout fumant de rumeurs et de fumées, Haleine de la terre en culture et ramage des grandes villes dorées, Soudain l’Esprit de nouveau, soudain le souffle de nouveau, Soudain le coup sourd au cœur, soudain le mot donné, soudain le souffle de l’Esprit, le rapt sec, soudain la possession de l’Esprit ! Comme quand dans le ciel plein de nuit avant que ne claque le premier feu de foudre, Soudain le vent de Zeus dans un tourbillon plein de pailles et de poussières avec la lessive de tout le village !
Ce n’est pas sans émotion que je recopie aujourd’hui ce début de la deuxième des Cinq grandes odes de Claudel, « L’Esprit et l’eau » ; le choc ressenti à sa lecture, il y a un demi-siècle, s’est à peine amorti. J’y
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trouvais enfin l’équivalent, en littérature, du grand souffle qui soulevait les symphonies de Beethoven ou le concerto pour piano de Schumann. Il ne valait la peine de vivre, pensais-je, qu’à cette hauteur-là, pour ces moments d’exaltation, et je voulais me vouer à cette existence « inspirée ». Je négligeais évidemment l’enracinement terrestre, terrien même, de la poésie claudélienne (auquel le « rapt » de l’inspiration semble ici l’arracher), son réalisme foncier, de même que j’ignorais l’inscription de l’œuvre de Beethoven dans le mouvement d’émancipation de son siècle, son adhésion aux idées de la Révolution française. Je ne retenais de leurs œuvres qu’un enthousiasme abstrait : rêve d’Icare qui m’emportait bien loin du faubourg ouvrier de mon enfance, de la pauvreté grise du Nord dans les années d’après-guerre, vers les paysages sublimes des Alpes, le pays natal, certes, mais que je ne retrouvais qu’aux vacances. Ces années où je croyais avancer dans la vie de l’esprit avec des bottes de sept lieues ont été, en fait, des années immobiles. Accrochant à ses épaules les deux ailes de l’horizon il devançait le soleil le coq de fer, sa propre jeunesse
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impatient d’atteindre la taille de la vie Un jour, pour tous elle arriva Lui seul n’avait pas grandi 1. ★
Comme Icare, c’est en mer que je suis tombé. Pendant mon service militaire dans la Marine, il a fallu « faire le point », au propre et au figuré : repérer les amers, phares, balises, îles et caps, qui permettraient de rejoindre un jour la côte habitée, la terre humaine. Un autre poète m’a servi d’intercesseur, on peut même dire de bouée de sauvetage : Boris Pasternak. Je conserve précieusement le petit volume vert de la collection « Poètes d’aujourd’hui », chez Seghers, que je gardais avec moi jusque sur le dragueur de mines. L’auteur du Docteur Jivago m’a converti à une poésie qui donnait l’éclat de l’inattendu aux choses de la vie, à la fois singulières et modestes (« J’ai aimé, comme 1. Sauf indication contraire, tous les poèmes cités sont de l’auteur (NdÉ).
En lecture partielle‌
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TABLE DES MATIÈRES Avant-propos, par Yves Roullière..............................
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Le baptême d’Icare .................................................... Le premier poème ...................................................... Frontière italienne ...................................................... Le boiteux béni............................................................ Poésie, évangile : des chemins croisés...................... L’évangile de la miséricorde...................................... « Enseigner dans le Christ » ...................................... Les signes de l’amour ................................................
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Table des matières ...................................................... 107
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dans la même collection La plus universelle des paroles fut aussi la plus singulière : celle du Christ de Dieu. À sa suite, des hommes et des femmes rendent témoignage, au singulier. Dans la collection « Au singulier » se dessinent des visages d’hommes et de femmes passionnés de Dieu. À toutes les époques et selon des voies différentes, des croyants ont engagé leur vie entière pour répondre à la Parole du Christ, la plus singulière et la plus universelle qui soit. Chaque titre manifeste la diversité et la singularité des engagements pour le Royaume de Dieu… Figures d’Évangile, ces hommes et ces femmes de tous les horizons témoignent au singulier. Toute leur vie a été la mise en actes d’une Parole toujours bonne et toujours nouvelle. Peter-Hans Kolvenbach, Fous pour le Christ. Sagesse de Maître Ignace, 1998, 288 p. Dominique Lambert, Un atome d’univers. La vie et l’œuvre de Georges Lemaître, 2000, 376 p. Jaime Castellón, Alberto Hurtado s.j. Les fondations du Royaume, 2000, 152 p. Susanne Batzdorff, Edith Stein, ma tante, 2000, 232 p. Françoise Jacquin, Une amitié sacerdotale. Jules Monchanin – Édouard Duperray, 1919-1990, 2003, 304 p. Maria Amata Neyer, Edith Stein au Carmel, 2004, 136 p. William W. Meissner, Ignace de Loyola. La psychologie d’un saint, 2002, 548 p.
