Govel by Éditions jésuites

Noureddine Séoudi est historien et professeur à l’Institut catholique d’Arts et Métiers. Il est l’auteur de la trilogie de fantasy orientale SÎN : Le dernier poète (tome 1), Les gardiens de l’Arbre (tome 2) et Le poème de Lumière (tome 3).

L’auteur

ISBN 978-2-87356-613-5 Prix TTC : 9,95 €

9 782873 566135

Govel

Govel est un jeune écuyer parti pour les croisades. Fait prisonnier, il rencontre dans sa cellule Bilal, un jeune Arabe et Razine, un sage musulman. Grâce à Sarah, une jeune chrétienne arabe, Govel et Bilal s’échappent et rejoignent Jérusalem assiégée… Roman jeunesse de chevalerie, Govel est aussi un récit d’initiation où en de palpitantes aventures des héros de religions différentes vont découvrir la culture de « l’autre » et approfondir leur spiritualité grâce à la découverte de leur vie intérieure.

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Govel La voie du chevalier

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Du même auteur

• Sîn. Le dernier poète, Douai, Atria, 2009.

• Sîn. Les gardiens de l’arbre, Douai, Atria, 2010. • Sîn. Le poème de lumière, Douai, Atria, 2012.

© 2014, Éditions jésuites Belgique : 7 rue Blondeau, 5000 Namur France : 14, rue d’Assas, 75006 Paris info@editionsjesuites.com • www.editionsjesuites.com Dépôt légal : D.2014, 4323.38 ISBN : 978-2-87356-613-5

Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Dessin de couverture : Elvine Imprimé en Belgique

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Préface

e livre que vous venez d’ouvrir est le récit d’une aventure d’où va naître une amitié entre trois jeunes que tout aurait pu séparer. Mais Govel est aussi, en lui-même, le fruit d’une aventure : celle née de la rencontre entre un prêtre jésuite et un professeur d’une école d’ingénieurs, l’ICAM, à Lille. L’un, l’auteur de cette préface, est prêtre catholique, l’autre, l’auteur de ce livre, est père de famille, musulman. Tout aurait pu nous séparer, nous aussi, Noureddine et moi. Mais à l’occasion d’une formation à la pédagogie jésuite, nous nous sommes retrouvés sur l’essentiel : un désir commun d’être au service des jeunes qui se préparent à « re3

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nouveler ce monde », pour reprendre l’expression de la philosophe Hannah Arendt. Dans nos échanges, une idée est née : pourquoi ne pas écrire un livre qui permette à des collégiens, garçons et filles, d’entrer dans une expérience d’attention à ce qui se passe au plus profond d’eux-mêmes ? Nous sommes tous deux convaincus, en effet, que la vie intérieure de ces jeunes est riche, mais bien souvent occultée par les nombreuses stimulations extérieures qui les empêchent de prêter attention à ce trésor qu’ils portent au plus profond d’eux-mêmes. Sarah, Bilal et Govel, les trois jeunes héros de ce roman, vont vivre cette expérience de découverte de leur univers intérieur. Pris dans la tourmente de la croisade où les peuples et les communautés se combattent avec férocité, ils vont découvrir, petit à petit, ce qui a vraiment du prix dans la vie d’un homme ou d’une femme. Ce qui vaut la peine qu’on se batte pour le préserver : la liberté intérieure, l’amitié et l’amour, fût-il celui de l’ennemi. Pour cela, ils traverseront des moments de vérité qui les amèneront à mieux se connaître, personnellement et les uns les autres. Ils seront accompagnés et guidés au travers des rencontres qu’ils vont faire. C’est à ce même cheminement que nous souhaitons convier nos jeunes lecteurs. À 4

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une époque où, de nouveau, la violence se déchaîne juste de l’autre côté de la Méditerranée, il importe de réfléchir à ce qui nous différencie mais aussi à ce qui nous unit… Cela afin de permettre à chacun de mieux comprendre qui est l’autre pour mieux se connaître soi-même. C’est à ce prix que nous pourrons être pleinement nous-mêmes, sans crainte de la différence. Pour vivre en communauté avec d’autres compagnons jésuites à Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris, je suis témoin de ce que la rencontre et la solidarité peuvent apporter de joie et de paix dans les difficultés de la vie. Cette « aventure » qu’est ce roman n’aurait pas été possible sans le soutien constant de nos éditeurs, Charles Delhez et Jean Hanotte. Qu’ils soient remerciés tous deux pour la confiance qu’ils nous ont apportée. Les éditions Fidélité portent bien leur nom… P. Xavier Nucci, s.j.

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La bataille

a nuit était tombée depuis plus d’une heure quand les bruits des tambours retentirent. Des chants religieux s’élevèrent haut dans la nuit étoilée. Ils étaient à la fois proches et lointains. Le jeune Govel apporta la calebasse 1 à son chevalier, Hugues de Vaudemont. Il se reposait, adossé à une pierre. La journée avait été longue et si brûlante qu’il ne sentait plus son corps sous son haubert. Les chevaliers du Temple étaient silencieux. C’est ainsi qu’ils exprimaient leur 1. Il s’agit d’une gourde.