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Nechama Tec, Dans la fosse aux lions. La vie d’Oswald Rufeisen, 2003, 400 p. Albert Chapelle, Au creux du rocher. Itinéraire spirituel et intellectuel d’un jésuite. Mémorial, 2004, 184 p. Marguerite Jean-Blain, Eugène Ionesco. Mystique ou mal croyant ?, 2005, 176 p. Gustave Martelet, Teilhard de Chardin, prophète d’un Christ toujours plus grand. Primauté du Christ et transcendance de l’homme, 2005, 280 p. Michaëlle Domain, La Vie en abondance, 2006, 221 p. Tomáš Špidlík, Ignace de Loyola et la spiritualité orientale, 2006, 260 p. Dominique Bertrand, Pierre Favre, un portrait, 2007, 352 p. Ignace de Loyola, Journal des motions intérieures. Suivi du « Papier des élections » et du « Feuillet de Madrid », édition critique et nouvelle traduction des manuscrits autographes par Pierre-Antoine Fabre, 2007, 286 p. Dominique Lambert, L’Itinéraire spirituel de Georges Lemaître, suivi de « Univers et atome », conférence inédite de G. Lemaître, 2007, 222 p. Pierre Teilhard de Chardin et Lucile Swan, Correspondance, avec les contributions de Pierre Leroy, Mary Wood Gilbert, Thomas M. King et Gustave Martelet, 2009, 448 p. Gianni La Bella (éd.), Pedro Arrupe, supérieur général des Jésuites (1965-1983). Le gouvernement d’un prophète, 2009, 496 p. Anne Khoudokormoff-Kotschoubey et sœur Élisabeth, Élisabeth de Russie. Moniale, martyre et sainte, 2010, 256 p.
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Pierre Teilhard de Chardin, Le Rayonnement d’une amitié. Correspondance avec la famille Bégouën (1922-1955), 2011, 320 p. Michel Farin, En enfer, il n’y a personne. Parole anonyme et parole biblique, 2011, 144 p. René-Claude Baud, Ce qui remonte de l’ombre. Itinéraire d’un soignant, 2011, 144 p. Collectif, Jésuites hongrois sous le pouvoir communiste, témoignages recueillis par Ferenc Szabó, 2012, 400 p. Carole Dagher, Passion pour une terre délaissée. Nicolas Kluiters, jésuite au Liban, 2013, 224 p. Association des amis de Pierre Teilhard de Chardin, Défis d’une évangélisation renouvelée. Les apports de Pierre Teilhard de Chardin, textes du Colloque international de Rome (2012) réunis par Marie-Anne Roger, Marie Bayon de La Tour et Itala Ménard, 2013, 256 p. Philippe Dupriez (éd.), Joseph Comblin, prophète et ami des pauvres, 2014, 192 p. Christophe Langlois, La dictature du partage. Éloge de l’incommunicable, 2015, 112 p. Geneviève Comeau et Alain Cugno, Le pari de l’espérance. Dialogue entre une théologienne et un philosophe, 2016, 88 p. Philippe Lécrivain, Les premiers siècles jésuites. Jalons pour une histoire (1540-1814), 2016, 688 p. Alexandre Men, Dire le Christ en temps de persécution. Catéchèses familiales (U.R.S.S. : 1985-1990), 2016, 208 p. Gabriel Miró, Figures de Bethléem, 2016, 96 p.
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Christophe Langlois, Ni le jour ni la nuit. Face à Guernica de Picasso, 2017, 88 p. Bernard Pitaud, Jean-Jacques Olier (1608-1657), 2017, 496 p. Charles Péguy, Entretiens, 2017, 130 p. Christian Reille, Un jésuite en terre d’islam. Autobiographie, 2017, 240 p. Annie Wellens, L’ordinaire des jours, 2017, 120 p. Annie Wellens, Les Pères de l’Église dans tous leurs états, 2017, 184 p. Henri Madelin, Heurs et malheurs de l’autorité, 2018, 144 p. Jean-Pierre Lemaire, Marcher dans la neige. Un parcours en poésie, 2018, 120 p.
Imprimé en Belgique Janvier 2018
Jean-Pierre LEMAIRE, longtemps enseignant de lettres modernes et classiques en classes prÊparatoires à Henri-IV et à Sainte-Marie de Neuilly, enseignant au Centre Sèvres, est l’un des poètes français les plus lus à l’heure actuelle. Il a publiÊ une dizaine de recueils de poèmes, principalement chez Gallimard.
ISBN : 978-2-87299-340-6
9 782872 993406
Collection Au singulier 10 â‚Ź
www.editionsjesuites.com
En couverture : Pieter Brueghel l’Ancien, La chute d’Icare (dÊtail), c. 1600, copie sur toile, MusÊe royal d’art ancien (Bruxelles)
D
ans ce petit livre, l’auteur revient sur les sources de sa poÊsie, qui sont autant de relectures de sa propre vie. À travers huit Êtapes, il aborde les moments-phares de sa vie (dÊcouverte de l’amour, de l’Évangile, de la misÊricorde, Êpreuves, etc.), en montrant comment il les a illustrÊs, prolongÊs, surmontÊs à travers l’expression poÊtique. C’est le texte en prose le plus personnel de l’auteur, connu pour sa rÊserve, publiÊ à ce jour.