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peine car ils avaient perdu beaucoup de leurs amis, tombés sous les flèches des archers de Saladin. Leurs boucliers n’étaient d’ailleurs pas loin car les musulmans tiraient de temps à autre des salves pour les empêcher de se reposer paisiblement. L’heure de la grande bataille approchait. — Voilà, seigneur. Govel tendit la calebasse. — C’est tout ce qu’il reste ? — Oui. — Bois cette dernière gorgée Govel. — Je n’ai pas soif. — Je sais que tu t’es privé pour moi. — Vous en aurez besoin demain, seigneur. — Bois-la ! C’est un ordre ! Govel prit la gourde et avala les dernières gouttes. Il fut un peu soulagé car il n’avait pas bu de la journée. — Tu es un bon écuyer, Govel, et tu feras un bon chevalier du Temple. — Pourquoi parlez-vous ainsi ? Vous parlez comme si… Govel n’osa pas terminer sa phrase. — Comme si j’allais mourir. Non. Notre destinée est entre les mains de Dieu. Demain, nous livrerons 8

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une grande bataille. Et s’il devait m’arriver malheur, tente de rejoindre Jérusalem. Tu es trop jeune pour connaître le champ de bataille. Promets-moi de ne pas y participer. Govel hésita un long moment avant de répondre : — Je vous le promets, seigneur de Vaudemont. Les chants religieux des musulmans redoublèrent d’intensité. Govel fut soudain saisi d’une peur. Le chevalier Hugues de Vaudemont lut cette frayeur dans les yeux de son écuyer. — C’est impressionnant, hein. — Pourquoi chantent-ils ? — Pour nous enlever tout notre courage. Ont-ils réussi à te décourager, jeune écuyer ? — Jamais ! Et vous ? — Nul ne peut décourager un Templier ! Sais-tu pourquoi ? — Non. — L’espérance, Govel, l’espérance en une vie meilleure et la foi. Ces deux fils doivent guider ta vie. — J’ai hâte de devenir Templier et de combattre auprès de vous.

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— Il te faut grandir avant et surtout dormir un peu car la nuit va être courte. Va maintenant. Tâche de te reposer. Govel installa sa couche à un endroit où le sol n’était pas pierreux. Il s’allongea et regarda le ciel étoilé. Il savait qu’il n’allait pas réussir à dormir. L’angoisse de la bataille occupait son esprit. Soudain, une étoile filante traversa le ciel. Nul doute, c’était un signe pour lui. Il fit alors son vœu le plus cher, celui de devenir Templier. Hugues de Vaudemont l’avait accepté comme écuyer en mémoire de son père, un homme libre et droit. Il était entré au service du comte et il était mort en défendant son château contre des brigands. Le dévouement de son père fut décisif lorsque sa mère sollicita la charge d’écuyer pour son fils. Govel ne regretta à aucun moment sa décision, même s’il souffrait beaucoup depuis son arrivée en Terre Sainte. Sa famille lui manquait. Il se remémora alors tout son voyage depuis sa Lorraine natale jusqu’à la ville sainte de Jérusalem. La découverte de Lyon et de Marseille, la traversée de la Méditerranée durant laquelle il crut mourir. Lorsqu’il mit le pied en Terre Sainte, il fut surpris par la chaleur. Jamais il n’avait imaginé un pays aussi chaud et lumineux. Sur10

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tout, il fut très choqué de la manière dont vivaient les Croisés et de leurs rapports souvent amicaux avec les musulmans. D’ailleurs, nombre de ces derniers combattaient à leurs côtés contre Saladin. Il ne comprenait pas tout ce qu’il voyait, tout ce qu’il entendait. Tout cela était étrange. Il posa de nombreuses questions à son chevalier. Mais le Comte lui répondait que pour le moment il n’avait pas besoin de comprendre. Govel réfléchissait à la folle aventure qu’il vivait quand soudain, l’alerte fut donnée par les sentinelles. Les Templiers se regroupèrent rapidement autour de leur chef, Gérard de Ridefort qui fit un court discours pour encourager ses hommes. Ils s’agenouillèrent, les mains jointes sur la garde de leurs épées et prièrent Dieu de leur donner force et courage. Puis, ils enfourchèrent leurs chevaux et partirent au combat. Dans la cohue, Govel n’eut pas le temps de rejoindre son chevalier. Il décida de monter sur l’une des deux collines pour avoir une meilleure vue de la bataille. En courant vers le monticule, il traversa une épaisse fumée qui le fit tousser violemment. L’air était devenu irrespirable. Il parvint à escalader la colline à une hauteur suffisante pour dominer la plaine environnante. Il comprit rapidement d’où venait cette 11

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fumée. Les hommes de Saladin avaient mis le feu aux broussailles afin de gêner l’armée des Francs et les empêcher de rejoindre le lac de Tibériade. Très vite, les bruits de la bataille se firent de plus en plus forts. A certains endroits où la fumée était moins dense, Govel apercevait les Templiers. Ils bataillaient férocement contre les musulmans. Les combats étaient d’une violence indescriptible. Des corps meurtris, des têtes et des membres jonchaient le sol rocailleux taché de sang. Au-delà du bruit et de la vue des combats, l’odeur de la plaine ensanglantée parvint au nez de Govel. Il eut un haut le cœur et ne put se retenir de vomir. C’était la première véritable bataille à laquelle il assistait et elle était loin de l’idée qu’il se faisait du combat chevaleresque. Govel était très troublé. Son malaise face à cette violence grandissait en lui. De sa hauteur, il tenta de retrouver le comte de Vaudemont. Il crut l’apercevoir à plusieurs reprises, mais ce n’était pas lui. Au bout de quelques minutes, il reconnut enfin son cheval. Il fut soulagé de voir le comte toujours en vie. Mais son soulagement ne dura que quelques minutes car de nombreux cavaliers musulmans surgirent de toutes parts et encerclèrent les Croisés. Les chevaliers du Christ 12

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furent submergés et périrent un à un. Ils moururent courageusement l’épée à la main même si certains se rendirent ou tentèrent de fuir. Govel fut alors en proie à un grand découragement et à une tristesse profonde car son chevalier gisait dans cette plaine pierreuse. Et il ne pouvait pas le rejoindre sans risquer sa vie. Il eut un moment l’idée folle de récupérer son corps. Mais il se rappela sa promesse. En tant que futur chevalier du Temple, il ne pouvait pas trahir sa parole. Le code des chevaliers le lui interdisait. Durant tout le temps de la bataille, Govel ne se rendit pas compte que les hommes de Saladin s’étaient dangereusement rapprochés. Il décida de descendre la colline. Il parvint en bas sans encombre et se mit à courir rapidement pour se mettre à l’abri. Il se cacha derrière un gros rocher, puis jeta un coup d’œil pour voir s’il n’était pas suivi. Non. Il poussa un ouf de soulagement. Il reprit sa course en s’éloignant du champ de bataille. Il parcourut ainsi une grande distance, les bruits des combats étaient à peine perceptibles. Il ralentit le pas pour ne pas épuiser ses forces. La chaleur était écrasante. Il n’y avait pas d’ombre à l’horizon hormis celles des roches posées ici ou là. Govel pensait qu’il était sauvé quand soudain, il aperçut un groupe 13

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de cavaliers qui venait dans sa direction. Il se mit à courir de toutes ses forces. Mais le bruit des sabots et l’entrechoquement des armes étaient de plus en plus proches. — Halte-là ! cria un cavalier. Govel ne se retourna pas et redoubla d’effort pour ne pas se faire rattraper. — Arrête-toi ! ordonna à nouveau le cavalier. — Jamais ! répondit Govel. Subitement, il ressentit une forte douleur dans le dos. Il s’effondra sur le sol. Sa tête heurta une pierre et il perdit connaissance.

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Un réveil douloureux

ovel entendit d’abord des bruits lointains. Puis, il ouvrit les yeux. Sa tête lui faisait atrocement mal. Il se demandait où il était. Sa mémoire n’était pas encore revenue, quand il se remémora les derniers événements. Il sursauta et se leva. Ses jambes ne parvinrent pas à le soutenir. Il s’effondra. Un homme s’approcha de lui et l’allongea sur le tapis qui lui servait de couche. — Repose-toi. L’homme accompagna ses paroles d’un geste amical. — Où suis-je ? 15

En lecture partielleâ&#x20AC;Ś

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Table des matières Préface.................................................................... 1. La bataille..........................................................

2. Un réveil douloureux ......................................

3. Sarah ................................................................

4. Rivalités ............................................................

6. Initiation ..........................................................

8. La véritable liberté ..........................................

5. Le Simorgh........................................................ 7. Le pain et le cochon ........................................ 9. Une nouvelle inquiétante .............................. 203

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10. Le pacte ..........................................................

12. La séparation ..................................................

11. Convergence ..................................................

13. L’évasion ........................................................

79 93

14. L’épreuve du courage .................................... 101 15. Frères d’armes................................................ 107 16. Tristes nouvelles ............................................ 113

17. Un mystérieux croisé .................................... 119 18. Le vent de la révolte ...................................... 125 19. Tristes retrouvailles ...................................... 131

20. L’insoumis ...................................................... 139 21. Govel le soufi .................................................. 147

22. Chevalier de Jérusalem ................................ 157 23. Le véritable combat ...................................... 165

24. La mort d’un père .......................................... 173

25. La divine providence .................................... 179

26. Saladin ............................................................ 187 Épilogue.................................................................. 195

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Achevé d’imprimer le 15 octobre 2014 sur les presses de l’imprimerie Bietlot à 6060 Gilly (Belgique).

L’auteur

ISBN 978-2-87356-613-5 Prix TTC : 9,95 €

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Noureddine Séoudi

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